Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1886-04-28
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1886 28 avril 1886
Description : 1886/04/28. 1886/04/28.
Description : Note : absence de numérotation. Note : absence de numérotation.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k279648t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
32e Année 3" Sér
Le Numéro doublé : "20 cent, à Paris, 25 cent. dans les Départements ;.
Mercredi 28 Avril 1886
FRANCIS MAGNARf
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION.
De midi à minuit, rue Drouot, «r
. - ' ( . " '
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
;
26, rue Drouot, 26
^ . ninii ?inniii
m jp£|j9 R gpHgj| jH |S^] fi ^ S ^ ^
H BgjgL- «Sui ' ? AB wB. I mMfinr ' HHraB
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements : Trois Moit .... 19*50
Paris : Trois tfoil..... { 6 fr-
ANNONCES, REÇUMES « PETITES ANNONCES
DOLUWÔEM FILS, SÉCÛY ET 0,16, RUE GEANOE-BAIÏTIIMI
ET AU FIGARO, 26, RUE DROUOT
SOMMAIRE
CONSEILS A NOBLET : Adolphe Racot.
ECHOS DE PARIS : Le Masque de Fer.
FIGARO-SALON.
FÊTE AU FIGARO (Vie Parisienne) : Parisis.
INCIDENT ROCHEFORT-DREYFUS : G; G. .
HORS DE FRANCE : Perry.
LES FÊTES DE MAI : Henri Hamoise.
SIMPLE COUP D'OEIL RÉTROSPECTIF : Alfred Da-
rimon.
POUR LES PETITES ABANDONNÉES : C. Chincholle.
LE BUDGET D'UNE MÈRE : Un Paysan.
LE JOUR DU « TÊT » : Etc.
CORRESPONDANCE ANGLAISE : T. Johnson.
LETTRES DE BRUXELLES : Perkéo.
CORRESPODNDANCE DE BERLIN : Roger.
LE DRAME POPULAIRE : René de Cuers.
LA VIE EN PLEIN AIR : Florïan Pharaon.
LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE : Maisonneuve.
PARIS AU JOUR LE JOUR : Le Liseur.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE : Philippe Gille.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La Financière.
COURRIER DES THÉÂTRES : Jules Prêvel.
SPORT : Robert Milton.
FEUILLETON : GRAIN DE BEAUTÉ : René de Pont-
Jest.
É5IM «OMET
Noblet, prenez garde. Lés journaux
annoncent que votre dernier succès dans
le Bonheur conjugal, au Gymnase, a
attiré sur vous l'attention de la Comé-
die-Française. C'est un engagement à
bref délai dans la Maison de Molière.
! En d'autres temps, la nouvelle n'aurait
soulevé aucun commentaire, et je ne
prendrais pas la peine dé m'y arrêter.
Mais par le temps qui court, elle est
plus grave que la question du désarme-
ment de la Grèce. La fortune s'ouvre
devant vous. Vous allez devenir inces-
samment le collègue de M. Got, de M.
Delaunay, de M.Coquelin, de M.Worms.
Noblet, prenez garde.
Vous êtes acteur comique jusque dans
les moêlles. Vous possédez ce don si
rare de faire rire sans être laid, sans
affecter des poses ridicules, sans tirer
vos effets d'un organe de saxophone na-
sal, comme M. Baron, ni de la couleur
hétéroclite de vos pantalons, comme M.
Lassouche. Vous êtes même plutôt joli
garçon : et cependant vous faites rire.
Vous êtes svelte, élégant dans vos
mouvements, et vous faites rire. Et
tout de suite voue avoa compris vo-
tre mission. Vous pouviez essayer
votre nez qui est long, votre front qui
est haut, vos yeux qui sont saillants, à
des rôles graves, voire à des rôles ten-
dres. Vous n'y avez pas même pensé :
vous vous sentiez un devoir à remplir :
faire rire, et vous l'avez rempli. Ça vous
a coûté cher. M. Damala est arrivé tout
de suite, vous, vous y avez mis le
temps.
C'était à qui, dans les commence-
ments, vous empêcherait d'être drôle.
Aux répétions du Roman parisien, M.
Octave Feuillet se scandalisait de vous
voir faire balle à chaque syllabe dans
un rôle de vingt mots, et il vous a
fallu l'audace du désespoir jouant le
tout pour le tout, pour lancer quand
.même, à la première le fameux : « Fume
plus! » qui vous a enfin révélé. Vous
avez eu ensuite votre : « C'est pas moi,
c'est papa qu'est roil » d'Autour du ma-
riage. Vous avez triomphé du souvenir
absorbant de Dupuis dans la Petite
Marquise, qui pouvait vous étouffer à
tout jamais. Vous avez joué plus gaie.-
ment que Saint-Germain un rôle de
Saint-Germain. En ce moment même,
vous continuez à faire se tordre vos
contemporains dans le Bonheur conjugal.
Vous êtes un comique pur sang, de race.
Vous voulez le rester toujours, oui, je
n'en doute pas, j'en suis sûr: mais voilà
qu'on vous appelle au Théâtre-Français.
J'ai peur.
Au milieu de vos débuts obscurs, de
vos piétinements contre les mauvaises
volontés jalouses et les muettes des bons
camarades, vous avez dû subir plus
d'une dangereuse tentation. Aucune, ô
Noblet, n'est plus à redouter pour vous
que celle qui va vous assaillir. Ceignez
vos reins, appelez à votre aide toute
votre volonté. Noblet, prenez garde!
Songez à Coquelin I
###
Lui aussi était né pour nous amuser :
à lui aussi, et avec plus de relief encore
qu'à vous (vous n'en avez d'ailleurs que
plus de mérite), la nature avait donné
un nez, une bouche, des yeux, une voix
prédestinés à ravir ses contemporains
aux préoccupations pénibles ou ennuyeu-
ses, à faire s'esclaffer de rire franc les
premières loges aussi bien que la der-
nière galerie. Et, en effet, il fut un Mas-
carille incomparable, un Petit-Jean
comme on n'en voit plus, un valet du ré-
pertoire ressuscité du bon temps ; en-
core bien plus fort : un Figaro joyeux et
"de bonne humeur. Mais cela n'a pas du-
ré : la fatalité tragique du lieu ne l'a
pas permis. La tentation s'est dressée,
solennelle, en faux-col et chauve, devant
Coquelin et tout à coup l'a secoué de ces
paroles fatidiques :
- Tû as du talent»: tu as l'honneur
d'appartenir à la Comédie-Française, et
tu bornes tes ambitions à ce but infé-
rieur : faire rire. Mais tu n'es donc pas
de ton époque, mais tu n'es donc pas
sérieux ?
Pas sérieux I Aujourd'hui il faut être
sérieux, ou plutôt non, il ne faut pas
l'être. Vous avez, ô Noblet, cette fortune
unique, cette chance de phénix unique
en son genre : vous n'êtes pas sérieux.
Si vous alliez, vous aussi, vouloir le
devenir?
Méditez ce précédent et tenez-vous en
garde. C'est assez d'un acteur comique
tourné au comédien sérieux. Rappelez-
vous Jean Dacier oh Coquelin était lyri-
que ; le maître d'école des Rantzau où il
arrachait, avec effort, mais enfin il en
arrachait tout de même, des larmes aux
abonnés du mardi; voyez Chamillac
qu'il a conquis de haute lutte sur M.
Worms et où, sur le coup d'onze heures
trois quarts, extrêmement tard, il rap-
pelle le supplice de Jean Valjean devant
la Cour d'assises.
Vous en verrez bien d'autres : même
dans vos rêves Tes plus ambitieux avez-
vous jamais songé, ô Noblet, à jouer
l'Olivier de Jalin du Demi-Monde que la
retraite de Delaunay vâ laisser libre ?
Je vous entends vous écrier : -Ça, non
par exemple ! - M. Coquelin y songe
lui : les journaux l'ont annoncé. Je ne
sais quelle timidité inconcevable l'a em-
pêché, il y a trois ans de revendiquer
l'Antony fatal de la Princesse de Bagdad.
Quel nom viens-je de prononcer : An-
tony ? Mais M. Coquelin jouera Antony
quand il le voudra, comme il jouerait, si
la Comédie-Française n'avait encore là-
dessus des préjugés, le Buridan de la
Tour de Nesle.
C'est fini de rire avec Coquelin. Il est
passé sérieux. Quand il daigne encore
jouer Figaro, la salle frissonne de terreur
à l'apostrophe fameuse : « Que j'en vou-
drais tenir un de ces puissants de qua-
tre jours ! » Du temps où la majesté du
lieu et les exigences du sérieux ne l'a-
vaient pas encore détourné de sa mis-
sion d'acteur comique, on écoutait cela
en riant; il avait l'air de dire : « Je leur
ferais une bonne farce». Il a l'air de
dire aujourd'hui : « Je lés couperais en
petits morceaux». C'est sérieux.
On applaudit tout de même : vous
aussi, ô Noblét, on serait capable de
vous applaudir encore si vous deveniez
sérieux, et c'est justement ce qui me
fait peur et pourquoi je vous adjure de
tenir ferme, le jour où vous ferez partie
de la maison de Molière, d'y rester
Noblet, .de nous y faire toujours rire,
rire, et encore rire.
