Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1897-01-09
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 janvier 1897 09 janvier 1897
Description : 1897/01/09 (Numéro 9). 1897/01/09 (Numéro 9).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
43* Année 3e Série N° 9
Samedi 9 Janvier 1897,
1 "1' 1
té Numéros SEINE & SEiNE-ET-OlSE 15 ëentinieé =» DEPARTEMENTS 20 centimes
jF, DE RODAYS A. PÉRIVIER
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fï. DE RODAYS, Rédacteur en Chef
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• de France et d'Algérie.
M. Constans 1 1 1
Parler encore des élections sénatoria-
les, ce serait parler déjà de la plus vieille
des vieilles lunes Jamais événement po-
litique ne s'accomplit au milieu d'une
plus noire indifférence! La théorie de
M. Bergerat que les pièces de théâtre
qui font « four » sont incontestablement
les meilleures du monde est une théorie
assez paradoxale en littérature; mais
elle trouve une application en politique.
Les meilleures assemblées sont toujours
les moins populaires. Déjà, sous l'Em-
pire, le Sénat était très supérieur, par
l'intelligence et la compétence de ses
membres, à la Chambre des députés.
Et, cependant, le mot mélancolique d'un
de ses présidents fut encore vrai et la
Révolution l'oublia, fût-ce pour le dis-
soudre! 1 ̃•
Ce qui se passe au Luxembourg sem-
ble sans importance et reste sans inté-
rêt. Rien de plus injuste; rien de plus
périlleux. Mais il faut bien prendre le
temps comme il est et les choses comme
elles se comportent.
Donc, si le renouvellement de diman-
che dernier garde un peu d'actualité qui
permet d'en parler encore, c'est unique-
ment à cause de ceci que M. Constans
n-lapas été réélu à Toulouse. Il se pour-
rait qu'il le fût tout de même, l'élection
toulousaine étant fortement contestée
pour des raisons diverses, dont la plus
piquante est que vingt-cinq conseillers
municipaux, qui ont pris part au vote,
étaient .eux-mêmes illégalement élus 1
On l'a établi depuis. Mais, quel que soit
le 'sort réservé à la protestation de M.
Constans, il n'a pas été proclamé diman-
che à ce'Capitole de Toulouse, qui a,
comme celui de. Rome, sa roche Tar-
péierine.
̃ Ceci a ému un peu les Parisiens, qui
n'ont pas oublié M. Constans et qui
voient 'en lui une des plus intéressantes
figures parmi celles qui ont été mises en
lùrnière dans le monde politique, depuis
la mort de Gambetta et de Ferry. On s'est
éitonné que Toulouse se montrât de telle
façon ingrate envers son grand homme.
On s'est souvenu des dévouements en-
thousiastes qu'avait suscités M. Cons-
tans parmi ses compatriotes pendant la
bataille boulangiste, alors que de jeunes
dyArtagnans du pays gascon s'offraient
à; lui' pour frapper l'ennemi, ce qui
leur fit répondre par le ministre
cfi.moL d'une ironie supérieure et ex-
'gtiîsè: « J'assassine moi-même » Mais
eé'qu'ori ne sait pas assez ici, c'estcorh-
bien le Midi est changeant, oublieux, peu
respectueux et combien on n'y reste pas
longtemps « grand homme » 1 La recon-
naissance ne l'embarrasse pas plus que
lalogique ne le gêne. Et, tandis que les
radicaux de Paris, jadis, nommaient Ba-
rodèt contre Rémusat, les socialistes de
Toulouse et les radicaux n'ont pas hésité
à nommer M. Paul de Rémusat contre
M. Constans, et ceci malgré le désir
même de M. Paul de Rémusat. Et ils
sont -enchantés, n'en doutez pas, de la
bbnnè farce jouée, uniquement parce
q.iie, chez M. Constans, l'homme de gou-
vernement a survécu à l'homme de com-
bat et que mon cher Midi, d'instinct,
niai me pas les hommes de gouverne-
ment.
/̃II y a, en M. Constans, deux hommes,
0.U, pour mieux dire, il y en a un de
réel et un autre tout d'apparence et
quaàjment légendaire. Celui-ci, que M.
Rochèfort appelle volontiers « le vieux
forban », c'est le politique de coup de
main, qu'on comparait à un homme du
seizième siècle, à quelque cardinal Cibo,
estimant que tous les moyens sont bons
en politique, y compris les plus perfides
ou les plus violents. Imaginez que, moins
hésitant, le général Boulanger se fût fait
arrêter et fût mort en prison, on n'au-
rait pas ôté de la tête de, bien des gens
que le ministre lui avait administré
un mauvais café. Et peut-être, plus
d'un, à Toulouse, eût trouvé la chose
de bonne guerre. Il y en eut même,
très francs, qui l'écrivirent. Je dois dire
que cette réputation d'homme terrible,
de Sforza bourgeois et de Borgia en re-
dingote amusait fort M. Constans, qui
laissait dire. Avec une incomparable ma-
lice, il avait compris l'utilité que pouvait
avoir ce mauvais renom dans la lutte
qu'il avait résolu de mener à bout avec
une froide énergie. Positivement, tandis
qu'il dormait lui-même plein de confiance
et sans l'ombre d'un remords possible, il
empêchait de dormir ce pauvre général,
inquiet de son cuisinier, et son entou-
rage, affolé comme le seraient des cons-
pirateurs d'opérette. Car le sang-froid
est la qualité maîtresse de M. Constans.
Par,bien des côtés, il est un Méridional,
et de ce Midi gascon qui est excessif
à côté même du Midi provençal. Il est
Méridional par l'esprit, qui est des plus
vifp, par la bonne grâce et la familiarité
sans morgue, par les boutades et, par-
fais, par les coups de boutoir. Il a cette
simplicité d'allures et de mœurs que le
Sud égalitaire pratique si bien, le goût
des amitiés fidèles fussent-elles inutiles,
et à l'encens des flatteurs il préfère le
parfum du cassoulet national. Mais
ceci, c'est Yhabitus corporis, l'extérieur,
l'homme privé qui ne s'est jamais laissé
changer par les hautes fortunes de
l'homme politique. Celui-ci est essentiel-
lement un homme de gouvernement, un
administrateur et un manieur d'hommes,
un légiste, un homme de droit. On oublie
toujours que M. Constans, avant d'être
un homme public, fut professeur de
droit à la vieille Faculté toulousaine,
tout imprégnée encore de l'esprit des
légistes romains. J'ai vu, de très près,
M. Constans pendant la bataille du bou-
langisme. Son état d'esprit était tel que
dut être l'état d'esprit d'un sénateur
de Rome- pendant que Catilina agitait
la plèbe et menaçait l'Etat. La confiance
dans le droit était le fond de son assu-
rance. Il y a des moments où Dufaure
n'eût pas pensé et parlé autrement que
lui. Seulement et c'est là la source de
bien des erreurs de jugement- M. Cons-
tans est un légiste dont la sévérité dispa-
raît devant la belle humeur gasconne;
et c'est un légiste à qui l'action ne répu-
gne pas, sans pédanterie, et d'un courage
tranquille et sans pose. J'étais auprès de
lui, un jour de bagarre boulangiste où
l'on s'assommait avec assez d'énergie
jusque dans les rues voisines de l'Elysée
et du ministère. Entre deux rapports des
officiers de paix qui tenaient tête à l'é-
meute, il nous racontait des histoires.
*#̃̃̃̃
N'en doutez pas. Si Toulouse se rebiffe
et marchande un siège à M. Constans
qui, très Méridional en cela, a voulu res-
ter le représentant de sa province agitée
et n'a pas songé à se trouver un bourg-
pourri ailleurs, c'est que les fins Méri-
dionaux, plus avisés en cela que beau-
coup de nous, ont su connaître le vrai
homme de gouvernement qu'est en réa-
lité M. Constans. Et mon adorable Midi
trouve que la politique régulière, fût-elle
même pratiquée « en bon garçon », n'est
pas une politique amusante. Il y a, dans
nos provinces du Midi, dans ce qu'on a
appelé un peu injustement le Midi
rouge, non une majorité, mais une mi-
norité très agissante de gens qui ne sont
à l'aise et en joie que dans les conflits,
les agitations, les manifestations, et pour
quilapolitiquedoitêtrecqmmeune comé-
die et un drame improvisés au jour le
jour, et dont les coups de théâtre font le
charme toujours renouvelé. La mobilité
de ces esprits est un goût d'amateurs de
théâtre. Ils aiment le changement pour le
changement et le bruit pour le bruit. Les
convictions, chez eux, ne survivent pas
toujours au temps nécessaire pour les
exprimer, mais elles sont, en cette mi-
nute-là, d'une violence irréductible. En
dépit de la tradition romaine, la liberté,
pour nombre de Méridionaux, ce n'est
pas de pouvoir changer la loi, c'est de
pouvoir lui désobéir. Ce goût de révolte
est au fond des conflits que les munici-
palités méridionales suscitent si volon-
tiers en toutes choses, qu'il s'agisse des
courses de taureaux ou de toute autre
affaire, comme à Nice. Et toujours
comme au théâtre les hommes
du Midi, pleins d'esprit, aiment les
bonnes farces, sans en mesurer la portée.
