Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1876-01-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 12 janvier 1876 12 janvier 1876
Description : 1876/01/12 (Numéro 12). 1876/01/12 (Numéro 12).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2758278
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
23e Amuse. 3* Série Numéro ig
.?,-•• ̃̃-̃: |
V> Un numéro i^ceftl. à Paris. 20 cent, dans lés Départements.
1 .1
Mercredi 42 Janvier 1876
in,, n
H. 0£ ïlLtfft^8*Kr.;« F. MAGNARÎ)
| 9{êààiïtèùïs'en chef
,t.r:
-A'/PÊRIVlEfl
Secrétaire de la <%é
> ~T~ >
( ̃ -REDACTION
J -De midi à minuit, rue Drouot, Mf<^l. /X
.,L -> '̃
tes 'mawtscrks'tie sont vas rendue \/Y
< t: t~ ~)
BUREAUX \zr li > l
26, rue Orouot, 2të \"£- v
H. DE VILLEMESSANT
̃̃, ̃̃ (Administrateur
FERNAND DE ROOAYS
'̃»̃; Gérant • •
;.•' ABONNEMENTS
̃> Dépsrtsmeats Troiî moi».miitTUiu 18 fr.
̃; » PÏris Trot» mftiniiiii iimhiiii ih.i 15 fil
̃ ANNONCES ET RECLAMES
DSllingen fils, Segby ET c- PASSAGE des Princes
et a l'Administration
i. ·
`.r.
SOLAIRE
~i\ CoRKESrO.NDOJCT SECnÈTE DE IiOCIS-PHIIIPPE
t Fernand de Rodaxjs.
La CRISE ministérielle.
Échos de PARIS Le Masque de fer.
*1es Fauves du FIGARO -Albert Wolff. '̃
*̃ Cotjrrier DE Nouméa Baron Kanack.
.TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES AllQ. MaVCadS.
A.ccideiit du chemin de fer, à Bruxelles.
^Paris AU Jocjr LE Jocr F. M. "•
Boîte AUX LETTRES.
̃Nouvelles-oiverses Jean de Paris: La neige.
victime d'Auteuil.
LA Bourse.. ̃̃̃•.
LA Soœâa Théatbale On Monsieur de l'orchestr*.
Courrier des Théâtres: Charles Darcours.
# Feuilleton R. L. Une Idée fixe.
là PPPOBÀMI SECRÈTE
DE DE
LOUIS- PHILIPPE
-i,i -̃̃ •̃
Une intrigue politique en 1841
Depuis quelques jours on fait un cer-
tain bruit autour de prétendues lettres,
Urées soi-disant de la correspondance
secrète du roi Louis-Philippe, et publiées
par la France en 1841. Il nous a paru cu-
rieux d-èxhumer le procès que cette pu-
blication attira à la France. On verra car
̃̃̃le«-'extrâîta-'I'teîï^ftge«8niB^^irH^(a?1
que nous donnons plus loin, si l'on peut
appeler authentiques lespièces que l'op-
Josition d'alors se faisait envoyer de.
.Londres par une intrigante surnommée
la Contemporaine, qui s'appelait en réa-
'lité Mmë Ida Saint-Elme
Le 11 janvier 1841, la Gazette de France
•publia trois' lettres du roi Louis-Phi-
"lippe, écrites sous le premier empire.Cës
"lettres dans lesquelles Louis-Philippe
jugeait fort sévèrement le régime impé-
rial, produisirent une grande émotion.
Maïs la Gazette ne fut pas poursuivie.
Quelques jours après, le 24 janvier, la
«Franoe-'d-onnïa trois nouvelles lettres da-
'tëês, celles-là, de 1830i 1833. Dans l'une,
le, nouveau roi des Français semblait.
promettre Alger à l'Angleterre dans
r,autre,.il abandonnait la Pologne; dans
la- troisième, il indiquait les fortifiça-
tions de Paris et l'achat des écrivains de
l'opposition, comme le seul moyen d'as-
surer l'avenir de sa dynastie.
Cette fois ce fut un scandale général
:M. de Montour, gérant de la France, et
:M. LubiSj rédacteur en chef de jour-
aal^ furent arrêtés et mis à la Çonciër-
nal.tfurentarrêtés et. mis à conci6r-
sene. Puis^on fit des perquisitions chez
le vicomte de Baulny, le marquis de La
Rochejacqûelein, M. de Genoude, Mme
la Jjaroane Gaiilier de la Genaudière, etc.
Mais les perquisitions restèrent sans ré-
sjùltat.
â;^[M. de Montour et Lubis étaient ac-
MÈës du crime de faux. Le 7 mars 1841,
après être restés un mois en'prison, ils
furent l'objet d'une ordonnance' de non
lieu de la part de la chambre des mises
en accusation qui trouva que la matière
du faux, le corps du délit manquait. En
effet, MM. de Montour et Lubis avaient
refusé de produire les originaux des
lettres publiées par la France. Ils furent
mis en liberté, mais M. de Montour fut
renvoyé devant la Cour d'assises sous
l'accusation d'offense envers la personne
du roi.
II comparut devant le jury le 24 avril
t841. L'audience était présidée par M. le
conseiller Poultier. M. l'avocat-général
Partarrieu-Lafosse occupait le siége du
ministère public, Me Berryer, avait ac-
cepte la défense du gérant de la France.
Ce dernier déclara se nommer Hugues-
Staqislas-Ernest Lebeâu do Montour, et
accepter la responsabilité dés articles
et lettres publiés par son journal.
Lecture fut faite des, trois fameuses
lettres. J'en retrouve le texte dans la
Gazcttedes Tribunaux .du 25 avril 1841^
L'ÉVACUATION, D'ALGER
En thèse générale, ma résolution la plus
s.incëre et la plus ferme est do maintenir in-
violables tous les traité3 qui-ont été conclus
depuis quinze ans entre les puissances de
l'Euçope et là France. Quant à ce qui con-
cerne l'occupation d'Alger, j'ai des motifs
plus particuliera et plus puissants encore
pour remplir fidèlement les engagements que
ma famille à pris avec la Grande-Bretagne.
Ces motifs sont le, vif désir que féjTr.ouve l
d'être agréable' à Sa Majesté britannique, et
ma conviction profonde qu'une alliance in-
time.ëntreUéjS deux pays est. nécessaire, non-
seulement à leurs intérêts réciproques, mais
encore à J'interêt de la liberté et de la civi- j i
llsation de l'Europe. Vous pouvez donc, mon-
sieur Vambassadeur, affirmer à votre gou- `
vernement que. le mien se conformera ponc- i
tuelloment à tous, les engagements pris par
Sa Majesté Charles X, relativement à l'affaire
d'Alger. (
Mais je vous prie d'appeler l'attention du E
Cabinet britannique sur l'état actuel des es- i
prits en France, de lui faire observer que l'é-
vacuatiôn d'Alger serait le signal des plus E
violentes, récriminations contre mon gouver- (
nement, quelle pourrait amener des résultats 1
désastreux et qu'il importe à la paix de l'Eu- l
ropè de né point dépôpulariser un pouvoir
naissant et ,qui travaille à /se constituer. Il
faut donc que, rassurée sur nos intentions et I
convaincue de notre ferme volonté de remplir r
envers elle la promesse de la.Restauration, sa
Majesté /Britannique nous laisse le choix du^ r
temps et des moyens, r •" J
:>̃•' I^ABÀNbô'j^; DE LA: POLISSE "̃•
• • • .•••. C- '̃̃̃. E
,11 parait que vous n'avez pas encore -réussi
à faire comprendre à Vienne ni à âaint-Pé- e
tersbourg que, sans la non-intervention' l'Eu- €
rope était ebranlée,- que l'Autriche eût perdu i
l'Italie, comme on a enlevé la Belgique à la c:
Hollande ? A-t-on pu ou dû oublier que, lors c
du gouvernement Czartorisky, la Pologne en
masse, sous l'influence révolutionnaire, eût e
été debout, et que, sans notre sage et salu- e
taire influence, elle se fût unie à la France ï
pour repousser, pour écraser, -qu'on n'en
doute pas, la Russie, malgré ses forces colôs- c
-gales, parce qu'il est immo'rtellement vrai que
lorsqu un peuple .vraiment peuple est debout
pour sa liberté, il n'y a aucun pouvoir absolu
qui suffise pour le dompter. J'avais mieux es- t,
péré des éclaircissements que vous avez dû t
donner sur l'immensité du service que nous S
avona rendu à la Russie,, à l'Autriche et à la d
·
Prusse, service qui ressort du fait, puisque 14'
Pologae a succombjL$t non pas sans quelque
péril pour nous; qffon y songe un peu plus,
pour ne pas nous mettre dans la nécessité
d'en faire souvenir sans cesse..
N'avez-vous pas les deux lettre de Lafayette,
contenant les reproches à notre ministère
d'avoir paralysé par ses conseils ee promesses
les moyens de défense de la Pologne? En faut-
il plus pour les cabinets de Vienne et'Saint-
Pétersbourg, et peut-on ignorer tout le Ran-
ger qui existait pour la Russie dans les plans
et le système de défense adoptés par les Polo-
nais sous le prince Adam, et voudrait-on ou-
blier ce qu'on nous doit à nous comme unique
et puissant moteur des mesures qui ont para-
lysé ces résolutions, neutralisé le système et
réalisé les paroles prophétiques de Sébas-
tiani.
Mais brisons là-dessus la Pologne n'est
plus, et c'est nous, bien plus que le vainqueur
de Varsovie, que le cabinet de Saint-Péters-
bourg doit remercier d'avoir écrasé ce foyer'
d'incessante rébellion. Faites qu'on s'en sou-
vienne un peu plus à Vienne et surtout à
Saint-Pétersbourg.
i-. LES FOÇTIFJCATIONS ET LA PRESSE.
