Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1896-04-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 04 avril 1896 04 avril 1896
Description : 1896/04/04 (Numéro 95). 1896/04/04 (Numéro 95).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2836068
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 4 Avril 1896.
42e Année 3e Série M°Î9S
Le Num~ro SEWE & SEWE~ET OSE ?5~Mm~ ==! DEM~MEWTS e 20 centimes
tt. ̃ -̃̃̃ __̃ ̃ '• ̃
V, DE RODAYS, "Rédacteur M Chef
A. PÉRIVIEB, Administrateur
JF. DE RODAYS A. PÉRIVIER
Il Directeurs Gérants '@~
B. DE VILLEMESSANT, Fondateur
RÉDACTION
ADMINISTRATION PUBLICITÉ
26, Rue Drouot, 26
PARIS
ABONNEMENT
Trois Mois Six Vois Un A%
Seine, Selne-al-Oise. 15 •> 30 ̃ 60»,
Départements 18 75 37 50 75 4
\unloo Postale. 2150 43 » 86»;'
On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
ANNONCES ET RÉCLAMES
Agtnco P. DOLUNGEN, 16, rue Grange-Batelière
i λA SKÉTÉ 3; •
• ̃ DE»
GENS DE LETTRES
CE QU'ELLE EST
J'ai eu l'honneur de présider pendant
quatre ans le Comité de la Société des
Gens de lettres. Et, au lendemain du,
jour où j'ai quitté le, fauteuil, encore'
tout nourri des pensées qu'éveillent en
moi mes fonctions récentes, je m'imagine
qu'il n'est peut-être pas sans intérêt, ni
même sans profit, de résumer ici les
observations et, si j'ose dire¥ le fruit
expérimental de mes quatre années de
présidence. < ̃
Ce qui m'y pousse par-dessus tout, c'est
^impérieux désir de faire un peu de vé-
rite. Pendant que j'étais, attachée mon
fauteuil, sans, pouvoir répondre, j'ai lu,
sur nQtre Société, des articles si mal do-
cumentés,, pleins d'erreurs si grosses, si
fâcheuses, que mon besoin de clarté et.
de.! bon sens en a cruellement souffert. Il
n'est certainement pas d'Association sur
laquelle circulent plus de légendes, dont
on ignore davantage' le caractère et le
rôle, et dont, enfin, on parle avec plus
d'injustice et d'aveugle rancune.
Certainement, notre Société n'est point
l'impeccable, la'parfaite, la définitive.
Mais encore, pour juger les choses,
feût-il y mettre de la logique 'et de
l'équité. Dans ce premier article, je me
contenterai de. dire ce qu'elle est et,
dans un deuxième, je dirai ce que, selon
moi, elle devrait être.
'#
A la prendreaujourd'hui, sous lapleine
lumière, elle est superbe et florissante.
Fondée il y a cinquante-huit ans par des
maîtres de la littérature, elle a traversé
toutes les fortunes, longtemps en danger
d s mort, peu à peu puissante, triom-
phante enfin et devenue un des.rouages
indispensables de notre profession litté-
raire. A cette heure, elle a près de trois
• feulions d'actif social, elle a été récem-
ment déclarée d'utilité publique, elle
'vient enfin d'acheter un hôtel," de semet-
tredans ses meubles, par une heureuse,
opération qui est a la fois un bon place-
ment de son' argent et une joie glorieuse
pour elle. En somme, elle a donc5 vaincu,
après bien des luttés, bien des désas-
tres et il semble dom ,qu'elle doive dé-
sormais régner incontestée, d'une soli-
dité inattaquable, au milieu de la recon-.
naissance et du respect de tous.
Eh bien cela n'est pas. Certes, je ré-
pète qu'elle est une puissance et que rien
ne la menace plus sérieusement'. Mais,' il
faut bien le dire, elle hè fonctionne pas
avec l'aisance, avec la belle régularité
d'une machine mathématiquement cons-
truite. On entend quelques heurts, quel-
ques rouages qui grincent. D'autre part,
il y a autour d'elle comme une conti-
nuelle colère, une sourde impopularité,
surprenante d'abord, explicable ensuite.
On l'accuse d'être taquine, processive,
envahissante et tyrannique. On lui repro-
che surtout, avec un extraordinaire mé-
pris, de ne travailler que pour les gros
sous, de ravaler les lettres par son âpreté
au gain et la bassesse de son avarice. Et,
enfin, le plus sanglant outrage qu'on
i jette à son Comité, est d'être sans pres-
tige, d'avoir Compté autrefois les Balzac,
les Hugo, les Dumas, et de ne réunir au-
jourd'hui que les noms les moins litté-
raires de l'époque.
Pour bien établir la .situation, il faut
que je pose ici, en face de notre Société
des Gens de lettres, l'autre société simi-
laire, la Société des Auteurs et Composi-
teurs dramatiques. Celle-ci fonctionne,
je ne dirai pas au milieu de plus de sym-
pathie, mais de plus de silence, d'un
consentement unanime évident. Les
rouages en sont si logiques, si bien
adaptés à leur fonction, si bien huilés
aussi, qu'ils ne font aucun bruit. Je la
crois tout aussi âpre que sa sœur voisine,
une impitoyable machine à encaisser;
et il n'y a pas de plainte, l'opération se
fait sans douleur, paraît-il. Enfin, elle a
tout le panache, tout le prestige qu'on
peut désirer, car son Comité ne compte
j guère que dès" académiciens, là gloire
même du théâtre contemporain.
Que«e pâsse-t-ildonc?' Pourquoi ces
situations différentes des deux Sociétés,
également prospères, également indis-
pensables, l'une si nette, si discrète, si
respectée, l'autre toujours discutée, tou-
jours invectivée, au plein jour des jour-
naux,souvent par ceux-là mêmes qui ont
le plias besoin d'elle?
Si l'on veut comprendre, il faut d'abord
rappeler dans quelles conditions et dans
quel but la* Société des Gens de lettres
a été fondée. Elle'n'est qu'une société
commerciale et de secours mutuel.
C'était à l'âge d'or du roman-feuilleton,
au lendemain de cette trouvaille qui ré-
volutionnait la presse: un roman dé-
coupé en tranches, servi quotidienne-
ment aux abonnés, allumant les imagi-
nations trouvaille si décisive, qu'il allait
en sortir un genre littéraire. Et le succès
fut tel, que toutes sortes de pirates se
4éclarèrent. ûa volait dans la presse
comme dansr un bois. Les journaux de
province surtout reproduisaient, les ro-
uans, sans même enî demander Tautori-
'sation aux auteurs. Ceux,-ci finirent par
se fâcher d'être ainsi dépouillés impu-
demment, et l'idée leur vint de s'en-
tendre, de se réunir en une association
pour réglementer la reproduction. La So-
ciété est née de là, elle n'est en effet qu'une
association d'écrivains traitant avec les
journaux, ayant des journaux abonnés,
qui; moyennant une redevance conve-
nue, ont le droit de reproduire les, œuvres
des membres sociétaires. Et rien autre.
Plus tard, la pensée d'aide et de secours
a pu être réalisée, des secours donnés,
des avancés faites, enfin des pensions
servies.
Si la Société n'avait jamais eu comme
membres que des romanciers, elle au-
rait fonctionné toujours avec une régu-
larité admirable. On comprend, en effet,
avec quelle aisance le mode de percep-
tion se serait établi. Rien qu'une opéra-
tion les feuilletons reproduits, payés à
tant la ligné ou au prorata des œuvrss
publiées. C'est ce quia lieu à la Société des
Auteurs et Compositeurs dramatiques
rien que dès pièces jouées, touchant un
tant pour cent dans des conditions identi-
ques. Mais notre Société a dû s'ouvrir à
tous les hommes de lettres, aux poètes,
aux historiens, aux journalistes, comme
aux romanciers. C'est son universalité
qui fait à la fois sa.force et, son tourment.
Car, s'il est encore facile de percevoir la
reproduction d'une pièce de vers, d'une
page d'histoire, d'une chronique, allez
donc percevoir la reproduction d'un ar-
ticle politique 1 Dès lors, les cas les plus
délicats se. posent, il est nécessaire de
distinguer, d'en arriver parfois au bon
plaisir. Adieu le' beau fonctionnement
méthodique de la machine, et c'est ce
qui fait que, parfois, les rouages grincent,
qu'il y a des heurts et des difficultés. Il
y faut toutes sortes de ménagements et
d'arrangements.
