Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1895-07-22
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juillet 1895 22 juillet 1895
Description : 1895/07/22 (Numéro 203). 1895/07/22 (Numéro 203).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO LUNDI 22 JUILLET 1895
mieux inspiré, à une parole dont le sens, ou
plutôt l'intention, ne laissait pas d'être énig-
matique.
Evêque et citoyen! Oe sont là deux quali-
tés qu'il peut sembler difficile d'allier ensem-
ble, à quiconque comprend les relations de
1'Eglise et de l'Etat comme -des relations de
guerre ouverte ou sourde et le nombre n'est
que trop grand des ecclésiastiques 'qui les
conçoivent ainsi. Tel n'est pas le cas de l'évo-
que de Beauvais.
11 croit et il l'a expliqué en excellents ter-
mes dans l'allocution même dont il s'agit
̃ qu'il n'est pas nécessaire de « chercher le
triomphe de la religion dans le bouleverse-
ment de l'Etat ». Il croit, en outre, que le
ministère pastoral est un ministère de paix,
de conciliation, de bonne volonté et il de-
mande à son clergé de servir !la Patrie aussi
bien que l'Eglise.
A propos du même discours, le Moni-.
teur universel fait ces réflexions. qui ne
manquent pas d'une certaine justesse
L'esprit de paix, la déférence et la loyauté
/doivent se trouver pareillement du côté
de l'Etat. Il ne semble pas que, dans les cir-
constances présentes, ce soit surtout le clergé
qui ait besoin qu'on lui rappelle ses devoirs.
Aussi est-41 au moins surprenant -que Mgr
Fuzet n'ait paru voir, soit qu'il pariât des
intérêts engagés, soit qu'il 'exposât les devoirs
à remplir, qu'un seul côté de la question
traitée par lui.
**•£ Nous trouvons dans le Journal de
Genève une lettre qui contient une inté-
ressante et savante discussion de la situa-
tion du Conseil de l'ordre de la Légion
d'honneur par rapport à M. Eiffel.
Le correspondant examine la situation
de l'entreprise de Panama après l'annu-
lation de l'arrêt de la Cour d'appel
L'annulation de l'arrêt pour cause de pres-
cription n'entraînait nullement la prescrip-
tion de l'action civile si M. Eiffel détenait
injustement des sommes appartenant à la li-
quidation du Panama, toutes les voies res-
taient ouvertes pour les lui faire restituer,-
Un procès a été, en effet) commencé dans
ce but par M. Lemarquis, mandataire judi-
ciaire des obligataires, qui réclamait une
somme de dix-huit millions. Gomment s'est-il
terminé ? D'une façon bien imprévue pour
les ennemis de M. Eiffel.
Un arrangement définitif, réglant toutes
difficultés, est intervenu, le 16 janvier 1894,
avec le liquidateur de la Compagnie.de Pa-
naina et le mandataire judiciaire des obliga-
taires; Cet a.Tïa.ïigemeïit, «.pptouvè coniormè-
ment à la loi par trois èminents jurisconsultes
désignés par le Tribunal, a été homologué le
11 mai 1894 par le Tribunal civil, qui l'a dé-
claré avantageux pour la Compagnie de Pa-
nama.
Or, par cet arrangement, bien loin que M.
Eiffel ait à opérer une restitution, «'est au
contraire la liquidation qui paye à M. Eiffel
plus de sept millions qu'elle lui devait, aves
tous les intérêts- de retard. M. Eiffel de son
côté, maintient l'oSre faite par lui, avant
tout procès, de souscrire dix millions dans
une nouvelle société d'achèvement du canal.
Des tierces oppositions qui s'étaient manifes-
tées ont été écartées, et leurs auteurs condam-
nés à l'amende.
En résumé, M. Eiffel a souscrit à la Société
d'achèvement et dans les conditions ordi-
naires'du public, dix millions, dont cinq sont
déjà versés il a reçu de la liquidation sept
millions environ par cette double opération,
tous comptes sont définitivement réglés sans
recours ni appel.
Cela ne prouve-t-il pas à l'évidence que
l'arrêt de la Cour de Paris était aussi peu
fondé dans le fond que dans la forme 't
Comment tout cela n'a-t-il pas été rappelé
à la Chambre des députés, qui s'est emballée
sans connaître les faits 'i
Un petit journal d'Angoulême en-
registre un incident des plus suggestifs
qui s'est produit au tribunal de Confo-
lens
A Confolens, dit notre .confrère,, ce n'est an.
mystère pour personne que M. le président
Thiébault, ancien procureur de la Républi-
que, a été nommé sur la recommandation
pressante de M. Bahaud-Lacroze, député, et
malgré les vives résistances, les légitimes
resistances.de la chancellerie. Ce point acquis,
voyons ce qui s'est passé à la stupéfaction
générale, à l'une des dernières audiences de
Confolens
.M. le docteur Louvel-Dulongpré, médecin
à Cellefrouin, poursuivait en diffamation un
sieur Chéri CaiUier, bourrelier, demeurant à
Beaulieu. Qui avait raison? Qui avait tort? 'l
N'importe et je ne le veux pas savoir.
Caîllier, qui est un électeur de M. Babaud-
Lacroze, s'empressa d'aller trouver M.Ae dé-
puté, sachant comme tout le monde qu'il est
au mieux avec le président du tribunal et
peut-être même avec les autres magistrats, et
lui demanda de faire une démarche en sa fa-
veur auprès du tribunal.
M. Babaud-Lacroze promit de faire cette
démarche. et s'exécuta.
A l'audience, le défenseur de Caillier, Me
Goizet qui me paraît être un maître gaf-
feur fit un portrait des plus flattés de son
Feuilleton du FIGARO du 2 2 Juillet 1895
.13 1
LA
GALILÉE
VI
»- Suite `
Maintenant nous sommes fout en bas,
cheminant entre les immenses maréca-
ges où des vases dangereuses dor-
ment sous les roseaux et la chaîne
occidentale des montagnes, qui répand
sur ce pays une ombre déjà crépuscu-
laire. Le soleil doit être couché; la lu-
mière baisse, baisse, et une buée presque
froide sort du sol avec une senteur de
fièvre. Nous pressons nos chevaux déjà
fatigués et qui s'épuisent sur ce terrain
mou. Comment trouverons-nous nos
tentes, quand la nuit sera tout à. fait
tombée?
Toujours nous croisons des Bédouins,*
armés de fusils et de lances, qui nous
-disent bonsoir, et des grandes Bédouines
à peine voilées, qui noys jettent un regard
fuyant et sauvage. Nous leur deman-
dons souvent cet Aïn-Mellaha, iaû notre
campement doit nous attendre. Oh I
répondent-ils, avec un lent geste etun
sourire de demi-ironie, là-bas, là-bas,
très loin encore! » Vraiment, nousi
nous sommes mis en route trop tard.
-lies tentes, les battues deviennent diffi-
ciles à suivre, presque invisibles, et en
les quittant nous risquons de tomber
dans les flaques d'eau, dans les ruis-
seaux dont la région est partout entre-
coupée^
C'est presque la nuit déjà, les premiè-
res étoiles s'allument. Notre guide, très
troublé, ne se retrouve plus. Tantôt nous
sommes dans les fenouils qui se recon-
naissent à leur senteur, tantôt au milieu
de champs d'orge, devinés'surtout au
Reproduction interdite. v )
client, le couvrit naturellement de fleurs, ce
qui est de tradition, et après avoir produit un J
certificat élogieux émané du maire et des I
conseillers municipaux de Beaulieu, crut de-
voir ajouter que « le tribunal avait en mains
une recommandation du député de l'arron-
dissemem qui assurait M. Caillier de toute
sa sympathie. »
C'était déjà joli! Ce n'était pas tout, ce-
pendant.
Me Daigueplats, avocat de M. le docteur
Dulongpré, se leva et annonça au tribunal
ébahi que son client avait aussi en mains
une lettre de M. Babaud-Lacroze rassurant
que toutes ses'sympathies étaient pour lui
dans son procès contre CaiUieir!
Voilà un député qui sait ménager la
chèvre et le chou 1 Mais l'incident n'est
pas fait, non plus, pour rehausser beau-
coup le prestige des magistrats de Con-
folens.
^^La collection déjà si riche des chi-
noiseries administratives se grossit tous
les jours d'une pièce nouvelle. Celle que
produit le Journal des Débats ne laisse
pas que d'être assez caractéristique
c'est une des meilleures du genre. Qu'on
en juge:
Un chapelier de Paris Teçoit, il y a quel-
que temps, sommation du commissaire de
police d'avoir à soumettre à la vérification un
mètre ou des balances. Etonnemerit du négo-
ciant, qui répond qu'il est établi depuis qua-
torze ans, qu'on ne l'a jamais soumis à cette
obligation et que, d'ailleurs, il ne possède ni
mètre ni balances, les chapeaux ne se ven-
dant ni au poids ni au mètre.
Cependant, désireux de prouver sa bonne
volonté et son respect pour les décisions de
l'autorité, le chapelier achète un mètre et le
fait porter par un de ses employés au bureau
du commissaire-vérificateur des poids et me-
sures. Celui-ci poinçonne l'objet, mais refuse
de percevoir la somme de 12 centimes exigée
pour cette opération. Un mois après, notre
chapelier reçoit avis d'avoir à verser cette
somme de 12 centimes à une caisse désignée;
cette invitation est suivie d'un second avis,
cette fois avec menaces de poursuites. La vic-
time s'exécuta.
L'année suivante, le propriétaire du métré
reçut un avis d'avoir à -faire repoïhçonner
son instrument. Il trouva que c'était déran-
ger bien. souvent un contribuable pour une
chose inutile et il s'en fut trouver son com-
missaire de police pour lui demander de
faire cesser cette petite persécution. Le ma-
gistrat lui répondit gravement « Faites une
demande au prèSet de jaoîieB, qui instruira
l'affaire et me la renverra par avis. » Les
choses en sont là et elles ne paraissent pas
devoir s'arranger de sitôt.
Ce qu'il y a d'amusant dans -tout cela,
c'est que, s'il prenait fantaisie au chape-
lier en question d'aller contrôler les di-
mensions de son mètre au ministère de
la justice sur l'étalon fixé dans la mu-
raille, à la disposition du public, il cons-
taterait qu'il n'y a pas concordance. En
effet, le mètre du ministère de la justice
n'est pas d'accord avec l'étalon officiel
du Conservatoire des arts et métiers.
Auquel se fier? Au second évidemment.
Alors, pourquoi laisse-t-on subsister le
premier? 2
Le Liseur.
Nouvelles Diverses
X, ASSASSINAT DE « LA BROCANTE »
« La Brocante»! tel est le sobriquet sous
lequel est plus particulièrement connue la
veuve Bertin, dans le quartier du Lac-Saint-
Fargeau, l'un des plus populeux de Paris.
La veuve Bertin, qui est âgée de soixante-
deux ans, exerçait le métier de brocanteuse,
9, rue Gompans. Très défiante, ne recevant
que de rares visites, elle s'empressait de fer-
mer sa boutique dès que la nuit était venue.
Ses deux enfants, un garçon et une Mlle,. ha-
bitent' l'un à Paris, l'autre à Saint-Denis où
elle est la lemme d'un marchand de chiffons
en gros. Sonplus grand bonheur était, les vo-
lets posés, de se retirer dans son arrière-bou-
que où elle retrouvait trois chiens recueillis
dans la rue, un chat et un lapin. Elle « cau-
sait» longuement avec ses amis, puis se cou-
chait. Et ainsi de tous les jours. Jamais on ne
l'avait vue traiter une affaire, le gaz allumé.
Elle avait aussi un autre ami, la. pauvre
vieille un balayeur nommé Renac, avec le-
quel elle faisait volontiers la causette le
matin.
Hier, Renac s'étonna de voir le bec de
cane sur la porte et de ne pas apercevoir sa
a connaissance », comme il l'appelait.
Tiens 1 pensa-t-il, elle sera allée voir sa
fille à Saint-Denis.
Cependant, une inquiétude l'avait pris.Elle
n'avait pas l'habitude d'enlever les volets
quand, ce qui lui arrivait rarement, elle
s'absentait. Bien sûr, il lui était arrivé un
malheur.
Le brave homme fit part de ses craintes
à un gardien de la paix. Tous les deux s'ap-
prochèrent et cherchèrent à voir dans l'inté-
rieur de la outique, à travers les vitres.Mais
frôlement des épis. Sur notre droite, le
cours présumé du Jourdain s'indique
encore, dans l'ombreux fouillis des joncs
et des papyrus, par une sorte de nuée
blanche qu'il exhale et qui plane au-des-
sus comme des flocons de ouate.
Nous avions espéré que les feux de nos
gens nous révéleraient de loin nos tentes,
mais d'autres feux s'allument partout,
des centaines de feux sur lesquels nous
n'avions pas compté; ils brillent dans,
tous les lointains de ce pays vert, peuplé,;
si mystérieusement-, ils nous donne-
raient l'illusion des lumières d'une
.grande ville, si nous ne savions que ce
sont de simples flambées de branches
devant d'inhospitalières tentes noires.
Le pullulement de la vie bédouine nous
entoure de plus en plus dans l'obscurité.
Au concert des grenouilles, commencé.
de tous côtés à Ja fois, se mêlent des
aboiements de chiens, des appels de ber-
gers, des clameurs lointaines qui son-
nent étrange, et toujours le petit turlu-
tutu moqueur des flûtes de roseau,
étouffé, dirait-on, sous l'épaisseur des
herbages.
Nuit close maintenant, et, ne sachant
plus que faire, nous nous arrêtons.
C'est au milieu d'herbes infiniment
légères qui arrivent à la hauteur de nos
têtes, mais qui sont très clairsemées,
permettant de vaguement 'distinguer les
choses proches. Çà et 4a, autour de'
nous, il y a des masses noires, de con-
tours imprécis, qui doivent être des
bœufs, et même on entend leur tran-
quille broutement nocturne. Et voici des
formes humaines aussi, qui surgissent
en «silence autour de nous, silhouettes
bédouines à larges couronnes et à lon-
gues oreilles de chèvre, remuant leurs
draperies dans l'espèce de brouillard que
font toutes ces ^tiges si hautes; l'un
d'eux tout à coup prélude sur son chalu-
meau, petite musique qui est discrète
comme une- voix d'insecte, mais que
nous n'attendions pas si près de notre
oreille, et les autres alors, légers, sans
bruit, sautent en mesure, frôlant les
herbages d'une danse de fantômes.
A nos esprits que la fatigue endort, il
donnent l'impression de ces moustiques
qui s'assemblent le soir, pour des rondes,
dans le voisinage des eaux.'
Ils nous ont vus, les bergers danseurs,
et il s'approchent pour nous interroger;
ils nous cernent, s'appuyant familière-
ils ne purent rien voir, la couche de pous-
sière qui les recouvrait était trop épaisse.
Entrons I dit l'agent. 's
Un sanglant spectacle les attendait.
Couchée sur le dos, les vêtements en lam-
beaux, les- cheveux dénoués, la figure cou.
verte d'un masque de sang, « La Brocante »
gisait sans connaissance sur un tas de chif-
fons.
Oh! oh! oh! gémit le cantonnier que
l'émotion étranglait.
Et il courut prévenir M. Amat, commis-
saire de police, pendant que l'agent restait à
la garde de la victime.
Quelques instants plus tard, le magistrat
arriva, accompagné de son personnel et du
docteur Albert. '>
Pendant que M. Amat, procédant à un exa-
men minutieux des lieux, trouvait dans l'ar-
rière-boutique, près d'un fauteuil bas, dit
crapaud, dont l'étoffe crevassée en maints
endroits était inondée de sang, l'arme, une
hachette avec laquelle la pauvre femme avait
été frappée, le docteur constatait que la bro-
canteuse avait reçu sur le crâne, derrière la
tête, à la tempe gauche et sur le cou douze
blessures profondes de plusieurs centimètres.
Le médecin releva encore, sur le bras droit,
deux blessures, la première allant du coude
à la paume de la main, la seconde à la partie
grasse du biceps.
On demanda par téléphone une voiture des
Ambulances urbaines et la victime fut trans-
portée, toujours sans connaissance, à l'hô-
pital Tenon, où elle a été placée salle Ri-
chard-Wallace.
L'enquête n'a donné encore aucun résultat
appréciable et pouvant laisser espérer que
l'assassin serait promptement découvert. Les
voisins n'ont pu fournir aucune indication
utile, ni sur l'neure du crime ni sur celui ou
ceux qui l'ont commis.
Tout ce que l'on a pu savoir, c'est que deux
individus ayant les allures d'ouvriers plom-
biers avaient été vus, hier matin à huit
heures, sortant de la boutique de la mère La
Brocante.
Une fillette de huit ans, Emilienne Souliére,
a déclaré qu'à neuf heures et demie, elle avait
vu sortir de la boutique un individu mal
vêtu, portant un gilet de chasse marron,
chaussé d'espadrilles et coiffé d'un béret bleu.
Enfin, une autre personne a dit avoir aperçu,
vers la même heure, un homme courant dans
la direction de la rue de Belleville. Il était
vêtu d'une blouse noire.
En réalité on n'a découvert aucun indice
certain et tout ce qu'on peut affermer c'est que
les chiens, n'ayant pas aboyé, devaient con-
naître l'assassin.
La veuve Bertin laissait rarement entrer
les acheteurs ou les vendeurs dans sa bouti-
que; olle négociait et aoncluait ses affaires
sur le pas de sa porte, et, contrairement à ce
que l'on croit dans son quartier, elle n'est
pas dans une situation très prospère, attendu
qu'elle allait être expulsée de son local pmzr
n'avoir pas payé le dernier terme. Toutefois
elle est propriétaire de terrains dans le ving-
tième arrondissement. Son fils, qui travaille
aux Halles, a été entendu par les magistrats
et il a déclaré qu'il croyait que sa mère avait
de l'argent.
M. Lépine, préfet de police, s'est rendu hier
à l'hôpital Tenon où il a causé quelques ins-
tants avec la veuve Bertin.
« La Brocante a a déclaré au préfet que
samedi soir, vers neuf heures, un individu,
paraissant âgé d'une.trentaine d'années, vêtu
d'une blouse noire, et qu'elle connaissait
pour lui avoir vendu divers objets à trois ou
quatre reprises différentes, était venu la
trpuver pour lui acheter une lampe d'occa-
sion. Elle lui avait dit de revenir le lende-
main, c'est-à-dire hier dimanche, ne voulant
rien vendre à cette heure tardive. L'individu
était revenu hier matin, un peu avant neuf
heures, lui avait dit bonjour et avait ajouté
« Je vais revenir, je vais me faire couper les
» cheveux. Il était, en effet, revenu quel-
ques instants après, sanss'être fait couper
les cheveux, et était entré dans la boutique
pour réclamer sa lampe. Mme Bertin était
allée au fond du magasin, avait dû monter
sur le fauteuil pour atteindre la lampe. l'en-
dant qu'elle levait les bras en l'air, elle
avait reçu un formidable coup sur la tête.
A. partir de ce moment, ajouta la pau.-
vtg iri&LlJe, }& jïg &aia plus ce j^ui s'est pusse.
Je me suis évanouie.
'Voilà tout ce qu'on sait actuellement sur
ce crime qui a causé une si grande émotion
dans le quartier où il s'est produit.
Il faut espérer que la police de Sûreté
ne tardera pas à mettre la main sur l'assas-
sin de « La Brocante » et que ce crime ne
restera pas impuni comme celui dont a été
victime, il y a quelques années, un brocan-
teur habitant dans les mêmes parages.
Dans la soirée, l'état de la victime, qui, au
début, paraissait désespéré, s'était sensible-
ment amélioré. Les médecins qui la soignent
ont bon espoir de la sauver.
i-t*
UN MYSTÉRIEUX SUICIDÉ
Le Parquet de Versailles s'occupe en ce
moment d'une affaire assez mystérieuse.
Il y a trois jours, un jeune homme, parais-
sant âgé de vingt-cinq ans environ, était
trouvé mort au Chesnay, prés de Versailles,
par le garde champêtre de cette commune. Il
avait un couteau profondément enfoncé dans
la poitrine.
Le procureur de la République de Ver-
sailles, accompagné d'un juge d'instruction
ment sur nos chevaux, leurs bras nus
posés surnos genoux. '1
« Aïn-Mel Jaha disent-ils, oh c'est
presque à une heure de marche encore,
et la nuit va être bien, noire. •̃» L'un d'eux, ci
qui se nomme Mohammed-Lassem, finit
par se décider à nous y conduire, pour/
un medjidieh (cinq francs turcs) payé
d'avance.
La pièce donnée, il demande le temps •
d'allerjusque sous sa tente, prendre ses:
armes en prévision du retour solitaire, |
et tous disparaissent, envolés comme des
mouches dé nuit. Il
Des minutes passent, un peu anxieu-
ses. Puis, notre guide commence à ap-
peler « Ho Mohammed-Lassem I Ho 1 »
Rien ne répond. Nous nous croyons
joués et abandonnés, lorsque soudain î
un petit « Ho! » quasi moqueur 13 'entend
dans les herbes les plus proches, et nous
voyons se dessiner en noir la tête coiffée:
d'oreilles de bête, le canon du mince
fusil de Mohammed-Lassem par plaisan-
terie ou par dédain, il n'avait pas pris la
peine de répondre plus tôt mais il ar-
rive, il est homme de parole comme
tous les Bédouins de toutes les Bédoui-
neries,
En route donc, à sa suite.
Sans lui, comment aurions-nous fait?
Le sentier est tout ce qu'il y a de plus
difficile; partout se présentent des gués
qu'il faut connaître,et nos chevauxdu
reste les franchissent en tâtant avec un
instinct merveilleux sur des pierres qui
branlent, au milieu de vases sournoises
et profondes, pendant que de grandes
herbes nous fouettent au passage.
Les montagnes à notre gauche se dé-
coupent intensément noires sur le ciel
étoile, et d'innombrables feux continuent
de briller dans les roseaux de la plaine.
On entend la confuse clameur de milliers
d'êtres les hommes, les chiens, les oi-
seaux de marais, les grenouilles, les
chacals donnent tous de la voix dans la
nuit et on a le sentiment d'une vie im-
mense autour de soi, mais d'une vie pri-
mitive, infiniment lointaine dans l'échelle
des progressions presque lacustre.
Enfin nous sommes arrêtés à Aïn-Mel-
laha, qui est un point marqué par une
fontaine jaillissante et par de l'eau épan-
due de tous les côtés sous les pieds de
nos chevaux. Mais aucune tente n'y ap-
jparaît et, comme tout à l'heure, notre,
et d'un médecin, se rendit à l'endroit où gi-
sait le cadavre. Tout d'abord on crut un
assassinat, mais l'autopsie pratiquée par le
docteur légiste a démontré que ce jeune
homme s était volontairement donné la
mort.
Ce premier point avait été facilement élu-
cidé. Il n'en fut pas de même en ce qui con-
cerne l'identité du défunt.
Le suicidé était de taille élevée, de forte
corpulence et ses vêtements avaient une
coupe élégante. Il était vêtu d'une jaquette
et ô/un gilet en cheviotte noire, d'un panta-
lon en flanelle blanche à rayures beige; il
avait aux pieds des souliers en cuir jauné.On
a ramassé près de lui un -chapeau de paille
à la dernière mode. Il avait un monocle en
verre neutre, suspendu au cou par un ruban
de soie. On a trouvé dans ses poches un étui
sans marque, contenant un fume-cigarette
neuf, un londrès et un petit bouquet d'oeillets
blancs entourés d'un papier d'argent.
Le pauvre garçon tenait à ce que son in-
dividualité ne fût pas connue, car il avait
pris la précaution d'enlever la coiffe de son
chapeau, coiffe qui devait porter la marque
du chapelier, et les boutons de son pantalon
sur lesquels devait se trouver l'adresse du
tailleur. Quant à la chemise empesée, en
toile blanche, elle n'était pas marquée. Seule
une des chaussettes portait les initiales
G.D.
Avec le chapeau, on a trouvé, près du cada-
vre, une canne à pomme d'argent, sans
chiffre.
Quant au couteau, on a relevé sur la lame,
longue de 12 centimètres, cette marque:
A. Halline, et, au-dessous: Eskisluna; Ce
couteau 'bien en main rentre, au moyen d'un
ressort, dans un gros manche rond en bois,
terminé par un anneau qui permet de le fixer
à la bretelle par une chaînette.
Toutes les recherches'faites par la police de
Versailles pour découvrir l'identité du défunt
n'ont pas encore donné de résultat.
1
Nous ajons dit, ces jours derniers, qu'on
avait retiié du canal Saint-Denis les cada-
vres d'un jeune homme et d'une jeune fille
liés ensemble au moyen d'un lien en tresse
blanche. Leur identité vient d'être établie.
Le jeune homme s'appelait Placide Bergeon,
demeurant à Trilport (Seine-et-Marne). La
jeune fille se-nommait Augustine Bien. Elle
habitait avec sa famille à Meaux.
Les jeûnes gens s'aimaient et avaient pro-
jeté de se; marier ensemble. Mais les parents
s'opposèrent au mariage. Ils vinrent alors à
Paris, le mois dernier. A bout de ressources,
ne trouvant ni l'un ni l'autre à s'occuper, ils
résolurent de se tuer..
Les corps ont été réclamés par les familles.
»-•
Conseil aux retardataires.
Profitez des derniers jours qui précèdent le
départ pour aller faire votre commande chez
Crémieux.
Rien de plus avantageux, pour grandes
personnes comme pour jeunes gens, que le
complet à 45 francs fait sur mesure, en che-
viotte ou serge pure laine toutes nuances.
C'est un prix exceptionnel de .fin de saison,
dont on peut encore profiter, 97, rue Richelieu,
en se' hâtant un peu.
'̃» | «
Une jeune domestique, Louise Navalet, pas-
sant, hier matin, rue de Buci, avait laissé
tomber son porte-monnaie contenant une
centaine de francs. Quand elle s'en aperçut,
elle revint sur ses pas, mais ne le trouva
pas. Un individu, lui dit une commerçante,
l'avait ramassé et s'était ensuite rapidement
éloigné. La pauvre fille n'avait qu'à se rési-
gner. Mais le hasard vint à son aide.
Dans l'après-midi, l'individu commit l'im-
prudence de revenir rue de Buci. La com-
merçante le reconnut et le signala à deux
gardiens de la paix qui le conduisirent chez
M. Péchard, commissaire de police, auquel il
avoua le vol qu'il avait commis dans la ma-
tinée. Mais il ajouta qu'il ne lui restait rien
des cent francs que renfermait le porte-
monnaie.
Une perquisition faite chez lui, rue Gré-
goire-de-Tours, amena la découverte d'une
grande quantité de livres rares, de missels
et d'eaux-fortes ayant une très grande va-
leur. Livres, missels et eaux-fortes avaient
'été volés par l'inculpé chez différents librai-
res où il avait été employé conune homme de
peine..
M. Péchard l'a envoyé au Dépôt.
Jean de Paris.
Mémento. Le nommé JSug-éne Boës, âgé de
trente-deux ans, qui avait été arrête le 14 juin
dernier sous inculpation d'escroquerie, a passé,
avant-hier, devant la 10e chambre correction-
nelle. Il a été acquitté et rendu aussitôt à la
liberté.
Ne partez pas sans chap eaux Léon, r. Daunou.
Sous-bras Kallista, garantis gomme anglaise.
Exposition chapeaux jardin et bains de mer,
Maison Nouvelle, 1, rue de la Paix. Envoi franco.
Le feu s'est déclaré, avant-hier soir, chez
M. Louis Favel, rue Visconti. Eteint après une
demi-heure de travail. Dégâts importants.
J. de P.
PETITE GAZETTE
Paingrillé Jacquet, 92, rue Richelieu, Paris.
Faites flamboyer vos vaux à l'ombre de cils
et de sourcilsépaissis, brunis par la Sève sour-
cilière. Parf. Ninon, 31, rue du 4-Septembre-
guide lance de longs appels « Hol
Nagib Ho 1. Ho l Selim Ho 1. » '1
Nagib, Selim, etc., ce sont nos gens.
De très loin, ils finissent pas répondre.
Ils dormaient \à-bas, tort insouciants,
dans un lieu àpeu près sec qu'ils avaient
choisi pour camper. Ne nous ayant pas
vus poindre au crépuscule, ils ne nous
attendaient plus.
Et nous nous endormons lourdement
nous aussi, dans la blanche buée du
Jourdain, sous nos tentes envahies par
les rainettes vertes, les libellules et les
sauterelles, tandis que le grand spectacle
silencieux du lever de la lune commence
sur les marécages.
.a vu
Lundi 23 avril.
Au matin, le soleil se lève pour nous
seuls, rose et splendide sur un désert de
roseaux endormis avec le sentiment de
ces milliers d'hommes à couronnes noi-
res, qui s'agitaient dans nos alentours,
nous sommes surpris de nous éveiller
au milieu d'une mer d'herbages qui
paraît vierge comme au commencement
du monde toutes ces tentes bédouines,
que leurs feux trahissaient dans l'obscu-
rité, semblent s'être évanouies au plein
jour, cachées qu'elles sont à présent sous
les joncs et les fenouils, redevenues aussi
négligeables que les nids des insectes ou
des oiseaux. Il y a de grands étangs
tout couverts de nénuphars,. des régions
de fleurs jaunes, comme des marbrures
d'or sur le vert des plaines, et de longs
rideaux de papyrus dont on voit trem-
bler au vent les aigrettes légères. La vie
humaine se dissimule et se tait, tandis
que des cavales libres, galopant avec
leurs petits, s'amusent à tourner autour
de nos chevaux entravés, qui hennis-
sent et se cabrent. C'est la plénitude et
l'ivresse des matins sauvages, sur une
terre aux fécondités inépuisables; quel-
que chose commedevaientêtre, auxprin-
temps préhistoriques, les levers du so-
leil sur les marais quaternaires.
Nous cheminons deux ou trois heures
dans des terres grasses, au pied des
montagnes occidentales de la vallée du
Jourdain, le long des plaines de vase, le
long des étangs voilés de hautes herbes
où Te fleuve se perd. Et deux fois nous
sommes en détresse, nos chevaux enfon-
çant dans la boue jusqu'au poitrail.
Quelques arbres, presque les premiers
LES LIQUEURS
Les médecins les plus rigoristes sont
unanimes à reconnaître qu'un verre de
liqueur après les repas ne constitue pas
un de ces abus dont la, santé puisse
souffrir. Encore ferait-on bien de choisir
sa liqueur et d'éviter avec soin ces pré-
parations qui, d'autant plus contrefaites
qu'elles sont plus célèbres, ne sont trop
souvent qu'un assemblage de substances
toxiques.
Si les gourmets étaient en même temps
des hygiénistes, ils s'en tiendraient à
l'usage de l'Elixirde Virginie. Excellente
liqueur de table pour tout le monde,
stomachique, digestive et absolument
inoffensive, l'Elixir de Virginie repré-
sente en outre pour les vieillards, pour
les hémorroïdaires, pour les variqueux,
pour les femmes arrivant à l'âge cri-
tique, le plus efficace des dépuratifs. Il
rajeunit le sang et fortifie la paroi de
vaisseaux. Combien de malades lui on t
demandé la guérison combien de gens
bien portants lui doivent la conservation
de leur bonne santé 1 Moride, 2, rue de
la Tacherie, Paris. Envoi franco de la
brochure explicative.
INFORMATIONS
Prix de fiome. ̃>- Pour une fois, le sujet
imposé aux logistes du prix de Rome, en
peinture, est un sujet d'expression profon-
dément humaine. Aussi la moyenne du con-
cours est-elle meilleure que de coutume.
Le danger qui pouvait s'offrir aux concur-
rents, en raison même du sujet, c'est que
des peintres de génie, de tous les temps
et de toutes les écoles, ont représenté, en
des chefs-d'œuvre, cette scène du Nouveau
Testament où le Christ descendu de la croix
est pleuré par les saintes femmes. Mais il ne
faut pas oublier que ceux qui concourent pour
Rome sont encore des élèves on ne peut
exiger d'eux ni génie, ni absolue indépen-
dance d'originalité, et si parfois une réminis-
cence se glisse sous leur pinceau, cela ne doit
prouver qu'une chose, c'est qu'ils ont de
l'étude et peut-être de la modestie. Ceci dit,
passons aux compositions.
L'une nous parait particulièrement heureu-
se, avec ce je ne sais quoi qui ne s'acquiert
pas à l'école c'est celle de M. Laparra. La
scène est terrible; c'est le dernier stade hu-
main de cette vie qui- va se confondre dans
la divinité: le Christ, la figure horriblement
déchirée, est soutenu, raidi, par sa mère
qui l'étreint et semble le défendre d'un geste
puissant de possession. Derrière eux, des
ligures cachées par des draperies ramenées
sur la tête en signe de deuil ont des sanglots
de douleur et des bras levés qui traduisent
cette douleur. Dans le site désolé, que le jour
qui se lève éclaire de pâleur, on aperçoit aux
gibets les jambes tuméfiées et crispées des
deux larrons. Il y a dans cette œuvre des
morceaux de premier ordre et un véritable
élan vers le grand art.
M. Rouault, dans la manière de couleur de
M. G. Moreau, son maître, a fait un joli ta-
bleau où la grâce n'exclut pas l'émotion, où
la coquetterie des fines étoffes aux broderies
émaillées de gemmes ne nuit pas au senti-
ment de la vie.
M. Charbonneau et M. Jules Bcsson sont
assez dans la donnée de l'Ecole. Le premier,
procédant do M. Bonnat, par grandes masses
sombres au milieu desquelles surgit une écla-
tante lumière, a de la science et de l'adresse
dans son dessin et son groupement des figures.
M. Besson se rapproche davantage de la tra-
dition classique de la Renaissance. La vieille
mère en bleu, agenouillée.dont les pleurs sont
taris, est d'une belle évocation des Vierges
d'autrefois.
Enfin, ce qui prouve que le concours est
bon, c'«st que l'on peut encore trouver d'ap-
préciables morceaux dans les œuvres des au-
tres logistes, MM. Lauréns Guinier, Larrée,
Moulin, Roger et Gibert.
Le jugement sera rendu aujourd'hui.
Réunion plébiscitaire. Il y a eu hier, bou-
levard Sébastopol, sous la présidence du
comte de Gramont, président de la confé-
rence Molé, un punch en commémoration du
33e anniversaire de la naissance du prince
V. Napoléon.
Après un discours chaleureux du comte de
Gramont, M. Gustave Cunéo d'Ornano, dé-
puté, a pris la parole il a fait appel à
l'union entre. tous les fidèles de l'idée plébis-
citaire napoléonienne et, au milieu des ap-
plaudissements unanimes, un ordre du jour
a été voté pour envoyer au « prince Napo-
léon, champion de la cause nationale, les
voeux des assistants et l'expression de leur
inaltérable fidélité ».
m DICTA'tlt_t DE BICYCLISTES
Le monde cycliste est en émoi; en voici les
causes.
Sachez qu'il existe dans notre pays une Fé-
dération formidable qui porte le nom d'Union
vélouipédique de France et qui ne compte
depuis notre départ de Jérusalem, com-
mencent à paraître sur notre route. Il y i
a çà et là, tout au bord des eaux, des ]
groupes d'habitations de pêcheurs no-
mades, qui sont construites en claies de
joncs et qui semblent tout à fait de petits
villages lacustres. Il y a aussi des cam-
pements noirs, au milieu desquels des
lances fichées en terre indiquent la tente
du cheick. Et les troupeaux de buttes,
rares au commencement de l'étape, de-
viennent fréquents, puis innombrables,
En avant de nous, là-bas, toujours res-
plendit le « grand cheick de neige »,
THermon au manteau blanc, vers lequel
nous marchons depuis déjà plus de deux
journées.
Quand nous avons dépassé ce lac de
Houleh, que Josué appelle la mer Me-
rom,les marécages cessent; le Jourdain,
dégagé des eaux stagnantes, précise son
cours entre des rideaux de papyrus, de
peupliers et de trembles. Nous entrons
vraiment dans une région d'arbres dans
une région de pierres surtout,de grosses
pierres basaltiques grises, qui sortent
par centaines des-herbages, pareilles aux
bufles et se confondant avec eux.
Ils relèvent leurs lourds museaux
plongés dans les foins, tous ces bufles,
pour nous regarder passer, et sur cha-
que bloc de basalte un énorme lézard,
posé comme une figurine sur un presse-
papier, nous salue de son continuel ho-
chement de tête. De temps à autre aussi,
quelque chacal, en maraude de jour, se
hâte à notre approche de regagner la
montagne, marchant tout aplati, retour-
nant vers nous son nez pointu pour s'as-
surer que nous ne le suivons pas.
Sur un vieux pont sarrazin, usé par le
passage des caravanes d'autrefois, percé,
ajouré, crevé, nous franchissons le fleuve
bruissant, au milieu d'un fouillis de lau-
riers-roses et de papyrus.,
Et notre halte méridienne est dans un
site exquis, où s'élevait jadis la très anti-
que ville de Lesem, colonie de Sidon où
plus tard des guerriers d'Israël (Josué,
XIX, 47 Juges XVIII, 2 à 30), ayant
passé au fil de l'épée les Lesemites, bâti-
rent une nouvelle ville qui prit le nom
du patriarche Dan, leur ancêtre.
Sur un monticule, parmi des chardons 1
et des broussailles d'épines, gisent par
monceaux des blocs de basalte qui, re-
gardés'de près, montrent encore des for-
mes taillées; c'est lâ ce qui reste de la
pas moins de 25,000 membres. Cette Fédéra-
tion, qui s'étend sur le territoire français tout
entier et qui a même des ramifications a.
l'étranger, est gouvernée par un président.M.
d'Iriart d'Etchepare, avocat, et par un Comité
directeur, dont les pouvoirs sont très étendus.
C'est un Président de la République, quoi! et
la Chambre des députés.
A côté du Comité directeur existe un autra
Comité qui porte le nom de Commission spor-
tive, composée d'importantes personnalités
cyclistes et chargée de fonctions non moins
importantes, les questions de sport tenant
la plus large place dans l'Union vélocipêdi-
que de France.
Ces trois pouvoirs sont nommés par aa
Congrès annuel composé des délégués élus
par les 25,000 membres.
Pendant longtemps la paix régna dans ce
petit univers roulant. Mais voici que tout à
coup un conflit éclata entre les deux Comi-
tés le Comité directeur d'une part, le Comité
sportif de l'autre conflit provenant d'une
question d'attributions.
La Commission sportive, à. la suite d'une
décision prise par le Comité directeur, dé-
clara que ce dernier avait outrepassé ses
pouvoirs.Messieurs les directeurs ayant main-
tenu leur décision, messieurs les sportifs dé-
missionnèrent en masse.
L'intervention du président devenait néces-
saire. On eut recours à lui. La crise fut con-
jurée.
Mais les esprits étaient surchauffés. Nou-
veau conflit entre les deux assemblées, nou-
velle démission en masse, démission d'autant
plus grave que messieurs les sportifs lan-
çaient les accusations les plus effrayante!}
contre messieurs les directeurs.
Sur ces entrefaites un coup d'Etat,qui était
à craindre, a été accompli 1
Le président de l'Union, intervenant, a
convoqué un Congrès extraordinaire, qui
s'est tenu, il y a huit jours, au Grand-Orient;,
à Paris. Ce Congrès a renversé tous les pou-
voirs et proclamé M. d'Iriart d'Etchepare dic-
tateur. C'est comme je vous le dis.
Le dictateur alors nomme une Commission.
chargée d'assurer la a marche des affaires »..
Mais l'ancien Comité directeur, chassé hon-
teusement, se refuse alors à partir. Il tient
une assemblée secrète et rédige un mani-
feste adressé aux vingt-cinq mille de l'Union,
manifeste dans lequel il proclame le Congrès
illégal et met le dictateur hors le loi. Quant
au siège de l'Union, situé rue Saint-Ferdi-
nand, à Paris, comme qui dirait le Palais-
Bourbon cycliste, qu'on vienne s'en emparer.
si on l'ose i
La crise en est là.
Edouard de Perrodil.
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55 ANNEES DE SUCCES 58 RECOMPENSES
Alcool de HfflM 1PC&
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(Le seul véritafafe Alcool de Menthe)
contre indigestions, dysenterie, cholérine,
maux d'estomac, de tête, de cœur. Calme
instantanément la soif et assainit l'eau.
Préservatif souverain contre lesépidemies.
Exiger le nom: de RICQIjÈS, sur tes flacons1
"ville de Lesem-Dan, du temple de l'idole
deMichas (Juges, XVIII, 31) ou du tem-
ple du Veau d'or construit par ordre da
roi Jéroboam.
Près de ces amas de silencieuse^ pous-
.sières, où aucun sentier ne conduit plus,
nous nous reposons dans un éden de
verdure, bien ombreux, bien sauvage, as
chant des oiseaux, au bruit berceur des
grandes sources qui s'en vont en cascacte
vers le fleuve. Au-dessus de nos têtes,
deux arbres immenses font la voûte, ua
chêne et un térébinthe des roitelet
s'approchent, des lézards, des rainettes;
et un caméléon descendu des branches
se promène, confiant, sur nos tapis.
Nous avions oublié ce charme de l'om-
bre, de l'épaisseur des feuilles vertes, car
ce sont des choses presque inconnues,
dans la Palestine désolée.
Cette ville de Lesem-Dan, qui s'est
éteinte ici il y a tant de siècles, était à
l'époque des rois hébreux une impor-
tante place forte de la frontière septen-
trionale, et l'expression « de Dan à Ber-
sabée », qui revient souvent dans la w
Bible, signifiait en langage courant;
« Dans la Judée tout entière ».
Continuant notre route du soir vers%
•Nord, nous allons donc sortir du vieux
pays d'Israël, pour entrer sur le terri-
toire des Gentils.
C'est au milieu des arbres, des arbres
retrouvés et encore nouveaux pour nos
yeux, que nous cheminons maintenant,
nous, éloignant des marais et du fleuve,
nous élevant par des pentes douces sur
les montagnes qui ferment à l'Est la
valée du haut Jourdain. Une sorts
d'Arcadie pastorale, de Bétique délaissé»
et charmante, où courent en tous sent
des ruisseaux clairs. Nous montons en-
tre de vieux chênes, espacés comme
dans un parc à l'abandon, et des aubé-
pines prodigieusement fleuries, et d'au-
tres arbres encore, d'une espèce incon-
nue, dont les grappes blanches sentent
l'oranger;' par terre, ce sont les lins
roses et les graminées fines, toute M
flore des lieux secs de Galilée, revenu»
sous nos pas.
PIERRE LOP.
I La suite à demain.)
Tous les nouveaux abonnés recevront j
sur leur demande, ce qui a paru dajiouve^S
feuilleton.
mieux inspiré, à une parole dont le sens, ou
plutôt l'intention, ne laissait pas d'être énig-
matique.
Evêque et citoyen! Oe sont là deux quali-
tés qu'il peut sembler difficile d'allier ensem-
ble, à quiconque comprend les relations de
1'Eglise et de l'Etat comme -des relations de
guerre ouverte ou sourde et le nombre n'est
que trop grand des ecclésiastiques 'qui les
conçoivent ainsi. Tel n'est pas le cas de l'évo-
que de Beauvais.
11 croit et il l'a expliqué en excellents ter-
mes dans l'allocution même dont il s'agit
̃ qu'il n'est pas nécessaire de « chercher le
triomphe de la religion dans le bouleverse-
ment de l'Etat ». Il croit, en outre, que le
ministère pastoral est un ministère de paix,
de conciliation, de bonne volonté et il de-
mande à son clergé de servir !la Patrie aussi
bien que l'Eglise.
A propos du même discours, le Moni-.
teur universel fait ces réflexions. qui ne
manquent pas d'une certaine justesse
L'esprit de paix, la déférence et la loyauté
/doivent se trouver pareillement du côté
de l'Etat. Il ne semble pas que, dans les cir-
constances présentes, ce soit surtout le clergé
qui ait besoin qu'on lui rappelle ses devoirs.
Aussi est-41 au moins surprenant -que Mgr
Fuzet n'ait paru voir, soit qu'il pariât des
intérêts engagés, soit qu'il 'exposât les devoirs
à remplir, qu'un seul côté de la question
traitée par lui.
**•£ Nous trouvons dans le Journal de
Genève une lettre qui contient une inté-
ressante et savante discussion de la situa-
tion du Conseil de l'ordre de la Légion
d'honneur par rapport à M. Eiffel.
Le correspondant examine la situation
de l'entreprise de Panama après l'annu-
lation de l'arrêt de la Cour d'appel
L'annulation de l'arrêt pour cause de pres-
cription n'entraînait nullement la prescrip-
tion de l'action civile si M. Eiffel détenait
injustement des sommes appartenant à la li-
quidation du Panama, toutes les voies res-
taient ouvertes pour les lui faire restituer,-
Un procès a été, en effet) commencé dans
ce but par M. Lemarquis, mandataire judi-
ciaire des obligataires, qui réclamait une
somme de dix-huit millions. Gomment s'est-il
terminé ? D'une façon bien imprévue pour
les ennemis de M. Eiffel.
Un arrangement définitif, réglant toutes
difficultés, est intervenu, le 16 janvier 1894,
avec le liquidateur de la Compagnie.de Pa-
naina et le mandataire judiciaire des obliga-
taires; Cet a.Tïa.ïigemeïit, «.pptouvè coniormè-
ment à la loi par trois èminents jurisconsultes
désignés par le Tribunal, a été homologué le
11 mai 1894 par le Tribunal civil, qui l'a dé-
claré avantageux pour la Compagnie de Pa-
nama.
Or, par cet arrangement, bien loin que M.
Eiffel ait à opérer une restitution, «'est au
contraire la liquidation qui paye à M. Eiffel
plus de sept millions qu'elle lui devait, aves
tous les intérêts- de retard. M. Eiffel de son
côté, maintient l'oSre faite par lui, avant
tout procès, de souscrire dix millions dans
une nouvelle société d'achèvement du canal.
Des tierces oppositions qui s'étaient manifes-
tées ont été écartées, et leurs auteurs condam-
nés à l'amende.
En résumé, M. Eiffel a souscrit à la Société
d'achèvement et dans les conditions ordi-
naires'du public, dix millions, dont cinq sont
déjà versés il a reçu de la liquidation sept
millions environ par cette double opération,
tous comptes sont définitivement réglés sans
recours ni appel.
Cela ne prouve-t-il pas à l'évidence que
l'arrêt de la Cour de Paris était aussi peu
fondé dans le fond que dans la forme 't
Comment tout cela n'a-t-il pas été rappelé
à la Chambre des députés, qui s'est emballée
sans connaître les faits 'i
Un petit journal d'Angoulême en-
registre un incident des plus suggestifs
qui s'est produit au tribunal de Confo-
lens
A Confolens, dit notre .confrère,, ce n'est an.
mystère pour personne que M. le président
Thiébault, ancien procureur de la Républi-
que, a été nommé sur la recommandation
pressante de M. Bahaud-Lacroze, député, et
malgré les vives résistances, les légitimes
resistances.de la chancellerie. Ce point acquis,
voyons ce qui s'est passé à la stupéfaction
générale, à l'une des dernières audiences de
Confolens
.M. le docteur Louvel-Dulongpré, médecin
à Cellefrouin, poursuivait en diffamation un
sieur Chéri CaiUier, bourrelier, demeurant à
Beaulieu. Qui avait raison? Qui avait tort? 'l
N'importe et je ne le veux pas savoir.
Caîllier, qui est un électeur de M. Babaud-
Lacroze, s'empressa d'aller trouver M.Ae dé-
puté, sachant comme tout le monde qu'il est
au mieux avec le président du tribunal et
peut-être même avec les autres magistrats, et
lui demanda de faire une démarche en sa fa-
veur auprès du tribunal.
M. Babaud-Lacroze promit de faire cette
démarche. et s'exécuta.
A l'audience, le défenseur de Caillier, Me
Goizet qui me paraît être un maître gaf-
feur fit un portrait des plus flattés de son
Feuilleton du FIGARO du 2 2 Juillet 1895
.13 1
LA
GALILÉE
VI
»- Suite `
Maintenant nous sommes fout en bas,
cheminant entre les immenses maréca-
ges où des vases dangereuses dor-
ment sous les roseaux et la chaîne
occidentale des montagnes, qui répand
sur ce pays une ombre déjà crépuscu-
laire. Le soleil doit être couché; la lu-
mière baisse, baisse, et une buée presque
froide sort du sol avec une senteur de
fièvre. Nous pressons nos chevaux déjà
fatigués et qui s'épuisent sur ce terrain
mou. Comment trouverons-nous nos
tentes, quand la nuit sera tout à. fait
tombée?
Toujours nous croisons des Bédouins,*
armés de fusils et de lances, qui nous
-disent bonsoir, et des grandes Bédouines
à peine voilées, qui noys jettent un regard
fuyant et sauvage. Nous leur deman-
dons souvent cet Aïn-Mellaha, iaû notre
campement doit nous attendre. Oh I
répondent-ils, avec un lent geste etun
sourire de demi-ironie, là-bas, là-bas,
très loin encore! » Vraiment, nousi
nous sommes mis en route trop tard.
-lies tentes, les battues deviennent diffi-
ciles à suivre, presque invisibles, et en
les quittant nous risquons de tomber
dans les flaques d'eau, dans les ruis-
seaux dont la région est partout entre-
coupée^
C'est presque la nuit déjà, les premiè-
res étoiles s'allument. Notre guide, très
troublé, ne se retrouve plus. Tantôt nous
sommes dans les fenouils qui se recon-
naissent à leur senteur, tantôt au milieu
de champs d'orge, devinés'surtout au
Reproduction interdite. v )
client, le couvrit naturellement de fleurs, ce
qui est de tradition, et après avoir produit un J
certificat élogieux émané du maire et des I
conseillers municipaux de Beaulieu, crut de-
voir ajouter que « le tribunal avait en mains
une recommandation du député de l'arron-
dissemem qui assurait M. Caillier de toute
sa sympathie. »
C'était déjà joli! Ce n'était pas tout, ce-
pendant.
Me Daigueplats, avocat de M. le docteur
Dulongpré, se leva et annonça au tribunal
ébahi que son client avait aussi en mains
une lettre de M. Babaud-Lacroze rassurant
que toutes ses'sympathies étaient pour lui
dans son procès contre CaiUieir!
Voilà un député qui sait ménager la
chèvre et le chou 1 Mais l'incident n'est
pas fait, non plus, pour rehausser beau-
coup le prestige des magistrats de Con-
folens.
^^La collection déjà si riche des chi-
noiseries administratives se grossit tous
les jours d'une pièce nouvelle. Celle que
produit le Journal des Débats ne laisse
pas que d'être assez caractéristique
c'est une des meilleures du genre. Qu'on
en juge:
Un chapelier de Paris Teçoit, il y a quel-
que temps, sommation du commissaire de
police d'avoir à soumettre à la vérification un
mètre ou des balances. Etonnemerit du négo-
ciant, qui répond qu'il est établi depuis qua-
torze ans, qu'on ne l'a jamais soumis à cette
obligation et que, d'ailleurs, il ne possède ni
mètre ni balances, les chapeaux ne se ven-
dant ni au poids ni au mètre.
Cependant, désireux de prouver sa bonne
volonté et son respect pour les décisions de
l'autorité, le chapelier achète un mètre et le
fait porter par un de ses employés au bureau
du commissaire-vérificateur des poids et me-
sures. Celui-ci poinçonne l'objet, mais refuse
de percevoir la somme de 12 centimes exigée
pour cette opération. Un mois après, notre
chapelier reçoit avis d'avoir à verser cette
somme de 12 centimes à une caisse désignée;
cette invitation est suivie d'un second avis,
cette fois avec menaces de poursuites. La vic-
time s'exécuta.
L'année suivante, le propriétaire du métré
reçut un avis d'avoir à -faire repoïhçonner
son instrument. Il trouva que c'était déran-
ger bien. souvent un contribuable pour une
chose inutile et il s'en fut trouver son com-
missaire de police pour lui demander de
faire cesser cette petite persécution. Le ma-
gistrat lui répondit gravement « Faites une
demande au prèSet de jaoîieB, qui instruira
l'affaire et me la renverra par avis. » Les
choses en sont là et elles ne paraissent pas
devoir s'arranger de sitôt.
Ce qu'il y a d'amusant dans -tout cela,
c'est que, s'il prenait fantaisie au chape-
lier en question d'aller contrôler les di-
mensions de son mètre au ministère de
la justice sur l'étalon fixé dans la mu-
raille, à la disposition du public, il cons-
taterait qu'il n'y a pas concordance. En
effet, le mètre du ministère de la justice
n'est pas d'accord avec l'étalon officiel
du Conservatoire des arts et métiers.
Auquel se fier? Au second évidemment.
Alors, pourquoi laisse-t-on subsister le
premier? 2
Le Liseur.
Nouvelles Diverses
X, ASSASSINAT DE « LA BROCANTE »
« La Brocante»! tel est le sobriquet sous
lequel est plus particulièrement connue la
veuve Bertin, dans le quartier du Lac-Saint-
Fargeau, l'un des plus populeux de Paris.
La veuve Bertin, qui est âgée de soixante-
deux ans, exerçait le métier de brocanteuse,
9, rue Gompans. Très défiante, ne recevant
que de rares visites, elle s'empressait de fer-
mer sa boutique dès que la nuit était venue.
Ses deux enfants, un garçon et une Mlle,. ha-
bitent' l'un à Paris, l'autre à Saint-Denis où
elle est la lemme d'un marchand de chiffons
en gros. Sonplus grand bonheur était, les vo-
lets posés, de se retirer dans son arrière-bou-
que où elle retrouvait trois chiens recueillis
dans la rue, un chat et un lapin. Elle « cau-
sait» longuement avec ses amis, puis se cou-
chait. Et ainsi de tous les jours. Jamais on ne
l'avait vue traiter une affaire, le gaz allumé.
Elle avait aussi un autre ami, la. pauvre
vieille un balayeur nommé Renac, avec le-
quel elle faisait volontiers la causette le
matin.
Hier, Renac s'étonna de voir le bec de
cane sur la porte et de ne pas apercevoir sa
a connaissance », comme il l'appelait.
Tiens 1 pensa-t-il, elle sera allée voir sa
fille à Saint-Denis.
Cependant, une inquiétude l'avait pris.Elle
n'avait pas l'habitude d'enlever les volets
quand, ce qui lui arrivait rarement, elle
s'absentait. Bien sûr, il lui était arrivé un
malheur.
Le brave homme fit part de ses craintes
à un gardien de la paix. Tous les deux s'ap-
prochèrent et cherchèrent à voir dans l'inté-
rieur de la outique, à travers les vitres.Mais
frôlement des épis. Sur notre droite, le
cours présumé du Jourdain s'indique
encore, dans l'ombreux fouillis des joncs
et des papyrus, par une sorte de nuée
blanche qu'il exhale et qui plane au-des-
sus comme des flocons de ouate.
Nous avions espéré que les feux de nos
gens nous révéleraient de loin nos tentes,
mais d'autres feux s'allument partout,
des centaines de feux sur lesquels nous
n'avions pas compté; ils brillent dans,
tous les lointains de ce pays vert, peuplé,;
si mystérieusement-, ils nous donne-
raient l'illusion des lumières d'une
.grande ville, si nous ne savions que ce
sont de simples flambées de branches
devant d'inhospitalières tentes noires.
Le pullulement de la vie bédouine nous
entoure de plus en plus dans l'obscurité.
Au concert des grenouilles, commencé.
de tous côtés à Ja fois, se mêlent des
aboiements de chiens, des appels de ber-
gers, des clameurs lointaines qui son-
nent étrange, et toujours le petit turlu-
tutu moqueur des flûtes de roseau,
étouffé, dirait-on, sous l'épaisseur des
herbages.
Nuit close maintenant, et, ne sachant
plus que faire, nous nous arrêtons.
C'est au milieu d'herbes infiniment
légères qui arrivent à la hauteur de nos
têtes, mais qui sont très clairsemées,
permettant de vaguement 'distinguer les
choses proches. Çà et 4a, autour de'
nous, il y a des masses noires, de con-
tours imprécis, qui doivent être des
bœufs, et même on entend leur tran-
quille broutement nocturne. Et voici des
formes humaines aussi, qui surgissent
en «silence autour de nous, silhouettes
bédouines à larges couronnes et à lon-
gues oreilles de chèvre, remuant leurs
draperies dans l'espèce de brouillard que
font toutes ces ^tiges si hautes; l'un
d'eux tout à coup prélude sur son chalu-
meau, petite musique qui est discrète
comme une- voix d'insecte, mais que
nous n'attendions pas si près de notre
oreille, et les autres alors, légers, sans
bruit, sautent en mesure, frôlant les
herbages d'une danse de fantômes.
A nos esprits que la fatigue endort, il
donnent l'impression de ces moustiques
qui s'assemblent le soir, pour des rondes,
dans le voisinage des eaux.'
Ils nous ont vus, les bergers danseurs,
et il s'approchent pour nous interroger;
ils nous cernent, s'appuyant familière-
ils ne purent rien voir, la couche de pous-
sière qui les recouvrait était trop épaisse.
Entrons I dit l'agent. 's
Un sanglant spectacle les attendait.
Couchée sur le dos, les vêtements en lam-
beaux, les- cheveux dénoués, la figure cou.
verte d'un masque de sang, « La Brocante »
gisait sans connaissance sur un tas de chif-
fons.
Oh! oh! oh! gémit le cantonnier que
l'émotion étranglait.
Et il courut prévenir M. Amat, commis-
saire de police, pendant que l'agent restait à
la garde de la victime.
Quelques instants plus tard, le magistrat
arriva, accompagné de son personnel et du
docteur Albert. '>
Pendant que M. Amat, procédant à un exa-
men minutieux des lieux, trouvait dans l'ar-
rière-boutique, près d'un fauteuil bas, dit
crapaud, dont l'étoffe crevassée en maints
endroits était inondée de sang, l'arme, une
hachette avec laquelle la pauvre femme avait
été frappée, le docteur constatait que la bro-
canteuse avait reçu sur le crâne, derrière la
tête, à la tempe gauche et sur le cou douze
blessures profondes de plusieurs centimètres.
Le médecin releva encore, sur le bras droit,
deux blessures, la première allant du coude
à la paume de la main, la seconde à la partie
grasse du biceps.
On demanda par téléphone une voiture des
Ambulances urbaines et la victime fut trans-
portée, toujours sans connaissance, à l'hô-
pital Tenon, où elle a été placée salle Ri-
chard-Wallace.
L'enquête n'a donné encore aucun résultat
appréciable et pouvant laisser espérer que
l'assassin serait promptement découvert. Les
voisins n'ont pu fournir aucune indication
utile, ni sur l'neure du crime ni sur celui ou
ceux qui l'ont commis.
Tout ce que l'on a pu savoir, c'est que deux
individus ayant les allures d'ouvriers plom-
biers avaient été vus, hier matin à huit
heures, sortant de la boutique de la mère La
Brocante.
Une fillette de huit ans, Emilienne Souliére,
a déclaré qu'à neuf heures et demie, elle avait
vu sortir de la boutique un individu mal
vêtu, portant un gilet de chasse marron,
chaussé d'espadrilles et coiffé d'un béret bleu.
Enfin, une autre personne a dit avoir aperçu,
vers la même heure, un homme courant dans
la direction de la rue de Belleville. Il était
vêtu d'une blouse noire.
En réalité on n'a découvert aucun indice
certain et tout ce qu'on peut affermer c'est que
les chiens, n'ayant pas aboyé, devaient con-
naître l'assassin.
La veuve Bertin laissait rarement entrer
les acheteurs ou les vendeurs dans sa bouti-
que; olle négociait et aoncluait ses affaires
sur le pas de sa porte, et, contrairement à ce
que l'on croit dans son quartier, elle n'est
pas dans une situation très prospère, attendu
qu'elle allait être expulsée de son local pmzr
n'avoir pas payé le dernier terme. Toutefois
elle est propriétaire de terrains dans le ving-
tième arrondissement. Son fils, qui travaille
aux Halles, a été entendu par les magistrats
et il a déclaré qu'il croyait que sa mère avait
de l'argent.
M. Lépine, préfet de police, s'est rendu hier
à l'hôpital Tenon où il a causé quelques ins-
tants avec la veuve Bertin.
« La Brocante a a déclaré au préfet que
samedi soir, vers neuf heures, un individu,
paraissant âgé d'une.trentaine d'années, vêtu
d'une blouse noire, et qu'elle connaissait
pour lui avoir vendu divers objets à trois ou
quatre reprises différentes, était venu la
trpuver pour lui acheter une lampe d'occa-
sion. Elle lui avait dit de revenir le lende-
main, c'est-à-dire hier dimanche, ne voulant
rien vendre à cette heure tardive. L'individu
était revenu hier matin, un peu avant neuf
heures, lui avait dit bonjour et avait ajouté
« Je vais revenir, je vais me faire couper les
» cheveux. Il était, en effet, revenu quel-
ques instants après, sanss'être fait couper
les cheveux, et était entré dans la boutique
pour réclamer sa lampe. Mme Bertin était
allée au fond du magasin, avait dû monter
sur le fauteuil pour atteindre la lampe. l'en-
dant qu'elle levait les bras en l'air, elle
avait reçu un formidable coup sur la tête.
A. partir de ce moment, ajouta la pau.-
vtg iri&LlJe, }& jïg &aia plus ce j^ui s'est pusse.
Je me suis évanouie.
'Voilà tout ce qu'on sait actuellement sur
ce crime qui a causé une si grande émotion
dans le quartier où il s'est produit.
Il faut espérer que la police de Sûreté
ne tardera pas à mettre la main sur l'assas-
sin de « La Brocante » et que ce crime ne
restera pas impuni comme celui dont a été
victime, il y a quelques années, un brocan-
teur habitant dans les mêmes parages.
Dans la soirée, l'état de la victime, qui, au
début, paraissait désespéré, s'était sensible-
ment amélioré. Les médecins qui la soignent
ont bon espoir de la sauver.
i-t*
UN MYSTÉRIEUX SUICIDÉ
Le Parquet de Versailles s'occupe en ce
moment d'une affaire assez mystérieuse.
Il y a trois jours, un jeune homme, parais-
sant âgé de vingt-cinq ans environ, était
trouvé mort au Chesnay, prés de Versailles,
par le garde champêtre de cette commune. Il
avait un couteau profondément enfoncé dans
la poitrine.
Le procureur de la République de Ver-
sailles, accompagné d'un juge d'instruction
ment sur nos chevaux, leurs bras nus
posés surnos genoux. '1
« Aïn-Mel Jaha disent-ils, oh c'est
presque à une heure de marche encore,
et la nuit va être bien, noire. •̃» L'un d'eux, ci
qui se nomme Mohammed-Lassem, finit
par se décider à nous y conduire, pour/
un medjidieh (cinq francs turcs) payé
d'avance.
La pièce donnée, il demande le temps •
d'allerjusque sous sa tente, prendre ses:
armes en prévision du retour solitaire, |
et tous disparaissent, envolés comme des
mouches dé nuit. Il
Des minutes passent, un peu anxieu-
ses. Puis, notre guide commence à ap-
peler « Ho Mohammed-Lassem I Ho 1 »
Rien ne répond. Nous nous croyons
joués et abandonnés, lorsque soudain î
un petit « Ho! » quasi moqueur 13 'entend
dans les herbes les plus proches, et nous
voyons se dessiner en noir la tête coiffée:
d'oreilles de bête, le canon du mince
fusil de Mohammed-Lassem par plaisan-
terie ou par dédain, il n'avait pas pris la
peine de répondre plus tôt mais il ar-
rive, il est homme de parole comme
tous les Bédouins de toutes les Bédoui-
neries,
En route donc, à sa suite.
Sans lui, comment aurions-nous fait?
Le sentier est tout ce qu'il y a de plus
difficile; partout se présentent des gués
qu'il faut connaître,et nos chevauxdu
reste les franchissent en tâtant avec un
instinct merveilleux sur des pierres qui
branlent, au milieu de vases sournoises
et profondes, pendant que de grandes
herbes nous fouettent au passage.
Les montagnes à notre gauche se dé-
coupent intensément noires sur le ciel
étoile, et d'innombrables feux continuent
de briller dans les roseaux de la plaine.
On entend la confuse clameur de milliers
d'êtres les hommes, les chiens, les oi-
seaux de marais, les grenouilles, les
chacals donnent tous de la voix dans la
nuit et on a le sentiment d'une vie im-
mense autour de soi, mais d'une vie pri-
mitive, infiniment lointaine dans l'échelle
des progressions presque lacustre.
Enfin nous sommes arrêtés à Aïn-Mel-
laha, qui est un point marqué par une
fontaine jaillissante et par de l'eau épan-
due de tous les côtés sous les pieds de
nos chevaux. Mais aucune tente n'y ap-
jparaît et, comme tout à l'heure, notre,
et d'un médecin, se rendit à l'endroit où gi-
sait le cadavre. Tout d'abord on crut un
assassinat, mais l'autopsie pratiquée par le
docteur légiste a démontré que ce jeune
homme s était volontairement donné la
mort.
Ce premier point avait été facilement élu-
cidé. Il n'en fut pas de même en ce qui con-
cerne l'identité du défunt.
Le suicidé était de taille élevée, de forte
corpulence et ses vêtements avaient une
coupe élégante. Il était vêtu d'une jaquette
et ô/un gilet en cheviotte noire, d'un panta-
lon en flanelle blanche à rayures beige; il
avait aux pieds des souliers en cuir jauné.On
a ramassé près de lui un -chapeau de paille
à la dernière mode. Il avait un monocle en
verre neutre, suspendu au cou par un ruban
de soie. On a trouvé dans ses poches un étui
sans marque, contenant un fume-cigarette
neuf, un londrès et un petit bouquet d'oeillets
blancs entourés d'un papier d'argent.
Le pauvre garçon tenait à ce que son in-
dividualité ne fût pas connue, car il avait
pris la précaution d'enlever la coiffe de son
chapeau, coiffe qui devait porter la marque
du chapelier, et les boutons de son pantalon
sur lesquels devait se trouver l'adresse du
tailleur. Quant à la chemise empesée, en
toile blanche, elle n'était pas marquée. Seule
une des chaussettes portait les initiales
G.D.
Avec le chapeau, on a trouvé, près du cada-
vre, une canne à pomme d'argent, sans
chiffre.
Quant au couteau, on a relevé sur la lame,
longue de 12 centimètres, cette marque:
A. Halline, et, au-dessous: Eskisluna; Ce
couteau 'bien en main rentre, au moyen d'un
ressort, dans un gros manche rond en bois,
terminé par un anneau qui permet de le fixer
à la bretelle par une chaînette.
Toutes les recherches'faites par la police de
Versailles pour découvrir l'identité du défunt
n'ont pas encore donné de résultat.
1
Nous ajons dit, ces jours derniers, qu'on
avait retiié du canal Saint-Denis les cada-
vres d'un jeune homme et d'une jeune fille
liés ensemble au moyen d'un lien en tresse
blanche. Leur identité vient d'être établie.
Le jeune homme s'appelait Placide Bergeon,
demeurant à Trilport (Seine-et-Marne). La
jeune fille se-nommait Augustine Bien. Elle
habitait avec sa famille à Meaux.
Les jeûnes gens s'aimaient et avaient pro-
jeté de se; marier ensemble. Mais les parents
s'opposèrent au mariage. Ils vinrent alors à
Paris, le mois dernier. A bout de ressources,
ne trouvant ni l'un ni l'autre à s'occuper, ils
résolurent de se tuer..
Les corps ont été réclamés par les familles.
»-•
Conseil aux retardataires.
Profitez des derniers jours qui précèdent le
départ pour aller faire votre commande chez
Crémieux.
Rien de plus avantageux, pour grandes
personnes comme pour jeunes gens, que le
complet à 45 francs fait sur mesure, en che-
viotte ou serge pure laine toutes nuances.
C'est un prix exceptionnel de .fin de saison,
dont on peut encore profiter, 97, rue Richelieu,
en se' hâtant un peu.
'̃» | «
Une jeune domestique, Louise Navalet, pas-
sant, hier matin, rue de Buci, avait laissé
tomber son porte-monnaie contenant une
centaine de francs. Quand elle s'en aperçut,
elle revint sur ses pas, mais ne le trouva
pas. Un individu, lui dit une commerçante,
l'avait ramassé et s'était ensuite rapidement
éloigné. La pauvre fille n'avait qu'à se rési-
gner. Mais le hasard vint à son aide.
Dans l'après-midi, l'individu commit l'im-
prudence de revenir rue de Buci. La com-
merçante le reconnut et le signala à deux
gardiens de la paix qui le conduisirent chez
M. Péchard, commissaire de police, auquel il
avoua le vol qu'il avait commis dans la ma-
tinée. Mais il ajouta qu'il ne lui restait rien
des cent francs que renfermait le porte-
monnaie.
Une perquisition faite chez lui, rue Gré-
goire-de-Tours, amena la découverte d'une
grande quantité de livres rares, de missels
et d'eaux-fortes ayant une très grande va-
leur. Livres, missels et eaux-fortes avaient
'été volés par l'inculpé chez différents librai-
res où il avait été employé conune homme de
peine..
M. Péchard l'a envoyé au Dépôt.
Jean de Paris.
Mémento. Le nommé JSug-éne Boës, âgé de
trente-deux ans, qui avait été arrête le 14 juin
dernier sous inculpation d'escroquerie, a passé,
avant-hier, devant la 10e chambre correction-
nelle. Il a été acquitté et rendu aussitôt à la
liberté.
Ne partez pas sans chap eaux Léon, r. Daunou.
Sous-bras Kallista, garantis gomme anglaise.
Exposition chapeaux jardin et bains de mer,
Maison Nouvelle, 1, rue de la Paix. Envoi franco.
Le feu s'est déclaré, avant-hier soir, chez
M. Louis Favel, rue Visconti. Eteint après une
demi-heure de travail. Dégâts importants.
J. de P.
PETITE GAZETTE
Paingrillé Jacquet, 92, rue Richelieu, Paris.
Faites flamboyer vos vaux à l'ombre de cils
et de sourcilsépaissis, brunis par la Sève sour-
cilière. Parf. Ninon, 31, rue du 4-Septembre-
guide lance de longs appels « Hol
Nagib Ho 1. Ho l Selim Ho 1. » '1
Nagib, Selim, etc., ce sont nos gens.
De très loin, ils finissent pas répondre.
Ils dormaient \à-bas, tort insouciants,
dans un lieu àpeu près sec qu'ils avaient
choisi pour camper. Ne nous ayant pas
vus poindre au crépuscule, ils ne nous
attendaient plus.
Et nous nous endormons lourdement
nous aussi, dans la blanche buée du
Jourdain, sous nos tentes envahies par
les rainettes vertes, les libellules et les
sauterelles, tandis que le grand spectacle
silencieux du lever de la lune commence
sur les marécages.
.a vu
Lundi 23 avril.
Au matin, le soleil se lève pour nous
seuls, rose et splendide sur un désert de
roseaux endormis avec le sentiment de
ces milliers d'hommes à couronnes noi-
res, qui s'agitaient dans nos alentours,
nous sommes surpris de nous éveiller
au milieu d'une mer d'herbages qui
paraît vierge comme au commencement
du monde toutes ces tentes bédouines,
que leurs feux trahissaient dans l'obscu-
rité, semblent s'être évanouies au plein
jour, cachées qu'elles sont à présent sous
les joncs et les fenouils, redevenues aussi
négligeables que les nids des insectes ou
des oiseaux. Il y a de grands étangs
tout couverts de nénuphars,. des régions
de fleurs jaunes, comme des marbrures
d'or sur le vert des plaines, et de longs
rideaux de papyrus dont on voit trem-
bler au vent les aigrettes légères. La vie
humaine se dissimule et se tait, tandis
que des cavales libres, galopant avec
leurs petits, s'amusent à tourner autour
de nos chevaux entravés, qui hennis-
sent et se cabrent. C'est la plénitude et
l'ivresse des matins sauvages, sur une
terre aux fécondités inépuisables; quel-
que chose commedevaientêtre, auxprin-
temps préhistoriques, les levers du so-
leil sur les marais quaternaires.
Nous cheminons deux ou trois heures
dans des terres grasses, au pied des
montagnes occidentales de la vallée du
Jourdain, le long des plaines de vase, le
long des étangs voilés de hautes herbes
où Te fleuve se perd. Et deux fois nous
sommes en détresse, nos chevaux enfon-
çant dans la boue jusqu'au poitrail.
Quelques arbres, presque les premiers
LES LIQUEURS
Les médecins les plus rigoristes sont
unanimes à reconnaître qu'un verre de
liqueur après les repas ne constitue pas
un de ces abus dont la, santé puisse
souffrir. Encore ferait-on bien de choisir
sa liqueur et d'éviter avec soin ces pré-
parations qui, d'autant plus contrefaites
qu'elles sont plus célèbres, ne sont trop
souvent qu'un assemblage de substances
toxiques.
Si les gourmets étaient en même temps
des hygiénistes, ils s'en tiendraient à
l'usage de l'Elixirde Virginie. Excellente
liqueur de table pour tout le monde,
stomachique, digestive et absolument
inoffensive, l'Elixir de Virginie repré-
sente en outre pour les vieillards, pour
les hémorroïdaires, pour les variqueux,
pour les femmes arrivant à l'âge cri-
tique, le plus efficace des dépuratifs. Il
rajeunit le sang et fortifie la paroi de
vaisseaux. Combien de malades lui on t
demandé la guérison combien de gens
bien portants lui doivent la conservation
de leur bonne santé 1 Moride, 2, rue de
la Tacherie, Paris. Envoi franco de la
brochure explicative.
INFORMATIONS
Prix de fiome. ̃>- Pour une fois, le sujet
imposé aux logistes du prix de Rome, en
peinture, est un sujet d'expression profon-
dément humaine. Aussi la moyenne du con-
cours est-elle meilleure que de coutume.
Le danger qui pouvait s'offrir aux concur-
rents, en raison même du sujet, c'est que
des peintres de génie, de tous les temps
et de toutes les écoles, ont représenté, en
des chefs-d'œuvre, cette scène du Nouveau
Testament où le Christ descendu de la croix
est pleuré par les saintes femmes. Mais il ne
faut pas oublier que ceux qui concourent pour
Rome sont encore des élèves on ne peut
exiger d'eux ni génie, ni absolue indépen-
dance d'originalité, et si parfois une réminis-
cence se glisse sous leur pinceau, cela ne doit
prouver qu'une chose, c'est qu'ils ont de
l'étude et peut-être de la modestie. Ceci dit,
passons aux compositions.
L'une nous parait particulièrement heureu-
se, avec ce je ne sais quoi qui ne s'acquiert
pas à l'école c'est celle de M. Laparra. La
scène est terrible; c'est le dernier stade hu-
main de cette vie qui- va se confondre dans
la divinité: le Christ, la figure horriblement
déchirée, est soutenu, raidi, par sa mère
qui l'étreint et semble le défendre d'un geste
puissant de possession. Derrière eux, des
ligures cachées par des draperies ramenées
sur la tête en signe de deuil ont des sanglots
de douleur et des bras levés qui traduisent
cette douleur. Dans le site désolé, que le jour
qui se lève éclaire de pâleur, on aperçoit aux
gibets les jambes tuméfiées et crispées des
deux larrons. Il y a dans cette œuvre des
morceaux de premier ordre et un véritable
élan vers le grand art.
M. Rouault, dans la manière de couleur de
M. G. Moreau, son maître, a fait un joli ta-
bleau où la grâce n'exclut pas l'émotion, où
la coquetterie des fines étoffes aux broderies
émaillées de gemmes ne nuit pas au senti-
ment de la vie.
M. Charbonneau et M. Jules Bcsson sont
assez dans la donnée de l'Ecole. Le premier,
procédant do M. Bonnat, par grandes masses
sombres au milieu desquelles surgit une écla-
tante lumière, a de la science et de l'adresse
dans son dessin et son groupement des figures.
M. Besson se rapproche davantage de la tra-
dition classique de la Renaissance. La vieille
mère en bleu, agenouillée.dont les pleurs sont
taris, est d'une belle évocation des Vierges
d'autrefois.
Enfin, ce qui prouve que le concours est
bon, c'«st que l'on peut encore trouver d'ap-
préciables morceaux dans les œuvres des au-
tres logistes, MM. Lauréns Guinier, Larrée,
Moulin, Roger et Gibert.
Le jugement sera rendu aujourd'hui.
Réunion plébiscitaire. Il y a eu hier, bou-
levard Sébastopol, sous la présidence du
comte de Gramont, président de la confé-
rence Molé, un punch en commémoration du
33e anniversaire de la naissance du prince
V. Napoléon.
Après un discours chaleureux du comte de
Gramont, M. Gustave Cunéo d'Ornano, dé-
puté, a pris la parole il a fait appel à
l'union entre. tous les fidèles de l'idée plébis-
citaire napoléonienne et, au milieu des ap-
plaudissements unanimes, un ordre du jour
a été voté pour envoyer au « prince Napo-
léon, champion de la cause nationale, les
voeux des assistants et l'expression de leur
inaltérable fidélité ».
m DICTA'tlt_t DE BICYCLISTES
Le monde cycliste est en émoi; en voici les
causes.
Sachez qu'il existe dans notre pays une Fé-
dération formidable qui porte le nom d'Union
vélouipédique de France et qui ne compte
depuis notre départ de Jérusalem, com-
mencent à paraître sur notre route. Il y i
a çà et là, tout au bord des eaux, des ]
groupes d'habitations de pêcheurs no-
mades, qui sont construites en claies de
joncs et qui semblent tout à fait de petits
villages lacustres. Il y a aussi des cam-
pements noirs, au milieu desquels des
lances fichées en terre indiquent la tente
du cheick. Et les troupeaux de buttes,
rares au commencement de l'étape, de-
viennent fréquents, puis innombrables,
En avant de nous, là-bas, toujours res-
plendit le « grand cheick de neige »,
THermon au manteau blanc, vers lequel
nous marchons depuis déjà plus de deux
journées.
Quand nous avons dépassé ce lac de
Houleh, que Josué appelle la mer Me-
rom,les marécages cessent; le Jourdain,
dégagé des eaux stagnantes, précise son
cours entre des rideaux de papyrus, de
peupliers et de trembles. Nous entrons
vraiment dans une région d'arbres dans
une région de pierres surtout,de grosses
pierres basaltiques grises, qui sortent
par centaines des-herbages, pareilles aux
bufles et se confondant avec eux.
Ils relèvent leurs lourds museaux
plongés dans les foins, tous ces bufles,
pour nous regarder passer, et sur cha-
que bloc de basalte un énorme lézard,
posé comme une figurine sur un presse-
papier, nous salue de son continuel ho-
chement de tête. De temps à autre aussi,
quelque chacal, en maraude de jour, se
hâte à notre approche de regagner la
montagne, marchant tout aplati, retour-
nant vers nous son nez pointu pour s'as-
surer que nous ne le suivons pas.
Sur un vieux pont sarrazin, usé par le
passage des caravanes d'autrefois, percé,
ajouré, crevé, nous franchissons le fleuve
bruissant, au milieu d'un fouillis de lau-
riers-roses et de papyrus.,
Et notre halte méridienne est dans un
site exquis, où s'élevait jadis la très anti-
que ville de Lesem, colonie de Sidon où
plus tard des guerriers d'Israël (Josué,
XIX, 47 Juges XVIII, 2 à 30), ayant
passé au fil de l'épée les Lesemites, bâti-
rent une nouvelle ville qui prit le nom
du patriarche Dan, leur ancêtre.
Sur un monticule, parmi des chardons 1
et des broussailles d'épines, gisent par
monceaux des blocs de basalte qui, re-
gardés'de près, montrent encore des for-
mes taillées; c'est lâ ce qui reste de la
pas moins de 25,000 membres. Cette Fédéra-
tion, qui s'étend sur le territoire français tout
entier et qui a même des ramifications a.
l'étranger, est gouvernée par un président.M.
d'Iriart d'Etchepare, avocat, et par un Comité
directeur, dont les pouvoirs sont très étendus.
C'est un Président de la République, quoi! et
la Chambre des députés.
A côté du Comité directeur existe un autra
Comité qui porte le nom de Commission spor-
tive, composée d'importantes personnalités
cyclistes et chargée de fonctions non moins
importantes, les questions de sport tenant
la plus large place dans l'Union vélocipêdi-
que de France.
Ces trois pouvoirs sont nommés par aa
Congrès annuel composé des délégués élus
par les 25,000 membres.
Pendant longtemps la paix régna dans ce
petit univers roulant. Mais voici que tout à
coup un conflit éclata entre les deux Comi-
tés le Comité directeur d'une part, le Comité
sportif de l'autre conflit provenant d'une
question d'attributions.
La Commission sportive, à. la suite d'une
décision prise par le Comité directeur, dé-
clara que ce dernier avait outrepassé ses
pouvoirs.Messieurs les directeurs ayant main-
tenu leur décision, messieurs les sportifs dé-
missionnèrent en masse.
L'intervention du président devenait néces-
saire. On eut recours à lui. La crise fut con-
jurée.
Mais les esprits étaient surchauffés. Nou-
veau conflit entre les deux assemblées, nou-
velle démission en masse, démission d'autant
plus grave que messieurs les sportifs lan-
çaient les accusations les plus effrayante!}
contre messieurs les directeurs.
Sur ces entrefaites un coup d'Etat,qui était
à craindre, a été accompli 1
Le président de l'Union, intervenant, a
convoqué un Congrès extraordinaire, qui
s'est tenu, il y a huit jours, au Grand-Orient;,
à Paris. Ce Congrès a renversé tous les pou-
voirs et proclamé M. d'Iriart d'Etchepare dic-
tateur. C'est comme je vous le dis.
Le dictateur alors nomme une Commission.
chargée d'assurer la a marche des affaires »..
Mais l'ancien Comité directeur, chassé hon-
teusement, se refuse alors à partir. Il tient
une assemblée secrète et rédige un mani-
feste adressé aux vingt-cinq mille de l'Union,
manifeste dans lequel il proclame le Congrès
illégal et met le dictateur hors le loi. Quant
au siège de l'Union, situé rue Saint-Ferdi-
nand, à Paris, comme qui dirait le Palais-
Bourbon cycliste, qu'on vienne s'en emparer.
si on l'ose i
La crise en est là.
Edouard de Perrodil.
Œ31*E.SJLaXflSI«fS3 adhérente,
nouveaux dentiers invisibles laissant la
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55 ANNEES DE SUCCES 58 RECOMPENSES
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"ville de Lesem-Dan, du temple de l'idole
deMichas (Juges, XVIII, 31) ou du tem-
ple du Veau d'or construit par ordre da
roi Jéroboam.
Près de ces amas de silencieuse^ pous-
.sières, où aucun sentier ne conduit plus,
nous nous reposons dans un éden de
verdure, bien ombreux, bien sauvage, as
chant des oiseaux, au bruit berceur des
grandes sources qui s'en vont en cascacte
vers le fleuve. Au-dessus de nos têtes,
deux arbres immenses font la voûte, ua
chêne et un térébinthe des roitelet
s'approchent, des lézards, des rainettes;
et un caméléon descendu des branches
se promène, confiant, sur nos tapis.
Nous avions oublié ce charme de l'om-
bre, de l'épaisseur des feuilles vertes, car
ce sont des choses presque inconnues,
dans la Palestine désolée.
Cette ville de Lesem-Dan, qui s'est
éteinte ici il y a tant de siècles, était à
l'époque des rois hébreux une impor-
tante place forte de la frontière septen-
trionale, et l'expression « de Dan à Ber-
sabée », qui revient souvent dans la w
Bible, signifiait en langage courant;
« Dans la Judée tout entière ».
Continuant notre route du soir vers%
•Nord, nous allons donc sortir du vieux
pays d'Israël, pour entrer sur le terri-
toire des Gentils.
C'est au milieu des arbres, des arbres
retrouvés et encore nouveaux pour nos
yeux, que nous cheminons maintenant,
nous, éloignant des marais et du fleuve,
nous élevant par des pentes douces sur
les montagnes qui ferment à l'Est la
valée du haut Jourdain. Une sorts
d'Arcadie pastorale, de Bétique délaissé»
et charmante, où courent en tous sent
des ruisseaux clairs. Nous montons en-
tre de vieux chênes, espacés comme
dans un parc à l'abandon, et des aubé-
pines prodigieusement fleuries, et d'au-
tres arbres encore, d'une espèce incon-
nue, dont les grappes blanches sentent
l'oranger;' par terre, ce sont les lins
roses et les graminées fines, toute M
flore des lieux secs de Galilée, revenu»
sous nos pas.
PIERRE LOP.
I La suite à demain.)
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sur leur demande, ce qui a paru dajiouve^S
feuilleton.
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