• "̃ '"̃ • ̃
Il y a "d'épouvantables conséquences à re-
douter dans les crises politiques, lorsqu'une
volonté sage et prévoyante se trouve en iné-
vitable contact avec l'obstination d'un zèle
qui peut, dans ces cas, se réputer hardiment
mauvais vouloir. Si, au lieu d'en finir bruta-
lement avec les artilleurs civiques, l'on eût <,
suivi mon seul avis, qu'on eût flatté, cajolé
ces hommes, qu'on leur eût fait entrevoir
ime^ st l'on pensait a construire des forts,
Wrait pour leur en confier la garde; si on
leur eût persuadé. qu'en cas d'une invasion
Paris ne pourrait devoir son salut qu'à de
pareils défenseurs si enfin au lieu d'une
destitution brusquej on' eût pris ces citoyens
par la vanité, Arago et les siens n'eussent
pas été admis à prouver que les forts, bien
loin d'être destinés à repousser une invasion
étrangère, deviendraient, le cas échéant, une
ressource victorieuse pour maintenir dans
le devoir, et la soumission la très turbulente
population de Paris et ses aimables fau-
bourgs.
C'était du temps qu'il fallait gagner, et au
lieu d'irritsr les esprits il fallait endormir le
civisme en émoi pour le préparer au salutaire
moment où une ordonnance nous eût fait jus-
tice de tout récalcitrant. Du reste, rien ne me
fera renoncer à un projet si sagement Conçu,
et à l'exécution duquel, dans lfetat' de choses
où se trouve la France j'attache; en quelque
sorte, non certes la durée de la monarchie
constitutionnelle, mais la perpétuité de ma
dynastie, ce qui sonne mieux et vaut mieux
pour la France. Qu'on se persuade bien que
moi seul je pouvais affronter, diriger et vain-
cre l'hydre révolutionnaire. Qu'on nous en
sache. donc .un peu plus de gré. On ne tient
aucun compte de nos efforts inouïs, on .ne'
gait pas à quel peuple nous avons à faire et
que depuis quarante ans on peut regarder Pa-
ris comme étant la France.
Qu'on s'assure.donc que je ne renonce pas
à mon projet ni à celui de maîtriser la presse,
notre plus dangereuse ennemie. On a gagné
une grande partie des écrivains; les autres
suivront, et le calme suecédèr'a aux excita-
tiens malignes et journalières de ces plumes
guerroyantes. Qu'on pense à ce que Juillet
eût pu attirer sur l'Europe en 1830. Que l'on
voie ce que notre seule et forte volonté a fait
de cette effrayante ébùllition populaire. Que
l'on juge par là' de ce que fious ferons, et
surtout qu'aucune des puissances n'oublié
que nous seul nous pouvions le faire, sauver
la France et l'Europe, et que nous l'avons fait.
Que ni Vienne, ni Saint-Pétersbourg,ni Ber- j
lin ne l'oublient.
Après cette lecture, qui provoqua de
violents murmures dans l'auditoire, l'in-
terrogatoire de M. de Monteur com-
mença v '•'̃̃̃ V
M. le président. Avez-voùs entre vos
mains des pièces que .vous ayez l'intenfion de
faire connaître dans le cours de ce débat?
(Mouvement général d'attention.)
M. de Montour. Nous le dirons flans la
défense.
D. Vous avez dit formellement dans votre
premier interrogatoire que vous aviez entre
les mains les originaux des lettres que vous
avez publiées, et que vous les produiriez de-
vant le jury. Notre devoir est de vous, inter-
peller sur ce point si vous avez quelque pro-
duction à faire, voici le moment. Il faut,avant
que le ministère public prenne la parole, qu'il
sache sur quel terrain le débat doit s'enga-
ger. Qu'avez-vous à répondre ?
R. Je m'en rapporte au débat; le jury ap-
préciera. ur,
D. Votre réponse ne. saurait suffire; c'est
là- un point essentiel. En matière de presse le
délit est dans l'écrit publié mais, par suite
de la singularité de cette affaire, il a été ques-
tion de pièces qui ne sont pas encore deve-
nues pièces du procès nous voulons parler
de pièces que vous avez dites originales et
ïui ont servi de base à l'accusation. Mainte-
nant, nous avons à vous demander si vous
avez à invoquer autre chose que le journal
publié ou d'autres documents dont il serai t
essentiel de donner connaissanco avant l'ou-
rerture de la discussion.
R. Mon défenseur répondra au ministère
public et justifiera la publication.
D. Ainsi, sur la demande catégorique que
é vous adresse/tendant à savoir si vous avez
i produire quelques originaux ou quelques
pièces que ce soit qui puissent servir de base .1
t la discussion, vous répondez que vous n'a- 1
irez rien à produire ?
R. Mon défenseur n'a rien à produire avant
lue son tour de parole soit arrivé.
M. l'avocat général Partarrieu-Lafosse.
3st-ce que votre défenseur croirait avoir quel-
lue production à faire dans sa plaidoirie?
M0 Berryer. Le journal la France est ira-
luit devant le jury comme s'étant rendu cou-
jable d'offenses en publiant des lettres. Nous i
étendrons le développement de l'accusation
)our mesurer le système de défense aux
noyens de l'accusation. (
M. l'avocat-général. Ainsi vous n'avez I
>ien à produire quant à présent ? ?'
M" Berryer. Rien, quant à présent. Nous 1
Lttendrons le .dé.veloppement du système de
'accusation. ̃ •
M: l'avocat général. Nous prenons acte'
le l'interpellation positive de M. le président |
ît de la nôtre. La réponse du prévenu, nous s
'acceptons, il le faut bien mais nous -avons le
Iroitde nous en étonner. Si en effet il y avait c
iu une production quelconque, à faire à un {
noment quelconque, c'était évidemment dès
'ouverture de ces débats, à l'ouverture même
le cette audience.- (
M0 Benryer. Je réponds encore qu'il nous î
.st impossible de nous expliquer avant d'avoir `
ntendu M. l'avocat général je l'ai déjà dit, £
lotre réponse sera mesurée,sur le système dé r
'accusation.
M. 'l'avocat général. Notre système est `
onnu, il est fixé par l'ordonnance de renvoi, J
l sagit d'une prévention d'offense. ]
Après ce court interrogatoire qui mon- 1
re bien que la ~Mcc était dans l'impos- 1
ibilité "dé produire les originaux des r
i'ocuments qu'elle avait publies, M. l'a-J i
•y .̃ ^̃• ̃ '•
vocat général Partarrîétt-ijafbssô prit la ? 1
parole pour soutenir l'accusation.
Il expliqua très clairement que le. jour-
nal incriminé avait voulu représenter le
roi comme « un tyran ne marchant que
par. les voies de la dissimulation »., C'é-
tait une injure et partant une offense.
L'accusation était donc bien justifiée. Et
sur quoi l'injure envers le roi se basait-
elle ? Sur des documents envoyés de Lon-
dres par une intrigante On avait de-
mandé à la France de produire ces docu-
ments, de prouver sa bonne foi. Elle aie
s'y refusait pas; mais elle était dans l'im1*
possibilité de rien montrer, parce qu'eUe
n'avait rien, rien 1 'i
La conclusion de M. Partarrieu-La-
fosse ne manquait pas d'éloquence
Ainsi, dit'ilj le gérant répond: « Je produi-
rai devant le jury les pièces originales, » Aa-
jourd'hui nous nous trouvons devant cette ;̃
juridiction éminemment nationale. Si ces let-
tres existent, si elles sont entre les mains
d'une femme quelconque, on n'aura pas peur
du jury. Et cependant vous avez assisté à cette
grande déception. On vous a promis les lettres
originales, on ne vous les présente pas, c'est
vous que l'on a trompés.'A l'aide de quels
moyens a^t-on donc espéré suppléer à cette
indispensable production? C'est derrière une
femme que nous ne savons comment qualifier
que ta France va se réfugier Vous n'avez
d'autres garants 'qu'une prostituée émérite
que la honte a-exilee de son pays, et qui de-
puis longtemps a vendu tout ce quûrië femme
peut vendre. C'est devant cette autorité que
Yoiig.yftu.lez.qua,.4e4ui;y s'incline,, c'est, une «.,
honte que. ceîa. ce n'est pas une défense* i
c'est une. dérision jetée au jury. Et vous par
lez de votre bonne foi l
M» Berryer prit la parole au milieu
d'un silence profond.
Il plaida avec une verve incomparable
que le procès fait à la France était un
procès de tendance. La France était un
journal d'opposition. Etait-ce une injure
envers le roi que de discuter ses actes
et son passé dans un journal d'opposi-
tion ?
Me Berryer chercha surtout à prouver
la bonne foi des rédacteurs de la France
et glissa très habilement sur l'authenti-
cité des lettres reproduites:
Mais, dît-il, le ministèrer public nous d«*
mande d'où tenez-vous ces lettres? Elles vous
viennent dé la main d'une femme dont la vië
s'est passée dans la honte et l'opprobre. Mais
aubliez-vbus donc qu'il y a une autre per-
sonne que l'auteur, quel qu'il soit, de cette
publication, qui les a vues ces lettres ? J'ai là
une déposition qui mérite assurément toute
confiance, car à quelque parti qu'on appar-
tienne, lé témoin ont je parle porte un nom
qui, assurément et à bon droit, peut se dire
en France honoré de ses amis et de ses enne-
mis C'est celui d'un homme qui, aux yeux
mêmes de ceux qui l'ont combattu est un
homme de coeur et d'honneur, qui appartient
à une famillle dont le sang est nobletfient
français; Or, voici c* q«e-déclaré Mv-4e mar-
quis de Larochejaequelein. Il s'exprime en ces
tarmes -='̃
« Je me nomme Henri-Auguste, marquis de
» Larochejaoquelein, propriétaire, demeurant-
» ordinairement à Orléans, aujourd'hui à Pa-
» ris, rue Thérèse. -Je fais serment, de ne rien
» dire que là vérité mais je.ne puis faire ce-
lui de dire tout ce que je" sais, forcé que je
» suis à une réserve dont je ne'dois pas m'e-
» carter. » '̃
Puis il prête serment. •
M. l'avocat-général. C'est un serment in* ̃
complet; cela ressort des réserves mêmes de
M: de Larochejacquelein.
Me Berryer. Je ne vous l'ai pas dissi-
mulé, je pense. ne m'interrompez donc pas.
̃ M l'avocat-général. Ce n'est pas là un
serment légal.
Me Berryer. «– C'est le serment de ne dire
que la vérité. Au surplus, soyez tranquillp,
nous en dirons davantage. >
Lejugeinterroge. <
« D. Avez-vous eu en votre possession des
s lettres ou des extraits de lettres publiées
j> par le journal la France? .1
» R. Je suis obligé 'de dire que j'ai porto
» ces lettres originales à la Gazette. J'ai eu
jk momentanément en ma possession, et comme
simple objet de curiosité, les lettres dont les
» fragments ont été publiés par la Gazette.
Ces lettres ont passé entre mes mains
comme entre 'celles de beaucoup d'autres.
» Je ne connaissais pas l'écriture de Louis-
» Philippe j'ai montré ces lettres à des per-
» sonnes qui lui* 'sont dévouées et qui con-
» naissent parfaitement son écriture ces.
» personnes m'affirmèrent l'authenticité' in-
»contestable des documents que je leur,don-.
nais en communication. Je dois même dire
» qu'un personnage qui de tout temps a donné
» et donne encore à Louis-Philippe des
preuves d'un dévouement sans bornes, fon-
» dit en larmes à lçur 'lecture et me confirma
» ainsi dans cette pensée qu'on ne' pouvait
» élever le moindre doute sur l'authenticité
» des lettres- Je rendis ensuite ces lettres, qui
furent publiées par la Gazette. Je dois ajou-
» ter qu'elles ne contenaient ni surcharges ni
interpolations de la nature de celles" dont
» parlent les journaux du gouvernement.
» Pendant le temps que j'eus en ma posses-
» sion ces lettres incontestables', je lesexaminai
»attentivement. Je vis et j'examinai avec la
» même attention les lettres sur les forts dé-
s tachés, publiées plus tard par la France.'
» Elles me parurent parfaitement semblables
» à toutes les autres. Je. n'ai pas vu les deux
» autrea; mais comme je ne me suis jamais.
s occupé ^d'écritures, je me procurai de l'écri-
s ture de Louis-Philippe et je la donnai à
s quelqu'un qui voulut la comparer avec la
9 lettre en question. Cette personne reconnut,
» entre la lettre sur les forts détaché^ et la
» pièce de comparaison, une identité par-
» faite, b
Ainsi, vous le voyez, messioursj.es jurés,
ce n'est pas sur la foi d'une femme perdue de
mœurs, que la France a cru à ki sincérité de,
ces lettres. C'est sur celle d'un Fr'ànçais^d'un
homme d'honneur.
C'est sur la foi aussi d'un homme attaché,
dévoué au gouvernement actuel qui, en
voyant ces lettres et en en reconnaissant l'au-
thenticité, n'a pu, dana son, dévouement,
s'empêcher de verser des larmeS>. s~.A'
Ainst donc, voici déjà trois choses et trois
choses immenses. La publication faite en An-
gleterre et non attaquée par le gouverne:
ment; la publication faite en France et non
attaquée par le ministère public la" parole
d'honneur de M. Henry de Làrochojacquélein
qui, a vu les lettres, qui les a communiquées
à des hommes attachés au gouvernementlqui.
après examen attentif, ont 'parfaitement re-
connu l'écriture de Louis- Philippe.
Maintenant-que soin devenues ces lettres?
Je vais vous le dire,- et vous te dire sérieuse-
ment une instruction 'en faux a eu lieu à
Paris, vous savez comment elle,s'est tormi-
née; mais cette instruction interrompue à
Paris, peut être continuée ,à Londres. La
personne qui y a fait ces publications dont
je vous ai parlé peut être poursuivie. Si.elle
n'a pas là de preuves à rapporter, si elle ne
peut produire les lettres originales, tranchons
rr
?,- -î« nr t, eHô sera.^«nd«e^ fe loi anglaise pro-
nonce fa peine de mort pour le crime de faux.
Vous concevez que, dans cette circonstance,
la personne en question ne veut pour rien au
monde remettre ces trois lettres.
Après une réplique de M. Partarrieu-
Lafosse et une autre réplique de M" Ber*
ryer, les douze bourgeois qui compo-
saient le jury, ravis de faire une niche
au roi, acquittèrent M. de Montour, gé-
rant de la France.
Aussitôt des applaudissements éelatè-
rent do toutes parts. Depuis, la salle de
la cour d'assises en a vu bien d'autres.
On y a applaudi l'acquittement de tous
ceux qui ont injurié le gouvernement
de 1848, celui de Napoléon III, celui de
M". Tniers, et celui du maréchal de Mac-
Mahon.
Le procès de la France eut un épil ogue.
La Gazette de France en rendit compte de'
façon à faire croire que Mo Berryer avait
plaidé l'authenticité absolue des lettres,
ce qui n'était pas vrai, comme on l'a
vu. Le 21 mai 1841, elle fùt condamnée à
5,000. fr. d'amende et à l'affichage de
7'arrêt, à ses frais, au nombre de 3,000
exemplaires.
Fernand de Rodàys.
•/ '̃" » -i
LA CRISE MINISTÉRIELLE
tc-'
5 Les bruits les plus contradictoires ont
éontinué à circuler toute la journée et les
radicaux n'ont point dissimulé l'extrême
satisfaction que leur aurait causée la con-
tinuation de la crise.
II serait sans intérêt d!ailleurs de dé-
noncer tous ces commérages sans portée.
Bornons-nous àquelques renseignements
dont nous pouvons garantir la parfaite
exactitude.
H y a hier un nouveau conseil
d8S ministres à l'Elysée, sous la prési-
dence du maréchal de Mac-Mahon.
•">. La séance a commencé à trois heures
et ne s'est terminée qu'a six heures moins
un quart;
Tous les ministres; sans exception, y
assistaient.
La question de personnes qui avait
provoqué, le conseil d'avant-hier n'a
donné lieu à aucune explication nou-
velle. "•̃•'̃' "̃'̃̃
/Si nous sommes bien informés, il ne
s'est agi que des élections et de l'atti-
tude que devra prendre le gouverne-
ment dans cette grande manifestation
du pays, appéléà' faire connaître ses
Tfœux et sa volonté.
D'après nos renseignements on né se-
rait point parvenu, dans cette séance, à
âgjBettre. d'accord s.ur, Iqus les points du
"programme qui doit être porté a la con-
naissance tie la nation tout entière-.
Toutefois, il y aura aujourd'hui encore
un nouveau conseil, et par ce que nous
savons de ce qui s'est passé dans celui
d'hier nous avons lieu d'augurer qu'un
accord complet s'établira définitivement
aussi bien sur les questions de principes
que sur 1es questions de personnes.
L'Agence Havas publie une note iden-
tique aux rènseignements qu'on vient de
lira
Le conseil des ministres a tenu, cette après-
midi, une séance qui «»s'est prolongée jusque
vers les six heures.
l i '.yl.Il .-a. discuté les termes d'un programme
*̃ électoral.
Dans une séance qui se tiendra demain à
neuf heures et demie du matin, il continuera
l'examen de ce programme.
On pense qu'à ce conseil une solution que
l'on espère favorable au maintien intégral du
cabinet, interviendra aux questions actuelle-
ment pendantes.
B-1 r* ï"ll O Gî rfl Ci "S^ Q T4 "î Sî
[, t '̃ ̃ ..̃•̃ ̃̃ ;̃
''̃̃ s.
LA POLITIQUE
Le dernier dîner de la princesse Trou-
befzkoï a été caractéristique.
M. Thiers était à la droite de la prin-
cesse et avait lui-même à sa droite M.
Raoul Du-val. Le fidèle BathélemySaint-
Hilaire était du festin. •
Citons parmi, les autres convives la
princesse Kotchoubey, la princesse Ment-
chikoff, M. Léon Renault, Sadiq-Pacha,
le marquis et la marquise de Molins, M.
Mignet, l'amiral Pothuau, M. E. de Gi-,
rardin.
Parmi les personnes qui sont venues lé
soir, on à remarqué le duc de, Gramont,
le prince' de Hohenlohe, ambassadeur
d'Allemagne, M. Gaston Jollivet, le mar-
quis de Laizer, M. de Portalis, l'ancien
rédacteur en chet de l'Avenir national, le «
comte de Sanafé et une foule de notabi-
lités appartenant à tous les partis.
'V ̃ ,̃_ j». '̃̃ "s
'.#*# ̃' '̃•.••
M. Thiors, qui paraissait très gai, n'a 1
quitté la soirée qu'à onze heures et
demie i
Un moment, il s'est trouvé à côté d'un j 1
chimiste célèbre, auquel on demandait <
son avis sur une question toute spé- <
iciâle. Celui-ci exposait avec calme son i
.opinion, quand on entendit une petite
.voix aigrelette s'écrier « Vous n'y en-
jtendêz rien, je vous dis que vous n'y en- i
Rendez rien. » (
C'était M. Thiers, qui se mit alors à j 1
pérorer tout à son aise, car comme on s
le pense bien, personne ne voulut avoir <
affaire à un pareil contradicteur. i
La nomination de M. Gratiot Wash- •<
ibûrne, fils du ministre des Etats-Unis à f
i Paris, au poste de premier secrétaire de 1
jla- légation russe, a été, dans la colonie c
américaine de notre capitale, l'objet de [
controverse^ et de racontars nombreux, t
Ceux-ci, se basant sur ce que M. Wash-
burne fils serait appelé, en cas d'absence q
de M. Boker, à prendre en main les in- j
| téfêts des Etats-Un. u 3aint-Pé tersbourg, r
,4e. trouvaient trop jeune pour un-poste q
1
aussi délieaf GS^« alléguait m
déjà longue expérience des affaires di-
plomatiques et affirmaient qu'au cas
échéant, il s'en tirerait à sa plus grande
gloire.
L'avenir fera voir de quel côté on pen-
sait juste.
Des gens qui, à tort ou à raison, cher-
chent la petite bête partout, rappro-
chent des événements d'Orient les grè-
ves qui se sont inopinément produites
dans les régions houillères de la Belgique.
Voici ce qu'on dit:
II y a quelques moiSj des marchands
coururent toutes les petites villes de la
Belgique et y vendirent des armes de
rebut, qui ne coûtaient aux acheteurs
pas plus de quatre ou cinq francs.
Qu'arrîva-t-il ? Séduits par la modicité
de l'offre, tous en achetèrent et voilà
comme quoi il n'y a pas en Belgique un
seul bourgeois qui ne soit détenteur
d'armes.
Tout est libre chez nos voisins. On a
donc vendu des armes en plein jour,
sans se cacher, comme on en vendra de-
main encore si les gens qui ont inté-
rêt à armer les Belges, trouvent qu'il
n'y a pas assez d'armes dans le bassin de
la Sambre..
Et maintenant observez ce qui se pro- j
Suit. Ce qui arrive une fois tous les deux
ou trois ans, dira-t-on: Une grève.
Oui, une grève, seulement dans les
émeutes précédentes, les -mutins n'a-
vaient pas d'armes et au simple aspect
de' la troupe, qui leur tuait rarement un
homme ou deux, ils rentraient dans leur
devoir où les rappelait autant l'impuis-
sance que la sagesse.
1 Aujourd'hui ils ont des armes. Com-
ment cela finira-t-il?
1.
A TRAVERS PARIS
Un de nos correspondants; candidat
aux prochaines élections, nous adresse
une lettre sur les retards qui pourront se
produire dans le service des postes pen-
dant les quelques jours de la période
électorale.
Nous copions ce passage sur lequel
nous attirons l'attention de l'administra-
tion compétente"
Si l'administration des postes ne prend pas
ses précautions d'avance, il lui "sera impossi-
ble de s'acquitter de sa tâche. Supposez; en
effet, dans un arrondissement, 20,000 élec-
teurs pour trois candidats. Dans les quatre
jours qui précèdent l'élection, il-s'agira donc
d'envoyer a chaque électeur Une circulaire,
une profession de foi, une lettre avec bul-
letin de-vote, soit 60,000 lettres. Multipliei
par trois candidats et l'on arrive au total ef-
frayant de 180,000 plis à expédier. Comment
un bureau de poste de province, avec ses
deux ou trois employés, pourra-t-il s'en tirer?
.'T '̃'̃ ̃ '# '̃̃• ̃'
Autre détail: Les timbres-poste man-
quent, paraît-il, dans un grand-nombre
de bureaux d'arrondissement. On ne peut
satisfaire aux demandes qui dépassent
trois ou quatre cents timbres. Que sera-
ce lorsqu'il faudra s'en procurer de 20,000
à 40,000?
iNous avons la réponse aux réclama-
tions que nous avons faites au sujet des
différences de taxes, frappant les lettres
échangées avec les pays qui ont une
convention postale avec la France.
L'article 9 de cette disposition dit que
les puissances signataires seront libres
de taxer les lettres parties de leurs bu-
reaux, d'un prix pouvant aller de vingt
à trente-deuxcentimes.
L'Angleterre, la Suisse, l'Allemagne,
ont adopté le chiffre de vingt-cinq cen-
times la France a maintenu le maxi-
mum cela ne regarde que le'ministère,
mais il est à supposer qu'en agissant de
la sorte, l'autorité n'a fait que suivre les
errements survenus depuis la guerre,
alors que les taxes postales ont été suré-
levées.
Il serait, en effet, inadmissible que les
lettres ne payassent pas plus pour aller
à Londres ou à Berlin que pour aller à
Saint-Cloud:
Toujours foulé nombreuse et élégante
au Skating. Ce qui dominait hier, c'était
une foule d'enfants, pour l'amusement
'desquels les parents bravaient la rigueur
du froid.
Mlle Marie de Mac-Mahon, élève de
son jeune frère, et Mlles d'Hatissoirville,
étaient parmi les plus intrépides. Elles
n'ont pas cesse de s'escrimer sur la glace
de trois à cinq heures et demie.
La musique de la garde républicaine,
vainement attendue aujourd'hui, se fera
décidément entendre demain.
C'est samedi prochain, 15, que s'ou-
vrira, à l'école des Beaux-Arts, l'exposi-
tion des œuvres, de Pils,
Nous avons parlé du maître au mo-
ment de sa mort, nous en avons parlé
le plus que nous le permettait notre
cadre étroit. C'est pour. cela qu'aujour-
d'hui nous nous empressons de signaler
à tous l'exhibition qui va se faire.
Les œuvres de Pils étaient à ce point
recherchées dans les derniers moments
de sa carrière qu'elles ont atteint des
prix-fabuleux; elles étaient peu soumi-
ses aux regards du public auquel les
enlevaient les exigences' jalouses des
acheteurs.
C'est pour cela que l'Ecole des Beaux-
Arts a organisé cette exposition, où l'on
verra de nombreuses productions du
grand peintre, que les propriétaires ont
bien voulu prêter. L'exposition sera
donc fort attrayante pour le public et des
plus instructive pour les jeunes pein-
tres. ̃
Ce qu'on ignore généralement, c'est
jue Pils .était le fils d'un peintre qui i
jouit d'une certaine réputation sous
.'Empire, et mourut en 1867 à l'âge de
luatre-vingt-trpis.ans.. J
G© renseignement est tire de la bH*>
chure de M. Becq.de Fouquières, intitu-
lëe Pils, sa'vie et ses œuvres. • ̃' >'
Nouvelles artistiques.
On peut visiter en ce moment, dans
l'atelier du peintre Réné Princeteau,
l'auteur du portrait du Maréchal-Prési-
dent, un très beau portrait équestfe de
Washington, destiné à l'Exposition de
Philadelphie.
La colonie américaine profitera certai-
nement des derniers jours d'exposition
pour aller voir cette œuvre, qui sera
transportée samedi prochain au musée
de Cluny pour de là être dirigée sur
Philadelphie..
Un nouveau tour des reporters
Rendant compte d'une cérémonie fu-
nèbre pour le repos de l'âme d'un haut
personnage, l'un d'eux a inventé d'y
faire figurer le baron E'very Body En
bon anglais Every Body veut dire.toijt le
monde.
NOUVELLES A LA MAIN .1
Deux messieurs dont la situation est
fort belle maintenant, mais qui ont passé
jadis par toutes les tribulations de la vie
sont .arrêtés à six heures du
PliBrwfàîïne bureau de location d'un
théâtre.
Ils ont l'air tous deux fort perplexe.
Ah ça, dit l'un, c'est stupide, je suis
sorti sans mon porte-monnaie 1
Eh bien, répond l'autre, c'est en.
core bien plus absurde, je viens de faire
un paiement et il né me reste pas un
sou de monnaie!
Voyons, fait tout à coup l'un des
deux, en souriant comme quelqu'un qui
vient de découvrir l'œuf de Christophe
Colomb, nous avons nos montres, et la
Mont-de-Piété est à deux pas i La pros-
périté nous rend-elle assez ingrats I
En sortant d'une première
Décidément, votre ami X. a tort
de faire des pièces. S'il n'en faisait pas
on ne saurait pas qu'il est si bête.
Scène d'invitation à dîner
Un dé nos amis est invité dernière.
ment à dîner chez des personnes qu'il ne-
connaissait pas encore beaucoup. Il sa
rend à l'heure dite chez eux, c'est-à.
dire à l'heure juste, comme le veut le ton
actuel.
Au momentde franchir'lé'seuil de la
maison, il entend à un étage' supérieur
une imprécation, un cri, enfin une sou.
pière qui siffle à ses oreilles et vient s'é-
craser a ses pieds avec un fracas atroce,
répandant parmi les éclats de porcelaine
toutes les carottes et les navets d'une
croûte au pot.
Heureusement notre ami n'est ni
blessé ni sali par cet obus inattendu. II
monte l'escalier, et trouve ses hôtes au
moment de se mettre'à table.
On s'assied, et le domestique apporta
aussitôt un turbot. ;̃̃>̃
Mon ange, dit doucement le mari à
3 sa femme, dis donc à monsieur le menu
5 du dîner..
Non, mon trésor, répond madame,
avec un sourire charmant, c'est plutôt
> à toi.
s Eh bien voilà, dit monsieur d'un
ton dégagé, je vous dirai que nous df-
ï nons à l'anglaise. nous ne mangeons
jamais de potage!
Le Masque de fer.
IE& FAUVES DU FIGARO
.̃̃ ̃̃ ̃ ̃
Les tigres de Delmonico, aux Folies*
i Bergère, les lions de Lucas, qui atten-
dent le dégel pour débuter au cirque
américain et le loup du Petit Chaperon-
Rouge, qui a fait son entrée triomphale
au cirque Franconi, sont éclipsés depuis
hier par deux fauves que le Figaro a atta-
chés à sa rédaction.
Jamais on n'a vu de bêtes féroces à ce
point dressées par le dompteur Lanzi-
rotti. On peut les voir sous le vestibute
du Figaro; elles semblent monter la
garde des deux côtés de la porte d'en-
trée. Debout sur les pattes de derrière,
le mufle au vent, la gueule béante, •
montrant des crocs redoutables, nos
deux fauves sont, au fond, les meilleures
des bêtes. Dans ses puissantes griffes,
•l'un, le lion; tient la boîte aux lettres du ̃
journal; l'autre, l'ours, veille sur la boîte
où doivent être déposés les manuscrils.
Le lion, malgré son aspect redoutable,
n'est pas plus farouche que les lions de
Bidel. Mlle Ghinassi, du théâtre des Va-
riétés né craindrait pas. un instant de
l'emmener souper chez Brébant. S'il
montre ses crocs menaçants, c'est unique-
ment pour décourager les polissons qui.-
jettent des insultes anonymes dans tou-
tes les boîtes aux lettres, de tous les
journaux. En contemplant attentive- =
ment l'ours qui veille sur la boîte aux
manuscrits on remarque dans ses
traits une certaine inquiétude; il sem-
ble troublé par la concurrence des •
ours littéraires qui ne tarderont pas à
s'engouffrer dans la boîte hospitalière.
L'ours du Figaro a tort de se tourmenter
pour si peu; plus on .est d'ours plus on
s'amuse; quand il aura donné l'hospita-
lité à cinq ou six dé ses camarades, il
s'ennuiera beaucoup moins: Cela lui fera
une excellente société pour les longues
soirées d'hiver.
Cela dit, il faut ajouter que nos deux
fauves sont en terre cuite et l'œuvre da
sculpteur Lanzirotti qui s'est associé
pour ce travail avec un élève distingué
de Barye, M. Valton. Il n'est pas aisé,
d'écrire dans ce journal l'éloge d'une
1 œuvre d'art qui a été faite pour nous,
mais toujours est-il que nos deux fauvo3
sont réussis au possible. Une allure touto
.?,-•• ̃̃-̃: |
V> Un numéro i^ceftl. à Paris. 20 cent, dans lés Départements.
1 .1
Mercredi 42 Janvier 1876
in,, n
H. 0£ ïlLtfft^8*Kr.;« F. MAGNARÎ)
| 9{êààiïtèùïs'en chef
,t.r:
-A'/PÊRIVlEfl
Secrétaire de la <%é
> ~T~ >
( ̃ -REDACTION
J -De midi à minuit, rue Drouot, Mf<^l. /X
.,L -> '̃
tes 'mawtscrks'tie sont vas rendue \/Y
< t: t~ ~)
BUREAUX \zr li > l
26, rue Orouot, 2të \"£- v
H. DE VILLEMESSANT
̃̃, ̃̃ (Administrateur
FERNAND DE ROOAYS
'̃»̃; Gérant • •
;.•' ABONNEMENTS
̃> Dépsrtsmeats Troiî moi».miitTUiu 18 fr.
̃; » PÏris Trot» mftiniiiii iimhiiii ih.i 15 fil
̃ ANNONCES ET RECLAMES
DSllingen fils, Segby ET c- PASSAGE des Princes
et a l'Administration
i. ·
`.r.
SOLAIRE
~i\ CoRKESrO.NDOJCT SECnÈTE DE IiOCIS-PHIIIPPE
t Fernand de Rodaxjs.
La CRISE ministérielle.
Échos de PARIS Le Masque de fer.
*1es Fauves du FIGARO -Albert Wolff. '̃
*̃ Cotjrrier DE Nouméa Baron Kanack.
.TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES AllQ. MaVCadS.
A.ccideiit du chemin de fer, à Bruxelles.
^Paris AU Jocjr LE Jocr F. M. "•
Boîte AUX LETTRES.
̃Nouvelles-oiverses Jean de Paris: La neige.
victime d'Auteuil.
LA Bourse.. ̃̃̃•.
LA Soœâa Théatbale On Monsieur de l'orchestr*.
Courrier des Théâtres: Charles Darcours.
# Feuilleton R. L. Une Idée fixe.
là PPPOBÀMI SECRÈTE
DE DE
LOUIS- PHILIPPE
-i,i -̃̃ •̃
Une intrigue politique en 1841
Depuis quelques jours on fait un cer-
tain bruit autour de prétendues lettres,
Urées soi-disant de la correspondance
secrète du roi Louis-Philippe, et publiées
par la France en 1841. Il nous a paru cu-
rieux d-èxhumer le procès que cette pu-
blication attira à la France. On verra car
̃̃̃le«-'extrâîta-'I'teîï^ftge«8niB^^irH^(a?1
que nous donnons plus loin, si l'on peut
appeler authentiques lespièces que l'op-
Josition d'alors se faisait envoyer de.
.Londres par une intrigante surnommée
la Contemporaine, qui s'appelait en réa-
'lité Mmë Ida Saint-Elme
Le 11 janvier 1841, la Gazette de France
•publia trois' lettres du roi Louis-Phi-
"lippe, écrites sous le premier empire.Cës
"lettres dans lesquelles Louis-Philippe
jugeait fort sévèrement le régime impé-
rial, produisirent une grande émotion.
Maïs la Gazette ne fut pas poursuivie.
Quelques jours après, le 24 janvier, la
«Franoe-'d-onnïa trois nouvelles lettres da-
'tëês, celles-là, de 1830i 1833. Dans l'une,
le, nouveau roi des Français semblait.
promettre Alger à l'Angleterre dans
r,autre,.il abandonnait la Pologne; dans
la- troisième, il indiquait les fortifiça-
tions de Paris et l'achat des écrivains de
l'opposition, comme le seul moyen d'as-
surer l'avenir de sa dynastie.
Cette fois ce fut un scandale général
:M. de Montour, gérant de la France, et
:M. LubiSj rédacteur en chef de jour-
aal^ furent arrêtés et mis à la Çonciër-
nal.tfurentarrêtés et. mis à conci6r-
sene. Puis^on fit des perquisitions chez
le vicomte de Baulny, le marquis de La
Rochejacqûelein, M. de Genoude, Mme
la Jjaroane Gaiilier de la Genaudière, etc.
Mais les perquisitions restèrent sans ré-
sjùltat.
â;^[M. de Montour et Lubis étaient ac-
MÈës du crime de faux. Le 7 mars 1841,
après être restés un mois en'prison, ils
furent l'objet d'une ordonnance' de non
lieu de la part de la chambre des mises
en accusation qui trouva que la matière
du faux, le corps du délit manquait. En
effet, MM. de Montour et Lubis avaient
refusé de produire les originaux des
lettres publiées par la France. Ils furent
mis en liberté, mais M. de Montour fut
renvoyé devant la Cour d'assises sous
l'accusation d'offense envers la personne
du roi.
II comparut devant le jury le 24 avril
t841. L'audience était présidée par M. le
conseiller Poultier. M. l'avocat-général
Partarrieu-Lafosse occupait le siége du
ministère public, Me Berryer, avait ac-
cepte la défense du gérant de la France.
Ce dernier déclara se nommer Hugues-
Staqislas-Ernest Lebeâu do Montour, et
accepter la responsabilité dés articles
et lettres publiés par son journal.
Lecture fut faite des, trois fameuses
lettres. J'en retrouve le texte dans la
Gazcttedes Tribunaux .du 25 avril 1841^
L'ÉVACUATION, D'ALGER
En thèse générale, ma résolution la plus
s.incëre et la plus ferme est do maintenir in-
violables tous les traité3 qui-ont été conclus
depuis quinze ans entre les puissances de
l'Euçope et là France. Quant à ce qui con-
cerne l'occupation d'Alger, j'ai des motifs
plus particuliera et plus puissants encore
pour remplir fidèlement les engagements que
ma famille à pris avec la Grande-Bretagne.
Ces motifs sont le, vif désir que féjTr.ouve l
d'être agréable' à Sa Majesté britannique, et
ma conviction profonde qu'une alliance in-
time.ëntreUéjS deux pays est. nécessaire, non-
seulement à leurs intérêts réciproques, mais
encore à J'interêt de la liberté et de la civi- j i
llsation de l'Europe. Vous pouvez donc, mon-
sieur Vambassadeur, affirmer à votre gou- `
vernement que. le mien se conformera ponc- i
tuelloment à tous, les engagements pris par
Sa Majesté Charles X, relativement à l'affaire
d'Alger. (
Mais je vous prie d'appeler l'attention du E
Cabinet britannique sur l'état actuel des es- i
prits en France, de lui faire observer que l'é-
vacuatiôn d'Alger serait le signal des plus E
violentes, récriminations contre mon gouver- (
nement, quelle pourrait amener des résultats 1
désastreux et qu'il importe à la paix de l'Eu- l
ropè de né point dépôpulariser un pouvoir
naissant et ,qui travaille à /se constituer. Il
faut donc que, rassurée sur nos intentions et I
convaincue de notre ferme volonté de remplir r
envers elle la promesse de la.Restauration, sa
Majesté /Britannique nous laisse le choix du^ r
temps et des moyens, r •" J
:>̃•' I^ABÀNbô'j^; DE LA: POLISSE "̃•
• • • .•••. C- '̃̃̃. E
,11 parait que vous n'avez pas encore -réussi
à faire comprendre à Vienne ni à âaint-Pé- e
tersbourg que, sans la non-intervention' l'Eu- €
rope était ebranlée,- que l'Autriche eût perdu i
l'Italie, comme on a enlevé la Belgique à la c:
Hollande ? A-t-on pu ou dû oublier que, lors c
du gouvernement Czartorisky, la Pologne en
masse, sous l'influence révolutionnaire, eût e
été debout, et que, sans notre sage et salu- e
taire influence, elle se fût unie à la France ï
pour repousser, pour écraser, -qu'on n'en
doute pas, la Russie, malgré ses forces colôs- c
-gales, parce qu'il est immo'rtellement vrai que
lorsqu un peuple .vraiment peuple est debout
pour sa liberté, il n'y a aucun pouvoir absolu
qui suffise pour le dompter. J'avais mieux es- t,
péré des éclaircissements que vous avez dû t
donner sur l'immensité du service que nous S
avona rendu à la Russie,, à l'Autriche et à la d
·
Prusse, service qui ressort du fait, puisque 14'
Pologae a succombjL$t non pas sans quelque
péril pour nous; qffon y songe un peu plus,
pour ne pas nous mettre dans la nécessité
d'en faire souvenir sans cesse..
N'avez-vous pas les deux lettre de Lafayette,
contenant les reproches à notre ministère
d'avoir paralysé par ses conseils ee promesses
les moyens de défense de la Pologne? En faut-
il plus pour les cabinets de Vienne et'Saint-
Pétersbourg, et peut-on ignorer tout le Ran-
ger qui existait pour la Russie dans les plans
et le système de défense adoptés par les Polo-
nais sous le prince Adam, et voudrait-on ou-
blier ce qu'on nous doit à nous comme unique
et puissant moteur des mesures qui ont para-
lysé ces résolutions, neutralisé le système et
réalisé les paroles prophétiques de Sébas-
tiani.
Mais brisons là-dessus la Pologne n'est
plus, et c'est nous, bien plus que le vainqueur
de Varsovie, que le cabinet de Saint-Péters-
bourg doit remercier d'avoir écrasé ce foyer'
d'incessante rébellion. Faites qu'on s'en sou-
vienne un peu plus à Vienne et surtout à
Saint-Pétersbourg.
i-. LES FOÇTIFJCATIONS ET LA PRESSE.
• "̃ '"̃ • ̃
Il y a "d'épouvantables conséquences à re-
douter dans les crises politiques, lorsqu'une
volonté sage et prévoyante se trouve en iné-
vitable contact avec l'obstination d'un zèle
qui peut, dans ces cas, se réputer hardiment
mauvais vouloir. Si, au lieu d'en finir bruta-
lement avec les artilleurs civiques, l'on eût <,
suivi mon seul avis, qu'on eût flatté, cajolé
ces hommes, qu'on leur eût fait entrevoir
ime^ st l'on pensait a construire des forts,
Wrait pour leur en confier la garde; si on
leur eût persuadé. qu'en cas d'une invasion
Paris ne pourrait devoir son salut qu'à de
pareils défenseurs si enfin au lieu d'une
destitution brusquej on' eût pris ces citoyens
par la vanité, Arago et les siens n'eussent
pas été admis à prouver que les forts, bien
loin d'être destinés à repousser une invasion
étrangère, deviendraient, le cas échéant, une
ressource victorieuse pour maintenir dans
le devoir, et la soumission la très turbulente
population de Paris et ses aimables fau-
bourgs.
C'était du temps qu'il fallait gagner, et au
lieu d'irritsr les esprits il fallait endormir le
civisme en émoi pour le préparer au salutaire
moment où une ordonnance nous eût fait jus-
tice de tout récalcitrant. Du reste, rien ne me
fera renoncer à un projet si sagement Conçu,
et à l'exécution duquel, dans lfetat' de choses
où se trouve la France j'attache; en quelque
sorte, non certes la durée de la monarchie
constitutionnelle, mais la perpétuité de ma
dynastie, ce qui sonne mieux et vaut mieux
pour la France. Qu'on se persuade bien que
moi seul je pouvais affronter, diriger et vain-
cre l'hydre révolutionnaire. Qu'on nous en
sache. donc .un peu plus de gré. On ne tient
aucun compte de nos efforts inouïs, on .ne'
gait pas à quel peuple nous avons à faire et
que depuis quarante ans on peut regarder Pa-
ris comme étant la France.
Qu'on s'assure.donc que je ne renonce pas
à mon projet ni à celui de maîtriser la presse,
notre plus dangereuse ennemie. On a gagné
une grande partie des écrivains; les autres
suivront, et le calme suecédèr'a aux excita-
tiens malignes et journalières de ces plumes
guerroyantes. Qu'on pense à ce que Juillet
eût pu attirer sur l'Europe en 1830. Que l'on
voie ce que notre seule et forte volonté a fait
de cette effrayante ébùllition populaire. Que
l'on juge par là' de ce que fious ferons, et
surtout qu'aucune des puissances n'oublié
que nous seul nous pouvions le faire, sauver
la France et l'Europe, et que nous l'avons fait.
Que ni Vienne, ni Saint-Pétersbourg,ni Ber- j
lin ne l'oublient.
Après cette lecture, qui provoqua de
violents murmures dans l'auditoire, l'in-
terrogatoire de M. de Monteur com-
mença v '•'̃̃̃ V
M. le président. Avez-voùs entre vos
mains des pièces que .vous ayez l'intenfion de
faire connaître dans le cours de ce débat?
(Mouvement général d'attention.)
M. de Montour. Nous le dirons flans la
défense.
D. Vous avez dit formellement dans votre
premier interrogatoire que vous aviez entre
les mains les originaux des lettres que vous
avez publiées, et que vous les produiriez de-
vant le jury. Notre devoir est de vous, inter-
peller sur ce point si vous avez quelque pro-
duction à faire, voici le moment. Il faut,avant
que le ministère public prenne la parole, qu'il
sache sur quel terrain le débat doit s'enga-
ger. Qu'avez-vous à répondre ?
R. Je m'en rapporte au débat; le jury ap-
préciera. ur,
D. Votre réponse ne. saurait suffire; c'est
là- un point essentiel. En matière de presse le
délit est dans l'écrit publié mais, par suite
de la singularité de cette affaire, il a été ques-
tion de pièces qui ne sont pas encore deve-
nues pièces du procès nous voulons parler
de pièces que vous avez dites originales et
ïui ont servi de base à l'accusation. Mainte-
nant, nous avons à vous demander si vous
avez à invoquer autre chose que le journal
publié ou d'autres documents dont il serai t
essentiel de donner connaissanco avant l'ou-
rerture de la discussion.
R. Mon défenseur répondra au ministère
public et justifiera la publication.
D. Ainsi, sur la demande catégorique que
é vous adresse/tendant à savoir si vous avez
i produire quelques originaux ou quelques
pièces que ce soit qui puissent servir de base .1
t la discussion, vous répondez que vous n'a- 1
irez rien à produire ?
R. Mon défenseur n'a rien à produire avant
lue son tour de parole soit arrivé.
M. l'avocat général Partarrieu-Lafosse.
3st-ce que votre défenseur croirait avoir quel-
lue production à faire dans sa plaidoirie?
M0 Berryer. Le journal la France est ira-
luit devant le jury comme s'étant rendu cou-
jable d'offenses en publiant des lettres. Nous i
étendrons le développement de l'accusation
)our mesurer le système de défense aux
noyens de l'accusation. (
M. l'avocat-général. Ainsi vous n'avez I
>ien à produire quant à présent ? ?'
M" Berryer. Rien, quant à présent. Nous 1
Lttendrons le .dé.veloppement du système de
'accusation. ̃ •
M: l'avocat général. Nous prenons acte'
le l'interpellation positive de M. le président |
ît de la nôtre. La réponse du prévenu, nous s
'acceptons, il le faut bien mais nous -avons le
Iroitde nous en étonner. Si en effet il y avait c
iu une production quelconque, à faire à un {
noment quelconque, c'était évidemment dès
'ouverture de ces débats, à l'ouverture même
le cette audience.- (
M0 Benryer. Je réponds encore qu'il nous î
.st impossible de nous expliquer avant d'avoir `
ntendu M. l'avocat général je l'ai déjà dit, £
lotre réponse sera mesurée,sur le système dé r
'accusation.
M. 'l'avocat général. Notre système est `
onnu, il est fixé par l'ordonnance de renvoi, J
l sagit d'une prévention d'offense. ]
Après ce court interrogatoire qui mon- 1
re bien que la ~Mcc était dans l'impos- 1
ibilité "dé produire les originaux des r
i'ocuments qu'elle avait publies, M. l'a-J i
•y .̃ ^̃• ̃ '•
vocat général Partarrîétt-ijafbssô prit la ? 1
parole pour soutenir l'accusation.
Il expliqua très clairement que le. jour-
nal incriminé avait voulu représenter le
roi comme « un tyran ne marchant que
par. les voies de la dissimulation »., C'é-
tait une injure et partant une offense.
L'accusation était donc bien justifiée. Et
sur quoi l'injure envers le roi se basait-
elle ? Sur des documents envoyés de Lon-
dres par une intrigante On avait de-
mandé à la France de produire ces docu-
ments, de prouver sa bonne foi. Elle aie
s'y refusait pas; mais elle était dans l'im1*
possibilité de rien montrer, parce qu'eUe
n'avait rien, rien 1 'i
La conclusion de M. Partarrieu-La-
fosse ne manquait pas d'éloquence
Ainsi, dit'ilj le gérant répond: « Je produi-
rai devant le jury les pièces originales, » Aa-
jourd'hui nous nous trouvons devant cette ;̃
juridiction éminemment nationale. Si ces let-
tres existent, si elles sont entre les mains
d'une femme quelconque, on n'aura pas peur
du jury. Et cependant vous avez assisté à cette
grande déception. On vous a promis les lettres
originales, on ne vous les présente pas, c'est
vous que l'on a trompés.'A l'aide de quels
moyens a^t-on donc espéré suppléer à cette
indispensable production? C'est derrière une
femme que nous ne savons comment qualifier
que ta France va se réfugier Vous n'avez
d'autres garants 'qu'une prostituée émérite
que la honte a-exilee de son pays, et qui de-
puis longtemps a vendu tout ce quûrië femme
peut vendre. C'est devant cette autorité que
Yoiig.yftu.lez.qua,.4e4ui;y s'incline,, c'est, une «.,
honte que. ceîa. ce n'est pas une défense* i
c'est une. dérision jetée au jury. Et vous par
lez de votre bonne foi l
M» Berryer prit la parole au milieu
d'un silence profond.
Il plaida avec une verve incomparable
que le procès fait à la France était un
procès de tendance. La France était un
journal d'opposition. Etait-ce une injure
envers le roi que de discuter ses actes
et son passé dans un journal d'opposi-
tion ?
Me Berryer chercha surtout à prouver
la bonne foi des rédacteurs de la France
et glissa très habilement sur l'authenti-
cité des lettres reproduites:
Mais, dît-il, le ministèrer public nous d«*
mande d'où tenez-vous ces lettres? Elles vous
viennent dé la main d'une femme dont la vië
s'est passée dans la honte et l'opprobre. Mais
aubliez-vbus donc qu'il y a une autre per-
sonne que l'auteur, quel qu'il soit, de cette
publication, qui les a vues ces lettres ? J'ai là
une déposition qui mérite assurément toute
confiance, car à quelque parti qu'on appar-
tienne, lé témoin ont je parle porte un nom
qui, assurément et à bon droit, peut se dire
en France honoré de ses amis et de ses enne-
mis C'est celui d'un homme qui, aux yeux
mêmes de ceux qui l'ont combattu est un
homme de coeur et d'honneur, qui appartient
à une famillle dont le sang est nobletfient
français; Or, voici c* q«e-déclaré Mv-4e mar-
quis de Larochejaequelein. Il s'exprime en ces
tarmes -='̃
« Je me nomme Henri-Auguste, marquis de
» Larochejaoquelein, propriétaire, demeurant-
» ordinairement à Orléans, aujourd'hui à Pa-
» ris, rue Thérèse. -Je fais serment, de ne rien
» dire que là vérité mais je.ne puis faire ce-
lui de dire tout ce que je" sais, forcé que je
» suis à une réserve dont je ne'dois pas m'e-
» carter. » '̃
Puis il prête serment. •
M. l'avocat-général. C'est un serment in* ̃
complet; cela ressort des réserves mêmes de
M: de Larochejacquelein.
Me Berryer. Je ne vous l'ai pas dissi-
mulé, je pense. ne m'interrompez donc pas.
̃ M l'avocat-général. Ce n'est pas là un
serment légal.
Me Berryer. «– C'est le serment de ne dire
que la vérité. Au surplus, soyez tranquillp,
nous en dirons davantage. >
Lejugeinterroge. <
« D. Avez-vous eu en votre possession des
s lettres ou des extraits de lettres publiées
j> par le journal la France? .1
» R. Je suis obligé 'de dire que j'ai porto
» ces lettres originales à la Gazette. J'ai eu
jk momentanément en ma possession, et comme
simple objet de curiosité, les lettres dont les
» fragments ont été publiés par la Gazette.
Ces lettres ont passé entre mes mains
comme entre 'celles de beaucoup d'autres.
» Je ne connaissais pas l'écriture de Louis-
» Philippe j'ai montré ces lettres à des per-
» sonnes qui lui* 'sont dévouées et qui con-
» naissent parfaitement son écriture ces.
» personnes m'affirmèrent l'authenticité' in-
»contestable des documents que je leur,don-.
nais en communication. Je dois même dire
» qu'un personnage qui de tout temps a donné
» et donne encore à Louis-Philippe des
preuves d'un dévouement sans bornes, fon-
» dit en larmes à lçur 'lecture et me confirma
» ainsi dans cette pensée qu'on ne' pouvait
» élever le moindre doute sur l'authenticité
» des lettres- Je rendis ensuite ces lettres, qui
furent publiées par la Gazette. Je dois ajou-
» ter qu'elles ne contenaient ni surcharges ni
interpolations de la nature de celles" dont
» parlent les journaux du gouvernement.
» Pendant le temps que j'eus en ma posses-
» sion ces lettres incontestables', je lesexaminai
»attentivement. Je vis et j'examinai avec la
» même attention les lettres sur les forts dé-
s tachés, publiées plus tard par la France.'
» Elles me parurent parfaitement semblables
» à toutes les autres. Je. n'ai pas vu les deux
» autrea; mais comme je ne me suis jamais.
s occupé ^d'écritures, je me procurai de l'écri-
s ture de Louis-Philippe et je la donnai à
s quelqu'un qui voulut la comparer avec la
9 lettre en question. Cette personne reconnut,
» entre la lettre sur les forts détaché^ et la
» pièce de comparaison, une identité par-
» faite, b
Ainsi, vous le voyez, messioursj.es jurés,
ce n'est pas sur la foi d'une femme perdue de
mœurs, que la France a cru à ki sincérité de,
ces lettres. C'est sur celle d'un Fr'ànçais^d'un
homme d'honneur.
C'est sur la foi aussi d'un homme attaché,
dévoué au gouvernement actuel qui, en
voyant ces lettres et en en reconnaissant l'au-
thenticité, n'a pu, dana son, dévouement,
s'empêcher de verser des larmeS>. s~.A'
Ainst donc, voici déjà trois choses et trois
choses immenses. La publication faite en An-
gleterre et non attaquée par le gouverne:
ment; la publication faite en France et non
attaquée par le ministère public la" parole
d'honneur de M. Henry de Làrochojacquélein
qui, a vu les lettres, qui les a communiquées
à des hommes attachés au gouvernementlqui.
après examen attentif, ont 'parfaitement re-
connu l'écriture de Louis- Philippe.
Maintenant-que soin devenues ces lettres?
Je vais vous le dire,- et vous te dire sérieuse-
ment une instruction 'en faux a eu lieu à
Paris, vous savez comment elle,s'est tormi-
née; mais cette instruction interrompue à
Paris, peut être continuée ,à Londres. La
personne qui y a fait ces publications dont
je vous ai parlé peut être poursuivie. Si.elle
n'a pas là de preuves à rapporter, si elle ne
peut produire les lettres originales, tranchons
rr
?,- -î« nr t, eHô sera.^«nd«e^ fe loi anglaise pro-
nonce fa peine de mort pour le crime de faux.
Vous concevez que, dans cette circonstance,
la personne en question ne veut pour rien au
monde remettre ces trois lettres.
Après une réplique de M. Partarrieu-
Lafosse et une autre réplique de M" Ber*
ryer, les douze bourgeois qui compo-
saient le jury, ravis de faire une niche
au roi, acquittèrent M. de Montour, gé-
rant de la France.
Aussitôt des applaudissements éelatè-
rent do toutes parts. Depuis, la salle de
la cour d'assises en a vu bien d'autres.
On y a applaudi l'acquittement de tous
ceux qui ont injurié le gouvernement
de 1848, celui de Napoléon III, celui de
M". Tniers, et celui du maréchal de Mac-
Mahon.
Le procès de la France eut un épil ogue.
La Gazette de France en rendit compte de'
façon à faire croire que Mo Berryer avait
plaidé l'authenticité absolue des lettres,
ce qui n'était pas vrai, comme on l'a
vu. Le 21 mai 1841, elle fùt condamnée à
5,000. fr. d'amende et à l'affichage de
7'arrêt, à ses frais, au nombre de 3,000
exemplaires.
Fernand de Rodàys.
•/ '̃" » -i
LA CRISE MINISTÉRIELLE
tc-'
5 Les bruits les plus contradictoires ont
éontinué à circuler toute la journée et les
radicaux n'ont point dissimulé l'extrême
satisfaction que leur aurait causée la con-
tinuation de la crise.
II serait sans intérêt d!ailleurs de dé-
noncer tous ces commérages sans portée.
Bornons-nous àquelques renseignements
dont nous pouvons garantir la parfaite
exactitude.
H y a hier un nouveau conseil
d8S ministres à l'Elysée, sous la prési-
dence du maréchal de Mac-Mahon.
•">. La séance a commencé à trois heures
et ne s'est terminée qu'a six heures moins
un quart;
Tous les ministres; sans exception, y
assistaient.
La question de personnes qui avait
provoqué, le conseil d'avant-hier n'a
donné lieu à aucune explication nou-
velle. "•̃•'̃' "̃'̃̃
/Si nous sommes bien informés, il ne
s'est agi que des élections et de l'atti-
tude que devra prendre le gouverne-
ment dans cette grande manifestation
du pays, appéléà' faire connaître ses
Tfœux et sa volonté.
D'après nos renseignements on né se-
rait point parvenu, dans cette séance, à
âgjBettre. d'accord s.ur, Iqus les points du
"programme qui doit être porté a la con-
naissance tie la nation tout entière-.
Toutefois, il y aura aujourd'hui encore
un nouveau conseil, et par ce que nous
savons de ce qui s'est passé dans celui
d'hier nous avons lieu d'augurer qu'un
accord complet s'établira définitivement
aussi bien sur les questions de principes
que sur 1es questions de personnes.
L'Agence Havas publie une note iden-
tique aux rènseignements qu'on vient de
lira
Le conseil des ministres a tenu, cette après-
midi, une séance qui «»s'est prolongée jusque
vers les six heures.
l i '.yl.Il .-a. discuté les termes d'un programme
*̃ électoral.
Dans une séance qui se tiendra demain à
neuf heures et demie du matin, il continuera
l'examen de ce programme.
On pense qu'à ce conseil une solution que
l'on espère favorable au maintien intégral du
cabinet, interviendra aux questions actuelle-
ment pendantes.
B-1 r* ï"ll O Gî rfl Ci "S^ Q T4 "î Sî
[, t '̃ ̃ ..̃•̃ ̃̃ ;̃
''̃̃ s.
LA POLITIQUE
Le dernier dîner de la princesse Trou-
befzkoï a été caractéristique.
M. Thiers était à la droite de la prin-
cesse et avait lui-même à sa droite M.
Raoul Du-val. Le fidèle BathélemySaint-
Hilaire était du festin. •
Citons parmi, les autres convives la
princesse Kotchoubey, la princesse Ment-
chikoff, M. Léon Renault, Sadiq-Pacha,
le marquis et la marquise de Molins, M.
Mignet, l'amiral Pothuau, M. E. de Gi-,
rardin.
Parmi les personnes qui sont venues lé
soir, on à remarqué le duc de, Gramont,
le prince' de Hohenlohe, ambassadeur
d'Allemagne, M. Gaston Jollivet, le mar-
quis de Laizer, M. de Portalis, l'ancien
rédacteur en chet de l'Avenir national, le «
comte de Sanafé et une foule de notabi-
lités appartenant à tous les partis.
'V ̃ ,̃_ j». '̃̃ "s
'.#*# ̃' '̃•.••
M. Thiors, qui paraissait très gai, n'a 1
quitté la soirée qu'à onze heures et
demie i
Un moment, il s'est trouvé à côté d'un j 1
chimiste célèbre, auquel on demandait <
son avis sur une question toute spé- <
iciâle. Celui-ci exposait avec calme son i
.opinion, quand on entendit une petite
.voix aigrelette s'écrier « Vous n'y en-
jtendêz rien, je vous dis que vous n'y en- i
Rendez rien. » (
C'était M. Thiers, qui se mit alors à j 1
pérorer tout à son aise, car comme on s
le pense bien, personne ne voulut avoir <
affaire à un pareil contradicteur. i
La nomination de M. Gratiot Wash- •<
ibûrne, fils du ministre des Etats-Unis à f
i Paris, au poste de premier secrétaire de 1
jla- légation russe, a été, dans la colonie c
américaine de notre capitale, l'objet de [
controverse^ et de racontars nombreux, t
Ceux-ci, se basant sur ce que M. Wash-
burne fils serait appelé, en cas d'absence q
de M. Boker, à prendre en main les in- j
| téfêts des Etats-Un. u 3aint-Pé tersbourg, r
,4e. trouvaient trop jeune pour un-poste q
1
aussi délieaf GS^« alléguait m
déjà longue expérience des affaires di-
plomatiques et affirmaient qu'au cas
échéant, il s'en tirerait à sa plus grande
gloire.
L'avenir fera voir de quel côté on pen-
sait juste.
Des gens qui, à tort ou à raison, cher-
chent la petite bête partout, rappro-
chent des événements d'Orient les grè-
ves qui se sont inopinément produites
dans les régions houillères de la Belgique.
Voici ce qu'on dit:
II y a quelques moiSj des marchands
coururent toutes les petites villes de la
Belgique et y vendirent des armes de
rebut, qui ne coûtaient aux acheteurs
pas plus de quatre ou cinq francs.
Qu'arrîva-t-il ? Séduits par la modicité
de l'offre, tous en achetèrent et voilà
comme quoi il n'y a pas en Belgique un
seul bourgeois qui ne soit détenteur
d'armes.
Tout est libre chez nos voisins. On a
donc vendu des armes en plein jour,
sans se cacher, comme on en vendra de-
main encore si les gens qui ont inté-
rêt à armer les Belges, trouvent qu'il
n'y a pas assez d'armes dans le bassin de
la Sambre..