Puis; tout de suite; une remarque
frappe. Chez les Auteurs et les Compo-
siteurs, c'est de la production qu'il s'a-
git, de l'oeuvre totale, prise à sa nais-
sance même, suivie dans son. évolution
entière tandis que,, chez nous, il ne
s'agit que de la reproduction, l!œuvre ne
vient à nous que lorsqu'elle a été publiée
déjà, elle nous échappé dans ce, qu'elle a
de Blus'âmpôrtant:' Cela est évidemment
bâtard,- incomplet.. Et il faut ajouter que
nous avons, en face d& nous, les jour*
n|tux comme parties contractantes, c'est-
à-dire adverses,- ce qui explique leur
mauvaise humeur à notre égard, le re-
tentissement qu'ils donnent aux moin-
dres difficultés qui nous divisent,lorsgue
les Auteurs et les Compositeurs, n'ayant
affaire qu'aux directeurs de théâtre,
trouvent ceux-ci beaucoup plus résignés,
en tout cas beaucoup moins bruyants.
Mais c'estsurtoutdans la manière dont
sont composés les deux Comités que se
cache un enseignement. C'est, la fonc-
tion'qui fait l'organe, le pouvoir tombe
fatalement aux- mains de ceux qui ont
le plus d'intérêt à l'exercer. Si l'on voit,
dans Tun des Comités, les gloires du
théâtre actuel, les Dumas, les Sardou,
les.Halévy, les Meilhac, l'explication en
est simplement qu'étant les plus joués,
ils ont été amenés à prendre, d'instinct,
la direction commerciale de leur profes-
sion. De même, dans le Comité voisin, si
l'on voit; en grande majorité, les noms
de nos romanciers populaires, d'un
éclat littéraire moindre, c'est également
que la force des choses les a mis au pou-
voir, à la tête d'une entreprise où ils ont
les plus gros intérêts à défendre. Ici, il
faudrait résumer les trente dernières
années de notre littérature, le roman-
feuilleton peu à peu abandonné par
les maîtres, le roman d'analyse con-
quérant toutes les hautes situations,
les journaux forcés de s'adresser, pour
la reproduction, aux romanciers popu-
laires, qui seuls continuent les grands
conteurs d'autrefois. Et si notre Comité
manque de panache, l'unique raison en
est là il est aux mains des travailleurs
qui ont l'instinctif besoin que la maison
marche bien.
Nous autres, tes romanciers artistes,
les mandarins, comme on dit, nous
nous désintéressons. Ce n'est pas drôle
de donner chaque semaine deux heures
de son temps pour discuter des affaires
d'argent ennuyeuses. Les jours de ciel
clair, à quoi bon nous enfermer dans
une salle, lorsqu'il y a là de bonnes gens
qui se chargent de la besogne? Nous
comptons qu'elle sera bien faite, car ils y
ont plus de profit que nous, étant les plus
reproduits. Chaque mois, ou chaque an-
née, nous nous contenterons d'aller tou-
cher notre argent. Et nous n'assisterons
même pas aux Assemblées générales, et
nous nous déchargerons de tout, dans la
certitude que tout ira très bien. Voilà
comment le nouveau président, M. Henry
Houssaye, est, je crois, le premier aca-
démicien qui daigne présider le Comité,
et voilà comment ce serait une aventure
extraordinaire, si, l'année prochaine,
après avoir été président, je témoignais
le désir de rentrer comme simple mem-
bre. Aux Auteurs et aux Compositeurs
dramatiques, Dumas a longtemps été
simple membre; et, s'il avait quitté le
fauteuil, il serait redevenu simple mem-
bre. ̃ • r ••
Le Comité est donc ce qu'il doit être,
par notre abstention, par le sol où il
pousse et les conditions dans lesquelles
il évolue. D'ailleurs, émanation du suf-
frage universel, il est ce que l'Assemblée
générale le fait, et ce serait simplement
à l'Assemblée de le changer, si elle le
désirait autre.
Ah que je voudrais ardemment que
les confrères très spirituels qui le plai-
santent, et les quelques âmes noires qui
l'injurient, pussent assister aux séances
que le Comité tient les lundis de chaque
semaine 1 Ils y verraient de très braves
gens s'occuper avec dévouement, dis-
crétion et prudence, des affaires assez
compliquées et ingrates de la commu-
nauté, sans toucher un centime pour
cela. Des écrivains d'une notoriété res-
treinte parfois, mon Dieu 1 oui, mais qui
n'en, sont pas moins le plus souvent des
esprits très nets, très actifs, animés delà
plus sincère, fraternité. De simples ro-
manciers-feuilletonistes, c'est encore
vrai! mais.de grands travailleurs tout de
même qui enchantent des millions
d'humbles lecteurs, des producteurs in-
fatigables et infiniment bons, comme
M. Emile Richebourg, que je me per-
mets de nommer parce qu'il est un des
doyens, et qui est en somme un maître
dans un genre dont l'importance sociale.
est considérable.
Oui, que ne peuvent-ils assister aux
séances, lés railleurs et les insulteurs I
Ils y sauraient d'abord que les partis
pris politiques ou littéraires du'Comité
ne, sont. plus que de la légende. L'im-
partialité la plus complète règne, tout
écrivain qui a déjà produit quatre volu-
mes, dans de sérieuses conditions pro-
fessionnelles, est certain d'être reçu so-
ciétaire. En quatre années, je n'ai pas
vu un seul déni de justice. Les admis-
sions sont plutôt trop larges. Et, tous les
débutants ayant la faculté dé se faire
admettre comme adhérents, c'est-à-dire
de charger la Société de, toucher leur
reproduction, en attendant d'avoir le
bagage exigé pour être sociétaires, il s'en-
suit qu'il n'est pas au monde de Société
plus ouverte ni plus maternelle.
Ils verraient aussi quelles études diffi-
ciles, quel travail considérable nécessi-
tent les moindres progrès. Je ne parle
pas de la refonte récente des statuts ni
de la déclaration d'Utilité publique qui.
ont occupé le; Comité pendant, des mois.
Mais une besogné que j'ai suivie" de plus-,
près, la hausse des tarifs,- à été particu-^
lièrement ardue, pleine de soucis et de.
complications. Depuis trente ans, les ta-
rifs d'abonnement pour les journaux
étaient restés les mêmes. La presse
s'était rehouveTée; tout avait renchéri, et
certains journaux avaient fini par payer
la reproduction un prix dérisoire; sans
compter qu'il s'agissait d'unifier les an
ciens traités, devenus le chaos .même.
On se souvient de la tempête soulevée,
les journaux criaient, beaucoup de socié-
taires,eux-mêmes se fâchaientLe Comité
s'est entêté tr sagement, très brave-
ment, et l'expérience a prouvé qu'il tra-
vaillait pour le bien de tous, avec son
bon sens et sa modération ordinaires.
Ils y verraient aussi la surveillance
continue, avisée et ferme, qu'il faut exer-
cer pour la défense de nos droits. A cha-
que séance, c'est la petite guerre, les ten-
tatives sans cesse renouvelées de certains
journaux pour échapper au paiement de
la reproduction. Je ne parle pas des
journaux honnêtes, la grande majorité,
avec qui nos rapports sont parfaits. Mais
on ne se doute pas du pullulement des
essais sournois, ni du flot des affaires liti-
gieuses qui tombent le lundi, sur la tablè
des séances. Notre délégué, l'excellent
M. Edouard Montagne, est heureuse-
ment un. gardien fidèle, très expérimenté
et très loyal. Et je voudrais aussi qu'on
vit à l'œuvre notre conseil judiciaire,
présidé par Me Adrien Huard, si compé-
tent, si dévoué, ce conseil judiciaire dont
les membres viennent, eux aussi, à tour
de rôle, chaque lundi, donner leur temps
et leur expérience, pour le seul amour
des gens de lettres.
Mais surtout ce qu'ils verraient, à
chaque séance, c'est le désir brûlant
d'augmenter la caisse des retraites. On
ne cause que de cela, on ne travaille que
pour cela. Sur nos six cent cinquante
membres environ, cent quarante sont
aujourd'hui pensionnaires. Toutes les
pensions sont servies, vingt-cinq ans de
sociétariat et soixante ans d'âge. Mais que
le chiffre en est jusqu'ici misérable!
Cinq cents francs, à peine de quoi man-
ger du pain. Et encore devons-nous ces
pauvres rentes à l'heureuse loterie d'il y
a quelque dix ans. Aussi toutes les cer-
velles du Comité travaillent-ellès pour
doubler la pension, ce qui serait un chif-
fre' au moins raisonnable. Je me suis oc-
cupé, pour ma part, de plusieurs pro-
jets, en vain, hélas Dernièrement, et
bien que nous n'ayons pu nous entendre
avec les éditeurs, nous avons mis en
train tout un système nouveau de publi-
cité, sur lequel nous comptons beau-
coup. J'en reparlerai un jour.