###
. C'est que, voyez-vous, la rage du sé-
rieux est en ce temps-ci plus qu'une
maladie : c'est une épidémie. C'est dans
l'air. Ça vous prend sans qu'on s'y at-
tende. sans qu'on sache pourquoi. Quand
on reconstituera un jour l'état moral
présentement en exercice, on reconnaî-
tra qu'il résulte uniquement de ceci :
que chacun fait de préférence ce qu'il
n'a pas été créé pour faire, et quelque-
fois juste le contraire de ce que son
tempérament, sa nature et ses aptitu-
des étaient combinés pour accomplir.
Le malheur, c'est que tant le monde
vous y encourage et vous y approuve.
Après M. Coquelin (ou avant, si vous
voulez, ça m'est égal), il y a un autre
exemple illustre : Gambetta.
Ce fut un avocat admirablement doué:
il avait une voix d'airain, un geste d'Her-
cule et une assurance imperturbable.
Pour penser, comme il le disait lui-
même, il lui fallait parler. Mais la pa-
role facile c'est beaucoup. Quand la for-
tune permit à Gambetta de choisir ce
qu'il voulait être, il prit juste le rôle au-
quel ne l'avaient préparé ni son tempé-
rament, ni ses goûts, ni ses études, au-
quel son intarissable facilité de parole
ne pouvait être d'aucune utilité : celui
de généralissime, commandant en chef.
Il n'y aurait pas à chercher longtemps
pour trouver d'autres exemples : il suf-
firait de relever, le crayon à la main, la
liste des députés, celle des fonctionnai-
res et même celle des sénateurs. Nous
avons eu l'année dernière un ministre
qui n'était connu que comme composi-
teur d'un opéra. On n'eut pas une seule
minute l'idée de l'envoyer au beaux-arts,
il siégea aux travaux publics.
Ce sont tous ces précédents, c'est cette
maladie du sérieux, du grave, à ou-
trance, toujours et quand même, qui
m'effraie pour vous, ô Noblet 1
L'influence du lieu y entre pour beau-
coup. Quand vous jouiez» à la Renais-
sance, Une Mission délicate, et tant que
vous jouerez au Gymnase le Bonheur
conjugal, j'étais et je serai bien tran-
quille. Ce sont des scènes de genre : le
public, en petit comité relatif, y vient
pour s'amuser. Quand il ne s'y amuse
pas, il n'y revient plus ; mais quand il
s'y amuse, c'est du déiire. Vous en sa-
vez quelque chose : une vraie fête. Vous
ne vous aviseriez pas de la gâter pour
l'ambition de prouver que vous pouvez,
comme un autre, être ennuyeux. Mais à
la Comédie-Française : c'est le Sénat des
théâtres, il a éteint le rire de Coquelin ;
prenez garde, Noblet, qu'il n'éteigne le
vôtre. Nous.ne nous en consolerions ja-
mais, car Geoffroy, Gil-Perès, Lesueur
sont morts, et après vous il n'y aurait
plus personne.
Vous y entrerez, pourtant, à ce théâ-
tre où Coquelin est devenu grave. Ce
jour-là, vous aurez un moyen d'y débu-
ter avec éclat, en affirmant que vous
entendez finir comme vous avez com-
mencé : en nous amusant. 11 existe à la
Comédie-Française une pièce de réper-
toire, toute montée, pour laquelle feu
M. Perrin a fait naguère des prodigali-
tés d'accessoires, de costumes et de dé-
cors : c'est le Joueur de Regnard. Lare-
prise du Joueur n'a eu qu'une seule (en-
tendez bien, une seule) représentation.
M. Delaunay représenta le joueur : M.
Coquelin le valet Hector. Ce fut une
merveilleuse soirée : et. cependant après
trois annonces d'affiches fallacieuses,
jamais la seconde représentation ne fut
donnée.
Demandez à reprendre ce rôle d'Hec-
tor que M. Coquelin, après une soirée
unique n'a pas trouvé assez sérieux
pour lui, et rendez-nous, rue de Riche-
lieu l'ancienne gaité de Got, du temps
qu'il ne jouait pas encore, devenu sé-
rieux lui aussi - le père des Rantzau
qui jette sa fille par terre avec un mou-
vement à la Frédérik Lemaitre et le père
de Denise qui foudroie les séducteurs.
Vous aurez échappé au plus grand
péril des acteurs Comiques contempo-
rains.
Adolphe Racot.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
^- Le Président de la République a
reçu hier le général Appert, ancien am-
bassadeur; de France à Saint-Péters-
bourg.
1 . ' ' Â
wvwwo Les fonctions d'inspecteur géné-
ral du service de santé de la marine sont
supprimées.
" M. Rochard ne sera pas remplacé.
L'amiral Aube constitue simplement à
Paris un Conseil Supérieur de Santé,
présidé par un directeur, M. Dugé de
Bernonville, et composé de MM. Treille,
médecin en chef, directeur de la rédac-
tion des Archives de médecine navale ;
Rochefort, médecin principal-, et Doué,
pharmacien en chef.
De plus, le ministre se réserve le
droit d'appeler à Paris, auprès de lui,
un directeur du service de santé à son
choix, comme chef du service métropo-
litain et colonial.
M. Ernest Roche, candidat aux-
élections parisiennes du 2 mai, et con-
damné par défaut à quinze mois de pri-
son, a été mis hier matin, par décision
du tribunal de Villefranche, en liberté
provisoire, sans caution.
M. Roche est immédiatement sorti de
prison, et il sera de retour à Paris dans
la matinée d'aujourd'hui.
vwwvw* MM. de Freycinet et Baïhaut ont
reçu hier, à deux heures, la visite de M.
Léon Say, président du conseil d'admi-
nistration de la Société de Decazeville.
Les ministres ne pouvaient avoir l'in-
tention d'ouvrir des* négociations avec
la compagnie au nom des ouvriers, ni
de lui 'donner des directions pour la
conduite de ses affaires industrielles ;
mais ils ont manifesté la crainte qu'il
n'existât quelque malentendu entre la
Compagnie et ses ouvriers au sujet du
tarif affiché le 26 février dernier, qui
paraît avoir été l'occasion de la grève.
Les représentants de la Compagnie
ont déclaré qu'ils n'avaient jamais connu
avec précision les causes de la grève.
Ils ne peuvent pas, étant donnés les
prix-courants du commerce des huilles,
relever le prix des salaires ; mais ils ne
tiennent pas à imposer une distribution
de ces salaires sous une forme plutôt
que sous une autre.
Si le tarif du 26 février était un obsta-
cle à la reprise si désirée du travail, les
administrateurs seraient tout prêts à
rouvrir les chantiers, en rétablissant les
tarifs appliqués dans les mines pendant
le mois de février, antérieurement à l'af-
fiche du 26 ; mais ils ont ajouté qu'ils ne I
seraient pas en mesure d'occUper autant
d'ouvriers qu'auparavant en raison de
la situation générale des affaires. Les
éliminations nécessaires seraient faites,
d'ailleurs, avec la plus grande impartia-
lité.
A TRAVERS PARIS
LA TEMPÉRATURE. - La situation ne se
modifie qu'avec une extrême lenteur. La zone
des basses pressions s'étend toujours du sud
de l'Espagne au nord des Iles-Britanniques, en
s'avançant sur nos régions. En France, le ré-
gime des vents de l'est va continuer, avec
temps beau et chaud : des orages sont toujours
probables.
La température se maintient élevée dans
l'ouest du continent. Le thermomètre indiquait,
hier matin : 8° au-dessous de zéro à Arkangel,
8* au-dessus à Vienne, 130 à Paris, 160 à Nice
et 183 à Trieste. A Paris, des nuages nom-
breux se sont montrés à partir de deux heures,
et l'imminence d'un orage paraissait certaine
quelques heures plus tard. Les nuages ne se
sont pas dissipés comme les jours précédents,
Mais il n'y a point eu de pluie, à peine quel-
ques gouttes d'eau vers neuf heures. Le ther-
momètre a atteint 25° ; le baromètre en baisse,
à
Aujourd'hui, à2h.20,courses àEnghien.
Spécial : Nord, ï h. 35; Ouest, 1 h. 05.
Pronostics de la journée :
Prix de Pierrette : Agen.
Prix de Seine-et-Oise : Patachon.
Prix des Environs : Ben Venue.
Prix de Montmagny : Bartolo.
Mgr di Rende semble tout à fait remis
de la douloureuse affection rhumatis-
male dont il avait souffert au cours de
ces dernières semaines.
Le nonce apostolique a fait lundi sa
première sortie, en compagnie de Mgr
Averardi et de son secrétaire, M. l'abbé
Vico.
Très brillante soirée de contrat chez
la comtesse Chaptal, pour le prochain
mariage de Mlle Jeanne Chaptal avec le
baron Joseph Dufour.
Rien d'original comme l'hôtel de la
comtesse, rue de Grenelle, un pavillon
Louis XVI au fond d'un jardin. Dès neuf
heures, les salons, splendidement ornés
de fleurs, étaient envahis par les nom-
breux amis des deux familles.
Le père du fiancé, le baron Dufour,
député du Lot, est un des représentants
les plus sympathiques et les plus dis-
tingués de la Chambre.
La bénédiction nuptiale sera donnée
jeudi, à midi, à Sainte-Clotilde.
On a célébré hier à la Madeleine le
mariage de Mlle Isabell Montt, fille du
ministre du Chili, et de M. Antonio E.
Varas, fils de l'ancien ministre d'Etat,
président du Conseil d'Etat du Chili.
