Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1886-07-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 juillet 1886 04 juillet 1886
Description : 1886/07/04 (Numéro 185). 1886/07/04 (Numéro 185).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2
LE FIGARO -; DIMANCHE 4 JUILLET 1888
midable qui, le premier soir, exigea 18 minutes,
s'accomplit en 16 minutes aujourd'hui, sans
confusion et sans encombre.
Ce point capital résolu, M. Thomas, l'auteur
du libretto, M. Wittmann, l'auteur de la mu-
sique, MM. Rubé, Chaperon et Jambon, les
décorateurs, eurent le triomphe aisé. Mais le
véritable triomphateur, c'est M. Houcke. Et
comme il fut le premier à la peine, il est juste
qu'il soit le premier à l'honneur. Hourrah pour
M. Houcke!
A ce propos, une nouvelle qui va bien sur-
prendre les Parisiens et même les Anglais.
En plein Londres, à Kensington, près de
l'Exposition indienne, s'élève un palais gigan-
tesque, dont les murs, -bientôt achevés, clôtu-
rent une enceinte de 11,ooo mètres carrés;
sous une coupole haute de 36 mètres.
Cet édifice, dont la curiosité britannique
était fort intriguée, c'est tout simplement l'Hip-
podrome... de Paris qui se met dans ses msu-
bles... de l'autre côté de l'eau.
Une fois la saison parisienne terminée, l'Hip-
podrome de Paris passera la Manche avec
armes et bagages, c'est-à-dire avec tout son
matériel au grand complet, chevaux, voitures,
décors, accessoires, servants, artistes, écuyers,
écuyères et répertoire. Et, trois ou quatre mois
durant, il conviera le public de Londres à ses
intéressants spectacles, inconnus, au moins
dans leur merveilleux ensemble, chez nos voi-
sins.
Tenez pour certain que l'Hippodrome de
Paris représentera la France en Angleterre
tout aussi bien que tel ambassadeur dont le
nom se devine.
Miousic ! miousic !
Parisis.
LES BLANCS D'ESPAGNE
Bien que la fidélité aux principes ait
droit au respect, pourquoi est-il difficile
de ne pas sourire quand on entend des
royalistes célébrer Juan de Bourbon ?
Peut-être sommes-nous des gens posi-
tifs qui n'aimons pas à travailler dans le
désert.
Les partisans de la royauté la veulent
possible et prompte. Après la mort du
comte de Chambord, ils se sont rangés
autour du comte de- Paris. Quelques-
uns seulement, peu pressés sans doute
de voir revenir la Monarchie, ont fait
chamelle à part...
Ils s'appellent le comte Maurice d'An-
digné, M. Charles du Verne, le docteur
Bérard,- le célèbre auteur des Cancans,
- le comte de Boisairault, ancien officier
de Charles X, le marquis de Chauvelin,
le vicomte Paul de Poresta, le 'comte de
Guerry de Beauregard, M. Maurice de
Junquières, etc.
Ils ont, dans le but inutile d'acclamer
Juan de Bourbon, et, à son défaut, le
duc de Madrid, organisé une réunion
qu'ils ont tenue hier dans la salle de
Géographie, boulevard Saint-Germain.
On ne pouvait entrer qu'en signant. Il
y a eu en tout 382 signatures, dont beau-
coup ont été tracées par des mains fé-
minines.
La tribune, qui s'élève dans une
vaste rotonde, est tapissée de drapeaux
blancs. Un peu avant neuf heures,
les organisateurs viennent en prendre
possession. Ils sont suivis d'une vingtaine
de porteurs de bannières blanches dont
l'apparition, peut-être trop théâtrale,
provoque bien une dizaine d'applaudis-
sements.
Sur une de ces bannières, on lit :
« Fais ce que dois,advienne que pourra.»
C'est la devise des désespérés. Sur une
autre: « l'Anjou au duc d'Anjou. » On a
sans doute oublié, en effet, que Juan de
Bourbon est, en même temps, duc d'An-
jou.
Devant la tribune, sont de nombreux
journalistes républicains. Ils sont venus
recueillir des injures contre la maison
d'Orléans. Leur seule présence est la
condamnation de cette réunion, absolu-
ment inopportune.
C'est le comte Maurice d'Andigné qui
ouvre la séance. Il donne la parole au
général de Cathelineau, dont le grand
nom a attiré beaucoup de Vendéens.
Que Cathelineau soit resté fidèle au dra-
peau blanc, c'est chez lui pure affaire de
sentiment.
On peut être aussi bon royaliste que
le général vendéen et respecter le dra-
peau tricolore sous lequel d'Aumale,
Montpensier et Chartres ont si glorieu-
sement combattu.
Après Cathelineau, M. Charles du
Verne a la parole. L'orateur est l'ancien
président du comité royaliste de la
Nièvre. Il a valeureusement travaillé
pour le retour de Mgr le comte de Cham-
bord. Est-ce une raison suffisante pour
qu'il provoque, par la vivacité de son
discours, des cris comme ceux-ci :
« A bas les d'Orléans. A bas les déser-
teurs I »
- Appeler déserteurs des gens qu'on
expulse, me fait très justement remar-
quer le vicomte de Constantin, c'est un
comble!
Je renonce à faire l'analyse du dis-
cours de M. du Verne. Les journaux ra-
dicaux publient chaque jour les mêmes
erreurs à propos de la maison d'Or-
léans.
Une seule phrase montrera à quel
point les blancs d'Espagne s'illusion-
nent.
- Si le Roi était rentré, dit-il, les dra-
peaux blancs se seraient mis tout seuls aux
fenêtres, et si les chassepots étaient partis,
ce n'eût été que pour les défendre.
Quelques éphèbes ont vivement ap-
plaudi.
Pour le comte Urbain de Maillé, qui
parle ensuite, le drapeau blanc est
comme le Roi de France : il ne meurt
pas.
M. Véran, un publiciste artésien, dé-
clare que « l'orléanisme, c'est la révolu-
tionne ».
Puis M. d'Andigné s'élève contre le
manifeste « d'un prince usurpateur ». Il
est très violent, M. d'Andigné. Il dit
pouvoir intituler son discours : « Dé-
monstration des droits de la maison
d'Anjou par les d'Orléans et leurs amis. »
- On nous dit, s'écrie-t-il en terminant, que
notre roi ne parle pas. Il est le roi légitime.
Il a le droit. Le roi légitime ne parle pas au
commandement du comte de Paris. Il se fera
entendre quand l'heure de Dieu sera venue.
J'ai môme entre les mains le texte de la pro-
testation solennelle des Bourbons d'Anjou.
Je ne le publierai que quand ils l'ordonne-
ront.
M. de Junquières,qui est vraiment un
orateur, est encore plus violent que ses
prédécesseurs. Je laisse à mes confrères
de la République le soin de reproduire
ses injures.
En sortant, je demande à l'un des
principaux organisateurs combien les
blancs d'Espagne ont de partisans. Il
me répond :
- Cinquante mille.
Or, il y a eu, aux dernières élections,
3,500,000 voix conservatrices. N'insis-
tons pas.
Un dernier mot :
Si c'est l'antiquité seule qui donne des
droits à la couronne, il est une famine
royale qui en a bien plus que Juan de
Bourbon.
Je veux parler de celle des Courtenav
dont le chef était contemporain de Hu-
gues Capet. L'Un de ses membres a
marié sa fille à Louis-le-Gros. De ce
mariage naquirent plusieurs fils dont ie
dernier, Pierre de France, a encore un
héritier.
Or, cet héritier, qui a pour aeîux trois
empereurs de Constantinople, je le con-
nais.
Vous avouerez, messieurs les Blancs
d'Espagne, que sfes droits sont bien su-
périeurs à ceux de Juan de Bourbon.
Si cela peut vous faire plaisir, il les
cédera demain, et publiquement et bé-
névolement, à Mgr le comte de Paris.
Vous rallierez-vous alors ?
C. Chincholle.
LA CHAMBRE
Samedi, 3 juin.
Ces pauvres céréales se traînent !
M.Camille Dreyfus est parvenu à les
galvaniser un peu aujourd'hui, mais sur
un débat épuisé les orateurs s'épuisent,
et l'auditoire paraît aussi languissant
que la discussion. Député de Paris, M.
Camille Dreyfus est nécessairement libre-
échangiste, le libre-échange et la protec-
tion étant, avant tout, des opinions cli-
matériques et régionales.
Il s'est attaché à démontrer que le
droit variable proposé par la Commis-
sion équivaut à l'ancienne échelle mobile
qu'il définit ainsi: «Une espèce d'échelle
de Jacob dont la base repose sur le pri-
vilège et dont l'extrémité opposée plonge
dans la misère publique 1 » Alors, nous
voilà propres ! Personne heureusement
n'ignore qu'il faut en prendre et en lais-
ser. Au reste, M. Camille Dreyfus re-
pousse également le droit fixe. Pas de
droits 1 Pas d'entraves! Pas de barrières !
Tout pour la liberté et par la liberté !
Les cultivateurs répondent qu'ils meu-
rent de faim !
Reproduisant une enquête apportée
l'année dernière à la tribune par M.
Raoul Duval, M. Dreyfus a comparé les
diverses cotes foncières payées par nos
paysans, et il en est arrivé à conclure
que la surtaxe ne profiterait qu'aux gros
propriétaires, dont quelques-uns siègent
à la Chambre sur les bancs de la droite.
Puis, poussant plus loin son attaque, il
a prétendu que cette levée de boucliers
protectionniste cachait une conspiration
contre la République.
Malgré l'incontestable talent de son
auteur, cette habile diversion n'a pas
produit tout l'effet qu'il en avait sans
doute espéré. Cent cinquante républi-
cains sont partisans du droit sur le blé,
et l'appui qu'ils prêtent à la loi suffit
pour entamer fortement l'argument po-
litique de M. Camille Dreyfus.
Le rapporteur, qui est M. le marquis
de Roys, n'a pas manqué de lui opposer
cet assentiment caractéristique d'une
notable fraction de l'opinion républi-
caine, et, tout de suite, prenant le tau-
reau par les cornes, il a renvoyé l'ac-
cusation à l'accusateur :
M. le marquis de Roys, rapporteur. ?- Si
M. Dreyfus avait raison, si la questiou posée
devant vous était une question purement
politique, s'il y avait, d'un côté,des hommes
décidés à défendre les intérêts agricoles, et
de l'autre des hommes décidés seulement à
servir la République, la majorité de cette
Chambre ne serait pas composée comme
elle l'est.
Et si, aux dernières élections législatives,
le parti républicain a perdu un grand nombre
de représentants, c'est peut-être parce qu'il
a fait trop tard ce qu'il aurait dû faire plus
tôt. (Exclamations à gauche. - Très bien !
très bien ! à droite.)
Je ne sais pas jusqu'à quel point M. Drey-
fus sert les intérêts de la République on es-
sayant de faire croire que tous ceux qui sont
dévoués à la cause de l'agriculture siègent
sur les bancs de la droite.