Et, enfin, c'est au commencement de
chaque séance que -je voudrais faire as-
sister ceux qui plaisantent et ceux qui
injurient, à ces séances qui, toutes, s'ou-
vrent par de.' pitoyables demandes d&
secours. Ce sont les vaincus de notre
armée, les écrivains battus dans la lutte,
et de malheureuses femmes, et des veu-
ves, et des orphelins. Nous, avons des
bienfaiteurs, M. Chauchard, très géné-
reusement, nous donne dix millç francs
chaque année, dont le meilleur va à nos
pauvres, tandis que l&re^te, distribué
ëi* prix littéraires, n'est peut-être pas
sans nous causer quelque: souci. Mais
les plaies sont si vives, que presque tou-
jours le Comité est impuissant à donner
selon son cœur.' Il faut, chaque fois, con-
sulter le crédit des secours, et si l'on
'donne, c'est en tremblant, avec la crainte
que; dès la séance suivante, il n'y ait
plus de'quoi donner.
•
Vraiment, ils me font pitié, les fiers
artistes qui accusent notre Société de ne
songer qu'aux gros sous Eh! oui, les
gros sous! Avec quoi pensent-ils donc
que la vie se paie? Et en sont-ils encore
à cette belle conception aristocratique
qui voulait que les écivains fussent nour-
ris à la table des grands, pour rehausser
leur train d'un luxe de belles œuvres,
toutes parfumées par les fleurs louan-
geuses des dédicaces?
Les gros sous, parfaitement car ce
sont les gros sous qui paient le pain de
chaque jour. La misère des nôtres n'est
donc pas connue? Ne sait-on pas qu'il y
a de pauvres hommes de lettres, vieillis
dans un travail ingrat, plus pauvres que
le pauvre ouvrier qui meurt à l'hôpital ?
Je ne veux pas insister, dire les affreux
dénuements que nous avons tous entre-
vus, car il y a une pudeur qui défend de
trop montrer ses plaies. Mais, en vérité,
lorsque j'entends ces beaux fils nous re-
procher de veiller sur les gros sous de
nos humbles et de nos souffrants, je me
fâche, car c'est avec les gros sous qu'on
empêche les vieux de mourir de faim et
qu'on donne aux jeunes le courage de la
lutte.
Ah si ma voix pouvait être entendue,
s'il y avait quelque part un homme très
riche et aimant les lettres, je lui dirais
que notre Société a une personnalité ci-
vile, depuis qu'elle est déclarée d'utilité
ipubliquè, et qu'il peut tester en sa fa-
Weur, et qu'en faisant cela; en;nous don-
nant les millions dont nous avons be-
soin pour assurer la vie de nos vieux
pensionnaires, il réaliserait démocrati-
quement la conception aristocratique; du
Mécène d'autrefois.
Mais si le Mécène ne vient pas ce
je crains, hélas! ne sommes-nous
pas là,. nous .tous, qui travaillons, qui
par l'association pourrions être si forts,
le jour ô& nous aurions la Société, des
G^ns, dé iéttres qu'on peut rêver, le vé-
ritable syndicat de tous nos intérêts
matériels et moraux, de toute notre fond-
tion humaine et.sociale? Emilë Zola.
Emile Zola.
Echos
La Température
Sur lé nord-ouest de la France, le baromè-
tre est encore supérieur à 765mm; en Angle-
terre, il est à 771mm, mais à Paris il ne dé-
passait pas 762mm dans la journée d'hier, et
on signale encore des pluies et des neiges
dans est et l'ouest du continent; sur nos cô-
tes de la Manche la mer est toujours houleuse,
et hier la neige tombait à Toulouse.
La température continue à s'abaisser; hier
à Paris le thermomètre donnait, dans la mati-
née, 1» 1/3 au-dessus de zéro; 6» à midi,
y 1/2 à deux heures; 2° à Marseille; 12» à
Alger, et 150 au-dessous au pic du Midi. Ajou-
tons qu'en France le froid va persister et que
des averses restent toujours probables. Hier
soir, après une journée très froide avec ciel
nuageux, le thermomètre marquait 70 vers
onze heures et le baromètre 762mm.
Monte-Carlo. Pluie; thermomètre I2«
le matin, et 180 à midi.
Les Courus
A 2 heures, courses àMaisons-Laffitte.
Gagnants de Robert Milton
Prix du Cotentin Quotient.
Prix du Perche: Nitouche.
Prix de Maisons -Laffitte Pourquoi
Pas II.
Prix. du. Boulonnais Parfumeuse.
Prix de la Picardie Nonant Le Pin.
CONCOURS HIPPIQUE
Aujourd'hui à 9 heures du matin,
examens d'équitation pour jeunes gens
de 10 à 20 ans à i heure, chevaux atte-
lés seuls; à 3 heures, prix internatio-
naux, chevaux attelés en paire; à 4 heu-
res; sauts d'obstacles; Omnium prix de
la Compagnie' d'assurances contre les
accidents « La Prévoyance ».
HORS DU DROIT, HORS LA LOI
'̃Oy.M. Bourgeois déclarait mardi au
fiance pour gouverner. Hier, le Sénat a
répondu que M. Bourgeois n'avait pas
la confiance demandée, et aujourd'hui
M.Bourgeois, d'accord avec le Président
de la République, entend continuer à
'gouverner! 1.
S'il prenait fantaisie aux ministres qui
gouvernent la France au nom du parti
socialiste et radical d'aller plus loin que
le dédain qu'ils professent à l'égard des
décisions de l'une des deux Chambres du
Parlement, s'ils voulaient inaugurer une
politique de représailles contre leurs ad-
versaires de la Chambre des députés et
même de la presse indépendante, ils ne
se placeraient pas plus en dehors de la
légalité qu'ils n'y sont actuellement.
Ils n'oseront, soit. Mais est-ce qu'une
société comme la nôtre peut vivre et
subsister en dehors de' toutes les garan-
tie^ légales, inscrites dans'une Constitu-
tion? Aujourd'hui, le ministre déclare
qu^àses yeux le Sénat n'existe plus. De-
main, il peut suspendre l'usage des li-
bertés publiques. Les socialistes applau-
disspnVMais quelle arme ne donnent-ils <
pas par là, au dictateur futur, .s'il doit
venir?
Nous sommes donc hors du droit. Maïs
il est évident que lé ministre s'est placé
lui-même hors la loi. Si un retour de
courage chez certains républicains mo-
dérés restitue ta majorité aux libéraux
qui deviennent maintenant les seuls dé-
fenseurs de la Constitution, le bon sens
indique que le ministère Bourgeois doit
être rendu responsable dé toutes les
conséquences de sa politique, tant à l'in-
térieur qu'à l'extérieur.
Un ministère qui n'a obtenu la majo-
rité à la Chambre que grâce à l'appoint
des révolutionnaires de profession et qui
est en minorité au Sénat, n'a aucune
qualité pour engager le pays surtout dans
les questions internationales. Il apparte-
nait donc au Président de la République
d'agir: il s'y est refusé.
Si M. Faure croit en son étoile, comme
on le prétend, qu'il l'interroge -dans une
des nuits claires de ce rigoureux prin-
temps. Elle lui répondra peut-être que le.
premier magistrat d'un pays doit oublier
ses préoccupations personnelles pour
descendre au fond de sa conscience et
faire son devoir de « brave homme » en
se conformant strictement à la Constitu-
tion, et en abandonnant une politique
n'aboutissant qu'à la haine des classes et
au mépris des institutions républicaines.
Mais l'étoile de M. Faure lui dira-t-ellè
tout cela? Elle devient si petite
.~ôo. i:
A Travers Paris P
M. Sarrien, ministre de l'intérieur
compte appeler à la direction du cabinet
et du personnel, placé Beauvau, M. de
Joly, actuellement préfet de la Creuse, et
qui a déjà été son chef du cabinet au
ministère des postes, et plus tard au
ministère de l'intérieur.
Les toupies hollandaises.
Relevons encore quelques votes recon-
naissants, dans la séance du 26 mars. der-
nier, sur la question de l'impôt sur le
revenu.
M. de Mahy, député de la Réunion, a
dpriné son: vote au cabinet en remercie-
ment de la mesure prise par M. Guieysse,
ministre des colonies, contre M. Danél,.
gouverneur de laRéunion.qui ne retour-
nérâ pas à son poste.
M. Brûnet, également député de la
Réunion, a eu les mêmes raisons que
M. de Mahy de voter en faveur de l'im-
pôt sur le revenu. Lui aussi était en de
mauvais termes avec M. Danel- D'autrè;
part, le ministre des colonies a pousse la
complaisance pour M. Ëruiièt jusqu'à-
nommer son- agent électoral, M..Çprde-
• nby, ancien secrétaire général de la
Réunion, au poste' de directeur à l'inté-
rieur. La voix de. M. Brunet était- ainsi
assurée au cabinet.
M. Auricoste, député de la Lozère, a
été récompensé de son vote par une ex-
cellente perception donnée à son gendre,
M. Dubrèuilh..
M. Tardif, député de la Creuse, a eu
son fils nommé sous-préfet.