C'était bien un Méridional, cet homme de
police que j'avais sous mes ordres à
Marseille, en 1870 (je crois bien qu'au
-4 Septembre il s'était nommé lui-même
commissaire), qui faisait très bien son
service te:jour et que je surpris, la nuit,
collant aux murs des placards révolu-
tionnaires. Quand je l'interrogeai, sans'
qu'il fût besoin de le bourrer de coups
de poing comme faisait à l'instruction
l'aimable magistrat de Bayeux, mon
compatriote m'ouvrit son âme tout
entière. Ça l'amusait. Et, ajouta-t-
il, ça n'était pas la peine d'être en Répu-
blique, si on ne pouvait pas s'amu-
ser un peu Le tort que nous avons
souvent à Paris, c'est de prendre trop au
tragique cet esprit tumultueux des poli-
ticiens du Midi, d'y voir les spectres du
séparatisme ou de l'insurrection socia-
liste. Les paroles violentes sont comme
les cravates rouges ça fait bien au café,
de même qu'au bal du dimanche. Ce
sont des allures de « faraud ». Seule-
ment et c'est là le péril électoral les
fantaisistes ont toujours l'oreille ouverte
aux agitateurs et aiment' à taquiner qui-
conque a l'esprit gouvernemental, sans
lequel on ne fait rien, pas même ni sur-
tout les réformes. Ça les amuse de black-
bouler M. Constans, comme ça les amusa,
à Marseille, de nommer Félix Pyat, en
traitant son adversaire d'aristocrate ef-
fréné, parce qu'il était arrivé de Paris
dans un sleeping-car-avec un permis
d'ailleurs. Ce sont là des gaietés parti-
culières à cette race, gênantes peu
périlleuses. Elles seraient, du reste, sans
inconvénient si, dans le Midi comme
en maint endroit, les conservateurs, eux
aussi, n'avaient le goût des farces, ne
sortant de l'abstention que pour entrer
dans les coalitions les plus bizarres.
J'imagine qu'à Toulouse il y a eu, dans
les derniers scrutins, plus d'une preuve
de cette gaminerie des gens graves.
Henry Fouquier.
AU JOUR LE JOUR
UN TESTAMENT BIEN PARISIEN
Il y a des gens, encore assez nombreux, qui
désapprouvent la loi de l'héritage; ils vou-
draient que l'argent, acquis ou rendu produc-
tif grâce à la collectivité, fit retour à l'Etat.
Mais qui oserait blâmer le testament vrai-
ment charmant que vient de laisser une excel-
lente Parisienne, une septuagénaire aimable,
Mme Brasseux, demeurant dans une des mai.
sons qu'elle possédait, 14, rue Rodier?
N'ayant que de lointains parents, atteinte
d'une maladie qui parfois la faisait cruelle-
ment souffrir, Mme Brasseux, sans la gaieté
de son caractère, fût morte seule, abandonnée,
victime peut-être d'intrigants ou de domes-
tiques avides.
Très maîtresse d'elle-même, ayant conservé
l'administration d'une très grosse fortune,
douée de l'esprit le plus indépendant, elle s'est
constitué l'existence la plus agréable du
monde.
Résolue à ne s'entourer que de gens jeunes
ou gais, elle avait pris pour servantes cinq
jolies filles qui papillonnaient autour d'elle,
vêtues de couleurs chafoyantes et la servant
toutes à la fois.
Chaque semaine, elle donnait un grand bal
où ne venaient que des gens répondant à son
programme.
Assise près du piano, elle se plaisait à re-
garder danser. Au souper, on lui racontait
des histoires divertissantes; Une fois, quel-
qu'un lui fit reproche de n'être pas assez sé-
vère dans le choix de ses invités. ̃><
Je connais, ajouta-t-il, des danseuses qui
ne reviendront plus.
Eh bien fit-elle, j'en'appellerai d'autres.
Je souffre tant qu'il faut me pardonner d'être
égoïste. Je ne reçois pas pour mes invités,
mais pour moi.
Un exemple montrera comment elle rassem-
blait son monde. Ayant peur des voitures et re-
doutant la solitude, elle ne prenait jamais de
fiacre elle faisait ses courses en omnibus. Un
jour, comme une jeune fille, assise à côté
d'elle venait de lui passer une correspon-
dance, elle observa son visage qu'elle trouva
joyeux. Elle lia conversation.
L'enfant, un petit trottin parisien, avait de
l'esprit naturel.
Il faut venir me voir, lui dit Mme Bras-
seux, vous ne le regretterez pas.
Il y a de cela deux ans. Dès le lendemain de
la rencontre, l'enfant commençait à devenir
une habituée des bals de Mme Brasseux.
Hélas ils sont finis, les bals. La maladie a
triomphé de la gaieté et, le sourire aux lèvres,
la brave femme est morte. •̃̃̃•>
On vient d'ouvrir son testament. Quel testa-
ment Joyeux comme elle, mais sérieux tout
de même. Elle l'a fait par-devant notaire.
A sa. lointaine famille, pour qu'il n'y ait
nulle réclamation, elle laisse quelques centai-
nes de mille francs.
A ceux qui ont encadré sa vie, qui ont été
le charme de sa vieillesse, à ses invités, à ses
causeurs, à ses danseurs, même à ses bonnes,
elle légue. ce qu'elle appelle des souvenirs.
En tout DEUX millions
Un des anciens candidats de la Chaussée-
d'Antin, notre confrère Jehan, a pour sa part
trois mille francs; il parait qu'il valse bien.
Le petit trottin a huit mille francs. Chacune
des cinq bonnes, pendant quatorze mois, tou-
chera ses gages et aura la nourriture et le loge-
ment assurés.
Enfin toutes les personnes qui, durant sa
longue vie, ont été ou utiles ou agréables à
Mme Brasseux ont leur souvenir. Ainsi un
jeune clerc d'avoué, qui, un jour, lui appor-
tant de l'argent, lui avait donné gratuitement
un bon conseil, hérite de douze mille francs.
Et ses invités maintenant se rappellent cette
phrase qu'elle répétait souvent, sans qu'on y
prit garde
On peut m'obliger, moi. On peut m'être
agréable, à moi. Je ne suis pas une in-
grate! 1
Les souvenirs ne sont pas gros;.ils sont
pour cela trop nombreux Evidemment, Mme
Brasseux a passé la vie à faire et à refaire
son testament, y inscrivant chaque fois ceux
à qui elle devait ou un service ou une dis-
traction.
Et l'on va se rendre compte de la douleur
avec laquelle je rends à l'excellente femme ce
dernier hommage. A mainte reprise, elle m'a1
invité. Chaque fois que je devais aller chez
elle, j'étais appelé ailleurs par un banquet ou
par une réunion. Ah les meetingueurs me le
payeront
Charles Chinchollts.
A^Af<
Echos
La Température
Une vaste dépression envahit nos côtes de
l'Ouest où le baromètre est tombé à 74211111. Le
vent souffle avec force d'entre Est et Sud sur
la Manche et la Bretagne; il est très violent
du Sud en Gascogne. Devant Calais et Brest
la mer est très agitée, houleuse en Méditer-
ranée. La pluie tombe sur nos régions du Nord
et de l'Ouest.
La température est assez élevée dans l'ouest
et le centre du continent; elle était hier à
Paris go au-dessus le matin, n» à midi et
12° à deux heures; 140 à Perpignan, 170 à
Alger.
En France, le temps va rester doux mais à
la pluie; hier, journée passable; dans la soi-
rée, le thermomètre était à 10° et le baromètre,
à 752mm pendant le jour, restait à 754œm vers
onze heures.
Monte-Carlo. Un peu de ventj.thermo-!
mètre le matin 10°, à midi 14°.
LE VRAI « CLOU »
^x A mesure que s'écoule le temps dé-
de l'échéance de 1900 fixée pour l'Exposi-
tion, la fièvre de projets, d'inventions,
de recherches ingénieuses afin d'en aug- ]
menter l'éclat, se déchaîne dans les ima-
ginations et devient de plus en plus in- J
tense. Nous ne blâmons, certes, pas ce 1
zèle empressé, mais nous sommes frap-
pés par ce fait que l'émulation des con-
currents -vise surtout l'extraordinaire,
quand ce n'est pas l'extravagant, l'é-
norme ou l'étonnant. On cherche des (
clous, comme on dit dans notre argot de
la fin du siècle.