Evidemment, l'arme est à deux tran-
chants; et au moment où la majorité de
la Chambre s'efforce de donner satisfac-
tion à un voeu exprimé par la majorité
du pays, peut-être vaudrait-il mieux ne
pas insinuer que ces deux majorités,
qui n'en font qu'une, sont composées de
réactionnaires.
M. le marquis de Roys a développé
de nouveau, avec force chiffres, la thèse
protectionniste ; nous n'en fatiguerons
point nos lecteurs. Elle a au moins le
mérite de répondre à un courant mani-
feste, et de secourir l'agriculture comme
celle-ci veut être secourue. Deux dépu-
tés de la droite, qui étaient inscrits,
MM. Sevaistre et Fairé, désespérant
sans doute d'apporter de nouveaux argu-
ments ont renoncé spontanément à la
parole, ce qui révèle chez eux beaucoup
de courage et de bon sens. Au contraire,
un député de l'extrême gauche. M. Wic-
kersheimer, a essayé de soutenir que
les républiques doivent avoir une autre
économie politique, un autre régime
douanier que les monarchies. On l'a
cloué d'un seul mot : « Et l'Amérique ! »
Nous avons eu aussi un discours un
peu fantaisiste de M. Clovis Hugues,
lequel, suivant sa propre expression, a
quitté un instant le bâtiment où il tra-
vaille, c'est-à-dire la poésie, pour défen-
dre le commerce de Marseille. M. Clovis
Hugues a été amusant, ce qui est quel-
quefois le grand point.
Vers cinq heures et demie, comme les
bancs se dégarnissaient à vue d'oeil,
quelques voix timides ont murmuré :
la clôture ! Mais alors M. Rouvier, se
précipitant à la tribune, n'a pas craint
de prétendre que les précédents ora-
teurs, loin d'épuiser le débat, l'avaient à
peine effleuré. Ou lui a accordé, en riant,
la remise à lundi; mais, qu'il ne s'y
trompe pas, une lassitude gagne tout le
monde, et, après lui, les uns étant déci-
dés à temporiser, et les autres résolus à
en finir, la question se posera violem-
ment entre l'obstruction et la clôture.
Pendant la séance, un bruit s'était ré-
pandu, sur une dépêche du journal
Paris, que huit de nos torpilleurs sur
onze avaient péri, corps et biens, dans
l'Atlantique. M. Gerville-Réache a prié
le ministre de la marine de rassurer la
Chambre et l'amiral l'a, en effet, rassu-
rée d'un seul mot: Tous nos torpilleurs
sont à Toulon I
Pas-Perdus.
AUTOUR DES CHAMBRES
Il y avait hier grande émotion parmi
les membres de la Commission de l'ar-
mée. Le ministre de la guerre, dans le
projet de loi soumis en ce moment à
l'examen des Chambres, n'avait pas
mentionné l'interdiction du vote pour les
militaires. De là toutes sortes de com-
mentaires et do questions. Le général
Boulanger s'est offert le facile plaisir de
prouver à la Commission qu'elle avait tort
et qu'il n'avait rien oublié dans son or-
ganisation nouvelle et "dans ses réfor-
mes. Il le démontrera lundi.
En attendant, il a fait déclarer au pré-
sident de la commission de l'armée que,
s'il n'avait pas inscrit dans son projet de
loi l'interdiction du vote, c'est que cette
interdiction était déjà prononcée for-
mellement par l'article 2 de la loi .électo-
rale de 1875. Le général Boulanger se
propose même de demander au Parle-
ment l'extension de cette interdiction
aux soldats « en position d'absence, »
c'est à dire en permission ou en congé
temporaire.
***
Hier, à quatre heures,nouvelle séance
delà commission de Panama, présidée
par M. Germain Casse. Séance intéres-
sante, pleine de détails qui permettent
de croire à une solution prochaine. La
Compagnie du canal interocéanique aura
très vraisemblablement gain de cause,
,et le gouvernement, par un vote formel
des Chambres, lui accordera l'autorisa-
tion qu'elle sollicite pour l'émission de
ses obligations à lots. . .
M. de Freycinet, président du conseil,
et M. Sarrien, ministre de l'intérieur,
ont été entendus par la commission.
Déclarations très nette que nous résu-
mons brièvement.
Ce projet de loi est soumis aux Cham-
bres, a dit M. de Freycinet; notre plus
simple devoir, à nous gouvernement,
est donc de le défendre devant elles. Le
gouvernement n'y faillira pas. Mais il
entend, comme dans toutes les entre-
prises industrielles, si grandes que
soient leur utilité, leur sécurité et leur
avenir, il entend limiter sa responsabi-
lité. En demandant au Parlement d'au-
toriser la Compagnie de Panama à
émettre un emprunt de 600 millions,
constitué par les obligations à lots, il
entend ne patronner à aucun degré
l'entreprise et ne peut lui donner aucune
garantie morale ou matérielle. Cela est
bien entendu.
L'entreprise a d'ailleurs un but consi-
dérable.
Si le but était atteint, non seulement
le commerce français en profiterait,
mais, si des difficultés venaient à surgir
dans la Méditerranée, on pourrait com-
muniquer avec l'Extrême-Orient par le
Canal de Panama.
Il s'agit de donner une facilité à la
Compagnie, mais l'Etat ne garantit au-
cunement les obligations à émettre. Si
le gouvernement avait refusé de donner
suite à la demande de M. Ferdinand de
Lesseps, on en aurait conclu que M.
Rousseau avait émis nn jugement désa-
vantageux, et l'on aurait ainsi porté au
crédit de la Compagnie un coup grave et
irrémédiable.
Quoique le but poursuivi soit inter-
national, il n'en est pas moins vrai, qu'à
cause du nom- du promoteur, du siège
de la Compagnie et des capitaux enga-
gés, l'entreprise a un caractère français ;
si elle avortait, il y aurait un certain dis-
crédit pour l'influence française.
Le canal de Panama sera creusé, soit
par la Compagnie, soit par des mains
étrangères ; il y a intérêt à ce que l'oeu-
vre ne périclite pas entre des mains
françaises.
Sur une question du président de la
commission, M. de Freycinet a dit qu'il
n'y aurait pas à redouter de malenten-
dus après les débats publics, où le gou-
vernement déclarera nettement qu'il ne
cautionne pas l'oeuvre,
Il n'y en avait pas eu, d'ailleurs,-pour
l'émission d'obligations à lots faite par
la Compagnie du canal de Suez. L'inter-
vention du gouvernement aurait-elle
l'inconvénient de créer un préjugé favo-
rable pour l'entreprise ?
L'inconvénient serait, dans tous les
cas, moins grand que celui qui se serait
produit en sens contraire, par suite du
refus.
M. Sarrien s'est borné à déclarer, en
réponse à une question du président de
laCommission, que les loteries étaient du
ressort de son ministère, il avait du si-
gner le projet de loi.
Après le départ des ministres, la com-
mission s'est ajournée à lundi pour en-
tendre MM. Ferdinand et Charles de
Lesseps, ainsi que M. Jacquet, membre
de la Commission technique.
Quelques détails, pour terminer, sur
le conseil des ministres qui a été tenu
hier à l'Elysée.
Le général Boulanger a communiqué
à ses collègues la lettre qu'il a reçue du
général Saussier, lettre par laquelle le
gouverneur militaire de Paris, revenant
sur sa détermination, déclare conserver
ses fonctions.
Le ministre de la marine a fait signer
un décret réglant les incompatibilités
entre les fonctions publiques et les man-
dats électifs aux colonies.
Le président du Conseil a rendu
compte de l'entrevue qu'il a eue hier,
ainsi que le ministre de la marine et
celui du commerce, avec la commission
chargée d'examiner la convention de
navigation conclue avec l'Italie. Les né-
gociations continuent relativement à
des dispositions additionnelles deman-
dées par la commission.
M. de Freycinet a fait connaître la dé-
marche accomplie auprès de lui par les
délégués des chambres syndicales pa-
tronales et ouvrières de France.
Puis, M. Baïhaut a soumis à la signa-
ture du Président de la République un
décret portant nomination d'ingénieurs
en chef dans le corps des ponts et chaus-
sées et dans celui des mines.
Ce mouvement sera publié lundi.
Paul Hémery.
PARIS AU JOUR LM JOUR
La République française a lancé dans
la circulation un prospectus de maison
de commerce allemande, offrant aux
marchands des drapeaux français au
plus juste prix.
Le journal de l'opportunisme s'est
indigné et tous les autres s'indignent à
la queue-leu-leu. J'avoue que je ne com-
prends pas cette ire, que je me permets
de qualifier d'intempestive.
Le fabricant d'outre-Rhin vous pro-
pose sa marchandise. Refusez-la pure-
ment et simplement, et achetez aux
fabriques françaises. Mais il est inutile
de monter au Capitole pour si peu et de
crier comme les illustres volatiles qui
habitèrent cet immeuble gouvernemen-
tal, du temps des Romains.
D'ailleurs, j'ai comme une vague idée
que l'industrie des drapeaux traverse
une crise et entre dans le marasme. Qui
diable va en acheter cette année pour la
fête foraine et transpiratoire, que les
almanachs ont placée à la veille du terme
de juillet?'
Depuis huit ans que ce jour de gloire
est arrivé, il me semble que toutes les
maisons qui avaient envie de se pavoi-
ser la façade ont dû déjà faire emplette
de l'emblème en question ; chaque con-
cierge se le repasse à tour de rôle.
Comme le nombre des locataires ma-
nifestants va en diminuant, suivant en
cela la progression de:s affaires; il y en
aura encore moins cette année que les*
autres. Et la maison allemande -qui a
escompté l'enthousiasme des Parisiens,
sans songer qu'il s'est rafraîchi quelque-
peu, gardera pour compte son article de
Paris.
#** Le général Boulanger et la presse
allemande.
Une communication officieuse adres-
sée à la Gazette lté Cologne s'efforce de
rassurer l'opinion en Allemagne sur les
visées de ce « général démagogue »,
comme elle l'appelle :
C'est à tort, dit la feuille rhénane, que
l'on s'imagine chez nous que-le général Bon
langer est à la tête du parti chauvin et qu'il
ne songe qn'à la fameuse revanche. 71 est
plus que probablement tout aussi chauvin
que la plupart des Français qui s'occupent
de politique, mais la guerre contre l'Allema-
gne est le cadet de ses soucis.
Seulement, comme tous les moyens lui
sont bons pour satisfaite son ambition, il
croit utile, dans l'intérêt de sa popularité, de
faire résonner la corde du chauvinisme, sans
avoir la moindre intention de manifester ces
sentiments par une action sérieuse quelcon-
que. Provisoirement donc, nous autres Alle-
mands, nous ferons bien de ne pas nous
préoccuper autrement de l'activité du géné-
ral Boulanger et de la considérer comme se
rattachant seulement à des questions de
politique intérieure.
La Post s'exprime en ces termes sur
le projet de réorganisation -militaire du
ministre.
Ce projet, en supprimant environ 3,000
officiers de l'armée permanente, réalise de
ce chef une économie de 20,000,OOO de francs
en nombre rond, qui servira à augmenter la
cavalerie et les troupes techniques.
Il vise moins le renforcement numérique
de l'armée mobile que l'accélération dés
opérations de mobilisation et l'augmentation
des qualités militaires qui permettent une
entrée immédiate en campagne.
L'adoption de ce projet aura donc pour ré-
sultat d'élever l'armée française à un niveau
qui n'avait pas encore été jugé nécessaire
pour un Etat placé au milieu d'Etats amis ou
du moins vivant entière nent en paix, et, de
ce chef, revêtira le caractère d'un arme-
ment.
Cette situation nouvelle va créer aux Etats
voisins l'obligation de prendre, de leur côté,
des mesures de sûreté qui affecteront néces-
sairement leurs finances.
Cette conclusion est une invite fort
claire au Reichstag de consentir à de
nouveaux crédits. Il y avait longtemps
que les Chauvins teutons n'avaient
agité le spectre de la France en armes.
Ça mord donc encore devant le Parle-
ment allemand.
*** Le Bulletin gouvernemental cer-
néen, journal de l'Ile Maurice, use de
l'interview comme les grands confrères
européens. Il a interviewé le général en
chef des Hovas, ce colonel Willoughby
que l'on dit très hostile à la France.
Le chef malgache est âgé d'environ qua-
rante ans, mais il parait plus jeune. Il est
grand, svelte, d'une figure ouverte et mar-
tiale, et d'un abord plein de courtoisie.
Avant de prendre le commandement en chef
de l'armée hova, il a fait les campagnes du
Zoulouland et du Basutoland, avec le grade
de colonel, ayant sous ses ordres un régi-
ment de 300 à 400 hommes, les « Wil-
loughby's horses. »
C'est, on le voit, un officier d'aven-
ture.
Interrogé sur les chances de durée de
la paix, le général s'est porté garant que
le gouvernement hova suivra le traité à
la lettre. 11 a dit le plus grand bien de
M. Patrimonio et de l'amiral Miot et ré-
serve son jugement sur le nouveau ré-
sident, M. Le Myre de Vilers.
Interrogé sur l'avenir qui attend la
Grande Ile, le général Willoughby ré-
pond :
- Dans mon humble opinion, Madagascar
est appelé, d'ici cinq ans, à devenir un pays
remarquable au point de vue de la civilisa-
tion. Le gouvernement actuel désire ardem-
ment faire avancer rapidement son peuple ;
mais il comprend qu'il ne faut pas le brus-
quer. Le premier ministre est un homme aux
idées larges et modernes. Il est en avance
de vingt ans sur le peuple, et nul n'est
mieux placé que lui ponr apprécier le mo-
ment exact où les réformes devront s'opérer.
- Quel peut être l'effectif de l'armée hova
en temps de guerre? demande encore le
journaliste.
- L'armée régulière s'élève actuellement
à 50,000 hommes bien armés et bien disci-
plinés. Elle peut être accrue, en temps de
guerre, de 200,000 hommes armés de sagaïes.
Elle a, en outre, 20 batteries de campagne,
soit 120 canons.
N'y a-t-il pas exagération dans l'éva-
luation de ces effectifs?
. En tout cas, si l'anglo-hova a dit la
vérité, si sa troupe a réellement compté
50,000 hommes, cela donnerait un fier
relief aux 3,000 soldats de la marine, de
l'infanterie de marine et des volontaires
de la Réunion qui ont fait contre eux
une campagne plus qu'honorable.
Le XIX 0 Siècle annonce que, le
14 Juillet, deux plaques commémora -
tives seront posées sur l'emplacement
de la maison qu'habitèrent, passage du
Commerce, Danton et Camille Desmou-
lins.
Voici le texte de l'une de ces plaques :
« A Camille Desmoulins, qui, le premier,
appela le peuple aux armes le 12 juillet 1789
et contribua ainsi puissamment à. la prise de
la Bastille. »
L'autre portera l'inscription suivante :
« A Danton, l'un des organisateurs du 10
août 1792 et le plus puissant inspirateur de
la défense nationale. »
Ces textes sont vraiment bien incom-
plets. Il faut y ajouter ceci :
« L'un et l'autre furent guillotinés par la
République qu'ils servaient et qu'ils n'a-
vaient cependant pas trahie. »
Il n'y a rien d'encourageant comme
ces exemples tirés de l'histoire.
Le Liseur.
Nouvelles Diverses
Le socle sur lequel sera placée la statue
de Lamartine, à Passy, n'a été commencé
que le 25 juin. Il n'a été accordé à l'entre-
preneur que douze jours pour mener à bien
cette petite entreprise. Ce socle sera d'ailleurs
très simple.
Construit en pierre dure de Lorraine, il
est formé de trois blocs seulement : un à la
base, le deuxième formant le corps du mo-
nument proprement dit, et le troisième orné
d'une large corniche qui servira d'assise à
la statue. La hauteur de ce socle sera de
1 m. 70. Il ne comportera d'autres sujets
décoratifs que quelques moulures et la
simple inscription en relief sur sa face principale.
Plus tard, des palmes seront sculptées
aux quatre angles du fût du monument.
La statue du grand poète s'élève à l'extré-
mité du parterre du puits artésien la plus
rapprochée de l'avenue du Trocadéro (au-
jourd'hui avenue Henri Martin;, presque en
face de la mairie de Passy.
Dès hier, le parcours qui doit être suivi ce
matin par les troupes d'artillerie revenant
du Tonkin et leur escorte d'honneur, venue
de Vincennes, présentait un spectacle dés
plus intéressants.
A' peu de distance de la cour d'arrivée de
la gare de Lyon, sur le boulevard Diderot,
s'élève un arc de triomphe de trente mètres
de haut, où la verdure et les drapeaux sont
très artistement disposés. Plus loin, la mai-
rie du douzième arrondissement est pavoisée
du.haut en bas, ainsi que le groupe scolaire
de la rue Bignon, derrière la mairie. Beaucoup
d'habitants de l'avenue Daumesnil commen-
cent à mettre des drapeaux à leurs fenêtres,
et l'on se croirait, dans ces parages, à la
veille du 14 juillet.
. La porte de Picpus, ou plutôt la Porte-
Dorée, comme on l'appelle communément,
est ornée de bannières et de nombreux tro-
phées de drapeaux. Des mâts supportant des
oriflammes de toutes nuances sont disposés
de 30 mètres en 30 mètres, des deux côtés
de l'avenue qui conduit à la demi-lune, sur
le territoire de Saint-Mandé, où commence
la Grand'Rue de la République. Un arc de
triomphe est dressé sur ce point. A l'inter-
section de la Grand'Rue de la République et
des rues Armand-Carrel et. Allard, on re-
marque trois arcs garnis de trophées d'armes.
C'est à la place de la Tourelle, c'est-à-dire à
l'intersection des deux voies principales de
Saint-Mandé et de Vincennes, que la déco-
ration est surtout remarquable. Elle com-
prend trois grands arcs de triomphe garnis
d'armes, ayant à leur base des pièces d'ar-
tillerie fournies par la place de Vincennes,
et une estrade richement ornée où prendront
place les membres des municipalités, les
sénateurs,les députés, etc. Les candélabres,
les bancs, etc.,disparaissent sous des motifs
décoratifs.
Au fronton des arcs de triomphe se lisent
les noms des combats auxquels ont pris part
les artilleurs des 12° et 13» régiments en-
voyés au Tonkin.
La rue de Paris, à Vincennes, présente
deux autres arcs triomphaux, l'un à la hau-
teur de la rue des Laitières et l'autre près
de la place Berault. Les deux côtés de la
chaussée sont garnis de mâts vénitiens et
les drapeaux sont nombreux aux fenêtres. La
grille d'entrée de la sous-intendance mili-
taire a été décorée par les soldats avec un
goût exquis.
Nous arrivons au terme du parcours que
suivront les troupes du Tonkin, c'est-à-
dire à l'entrée du Fort Neuf, vis-à-vis du
cours Marigny. Là se trouve le dernier arc
de triomphe, très beau et à la base duquel
sera disposée une batterie d'artillerie.
Terminons en disant que les artilleurs ar-
riveront à huit heures un quart à la gare de
Lyon, où les attendront des détachements
venus de Vincennes avec la musique de
l'Ecole d'Artillerie et où ils seront passés en
revue.
La réception officielle aura 1 ieu à la place
de la Tourelle, vers dix heures et demie, et
l'arrivée au Fort Neuf une heure après.
Par ce temps de chaleurs compliqué de
brusques variations de température, s'il est
une boisson rafraîchissante et hygiénique,
c'est bien l'Alcool de Menthe de Ricqlès. Quel-
ques gouttes dans un verre d'eau sucrée
suffisent pour calmer la soif la plus ardente.
Ce souverain cordial est apéritif et digestif,
il dissipe les migraines, les troubles ner-
veux, les suffocations, les malaises abdomi-
naux qui résultent de l'abus des fruits et des
boissons débilitantes-. Il est bon d'exiger le
nom de RICQLÈS. Dépôt central, 41, rue Richer.
Vers quatre heures du soir, hier, une
jeune fille de dix-sept ans, Augustine
Evain, doreuse, s'est précipitée du quai de
la Gare dans la Seine.
La berge, en cet endroit, est presque à
pic et la jeune fille se trouva subitement
dans trois mètres d'eau. Elle disparut.
Heureusement pour elle, près de là est
installé le bateau-lavoir dont le propriétaire
est M. Bizet,un sauveteur bien connu de nos
lecteurs, qui est déjà titulaire des quatre
médailles d'honneur du gouvernement. Se
jeter à l'eau, saisir la jeune fille et la rame-
ner saine et sauve fut l'affaire d'un instant,
mais, arrivé au bord, impossible de gravir la
pente. L'enfant, obéissant à l'instinct de la
conservation, saisit son sauveteur au cou.
Bizet put enfin se hisser à l'aide d'une
amarre et escalader la pente. Un spectateur
se mit à plat ventre, retenu par les autres,
et parvint à attirer à lui Mlle Evain.
Inutile de dire que c'est encore une ques-
tion d'amour contrarié qui avait poussé la
pauvrette au désespoir. Elle a bien promis
de ne plus recommencer.
Nous apprenons la mort d'un des anciens
officiers ministériels les plus honorables de
Paris, M. Bonnel de Longchamp, ancien
avoué au Tribunal de la Seine, ancien doyen
de sa Compagnie, avoué honoraire, chevalier
de la Légion d'honneur, décédé subitement
en province, dans sa soixante-dix-neuvième
année.
Le service après décès de cet homme uni-
versellement estimé aura lieu mardi pro-
chain, à dix heures, en l'église Saint-Eus-
tache, à Paris.
Mère de quatre enfants qu'elle élève péni-
blement du produit de son travail, son mari
étant occupé, en province, à des travaux
peu rémunérés, la dame Muller voyait en-
trer hier, dans le logement qu'elle occupe
passage Notre-Dame de la Croix, une femme
G..., crémière à laquelle elle doit trois francs
depuis huit jours :
- Si vous ne me payez pas tout de suite,
cria l'impitoyable créancière, je casse tout
ici et je vous assomme.
Et, comme la pauvre femme,occupée à re-
passer, essayait de faire comprendre à lu
femme G... qu'elle s'acquitterait dans quel-
ques jours, celle-ci,joignant l'action à la me-
nace, s'arma d'un fer et le lança si violem-
ment à la tète de sa débitrice qu'elle lui fit
à la tête une large et profonde blessure d'où
le sang s'échappa avec abondance.
Aux cris de la victime, un voisin, le sieur
Lamirol, accourut et parvint à faire sortir la
femme G..., qui aura à répondre devant la
justicede cette sauvage agression.
Une jeune femme de vingt-trois ans, nom-
mée Mathilde, demeurant, 42, rue des Trois-
Frères, à Montmartre, s'est jetée volontaire-
ment, hier soir, vers dix heures, de la fenê-
tre deson logement, situé au troisième étage.
Elle a été relevée aussitôt et transportée
chez un pharmacien, mais cinq minutes
après elle expirait.
Cette malheureuse, que l'abandon récent
d'un jeune homme avec lequel elle vivait a
dû porter au désespoir, laisse un bébé de
treize mois, qui a du reste été recueilli
aussitôt par les parents du jeune homme.
Un négociant qui a d'étranges idées sur le
commerce, c'est le nommé Lasausse, établi
droguiste et parfumeur, 14, rue d'Amster-
dam. Trouvant que les marchandises étaient
hors de prix chez ses fournisseurs, Lasausse
avait découvert le moyen de se fournir de
parfumerie et de drogues sans bourse dé-
lier.
Il s'était fait le client d'un parfumeur du
quai du Louvre, n° 16, et il venait tous les
deux jours faire des achats chez lui. Seule-
ment il arrivait de très matin, alors que le
patron n'était pas encore à sçn magasin et
que seul un employé s'y trouvait.
Lasausse alors faisait emplétte de deux
.ou trois pains de savon à bon marché et
donnait en paiement une pièce de vingt
francs.
L'employé, n'ayant pas de monnaie, cou-
rait en chercher, laissant seul dans le maga-
sin, Lasausse, qui aussitôt faisait main basse
sur une certaine quantité de marchandises,
parfums, gants, savons, etc., qu'il enfouis-
sait dans un large sac. Quand l'employé re-
venait avec la monnaie, Lasausse la pre-
nait, saluait ot partait en disant : à après-
demain.
Ce manège* durait' déjà - depuis plusieurs
mois, lorsque le parfumeur, s'apercevant de
la régularité des vols qui se succédaient
chez lui, conçut des soupçons sur Lasausse
et finit, hier, par le prendre en flagrant délit.
Il le conduisit chez M; Dhers, commissaire
de police, qui l'a fait mener au Dépôt.
UN CONSEIL PAR JOUH
Remède aussi peu coûteux qu'inoffensif
contre le diabète, la consomption pulmo-
naire, les affections cancéreuses, la diarrhée
persistante... l'altération du teint.
Boire un verre d'eau chauffée à 39 ou 40<<
centigrades, une, heure avant chaque repas
et une demi-heure avant de se mettre au lit.
Ingurgiter cette eau lentement; continuer le
régime pendant cinq à six mois. En cas de
répugnance à boire cette eau chaude, l'addi-
tionner de quelques gouttes de jus do citron
ou de bon genièvre.
Jean de Paris.
Memento. - Des fêtes auront lieu aujourd'hui
dans les localités suivantes de la banlieue de
Paris: Versailles, grandes eaux-; Neuilly, les
Prés-Saint-Gervais, Rueil, Colombes, Montreuil-
sous-Bois, Joinville-le-Pont, Sceaux, Meudon, Car-
rières-Charenton, Ivry, Enghien, le Bourget, Mont-
fermeil, Neuilly-sur-Marne, Créteil, Villejuif ,
Lagny,. Pierrefitte, etc. . '
* Les chaussées, cours, absolument hygiéniques,
sont en asphalte comprimé. Voir rue Richelieu.
Couleur agréable, insonorité, imperméabilité, ni
boue, ni poussière, ni miasmes, ni microbes. C"
générale Asphaltes de France, 117, quai Valmy.
«VIEILLES FINE CHAMPAGNE. La supériorité des
produits Courvoisier et Curlier frères est aujour-
d'hui reconnue par tous les gourmets du monda
entier. Demander cette marque dans les princi-
pales maisons.
3. de P.
GAZETTE DES TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE BOURGOIN ;
L'affaire de Chateauvilain
PAR DÉPÊCHE
Bourgoin, 3 juillet.
Le procès de Chateauvilain était in-
dispensable pour éclairer l'opinion pu-
blique. Gomme dans l'affaire de Decaze-
ville, les débats ont fait irréfutablement
ressortir les responsabilités. Divers ju-
gements peuvent être portés sur le rôle
des soeurs, du curé et du vicaire exci-
tant les petites filles à une lutte aussi
enfantine que dangereuse, mais il est
incontestable que les premiers fauteurs
de l'échauffourée sont le sous-préfet Bal-
land et le maire de Chateauvilain.
Les dépositions de ces deux person-
nages ont prouvé, hier, jusqu'à l'évi-
dence, que M. Giraud avait écrit, l'an
dernier, au sous-préfet pour savoir si
sa chapelle était autorisée, qu'il avait
envoyé sa lettre au maire, que le maire,
probablement ivre, comme hier quand
il s'est présenté à l'audience, ne l'avait
pas transmise au sous-préfet, et que le
sous-préfet lui-môme ne s'était pas oc-
cupé de l'affaire. M. Giraud avait donc
pu légitimement en inférer que son bon
droit avait été reconnu, et l'attaque bru-
tale de son usine par des gendarmes qui
se sont indignement conduits est une
preuve de plus que l'autorité adminis-
trative se sentait dans son tort.
C'est la moralité de ce procès qui,dans
l'intérêt de tout le monde, doit avoir
l'ampleur d'un débat d'assises et se ter-
miner devant le jury.
L'audience dece matin a été consacrée
à quelques derniers témoignages.
Plusieurs jeunes ouvrières de l'usine
affirment encore très formellement que
M. Fischer était tenu au collet par un
gendarme, pendant qu'un second gen-
darme tirait sur lui à bout portant.
Quant au sous-préfet Balland, semblable
aux commissaires de la révolution près
les armées de la République, il excitait
les gendarmes, en termes d'ailleurs ex-
quis : « Avancez donc ! tas de rossards »,
leur criait-il, d'après le témoignage de
la petite Thérésine Galley.
Avant de clore les débats, M. le pré-
sident, sur la démande de M0 Groslée,
fait rappeler à la barre le gendarme
Galli, celui qui a tiré sur M. Fischer.
Galli est obligé de convenir qu'il a des
antécédents significatifs a-u point de vue
de la violence de son caractère. Certain
jour, il s'est battu à coups de hache
avec un de ses camarades. A la suite de
cette rixe, il a été changé de résidence.
Les témoignages entendus, la parole
est donnée à M0 de Lamarzelle, pour
soutenir l'exception d'incompétence.
Le jeune député du Morbihan, un des
orateurs d'avenir que possède la droite
de la Chambre, a prononcé une superbe
plaidoirie pleine de vigueur, d'élévation,
et toute vibrante de cette éloquence que
donne une conviction profonde.
La loi de 1812 sur les chapelles particuliè-
res est tombée en désuétude, dit M® de La-
marzelle ; beaucoup pensent qu'elle èst vir-
tuellement abrogée ; de nombreux Français
estiment que leur domicile est aussi sacré
que la maison du citoyen anglais : où peu-
vent bien pénétrer le vent et la tempête, oii
le roi n'a pas le droit d'entrer ! Mais ceux-là
même qui croient que le sous-préfet était
dans son droit déplorent la sauvagerie des
gendarmes et protestent que jamais li loi
n'a été exécutée avec une cruauté pareille.
A Decazeville, les gendarmes ont laissé tuer
M. Watrin parce qu'ils ne voulaient pas tirer
sur des femmes et des enfants. C'est, du
moins, ce qu'un ministre est venu déclarer
à la tribune de la Chambre.
Pourquoi donc, à Chateauvilain, n'a-t-on
pas hésité à faire tirer sur des petites Ailes,
à tuer une femme, à blesser une enfant de
14 ans !
Devant la Chambre, le ministre Goblet es-
sayait de s'excuser en proclamant que les
ouvrières de Chateauvilain avaient fait acte
de rébellion à main armée. Je vous somme,
Monsieur le procureur de la République, de
vous renfermer dans ce système du gouverne-
ment. Si nous avons fait acte de rébellion à
main armée, ce n'est pas ici que nous devons
comparaître, c'est devant le jury: « La loi
l'ordonne. » (Assentiment général.) Voulez-
vous donc, en écartant la circonstance aggra-
vante de main armée comme vous le fai-
tes, que les gendarmes aient tiré sur des
femmes sans défense ! Alors vous faites bien
peu de cas de l'honneur de vos gendarmes;
vous leur enlevez jusqu'aux apparences de
l'honneur ! (Sensation.)
La vérité est qu'au dire de vos témoins,
les ouvrières étaient au nombre de plus de
200, qu'elles jetaient des pierres, que la plu-
part étaient armées de bâtons, qu'elles onf
fait pleuvoir une grêle de coups sur les gen-
darmes. Quant à M. Fischer, il est incontes-
table qu'il portait deux revolvers et qu'il a
tiré.
Nous voulons aller en cour d'assises. Nous
voulons que le jury voie sur le banc des ac-
cusés ces pactes filles que le chroniqueur
du Figarp com parait hier au catéchisme de
persévérance. Certes, nous ne nous défions
pas des magistrats de Bourgoin. La haute
impartialité de son président nous est con-
nue (approbation générale) ; nous n'avons
X&ë peur des tribunaux, nous autres, nous
les'*avons réclamés en vain quand on a jeté
des citoyens français hors de leur demeure,
quand on a violé des domiciles, sous pré-
texte que c'était des couvents, et c'est le
gouvérnement républicain au contraire qui
a fermé les prétoires en invoquant la sépa-
ration des pouvoirs et en arguant de ces fa-
meux actes administratifs qui échappent à
toute responsabilité.
Le Journal dès Débats a pu écrire avec rai-
son que s'il prenait fantaisie au gouverne-
ment de faire jeter un citoyen à la Seine,ses
parents éprouveraient beaucoup de pèine
pour obtenir justice de cet acte administra»
LE FIGARO -; DIMANCHE 4 JUILLET 1888
midable qui, le premier soir, exigea 18 minutes,
s'accomplit en 16 minutes aujourd'hui, sans
confusion et sans encombre.
Ce point capital résolu, M. Thomas, l'auteur
du libretto, M. Wittmann, l'auteur de la mu-
sique, MM. Rubé, Chaperon et Jambon, les
décorateurs, eurent le triomphe aisé. Mais le
véritable triomphateur, c'est M. Houcke. Et
comme il fut le premier à la peine, il est juste
qu'il soit le premier à l'honneur. Hourrah pour
M. Houcke!
A ce propos, une nouvelle qui va bien sur-
prendre les Parisiens et même les Anglais.
En plein Londres, à Kensington, près de
l'Exposition indienne, s'élève un palais gigan-
tesque, dont les murs, -bientôt achevés, clôtu-
rent une enceinte de 11,ooo mètres carrés;
sous une coupole haute de 36 mètres.
Cet édifice, dont la curiosité britannique
était fort intriguée, c'est tout simplement l'Hip-
podrome... de Paris qui se met dans ses msu-
bles... de l'autre côté de l'eau.
Une fois la saison parisienne terminée, l'Hip-
podrome de Paris passera la Manche avec
armes et bagages, c'est-à-dire avec tout son
matériel au grand complet, chevaux, voitures,
décors, accessoires, servants, artistes, écuyers,
écuyères et répertoire. Et, trois ou quatre mois
durant, il conviera le public de Londres à ses
intéressants spectacles, inconnus, au moins
dans leur merveilleux ensemble, chez nos voi-
sins.
Tenez pour certain que l'Hippodrome de
Paris représentera la France en Angleterre
tout aussi bien que tel ambassadeur dont le
nom se devine.
Miousic ! miousic !
Parisis.
LES BLANCS D'ESPAGNE
Bien que la fidélité aux principes ait
droit au respect, pourquoi est-il difficile
de ne pas sourire quand on entend des
royalistes célébrer Juan de Bourbon ?
Peut-être sommes-nous des gens posi-
tifs qui n'aimons pas à travailler dans le
désert.
Les partisans de la royauté la veulent
possible et prompte. Après la mort du
comte de Chambord, ils se sont rangés
autour du comte de- Paris. Quelques-
uns seulement, peu pressés sans doute
de voir revenir la Monarchie, ont fait
chamelle à part...
Ils s'appellent le comte Maurice d'An-
digné, M. Charles du Verne, le docteur
Bérard,- le célèbre auteur des Cancans,
- le comte de Boisairault, ancien officier
de Charles X, le marquis de Chauvelin,
le vicomte Paul de Poresta, le 'comte de
Guerry de Beauregard, M. Maurice de
Junquières, etc.
Ils ont, dans le but inutile d'acclamer
Juan de Bourbon, et, à son défaut, le
duc de Madrid, organisé une réunion
qu'ils ont tenue hier dans la salle de
Géographie, boulevard Saint-Germain.
On ne pouvait entrer qu'en signant. Il
y a eu en tout 382 signatures, dont beau-
coup ont été tracées par des mains fé-
minines.
La tribune, qui s'élève dans une
vaste rotonde, est tapissée de drapeaux
blancs. Un peu avant neuf heures,
les organisateurs viennent en prendre
possession. Ils sont suivis d'une vingtaine
de porteurs de bannières blanches dont
l'apparition, peut-être trop théâtrale,
provoque bien une dizaine d'applaudis-
sements.
Sur une de ces bannières, on lit :
« Fais ce que dois,advienne que pourra.»
C'est la devise des désespérés. Sur une
autre: « l'Anjou au duc d'Anjou. » On a
sans doute oublié, en effet, que Juan de
Bourbon est, en même temps, duc d'An-
jou.
Devant la tribune, sont de nombreux
journalistes républicains. Ils sont venus
recueillir des injures contre la maison
d'Orléans. Leur seule présence est la
condamnation de cette réunion, absolu-
ment inopportune.
C'est le comte Maurice d'Andigné qui
ouvre la séance. Il donne la parole au
général de Cathelineau, dont le grand
nom a attiré beaucoup de Vendéens.
Que Cathelineau soit resté fidèle au dra-
peau blanc, c'est chez lui pure affaire de
sentiment.
On peut être aussi bon royaliste que
le général vendéen et respecter le dra-
peau tricolore sous lequel d'Aumale,
Montpensier et Chartres ont si glorieu-
sement combattu.
Après Cathelineau, M. Charles du
Verne a la parole. L'orateur est l'ancien
président du comité royaliste de la
Nièvre. Il a valeureusement travaillé
pour le retour de Mgr le comte de Cham-
bord. Est-ce une raison suffisante pour
qu'il provoque, par la vivacité de son
discours, des cris comme ceux-ci :
« A bas les d'Orléans. A bas les déser-
teurs I »
- Appeler déserteurs des gens qu'on
expulse, me fait très justement remar-
quer le vicomte de Constantin, c'est un
comble!
Je renonce à faire l'analyse du dis-
cours de M. du Verne. Les journaux ra-
dicaux publient chaque jour les mêmes
erreurs à propos de la maison d'Or-
léans.
Une seule phrase montrera à quel
point les blancs d'Espagne s'illusion-
nent.
- Si le Roi était rentré, dit-il, les dra-
peaux blancs se seraient mis tout seuls aux
fenêtres, et si les chassepots étaient partis,
ce n'eût été que pour les défendre.
Quelques éphèbes ont vivement ap-
plaudi.
Pour le comte Urbain de Maillé, qui
parle ensuite, le drapeau blanc est
comme le Roi de France : il ne meurt
pas.
M. Véran, un publiciste artésien, dé-
clare que « l'orléanisme, c'est la révolu-
tionne ».
Puis M. d'Andigné s'élève contre le
manifeste « d'un prince usurpateur ». Il
est très violent, M. d'Andigné. Il dit
pouvoir intituler son discours : « Dé-
monstration des droits de la maison
d'Anjou par les d'Orléans et leurs amis. »
- On nous dit, s'écrie-t-il en terminant, que
notre roi ne parle pas. Il est le roi légitime.
Il a le droit. Le roi légitime ne parle pas au
commandement du comte de Paris. Il se fera
entendre quand l'heure de Dieu sera venue.
J'ai môme entre les mains le texte de la pro-
testation solennelle des Bourbons d'Anjou.
Je ne le publierai que quand ils l'ordonne-
ront.
M. de Junquières,qui est vraiment un
orateur, est encore plus violent que ses
prédécesseurs. Je laisse à mes confrères
de la République le soin de reproduire
ses injures.
En sortant, je demande à l'un des
principaux organisateurs combien les
blancs d'Espagne ont de partisans. Il
me répond :
- Cinquante mille.
Or, il y a eu, aux dernières élections,
3,500,000 voix conservatrices. N'insis-
tons pas.
Un dernier mot :
Si c'est l'antiquité seule qui donne des
droits à la couronne, il est une famine
royale qui en a bien plus que Juan de
Bourbon.
Je veux parler de celle des Courtenav
dont le chef était contemporain de Hu-
gues Capet. L'Un de ses membres a
marié sa fille à Louis-le-Gros. De ce
mariage naquirent plusieurs fils dont ie
dernier, Pierre de France, a encore un
héritier.
Or, cet héritier, qui a pour aeîux trois
empereurs de Constantinople, je le con-
nais.
Vous avouerez, messieurs les Blancs
d'Espagne, que sfes droits sont bien su-
périeurs à ceux de Juan de Bourbon.
Si cela peut vous faire plaisir, il les
cédera demain, et publiquement et bé-
névolement, à Mgr le comte de Paris.
Vous rallierez-vous alors ?
C. Chincholle.
LA CHAMBRE
Samedi, 3 juin.
Ces pauvres céréales se traînent !
M.Camille Dreyfus est parvenu à les
galvaniser un peu aujourd'hui, mais sur
un débat épuisé les orateurs s'épuisent,
et l'auditoire paraît aussi languissant
que la discussion. Député de Paris, M.
Camille Dreyfus est nécessairement libre-
échangiste, le libre-échange et la protec-
tion étant, avant tout, des opinions cli-
matériques et régionales.
Il s'est attaché à démontrer que le
droit variable proposé par la Commis-
sion équivaut à l'ancienne échelle mobile
qu'il définit ainsi: «Une espèce d'échelle
de Jacob dont la base repose sur le pri-
vilège et dont l'extrémité opposée plonge
dans la misère publique 1 » Alors, nous
voilà propres ! Personne heureusement
n'ignore qu'il faut en prendre et en lais-
ser. Au reste, M. Camille Dreyfus re-
pousse également le droit fixe. Pas de
droits 1 Pas d'entraves! Pas de barrières !
Tout pour la liberté et par la liberté !
Les cultivateurs répondent qu'ils meu-
rent de faim !
Reproduisant une enquête apportée
l'année dernière à la tribune par M.
Raoul Duval, M. Dreyfus a comparé les
diverses cotes foncières payées par nos
paysans, et il en est arrivé à conclure
que la surtaxe ne profiterait qu'aux gros
propriétaires, dont quelques-uns siègent
à la Chambre sur les bancs de la droite.
Puis, poussant plus loin son attaque, il
a prétendu que cette levée de boucliers
protectionniste cachait une conspiration
contre la République.
Malgré l'incontestable talent de son
auteur, cette habile diversion n'a pas
produit tout l'effet qu'il en avait sans
doute espéré. Cent cinquante républi-
cains sont partisans du droit sur le blé,
et l'appui qu'ils prêtent à la loi suffit
pour entamer fortement l'argument po-
litique de M. Camille Dreyfus.
Le rapporteur, qui est M. le marquis
de Roys, n'a pas manqué de lui opposer
cet assentiment caractéristique d'une
notable fraction de l'opinion républi-
caine, et, tout de suite, prenant le tau-
reau par les cornes, il a renvoyé l'ac-
cusation à l'accusateur :
M. le marquis de Roys, rapporteur. ?- Si
M. Dreyfus avait raison, si la questiou posée
devant vous était une question purement
politique, s'il y avait, d'un côté,des hommes
décidés à défendre les intérêts agricoles, et
de l'autre des hommes décidés seulement à
servir la République, la majorité de cette
Chambre ne serait pas composée comme
elle l'est.
Et si, aux dernières élections législatives,
le parti républicain a perdu un grand nombre
de représentants, c'est peut-être parce qu'il
a fait trop tard ce qu'il aurait dû faire plus
tôt. (Exclamations à gauche. - Très bien !
très bien ! à droite.)
Je ne sais pas jusqu'à quel point M. Drey-
fus sert les intérêts de la République on es-
sayant de faire croire que tous ceux qui sont
dévoués à la cause de l'agriculture siègent
sur les bancs de la droite.
Evidemment, l'arme est à deux tran-
chants; et au moment où la majorité de
la Chambre s'efforce de donner satisfac-
tion à un voeu exprimé par la majorité
du pays, peut-être vaudrait-il mieux ne
pas insinuer que ces deux majorités,
qui n'en font qu'une, sont composées de
réactionnaires.
M. le marquis de Roys a développé
de nouveau, avec force chiffres, la thèse
protectionniste ; nous n'en fatiguerons
point nos lecteurs. Elle a au moins le
mérite de répondre à un courant mani-
feste, et de secourir l'agriculture comme
celle-ci veut être secourue. Deux dépu-
tés de la droite, qui étaient inscrits,
MM. Sevaistre et Fairé, désespérant
sans doute d'apporter de nouveaux argu-
ments ont renoncé spontanément à la
parole, ce qui révèle chez eux beaucoup
de courage et de bon sens. Au contraire,
un député de l'extrême gauche. M. Wic-
kersheimer, a essayé de soutenir que
les républiques doivent avoir une autre
économie politique, un autre régime
douanier que les monarchies. On l'a
cloué d'un seul mot : « Et l'Amérique ! »
Nous avons eu aussi un discours un
peu fantaisiste de M. Clovis Hugues,
lequel, suivant sa propre expression, a
quitté un instant le bâtiment où il tra-
vaille, c'est-à-dire la poésie, pour défen-
dre le commerce de Marseille. M. Clovis
Hugues a été amusant, ce qui est quel-
quefois le grand point.
Vers cinq heures et demie, comme les
bancs se dégarnissaient à vue d'oeil,
quelques voix timides ont murmuré :
la clôture ! Mais alors M. Rouvier, se
précipitant à la tribune, n'a pas craint
de prétendre que les précédents ora-
teurs, loin d'épuiser le débat, l'avaient à
peine effleuré. Ou lui a accordé, en riant,
la remise à lundi; mais, qu'il ne s'y
trompe pas, une lassitude gagne tout le
monde, et, après lui, les uns étant déci-
dés à temporiser, et les autres résolus à
en finir, la question se posera violem-
ment entre l'obstruction et la clôture.
Pendant la séance, un bruit s'était ré-
pandu, sur une dépêche du journal
Paris, que huit de nos torpilleurs sur
onze avaient péri, corps et biens, dans
l'Atlantique. M. Gerville-Réache a prié
le ministre de la marine de rassurer la
Chambre et l'amiral l'a, en effet, rassu-
rée d'un seul mot: Tous nos torpilleurs
sont à Toulon I
Pas-Perdus.
AUTOUR DES CHAMBRES
Il y avait hier grande émotion parmi
les membres de la Commission de l'ar-
mée. Le ministre de la guerre, dans le
projet de loi soumis en ce moment à
l'examen des Chambres, n'avait pas
mentionné l'interdiction du vote pour les
militaires. De là toutes sortes de com-
mentaires et do questions. Le général
Boulanger s'est offert le facile plaisir de
prouver à la Commission qu'elle avait tort
et qu'il n'avait rien oublié dans son or-
ganisation nouvelle et "dans ses réfor-
mes. Il le démontrera lundi.
En attendant, il a fait déclarer au pré-
sident de la commission de l'armée que,
s'il n'avait pas inscrit dans son projet de
loi l'interdiction du vote, c'est que cette
interdiction était déjà prononcée for-
mellement par l'article 2 de la loi .électo-
rale de 1875. Le général Boulanger se
propose même de demander au Parle-
ment l'extension de cette interdiction
aux soldats « en position d'absence, »
c'est à dire en permission ou en congé
temporaire.
***
Hier, à quatre heures,nouvelle séance
delà commission de Panama, présidée
par M. Germain Casse. Séance intéres-
sante, pleine de détails qui permettent
de croire à une solution prochaine. La
Compagnie du canal interocéanique aura
très vraisemblablement gain de cause,
,et le gouvernement, par un vote formel
des Chambres, lui accordera l'autorisa-
tion qu'elle sollicite pour l'émission de
ses obligations à lots. . .
M. de Freycinet, président du conseil,
et M. Sarrien, ministre de l'intérieur,
ont été entendus par la commission.
Déclarations très nette que nous résu-
mons brièvement.
Ce projet de loi est soumis aux Cham-
bres, a dit M. de Freycinet; notre plus
simple devoir, à nous gouvernement,
est donc de le défendre devant elles. Le
gouvernement n'y faillira pas. Mais il
entend, comme dans toutes les entre-
prises industrielles, si grandes que
soient leur utilité, leur sécurité et leur
avenir, il entend limiter sa responsabi-
lité. En demandant au Parlement d'au-
toriser la Compagnie de Panama à
émettre un emprunt de 600 millions,
constitué par les obligations à lots, il
entend ne patronner à aucun degré
l'entreprise et ne peut lui donner aucune
garantie morale ou matérielle. Cela est
bien entendu.
L'entreprise a d'ailleurs un but consi-
dérable.
Si le but était atteint, non seulement
le commerce français en profiterait,
mais, si des difficultés venaient à surgir
dans la Méditerranée, on pourrait com-
muniquer avec l'Extrême-Orient par le
Canal de Panama.
Il s'agit de donner une facilité à la
Compagnie, mais l'Etat ne garantit au-
cunement les obligations à émettre. Si
le gouvernement avait refusé de donner
suite à la demande de M. Ferdinand de
Lesseps, on en aurait conclu que M.
Rousseau avait émis nn jugement désa-
vantageux, et l'on aurait ainsi porté au
crédit de la Compagnie un coup grave et
irrémédiable.
Quoique le but poursuivi soit inter-
national, il n'en est pas moins vrai, qu'à
cause du nom- du promoteur, du siège
de la Compagnie et des capitaux enga-
gés, l'entreprise a un caractère français ;
si elle avortait, il y aurait un certain dis-
crédit pour l'influence française.
Le canal de Panama sera creusé, soit
par la Compagnie, soit par des mains
étrangères ; il y a intérêt à ce que l'oeu-
vre ne périclite pas entre des mains
françaises.
Sur une question du président de la
commission, M. de Freycinet a dit qu'il
n'y aurait pas à redouter de malenten-
dus après les débats publics, où le gou-
vernement déclarera nettement qu'il ne
cautionne pas l'oeuvre,
Il n'y en avait pas eu, d'ailleurs,-pour
l'émission d'obligations à lots faite par
la Compagnie du canal de Suez. L'inter-
vention du gouvernement aurait-elle
l'inconvénient de créer un préjugé favo-
rable pour l'entreprise ?
L'inconvénient serait, dans tous les
cas, moins grand que celui qui se serait
produit en sens contraire, par suite du
refus.
M. Sarrien s'est borné à déclarer, en
réponse à une question du président de
laCommission, que les loteries étaient du
ressort de son ministère, il avait du si-
gner le projet de loi.
Après le départ des ministres, la com-
mission s'est ajournée à lundi pour en-
tendre MM. Ferdinand et Charles de
Lesseps, ainsi que M. Jacquet, membre
de la Commission technique.
Quelques détails, pour terminer, sur
le conseil des ministres qui a été tenu
hier à l'Elysée.
Le général Boulanger a communiqué
à ses collègues la lettre qu'il a reçue du
général Saussier, lettre par laquelle le
gouverneur militaire de Paris, revenant
sur sa détermination, déclare conserver
ses fonctions.
Le ministre de la marine a fait signer
un décret réglant les incompatibilités
entre les fonctions publiques et les man-
dats électifs aux colonies.
Le président du Conseil a rendu
compte de l'entrevue qu'il a eue hier,
ainsi que le ministre de la marine et
celui du commerce, avec la commission
chargée d'examiner la convention de
navigation conclue avec l'Italie. Les né-
gociations continuent relativement à
des dispositions additionnelles deman-
dées par la commission.
M. de Freycinet a fait connaître la dé-
marche accomplie auprès de lui par les
délégués des chambres syndicales pa-
tronales et ouvrières de France.
Puis, M. Baïhaut a soumis à la signa-
ture du Président de la République un
décret portant nomination d'ingénieurs
en chef dans le corps des ponts et chaus-
sées et dans celui des mines.
Ce mouvement sera publié lundi.
Paul Hémery.
PARIS AU JOUR LM JOUR
La République française a lancé dans
la circulation un prospectus de maison
de commerce allemande, offrant aux
marchands des drapeaux français au
plus juste prix.
Le journal de l'opportunisme s'est
indigné et tous les autres s'indignent à
la queue-leu-leu. J'avoue que je ne com-
prends pas cette ire, que je me permets
de qualifier d'intempestive.
Le fabricant d'outre-Rhin vous pro-
pose sa marchandise. Refusez-la pure-
ment et simplement, et achetez aux
fabriques françaises. Mais il est inutile
de monter au Capitole pour si peu et de
crier comme les illustres volatiles qui
habitèrent cet immeuble gouvernemen-
tal, du temps des Romains.
D'ailleurs, j'ai comme une vague idée
que l'industrie des drapeaux traverse
une crise et entre dans le marasme. Qui
diable va en acheter cette année pour la
fête foraine et transpiratoire, que les
almanachs ont placée à la veille du terme
de juillet?'
Depuis huit ans que ce jour de gloire
est arrivé, il me semble que toutes les
maisons qui avaient envie de se pavoi-
ser la façade ont dû déjà faire emplette
de l'emblème en question ; chaque con-
cierge se le repasse à tour de rôle.
Comme le nombre des locataires ma-
nifestants va en diminuant, suivant en
cela la progression de:s affaires; il y en
aura encore moins cette année que les*
autres. Et la maison allemande -qui a
escompté l'enthousiasme des Parisiens,
sans songer qu'il s'est rafraîchi quelque-
peu, gardera pour compte son article de
Paris.
#** Le général Boulanger et la presse
allemande.
Une communication officieuse adres-
sée à la Gazette lté Cologne s'efforce de
rassurer l'opinion en Allemagne sur les
visées de ce « général démagogue »,
comme elle l'appelle :
C'est à tort, dit la feuille rhénane, que
l'on s'imagine chez nous que-le général Bon
langer est à la tête du parti chauvin et qu'il
ne songe qn'à la fameuse revanche. 71 est
plus que probablement tout aussi chauvin
que la plupart des Français qui s'occupent
de politique, mais la guerre contre l'Allema-
gne est le cadet de ses soucis.
Seulement, comme tous les moyens lui
sont bons pour satisfaite son ambition, il
croit utile, dans l'intérêt de sa popularité, de
faire résonner la corde du chauvinisme, sans
avoir la moindre intention de manifester ces
sentiments par une action sérieuse quelcon-
que. Provisoirement donc, nous autres Alle-
mands, nous ferons bien de ne pas nous
préoccuper autrement de l'activité du géné-
ral Boulanger et de la considérer comme se
rattachant seulement à des questions de
politique intérieure.
La Post s'exprime en ces termes sur
le projet de réorganisation -militaire du
ministre.
Ce projet, en supprimant environ 3,000
officiers de l'armée permanente, réalise de
ce chef une économie de 20,000,OOO de francs
en nombre rond, qui servira à augmenter la
cavalerie et les troupes techniques.
Il vise moins le renforcement numérique
de l'armée mobile que l'accélération dés
opérations de mobilisation et l'augmentation
des qualités militaires qui permettent une
entrée immédiate en campagne.
L'adoption de ce projet aura donc pour ré-
sultat d'élever l'armée française à un niveau
qui n'avait pas encore été jugé nécessaire
pour un Etat placé au milieu d'Etats amis ou
du moins vivant entière nent en paix, et, de
ce chef, revêtira le caractère d'un arme-
ment.
Cette situation nouvelle va créer aux Etats
voisins l'obligation de prendre, de leur côté,
des mesures de sûreté qui affecteront néces-
sairement leurs finances.
Cette conclusion est une invite fort
claire au Reichstag de consentir à de
nouveaux crédits. Il y avait longtemps
que les Chauvins teutons n'avaient
agité le spectre de la France en armes.
Ça mord donc encore devant le Parle-
ment allemand.
*** Le Bulletin gouvernemental cer-
néen, journal de l'Ile Maurice, use de
l'interview comme les grands confrères
européens. Il a interviewé le général en
chef des Hovas, ce colonel Willoughby
que l'on dit très hostile à la France.
Le chef malgache est âgé d'environ qua-
rante ans, mais il parait plus jeune. Il est
grand, svelte, d'une figure ouverte et mar-
tiale, et d'un abord plein de courtoisie.
Avant de prendre le commandement en chef
de l'armée hova, il a fait les campagnes du
Zoulouland et du Basutoland, avec le grade
de colonel, ayant sous ses ordres un régi-
ment de 300 à 400 hommes, les « Wil-
loughby's horses. »
C'est, on le voit, un officier d'aven-
ture.
Interrogé sur les chances de durée de
la paix, le général s'est porté garant que
le gouvernement hova suivra le traité à
la lettre. 11 a dit le plus grand bien de
M. Patrimonio et de l'amiral Miot et ré-
serve son jugement sur le nouveau ré-
sident, M. Le Myre de Vilers.
Interrogé sur l'avenir qui attend la
Grande Ile, le général Willoughby ré-
pond :
- Dans mon humble opinion, Madagascar
est appelé, d'ici cinq ans, à devenir un pays
remarquable au point de vue de la civilisa-
tion. Le gouvernement actuel désire ardem-
ment faire avancer rapidement son peuple ;
mais il comprend qu'il ne faut pas le brus-
quer. Le premier ministre est un homme aux
idées larges et modernes. Il est en avance
de vingt ans sur le peuple, et nul n'est
mieux placé que lui ponr apprécier le mo-
ment exact où les réformes devront s'opérer.
- Quel peut être l'effectif de l'armée hova
en temps de guerre? demande encore le
journaliste.
- L'armée régulière s'élève actuellement
à 50,000 hommes bien armés et bien disci-
plinés. Elle peut être accrue, en temps de
guerre, de 200,000 hommes armés de sagaïes.
Elle a, en outre, 20 batteries de campagne,
soit 120 canons.
N'y a-t-il pas exagération dans l'éva-
luation de ces effectifs?
. En tout cas, si l'anglo-hova a dit la
vérité, si sa troupe a réellement compté
50,000 hommes, cela donnerait un fier
relief aux 3,000 soldats de la marine, de
l'infanterie de marine et des volontaires
de la Réunion qui ont fait contre eux
une campagne plus qu'honorable.
Le XIX 0 Siècle annonce que, le
14 Juillet, deux plaques commémora -
tives seront posées sur l'emplacement
de la maison qu'habitèrent, passage du
Commerce, Danton et Camille Desmou-
lins.
Voici le texte de l'une de ces plaques :
« A Camille Desmoulins, qui, le premier,
appela le peuple aux armes le 12 juillet 1789
et contribua ainsi puissamment à. la prise de
la Bastille. »
L'autre portera l'inscription suivante :
« A Danton, l'un des organisateurs du 10
août 1792 et le plus puissant inspirateur de
la défense nationale. »
Ces textes sont vraiment bien incom-
plets. Il faut y ajouter ceci :
« L'un et l'autre furent guillotinés par la
République qu'ils servaient et qu'ils n'a-
vaient cependant pas trahie. »
Il n'y a rien d'encourageant comme
ces exemples tirés de l'histoire.
Le Liseur.
Nouvelles Diverses
Le socle sur lequel sera placée la statue
de Lamartine, à Passy, n'a été commencé
que le 25 juin. Il n'a été accordé à l'entre-
preneur que douze jours pour mener à bien
cette petite entreprise. Ce socle sera d'ailleurs
très simple.
Construit en pierre dure de Lorraine, il
est formé de trois blocs seulement : un à la
base, le deuxième formant le corps du mo-
nument proprement dit, et le troisième orné
d'une large corniche qui servira d'assise à
la statue. La hauteur de ce socle sera de
1 m. 70. Il ne comportera d'autres sujets
décoratifs que quelques moulures et la
simple inscription
Plus tard, des palmes seront sculptées
aux quatre angles du fût du monument.
La statue du grand poète s'élève à l'extré-
mité du parterre du puits artésien la plus
rapprochée de l'avenue du Trocadéro (au-
jourd'hui avenue Henri Martin;, presque en
face de la mairie de Passy.
Dès hier, le parcours qui doit être suivi ce
matin par les troupes d'artillerie revenant
du Tonkin et leur escorte d'honneur, venue
de Vincennes, présentait un spectacle dés
plus intéressants.
A' peu de distance de la cour d'arrivée de
la gare de Lyon, sur le boulevard Diderot,
s'élève un arc de triomphe de trente mètres
de haut, où la verdure et les drapeaux sont
très artistement disposés. Plus loin, la mai-
rie du douzième arrondissement est pavoisée
du.haut en bas, ainsi que le groupe scolaire
de la rue Bignon, derrière la mairie. Beaucoup
d'habitants de l'avenue Daumesnil commen-
cent à mettre des drapeaux à leurs fenêtres,
et l'on se croirait, dans ces parages, à la
veille du 14 juillet.
. La porte de Picpus, ou plutôt la Porte-
Dorée, comme on l'appelle communément,
est ornée de bannières et de nombreux tro-
phées de drapeaux. Des mâts supportant des
oriflammes de toutes nuances sont disposés
de 30 mètres en 30 mètres, des deux côtés
de l'avenue qui conduit à la demi-lune, sur
le territoire de Saint-Mandé, où commence
la Grand'Rue de la République. Un arc de
triomphe est dressé sur ce point. A l'inter-
section de la Grand'Rue de la République et
des rues Armand-Carrel et. Allard, on re-
marque trois arcs garnis de trophées d'armes.
C'est à la place de la Tourelle, c'est-à-dire à
l'intersection des deux voies principales de
Saint-Mandé et de Vincennes, que la déco-
ration est surtout remarquable. Elle com-
prend trois grands arcs de triomphe garnis
d'armes, ayant à leur base des pièces d'ar-
tillerie fournies par la place de Vincennes,
et une estrade richement ornée où prendront
place les membres des municipalités, les
sénateurs,les députés, etc. Les candélabres,
les bancs, etc.,disparaissent sous des motifs
décoratifs.
Au fronton des arcs de triomphe se lisent
les noms des combats auxquels ont pris part
les artilleurs des 12° et 13» régiments en-
voyés au Tonkin.
La rue de Paris, à Vincennes, présente
deux autres arcs triomphaux, l'un à la hau-
teur de la rue des Laitières et l'autre près
de la place Berault. Les deux côtés de la
chaussée sont garnis de mâts vénitiens et
les drapeaux sont nombreux aux fenêtres. La
grille d'entrée de la sous-intendance mili-
taire a été décorée par les soldats avec un
goût exquis.
Nous arrivons au terme du parcours que
suivront les troupes du Tonkin, c'est-à-
dire à l'entrée du Fort Neuf, vis-à-vis du
cours Marigny. Là se trouve le dernier arc
de triomphe, très beau et à la base duquel
sera disposée une batterie d'artillerie.
Terminons en disant que les artilleurs ar-
riveront à huit heures un quart à la gare de
Lyon, où les attendront des détachements
venus de Vincennes avec la musique de
l'Ecole d'Artillerie et où ils seront passés en
revue.
La réception officielle aura 1 ieu à la place
de la Tourelle, vers dix heures et demie, et
l'arrivée au Fort Neuf une heure après.
Par ce temps de chaleurs compliqué de
brusques variations de température, s'il est
une boisson rafraîchissante et hygiénique,
c'est bien l'Alcool de Menthe de Ricqlès. Quel-
ques gouttes dans un verre d'eau sucrée
suffisent pour calmer la soif la plus ardente.
Ce souverain cordial est apéritif et digestif,
il dissipe les migraines, les troubles ner-
veux, les suffocations, les malaises abdomi-
naux qui résultent de l'abus des fruits et des
boissons débilitantes-. Il est bon d'exiger le
nom de RICQLÈS. Dépôt central, 41, rue Richer.
Vers quatre heures du soir, hier, une
jeune fille de dix-sept ans, Augustine
Evain, doreuse, s'est précipitée du quai de
la Gare dans la Seine.
La berge, en cet endroit, est presque à
pic et la jeune fille se trouva subitement
dans trois mètres d'eau. Elle disparut.
Heureusement pour elle, près de là est
installé le bateau-lavoir dont le propriétaire
est M. Bizet,un sauveteur bien connu de nos
lecteurs, qui est déjà titulaire des quatre
médailles d'honneur du gouvernement. Se
jeter à l'eau, saisir la jeune fille et la rame-
ner saine et sauve fut l'affaire d'un instant,
mais, arrivé au bord, impossible de gravir la
pente. L'enfant, obéissant à l'instinct de la
conservation, saisit son sauveteur au cou.
Bizet put enfin se hisser à l'aide d'une
amarre et escalader la pente. Un spectateur
se mit à plat ventre, retenu par les autres,
et parvint à attirer à lui Mlle Evain.
Inutile de dire que c'est encore une ques-
tion d'amour contrarié qui avait poussé la
pauvrette au désespoir. Elle a bien promis
de ne plus recommencer.
Nous apprenons la mort d'un des anciens
officiers ministériels les plus honorables de
Paris, M. Bonnel de Longchamp, ancien
avoué au Tribunal de la Seine, ancien doyen
de sa Compagnie, avoué honoraire, chevalier
de la Légion d'honneur, décédé subitement
en province, dans sa soixante-dix-neuvième
année.
Le service après décès de cet homme uni-
versellement estimé aura lieu mardi pro-
chain, à dix heures, en l'église Saint-Eus-
tache, à Paris.
Mère de quatre enfants qu'elle élève péni-
blement du produit de son travail, son mari
étant occupé, en province, à des travaux
peu rémunérés, la dame Muller voyait en-
trer hier, dans le logement qu'elle occupe
passage Notre-Dame de la Croix, une femme
G..., crémière à laquelle elle doit trois francs
depuis huit jours :
- Si vous ne me payez pas tout de suite,
cria l'impitoyable créancière, je casse tout
ici et je vous assomme.
Et, comme la pauvre femme,occupée à re-
passer, essayait de faire comprendre à lu
femme G... qu'elle s'acquitterait dans quel-
ques jours, celle-ci,joignant l'action à la me-
nace, s'arma d'un fer et le lança si violem-
ment à la tète de sa débitrice qu'elle lui fit
à la tête une large et profonde blessure d'où
le sang s'échappa avec abondance.
Aux cris de la victime, un voisin, le sieur
Lamirol, accourut et parvint à faire sortir la
femme G..., qui aura à répondre devant la
justicede cette sauvage agression.
Une jeune femme de vingt-trois ans, nom-
mée Mathilde, demeurant, 42, rue des Trois-
Frères, à Montmartre, s'est jetée volontaire-
ment, hier soir, vers dix heures, de la fenê-
tre deson logement, situé au troisième étage.
Elle a été relevée aussitôt et transportée
chez un pharmacien, mais cinq minutes
après elle expirait.
Cette malheureuse, que l'abandon récent
d'un jeune homme avec lequel elle vivait a
dû porter au désespoir, laisse un bébé de
treize mois, qui a du reste été recueilli
aussitôt par les parents du jeune homme.
Un négociant qui a d'étranges idées sur le
commerce, c'est le nommé Lasausse, établi
droguiste et parfumeur, 14, rue d'Amster-
dam. Trouvant que les marchandises étaient
hors de prix chez ses fournisseurs, Lasausse
avait découvert le moyen de se fournir de
parfumerie et de drogues sans bourse dé-
lier.
Il s'était fait le client d'un parfumeur du
quai du Louvre, n° 16, et il venait tous les
deux jours faire des achats chez lui. Seule-
ment il arrivait de très matin, alors que le
patron n'était pas encore à sçn magasin et
que seul un employé s'y trouvait.
Lasausse alors faisait emplétte de deux
.ou trois pains de savon à bon marché et
donnait en paiement une pièce de vingt
francs.
L'employé, n'ayant pas de monnaie, cou-
rait en chercher, laissant seul dans le maga-
sin, Lasausse, qui aussitôt faisait main basse
sur une certaine quantité de marchandises,
parfums, gants, savons, etc., qu'il enfouis-
sait dans un large sac. Quand l'employé re-
venait avec la monnaie, Lasausse la pre-
nait, saluait ot partait en disant : à après-
demain.
Ce manège* durait' déjà - depuis plusieurs
mois, lorsque le parfumeur, s'apercevant de
la régularité des vols qui se succédaient
chez lui, conçut des soupçons sur Lasausse
et finit, hier, par le prendre en flagrant délit.
Il le conduisit chez M; Dhers, commissaire
de police, qui l'a fait mener au Dépôt.
UN CONSEIL PAR JOUH
Remède aussi peu coûteux qu'inoffensif
contre le diabète, la consomption pulmo-
naire, les affections cancéreuses, la diarrhée
persistante... l'altération du teint.
Boire un verre d'eau chauffée à 39 ou 40<<
centigrades, une, heure avant chaque repas
et une demi-heure avant de se mettre au lit.
Ingurgiter cette eau lentement; continuer le
régime pendant cinq à six mois. En cas de
répugnance à boire cette eau chaude, l'addi-
tionner de quelques gouttes de jus do citron
ou de bon genièvre.
Jean de Paris.
Memento. - Des fêtes auront lieu aujourd'hui
dans les localités suivantes de la banlieue de
Paris: Versailles, grandes eaux-; Neuilly, les
Prés-Saint-Gervais, Rueil, Colombes, Montreuil-
sous-Bois, Joinville-le-Pont, Sceaux, Meudon, Car-
rières-Charenton, Ivry, Enghien, le Bourget, Mont-
fermeil, Neuilly-sur-Marne, Créteil, Villejuif ,
Lagny,. Pierrefitte, etc. . '
* Les chaussées, cours, absolument hygiéniques,
sont en asphalte comprimé. Voir rue Richelieu.
Couleur agréable, insonorité, imperméabilité, ni
boue, ni poussière, ni miasmes, ni microbes. C"
générale Asphaltes de France, 117, quai Valmy.
«VIEILLES FINE CHAMPAGNE. La supériorité des
produits Courvoisier et Curlier frères est aujour-
d'hui reconnue par tous les gourmets du monda
entier. Demander cette marque dans les princi-
pales maisons.
3. de P.
GAZETTE DES TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE BOURGOIN ;
L'affaire de Chateauvilain
PAR DÉPÊCHE
Bourgoin, 3 juillet.
Le procès de Chateauvilain était in-
dispensable pour éclairer l'opinion pu-
blique. Gomme dans l'affaire de Decaze-
ville, les débats ont fait irréfutablement
ressortir les responsabilités. Divers ju-
gements peuvent être portés sur le rôle
des soeurs, du curé et du vicaire exci-
tant les petites filles à une lutte aussi
enfantine que dangereuse, mais il est
incontestable que les premiers fauteurs
de l'échauffourée sont le sous-préfet Bal-
land et le maire de Chateauvilain.
Les dépositions de ces deux person-
nages ont prouvé, hier, jusqu'à l'évi-
dence, que M. Giraud avait écrit, l'an
dernier, au sous-préfet pour savoir si
sa chapelle était autorisée, qu'il avait
envoyé sa lettre au maire, que le maire,
probablement ivre, comme hier quand
il s'est présenté à l'audience, ne l'avait
pas transmise au sous-préfet, et que le
sous-préfet lui-môme ne s'était pas oc-
cupé de l'affaire. M. Giraud avait donc
pu légitimement en inférer que son bon
droit avait été reconnu, et l'attaque bru-
tale de son usine par des gendarmes qui
se sont indignement conduits est une
preuve de plus que l'autorité adminis-
trative se sentait dans son tort.
C'est la moralité de ce procès qui,dans
l'intérêt de tout le monde, doit avoir
l'ampleur d'un débat d'assises et se ter-
miner devant le jury.
L'audience dece matin a été consacrée
à quelques derniers témoignages.
Plusieurs jeunes ouvrières de l'usine
affirment encore très formellement que
M. Fischer était tenu au collet par un
gendarme, pendant qu'un second gen-
darme tirait sur lui à bout portant.
Quant au sous-préfet Balland, semblable
aux commissaires de la révolution près
les armées de la République, il excitait
les gendarmes, en termes d'ailleurs ex-
quis : « Avancez donc ! tas de rossards »,
leur criait-il, d'après le témoignage de
la petite Thérésine Galley.
Avant de clore les débats, M. le pré-
sident, sur la démande de M0 Groslée,
fait rappeler à la barre le gendarme
Galli, celui qui a tiré sur M. Fischer.
Galli est obligé de convenir qu'il a des
antécédents significatifs a-u point de vue
de la violence de son caractère. Certain
jour, il s'est battu à coups de hache
avec un de ses camarades. A la suite de
cette rixe, il a été changé de résidence.
Les témoignages entendus, la parole
est donnée à M0 de Lamarzelle, pour
soutenir l'exception d'incompétence.
Le jeune député du Morbihan, un des
orateurs d'avenir que possède la droite
de la Chambre, a prononcé une superbe
plaidoirie pleine de vigueur, d'élévation,
et toute vibrante de cette éloquence que
donne une conviction profonde.
La loi de 1812 sur les chapelles particuliè-
res est tombée en désuétude, dit M® de La-
marzelle ; beaucoup pensent qu'elle èst vir-
tuellement abrogée ; de nombreux Français
estiment que leur domicile est aussi sacré
que la maison du citoyen anglais : où peu-
vent bien pénétrer le vent et la tempête, oii
le roi n'a pas le droit d'entrer ! Mais ceux-là
même qui croient que le sous-préfet était
dans son droit déplorent la sauvagerie des
gendarmes et protestent que jamais li loi
n'a été exécutée avec une cruauté pareille.
A Decazeville, les gendarmes ont laissé tuer
M. Watrin parce qu'ils ne voulaient pas tirer
sur des femmes et des enfants. C'est, du
moins, ce qu'un ministre est venu déclarer
à la tribune de la Chambre.
Pourquoi donc, à Chateauvilain, n'a-t-on
pas hésité à faire tirer sur des petites Ailes,
à tuer une femme, à blesser une enfant de
14 ans !
Devant la Chambre, le ministre Goblet es-
sayait de s'excuser en proclamant que les
ouvrières de Chateauvilain avaient fait acte
de rébellion à main armée. Je vous somme,
Monsieur le procureur de la République, de
vous renfermer dans ce système du gouverne-
ment. Si nous avons fait acte de rébellion à
main armée, ce n'est pas ici que nous devons
comparaître, c'est devant le jury: « La loi
l'ordonne. » (Assentiment général.) Voulez-
vous donc, en écartant la circonstance aggra-
vante de main armée comme vous le fai-
tes, que les gendarmes aient tiré sur des
femmes sans défense ! Alors vous faites bien
peu de cas de l'honneur de vos gendarmes;
vous leur enlevez jusqu'aux apparences de
l'honneur ! (Sensation.)
La vérité est qu'au dire de vos témoins,
les ouvrières étaient au nombre de plus de
200, qu'elles jetaient des pierres, que la plu-
part étaient armées de bâtons, qu'elles onf
fait pleuvoir une grêle de coups sur les gen-
darmes. Quant à M. Fischer, il est incontes-
table qu'il portait deux revolvers et qu'il a
tiré.
Nous voulons aller en cour d'assises. Nous
voulons que le jury voie sur le banc des ac-
cusés ces pactes filles que le chroniqueur
du Figarp com parait hier au catéchisme de
persévérance. Certes, nous ne nous défions
pas des magistrats de Bourgoin. La haute
impartialité de son président nous est con-
nue (approbation générale) ; nous n'avons
X&ë peur des tribunaux, nous autres, nous
les'*avons réclamés en vain quand on a jeté
des citoyens français hors de leur demeure,
quand on a violé des domiciles, sous pré-
texte que c'était des couvents, et c'est le
gouvérnement républicain au contraire qui
a fermé les prétoires en invoquant la sépa-
ration des pouvoirs et en arguant de ces fa-
meux actes administratifs qui échappent à
toute responsabilité.
Le Journal dès Débats a pu écrire avec rai-
son que s'il prenait fantaisie au gouverne-
ment de faire jeter un citoyen à la Seine,ses
parents éprouveraient beaucoup de pèine
pour obtenir justice de cet acte administra»
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