N'est-ce point édifiant ? Et cela ne
donne-t-il.pas une haute idée de la re-
présentation nationale ?
Les amis et les admirateurs du poète
Théodore de Banville apprendront cer-
tainement avec plaisir que la statue du
célèbre auteur des Cariatides, des Sta-
lactites,- de Socrate, du Baiser et de tant
d'autres chefs-d'œuvre se dressera le
mois prochain à Moulins, sa ville na-
tale. C'est, du moins, ce qui nous a été
affirmé par M. le, colonel Laussedat,
président du Comité du monument Ban-
ville,
La statue, exposée l'an dernier au Sa-
lon, est l'œuvre du jeune sculpteur Cou-
Ion. Elle représente le poète assis dans
un fauteuil, vêtu de sa robe de chambre
et coiffé du béret noir qui donnait à sa
physionomie si mobile un caractère tout
particulier. Le socle a été dessiné par
M. Baer.
Le monument sera élevé dans le joli
square ombragé de grands arbres qui se
trouve à la sortie de la gare de Moulins.
La cérémonie d'inauguration sera pré-
sidée par un des intimes amis du poète,
soit M. François Coppée, soit M. Armand
Silvestre.
Les adhésions au Tournoi international
d'escrime continuent à affluer au siège
du Comité.
Voici la deuxième liste de concur-
rents
'Fleuret. Amateurs MM. Letaintu-
rier-Fradin (fleuret et sabre) Thesmar,
Davila, et P.. Mauban (fleuret et épée);
Raphaël Mendès, Bélot, Brot, Loura-
dour, Guérin, de Boissière, A. Robert,
Mercey Georges Menu, de Lille. Pro-
fesseurs MM. d'Orchen, L. Jeanvois,
Samiac, Large fils, Chanas, Bourdon,
Georges et Camille Lefèvre, Adolphe
Ruzé, Leconte, Cherbouquet, Lévy (sa-
bre et fleuret), Sabourin.
De Londres MM. J. Leslie, J. Nor-
bury, E. Speed, F. Hicks, amateurs.
De Palerme MM.. L. Bruno, V. Bar-
bera, A. Palizzolo, R. Barbera, baron
C. Martinez, amateurs; baron A. Màl-
vica, C. Alaymo, S. Sodo, professeurs.
De Livourne M. de Palma, profes-
seur (sabre et fleuret).
Epée de combat MM. W. de Blest-
Gana, P. Guillain, A.. Lhermitte, H. Mau-
ban, d'Hausen de Weidesheim, P. Ma-
bire, R. Monestier, F. Chatin, Edmond
Lefèvre.
T 1
M. Clerc, directeur des travaux de la
Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest,
vient d'être nommé administrateur de la
Compagnie par l'assemblée générale des
actionnaires.
M. Clerc a rendu d'éminents services
à la Compagnie, notamment dans les re-
marquables travaux de transformation
de la gare Saint-Lazare, que tous les Pa-
risiens ont suivis avec tant d'intérêt.
Sa nomination est donc une juste ré-
compense. ̃̃̃̃•
Hors Paris
De notre correspondant dé Nice
« La reine d'Angleterre a donné jeudi
soir un dîner, suivi d'une réception. La
salle à manger était artistement dé-
corée et fleurie: 'La table royale était or-
néé de belles gerbes, de rosés piquetées
sur des touffes de violettes. Les convives
de Sa Majesté étaient lord Salisbury,
l'amiral Seymour, le ,marquis et la mar-
quise de Dufferin, le prince Louis de
Battenberg, la princesse Christian, le
prince Joseph de Battenberg, le prince
Christian-Victorde Schleswig-Holstein-éfe-
la princesse Victoria deSchlëswig-Hol-
stein. Après le dîner, plusieurs notabi-
lités de la colonie anglaise ont assisté à
là réception;
» Le roiLéopôld deBelgique doit avoir
la semaine prochaine une entrevue avec
lord Salisbury, en ce moment à Beau-
lieu.' `
» L'impératrice douairière de Russie,
le Tsarévitch, le grand-duc Michel, la
princesse Olga et les autres membres de
la famille impériale actuellement sur le
littoral ont assisté aujourd'hui, à bord
de la Rynda, à un service de vendredi
saint. Demain samedi, on célébrera so-
lennellement la Pâque à bord de la
Rynda et à l'église russe. La Pâque
russe coïncide cette année avec lès fêtes
catholiques. h'
» La princesse Marie-Louise de Bul-
garie et son fils le prince Boris prolon-
geront leur séjour jusqu'à fin avril.
̃ ̃ **# ̃ • •
» L'impératrice douairière d'Allemagne
est attendue prochainement à.Cimiez, où
elle passera quelques jours auprès de sa
mère, la reine Victoria.
» L'aviso anglais SM^pnse,actuellement t
à Villefranche, ira prendre l'impératrice
douairière d'Allemagne à Athènes, où
elle se trouvera bientôt auprès de sa fille,
la princesse royale de, Grèce. »
S. A. I. Mme l'archiduchesse Stépha-
nie, voyageant sous le nom de comtesse
Eppon, vient de s'embarquer à Trieste
sur le vapeur Stéphanie de la Compagnie à
Lloyd. Son Altesse Impériale qui visite
les côtes dalmates et italiennes de l'A-
driatique- poussera unepointe jusqu'en
Grèce. La comtesse Gondrecourt, la
comtesse Palffy, le baron Hauer et, le
docteur Geiger, médecin ordinaire, ac-
compagnent l'archiduchesse dont l'ab-
sènee durer* environ semaines.
Le Père DidOn, qui se trouvé en Grèce
âyêc une vingtaine de .jeunes gens, prê-
chera, le jour de Pâques, à l'église catho-
lique d'Athènes.
.e:
Nouvelles â la Main
Les ministres ont décidé pour le,jour
du vendredi saint de faire une conces-
sion aux sentiments religieux de l'im-
mense majorité du pays: M. Ricard a
fait couper ses côtelettes 1
Au Pôle-Nord, entre patineuses qui
viennent de faire connaissance et jacas-
sent de choses et autres
Avez-vous vu Thermidor?
Oh, moi, jè ne vais jamais au théâ-
tre.
?. ̃ .̃̃-̃
Je suis actrice!
Le Maiqu© de Fer.
ATJ JOUR LE JOUR
LA SEMAINE SAINTE
Si, en France, les pratiques religieuses de la
semaine sainte ont perdu quelque chose avec
le temps, c'est seulement par le côté extérieur
et pittoresque. A- Paris ,mêmè, il est facile de
se rendre compte, en fréquentant lés églises
durant tous ces jours, que les vexations et
l'intolérance des sectaires francs-maçons qui
nous gouvernent n'ont diminué en quoi que ce
soit la foi pure et simple qui remplit l'âme des
populations bien pensantes.
Mais c'est surtout en1 Espagne et en Italie
que l'on peut assister à des démonstrations
populaires célébrantléS: mystères de la Pas-
sion.Dans certaines villes d'Espagne a lieu, le
vendredi saint, la procession des discipli-
nants. Des hommes se promènent par les rues,
ayant sur la tête de grands bonnets pointus
d'où pend un morceau de toile tombant sur le
visage, aux mains des gants blancs et aux
pieds des souliers blancs. Ils se fustigent en
cadence avec des disciplines armées de petites
boules de cité garnies de verres. pointus. Ren-
trés chez eux,- ils se frottent avec des éponges
trempées dans de l'eau salée et vinaigrée,
puis, à minuit, ils font un somptueux repas,
sans doute pour flatter la chair qu'ils ont si
maltraitée..
A Rome, la Passion selon saint Mathieu est
lue en entier le dimanche des Rameaux dans
toutes les églises le mardi saint, on lit l'évan-
gile selon saint Marc; le jeudi, le récit selon
saint Luc, et le vendredi saint, celui selon
saint Jean. C'est un enfant de chœur qui pro-
nonce les paroles adressées à Pierre par
la servante de'Caïphe, et les cris de la foule
lors de la comparution de Jésus au prétoire
sont répétés par toute l'assistance. On voit en
gerine, dans cette suite de scènes dialoguées,
tous les Mystères de la Passion. L'église fut
du reste pendant longtemps l'école, le lieu de
réunion en même temps que le temple. Les
cérémonies religieuses ont été, à l'origine, ac-
compagnées d'un appareil théâtral et de re-
présentations scéniques destinés à frapper les
sens en même temps que l'esprit, et à rendre en
quelque sorte visibles les légendes et les mys-
tères. De même qu'autrefôis'on voyait, à la
Noël, l'enfant Jésus dans une crèche et les
bergers qui venaient l'adorer, de même la
procession des palmes, pour ne parler que de
celle-là, était une représentation de l'entrée de
̃-Jésus à Jérusalem.