Ne serait-il pas plus simple de s'en k
fier, pour le succès de l'Exposition, aux I
qualités qui distinguaient autrefois l'in- (
dustrie française, c'est-à-dire au bon ]
goût dans l'invention, à la solide probité c
des produits et à l'ingéniosité des appro- (
priations pratiques. On à dit que les Ex-
positions successives qui ont été décré-
tées depuis 1855 ont porté un préjudice"
considérable et croissant à la fabrication I
française, en apprenant aux étrangers à 1
imiter ses procédés. C'est une thèse qui <
a fourni prétexte à des déclamations fort s
peu consolantes. Elle n'est admissible 1
qu'en apparence. Les Expositions dont il <
s'agit ont été, nous le voulons bien, pour
les nations étrangères l'école de la con- (
trefaçon. Mais la contrefaçon n'est pas s
l'industrie, pas plus qu'un expédient <
n'est une ressource permanente. (
Les produits allemands, par exemple, ]
ont été pendant quelque temps recher- i
chés au détriment des produits similaires
français, parce qu'ils donnaient l'illusion s
d'une marchandise identique à un prix <
très sensiblement inférieur. Mais les 1
consommateurs se sont vite aperçus que 1
ce n'était pas la même chose. Cette cons- 5
tatation s'est produite en ce qui concer- s
nait la métallurgie, les étoffes et même ]
le vin et les eaux-de-vie. On fabriquait à 1
Hambourg, par exemple, des caisses de
çhampagne et de cognac qui étaient diri-
«g»£es._sur l'Amérique et qui coûtaient
presque aussi peu que des flacons d'eau
de Seltz ou d'alcool dilué. Aujourd'hui,
les statistiques établissent que l'Amé-
rique n'en veut plus, tandis que la vente
de nos cognacs et de nos vins de Cham-
pagne reste ce qu'elle était jadis. De
même pour l'Italie.
Ne craignons donc point la concur-
rence, mais appliquons-nous pour 1900
à attirer l'attention du monde non sur
les « clous » proposés par des inventeurs
en délire, mais sur les merveilles que
l'amour du travail, uni à la dextérité et
à la grâce, fait éclore sous les doigts de
nos ouvriers français.
A Travers Paris
La magnifique aquarelle de M. Edouard
Détaille sur la Revue de Châlons a été pré-
sentée hier matin au Président de la Ré-
publique, qui l'a longuement examinée
et n'a pas dissimulé son admiration pour
l'oeuvre du:grand artiste.
̃ Le cadeau de la Presse française est
parti dans la soirée pour Saint-Péters-
bourg. Il sera remis à l'empereur
Nicolas II le premier jour de l'an russe
par notre ambassadeur, M. le comte de
Montebello, en même temps que l'album
de M. Félix Faure, dont nous avons
donné récemment la description, et qui
Cîimprehd des aquarelles, dessins et au-
tographes ayant trait à la physionomie
de Paris et aux fêtes qui furent données
pendant le séjour des souverains russes
en France.
MM. Méline, président du Conseil, et
Boucher, ministre du commerce, sont at-
tendus ce matin à Paris, venant de
Cannes.
Jeudi, MM. Méline et Boucher se sont
rendus à Beaulieu, où ils ont été les hô-
tes de M. Marinoni, directeur du Petit
Journal, chez qui se trouvaient égale-
ment M. Rambaud, ministre de l'instruc-
tion publique, et le général Billot, minis-
tre de la guerre.
Hier, le président du Conseil a reçu à
Cannes la visite du grand-duc Michel.
L'entretien, qui a été particulièrement
cordial, a duré une demi-heure.
M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, qui était allé passerquelques
jours à Hyères, chez M. Paul Bourget,
rentrera également à Paris aujourd'hui.
̃ • Lés singularités de la justice militaire.
Au lendemain de la bagarre de la
'^Sainte-Barbe à Brest, vingt-deux artil-
leurs ou sous-officiers sont arrêtés.
11 y a huit jours, le commissaire du
gouvernement près le Conseil de guerre
rend une ordonnance de non-lieu en
faveur de douze artilleurs et en traduit
dix en Conseil,.
Les douze non-lieu sont évidemment
les moins coupables. Cependant, le pré-
fet maritime,estimant qu'ils ont participé
au scandale, les punit disciplinairement
de 30 à 60 jours de prison.
Et, avant-hier, les dix autres les dix
accusés sont acquittés par le Conseil
de guerre.
En sorte que les plus coupables sont
indemnes et que les moins coupables
gémissent sur la paille humide des ca-
chots.
C'est admirable
Les résultats maintenant officiels du
dernier recensement sont pleins de me-
naces pour l'avenir de la race française.
La population de notre pays ne diminue
pas encore, mais elle reste à peu près
stationnaire, tandis que dans la plupart
des autres Etats d'Europe elle augmente
avec une effrayante rapidité.
En France, cent décès sont compensés
par cent une naissances, en Autriche et
en Russie par cent trente-huit, en Italie
par cent quarante-deux, en Allemagne
par cent soixante et une, en Angleterre
par cent soixante et onze.
Cent Anglais qui meurent sont donc
immédiatement remplacés par cent
soixante et onze petits Anglais qui vien-
nent au monde. Aussi la population du
Royaume-Uni, qui n'était que de quinze
millions en 1801, tandis qu'à la même
époque celle de la France dépassait
vingt-sept millions, l'a égalée en 1891 et
la dépasse aujourd'hui de plus d'un mil-
lion d'habitants.
C'est de l'autre côté de l'Atlantique que
s'est réfugiée la vitalité de l'ancienne
race française. Les Canadiens Français,
qui étaient au nombre de soixante-dix
mille en 1765, avaient déjà atteint en
1891 le chiffre de dix-huit cent mille. Ils
se sont à très peu de chose près confor-
més à la première des lois de Malthus,
en vertu de laquelle la population d'un
pays devrait doubler tous les vingt-cinq
ans, mais ils n'ont pas observé la se-
conde.
Le « carottage » des Gobelins.
M. Locquet, conservateur du Garde-
Meuble, qui a la garde de nos plus bel-
les « suites » des Gobelins, vient de pro-
céder, dans les magasins du quai d'Or-
say, à certains aménagements devenus
nécessaires en vue des soins délicats à
donner à ces vieilles tapisseries.
Jusqu'à ce jour les pièces des Gobelins
étaient simplement roulées et emmaga-
sinées les unes sur les autres, et M. Loc-
quet avait remarqué quelques légères
dégradations causées par l'humidité et
par l'entassement sur celles qui se trou-
vaient en contact sur le sol.
Il vient d'affecter l'un de ses magasins
spécialement au dépôt des Gobelins. De
dix en dix centimètres au-dessus du
plancher de ce magasin des étages en
boiserie à claire-voie sont disposés hori-
zontalement, et chacun de ces étages
supporte une seule pièce de tapisserie,
non plus roulée, mais pliée en quatre et
tendue.
Afin d'éviter l'usure, si légère qu'elle
soit, aux endroits des plis, la tapisserie
est « carottée », c'est-à-dire que la dou-
blure en est renforcée par des bandes de
toile longitudinales ou transversales.
Grâce à ces précautions, les plus vieilles
pièces des Gobelins, n'ayant plus à souf-
frir ni de l'humidité ni des brisures,
peuvent être maintenues dans un état
parfait de conservation.
Le bureau du Conseil municipal est
saisi d'une proposition tendant à la sup-
pression du travail manuel dans les
écoles primaires de la Ville de Paris.
Cette proposition a profondément ému
les ouvriers parisiens et ils paraissent
disposés à faire entendre les protestations
les plus vives. Déjà l'Union des ouvriers
mécaniciens somme les « conseillers ré-
publicains » de retirer leur adhésion
a une proposition qu'ils considèrent
« comme portant atteinte aux principes
démocratiques dont se sont inspirés les
organisateurs des ateliers scolaires ».
Nous croyons que, devant cette oppo-
sition, les signataires ne donneront pas
suite a leur projet. L'enseignement du
travail manuel dans les écoles primaires
est une espèce d'initiation à l'appren-
tissage et lés ouvriers sont les meilleurs
juges des avantages qu'en retirent leurs
enfants. Ce sont eux, avant tout, qu'il
faut consulter.
D'ailleurs, la loi du 29 mai 1882 est
là qui range le travail manuel parmi les
matières comprises dans l'enseignement
primaire.
Mais il est vrai de dire que les pro-
grammes de cette partie de l'enseigne-
ment primaire doivent être revisés. Ils
renferment des exercices véritablement
puérils. Ainsi on apprend aux enfants
les règles qu'il faut suivre pour faire des
cocottes, des galiotes, et des chapeaux de
gendarme. Ce sont là des jeux d'éco-
liers, indignes de figurer dans un ensei-
gnement sérieux.
Une histoire d'album.
Victor Hugo habitait encore la place
Royale, et la mode des albums sévissait
déjà. Un soir, le poète trouva dans la
loge de son concierge un paquet et une
lettre à son adresse. La lettre était signée
Guillot et sollicitait un simple distique
sur l'album contenu dans le paquet
elle ajoutait que le chef de la jeune école
romantique se trouverait, dans cet al-
bum, en compagnie aussi nombreuse que
choisie.
Or, l'auteur d'Hernani, en feuilletant
l'album, y' trouva quelques quatrains,
une fable, un fragment de poème épi-
que, une scène de tragédie, une cha-
rade, etc., le tout invariablement signé
Guillot. ̃̃̃̃
Alors, prenant sa bonne plume de To-
lède, il griffonna sur l'une des pages
blanches:
II aurait volontiers écrit sur son chapum
C'est moi qui suis Guillot, berger de cet album.
Et il signa Victor Hugum.
Le paquet, reficelé, fut redéposé chez
le concierge où l'heureux Guillot vint le
prendre, dès le lendemain. Il nous paraît
peu probable qu'on vende jamais ce fan-
taisiste autographe du poète à l'Hôtel
Drouot.
-oo~
Tout Paris on peut dire toute l'Eu-
rope a connu Henry, le maître d'hôtel
de chez Paillard, qui, pendant vingt ans,
chez Maire d'abord, ensuite Chaussée
d'Antin, a imposé ses menus à l'élite la
plus raffinée de nos dîneurs.
Aujourd'hui, Henry se met dans ses
meubles et va diriger le restaurant Gail-
Ion, à deux pas de l'Opéra et du boule-
vard. On peut être sûr de trouver chez
lui bonne cuisine et bonne cave. Il s'en-
gage, quant à lui, à être réservé sur le
terrain de l'addition.
Ce soir, première grande redoute mas-
quée au Casino de Paris.'
Hors Paris
De Pétersbourg
« L'exposition française de peinture a
été inaugurée officiellement hier, à Mos-
cou, parLL. AA. II. le grand-duc et la
grande-duchesse Serge.
» Leurs Altesses Impériales ont été re-
çues au bas de l'escalier par la comtesse
Ouvorow, présidente du Comité des Da-
mes de la Croix-Rouge, œuvre au profit
de laquelle l'exposition a été organisée.
Les musiques ont joué à leur entrée dans
la salle Hymne russe et la Marseillaise.
» Les honneurs de l'exposition ont été
faits par M. Mauriès, délégué de la
Croix-Rouge, et M. Bernheim jeune, or-
ganisateur de l'exposition.
» Le grand-duc et la grande-duchesse
ont longuement visité les diverses salles.»
ZD
De Monte-Carlo
« Dans un rayon de soleil, aux tables
retenues du restaurant de l'hôtel de
Paris
» Grande-duchesse de Leuchtenberg,
prince de Carovigno, marquis de Villa-
greto, marquis de Valanglart, baron An-
tonio de Marchi, colonel sir Paget, comte
d'Orzesko, duc de Fitz-James, lord Co-
nyngham, lord Uxbridge, Mr et Mrs
Gilmore, Mr Milner Gibson, Mr etMrs
Bingham, etc., etc. »
De Constantinople
« S. Exc. Ata Jasiphe, secrétaire intime
de l'empereur d'Ethiopie; S.Ecx.lecomte
Nicolas Léontieff, chargé d'affaires de
Sa Majesté,et leur suite, venant de Saint-
Pétersbourg, sont descendus au Péra-
Palace.
»S.Exc.Ibrahim-bey,drogmandupalais
impérial, envoyé auprès d'eux par S. M.
le Sultan, a reçu de Leurs Excellences
de tels éloges sur la façon dont ils étaient
traités au Péra-Palaçe, que le Sultan a
décidé d'y faire descendre désormais,
tous ses visiteurs. »
On a de bonnes nouvelles du fameux
Transsibérien. Huit mille kilomètres de
rails en sont déjà posés, f;t sur certains
points de la Sibérie occidentale le trafic
des voyageurs et des marchandises est,
dès à présent, établi.
Dans les sphères officielles russes, on
espère que la communication ininter-
rompue par rail entre Saint-Pétersbourg
et Vlc^divostock sera réalisée pour 1900.
De Nice-Cimiez
« Une bonne journée, toute de repos
pour des hommes politiques, ç'a été celle
de mercredi que M. Méline, président du
Conseil, et M. Boucher, ministre du
commerce.ont passée au Ri viera-Palace.
également loin de la mairie et de la pré-
fecture. De l'air, du soleil, des fleurs, une
table exquise, un concert excellent dans
le hall, voilà le menu de leurs occupa-
tions.
» Le général Billot, qui les a rejoints,
compte rester quelques jours au Riviera-
Palace.où setrouve réunie,en ce moment,
l'élite de la colonie étrangère. »
--ccxx:X:
Nouvelles a la Main
Le jeune Henri sept ans aime à
tirer au clair les choses qu'il entend et
qui lui paraissent anormales. Aussi, un
beau matin, dit-il à son père:
Maman dit que tu prends tous les
jours une culotte au cercle. Pourquoi
portes-tu toujours la même, alors?
TT V 1
Une dame dont le salon est fréquenté
par quelques bas-bleus surannés sa-
crifie en ce moment au spiritisme.
Venez donc un de ces soirs, a-t-elle
dit en minaudant à un de nos confrères.
C'est très intéressant: nous évoquons des
esprits. oh des beau.x esprits!
Le' Masque de rer.
̃*N/V/V/'>y» y i un i
Nous commencerons demain la publica-
tion d'une Nouvelle
LES SEPT VISAGES
par
M. JULES CASE
qui sera suivie dune Nouvelle de M. PAUL
BOURGET:
VAINE EXPÉRIENCE
̃ ^VSVXVSN^ r––
LES VOIX DE TOULOUSE
Pemiér Toulousain: Tn m'en trouveras
des'villes comme la nôtre,, difs
SECOND Toulousain. J'ai beau en être,
moi qui te parle, ça m'étonne-, encore.
PREMIER Toulousain. Et moi, j'ai beau
en avoir l'habitude, je ne peux pas retenir mon
admiration, je ne le peux pas, c'est plus fort
que moi.
SECOND Toulousain. Hein ces élec-
tions.
PREMIER TOULOUSAIN. Tais-toi, ça tient
du miracle.
SECOND Toulousain. Et ils viennent nous
parler de Tilly-sur-Seulles! Laisse-moi rire.
PREMIER Toulousain, facétieux. C'est-à-
dire que les voix de Jeanne d'Arc elle-même, à
côté des nôtres, c'est moins que rien.
SECOND TOULOUSAIN. Tiens! une suppo-
sition. Il n'y aurait à Toulouse que deux
électeurs, toi et moi. Nous voterions tous
les deux pour le même candidat. Je sup-
pose. Eh bien! il ne serait peut-être pas
nommé tout de même.
PREMIER Toulousain. Sérieusement et
blague à part, as-tu réfléchi quelquefois à ce
phénomène extraordinaire que, depuis vingt
ans, il n'y a pas eu à Toulouse'une seule élec-
tion régulière ?
SECOND TOULOUSAIN. Je t'écoute, que
j'y ai réfléchi.
PREMIER TOULOUSAIN. Et as-tu trouvé
une explication de ce mystère ?
SECOND Toulousain. Il n'y en a pas.
C'est comme ça! Je crois que c7est le soleil.
Ainsi, on place un bulletin dans une urne. Ce
bulletin est au nom de Chose. Tous tes amis
ont voté aussi pour Chose. On te dépouille le
scrutin. Chose n'est jamais nommé. Voilà! I
PREMIER TOULOUSAIN. C'est beau tout
de même ̃
SECOND Toulousain. A Toulouse, vois-
tu, mon vieux, si tu veux que ton candidat
soit nommé, il ne faut jamais voter pour lui.
C'est la seule chance.
Alfred Capus.
–M.
LI IPELÏM-COMIftlJI
Enquête sur les chantiers et chez
les peintres
Tout le monde à Paris. et ailleurs, a
dû être agréablement surpris quand nous
avons annoncé que MM. Benjamin-Cons-
tant, Luc-Olivier Merson et Plàmeng
avaient été chargés des principales dé-
corations du nouvel Opéra-Comique, ou
plutôt de l'ancien Opéra-Comique re-
construit sous la direction, de M. Ber-
nier.
Chacun a pensé qu'enfin on travaillait
sur les chantiers, et que bientôt l'Opéra-
Comique serait rendu aux boulevards.
L'attente avait été longue. On allait
donc toucher au but
Nous sommes allé hier sur les chan-
tiers pour nous rendre compte de l'état
actuel des travaux. Peut-être, pour l'œil
d'un architecte comme M. Bernier, l'ou-
vrage est-il fort avancé, mais il a paru à
un profane comme moi que tout était
loin d'être terminé. Un confrère parlait,
hier, des deux grands escaliers. Seule la
place en est indiquée par des échelles,
et c'est par des échelles, pour le mo-
ment, qu'il faut grimper, pour aperce-
voir d'énormes moellons qu'on monte
ou qu'on descend, et d'immenses char-
pentes en fer transportées de droite et
Samedi 9 Janvier 1897,
1 "1' 1
té Numéros SEINE & SEiNE-ET-OlSE 15 ëentinieé =» DEPARTEMENTS 20 centimes
jF, DE RODAYS A. PÉRIVIER
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• de France et d'Algérie.