M. d'Âlbareda, ambassadeur d'Espa-
gne en France, vient d'être élu sénateur
par Séville à l'unanimité des suffrages.
Les conservateurs sénatoriaux de la
ville d'Orense, ne voulant pas laisser
triompher les radicaux, ont donné leurs
suffrages à M. d'Albareda, qui a été
élu.
M. d'Albareda optera pour Séville, son
pays natal.
Une délégation du Conseil municipal
est partie hier soir par l'express de Cher-
bourg. Elle est composée de MM. Geor-
ges Berry, Strauss et Navarre.
Cette délégation doit acheter ou louer,
dans le département de la Manche,, un
terrain assez vaste pour établir un hô-
pital destiné aux pupilles de la Ville de
Paris.
Le général de Courcy vient d'être
cruellement frappé par la mort de sa
mère.
La comtesse de Courcy douairière, est
morte avant-hier, dans l'hôtel de la rue
d'Astorg, après une très courte maladie,
Le corps a été transporté hier en Bre-
tagne, à Korn-er-Rouet, dans la propriété
de la famille. Le cercueil était accompa-
gné par le général de Courcy et le comte
Aimery de Goyon, son beau-frère.
Mme la comtesse de Courcy partira
ce matin pour assister aux obsèques.
Il n'y aura pas de service religieux à
Paris.
La comtesse de Courcy douairière était
la mère de Mme de Nadaillac.
Mgr Viàrd, protonotaire apostolique,
chanoine évêque de Lorette; chanoine
d'honneur de l'église de Langres, che-
valier de la Légion d'honneur, est mort
hier à l'âge de soixante-treize ans.
Sa perte sera vivement regrettée dans
le haut clergé qùil occupait une place
considérable. .
Ses funérailles auront lieu vendredi
prochain dans la Haute-Marne, à Hortes,
son pays natal, où il a demandé à être
enterré.
Aujourd'hui, à deux heures, tous les
chevaux de maître, de fiacre et d'omni-
bus s'abattaient devant le poste de la
Bibliothèque nationale, rue Richelieu,
sur les parties de macadam arrosées
avec excès par un cantonnier trop zélé.
Un peuétourdi parles malédictions des
cochers et des voyageurs auxquelles se
joignaient les représentations de la foule,
le subalterne municipal répondait avec"
quelque raison : « Ce n'est pas ma
» faute ! Je fais ce qu'on me dit. Adres-
» sez-vous au chef. »
C'est ce que nous faisons.
L'honorable ministre des Etats-Unis,
M. Mac Lane, partira dans une quinzaine
de jours pour l'Amérique.
On dit que sa nomination de secré-
taire d'Etat aux finances est imminente.
C'est aujourd'hui que la Société de
Prévoyance et de Secours mutuels des
Alsaciens-Lorrains donne, au Trocadéro,
pour le troisième jour, des fêtes qui se
termineront jeudi prochain par un
grand bal et un concert avec le concours
de Mmes Krauss, Bilbaut-Vauchelet,
Reichemberg, Thénard, Amel, Thérésa,
Marie Tayau et six dames violonistes,et
de MM. Escalaïs, Martapoura, Talazac,
Nicot, Mounet-Sully, Falconnier, de Fé-
raudy, Matrat et Comte.
Tout fait présumer un grand succès et
la foule se portera certainement au Tro-
cadéro qui, depuis trois jours, du reste,
ne désemplit pas.
###
Rappelons que le 1er concert des fem-
mes du monde a lieu aujourd'hui, àdeux
heures et demie, salle Albert-le-Grand.
Une réunion extraordinaire aura lieu,
le 9 mai prochain, à trois heures de
l'après-midi, rue de la Victoire, dans le
grand local du Consistoire israélite, à
l'effet de nommer, en remplacement de
M. Jules Lion, décédé, un président
de la Société de la « Terre Promise ».
Cette Société, reconnue par l'Etat, a
pour but l'abolition de la fosse com-
mune.
Dimanche prochain, 2 mai, à deux
heures, aura lieu, dans la salle Erardp
rue du Mail, le concert musical au pro-
fit de l'OEuvre des pauvres italiens à
Paris qui avait été différé par l'impossi-
bilité où se trouvait Mme Rose Caron
d'y prendre part.
Cette matinée musicale sera donnée
avec le concours de Mme Conneau, la
grande cantatrice qui a bien voulu con-
sentir à remplacer Mme Caron, tou-
jours empêchée par ses devoirs d'ar-
tiste, et de MM. Edouard et Jean de
Reszké, Ch. Widor, Diemer, Marsick,
Braga et Hasselmans.
On trouvera des billets aux bureaux
de la salle Erard.
La maison George Goulet de Reims
vient de recevoir les titres de fournis-
seur breveté de Sa Majesté la Reine
d'Angleterre, Impératrice des Indes,et
de Son Altesse Royale le prince de
Galles.
Cette double faveur consacre la répu-
tation d'une de nos meilleures marques
de Champagne.
NOUVELLES A LA MAIN
Entre cabotines. '
.- Dis donc, Angéla, est-ce vrai que
Raoul est ton amant ?
-- « Mon amant » est beaucoup dire...
Enfin, il est au répertoire 1
Moeurs champêtres.
Un paysan semi-bourgeois a aperçu
depuis plusieurs matins des traces de
pas dans son jardin.
Sans rien dire à personne, il se poste
en embuscade armé d'un fusil, et ac-
compagné d'un valet fidèle, son frère de
lait.
Il voit en effet une silhouette de jeune
homme escalader le mur, s'aider aux
branches d'un arbre, et entrer par une
fenêtre.
- Chut! c'est la chambre de ma
femme !
- Faut-y aller? demande le valet se
préparant à ajuster.
- Pas la peine ! Il n'y a pas d'argent
dedans !
- Mais sa bague, peut-être?
- Bah ! Elle crierait !
Le Masque de fer.
FIGARO-SALON
L'ouverture annuelle de l'Exposition
des Beaux-Arts est une solennité à la-
quelle le public prend un vif intérêt, et
qui, par cela même, occupe une place
importante dans un journal comme le
Figaro.
L'an .dernier, pour accompagner le
compte-rendu si goûté, mais forcément
succinct, que notre collaborateur M.
Albert Wolff donne le jour du vernis-
sage, nous avons créé une publication
artistique nouvelle, dont le succès fut
très grand.
Le FIGARO-SALON, qui remplace le
Supplément illustré que nous avions
l'habitude de consacrer aux meilleures
oeuvres exposées, est édité pour nous
par MM. Boussod, Valadon et Cie, en
collaboration avec M. Ludovic Baschet.
Il se composera, cette année comme la
précédente, d'une série de fascicules.
Le premier sera mis en vente le 30
de ce mois et comprendra les repro-
ductions artistiques des tableaux en-
voyés à l'Exposition de peinture par
MM. Puvis de Chavannes, Gérôme, Bou-
guereau, Boulanger, Israëls, Jean Bé-
raud, Benjamin-Constant, Albert Mei-
gnan , Flameng, Vayson, Willems ,
Rosset-Granger, Comerre, Marius Roy,
Jean Aubert, Cormon, Moreau de
Tours, etc.
Le texte du FIGARO-SALON est dans son
entier écrit par M. Albert Wolff.
Chaque fascicule se vend deux francs
chez les éditeurs et à l'hôtel du Figaro.
Nous donnerons au fur et à mesure le
sommaire de chacune des cinq livrai-
sons qui paraîtront successivement et
dont la dernière sera mise en vente
avant la distribution des récompenses,
c'est-à-dire vers le 25 mai.
Le tout formera un riche album, rem-
fermant les oeuvres les plus marquantes
de nos peintres et de nos sculpteurs,
et que les visiteurs du Salon de 1886
pourront conserver comme un précieux
souvenir.
LA VIE PARISIENNE
FETE AU FIGARO
27 avril 1886.
Il y a dans Paris un théâtre qui, ce soir,
malgré la chaleur, a fait plus que le maximum,
- j'entends comme public, car les entrées
étaient gratuites
C'est lô théâtre du Figaro.
Le Figaro donnait, entre dix heures et mi-
nuit, à ses amis, une de ces fêtes dont le plus
grand charme réside dans l'absence complète
de préméditation.
Pas de programme longuement concerté,
pas de date précise. C'est le hasard des
attractions qui décide de la date et qui règle
le programme. Une attraction est signalée : le
Figaro la guette et s'en assure la primeur,
- non pour en jouir en égoïste, mais pour
l'offrir à son petit cercle de délicats. On lance
quelques centaines d'invitations sous le man-
teau, sans tambour ni trompette, car notre mai-
son est un peu comme celle de Socrate ; on fait
signe à Belloir qui, en quelques heures, trans-
forme en salle de concert ou de spectacle le
vaste hall de l'hôtel ; notre voisin d'en face, le
grand Dépôt des faïences artistiques, la décore
avec ses modèles les plus nouveaux et ses spé-
cimens les plus rares, ce qui lui fait une très
précieuse exposition ; Bernard envoie ses fleurs
les plus belles et ses verdures les plus meu-
blantes ; Chevet improvise, comme il sait faire,
un buffet somptueux, et... les artistes, entrés
inconnus ou peu connus dans ce logis hospita-
lier, en sortent célèbres et en possession de la
faveur parisienne.
La devise du Figaro pour ces fêtes intimes
est : Peu, mais bien !... Il n'y avait, ce soir,
que deux numéros au programme... Mais quels
numéros !
icr numéro. M. Buatier de Kolta, illusion-
niste.
