Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1895-07-21
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juillet 1895 21 juillet 1895
Description : 1895/07/21 (Numéro 202). 1895/07/21 (Numéro 202).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k283344z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le Numéro = SEINE &SE!NE-BT^OISE 1S centimes = DÉPARTEMENTS 20 centimes
Dimanche 21 Juillet 1805
41é Année 3* Série N* 202
ÎV DE RODÀYS A. PËEIVÎSR
Directeurs Gérants
Prix, des AJbonaexnents
̃̃.> L Trois Mois Six Mois Un An
felHE, SEINE-ET-OlSE. 16 » 32 » 64
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Jïïl VONT SU IMETIRE EN ROUTE
Etv d"abprd pourquoi voyage-tron ?
Pour faire comme tout le monde.
Pour changer d'air.
Pour entendre de la musique et voir
les tableaux qu'on croit meilleurs que
;eux d'ici.
• Pour, s'éviter un mariage peu prati-
que, ou pour rompre une liaison dont on
t'imagine avoir assez.
Toutes raisons également absurdes.
Jl est nécessaire d'observer que, pen-
dant un voyage, on a.toujours l'esto-
mac embarrassé, la tête lourde, la bou-
che sèche, les pieds enflés et l'âme in-
quiète. Ces différents symptômes mar-
-quent que l'être humain se trouve dans
ce; que les médecins nomment un
« état d'infériorité ». Tout le monde sait
que V « état d'infériorité » consiste en
une dépression de l'activité vitale qui
empêche de jouir de quoi que ce soit.
Maintenant que nous avons décrit la
pénible situation, tant morale que phy-
sique, où le voyage réduit chacun, exa-
minons à quoi aboutissent les diverses
raisons que Von se donne à soi-même
pour se décider à partir.
Lorsqu on voyage v-pour i&ire- comme t
tout Je monde, il est évident que c'est
dans le but de retrouver les gqns, avec :4
lesquels on a l'habitude de s'ennuyer à
Paris. Or, dans la généralité des cas, on
ne rejoint pas lés excellents amis qui
vous onidit^tt Nous. serons à. Genève en
juillet. venez-y donc! » Ils sont partis
la Veille de votre arrivée, ou arrivent le
lendemain de votre départ. Si, par ha-
sard, on les rencontre ils ont changé
leur itinéraire, fait.de nouvelles connais- j
sances, vu dans la ville dont vous venez ]
justement ce que vous n'y avez pas vu
et qui seul valait la peine qu'on le vît. Et
ils vous quittent précipitamment, après
vous. avoir démontré que vous ne savez
pas voyager. Il vous reste, il est vrai, la
compensation d'agir de même avec d'au-
tres infortunés partis, eux aussi, pour
faire comme tout le inonde.
Si on se déplace pour changer d'air, on
va sur des montagnes, sur des plages,
soùsdes sapins, avec l'espoir de se gué-
rir de quelque chose. Erreur profonde.
Comme les cuisines locales, le grand air
n'est sain que pour ceux qui en ont l'ha-
bitude. J'ai un ami qui, après n'être pas
BdrtidëPar.ispëridântvingt-cinq ans, s'est
maginé une fois qu'il se devait à lui-
même d aller « respirer » dans une forêt.
J'ai oublié laquelle. Le soir même
desonarrïyée.H fuiprisd'unesyncopë..0n
chercha en hâte unmëdécîn.L'alîàïrefainît
mal tourner legrand air l'avaitasphyxié l
Aussitôt qu'ils sont hors de Paris, les
Parisiens cessent d'être soutenus par
cette bonne petite fièvre qui fait que l'on
sent moins ses malaises, qu'on ne vieil-
lit pas, et qu'on ne meurt que lorsqu'il
n'y a vraiment plus moyen de faire au-
trement. Dans le calme de la nature on
constate mieux ses souffrances, on me-.
sure la profondeur de son détraquement,
on prend le spleen. Et l'on rentre chez
soi avec la conviction d'être bien plus
malade qu'on ne croyait.
Quant à ceux qui vont chercher des
émotions esthétiques, tout ce que je leur
souhaite c'est d'être de faux esthètes et
devrais snbbs. leur retour, ils pourront
trouver quelque satisfaction à raconter,
par exempIevquë,grâQe à J 'importance de
leurs recommandations, Us ont, étant à
Florence, feuilleté le bréviaire de Lau-
rent de Médicis. Il est aussi très bien
porté d'avoir découvert un MemJingr dans
quelque village de la Navarre, d'avoir
obtenu de faire faire une photographie
uuique d'une fresque de Gozzoli que nul
ne connaît, d'avoir déterminé de façon
péremptoire qne.leportrait duducd'Albe
n'est pas; du tout d'Àntbnis de.Moor,
comme tout le mondé le croit, ou d'autres
choses analogues. Il y. a beaucoup de
variations sur ce thème de vanité.
Mais les pauvres voyageurs qui sont
sincèrement doués du goût des chefs-
é'œuvre, je les plains 1 c'
Pour jouir d'une chose d'art, il faut
s'isoler en elle et pouvoir se figurer qu'on
n'a rien d'autre à faire que de chercher
à en "pénétrer le sens. La condition du
plaisir esthétique c'est la liberté abso-
lue de l'esprit. Et comment serait-on
libre de regarder un tableau lorsqu'on a
les yeux affolés pour en avoir vu mille,
lorsqu'on sait qu'on en a encore quinze
cents à voir, et qu'il faut rentrer à l'hôtel,
s'occuperdesesmalles, prendre le train.
S'agit-il de musique, c'est pis encore.
A l'inversé des. sensations de musée, les
sensations de théâtre doivent participer
de celles des voisins. Or un Fran-
çais ne saurait être ému juste en même
temps et pour les mêmes raisons qu'un
Allemand ou un Anglais. Il n'est pas at-
teint par réleçtoicité qui circule dans la
salle, et tout ce qu'arrive à lui inspirer
la musique la plus sublime c'est le senti-
ment d'une intolérable solitude. •
Que dire maintenant des gens qui con-
sidèrent le voyage comme un remède à
l'amourl
S'il y a quelque chose qui puisse dis-
traire d'aimer c'est de s'amuser, et les
esprits de bonne foi conviendront qu'en
voyage on s'enn uiè presque tout lé temps.
[lya les mortelles heures d'attente dans
les gares on les occupe à s'imaginer
combien tout serait différent, si elle était
Eu •̃̃̃̃ ̃' •̃•̃
Il y a les interminables journées où
on roule dans des trains cahoteurs,,
ayant trop chaud ou trop, froid, du char-
bon dans les cils, la désillusion de ce
que l'on vient de voir, l'indifférence du
lieu où l'on va, la conviction, qu'on a
manqué sa vie: et alors réparait, plus
forte, l'idée que si elle était là
A-t-on fui pour rompre une liaison?
le souvenir de tous les détails élégants
«u confortables dont on entourait ses
petites habitudes revient, plein d'amer-
tume, devant les aspects inquiétants ou
antipathiques des meubles d'hôtel.
S'il s'agit d'un mariage qu'il vaut
mieux ne pas faire, on ëstlianté par des
Visions de bonheur exquis en se heur-
tant, à chaque pas, contre des couples
d'amoureux qui font semblant d'être
iravis. Et comme on ignore que, -sur
ceux-là aussi, le voyage exerce sa
pernicieuse action, qu'ils sont fatigués,
énervés, grognons, et que souvent ils se
disputent au lieu de s'embrasser, leur
vue empliti'âme de nostalgies.
C'est ainsi que -tout comme ceux qui
•sont partis pour se soigner reviennent
glus ima-Iâdfes– ceux qui partent pour
oublier reviennent. plus airioureuxv • ̃
'̃' Mais,avouonsrle, toutes ces raisons de
voyager ne sont que des prétextes, des
apparences vaines. Le vrai mobile, c'est
le besoin d'être ailleurs. C'est la curio-
sité cosmopolite qui nous arrache à nos
traditions de cœur et de pensée cet
appétit maladif d' « autre chose »> qui
nous fait importer nos meubles et nos
habits d3A.ngîeterre, nos enthousiasmes
musicaux d'Allemagne, nos préoccupa-
tions morales de Suède,notrepitié de Rus-
sie qui fait que nous goûtons mieux
notrepsychologie lorsqu'elle nous revient
d'Italie, et qu'il nous amuse de désap-
prendre notre langue en Belgique.
Comment résister au désir d'aller voir
les lieux où naissent les idées pour les-
quelles nous trouvons élégant de nous
passionner? ̃
Et de ces pays parcourus en hâte, vus
superficiellement, compris a contresens,
nous rapportons des âmes diminuées,
car le sentiment de la nationalité s'y af-
faiblit sans que celui de la fraternité uni-
verselle y grandisse en proportion.
Voyageurs mes pareils car, comme,
vous, j'ai bien couru les grandes routes,
et je /es cours encore ne ferions-nous
pas mieux de rester un peu plus. chez
nous, d'employer nos curiosités à com-
prendre ce qui se passe dans notre cher
vieux pays, d'en écouter battre le cœur
et bouillir la pensée ? Et, si nous éprou-
yons le *besoin. d'agrandir et d'enrichir
nos âmes, n'est-ce pas encore en nous dé-
veloppant dans le sens de notre race que
nous le ferons le -mieux? Enfin ne se-
rons-nous pas aussi sages, et bien plus
originaux, en suivant le conseil de l'au-
tre qui disait Cultivons notre jardin l »
J. Ricard.
ATI JOUR LE JOUR
MORT DE M. PATINOT
Le Journal des Débats est un centenaire en-
core très vert dont la" robuste vieillesse se plaît
dans la maison qui l'a vu naître et où il a grandi.
Sombre et nue, cette maison si riche en souve-
nirs, dont chaque pierre rappelle quelque inci-
dent d'un passé historique, se dresse dans
Cette rue étroite et noire des Prêtres r Saint-.
Gèrœain4-l!Auxejrrpis qui. s'allonge, domine
un boyau, entre des bâtisses d'un autre,
âge et les murs de l'église qu'une lèpre
ronge. Au-dessus de la porte large et ar-
rondie, une tablette très vieille, aux lettres
lavées, presque effacées par la pluie, annonce
aux passants que cet immeuble vénérable
abrite le journal des Bertin.
L'escalierr aux marches en brique usées
par tant -de générations de politiques et d'écri-
vains qui en gravirent les degrés depuis 1789,
a vu passer Chateaubriand, Jules Janin, Pré-
vost-P.aradol, John Lemoinné, Renan, Taine.
C'est une sorte d'échelle, en maçonnerie dont
le pied, plonge dans les ténèbres et qui s'élève,
par des pentes rapides et des tournants meur-
triers, jusqu'à un demi-jour crépusculaire par-
cimonieusement distribué par d'étroites fenê-
tres. '̃̃ ̃ ̃ '̃.
I Ceux qui -jugent des gens -et des journaux
sur l'apparence en concluent généralement
que les Débats et leur directeur doivent appar-
tenir â un autre âge, qu'ils représentent des
politiques et une politique oubliés depuis 1830
et qui s'attardent en l'an de grâce 1895; Us se
trompent.
M. Patinot> qui est mort hier soir et qui
continuait la dynastie des Bertin à laquelle
il se rattachait par son mariage, était le
plus moderne des hommes et Je plus épris
dé progrès, comme il était aussile plus libé-
rai, le plus; ouvert, le plus souple des iour-
nalistes. Il avait rajeuni par un coup de
baguette la vieille feuille de la rue des Pré-
tres, en groupant autour de lui un personnel
recruté avec soin parmi les écrivains récem- (
ment éclos a la vie politique et littéraire, qu'il
employait avec succès pour renouveler et
regaillardir, les vétérans qui livrèrent, sous
ses prédécesseurs, tant de glorieux combats I
M. Dietz, un conseiller calme et fort hon-
nête et droit, dont le vigoureux bon sens
s'exprime en un style châtié et net, d'une cor-
rection irréprochable et d'une exceptionnelle
finesse, également ferré sur la politique, le
droit et les plus difficiles problèmes écono-
miques M. Francis Charmes, pour qui les af-
faires extérieures n'ont pas de secrets quand
il les étudie et n'en ont plus pour personne
quand il en parle; M..Heurteau,- qui promène
son ironie dans des'phrases artistement cise-
lées, dont chaque mot porte et touche M.
Jules Lemaître, M. Doumic, M. André Hal-
lays et vingt autres, qui collaborent plus spé-
cialement aux Débats roses, qu: furent la der-
nière création de M. Patinot et auxquels il se
consacrait plus exclusivement, avec la ten-
dresse d'un père pour son plus jeune fils.
Matin et soir, il arrivait le premier dans la
vaste salle de rédaction, où l'on montre en-
core la chaise où s'asseyait Chateaubriand^
lisait les journaux, indiquait les sujets d'arti-
cles, discutait avec ses collaborateurs les
questions à traiter, se rendant toujours aux
bonnes raisons, mais après une résistance
assez vive, et les paroles s'échappaient alors
dé ses lèvres comme un liquide du goulot
d'une bouteille trop brusquement penchée. Il
avait aussi des emballements dont il était le
premier à sourire, et des cris d'indignation
que la sottise, !'hyp6 ques arrachaient à son cœur généreux.
Il apportait, dans ses fonctions de direc-
teur, une assiduité, un zèle, une ardeur que
les plus cruelles souffrances de ce mal qui
vient de l'emporter ne ralentirent jamais. Il
demeura jusqu'au bout à son poste, comme
un capitaine sur son niyire, et le jour où la
sonffrance, plus forte que son énergie, l'exila
dans sa chambre, ceux qui le connaissaient
bien commencèrent à désespérer,
Avant de prendre en main la direction du
Journal des Débats, M. Patinot avait brillam-
ment marqué sa place dans l'administration.
Préfet ou secrétaire général de la Préfecture,
de police, il laissa partout des souvenirs qui
ne se sont pas encore affaiblis.
Chargé, en 1872, de procéder à l'arrestation
,du prince Napoléon, alors l'hôte de M.Mau-
rice Richard, à Millemont,M. Patinot s'acquitta
de cette mission pénible avec une courtoisie
et un tact auxquels leprince lui-même a sou-
vent rendu hommage. Entre l'héritier de
César résolu. à ne céder qu'à la force et
le fonctionnaire exécutant un ordre, il ne
fut échangé aucune parole dont la dignité
de l'un ou de l'autre pût s'offenser, et cette en-
trevue, d'abord froide, se termina sur ce mot
spirituel de Mi Patinot, qui fit sourire 'le
Prince :̃̃̃•'« Quand il plaira â Monseigneur,
nous procéderons à la petite scène de vio-
lence. »̃̃
Grand, mince, avec un commencement de
calvitie, la barbe blonde, la figure fine et ex-
pressive, la bouche souriante, l'oeil spirituel et
vif, M. Patînôt était tout à la fois très aima-
ble, très ferme et très sûr. Son parti le tenait
en haute estime, et: il. avait bien raison; car il
l'a' admirablement servi, sans lui cacher ses
fautes, en lui donnant des conseils où se ré-
vélaient son expérience, son jugement et une
clairvoyance qui ne fut jâïnais en défaut.
Il disparait après six mois d'horribles souf-
frances.
Le parti libéral perd en lui- un de ses chefs
les plus habiles, un guide qu'il pouvait suivre
aveuglément, un conseiller dont il déplorera
souvent la perte. Ses .amis et ceux qui l'ont
approché n'oublieront ni sa courtoisie, ni le
charme de ses relations, ni son excellent cœur.
Paul Bosq.
Échos
La Température
La situation reste très troublée; le baromè-
tre baisse considérablement; les minima lés
plus importants sont dans le sud-ouest de
l'Angleterre, ^4S«»n.\pe:gros:mauyais temps 1s
régnent sur la Manche et' la Bretagne et vont
s'étendre jusqu'en Gascogne. La mer est fort
agitée sur nos côtes de l'Ouest. La tempéra-
ture est aussi en grande baisse hier' à Paris,
Je thermomètre indiquait 150 au-dessus ,1e
matin à huit heures, i 90 à midi et retombait
à 180 à deux heures; le baromètre à/ la même
heure marquait 759a"». Le temps reste à la
pluie et aux orages et la température va bais-
ser encore. Dans Ja soirée thermoinétre 20°,
baromètre 754'nm. ̃
i Dieppe. Mer calme, beau temps. Th. 240.
Les Courses
A 2 heures, courses àMaisons-Laffitte,
Gagnants de Robert'Milton
Prix dès Essarts ^icardia.
Prix du Mandinet Dagger.
prix d'Aigremqnt Halte Là.
Prix Monarque Merlin.
Prix Bay-Archer Chapeau Bas.
EMBARRAS CRUELS
w^- iVoiis a vions prévw que là situation
VN créée au mihistèr e par la démission '¡
collective des membres du Conseil de
l'ordré de la Légion d'honneur ne serait
ni normale ni commode elle semble
plus grave, encore que nous ne l'avions
.supposé. Les informations officieuses
trahissent le désarroi que la résolution
pleine de dignité de M. le général Fé-
yrier et de ses collègues a jeté dans le
camp d'Agramant, que figure le minis-
tèreRibpt.
Certains ministres ont pris des enga-
gements. Comme la croix de la Légion
d'honneur est depuis longtemps la mon-
naie^ diont on paye les services politi-
ques, ils avaient promis de fleurir des
boutonnières qui s'impatientent. L'on
assure qu'ils seront contraints de repor-
ter l'échéance à six mois, c'est-à-dire au
jour de l'an, ce qui leur enlève des dé-
vouements, sans compter le prestige de
l'omnipotence.
Nous ne voyons, pour notre compte,
aucun désavantage à cet ajournement. Il
peut permettre à M. Félix Faure, qui,
comme nous l'avons noté dès le premier
moment, reste la seule autorité active et
Vivante en cette matifere, de peser les
titres, de scruter les intentions, de 'dé-
jouer les calculs trop visiblement inté-
ressés et de restituer finalement àTOrdrë
le caractère chevaleresque et supérieure-
ment moral qu'il a perdu. supérieure-
Ce sera un échec pour M. Ribot. L'ineî-
fable Chautemps et le délicieux Lebon
en seront sans 1- doute inconsolables.
M. Leygues sera peut-être le moins marri
de ne pouvoir ouvrir, au profit de quel-
ques journalistes plusou moins obscurs,
le fameux robinet des services exception-
nels, qui, sous ses prédécesseurs, a les-
sivé, tant de consciences louches. Mais
la nation, qui, prise en masse, a encore
le culte des grands souvenirs que sym-
bolise la croix d'honneur, ne s'en plain-
dra pas.
Seulement, M; Félix Faure sera-t-il, en
cette occurrence, l'homme énergique que
l'on espère ? C'est un doute qui com-
mence à devenir pénible à certaines
gens. Le fait qu'il n'a pas appelé au Con-
seil des ministres le grand chancelier,
qui, aux termes des lois, avait le droit
d'y paraître alors qu'on traitait une
question de vie ou de mort pour l'insti-
tution dont il est le gardien, ne témoi-
gne pas précisément en faveur de son
énergie. Mais son énergie peut être pas-
Et d'ailleurs, soyons optimistes
c'est le meilleur moyen de faire crédit à
l'avenir. ̃;
-.oo
"A TtiTers fsm
C'est,bien gratuitement qu'on a pro-
noncé le nom de M. Casimir-Perier à
propos de la succession du général
Février à la grande chancellerie de la
Légion d'honneur.
Car, non seulement il est sans exem-
ple qu'un ancien chef d'Etat ait accepté
un autre poste, mais il est invraisem-
blable que le gouvernement puisse son-
ger à le lui offrir,
En tout cas, ce que nous pouvons
affirmer, c'est que i'ex-Président, ins-
tallé depuis huit jours à Pont-sur-Seitfe
avec sa famille, s'y montre uniquement
désireux, pour le moment, de jouir en
paix des loisirs que lui fait sa retraite
volontaire. ̃'
~ooaw-
Déplacements ministériels
M.-îlibot, président du Conseil, a quitté
Paris hier soir pour le Pas-de-Calais, où
il se propose de rester quelques jours. Il
représentera aujourd'hui le gouverne-
ment à l'inauguration du collège de Saint-
Pol.
#*#
M: André Lebon, ministre du com-
merce, quittera Paris le 27 juillet, pour
se rendre à Saint-Chamond, ou il séjour-
nera deux jours.
"Le président de la Chambre et Mme-
Henri Brisson ont quitté Paris hier ma-
tin, se rendant dans le Berry pour y pas-
ser les vacances parlementaires.
Ainsi que nous l'avons dit, M. Charles
Dupuy, ancien président du Conseil, va
prononcer au Puy un grand discours sur
la politique générale.
La réunion dans laquelle il prendra la
parole aura lieu au théâtre municipal
demain lundi.
M. Thurét, ayant terminé son service
d'honneur auprès de Monsieur le duc
d'Orléans, vient de rentrer à Paris, ap-
portant les meilleures nouvelles du
prince qui, des maintenant, peut faire
de courtes promenades à pied, sans
même avoir besoin de l'appui d'une
canne.
Monsieur le duc d'Orléans, accompa-
gné du comte de Gramont, quittera Lon-
dres mercredi ou jeudi prochain au plus
tard, pour faire à Marienbad la cure qui
lui à. été, ordonnee.afin.de redonner a sa
jambes blessée toute sa vigueur et aa'
^ouplessei, /̃̃̃̃ ̃ -̃
Cette cure terminée, le, prince prendra
part, en Angleterre et ailleurs, à de
grandes chasses qu'il pourra suivre à
cheval. ;̃̃
M. Lahovary, ministre de Roumanie
en France, a quitté Paris hier soir par
l'Express-Orient, se rendant à Bucarest,
en vertu d'un congé de deux mois.
En son absence, la légation sera gérée
par M. Nicolas Ghika, en qualité de J
chargé d'affaires.
INSTANTANÉ /•̃̃.
DENYS COCHIN
Très grand et le buste puissant comme celui
d'un athlète. Son visage, aux traits accentués,
encadré d'une superbe barbe d'un-blond ardent,
respire la force en même temps que la bonté,
la loyauté, la bonhomie et l'esprit.
Denys Cochin est le fils aîné de l'ami de
Montalembert, de Mgr Dupanloup et de
M. de Falloux, qui, membre de l'Institut,'
laissa de si grands souvenirs comme maire, de
Paris et préfet de Seine-et-Oise. Sa mère,
morte il y a trois an s, était née Benoist d'Azy.
Après de brillantes études, il devient, au
laboratoire de chimie de l'Ecole normale,
l'élève de M. Pasteur. Sa belle conduite pen-
dant ,1a guerre frinco.-al|6mandè léfcvaut la
"m édaàiè- militaire.. •̃ «i- -v; -r
Royaliste militant, ardent catholique, il se
lance dans la vie politique et s'y fait vite une
place à part. D'abord conseiller municipal du
quartier des Invalides, il défend pendant de
nombreuses années, avec une éloquence per-
suasive, quoique souvent familière, les intérêts
parisiens, forçant par sa fougue toujours'
loyale, pair, la rare lucidité de ses vues, la
sympathie de ses adver«aires. Aux dernières
élections législatives, le huitième arrondisse-
ment l'envoie à la Chambre où sa personna-
lité s'est-déja affirmée en plusieurs circonstan-
ces importantes.
Esprit très ouvert aux problèmes philo-
sophiques Denys Cochin est l'auteur de
l'Evolution et la. Vie, que l'Académie fran-
çaise a couronne. Il vient d'écrire un nouveau
livre, le Monde extérieur, qui fait déjà- sensa-
tion dans le monde de la science et dans'celui
des lettres, les plus hautes idées philosophi-
ques et les hypothèses scientifiques qui y sont
développées y empruntant une très séduisante
forme littéraire.
Denys Cochin est un des amis les plus
Ëdéles et les plus dévoués de Monsieur le
duc d'Orléans qui trouve en' lui un conseil
sûr et éclairé.
D. e_son. mariage avec Mlle Pean de Saint-
Gilies' il a eu six ènfaptsidont l'aîné, Augustin
Cochin, va entrer à l'Ecole, navale. L'un des
îjëreB au sympattâqvie députfe dfc \a Seine, M.
Henry Cochin, est député du Nord; l'autre,
M. Pierre Cochin, est officier de cavalerie.
Sa famille, l'une des plus anciennes de la
bourgeoisie parisienne, descend de Charles
Cochin, sieur de Combreulx, échevin de Paris
en 1500. C'est à l'un des Cochin, curé de
Paris, grand-oncle des députés actuels, que
l'on doit la fondation de l'hôpital de ce nom.
Les réservistes du 331e régiment de
réserve d'infanterie, si chaleureusement
acclamés à Longchamps, sont rentrés
dans leursfoyers jeudi soir.
Donc, en dix jours exactement, on a
pu réunir, habiller, armer et exercer
des hommes appartenant à toutes les
classes de la société; amener d'Orléans
à -Paris les trois superbes bataillons
ainsi formés; les faire défiler à Long-
champs aussi correctement que n'im-
porte quel régiment de l'active; les ra-
mener à Orléans, les déshabiller, les
désarmer Jet les renvoyer dans leurs
foyers.
L'enseignement qui se dégage de la
belle parade du 14 juillet est tout entier
'dans les lignes qui, précèdent. La certi-
tude que1 nous avons aujourd'hui de
pouvoir doubler instantanément, en cas
de guerre, ^l'armée active, le tout appuyé
sur une solide armée territoriale, est in-
contestablement la meilleure garantie de
la paix..
Le fait méritait d'être constaté.-
.0OOP0-
Nous recevons la lettre suivante
Paris, 20 juillet 1895.
Mon cher Masque de Fer,
La joie très naturelle que notre confrère et
ami Gustave Guiches a éprouvée en se voyant
décoré lui a fait mal lire le petit Instantané
que je lui ai consacré, et lui a fait oublier
certains faits. Je. n'ai jamais dit que la Co-
médie-Française aareftise la pièce de M.
Guiches: j'ai dit qu'elle « n'a pas voulu la
jouer », et notre confrère et ami Guiches doit
bien savoir ce .que je veux dire.
Il y a longtemps il y a certes deux ans
Guiches a bien voulu lire chez moi sa
pièce (lui rappellerai-je môme que le premier
acte était si long que ce soir-là, le premier,
nous n'en lûmes pas davantage?)– il me de-
manda comme ill'a fait .à plus d'un d'en-
tre &dus ce que je pensais de son œuvre.
Je le lui dis et je ne lui cachai pas ce que je
trouvais de tout à fait bien dans ses trois
actes, Quelques jours après, je vis arriver
Guiches qui me montra des lettres de M. Ca-
dol, lecteur du Théâtre-Français des lettres
de M. Claretie, administrateur du Théûtre-
Français, des lettres de enfin d'autres let-
tres encore qui me prouvèrent que le Théâ-
tre-Français ne tenait pas autrement à mon-
ter sa pièce, et c'est exactement ce que j'ai
voulu dire par les mots « n'a pas voulu ».
Je me rappelle certaines phrases sur la va-
le,ur Jittéraire de l'eeuvre, qjii étaient tout à
fait caractéristiques pour i'fLoimne aimable e
qui les, signait. Quelque temps après,- Gui-
ches m'écrivit que sa pièce lui paraissait
mieux aller à, disons un autre théâtre
et me demandait si je ne connaissais pas.
disons un autre directeur t
Je pourrais rappeler à Guiches encore
quelques détails qui lui prouveraient que
dans le passé la Comédie-Française n'a pas
voulu jouer l'Ennemi. Tant mieux pour lui,
pour elle et pour nous, sila Comédie a changé
d'avis 1 -'̃̃.•̃̃ ̃
Voilà l'histoire qui n'a vraiment pas grand
intérêt et qui prouve qu'il est difiicilede
contenter les auteurs. En voilà un qui n'a
pas le droit de douter de mes sentiments à
son égard, je les lui ai -prouvés; '̃̃ dans
mon article je l'ai comparé à Balzac, j'ai dit
qu'il avait du talent 'et qu'il était l'ami des
grands. Je pense tout ce que j'ai écrit de lui,
et il réclame 1
Mon cher Masque de Fer, félicitons-nous
d'être de simples journalistes sans trop
d'amour-propre et dites à' Guiches que je se-
rais heureux /que sa pièce eût deux cents repré-
sentations au Théâtre-Français ou ailleurs, et
que je le prie dès à présent de m'inscrire
parmi les amis qui lui donneront, à cette oc-
casion, un de ces soupers qui; ne se donnent,
parait-il, qu'au Pavillon-Bleu 1 Tout avoua! 1
̃ r • *̃ ̃ • Jacques Saîst-Gère.
Nos excellents conseillers municipaux,
qui font volontiers sonner très haut leur
sollicitude pour les intérêts de Paris,
sont partis en vacances sans donner de
solution à la question du service des
Promenades et de l'Éclairage, désorga-
nisé comme à plaisir sous le prétexte
d'un abatage d'arbres plus ou moins pré-
maturé. r
Dans ce malheureux service, le gâchis
règne actuellement en maître: des fone-
tionnairës qui le dirigent, les uns, n'étant
là qu'à titre proyisoire, ne peuvent y
prendre qu'un intérêt relatif, les autres,
désormais sans autorité ni prestige, at-
tendent leur révocation annoncée à
grand fracas, et le reste, ne sachant pas
à qui ils devront obéir demain, laissent
venir les événements en se croisant les
bras. '̃̃ •"• '•'̃ .̃̃' ̃
Cependant d'intéressantes questions
restent en souffrance, mais, par un ac-
cord aussi inusité que touchant, le Con-
seil et l'Administration semblent s'être
donné le mot pour perpétuer cette situa-
tion. C'était très bien de couper il fau-
drait maintenant savoir recoudre.
i.vv:PM.S?^vD^
L'Omission d'un membre 'de';pnrasè
dans l'écho, que nous avons récemment
publié sur une ascension du mont Cer-
vin a dû faire sourire de nombreux al-
pinistes. « C'est la seconde fois, disions-
nous, que cette aiguille, qui domine Zei-r
matt, est atteinte. » Les mots depuis le
commencement de la saison », qui de-
vaient figurer dans la phrase, sont mal-
heureusement restés au fond de l'en-
crier.
L'ascension du mont Cervih, bh le
sait, se fait sinon couramment, du moins
très fréquemment, et il n'est pas de sai-
son où une trentaine de touristes, parmi
lesquels quelques femmes, ne la tentent
avec succès.
De Saint-Sébastien.
Le mouvement politique et mondain
est maintenant ici.
M. de Reverseaux ambassadeur -de
France, a passé ici à destination de Saint-
Sauveur, où il va rejoindre sa fille et
Mlle de Radowitz, fille de l'ambassadeur
d'Allemagne. Mlle de Reverseaux pas-
sera l'été en Savoie. M- de Reverseaux
ramènera Mlle, da Radowtz. à S.aint-Sé-
bastïen, ou se trouve déjà son père.
Sir Drummond Wolfî, ambassadeur
d'Angleterre; est également ici, ainsi que
les ministres de Belgique et de Hollande.
Tout le personnel de l'ambassade de
France passera l'été a. Saint-Sébastien.
On y attend prochainement MM. Romero
Robledo, ministre de. la justice, le duc de
Tetuan, ministre des affaires étrangères
et, vers la fin d'août, M. Canovas del
Castillo. '.•:̃
M. Gastelâr vient d'arriver, venant de
Pau, où il est resté quelques jours.
M. Silvela est à deux heures de Saint-
Sébastien, au balnéaire de Cestona.
M. Nocedal, chef des carlistes dissi-
dents, est incessamment attendu; M.
Muro, chef du parti républicain) est
déjà installé dans sa villa, à la cam-
pagne.
L'infante Isabelle, après avoir accom-
pagné la Régente jusqu'à Villalba, est
partie pour la Granja, ou elle passera
l'été.
# ̃ v.
La Maison royale d'Espagne fête au-
jourd'hui le trente-septième anniversaire
de la naissance de S. M. la reine-
régente d'Espagne,- mère du roi Al-
phonse XIII. y
Le comte de Turin garde en ce moment
la chambre par suite d'une angine con-
tractée le lendemain de l'arrivée à Turin
de son frère et de sa belle-sceur, LL. AA.
RR. le duc et la duchesse d'Àoste. L'état
du prince n'inspire cependant aucune
inquiétude.
De Genève.
S. A. le prince Mohamed Aii Pacha,
frère du Khédive, vient de passer quel-
ques jours à l'Hôtel National, où se trou-
vent, en ce moment princesse Dolgo-
rouky, princesse Yduriewsky, comtesse
Montesquiou, princesse de Stirbey, prin-
cesse de Brancovan, lord et lady Pol-
timore, etc.
fflouvelles â la Main'
Lu dans le carnet d'un touriste an-
glais • ;v.
1.
Vu à l'entrée des Champs-Elysées deux
chevaux emportés,
Et quelques pages plus loin `
20 Juillet 1805
Eté aux Champs-Elysées, vu encore à l'en-
trée deux chevaux' emportés.
C'étaient ceux de Coustùu 1
Une bicycliste, ravie de se voir dans
l'affreux costume que la mode ou la né
cessité inflige aux femmes et qui en fait
Je- plus souvent d'horribles objets, ne
peut contenir sa joie et dit à son mari
Je t'en prie, fais-moi faire mon
buste en culotte courte ï
Le Masque de Fer.
LA PAIX DES CHAMPS
UN Député, mollement étendu sous war~
bre. Il murmure des réminiscences classiques
entrecoupées de refrains à la mode. c Tityre
tu patulce recubans. » En voulez-vous, des
z'homards ?.
Un Electeur.– Eh bien, monsieur le dé-
puté, il fait plus frais ici qu'à. la Chambre.
Le Député. Sans comparaison, mon vieil
ami.
L'Electeur. Vous pouvez vous vanter
de ne pas avoir perdu votre temps, cette an-
née! Les bouilleurs de cru. l'alcool. les
boissons.
Le DÉPUTÉ. Ah nous avons lutté.
i L'Electeur. Et ce dernier vote! En
fait-il un bruit dans les journaux 1 On ne parle
que 3frç^t •' .-̃ ̃
i Le Bépvtê. A quel vote faites-voua
allusion?
L'Electeur. Au fameux, sur le Conseil.
Le DÉPUTÉ. Quel Conseil? le Conseil
^es ministres? :•
L'Electeur.– Non, le Conseil de l'Ordre.
i Le Député, Oui, oui. j'y suis. Nous
pons félicité le Conseil de l'Ordre sur. je ne
me rappelle plus sur quoi. Je n'ai pas la mé-
moire des votes. .̃•
i L'Electeur Mais non, vous ne l'avez pas
félicité, vous l'avez blâmé. pas
LE DÉPUTÉ. Parfaitement; Vous ave*
raison. Nous l'avons fichtre bien blâmé.
I L'Electeur. Et à la suite de ce vote, le
Conseil a donné sa démission.
| Le Député, –r C'est possible et je vous, di-
^ai même que ça ne m'étonne pas. Mais je
veux l'ignorer. Un député véritablement sou-
cieux de ses devoirs législatifs doit toujours
voter sans s'occuper des conséquences de son
vote. • '•"
j L'Electeur. –II est certain que.
• Le Députe.– Si on pensait aux consé-
quences de son vote, on ne voterait jamais, et
il n'y aurait plus de gouvernement possible.
L'Electeur. ̃– Oui. peut-être. g
LeDéputjé. rLes électeurs nous nomment
pour voter des lois et des ordres du jour pen-
dant huit mois de l'année, et non- pas pour au
tre chose. Nous avons blâmé le Conseil,puis
Jipus s.ommes çaçtig en vacances. Le reste ne
nous regarde pas. Jusqu'à la rentrée des
Chambres nous ne sommes responsables de
rien du tout et, pour ma part, j'ai l'intention
de ne pas lire un seul journal d'ici à cette
ipoque.
j L'Electeur. :-r Hum 1
i Le Député,. Nous vivons sous le régime `
parlementaire, n'est-ce pas ? Eh bien quand
le Parlement est en congé, nousnevivons plus
io.us aucun .régime. et, par conséquent, .tout
ce qui se passe ne compte pas. Nous recause-
rons de tout cela à la rentrée.
,• ̃̃ ̃' "'̃̃ "̃̃̃ Alfred Capus.
L'ATTENTAT DE SOFIA
Conversation avec le frète de Naoum
Tufekcbiew.
(Par dépêche de notre correspondant particulier)
Liège, 20 juillet.
Naoum Tufekchiew, qui vient d'être
arrêté, mis en liberté, puis arrêté de
nouveau par la police de Sofia pour
complicité dans l'attentat qui a eu pour
dénouement tragique la mort de Stam-
boulof, a fait un séjour de cinq ans
environ à l'Université de Liège où il sui-
vait les cours de l'Ecole des mines. Un
de ses frères habite actuellement cette
môme ville depuis quelques mois.
Elève à l'Institut, il se destine à la
carrière d'ingénieur-mécanicieri.
Lorsque les très nombreuses p,eri
sonnes qui ont été en rapport avec
Naoum Tufekchiew, et parmi elles beau-
coup d'officiers de l'armée belge, ont
appris son arrestation à Sofia; il y a eu à
Liège un véritable énormément. Aussi
ai-je pensé qu'il serait intéressant pour
le Figaro d'aller interviewer le frère de
l'assassin présumé de Stamboulof.
J'ai trouvé M. Tufekchiew dans le très
modeste appartement d'étudiant qu'il oc-
cupé rue Fàbry, à Liège. Il m'a reçu
avec la bonne grâce la plus parfaite et
m'a donné sans hésiter les quelques ren-
seignements que je venais lui demander
et dont je lui laisse la responsabilité.
̃ ̃•̃ -̃̃̃ #
C'est un jeune homme de vingt-trois à
vingt-quatre ans, de taille moyenne, a la
complexion un peu faible, les traits fort
basanés, les yeux, de ces beaux yeux
troublants de Slave, pétillantd'une vive et
prompte intelligence.
C'est par les journaux que j'ai ap-
pris et la mort du tyran et l'arrestation
de mon frère, me dit-il en une langue
d'une remarquable pureté, avec un léger
accent d'un charme étrange. Depuis cinq
ou six jours je n'ai pas reçu de nouvelles
de Sofia; je ne puis en attendre avant
deux ou trois jours encore, car les télé-
grammes que l'on pourrait m'expédier
seraient certainement interceptés. Avant
tout,et sans songer à dissimuler la haine
que moi et les miens avions vouée àStam-
boulof qui a fait périr mon jeune frère,un
« petit» de dix-sept ans, au milieu des plus
effroyables tortures, avant tout, je dois
déclarer que je réprouve de toutes les
forcés de mon être l'attentat criminel
dont le tyran a été la victime. Tous les
gens intelligents le réprouveront comme
moi. » selon
m5è îinterrogeài sur les faits qui, selon
lui, auraient pu amener l'arrestation de
son frère, sur les indications ailleurs
fi.,
Dimanche 21 Juillet 1805
41é Année 3* Série N* 202
ÎV DE RODÀYS A. PËEIVÎSR
Directeurs Gérants
Prix, des AJbonaexnents
̃̃.> L Trois Mois Six Mois Un An
felHE, SEINE-ET-OlSE. 16 » 32 » 64
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Etv d"abprd pourquoi voyage-tron ?
Pour faire comme tout le monde.
Pour changer d'air.
Pour entendre de la musique et voir
les tableaux qu'on croit meilleurs que
;eux d'ici.
• Pour, s'éviter un mariage peu prati-
que, ou pour rompre une liaison dont on
t'imagine avoir assez.
Toutes raisons également absurdes.
Jl est nécessaire d'observer que, pen-
dant un voyage, on a.toujours l'esto-
mac embarrassé, la tête lourde, la bou-
che sèche, les pieds enflés et l'âme in-
quiète. Ces différents symptômes mar-
-quent que l'être humain se trouve dans
ce; que les médecins nomment un
« état d'infériorité ». Tout le monde sait
que V « état d'infériorité » consiste en
une dépression de l'activité vitale qui
empêche de jouir de quoi que ce soit.
Maintenant que nous avons décrit la
pénible situation, tant morale que phy-
sique, où le voyage réduit chacun, exa-
minons à quoi aboutissent les diverses
raisons que Von se donne à soi-même
pour se décider à partir.
Lorsqu on voyage v-pour i&ire- comme t
tout Je monde, il est évident que c'est
dans le but de retrouver les gqns, avec :4
lesquels on a l'habitude de s'ennuyer à
Paris. Or, dans la généralité des cas, on
ne rejoint pas lés excellents amis qui
vous onidit^tt Nous. serons à. Genève en
juillet. venez-y donc! » Ils sont partis
la Veille de votre arrivée, ou arrivent le
lendemain de votre départ. Si, par ha-
sard, on les rencontre ils ont changé
leur itinéraire, fait.de nouvelles connais- j
sances, vu dans la ville dont vous venez ]
justement ce que vous n'y avez pas vu
et qui seul valait la peine qu'on le vît. Et
ils vous quittent précipitamment, après
vous. avoir démontré que vous ne savez
pas voyager. Il vous reste, il est vrai, la
compensation d'agir de même avec d'au-
tres infortunés partis, eux aussi, pour
faire comme tout le inonde.
Si on se déplace pour changer d'air, on
va sur des montagnes, sur des plages,
soùsdes sapins, avec l'espoir de se gué-
rir de quelque chose. Erreur profonde.
Comme les cuisines locales, le grand air
n'est sain que pour ceux qui en ont l'ha-
bitude. J'ai un ami qui, après n'être pas
BdrtidëPar.ispëridântvingt-cinq ans, s'est
maginé une fois qu'il se devait à lui-
même d aller « respirer » dans une forêt.
J'ai oublié laquelle. Le soir même
desonarrïyée.H fuiprisd'unesyncopë..0n
chercha en hâte unmëdécîn.L'alîàïrefainît
mal tourner legrand air l'avaitasphyxié l
Aussitôt qu'ils sont hors de Paris, les
Parisiens cessent d'être soutenus par
cette bonne petite fièvre qui fait que l'on
sent moins ses malaises, qu'on ne vieil-
lit pas, et qu'on ne meurt que lorsqu'il
n'y a vraiment plus moyen de faire au-
trement. Dans le calme de la nature on
constate mieux ses souffrances, on me-.
sure la profondeur de son détraquement,
on prend le spleen. Et l'on rentre chez
soi avec la conviction d'être bien plus
malade qu'on ne croyait.
Quant à ceux qui vont chercher des
émotions esthétiques, tout ce que je leur
souhaite c'est d'être de faux esthètes et
devrais snbbs. leur retour, ils pourront
trouver quelque satisfaction à raconter,
par exempIevquë,grâQe à J 'importance de
leurs recommandations, Us ont, étant à
Florence, feuilleté le bréviaire de Lau-
rent de Médicis. Il est aussi très bien
porté d'avoir découvert un MemJingr dans
quelque village de la Navarre, d'avoir
obtenu de faire faire une photographie
uuique d'une fresque de Gozzoli que nul
ne connaît, d'avoir déterminé de façon
péremptoire qne.leportrait duducd'Albe
n'est pas; du tout d'Àntbnis de.Moor,
comme tout le mondé le croit, ou d'autres
choses analogues. Il y. a beaucoup de
variations sur ce thème de vanité.
Mais les pauvres voyageurs qui sont
sincèrement doués du goût des chefs-
é'œuvre, je les plains 1 c'
Pour jouir d'une chose d'art, il faut
s'isoler en elle et pouvoir se figurer qu'on
n'a rien d'autre à faire que de chercher
à en "pénétrer le sens. La condition du
plaisir esthétique c'est la liberté abso-
lue de l'esprit. Et comment serait-on
libre de regarder un tableau lorsqu'on a
les yeux affolés pour en avoir vu mille,
lorsqu'on sait qu'on en a encore quinze
cents à voir, et qu'il faut rentrer à l'hôtel,
s'occuperdesesmalles, prendre le train.
S'agit-il de musique, c'est pis encore.
A l'inversé des. sensations de musée, les
sensations de théâtre doivent participer
de celles des voisins. Or un Fran-
çais ne saurait être ému juste en même
temps et pour les mêmes raisons qu'un
Allemand ou un Anglais. Il n'est pas at-
teint par réleçtoicité qui circule dans la
salle, et tout ce qu'arrive à lui inspirer
la musique la plus sublime c'est le senti-
ment d'une intolérable solitude. •
Que dire maintenant des gens qui con-
sidèrent le voyage comme un remède à
l'amourl
S'il y a quelque chose qui puisse dis-
traire d'aimer c'est de s'amuser, et les
esprits de bonne foi conviendront qu'en
voyage on s'enn uiè presque tout lé temps.
[lya les mortelles heures d'attente dans
les gares on les occupe à s'imaginer
combien tout serait différent, si elle était
Eu •̃̃̃̃ ̃' •̃•̃
Il y a les interminables journées où
on roule dans des trains cahoteurs,,
ayant trop chaud ou trop, froid, du char-
bon dans les cils, la désillusion de ce
que l'on vient de voir, l'indifférence du
lieu où l'on va, la conviction, qu'on a
manqué sa vie: et alors réparait, plus
forte, l'idée que si elle était là
A-t-on fui pour rompre une liaison?
le souvenir de tous les détails élégants
«u confortables dont on entourait ses
petites habitudes revient, plein d'amer-
tume, devant les aspects inquiétants ou
antipathiques des meubles d'hôtel.
S'il s'agit d'un mariage qu'il vaut
mieux ne pas faire, on ëstlianté par des
Visions de bonheur exquis en se heur-
tant, à chaque pas, contre des couples
d'amoureux qui font semblant d'être
iravis. Et comme on ignore que, -sur
ceux-là aussi, le voyage exerce sa
pernicieuse action, qu'ils sont fatigués,
énervés, grognons, et que souvent ils se
disputent au lieu de s'embrasser, leur
vue empliti'âme de nostalgies.
C'est ainsi que -tout comme ceux qui
•sont partis pour se soigner reviennent
glus ima-Iâdfes– ceux qui partent pour
oublier reviennent. plus airioureuxv • ̃
'̃' Mais,avouonsrle, toutes ces raisons de
voyager ne sont que des prétextes, des
apparences vaines. Le vrai mobile, c'est
le besoin d'être ailleurs. C'est la curio-
sité cosmopolite qui nous arrache à nos
traditions de cœur et de pensée cet
appétit maladif d' « autre chose »> qui
nous fait importer nos meubles et nos
habits d3A.ngîeterre, nos enthousiasmes
musicaux d'Allemagne, nos préoccupa-
tions morales de Suède,notrepitié de Rus-
sie qui fait que nous goûtons mieux
notrepsychologie lorsqu'elle nous revient
d'Italie, et qu'il nous amuse de désap-
prendre notre langue en Belgique.
Comment résister au désir d'aller voir
les lieux où naissent les idées pour les-
quelles nous trouvons élégant de nous
passionner? ̃
Et de ces pays parcourus en hâte, vus
superficiellement, compris a contresens,
nous rapportons des âmes diminuées,
car le sentiment de la nationalité s'y af-
faiblit sans que celui de la fraternité uni-
verselle y grandisse en proportion.
Voyageurs mes pareils car, comme,
vous, j'ai bien couru les grandes routes,
et je /es cours encore ne ferions-nous
pas mieux de rester un peu plus. chez
nous, d'employer nos curiosités à com-
prendre ce qui se passe dans notre cher
vieux pays, d'en écouter battre le cœur
et bouillir la pensée ? Et, si nous éprou-
yons le *besoin. d'agrandir et d'enrichir
nos âmes, n'est-ce pas encore en nous dé-
veloppant dans le sens de notre race que
nous le ferons le -mieux? Enfin ne se-
rons-nous pas aussi sages, et bien plus
originaux, en suivant le conseil de l'au-
tre qui disait Cultivons notre jardin l »
J. Ricard.
ATI JOUR LE JOUR
MORT DE M. PATINOT
Le Journal des Débats est un centenaire en-
core très vert dont la" robuste vieillesse se plaît
dans la maison qui l'a vu naître et où il a grandi.
Sombre et nue, cette maison si riche en souve-
nirs, dont chaque pierre rappelle quelque inci-
dent d'un passé historique, se dresse dans
Cette rue étroite et noire des Prêtres r Saint-.
Gèrœain4-l!Auxejrrpis qui. s'allonge, domine
un boyau, entre des bâtisses d'un autre,
âge et les murs de l'église qu'une lèpre
ronge. Au-dessus de la porte large et ar-
rondie, une tablette très vieille, aux lettres
lavées, presque effacées par la pluie, annonce
aux passants que cet immeuble vénérable
abrite le journal des Bertin.
L'escalierr aux marches en brique usées
par tant -de générations de politiques et d'écri-
vains qui en gravirent les degrés depuis 1789,
a vu passer Chateaubriand, Jules Janin, Pré-
vost-P.aradol, John Lemoinné, Renan, Taine.
C'est une sorte d'échelle, en maçonnerie dont
le pied, plonge dans les ténèbres et qui s'élève,
par des pentes rapides et des tournants meur-
triers, jusqu'à un demi-jour crépusculaire par-
cimonieusement distribué par d'étroites fenê-
tres. '̃̃ ̃ ̃ '̃.
I Ceux qui -jugent des gens -et des journaux
sur l'apparence en concluent généralement
que les Débats et leur directeur doivent appar-
tenir â un autre âge, qu'ils représentent des
politiques et une politique oubliés depuis 1830
et qui s'attardent en l'an de grâce 1895; Us se
trompent.
M. Patinot> qui est mort hier soir et qui
continuait la dynastie des Bertin à laquelle
il se rattachait par son mariage, était le
plus moderne des hommes et Je plus épris
dé progrès, comme il était aussile plus libé-
rai, le plus; ouvert, le plus souple des iour-
nalistes. Il avait rajeuni par un coup de
baguette la vieille feuille de la rue des Pré-
tres, en groupant autour de lui un personnel
recruté avec soin parmi les écrivains récem- (
ment éclos a la vie politique et littéraire, qu'il
employait avec succès pour renouveler et
regaillardir, les vétérans qui livrèrent, sous
ses prédécesseurs, tant de glorieux combats I
M. Dietz, un conseiller calme et fort hon-
nête et droit, dont le vigoureux bon sens
s'exprime en un style châtié et net, d'une cor-
rection irréprochable et d'une exceptionnelle
finesse, également ferré sur la politique, le
droit et les plus difficiles problèmes écono-
miques M. Francis Charmes, pour qui les af-
faires extérieures n'ont pas de secrets quand
il les étudie et n'en ont plus pour personne
quand il en parle; M..Heurteau,- qui promène
son ironie dans des'phrases artistement cise-
lées, dont chaque mot porte et touche M.
Jules Lemaître, M. Doumic, M. André Hal-
lays et vingt autres, qui collaborent plus spé-
cialement aux Débats roses, qu: furent la der-
nière création de M. Patinot et auxquels il se
consacrait plus exclusivement, avec la ten-
dresse d'un père pour son plus jeune fils.
Matin et soir, il arrivait le premier dans la
vaste salle de rédaction, où l'on montre en-
core la chaise où s'asseyait Chateaubriand^
lisait les journaux, indiquait les sujets d'arti-
cles, discutait avec ses collaborateurs les
questions à traiter, se rendant toujours aux
bonnes raisons, mais après une résistance
assez vive, et les paroles s'échappaient alors
dé ses lèvres comme un liquide du goulot
d'une bouteille trop brusquement penchée. Il
avait aussi des emballements dont il était le
premier à sourire, et des cris d'indignation
que la sottise, !'hyp6
Il apportait, dans ses fonctions de direc-
teur, une assiduité, un zèle, une ardeur que
les plus cruelles souffrances de ce mal qui
vient de l'emporter ne ralentirent jamais. Il
demeura jusqu'au bout à son poste, comme
un capitaine sur son niyire, et le jour où la
sonffrance, plus forte que son énergie, l'exila
dans sa chambre, ceux qui le connaissaient
bien commencèrent à désespérer,
Avant de prendre en main la direction du
Journal des Débats, M. Patinot avait brillam-
ment marqué sa place dans l'administration.
Préfet ou secrétaire général de la Préfecture,
de police, il laissa partout des souvenirs qui
ne se sont pas encore affaiblis.
Chargé, en 1872, de procéder à l'arrestation
,du prince Napoléon, alors l'hôte de M.Mau-
rice Richard, à Millemont,M. Patinot s'acquitta
de cette mission pénible avec une courtoisie
et un tact auxquels leprince lui-même a sou-
vent rendu hommage. Entre l'héritier de
César résolu. à ne céder qu'à la force et
le fonctionnaire exécutant un ordre, il ne
fut échangé aucune parole dont la dignité
de l'un ou de l'autre pût s'offenser, et cette en-
trevue, d'abord froide, se termina sur ce mot
spirituel de Mi Patinot, qui fit sourire 'le
Prince :̃̃̃•'« Quand il plaira â Monseigneur,
nous procéderons à la petite scène de vio-
lence. »̃̃
Grand, mince, avec un commencement de
calvitie, la barbe blonde, la figure fine et ex-
pressive, la bouche souriante, l'oeil spirituel et
vif, M. Patînôt était tout à la fois très aima-
ble, très ferme et très sûr. Son parti le tenait
en haute estime, et: il. avait bien raison; car il
l'a' admirablement servi, sans lui cacher ses
fautes, en lui donnant des conseils où se ré-
vélaient son expérience, son jugement et une
clairvoyance qui ne fut jâïnais en défaut.
Il disparait après six mois d'horribles souf-
frances.
Le parti libéral perd en lui- un de ses chefs
les plus habiles, un guide qu'il pouvait suivre
aveuglément, un conseiller dont il déplorera
souvent la perte. Ses .amis et ceux qui l'ont
approché n'oublieront ni sa courtoisie, ni le
charme de ses relations, ni son excellent cœur.
Paul Bosq.
Échos
La Température
La situation reste très troublée; le baromè-
tre baisse considérablement; les minima lés
plus importants sont dans le sud-ouest de
l'Angleterre, ^4S«»n.\pe:gros:mauyais temps 1s
régnent sur la Manche et' la Bretagne et vont
s'étendre jusqu'en Gascogne. La mer est fort
agitée sur nos côtes de l'Ouest. La tempéra-
ture est aussi en grande baisse hier' à Paris,
Je thermomètre indiquait 150 au-dessus ,1e
matin à huit heures, i 90 à midi et retombait
à 180 à deux heures; le baromètre à/ la même
heure marquait 759a"». Le temps reste à la
pluie et aux orages et la température va bais-
ser encore. Dans Ja soirée thermoinétre 20°,
baromètre 754'nm. ̃
i Dieppe. Mer calme, beau temps. Th. 240.
Les Courses
A 2 heures, courses àMaisons-Laffitte,
Gagnants de Robert'Milton
Prix dès Essarts ^icardia.
Prix du Mandinet Dagger.
prix d'Aigremqnt Halte Là.
Prix Monarque Merlin.
Prix Bay-Archer Chapeau Bas.
EMBARRAS CRUELS
w^- iVoiis a vions prévw que là situation
VN créée au mihistèr e par la démission '¡
collective des membres du Conseil de
l'ordré de la Légion d'honneur ne serait
ni normale ni commode elle semble
plus grave, encore que nous ne l'avions
.supposé. Les informations officieuses
trahissent le désarroi que la résolution
pleine de dignité de M. le général Fé-
yrier et de ses collègues a jeté dans le
camp d'Agramant, que figure le minis-
tèreRibpt.
Certains ministres ont pris des enga-
gements. Comme la croix de la Légion
d'honneur est depuis longtemps la mon-
naie^ diont on paye les services politi-
ques, ils avaient promis de fleurir des
boutonnières qui s'impatientent. L'on
assure qu'ils seront contraints de repor-
ter l'échéance à six mois, c'est-à-dire au
jour de l'an, ce qui leur enlève des dé-
vouements, sans compter le prestige de
l'omnipotence.
Nous ne voyons, pour notre compte,
aucun désavantage à cet ajournement. Il
peut permettre à M. Félix Faure, qui,
comme nous l'avons noté dès le premier
moment, reste la seule autorité active et
Vivante en cette matifere, de peser les
titres, de scruter les intentions, de 'dé-
jouer les calculs trop visiblement inté-
ressés et de restituer finalement àTOrdrë
le caractère chevaleresque et supérieure-
ment moral qu'il a perdu. supérieure-
Ce sera un échec pour M. Ribot. L'ineî-
fable Chautemps et le délicieux Lebon
en seront sans 1- doute inconsolables.
M. Leygues sera peut-être le moins marri
de ne pouvoir ouvrir, au profit de quel-
ques journalistes plusou moins obscurs,
le fameux robinet des services exception-
nels, qui, sous ses prédécesseurs, a les-
sivé, tant de consciences louches. Mais
la nation, qui, prise en masse, a encore
le culte des grands souvenirs que sym-
bolise la croix d'honneur, ne s'en plain-
dra pas.
Seulement, M; Félix Faure sera-t-il, en
cette occurrence, l'homme énergique que
l'on espère ? C'est un doute qui com-
mence à devenir pénible à certaines
gens. Le fait qu'il n'a pas appelé au Con-
seil des ministres le grand chancelier,
qui, aux termes des lois, avait le droit
d'y paraître alors qu'on traitait une
question de vie ou de mort pour l'insti-
tution dont il est le gardien, ne témoi-
gne pas précisément en faveur de son
énergie. Mais son énergie peut être pas-
Et d'ailleurs, soyons optimistes
c'est le meilleur moyen de faire crédit à
l'avenir. ̃;
-.oo
"A TtiTers fsm
C'est,bien gratuitement qu'on a pro-
noncé le nom de M. Casimir-Perier à
propos de la succession du général
Février à la grande chancellerie de la
Légion d'honneur.
Car, non seulement il est sans exem-
ple qu'un ancien chef d'Etat ait accepté
un autre poste, mais il est invraisem-
blable que le gouvernement puisse son-
ger à le lui offrir,
En tout cas, ce que nous pouvons
affirmer, c'est que i'ex-Président, ins-
tallé depuis huit jours à Pont-sur-Seitfe
avec sa famille, s'y montre uniquement
désireux, pour le moment, de jouir en
paix des loisirs que lui fait sa retraite
volontaire. ̃'
~ooaw-
Déplacements ministériels
M.-îlibot, président du Conseil, a quitté
Paris hier soir pour le Pas-de-Calais, où
il se propose de rester quelques jours. Il
représentera aujourd'hui le gouverne-
ment à l'inauguration du collège de Saint-
Pol.
#*#
M: André Lebon, ministre du com-
merce, quittera Paris le 27 juillet, pour
se rendre à Saint-Chamond, ou il séjour-
nera deux jours.
"Le président de la Chambre et Mme-
Henri Brisson ont quitté Paris hier ma-
tin, se rendant dans le Berry pour y pas-
ser les vacances parlementaires.
Ainsi que nous l'avons dit, M. Charles
Dupuy, ancien président du Conseil, va
prononcer au Puy un grand discours sur
la politique générale.
La réunion dans laquelle il prendra la
parole aura lieu au théâtre municipal
demain lundi.
M. Thurét, ayant terminé son service
d'honneur auprès de Monsieur le duc
d'Orléans, vient de rentrer à Paris, ap-
portant les meilleures nouvelles du
prince qui, des maintenant, peut faire
de courtes promenades à pied, sans
même avoir besoin de l'appui d'une
canne.
Monsieur le duc d'Orléans, accompa-
gné du comte de Gramont, quittera Lon-
dres mercredi ou jeudi prochain au plus
tard, pour faire à Marienbad la cure qui
lui à. été, ordonnee.afin.de redonner a sa
jambes blessée toute sa vigueur et aa'
^ouplessei, /̃̃̃̃ ̃ -̃
Cette cure terminée, le, prince prendra
part, en Angleterre et ailleurs, à de
grandes chasses qu'il pourra suivre à
cheval. ;̃̃
M. Lahovary, ministre de Roumanie
en France, a quitté Paris hier soir par
l'Express-Orient, se rendant à Bucarest,
en vertu d'un congé de deux mois.
En son absence, la légation sera gérée
par M. Nicolas Ghika, en qualité de J
chargé d'affaires.
INSTANTANÉ /•̃̃.
DENYS COCHIN
Très grand et le buste puissant comme celui
d'un athlète. Son visage, aux traits accentués,
encadré d'une superbe barbe d'un-blond ardent,
respire la force en même temps que la bonté,
la loyauté, la bonhomie et l'esprit.
Denys Cochin est le fils aîné de l'ami de
Montalembert, de Mgr Dupanloup et de
M. de Falloux, qui, membre de l'Institut,'
laissa de si grands souvenirs comme maire, de
Paris et préfet de Seine-et-Oise. Sa mère,
morte il y a trois an s, était née Benoist d'Azy.
Après de brillantes études, il devient, au
laboratoire de chimie de l'Ecole normale,
l'élève de M. Pasteur. Sa belle conduite pen-
dant ,1a guerre frinco.-al|6mandè léfcvaut la
"m édaàiè- militaire.. •̃ «i- -v; -r
Royaliste militant, ardent catholique, il se
lance dans la vie politique et s'y fait vite une
place à part. D'abord conseiller municipal du
quartier des Invalides, il défend pendant de
nombreuses années, avec une éloquence per-
suasive, quoique souvent familière, les intérêts
parisiens, forçant par sa fougue toujours'
loyale, pair, la rare lucidité de ses vues, la
sympathie de ses adver«aires. Aux dernières
élections législatives, le huitième arrondisse-
ment l'envoie à la Chambre où sa personna-
lité s'est-déja affirmée en plusieurs circonstan-
ces importantes.
Esprit très ouvert aux problèmes philo-
sophiques Denys Cochin est l'auteur de
l'Evolution et la. Vie, que l'Académie fran-
çaise a couronne. Il vient d'écrire un nouveau
livre, le Monde extérieur, qui fait déjà- sensa-
tion dans le monde de la science et dans'celui
des lettres, les plus hautes idées philosophi-
ques et les hypothèses scientifiques qui y sont
développées y empruntant une très séduisante
forme littéraire.
Denys Cochin est un des amis les plus
Ëdéles et les plus dévoués de Monsieur le
duc d'Orléans qui trouve en' lui un conseil
sûr et éclairé.
D. e_son. mariage avec Mlle Pean de Saint-
Gilies' il a eu six ènfaptsidont l'aîné, Augustin
Cochin, va entrer à l'Ecole, navale. L'un des
îjëreB au sympattâqvie députfe dfc \a Seine, M.
Henry Cochin, est député du Nord; l'autre,
M. Pierre Cochin, est officier de cavalerie.
Sa famille, l'une des plus anciennes de la
bourgeoisie parisienne, descend de Charles
Cochin, sieur de Combreulx, échevin de Paris
en 1500. C'est à l'un des Cochin, curé de
Paris, grand-oncle des députés actuels, que
l'on doit la fondation de l'hôpital de ce nom.
Les réservistes du 331e régiment de
réserve d'infanterie, si chaleureusement
acclamés à Longchamps, sont rentrés
dans leursfoyers jeudi soir.
Donc, en dix jours exactement, on a
pu réunir, habiller, armer et exercer
des hommes appartenant à toutes les
classes de la société; amener d'Orléans
à -Paris les trois superbes bataillons
ainsi formés; les faire défiler à Long-
champs aussi correctement que n'im-
porte quel régiment de l'active; les ra-
mener à Orléans, les déshabiller, les
désarmer Jet les renvoyer dans leurs
foyers.
L'enseignement qui se dégage de la
belle parade du 14 juillet est tout entier
'dans les lignes qui, précèdent. La certi-
tude que1 nous avons aujourd'hui de
pouvoir doubler instantanément, en cas
de guerre, ^l'armée active, le tout appuyé
sur une solide armée territoriale, est in-
contestablement la meilleure garantie de
la paix..
Le fait méritait d'être constaté.-
.0OOP0-
Nous recevons la lettre suivante
Paris, 20 juillet 1895.
Mon cher Masque de Fer,
La joie très naturelle que notre confrère et
ami Gustave Guiches a éprouvée en se voyant
décoré lui a fait mal lire le petit Instantané
que je lui ai consacré, et lui a fait oublier
certains faits. Je. n'ai jamais dit que la Co-
médie-Française aareftise la pièce de M.
Guiches: j'ai dit qu'elle « n'a pas voulu la
jouer », et notre confrère et ami Guiches doit
bien savoir ce .que je veux dire.
Il y a longtemps il y a certes deux ans
Guiches a bien voulu lire chez moi sa
pièce (lui rappellerai-je môme que le premier
acte était si long que ce soir-là, le premier,
nous n'en lûmes pas davantage?)– il me de-
manda comme ill'a fait .à plus d'un d'en-
tre &dus ce que je pensais de son œuvre.
Je le lui dis et je ne lui cachai pas ce que je
trouvais de tout à fait bien dans ses trois
actes, Quelques jours après, je vis arriver
Guiches qui me montra des lettres de M. Ca-
dol, lecteur du Théâtre-Français des lettres
de M. Claretie, administrateur du Théûtre-
Français, des lettres de enfin d'autres let-
tres encore qui me prouvèrent que le Théâ-
tre-Français ne tenait pas autrement à mon-
ter sa pièce, et c'est exactement ce que j'ai
voulu dire par les mots « n'a pas voulu ».
Je me rappelle certaines phrases sur la va-
le,ur Jittéraire de l'eeuvre, qjii étaient tout à
fait caractéristiques pour i'fLoimne aimable e
qui les, signait. Quelque temps après,- Gui-
ches m'écrivit que sa pièce lui paraissait
mieux aller à, disons un autre théâtre
et me demandait si je ne connaissais pas.
disons un autre directeur t
Je pourrais rappeler à Guiches encore
quelques détails qui lui prouveraient que
dans le passé la Comédie-Française n'a pas
voulu jouer l'Ennemi. Tant mieux pour lui,
pour elle et pour nous, sila Comédie a changé
d'avis 1 -'̃̃.•̃̃ ̃
Voilà l'histoire qui n'a vraiment pas grand
intérêt et qui prouve qu'il est difiicilede
contenter les auteurs. En voilà un qui n'a
pas le droit de douter de mes sentiments à
son égard, je les lui ai -prouvés; '̃̃ dans
mon article je l'ai comparé à Balzac, j'ai dit
qu'il avait du talent 'et qu'il était l'ami des
grands. Je pense tout ce que j'ai écrit de lui,
et il réclame 1
Mon cher Masque de Fer, félicitons-nous
d'être de simples journalistes sans trop
d'amour-propre et dites à' Guiches que je se-
rais heureux /que sa pièce eût deux cents repré-
sentations au Théâtre-Français ou ailleurs, et
que je le prie dès à présent de m'inscrire
parmi les amis qui lui donneront, à cette oc-
casion, un de ces soupers qui; ne se donnent,
parait-il, qu'au Pavillon-Bleu 1 Tout avoua! 1
̃ r • *̃ ̃ • Jacques Saîst-Gère.
Nos excellents conseillers municipaux,
qui font volontiers sonner très haut leur
sollicitude pour les intérêts de Paris,
sont partis en vacances sans donner de
solution à la question du service des
Promenades et de l'Éclairage, désorga-
nisé comme à plaisir sous le prétexte
d'un abatage d'arbres plus ou moins pré-
maturé. r
Dans ce malheureux service, le gâchis
règne actuellement en maître: des fone-
tionnairës qui le dirigent, les uns, n'étant
là qu'à titre proyisoire, ne peuvent y
prendre qu'un intérêt relatif, les autres,
désormais sans autorité ni prestige, at-
tendent leur révocation annoncée à
grand fracas, et le reste, ne sachant pas
à qui ils devront obéir demain, laissent
venir les événements en se croisant les
bras. '̃̃ •"• '•'̃ .̃̃' ̃
Cependant d'intéressantes questions
restent en souffrance, mais, par un ac-
cord aussi inusité que touchant, le Con-
seil et l'Administration semblent s'être
donné le mot pour perpétuer cette situa-
tion. C'était très bien de couper il fau-
drait maintenant savoir recoudre.
i.vv:PM.S?^vD^
L'Omission d'un membre 'de';pnrasè
dans l'écho, que nous avons récemment
publié sur une ascension du mont Cer-
vin a dû faire sourire de nombreux al-
pinistes. « C'est la seconde fois, disions-
nous, que cette aiguille, qui domine Zei-r
matt, est atteinte. » Les mots depuis le
commencement de la saison », qui de-
vaient figurer dans la phrase, sont mal-
heureusement restés au fond de l'en-
crier.
L'ascension du mont Cervih, bh le
sait, se fait sinon couramment, du moins
très fréquemment, et il n'est pas de sai-
son où une trentaine de touristes, parmi
lesquels quelques femmes, ne la tentent
avec succès.
De Saint-Sébastien.
Le mouvement politique et mondain
est maintenant ici.
M. de Reverseaux ambassadeur -de
France, a passé ici à destination de Saint-
Sauveur, où il va rejoindre sa fille et
Mlle de Radowitz, fille de l'ambassadeur
d'Allemagne. Mlle de Reverseaux pas-
sera l'été en Savoie. M- de Reverseaux
ramènera Mlle, da Radowtz. à S.aint-Sé-
bastïen, ou se trouve déjà son père.
Sir Drummond Wolfî, ambassadeur
d'Angleterre; est également ici, ainsi que
les ministres de Belgique et de Hollande.
Tout le personnel de l'ambassade de
France passera l'été a. Saint-Sébastien.
On y attend prochainement MM. Romero
Robledo, ministre de. la justice, le duc de
Tetuan, ministre des affaires étrangères
et, vers la fin d'août, M. Canovas del
Castillo. '.•:̃
M. Gastelâr vient d'arriver, venant de
Pau, où il est resté quelques jours.
M. Silvela est à deux heures de Saint-
Sébastien, au balnéaire de Cestona.
M. Nocedal, chef des carlistes dissi-
dents, est incessamment attendu; M.
Muro, chef du parti républicain) est
déjà installé dans sa villa, à la cam-
pagne.
L'infante Isabelle, après avoir accom-
pagné la Régente jusqu'à Villalba, est
partie pour la Granja, ou elle passera
l'été.
# ̃ v.
La Maison royale d'Espagne fête au-
jourd'hui le trente-septième anniversaire
de la naissance de S. M. la reine-
régente d'Espagne,- mère du roi Al-
phonse XIII. y
Le comte de Turin garde en ce moment
la chambre par suite d'une angine con-
tractée le lendemain de l'arrivée à Turin
de son frère et de sa belle-sceur, LL. AA.
RR. le duc et la duchesse d'Àoste. L'état
du prince n'inspire cependant aucune
inquiétude.
De Genève.
S. A. le prince Mohamed Aii Pacha,
frère du Khédive, vient de passer quel-
ques jours à l'Hôtel National, où se trou-
vent, en ce moment princesse Dolgo-
rouky, princesse Yduriewsky, comtesse
Montesquiou, princesse de Stirbey, prin-
cesse de Brancovan, lord et lady Pol-
timore, etc.
fflouvelles â la Main'
Lu dans le carnet d'un touriste an-
glais • ;v.
1.
Vu à l'entrée des Champs-Elysées deux
chevaux emportés,
Et quelques pages plus loin `
20 Juillet 1805
Eté aux Champs-Elysées, vu encore à l'en-
trée deux chevaux' emportés.
C'étaient ceux de Coustùu 1
Une bicycliste, ravie de se voir dans
l'affreux costume que la mode ou la né
cessité inflige aux femmes et qui en fait
Je- plus souvent d'horribles objets, ne
peut contenir sa joie et dit à son mari
Je t'en prie, fais-moi faire mon
buste en culotte courte ï
Le Masque de Fer.
LA PAIX DES CHAMPS
UN Député, mollement étendu sous war~
bre. Il murmure des réminiscences classiques
entrecoupées de refrains à la mode. c Tityre
tu patulce recubans. » En voulez-vous, des
z'homards ?.
Un Electeur.– Eh bien, monsieur le dé-
puté, il fait plus frais ici qu'à. la Chambre.
Le Député. Sans comparaison, mon vieil
ami.
L'Electeur. Vous pouvez vous vanter
de ne pas avoir perdu votre temps, cette an-
née! Les bouilleurs de cru. l'alcool. les
boissons.
Le DÉPUTÉ. Ah nous avons lutté.
i L'Electeur. Et ce dernier vote! En
fait-il un bruit dans les journaux 1 On ne parle
que 3frç^t •' .-̃ ̃
i Le Bépvtê. A quel vote faites-voua
allusion?
L'Electeur. Au fameux, sur le Conseil.
Le DÉPUTÉ. Quel Conseil? le Conseil
^es ministres? :•
L'Electeur.– Non, le Conseil de l'Ordre.
i Le Député, Oui, oui. j'y suis. Nous
pons félicité le Conseil de l'Ordre sur. je ne
me rappelle plus sur quoi. Je n'ai pas la mé-
moire des votes. .̃•
i L'Electeur Mais non, vous ne l'avez pas
félicité, vous l'avez blâmé. pas
LE DÉPUTÉ. Parfaitement; Vous ave*
raison. Nous l'avons fichtre bien blâmé.
I L'Electeur. Et à la suite de ce vote, le
Conseil a donné sa démission.
| Le Député, –r C'est possible et je vous, di-
^ai même que ça ne m'étonne pas. Mais je
veux l'ignorer. Un député véritablement sou-
cieux de ses devoirs législatifs doit toujours
voter sans s'occuper des conséquences de son
vote. • '•"
j L'Electeur. –II est certain que.
• Le Députe.– Si on pensait aux consé-
quences de son vote, on ne voterait jamais, et
il n'y aurait plus de gouvernement possible.
L'Electeur. ̃– Oui. peut-être. g
LeDéputjé. rLes électeurs nous nomment
pour voter des lois et des ordres du jour pen-
dant huit mois de l'année, et non- pas pour au
tre chose. Nous avons blâmé le Conseil,puis
Jipus s.ommes çaçtig en vacances. Le reste ne
nous regarde pas. Jusqu'à la rentrée des
Chambres nous ne sommes responsables de
rien du tout et, pour ma part, j'ai l'intention
de ne pas lire un seul journal d'ici à cette
ipoque.
j L'Electeur. :-r Hum 1
i Le Député,. Nous vivons sous le régime `
parlementaire, n'est-ce pas ? Eh bien quand
le Parlement est en congé, nousnevivons plus
io.us aucun .régime. et, par conséquent, .tout
ce qui se passe ne compte pas. Nous recause-
rons de tout cela à la rentrée.
,• ̃̃ ̃' "'̃̃ "̃̃̃ Alfred Capus.
L'ATTENTAT DE SOFIA
Conversation avec le frète de Naoum
Tufekcbiew.
(Par dépêche de notre correspondant particulier)
Liège, 20 juillet.
Naoum Tufekchiew, qui vient d'être
arrêté, mis en liberté, puis arrêté de
nouveau par la police de Sofia pour
complicité dans l'attentat qui a eu pour
dénouement tragique la mort de Stam-
boulof, a fait un séjour de cinq ans
environ à l'Université de Liège où il sui-
vait les cours de l'Ecole des mines. Un
de ses frères habite actuellement cette
môme ville depuis quelques mois.
Elève à l'Institut, il se destine à la
carrière d'ingénieur-mécanicieri.
Lorsque les très nombreuses p,eri
sonnes qui ont été en rapport avec
Naoum Tufekchiew, et parmi elles beau-
coup d'officiers de l'armée belge, ont
appris son arrestation à Sofia; il y a eu à
Liège un véritable énormément. Aussi
ai-je pensé qu'il serait intéressant pour
le Figaro d'aller interviewer le frère de
l'assassin présumé de Stamboulof.
J'ai trouvé M. Tufekchiew dans le très
modeste appartement d'étudiant qu'il oc-
cupé rue Fàbry, à Liège. Il m'a reçu
avec la bonne grâce la plus parfaite et
m'a donné sans hésiter les quelques ren-
seignements que je venais lui demander
et dont je lui laisse la responsabilité.
̃ ̃•̃ -̃̃̃ #
C'est un jeune homme de vingt-trois à
vingt-quatre ans, de taille moyenne, a la
complexion un peu faible, les traits fort
basanés, les yeux, de ces beaux yeux
troublants de Slave, pétillantd'une vive et
prompte intelligence.
C'est par les journaux que j'ai ap-
pris et la mort du tyran et l'arrestation
de mon frère, me dit-il en une langue
d'une remarquable pureté, avec un léger
accent d'un charme étrange. Depuis cinq
ou six jours je n'ai pas reçu de nouvelles
de Sofia; je ne puis en attendre avant
deux ou trois jours encore, car les télé-
grammes que l'on pourrait m'expédier
seraient certainement interceptés. Avant
tout,et sans songer à dissimuler la haine
que moi et les miens avions vouée àStam-
boulof qui a fait périr mon jeune frère,un
« petit» de dix-sept ans, au milieu des plus
effroyables tortures, avant tout, je dois
déclarer que je réprouve de toutes les
forcés de mon être l'attentat criminel
dont le tyran a été la victime. Tous les
gens intelligents le réprouveront comme
moi. » selon
m5è îinterrogeài sur les faits qui, selon
lui, auraient pu amener l'arrestation de
son frère, sur les indications ailleurs
fi.,
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