Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1894-07-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juillet 1894 23 juillet 1894
Description : 1894/07/23 (Numéro 204). 1894/07/23 (Numéro 204).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
40* Année 3» Série N' 204
te Numéro £5 cent. à Paris, S0 cent. dans les Départements.
Lundi 33 Juillet 1894
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
FERNAND DE RODAY8
Administrateur
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
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v •'•̃̃ de France et d'Algérie
LOURDES
Par EMILE ZOLA
« Lourdes est l'exemple éclatant; in-
déniable, que jamais peut-être l'homme
ne pourrait se passer du rêve d'un Dieu
souverain, rétablissant l'égalité, refai-
sant du bonheur a coups de miracles.
Quand l'homme a touché le fond du
malheur de vivre, il en revient à l'illu-
sion divine; et l'origine de toutes les
religions" est là, l'homme faible et nu
n'ayant pas la force de vivre sa misère
terrestre sans l'éternel mensonge du
paradis. Aujourd'hui l'expérience est
faite, rien que la science ne semble pou-
voir suffire, et on va être forcé de lais-
ser une porte ouverte sur le mystère.
Une religion nouvelle, une espérance
nouvelle, un paradis nouveau, oui! le
monde en a soif. Il la faudra sans
doute plus près de la vie, faisant à la
terre une part plus large, s'ajccommo-
dant des vérités conquises. Et surtout
une religion qui ne soit pas' un appétit
de la mort. »
n.um_
Ainsi conclut le héros au nouveau »
livre (je, n'ose dire: du roman) de M. y.
Emile Zoïai et ce héros est un prêtre, >:
l'abbé Pierre, dévenu incrédule. La sim-
pie probité lui commandait dans ce cas >:
de jeter la soutane et de retourner parmi >:
les hommes. Mais il avait vu des prê- )
très renégats et il les avait méprisés. >
Un prêtre marié, qu'il connaissait, l'èm-
plissait de dégoût; et après des journées
d'angoisse, après des luttes sans cesse
renaissantes, il prit l'héroïque résolu-
tion de, rester prêtre et prêtre honnête,
refusant tout avancement qui lui aurait
semblé une aggravation de son meri-
songe, un vol fait à de plus méritants.
Que cet homme aime une jeune fille v
infirme que la médecine aux abois
envoie guérir à Lourdes,et l'on devinera
les tourments de cette conscience que
révolte ridée seule dumiracle et qui, en
présence du miracle accompli, n'y veut
voir qu'un accident nerveux guéri par
une émotion. Plus exigeant que Jean-
Jacques et moins logique que lui, l'abbé
Pierre n'est au fond qu'un athée, qui n'a
pas le courage de son opinion. «Je crois
» en Dieu, a dit l'auteur du Contrat
y> social; et Dieu ne serait pas juste si
» mon âme n'était immortelle. Quand je
o n'aurais d'autre preuve de l'immorta-
» lité de l'âme que le triomphe du mé-
n chant et l'oppression du juste en ce
» monde, cela seul m'empêcherait de
»douter. Une si choquante dissonance
» dans l'harmonie universelle me ferait
» chercher à la résoudre. 3e me dirais
» Tout ne finit pas pour nous avec la
vie, tout rentre dans l'ordre à la
» mort- » Et malgré cette belle profes-
sion de foi, Rousseau a été classé au
nombre des athées; je sais bien qu'il y
a loin de reconnaître Dieu à accepter
des miracles comme ceux que Lourdes
a la réputation de voir journellement,
mais en quoi les miracles qui sont
rapportés diffèrent-ils tan fcdes merveilles
inexpliquées que la nature produit cha-
que jour ?
Les gens. de science s en tirent enin-
voquant les phénomènes nerveux qui
donnent et font disparaître certaines
maladies. Qu'on baptise ces guérisons
du nom de phénomènes ou de miracles,
peu importe, il y a là quelque chose qui
sort de l'ordinaire de la nature et que la
science n'a pas pu expliquer jusqu'à
présent.
Pour lui, M. Zola ne nie pas plus qu'il
n'accepte l'authenticité des miracles ce
qui ressort surtout de son volumineux
travail sur Lourdes, c'est qu'il a voulu
nous mettre au courant de ce- qui se
passe chaque jour sur ce petit coin de
terre readu célèbre par Bernadette et
dont le nom a fait le tour du monde
chrétien. Avec une incroyable patience,
il a recueilli tout ce qui a été dit pour et
contre Lourdes, tout ce qui s'y est passé
et, pour que son livre appelé à être dis-
cuté ne fût fait que de vérités, il a voulu
tout voir de ses yeux, tout entendre de
ses oreilles. C'est à cette conscience
d'écrivain que nous devons le bloc
énorme dè.détails curieux efêffroyàbles
qui forment lé volume que nous venons
de lire,
̃ ̃̃'̃. ;̃̃ "̃
Bien moins lugubre est le corbillard
qui traîne au cimetière ceux qui vien-
nent dé 's'acquitter dé souffrir que cet
épouvantable train blanc qui emporte
régulièrement à Lourdes des pèlerins
dontlescris de douleur.les râles d'agonie
sont couverts par le bruit des roues des
wagons, le souffle «t les sifflets de lajQ;
comotive. Les épouvantes de renfertTu
Dante, les supplices, les tortures de
son imagination ne sont que plaisante-
ries à côté des horreurs que révèle cha-
que compartiment. Voici un ataxique
aux jambes mortes; sa femme, qui l'ac-
compagne, les lui déplace quand elles fi-
nissent par trop lui peser;pareilles à des
lingots de plomb. Celle-ci est rongée
par un cancer à l'estomac, elle en. est
aux déjections noires, comme si elle
rendait de la suie. De tout le voyage
elle n'a pas encore dit un mot, les lèvres
murées souffrant abominablement. Puis
un vomissement l'a prise et elle a perdu
connaissance. Dès qu'elle ouvre la bou-
che, une odeur épouvantable, une pesti-
lence à faire tourner tous les coeurs
s'exhale.. Celle-ci est affligée d'un lu-
pus qui a envahi le nez et la bouche,
peu à peu grandi }à, une ulcération
lente s'étalant sans cesse sous les
croûtes, dévorant les muqueuses. Les
cartilages du nez sont presque man-
gés, la bouche s'est rétractée; tirée
par If enflure de la lèvre supérieure. Une
sueur de sang mêlée à du pus coule de
l'énorme plaie livide (J'en passe de plus
épouvantables encore. Là c'est unepau-
vre petite fille presque mourante, sa
mère la supplie de la regarder. Mais
déjà la fillette, dont on venait de voir
les yeux vagues, d'un bleu de ciel
brouillé, les refermait; et elle ne répond
même pas, retombée à son anéantisse-
ment, toute blanche dans sa robe blan-
che, unecoquetterie suprême de la mère,
qui avait voulu cette dépense inutile,
dans l'espoir que la Vierge serait plus
douce pour une petite malade bien mise
et toute blanche. Que de tableaux na-
vrants, sans compter celui de la mort
d'un malade blotti dans le coin du wa-
gon Il y reste droit, le torse raidi, il n'a
qu'un petit balancement de la tête à
chaque secousse du train qui continue à
l'emporter, tandis que la locomotive,
heureuse d'arriver sans doute, pousse
des sifflements aigus, toute une fanfare
de joie -déchirante, à travers la nuit
calme,
Et pendant ces scènes horribles, les
pèlerins entonnent Y Ave maris Stella,
chantent des litanies et des cantiquès.
C'est journée à journée, pour ainsi y
lire pas à pas, que M. Zola nous conduit }
i Lourdes. H nous y montre l'arrivée de s
;e train chargé de tant de douleurs, nous ,)
nontre le débarquement de ce troupeau 3
effaré, cherchant de quel côté to urner
pour trouver la sortie. Des hospitaliers,
les mains gantées, roulent difficilement
ians leurs petites voitures de pauvres
femmes sordidèset s'embarrassent dans
leurs brancards. Que d'horreur encore
dans cet effroyable défilé !« C'est le pêle-
» mêle" dé tous les maux, le dégorge-
» ment d'un enfer où l'on aurait entassé
» les maladies monstrueuses, les cas
» rares et atroces donnant le frisson.
» C'étaient des têtes mangées par l'ec-
» zéma, des fronts couronnés de roséole,
» des nez et des bouches dont ï'élépha»-
» tiasis avait fait des groins informes.
» Des maladies perdues ressuscitaient,
» une vieille femme avait la lèpre, une
» autre était couverte de lichens comme
» un. arbre qui se serait pourri à l'om-
» bre. Une hydrocéphale, assise dans
» une petite voiture, balançait un crâne
)i énorme,troplourd,retombantà chaque
» secousse. Une enfant de vingt ans,à
là tête écrasée de crapaud, laissait
» pendre un goîtré si énorme, qu'il des-
» cendait jusqu'à sa taille, ainsi que la
» bavette d'un tablier. »',
Je m'arrête et, comme M. Zola, je n'ai
pas le courage de reprocher leur crédu-
lité à tous ces déshérités pourqui laréa-
lité est si abominable, qu'il leur vient
un immense besoin d'illusion et demen-
soiitré.' Oh 1 croire qu'il y a quelque
part un justicier suprême qui redresse
» les torts apparents des êtres et des
» choses, croire qu'ilya un rédempteur,
3> un consolateur qui est le maître, qui
B peut faire remonter les torrents à leur
» source, rendre la jeunesse aux vieil-
» lards, ressusciter les morts Se dire,
» quand on est couvert de plaies, qu'on
» a lés membres tordus, le ventre enflé
» de tumeurs, les poumons détruits, se
»dire que cela n-importë pas, que tout
» peut disparaître éjt renaître sur unsi-
» gnedelà Sâinte-^ierge, et qu'il suffit
» de prier, de laitouche^d'obtenirdelle
» la grâce d'être choisi 1 » Et en effet,
qui serait assez cruel, étant sûr de la
vérité, pour aller dire à tous ces misé-
rablès que c'est en vain qu'ils prient,
qu'ils espèrent, que la nature est sourde
et indifférente,et voit passer devant elle
les douleurs aussi bien que les joies hu-
maines?
Le talent descriptif dé M. Zola ne fait
pas faute à ce livre d'une invraisembla-
ble abondance de détails, d'une profu-
sion de documents que je ne puis indi-
quer même sommairement. Entre tous,
il est un tableau qui m'est resté devant
les yeux comme si je l'avais vu, c'est
celui de la procession aux flambeaux de
plus de trente mille pèlerins
« Ce fut un enchantement. De petites
lumières tremblantes se détachaient du
vaste foyer, s'élevaient doucement, d'un a
vol délicat, sans qu'on pût rien distin- ]
guer qui les tint à la terre. Cela se i
mouvait comme de la poussière de so-
leil, dans les ténèbres. Bientôt, il y en
eut une raie oblique; puis, la raie se ]
replia, d'un coude brusque, et une nou- }
velle raie s'indiqua, qui tourna à son
tour. Enfin, tout le coteau fut sillonné ]
d'un zigzag de flamme, pareil à ces
coups de foudre qu'on voit tomber
du ciel noir, dans les images. Mais
la trace lumineuse ne s'effaçait pas,
toujours les petites lumières marchaient
du même glissement doux et ralenti.
Parfois, seulement, il y avait une éclipse
soudaine, la procession devait passer
derrière un bouquet d'arbres. Plus loin,
les cierges se rallumaient, recommen-
çaient leur marche vers le ciel, parles
lacets compliqués, sans cesse interrom-
pus et repris. Un moment arriva où ils
cessèrent de monter, arrivés en. haut
du coteau; et ils disparurent au dernier
coude du chemin. Au ciel il semblait y
avoir moins d'étoiles. Une voie lactée
était tombée dé là-haut, roulant son pou-
droiement de mondes, et qui continuait
sur là terre la ronde des astres. Une
clarté bleue: ruisselait, il n'y avait plus
que du ciel, les monuments et les ar-
bres prenaient une apparence de rêve,
dans la lueur mystérieuse des milliers
de cierges, dont le nombre croissaittou-
jours. »̃ •̃"•>> -.̃̃̃"̃̃ ;•/ ̃
Dans ce. Uvre, que M. Zola a voulu
faire surtout documentaire, je le répète,
il a raconté tout au long l'histoire de
Bernadette rétablissant, autant que
possible, la vérité sur' ce fait autant 'àf-
firmé que contesté, de l'apparition delà
Vierge à la petite bergère. Il a recueilli
sur place de précieux renseignemerits et
conclu à l'entière bonne foi de l'ewfent,
qui devait payer d'une vie cloîtrée ses
récits de la visite divine à la Grotte de
Lourdes. Il est aussi de charmants épi-
sodes, tels que celui de la douce et
pieuse amitié qui s'est établie entre un
jeune médecin et sœur Hyacinthe; le
récit des premiers jours ou ils se sont
connus tous deux est exquis c'est une
délicate idylle qui vient briller un ins-
tant au milieu des pages sombres du
roman. ^-IV^ i ̃̃̃
Je reviens aux personnages princi-
paux en qui se résume l'idée-mère du
livre, à l'abbé Pierre et à Marie, la jeune
malade qui est venue demander un mi-
racle à la Vierge de Lourdes. Le miracle
a lieu, la guérison est instantanée. En
voyant Marie devenue une jeune fille
comme toutes les autres, le prêtre.sent
qu'un abtme vient de se creuser entre
elle et lui, puisqu'il est décidé à rester
prêtre, lui qui a le mépris des renégats.
Il «e parle pas, mais pendant que le
train les ramène à Paris pendant la nuit,
il pleure, et la jeune fille devine ce qui
se passe dans son cœur. « Ecoutez,
» mon ami, lui dit-elle. Il y a un grand
» secret entre la Sainte-Vierge et moi.
» Je lui avais juré de ne le dire à per-
» sonne. Mais vous êtes trop malheu-
» reux, vous souffrez trop, et elle me
» pardonnera; je vais vous lé confier. »
» Puis, dans un souffle
»Pendant la nuitque j'ai passée devant
» la grotte, je me suis engagée par un
» vœu, j'ai promis à la Sainte-Vierge de
» lui faire le don de ma virginité, si elle
» me guérissait. Elle m'a guérie et
» jamais, vous entendez, Pierre! jamais
» je n'épouserai personne. Ne disons rien
» de plus, mon ami, ce serait mal peut-
» être. Je suis très lasse, je vais dormir
» maintenant. » Elle resta la tête contre
» son épaule, et s'endormit confiante
» comme une sœur. Et telle fut leur
» nuit de noces. »
Ainsi finit le roman. J'ai esquissé à
grands traits ce livrequi commande l'in-
térêt, quelque critique qu'on en puisse
faire d'ailleurs au point de vue des
développements. En le fermant, l'idée
persistante qui m'est restée est celle
que M. Zola a émise par la bouche de
l'abbé Pierre, celle du besoin d'une rè-
ligion. Tout en étant complètement de
son avis je me permettrai pourtant de
dire à l'abbé Pierre Je reconnais ainsi
que vous la nécessité d'une religion
surtout en présence des horribles choses
que nous a données la libre pensée mise
à la portée de toutes les intelligences.
Une seule chose qui m'étonne, c'est
qu'il la faille nouvelle; je ne trouve pas
que les principes de la nôtre soient dé-
truits, même entamés par le trop grand
usage qu'on eh a fait, et que celui, par
exemple, qui dit aimez-vous les uns
les autres, doive être mis de côté pour
avoir trop servi, alors que nous ne
pensons qu'à forger des lois contre les
assassins et à doubler le nombre des
sergents dé ville pour protéger là vie de
nos prochains et la nôtre.
Philippe Gille.
ÉCHOS?
LA TEMPÉRATURE
Enfin, elle monte et, hier matin, les Pari-
siens se sont réveillés avec un beau soleil et le
thermomètre marquant i8» au-dessus des huit
heures; à dix heures, il était à 200 1/2, 230 1/2
à midi, 260 â deux heures de l'apriis-midi. Ce-
pendant, des pluies sont encore tombées sur
les côtes de la Manche, où la mer est très
belle.
Le temps reste orageux, mais au chaud la
journée d'hier a été splendide, belle journée
d'été 1 Dans la soirée, le thermomètre mar-
quait 240 1 /2 et le baromètre, qui s'était main-
tenu pendant le jour à 759*1», donnait 755-™».
LES COURSES
A 2 heures, courses à La Marche.
Gagnants du Figaro
Prix du Potager Dartois.
Prix de Puteaux: Montcalm.
Prix du Val Fleuri Bonne-Nouvelle
Prix du Parc Pratulo.
Prix des Glacières Carabas.
'A TRAVERS PARIS
Un journal allemand a prétendu que,
au cours de l'entretien accordé à M.
Bonghi, M. Casimir-Perier avait exprimé
le désir de voir se dissoudre prochaine-
ment la triple alliance.
Il aurait été facile au Président de la
République de démentir ce propos qui
n'a jamais été dans sa bouche, mais qui
pourrait, en somme, être tout naturelle-
ment, patriotiquement, dans sa pensée.
Cependant M. Casimir-Perier a trouvé
qu'il valait mieux ne pas s'arrêter à de
pareils racontars.
-M. Bonghi, qui était plus libre dans
ses allures, a, dès son arrivée à Rome,
adressé au directeur de la Fanfullaune
lettre de rectification très nette et très
précise que nous résume une dépêche de
YAgenceHavas:
«M.Bonghi déclare que danssonentre-
tien avec M. Casimir-Perier, ni M. Casi-
mir-Perier ni lui-même n'ont parlé de
la triple alliance.
y » M. Casimir-Perier, au contraire, lui
a affirmé sa pleine confiance dans la
conservation de la paix en Europe. »
Tous les diplomates et tous les per-
sonnages politiques qui ont été reçus
jusqu'à ce jour au quai d'Orsay, ou à
l'Elysée, ont été d'ailleurs unanimes a
rendre hommage à la grande réserve du
chef de l'Etat. M. Casimir-Perier discute
volontiers les questions de politique in-
térieure, mais il n'aborde que celles-là
et ne laisse aborder que celles-là devant
lui. • ̃̃̃ ̃ .̃ ̃ ̃ ̃
Dans le monde
Soirée très brillante, samedi, chez le
docteur et Mme Péan, à l'occasion du •
mariage de leur fille, Mlle Marie-Hen-
riette Péan, avec M. Chenu-Lafitte.,
Reconnu, parmi les invités des deux;
familles
Le grand chancelier de la Légion d'hon-
neur et Mme Février, le général et Mme
Rousseau, Mme Dësgenetais, Mme Chenu-
Lafitte, MM. et Mmes André de Cagny,
André Wallut,-Tonnelé Lucien Durand,_MM.
Frédéric Perquer, Bouchut, Géron de Baza-
reingues, le docteur Saamé, etc.
•Le mariage sera célébré aujourd'hui à
midi, à la Madeleine Mgr de TEscaille,
doyen du chapitre de Notre-Dame, don-
nera la bénédiction nuptiale.
Les témoins seront, pour le marié le
marquis de Barberin et M.- Jules Dela-
fosse, député du Calvados pour la mai
riée, le général Péan, commandeur de
la Légion d'honneur, son oncle, et le
général Février, grand chancelier de
l'Ordre. •
Le Saint-Père, qui- a donné lui-même
la communion à Mlle Péan aq Vatican,
au mois d'avril dernier, envoie sa béné-
diction spéciale aux jeunes mariés.
• '̃ • -'• **#: ̃̃ ̃ .̃
On a affiché hier les publications Se
mariage de M.' Charles Schneider, direc-
teur des usines du Creusot, fils de M.
Henri Schneider, député de Saône-et-
Loire, avec Mlle Antoinette de Rafélis
Saint-Sauveur, fille du marquis Ray-
mond de Rafélis Saint-Sauveur et de la
marquise née de Gontaut-Biron.
M. Camille de Beaumont, lieutenant
au 16e dragons, fils du comte de Beau-
mont et de la comtesse née de Récourt,
est fiancé à Mlle Colette de Richer de
Beauchamps, fille -de M. de Richer de
Beauchamps et de Mme, née Barrois de
Lemmery. •
Nous recevons une très touchante
lettre Chécy, 21 juillet 1894.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Je viens d'être informé que je suis l'exécu-
teur testamentaire de M. Fortin, le regretté
curé de Châlette, dont vous avez eu la bonté {
de patronner l'oeuvre scientifique près de vos °
lecteurs. •
Il a eu la pensée de léguer au petit sémi-;
naire de La Chapelle la lunette que vous lui
avez offerte pour l'aider à poursuivre ses re-
cherches, demeurées malheureusement ina-
chevées. â
Vous applaudirez, j'en suis sûr, à l'esprit
qui a dicté ce legs, et vous aimerez à voir
conserver ainsi dans cette maison le souvenir
•wàfis vues scientifiques d'an de ses élèves et-
celui des libéralités d'un journal qui a le
privilège des initiatives généreuses.
Agréez en même temps, monsieur le Rédac-
teur en chef, l'expression de ma vive grati-
tude pour tout ce que vous avez fait en fa-
veur de mon ami, et l'hommage de marts-
pectueuse considération.
E. DUCHATEAU,
É Curé de Chécy.
Nous adressons, à notre tour, tous nos
remerciements au vénérable curé de
Chécy.
C'est mercredi prochain, 25 juillet,
que les monnaies divisionnaires italien-
nes de i franc, 2 francs, 0,50 centimes
et 0,20 centimes ne seront plus reçues
dans les caisses de l'Etat. Il est donc
intéressant de bien expliquer au public
quelle est la monnaie exacte qui con-
serve toute sa valeur dans notre pays.
Nous ne parlons, bien entendu.que des
monnaies étrangères
MONNAIES ÉTRANGÈRES QUI SERONT SEULES AD- I
MISES PAR LES CAISSES PUBLIQUES A PARTIRAI
DU 34 JUILLET AU SOIR. Il
Or. Autriche-Hongrie Pièces de 4 et de8 8
florins.– Espagne Pièces de 10 et de20 pese-
tas. Russie Pièces de 5 etdelO roubles.-
t Belgique, Grèce, Italie, Suisse, Monaco Les
2 pièces de 100 fr., 50 fr., 40 fr., 20 fr., 10 fr.,
et 5 fr., frappées en vertu de la convention
r de 1865 eten plus, pour la Belgique et l'Italie,
s celles des frappes antérieures.
Argent. Belgique, Grèce, Suisse, Italie
a Toutes les pièces de 5 fr. frappées en vertu
e de la convention de 1865 et, en outre, pour la
Belgique et l'Italie, celles d'une frappe anté-
rieure à cette convention.
Monnaies divisionnaires. Belgique,
Grèce,'Suisse Toutes les pièces de 20, de 50.
centimes, de 1 fr. et de 2 fr. dont le millési-
me est postérieur à 1865.
Rappelons aussi que les monnaies
françaises ont seules « cours légal » et
que par conséquent le public n'est ja-
mais tenu d'accepter des pièces étrangè-
res, même celles que nous venons d'é-
numérer comme valables. Ce sont les
caisses de l'Etat qui seules sont forcées
de les accepter.
M. de Tallèyrand se trouvait en Tou-
raine, à ce château de Rochëçotte
qu'il aimait «non pas seulement, comme
il l'écrivait à son vieil ami, le baron de
Gagern, parce qu'il se trouvait là avec la
duchesse de Dino, mais chez elle, ce qui
était pour lui une douceur de plus»,
M de Talleyrand était à Rochecotte,
lorsqu'il apprit que l'état de Casimir
Perier était désespéré. Il écrivait, ce
jour-là (16 mai 1832), à une de ses amies,
au sujet des affaires publiques qui le
préoccupaient fort, une lettre qui n a été
publiée, croyons-nous, que par Sainte-
Beuve, et il lui disait:
A chaque heure j'invoque M. Perier et
j'aibien peur que ce ne soit en vain et que je
n'aie plus qu'à m'adresser à ses;manes Cette
affaire de Rome ne serait pas encore en sus-
pens, s'il avait vécu. Un grand mot d'un
grand homme est celui-ci Je crains plus
une armée de cent moutons, commandée par
un lion, qu'une armée de cent lions, com-
mandée par un mouton. Faites et surtout ne
faites pas l'application de cela.
Le grand seigneur de l'ancien régime
savait apprécier les grands bourgeois de
la royauté de juillet. N'est-ce pas aussi
M. de Talleyrand qui reprochait à un de
ses amis de traiter M. Thiers de « par-
venu »? « Il n'est pas parvenu, disait-
il, il est arrivé. »
Les anarchistes ont recours à toutes
les ruses et à toutes les inventions pos-
sibles'pour leur propagande l
Ils viennent de faire publier à Lon-
dres un opuscule de quelques feuilles »
la première page duquel on lit, comme
pour une bonne œuvre
Présidente Mme Casimir-Perier.
Là Société nouvelle des Femmes de France.
Présidente d'honneùr Mme Carnot.
'Et au bas:"
Imprimerie du Figaro. Paris,
Quand on tourne cette première page
sur la mystification de laquelle il est
inutile d'insister, on trouve un violent
manifeste adressé « aux camarades » »
prêchant la Révolution, etc., etc.. et se
terminant par un appel à l'assassinat
des journalistes qui « calomnient » la
cause sociale i
Tel est le nouveau procédé que les
anarchistes ont inventé pour faire en-
trer en France, par la poste, leurs bro-
chures et leurs manifestes l.
HORS PARIS
VAqence russe se dit en mesure d'an*
noncérque, contrairement aux bruits ré-
pandus, le grand-duc héritier de Russie,
avanfde quitter Londres, a déclaré aja
reine Victoria que son mariage reste
toujours fixé au 22 septembre (vieux
style), sauf le cas de circonstances im-
prévues.
Le gouvernement russe s'occupe très
activement d'augmenter l'importance
du port de Sébastopol. n «
L'accroissement continu de la flotte
de la mer Noire dans ces dernières an-
nées a, en effet, rendu insuffisant le port
de Nicolaïeff.
Dès que les travaux d'agrandissement
seront achevés à Sébastopol, on y entre-
prendra la -construction de deux cui-
rassés et de trois croiseurs.
En même temps on développe le ser-
vice de la défense des côtes, dont le
commandement sera confié au gouver-
neur du grand port de la Crimée.
Henri Rochefort a quitté Londres pour
un mois. Il vient d'arriver à Gand, après
un court séjour à Bruxelles, et pense
rentrer à Londres vers le 15 août.
̃. NOUVELLES A LA MAIN
Un mot d'enfant.
A chaque sortie qu'il fait, Tomy est
étonné du nombre considérable de sa-
luts qu'on échange avec son grand-père
qui l'accompagne; aussi,après réflexion,
avec un sourire: •
Sais-tu, grand-père, lui dit-il, que
tu auras joliment du monde à ton enter-
rement 1 Le Masque de Fer.
A -'̃"̃
̃ ÉLECTION SÉNATORIALE
MORBIHAN
.:̃ Inscrits 966. Votants 957.
MM. de Lamarzelle, anc. dép.cons. 649 ELU I
Martini, rèp • °uy
Il s'agissait de remplacer M. le comte de La
Monneraye, de la droite, démissionnaire le
14 avril dernier. -~To
Aux élections du 5 janvier 1888, M. de La
Monneraye avait été élu, le second sur la
liste de droite, par 650 voix.
Le candidat républicain arrivé en tête de
liste avait obtenu 282 voix.
CûezI-BaiîMlems Saint-ffilaire
Le poignard d'un assassin ne semble-
t-il pas avoir plus fait pour le rappro-
chement des nations que les congrès des
plus illustres philanthropes?
Un de nos anciens ministres des af-
faires étrangères, M. Barthélémy Saint-
Hilaire, a bien voulu répondre à cette
question.
J'ai été optimiste toute ma vie,
nous dit-il il me semble que je le suis
bien plus à mesure que j'avance en âge;
le mois prochain, s'il plaît à Dieu, j'en-
trera5 dans ma quatre-vingt-dixième
année, et je bénis l'auteur de toutes
choses. Mais malgré l'éclaircie qui vient
de se faire, l'avenir reste encore sombre.
» Aucun Français n'a pu ne pas être
profondément ému des témoignages de
respect et de sympathie que la fin tra-
gique de notre Président a provoqués
dans le monde entier.Ces marques d es-
time venant parfois de nos adversaires
nous ont touchés encore plus sensible-
ment.
» Telle est la lettre de condoléances
"a~
de l'empereur Guillaume: nulle autre ne
m'a autant frappé, moins par la forme
et l'allure, qui sont très belles, que par
l'élévation et la sincérité des senti-
ments il s'y trouve l'accent convaincu
d'un homme réellement impressionné,
s'affirmant en dehors des formules offi-
cielles usitées pour ce genre de commu-
nications.
» Le résultat le plus précieux de ces
manifestations, c'est de nous rassurer
sur l'avenir de la civilisation on peut
donc lutter avec acharnement sur les
champs de bataille et, malgré les vicis-
situdes diverses, espérer de ne pas voir
s'éteindre chez les peuples la notion de
l'humanité au milieu du trouble créé
par la diffusion des doctrines antiso-
ciales par le déchaînement de toutes les
passions mauvaises qui semblent nous
menacer d'un retour à la barbarie, un tel
spectacle est fait pour réconforter.
» Ce mouvement universel de pitié a
fait trêve aux préoccupations belliqueu-
ses la paix maintenant me paraît assu-
rée au moins pour cette année et 1 année
proéhaine.
» De très longs espoirs, hélas! ne sont
pa% permis la confiance, ébranlée de-
puis tant d'années, est toujours incer-
taine le monde des affaires, qui laisse
dormir dans les caves de la Banque des
milliards improductifs, se refuse aux
lointaines échéances, sentant bien que
la guerre peut sortir d'une collision for-
.'?– ~],. f.t;?.n
tuite, d'un incident de frontière.
» L'exaspération des armements est,
par elle-même, une perpétuelle source
de conflit. •
» Je sais bien que, d'après certaines
opinions,, la guerre serait rendue impos-
sible par l'excès même de ces prépara-
tifs illusion pure; en i83i ] étais
alors maréchal des logis sous les or-
dres d'Armand Carrel nous tombions
en admiration devant les nouvelles
pièces de notre artillerie portant à 500
mètres et nous nous repaissions des
mêmes chimères 1 »,̃•*♦
» Le même mirage décevant fuit tou-
jours devant l'humanité deux mille e
ans avant Jésus-Christ, un auteur le
grec Agésilas, je crois ne célébrait-il
pas la toute-puissance d'une machine
récemment inventée, plus tard appelée
catapulte par lesRomains et qui, par son
énergie destructive, devait rendre toute
guerre inutile en annihilant la bravoure
personnelle des combattants ?
» La guerre, malheureusement, ne
saurait être abolie pas plus qu'on ne
parviendra à changer le fond naturel de
l'homme les attentats anarchistes en
retarderont l'échéance en obligeant les
divers pays à se replier sur eux-mêmes
pour un temps.
Un accord entre les puissances
pour combattre les menées criminelles
ne vous semble-t-il pas possible et dé-
sirable ?
Les puissances sont trop divisées
d'intérêt pour se lier par une stipula-
tion formelle il n'existe plus, comme
en.1815, de communauté de vues politi-
ques d'ailleurs, la fameuse Commis-
sion internationale dont le siège était à
Mayence, n'a pas laissé que de bons
souvenirs elle perdit son véritable ca-
ractère en s'asservissant parfois à des
calculs étrangers à son premier but.
» Mais toutes les nations civilisées
devraient s'entendre pour enrayer la
contagion du mal chacune d'elles au-
rait le libre choix des moyens qu'elle
croirait les plus propres à atteindre ce
résultat dans l'étendue' de son terri-
toire, suivant ses mœurs et ses tradi-
tions. Un accord de ce genre, môme dé-
pourvu de toute sanction pénale, pro-
duirait un effet moral considérable.
» Quant à nous, notre meilleure dé-
fense contre les ennemis du dedans et
du dehors serait de travailler au relève-
ment de l'âme française et à la restau-
ration du sentiment religieux. On traite
en ennemie une religion qui fait appel
aux plus nobles facultés, qui dit: aux
pauvres tu ne voleras point; aux
violents tu ne tueras point; aux égoïs-
tes tu aimeras ton prochain.
» On aime mieux dérouler aux yeux
du peuple cette belle page littéraire) et
philosophique de la Déclaration d'où
viennent la plupart de nos misères.
Jamais on ne lui parle de ses devoirs.
a Les rhéteurs qui font métier d'obs-
curcir la conscience des foules se posent
volontiers en initiateurs: la multitude
les écoute d'autant plus docilement
qu'elle voit en eux des prophètes leur
frayant une voie nouvelle, inconnue.
» Leurs sophismes vieux comme le
monde n'en sont pas moins reçus à
l'égal de révélations comme au siècle de
Platon et de ses démagogues
» C'est nous qui avons bâti cette mai-
son cette maison est à nous ».
» Depuis quinze ans la France a des-
cendu cette pente qui mène à l'apologie
publique du vol et de l'assassinat. Va-
t-elle se ressaisir?
'» L'élection de M. Casimir-Perier à la
Présidence de la République et l'accueil
qu'on lui a fait semblent marquer une
orientation de l'esprit public vers de
plus saines doctrines; j'en augure pour
mapart les. plus heureuses conséquen-
ces il faut restaurer l'idée de gouver-
nement, relever le sentiment du devoir
et le moral de la nation.
» Rappelons-nous 1831; par bien des
points cette période troublée ressemblait
à celle d'aujourd'hui il a suffi de 1 é-
nergie d'un homme, de l'indomptable
volonté du premier ministre le grand
Perier pour que tout rentrât dans
l'ordre.
» Son petit-fils n'est pas au-dessous
d'une tâche semblable; je, connais sa
famille depuis trente ans, je sais dans
quelles hautes traditions il a été élevé
soyez sûr qu'il fera son devoir jusqu'au
bout.
» Ce n'est qu'après les plus vives ré-
sistances qu'il s'est décidé à accepter la
haute fonction qu'il occupe il a fallu
pour les vaincre l'instante sollicitation
de tous ses amis, la prière émue de ses
parents: on ne pouvait demander plus
grand sacrifice à qui faisait sa vie des
douceurs du foyer.
» Son élection m'apparatt pleine de
promesses pour l'ave#ir de la Répu-
blique mais lui laissera-t-on le temps de
faire tout le bien qu'il veut? »
G. Davenay.
♦
LE MYSTERE DE PRESLES
Par dépêche de notre envoyé apéclal
Bourges, 22 juillet.
Nous avons hier exposé les faits tais
qu'ils semblaient résulter des débuts de
rinstructioa nous allons aujourd hui
nous livrer à une enquête personnelle,
nous rendre dans le pays même ou vi-
vait le marquis de Nayve: une voiture
va nous mener de La Guerche au châ-
teau de Presles.
Disons tout d'abord que la justice,ins-
truisant secrètement contre M. de Isay-
ve, réunissait à sa charge de nombreu-
ses preuves pendant, qu'il voyageait en
Suisse avec l'un de ses trois enfants lé-
gitimés. C'est au retour de cette excur-
sion qu'on l'arrêta dimanche, vers qua-
tre heures, à la gare du Guetin.
Depuis trois jours, un brigadier de
gendarmerie et un gendarme,qui avaient
reçu mandat, l'attendaient à cette gare
sise à une heure et demie de Bourges.
La scène qui se passa à l'arrivée du train
fut assez émouvante en descendant de
voiture, M. de Nayve, qui connaissait le
brigadier, lui tendit la main « Veuillez
prendre connaissance de ceci», fit solen-
nellement le brigadier en lui montrant
le mandat. Le marquis resta consterné.
« Prenez donc la peine de remonter
dans le wagon », reprit le brigadier. M;
de Nayve dità son fils de prendre seul
la voiture, qui devait les conduire tous
deux au château de Presles puis, accom-
pagné du brigadier et du gendarme, il
remonta dans le wagon. Quelques mi-
nutes après, les gendarmes le faisaient
descendre à La Guerche, où ils 1 invite,*
rent à'prendre le train qui s'arrête à
Saint-Amand à sept heures du soir.
Tous ceux qui ont vu pendant ces courts
instants M. de Nayve se rappelleront
toujours son abattement, sa défaillance
morale. Je demande s'il avait l'air de ne
pas croire à ce qui lui arrivait ? On me
répond il avait plutôt l'air de redouter
auelaue chose. ̃
A la gare de Saint-Amand une voiture
fermée, appelée par le télégraphe, atten-
dait. M. de Nayve y monta, accompagné
de trois gendarmes. A sept heures et
demie, il était écroué. On sait le reste.
Et maintenant, à travers un délicieux
bocage, je fais route vers le château de
Presles.
-Autrefois ce château n'était guère
qu'une riche maison bourgeoise. Il y a
quelques années on y a ajouté deux
ailes et restauré la façade qui domine la
Loire. Aujourd'hui la demeure est un
véritablemanoir se dressantaumiheudeg
très vastes propriétés quiendépendent,
:•• Cechâteau estd'uneblaneheur éclatant»
portes et contrevents -sont clos la may*
te Numéro £5 cent. à Paris, S0 cent. dans les Départements.
Lundi 33 Juillet 1894
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
FERNAND DE RODAY8
Administrateur
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
Abonnements
96, rue Droaot •
ANNONCES, RÉCLAMES ET PETITES GAZETTES
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Trois Mois. Suc Mois. Va AàJ
JJluoN POSTALE. 2150 43 » 86 »
On s'abonne dans tous les Bureaux de Poslê
v •'•̃̃ de France et d'Algérie
LOURDES
Par EMILE ZOLA
« Lourdes est l'exemple éclatant; in-
déniable, que jamais peut-être l'homme
ne pourrait se passer du rêve d'un Dieu
souverain, rétablissant l'égalité, refai-
sant du bonheur a coups de miracles.
Quand l'homme a touché le fond du
malheur de vivre, il en revient à l'illu-
sion divine; et l'origine de toutes les
religions" est là, l'homme faible et nu
n'ayant pas la force de vivre sa misère
terrestre sans l'éternel mensonge du
paradis. Aujourd'hui l'expérience est
faite, rien que la science ne semble pou-
voir suffire, et on va être forcé de lais-
ser une porte ouverte sur le mystère.
Une religion nouvelle, une espérance
nouvelle, un paradis nouveau, oui! le
monde en a soif. Il la faudra sans
doute plus près de la vie, faisant à la
terre une part plus large, s'ajccommo-
dant des vérités conquises. Et surtout
une religion qui ne soit pas' un appétit
de la mort. »
n.um_
Ainsi conclut le héros au nouveau »
livre (je, n'ose dire: du roman) de M. y.
Emile Zoïai et ce héros est un prêtre, >:
l'abbé Pierre, dévenu incrédule. La sim-
pie probité lui commandait dans ce cas >:
de jeter la soutane et de retourner parmi >:
les hommes. Mais il avait vu des prê- )
très renégats et il les avait méprisés. >
Un prêtre marié, qu'il connaissait, l'èm-
plissait de dégoût; et après des journées
d'angoisse, après des luttes sans cesse
renaissantes, il prit l'héroïque résolu-
tion de, rester prêtre et prêtre honnête,
refusant tout avancement qui lui aurait
semblé une aggravation de son meri-
songe, un vol fait à de plus méritants.
Que cet homme aime une jeune fille v
infirme que la médecine aux abois
envoie guérir à Lourdes,et l'on devinera
les tourments de cette conscience que
révolte ridée seule dumiracle et qui, en
présence du miracle accompli, n'y veut
voir qu'un accident nerveux guéri par
une émotion. Plus exigeant que Jean-
Jacques et moins logique que lui, l'abbé
Pierre n'est au fond qu'un athée, qui n'a
pas le courage de son opinion. «Je crois
» en Dieu, a dit l'auteur du Contrat
y> social; et Dieu ne serait pas juste si
» mon âme n'était immortelle. Quand je
o n'aurais d'autre preuve de l'immorta-
» lité de l'âme que le triomphe du mé-
n chant et l'oppression du juste en ce
» monde, cela seul m'empêcherait de
»douter. Une si choquante dissonance
» dans l'harmonie universelle me ferait
» chercher à la résoudre. 3e me dirais
» Tout ne finit pas pour nous avec la
vie, tout rentre dans l'ordre à la
» mort- » Et malgré cette belle profes-
sion de foi, Rousseau a été classé au
nombre des athées; je sais bien qu'il y
a loin de reconnaître Dieu à accepter
des miracles comme ceux que Lourdes
a la réputation de voir journellement,
mais en quoi les miracles qui sont
rapportés diffèrent-ils tan fcdes merveilles
inexpliquées que la nature produit cha-
que jour ?
Les gens. de science s en tirent enin-
voquant les phénomènes nerveux qui
donnent et font disparaître certaines
maladies. Qu'on baptise ces guérisons
du nom de phénomènes ou de miracles,
peu importe, il y a là quelque chose qui
sort de l'ordinaire de la nature et que la
science n'a pas pu expliquer jusqu'à
présent.
Pour lui, M. Zola ne nie pas plus qu'il
n'accepte l'authenticité des miracles ce
qui ressort surtout de son volumineux
travail sur Lourdes, c'est qu'il a voulu
nous mettre au courant de ce- qui se
passe chaque jour sur ce petit coin de
terre readu célèbre par Bernadette et
dont le nom a fait le tour du monde
chrétien. Avec une incroyable patience,
il a recueilli tout ce qui a été dit pour et
contre Lourdes, tout ce qui s'y est passé
et, pour que son livre appelé à être dis-
cuté ne fût fait que de vérités, il a voulu
tout voir de ses yeux, tout entendre de
ses oreilles. C'est à cette conscience
d'écrivain que nous devons le bloc
énorme dè.détails curieux efêffroyàbles
qui forment lé volume que nous venons
de lire,
̃ ̃̃'̃. ;̃̃ "̃
Bien moins lugubre est le corbillard
qui traîne au cimetière ceux qui vien-
nent dé 's'acquitter dé souffrir que cet
épouvantable train blanc qui emporte
régulièrement à Lourdes des pèlerins
dontlescris de douleur.les râles d'agonie
sont couverts par le bruit des roues des
wagons, le souffle «t les sifflets de lajQ;
comotive. Les épouvantes de renfertTu
Dante, les supplices, les tortures de
son imagination ne sont que plaisante-
ries à côté des horreurs que révèle cha-
que compartiment. Voici un ataxique
aux jambes mortes; sa femme, qui l'ac-
compagne, les lui déplace quand elles fi-
nissent par trop lui peser;pareilles à des
lingots de plomb. Celle-ci est rongée
par un cancer à l'estomac, elle en. est
aux déjections noires, comme si elle
rendait de la suie. De tout le voyage
elle n'a pas encore dit un mot, les lèvres
murées souffrant abominablement. Puis
un vomissement l'a prise et elle a perdu
connaissance. Dès qu'elle ouvre la bou-
che, une odeur épouvantable, une pesti-
lence à faire tourner tous les coeurs
s'exhale.. Celle-ci est affligée d'un lu-
pus qui a envahi le nez et la bouche,
peu à peu grandi }à, une ulcération
lente s'étalant sans cesse sous les
croûtes, dévorant les muqueuses. Les
cartilages du nez sont presque man-
gés, la bouche s'est rétractée; tirée
par If enflure de la lèvre supérieure. Une
sueur de sang mêlée à du pus coule de
l'énorme plaie livide (J'en passe de plus
épouvantables encore. Là c'est unepau-
vre petite fille presque mourante, sa
mère la supplie de la regarder. Mais
déjà la fillette, dont on venait de voir
les yeux vagues, d'un bleu de ciel
brouillé, les refermait; et elle ne répond
même pas, retombée à son anéantisse-
ment, toute blanche dans sa robe blan-
che, unecoquetterie suprême de la mère,
qui avait voulu cette dépense inutile,
dans l'espoir que la Vierge serait plus
douce pour une petite malade bien mise
et toute blanche. Que de tableaux na-
vrants, sans compter celui de la mort
d'un malade blotti dans le coin du wa-
gon Il y reste droit, le torse raidi, il n'a
qu'un petit balancement de la tête à
chaque secousse du train qui continue à
l'emporter, tandis que la locomotive,
heureuse d'arriver sans doute, pousse
des sifflements aigus, toute une fanfare
de joie -déchirante, à travers la nuit
calme,
Et pendant ces scènes horribles, les
pèlerins entonnent Y Ave maris Stella,
chantent des litanies et des cantiquès.
C'est journée à journée, pour ainsi y
lire pas à pas, que M. Zola nous conduit }
i Lourdes. H nous y montre l'arrivée de s
;e train chargé de tant de douleurs, nous ,)
nontre le débarquement de ce troupeau 3
effaré, cherchant de quel côté to urner
pour trouver la sortie. Des hospitaliers,
les mains gantées, roulent difficilement
ians leurs petites voitures de pauvres
femmes sordidèset s'embarrassent dans
leurs brancards. Que d'horreur encore
dans cet effroyable défilé !« C'est le pêle-
» mêle" dé tous les maux, le dégorge-
» ment d'un enfer où l'on aurait entassé
» les maladies monstrueuses, les cas
» rares et atroces donnant le frisson.
» C'étaient des têtes mangées par l'ec-
» zéma, des fronts couronnés de roséole,
» des nez et des bouches dont ï'élépha»-
» tiasis avait fait des groins informes.
» Des maladies perdues ressuscitaient,
» une vieille femme avait la lèpre, une
» autre était couverte de lichens comme
» un. arbre qui se serait pourri à l'om-
» bre. Une hydrocéphale, assise dans
» une petite voiture, balançait un crâne
)i énorme,troplourd,retombantà chaque
» secousse. Une enfant de vingt ans,à
là tête écrasée de crapaud, laissait
» pendre un goîtré si énorme, qu'il des-
» cendait jusqu'à sa taille, ainsi que la
» bavette d'un tablier. »',
Je m'arrête et, comme M. Zola, je n'ai
pas le courage de reprocher leur crédu-
lité à tous ces déshérités pourqui laréa-
lité est si abominable, qu'il leur vient
un immense besoin d'illusion et demen-
soiitré.' Oh 1 croire qu'il y a quelque
part un justicier suprême qui redresse
» les torts apparents des êtres et des
» choses, croire qu'ilya un rédempteur,
3> un consolateur qui est le maître, qui
B peut faire remonter les torrents à leur
» source, rendre la jeunesse aux vieil-
» lards, ressusciter les morts Se dire,
» quand on est couvert de plaies, qu'on
» a lés membres tordus, le ventre enflé
» de tumeurs, les poumons détruits, se
»dire que cela n-importë pas, que tout
» peut disparaître éjt renaître sur unsi-
» gnedelà Sâinte-^ierge, et qu'il suffit
» de prier, de laitouche^d'obtenirdelle
» la grâce d'être choisi 1 » Et en effet,
qui serait assez cruel, étant sûr de la
vérité, pour aller dire à tous ces misé-
rablès que c'est en vain qu'ils prient,
qu'ils espèrent, que la nature est sourde
et indifférente,et voit passer devant elle
les douleurs aussi bien que les joies hu-
maines?
Le talent descriptif dé M. Zola ne fait
pas faute à ce livre d'une invraisembla-
ble abondance de détails, d'une profu-
sion de documents que je ne puis indi-
quer même sommairement. Entre tous,
il est un tableau qui m'est resté devant
les yeux comme si je l'avais vu, c'est
celui de la procession aux flambeaux de
plus de trente mille pèlerins
« Ce fut un enchantement. De petites
lumières tremblantes se détachaient du
vaste foyer, s'élevaient doucement, d'un a
vol délicat, sans qu'on pût rien distin- ]
guer qui les tint à la terre. Cela se i
mouvait comme de la poussière de so-
leil, dans les ténèbres. Bientôt, il y en
eut une raie oblique; puis, la raie se ]
replia, d'un coude brusque, et une nou- }
velle raie s'indiqua, qui tourna à son
tour. Enfin, tout le coteau fut sillonné ]
d'un zigzag de flamme, pareil à ces
coups de foudre qu'on voit tomber
du ciel noir, dans les images. Mais
la trace lumineuse ne s'effaçait pas,
toujours les petites lumières marchaient
du même glissement doux et ralenti.
Parfois, seulement, il y avait une éclipse
soudaine, la procession devait passer
derrière un bouquet d'arbres. Plus loin,
les cierges se rallumaient, recommen-
çaient leur marche vers le ciel, parles
lacets compliqués, sans cesse interrom-
pus et repris. Un moment arriva où ils
cessèrent de monter, arrivés en. haut
du coteau; et ils disparurent au dernier
coude du chemin. Au ciel il semblait y
avoir moins d'étoiles. Une voie lactée
était tombée dé là-haut, roulant son pou-
droiement de mondes, et qui continuait
sur là terre la ronde des astres. Une
clarté bleue: ruisselait, il n'y avait plus
que du ciel, les monuments et les ar-
bres prenaient une apparence de rêve,
dans la lueur mystérieuse des milliers
de cierges, dont le nombre croissaittou-
jours. »̃ •̃"•>> -.̃̃̃"̃̃ ;•/ ̃
Dans ce. Uvre, que M. Zola a voulu
faire surtout documentaire, je le répète,
il a raconté tout au long l'histoire de
Bernadette rétablissant, autant que
possible, la vérité sur' ce fait autant 'àf-
firmé que contesté, de l'apparition delà
Vierge à la petite bergère. Il a recueilli
sur place de précieux renseignemerits et
conclu à l'entière bonne foi de l'ewfent,
qui devait payer d'une vie cloîtrée ses
récits de la visite divine à la Grotte de
Lourdes. Il est aussi de charmants épi-
sodes, tels que celui de la douce et
pieuse amitié qui s'est établie entre un
jeune médecin et sœur Hyacinthe; le
récit des premiers jours ou ils se sont
connus tous deux est exquis c'est une
délicate idylle qui vient briller un ins-
tant au milieu des pages sombres du
roman. ^-IV^ i ̃̃̃
Je reviens aux personnages princi-
paux en qui se résume l'idée-mère du
livre, à l'abbé Pierre et à Marie, la jeune
malade qui est venue demander un mi-
racle à la Vierge de Lourdes. Le miracle
a lieu, la guérison est instantanée. En
voyant Marie devenue une jeune fille
comme toutes les autres, le prêtre.sent
qu'un abtme vient de se creuser entre
elle et lui, puisqu'il est décidé à rester
prêtre, lui qui a le mépris des renégats.
Il «e parle pas, mais pendant que le
train les ramène à Paris pendant la nuit,
il pleure, et la jeune fille devine ce qui
se passe dans son cœur. « Ecoutez,
» mon ami, lui dit-elle. Il y a un grand
» secret entre la Sainte-Vierge et moi.
» Je lui avais juré de ne le dire à per-
» sonne. Mais vous êtes trop malheu-
» reux, vous souffrez trop, et elle me
» pardonnera; je vais vous lé confier. »
» Puis, dans un souffle
»Pendant la nuitque j'ai passée devant
» la grotte, je me suis engagée par un
» vœu, j'ai promis à la Sainte-Vierge de
» lui faire le don de ma virginité, si elle
» me guérissait. Elle m'a guérie et
» jamais, vous entendez, Pierre! jamais
» je n'épouserai personne. Ne disons rien
» de plus, mon ami, ce serait mal peut-
» être. Je suis très lasse, je vais dormir
» maintenant. » Elle resta la tête contre
» son épaule, et s'endormit confiante
» comme une sœur. Et telle fut leur
» nuit de noces. »
Ainsi finit le roman. J'ai esquissé à
grands traits ce livrequi commande l'in-
térêt, quelque critique qu'on en puisse
faire d'ailleurs au point de vue des
développements. En le fermant, l'idée
persistante qui m'est restée est celle
que M. Zola a émise par la bouche de
l'abbé Pierre, celle du besoin d'une rè-
ligion. Tout en étant complètement de
son avis je me permettrai pourtant de
dire à l'abbé Pierre Je reconnais ainsi
que vous la nécessité d'une religion
surtout en présence des horribles choses
que nous a données la libre pensée mise
à la portée de toutes les intelligences.
Une seule chose qui m'étonne, c'est
qu'il la faille nouvelle; je ne trouve pas
que les principes de la nôtre soient dé-
truits, même entamés par le trop grand
usage qu'on eh a fait, et que celui, par
exemple, qui dit aimez-vous les uns
les autres, doive être mis de côté pour
avoir trop servi, alors que nous ne
pensons qu'à forger des lois contre les
assassins et à doubler le nombre des
sergents dé ville pour protéger là vie de
nos prochains et la nôtre.
Philippe Gille.
ÉCHOS?
LA TEMPÉRATURE
Enfin, elle monte et, hier matin, les Pari-
siens se sont réveillés avec un beau soleil et le
thermomètre marquant i8» au-dessus des huit
heures; à dix heures, il était à 200 1/2, 230 1/2
à midi, 260 â deux heures de l'apriis-midi. Ce-
pendant, des pluies sont encore tombées sur
les côtes de la Manche, où la mer est très
belle.
Le temps reste orageux, mais au chaud la
journée d'hier a été splendide, belle journée
d'été 1 Dans la soirée, le thermomètre mar-
quait 240 1 /2 et le baromètre, qui s'était main-
tenu pendant le jour à 759*1», donnait 755-™».
LES COURSES
A 2 heures, courses à La Marche.
Gagnants du Figaro
Prix du Potager Dartois.
Prix de Puteaux: Montcalm.
Prix du Val Fleuri Bonne-Nouvelle
Prix du Parc Pratulo.
Prix des Glacières Carabas.
'A TRAVERS PARIS
Un journal allemand a prétendu que,
au cours de l'entretien accordé à M.
Bonghi, M. Casimir-Perier avait exprimé
le désir de voir se dissoudre prochaine-
ment la triple alliance.
Il aurait été facile au Président de la
République de démentir ce propos qui
n'a jamais été dans sa bouche, mais qui
pourrait, en somme, être tout naturelle-
ment, patriotiquement, dans sa pensée.
Cependant M. Casimir-Perier a trouvé
qu'il valait mieux ne pas s'arrêter à de
pareils racontars.
-M. Bonghi, qui était plus libre dans
ses allures, a, dès son arrivée à Rome,
adressé au directeur de la Fanfullaune
lettre de rectification très nette et très
précise que nous résume une dépêche de
YAgenceHavas:
«M.Bonghi déclare que danssonentre-
tien avec M. Casimir-Perier, ni M. Casi-
mir-Perier ni lui-même n'ont parlé de
la triple alliance.
y » M. Casimir-Perier, au contraire, lui
a affirmé sa pleine confiance dans la
conservation de la paix en Europe. »
Tous les diplomates et tous les per-
sonnages politiques qui ont été reçus
jusqu'à ce jour au quai d'Orsay, ou à
l'Elysée, ont été d'ailleurs unanimes a
rendre hommage à la grande réserve du
chef de l'Etat. M. Casimir-Perier discute
volontiers les questions de politique in-
térieure, mais il n'aborde que celles-là
et ne laisse aborder que celles-là devant
lui. • ̃̃̃ ̃ .̃ ̃ ̃ ̃
Dans le monde
Soirée très brillante, samedi, chez le
docteur et Mme Péan, à l'occasion du •
mariage de leur fille, Mlle Marie-Hen-
riette Péan, avec M. Chenu-Lafitte.,
Reconnu, parmi les invités des deux;
familles
Le grand chancelier de la Légion d'hon-
neur et Mme Février, le général et Mme
Rousseau, Mme Dësgenetais, Mme Chenu-
Lafitte, MM. et Mmes André de Cagny,
André Wallut,-Tonnelé Lucien Durand,_MM.
Frédéric Perquer, Bouchut, Géron de Baza-
reingues, le docteur Saamé, etc.
•Le mariage sera célébré aujourd'hui à
midi, à la Madeleine Mgr de TEscaille,
doyen du chapitre de Notre-Dame, don-
nera la bénédiction nuptiale.
Les témoins seront, pour le marié le
marquis de Barberin et M.- Jules Dela-
fosse, député du Calvados pour la mai
riée, le général Péan, commandeur de
la Légion d'honneur, son oncle, et le
général Février, grand chancelier de
l'Ordre. •
Le Saint-Père, qui- a donné lui-même
la communion à Mlle Péan aq Vatican,
au mois d'avril dernier, envoie sa béné-
diction spéciale aux jeunes mariés.
• '̃ • -'• **#: ̃̃ ̃ .̃
On a affiché hier les publications Se
mariage de M.' Charles Schneider, direc-
teur des usines du Creusot, fils de M.
Henri Schneider, député de Saône-et-
Loire, avec Mlle Antoinette de Rafélis
Saint-Sauveur, fille du marquis Ray-
mond de Rafélis Saint-Sauveur et de la
marquise née de Gontaut-Biron.
M. Camille de Beaumont, lieutenant
au 16e dragons, fils du comte de Beau-
mont et de la comtesse née de Récourt,
est fiancé à Mlle Colette de Richer de
Beauchamps, fille -de M. de Richer de
Beauchamps et de Mme, née Barrois de
Lemmery. •
Nous recevons une très touchante
lettre Chécy, 21 juillet 1894.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Je viens d'être informé que je suis l'exécu-
teur testamentaire de M. Fortin, le regretté
curé de Châlette, dont vous avez eu la bonté {
de patronner l'oeuvre scientifique près de vos °
lecteurs. •
Il a eu la pensée de léguer au petit sémi-;
naire de La Chapelle la lunette que vous lui
avez offerte pour l'aider à poursuivre ses re-
cherches, demeurées malheureusement ina-
chevées. â
Vous applaudirez, j'en suis sûr, à l'esprit
qui a dicté ce legs, et vous aimerez à voir
conserver ainsi dans cette maison le souvenir
•wàfis vues scientifiques d'an de ses élèves et-
celui des libéralités d'un journal qui a le
privilège des initiatives généreuses.
Agréez en même temps, monsieur le Rédac-
teur en chef, l'expression de ma vive grati-
tude pour tout ce que vous avez fait en fa-
veur de mon ami, et l'hommage de marts-
pectueuse considération.
E. DUCHATEAU,
É Curé de Chécy.
Nous adressons, à notre tour, tous nos
remerciements au vénérable curé de
Chécy.
C'est mercredi prochain, 25 juillet,
que les monnaies divisionnaires italien-
nes de i franc, 2 francs, 0,50 centimes
et 0,20 centimes ne seront plus reçues
dans les caisses de l'Etat. Il est donc
intéressant de bien expliquer au public
quelle est la monnaie exacte qui con-
serve toute sa valeur dans notre pays.
Nous ne parlons, bien entendu.que des
monnaies étrangères
MONNAIES ÉTRANGÈRES QUI SERONT SEULES AD- I
MISES PAR LES CAISSES PUBLIQUES A PARTIRAI
DU 34 JUILLET AU SOIR. Il
Or. Autriche-Hongrie Pièces de 4 et de8 8
florins.– Espagne Pièces de 10 et de20 pese-
tas. Russie Pièces de 5 etdelO roubles.-
t Belgique, Grèce, Italie, Suisse, Monaco Les
2 pièces de 100 fr., 50 fr., 40 fr., 20 fr., 10 fr.,
et 5 fr., frappées en vertu de la convention
r de 1865 eten plus, pour la Belgique et l'Italie,
s celles des frappes antérieures.
Argent. Belgique, Grèce, Suisse, Italie
a Toutes les pièces de 5 fr. frappées en vertu
e de la convention de 1865 et, en outre, pour la
Belgique et l'Italie, celles d'une frappe anté-
rieure à cette convention.
Monnaies divisionnaires. Belgique,
Grèce,'Suisse Toutes les pièces de 20, de 50.
centimes, de 1 fr. et de 2 fr. dont le millési-
me est postérieur à 1865.
Rappelons aussi que les monnaies
françaises ont seules « cours légal » et
que par conséquent le public n'est ja-
mais tenu d'accepter des pièces étrangè-
res, même celles que nous venons d'é-
numérer comme valables. Ce sont les
caisses de l'Etat qui seules sont forcées
de les accepter.
M. de Tallèyrand se trouvait en Tou-
raine, à ce château de Rochëçotte
qu'il aimait «non pas seulement, comme
il l'écrivait à son vieil ami, le baron de
Gagern, parce qu'il se trouvait là avec la
duchesse de Dino, mais chez elle, ce qui
était pour lui une douceur de plus»,
M de Talleyrand était à Rochecotte,
lorsqu'il apprit que l'état de Casimir
Perier était désespéré. Il écrivait, ce
jour-là (16 mai 1832), à une de ses amies,
au sujet des affaires publiques qui le
préoccupaient fort, une lettre qui n a été
publiée, croyons-nous, que par Sainte-
Beuve, et il lui disait:
A chaque heure j'invoque M. Perier et
j'aibien peur que ce ne soit en vain et que je
n'aie plus qu'à m'adresser à ses;manes Cette
affaire de Rome ne serait pas encore en sus-
pens, s'il avait vécu. Un grand mot d'un
grand homme est celui-ci Je crains plus
une armée de cent moutons, commandée par
un lion, qu'une armée de cent lions, com-
mandée par un mouton. Faites et surtout ne
faites pas l'application de cela.
Le grand seigneur de l'ancien régime
savait apprécier les grands bourgeois de
la royauté de juillet. N'est-ce pas aussi
M. de Talleyrand qui reprochait à un de
ses amis de traiter M. Thiers de « par-
venu »? « Il n'est pas parvenu, disait-
il, il est arrivé. »
Les anarchistes ont recours à toutes
les ruses et à toutes les inventions pos-
sibles'pour leur propagande l
Ils viennent de faire publier à Lon-
dres un opuscule de quelques feuilles »
la première page duquel on lit, comme
pour une bonne œuvre
Présidente Mme Casimir-Perier.
Là Société nouvelle des Femmes de France.
Présidente d'honneùr Mme Carnot.
'Et au bas:"
Imprimerie du Figaro. Paris,
Quand on tourne cette première page
sur la mystification de laquelle il est
inutile d'insister, on trouve un violent
manifeste adressé « aux camarades » »
prêchant la Révolution, etc., etc.. et se
terminant par un appel à l'assassinat
des journalistes qui « calomnient » la
cause sociale i
Tel est le nouveau procédé que les
anarchistes ont inventé pour faire en-
trer en France, par la poste, leurs bro-
chures et leurs manifestes l.
HORS PARIS
VAqence russe se dit en mesure d'an*
noncérque, contrairement aux bruits ré-
pandus, le grand-duc héritier de Russie,
avanfde quitter Londres, a déclaré aja
reine Victoria que son mariage reste
toujours fixé au 22 septembre (vieux
style), sauf le cas de circonstances im-
prévues.
Le gouvernement russe s'occupe très
activement d'augmenter l'importance
du port de Sébastopol. n «
L'accroissement continu de la flotte
de la mer Noire dans ces dernières an-
nées a, en effet, rendu insuffisant le port
de Nicolaïeff.
Dès que les travaux d'agrandissement
seront achevés à Sébastopol, on y entre-
prendra la -construction de deux cui-
rassés et de trois croiseurs.
En même temps on développe le ser-
vice de la défense des côtes, dont le
commandement sera confié au gouver-
neur du grand port de la Crimée.
Henri Rochefort a quitté Londres pour
un mois. Il vient d'arriver à Gand, après
un court séjour à Bruxelles, et pense
rentrer à Londres vers le 15 août.
̃. NOUVELLES A LA MAIN
Un mot d'enfant.
A chaque sortie qu'il fait, Tomy est
étonné du nombre considérable de sa-
luts qu'on échange avec son grand-père
qui l'accompagne; aussi,après réflexion,
avec un sourire: •
Sais-tu, grand-père, lui dit-il, que
tu auras joliment du monde à ton enter-
rement 1 Le Masque de Fer.
A -'̃"̃
̃ ÉLECTION SÉNATORIALE
MORBIHAN
.:̃ Inscrits 966. Votants 957.
MM. de Lamarzelle, anc. dép.cons. 649 ELU I
Martini, rèp • °uy
Il s'agissait de remplacer M. le comte de La
Monneraye, de la droite, démissionnaire le
14 avril dernier. -~To
Aux élections du 5 janvier 1888, M. de La
Monneraye avait été élu, le second sur la
liste de droite, par 650 voix.
Le candidat républicain arrivé en tête de
liste avait obtenu 282 voix.
CûezI-BaiîMlems Saint-ffilaire
Le poignard d'un assassin ne semble-
t-il pas avoir plus fait pour le rappro-
chement des nations que les congrès des
plus illustres philanthropes?
Un de nos anciens ministres des af-
faires étrangères, M. Barthélémy Saint-
Hilaire, a bien voulu répondre à cette
question.
J'ai été optimiste toute ma vie,
nous dit-il il me semble que je le suis
bien plus à mesure que j'avance en âge;
le mois prochain, s'il plaît à Dieu, j'en-
trera5 dans ma quatre-vingt-dixième
année, et je bénis l'auteur de toutes
choses. Mais malgré l'éclaircie qui vient
de se faire, l'avenir reste encore sombre.
» Aucun Français n'a pu ne pas être
profondément ému des témoignages de
respect et de sympathie que la fin tra-
gique de notre Président a provoqués
dans le monde entier.Ces marques d es-
time venant parfois de nos adversaires
nous ont touchés encore plus sensible-
ment.
» Telle est la lettre de condoléances
"a~
de l'empereur Guillaume: nulle autre ne
m'a autant frappé, moins par la forme
et l'allure, qui sont très belles, que par
l'élévation et la sincérité des senti-
ments il s'y trouve l'accent convaincu
d'un homme réellement impressionné,
s'affirmant en dehors des formules offi-
cielles usitées pour ce genre de commu-
nications.
» Le résultat le plus précieux de ces
manifestations, c'est de nous rassurer
sur l'avenir de la civilisation on peut
donc lutter avec acharnement sur les
champs de bataille et, malgré les vicis-
situdes diverses, espérer de ne pas voir
s'éteindre chez les peuples la notion de
l'humanité au milieu du trouble créé
par la diffusion des doctrines antiso-
ciales par le déchaînement de toutes les
passions mauvaises qui semblent nous
menacer d'un retour à la barbarie, un tel
spectacle est fait pour réconforter.
» Ce mouvement universel de pitié a
fait trêve aux préoccupations belliqueu-
ses la paix maintenant me paraît assu-
rée au moins pour cette année et 1 année
proéhaine.
» De très longs espoirs, hélas! ne sont
pa% permis la confiance, ébranlée de-
puis tant d'années, est toujours incer-
taine le monde des affaires, qui laisse
dormir dans les caves de la Banque des
milliards improductifs, se refuse aux
lointaines échéances, sentant bien que
la guerre peut sortir d'une collision for-
.'?– ~],. f.t;?.n
tuite, d'un incident de frontière.
» L'exaspération des armements est,
par elle-même, une perpétuelle source
de conflit. •
» Je sais bien que, d'après certaines
opinions,, la guerre serait rendue impos-
sible par l'excès même de ces prépara-
tifs illusion pure; en i83i ] étais
alors maréchal des logis sous les or-
dres d'Armand Carrel nous tombions
en admiration devant les nouvelles
pièces de notre artillerie portant à 500
mètres et nous nous repaissions des
mêmes chimères 1 »,̃•*♦
» Le même mirage décevant fuit tou-
jours devant l'humanité deux mille e
ans avant Jésus-Christ, un auteur le
grec Agésilas, je crois ne célébrait-il
pas la toute-puissance d'une machine
récemment inventée, plus tard appelée
catapulte par lesRomains et qui, par son
énergie destructive, devait rendre toute
guerre inutile en annihilant la bravoure
personnelle des combattants ?
» La guerre, malheureusement, ne
saurait être abolie pas plus qu'on ne
parviendra à changer le fond naturel de
l'homme les attentats anarchistes en
retarderont l'échéance en obligeant les
divers pays à se replier sur eux-mêmes
pour un temps.
Un accord entre les puissances
pour combattre les menées criminelles
ne vous semble-t-il pas possible et dé-
sirable ?
Les puissances sont trop divisées
d'intérêt pour se lier par une stipula-
tion formelle il n'existe plus, comme
en.1815, de communauté de vues politi-
ques d'ailleurs, la fameuse Commis-
sion internationale dont le siège était à
Mayence, n'a pas laissé que de bons
souvenirs elle perdit son véritable ca-
ractère en s'asservissant parfois à des
calculs étrangers à son premier but.
» Mais toutes les nations civilisées
devraient s'entendre pour enrayer la
contagion du mal chacune d'elles au-
rait le libre choix des moyens qu'elle
croirait les plus propres à atteindre ce
résultat dans l'étendue' de son terri-
toire, suivant ses mœurs et ses tradi-
tions. Un accord de ce genre, môme dé-
pourvu de toute sanction pénale, pro-
duirait un effet moral considérable.
» Quant à nous, notre meilleure dé-
fense contre les ennemis du dedans et
du dehors serait de travailler au relève-
ment de l'âme française et à la restau-
ration du sentiment religieux. On traite
en ennemie une religion qui fait appel
aux plus nobles facultés, qui dit: aux
pauvres tu ne voleras point; aux
violents tu ne tueras point; aux égoïs-
tes tu aimeras ton prochain.
» On aime mieux dérouler aux yeux
du peuple cette belle page littéraire) et
philosophique de la Déclaration d'où
viennent la plupart de nos misères.
Jamais on ne lui parle de ses devoirs.
a Les rhéteurs qui font métier d'obs-
curcir la conscience des foules se posent
volontiers en initiateurs: la multitude
les écoute d'autant plus docilement
qu'elle voit en eux des prophètes leur
frayant une voie nouvelle, inconnue.
» Leurs sophismes vieux comme le
monde n'en sont pas moins reçus à
l'égal de révélations comme au siècle de
Platon et de ses démagogues
» C'est nous qui avons bâti cette mai-
son cette maison est à nous ».
» Depuis quinze ans la France a des-
cendu cette pente qui mène à l'apologie
publique du vol et de l'assassinat. Va-
t-elle se ressaisir?
'» L'élection de M. Casimir-Perier à la
Présidence de la République et l'accueil
qu'on lui a fait semblent marquer une
orientation de l'esprit public vers de
plus saines doctrines; j'en augure pour
mapart les. plus heureuses conséquen-
ces il faut restaurer l'idée de gouver-
nement, relever le sentiment du devoir
et le moral de la nation.
» Rappelons-nous 1831; par bien des
points cette période troublée ressemblait
à celle d'aujourd'hui il a suffi de 1 é-
nergie d'un homme, de l'indomptable
volonté du premier ministre le grand
Perier pour que tout rentrât dans
l'ordre.
» Son petit-fils n'est pas au-dessous
d'une tâche semblable; je, connais sa
famille depuis trente ans, je sais dans
quelles hautes traditions il a été élevé
soyez sûr qu'il fera son devoir jusqu'au
bout.
» Ce n'est qu'après les plus vives ré-
sistances qu'il s'est décidé à accepter la
haute fonction qu'il occupe il a fallu
pour les vaincre l'instante sollicitation
de tous ses amis, la prière émue de ses
parents: on ne pouvait demander plus
grand sacrifice à qui faisait sa vie des
douceurs du foyer.
» Son élection m'apparatt pleine de
promesses pour l'ave#ir de la Répu-
blique mais lui laissera-t-on le temps de
faire tout le bien qu'il veut? »
G. Davenay.
♦
LE MYSTERE DE PRESLES
Par dépêche de notre envoyé apéclal
Bourges, 22 juillet.
Nous avons hier exposé les faits tais
qu'ils semblaient résulter des débuts de
rinstructioa nous allons aujourd hui
nous livrer à une enquête personnelle,
nous rendre dans le pays même ou vi-
vait le marquis de Nayve: une voiture
va nous mener de La Guerche au châ-
teau de Presles.
Disons tout d'abord que la justice,ins-
truisant secrètement contre M. de Isay-
ve, réunissait à sa charge de nombreu-
ses preuves pendant, qu'il voyageait en
Suisse avec l'un de ses trois enfants lé-
gitimés. C'est au retour de cette excur-
sion qu'on l'arrêta dimanche, vers qua-
tre heures, à la gare du Guetin.
Depuis trois jours, un brigadier de
gendarmerie et un gendarme,qui avaient
reçu mandat, l'attendaient à cette gare
sise à une heure et demie de Bourges.
La scène qui se passa à l'arrivée du train
fut assez émouvante en descendant de
voiture, M. de Nayve, qui connaissait le
brigadier, lui tendit la main « Veuillez
prendre connaissance de ceci», fit solen-
nellement le brigadier en lui montrant
le mandat. Le marquis resta consterné.
« Prenez donc la peine de remonter
dans le wagon », reprit le brigadier. M;
de Nayve dità son fils de prendre seul
la voiture, qui devait les conduire tous
deux au château de Presles puis, accom-
pagné du brigadier et du gendarme, il
remonta dans le wagon. Quelques mi-
nutes après, les gendarmes le faisaient
descendre à La Guerche, où ils 1 invite,*
rent à'prendre le train qui s'arrête à
Saint-Amand à sept heures du soir.
Tous ceux qui ont vu pendant ces courts
instants M. de Nayve se rappelleront
toujours son abattement, sa défaillance
morale. Je demande s'il avait l'air de ne
pas croire à ce qui lui arrivait ? On me
répond il avait plutôt l'air de redouter
auelaue chose. ̃
A la gare de Saint-Amand une voiture
fermée, appelée par le télégraphe, atten-
dait. M. de Nayve y monta, accompagné
de trois gendarmes. A sept heures et
demie, il était écroué. On sait le reste.
Et maintenant, à travers un délicieux
bocage, je fais route vers le château de
Presles.
-Autrefois ce château n'était guère
qu'une riche maison bourgeoise. Il y a
quelques années on y a ajouté deux
ailes et restauré la façade qui domine la
Loire. Aujourd'hui la demeure est un
véritablemanoir se dressantaumiheudeg
très vastes propriétés quiendépendent,
:•• Cechâteau estd'uneblaneheur éclatant»
portes et contrevents -sont clos la may*
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