C'est la qualité que se donne à lui-même
cet émule d'Herrmann et de Robert-Houdin. Il
ne se targue point de magie: son but est d'en
donner l'illusion, non par des prodiges de dex-
térité, mais par des moyens scientifiques.
De son propre aveu, toutes ses expériences
sont truquées, mais il défie les plus clairvoyants
d'en pénétrer le mystère et d'en suprendre le
mécanisme. Plusieurs ont relevé le défi, mais
jusqu'à présent, ils en ont été pour leur courte
honte.
Je n'entrerai pas dans le détail des expé-
riences diverses dont M. Buatier de Kolta nous
a donné le stupéfiant spectacle : la main auto-
matique dessinant sur un chevalet le portrait
d'un personnage connu - Victor Hugo; - une
autre main désignant, par de petits coups secs
frappés sur une plaque de verre, le chiffre
pensé par un spectateur quelconque ; - la
multiplication des roses , un chef-d' oeuvre de
grâce printanière; la subtilisation d'une cage
de fer où voltige un oiseau des îles et la
restitution immédiate de la même cage avec
le même oiseau vivant , « ce sont là des
phénomènes d'illusion que M. Buatier de
Kolta présente négligemment, comme des
hors d'oeuvre, histoire d'amuser le tapis.
Mais ce qui dépasse toute croyance, ce qui
confond, déroute, renverse, hébête et rend
stupide, c'est l'escamotage d'un être hu-
main, de chair et d'os, en pleine lumière, à
la barbe du public, pour ainsi dire.
Voici comment procède l'escamoteur qui, au
moyen-âge, eût- infailliblement fini comme
Urbain Grandier.
Il étale sur le plancher de la scène un jour-
nal de grand format, le Times. Sur ce journal
il pose une chaise quelconque ; sur cette chaise
il asseoit une jeune femme, la sienne ; il re-
couvre le sujet d'une soie légère, presque
transparente, dont il le drape étroitement, le
moulant de la tête aux pieds. L'opération dure
à peine quelques secondes ; après quoi l'opéra-
teur, au milieu d'un silence morne, sous le
feu de tous les regards anxieusement braqués
sur l'étroit espace où il manoeuvré, prend l'é-
toffe entre ses deux index et ses deux pouces,
souffle dessus avec force, l'enlève violemment
et... ni vu ni connu. Plus de femme !... Le
journal n'a pas bougé d'Une ligne, et sur ses
quatre pieds, dont les empreintes sont immua-
bles, la chaise seule apparaît, vide de son élé-
gant fardeau !
Si ce n'est pas de la magie, je me demande
cc qM ça peut bien être. Oa se l'est demandé
beaucoup, mais les plus sceptiques ont fini pat
donner leur langue aux chiens.
Je recommande ce truc aux fabricants de
féerie, en quête d'illusions inédites. Scénique-
ment présenté, il aurait une vogue plus durable
encore que la fameuse Mouche d'or. Car à
la séduction de la grâce, il joindrait la séduc-
tion plus piquante du mystère. Et ce n'est pas
le seul clou que ce prodigieux illusionniste a
dans son sac et qui ferait courir tout Paris
dans un théâtre comme le Chatelet ou la Gaîté.
Ouvrez l'oeil, Floury, et vous aussi Debruyère !
2° numéro.- La chapelle russe de M. Dmitri-
Slaviansky d'Agreneff.
Je vous parlais de féerie tout à l'heure. La
vraie féerie, la voilà. Féerie pour les yeux
et, à la fois pour les oreilles, un double
régal pour l'ouïe et pour la vue. En en-
gageant cette troupe incomparable, M. De-
bruyère a fait un coup de maître, et il assure
au Grand Mogol, où elle doit débuter ven-
dredi prochain, un nouveau bail de cent re-
présentations.
Cette troupe .- sorte de Conservatoire am-
bulant ou Chapelle - se compose de cinquante
chanteurs, qui forment un choeur mixte ainsi
distribué : 20 voix d'hommes, ténors et basses;
16 voix d'enfants et 14 voix de femmes, con-
traltos et soprani.
Ils exécutent leur répertoire, tantôt sans
accompagnement, tantôt avec accompagnement,
de l'orgue Alexandre, choisi pour la similitude de
ses sons avec ceux de la cornemuse - Rogeok
russe - le seul instrument qui s'adaptât jadis
au chant national. Car ce sont uniquement les
poésies et les mélodies nationales que ces vir-
tuoses ambulants promènent à travers le
monde. Les titres seuls de quelques-uns de ces
morceaux ont une savoureuse odeur dé terroir :
Poème épique à la gloire de Dobrynia Nikitich,
le héros du onzième siècle... Cherche\ mon
anneau que je cachet... A toi mon coeur,
jeune homme aux yeux noirs... Le sommeil
m'accable... Les bateliers du Volga... Le
saule pleureur... Il passe un jeune homme
le long du village... etc., etc. Tout cela
est d'une originalité telle qu'on se sent
comme transporté dans un monde de visions.
La mélopée passe tantôt de la tristesse déchi-
rante à la gaîté folle, oe qui est le caractère
propre du Grand Russien ; tantôt elle revêt la
grâce et la fraîcheur de la jeune Petite-Russie;
tantôt on y perçoit le cri de détresse du Tchèque
et tantôt l'imprécation haineuse du Serbe... Le
tout avec un tel fini d'exécution qu'on est litté-
ralement ravi en extase. Les pianissimi sur-
tout sont d'une langueur exquise que ne peut
rendre la parole humaine. C'est la perfection
même du chant choral.
C'est M. Slavianski d'Agreneff qui dirige
cette troupe unique, admirablement secondé
par sa femme, qui a recueilli et noté tous les
airs dont se compose leur répertoire si varié.
C'est un artiste accompli de la vieille école ita-
lienne qui séduit autant par l'impeccabilité de sa
méthode que par la noblesse de son maintien
et la majesté répandue sur toute sa personne.
Il incarne en lui le vrai type du boyard, qui
tend â disparaître chaque jour.
L'effet de ce choeur, dont rien ne peut don-
ner une idée, est centuplé par la magnificence
des costumes dont sont revêtus les choristes.
Ils sont la reproduction exacte des costumes
russes des XVI® et XVIIe siècles, copiés sur
les albums du musée du Kremlin de Mos-
cou. Un véritable émerveillement de splen-
dides étoffes, de broderies étincelantes, de dia-
mants, de perles et de pierres précieuses !
Toute une civilisation disparue revit dans
cette troupe sans rivale qui emporte avec
elle, à travers l'Europe, comme un parfum des
splendeurs anciennes de l'Orient. Tout Paris
ira, pendant de longs mois, applaudir à cette
magique résurrection qu'une élite a saluée ce
soir de ses bravos enthousiastes.
Parisis.
INCIDENT ROCHEFORT-DREYFUS
Après un article dans lequel le rédac-
teur en chef de la Nation reprochait à
M. Rochefort de faire, en matière élec-
torale, de la politique trop savante, le
rédacteur en chef de l'Intransigeant
crut devoir envoyer des témoins à M.
Camille Dreyfus.
. Au nom de M. Rochefort, MM. Ayraud-
Degeorges et Vaughan prièrent M. Drey-
fus de les mettre en rapport avec deux
de ses amis.
Les témoins de M. Dreyfus refusèrent
à M. Rochefort la qualité' d'offensé.
Celui-ci offrit de s'en rapporter à un
arbitrage de cinq membres du Parle-
ment.
M. Dreyfus consentit, mais M. Roche-
fort ayant voulu que, pour bien établir
l'impartialité du jugement, il y eût parmi
les arbitres un membre de la droite, le
rédacteur en chef de la Nation préféra
reconnaître à M. Rochefort la qualité
d'offensé.
M. Rochefort choisit alors le pistolet
de combat à des conditions qui furent
jugées inacceptables par les témoins de
M. G. Dreyfus.
Voici les deux lettres qui ont été
échangées entre les témoins et leurs
clients à la suite de ces incidents et de
ces refus :
A Monsieur Henri Rochefort
Mon cher ami,
Vous considérant comme gravement ou-
tragé par un article publié dans le journal
la Nation du 26 avril, vous nous avez priés
de demander en votre nom à M. Camille
Dreyfus, auteur de cet article, une répara-
tion par les armes.
M. Dreyfus nous a mis en rapport avec
deux de ses amis, MM. Lyon-Alemand et
Louis Launay, qui vous ont tout d'abord
contesté la qualité d'offensé, et, après de
longues discussions, ont fini par nous propo-
ser de soumettre a un arbitrage cette ques-
tion préjudicielle. '
Bien que votre situation vis-à-vis de M.
Dreyfus nous parût des plus nettes, nous
avons cependant cru devoir accepter la dé-
cision d'une tierce personne; mais, nous
avons demandé que l'arbitre fût choisi
en dehors des partis intéressés dans la po-
lémique qui a été le point de départ de cette
affaire.
Après avoir consulté leur client, MM.
Lyon-Alemand et Louis Launay ont sponta-
nément renoncé à l'arbitrage et, reconnais-
sant votre droit à une réparation, nous ont
laissé le choix des armes.
Vous nous aviez, cher ami, exprimé le
désir que la rencontre fût extrêmement sé-
rieuse; vous ne pouviez admettre, nous
aviez-vous dit, que le combat finit sans que
.l'un des deux adversaires fût hors d'état de
se défendre ; et nous étions tombés d'accord
avec vous sur ce point.
| C'est pourquoi nous avons proposé les
conditions suivantes :
Le Numéro doublé : "20 cent, à Paris, 25 cent. dans les Départements ;.
Mercredi 28 Avril 1886
FRANCIS MAGNARf
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION.
De midi à minuit, rue Drouot, «r
. - ' ( . " '
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
;
26, rue Drouot, 26
^ . ninii ?inniii
m jp£|j9 R gpHgj| jH |S^] fi ^ S ^ ^
H BgjgL- «Sui ' ? AB wB. I mMfinr ' HHraB
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements : Trois Moit .... 19*50
Paris : Trois tfoil..... { 6 fr-
ANNONCES, REÇUMES « PETITES ANNONCES
DOLUWÔEM FILS, SÉCÛY ET 0,16, RUE GEANOE-BAIÏTIIMI
ET AU FIGARO, 26, RUE DROUOT
SOMMAIRE
CONSEILS A NOBLET : Adolphe Racot.
ECHOS DE PARIS : Le Masque de Fer.
FIGARO-SALON.
FÊTE AU FIGARO (Vie Parisienne) : Parisis.
INCIDENT ROCHEFORT-DREYFUS : G; G. .
HORS DE FRANCE : Perry.
LES FÊTES DE MAI : Henri Hamoise.
SIMPLE COUP D'OEIL RÉTROSPECTIF : Alfred Da-
rimon.
POUR LES PETITES ABANDONNÉES : C. Chincholle.
LE BUDGET D'UNE MÈRE : Un Paysan.
LE JOUR DU « TÊT » : Etc.
CORRESPONDANCE ANGLAISE : T. Johnson.
LETTRES DE BRUXELLES : Perkéo.
CORRESPODNDANCE DE BERLIN : Roger.
LE DRAME POPULAIRE : René de Cuers.
LA VIE EN PLEIN AIR : Florïan Pharaon.
LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE : Maisonneuve.
PARIS AU JOUR LE JOUR : Le Liseur.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE : Philippe Gille.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La Financière.
COURRIER DES THÉÂTRES : Jules Prêvel.
SPORT : Robert Milton.
FEUILLETON : GRAIN DE BEAUTÉ : René de Pont-
Jest.
É5IM «OMET
Noblet, prenez garde. Lés journaux
annoncent que votre dernier succès dans
le Bonheur conjugal, au Gymnase, a
attiré sur vous l'attention de la Comé-
die-Française. C'est un engagement à
bref délai dans la Maison de Molière.
! En d'autres temps, la nouvelle n'aurait
soulevé aucun commentaire, et je ne
prendrais pas la peine dé m'y arrêter.
Mais par le temps qui court, elle est
plus grave que la question du désarme-
ment de la Grèce. La fortune s'ouvre
devant vous. Vous allez devenir inces-
samment le collègue de M. Got, de M.
Delaunay, de M.Coquelin, de M.Worms.
Noblet, prenez garde.
Vous êtes acteur comique jusque dans
les moêlles. Vous possédez ce don si
rare de faire rire sans être laid, sans
affecter des poses ridicules, sans tirer
vos effets d'un organe de saxophone na-
sal, comme M. Baron, ni de la couleur
hétéroclite de vos pantalons, comme M.
Lassouche. Vous êtes même plutôt joli
garçon : et cependant vous faites rire.
Vous êtes svelte, élégant dans vos
mouvements, et vous faites rire. Et
tout de suite voue avoa compris vo-
tre mission. Vous pouviez essayer
votre nez qui est long, votre front qui
est haut, vos yeux qui sont saillants, à
des rôles graves, voire à des rôles ten-
dres. Vous n'y avez pas même pensé :
vous vous sentiez un devoir à remplir :
faire rire, et vous l'avez rempli. Ça vous
a coûté cher. M. Damala est arrivé tout
de suite, vous, vous y avez mis le
temps.
C'était à qui, dans les commence-
ments, vous empêcherait d'être drôle.
Aux répétions du Roman parisien, M.
Octave Feuillet se scandalisait de vous
voir faire balle à chaque syllabe dans
un rôle de vingt mots, et il vous a
fallu l'audace du désespoir jouant le
tout pour le tout, pour lancer quand
.même, à la première le fameux : « Fume
plus! » qui vous a enfin révélé. Vous
avez eu ensuite votre : « C'est pas moi,
c'est papa qu'est roil » d'Autour du ma-
riage. Vous avez triomphé du souvenir
absorbant de Dupuis dans la Petite
Marquise, qui pouvait vous étouffer à
tout jamais. Vous avez joué plus gaie.-
ment que Saint-Germain un rôle de
Saint-Germain. En ce moment même,
vous continuez à faire se tordre vos
contemporains dans le Bonheur conjugal.
Vous êtes un comique pur sang, de race.
Vous voulez le rester toujours, oui, je
n'en doute pas, j'en suis sûr: mais voilà
qu'on vous appelle au Théâtre-Français.
J'ai peur.
Au milieu de vos débuts obscurs, de
vos piétinements contre les mauvaises
volontés jalouses et les muettes des bons
camarades, vous avez dû subir plus
d'une dangereuse tentation. Aucune, ô
Noblet, n'est plus à redouter pour vous
que celle qui va vous assaillir. Ceignez
vos reins, appelez à votre aide toute
votre volonté. Noblet, prenez garde!
Songez à Coquelin I
###
Lui aussi était né pour nous amuser :
à lui aussi, et avec plus de relief encore
qu'à vous (vous n'en avez d'ailleurs que
plus de mérite), la nature avait donné
un nez, une bouche, des yeux, une voix
prédestinés à ravir ses contemporains
aux préoccupations pénibles ou ennuyeu-
ses, à faire s'esclaffer de rire franc les
premières loges aussi bien que la der-
nière galerie. Et, en effet, il fut un Mas-
carille incomparable, un Petit-Jean
comme on n'en voit plus, un valet du ré-
pertoire ressuscité du bon temps ; en-
core bien plus fort : un Figaro joyeux et
"de bonne humeur. Mais cela n'a pas du-
ré : la fatalité tragique du lieu ne l'a
pas permis. La tentation s'est dressée,
solennelle, en faux-col et chauve, devant
Coquelin et tout à coup l'a secoué de ces
paroles fatidiques :
- Tû as du talent»: tu as l'honneur
d'appartenir à la Comédie-Française, et
tu bornes tes ambitions à ce but infé-
rieur : faire rire. Mais tu n'es donc pas
de ton époque, mais tu n'es donc pas
sérieux ?
Pas sérieux I Aujourd'hui il faut être
sérieux, ou plutôt non, il ne faut pas
l'être. Vous avez, ô Noblet, cette fortune
unique, cette chance de phénix unique
en son genre : vous n'êtes pas sérieux.
Si vous alliez, vous aussi, vouloir le
devenir?
Méditez ce précédent et tenez-vous en
garde. C'est assez d'un acteur comique
tourné au comédien sérieux. Rappelez-
vous Jean Dacier oh Coquelin était lyri-
que ; le maître d'école des Rantzau où il
arrachait, avec effort, mais enfin il en
arrachait tout de même, des larmes aux
abonnés du mardi; voyez Chamillac
qu'il a conquis de haute lutte sur M.
Worms et où, sur le coup d'onze heures
trois quarts, extrêmement tard, il rap-
pelle le supplice de Jean Valjean devant
la Cour d'assises.
Vous en verrez bien d'autres : même
dans vos rêves Tes plus ambitieux avez-
vous jamais songé, ô Noblet, à jouer
l'Olivier de Jalin du Demi-Monde que la
retraite de Delaunay vâ laisser libre ?
Je vous entends vous écrier : -Ça, non
par exemple ! - M. Coquelin y songe
lui : les journaux l'ont annoncé. Je ne
sais quelle timidité inconcevable l'a em-
pêché, il y a trois ans de revendiquer
l'Antony fatal de la Princesse de Bagdad.
Quel nom viens-je de prononcer : An-
tony ? Mais M. Coquelin jouera Antony
quand il le voudra, comme il jouerait, si
la Comédie-Française n'avait encore là-
dessus des préjugés, le Buridan de la
Tour de Nesle.
C'est fini de rire avec Coquelin. Il est
passé sérieux. Quand il daigne encore
jouer Figaro, la salle frissonne de terreur
à l'apostrophe fameuse : « Que j'en vou-
drais tenir un de ces puissants de qua-
tre jours ! » Du temps où la majesté du
lieu et les exigences du sérieux ne l'a-
vaient pas encore détourné de sa mis-
sion d'acteur comique, on écoutait cela
en riant; il avait l'air de dire : « Je leur
ferais une bonne farce». Il a l'air de
dire aujourd'hui : « Je lés couperais en
petits morceaux». C'est sérieux.
On applaudit tout de même : vous
aussi, ô Noblét, on serait capable de
vous applaudir encore si vous deveniez
sérieux, et c'est justement ce qui me
fait peur et pourquoi je vous adjure de
tenir ferme, le jour où vous ferez partie
de la maison de Molière, d'y rester
Noblet, .de nous y faire toujours rire,
rire, et encore rire.
###
. C'est que, voyez-vous, la rage du sé-
rieux est en ce temps-ci plus qu'une
maladie : c'est une épidémie. C'est dans
l'air. Ça vous prend sans qu'on s'y at-
tende. sans qu'on sache pourquoi. Quand
on reconstituera un jour l'état moral
présentement en exercice, on reconnaî-
tra qu'il résulte uniquement de ceci :
que chacun fait de préférence ce qu'il
n'a pas été créé pour faire, et quelque-
fois juste le contraire de ce que son
tempérament, sa nature et ses aptitu-
des étaient combinés pour accomplir.
Le malheur, c'est que tant le monde
vous y encourage et vous y approuve.
Après M. Coquelin (ou avant, si vous
voulez, ça m'est égal), il y a un autre
exemple illustre : Gambetta.
Ce fut un avocat admirablement doué:
il avait une voix d'airain, un geste d'Her-
cule et une assurance imperturbable.
Pour penser, comme il le disait lui-
même, il lui fallait parler. Mais la pa-
role facile c'est beaucoup. Quand la for-
tune permit à Gambetta de choisir ce
qu'il voulait être, il prit juste le rôle au-
quel ne l'avaient préparé ni son tempé-
rament, ni ses goûts, ni ses études, au-
quel son intarissable facilité de parole
ne pouvait être d'aucune utilité : celui
de généralissime, commandant en chef.
Il n'y aurait pas à chercher longtemps
pour trouver d'autres exemples : il suf-
firait de relever, le crayon à la main, la
liste des députés, celle des fonctionnai-
res et même celle des sénateurs. Nous
avons eu l'année dernière un ministre
qui n'était connu que comme composi-
teur d'un opéra. On n'eut pas une seule
minute l'idée de l'envoyer au beaux-arts,
il siégea aux travaux publics.
Ce sont tous ces précédents, c'est cette
maladie du sérieux, du grave, à ou-
trance, toujours et quand même, qui
m'effraie pour vous, ô Noblet 1
L'influence du lieu y entre pour beau-
coup. Quand vous jouiez» à la Renais-
sance, Une Mission délicate, et tant que
vous jouerez au Gymnase le Bonheur
conjugal, j'étais et je serai bien tran-
quille. Ce sont des scènes de genre : le
public, en petit comité relatif, y vient
pour s'amuser. Quand il ne s'y amuse
pas, il n'y revient plus ; mais quand il
s'y amuse, c'est du déiire. Vous en sa-
vez quelque chose : une vraie fête. Vous
ne vous aviseriez pas de la gâter pour
l'ambition de prouver que vous pouvez,
comme un autre, être ennuyeux. Mais à
la Comédie-Française : c'est le Sénat des
théâtres, il a éteint le rire de Coquelin ;
prenez garde, Noblet, qu'il n'éteigne le
vôtre. Nous.ne nous en consolerions ja-
mais, car Geoffroy, Gil-Perès, Lesueur
sont morts, et après vous il n'y aurait
plus personne.
Vous y entrerez, pourtant, à ce théâ-
tre où Coquelin est devenu grave. Ce
jour-là, vous aurez un moyen d'y débu-
ter avec éclat, en affirmant que vous
entendez finir comme vous avez com-
mencé : en nous amusant. 11 existe à la
Comédie-Française une pièce de réper-
toire, toute montée, pour laquelle feu
M. Perrin a fait naguère des prodigali-
tés d'accessoires, de costumes et de dé-
cors : c'est le Joueur de Regnard. Lare-
prise du Joueur n'a eu qu'une seule (en-
tendez bien, une seule) représentation.
M. Delaunay représenta le joueur : M.
Coquelin le valet Hector. Ce fut une
merveilleuse soirée : et. cependant après
trois annonces d'affiches fallacieuses,
jamais la seconde représentation ne fut
donnée.
Demandez à reprendre ce rôle d'Hec-
tor que M. Coquelin, après une soirée
unique n'a pas trouvé assez sérieux
pour lui, et rendez-nous, rue de Riche-
lieu l'ancienne gaité de Got, du temps
qu'il ne jouait pas encore, devenu sé-
rieux lui aussi - le père des Rantzau
qui jette sa fille par terre avec un mou-
vement à la Frédérik Lemaitre et le père
de Denise qui foudroie les séducteurs.
Vous aurez échappé au plus grand
péril des acteurs Comiques contempo-
rains.
Adolphe Racot.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
^- Le Président de la République a
reçu hier le général Appert, ancien am-
bassadeur; de France à Saint-Péters-
bourg.
1 . ' ' Â
wvwwo Les fonctions d'inspecteur géné-
ral du service de santé de la marine sont
supprimées.
" M. Rochard ne sera pas remplacé.
L'amiral Aube constitue simplement à
Paris un Conseil Supérieur de Santé,
présidé par un directeur, M. Dugé de
Bernonville, et composé de MM. Treille,
médecin en chef, directeur de la rédac-
tion des Archives de médecine navale ;
Rochefort, médecin principal-, et Doué,
pharmacien en chef.
De plus, le ministre se réserve le
droit d'appeler à Paris, auprès de lui,
un directeur du service de santé à son
choix, comme chef du service métropo-
litain et colonial.
M. Ernest Roche, candidat aux-
élections parisiennes du 2 mai, et con-
damné par défaut à quinze mois de pri-
son, a été mis hier matin, par décision
du tribunal de Villefranche, en liberté
provisoire, sans caution.
M. Roche est immédiatement sorti de
prison, et il sera de retour à Paris dans
la matinée d'aujourd'hui.
vwwvw* MM. de Freycinet et Baïhaut ont
reçu hier, à deux heures, la visite de M.
Léon Say, président du conseil d'admi-
nistration de la Société de Decazeville.
Les ministres ne pouvaient avoir l'in-
tention d'ouvrir des* négociations avec
la compagnie au nom des ouvriers, ni
de lui 'donner des directions pour la
conduite de ses affaires industrielles ;
mais ils ont manifesté la crainte qu'il
n'existât quelque malentendu entre la
Compagnie et ses ouvriers au sujet du
tarif affiché le 26 février dernier, qui
paraît avoir été l'occasion de la grève.
Les représentants de la Compagnie
ont déclaré qu'ils n'avaient jamais connu
avec précision les causes de la grève.
Ils ne peuvent pas, étant donnés les
prix-courants du commerce des huilles,
relever le prix des salaires ; mais ils ne
tiennent pas à imposer une distribution
de ces salaires sous une forme plutôt
que sous une autre.
Si le tarif du 26 février était un obsta-
cle à la reprise si désirée du travail, les
administrateurs seraient tout prêts à
rouvrir les chantiers, en rétablissant les
tarifs appliqués dans les mines pendant
le mois de février, antérieurement à l'af-
fiche du 26 ; mais ils ont ajouté qu'ils ne I
seraient pas en mesure d'occUper autant
d'ouvriers qu'auparavant en raison de
la situation générale des affaires. Les
éliminations nécessaires seraient faites,
d'ailleurs, avec la plus grande impartia-
lité.
A TRAVERS PARIS
LA TEMPÉRATURE. - La situation ne se
modifie qu'avec une extrême lenteur. La zone
des basses pressions s'étend toujours du sud
de l'Espagne au nord des Iles-Britanniques, en
s'avançant sur nos régions. En France, le ré-
gime des vents de l'est va continuer, avec
temps beau et chaud : des orages sont toujours
probables.
La température se maintient élevée dans
l'ouest du continent. Le thermomètre indiquait,
hier matin : 8° au-dessous de zéro à Arkangel,
8* au-dessus à Vienne, 130 à Paris, 160 à Nice
et 183 à Trieste. A Paris, des nuages nom-
breux se sont montrés à partir de deux heures,
et l'imminence d'un orage paraissait certaine
quelques heures plus tard. Les nuages ne se
sont pas dissipés comme les jours précédents,
Mais il n'y a point eu de pluie, à peine quel-
ques gouttes d'eau vers neuf heures. Le ther-
momètre a atteint 25° ; le baromètre en baisse,
à
Aujourd'hui, à2h.20,courses àEnghien.
Spécial : Nord, ï h. 35; Ouest, 1 h. 05.
Pronostics de la journée :
Prix de Pierrette : Agen.
Prix de Seine-et-Oise : Patachon.
Prix des Environs : Ben Venue.
Prix de Montmagny : Bartolo.
Mgr di Rende semble tout à fait remis
de la douloureuse affection rhumatis-
male dont il avait souffert au cours de
ces dernières semaines.
Le nonce apostolique a fait lundi sa
première sortie, en compagnie de Mgr
Averardi et de son secrétaire, M. l'abbé
Vico.
Très brillante soirée de contrat chez
la comtesse Chaptal, pour le prochain
mariage de Mlle Jeanne Chaptal avec le
baron Joseph Dufour.
Rien d'original comme l'hôtel de la
comtesse, rue de Grenelle, un pavillon
Louis XVI au fond d'un jardin. Dès neuf
heures, les salons, splendidement ornés
de fleurs, étaient envahis par les nom-
breux amis des deux familles.
Le père du fiancé, le baron Dufour,
député du Lot, est un des représentants
les plus sympathiques et les plus dis-
tingués de la Chambre.
La bénédiction nuptiale sera donnée
jeudi, à midi, à Sainte-Clotilde.
On a célébré hier à la Madeleine le
mariage de Mlle Isabell Montt, fille du
ministre du Chili, et de M. Antonio E.
Varas, fils de l'ancien ministre d'Etat,
président du Conseil d'Etat du Chili.
M. d'Âlbareda, ambassadeur d'Espa-
gne en France, vient d'être élu sénateur
par Séville à l'unanimité des suffrages.
Les conservateurs sénatoriaux de la
ville d'Orense, ne voulant pas laisser
triompher les radicaux, ont donné leurs
suffrages à M. d'Albareda, qui a été
élu.
M. d'Albareda optera pour Séville, son
pays natal.
Une délégation du Conseil municipal
est partie hier soir par l'express de Cher-
bourg. Elle est composée de MM. Geor-
ges Berry, Strauss et Navarre.
Cette délégation doit acheter ou louer,
dans le département de la Manche,, un
terrain assez vaste pour établir un hô-
pital destiné aux pupilles de la Ville de
Paris.
Le général de Courcy vient d'être
cruellement frappé par la mort de sa
mère.
La comtesse de Courcy douairière, est
morte avant-hier, dans l'hôtel de la rue
d'Astorg, après une très courte maladie,
Le corps a été transporté hier en Bre-
tagne, à Korn-er-Rouet, dans la propriété
de la famille. Le cercueil était accompa-
gné par le général de Courcy et le comte
Aimery de Goyon, son beau-frère.
Mme la comtesse de Courcy partira
ce matin pour assister aux obsèques.
Il n'y aura pas de service religieux à
Paris.
La comtesse de Courcy douairière était
la mère de Mme de Nadaillac.
Mgr Viàrd, protonotaire apostolique,
chanoine évêque de Lorette; chanoine
d'honneur de l'église de Langres, che-
valier de la Légion d'honneur, est mort
hier à l'âge de soixante-treize ans.
Sa perte sera vivement regrettée dans
le haut clergé qùil occupait une place
considérable. .
Ses funérailles auront lieu vendredi
prochain dans la Haute-Marne, à Hortes,
son pays natal, où il a demandé à être
enterré.
Aujourd'hui, à deux heures, tous les
chevaux de maître, de fiacre et d'omni-
bus s'abattaient devant le poste de la
Bibliothèque nationale, rue Richelieu,
sur les parties de macadam arrosées
avec excès par un cantonnier trop zélé.
Un peuétourdi parles malédictions des
cochers et des voyageurs auxquelles se
joignaient les représentations de la foule,
le subalterne municipal répondait avec"
quelque raison : « Ce n'est pas ma
» faute ! Je fais ce qu'on me dit. Adres-
» sez-vous au chef. »
C'est ce que nous faisons.
L'honorable ministre des Etats-Unis,
M. Mac Lane, partira dans une quinzaine
de jours pour l'Amérique.
On dit que sa nomination de secré-
taire d'Etat aux finances est imminente.
C'est aujourd'hui que la Société de
Prévoyance et de Secours mutuels des
Alsaciens-Lorrains donne, au Trocadéro,
pour le troisième jour, des fêtes qui se
termineront jeudi prochain par un
grand bal et un concert avec le concours
de Mmes Krauss, Bilbaut-Vauchelet,
Reichemberg, Thénard, Amel, Thérésa,
Marie Tayau et six dames violonistes,et
de MM. Escalaïs, Martapoura, Talazac,
Nicot, Mounet-Sully, Falconnier, de Fé-
raudy, Matrat et Comte.
Tout fait présumer un grand succès et
la foule se portera certainement au Tro-
cadéro qui, depuis trois jours, du reste,
ne désemplit pas.
###
Rappelons que le 1er concert des fem-
mes du monde a lieu aujourd'hui, àdeux
heures et demie, salle Albert-le-Grand.
Une réunion extraordinaire aura lieu,
le 9 mai prochain, à trois heures de
l'après-midi, rue de la Victoire, dans le
grand local du Consistoire israélite, à
l'effet de nommer, en remplacement de
M. Jules Lion, décédé, un président
de la Société de la « Terre Promise ».
Cette Société, reconnue par l'Etat, a
pour but l'abolition de la fosse com-
mune.
Dimanche prochain, 2 mai, à deux
heures, aura lieu, dans la salle Erardp
rue du Mail, le concert musical au pro-
fit de l'OEuvre des pauvres italiens à
Paris qui avait été différé par l'impossi-
bilité où se trouvait Mme Rose Caron
d'y prendre part.
Cette matinée musicale sera donnée
avec le concours de Mme Conneau, la
grande cantatrice qui a bien voulu con-
sentir à remplacer Mme Caron, tou-
jours empêchée par ses devoirs d'ar-
tiste, et de MM. Edouard et Jean de
Reszké, Ch. Widor, Diemer, Marsick,
Braga et Hasselmans.
On trouvera des billets aux bureaux
de la salle Erard.
La maison George Goulet de Reims
vient de recevoir les titres de fournis-
seur breveté de Sa Majesté la Reine
d'Angleterre, Impératrice des Indes,et
de Son Altesse Royale le prince de
Galles.
Cette double faveur consacre la répu-
tation d'une de nos meilleures marques
de Champagne.
NOUVELLES A LA MAIN
Entre cabotines. '
.- Dis donc, Angéla, est-ce vrai que
Raoul est ton amant ?
-- « Mon amant » est beaucoup dire...
Enfin, il est au répertoire 1
Moeurs champêtres.
Un paysan semi-bourgeois a aperçu
depuis plusieurs matins des traces de
pas dans son jardin.
Sans rien dire à personne, il se poste
en embuscade armé d'un fusil, et ac-
compagné d'un valet fidèle, son frère de
lait.
Il voit en effet une silhouette de jeune
homme escalader le mur, s'aider aux
branches d'un arbre, et entrer par une
fenêtre.
- Chut! c'est la chambre de ma
femme !
- Faut-y aller? demande le valet se
préparant à ajuster.
- Pas la peine ! Il n'y a pas d'argent
dedans !
- Mais sa bague, peut-être?
- Bah ! Elle crierait !
Le Masque de fer.
FIGARO-SALON
L'ouverture annuelle de l'Exposition
des Beaux-Arts est une solennité à la-
quelle le public prend un vif intérêt, et
qui, par cela même, occupe une place
importante dans un journal comme le
Figaro.
L'an .dernier, pour accompagner le
compte-rendu si goûté, mais forcément
succinct, que notre collaborateur M.
Albert Wolff donne le jour du vernis-
sage, nous avons créé une publication
artistique nouvelle, dont le succès fut
très grand.
Le FIGARO-SALON, qui remplace le
Supplément illustré que nous avions
l'habitude de consacrer aux meilleures
oeuvres exposées, est édité pour nous
par MM. Boussod, Valadon et Cie, en
collaboration avec M. Ludovic Baschet.
Il se composera, cette année comme la
précédente, d'une série de fascicules.
Le premier sera mis en vente le 30
de ce mois et comprendra les repro-
ductions artistiques des tableaux en-
voyés à l'Exposition de peinture par
MM. Puvis de Chavannes, Gérôme, Bou-
guereau, Boulanger, Israëls, Jean Bé-
raud, Benjamin-Constant, Albert Mei-
gnan , Flameng, Vayson, Willems ,
Rosset-Granger, Comerre, Marius Roy,
Jean Aubert, Cormon, Moreau de
Tours, etc.
Le texte du FIGARO-SALON est dans son
entier écrit par M. Albert Wolff.
Chaque fascicule se vend deux francs
chez les éditeurs et à l'hôtel du Figaro.
Nous donnerons au fur et à mesure le
sommaire de chacune des cinq livrai-
sons qui paraîtront successivement et
dont la dernière sera mise en vente
avant la distribution des récompenses,
c'est-à-dire vers le 25 mai.
Le tout formera un riche album, rem-
fermant les oeuvres les plus marquantes
de nos peintres et de nos sculpteurs,
et que les visiteurs du Salon de 1886
pourront conserver comme un précieux
souvenir.
LA VIE PARISIENNE
FETE AU FIGARO
27 avril 1886.
Il y a dans Paris un théâtre qui, ce soir,
malgré la chaleur, a fait plus que le maximum,
- j'entends comme public, car les entrées
étaient gratuites
C'est lô théâtre du Figaro.
Le Figaro donnait, entre dix heures et mi-
nuit, à ses amis, une de ces fêtes dont le plus
grand charme réside dans l'absence complète
de préméditation.
Pas de programme longuement concerté,
pas de date précise. C'est le hasard des
attractions qui décide de la date et qui règle
le programme. Une attraction est signalée : le
Figaro la guette et s'en assure la primeur,
- non pour en jouir en égoïste, mais pour
l'offrir à son petit cercle de délicats. On lance
quelques centaines d'invitations sous le man-
teau, sans tambour ni trompette, car notre mai-
son est un peu comme celle de Socrate ; on fait
signe à Belloir qui, en quelques heures, trans-
forme en salle de concert ou de spectacle le
vaste hall de l'hôtel ; notre voisin d'en face, le
grand Dépôt des faïences artistiques, la décore
avec ses modèles les plus nouveaux et ses spé-
cimens les plus rares, ce qui lui fait une très
précieuse exposition ; Bernard envoie ses fleurs
les plus belles et ses verdures les plus meu-
blantes ; Chevet improvise, comme il sait faire,
un buffet somptueux, et... les artistes, entrés
inconnus ou peu connus dans ce logis hospita-
lier, en sortent célèbres et en possession de la
faveur parisienne.
La devise du Figaro pour ces fêtes intimes
est : Peu, mais bien !... Il n'y avait, ce soir,
que deux numéros au programme... Mais quels
numéros !
icr numéro. M. Buatier de Kolta, illusion-
niste.
C'est la qualité que se donne à lui-même
cet émule d'Herrmann et de Robert-Houdin. Il
ne se targue point de magie: son but est d'en
donner l'illusion, non par des prodiges de dex-
térité, mais par des moyens scientifiques.
De son propre aveu, toutes ses expériences
sont truquées, mais il défie les plus clairvoyants
d'en pénétrer le mystère et d'en suprendre le
mécanisme. Plusieurs ont relevé le défi, mais
jusqu'à présent, ils en ont été pour leur courte
honte.
Je n'entrerai pas dans le détail des expé-
riences diverses dont M. Buatier de Kolta nous
a donné le stupéfiant spectacle : la main auto-
matique dessinant sur un chevalet le portrait
d'un personnage connu - Victor Hugo; - une
autre main désignant, par de petits coups secs
frappés sur une plaque de verre, le chiffre
pensé par un spectateur quelconque ; - la
multiplication des roses , un chef-d' oeuvre de
grâce printanière; la subtilisation d'une cage
de fer où voltige un oiseau des îles et la
restitution immédiate de la même cage avec
le même oiseau vivant , « ce sont là des
phénomènes d'illusion que M. Buatier de
Kolta présente négligemment, comme des
hors d'oeuvre, histoire d'amuser le tapis.
Mais ce qui dépasse toute croyance, ce qui
confond, déroute, renverse, hébête et rend
stupide, c'est l'escamotage d'un être hu-
main, de chair et d'os, en pleine lumière, à
la barbe du public, pour ainsi dire.
Voici comment procède l'escamoteur qui, au
moyen-âge, eût- infailliblement fini comme
Urbain Grandier.
Il étale sur le plancher de la scène un jour-
nal de grand format, le Times. Sur ce journal
il pose une chaise quelconque ; sur cette chaise
il asseoit une jeune femme, la sienne ; il re-
couvre le sujet d'une soie légère, presque
transparente, dont il le drape étroitement, le
moulant de la tête aux pieds. L'opération dure
à peine quelques secondes ; après quoi l'opéra-
teur, au milieu d'un silence morne, sous le
feu de tous les regards anxieusement braqués
sur l'étroit espace où il manoeuvré, prend l'é-
toffe entre ses deux index et ses deux pouces,
souffle dessus avec force, l'enlève violemment
et... ni vu ni connu. Plus de femme !... Le
journal n'a pas bougé d'Une ligne, et sur ses
quatre pieds, dont les empreintes sont immua-
bles, la chaise seule apparaît, vide de son élé-
gant fardeau !
Si ce n'est pas de la magie, je me demande
cc qM ça peut bien être. Oa se l'est demandé
beaucoup, mais les plus sceptiques ont fini pat
donner leur langue aux chiens.
Je recommande ce truc aux fabricants de
féerie, en quête d'illusions inédites. Scénique-
ment présenté, il aurait une vogue plus durable
encore que la fameuse Mouche d'or. Car à
la séduction de la grâce, il joindrait la séduc-
tion plus piquante du mystère. Et ce n'est pas
le seul clou que ce prodigieux illusionniste a
dans son sac et qui ferait courir tout Paris
dans un théâtre comme le Chatelet ou la Gaîté.
Ouvrez l'oeil, Floury, et vous aussi Debruyère !
2° numéro.- La chapelle russe de M. Dmitri-
Slaviansky d'Agreneff.
Je vous parlais de féerie tout à l'heure. La
vraie féerie, la voilà. Féerie pour les yeux
et, à la fois pour les oreilles, un double
régal pour l'ouïe et pour la vue. En en-
gageant cette troupe incomparable, M. De-
bruyère a fait un coup de maître, et il assure
au Grand Mogol, où elle doit débuter ven-
dredi prochain, un nouveau bail de cent re-
présentations.
Cette troupe .- sorte de Conservatoire am-
bulant ou Chapelle - se compose de cinquante
chanteurs, qui forment un choeur mixte ainsi
distribué : 20 voix d'hommes, ténors et basses;
16 voix d'enfants et 14 voix de femmes, con-
traltos et soprani.
Ils exécutent leur répertoire, tantôt sans
accompagnement, tantôt avec accompagnement,
de l'orgue Alexandre, choisi pour la similitude de
ses sons avec ceux de la cornemuse - Rogeok
russe - le seul instrument qui s'adaptât jadis
au chant national. Car ce sont uniquement les
poésies et les mélodies nationales que ces vir-
tuoses ambulants promènent à travers le
monde. Les titres seuls de quelques-uns de ces
morceaux ont une savoureuse odeur dé terroir :
Poème épique à la gloire de Dobrynia Nikitich,
le héros du onzième siècle... Cherche\ mon
anneau que je cachet... A toi mon coeur,
jeune homme aux yeux noirs... Le sommeil
m'accable... Les bateliers du Volga... Le
saule pleureur... Il passe un jeune homme
le long du village... etc., etc. Tout cela
est d'une originalité telle qu'on se sent
comme transporté dans un monde de visions.
La mélopée passe tantôt de la tristesse déchi-
rante à la gaîté folle, oe qui est le caractère
propre du Grand Russien ; tantôt elle revêt la
grâce et la fraîcheur de la jeune Petite-Russie;
tantôt on y perçoit le cri de détresse du Tchèque
et tantôt l'imprécation haineuse du Serbe... Le
tout avec un tel fini d'exécution qu'on est litté-
ralement ravi en extase. Les pianissimi sur-
tout sont d'une langueur exquise que ne peut
rendre la parole humaine. C'est la perfection
même du chant choral.
C'est M. Slavianski d'Agreneff qui dirige
cette troupe unique, admirablement secondé
par sa femme, qui a recueilli et noté tous les
airs dont se compose leur répertoire si varié.
C'est un artiste accompli de la vieille école ita-
lienne qui séduit autant par l'impeccabilité de sa
méthode que par la noblesse de son maintien
et la majesté répandue sur toute sa personne.
Il incarne en lui le vrai type du boyard, qui
tend â disparaître chaque jour.
L'effet de ce choeur, dont rien ne peut don-
ner une idée, est centuplé par la magnificence
des costumes dont sont revêtus les choristes.
Ils sont la reproduction exacte des costumes
russes des XVI® et XVIIe siècles, copiés sur
les albums du musée du Kremlin de Mos-
cou. Un véritable émerveillement de splen-
dides étoffes, de broderies étincelantes, de dia-
mants, de perles et de pierres précieuses !
Toute une civilisation disparue revit dans
cette troupe sans rivale qui emporte avec
elle, à travers l'Europe, comme un parfum des
splendeurs anciennes de l'Orient. Tout Paris
ira, pendant de longs mois, applaudir à cette
magique résurrection qu'une élite a saluée ce
soir de ses bravos enthousiastes.
Parisis.
INCIDENT ROCHEFORT-DREYFUS
Après un article dans lequel le rédac-
teur en chef de la Nation reprochait à
M. Rochefort de faire, en matière élec-
torale, de la politique trop savante, le
rédacteur en chef de l'Intransigeant
crut devoir envoyer des témoins à M.
Camille Dreyfus.
. Au nom de M. Rochefort, MM. Ayraud-
Degeorges et Vaughan prièrent M. Drey-
fus de les mettre en rapport avec deux
de ses amis.
Les témoins de M. Dreyfus refusèrent
à M. Rochefort la qualité' d'offensé.
Celui-ci offrit de s'en rapporter à un
arbitrage de cinq membres du Parle-
ment.
M. Dreyfus consentit, mais M. Roche-
fort ayant voulu que, pour bien établir
l'impartialité du jugement, il y eût parmi
les arbitres un membre de la droite, le
rédacteur en chef de la Nation préféra
reconnaître à M. Rochefort la qualité
d'offensé.
M. Rochefort choisit alors le pistolet
de combat à des conditions qui furent
jugées inacceptables par les témoins de
M. G. Dreyfus.
Voici les deux lettres qui ont été
échangées entre les témoins et leurs
clients à la suite de ces incidents et de
ces refus :
A Monsieur Henri Rochefort
Mon cher ami,
Vous considérant comme gravement ou-
tragé par un article publié dans le journal
la Nation du 26 avril, vous nous avez priés
de demander en votre nom à M. Camille
Dreyfus, auteur de cet article, une répara-
tion par les armes.
M. Dreyfus nous a mis en rapport avec
deux de ses amis, MM. Lyon-Alemand et
Louis Launay, qui vous ont tout d'abord
contesté la qualité d'offensé, et, après de
longues discussions, ont fini par nous propo-
ser de soumettre a un arbitrage cette ques-
tion préjudicielle. '
Bien que votre situation vis-à-vis de M.
Dreyfus nous parût des plus nettes, nous
avons cependant cru devoir accepter la dé-
cision d'une tierce personne; mais, nous
avons demandé que l'arbitre fût choisi
en dehors des partis intéressés dans la po-
lémique qui a été le point de départ de cette
affaire.
Après avoir consulté leur client, MM.
Lyon-Alemand et Louis Launay ont sponta-
nément renoncé à l'arbitrage et, reconnais-
sant votre droit à une réparation, nous ont
laissé le choix des armes.
Vous nous aviez, cher ami, exprimé le
désir que la rencontre fût extrêmement sé-
rieuse; vous ne pouviez admettre, nous
aviez-vous dit, que le combat finit sans que
.l'un des deux adversaires fût hors d'état de
se défendre ; et nous étions tombés d'accord
avec vous sur ce point.
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