Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1896-04-11
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 avril 1896 11 avril 1896
Description : 1896/04/11 (Numéro 102). 1896/04/11 (Numéro 102).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k283613g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 11 Avril1898*
19 Huméro = SEINE & SEINE-ET-01SE 9 tS «pentfmes = DGPARTEmMS 20 <*im*
42e Année r- 3e Série H° 10£
$V DE RODAYS, Rédacteur en Chef
A. PÉRIVIER> Administrateur
[T. DE RODAYS A. PÉRIVIER
Directeurs Gérants
H. DE VILLEMBSSANT, Fondateur
] RÉDACTION
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1
\i LA SOCIÉIÈ
'DES '̃̃̃•'
CENS DE LETTRES
CEafS BB hBTTRES
CE QU'ELLE DEVRAIT ÊTRE
Tout de suite, je veux poser ce que
devrajtëtre, selon moi, la Société des
Gens "de lettres. Comme je l'ai établi,
elle n'est actuellement, en dehors des se-
cours et des pensions qu'elle donne,
qu'une association commerciale, qui se
charge de toucher, pour ses membres,
l'argent provenant de la reproduction de
leurs œuvres. Et, si elle voulait être le
syndicat complet de la profession, em-
brassant tous les intérêts, faisant face à
tous les'besoins, elle devrait donc veiller
d'abord à la production des œuvres,
avant de s'occuper de leur reproduction,
et s'intéresser également ensuite à leur
traduction.
Production, reproduction, traduction,
tels sont les trois termes de l'évolution
commerciale d'une œuvre littéraire. Par
production, j'entends 'les rapports de
l'écrivain avec le journal qui • publie
l'œuvre originale en feuilletons et avec
l'éditeur qui la fait paraître en volume.
ta reproduction comprend la série d'o-
pérations dont notre Société actuelle
s'occupe avec tant de zèle et d'autorité.
Et quant à la traduction, elle est le vaste
champ si peu connu, si niai défriché, de
l'expansion de notre littérature, dans
l'univers entier, par les langues étran-
gères. •
Naturellement, je mets de côté la ques-
tion de littérature, les écoles, le génie, le
simple talent. Je traite Ici la question
purement matérielle de la profession.
Mais; qui ne comprend que cela soulève
les questions morales lesplus hautes, et
qu'au fond il s'agit, avec le pain de cha-
que jour, de notredignitédans le monde,
de la place que nous y occupons et du
rôle civilisateur que nous 'devons y
jouer? ,k~.
1
Si nous- lisons les statuts de la Société,
nous voyons en tête qu'elle a pour but:
de défendre et faire valoir les intérêts
moraux et de protéger les droits de tous
ses membres,; de procurer aux gens de
lettres les avantages quidoivent résulter
de leurs travaux; de prêter, dans les
conditions prévues au règlemêrit, aidé
è-t assistât)^ arses sociétaires, par .t&ûs*
lès moyens qui sont' en son pouvoir, et
idan^ toutes, les occasions oa..cela;i9qvir-
ràit'être" Utile, notamment en ce qui co'n-i
cerne là reproduction de leurs oeuvre^
'littéraires.; -̃•••̃• 1
Eh bien! tout ceci, s'il faut le dire,
n'est que sur le papier.il n'y aque l'aide
et Tassistancepromisesdans lesdernières
lignes, pour la reproduction, qui se réa-
lisent strictement. Le, reste-les intérêts
moraux, les droits de tous les membres,
les avantages qui doivent résulter de
leurs travaux– demeure à l'état de sim-
ple vœu, puisque, en réalité, la Société ne
s'occupe absolument quèd'encaisser l'ar-
gent de la reproduction, sans pouvoir
exercer aucune action décisive dans la
question de production et de traduction.
J'imagine qu'un de nos membres pu-
blie un roman dans un journal ou chez
un éditeur, et qu'il y ait procès, à la
suite d'une difficulté quelconque. Nous
ne pouvons intervenir directement, nous
accorderonsl'assistance judiciaire à notre
sociétaire, nous irons jusqu'à lui donner
notre appui moral; mais ce sera tout,
son affaire échappe à notre compétence,
nous n'avons pas à nous occuper du
feuilleton original ni. du livre. Alors,
pourquoi les statuts parlent-ils de dé-
fendre et de faire valoir les intérêts mo-
raux, de protéger les droits, de procurer
les avantages qui doivent résulter des
travaux, lorsque cela n'est vrai que sur
la question de reproduction, lorsqu'il est
interdit à la Société d'intervenir dans la
question beaucoup plus vaste et plus
gravé de la production, sans compter
celle de la traduction ? Z
Pendant mes quatre années ae prési-
dence, j'ai toujours vu le Comité les
mains liées vis-à-vis des directeurs de
journaux et des éditeurs. Tout le service
qu'il peut rendre, c'est, lorsqu'un socié-
taire se plaint qu'un directeur lui a perdu
un manuscrit, d'écrire à ce directeur,
qui souyent même ne répond pas. Ou bien
le Comité intervient également par lettre
pour qu'un directeur exécute un traité.
Ou bien c'est encore une difficulté quel-
conque qu'il tâche de trancher à l'a-
miable. Mais, dans tout cela, il n'y a pas
de droit exercé, il n'y a qu'une entremise
officieuse, sans aucune sorte de sanction
possible. Quant aux rapports entre la
Société et les éditeurs, ils sont de même
ordre. Je n'ai pas souvenance d'avoir eu
des rapports avec eux pour aucune af-
faire intéressant la Société, si ce n'est
pour des projets qui ont toujours échoué,'
devant leur attitude plutôt hostile.
Et ce qui prouve que notre Société ne
répond pas à tous-nos besoins, qu'elle
laisse d'énormes lacunes, c'est que, con-
tinuellement, d'autres Sociétés tâchent
de se créer. J'ai assisté à une de ces ten-
tatives, la Société des Romanciers fran-
çais, qui précisément a pour but de s'oc-
cuper de la production et de la traduc-
tion, en laissant la reproduction h. la So-
ciété existante. On s'y est beaucoup oc-
cupé de trouver un moyen de contrôler
les tirages des livres, cette grosse ques-
tion qui divise depuis longtemps les au-
teurs et les. éditeurs. On s'y est efforcé
aussi de créer une agence de traduc-
tions, qui mettrait les auteurs en rela-
tion avedes éditeurs de tous les pays du.
monde. Ce sont là certainement de bien'
grosses affaires, et il faudra du temps
avant que tous les rêves se réalisent.
Mais, si même une Société comme celle
des Romanciers français n'avance guère,
attend l'avenir, le simple fait qu'elle a pu
être créée prouve qu'elle nous manque
et que là Société des Gens de lettres est
tout au moins insuffisante.
̃ Pour que les statuts disent la vérité,
pour que les Gens de lettres trouvent
dans la Société !le syndicat qui protégera
tous leurs intérêts matériels et moraux,
qui leur procurera tous les avantages qui
doivent résulter de leurs oeuvres, il faut
absolument qu'elle réglemente la pro-
duction et la traduction, comme elle a
réglementé la reproduction, qu'elle soit
en un mot,ainsi que'je l'ai dit, le syndicat
de la profession totale. ,)
'̃̃" #̃ ̃.•̃̃'•̃̃: ̃̃•i r-
Certes, le problème n'est pas commode,
et je n'en connais pas de plus complexe
ni de plus ardu. On n'attend pas que
j'expose ici le plan de cette Société rêvée,
c'est tout au plus si je me permettrai
d'indiquer une idée qui m'a hanté par-
fois. Je ne parlerai d'abord que de nos
rapports avec les éditeurs.
Si les éditeurs se mçntrent sans bien-
veillance à l'égard de la Société, c'est
qu'ils sentent en elle la concurrente pos-
sible, la imaison qui pourrait s'éditer
elle-même un beau matin. Je crois bien
que la Société a eu cette. idée autrefois/
et il est évident qu'elle semble devoir
aller à cela, sous le régime collectiviste
qu'on nous promet, lejôur où elle sera
le syndicat complet dont je parle. La
mine aux mineurs, l'édition aux édités.
Çéj à plusieurs auteurs s'éditent eux-
mêmes, et de toutes parts poussent des
tentatives d'associations pour se passer
des éditeurs. Quant à moi, je déclare que
je suis contraire à ce mouvement, au
moins aujourd'hui. Jusqu'ici les tenta-
tives collectives faites dans ce sens ont
misérablement échoué. Seuls, certains
auteurs isolés ont gagné, dé grosses
sommes à s'éditer eux-mêmes. Je suis
donc convaincu que les maisons d'édi-
tion sont actuellement bonnes à conser-
ver. Il y en a de très puissantes, des ma-
chines admirablement montées, des for-
ces en somme, qu'il serait peu sage de ne
pas employer encore, tant qu'elles fonc-
tionneront utilement. Et les éditeurs de-
vraient donc se rassurer,, il n'est nulle-
ment question de les déposséder d'ici à
longtemps sans doute.
De même, il est certain que les grandes
maisons d'édition, les solides, les hon-
nêtes, tomberaient tout de suite d'ac-
cord avec notre Société, car elles ne
pourraient vouloir, avec nous que la di-
gnité de leur profession, la probité et la
justice au plein jour. Ce dont souffrent
les débutants des lettres, les humbles
qui fflstënt^t-la, merci du marcîiànd, c'est
des /petites maisons louches, éditeurs
marrons, de ce pUilulèmènt des ven-
deurs de papier imprimé que guetté la
faillite. Et c'est pour la défense dé ces;
Kumbies'i de la nuée de plus en ̃ plus [
grande des pauvres travailleurs vivant
dé leur* 'plUme,- qu'il S'agirait d'unifier
les, traités, d'établir des .minime,' de ne
pas tolérer qu'on fit misérablement tra-
vailler'au rabais certains des nôtres.
Voyez la Société des auteurs et com-
positeurs dramatiques. Je reviens tou-
jours à elle, car elle me semblé vraiment
un modèle de bonne construction et de
fonctionnement logique. Elle s'est impo-
sée à tous les théâtres, pas d'un coup
certes, mais avec une obstination légi-
time et sage qui a fini par vaincre les
obstacles. Aujourd'hui, elle est le rem-
part de tpus les auteurs qui écrivent des
pièces, elle est unique et souveraine, elle
discute ses intérêts avec chaque théâtre,
lui impose le tant pour cent raisonnable,
le frappe d'interdit s'il ne cède pas à ses
justes exigences. En somme, elle règle
en tout et pour tout la question commer-
ciale au mieux de ses intérêts, et cela
sans qu'on entende la machine fonction-
ner.
Eh, bien! pourquoi notre Société ne
ferait-elle pas de même pour les édi-
teurs ? Pourquoi n'établirait-elle pas des
tarifs, un tant pour cent par exemplaire
tiré, qu'elle imposerait à-tous les édi-*
teurs ? Pourquoi n'aurait-elle pas un mo-
dèle de traité, avec un minimum de tant
par exemplaire? Pourquoi, dans oe traité,
tous les cas de bons rapports ne se-
raient-ils pas prévus, toute la justice dé-
sirable faite, toutes les causes de conflits
évitées? Pourquoi ce traité, après avoir
été naturellement discuté-et arrêté entre
la Société et lès éditeurs, ne devien-
drait-il,pas la charte de' nos droits, le;
pacte de notre alliance, qui mettrait tous
nos intérêts en commun ? Et, enfin, pour-
quoi, après avoir ainsi traité avec les
éditeurs, ne traiterions-nous pas avec
les journaux, en fixant de même un prix
minimum de la ligne et en réglant la
question des droits et des devoirs réci-
proques ?
Un rêve! dira-t-on. En tout cas, il n'est
point irréalisable. Soyons le nombre et
nous serons la force. Puis, quand nous
serons la force, tâchons d'être la justice.
Ce qu'ont fait les Auteurs et Coinposi-
teurs dramatiques, les Gens de lettres
peuvent le faire; et; s'il y a des diffé-
rences entre la pièce jouée et le livre
'tiré à un certain nombre d'exemplaires,
des similitudes pourtant s'établissent, le
projet d'un modèle de traité arrêté avec
toutes les maisons d'édition solides et
honnêtes n'en reste pas moins très prati-
cable et très profitable, quitte à mettre
en. interdit les maisons assez peu sages
pour ne pas vouloir être justes.
Nous autres, les vieux; nous avons
presque tous, dans nos éditeurs, de très
anciens et très fidèles amis. Il est donc
croyable que nous n'agirons guère. Mais
c'est aux jeunes que je confie le projet,
aux jeunes qui ont à se défendre et à
défendre ceux dont le flot, sans cesse,
monte derrière eux.
̃:•
• Et je ne m.'illusionne en aucune façon,
je sais toutes les difficultés, tous les
dangers même. C'est. ainsi '.que,; sirFon
tentait brutalement de transformer notre
Société, il y aurait là pour elle un vérj-
table péril. Il faut songer qu'elle. a mis
cinquante-huit, ans à être ce qu'elle est, J
que le bon fonctionnement d'aujourd'hui
a été acquis au prix des pius, persévé*
rânts- efforts, et que ce swait une sot-
tise que de la' tuer pour l'élargir. On
n'apportera donc jamais trop de pru-
dence, tFop d'étude, avant1 de risquer la
moindre môdification, même heureuse.
Puis, on vient de refondre ses statuts,
on ne peut légalement y toucher avant
deux ans, je crois. Il faut se souvenir
aussi u'elle a été déclarée d'utilité pu.
blique, qu'elle dépend désormsjs du
Conseil d'Etat, avec lequel il faudrait
compter, si on la transformait dans sort;
essence. Tout cela aggrave le problème,
et je serais désespéré si j'allumais dans
de certaines jeunes têtes des espérances
trop vives, qui ne se réaliseront certai-,
nement pas avant longtemps. Mais cela
né saurait pourtant m'empêcher de par^
1er, si je crois avoir quelque chose d'u-
tile à dire, et je répète que fatalement
notre Société se transformerai, si elle ne
veut pas qu'une Société rivale se fonde
un jour, si elle a l'ambition de devenir
l'unique et complète Société que nous
attendons, en nos temps où l'association
est en train de transformer le monde..
Le programme est net, s'il n'est déjà
étudié dans les détails traiter ayee les
journaux et les éditeurs, réglementer
commercialement, surveiller et corifeaâler
là production, comme elle surveille- et
contrôle la reproduction, et créer une*
agence universelle de traductions. A ce
prix seul, elle sera la véritable Société
des Gens de lettres.
Et elle qu'on accuse aujourd'hui de,
manquer de prestige, de ne s'occuper
que des' gros.. sous, ah! vous la verriez
bien vite remonter dans l'estime du
monde Vous verriez les producteurs, et
non pas seulement les reproducteurs,
devenir les membres du Comité. Vous
verriez à sa tête, comme à celle des
Auteurs et Compositeurs dramatiques,
les grands noms de la littérature, du mo-
ment que leurs intérêts professionnels
se trouveraient directement engagés et
ils arriveraient à en prendre la direction»
d'instinct, par ce phénomène qui met le
pouvoir entre les mains de ceux qui ont
le plus de profit à l'exercer. Tout en lais-
sant à l'Académie son rôle littéraire. elfe
deviendrait, à côté d'elle, là grande puis-
sance de la profession des lettres, elle
aurait la force sociale de la plus intélti1-
génie des associations, du groupe dès
travailleurs intellectuels, maîtres des
foules, s'ils voulaient bien s'entendre.
,Et je m'imagine aussi que les gros
sous tomberaient en pluie, p'on.^au3
raitpluB à attendre un Mécène n» a se
érsusef la tête i)Mr obtenir. d'a«e ôpë*
ration quelconque les millions néces»
sâïresV Les -"recettes • dëçuçleraient,' dès
qu'on aurait frappé, le livré Su léger
imipôt 'qu'il" s'agirait de trouvèrj Les pen-
sions seraient portées à douze cents
francs, et le Comité*.chaque lundi, poun-
rait donner à nos vaincus et à nos
yeùvés, sans toujours trembler de videj*
trop vite sa caisse de secours. Les paur
vres ont leur part, la misère est bat-
tue, quand la maison est solide et pros-
père. v ••̃ ,̃
Enfin, pourquoi ne pas élargir ce rêve
et dire comment, un jour, l'élite intellec-
tuelle pourrait devenir le lien et la paix
des peuples?
Lorsque je suis allé à Londres assister
à un Congrès. de journalistes, j'ai été
frappé de la puissance que pourrait
prendre la presse universelle, si les asso-
ciations de journalistes du monde entier
s'entendaient, se, réunissaient chaque
année en une sorte d'assemblée fédérale,
où toutes les nations seraient représen-
tées, et discutaient là les intérêts com-
muns, de façon à mettre leur force in-
calculable au service de la justice et dq
la fraternité.
Mais peut-être la presse est-elle trop
ravagée par les passions politiques, trop
engagée dans les furieuses luttes quoti-
diennes. Tandis que les Lettres, la Litté-
rature, planent très haut, souveraines. Et
c'est donc là mon nouveau rêve des So-;
ciétés des Gens de lettres chez tous les
peuples, des assemblées fédérales an-
nuelles oùtoutes seraient représentées,
des congrès pour faire entendre au monde
le vœu de l'élite, l'évangile des intelii-?
agents et dessages.
En nos temps qùNl'on parle d'abolir les
frontières littéraires, où il est question
d'une communion universelle sous les
espèces du génie, ne serait-ce pas là
l'exemple de fraternité parti de haut,
l'arbitrage des intelligences réglant enfin
la question du, plus de vérité et du plus
de bonheur, possible sur la terre ?
Emile Zola.
AU JOUR LE JOUR
LES GENS DE MAISON
Le c Monsieur de l'orchestré » a dit de quel
émoi, à la Renaissance, hier, la scène du
zè acte de la Meute, où se rebelle la valetaille,
avait été la cause. Tant de fiel èntre-t-il dans
l'âme des larbins ? l'auteur, M. Abel Hermant;
n.'a-t-il point exagéré ? Et nos domestiques
j'entends ceux des plus grandes maisons-
sont-ils, dans la vie réelle, capables d'oublier
le sentiment de leur dignité au point de causer
ainsi, publiquement, du scandale ? Ces ques-
tions, je viens de les poser au directeur de
la, Galette des gens de maison K un petit
journal spécial qui, depuis onze ans qu'il
existe, sert de trait d'union entre le maître et
le domestique, la demande et l'offre.
Et voici ce que m'a. dit mon confrère
Je n'étais point hier à la Renaissartee.
C'est seulement par les journaux que j'ai connu
la pièce. Mais, pouC" ce qui est de la scène
dont vous me parlez, je vous -dirai que je crois
une pareille révolte impossible.
» Je sais bien lil y a eu. le Bal des Bêtes,
où l'on vit, à la 'sortie, "les maîtres Accueillis
par tes sarcasmes, les injures de leurs gens.
Mais le cas n'est pas le même. A la JfceB'ais-
*>ance, ce sont les domestiques id'iM^tiime
maison qui s'insurgent. Chez Mme la princesse
dé Sagan c'était, sous le vestibule, la rébel-
lion d'une collectivité chaque valet de pied
pouvait crier à son gré, et sans danger, pourvu
qu'il prit le soin de, faire, à la vue de son maî-
tre, un plongeon dans la foule de ses cama-
rades. C'était 1» protestation anonyme, parce
que générale.» ̃ ̃
» Tout autre serait la conséquence d'un
acte semblable à celui de la. Meute. Les. do-
mestiques qui y auraient pris part seraient
assurés de ne trouver aucune autre place pen-
dant le reste de leur vie. Il faudrait donc ima-
giner que tous, ayant fortune faite et désireux
de se retirer à la campagne, ont résolu cette
manifestation suprême. Or, une supposition
pareille n'est guère possible.
"> Le domestique, voyez-vous, est inacces-
sible à l'emballement.. C'est, avant tout, un
philosophe .qui entend n'encourir aucune des
responsabilités de la vie: amoureux de la
tranquillité,, il laisse à son maître le soin de le
nourrir, de le vêtir, de le loger, dfr le chauffer».
Et ilne veut vivre, que pour économiser ses
gages. Arrière tout ce qui peut compliquer
l'existence Le soir,. il va rejoindre ses cama-
rades, dans des cafés où il est assuré de les
rencontrer, des cafés dont la clientèle est
presque uniquement composée de gens de mai-
son:. Indifférent aux questions de politique,
irj^Kjle aux excitations des meneurs, il lui arrive
parfois d'assister à «ne réunion* publique, à un
-BieetfflljFïÛfaïs en spectateur et sans jamais
intervenir. Du diable s'il prend la parole l
Vous ne sauriez' me citer un ancien domes-
tique devenu député, voire même conseiller
municipal et cela pour cette bonne raison
.qu'il n'y en a pas le cas: est encore à naître
d'un domestique ayant fait acte de candidat.
» Le café avec la partie de piquet, leurs
bals de l'avenue de Wagram, quelques potins,
cancans, médisances, inhérents somme toute
à- notre pauvre humanité, à quelque degré
que l'on soit de l'échelle. voilà leurs seules
distractions, leurs seuls passe-temps. Quel-
ques-uns vont à l'église, soit par dévotion,
soit pour obéir à leurs maîtres. Dans cer-
taines paroisses, à Saint-Augustin notam-
il y a, le soir, des réunions d'adultes.
Et l'on m'a dit, même, que le curé avait orga-
nisé des,tombolas avec lots en nature, poules,
canards, jambons, mais je n'y suis pas allé
voir.
» Ce sont- les domestiques de braves
gens, de très braves gens. Ils demeurent long-
,témps dans les mêmes maisons, ayant, comme
d'ailleurs la plupart des maîtres, l'horreur du
f changement.. Aussi se trouvent-ils dépaysés,
comme ahuris lorsque, ayant perdu leur place,
il leur faut en trouver une nouvelle. Ils ont
beju ayojç des éçonçmies^ être, sans mquié-
ttftie, ^erii'ftst point ceja, teur état Ciànife est
(WÎài 3és « eaBfffiS msèU de «endtedl saint.
'̃ "VS^tre eux ib se renseignent, et f,ort obli-
geamment, ceux qui sont pourvus indiquant
fcien volontiers aux moins heureux les bonnes
places à prendre, tyais cette solidarité ne va
$t&nt jusqu'à les décider à s'unir dans ttj.jré-
|belH,on. ̃; -i<: -̃ '-7.
f: c> -La; seule influence qu'ilsvsubissent.-r-- tes
hommes c'est celle de leurs femmes, j'en-
tends ceux qui sont mariés; Mais cette in-
fluence, abçolue,' entière, est presque de la ty-
rannie. Un mari ne restera pas dans sa place si
sa moitié a mis dans sa tête que la place est
mauvaise. J'ajouterai ceci lorsque le ménage
est employé dans la même maison, il n'est pas
rare de voir le mari faire tout le travail, tra-
vailler comme un nègre du matin au soir, ce-
pendant que madame prend du loisir, donnant
seulement sa présence, l'apparence du labeur,
histoire de justifier les gages.
> Mais il n'est point que chez les domesti-
ques que les choses se passent ainsi. Je ter-
minerai en répétant que les gens de maison
n'ont point l'âme noire que leur prête M. Abel
Hermant. Il se passera du temps avant que,
dans la vie réelle, on trouve la dernière scèna
du second acte de la Meute. »
Ainsi soit-il 1
Edmond Le Roy.
Echos
La Température
Le thermomètre a légèrement baissé sur la
veille la journée a cependant été très belle,
ensoleillée et sans pluie malgré les gros nua-
ges qui, par instants, étaient assez menaçants.
La température nous- donnait donc a» au-des-
sus le matin, Iio i/a.à midi et ne variait plus;
à Alger 140; o au-dessous de zéro à Moscou
et 3<>!aU puy de Dôme. Le baromètre est très
élevé tdaas nos. régions de l'Ouest, 772^1114 é
Lorient à Paris, il était à 768mm sur nos
côtes de la Manche et de l'Océan, là mer est
très belle.
Dans la soirée, le thermomètre testait a
gô et le baromètre à 768"
Monte-Carlo. Thermomètre le matin,
150 à midi, 19°. Très beau temps.
Les Courses
VA 3 heures, courses à Colombes.
Gagnants de Robert Milton
1 Prix de Chambty Tamàrix.
Prix du Bouligriij Le Cocyte.
2' Prix de la Société des Steeple-Cha.
ses de France Mesnidot.
Prix de Dammarie Dick Turpin.
S' Prix de la Société des Steeple-Cha-
ïes de France Florac. (
''̃̃̃••' ̃ • • ̃ •'̃
CONCOURS HIPPIQUE
Aujourd'hui à i héure, primes d'ap-
pareillement'; à 3 heures, sauts d'obsta-
cles VpriX de circonscriptions (officiers).:
NOUVEAU PROGRAMME SOCIALISTE
Oy Tandis qu'un collaborateur du
fN Figaro exposait à nos lecteurs les
sentiments de M. Félix Fatire;il9. Jaurès;
parlant comme toujours au nom du parti
socialiste, dévoilait les siens dans un
article publié hier matin, C'èst la réponse
avant' la lettré. L'article est Une injonc-
tion, un ultimatum, sec, dur, tranchant,
adressé à la fôis;*u Sénat, à la majorité
de la Chambre, à M. Félix Faure et sur-,
tout à M. Bourgeois. ̃
Si le Sénat refuse de sanctionner l'im-
pôt sur le revenu, si la majorité de la
Chambre se déjuge, si M. Félix Faure ne
signe pas, au besoin, un décret de disso-
lution, si le ministère essaye de se déro-
ber en route, le parti socialiste pour res-
ter le maître car il l'est, M. Jaurès ne
le cache pas fera appel à la révolu-
tion.
C'est la menace du recours à la force.
Mais comme les influences conservatri-
ces peuvent y recourir aussi, ce n'est pas
là que git à notre gré l'intérêt de l'article
de M- Jaurès.
Ce qui le distingue des productions du
même genre sorties de la même plume,
c'est que nous y trouvons un programme:
oh! point très explicite, ni détaillé, car
il faut toujours que la pensée hasardeuse
des socialistes s'enveloppe d'un certain
voile, mais enfin programme que l'on
peut saisir, au moins cette fois, et dis-
cuter.
Le programme deM. Jaurès, c'est tout
simplement une expérience bénévole. La
société donnera pleins pouvoirs aux doc-
teurs socialistes, pour « chercher la forme
sociale nouvelle ». M. Jaurès ne sait pas
si cette forme, ou plutôt cette formule
existe il le dit expressément. Mais il de-
mande, il exige la table rase pour que
c'es docteurs puissent « ou préparer li-
»' brement une société nouvelle, ou ac-
» cepter librement les principes de la
» société présente ». Encore une fois, on
cherchera, et si on ne trouve pas, on en
sera quitte pour en revenir aux erre-
ments anciens. Ainsi on bouleverserait
les lois, les mœurs, les fortunes, on rui-
neraU le pays pour trouver la formule
de l'ordre nouveau. Et si on échouait
eh bien M- Jaurès n'a jamais dit que le
maintien du salariat fût impossible; on
ep reviendrait au salariat! l
En présence de propositions de ce
genre, l'esprit reste confondu. Le sphinx
socialiste ne nous menace plus de ses
griffes il nous désarme par sa candeur.
Abdiquer la liberté collective et indivi-
duelle, détruire les institutions, le rap-
port naturel des intérêts entre eux, ris-
quer une effusion de sang certaine pour
nous retrouver certainement au bout de
six mois au point de départ! Grand
merci; ce ri'est pas la peine.
'bv-
À traders Paris
On avait euiort de dire qu'après l'oiva?
tion d'un nouveau genre que M. le Pré-
sident de la République avait reçue di-
manche à Auteuilj il avait résolu de se
clQU?eE>.à.l'E|ys^.wJ»^«»«ak,ii*»»».i ..>̃ -•.
M. Féjtifc Faure a fait une nouvelle sor-
tie,, fit il éèt même allé au Concours hip-
pique. accompagné de Mlle Lucie Faure,
et suivi de M. Le Gall, directeur de son
cabinet, et dit commandant Bourgois.
Keçu à son arrivée par- le comte de
Juigné, président du Comité, lé marquis
de Bàrbentâne;vice-pPésident,M. Charles
Bussort, etc., il a été rejoint par le préfet
de police et M. Xavier Charmes, direc-
teur au ministère de l'instruction pu-
blique.
Le Président a d'abord parcouru les
salles où sont exposées les œuvres d'art
se rattachant aux choses du sport il
s'est arrêté devant un certain nombre de
toiles et a exprimé des compliments à
leurs auteurs. Il est descendu ensuite
aux écuries et s'est entretenu avec plu-
sieurs éleveurs et propriétaires de che-
vaux.
-Jt_1.1~ .I_t-
M. r eux r'aure a été, penaani îa. auree
dé cette, visité, respectueusement la salué
su*r tout son passage. La note officieuse
qui nous donne tous ces détails oublie
dé dire qu'il était, à ce moment-là, dix
heures dû matin, heure un peu matinale
pour les habitués du Concours hippi-
que, et que les cris fâcheux de « Vive le
Sénat » n'étaient donc pas très à crain-
dre»
Nous ne saurions, au surplus, blâmer
M. le Président de la République de la
résolution, un peu tardive, qu'il a prise,
d'éviter toutes les manifestations, et l'on
ne pourra que rendre hommage à la
loyauté de son attitude constitutionnelle,
s'il est vrai, comme on l'affirme, que
pour le jour du Grand Prix, il a résolu
d'aller simplement, à sept .heures du
matin, assister au galop d'essai des che-
vaux sur la pelouse de Longchamps,
̃̃̃ #*•# ̃
Avant de se rendre au Concours hip-
pique, M. Félix Faure était allé visiter,
dans une des ailes du palais de l'Indus-
trie, le très curieux diorama de l'expédi-
tion de Madagascar, exécuté par M. Louis
Tihayre* que le Monde illustré avait en-
voyé dans l'île africaine pour suivre le
corps expéditionnaire.
Le Président de la République a été
vivement impressionné par les divers
tableaux de cette expédition, aux prépa-
ratifs de laquelle il fut naguère mêlé
comme ministre de la marine.
II est, paràît-il, question, en l'absence
de M' Combes, ministre de l'instruction
publique, de déléguer M. Mesureur pour
représenter le gouvernement au Congrès
des Sociétés savantes.
Le (jiscours de M. le ministre du com-
merce est déjà prêt; il compte, à ce
qu'on assure, émerveiller cet auditoire
d'élite en traduisant dans toutes les'lan-
gues le mot qui.luia valu tant de succès
aux dernières coursés d'Auteuil.
on s'est préoccupé, dans les milieux
politiques, de savoir si M. Bourgeois,
président du Conseil, avait bien pris
toutes les précautions voulues pour que
le gouvernement fût exactement rensei-
gné sur cette entrevue de Venise où l'em-
pereur» d'Allemagne et le roi d'Italie vont
essayeride consolider ou même d'éten-
dre la triple alliance^
Les amis de M. le président du Conseil
donnent, à cet égard, les meilleures as-
suranoèëi Ce n'est pas la première fois,
font-ils obsarver, qu'un cabinet dont
M. Bourgeois fait partie a eu à suivre
des négociations à Venise, et la façon
de procéder est familière à notre minis-
tre des affaires étrangères. Il ne peut évi-
demment pas songer; par suite de trois-
sements trop récents, à faire appel au
concours de :M% Dupas, maïs 'une mis-
sion tout à fait confidentielle a été, pa-
raît-il, donnée à l'agent Soudais, pour
qui des appartements sont retenus, de-
puis quelques jours, à l'hôtel Della Luna.
~s.oeur~r
La note suivante est communiquée à
la presse par lé ministère
Contrairement à ce qu'annoncent plusieurs
journaux,- M.- Guyot-Dessaigne, ministre des
travaux publics; ne se rendra pas demain à
Aiguës-Mortes'.
Ce qui veut dire que M. Guyot-Dessai-
gne, ayant compris, par les commentai-
res des journaux, l'incorrection d'un pa-
reil voyage à la veille des élections mu.
nicipàles, a fini par y renoncer. Nous
n'enregistrons, cependant, la note offi-
cielle que sous réserve M. Guyot-Des-
saigne avait décidé mercredi qu'il n'irait
pas à Aiguës-Mortes; jeudi, à l'instiga-
tion de M. Doumergue, il s'était résolu à
y aller; vendredi, très ennuyé de nos ap-
préciations, il donne un nouveau contre-
ordre. "•
Attendons la fin. Il reste encore un
jour avant la cérémonie; c'est plus qu'il
n'en faut à un ministre radical-socialiste
pour changer deux ou trois fois d'avis.
"C' Cf C" D
Le prince de Galles est arrivé dans la
matinée à Paris, où il ne séjournera que
jusqu'à samedi.
Il était hier soir au Palais-Royal. En
face, dans l'autre avant-scène, était le
comte de Montebello, notre ambassadeur
à Saint-Pétersbourg. C'est ainsi que la
joyeuse pièce du Dindon fait le repos de
la diplomatie. j
L'ambassadeur d'Angleterre et lady
Dufferin ont donné hier soir un dîner in-
time en l'honneur du duc de Cambridge.
Au nombre des invités, les personnes de
la suite de Son Altesse Royale et les
membres de l'ambassade.
Une nouvelle qui a fait grand plaisir
dans ce journal et à laquelle s'associe-
ront bien des amis du dehors
Mlle Thérèse Prestat, la fille du prési-
dent du Conseil de surveillance du Figaro
est fiancée à notre^çollaboyateur Gaston
Càlmétte.
_e.
La nomination de M. Lépine au poste
de.gouverneur général de l'Algérie pa-
raît se confirmer. Le bruit en courait
hier avec persistance à la préfecture de
police et l'on parlait également du fonc-
tionnaire appelé à remplacer M. Lépine
et oui serait; ainsi que nous le disions il
ya quelques jours, M. Vel-'Durandi pré-
fet du Nord. ̃̃̃
Un mouvement très, important suivrait
ces nominations et M.de* Selves, qui
décidément tient la cordé, serait nommé
à la préfecture de la Seine, le ràtta>
chement des postes et télégraphes au mi,
riistère de l'intérieur étant résolu, à ce
qu'on assure.
J Ir' 1f f
M. le capitaine de frégate Picard-Des-
telan, dont on n'a pas oublié les récent?
démêlés avec ses chefs, devait embar-
quer sur le La Clocheterie, croiseur de la
station de Terre-Neuve. En se rendant
de Rochefort à Cherbourg pour rejoindre
son poste, il est tombé malade et a dû
s'arrêter à Tours, où il est entré à l'hô-
pital. Il est atteint de pleurésie.
Le Concours hippique n'amène pas
que des clubmenaux Champs-Elysées,
les gourmets s'y donnent rendez-vous,
car la légende des prix excessifs de
Cubat a fait son temps. Ce gastronome
fameux vient d'organiser, à l'occasion du
Concours hippique et des Salons pro-
chains, des déjeuners à i2 francs dont les
menus sont composés avec un goût par-
fait. On peut en juger par celui d'aujour-
d'hui Hors-d'oeuvre russes, œufs brouil-
lés aux pointes, rouget maître d'hôtel,
côte de mouton bouchère, pommes nou-
velles, dessert. Café, grande fine Cham-
pagne. Château-Liâtrac ou Grave.
"-
*Hors Paris
De notre correspondant de Nice
« M. Henry, préfet des Alpes-Màriti-
mes, et le général Gebhart, gouverneur
de Nice, se sont rendus ce matin à la
frontière pour saluer S. M. le roi Oscar II
de Suède à son arrivée sur le territoire
français.
» S. M. la reine d'Angleterre a quitté
cet après-midi sa résidence, accompa-
gnée de la princesse Victoria et de miss
Southampton, et s'est rendue à La Turbie
pour faire une visite à l'impératrice
douairière de Russie. Plusieurs voitures
précédaient l'équipage de Sa Majesté,
dans lesquelles avaient pris place le colo-
nel Carington, le, colonel Clarkson, M.
Dossé, M. Paoli, commissaire spécial, et
un secrétaire indien. La souveraine est
rentrée à l'hôtel de Cimiez vers sept heu?
res du soir.
» L'ambassadeur de Russie et Mme la
baronne de Mohrenheim sont passés
aujourd'hui en gare de Nice, par le rapide
de deux heures, se rendant à Monaco.
M. Batourine, consul de Russie, a salué
le baron de Mohrenheim à son passage et
l'a accompagné jusqu'à Monaco. »
On télégraphie de Pau que la reine Na-
thalie de Serbie vient de s'installer à la
villa Sacchino. Elle a reçu un- chàleuraux
accueil de la population, qui lui a pré-
senté des compliments et offert des
tleurs.
De notre correspondant de Berlin:
« Un duelau pistolet a eu lieu ce matin,
à Potsdam, entre le baron de Kotze et le
baron de Sclirailer.
19 Huméro = SEINE & SEINE-ET-01SE 9 tS «pentfmes = DGPARTEmMS 20 <*im*
42e Année r- 3e Série H° 10£
$V DE RODAYS, Rédacteur en Chef
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1
\i LA SOCIÉIÈ
'DES '̃̃̃•'
CENS DE LETTRES
CEafS BB hBTTRES
CE QU'ELLE DEVRAIT ÊTRE
Tout de suite, je veux poser ce que
devrajtëtre, selon moi, la Société des
Gens "de lettres. Comme je l'ai établi,
elle n'est actuellement, en dehors des se-
cours et des pensions qu'elle donne,
qu'une association commerciale, qui se
charge de toucher, pour ses membres,
l'argent provenant de la reproduction de
leurs œuvres. Et, si elle voulait être le
syndicat complet de la profession, em-
brassant tous les intérêts, faisant face à
tous les'besoins, elle devrait donc veiller
d'abord à la production des œuvres,
avant de s'occuper de leur reproduction,
et s'intéresser également ensuite à leur
traduction.
Production, reproduction, traduction,
tels sont les trois termes de l'évolution
commerciale d'une œuvre littéraire. Par
production, j'entends 'les rapports de
l'écrivain avec le journal qui • publie
l'œuvre originale en feuilletons et avec
l'éditeur qui la fait paraître en volume.
ta reproduction comprend la série d'o-
pérations dont notre Société actuelle
s'occupe avec tant de zèle et d'autorité.
Et quant à la traduction, elle est le vaste
champ si peu connu, si niai défriché, de
l'expansion de notre littérature, dans
l'univers entier, par les langues étran-
gères. •
Naturellement, je mets de côté la ques-
tion de littérature, les écoles, le génie, le
simple talent. Je traite Ici la question
purement matérielle de la profession.
Mais; qui ne comprend que cela soulève
les questions morales lesplus hautes, et
qu'au fond il s'agit, avec le pain de cha-
que jour, de notredignitédans le monde,
de la place que nous y occupons et du
rôle civilisateur que nous 'devons y
jouer? ,k~.
1
Si nous- lisons les statuts de la Société,
nous voyons en tête qu'elle a pour but:
de défendre et faire valoir les intérêts
moraux et de protéger les droits de tous
ses membres,; de procurer aux gens de
lettres les avantages quidoivent résulter
de leurs travaux; de prêter, dans les
conditions prévues au règlemêrit, aidé
è-t assistât)^ arses sociétaires, par .t&ûs*
lès moyens qui sont' en son pouvoir, et
idan^ toutes, les occasions oa..cela;i9qvir-
ràit'être" Utile, notamment en ce qui co'n-i
cerne là reproduction de leurs oeuvre^
'littéraires.; -̃•••̃• 1
Eh bien! tout ceci, s'il faut le dire,
n'est que sur le papier.il n'y aque l'aide
et Tassistancepromisesdans lesdernières
lignes, pour la reproduction, qui se réa-
lisent strictement. Le, reste-les intérêts
moraux, les droits de tous les membres,
les avantages qui doivent résulter de
leurs travaux– demeure à l'état de sim-
ple vœu, puisque, en réalité, la Société ne
s'occupe absolument quèd'encaisser l'ar-
gent de la reproduction, sans pouvoir
exercer aucune action décisive dans la
question de production et de traduction.
J'imagine qu'un de nos membres pu-
blie un roman dans un journal ou chez
un éditeur, et qu'il y ait procès, à la
suite d'une difficulté quelconque. Nous
ne pouvons intervenir directement, nous
accorderonsl'assistance judiciaire à notre
sociétaire, nous irons jusqu'à lui donner
notre appui moral; mais ce sera tout,
son affaire échappe à notre compétence,
nous n'avons pas à nous occuper du
feuilleton original ni. du livre. Alors,
pourquoi les statuts parlent-ils de dé-
fendre et de faire valoir les intérêts mo-
raux, de protéger les droits, de procurer
les avantages qui doivent résulter des
travaux, lorsque cela n'est vrai que sur
la question de reproduction, lorsqu'il est
interdit à la Société d'intervenir dans la
question beaucoup plus vaste et plus
gravé de la production, sans compter
celle de la traduction ? Z
Pendant mes quatre années ae prési-
dence, j'ai toujours vu le Comité les
mains liées vis-à-vis des directeurs de
journaux et des éditeurs. Tout le service
qu'il peut rendre, c'est, lorsqu'un socié-
taire se plaint qu'un directeur lui a perdu
un manuscrit, d'écrire à ce directeur,
qui souyent même ne répond pas. Ou bien
le Comité intervient également par lettre
pour qu'un directeur exécute un traité.
Ou bien c'est encore une difficulté quel-
conque qu'il tâche de trancher à l'a-
miable. Mais, dans tout cela, il n'y a pas
de droit exercé, il n'y a qu'une entremise
officieuse, sans aucune sorte de sanction
possible. Quant aux rapports entre la
Société et les éditeurs, ils sont de même
ordre. Je n'ai pas souvenance d'avoir eu
des rapports avec eux pour aucune af-
faire intéressant la Société, si ce n'est
pour des projets qui ont toujours échoué,'
devant leur attitude plutôt hostile.
Et ce qui prouve que notre Société ne
répond pas à tous-nos besoins, qu'elle
laisse d'énormes lacunes, c'est que, con-
tinuellement, d'autres Sociétés tâchent
de se créer. J'ai assisté à une de ces ten-
tatives, la Société des Romanciers fran-
çais, qui précisément a pour but de s'oc-
cuper de la production et de la traduc-
tion, en laissant la reproduction h. la So-
ciété existante. On s'y est beaucoup oc-
cupé de trouver un moyen de contrôler
les tirages des livres, cette grosse ques-
tion qui divise depuis longtemps les au-
teurs et les. éditeurs. On s'y est efforcé
aussi de créer une agence de traduc-
tions, qui mettrait les auteurs en rela-
tion avedes éditeurs de tous les pays du.
monde. Ce sont là certainement de bien'
grosses affaires, et il faudra du temps
avant que tous les rêves se réalisent.
Mais, si même une Société comme celle
des Romanciers français n'avance guère,
attend l'avenir, le simple fait qu'elle a pu
être créée prouve qu'elle nous manque
et que là Société des Gens de lettres est
tout au moins insuffisante.
̃ Pour que les statuts disent la vérité,
pour que les Gens de lettres trouvent
dans la Société !le syndicat qui protégera
tous leurs intérêts matériels et moraux,
qui leur procurera tous les avantages qui
doivent résulter de leurs oeuvres, il faut
absolument qu'elle réglemente la pro-
duction et la traduction, comme elle a
réglementé la reproduction, qu'elle soit
en un mot,ainsi que'je l'ai dit, le syndicat
de la profession totale. ,)
'̃̃" #̃ ̃.•̃̃'•̃̃: ̃̃•i r-
Certes, le problème n'est pas commode,
et je n'en connais pas de plus complexe
ni de plus ardu. On n'attend pas que
j'expose ici le plan de cette Société rêvée,
c'est tout au plus si je me permettrai
d'indiquer une idée qui m'a hanté par-
fois. Je ne parlerai d'abord que de nos
rapports avec les éditeurs.
Si les éditeurs se mçntrent sans bien-
veillance à l'égard de la Société, c'est
qu'ils sentent en elle la concurrente pos-
sible, la imaison qui pourrait s'éditer
elle-même un beau matin. Je crois bien
que la Société a eu cette. idée autrefois/
et il est évident qu'elle semble devoir
aller à cela, sous le régime collectiviste
qu'on nous promet, lejôur où elle sera
le syndicat complet dont je parle. La
mine aux mineurs, l'édition aux édités.
Çéj à plusieurs auteurs s'éditent eux-
mêmes, et de toutes parts poussent des
tentatives d'associations pour se passer
des éditeurs. Quant à moi, je déclare que
je suis contraire à ce mouvement, au
moins aujourd'hui. Jusqu'ici les tenta-
tives collectives faites dans ce sens ont
misérablement échoué. Seuls, certains
auteurs isolés ont gagné, dé grosses
sommes à s'éditer eux-mêmes. Je suis
donc convaincu que les maisons d'édi-
tion sont actuellement bonnes à conser-
ver. Il y en a de très puissantes, des ma-
chines admirablement montées, des for-
ces en somme, qu'il serait peu sage de ne
pas employer encore, tant qu'elles fonc-
tionneront utilement. Et les éditeurs de-
vraient donc se rassurer,, il n'est nulle-
ment question de les déposséder d'ici à
longtemps sans doute.
De même, il est certain que les grandes
maisons d'édition, les solides, les hon-
nêtes, tomberaient tout de suite d'ac-
cord avec notre Société, car elles ne
pourraient vouloir, avec nous que la di-
gnité de leur profession, la probité et la
justice au plein jour. Ce dont souffrent
les débutants des lettres, les humbles
qui fflstënt^t-la, merci du marcîiànd, c'est
des /petites maisons louches, éditeurs
marrons, de ce pUilulèmènt des ven-
deurs de papier imprimé que guetté la
faillite. Et c'est pour la défense dé ces;
Kumbies'i de la nuée de plus en ̃ plus [
grande des pauvres travailleurs vivant
dé leur* 'plUme,- qu'il S'agirait d'unifier
les, traités, d'établir des .minime,' de ne
pas tolérer qu'on fit misérablement tra-
vailler'au rabais certains des nôtres.
Voyez la Société des auteurs et com-
positeurs dramatiques. Je reviens tou-
jours à elle, car elle me semblé vraiment
un modèle de bonne construction et de
fonctionnement logique. Elle s'est impo-
sée à tous les théâtres, pas d'un coup
certes, mais avec une obstination légi-
time et sage qui a fini par vaincre les
obstacles. Aujourd'hui, elle est le rem-
part de tpus les auteurs qui écrivent des
pièces, elle est unique et souveraine, elle
discute ses intérêts avec chaque théâtre,
lui impose le tant pour cent raisonnable,
le frappe d'interdit s'il ne cède pas à ses
justes exigences. En somme, elle règle
en tout et pour tout la question commer-
ciale au mieux de ses intérêts, et cela
sans qu'on entende la machine fonction-
ner.
Eh, bien! pourquoi notre Société ne
ferait-elle pas de même pour les édi-
teurs ? Pourquoi n'établirait-elle pas des
tarifs, un tant pour cent par exemplaire
tiré, qu'elle imposerait à-tous les édi-*
teurs ? Pourquoi n'aurait-elle pas un mo-
dèle de traité, avec un minimum de tant
par exemplaire? Pourquoi, dans oe traité,
tous les cas de bons rapports ne se-
raient-ils pas prévus, toute la justice dé-
sirable faite, toutes les causes de conflits
évitées? Pourquoi ce traité, après avoir
été naturellement discuté-et arrêté entre
la Société et lès éditeurs, ne devien-
drait-il,pas la charte de' nos droits, le;
pacte de notre alliance, qui mettrait tous
nos intérêts en commun ? Et, enfin, pour-
quoi, après avoir ainsi traité avec les
éditeurs, ne traiterions-nous pas avec
les journaux, en fixant de même un prix
minimum de la ligne et en réglant la
question des droits et des devoirs réci-
proques ?
Un rêve! dira-t-on. En tout cas, il n'est
point irréalisable. Soyons le nombre et
nous serons la force. Puis, quand nous
serons la force, tâchons d'être la justice.
Ce qu'ont fait les Auteurs et Coinposi-
teurs dramatiques, les Gens de lettres
peuvent le faire; et; s'il y a des diffé-
rences entre la pièce jouée et le livre
'tiré à un certain nombre d'exemplaires,
des similitudes pourtant s'établissent, le
projet d'un modèle de traité arrêté avec
toutes les maisons d'édition solides et
honnêtes n'en reste pas moins très prati-
cable et très profitable, quitte à mettre
en. interdit les maisons assez peu sages
pour ne pas vouloir être justes.
Nous autres, les vieux; nous avons
presque tous, dans nos éditeurs, de très
anciens et très fidèles amis. Il est donc
croyable que nous n'agirons guère. Mais
c'est aux jeunes que je confie le projet,
aux jeunes qui ont à se défendre et à
défendre ceux dont le flot, sans cesse,
monte derrière eux.
̃:•
• Et je ne m.'illusionne en aucune façon,
je sais toutes les difficultés, tous les
dangers même. C'est. ainsi '.que,; sirFon
tentait brutalement de transformer notre
Société, il y aurait là pour elle un vérj-
table péril. Il faut songer qu'elle. a mis
cinquante-huit, ans à être ce qu'elle est, J
que le bon fonctionnement d'aujourd'hui
a été acquis au prix des pius, persévé*
rânts- efforts, et que ce swait une sot-
tise que de la' tuer pour l'élargir. On
n'apportera donc jamais trop de pru-
dence, tFop d'étude, avant1 de risquer la
moindre môdification, même heureuse.
Puis, on vient de refondre ses statuts,
on ne peut légalement y toucher avant
deux ans, je crois. Il faut se souvenir
aussi u'elle a été déclarée d'utilité pu.
blique, qu'elle dépend désormsjs du
Conseil d'Etat, avec lequel il faudrait
compter, si on la transformait dans sort;
essence. Tout cela aggrave le problème,
et je serais désespéré si j'allumais dans
de certaines jeunes têtes des espérances
trop vives, qui ne se réaliseront certai-,
nement pas avant longtemps. Mais cela
né saurait pourtant m'empêcher de par^
1er, si je crois avoir quelque chose d'u-
tile à dire, et je répète que fatalement
notre Société se transformerai, si elle ne
veut pas qu'une Société rivale se fonde
un jour, si elle a l'ambition de devenir
l'unique et complète Société que nous
attendons, en nos temps où l'association
est en train de transformer le monde..
Le programme est net, s'il n'est déjà
étudié dans les détails traiter ayee les
journaux et les éditeurs, réglementer
commercialement, surveiller et corifeaâler
là production, comme elle surveille- et
contrôle la reproduction, et créer une*
agence universelle de traductions. A ce
prix seul, elle sera la véritable Société
des Gens de lettres.
Et elle qu'on accuse aujourd'hui de,
manquer de prestige, de ne s'occuper
que des' gros.. sous, ah! vous la verriez
bien vite remonter dans l'estime du
monde Vous verriez les producteurs, et
non pas seulement les reproducteurs,
devenir les membres du Comité. Vous
verriez à sa tête, comme à celle des
Auteurs et Compositeurs dramatiques,
les grands noms de la littérature, du mo-
ment que leurs intérêts professionnels
se trouveraient directement engagés et
ils arriveraient à en prendre la direction»
d'instinct, par ce phénomène qui met le
pouvoir entre les mains de ceux qui ont
le plus de profit à l'exercer. Tout en lais-
sant à l'Académie son rôle littéraire. elfe
deviendrait, à côté d'elle, là grande puis-
sance de la profession des lettres, elle
aurait la force sociale de la plus intélti1-
génie des associations, du groupe dès
travailleurs intellectuels, maîtres des
foules, s'ils voulaient bien s'entendre.
,Et je m'imagine aussi que les gros
sous tomberaient en pluie, p'on.^au3
raitpluB à attendre un Mécène n» a se
érsusef la tête i)Mr obtenir. d'a«e ôpë*
ration quelconque les millions néces»
sâïresV Les -"recettes • dëçuçleraient,' dès
qu'on aurait frappé, le livré Su léger
imipôt 'qu'il" s'agirait de trouvèrj Les pen-
sions seraient portées à douze cents
francs, et le Comité*.chaque lundi, poun-
rait donner à nos vaincus et à nos
yeùvés, sans toujours trembler de videj*
trop vite sa caisse de secours. Les paur
vres ont leur part, la misère est bat-
tue, quand la maison est solide et pros-
père. v ••̃ ,̃
Enfin, pourquoi ne pas élargir ce rêve
et dire comment, un jour, l'élite intellec-
tuelle pourrait devenir le lien et la paix
des peuples?
Lorsque je suis allé à Londres assister
à un Congrès. de journalistes, j'ai été
frappé de la puissance que pourrait
prendre la presse universelle, si les asso-
ciations de journalistes du monde entier
s'entendaient, se, réunissaient chaque
année en une sorte d'assemblée fédérale,
où toutes les nations seraient représen-
tées, et discutaient là les intérêts com-
muns, de façon à mettre leur force in-
calculable au service de la justice et dq
la fraternité.
Mais peut-être la presse est-elle trop
ravagée par les passions politiques, trop
engagée dans les furieuses luttes quoti-
diennes. Tandis que les Lettres, la Litté-
rature, planent très haut, souveraines. Et
c'est donc là mon nouveau rêve des So-;
ciétés des Gens de lettres chez tous les
peuples, des assemblées fédérales an-
nuelles oùtoutes seraient représentées,
des congrès pour faire entendre au monde
le vœu de l'élite, l'évangile des intelii-?
agents et dessages.
En nos temps qùNl'on parle d'abolir les
frontières littéraires, où il est question
d'une communion universelle sous les
espèces du génie, ne serait-ce pas là
l'exemple de fraternité parti de haut,
l'arbitrage des intelligences réglant enfin
la question du, plus de vérité et du plus
de bonheur, possible sur la terre ?
Emile Zola.
AU JOUR LE JOUR
LES GENS DE MAISON
Le c Monsieur de l'orchestré » a dit de quel
émoi, à la Renaissance, hier, la scène du
zè acte de la Meute, où se rebelle la valetaille,
avait été la cause. Tant de fiel èntre-t-il dans
l'âme des larbins ? l'auteur, M. Abel Hermant;
n.'a-t-il point exagéré ? Et nos domestiques
j'entends ceux des plus grandes maisons-
sont-ils, dans la vie réelle, capables d'oublier
le sentiment de leur dignité au point de causer
ainsi, publiquement, du scandale ? Ces ques-
tions, je viens de les poser au directeur de
la, Galette des gens de maison K un petit
journal spécial qui, depuis onze ans qu'il
existe, sert de trait d'union entre le maître et
le domestique, la demande et l'offre.
Et voici ce que m'a. dit mon confrère
Je n'étais point hier à la Renaissartee.
C'est seulement par les journaux que j'ai connu
la pièce. Mais, pouC" ce qui est de la scène
dont vous me parlez, je vous -dirai que je crois
une pareille révolte impossible.
» Je sais bien lil y a eu. le Bal des Bêtes,
où l'on vit, à la 'sortie, "les maîtres Accueillis
par tes sarcasmes, les injures de leurs gens.
Mais le cas n'est pas le même. A la JfceB'ais-
*>ance, ce sont les domestiques id'iM^tiime
maison qui s'insurgent. Chez Mme la princesse
dé Sagan c'était, sous le vestibule, la rébel-
lion d'une collectivité chaque valet de pied
pouvait crier à son gré, et sans danger, pourvu
qu'il prit le soin de, faire, à la vue de son maî-
tre, un plongeon dans la foule de ses cama-
rades. C'était 1» protestation anonyme, parce
que générale.» ̃ ̃
» Tout autre serait la conséquence d'un
acte semblable à celui de la. Meute. Les. do-
mestiques qui y auraient pris part seraient
assurés de ne trouver aucune autre place pen-
dant le reste de leur vie. Il faudrait donc ima-
giner que tous, ayant fortune faite et désireux
de se retirer à la campagne, ont résolu cette
manifestation suprême. Or, une supposition
pareille n'est guère possible.
"> Le domestique, voyez-vous, est inacces-
sible à l'emballement.. C'est, avant tout, un
philosophe .qui entend n'encourir aucune des
responsabilités de la vie: amoureux de la
tranquillité,, il laisse à son maître le soin de le
nourrir, de le vêtir, de le loger, dfr le chauffer».
Et ilne veut vivre, que pour économiser ses
gages. Arrière tout ce qui peut compliquer
l'existence Le soir,. il va rejoindre ses cama-
rades, dans des cafés où il est assuré de les
rencontrer, des cafés dont la clientèle est
presque uniquement composée de gens de mai-
son:. Indifférent aux questions de politique,
irj^Kjle aux excitations des meneurs, il lui arrive
parfois d'assister à «ne réunion* publique, à un
-BieetfflljFïÛfaïs en spectateur et sans jamais
intervenir. Du diable s'il prend la parole l
Vous ne sauriez' me citer un ancien domes-
tique devenu député, voire même conseiller
municipal et cela pour cette bonne raison
.qu'il n'y en a pas le cas: est encore à naître
d'un domestique ayant fait acte de candidat.
» Le café avec la partie de piquet, leurs
bals de l'avenue de Wagram, quelques potins,
cancans, médisances, inhérents somme toute
à- notre pauvre humanité, à quelque degré
que l'on soit de l'échelle. voilà leurs seules
distractions, leurs seuls passe-temps. Quel-
ques-uns vont à l'église, soit par dévotion,
soit pour obéir à leurs maîtres. Dans cer-
taines paroisses, à Saint-Augustin notam-
il y a, le soir, des réunions d'adultes.
Et l'on m'a dit, même, que le curé avait orga-
nisé des,tombolas avec lots en nature, poules,
canards, jambons, mais je n'y suis pas allé
voir.
» Ce sont- les domestiques de braves
gens, de très braves gens. Ils demeurent long-
,témps dans les mêmes maisons, ayant, comme
d'ailleurs la plupart des maîtres, l'horreur du
f changement.. Aussi se trouvent-ils dépaysés,
comme ahuris lorsque, ayant perdu leur place,
il leur faut en trouver une nouvelle. Ils ont
beju ayojç des éçonçmies^ être, sans mquié-
ttftie, ^erii'ftst point ceja, teur état Ciànife est
(WÎài 3és « eaBfffiS msèU de «endtedl saint.
'̃ "VS^tre eux ib se renseignent, et f,ort obli-
geamment, ceux qui sont pourvus indiquant
fcien volontiers aux moins heureux les bonnes
places à prendre, tyais cette solidarité ne va
$t&nt jusqu'à les décider à s'unir dans ttj.jré-
|belH,on. ̃; -i<: -̃ '-7.
f: c> -La; seule influence qu'ilsvsubissent.-r-- tes
hommes c'est celle de leurs femmes, j'en-
tends ceux qui sont mariés; Mais cette in-
fluence, abçolue,' entière, est presque de la ty-
rannie. Un mari ne restera pas dans sa place si
sa moitié a mis dans sa tête que la place est
mauvaise. J'ajouterai ceci lorsque le ménage
est employé dans la même maison, il n'est pas
rare de voir le mari faire tout le travail, tra-
vailler comme un nègre du matin au soir, ce-
pendant que madame prend du loisir, donnant
seulement sa présence, l'apparence du labeur,
histoire de justifier les gages.
> Mais il n'est point que chez les domesti-
ques que les choses se passent ainsi. Je ter-
minerai en répétant que les gens de maison
n'ont point l'âme noire que leur prête M. Abel
Hermant. Il se passera du temps avant que,
dans la vie réelle, on trouve la dernière scèna
du second acte de la Meute. »
Ainsi soit-il 1
Edmond Le Roy.
Echos
La Température
Le thermomètre a légèrement baissé sur la
veille la journée a cependant été très belle,
ensoleillée et sans pluie malgré les gros nua-
ges qui, par instants, étaient assez menaçants.
La température nous- donnait donc a» au-des-
sus le matin, Iio i/a.à midi et ne variait plus;
à Alger 140; o au-dessous de zéro à Moscou
et 3<>!aU puy de Dôme. Le baromètre est très
élevé tdaas nos. régions de l'Ouest, 772^1114 é
Lorient à Paris, il était à 768mm sur nos
côtes de la Manche et de l'Océan, là mer est
très belle.
Dans la soirée, le thermomètre testait a
gô et le baromètre à 768"
Monte-Carlo. Thermomètre le matin,
150 à midi, 19°. Très beau temps.
Les Courses
VA 3 heures, courses à Colombes.
Gagnants de Robert Milton
1 Prix de Chambty Tamàrix.
Prix du Bouligriij Le Cocyte.
2' Prix de la Société des Steeple-Cha.
ses de France Mesnidot.
Prix de Dammarie Dick Turpin.
S' Prix de la Société des Steeple-Cha-
ïes de France Florac. (
''̃̃̃••' ̃ • • ̃ •'̃
CONCOURS HIPPIQUE
Aujourd'hui à i héure, primes d'ap-
pareillement'; à 3 heures, sauts d'obsta-
cles VpriX de circonscriptions (officiers).:
NOUVEAU PROGRAMME SOCIALISTE
Oy Tandis qu'un collaborateur du
fN Figaro exposait à nos lecteurs les
sentiments de M. Félix Fatire;il9. Jaurès;
parlant comme toujours au nom du parti
socialiste, dévoilait les siens dans un
article publié hier matin, C'èst la réponse
avant' la lettré. L'article est Une injonc-
tion, un ultimatum, sec, dur, tranchant,
adressé à la fôis;*u Sénat, à la majorité
de la Chambre, à M. Félix Faure et sur-,
tout à M. Bourgeois. ̃
Si le Sénat refuse de sanctionner l'im-
pôt sur le revenu, si la majorité de la
Chambre se déjuge, si M. Félix Faure ne
signe pas, au besoin, un décret de disso-
lution, si le ministère essaye de se déro-
ber en route, le parti socialiste pour res-
ter le maître car il l'est, M. Jaurès ne
le cache pas fera appel à la révolu-
tion.
C'est la menace du recours à la force.
Mais comme les influences conservatri-
ces peuvent y recourir aussi, ce n'est pas
là que git à notre gré l'intérêt de l'article
de M- Jaurès.
Ce qui le distingue des productions du
même genre sorties de la même plume,
c'est que nous y trouvons un programme:
oh! point très explicite, ni détaillé, car
il faut toujours que la pensée hasardeuse
des socialistes s'enveloppe d'un certain
voile, mais enfin programme que l'on
peut saisir, au moins cette fois, et dis-
cuter.
Le programme deM. Jaurès, c'est tout
simplement une expérience bénévole. La
société donnera pleins pouvoirs aux doc-
teurs socialistes, pour « chercher la forme
sociale nouvelle ». M. Jaurès ne sait pas
si cette forme, ou plutôt cette formule
existe il le dit expressément. Mais il de-
mande, il exige la table rase pour que
c'es docteurs puissent « ou préparer li-
»' brement une société nouvelle, ou ac-
» cepter librement les principes de la
» société présente ». Encore une fois, on
cherchera, et si on ne trouve pas, on en
sera quitte pour en revenir aux erre-
ments anciens. Ainsi on bouleverserait
les lois, les mœurs, les fortunes, on rui-
neraU le pays pour trouver la formule
de l'ordre nouveau. Et si on échouait
eh bien M- Jaurès n'a jamais dit que le
maintien du salariat fût impossible; on
ep reviendrait au salariat! l
En présence de propositions de ce
genre, l'esprit reste confondu. Le sphinx
socialiste ne nous menace plus de ses
griffes il nous désarme par sa candeur.
Abdiquer la liberté collective et indivi-
duelle, détruire les institutions, le rap-
port naturel des intérêts entre eux, ris-
quer une effusion de sang certaine pour
nous retrouver certainement au bout de
six mois au point de départ! Grand
merci; ce ri'est pas la peine.
'bv-
À traders Paris
On avait euiort de dire qu'après l'oiva?
tion d'un nouveau genre que M. le Pré-
sident de la République avait reçue di-
manche à Auteuilj il avait résolu de se
clQU?eE>.à.l'E|ys^.wJ»^«»«ak,ii*»»».i ..>̃ -•.
M. Féjtifc Faure a fait une nouvelle sor-
tie,, fit il éèt même allé au Concours hip-
pique. accompagné de Mlle Lucie Faure,
et suivi de M. Le Gall, directeur de son
cabinet, et dit commandant Bourgois.
Keçu à son arrivée par- le comte de
Juigné, président du Comité, lé marquis
de Bàrbentâne;vice-pPésident,M. Charles
Bussort, etc., il a été rejoint par le préfet
de police et M. Xavier Charmes, direc-
teur au ministère de l'instruction pu-
blique.
Le Président a d'abord parcouru les
salles où sont exposées les œuvres d'art
se rattachant aux choses du sport il
s'est arrêté devant un certain nombre de
toiles et a exprimé des compliments à
leurs auteurs. Il est descendu ensuite
aux écuries et s'est entretenu avec plu-
sieurs éleveurs et propriétaires de che-
vaux.
-Jt_1.1~ .I_t-
M. r eux r'aure a été, penaani îa. auree
dé cette, visité, respectueusement la salué
su*r tout son passage. La note officieuse
qui nous donne tous ces détails oublie
dé dire qu'il était, à ce moment-là, dix
heures dû matin, heure un peu matinale
pour les habitués du Concours hippi-
que, et que les cris fâcheux de « Vive le
Sénat » n'étaient donc pas très à crain-
dre»
Nous ne saurions, au surplus, blâmer
M. le Président de la République de la
résolution, un peu tardive, qu'il a prise,
d'éviter toutes les manifestations, et l'on
ne pourra que rendre hommage à la
loyauté de son attitude constitutionnelle,
s'il est vrai, comme on l'affirme, que
pour le jour du Grand Prix, il a résolu
d'aller simplement, à sept .heures du
matin, assister au galop d'essai des che-
vaux sur la pelouse de Longchamps,
̃̃̃ #*•# ̃
Avant de se rendre au Concours hip-
pique, M. Félix Faure était allé visiter,
dans une des ailes du palais de l'Indus-
trie, le très curieux diorama de l'expédi-
tion de Madagascar, exécuté par M. Louis
Tihayre* que le Monde illustré avait en-
voyé dans l'île africaine pour suivre le
corps expéditionnaire.
Le Président de la République a été
vivement impressionné par les divers
tableaux de cette expédition, aux prépa-
ratifs de laquelle il fut naguère mêlé
comme ministre de la marine.
II est, paràît-il, question, en l'absence
de M' Combes, ministre de l'instruction
publique, de déléguer M. Mesureur pour
représenter le gouvernement au Congrès
des Sociétés savantes.
Le (jiscours de M. le ministre du com-
merce est déjà prêt; il compte, à ce
qu'on assure, émerveiller cet auditoire
d'élite en traduisant dans toutes les'lan-
gues le mot qui.luia valu tant de succès
aux dernières coursés d'Auteuil.
on s'est préoccupé, dans les milieux
politiques, de savoir si M. Bourgeois,
président du Conseil, avait bien pris
toutes les précautions voulues pour que
le gouvernement fût exactement rensei-
gné sur cette entrevue de Venise où l'em-
pereur» d'Allemagne et le roi d'Italie vont
essayeride consolider ou même d'éten-
dre la triple alliance^
Les amis de M. le président du Conseil
donnent, à cet égard, les meilleures as-
suranoèëi Ce n'est pas la première fois,
font-ils obsarver, qu'un cabinet dont
M. Bourgeois fait partie a eu à suivre
des négociations à Venise, et la façon
de procéder est familière à notre minis-
tre des affaires étrangères. Il ne peut évi-
demment pas songer; par suite de trois-
sements trop récents, à faire appel au
concours de :M% Dupas, maïs 'une mis-
sion tout à fait confidentielle a été, pa-
raît-il, donnée à l'agent Soudais, pour
qui des appartements sont retenus, de-
puis quelques jours, à l'hôtel Della Luna.
~s.oeur~r
La note suivante est communiquée à
la presse par lé ministère
Contrairement à ce qu'annoncent plusieurs
journaux,- M.- Guyot-Dessaigne, ministre des
travaux publics; ne se rendra pas demain à
Aiguës-Mortes'.
Ce qui veut dire que M. Guyot-Dessai-
gne, ayant compris, par les commentai-
res des journaux, l'incorrection d'un pa-
reil voyage à la veille des élections mu.
nicipàles, a fini par y renoncer. Nous
n'enregistrons, cependant, la note offi-
cielle que sous réserve M. Guyot-Des-
saigne avait décidé mercredi qu'il n'irait
pas à Aiguës-Mortes; jeudi, à l'instiga-
tion de M. Doumergue, il s'était résolu à
y aller; vendredi, très ennuyé de nos ap-
préciations, il donne un nouveau contre-
ordre. "•
Attendons la fin. Il reste encore un
jour avant la cérémonie; c'est plus qu'il
n'en faut à un ministre radical-socialiste
pour changer deux ou trois fois d'avis.
"C' Cf C" D
Le prince de Galles est arrivé dans la
matinée à Paris, où il ne séjournera que
jusqu'à samedi.
Il était hier soir au Palais-Royal. En
face, dans l'autre avant-scène, était le
comte de Montebello, notre ambassadeur
à Saint-Pétersbourg. C'est ainsi que la
joyeuse pièce du Dindon fait le repos de
la diplomatie. j
L'ambassadeur d'Angleterre et lady
Dufferin ont donné hier soir un dîner in-
time en l'honneur du duc de Cambridge.
Au nombre des invités, les personnes de
la suite de Son Altesse Royale et les
membres de l'ambassade.
Une nouvelle qui a fait grand plaisir
dans ce journal et à laquelle s'associe-
ront bien des amis du dehors
Mlle Thérèse Prestat, la fille du prési-
dent du Conseil de surveillance du Figaro
est fiancée à notre^çollaboyateur Gaston
Càlmétte.
_e.
La nomination de M. Lépine au poste
de.gouverneur général de l'Algérie pa-
raît se confirmer. Le bruit en courait
hier avec persistance à la préfecture de
police et l'on parlait également du fonc-
tionnaire appelé à remplacer M. Lépine
et oui serait; ainsi que nous le disions il
ya quelques jours, M. Vel-'Durandi pré-
fet du Nord. ̃̃̃
Un mouvement très, important suivrait
ces nominations et M.de* Selves, qui
décidément tient la cordé, serait nommé
à la préfecture de la Seine, le ràtta>
chement des postes et télégraphes au mi,
riistère de l'intérieur étant résolu, à ce
qu'on assure.
J Ir' 1f f
M. le capitaine de frégate Picard-Des-
telan, dont on n'a pas oublié les récent?
démêlés avec ses chefs, devait embar-
quer sur le La Clocheterie, croiseur de la
station de Terre-Neuve. En se rendant
de Rochefort à Cherbourg pour rejoindre
son poste, il est tombé malade et a dû
s'arrêter à Tours, où il est entré à l'hô-
pital. Il est atteint de pleurésie.
Le Concours hippique n'amène pas
que des clubmenaux Champs-Elysées,
les gourmets s'y donnent rendez-vous,
car la légende des prix excessifs de
Cubat a fait son temps. Ce gastronome
fameux vient d'organiser, à l'occasion du
Concours hippique et des Salons pro-
chains, des déjeuners à i2 francs dont les
menus sont composés avec un goût par-
fait. On peut en juger par celui d'aujour-
d'hui Hors-d'oeuvre russes, œufs brouil-
lés aux pointes, rouget maître d'hôtel,
côte de mouton bouchère, pommes nou-
velles, dessert. Café, grande fine Cham-
pagne. Château-Liâtrac ou Grave.
"-
*Hors Paris
De notre correspondant de Nice
« M. Henry, préfet des Alpes-Màriti-
mes, et le général Gebhart, gouverneur
de Nice, se sont rendus ce matin à la
frontière pour saluer S. M. le roi Oscar II
de Suède à son arrivée sur le territoire
français.
» S. M. la reine d'Angleterre a quitté
cet après-midi sa résidence, accompa-
gnée de la princesse Victoria et de miss
Southampton, et s'est rendue à La Turbie
pour faire une visite à l'impératrice
douairière de Russie. Plusieurs voitures
précédaient l'équipage de Sa Majesté,
dans lesquelles avaient pris place le colo-
nel Carington, le, colonel Clarkson, M.
Dossé, M. Paoli, commissaire spécial, et
un secrétaire indien. La souveraine est
rentrée à l'hôtel de Cimiez vers sept heu?
res du soir.
» L'ambassadeur de Russie et Mme la
baronne de Mohrenheim sont passés
aujourd'hui en gare de Nice, par le rapide
de deux heures, se rendant à Monaco.
M. Batourine, consul de Russie, a salué
le baron de Mohrenheim à son passage et
l'a accompagné jusqu'à Monaco. »
On télégraphie de Pau que la reine Na-
thalie de Serbie vient de s'installer à la
villa Sacchino. Elle a reçu un- chàleuraux
accueil de la population, qui lui a pré-
senté des compliments et offert des
tleurs.
De notre correspondant de Berlin:
« Un duelau pistolet a eu lieu ce matin,
à Potsdam, entre le baron de Kotze et le
baron de Sclirailer.
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