42e Année 3e Série M°Î9S
Le Num~ro SEWE & SEWE~ET OSE ?5~Mm~ ==! DEM~MEWTS e 20 centimes
tt. ̃ -̃̃̃ __̃ ̃ '• ̃
V, DE RODAYS, "Rédacteur M Chef
A. PÉRIVIEB, Administrateur
JF. DE RODAYS A. PÉRIVIER
Il Directeurs Gérants '@~
B. DE VILLEMESSANT, Fondateur
RÉDACTION
ADMINISTRATION PUBLICITÉ
26, Rue Drouot, 26
PARIS
ABONNEMENT
Trois Mois Six Vois Un A%
Seine, Selne-al-Oise. 15 •> 30 ̃ 60»,
Départements 18 75 37 50 75 4
\unloo Postale. 2150 43 » 86»;'
On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
ANNONCES ET RÉCLAMES
Agtnco P. DOLUNGEN, 16, rue Grange-Batelière
i λA SKÉTÉ 3; •
• ̃ DE»
GENS DE LETTRES
CE QU'ELLE EST
J'ai eu l'honneur de présider pendant
quatre ans le Comité de la Société des
Gens de lettres. Et, au lendemain du,
jour où j'ai quitté le, fauteuil, encore'
tout nourri des pensées qu'éveillent en
moi mes fonctions récentes, je m'imagine
qu'il n'est peut-être pas sans intérêt, ni
même sans profit, de résumer ici les
observations et, si j'ose dire¥ le fruit
expérimental de mes quatre années de
présidence. < ̃
Ce qui m'y pousse par-dessus tout, c'est
^impérieux désir de faire un peu de vé-
rite. Pendant que j'étais, attachée mon
fauteuil, sans, pouvoir répondre, j'ai lu,
sur nQtre Société, des articles si mal do-
cumentés,, pleins d'erreurs si grosses, si
fâcheuses, que mon besoin de clarté et.
de.! bon sens en a cruellement souffert. Il
n'est certainement pas d'Association sur
laquelle circulent plus de légendes, dont
on ignore davantage' le caractère et le
rôle, et dont, enfin, on parle avec plus
d'injustice et d'aveugle rancune.
Certainement, notre Société n'est point
l'impeccable, la'parfaite, la définitive.
Mais encore, pour juger les choses,
feût-il y mettre de la logique 'et de
l'équité. Dans ce premier article, je me
contenterai de. dire ce qu'elle est et,
dans un deuxième, je dirai ce que, selon
moi, elle devrait être.
'#
A la prendreaujourd'hui, sous lapleine
lumière, elle est superbe et florissante.
Fondée il y a cinquante-huit ans par des
maîtres de la littérature, elle a traversé
toutes les fortunes, longtemps en danger
d s mort, peu à peu puissante, triom-
phante enfin et devenue un des.rouages
indispensables de notre profession litté-
raire. A cette heure, elle a près de trois
• feulions d'actif social, elle a été récem-
ment déclarée d'utilité publique, elle
'vient enfin d'acheter un hôtel," de semet-
tredans ses meubles, par une heureuse,
opération qui est a la fois un bon place-
ment de son' argent et une joie glorieuse
pour elle. En somme, elle a donc5 vaincu,
après bien des luttés, bien des désas-
tres et il semble dom ,qu'elle doive dé-
sormais régner incontestée, d'une soli-
dité inattaquable, au milieu de la recon-.
naissance et du respect de tous.
Eh bien cela n'est pas. Certes, je ré-
pète qu'elle est une puissance et que rien
ne la menace plus sérieusement'. Mais,' il
faut bien le dire, elle hè fonctionne pas
avec l'aisance, avec la belle régularité
d'une machine mathématiquement cons-
truite. On entend quelques heurts, quel-
ques rouages qui grincent. D'autre part,
il y a autour d'elle comme une conti-
nuelle colère, une sourde impopularité,
surprenante d'abord, explicable ensuite.
On l'accuse d'être taquine, processive,
envahissante et tyrannique. On lui repro-
che surtout, avec un extraordinaire mé-
pris, de ne travailler que pour les gros
sous, de ravaler les lettres par son âpreté
au gain et la bassesse de son avarice. Et,
enfin, le plus sanglant outrage qu'on
i jette à son Comité, est d'être sans pres-
tige, d'avoir Compté autrefois les Balzac,
les Hugo, les Dumas, et de ne réunir au-
jourd'hui que les noms les moins litté-
raires de l'époque.
Pour bien établir la .situation, il faut
que je pose ici, en face de notre Société
des Gens de lettres, l'autre société simi-
laire, la Société des Auteurs et Composi-
teurs dramatiques. Celle-ci fonctionne,
je ne dirai pas au milieu de plus de sym-
pathie, mais de plus de silence, d'un
consentement unanime évident. Les
rouages en sont si logiques, si bien
adaptés à leur fonction, si bien huilés
aussi, qu'ils ne font aucun bruit. Je la
crois tout aussi âpre que sa sœur voisine,
une impitoyable machine à encaisser;
et il n'y a pas de plainte, l'opération se
fait sans douleur, paraît-il. Enfin, elle a
tout le panache, tout le prestige qu'on
peut désirer, car son Comité ne compte
j guère que dès" académiciens, là gloire
même du théâtre contemporain.
Que«e pâsse-t-ildonc?' Pourquoi ces
situations différentes des deux Sociétés,
également prospères, également indis-
pensables, l'une si nette, si discrète, si
respectée, l'autre toujours discutée, tou-
jours invectivée, au plein jour des jour-
naux,souvent par ceux-là mêmes qui ont
le plias besoin d'elle?
Si l'on veut comprendre, il faut d'abord
rappeler dans quelles conditions et dans
quel but la* Société des Gens de lettres
a été fondée. Elle'n'est qu'une société
commerciale et de secours mutuel.
C'était à l'âge d'or du roman-feuilleton,
au lendemain de cette trouvaille qui ré-
volutionnait la presse: un roman dé-
coupé en tranches, servi quotidienne-
ment aux abonnés, allumant les imagi-
nations trouvaille si décisive, qu'il allait
en sortir un genre littéraire. Et le succès
fut tel, que toutes sortes de pirates se
4éclarèrent. ûa volait dans la presse
comme dansr un bois. Les journaux de
province surtout reproduisaient, les ro-
uans, sans même enî demander Tautori-
'sation aux auteurs. Ceux,-ci finirent par
se fâcher d'être ainsi dépouillés impu-
demment, et l'idée leur vint de s'en-
tendre, de se réunir en une association
pour réglementer la reproduction. La So-
ciété est née de là, elle n'est en effet qu'une
association d'écrivains traitant avec les
journaux, ayant des journaux abonnés,
qui; moyennant une redevance conve-
nue, ont le droit de reproduire les, œuvres
des membres sociétaires. Et rien autre.
Plus tard, la pensée d'aide et de secours
a pu être réalisée, des secours donnés,
des avancés faites, enfin des pensions
servies.
Si la Société n'avait jamais eu comme
membres que des romanciers, elle au-
rait fonctionné toujours avec une régu-
larité admirable. On comprend, en effet,
avec quelle aisance le mode de percep-
tion se serait établi. Rien qu'une opéra-
tion les feuilletons reproduits, payés à
tant la ligné ou au prorata des œuvrss
publiées. C'est ce quia lieu à la Société des
Auteurs et Compositeurs dramatiques
rien que dès pièces jouées, touchant un
tant pour cent dans des conditions identi-
ques. Mais notre Société a dû s'ouvrir à
tous les hommes de lettres, aux poètes,
aux historiens, aux journalistes, comme
aux romanciers. C'est son universalité
qui fait à la fois sa.force et, son tourment.
Car, s'il est encore facile de percevoir la
reproduction d'une pièce de vers, d'une
page d'histoire, d'une chronique, allez
donc percevoir la reproduction d'un ar-
ticle politique 1 Dès lors, les cas les plus
délicats se. posent, il est nécessaire de
distinguer, d'en arriver parfois au bon
plaisir. Adieu le' beau fonctionnement
méthodique de la machine, et c'est ce
qui fait que, parfois, les rouages grincent,
qu'il y a des heurts et des difficultés. Il
y faut toutes sortes de ménagements et
d'arrangements.
Puis; tout de suite; une remarque
frappe. Chez les Auteurs et les Compo-
siteurs, c'est de la production qu'il s'a-
git, de l'oeuvre totale, prise à sa nais-
sance même, suivie dans son. évolution
entière tandis que,, chez nous, il ne
s'agit que de la reproduction, l!œuvre ne
vient à nous que lorsqu'elle a été publiée
déjà, elle nous échappé dans ce, qu'elle a
de Blus'âmpôrtant:' Cela est évidemment
bâtard,- incomplet.. Et il faut ajouter que
nous avons, en face d& nous, les jour*
n|tux comme parties contractantes, c'est-
à-dire adverses,- ce qui explique leur
mauvaise humeur à notre égard, le re-
tentissement qu'ils donnent aux moin-
dres difficultés qui nous divisent,lorsgue
les Auteurs et les Compositeurs, n'ayant
affaire qu'aux directeurs de théâtre,
trouvent ceux-ci beaucoup plus résignés,
en tout cas beaucoup moins bruyants.
Mais c'estsurtoutdans la manière dont
sont composés les deux Comités que se
cache un enseignement. C'est, la fonc-
tion'qui fait l'organe, le pouvoir tombe
fatalement aux- mains de ceux qui ont
le plus d'intérêt à l'exercer. Si l'on voit,
dans Tun des Comités, les gloires du
théâtre actuel, les Dumas, les Sardou,
les.Halévy, les Meilhac, l'explication en
est simplement qu'étant les plus joués,
ils ont été amenés à prendre, d'instinct,
la direction commerciale de leur profes-
sion. De même, dans le Comité voisin, si
l'on voit; en grande majorité, les noms
de nos romanciers populaires, d'un
éclat littéraire moindre, c'est également
que la force des choses les a mis au pou-
voir, à la tête d'une entreprise où ils ont
les plus gros intérêts à défendre. Ici, il
faudrait résumer les trente dernières
années de notre littérature, le roman-
feuilleton peu à peu abandonné par
les maîtres, le roman d'analyse con-
quérant toutes les hautes situations,
les journaux forcés de s'adresser, pour
la reproduction, aux romanciers popu-
laires, qui seuls continuent les grands
conteurs d'autrefois. Et si notre Comité
manque de panache, l'unique raison en
est là il est aux mains des travailleurs
qui ont l'instinctif besoin que la maison
marche bien.
Nous autres, tes romanciers artistes,
les mandarins, comme on dit, nous
nous désintéressons. Ce n'est pas drôle
de donner chaque semaine deux heures
de son temps pour discuter des affaires
d'argent ennuyeuses. Les jours de ciel
clair, à quoi bon nous enfermer dans
une salle, lorsqu'il y a là de bonnes gens
qui se chargent de la besogne? Nous
comptons qu'elle sera bien faite, car ils y
ont plus de profit que nous, étant les plus
reproduits. Chaque mois, ou chaque an-
née, nous nous contenterons d'aller tou-
cher notre argent. Et nous n'assisterons
même pas aux Assemblées générales, et
nous nous déchargerons de tout, dans la
certitude que tout ira très bien. Voilà
comment le nouveau président, M. Henry
Houssaye, est, je crois, le premier aca-
démicien qui daigne présider le Comité,
et voilà comment ce serait une aventure
extraordinaire, si, l'année prochaine,
après avoir été président, je témoignais
le désir de rentrer comme simple mem-
bre. Aux Auteurs et aux Compositeurs
dramatiques, Dumas a longtemps été
simple membre; et, s'il avait quitté le
fauteuil, il serait redevenu simple mem-
bre. ̃ • r ••
Le Comité est donc ce qu'il doit être,
par notre abstention, par le sol où il
pousse et les conditions dans lesquelles
il évolue. D'ailleurs, émanation du suf-
frage universel, il est ce que l'Assemblée
générale le fait, et ce serait simplement
à l'Assemblée de le changer, si elle le
désirait autre.
Ah que je voudrais ardemment que
les confrères très spirituels qui le plai-
santent, et les quelques âmes noires qui
l'injurient, pussent assister aux séances
que le Comité tient les lundis de chaque
semaine 1 Ils y verraient de très braves
gens s'occuper avec dévouement, dis-
crétion et prudence, des affaires assez
compliquées et ingrates de la commu-
nauté, sans toucher un centime pour
cela. Des écrivains d'une notoriété res-
treinte parfois, mon Dieu 1 oui, mais qui
n'en, sont pas moins le plus souvent des
esprits très nets, très actifs, animés delà
plus sincère, fraternité. De simples ro-
manciers-feuilletonistes, c'est encore
vrai! mais.de grands travailleurs tout de
même qui enchantent des millions
d'humbles lecteurs, des producteurs in-
fatigables et infiniment bons, comme
M. Emile Richebourg, que je me per-
mets de nommer parce qu'il est un des
doyens, et qui est en somme un maître
dans un genre dont l'importance sociale.
est considérable.
Oui, que ne peuvent-ils assister aux
séances, lés railleurs et les insulteurs I
Ils y sauraient d'abord que les partis
pris politiques ou littéraires du'Comité
ne, sont. plus que de la légende. L'im-
partialité la plus complète règne, tout
écrivain qui a déjà produit quatre volu-
mes, dans de sérieuses conditions pro-
fessionnelles, est certain d'être reçu so-
ciétaire. En quatre années, je n'ai pas
vu un seul déni de justice. Les admis-
sions sont plutôt trop larges. Et, tous les
débutants ayant la faculté dé se faire
admettre comme adhérents, c'est-à-dire
de charger la Société de, toucher leur
reproduction, en attendant d'avoir le
bagage exigé pour être sociétaires, il s'en-
suit qu'il n'est pas au monde de Société
plus ouverte ni plus maternelle.
Ils verraient aussi quelles études diffi-
ciles, quel travail considérable nécessi-
tent les moindres progrès. Je ne parle
pas de la refonte récente des statuts ni
de la déclaration d'Utilité publique qui.
ont occupé le; Comité pendant, des mois.
Mais une besogné que j'ai suivie" de plus-,
près, la hausse des tarifs,- à été particu-^
lièrement ardue, pleine de soucis et de.
complications. Depuis trente ans, les ta-
rifs d'abonnement pour les journaux
étaient restés les mêmes. La presse
s'était rehouveTée; tout avait renchéri, et
certains journaux avaient fini par payer
la reproduction un prix dérisoire; sans
compter qu'il s'agissait d'unifier les an
ciens traités, devenus le chaos .même.
On se souvient de la tempête soulevée,
les journaux criaient, beaucoup de socié-
taires,eux-mêmes se fâchaientLe Comité
s'est entêté tr sagement, très brave-
ment, et l'expérience a prouvé qu'il tra-
vaillait pour le bien de tous, avec son
bon sens et sa modération ordinaires.
Ils y verraient aussi la surveillance
continue, avisée et ferme, qu'il faut exer-
cer pour la défense de nos droits. A cha-
que séance, c'est la petite guerre, les ten-
tatives sans cesse renouvelées de certains
journaux pour échapper au paiement de
la reproduction. Je ne parle pas des
journaux honnêtes, la grande majorité,
avec qui nos rapports sont parfaits. Mais
on ne se doute pas du pullulement des
essais sournois, ni du flot des affaires liti-
gieuses qui tombent le lundi, sur la tablè
des séances. Notre délégué, l'excellent
M. Edouard Montagne, est heureuse-
ment un. gardien fidèle, très expérimenté
et très loyal. Et je voudrais aussi qu'on
vit à l'œuvre notre conseil judiciaire,
présidé par Me Adrien Huard, si compé-
tent, si dévoué, ce conseil judiciaire dont
les membres viennent, eux aussi, à tour
de rôle, chaque lundi, donner leur temps
et leur expérience, pour le seul amour
des gens de lettres.
Mais surtout ce qu'ils verraient, à
chaque séance, c'est le désir brûlant
d'augmenter la caisse des retraites. On
ne cause que de cela, on ne travaille que
pour cela. Sur nos six cent cinquante
membres environ, cent quarante sont
aujourd'hui pensionnaires. Toutes les
pensions sont servies, vingt-cinq ans de
sociétariat et soixante ans d'âge. Mais que
le chiffre en est jusqu'ici misérable!
Cinq cents francs, à peine de quoi man-
ger du pain. Et encore devons-nous ces
pauvres rentes à l'heureuse loterie d'il y
a quelque dix ans. Aussi toutes les cer-
velles du Comité travaillent-ellès pour
doubler la pension, ce qui serait un chif-
fre' au moins raisonnable. Je me suis oc-
cupé, pour ma part, de plusieurs pro-
jets, en vain, hélas Dernièrement, et
bien que nous n'ayons pu nous entendre
avec les éditeurs, nous avons mis en
train tout un système nouveau de publi-
cité, sur lequel nous comptons beau-
coup. J'en reparlerai un jour.
Et, enfin, c'est au commencement de
chaque séance que -je voudrais faire as-
sister ceux qui plaisantent et ceux qui
injurient, à ces séances qui, toutes, s'ou-
vrent par de.' pitoyables demandes d&
secours. Ce sont les vaincus de notre
armée, les écrivains battus dans la lutte,
et de malheureuses femmes, et des veu-
ves, et des orphelins. Nous, avons des
bienfaiteurs, M. Chauchard, très géné-
reusement, nous donne dix millç francs
chaque année, dont le meilleur va à nos
pauvres, tandis que l&re^te, distribué
ëi* prix littéraires, n'est peut-être pas
sans nous causer quelque: souci. Mais
les plaies sont si vives, que presque tou-
jours le Comité est impuissant à donner
selon son cœur.' Il faut, chaque fois, con-
sulter le crédit des secours, et si l'on
'donne, c'est en tremblant, avec la crainte
que; dès la séance suivante, il n'y ait
plus de'quoi donner.
•
Vraiment, ils me font pitié, les fiers
artistes qui accusent notre Société de ne
songer qu'aux gros sous Eh! oui, les
gros sous! Avec quoi pensent-ils donc
que la vie se paie? Et en sont-ils encore
à cette belle conception aristocratique
qui voulait que les écivains fussent nour-
ris à la table des grands, pour rehausser
leur train d'un luxe de belles œuvres,
toutes parfumées par les fleurs louan-
geuses des dédicaces?
Les gros sous, parfaitement car ce
sont les gros sous qui paient le pain de
chaque jour. La misère des nôtres n'est
donc pas connue? Ne sait-on pas qu'il y
a de pauvres hommes de lettres, vieillis
dans un travail ingrat, plus pauvres que
le pauvre ouvrier qui meurt à l'hôpital ?
Je ne veux pas insister, dire les affreux
dénuements que nous avons tous entre-
vus, car il y a une pudeur qui défend de
trop montrer ses plaies. Mais, en vérité,
lorsque j'entends ces beaux fils nous re-
procher de veiller sur les gros sous de
nos humbles et de nos souffrants, je me
fâche, car c'est avec les gros sous qu'on
empêche les vieux de mourir de faim et
qu'on donne aux jeunes le courage de la
lutte.
Ah si ma voix pouvait être entendue,
s'il y avait quelque part un homme très
riche et aimant les lettres, je lui dirais
que notre Société a une personnalité ci-
vile, depuis qu'elle est déclarée d'utilité
ipubliquè, et qu'il peut tester en sa fa-
Weur, et qu'en faisant cela; en;nous don-
nant les millions dont nous avons be-
soin pour assurer la vie de nos vieux
pensionnaires, il réaliserait démocrati-
quement la conception aristocratique; du
Mécène d'autrefois.
Mais si le Mécène ne vient pas ce
je crains, hélas! ne sommes-nous
pas là,. nous .tous, qui travaillons, qui
par l'association pourrions être si forts,
le jour ô& nous aurions la Société, des
G^ns, dé iéttres qu'on peut rêver, le vé-
ritable syndicat de tous nos intérêts
matériels et moraux, de toute notre fond-
tion humaine et.sociale? Emilë Zola.
Emile Zola.
Echos
La Température
Sur lé nord-ouest de la France, le baromè-
tre est encore supérieur à 765mm; en Angle-
terre, il est à 771mm, mais à Paris il ne dé-
passait pas 762mm dans la journée d'hier, et
on signale encore des pluies et des neiges
dans est et l'ouest du continent; sur nos cô-
tes de la Manche la mer est toujours houleuse,
et hier la neige tombait à Toulouse.
La température continue à s'abaisser; hier
à Paris le thermomètre donnait, dans la mati-
née, 1» 1/3 au-dessus de zéro; 6» à midi,
y 1/2 à deux heures; 2° à Marseille; 12» à
Alger, et 150 au-dessous au pic du Midi. Ajou-
tons qu'en France le froid va persister et que
des averses restent toujours probables. Hier
soir, après une journée très froide avec ciel
nuageux, le thermomètre marquait 70 vers
onze heures et le baromètre 762mm.
Monte-Carlo. Pluie; thermomètre I2«
le matin, et 180 à midi.
Les Courus
A 2 heures, courses àMaisons-Laffitte.
Gagnants de Robert Milton
Prix du Cotentin Quotient.
Prix du Perche: Nitouche.
Prix de Maisons -Laffitte Pourquoi
Pas II.
Prix. du. Boulonnais Parfumeuse.
Prix de la Picardie Nonant Le Pin.
CONCOURS HIPPIQUE
Aujourd'hui à 9 heures du matin,
examens d'équitation pour jeunes gens
de 10 à 20 ans à i heure, chevaux atte-
lés seuls; à 3 heures, prix internatio-
naux, chevaux attelés en paire; à 4 heu-
res; sauts d'obstacles; Omnium prix de
la Compagnie' d'assurances contre les
accidents « La Prévoyance ».
HORS DU DROIT, HORS LA LOI
'̃Oy.M. Bourgeois déclarait mardi au
répondu que M. Bourgeois n'avait pas
la confiance demandée, et aujourd'hui
M.Bourgeois, d'accord avec le Président
de la République, entend continuer à
'gouverner! 1.
S'il prenait fantaisie aux ministres qui
gouvernent la France au nom du parti
socialiste et radical d'aller plus loin que
le dédain qu'ils professent à l'égard des
décisions de l'une des deux Chambres du
Parlement, s'ils voulaient inaugurer une
politique de représailles contre leurs ad-
versaires de la Chambre des députés et
même de la presse indépendante, ils ne
se placeraient pas plus en dehors de la
légalité qu'ils n'y sont actuellement.
Ils n'oseront, soit. Mais est-ce qu'une
société comme la nôtre peut vivre et
subsister en dehors de' toutes les garan-
tie^ légales, inscrites dans'une Constitu-
tion? Aujourd'hui, le ministre déclare
qu^àses yeux le Sénat n'existe plus. De-
main, il peut suspendre l'usage des li-
bertés publiques. Les socialistes applau-
disspnVMais quelle arme ne donnent-ils <
pas par là, au dictateur futur, .s'il doit
venir?
Nous sommes donc hors du droit. Maïs
il est évident que lé ministre s'est placé
lui-même hors la loi. Si un retour de
courage chez certains républicains mo-
dérés restitue ta majorité aux libéraux
qui deviennent maintenant les seuls dé-
fenseurs de la Constitution, le bon sens
indique que le ministère Bourgeois doit
être rendu responsable dé toutes les
conséquences de sa politique, tant à l'in-
térieur qu'à l'extérieur.
Un ministère qui n'a obtenu la majo-
rité à la Chambre que grâce à l'appoint
des révolutionnaires de profession et qui
est en minorité au Sénat, n'a aucune
qualité pour engager le pays surtout dans
les questions internationales. Il apparte-
nait donc au Président de la République
d'agir: il s'y est refusé.
Si M. Faure croit en son étoile, comme
on le prétend, qu'il l'interroge -dans une
des nuits claires de ce rigoureux prin-
temps. Elle lui répondra peut-être que le.
premier magistrat d'un pays doit oublier
ses préoccupations personnelles pour
descendre au fond de sa conscience et
faire son devoir de « brave homme » en
se conformant strictement à la Constitu-
tion, et en abandonnant une politique
n'aboutissant qu'à la haine des classes et
au mépris des institutions républicaines.
Mais l'étoile de M. Faure lui dira-t-ellè
tout cela? Elle devient si petite
.~ôo. i:
A Travers Paris P
M. Sarrien, ministre de l'intérieur
compte appeler à la direction du cabinet
et du personnel, placé Beauvau, M. de
Joly, actuellement préfet de la Creuse, et
qui a déjà été son chef du cabinet au
ministère des postes, et plus tard au
ministère de l'intérieur.
Les toupies hollandaises.
Relevons encore quelques votes recon-
naissants, dans la séance du 26 mars. der-
nier, sur la question de l'impôt sur le
revenu.
M. de Mahy, député de la Réunion, a
dpriné son: vote au cabinet en remercie-
ment de la mesure prise par M. Guieysse,
ministre des colonies, contre M. Danél,.
gouverneur de laRéunion.qui ne retour-
nérâ pas à son poste.
M. Brûnet, également député de la
Réunion, a eu les mêmes raisons que
M. de Mahy de voter en faveur de l'im-
pôt sur le revenu. Lui aussi était en de
mauvais termes avec M. Danel- D'autrè;
part, le ministre des colonies a pousse la
complaisance pour M. Ëruiièt jusqu'à-
nommer son- agent électoral, M..Çprde-
• nby, ancien secrétaire général de la
Réunion, au poste' de directeur à l'inté-
rieur. La voix de. M. Brunet était- ainsi
assurée au cabinet.
M. Auricoste, député de la Lozère, a
été récompensé de son vote par une ex-
cellente perception donnée à son gendre,
M. Dubrèuilh..
M. Tardif, député de la Creuse, a eu
son fils nommé sous-préfet.
N'est-ce point édifiant ? Et cela ne
donne-t-il.pas une haute idée de la re-
présentation nationale ?
Les amis et les admirateurs du poète
Théodore de Banville apprendront cer-
tainement avec plaisir que la statue du
célèbre auteur des Cariatides, des Sta-
lactites,- de Socrate, du Baiser et de tant
d'autres chefs-d'œuvre se dressera le
mois prochain à Moulins, sa ville na-
tale. C'est, du moins, ce qui nous a été
affirmé par M. le, colonel Laussedat,
président du Comité du monument Ban-
ville,
La statue, exposée l'an dernier au Sa-
lon, est l'œuvre du jeune sculpteur Cou-
Ion. Elle représente le poète assis dans
un fauteuil, vêtu de sa robe de chambre
et coiffé du béret noir qui donnait à sa
physionomie si mobile un caractère tout
particulier. Le socle a été dessiné par
M. Baer.
Le monument sera élevé dans le joli
square ombragé de grands arbres qui se
trouve à la sortie de la gare de Moulins.
La cérémonie d'inauguration sera pré-
sidée par un des intimes amis du poète,
soit M. François Coppée, soit M. Armand
Silvestre.
Les adhésions au Tournoi international
d'escrime continuent à affluer au siège
du Comité.
Voici la deuxième liste de concur-
rents
'Fleuret. Amateurs MM. Letaintu-
rier-Fradin (fleuret et sabre) Thesmar,
Davila, et P.. Mauban (fleuret et épée);
Raphaël Mendès, Bélot, Brot, Loura-
dour, Guérin, de Boissière, A. Robert,
Mercey Georges Menu, de Lille. Pro-
fesseurs MM. d'Orchen, L. Jeanvois,
Samiac, Large fils, Chanas, Bourdon,
Georges et Camille Lefèvre, Adolphe
Ruzé, Leconte, Cherbouquet, Lévy (sa-
bre et fleuret), Sabourin.
De Londres MM. J. Leslie, J. Nor-
bury, E. Speed, F. Hicks, amateurs.
De Palerme MM.. L. Bruno, V. Bar-
bera, A. Palizzolo, R. Barbera, baron
C. Martinez, amateurs; baron A. Màl-
vica, C. Alaymo, S. Sodo, professeurs.
De Livourne M. de Palma, profes-
seur (sabre et fleuret).
Epée de combat MM. W. de Blest-
Gana, P. Guillain, A.. Lhermitte, H. Mau-
ban, d'Hausen de Weidesheim, P. Ma-
bire, R. Monestier, F. Chatin, Edmond
Lefèvre.
T 1
M. Clerc, directeur des travaux de la
Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest,
vient d'être nommé administrateur de la
Compagnie par l'assemblée générale des
actionnaires.
M. Clerc a rendu d'éminents services
à la Compagnie, notamment dans les re-
marquables travaux de transformation
de la gare Saint-Lazare, que tous les Pa-
risiens ont suivis avec tant d'intérêt.
Sa nomination est donc une juste ré-
compense. ̃̃̃̃•
Hors Paris
De notre correspondant dé Nice
« La reine d'Angleterre a donné jeudi
soir un dîner, suivi d'une réception. La
salle à manger était artistement dé-
corée et fleurie: 'La table royale était or-
néé de belles gerbes, de rosés piquetées
sur des touffes de violettes. Les convives
de Sa Majesté étaient lord Salisbury,
l'amiral Seymour, le ,marquis et la mar-
quise de Dufferin, le prince Louis de
Battenberg, la princesse Christian, le
prince Joseph de Battenberg, le prince
Christian-Victorde Schleswig-Holstein-éfe-
la princesse Victoria deSchlëswig-Hol-
stein. Après le dîner, plusieurs notabi-
lités de la colonie anglaise ont assisté à
là réception;
» Le roiLéopôld deBelgique doit avoir
la semaine prochaine une entrevue avec
lord Salisbury, en ce moment à Beau-
lieu.' `
» L'impératrice douairière de Russie,
le Tsarévitch, le grand-duc Michel, la
princesse Olga et les autres membres de
la famille impériale actuellement sur le
littoral ont assisté aujourd'hui, à bord
de la Rynda, à un service de vendredi
saint. Demain samedi, on célébrera so-
lennellement la Pâque à bord de la
Rynda et à l'église russe. La Pâque
russe coïncide cette année avec lès fêtes
catholiques. h'
» La princesse Marie-Louise de Bul-
garie et son fils le prince Boris prolon-
geront leur séjour jusqu'à fin avril.
̃ ̃ **# ̃ • •
» L'impératrice douairière d'Allemagne
est attendue prochainement à.Cimiez, où
elle passera quelques jours auprès de sa
mère, la reine Victoria.
» L'aviso anglais SM^pnse,actuellement t
à Villefranche, ira prendre l'impératrice
douairière d'Allemagne à Athènes, où
elle se trouvera bientôt auprès de sa fille,
la princesse royale de, Grèce. »
S. A. I. Mme l'archiduchesse Stépha-
nie, voyageant sous le nom de comtesse
Eppon, vient de s'embarquer à Trieste
sur le vapeur Stéphanie de la Compagnie à
Lloyd. Son Altesse Impériale qui visite
les côtes dalmates et italiennes de l'A-
driatique- poussera unepointe jusqu'en
Grèce. La comtesse Gondrecourt, la
comtesse Palffy, le baron Hauer et, le
docteur Geiger, médecin ordinaire, ac-
compagnent l'archiduchesse dont l'ab-
sènee durer* environ semaines.
Le Père DidOn, qui se trouvé en Grèce
âyêc une vingtaine de .jeunes gens, prê-
chera, le jour de Pâques, à l'église catho-
lique d'Athènes.
.e:
Nouvelles â la Main
Les ministres ont décidé pour le,jour
du vendredi saint de faire une conces-
sion aux sentiments religieux de l'im-
mense majorité du pays: M. Ricard a
fait couper ses côtelettes 1
Au Pôle-Nord, entre patineuses qui
viennent de faire connaissance et jacas-
sent de choses et autres
Avez-vous vu Thermidor?
Oh, moi, jè ne vais jamais au théâ-
tre.
?. ̃ .̃̃-̃
Je suis actrice!
Le Maiqu© de Fer.
ATJ JOUR LE JOUR
LA SEMAINE SAINTE
Si, en France, les pratiques religieuses de la
semaine sainte ont perdu quelque chose avec
le temps, c'est seulement par le côté extérieur
et pittoresque. A- Paris ,mêmè, il est facile de
se rendre compte, en fréquentant lés églises
durant tous ces jours, que les vexations et
l'intolérance des sectaires francs-maçons qui
nous gouvernent n'ont diminué en quoi que ce
soit la foi pure et simple qui remplit l'âme des
populations bien pensantes.
Mais c'est surtout en1 Espagne et en Italie
que l'on peut assister à des démonstrations
populaires célébrantléS: mystères de la Pas-
sion.Dans certaines villes d'Espagne a lieu, le
vendredi saint, la procession des discipli-
nants. Des hommes se promènent par les rues,
ayant sur la tête de grands bonnets pointus
d'où pend un morceau de toile tombant sur le
visage, aux mains des gants blancs et aux
pieds des souliers blancs. Ils se fustigent en
cadence avec des disciplines armées de petites
boules de cité garnies de verres. pointus. Ren-
trés chez eux,- ils se frottent avec des éponges
trempées dans de l'eau salée et vinaigrée,
puis, à minuit, ils font un somptueux repas,
sans doute pour flatter la chair qu'ils ont si
maltraitée..
A Rome, la Passion selon saint Mathieu est
lue en entier le dimanche des Rameaux dans
toutes les églises le mardi saint, on lit l'évan-
gile selon saint Marc; le jeudi, le récit selon
saint Luc, et le vendredi saint, celui selon
saint Jean. C'est un enfant de chœur qui pro-
nonce les paroles adressées à Pierre par
la servante de'Caïphe, et les cris de la foule
lors de la comparution de Jésus au prétoire
sont répétés par toute l'assistance. On voit en
gerine, dans cette suite de scènes dialoguées,
tous les Mystères de la Passion. L'église fut
du reste pendant longtemps l'école, le lieu de
réunion en même temps que le temple. Les
cérémonies religieuses ont été, à l'origine, ac-
compagnées d'un appareil théâtral et de re-
présentations scéniques destinés à frapper les
sens en même temps que l'esprit, et à rendre en
quelque sorte visibles les légendes et les mys-
tères. De même qu'autrefôis'on voyait, à la
Noël, l'enfant Jésus dans une crèche et les
bergers qui venaient l'adorer, de même la
procession des palmes, pour ne parler que de
celle-là, était une représentation de l'entrée de
̃-Jésus à Jérusalem.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 53.61%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 53.61%.
- Collections numériques similaires Donneau de Vizé Jean Donneau de Vizé Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Donneau de Vizé Jean" or dc.contributor adj "Donneau de Vizé Jean")
- Auteurs similaires Donneau de Vizé Jean Donneau de Vizé Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Donneau de Vizé Jean" or dc.contributor adj "Donneau de Vizé Jean")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2836068/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2836068/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2836068/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2836068/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2836068
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2836068
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2836068/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest