Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-09-09
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 septembre 1875 09 septembre 1875
Description : 1875/09/09 (Numéro 251). 1875/09/09 (Numéro 251).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO JEUDI 9 SEPTEMBRE 1875
sions d'ateliers industriels, feu, :prisons
ou dans les mines? Au moins trois
cents.
Combien de marins dans les naufra-
ges ? C'est peu de dire deux cents.
Combien morts dans les hôpitaux,
épuisés par la fatigue, les privations,
la nourriture insuffisante ou malsaine
par suite de la vente à faux poids et de
la sophistication des denrées alimentai-
res.
Ajoutons ceux qui, arrêtés pour des
causes futiles, se sont pendus dans les
violons des corps de garde, parce que
depuis trente ans je ne puis arriver à me
faire écouter quand je propose de sépa-
rer ces prisons du corps de garde non par
un mur mais par une grille.
Combien de gens assassinés, empoi-
sonnés, etc.
Cela fera un total assez élevé.
Et combien, dans cette même année
1863, est-il mort d'assassins frappés par
la justice ?
Onze.
De sorte que de tout ce qui précède, et
d'autres exemples qu'il serait facile de
multiplier, il ressort que
La profession d'assassin dont les
quelques mauvaises chances excitent si
fort votre sympathie, est, de toutes les
professions connues, la moins dange-
reuse et la moins insalubre.
ALPHONSE Karr.
«
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
BELFORT, 7 septembre. Le ministre
de la guerre continuant l'inspection dos places
fortes de l'Est, es t'arrivé hier soir, lundi, à.
six heures, après avoir traversé le ballon
d'Alsace et Giromagny. Deux breaks conduits
par l'artillerie ont amené le général deCissey,
le due d'Aumale commandant le 7e corps
d'armée arrivé ici dimanche et qui était
allé au-devant du ministre jusqu'au sommet
du ballon les généraux Chareton (député
de la Drôme), Rivière, ainsi que plusieurs
officiers supérieurs du génie et de l'artillerie.
Le ministre est descendu chez M. Charles
Le Bleu, administrateur de Belfort, dont le
fils est son officier d'ordonnance. Les officiers
généraux ou supérieurs de sa suite se sont
arrêtés à l'hôtel de l'Ancienne Poste, situé sur
la place d'où partent les faubourgs de France,
de Montbéliard, des Anèchep, et à deux pas de
la Savoureuse, jolie petite rivière qui descend
des Vosges.
Le soir, grand dîner à la préfecture.
Ce matin, à sept heures, le général est ar-
rivé en break sur le champ de Mars où
,étaient massées les troupes, et a parcouru à
pied leurs rangs.
Le défilé a eu lieu dans l'ordre suivant
le bataillon.de sapeurs pompiers, l'artillerie à
pied, le génie, le 35e, le 42e de ligne, l'artille-
rie attelée, le 15e de chasseurs à cheval.
Quoique les troupes se composent en grande
partie de réservistes arrivés à peine depuis
trois jours, le défilé a été assez réussi.
Le ministre est remonté en voiture avec
l'état-major qui l'accompagnait pour aller
visiter les forts en construction autour de
Belfort.
» Nancy, 7 septembre. Les candi-
dats conservateurs au Sénat pour Meurthe-
et-Moselle, sont MM. Cournaut, membre du
conseil général, et .Minière de l'Académie
«rîtSÇâîse,
Les candidatures de la gauche ne sont pas
encore définitivement arrêtées, mais il y a
lieu de penser qu'elle portera MM. Bernard,
maire de Nancy, et Varroy, député.
«*> -Njort, 7 Septembre Candidats au
Sénat dans les Deux-Sèvres
Conservateurs
ït. Taillefert, député du centre droit, vice-
président du conseil général.
M. le général Allard, président du conseil
général, ancien président de section au Con-
seil d'Etat, bonapartiste transigeant, faisant
volontiers des avances aux légitimistes.
M. Taillefert représente l'arrondissement
de Melle, le sud du département; le général
Allard, Parthenay et le nord des Deux-
Sevrés..
Républicains
M. Gifeaud, président du tribunal de
Niort; très capable, très remuant, prési-
dent de la Société d'agriculture des Deux-
Sèvres, très impérialiste jusqu'en 1870, rallié
à la forme du -gouvernement actuel. Mais
il 'est président du tribunal et voudrait-il
donner sa démission ?
M. Maichain, maire de Niort, homme mo-
déré, conciliant, bon administrateur, mais
HânSfprestige.
Il y a 'bien encore monsieur Ricard dont on
promet la révélation,à l'Assemblée depuis cinq
ans, mais je puis vous affirmer qu'il n'arrive
pas en rang sérieux.
En résumé, l'honorable M. Taillefert a beau-
coup) de chances; M. Gireaud, s'il se décide à
se présenter, vient après. S'il n'ose pas, l'élec
tion du général Allard serait probable.
-.y, Marseille, 8 septembre, 6 h. 10, soir.
WM. Mathieu, doyen des agents de change,
ffeclUeton fto ElftAIO Au 9 Sfcptemltre 4875
-47
ba
CHASSE AUX FANTOMES S
DEUXIÈME PARTIE
tj~. ~~VANC1~E n~ MtEL'~E!W ?
IX `; q
̃{Suite.) '̃
Des rumeurs nombreuses se firent
Qn#&dre jians l'assemblée après cette
̃̃jpatèrpâllation.
Déboutes parts on entendit: f
u' parlé e! l!
̃– Qu'il s'explique 1 c
-» C'est trè| grave J `
L'accusation est nettement for- a
muléle!
A la tribune, Regimbai t
Regimbai parut à la tribune. l
Sa face était couleur safran.
Messieurs, dit-il, l'honnête homme £
attaqué dans sa probité, dans son hon- l
neur, est toujours fort embarrassé lors-
qu*il s'agit de répondre à une accusa-
tiqn comme celle qu'on a présentée de- t
vajat vous. Vous me connaissez tous;
vous savez qui je suis, d'où je viens. 5
Otdi mais pas où vous allez dit ]
un mauvais plaisant.
Parlez de la succession Desprez dit i
un autre interrupteur.
On me dit Parlez de la succession
Desprez, reprit Regimbai haletant,- j'y
arrive. J'étais en effet détenteur de cette
sucfiessioD, puisque tout ce que possë-
dait Charles Desprez était placé dans ma
maison de commerce, mais j'en ai remis
le montant à l'exécuteur testamentaire
du défunt.
Baproduction autorisée pour les journaux qui
"ftealS avec ta société des Gens de lettres.
ancien syndic, ancien conseiller municipal,
chevalier de la Légion d'honneur, est mort
aujourd'hui, d'une attaque d'apoplexie, à l'âge
de cinquante-six ans.
Ibrahim-Pacha et Fuad-Bey, gendre
et fils du khédive, sont arrivés aujourd'hui
de Genève. Ils partiront demain par la fré-
gate égyptienne El-Massr.
« Forcalquier, 6 septembre. Notre
ville se prépare à célébrer par de grandes
fêtes religieuses et littéraires, la bénédiction
d'un monument national élevé à la Vierge,
sous le vocable de Notre-Dame de Provence.
Ces fêtes dureront les 11, 12, 13 et 14 de ce
mois.
NANTES, 8 septembre, midi 25. De-
vant la Cour d'assises ont commencé ce ma-
tin les débats de l'affaire capitale de la ses-
sion.
Le nommé Grandef(Jean-Baptiste) sabotier,
né a Vieillevigne, est accusé d'avoir, dans la
nuit du 26 au 27 avril dernier, commis avec
préméditation un homicide volontaire sur la
personne de Rose Naud, vieille /fille âgée de
70 ans, lequel homicide a précédé; accompa-
gné ou suivi le crime de vol.
L'accusé est de taille moyenne. Sa mise est
celle d'un ouvrier aisé moustache et cheve-
lure noire soignées, cravate bleue son regard
est oblique. Il répond avec volubilité et force
gestes aux questions du président. Il possède
un grand sang-froid et on croirait que l'af-
faire dont on lui parle regarde un autre que
lui.
Le jury rendra demain son verdict.
8 8 septembre, 6 h..47, soir. L'au-
dience a été levée ce soir, à six heures, et
sera reprise demain matin, à neuf heures.
Sur 34 témoins, 14 ont été entendus. Déposi-
tions accablantes pour Grandet, qui oppose
de vives dénégations. Il n'a plus la confiance
du matin, et tient un mouchoir avec lequel il
s'essuie fréquemment les yeux.
• Hier, incendie considérable dans les
bois près Sauthon. Plusieurs hectares brû-
lés. Le feu a été communiqué par une allu-
mette mal éteinte jetée dans un chantier où
on faisait des cercles
> Montargis, 6 septembre. L'un des
fils de feu le général Frossard habite notre
ville où il jouit d'une considération méritée.
Il remplit d'une manière très remarquable
les fonctions d'ingénieur des canaux de Briare
et du Loing.
BESANCON, 5 septembre. La gen-
darmerie de Valdahon vient de faire une im-
portante capture et a débarrassé l'arrondisse-
ment de Baume-les-Dames d'un hôte incom-
mode. Mercier a environ trente ans et un
casier judiciaire qui promet: condamné- à dif-
férentes reprises et pour de nombreux vols à
plus de vingt ans de détention, il avait été
pris une première fois au mois de février
dernier. Réclamé par l'autorité militaire, il
avait été dirigé sur la prison d'Orléans où
il devait passer devant un Conseil de guerre
pour rébellion à main armée, tentative d'as-
sassinat et désertion.
Doué d'une force et d'une audace extraor-
dinaires, Mercier parvint à desceller les bar~
reaux d'une fenêtre de sa prison et s'évada le
18 juin dernier. Depuis cette époque, il s'était
réfugié dans les forêts de la contrée où il
avait des gîtes et des repaires nombreux.
Enfin, il y a quelques jours, oubliant sa
prudence habituelle, il s'aventura jusqu'au
village de Ronchaux et pénétra dans une fro-
magère où il fut reconnu. Invité à boire, il se
mit sans défiance à table pendant qu'on pré-
venait secrètement la brigade de Valdahon.
Moins d'une demi-heure après, la maison
était cernée sans bruit, et le maréchal des
logis Mathenay se précipitait dans la salle,
suivi de ses gendarmes, le revolver au poing,
et se jetait sur Mercier qui n'eut pas le temps
de se défendre, et fut en un clin d'oeil soli-
dement lié.
Saint-Pétersbourg. Lie Journal de
Saint-Pétersbourg du 21 août (2 septembre),
raconte un fait singulier au sujet du magni-
fique cheval de course Lanercorst, qui s'est
cassé la jambe le 7 août aux courses de
Tsarkoë-Selo.
Comme ce cheval est un étalon de race, on
tenait à le conserver quoi que l'on eût re-
connu l'impossibilité de guérir sa jambe
cassée. M. Westphalen, vétérinaire des écu-
ries de la cour, a obtenu ce résultat en procé-
dant à l'amputation de la jambe, qu'on rem-
placera par une jambe de bois. Cette opération
serait, paraît-il, presque sans précédent. Elle
a complétement réussi. Lanercorst est en
pleine convalescence et l'on espère qu'il pourra
être conservé à titre d'étalon reproducteur.
Auguste Marcade.
PARIS Ali JOUR, 11 JOUR
La lettre de M. l'amiral de la Roncière
le Noury et le discours de M. Raoul Du-
val empècheront peut-être qu'il soit
donné une attention suffisante à une
nouvelle lettre de M. Naquet.
On lui avait reproché de ne point for-
muler son programme; il en trace un.
Les masses républicaines, dit-il, depuis
quatre-vingts ans, qui ont subi l'exil, la dé-
portation, la mort pour la République, ont
Deux questions se croisèrent. r r
Son nom ? t
A quelle époque? i
L'exécuteur testamentaire est un c
banquier dont la solvabilité et l'honora-
bilité sont parfaitement connues ici
c'est M. Robert Dachet, de la maison J. t
Starke, Dachet et compagnie. ¡
Oh oh 1 fit-on.
On me demande à quelle époque t
j'ai fait cette remise, je réponds le jour
même de la visite de Mlle Elise Des-
prez. ]
Un membre se leva. (
Je désire savoir s'il est exact, ainsi 1
qu'on nous l'affirme, que M. Regimbai <
se soit refusé à dire à Mlle Desprez de
quelle somme elle héritait?
Regimbai eût bien voulu dire non,
mais la chose était difficile.
Le fait est exact, répondit-il au
moment où Mlle Desprez m interrogeait, j
le compte de son père n'était pas encore
établi.
Il y eut quelques murmures parmi les
assistants.
La réponse semblait jésuitique.
-Vous pouviez le lui dire le lende-
main, cria-t-on.
La même excuse n'existait pas lors.
que, il y a trois jours, le mandataire de
Mlle Desprez s'est présenté chez vous,
observa quelqu'un.
En effet! seulement vous convien-
drez, messieurs, que je ne suis pas à la
disposition du premier venu qui se pré-
sente chez moi. Or, ce prétendu manda-
taire ne m'a exhibé aucun mandat, et la
prudence une prudence exagérée, si
vous voulez -m'a fait une loi de ne pas
répondre.
Enfin, demanda un des assistants,
vous devez avoir un reçu de la somme
déposée aux mains de M. Robert Da-
chet ?
J'en ai un.
Montrez-le. Il faut que tout soit
clair ici.
Regimbai dit quelques mots au prési-
dent.
Celui-ci prit la parole. `
Messieurs, M. Regimbai me prie de
bien travaillé pour autre chose que ce que
nous avons.
Quand elles entendent et voient des hom-
mes qui sont censés à la tête du groupe répu-
blicain le plus avancé dire ce qu'ils disent,
écrire ce qu'ils écrivent depuis quatre ans,
elles se demandent si ce que nous avons se-
rait réellement la République ou s'en rappro-
cherait. Elles se trouvent alors cruellement
déçues elles se disent que tel n'était pas le
but de tant de dévouements ni de tant de sa-
crifices. Il en résultera, si l'on n'y porte re-
mède, que désormais elles deviendront indif-
férentes à la chose publique.
Or, que faut-il aux « masses républi-
caines »? M. Naquet répond pour elles en
développant un ensemble de réformes
qui, à supposer qu'elles ne fussent point
absurdes, demanderaient un siècle ou
deux pour se réaliser.
Nous voulons demander, au moment voulu,
la révision de la Constitution, afin que la Ré-
publique soit gouvernée par une Assemblée
unique, élue pour un temps très court, et
révoquant à son gré le chef du pouvoir exé-
cutif.
Nous voulons, comme nos pères de 1793,
l'appel direct au peuple pour la sanction des
lois constitutionnelles.
Nous voulons une large décentralisation.
Nous voulons non point seulement la levée
de l'état de siège, qui remettrait en vigueur
les lois de 1868 sur la presse et les réunions;
nous voulons plus que cela: la liberté ab-
solue de la presse et la liberté absolue de
réunion.
Nous voulons le droit d'association le plus
étendu.
Nous voulons la séparation de l'Eglise et
de l'Etat.
Nous voulons l'instruction gratuite,.obli-
gatoire et laïque.
Nous voulons le service militaire obliga-
toire, non plus nominal, mais effectif.
Nous voulons, dans l'ordre économique, le
rachat de la Banque, des mines et des che-
mins de fer, ou tout au moins qu'on ne re-
nouvelle pas les priviléges une fois expirés;
parce que, là où le monopole s'impose, il doit
bénéficier à tous au lieu d'être pour quel-
ques-uns un moyen de prélever une pré-
bende sur tous; parce que, en ce qui con-
cerne la Banque, cela permettra d'abaisser le
taux de l'escompte parce que, en ce qui con-
cerne les chemins de fer, cela permettra d'a-
baisser les tarifs et de faciliter les communi-
cations.
Nous voulons qu'au moins en attendant, on
abolisse les tarifs spéciaux et qu'on empêche
ainsi les compagnies d'être les dispensatrices
de la fortune publique.
Nous voulons changer l'assiette de l'impôt:
établir l'impôt progressif sur le capital ou le
revenu.
Nous voulons que le divorce, établi dans
nos lois par la Révolution de 1792 et aboli
par la réaction cléricale en 1816, y soit ré-
tabli.
Nous voulons que la femme devienne, sinon
au point de vue politique, du moins au point
de vue civil, l'égale de l'homme; qu'elle puisse
gérer ses biens, qu'elle puisse tester en justice,
qu'elle reçoive, elle qui élève nos enfants, une
éducation égale à celle que nous recevons
nous-mêmes.
Nous admettons volontiers que le cen-
tre gauche soit fort loin d'accepter ce
programme du radicalisme, et que M.
Naquet ne traduise que la pensée d'un
petit groupe, mais il n'en est pas moins
exact que ces démonstrations font le
plus grand tort à la République modérée
et qu'elles découragent singulièrement
ceux qui se résignaient à la supporter.
Elles établissent, comme on l'a souvent
dit, qu'il est définitivement impossible
de satisfaire les républicains; ils com-
mencent par demander la lune, puis,
quand ils l'ont, ils veulent avoir le so-
leil, et ainsi de suite.
Il serait très curieux de savoir ce que
M. Thiers, dont le Journal des Débats nous
raconte les conversations en Suisse, pense
des folies de son ancien allié M. Naquet.
D'après le Journal des Débats,M. Thiers
s'occupe d'un livre qui sera « son testa-
ment ». C'est évidemment un ouvrage
de déisme par lequel M. Thiers veut
empêcher la jeunesse française d'aller
« à la dérive entre le Syllabus et le ma-
» térialisme systématique ». Il semble
notamment préoccupé de l'idée d'écarter
les miracles de la notion de Dieu.
On a ensuite parlé de la République
qui était « inévitable ».
On a dit que je pouvais l'empêcher de s'é-
tablir. C'est une grande erreur. On perd donc
son temps à la contrecarrer, et, quand on s'y
range, on a tort de montrer qu'on le regrette.
Pour faire face aux dernières difficultés, pour
repousser les partis extrêmes, nous avons be-
soin d'être d'accord, et nous formerions bien
vite une masse énorme de bons républicains,
gens d'ordre et de travail, si nous ne parlions
plus en aucune occasion de nos diverses ori-
gines politiques et de nos anciennes préfé-
rences. Les esprits modérés sont très nom-
breux non seulement dans la bourgeoisie,
mais dans les rangs du peuple. Il faut ne rien
faire pour les écarter de soi, et tout faire pour
que la confiance s'établisse entre ceux qui
veulent sincèrement relever la France et af-
fronter ses destinées nouvelles sans que l'Etat
remettre cette affaire après la présenta-
tion des divers candidats. A ce moment,
il sera en mesure de fournir le reçu
qu'on lui demande.
Oui oui 1 cria-t-on de toute part.
Regimbai courut chez lui et revint
triomphalement à la réunion, le papier
à la main.
Le président s'empressa de donner lec«
ture de la quittance.
Elle constatait que Regimbai avait
versé, à la date indiquée, aux mains de
M. Robert Dachet, une somme de six
cent trente mille francs, montant de
l'avoir de Charles Desprez dans la mai-
son Regimbai.
M. Raymond Lizy se leva et dit
-Je demande que cette quittance soit
copiée au procès-verbal elle servira de
titre à Mlle Desprez pour se faire rendre
justice. J'ajoute qu'il reste de ce débat
un fait fâcheux et qui est demeuré
inexpliqué de la part du candidat c'est
qu'il a refusé de répondre à la question
que lui adressait Mlle Desprez, et, plus
tard, de donner au mandataire de celle-
ci un renseignement auquel elle avait
droit; c'est qu'enfin, cette demoiselle
n'a pas encore été mise en possession de
l'héritage de son père, et que M. Regim-
bai et M. Robert Dachét sont unis par
des liens de parenté.
L'incident est clos, dit le président.
Copie du reçu présenté par M. Regimbai
sera inscrit au procès-verbal. A jeudi,
midi, pour les élections.
L'impression produite sur l'Assemblée,
par ces débats, fut pénible.
Regimbai avait des rivaux, des com-
pétiteurs qui envenimèrent par des ré-
flexions, l'affaire de la succession Des-
prez. Des confrères de Regimbai, jaloux
de sa grande fortune, de ses succès, s'en
mêlèrent, et des doutes cruels pour la
probité du négociant furent émis et cir-
culèrent dans Paris. Quelques journaux
spéciaux rendirent compte de la réunion.
On ne cita point le nom du marchand de
diamants, mais ce nom était le secret de
la comédie.
On demanda à M. Raymond Lizy crui
et la paix publique y courent aucun risque.
L'intelligence gardera son rang mais qu'elle 0
ne soit pas trop fière et trop hautaine. En un
mot, le peuple a droit à des égards, et la po-
litique veut qu'on ne cesse plus d'en avoir
pour lui. ,1
M. Thiers a expliqué aussi pourquoi il
préfère aujourd'hui le scrutin de liste au
scrutin d'arrondissement.
̃
En temps ordinaire, je serais pour le scru-
tin d'arrondissement, qui met l'élu plus près
de l'électeur. Mais nous n'avons pas fondé dé-
finitivement l'édifice.
Les partis, mal contenus par une politique
qui semble se plaire à leur conseiller de garder
leurs espérances, ne font jusqu'ici qu'ajour-
ner leurs querelles. Rien n'est fait si nous n'a-
vons une Assemblée homogène, c'est-à-dire
modérée, et dont soient exclus les représen-
tants des opinions extrêmes. Le bien de la
patrie, l'ordre veut encore ce sacrifice. Quand
j'ai proposé le scrutin d'arrondissement, je
considérais la république comme indiscu-
table. Je ne prévoyais pas, je l'avoue, le 24
mai. Cette journée a éta réparée; mais, avec
l'attitude du gouvernement actuel, la répara-
tion, l'ordre enfin, la paix publique courraient
de grands risques si l'on ne s'attachait pas au
seul moyen qu'on ait d'obtenir ces élections
modérées qui doivent nous sauver pour long-
temps.
L'ex-président croit que l'arrivée de
la nouvelle Assemblée suffira à annuler
le bonapartisme. M. Raoul Duval, on le
sait, n'est point du même avis.
Voici quelle a été la conclusion de
cette entrevue à l'américaine.
M. Thiers est évidemment d'avis que, quoi
qu'il arrive, nous ne repasserons pas par de
trop dures épreuves. « Je le souhaite pour
moi-même. A mon âge, on peut m'en croire.
J'ai été très fatigué. Je suis rétabli j'ai ma
santé, j'ai mes facultés je suis enfin guéri
de la bronchite qui ne voulait pas me quitter.
Je ne désire plus que le repos pour l'achève-
ment du livre dont nous parlons. Puis-je sou-
haiter de reparaître au pouvoir ? Pour au-
cune raison.
Et d'abord, ce serait signe que la France
ne vit pas encore de sa vie régulière. Mais
alors aurais-je la force, puis-je avoir le désir
de recommencer la besogne que j'ai faite et
de retirer deux fois l'Etat de sa désorganisa-
tion, pour obtenir une seconde fois la même
récompense ? Il m'en coûterait trop cher,
comme citoyen et comme homme. Sans doute,
il m'aurait plu de terminer ce que j'avais
commencé; c'est un plaisir bien naturel. Sans
doute je désire, tant que je le pourrai, garder
ma part de la vie publique, mais en simple
citoyen, et pour ne pas quitter cette Chambre
où j'aurai tant vécu. Je n'accepterai donc pas
d'élections multiples. Nous ne sommes plus
en 1871. Si l'on me force la main, j'en aurai
le plus grand regret. Il faut que tout s'ar-
range il faut que le régime établi suive son
cours sans secousses nouvelles, sans remède
extraordinaire. Je ne puis pas désirer mieux,
pour la Franoe et pour moi.
**» Baehaumont nous décrit le costume
des belles dames qui s'en vont en chasse,
le fusil sur l'épaule
Il se compose d'une jupe courte et tombant
à la hauteur de la cheville, faite à plis à la
religieuse, et d'un corsage veste-cantinière à
postillon et de manches plates boutonnées au
poignet. Un simple biais ou des galons d'acier
forme la garniture de cette robe de chasse,
qui se fait généralement en drap anglais ou
en serge d'Irlande. Le chapeau qui complète
le costume est en feutre assorti à la nuance
de la robe, et porte un bouquet de plumes de
perdrix ou de coq de bruyère sur le côté pour
tout ornement.
Détachons du Sport une autre actualité;
c'est la circulaire qu'un marchand de
comestibles aurait adressée à quelques
chasseurs connus pour leur maladresse
Monsieur,
Apprenant que vous allez ouvrir la chasse,
je viens vous faire mes offres de service.
J'ai un choix de perdreaux, lapins, lièvres,
faisans, chevreuils, etc., etc.
Toutes les bêtes sortant de ma maison sont
pourvues d'un nombre de grains de plomb
suffisant.
Dans l'attente de votre visite,
Recevez, monsieur, etc., etc. X..>
P. S. Pour les maris qui désirent, tout en
restant à la ville, avoir l'air d'être allés à la
chasse, par un procédé spécial, tout de mon
invention, je crotte les bottes et les chiens,
salis les fusils, et donne à tout le vêtement des
tons poussiéreux du meilleur effet.
**» On parle beaucoup, du système
Banting sans le connaître ce système
destine à diminuer l'embonpoint excessif
porte le nom d'un Anglais, William
Banting, étranger à la médecine, mais
qui a eu l'idee de rendre publics les
moyens qu'il a employés pour se faire
maigrir. L'Opinion Nationale nous les a
fait connaître.
Ils n'ont rien d'effrayant maintenant
réussiraient-ils à tous les tempéraments,
c'est ce que nous ignorons.
Voici le menu journalier qui lui a été or.
l'avait si bien instruit de tous les détails
qu'il avait soumis à l'Assemblée.
Le commerçant répondit qu'il tenait
ces renseignements d'un homme qu'il
connaissait depuis longtemps et qui lui
inspirait toute confiance. Les détails
s'étant trouvés exacts, il n'avait à faire
connaître aucun nom.
Disons tout desuite, pour ne rien cacher
afl lecteur, que la personne dont parlait
M.Raymond Lizy n'était autre que Pierre
Melven.
Regimbai, malgré sa sottise, sa nul-
lité et son ignorance, comprit le danger
qui planait sur lui.
Sa réputation d'homme supérieur, de
négociant intègre, menaçait de s'écrou-
ler, et cela juste au moment où il pen-
sait recueillir les fruits de vingt années
de patience, d'astuce et de duplicité.
Il voulut conjurer l'orage, et se rendit
en toute hâte chez Robert Dachet mais
Dachet était chez son futur beau-père, à
Saint-Amand, où devait se signer le
contrat de mariage du banquier avec
Mlle Emilienne de Lorris.
Quel jour reviendra M. Dachet?
demanda Regimbai.
Nous l'ignorons, monsieur.
Regimbai se décida à écrire à Robert
Dachet.
Il lui apprenait l'incident soulevé par
M. Raymond Lizy dans l'assemblée des
notables commerçants, et le conjurait
tant pour lui, Dachet, que pour Regim-
bai, de faire cesser une situation qui
pouvait devenir, à cause de leurs liens
de famille, très compromettante pour
tous les deux.
Il mit lui-même la lettre la poste,
ne voulant pas se fier à l'exactitude
d'un garçon de bureau, et attendit avec
une fiévreuse impatience la réponse de
Dachet, laquelle, selon ses prévisions,
devait le degager complétement de toute
compromission fâcheuse.
x '̃••:̃ ̃ :•
A l'heure où M. Regimbai sortait des
bureaux de la maison J. Starke, Dachet
et Cie, un Dersonaaee axant les allures
donné, et qui constitue la base du système
Banting:
A déjeuner, environ 300 grammes de bœuf
ou de mouton, du rognon, du poisson frit,
du jambon ou toute autre viande froide
(excepté le porc); une grande tassse de thé
(sans lait et sans sucre), un peu de biscuit ou
de pain grillé sans beurre.
Au second déjeuner, 3 à 400 grammes de
poisson (excepte le saumon et l'anguille), de
la viande (pas de lard), un légume (pas de
pommes de terre), un peu de pain grillé ou
de la compote de fruits, de la volaille (sauf
l'oie et le canard;, du gibier, deux ou trois
verres d'un bon vin de Madère ou de Xérès
(le champagne, le porto et la bière ne con-
viennent pas).
Au goûter, environ 150 grammes de fruits,
un ou deux biscuits et une tasse de thé sans
lait ni sucre,
Au dîner, do la viande ou du poisson,
comme à midi, et un ou deux verres de vin
rouge.
Enfin, pour faciliter le sommeil, un grog
au rhum ou à l'eau-de-vie, sans sucre, ou
bien un ou deux verres de vin rouge.
Voilà, certes, un régime qui ne fait pas
mourir'de faim et que l'on peut même taxer
de substantiel, et cependant M. Banting a
perdu, par ce moyen, 46 livres de son poids
dans l'espace de deux ans. Son tour de taille
a diminué de 30 centimètres.
Le principe de ce régime consiste dans la
diminution de la quantité d'eau introduite
dans l'économie par les aliments et par les
boissons, et, en second lieu, dans l'usage
excessivement modéré de tout aliment conte-
nant de la fécule, du sucre ou de la graisse.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 7 septembre 1875.
A Monsieur de 17illeniessant, rédacteur en
chef du Figaro.
Monsieur,
Je lis, sous le titre Echos de Paris, dans
le Figaro du 7 septembre, à propos du pas-
sage de M. Magnier dans votre journal, les
lignes suivantes
« M. de Villemessant emmena tous ses an-
» ciens rédacteurs dîner chez Brébant, tandis
»qu'il ordonnait de tenir les fenêtres ou-
»vertes pour renouveler l'air de la rédac-
» tion. »
Frappez sur M. Magnier, l'ex-associé de
MM. Troncin du Mersan et Dumont, C'ASt
votre droit mais vous oubliez involontaire-
ment sans doute que M. Magnier n'était pas
seul au Figaro que, à côté de lui, il y avait
des hommes qui ont fait loyalement leur de-
voir et ne partageaient en aucune façon, ni
d'aucunes manières, les idées et les sottises
républicaines de ces Messieurs.
Dans cet écho, je ne suis pas nommé, il est
vrai mais, comme le Figaro a toujours eu et
aura toujours le privilége d'attirer l'attention
publique vos lecteurs pourraient croire
qu'ayant été rédacteur au Figaro pendant la
période Magnier, vous me rendez solidaire
do toutes ses âneries.
Il est regrettable, monsieur, que vous ne
connaissiez pas la vérité sur le passage de M.
Magnier dans votre journal, il y aurait matière
à écrice sous ce titre Figaro républicain et
en sous-titre Ancien révolutionnaire, une
page bien curieuse qui éclairerait singulière-
ment les lecteurs du Moniteur-Naquet.
Pendant mon trop court séjour au Figaro,
j'ai fait mon devoir; officier d'un corps de
francs-tireurs, campé le jour à Vitry, je ve-
nais la nuit à votre journal et n'avais qu'une
pensée, une pensée unique, mettre une sour-
dine aux bêtises que les « délégués des clubs »
venaient y débiter;
Ma conduite et mon attitude vis-à-vis des
bandes qui venaient quotidiennement au nom
de la liberté pour briser vos presses et dé-
truire votre imprimerie, tandis que M. Ma-
gnier, tremblant et prudemment caché dans
son cabinet, était en train de rédiger un cha-
leureux appel « à la concorde des masses,
m'ont attiré l'estime de vos rédacteurs, et plus
d'un pourrait vous affirmer que je n'ai pas
craint de mettre ma poitrine entre votre pro-
priété et les frères et amis de M. Magnier.
Je n'ai pas mérité, monsieur, d'être mis sur
le même rang que M. Magnier. Je ne mérite
pas une pareille insulte.
Il est vrai qu'aujourd'hui M. Magnier, après
s'être servi du Figaro comme d'un marche-
pied, est sur le chemin de la fortune et a un
journal pour se défendre; tandis que moi qui
ai fait mon devoir, j'ensuis réduit à solliciter
l'insertion de cotte lettre.
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur en
chef, mes salutations empresséos.
24, rue Condorcet: `
Nous prions nos abonnés de nous adres-
ser le montant de leurs renouvellements
ou abonnements par mandats-poste à
l'ordre de M. de Villemessant, et de ne
jamais nous envoyer des valeurs d'ar-
gent ou timbres-poste sans recommander
ou charger leurs lettres.
et le costume d'un garçon de banque et
possesseur d'une chevelure du rouge le
plus ardent, se présenta à la caisse et
jeta dans le guichet, pour le faire viser,
un chèque portant la signature Prosper
de Prévodal, et de la valeur d'un mil-
lion.
M. Neukichner, créature du baron
Mittermann, s'était rètiré de la maison
lors du départ de celui-ci; il avait été
remplacé par un autre caissier venu d'Al-
lemagne, comme presque tous les em-
ployés de la maison. La recommanda-
tion de Robert Dachet de porter à son
compte toutes les sommes qui seraient
payées sur la signature de Prosper de
Prévodal, était donc ignorée du nouveau
caissier. Il feuilleta les livres et ne trouva
aucun compte ouvert au comte de Pré-
vodal, ni aucune trace d'un avoir quel-
conque dans la maison. Cela le surprit.
Il entr'ouvrit le rideau vert qui garnis-
sait le grillage, contempla le garçon por-
teur du chèque et vit qu'il no le connais-
sait pas.
Avez-vous votre livre? lui deiuan-
da-t-il.
Oui, répondit l'interpellé, et il fit
glisser le carnet dans le guichet.
Le caissier reconnut alors que ce car-
net avait été délivré par l'ancienne mai-
son Mittermann. J. Starke et compagnie,
et les initiales placées à l'un des angles
lui apprirent qu'il était la propriété de
Robert Dachet, l'un des associés.
Sa première pensée fut qu'il était en
face d'un hardi coquin.
Cependant avant de référer à son
chef, J. Starke, de cette affaire, il con-
sulta les livres de l'ancienne maison. Il
y vit figurer l'envoi de M. Kergrist, no-
taire à Pont-Croix, pour le compte de
M. Prosper de Prévodal, de titres au
porteur s' élevant à une somme d'un mil-
lion, mais, en même temps, il y trouva
la mention de la remise de ces titres,
ou de leur valeur en argent, à M. de
Prévodal. Donc, il n'était plus rien dû à
celui-ci.
A coup sûr le livre qu'on lui présentait
avait été volé à M. Robert Dachet I
Toutefois il était étransa an'onixà*
INFORMATIONS
̃ ̃
Il paraît que les demandes de secours des
familles de réservistes ne sont pas très nom-
breuses.
Beaucoup en effet sont garanties contre la
misère, soit par de petites épargnes, soit par
l'aide des patrons; d'autres préfèrent souffrir
en silence, L'arrondissement de Paris qui a
reçu le plus de demandes jusqu'à présent, est
le dixième, et il n'en a inscrit que vingt-deux.
Au deuxième arrondissement, trois seulement
ont été faites.
Nous apprenons la mort de Mme la com-
tesse Charlotte de Croy-Chanel de Hongrie,
décédée à l'âge de soixante-six ans.
Il y a encore huit personnes aujourd'hui
portant ce nom illustre de Croy-Chanel
Le comte Claude-François-Joseph, le vi-
comte Engelbert Claude-Marie, le prince
François de Hongrie d'Arpad, le colonel
prince de Croy-Chanel, le comte de Croy-
Chanel de Saint-Cyr, le comte Raoul de Croy-
Chanel d'Argenson et le comte de Croy-Cha-
nel, chargé d'affaires de France à Berne
Nous avons annoncé il y a quelque temps
l'arrivée à Paris de Haut et Puissant Seignenr
le duc de Trou-Bonbon, le dernier représen-
tant de cette cour grotesque que s'était créée
Soulouque.
Hier, le duc de Trou-Bonbon est mort.
C'est à Saint-Mandé, où il habitait depuis
quinze jours, qu'il a rendu le dernier soupir
il était âgé de soixante-douze ans.
Le duc de Trou-Bonbon, qui était un ma-
lin, avait sauvé sa caisse lors de la chute de
Soulouque, et vivait confortablement. C'est
lui qui est le héros d'une fort amusante his-
toire qui depuis, je crois, a été attribuée à
son ex-maître.
En quittant Haïti, il avait serré ses écono-
mies dans une petite malle de cuir à pla-
ques de cuivre tout le temps de son voyage,
il manifesta utie tendresse énorme pour cette
malle, et l'on n'entendait que lui, répétant à
chaque minute d'une voix effarée
Touchez pas à la malle-qui-luit.
La e malle-qui-luit contenait trois cent
cinquante à quatre cent mille francs.
Oh. Virmaitke.
M. le prince d'Orange, notre hôte en ce
moment, est un des souverains étrangers qui
parlent le mieux le français.
Quelqu'un qui l'a accompagné dans son
voyage à Paris nous -racontait hier, à ce su-
jet, que Son Altesse avait d'abord eu l'idée
de faire son voyage incognito et s'était mise
à chercher quel faux nom elle prendrait
bien.
Tout à coup
Parbleu I s'était écrié le prince, j'y suis 1
Je tiens le vrai pseudonyme qui convient au
prince d'Orange. c'est celui de duc de Va-
lence l `
Et il s'en fallut de peu que notre hôte n?
nous arrivât sous ce nom-là.
Un bon point à M. Leverrier
II tient à ménager la santé de ses collabo-
rateurs et à leur éviter les rhumes de cer-
veau.
Hier, en effet, à l'Académie des sciences,
après avoir signalé le nombre considérable
d'étoiles filantes qui ont apparu pendant le
mois d'août, à l'Ecole normale d'Avignon,
on en a compté 858 dans la seule nuit du 10
au 11, il a déclaré que c'était trop beau
pour pouvoir continuer, et que, les nuits
fraîches allant arriver, il jugeait inutile d'en-
voyer des observateurs s'enrhumer du cer-
veau.
La clôture de l'exposition de géographie
est définitivement fixée au 16 septembre et
la recette de ce dernier jour sera au profit des
inondés. Il y aura concert de une heure à
cinq heures, dans la salle des Etats et diver-
ses parties de l'exposition quatre musiques
de la garnison de Paris et la* musique de la
garde républicaine joueront alternativement
les airs nationaux des divers pays.
Prix d'entrée, 50 centimes.
Toutes les entrées sont payantes.
On nous annonce une découverte des plus
intéressantes celle 'd'un portrait authen-
tique de Jeanne d'Arc, fait de son vivant par
le peintre écossais Power.
Naturellement ce portrait a sa légende. Un
amateur de Paris, M. Auvray, l'a acheté à
Orléans, il y a plusieurs annees, dans un lot
de vieilles toiles. Il l'avait à peine remarqué
et l'avait relégué au fond d'un grenier. Or,
il y a quelques jours, ayant eu occasion dl
le déplacer, il eut l'idée de le nettoyer et
s'aperçut alors seulement de sa valeur histo-
rique.
Une commission va être nommée par le mi
nistre des beaux-arts, afin d'examiner ce por
trait, dont la place, s'il est authentique, doit
être au Louvre. Inutile de dire que la plus
grande circonspection est recommandée aux
membres de cette commission. Il est possible
en effet que le portrait ne soit qu'une copie,
ou même une fantaisie, de beaucoup posté-
rieure, et l'on ne veut pas recommencer l'his-
toire de la fameuse fresque de Raphaël.
On remarque à l'exposition du Palais de
sentât un chèque portant la signature
Prévodal.
Ou cette signature était fausse, ou •
ce qui ne pouvait s'admettre les écri-
tures de l'ancienne maison Mittermann
J. Starke et Cie contenaient une erreur
inexplicable.
Le caissier monta immédiatement chez
J. Starke et lui mit sous les yeux le
chèque, le carnet et les anciennes écri-
tures de la maison.
Que répondre? demanda-t-il.
J. Starke examina toutes les pièces.
Il connaissait M. le comte de Prévo-
dal et le tenait pour un très honorable
gentilhomme.
Mais il savait aussi que Prosper avait
quitté Paris depuis bien des mois, et,
depuis ce départ, n'avait plus entendu
parler de lui.
Comment ce papier porte-t-il la si-
gnature d'un homme disparu depuis
longtemps? se demanda-t-il. Evidem-
ment il y a là un faux
C'est au moins fort supposable, dit
le caissier.
A quelle maison de banque appar-
tient le garçon qui est en bas?
Je l'ignore. C'est la première fois
que je le vois.
Faites monter cet homme, je vais
l'interroger. En même temps, envoyez-
chercher deux agents qui se tiendront
dans la salle, et, si j'en donne l'ordre
par le tuyau acoustique, on l'arrêtera.
Bien.
Le caissier descendit, ouvrit un gui-
chet et appela
M. Prosper de Prévodal I
Le garçon inconnu se présenta.
Montez au premier, lui dit le cais-
sier, M. J. Starke veut vous parler.
Il s'attendait à ce que le garçon, sur
la manifestation de ce désir, prît aussi-
tôt la fuite.
Mais il n'en fut rien: il conserva un
calme parfait et se dirigea vers le petit
escalier qui conduisait chez J. Starke. »
Armand Lapointk*
{La suite à demain.)
sions d'ateliers industriels, feu, :prisons
ou dans les mines? Au moins trois
cents.
Combien de marins dans les naufra-
ges ? C'est peu de dire deux cents.
Combien morts dans les hôpitaux,
épuisés par la fatigue, les privations,
la nourriture insuffisante ou malsaine
par suite de la vente à faux poids et de
la sophistication des denrées alimentai-
res.
Ajoutons ceux qui, arrêtés pour des
causes futiles, se sont pendus dans les
violons des corps de garde, parce que
depuis trente ans je ne puis arriver à me
faire écouter quand je propose de sépa-
rer ces prisons du corps de garde non par
un mur mais par une grille.
Combien de gens assassinés, empoi-
sonnés, etc.
Cela fera un total assez élevé.
Et combien, dans cette même année
1863, est-il mort d'assassins frappés par
la justice ?
Onze.
De sorte que de tout ce qui précède, et
d'autres exemples qu'il serait facile de
multiplier, il ressort que
La profession d'assassin dont les
quelques mauvaises chances excitent si
fort votre sympathie, est, de toutes les
professions connues, la moins dange-
reuse et la moins insalubre.
ALPHONSE Karr.
«
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
BELFORT, 7 septembre. Le ministre
de la guerre continuant l'inspection dos places
fortes de l'Est, es t'arrivé hier soir, lundi, à.
six heures, après avoir traversé le ballon
d'Alsace et Giromagny. Deux breaks conduits
par l'artillerie ont amené le général deCissey,
le due d'Aumale commandant le 7e corps
d'armée arrivé ici dimanche et qui était
allé au-devant du ministre jusqu'au sommet
du ballon les généraux Chareton (député
de la Drôme), Rivière, ainsi que plusieurs
officiers supérieurs du génie et de l'artillerie.
Le ministre est descendu chez M. Charles
Le Bleu, administrateur de Belfort, dont le
fils est son officier d'ordonnance. Les officiers
généraux ou supérieurs de sa suite se sont
arrêtés à l'hôtel de l'Ancienne Poste, situé sur
la place d'où partent les faubourgs de France,
de Montbéliard, des Anèchep, et à deux pas de
la Savoureuse, jolie petite rivière qui descend
des Vosges.
Le soir, grand dîner à la préfecture.
Ce matin, à sept heures, le général est ar-
rivé en break sur le champ de Mars où
,étaient massées les troupes, et a parcouru à
pied leurs rangs.
Le défilé a eu lieu dans l'ordre suivant
le bataillon.de sapeurs pompiers, l'artillerie à
pied, le génie, le 35e, le 42e de ligne, l'artille-
rie attelée, le 15e de chasseurs à cheval.
Quoique les troupes se composent en grande
partie de réservistes arrivés à peine depuis
trois jours, le défilé a été assez réussi.
Le ministre est remonté en voiture avec
l'état-major qui l'accompagnait pour aller
visiter les forts en construction autour de
Belfort.
» Nancy, 7 septembre. Les candi-
dats conservateurs au Sénat pour Meurthe-
et-Moselle, sont MM. Cournaut, membre du
conseil général, et .Minière de l'Académie
«rîtSÇâîse,
Les candidatures de la gauche ne sont pas
encore définitivement arrêtées, mais il y a
lieu de penser qu'elle portera MM. Bernard,
maire de Nancy, et Varroy, député.
«*> -Njort, 7 Septembre Candidats au
Sénat dans les Deux-Sèvres
Conservateurs
ït. Taillefert, député du centre droit, vice-
président du conseil général.
M. le général Allard, président du conseil
général, ancien président de section au Con-
seil d'Etat, bonapartiste transigeant, faisant
volontiers des avances aux légitimistes.
M. Taillefert représente l'arrondissement
de Melle, le sud du département; le général
Allard, Parthenay et le nord des Deux-
Sevrés..
Républicains
M. Gifeaud, président du tribunal de
Niort; très capable, très remuant, prési-
dent de la Société d'agriculture des Deux-
Sèvres, très impérialiste jusqu'en 1870, rallié
à la forme du -gouvernement actuel. Mais
il 'est président du tribunal et voudrait-il
donner sa démission ?
M. Maichain, maire de Niort, homme mo-
déré, conciliant, bon administrateur, mais
HânSfprestige.
Il y a 'bien encore monsieur Ricard dont on
promet la révélation,à l'Assemblée depuis cinq
ans, mais je puis vous affirmer qu'il n'arrive
pas en rang sérieux.
En résumé, l'honorable M. Taillefert a beau-
coup) de chances; M. Gireaud, s'il se décide à
se présenter, vient après. S'il n'ose pas, l'élec
tion du général Allard serait probable.
-.y, Marseille, 8 septembre, 6 h. 10, soir.
WM. Mathieu, doyen des agents de change,
ffeclUeton fto ElftAIO Au 9 Sfcptemltre 4875
-47
ba
CHASSE AUX FANTOMES S
DEUXIÈME PARTIE
tj~. ~~VANC1~E n~ MtEL'~E!W ?
IX `; q
̃{Suite.) '̃
Des rumeurs nombreuses se firent
Qn#&dre jians l'assemblée après cette
̃̃jpatèrpâllation.
Déboutes parts on entendit: f
u' parlé e! l!
̃– Qu'il s'explique 1 c
-» C'est trè| grave J `
L'accusation est nettement for- a
muléle!
A la tribune, Regimbai t
Regimbai parut à la tribune. l
Sa face était couleur safran.
Messieurs, dit-il, l'honnête homme £
attaqué dans sa probité, dans son hon- l
neur, est toujours fort embarrassé lors-
qu*il s'agit de répondre à une accusa-
tiqn comme celle qu'on a présentée de- t
vajat vous. Vous me connaissez tous;
vous savez qui je suis, d'où je viens. 5
Otdi mais pas où vous allez dit ]
un mauvais plaisant.
Parlez de la succession Desprez dit i
un autre interrupteur.
On me dit Parlez de la succession
Desprez, reprit Regimbai haletant,- j'y
arrive. J'étais en effet détenteur de cette
sucfiessioD, puisque tout ce que possë-
dait Charles Desprez était placé dans ma
maison de commerce, mais j'en ai remis
le montant à l'exécuteur testamentaire
du défunt.
Baproduction autorisée pour les journaux qui
"ftealS avec ta société des Gens de lettres.
ancien syndic, ancien conseiller municipal,
chevalier de la Légion d'honneur, est mort
aujourd'hui, d'une attaque d'apoplexie, à l'âge
de cinquante-six ans.
Ibrahim-Pacha et Fuad-Bey, gendre
et fils du khédive, sont arrivés aujourd'hui
de Genève. Ils partiront demain par la fré-
gate égyptienne El-Massr.
« Forcalquier, 6 septembre. Notre
ville se prépare à célébrer par de grandes
fêtes religieuses et littéraires, la bénédiction
d'un monument national élevé à la Vierge,
sous le vocable de Notre-Dame de Provence.
Ces fêtes dureront les 11, 12, 13 et 14 de ce
mois.
NANTES, 8 septembre, midi 25. De-
vant la Cour d'assises ont commencé ce ma-
tin les débats de l'affaire capitale de la ses-
sion.
Le nommé Grandef(Jean-Baptiste) sabotier,
né a Vieillevigne, est accusé d'avoir, dans la
nuit du 26 au 27 avril dernier, commis avec
préméditation un homicide volontaire sur la
personne de Rose Naud, vieille /fille âgée de
70 ans, lequel homicide a précédé; accompa-
gné ou suivi le crime de vol.
L'accusé est de taille moyenne. Sa mise est
celle d'un ouvrier aisé moustache et cheve-
lure noire soignées, cravate bleue son regard
est oblique. Il répond avec volubilité et force
gestes aux questions du président. Il possède
un grand sang-froid et on croirait que l'af-
faire dont on lui parle regarde un autre que
lui.
Le jury rendra demain son verdict.
8 8 septembre, 6 h..47, soir. L'au-
dience a été levée ce soir, à six heures, et
sera reprise demain matin, à neuf heures.
Sur 34 témoins, 14 ont été entendus. Déposi-
tions accablantes pour Grandet, qui oppose
de vives dénégations. Il n'a plus la confiance
du matin, et tient un mouchoir avec lequel il
s'essuie fréquemment les yeux.
• Hier, incendie considérable dans les
bois près Sauthon. Plusieurs hectares brû-
lés. Le feu a été communiqué par une allu-
mette mal éteinte jetée dans un chantier où
on faisait des cercles
> Montargis, 6 septembre. L'un des
fils de feu le général Frossard habite notre
ville où il jouit d'une considération méritée.
Il remplit d'une manière très remarquable
les fonctions d'ingénieur des canaux de Briare
et du Loing.
BESANCON, 5 septembre. La gen-
darmerie de Valdahon vient de faire une im-
portante capture et a débarrassé l'arrondisse-
ment de Baume-les-Dames d'un hôte incom-
mode. Mercier a environ trente ans et un
casier judiciaire qui promet: condamné- à dif-
férentes reprises et pour de nombreux vols à
plus de vingt ans de détention, il avait été
pris une première fois au mois de février
dernier. Réclamé par l'autorité militaire, il
avait été dirigé sur la prison d'Orléans où
il devait passer devant un Conseil de guerre
pour rébellion à main armée, tentative d'as-
sassinat et désertion.
Doué d'une force et d'une audace extraor-
dinaires, Mercier parvint à desceller les bar~
reaux d'une fenêtre de sa prison et s'évada le
18 juin dernier. Depuis cette époque, il s'était
réfugié dans les forêts de la contrée où il
avait des gîtes et des repaires nombreux.
Enfin, il y a quelques jours, oubliant sa
prudence habituelle, il s'aventura jusqu'au
village de Ronchaux et pénétra dans une fro-
magère où il fut reconnu. Invité à boire, il se
mit sans défiance à table pendant qu'on pré-
venait secrètement la brigade de Valdahon.
Moins d'une demi-heure après, la maison
était cernée sans bruit, et le maréchal des
logis Mathenay se précipitait dans la salle,
suivi de ses gendarmes, le revolver au poing,
et se jetait sur Mercier qui n'eut pas le temps
de se défendre, et fut en un clin d'oeil soli-
dement lié.
Saint-Pétersbourg. Lie Journal de
Saint-Pétersbourg du 21 août (2 septembre),
raconte un fait singulier au sujet du magni-
fique cheval de course Lanercorst, qui s'est
cassé la jambe le 7 août aux courses de
Tsarkoë-Selo.
Comme ce cheval est un étalon de race, on
tenait à le conserver quoi que l'on eût re-
connu l'impossibilité de guérir sa jambe
cassée. M. Westphalen, vétérinaire des écu-
ries de la cour, a obtenu ce résultat en procé-
dant à l'amputation de la jambe, qu'on rem-
placera par une jambe de bois. Cette opération
serait, paraît-il, presque sans précédent. Elle
a complétement réussi. Lanercorst est en
pleine convalescence et l'on espère qu'il pourra
être conservé à titre d'étalon reproducteur.
Auguste Marcade.
PARIS Ali JOUR, 11 JOUR
La lettre de M. l'amiral de la Roncière
le Noury et le discours de M. Raoul Du-
val empècheront peut-être qu'il soit
donné une attention suffisante à une
nouvelle lettre de M. Naquet.
On lui avait reproché de ne point for-
muler son programme; il en trace un.
Les masses républicaines, dit-il, depuis
quatre-vingts ans, qui ont subi l'exil, la dé-
portation, la mort pour la République, ont
Deux questions se croisèrent. r r
Son nom ? t
A quelle époque? i
L'exécuteur testamentaire est un c
banquier dont la solvabilité et l'honora-
bilité sont parfaitement connues ici
c'est M. Robert Dachet, de la maison J. t
Starke, Dachet et compagnie. ¡
Oh oh 1 fit-on.
On me demande à quelle époque t
j'ai fait cette remise, je réponds le jour
même de la visite de Mlle Elise Des-
prez. ]
Un membre se leva. (
Je désire savoir s'il est exact, ainsi 1
qu'on nous l'affirme, que M. Regimbai <
se soit refusé à dire à Mlle Desprez de
quelle somme elle héritait?
Regimbai eût bien voulu dire non,
mais la chose était difficile.
Le fait est exact, répondit-il au
moment où Mlle Desprez m interrogeait, j
le compte de son père n'était pas encore
établi.
Il y eut quelques murmures parmi les
assistants.
La réponse semblait jésuitique.
-Vous pouviez le lui dire le lende-
main, cria-t-on.
La même excuse n'existait pas lors.
que, il y a trois jours, le mandataire de
Mlle Desprez s'est présenté chez vous,
observa quelqu'un.
En effet! seulement vous convien-
drez, messieurs, que je ne suis pas à la
disposition du premier venu qui se pré-
sente chez moi. Or, ce prétendu manda-
taire ne m'a exhibé aucun mandat, et la
prudence une prudence exagérée, si
vous voulez -m'a fait une loi de ne pas
répondre.
Enfin, demanda un des assistants,
vous devez avoir un reçu de la somme
déposée aux mains de M. Robert Da-
chet ?
J'en ai un.
Montrez-le. Il faut que tout soit
clair ici.
Regimbai dit quelques mots au prési-
dent.
Celui-ci prit la parole. `
Messieurs, M. Regimbai me prie de
bien travaillé pour autre chose que ce que
nous avons.
Quand elles entendent et voient des hom-
mes qui sont censés à la tête du groupe répu-
blicain le plus avancé dire ce qu'ils disent,
écrire ce qu'ils écrivent depuis quatre ans,
elles se demandent si ce que nous avons se-
rait réellement la République ou s'en rappro-
cherait. Elles se trouvent alors cruellement
déçues elles se disent que tel n'était pas le
but de tant de dévouements ni de tant de sa-
crifices. Il en résultera, si l'on n'y porte re-
mède, que désormais elles deviendront indif-
férentes à la chose publique.
Or, que faut-il aux « masses républi-
caines »? M. Naquet répond pour elles en
développant un ensemble de réformes
qui, à supposer qu'elles ne fussent point
absurdes, demanderaient un siècle ou
deux pour se réaliser.
Nous voulons demander, au moment voulu,
la révision de la Constitution, afin que la Ré-
publique soit gouvernée par une Assemblée
unique, élue pour un temps très court, et
révoquant à son gré le chef du pouvoir exé-
cutif.
Nous voulons, comme nos pères de 1793,
l'appel direct au peuple pour la sanction des
lois constitutionnelles.
Nous voulons une large décentralisation.
Nous voulons non point seulement la levée
de l'état de siège, qui remettrait en vigueur
les lois de 1868 sur la presse et les réunions;
nous voulons plus que cela: la liberté ab-
solue de la presse et la liberté absolue de
réunion.
Nous voulons le droit d'association le plus
étendu.
Nous voulons la séparation de l'Eglise et
de l'Etat.
Nous voulons l'instruction gratuite,.obli-
gatoire et laïque.
Nous voulons le service militaire obliga-
toire, non plus nominal, mais effectif.
Nous voulons, dans l'ordre économique, le
rachat de la Banque, des mines et des che-
mins de fer, ou tout au moins qu'on ne re-
nouvelle pas les priviléges une fois expirés;
parce que, là où le monopole s'impose, il doit
bénéficier à tous au lieu d'être pour quel-
ques-uns un moyen de prélever une pré-
bende sur tous; parce que, en ce qui con-
cerne la Banque, cela permettra d'abaisser le
taux de l'escompte parce que, en ce qui con-
cerne les chemins de fer, cela permettra d'a-
baisser les tarifs et de faciliter les communi-
cations.
Nous voulons qu'au moins en attendant, on
abolisse les tarifs spéciaux et qu'on empêche
ainsi les compagnies d'être les dispensatrices
de la fortune publique.
Nous voulons changer l'assiette de l'impôt:
établir l'impôt progressif sur le capital ou le
revenu.
Nous voulons que le divorce, établi dans
nos lois par la Révolution de 1792 et aboli
par la réaction cléricale en 1816, y soit ré-
tabli.
Nous voulons que la femme devienne, sinon
au point de vue politique, du moins au point
de vue civil, l'égale de l'homme; qu'elle puisse
gérer ses biens, qu'elle puisse tester en justice,
qu'elle reçoive, elle qui élève nos enfants, une
éducation égale à celle que nous recevons
nous-mêmes.
Nous admettons volontiers que le cen-
tre gauche soit fort loin d'accepter ce
programme du radicalisme, et que M.
Naquet ne traduise que la pensée d'un
petit groupe, mais il n'en est pas moins
exact que ces démonstrations font le
plus grand tort à la République modérée
et qu'elles découragent singulièrement
ceux qui se résignaient à la supporter.
Elles établissent, comme on l'a souvent
dit, qu'il est définitivement impossible
de satisfaire les républicains; ils com-
mencent par demander la lune, puis,
quand ils l'ont, ils veulent avoir le so-
leil, et ainsi de suite.
Il serait très curieux de savoir ce que
M. Thiers, dont le Journal des Débats nous
raconte les conversations en Suisse, pense
des folies de son ancien allié M. Naquet.
D'après le Journal des Débats,M. Thiers
s'occupe d'un livre qui sera « son testa-
ment ». C'est évidemment un ouvrage
de déisme par lequel M. Thiers veut
empêcher la jeunesse française d'aller
« à la dérive entre le Syllabus et le ma-
» térialisme systématique ». Il semble
notamment préoccupé de l'idée d'écarter
les miracles de la notion de Dieu.
On a ensuite parlé de la République
qui était « inévitable ».
On a dit que je pouvais l'empêcher de s'é-
tablir. C'est une grande erreur. On perd donc
son temps à la contrecarrer, et, quand on s'y
range, on a tort de montrer qu'on le regrette.
Pour faire face aux dernières difficultés, pour
repousser les partis extrêmes, nous avons be-
soin d'être d'accord, et nous formerions bien
vite une masse énorme de bons républicains,
gens d'ordre et de travail, si nous ne parlions
plus en aucune occasion de nos diverses ori-
gines politiques et de nos anciennes préfé-
rences. Les esprits modérés sont très nom-
breux non seulement dans la bourgeoisie,
mais dans les rangs du peuple. Il faut ne rien
faire pour les écarter de soi, et tout faire pour
que la confiance s'établisse entre ceux qui
veulent sincèrement relever la France et af-
fronter ses destinées nouvelles sans que l'Etat
remettre cette affaire après la présenta-
tion des divers candidats. A ce moment,
il sera en mesure de fournir le reçu
qu'on lui demande.
Oui oui 1 cria-t-on de toute part.
Regimbai courut chez lui et revint
triomphalement à la réunion, le papier
à la main.
Le président s'empressa de donner lec«
ture de la quittance.
Elle constatait que Regimbai avait
versé, à la date indiquée, aux mains de
M. Robert Dachet, une somme de six
cent trente mille francs, montant de
l'avoir de Charles Desprez dans la mai-
son Regimbai.
M. Raymond Lizy se leva et dit
-Je demande que cette quittance soit
copiée au procès-verbal elle servira de
titre à Mlle Desprez pour se faire rendre
justice. J'ajoute qu'il reste de ce débat
un fait fâcheux et qui est demeuré
inexpliqué de la part du candidat c'est
qu'il a refusé de répondre à la question
que lui adressait Mlle Desprez, et, plus
tard, de donner au mandataire de celle-
ci un renseignement auquel elle avait
droit; c'est qu'enfin, cette demoiselle
n'a pas encore été mise en possession de
l'héritage de son père, et que M. Regim-
bai et M. Robert Dachét sont unis par
des liens de parenté.
L'incident est clos, dit le président.
Copie du reçu présenté par M. Regimbai
sera inscrit au procès-verbal. A jeudi,
midi, pour les élections.
L'impression produite sur l'Assemblée,
par ces débats, fut pénible.
Regimbai avait des rivaux, des com-
pétiteurs qui envenimèrent par des ré-
flexions, l'affaire de la succession Des-
prez. Des confrères de Regimbai, jaloux
de sa grande fortune, de ses succès, s'en
mêlèrent, et des doutes cruels pour la
probité du négociant furent émis et cir-
culèrent dans Paris. Quelques journaux
spéciaux rendirent compte de la réunion.
On ne cita point le nom du marchand de
diamants, mais ce nom était le secret de
la comédie.
On demanda à M. Raymond Lizy crui
et la paix publique y courent aucun risque.
L'intelligence gardera son rang mais qu'elle 0
ne soit pas trop fière et trop hautaine. En un
mot, le peuple a droit à des égards, et la po-
litique veut qu'on ne cesse plus d'en avoir
pour lui. ,1
M. Thiers a expliqué aussi pourquoi il
préfère aujourd'hui le scrutin de liste au
scrutin d'arrondissement.
̃
En temps ordinaire, je serais pour le scru-
tin d'arrondissement, qui met l'élu plus près
de l'électeur. Mais nous n'avons pas fondé dé-
finitivement l'édifice.
Les partis, mal contenus par une politique
qui semble se plaire à leur conseiller de garder
leurs espérances, ne font jusqu'ici qu'ajour-
ner leurs querelles. Rien n'est fait si nous n'a-
vons une Assemblée homogène, c'est-à-dire
modérée, et dont soient exclus les représen-
tants des opinions extrêmes. Le bien de la
patrie, l'ordre veut encore ce sacrifice. Quand
j'ai proposé le scrutin d'arrondissement, je
considérais la république comme indiscu-
table. Je ne prévoyais pas, je l'avoue, le 24
mai. Cette journée a éta réparée; mais, avec
l'attitude du gouvernement actuel, la répara-
tion, l'ordre enfin, la paix publique courraient
de grands risques si l'on ne s'attachait pas au
seul moyen qu'on ait d'obtenir ces élections
modérées qui doivent nous sauver pour long-
temps.
L'ex-président croit que l'arrivée de
la nouvelle Assemblée suffira à annuler
le bonapartisme. M. Raoul Duval, on le
sait, n'est point du même avis.
Voici quelle a été la conclusion de
cette entrevue à l'américaine.
M. Thiers est évidemment d'avis que, quoi
qu'il arrive, nous ne repasserons pas par de
trop dures épreuves. « Je le souhaite pour
moi-même. A mon âge, on peut m'en croire.
J'ai été très fatigué. Je suis rétabli j'ai ma
santé, j'ai mes facultés je suis enfin guéri
de la bronchite qui ne voulait pas me quitter.
Je ne désire plus que le repos pour l'achève-
ment du livre dont nous parlons. Puis-je sou-
haiter de reparaître au pouvoir ? Pour au-
cune raison.
Et d'abord, ce serait signe que la France
ne vit pas encore de sa vie régulière. Mais
alors aurais-je la force, puis-je avoir le désir
de recommencer la besogne que j'ai faite et
de retirer deux fois l'Etat de sa désorganisa-
tion, pour obtenir une seconde fois la même
récompense ? Il m'en coûterait trop cher,
comme citoyen et comme homme. Sans doute,
il m'aurait plu de terminer ce que j'avais
commencé; c'est un plaisir bien naturel. Sans
doute je désire, tant que je le pourrai, garder
ma part de la vie publique, mais en simple
citoyen, et pour ne pas quitter cette Chambre
où j'aurai tant vécu. Je n'accepterai donc pas
d'élections multiples. Nous ne sommes plus
en 1871. Si l'on me force la main, j'en aurai
le plus grand regret. Il faut que tout s'ar-
range il faut que le régime établi suive son
cours sans secousses nouvelles, sans remède
extraordinaire. Je ne puis pas désirer mieux,
pour la Franoe et pour moi.
**» Baehaumont nous décrit le costume
des belles dames qui s'en vont en chasse,
le fusil sur l'épaule
Il se compose d'une jupe courte et tombant
à la hauteur de la cheville, faite à plis à la
religieuse, et d'un corsage veste-cantinière à
postillon et de manches plates boutonnées au
poignet. Un simple biais ou des galons d'acier
forme la garniture de cette robe de chasse,
qui se fait généralement en drap anglais ou
en serge d'Irlande. Le chapeau qui complète
le costume est en feutre assorti à la nuance
de la robe, et porte un bouquet de plumes de
perdrix ou de coq de bruyère sur le côté pour
tout ornement.
Détachons du Sport une autre actualité;
c'est la circulaire qu'un marchand de
comestibles aurait adressée à quelques
chasseurs connus pour leur maladresse
Monsieur,
Apprenant que vous allez ouvrir la chasse,
je viens vous faire mes offres de service.
J'ai un choix de perdreaux, lapins, lièvres,
faisans, chevreuils, etc., etc.
Toutes les bêtes sortant de ma maison sont
pourvues d'un nombre de grains de plomb
suffisant.
Dans l'attente de votre visite,
Recevez, monsieur, etc., etc. X..>
P. S. Pour les maris qui désirent, tout en
restant à la ville, avoir l'air d'être allés à la
chasse, par un procédé spécial, tout de mon
invention, je crotte les bottes et les chiens,
salis les fusils, et donne à tout le vêtement des
tons poussiéreux du meilleur effet.
**» On parle beaucoup, du système
Banting sans le connaître ce système
destine à diminuer l'embonpoint excessif
porte le nom d'un Anglais, William
Banting, étranger à la médecine, mais
qui a eu l'idee de rendre publics les
moyens qu'il a employés pour se faire
maigrir. L'Opinion Nationale nous les a
fait connaître.
Ils n'ont rien d'effrayant maintenant
réussiraient-ils à tous les tempéraments,
c'est ce que nous ignorons.
Voici le menu journalier qui lui a été or.
l'avait si bien instruit de tous les détails
qu'il avait soumis à l'Assemblée.
Le commerçant répondit qu'il tenait
ces renseignements d'un homme qu'il
connaissait depuis longtemps et qui lui
inspirait toute confiance. Les détails
s'étant trouvés exacts, il n'avait à faire
connaître aucun nom.
Disons tout desuite, pour ne rien cacher
afl lecteur, que la personne dont parlait
M.Raymond Lizy n'était autre que Pierre
Melven.
Regimbai, malgré sa sottise, sa nul-
lité et son ignorance, comprit le danger
qui planait sur lui.
Sa réputation d'homme supérieur, de
négociant intègre, menaçait de s'écrou-
ler, et cela juste au moment où il pen-
sait recueillir les fruits de vingt années
de patience, d'astuce et de duplicité.
Il voulut conjurer l'orage, et se rendit
en toute hâte chez Robert Dachet mais
Dachet était chez son futur beau-père, à
Saint-Amand, où devait se signer le
contrat de mariage du banquier avec
Mlle Emilienne de Lorris.
Quel jour reviendra M. Dachet?
demanda Regimbai.
Nous l'ignorons, monsieur.
Regimbai se décida à écrire à Robert
Dachet.
Il lui apprenait l'incident soulevé par
M. Raymond Lizy dans l'assemblée des
notables commerçants, et le conjurait
tant pour lui, Dachet, que pour Regim-
bai, de faire cesser une situation qui
pouvait devenir, à cause de leurs liens
de famille, très compromettante pour
tous les deux.
Il mit lui-même la lettre la poste,
ne voulant pas se fier à l'exactitude
d'un garçon de bureau, et attendit avec
une fiévreuse impatience la réponse de
Dachet, laquelle, selon ses prévisions,
devait le degager complétement de toute
compromission fâcheuse.
x '̃••:̃ ̃ :•
A l'heure où M. Regimbai sortait des
bureaux de la maison J. Starke, Dachet
et Cie, un Dersonaaee axant les allures
donné, et qui constitue la base du système
Banting:
A déjeuner, environ 300 grammes de bœuf
ou de mouton, du rognon, du poisson frit,
du jambon ou toute autre viande froide
(excepté le porc); une grande tassse de thé
(sans lait et sans sucre), un peu de biscuit ou
de pain grillé sans beurre.
Au second déjeuner, 3 à 400 grammes de
poisson (excepte le saumon et l'anguille), de
la viande (pas de lard), un légume (pas de
pommes de terre), un peu de pain grillé ou
de la compote de fruits, de la volaille (sauf
l'oie et le canard;, du gibier, deux ou trois
verres d'un bon vin de Madère ou de Xérès
(le champagne, le porto et la bière ne con-
viennent pas).
Au goûter, environ 150 grammes de fruits,
un ou deux biscuits et une tasse de thé sans
lait ni sucre,
Au dîner, do la viande ou du poisson,
comme à midi, et un ou deux verres de vin
rouge.
Enfin, pour faciliter le sommeil, un grog
au rhum ou à l'eau-de-vie, sans sucre, ou
bien un ou deux verres de vin rouge.
Voilà, certes, un régime qui ne fait pas
mourir'de faim et que l'on peut même taxer
de substantiel, et cependant M. Banting a
perdu, par ce moyen, 46 livres de son poids
dans l'espace de deux ans. Son tour de taille
a diminué de 30 centimètres.
Le principe de ce régime consiste dans la
diminution de la quantité d'eau introduite
dans l'économie par les aliments et par les
boissons, et, en second lieu, dans l'usage
excessivement modéré de tout aliment conte-
nant de la fécule, du sucre ou de la graisse.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 7 septembre 1875.
A Monsieur de 17illeniessant, rédacteur en
chef du Figaro.
Monsieur,
Je lis, sous le titre Echos de Paris, dans
le Figaro du 7 septembre, à propos du pas-
sage de M. Magnier dans votre journal, les
lignes suivantes
« M. de Villemessant emmena tous ses an-
» ciens rédacteurs dîner chez Brébant, tandis
»qu'il ordonnait de tenir les fenêtres ou-
»vertes pour renouveler l'air de la rédac-
» tion. »
Frappez sur M. Magnier, l'ex-associé de
MM. Troncin du Mersan et Dumont, C'ASt
votre droit mais vous oubliez involontaire-
ment sans doute que M. Magnier n'était pas
seul au Figaro que, à côté de lui, il y avait
des hommes qui ont fait loyalement leur de-
voir et ne partageaient en aucune façon, ni
d'aucunes manières, les idées et les sottises
républicaines de ces Messieurs.
Dans cet écho, je ne suis pas nommé, il est
vrai mais, comme le Figaro a toujours eu et
aura toujours le privilége d'attirer l'attention
publique vos lecteurs pourraient croire
qu'ayant été rédacteur au Figaro pendant la
période Magnier, vous me rendez solidaire
do toutes ses âneries.
Il est regrettable, monsieur, que vous ne
connaissiez pas la vérité sur le passage de M.
Magnier dans votre journal, il y aurait matière
à écrice sous ce titre Figaro républicain et
en sous-titre Ancien révolutionnaire, une
page bien curieuse qui éclairerait singulière-
ment les lecteurs du Moniteur-Naquet.
Pendant mon trop court séjour au Figaro,
j'ai fait mon devoir; officier d'un corps de
francs-tireurs, campé le jour à Vitry, je ve-
nais la nuit à votre journal et n'avais qu'une
pensée, une pensée unique, mettre une sour-
dine aux bêtises que les « délégués des clubs »
venaient y débiter;
Ma conduite et mon attitude vis-à-vis des
bandes qui venaient quotidiennement au nom
de la liberté pour briser vos presses et dé-
truire votre imprimerie, tandis que M. Ma-
gnier, tremblant et prudemment caché dans
son cabinet, était en train de rédiger un cha-
leureux appel « à la concorde des masses,
m'ont attiré l'estime de vos rédacteurs, et plus
d'un pourrait vous affirmer que je n'ai pas
craint de mettre ma poitrine entre votre pro-
priété et les frères et amis de M. Magnier.
Je n'ai pas mérité, monsieur, d'être mis sur
le même rang que M. Magnier. Je ne mérite
pas une pareille insulte.
Il est vrai qu'aujourd'hui M. Magnier, après
s'être servi du Figaro comme d'un marche-
pied, est sur le chemin de la fortune et a un
journal pour se défendre; tandis que moi qui
ai fait mon devoir, j'ensuis réduit à solliciter
l'insertion de cotte lettre.
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur en
chef, mes salutations empresséos.
24, rue Condorcet: `
Nous prions nos abonnés de nous adres-
ser le montant de leurs renouvellements
ou abonnements par mandats-poste à
l'ordre de M. de Villemessant, et de ne
jamais nous envoyer des valeurs d'ar-
gent ou timbres-poste sans recommander
ou charger leurs lettres.
et le costume d'un garçon de banque et
possesseur d'une chevelure du rouge le
plus ardent, se présenta à la caisse et
jeta dans le guichet, pour le faire viser,
un chèque portant la signature Prosper
de Prévodal, et de la valeur d'un mil-
lion.
M. Neukichner, créature du baron
Mittermann, s'était rètiré de la maison
lors du départ de celui-ci; il avait été
remplacé par un autre caissier venu d'Al-
lemagne, comme presque tous les em-
ployés de la maison. La recommanda-
tion de Robert Dachet de porter à son
compte toutes les sommes qui seraient
payées sur la signature de Prosper de
Prévodal, était donc ignorée du nouveau
caissier. Il feuilleta les livres et ne trouva
aucun compte ouvert au comte de Pré-
vodal, ni aucune trace d'un avoir quel-
conque dans la maison. Cela le surprit.
Il entr'ouvrit le rideau vert qui garnis-
sait le grillage, contempla le garçon por-
teur du chèque et vit qu'il no le connais-
sait pas.
Avez-vous votre livre? lui deiuan-
da-t-il.
Oui, répondit l'interpellé, et il fit
glisser le carnet dans le guichet.
Le caissier reconnut alors que ce car-
net avait été délivré par l'ancienne mai-
son Mittermann. J. Starke et compagnie,
et les initiales placées à l'un des angles
lui apprirent qu'il était la propriété de
Robert Dachet, l'un des associés.
Sa première pensée fut qu'il était en
face d'un hardi coquin.
Cependant avant de référer à son
chef, J. Starke, de cette affaire, il con-
sulta les livres de l'ancienne maison. Il
y vit figurer l'envoi de M. Kergrist, no-
taire à Pont-Croix, pour le compte de
M. Prosper de Prévodal, de titres au
porteur s' élevant à une somme d'un mil-
lion, mais, en même temps, il y trouva
la mention de la remise de ces titres,
ou de leur valeur en argent, à M. de
Prévodal. Donc, il n'était plus rien dû à
celui-ci.
A coup sûr le livre qu'on lui présentait
avait été volé à M. Robert Dachet I
Toutefois il était étransa an'onixà*
INFORMATIONS
̃ ̃
Il paraît que les demandes de secours des
familles de réservistes ne sont pas très nom-
breuses.
Beaucoup en effet sont garanties contre la
misère, soit par de petites épargnes, soit par
l'aide des patrons; d'autres préfèrent souffrir
en silence, L'arrondissement de Paris qui a
reçu le plus de demandes jusqu'à présent, est
le dixième, et il n'en a inscrit que vingt-deux.
Au deuxième arrondissement, trois seulement
ont été faites.
Nous apprenons la mort de Mme la com-
tesse Charlotte de Croy-Chanel de Hongrie,
décédée à l'âge de soixante-six ans.
Il y a encore huit personnes aujourd'hui
portant ce nom illustre de Croy-Chanel
Le comte Claude-François-Joseph, le vi-
comte Engelbert Claude-Marie, le prince
François de Hongrie d'Arpad, le colonel
prince de Croy-Chanel, le comte de Croy-
Chanel de Saint-Cyr, le comte Raoul de Croy-
Chanel d'Argenson et le comte de Croy-Cha-
nel, chargé d'affaires de France à Berne
Nous avons annoncé il y a quelque temps
l'arrivée à Paris de Haut et Puissant Seignenr
le duc de Trou-Bonbon, le dernier représen-
tant de cette cour grotesque que s'était créée
Soulouque.
Hier, le duc de Trou-Bonbon est mort.
C'est à Saint-Mandé, où il habitait depuis
quinze jours, qu'il a rendu le dernier soupir
il était âgé de soixante-douze ans.
Le duc de Trou-Bonbon, qui était un ma-
lin, avait sauvé sa caisse lors de la chute de
Soulouque, et vivait confortablement. C'est
lui qui est le héros d'une fort amusante his-
toire qui depuis, je crois, a été attribuée à
son ex-maître.
En quittant Haïti, il avait serré ses écono-
mies dans une petite malle de cuir à pla-
ques de cuivre tout le temps de son voyage,
il manifesta utie tendresse énorme pour cette
malle, et l'on n'entendait que lui, répétant à
chaque minute d'une voix effarée
Touchez pas à la malle-qui-luit.
La e malle-qui-luit contenait trois cent
cinquante à quatre cent mille francs.
Oh. Virmaitke.
M. le prince d'Orange, notre hôte en ce
moment, est un des souverains étrangers qui
parlent le mieux le français.
Quelqu'un qui l'a accompagné dans son
voyage à Paris nous -racontait hier, à ce su-
jet, que Son Altesse avait d'abord eu l'idée
de faire son voyage incognito et s'était mise
à chercher quel faux nom elle prendrait
bien.
Tout à coup
Parbleu I s'était écrié le prince, j'y suis 1
Je tiens le vrai pseudonyme qui convient au
prince d'Orange. c'est celui de duc de Va-
lence l `
Et il s'en fallut de peu que notre hôte n?
nous arrivât sous ce nom-là.
Un bon point à M. Leverrier
II tient à ménager la santé de ses collabo-
rateurs et à leur éviter les rhumes de cer-
veau.
Hier, en effet, à l'Académie des sciences,
après avoir signalé le nombre considérable
d'étoiles filantes qui ont apparu pendant le
mois d'août, à l'Ecole normale d'Avignon,
on en a compté 858 dans la seule nuit du 10
au 11, il a déclaré que c'était trop beau
pour pouvoir continuer, et que, les nuits
fraîches allant arriver, il jugeait inutile d'en-
voyer des observateurs s'enrhumer du cer-
veau.
La clôture de l'exposition de géographie
est définitivement fixée au 16 septembre et
la recette de ce dernier jour sera au profit des
inondés. Il y aura concert de une heure à
cinq heures, dans la salle des Etats et diver-
ses parties de l'exposition quatre musiques
de la garnison de Paris et la* musique de la
garde républicaine joueront alternativement
les airs nationaux des divers pays.
Prix d'entrée, 50 centimes.
Toutes les entrées sont payantes.
On nous annonce une découverte des plus
intéressantes celle 'd'un portrait authen-
tique de Jeanne d'Arc, fait de son vivant par
le peintre écossais Power.
Naturellement ce portrait a sa légende. Un
amateur de Paris, M. Auvray, l'a acheté à
Orléans, il y a plusieurs annees, dans un lot
de vieilles toiles. Il l'avait à peine remarqué
et l'avait relégué au fond d'un grenier. Or,
il y a quelques jours, ayant eu occasion dl
le déplacer, il eut l'idée de le nettoyer et
s'aperçut alors seulement de sa valeur histo-
rique.
Une commission va être nommée par le mi
nistre des beaux-arts, afin d'examiner ce por
trait, dont la place, s'il est authentique, doit
être au Louvre. Inutile de dire que la plus
grande circonspection est recommandée aux
membres de cette commission. Il est possible
en effet que le portrait ne soit qu'une copie,
ou même une fantaisie, de beaucoup posté-
rieure, et l'on ne veut pas recommencer l'his-
toire de la fameuse fresque de Raphaël.
On remarque à l'exposition du Palais de
sentât un chèque portant la signature
Prévodal.
Ou cette signature était fausse, ou •
ce qui ne pouvait s'admettre les écri-
tures de l'ancienne maison Mittermann
J. Starke et Cie contenaient une erreur
inexplicable.
Le caissier monta immédiatement chez
J. Starke et lui mit sous les yeux le
chèque, le carnet et les anciennes écri-
tures de la maison.
Que répondre? demanda-t-il.
J. Starke examina toutes les pièces.
Il connaissait M. le comte de Prévo-
dal et le tenait pour un très honorable
gentilhomme.
Mais il savait aussi que Prosper avait
quitté Paris depuis bien des mois, et,
depuis ce départ, n'avait plus entendu
parler de lui.
Comment ce papier porte-t-il la si-
gnature d'un homme disparu depuis
longtemps? se demanda-t-il. Evidem-
ment il y a là un faux
C'est au moins fort supposable, dit
le caissier.
A quelle maison de banque appar-
tient le garçon qui est en bas?
Je l'ignore. C'est la première fois
que je le vois.
Faites monter cet homme, je vais
l'interroger. En même temps, envoyez-
chercher deux agents qui se tiendront
dans la salle, et, si j'en donne l'ordre
par le tuyau acoustique, on l'arrêtera.
Bien.
Le caissier descendit, ouvrit un gui-
chet et appela
M. Prosper de Prévodal I
Le garçon inconnu se présenta.
Montez au premier, lui dit le cais-
sier, M. J. Starke veut vous parler.
Il s'attendait à ce que le garçon, sur
la manifestation de ce désir, prît aussi-
tôt la fuite.
Mais il n'en fut rien: il conserva un
calme parfait et se dirigea vers le petit
escalier qui conduisait chez J. Starke. »
Armand Lapointk*
{La suite à demain.)
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