M. Constans 1 1 1
Parler encore des élections sénatoria-
les, ce serait parler déjà de la plus vieille
des vieilles lunes Jamais événement po-
litique ne s'accomplit au milieu d'une
plus noire indifférence! La théorie de
M. Bergerat que les pièces de théâtre
qui font « four » sont incontestablement
les meilleures du monde est une théorie
assez paradoxale en littérature; mais
elle trouve une application en politique.
Les meilleures assemblées sont toujours
les moins populaires. Déjà, sous l'Em-
pire, le Sénat était très supérieur, par
l'intelligence et la compétence de ses
membres, à la Chambre des députés.
Et, cependant, le mot mélancolique d'un
de ses présidents fut encore vrai et la
Révolution l'oublia, fût-ce pour le dis-
soudre! 1 ̃•
Ce qui se passe au Luxembourg sem-
ble sans importance et reste sans inté-
rêt. Rien de plus injuste; rien de plus
périlleux. Mais il faut bien prendre le
temps comme il est et les choses comme
elles se comportent.
Donc, si le renouvellement de diman-
che dernier garde un peu d'actualité qui
permet d'en parler encore, c'est unique-
ment à cause de ceci que M. Constans
n-lapas été réélu à Toulouse. Il se pour-
rait qu'il le fût tout de même, l'élection
toulousaine étant fortement contestée
pour des raisons diverses, dont la plus
piquante est que vingt-cinq conseillers
municipaux, qui ont pris part au vote,
étaient .eux-mêmes illégalement élus 1
On l'a établi depuis. Mais, quel que soit
le 'sort réservé à la protestation de M.
Constans, il n'a pas été proclamé diman-
che à ce'Capitole de Toulouse, qui a,
comme celui de. Rome, sa roche Tar-
péierine.
̃ Ceci a ému un peu les Parisiens, qui
n'ont pas oublié M. Constans et qui
voient 'en lui une des plus intéressantes
figures parmi celles qui ont été mises en
lùrnière dans le monde politique, depuis
la mort de Gambetta et de Ferry. On s'est
éitonné que Toulouse se montrât de telle
façon ingrate envers son grand homme.
On s'est souvenu des dévouements en-
thousiastes qu'avait suscités M. Cons-
tans parmi ses compatriotes pendant la
bataille boulangiste, alors que de jeunes
dyArtagnans du pays gascon s'offraient
à; lui' pour frapper l'ennemi, ce qui
leur fit répondre par le ministre
cfi.moL d'une ironie supérieure et ex-
'gtiîsè: « J'assassine moi-même » Mais
eé'qu'ori ne sait pas assez ici, c'estcorh-
bien le Midi est changeant, oublieux, peu
respectueux et combien on n'y reste pas
longtemps « grand homme » 1 La recon-
naissance ne l'embarrasse pas plus que
lalogique ne le gêne. Et, tandis que les
radicaux de Paris, jadis, nommaient Ba-
rodèt contre Rémusat, les socialistes de
Toulouse et les radicaux n'ont pas hésité
à nommer M. Paul de Rémusat contre
M. Constans, et ceci malgré le désir
même de M. Paul de Rémusat. Et ils
sont -enchantés, n'en doutez pas, de la
bbnnè farce jouée, uniquement parce
q.iie, chez M. Constans, l'homme de gou-
vernement a survécu à l'homme de com-
bat et que mon cher Midi, d'instinct,
niai me pas les hommes de gouverne-
ment.
/̃II y a, en M. Constans, deux hommes,
0.U, pour mieux dire, il y en a un de
réel et un autre tout d'apparence et
quaàjment légendaire. Celui-ci, que M.
Rochèfort appelle volontiers « le vieux
forban », c'est le politique de coup de
main, qu'on comparait à un homme du
seizième siècle, à quelque cardinal Cibo,
estimant que tous les moyens sont bons
en politique, y compris les plus perfides
ou les plus violents. Imaginez que, moins
hésitant, le général Boulanger se fût fait
arrêter et fût mort en prison, on n'au-
rait pas ôté de la tête de, bien des gens
que le ministre lui avait administré
un mauvais café. Et peut-être, plus
d'un, à Toulouse, eût trouvé la chose
de bonne guerre. Il y en eut même,
très francs, qui l'écrivirent. Je dois dire
que cette réputation d'homme terrible,
de Sforza bourgeois et de Borgia en re-
dingote amusait fort M. Constans, qui
laissait dire. Avec une incomparable ma-
lice, il avait compris l'utilité que pouvait
avoir ce mauvais renom dans la lutte
qu'il avait résolu de mener à bout avec
une froide énergie. Positivement, tandis
qu'il dormait lui-même plein de confiance
et sans l'ombre d'un remords possible, il
empêchait de dormir ce pauvre général,
inquiet de son cuisinier, et son entou-
rage, affolé comme le seraient des cons-
pirateurs d'opérette. Car le sang-froid
est la qualité maîtresse de M. Constans.
Par,bien des côtés, il est un Méridional,
et de ce Midi gascon qui est excessif
à côté même du Midi provençal. Il est
Méridional par l'esprit, qui est des plus
vifp, par la bonne grâce et la familiarité
sans morgue, par les boutades et, par-
fais, par les coups de boutoir. Il a cette
simplicité d'allures et de mœurs que le
Sud égalitaire pratique si bien, le goût
des amitiés fidèles fussent-elles inutiles,
et à l'encens des flatteurs il préfère le
parfum du cassoulet national. Mais
ceci, c'est Yhabitus corporis, l'extérieur,
l'homme privé qui ne s'est jamais laissé
changer par les hautes fortunes de
l'homme politique. Celui-ci est essentiel-
lement un homme de gouvernement, un
administrateur et un manieur d'hommes,
un légiste, un homme de droit. On oublie
toujours que M. Constans, avant d'être
un homme public, fut professeur de
droit à la vieille Faculté toulousaine,
tout imprégnée encore de l'esprit des
légistes romains. J'ai vu, de très près,
M. Constans pendant la bataille du bou-
langisme. Son état d'esprit était tel que
dut être l'état d'esprit d'un sénateur
de Rome- pendant que Catilina agitait
la plèbe et menaçait l'Etat. La confiance
dans le droit était le fond de son assu-
rance. Il y a des moments où Dufaure
n'eût pas pensé et parlé autrement que
lui. Seulement et c'est là la source de
bien des erreurs de jugement- M. Cons-
tans est un légiste dont la sévérité dispa-
raît devant la belle humeur gasconne;
et c'est un légiste à qui l'action ne répu-
gne pas, sans pédanterie, et d'un courage
tranquille et sans pose. J'étais auprès de
lui, un jour de bagarre boulangiste où
l'on s'assommait avec assez d'énergie
jusque dans les rues voisines de l'Elysée
et du ministère. Entre deux rapports des
officiers de paix qui tenaient tête à l'é-
meute, il nous racontait des histoires.
*#̃̃̃̃
N'en doutez pas. Si Toulouse se rebiffe
et marchande un siège à M. Constans
qui, très Méridional en cela, a voulu res-
ter le représentant de sa province agitée
et n'a pas songé à se trouver un bourg-
pourri ailleurs, c'est que les fins Méri-
dionaux, plus avisés en cela que beau-
coup de nous, ont su connaître le vrai
homme de gouvernement qu'est en réa-
lité M. Constans. Et mon adorable Midi
trouve que la politique régulière, fût-elle
même pratiquée « en bon garçon », n'est
pas une politique amusante. Il y a, dans
nos provinces du Midi, dans ce qu'on a
appelé un peu injustement le Midi
rouge, non une majorité, mais une mi-
norité très agissante de gens qui ne sont
à l'aise et en joie que dans les conflits,
les agitations, les manifestations, et pour
quilapolitiquedoitêtrecqmmeune comé-
die et un drame improvisés au jour le
jour, et dont les coups de théâtre font le
charme toujours renouvelé. La mobilité
de ces esprits est un goût d'amateurs de
théâtre. Ils aiment le changement pour le
changement et le bruit pour le bruit. Les
convictions, chez eux, ne survivent pas
toujours au temps nécessaire pour les
exprimer, mais elles sont, en cette mi-
nute-là, d'une violence irréductible. En
dépit de la tradition romaine, la liberté,
pour nombre de Méridionaux, ce n'est
pas de pouvoir changer la loi, c'est de
pouvoir lui désobéir. Ce goût de révolte
est au fond des conflits que les munici-
palités méridionales suscitent si volon-
tiers en toutes choses, qu'il s'agisse des
courses de taureaux ou de toute autre
affaire, comme à Nice. Et toujours
comme au théâtre les hommes
du Midi, pleins d'esprit, aiment les
bonnes farces, sans en mesurer la portée.
C'était bien un Méridional, cet homme de
police que j'avais sous mes ordres à
Marseille, en 1870 (je crois bien qu'au
-4 Septembre il s'était nommé lui-même
commissaire), qui faisait très bien son
service te:jour et que je surpris, la nuit,
collant aux murs des placards révolu-
tionnaires. Quand je l'interrogeai, sans'
qu'il fût besoin de le bourrer de coups
de poing comme faisait à l'instruction
l'aimable magistrat de Bayeux, mon
compatriote m'ouvrit son âme tout
entière. Ça l'amusait. Et, ajouta-t-
il, ça n'était pas la peine d'être en Répu-
blique, si on ne pouvait pas s'amu-
ser un peu Le tort que nous avons
souvent à Paris, c'est de prendre trop au
tragique cet esprit tumultueux des poli-
ticiens du Midi, d'y voir les spectres du
séparatisme ou de l'insurrection socia-
liste. Les paroles violentes sont comme
les cravates rouges ça fait bien au café,
de même qu'au bal du dimanche. Ce
sont des allures de « faraud ». Seule-
ment et c'est là le péril électoral les
fantaisistes ont toujours l'oreille ouverte
aux agitateurs et aiment' à taquiner qui-
conque a l'esprit gouvernemental, sans
lequel on ne fait rien, pas même ni sur-
tout les réformes. Ça les amuse de black-
bouler M. Constans, comme ça les amusa,
à Marseille, de nommer Félix Pyat, en
traitant son adversaire d'aristocrate ef-
fréné, parce qu'il était arrivé de Paris
dans un sleeping-car-avec un permis
d'ailleurs. Ce sont là des gaietés parti-
culières à cette race, gênantes peu
périlleuses. Elles seraient, du reste, sans
inconvénient si, dans le Midi comme
en maint endroit, les conservateurs, eux
aussi, n'avaient le goût des farces, ne
sortant de l'abstention que pour entrer
dans les coalitions les plus bizarres.
J'imagine qu'à Toulouse il y a eu, dans
les derniers scrutins, plus d'une preuve
de cette gaminerie des gens graves.
Henry Fouquier.
AU JOUR LE JOUR
UN TESTAMENT BIEN PARISIEN
Il y a des gens, encore assez nombreux, qui
désapprouvent la loi de l'héritage; ils vou-
draient que l'argent, acquis ou rendu produc-
tif grâce à la collectivité, fit retour à l'Etat.
Mais qui oserait blâmer le testament vrai-
ment charmant que vient de laisser une excel-
lente Parisienne, une septuagénaire aimable,
Mme Brasseux, demeurant dans une des mai.
sons qu'elle possédait, 14, rue Rodier?
N'ayant que de lointains parents, atteinte
d'une maladie qui parfois la faisait cruelle-
ment souffrir, Mme Brasseux, sans la gaieté
de son caractère, fût morte seule, abandonnée,
victime peut-être d'intrigants ou de domes-
tiques avides.
Très maîtresse d'elle-même, ayant conservé
l'administration d'une très grosse fortune,
douée de l'esprit le plus indépendant, elle s'est
constitué l'existence la plus agréable du
monde.
Résolue à ne s'entourer que de gens jeunes
ou gais, elle avait pris pour servantes cinq
jolies filles qui papillonnaient autour d'elle,
vêtues de couleurs chafoyantes et la servant
toutes à la fois.
Chaque semaine, elle donnait un grand bal
où ne venaient que des gens répondant à son
programme.
Assise près du piano, elle se plaisait à re-
garder danser. Au souper, on lui racontait
des histoires divertissantes; Une fois, quel-
qu'un lui fit reproche de n'être pas assez sé-
vère dans le choix de ses invités. ̃><
Je connais, ajouta-t-il, des danseuses qui
ne reviendront plus.
Eh bien fit-elle, j'en'appellerai d'autres.
Je souffre tant qu'il faut me pardonner d'être
égoïste. Je ne reçois pas pour mes invités,
mais pour moi.
Un exemple montrera comment elle rassem-
blait son monde. Ayant peur des voitures et re-
doutant la solitude, elle ne prenait jamais de
fiacre elle faisait ses courses en omnibus. Un
jour, comme une jeune fille, assise à côté
d'elle venait de lui passer une correspon-
dance, elle observa son visage qu'elle trouva
joyeux. Elle lia conversation.
L'enfant, un petit trottin parisien, avait de
l'esprit naturel.
Il faut venir me voir, lui dit Mme Bras-
seux, vous ne le regretterez pas.
Il y a de cela deux ans. Dès le lendemain de
la rencontre, l'enfant commençait à devenir
une habituée des bals de Mme Brasseux.
Hélas ils sont finis, les bals. La maladie a
triomphé de la gaieté et, le sourire aux lèvres,
la brave femme est morte. •̃̃̃•>
On vient d'ouvrir son testament. Quel testa-
ment Joyeux comme elle, mais sérieux tout
de même. Elle l'a fait par-devant notaire.
A sa. lointaine famille, pour qu'il n'y ait
nulle réclamation, elle laisse quelques centai-
nes de mille francs.
A ceux qui ont encadré sa vie, qui ont été
le charme de sa vieillesse, à ses invités, à ses
causeurs, à ses danseurs, même à ses bonnes,
elle légue. ce qu'elle appelle des souvenirs.
En tout DEUX millions
Un des anciens candidats de la Chaussée-
d'Antin, notre confrère Jehan, a pour sa part
trois mille francs; il parait qu'il valse bien.
Le petit trottin a huit mille francs. Chacune
des cinq bonnes, pendant quatorze mois, tou-
chera ses gages et aura la nourriture et le loge-
ment assurés.
Enfin toutes les personnes qui, durant sa
longue vie, ont été ou utiles ou agréables à
Mme Brasseux ont leur souvenir. Ainsi un
jeune clerc d'avoué, qui, un jour, lui appor-
tant de l'argent, lui avait donné gratuitement
un bon conseil, hérite de douze mille francs.
Et ses invités maintenant se rappellent cette
phrase qu'elle répétait souvent, sans qu'on y
prit garde
On peut m'obliger, moi. On peut m'être
agréable, à moi. Je ne suis pas une in-
grate! 1
Les souvenirs ne sont pas gros;.ils sont
pour cela trop nombreux Evidemment, Mme
Brasseux a passé la vie à faire et à refaire
son testament, y inscrivant chaque fois ceux
à qui elle devait ou un service ou une dis-
traction.
Et l'on va se rendre compte de la douleur
avec laquelle je rends à l'excellente femme ce
dernier hommage. A mainte reprise, elle m'a1
invité. Chaque fois que je devais aller chez
elle, j'étais appelé ailleurs par un banquet ou
par une réunion. Ah les meetingueurs me le
payeront
Charles Chinchollts.
A^Af<
Echos
La Température
Une vaste dépression envahit nos côtes de
l'Ouest où le baromètre est tombé à 74211111. Le
vent souffle avec force d'entre Est et Sud sur
la Manche et la Bretagne; il est très violent
du Sud en Gascogne. Devant Calais et Brest
la mer est très agitée, houleuse en Méditer-
ranée. La pluie tombe sur nos régions du Nord
et de l'Ouest.
La température est assez élevée dans l'ouest
et le centre du continent; elle était hier à
Paris go au-dessus le matin, n» à midi et
12° à deux heures; 140 à Perpignan, 170 à
Alger.
En France, le temps va rester doux mais à
la pluie; hier, journée passable; dans la soi-
rée, le thermomètre était à 10° et le baromètre,
à 752mm pendant le jour, restait à 754œm vers
onze heures.
Monte-Carlo. Un peu de ventj.thermo-!
mètre le matin 10°, à midi 14°.
LE VRAI « CLOU »
^x A mesure que s'écoule le temps dé-
tion, la fièvre de projets, d'inventions,
de recherches ingénieuses afin d'en aug- ]
menter l'éclat, se déchaîne dans les ima-
ginations et devient de plus en plus in- J
tense. Nous ne blâmons, certes, pas ce 1
zèle empressé, mais nous sommes frap-
pés par ce fait que l'émulation des con-
currents -vise surtout l'extraordinaire,
quand ce n'est pas l'extravagant, l'é-
norme ou l'étonnant. On cherche des (
clous, comme on dit dans notre argot de
la fin du siècle.
Ne serait-il pas plus simple de s'en k
fier, pour le succès de l'Exposition, aux I
qualités qui distinguaient autrefois l'in- (
dustrie française, c'est-à-dire au bon ]
goût dans l'invention, à la solide probité c
des produits et à l'ingéniosité des appro- (
priations pratiques. On à dit que les Ex-
positions successives qui ont été décré-
tées depuis 1855 ont porté un préjudice"
considérable et croissant à la fabrication I
française, en apprenant aux étrangers à 1
imiter ses procédés. C'est une thèse qui <
a fourni prétexte à des déclamations fort s
peu consolantes. Elle n'est admissible 1
qu'en apparence. Les Expositions dont il <
s'agit ont été, nous le voulons bien, pour
les nations étrangères l'école de la con- (
trefaçon. Mais la contrefaçon n'est pas s
l'industrie, pas plus qu'un expédient <
n'est une ressource permanente. (
Les produits allemands, par exemple, ]
ont été pendant quelque temps recher- i
chés au détriment des produits similaires
français, parce qu'ils donnaient l'illusion s
d'une marchandise identique à un prix <
très sensiblement inférieur. Mais les 1
consommateurs se sont vite aperçus que 1
ce n'était pas la même chose. Cette cons- 5
tatation s'est produite en ce qui concer- s
nait la métallurgie, les étoffes et même ]
le vin et les eaux-de-vie. On fabriquait à 1
Hambourg, par exemple, des caisses de
çhampagne et de cognac qui étaient diri-
«g»£es._sur l'Amérique et qui coûtaient
presque aussi peu que des flacons d'eau
de Seltz ou d'alcool dilué. Aujourd'hui,
les statistiques établissent que l'Amé-
rique n'en veut plus, tandis que la vente
de nos cognacs et de nos vins de Cham-
pagne reste ce qu'elle était jadis. De
même pour l'Italie.
Ne craignons donc point la concur-
rence, mais appliquons-nous pour 1900
à attirer l'attention du monde non sur
les « clous » proposés par des inventeurs
en délire, mais sur les merveilles que
l'amour du travail, uni à la dextérité et
à la grâce, fait éclore sous les doigts de
nos ouvriers français.
A Travers Paris
La magnifique aquarelle de M. Edouard
Détaille sur la Revue de Châlons a été pré-
sentée hier matin au Président de la Ré-
publique, qui l'a longuement examinée
et n'a pas dissimulé son admiration pour
l'oeuvre du:grand artiste.
̃ Le cadeau de la Presse française est
parti dans la soirée pour Saint-Péters-
bourg. Il sera remis à l'empereur
Nicolas II le premier jour de l'an russe
par notre ambassadeur, M. le comte de
Montebello, en même temps que l'album
de M. Félix Faure, dont nous avons
donné récemment la description, et qui
Cîimprehd des aquarelles, dessins et au-
tographes ayant trait à la physionomie
de Paris et aux fêtes qui furent données
pendant le séjour des souverains russes
en France.
MM. Méline, président du Conseil, et
Boucher, ministre du commerce, sont at-
tendus ce matin à Paris, venant de
Cannes.
Jeudi, MM. Méline et Boucher se sont
rendus à Beaulieu, où ils ont été les hô-
tes de M. Marinoni, directeur du Petit
Journal, chez qui se trouvaient égale-
ment M. Rambaud, ministre de l'instruc-
tion publique, et le général Billot, minis-
tre de la guerre.
Hier, le président du Conseil a reçu à
Cannes la visite du grand-duc Michel.
L'entretien, qui a été particulièrement
cordial, a duré une demi-heure.
M. Hanotaux, ministre des affaires
étrangères, qui était allé passerquelques
jours à Hyères, chez M. Paul Bourget,
rentrera également à Paris aujourd'hui.
̃ • Lés singularités de la justice militaire.
Au lendemain de la bagarre de la
'^Sainte-Barbe à Brest, vingt-deux artil-
leurs ou sous-officiers sont arrêtés.
11 y a huit jours, le commissaire du
gouvernement près le Conseil de guerre
rend une ordonnance de non-lieu en
faveur de douze artilleurs et en traduit
dix en Conseil,.
Les douze non-lieu sont évidemment
les moins coupables. Cependant, le pré-
fet maritime,estimant qu'ils ont participé
au scandale, les punit disciplinairement
de 30 à 60 jours de prison.
Et, avant-hier, les dix autres les dix
accusés sont acquittés par le Conseil
de guerre.
En sorte que les plus coupables sont
indemnes et que les moins coupables
gémissent sur la paille humide des ca-
chots.
C'est admirable
Les résultats maintenant officiels du
dernier recensement sont pleins de me-
naces pour l'avenir de la race française.
La population de notre pays ne diminue
pas encore, mais elle reste à peu près
stationnaire, tandis que dans la plupart
des autres Etats d'Europe elle augmente
avec une effrayante rapidité.
En France, cent décès sont compensés
par cent une naissances, en Autriche et
en Russie par cent trente-huit, en Italie
par cent quarante-deux, en Allemagne
par cent soixante et une, en Angleterre
par cent soixante et onze.
Cent Anglais qui meurent sont donc
immédiatement remplacés par cent
soixante et onze petits Anglais qui vien-
nent au monde. Aussi la population du
Royaume-Uni, qui n'était que de quinze
millions en 1801, tandis qu'à la même
époque celle de la France dépassait
vingt-sept millions, l'a égalée en 1891 et
la dépasse aujourd'hui de plus d'un mil-
lion d'habitants.
C'est de l'autre côté de l'Atlantique que
s'est réfugiée la vitalité de l'ancienne
race française. Les Canadiens Français,
qui étaient au nombre de soixante-dix
mille en 1765, avaient déjà atteint en
1891 le chiffre de dix-huit cent mille. Ils
se sont à très peu de chose près confor-
més à la première des lois de Malthus,
en vertu de laquelle la population d'un
pays devrait doubler tous les vingt-cinq
ans, mais ils n'ont pas observé la se-
conde.
Le « carottage » des Gobelins.
M. Locquet, conservateur du Garde-
Meuble, qui a la garde de nos plus bel-
les « suites » des Gobelins, vient de pro-
céder, dans les magasins du quai d'Or-
say, à certains aménagements devenus
nécessaires en vue des soins délicats à
donner à ces vieilles tapisseries.
Jusqu'à ce jour les pièces des Gobelins
étaient simplement roulées et emmaga-
sinées les unes sur les autres, et M. Loc-
quet avait remarqué quelques légères
dégradations causées par l'humidité et
par l'entassement sur celles qui se trou-
vaient en contact sur le sol.
Il vient d'affecter l'un de ses magasins
spécialement au dépôt des Gobelins. De
dix en dix centimètres au-dessus du
plancher de ce magasin des étages en
boiserie à claire-voie sont disposés hori-
zontalement, et chacun de ces étages
supporte une seule pièce de tapisserie,
non plus roulée, mais pliée en quatre et
tendue.
Afin d'éviter l'usure, si légère qu'elle
soit, aux endroits des plis, la tapisserie
est « carottée », c'est-à-dire que la dou-
blure en est renforcée par des bandes de
toile longitudinales ou transversales.
Grâce à ces précautions, les plus vieilles
pièces des Gobelins, n'ayant plus à souf-
frir ni de l'humidité ni des brisures,
peuvent être maintenues dans un état
parfait de conservation.
Le bureau du Conseil municipal est
saisi d'une proposition tendant à la sup-
pression du travail manuel dans les
écoles primaires de la Ville de Paris.
Cette proposition a profondément ému
les ouvriers parisiens et ils paraissent
disposés à faire entendre les protestations
les plus vives. Déjà l'Union des ouvriers
mécaniciens somme les « conseillers ré-
publicains » de retirer leur adhésion
a une proposition qu'ils considèrent
« comme portant atteinte aux principes
démocratiques dont se sont inspirés les
organisateurs des ateliers scolaires ».
Nous croyons que, devant cette oppo-
sition, les signataires ne donneront pas
suite a leur projet. L'enseignement du
travail manuel dans les écoles primaires
est une espèce d'initiation à l'appren-
tissage et lés ouvriers sont les meilleurs
juges des avantages qu'en retirent leurs
enfants. Ce sont eux, avant tout, qu'il
faut consulter.
D'ailleurs, la loi du 29 mai 1882 est
là qui range le travail manuel parmi les
matières comprises dans l'enseignement
primaire.
Mais il est vrai de dire que les pro-
grammes de cette partie de l'enseigne-
ment primaire doivent être revisés. Ils
renferment des exercices véritablement
puérils. Ainsi on apprend aux enfants
les règles qu'il faut suivre pour faire des
cocottes, des galiotes, et des chapeaux de
gendarme. Ce sont là des jeux d'éco-
liers, indignes de figurer dans un ensei-
gnement sérieux.
Une histoire d'album.
Victor Hugo habitait encore la place
Royale, et la mode des albums sévissait
déjà. Un soir, le poète trouva dans la
loge de son concierge un paquet et une
lettre à son adresse. La lettre était signée
Guillot et sollicitait un simple distique
sur l'album contenu dans le paquet
elle ajoutait que le chef de la jeune école
romantique se trouverait, dans cet al-
bum, en compagnie aussi nombreuse que
choisie.
Or, l'auteur d'Hernani, en feuilletant
l'album, y' trouva quelques quatrains,
une fable, un fragment de poème épi-
que, une scène de tragédie, une cha-
rade, etc., le tout invariablement signé
Guillot. ̃̃̃̃
Alors, prenant sa bonne plume de To-
lède, il griffonna sur l'une des pages
blanches:
II aurait volontiers écrit sur son chapum
C'est moi qui suis Guillot, berger de cet album.
Et il signa Victor Hugum.
Le paquet, reficelé, fut redéposé chez
le concierge où l'heureux Guillot vint le
prendre, dès le lendemain. Il nous paraît
peu probable qu'on vende jamais ce fan-
taisiste autographe du poète à l'Hôtel
Drouot.
-oo~
Tout Paris on peut dire toute l'Eu-
rope a connu Henry, le maître d'hôtel
de chez Paillard, qui, pendant vingt ans,
chez Maire d'abord, ensuite Chaussée
d'Antin, a imposé ses menus à l'élite la
plus raffinée de nos dîneurs.
Aujourd'hui, Henry se met dans ses
meubles et va diriger le restaurant Gail-
Ion, à deux pas de l'Opéra et du boule-
vard. On peut être sûr de trouver chez
lui bonne cuisine et bonne cave. Il s'en-
gage, quant à lui, à être réservé sur le
terrain de l'addition.
Ce soir, première grande redoute mas-
quée au Casino de Paris.'
Hors Paris
De Pétersbourg
« L'exposition française de peinture a
été inaugurée officiellement hier, à Mos-
cou, parLL. AA. II. le grand-duc et la
grande-duchesse Serge.
» Leurs Altesses Impériales ont été re-
çues au bas de l'escalier par la comtesse
Ouvorow, présidente du Comité des Da-
mes de la Croix-Rouge, œuvre au profit
de laquelle l'exposition a été organisée.
Les musiques ont joué à leur entrée dans
la salle Hymne russe et la Marseillaise.
» Les honneurs de l'exposition ont été
faits par M. Mauriès, délégué de la
Croix-Rouge, et M. Bernheim jeune, or-
ganisateur de l'exposition.
» Le grand-duc et la grande-duchesse
ont longuement visité les diverses salles.»
ZD
De Monte-Carlo
« Dans un rayon de soleil, aux tables
retenues du restaurant de l'hôtel de
Paris
» Grande-duchesse de Leuchtenberg,
prince de Carovigno, marquis de Villa-
greto, marquis de Valanglart, baron An-
tonio de Marchi, colonel sir Paget, comte
d'Orzesko, duc de Fitz-James, lord Co-
nyngham, lord Uxbridge, Mr et Mrs
Gilmore, Mr Milner Gibson, Mr etMrs
Bingham, etc., etc. »
De Constantinople
« S. Exc. Ata Jasiphe, secrétaire intime
de l'empereur d'Ethiopie; S.Ecx.lecomte
Nicolas Léontieff, chargé d'affaires de
Sa Majesté,et leur suite, venant de Saint-
Pétersbourg, sont descendus au Péra-
Palace.
»S.Exc.Ibrahim-bey,drogmandupalais
impérial, envoyé auprès d'eux par S. M.
le Sultan, a reçu de Leurs Excellences
de tels éloges sur la façon dont ils étaient
traités au Péra-Palaçe, que le Sultan a
décidé d'y faire descendre désormais,
tous ses visiteurs. »
On a de bonnes nouvelles du fameux
Transsibérien. Huit mille kilomètres de
rails en sont déjà posés, f;t sur certains
points de la Sibérie occidentale le trafic
des voyageurs et des marchandises est,
dès à présent, établi.
Dans les sphères officielles russes, on
espère que la communication ininter-
rompue par rail entre Saint-Pétersbourg
et Vlc^divostock sera réalisée pour 1900.
De Nice-Cimiez
« Une bonne journée, toute de repos
pour des hommes politiques, ç'a été celle
de mercredi que M. Méline, président du
Conseil, et M. Boucher, ministre du
commerce.ont passée au Ri viera-Palace.
également loin de la mairie et de la pré-
fecture. De l'air, du soleil, des fleurs, une
table exquise, un concert excellent dans
le hall, voilà le menu de leurs occupa-
tions.
» Le général Billot, qui les a rejoints,
compte rester quelques jours au Riviera-
Palace.où setrouve réunie,en ce moment,
l'élite de la colonie étrangère. »
--ccxx:X:
Nouvelles a la Main
Le jeune Henri sept ans aime à
tirer au clair les choses qu'il entend et
qui lui paraissent anormales. Aussi, un
beau matin, dit-il à son père:
Maman dit que tu prends tous les
jours une culotte au cercle. Pourquoi
portes-tu toujours la même, alors?
TT V 1
Une dame dont le salon est fréquenté
par quelques bas-bleus surannés sa-
crifie en ce moment au spiritisme.
Venez donc un de ces soirs, a-t-elle
dit en minaudant à un de nos confrères.
C'est très intéressant: nous évoquons des
esprits. oh des beau.x esprits!
Le' Masque de rer.
̃*N/V/V/'>y» y i un i
Nous commencerons demain la publica-
tion d'une Nouvelle
LES SEPT VISAGES
par
M. JULES CASE
qui sera suivie dune Nouvelle de M. PAUL
BOURGET:
VAINE EXPÉRIENCE
̃ ^VSVXVSN^ r––
LES VOIX DE TOULOUSE
Pemiér Toulousain: Tn m'en trouveras
des'villes comme la nôtre,, difs
SECOND Toulousain. J'ai beau en être,
moi qui te parle, ça m'étonne-, encore.
PREMIER Toulousain. Et moi, j'ai beau
en avoir l'habitude, je ne peux pas retenir mon
admiration, je ne le peux pas, c'est plus fort
que moi.
SECOND Toulousain. Hein ces élec-
tions.
PREMIER TOULOUSAIN. Tais-toi, ça tient
du miracle.
SECOND Toulousain. Et ils viennent nous
parler de Tilly-sur-Seulles! Laisse-moi rire.
PREMIER Toulousain, facétieux. C'est-à-
dire que les voix de Jeanne d'Arc elle-même, à
côté des nôtres, c'est moins que rien.
SECOND TOULOUSAIN. Tiens! une suppo-
sition. Il n'y aurait à Toulouse que deux
électeurs, toi et moi. Nous voterions tous
les deux pour le même candidat. Je sup-
pose. Eh bien! il ne serait peut-être pas
nommé tout de même.
PREMIER Toulousain. Sérieusement et
blague à part, as-tu réfléchi quelquefois à ce
phénomène extraordinaire que, depuis vingt
ans, il n'y a pas eu à Toulouse'une seule élec-
tion régulière ?
SECOND TOULOUSAIN. Je t'écoute, que
j'y ai réfléchi.
PREMIER TOULOUSAIN. Et as-tu trouvé
une explication de ce mystère ?
SECOND Toulousain. Il n'y en a pas.
C'est comme ça! Je crois que c7est le soleil.
Ainsi, on place un bulletin dans une urne. Ce
bulletin est au nom de Chose. Tous tes amis
ont voté aussi pour Chose. On te dépouille le
scrutin. Chose n'est jamais nommé. Voilà! I
PREMIER TOULOUSAIN. C'est beau tout
de même ̃
SECOND Toulousain. A Toulouse, vois-
tu, mon vieux, si tu veux que ton candidat
soit nommé, il ne faut jamais voter pour lui.
C'est la seule chance.
Alfred Capus.
–M.
LI IPELÏM-COMIftlJI
Enquête sur les chantiers et chez
les peintres
Tout le monde à Paris. et ailleurs, a
dû être agréablement surpris quand nous
avons annoncé que MM. Benjamin-Cons-
tant, Luc-Olivier Merson et Plàmeng
avaient été chargés des principales dé-
corations du nouvel Opéra-Comique, ou
plutôt de l'ancien Opéra-Comique re-
construit sous la direction, de M. Ber-
nier.
Chacun a pensé qu'enfin on travaillait
sur les chantiers, et que bientôt l'Opéra-
Comique serait rendu aux boulevards.
L'attente avait été longue. On allait
donc toucher au but
Nous sommes allé hier sur les chan-
tiers pour nous rendre compte de l'état
actuel des travaux. Peut-être, pour l'œil
d'un architecte comme M. Bernier, l'ou-
vrage est-il fort avancé, mais il a paru à
un profane comme moi que tout était
loin d'être terminé. Un confrère parlait,
hier, des deux grands escaliers. Seule la
place en est indiquée par des échelles,
et c'est par des échelles, pour le mo-
ment, qu'il faut grimper, pour aperce-
voir d'énormes moellons qu'on monte
ou qu'on descend, et d'immenses char-
pentes en fer transportées de droite et
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