Et maintenant observez ce qui se pro- j
Suit. Ce qui arrive une fois tous les deux
ou trois ans, dira-t-on: Une grève.
Oui, une grève, seulement dans les
émeutes précédentes, les -mutins n'a-
vaient pas d'armes et au simple aspect
de' la troupe, qui leur tuait rarement un
homme ou deux, ils rentraient dans leur
devoir où les rappelait autant l'impuis-
sance que la sagesse.
1 Aujourd'hui ils ont des armes. Com-
ment cela finira-t-il?
1.
A TRAVERS PARIS
Un de nos correspondants; candidat
aux prochaines élections, nous adresse
une lettre sur les retards qui pourront se
produire dans le service des postes pen-
dant les quelques jours de la période
électorale.
Nous copions ce passage sur lequel
nous attirons l'attention de l'administra-
tion compétente"
Si l'administration des postes ne prend pas
ses précautions d'avance, il lui "sera impossi-
ble de s'acquitter de sa tâche. Supposez; en
effet, dans un arrondissement, 20,000 élec-
teurs pour trois candidats. Dans les quatre
jours qui précèdent l'élection, il-s'agira donc
d'envoyer a chaque électeur Une circulaire,
une profession de foi, une lettre avec bul-
letin de-vote, soit 60,000 lettres. Multipliei
par trois candidats et l'on arrive au total ef-
frayant de 180,000 plis à expédier. Comment
un bureau de poste de province, avec ses
deux ou trois employés, pourra-t-il s'en tirer?
.'T '̃'̃ ̃ '# '̃̃• ̃'
Autre détail: Les timbres-poste man-
quent, paraît-il, dans un grand-nombre
de bureaux d'arrondissement. On ne peut
satisfaire aux demandes qui dépassent
trois ou quatre cents timbres. Que sera-
ce lorsqu'il faudra s'en procurer de 20,000
à 40,000?
iNous avons la réponse aux réclama-
tions que nous avons faites au sujet des
différences de taxes, frappant les lettres
échangées avec les pays qui ont une
convention postale avec la France.
L'article 9 de cette disposition dit que
les puissances signataires seront libres
de taxer les lettres parties de leurs bu-
reaux, d'un prix pouvant aller de vingt
à trente-deuxcentimes.
L'Angleterre, la Suisse, l'Allemagne,
ont adopté le chiffre de vingt-cinq cen-
times la France a maintenu le maxi-
mum cela ne regarde que le'ministère,
mais il est à supposer qu'en agissant de
la sorte, l'autorité n'a fait que suivre les
errements survenus depuis la guerre,
alors que les taxes postales ont été suré-
levées.
Il serait, en effet, inadmissible que les
lettres ne payassent pas plus pour aller
à Londres ou à Berlin que pour aller à
Saint-Cloud:
Toujours foulé nombreuse et élégante
au Skating. Ce qui dominait hier, c'était
une foule d'enfants, pour l'amusement
'desquels les parents bravaient la rigueur
du froid.
Mlle Marie de Mac-Mahon, élève de
son jeune frère, et Mlles d'Hatissoirville,
étaient parmi les plus intrépides. Elles
n'ont pas cesse de s'escrimer sur la glace
de trois à cinq heures et demie.
La musique de la garde républicaine,
vainement attendue aujourd'hui, se fera
décidément entendre demain.
C'est samedi prochain, 15, que s'ou-
vrira, à l'école des Beaux-Arts, l'exposi-
tion des œuvres, de Pils,
Nous avons parlé du maître au mo-
ment de sa mort, nous en avons parlé
le plus que nous le permettait notre
cadre étroit. C'est pour. cela qu'aujour-
d'hui nous nous empressons de signaler
à tous l'exhibition qui va se faire.
Les œuvres de Pils étaient à ce point
recherchées dans les derniers moments
de sa carrière qu'elles ont atteint des
prix-fabuleux; elles étaient peu soumi-
ses aux regards du public auquel les
enlevaient les exigences' jalouses des
acheteurs.
C'est pour cela que l'Ecole des Beaux-
Arts a organisé cette exposition, où l'on
verra de nombreuses productions du
grand peintre, que les propriétaires ont
bien voulu prêter. L'exposition sera
donc fort attrayante pour le public et des
plus instructive pour les jeunes pein-
tres. ̃
Ce qu'on ignore généralement, c'est
jue Pils .était le fils d'un peintre qui i
jouit d'une certaine réputation sous
.'Empire, et mourut en 1867 à l'âge de
luatre-vingt-trpis.ans.. J
G© renseignement est tire de la bH*>
chure de M. Becq.de Fouquières, intitu-
lëe Pils, sa'vie et ses œuvres. • ̃' >'
Nouvelles artistiques.
On peut visiter en ce moment, dans
l'atelier du peintre Réné Princeteau,
l'auteur du portrait du Maréchal-Prési-
dent, un très beau portrait équestfe de
Washington, destiné à l'Exposition de
Philadelphie.
La colonie américaine profitera certai-
nement des derniers jours d'exposition
pour aller voir cette œuvre, qui sera
transportée samedi prochain au musée
de Cluny pour de là être dirigée sur
Philadelphie..
Un nouveau tour des reporters
Rendant compte d'une cérémonie fu-
nèbre pour le repos de l'âme d'un haut
personnage, l'un d'eux a inventé d'y
faire figurer le baron E'very Body En
bon anglais Every Body veut dire.toijt le
monde.
NOUVELLES A LA MAIN .1
Deux messieurs dont la situation est
fort belle maintenant, mais qui ont passé
jadis par toutes les tribulations de la vie
sont .arrêtés à six heures du
PliBrwfàîïne bureau de location d'un
théâtre.
Ils ont l'air tous deux fort perplexe.
Ah ça, dit l'un, c'est stupide, je suis
sorti sans mon porte-monnaie 1
Eh bien, répond l'autre, c'est en.
core bien plus absurde, je viens de faire
un paiement et il né me reste pas un
sou de monnaie!
Voyons, fait tout à coup l'un des
deux, en souriant comme quelqu'un qui
vient de découvrir l'œuf de Christophe
Colomb, nous avons nos montres, et la
Mont-de-Piété est à deux pas i La pros-
périté nous rend-elle assez ingrats I
En sortant d'une première
Décidément, votre ami X. a tort
de faire des pièces. S'il n'en faisait pas
on ne saurait pas qu'il est si bête.
Scène d'invitation à dîner
Un dé nos amis est invité dernière.
ment à dîner chez des personnes qu'il ne-
connaissait pas encore beaucoup. Il sa
rend à l'heure dite chez eux, c'est-à.
dire à l'heure juste, comme le veut le ton
actuel.
Au momentde franchir'lé'seuil de la
maison, il entend à un étage' supérieur
une imprécation, un cri, enfin une sou.
pière qui siffle à ses oreilles et vient s'é-
craser a ses pieds avec un fracas atroce,
répandant parmi les éclats de porcelaine
toutes les carottes et les navets d'une
croûte au pot.
Heureusement notre ami n'est ni
blessé ni sali par cet obus inattendu. II
monte l'escalier, et trouve ses hôtes au
moment de se mettre'à table.
On s'assied, et le domestique apporta
aussitôt un turbot. ;̃̃>̃
Mon ange, dit doucement le mari à
3 sa femme, dis donc à monsieur le menu
5 du dîner..
Non, mon trésor, répond madame,
avec un sourire charmant, c'est plutôt
> à toi.
s Eh bien voilà, dit monsieur d'un
ton dégagé, je vous dirai que nous df-
ï nons à l'anglaise. nous ne mangeons
jamais de potage!
Le Masque de fer.
IE& FAUVES DU FIGARO
.̃̃ ̃̃ ̃ ̃
Les tigres de Delmonico, aux Folies*
i Bergère, les lions de Lucas, qui atten-
dent le dégel pour débuter au cirque
américain et le loup du Petit Chaperon-
Rouge, qui a fait son entrée triomphale
au cirque Franconi, sont éclipsés depuis
hier par deux fauves que le Figaro a atta-
chés à sa rédaction.
Jamais on n'a vu de bêtes féroces à ce
point dressées par le dompteur Lanzi-
rotti. On peut les voir sous le vestibute
du Figaro; elles semblent monter la
garde des deux côtés de la porte d'en-
trée. Debout sur les pattes de derrière,
le mufle au vent, la gueule béante, •
montrant des crocs redoutables, nos
deux fauves sont, au fond, les meilleures
des bêtes. Dans ses puissantes griffes,
•l'un, le lion; tient la boîte aux lettres du ̃
journal; l'autre, l'ours, veille sur la boîte
où doivent être déposés les manuscrils.
Le lion, malgré son aspect redoutable,
n'est pas plus farouche que les lions de
Bidel. Mlle Ghinassi, du théâtre des Va-
riétés né craindrait pas. un instant de
l'emmener souper chez Brébant. S'il
montre ses crocs menaçants, c'est unique-
ment pour décourager les polissons qui.-
jettent des insultes anonymes dans tou-
tes les boîtes aux lettres, de tous les
journaux. En contemplant attentive- =
ment l'ours qui veille sur la boîte aux
manuscrits on remarque dans ses
traits une certaine inquiétude; il sem-
ble troublé par la concurrence des •
ours littéraires qui ne tarderont pas à
s'engouffrer dans la boîte hospitalière.
L'ours du Figaro a tort de se tourmenter
pour si peu; plus on .est d'ours plus on
s'amuse; quand il aura donné l'hospita-
lité à cinq ou six dé ses camarades, il
s'ennuiera beaucoup moins: Cela lui fera
une excellente société pour les longues
soirées d'hiver.
Cela dit, il faut ajouter que nos deux
fauves sont en terre cuite et l'œuvre da
sculpteur Lanzirotti qui s'est associé
pour ce travail avec un élève distingué
de Barye, M. Valton. Il n'est pas aisé,
d'écrire dans ce journal l'éloge d'une
1 œuvre d'art qui a été faite pour nous,
mais toujours est-il que nos deux fauvo3
sont réussis au possible. Une allure touto
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.39%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.39%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2758278/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2758278/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2758278/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2758278/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2758278
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2758278
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2758278/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest