Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-08
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 08 août 1875 08 août 1875
Description : 1875/08/08 (Numéro 219). 1875/08/08 (Numéro 219).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275670q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DIMANCHE .8. AOUT 1875
̃??& Q'I&tf»fH anatf %u;;
ques protestations isolées d'un petit
nombre d'Irlandais irréconciliables. Le
dernier toast a été- porté aux prélats
étrangers et c'est Mgr Félix Le Nè.ve,
évoque de Nantes, qui y a* répondu.
Le' cardinal Manning, archevêque de
Londres, et Mgr Dupanloup ont écrit,
manifestant tous leurs regrets de ne
pouvoir, prendre part à ce festival. En
attendant la procession de demain ma-
tin, procession qui sera le véritable évé-
nement, en tant que démonstration po-
pulaire, et au sujet de laquelle on a quel-
ques -inquiétudes, j'ai parcouru quel-
ques-unes de ces brochures à couvertu-
res vertes, écrites pour la glorification
d'O'Connell. J'y trouve une anecdote as-
sez plaisante et par laquelle je termine
un récit- peut être légèrement monotone.
Dans les premiers temps de sa carrière
d'avocat, O'Couneil avait à défendre un
homme accusé d'assassinat. L'accusation
tirait grand parti d'un chapeau trouvé
près de l'endroit où le crime avait été
commis et qu'elle prétendait appartenir
à l'accusé. Un témoin jurait que le cha-
peau produit à l'audience était bien celui
oui avait été trouvé, et que ce chapeau
appartenait à l'accusé dont le nom était
James.
Souslafoi de votre serment, ditalors
O'Gonnell au témoin, vous êtes très cer-
tain que c'est là le chapeau trouvé ?
Oui, répliqua le témoin.
Vous l'avez examiné soigneusement
avant de prêter serment, et vous pouvez
jurer que c'est celui de l'accusé?
Assurément.
Très bien, fit O'Gonnell, maintenant
laissez moi examiner ce chapeau, et le
prenant, l'examinant avec le plus grand
soin, il soulève la coiffe a l'intérieur, il
épèle à voix basse; mais très distincte-
ment, les lettres composant le nom de
James; puis s'adressant de nouveau au
témoin ces lettres étaient-elles dans le
chapeau lorsque vous l'avez trouvé ?
Elles y étaient.
-Vous les avez vues?
̃ Je les ai vues.
C'est bien le même chapeau?
C'est la mpmG "ib"r^
–̃D'ans ce cas, milord, s'ecne O'Gon-
nell en présentant le chapeau au juge,
l'affaire est terminée, car il n'y a aucun
nom dans le chapeau et, en eflet, l'ac-
cusé fut immédiatement acquitté.
"Vendredi- matin, 6 août.
Il n'a pas été facile de dormir cette
nuit à Dublin. Des milliers de voyageurs
arrivent de fpus côtés. Faute de pou-
voir trouver un git.e, ils se promènent
dans les rues, et ces promenades se fai-
sant au son des tambours, le repos de-
vient impossible pour ceux qui ont le
bonheur d'être abrités sous un toit. A six
heures du matin le bruit augmentant je
me décide à me joindre aux promeneurs.
Hommes, femmes', enfants, tout le
monde porte des rosettes vertes; à dix
heures deux cent mille personnes sont
rassemblés à Saint-Stephen green; je ne
puis compter les musiques de cuivre, les
fifres et les tambours; mais tous ces
instrumentistes, soufflant, frappant,'en
même temps, c'est une cacophonie
^épouvantable. A. onze heures la proces-
on commence a se former, k se régula-
mser;.e,n tête se trouvent les représen-
»ints du eûinœerce, les députations
̃'Angleterre, les sociétés religieuses et
raternelles, les députations des collèges,
snes écoles et des âssociations politi-
ques, les .corporations des cités irlan-
fckiises, les" membres du Parlement, du
clergé/ -la famille d'O'Connell, les, fils
de John O'Connell et de Daniel O'Con-
nell enfin la db*rp£>ration et le lord.
.maire de Dublin.
Chaque société, chaque corporation,
porte sa bannière et les chefs sont à
cheval. Parmi les membres de la Société
d'amnistie, je remarque M. Butt et d'au-
tres membres du Parlement. A sept
heures, un discours est prononcé par
lord O'Hagan. Je ne vous en dirai rien,
par une excellente raison, c'est que je
n'ai pu en recueillir le moindre mot.
Vous le comprendrez sans peine, lors-
rue vous saurez que cette procession
3tait formée par au moins 300,000 per-
srnnes, et qu'elle s'étendait sur un es-
pace de six milles, environ deux lieues
et demie.
Toutes les maisons étaient pavoisées
à chaque fenêtre, à chaque balcon, un
drapeau, et derrière ce drapeau, des têtes
avides de voir cette manifestation véri-
tablement extraordinaire. Pas un maga-
sin n'était ouvert, les affaires étaient ab-
solument suspendues, et en résumé, il
faut avouer qu'il y avait un spectacle
véritablement très grandiose dans cette
reconnaissance de tout un peuple envers
un homme qui a consacré sa vie à défen-
dre et à assurer, en Angleterre, les
droits de ceux qui professent la religion
catholique.
T. Johnson.
Feuilleton du ÏH.MU) du 8 Août 1875
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
f^BIOUja DE L'OU
̃̃ ) ''IX ̃̃ ̃:•̃̃
Suite. «
Une place est libre aux côtés de Mina,
le baron Mittermann s'en- empare aussi-
tôt. Bientôt leurs voisines, conviées à la
danse, laissent le baron et Mina en tête-
à-tête.
C'est le moment impatiemment atten.
du par Mittermann.
Madame, dit-il, permettez-moi de
saisir une occasion si rare pour moi de
vous adresser en même temps des com-
pliments et des reproches.
Des reproches, monsieur le baron 1
Vous m'étonnez supprimez-les, je vous
prie. etpassezde suite aux compliments.
Les uns sont inséparables des au-
tres.
C'est un moyen adroit de vous faire
écouter. Eh bien, soit. Je suis tout
oreille.
Pourquoi, madame, depuis votre
mariage, avez-vous fui le monde où
vous pouviez occuper une place si dési-
rable et si enviée par toutes les jeunes
femmes?
A cette question, Mina devint sérieuse,
elle regarda le baron et crut voir une
émotion sur sa physionomie; elle prit
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont. traité avec la société des Gens de lettres.
L'EXPOSITION DES GHIiPS-ÉLYSÉES
V '̃:̃
J'ai rencontre hier des Anglais par
centaines à l'exposition des Champs-Ely-
sées. Vous avez bien lu par centaines.
L'envahissement du palais par ces nom-
breux insulaires m'a étonne. L'un d'eux,
après la présentation d'usage, m'a ex-
pliqué la chose
Nous sommes, m'a-t-il'dit avec une'
pointe de vanité nationale, des Cooks'
travellers, c'est-à-dire des voyageurs de
Cook. M. Coolc le descendant du ca-
pitaine Gpok, est un gentleman qui
organise a Londres des voyages deplai-
sir. J'ai pris chez lui, comme mes com-
pagnons, mon billet d'aller et retour, et
en même temps mes tickets pour visiter
l'exposition. Prochainement il partira
de Londres une flotille qui descendra la
Tamise, traversera la Manche et viendra
à Paris par la Seine. Ce sera très diver-
tissant et à bon marché.
Fort bien, luidis-je; mais nous1 au-
tres, Français, nous savons aussi voya-
ger économiquement, et sur les chemins
de ter d'Orléans, de l'Ouest et du Nord
s'organisent en ce moment des trains de
plaisir pour l'Exposition. Ce sera, pour
bien des gens, une occasion excellente
de visiter Paris sans faire un coûteux
voyage.
Mon Anglais, après une discussion sur
les modes de locomotion dont je vous
fais grâce, me fit les honneurs de la
partie de l'exposition consacrée "aux pro-
duits de son pays.
-r Notre gouvernement a exposé, me
dit-il en me montrant le très curieux
matériel de sauvetage du Board oftrade.
Etle-vôtre? •
Le nôtre a là-haut son exposition
des colonies. Quant au sauvetage, voici
un matériel complet exposé par 'notre
société du sauvetage des naufragés. C'est
aussi fort intéressant.
-Le jury décidera entre les deux
pays. Je sais que votre Société est fort
bien dirigée et composée des gens les
plus braves du monde, mais ses appa-
reils n'ont pas la perfection des nôtres.
Voyez nos radeaux si légers, qui peu-
vent porter cinquante personnes. Voyez
nos canots de toile que l'on peut met-
tre sous sont bras quand ils sont pliés.
Nous aurons la médaille d'honneur.
#
Je ne suis pas absolument de l'avis de
mon obligeant et orgueilleux cicerone.
Mais je ne puis m'empêcher de recon-
naître que la section anglaise de l'expo-
sition est du plus haut intérêt. 'IL est
presque tlu devoir de tout bon père de
famille de profiter des vacances pour y
mener ses enfants. Il y a, au palais des
Champs-Elysées, outre le beau spectacle
de l'ensemble, des choses qu'il est utile
d'avoir vu..
Les Anglais et les Hollandais ont tendu
sous l'immense voûte de cristal leurs gi-
gantesques filets de pêche. Les Anglais
exposent de monstrueux blocs de char-
bon, des tonneaux de ciment, des "fers,
des appareils de toutes sortes, la collec-
tion de tous les systèmes de câbles télé-
graphiques sous-marins, et aussi, c'est
notre revanchel près de toutes ces
choses, des meubles bien affreux et d'au-
tres objets décoratifs d'un goût contes-
table. Ils expérimentent, ils démontrent,
ils luttent et ils ont raison. Pour eux,
l'exposition de 1875 est une affaire im-
portante. Ils en ont admirablement com-
pris le côté sérieux.
Les. fabricants français de chronomè-
tres et. d'instruments de précision ont
fait comme les Anglais. Leur section est
très-curieuse à examiner. L'installation
en est soignée, et l'on y peut suivre le
progrès de cette fabrication intéressante,
dans tous ses développements. J'aurais,
du reste, à y revenir.
#
»
Outre les parties essentielles de son
programme, l'Exposition de 1875 offre
au visiteur des attractions d'un genre
mixte, de grandes surprises, sur les-
quelles il est temps d'appeler l'atten-
tion.
Il y a, en première ligne l'aquarium,
qui mérite d'être décrit. Figurez-vous
un bassin de quarante mètres de long et
de vingt de large, dans lequel circulent
des troupes de poissons, groupés par fa-
milles, dans une eau très claire sur le fin
gravier. Au centre de ce bassin s'élève
une masse énorme de roches factices, re-
produisant exactement le rocher desMè-*
des, près de Toulon. Un pont jeté sur le
bassin nous. permet de pénétrer par- une
fissure dans la grotte mystérieuse que
ces rochers recouvrent. Au dedans, par
dix-neuf ouvertures fecme.es de glaces,
vous apercevez les poissons les plus va.
cette émotion pour de l'intérêt, de la
sympathie, et en fut vivement touchée.
On sait qu'elle n'avait pas été gâtée par
l'amitié.
-Monsieur le baron, répondit-elle,
mon absence-du monde a été motivée
par des circonstances graves dont je n'ai
pas été maîtresse.
Oui, je comprends je connais vos
douleurs, mais cela n'explique pas l'en-
sevelissement dans la solitude de tant
de beauté, de tant de charmes, que bien
des gens seraient heureux d'adorer à ge-
noux.
Ceci frisait la galanterie, et la galàn-
terie de mauvais goût dans la bouche
d'un vieillard.
Mina l'excusa cependant, croyant de.
viner dans ces paroles une forme suran-
née de compliment. ̃
Le baron continua
-N'aviez-vous pas des amis qui eus-
sent été heureux de partager vos peines,
et d'essayer, de les amoindrir, de les
faire disparaître même
Mittermann tentait d'être clair, mais
la jeune femme ne voulait pas com-
prendre,
Des amis fit-elle tristement en
existe-t-il ?
Oh madame, me croyez-vous donc
indifférent à vos chagrins, moi qui suis
siheureux de voir que vous avez pu. les
vaincre, moi qui, vingt fois depuis une
année, ai tenté de vous voir, d'appro-
cher de vous pour vous dire combien la
réclusion que vous vous étiez imposée
me rendait. nous rendaient malheu-
reux.
Le baron entrait un peu trop dans la
vie de Mina; elle voulut le lui faire
apercevoir.
Je vous remercie de votre sympa-
thie, dit-elle; mais ces chagrins, ces
douleurs que vous me prêtez n'ont ja-
mais existé.
Quoi? cette réclusion, à votre âge ?
;J ..j
15
riés, dont vous pouvez à l'aise étudier
les moeurs. Je "vous recommande une
sorte de buisson dans lequel des cen-
taines de petites anguilles frétillent cons-
tamment. On diraitunetête d'Eunaénide.
Ce qu'il y a de particulier dans cet
aquarium fort pittoresque, c'est qu'il se
démonte comme une commode. Toutes •
les pièces en peuvent être transportées,
et je ne serais pas surpris de le retrou-
ver, au printemps prochain, sur quel-
que plage de l'Océan. C'est une invention
du directeur de l'exposition, M. Nicole.
Je signale, en terminant, la belle staV
tue de l'ancien ministre de la marine,
M. de Chasseloup-Laubat, par M. Le-
quien. Au dehors, le monument de'-
Christophe Colomb,par M. Cordier. Au
dedans encore, le pavillon de M. le
Maréchal -Président dont l'admirable
mobilier vient d'être placé. Je voulais
aussi citer quelques industriels dont'les
expositions m'ont particulièrement inté-
ressé, mais la place me manque aujour-
d'hui. A dimanche prochain.
̃̃ Alfred d'Aunay..
LE (MRtS imiMMAL,
DE GÉOGRAPHIE
Nous devons à l'obligeance d'un personnage
étranger, haut placé, la communication des
renseignements suivants sur la très impor-
tante séance,'tenue vendredi dernier au con-
grès do géographie, dont il a été fait plusieurs
fois mention dans le Figaro.
Si nous entretenons nos lecteurs de ces
questions spéciales, contre notre habitude,
c'est qu'il s'agit cette fois de grandes choses
auxquelles il est impossible de rester 'étran-
ger, à moins de se désintéresser complètement
des progrès do l'esprit humain.
Le cinquième groupe du Congrès pré-
sidé par M. Ferdinand de Lesseps, avait,
hier, à son ordre du jour, deux questions
du plus haut intérêt
1° Résumer les opinions diverses sur
la possibilité d'ouvrir un canal entre
l'Atlantique et le Pacifique.
2° Indiquer l'état actuel des commu-
nications entre l'Europe, l'Inde et la
Chine. Etudier les voies projetées et re-
chercher celles qui offriraient le plus
d'avantages au commerce.
Sur la première, M. Du Puys, bien.
connu par ses explorations dans l'isthme-
de Panama, a présenté des cartes inté-
ressantes et un projet suivant lequel
l'isthme.américain pourrait être traversé
par un canal analogue à celui de Suez.
D'après -.cet ingéniejjr, les plus grandes
hauteurs à franchir ^atteindraient pas
cinquante mètres. Bien que cette asser-
tion ait donné lieu à quelques observa-
tions, ce projet satisfaisait à l'idée géné-
ralement admise et soutenue par M. de
Lesseps queje canal ne devait pas com-
porter-d'ecluses.
Un autre projet, dû à. M. Michel Che-
valier, et que M. Levasseur a exposé
avec une grande clarté, consisterait à
utiliser le lac de Nicaragua, à en élever
'les eaux de façon à rendre navigables,
sur un' long parcours, les deux rivières
qui y prennent naissance.
Ce projet, bien qu'offrant l'inconvé-
nient de l'emploi forcé d'écluses et des
dangers d'ensablement signalés par
M. Dauzat, présente cependant des avan-
tages qui méritent d'être précieusement
.étudiés.
Une commission doit être nommée
pour poursuivre l'étude des différentes
solutions proposées.
La seconde question touchait à un pro-
jet dont la réalisation semble davantage
s'imposer chaque jour à l'attention pu-
blique, et qui a pour but d'ouvrir une
communication par voie ferrée entre
l'Europe, l'Asie et les Indes. La parole a
été donnée à ce sujet à M. le colonel Bog-
dandwitch, le grand promoteur., en Rus-
sie, des lignes Sibériennes.
M. le colonel Bogdanowitch a exposé,
dans un mémoire très saisissant et vive-
ment applaudi, les avantages de la ligne
qu'il étudie depuis plus de dix années et
qui, allant de Nijni à Ekaterinbourg
et Tiumen, mettrait en communication
l'Europe avec les immenses voies flu-
viales de la Sibérie Méridionale, en at-
tendant son prolongement jusqu'à Ir-
koutsk et Pékin.
Cette ligne est déjà adoptée en prin-
cipe par le gouvernement russe pour la
construction des quinze cents kilomè-
tres qui séparent Nijni de Tiumen.
Le colonel Bogdanowitch a expose
que cette ligne pourrait servir de point
de départ à Tiumen pour la ligne des
Indes bien plus avantageusement que
celle d'Orenbourg.
M, de Lesseps a rappelé à cette occa-
sion que l'idée première de la ligne des
Elle a été toute volontaire.
C'est un crime alors.
Je l'ai reconnu, dit Mina en sou-
riant, et vous voyez que je fais tous mes
efforts pour l'expier.
Ce que vous dites là me désespère,
madame.
Pourquoi donc ?
-Parce que- cela me prouve que vous
n'avez pas confiance en moi. Croyez-vous
donc que j'ignore -l'existence pleine
d'amertume et de regrets qui vous a été
faite? Croyez vous que je puisse, y être
différent l
Mina devint sérieuse.
-Monsieur le baron,. dit-elle, puisque
vous voulez bien avoir quelque amitié
pour moi, causons d'autre chose, je vous
prie..
De l'amitié s'écria! Mittermann.
Oh I mieux que cela, madame
Quoi donc? demanda ingénument
Mme Dachet.
N'avez-vous pas compris qu'en vous
voyant si belle et si délaissée, je n'ai
pu résister, d'abord, à vous plaindre,
ensuite.
Il s'interrompit.
Le mot était sur ses lèvres, mais il
n'osait pas le prononcer. Le baron Mit-
termann n'avait pas l'habitude de ces
sortes d'aveux.
Ensuite? dit Mina qui jouait, sans
s'en douter, le jeu d'une coquette et ne
devinait en aucune façon là péroraison
du discours de Mittermann.
A vous aimerl ajouta le baron à»
voix basse..
Le voile était déchiré 1
Le rouge de la honte et de l'indigna»
tion monta au front de Mina Dachet.
Elle se leva fière et hautaine.
Oh! monsieur, dit-elle.
Le baron Mittermann, écrasé par le re-
gard et l'accent de Mina, courbait la
tète et restait cloué sur son siège.
Mme Dachet allait fuir, mais un troi-
Indes par l'Asie centrale, était due à
M. Gh. Gotard et que cette idée était
naturellement restée soumise, jusqu'à
présent, au choix qui serait fait par 16
Gouvernement des prolongements vers
l'Orient des différentes lignes russes.
M. de Bouchen a pris ensuite la parole
montrer les avantages commer-
Pour de la ligne de Sibérie qui desser-
virait des gisements minéraux de la plus
grande richesse, en' môme: temps que:
toutes les contrées méridionales de la
Sibérie dont la fertilité est sipeu connue.
M. le: çheya lie-r.. Br uniatti est venu
compléter ces différentes appréciations
en lisant un intéressant mémoire dont
les conclusidhs concordaient avec toutes
les explications précédentes.
M. Cotard a aussi ajouté que le projet
du chemin des Indes avait été conçu en
'vue de réunir les réseaux de chemins
de fer de la Russie à l'Inde, et que dès
l'instant que la ligne de Sibérie était
décidée, en principe, il y avait lieu de
se rattacher à cette direction qui n'ex-
cluait d'ailleurs aucune des autres solu-
tions par la Perse et l'Asie Mineure.
La séance a été levée au milieu des
félicitations adressées au colonel Bogda-
nowitch.
SERRURERIE ARTiSTIQUE EN MÉTAUX DÉCOUPÉS
MAISON VEUVE DÉLONG ET C°
•
Nous devons à nos lecteurs de leur si-
gnaler toutes les merveilles exposées au
Palais de l'industrie. Parmi les objets
d'art qui font partie du casier de la mai-
son veuve Delong et Cie, nous avons re-
marqué une grille dagrande dimension,
ornementée de dessins découpés avec
une étonnante précision; une autre,
pour perron, avec parties ciselées dans
la masse et appliques en tôle repoussées
au marteau .puis des armatures de vi-
traux en métal si finement découpé que
le jour qui perce à travers ne perd rien
de sa clarté; la mise en plomb se trouve
donc ainsi remplacée, d'une manière
avantageuse et artistique, par cette nou-
velle application.
Il nous paraît impossible d'arriver à
une telle perfection dans le travail sans le
secours des machines et des scies breve-
tées, dues à l'industrie de Mme veuve- De-
long qui dirige ses ateliers' avec une ha-
bileté incontestable., h
La mécanique, eu effet, n'a plus de se-*
crets pour elle, et, grâce à ses maehines.-
jet sciés à découper et à repercer les dif-
liërents métaux, on est ar a travail-;
Jler le fer de 12 millimètres d'épaisseur, j
vains: que le bronze, l'acier et le simili-8
|ïei', que l'on emploie spécialement dans
la maison.
fous cesouvrages semblent être l'œu-
vre des fées, et peuvent défier par leur
finesse et leur élégance les pièces, de bi-
jouterie les plus soignées.
Nous reviendrons, dans un prochain
article, sur cette intéressante industrie.
Alfred Tencé.
Nous rappelons 1'à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au FIGARO est, pour les dé-
partements^ de 18 francs pour trois mois,
36 fr. pour six mois, et' 72 fr. pour un an.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
• ~™ LA Flèche, 6 août. Jeudi dernier,
M. le général de division de Lartigue a com-
mlitaire. Grâce, à la bienveillante protection du
ministre 'de la guerre, et surtout à l'inces-
sante activité de son excellent directeur, le
général Bertrand, ce bel établissement a re-
pris toute son ancienne importance.
Ses splendides bâtiments, où se retrouve à
chaque pas la trace de leur royal fondateur,
Henri IV, ont été remis à neuf par une intel-
ligente restauration. Un manège, installé avec
un soin tout particulier, est venu s'ajouter à
cette immense construction où, jadis, tous les
enfants de la noblesse des .provinces rece-
vaient leur instruction militaire.
Aujourd'hui, 400 fils de militaires viennent
s'y préparer pour Saint-Cyr, et le nombre
̃toujours croissant des candidats reçus chaque
année témoigne de la bonne direction donnée
à ces études toutes spéciales.
Le carrousel donne par de tout jeunes gens
qui. comptent à peine quelques mois de ma-
'nége, a vivement intéressé un public nom-
breux et sympathique. Le général-inspecteur
ï tations.
«– Lyon, 7 août. Depuis mercredi, il
a plu beaucoup ici, et aux environs. La pluie
a cessé ce matin.
Le Rhône a beaucoup grossi ses eaux'cou-
vrent complètement, les bas ports. La Saône
monte également.
La batellerie prend de grandes précau-
tions.
sième personnage intervint subitement.
C'était son mari.
Il avait tout entendu
Qu'avez- vous donc, ma chère9 de-
manda-t-il du ton le plus indifférent.
Moi ? rien
Vous semblez émue cependant 2
Je vous assure.
S'il en est ainsi, donnez donc votre
bras au baron.
Mina, au lieu de s'avancer fit un pas
en arrière, elle sentait ses larmes prêtes
à couler.
Mittermann se leva vivement et s'em-
para du bràs de la jeune femme.
-Allons, mon cher baron, ditgaiement
Dachet, montrez à tous nos jeunes mes-
sieurs que vous êtes encore un valseur
émérite.
Le baron entraîna Mina.
Dachet les regarda s'éloigner.
Il eut un singulier sourire.
Voilà, murmura-t-il, un moyen sur
lequel je ne. comptais pas I Décidément,
j'ai été bien inspiré en faisant la paix
avec ma femme
̃. •: ,̃̃.̃̃̃. x '• '̃ •-̃
Lorsque le baron Mittermann se crut
assez éloigné de Dachet, il voulut frap-
per un grand coup.
Il sentait, sous son bras, trembler le
bras de Mme Dachet; cette émotion lui
sembla de bon augure.
Est-ce que vous auriez la faiblesse
d'aimer votre mari? lui demanda-t-il
tout bas.
Mina ne répondit pas.
Le baron continua:
Ne savez-vous donc rien de la com-
binaison odieuse qui vous a faite sa
femme?
Mina joutait encore cette parole du
baron lui brisa le coeur.
Elle ne put retenir ce cri qui s'en
échappa:
-C'est donc vrai? j
LYOK. 7 août. Le tir à la cible
devait avoir lieu aujourd'hui. Il avait attiré
beaucoup d'étrangers.. ïl à été remis à huit
jours, là place ayant été inondée.
Les chaînes d'un bateau-lavoir, amarré au
quai dé là Charité, se sont rompues et le ba-
teau est allé se briser contre le pont du che-
min de fer. On ner signale aucun autre acci-
dent.
La crue atteindra ce soir son maximum en-
tre cinq et sept héures.C'est la plus forte qui
se soit produite depuis 1856.
̃ MARSEILLE, 6 août. M. des Méloi-
rfesf frère du regretté Henri des Méloizes, co-
lonel de spahis, dont vous avez annoncé la
mort, est arrivé dans notre ville, où il attend
le cercueil qui contient les restes du brave
soldat.
Il doit les ffcduïre-, non à Blois, coœç[S|
vous l'aviez annoncé, mais à Thizay. fare!?
Issoudun (Indre), résidence du chef de la fa-
mille.
Perpignan, 5 août. Un procès qui
se rattache à la période révolutionnaire de
1871 dans notre pays est pendant devant la
tribunal.
Lé 8 février 1871, jour des élections à l'As-
semblée nationale, le sieur Nicolau, membre
de la commission municipale, présidait la
section électorale du théâtre. Le poste de la
garde nationale était commandé par trois of-
ficiers, tous condamnés depuis aux travaux
forcés, pour participation aux scènes sauvages
de Pia.
Toute la journée, le plus grand désordre
régna dans la salle du vote, de nombreux
électeurs furent arrêtés et plusieurs affreuse-
ment maltraités. Un de ceux-ci, M. Leblanc,
attaque aujourd'hui le citoyen Nicolau devant
le Tribunal civil et lui demande 10,000 francs
de dommages-intérêts. Il l'accuse d'avoir
donné Tordro do l'arrêter, de l'avoir laissé
frapper sous ses yeux, do n'avoir pas pris les
mesures nécessaires pour faire respecter les
électeurs, et d'avoir commis un abus de pou-
voir en le faisant incarcérer au poste de po-
lice, et en demandant son transfert àla mai-
son d'arrêt. M. Leblanc ne fut relâché que le
lendemain par ordre du procureur de la Ré-
publique.
L'affaire est venue devant le tribunal qui
a ordonné une enquête.
La Rochelle, 5 août. ̃– La munici-
palité, d'accord avec la société des Régates et
l'administration du Casino, prépare de gran-
des fêtes pour les 15, 16 et 17 août. Le 21° ré«
giment d'artillerie et le 123e de ligne ont offert
leur concours, Le programme des fêtes con-
tient, outre les régates, un carrousel militai-
re, dés courses de chevaux, des retraites aux
flambeaux, des illuminations, des concerts
dans le jardin du Casino, des fêtes do nuit,
des représentations théâtrales avec Bras-
seur, etc., etc.
C'est le 17 que sera courue la grande course
internationale de yachts, organisée par la so-
ciété des Régates, sous les auspices du Yacht-
club de France.
Les inondés ne seront pas oubliés dans
toutes ces fêtes, Une partie de la recette leur
est destinée.
j ~™ Cautekets, 7 août. On ne s'occupe
feci, depuis plusieurs jours déjà, que de la
grande fête qui doit avoir lieu demain di-
manche au bénéfice de l'établissement hospi-
talier dont la création est due à la persévé-
rante volonté de quelques nobles cœurs, qui
doivent aux sources merveilleuses «de Caute-
rets le soulagement de leurs maux, et qui
tiennent à honneur d'en faire profiter les ma-
lades indigents. Le programme sera des plus
variés. Outre la représentation extraordi-
naire donnée le soir au Casino, il y aura, en
effet, dans la journée, de nombreux divertis-
sements, tels que courses aux cruches, cour-
ses en sac, courses aux œufs, etc. Je vous. en-
verrai le compte rendu de cette intéressante
journée.
Apt, 6 août, 7 h. 15 soir. La So-
ciété académique d'Apt célèbre aujourd'hui le
centenaire de Saboly. Grand succès pour les
félibres provençaux Félix Gros et Tavan, et
pour les poètes français, Aressy et Giron. Un
prix posthume a été décerné à Fortuné
Piw.
«i Blois, 6 août. Ce matin, dans la
fabrique des chaussures Guéritte, un plancher
s'est écroulé, emplissant d'un amas de décom-
bres l'atelier qui se trouvait au-dessous. Fort
heureusement l'accident est arrivé à l'heure
du déjeuner des ouvriers. L'un d'entre eux,
pourtant, le sieur Richoux, qui était resté,
s'est trouvé pris entre les solives, et a été
assez grièvement blessé..
< Rien de nouveau relativement à
l'affaire Lemaire-Devineau, mais il est avéré
maintenant qu'il est fou.
Il est nécessaire de rétablir le nom de la
jeune fiancée du prince Milan IV, de Servie,
que le télégraphe a modifié hier. La future
princesse se nomme Nathalie de Keschko,
petite-fille de feu Jean Stoudza, prince-ré-
gnant de Moldavie, de 1821 à 1828, et de la
princesse Catherine Stoudza, née Rosetti-
Resnevono, nièce de la princesse Catherine
Merizouui.
r~ LONDRES, 6 août, soir. La réunion
du comité de secours en faveur des inondés
a eu lieu cotte après-midi sous la présidence
du lord-maire. Le lord-maire a annoncé que
le montant des souscriptions reçues jusqu'à
ce jour s'élève à 23,000 livres sterling et qu'il
y a lieu de croire que le chiffre' de 30,000 li-
vres sterling sera atteint. Il a proposé d'en
distribuer immédiatement 20,000 aux inon-
dés. Le comité a adopté cette résolution. La
répartition de cette somme se fera de la ma-
Mais cette exclamation était plutôt
adressée à elle-même qu'à Mittermann.
Sans compter, ajouta celui-ci, que,
depuis son mariage, il vous a donne
vingtrivales; hier encore il était l'amant,
le protecteur attitré d'une danseuse de
l'Opéra. C'est l'homme le plus profondé-
ment vicieux que je connaisse.
Mina suffoquait elle ne voulut pas que
le baron s'en aperçût et elle paya d'au-
dace.
Mon mari peut disposer de sa vie
comme bon lui semblera; je lui ai rendu
sa liberté*
-Pourquoi me repousser, alors?
Vous me le demandez ? s'écria Mme
Dachet, mais c'est odieux 1 Est-ce que
les fautes du mari excusent celles de la
femme?
Sur ce terrain-là Mittermann manquait
d'habileté.
Il voulut user de ce qu'il croyait être
le grand moyen de séduction.
Dachet est avare, reprit-il, moi je
suis magnifique; il est presque pauvre,
moi je suis trente fois millionnaire. Je
vous ferai riche à rendre jalouse une
princesse. Dites, que voulez-vous? De
l'or ? Ma caisse vous est ouverte. Des
diamants, des bijoux? aucune femme
n'en possédera d'aussi beaux. Un châ-
teau ? Vous l'aurez!
Mme Dachet tira violemment son bras
de dessous celui de Mittermann.
Ah s'écria- t-elle éperdue, les hom-
mes sont des misérables
A ce moment, la voix glapissante de
l'huissier jeta dans le salon le nom de
M. le comte de Prévodal.
Robert Dachet courut au-devant du
gentilhomme breton.
Conduisez-moi à Mme Dachet pour
que je la salue, dit Prosper. J
Robert l'amena vers sa femme.
Un prélude de valse se fit entendre;
Mittermann s'avança, mais déjà le bras
de Prosper enlaçait la taille de Mina.
nière suivante», suggérée par les délégués an-
glais Haute-Garonne quatre dixièmes; Lot-
et-Garonne trois dixièmes; Tarn-et-Garonne
deux dixièmes; Ariége un dixième.
Le capitaine Renwick et M. Furloy ont été
chargés de distribuer ces secours.
• Dublin, 6 août, soir. A l'occasion
du centenaire d'O'Connell il y a eu aujour-
d'hui une immense procession comprenant
350,000 (?) personnes, 400 corps de musique,
les représentants de toutes les classes et de
toutes, les professions, 50 évêques et 1,000
prêtres'. Il y avait en outre 100,000 specta-
teurs.
Auguste Marcade.
PAMABJ0IIIEJOÏ1
i j~sT~
La Liberté raconte que la gauche fait-
de grands efforts pour décider M. Gam-
betta à entreprendre une campagne ora-
toire dans le Midi et dans l'Ouest. [
Cette campagne ne serait, dans la pensée
des amis politiques de M. Gambetta, qu'une
continuation de celle inaugurée par le der-,
nier discours de Belleville. Elle n'aurait
d'autre but que d'expliquer aux masses, qui >
ne l'ont pas comprise, la conduite du parti
républicain à l'Assemblée depuis un an. • »,
On assure que M. Gambetta aurait favora-
blement répondu à ces sollicitations, mais
qu'il ne commencerait sa tournée qu'après
la clôture de la session des conseils géné-
raux.
« Si cette session, aurait-il dit, porte des
fruits favorables à l'œuvre républicaine, il
faut les laisser mûrir tranquillement jusqu'aux
élections générales, et point n'est besoin alors
de ma parole.
» Dans le cas, au contraire, où les tendances
manifestées par la majorité des conseils- ris-
queraient de tourner contre les élections, et
notamment contre les élections sénatoriales,
il serait alors important d'intervenir pour
éveiller l'attention des populations sur les
manœuvres de la réaction, et aucun de mes
amis ni moi ne failliront à cette tâche. »
Précisément le Petit Girondin n'a ja. ,"•
mais été plus âpre contre la politique de
conciliation et la puissance du centre
gauche qui, selon lui, « dénature le génie p
de la Révolution. »
Oh 1 s'il nous était permis .'de faire passer
dans ces lignes l'éloquence et l'enthousiasme
de nos pères, et de faire scintiller devant tous
les yeux l'idéal entrevu par les martyrs de la
liberté, comme on verrait à nu l'égoïsme de
ces républicains modérés qui, depuis Siéyès,
Ducos,Boissy, d'Anglas, îuorit eu d'autre am-
bition que de travailler, pour eux et pour
leur caste. Quel jour ces républicains centre
gauche ont-ils fait à l'union commune le
moindre sacrifice ? Quand ont-ils immolé la
moindre convenance pour céder au peuple
une liberté'? Qu'ils sont petits à côté des co-
lères grondantes, de l'enthousiasme enflammé
de nos pères, qui s'étaient levés comme der
géants pour conquérir les droits que la philo- `
sophie du dix-huitième siècle avait déclarés i;î
innés dans l'homme. ·
Le but avoué du Petit Girondin et de
ses adhérents est de substituer l'action
des « vieilles barbes » à celle de M. Gam-
betta
Les chaînes des gauches sont rivées, et les
gauches sont devenues impuissantes. Il en `
sera de même de la Républiquo, si l'on suit ̃̃
encore longtemps la politique du centre gaù"-
che, si la queue du parti républicain ne dé-
nient Lu tête et la tête la queue. La Républi-
que ne sera qu'une pure monarchie. Non,
point d'illusion il est temps que le parti ré-
publicain adopte une autre tactique. En face
d'un ministre aussi fort que M. Buffet, il faut
une discipline constante, une action vigou-
reuso. Plus de compromis avec les monar-
chistes, qui, au gré de leurs caprices ou do
leurs intérêts, font voter les gauches comme ,s
ils le désirent. Que le centre gauche et la gau-
che surtout reviennent sur leurs pas, qu'ils se
rallient, non plus à des Lavergne, des Luro,
des Adrien Léon, mais aux vétérans de la dé-
mocratie, qui les rendront forts et redouta-
bles. Si, rejetant Jules Simon, Jules Ferry,
Laboulaye, nous obéissions tous à MM. Loin
Blanc et Madier de Montjau, il est probable
que M. Buffet ne serait ni si hautain, ni si
arrogant, ni si despote.
Une lettre de M. Ch. Loiseau, con-
seiller municipal, proteste contré" la sup-
position que la suppression de la distri-
bution des prix au collége Chaptal doive
être attribué au caractère du discours.
qu'il devait prononcer.
Supposer que j'aurais pu faire de la politi-
que en cetto occurertee, c'est un outrage au
bons sens et à la vérité mon caractère et ma
conduite protestent assez haut contre une pa-
reille allégation. D'ailleurs, quel eût pu être
le sens de cette allocution adressée à des en-
fants de huit à douze ans et à des mères de
famille, si ce n'est le développement, sur une
forme plus ou moins heureuse, de cette pen-
sée du fabuliste
Travaillez, prenez de la peine, ̃ •
C'est le fond qui manque le moins.
Il semble d'ailleurs résulter d'une
note du Moniteur universel que tout le
conflit gît en ceci le conseil d'adminis-
tration du collége Chaptal a, de sa pro-
Le baron n'osa réclamer; il. resta les
bras ballants, tout penaud et suivit^
d'un regard d'envie Mme Dachet et
Prosper.
Je crois, pensa Dachet en voyant
la mine déconfite et l'attitude jalouse da
son associé, que la présence de M. de Pré-
vodal avancera mes affaires avec Mitter-
mann.
Pour la première fois de sa vie, Pros-
per se trouvait dans cette atmosphère de
têtes, do parfums pénétrants, de femmes
parées, de bras et d'épaules nus qui, ja-
dis, avaient tourmenté et ravi ses
rêves. La réalité le fascinait, l'éblouis-
sait, l'enivrait. Il avait vingt ans, et jus-
• que là son existence avait été celle d'un
séminariste.Ilneconnaissaitdelafemme,
de sa beauté, que ce qu'il avait pu entre-
voir dans ses excursions en Bretagne
après la mort de l'abbé Guéneu, que ce
que lui avait révélé s.on court séjour à
Paris, et voilà que, tout à coup, il se
trouvait transporté au milieu d'une fête
splendide, au sein de cette vie de plaisirs
qui faisait battre son cœur et bouillon-
ner son sang 1
Tous ces regards de femmes animés et
-enfiévrés, ces voix joyeuses, ces souri.
res, ces haleines chaudes, le mol aban-
don de la danse, ces charmes qui se
montraient sans voiles épaules satinées
et bras ronds les uns, ceux de l'Italien-
ne, à teinte brune ou dorée comme si
un rayon de soleil se fût reposé sur eux;
les autres, ceux de la Française, à teinte
rosée; ceux de la blonde Allemande,
d'une blancheur de lait; les poitrines
palpitantes que la bouche effleurait pres-
que ces corps souples que le bras en-
tourait et soutenait, toutes ces choses
portaient le trouble dans sa raison et la
ravissement dans tout son être.
Soit que Mme Dachet voulût cacher ̃
l'émotion qu'elle venait d'éprouver, soit
qu'elle voulût refréner ses larmes, soit
enfin que la rapidité vertigineuse de la
̃??& Q'I&tf»fH anatf %u;;
ques protestations isolées d'un petit
nombre d'Irlandais irréconciliables. Le
dernier toast a été- porté aux prélats
étrangers et c'est Mgr Félix Le Nè.ve,
évoque de Nantes, qui y a* répondu.
Le' cardinal Manning, archevêque de
Londres, et Mgr Dupanloup ont écrit,
manifestant tous leurs regrets de ne
pouvoir, prendre part à ce festival. En
attendant la procession de demain ma-
tin, procession qui sera le véritable évé-
nement, en tant que démonstration po-
pulaire, et au sujet de laquelle on a quel-
ques -inquiétudes, j'ai parcouru quel-
ques-unes de ces brochures à couvertu-
res vertes, écrites pour la glorification
d'O'Connell. J'y trouve une anecdote as-
sez plaisante et par laquelle je termine
un récit- peut être légèrement monotone.
Dans les premiers temps de sa carrière
d'avocat, O'Couneil avait à défendre un
homme accusé d'assassinat. L'accusation
tirait grand parti d'un chapeau trouvé
près de l'endroit où le crime avait été
commis et qu'elle prétendait appartenir
à l'accusé. Un témoin jurait que le cha-
peau produit à l'audience était bien celui
oui avait été trouvé, et que ce chapeau
appartenait à l'accusé dont le nom était
James.
Souslafoi de votre serment, ditalors
O'Gonnell au témoin, vous êtes très cer-
tain que c'est là le chapeau trouvé ?
Oui, répliqua le témoin.
Vous l'avez examiné soigneusement
avant de prêter serment, et vous pouvez
jurer que c'est celui de l'accusé?
Assurément.
Très bien, fit O'Gonnell, maintenant
laissez moi examiner ce chapeau, et le
prenant, l'examinant avec le plus grand
soin, il soulève la coiffe a l'intérieur, il
épèle à voix basse; mais très distincte-
ment, les lettres composant le nom de
James; puis s'adressant de nouveau au
témoin ces lettres étaient-elles dans le
chapeau lorsque vous l'avez trouvé ?
Elles y étaient.
-Vous les avez vues?
̃ Je les ai vues.
C'est bien le même chapeau?
C'est la mpmG "ib"r^
–̃D'ans ce cas, milord, s'ecne O'Gon-
nell en présentant le chapeau au juge,
l'affaire est terminée, car il n'y a aucun
nom dans le chapeau et, en eflet, l'ac-
cusé fut immédiatement acquitté.
"Vendredi- matin, 6 août.
Il n'a pas été facile de dormir cette
nuit à Dublin. Des milliers de voyageurs
arrivent de fpus côtés. Faute de pou-
voir trouver un git.e, ils se promènent
dans les rues, et ces promenades se fai-
sant au son des tambours, le repos de-
vient impossible pour ceux qui ont le
bonheur d'être abrités sous un toit. A six
heures du matin le bruit augmentant je
me décide à me joindre aux promeneurs.
Hommes, femmes', enfants, tout le
monde porte des rosettes vertes; à dix
heures deux cent mille personnes sont
rassemblés à Saint-Stephen green; je ne
puis compter les musiques de cuivre, les
fifres et les tambours; mais tous ces
instrumentistes, soufflant, frappant,'en
même temps, c'est une cacophonie
^épouvantable. A. onze heures la proces-
on commence a se former, k se régula-
mser;.e,n tête se trouvent les représen-
»ints du eûinœerce, les députations
̃'Angleterre, les sociétés religieuses et
raternelles, les députations des collèges,
snes écoles et des âssociations politi-
ques, les .corporations des cités irlan-
fckiises, les" membres du Parlement, du
clergé/ -la famille d'O'Connell, les, fils
de John O'Connell et de Daniel O'Con-
nell enfin la db*rp£>ration et le lord.
.maire de Dublin.
Chaque société, chaque corporation,
porte sa bannière et les chefs sont à
cheval. Parmi les membres de la Société
d'amnistie, je remarque M. Butt et d'au-
tres membres du Parlement. A sept
heures, un discours est prononcé par
lord O'Hagan. Je ne vous en dirai rien,
par une excellente raison, c'est que je
n'ai pu en recueillir le moindre mot.
Vous le comprendrez sans peine, lors-
rue vous saurez que cette procession
3tait formée par au moins 300,000 per-
srnnes, et qu'elle s'étendait sur un es-
pace de six milles, environ deux lieues
et demie.
Toutes les maisons étaient pavoisées
à chaque fenêtre, à chaque balcon, un
drapeau, et derrière ce drapeau, des têtes
avides de voir cette manifestation véri-
tablement extraordinaire. Pas un maga-
sin n'était ouvert, les affaires étaient ab-
solument suspendues, et en résumé, il
faut avouer qu'il y avait un spectacle
véritablement très grandiose dans cette
reconnaissance de tout un peuple envers
un homme qui a consacré sa vie à défen-
dre et à assurer, en Angleterre, les
droits de ceux qui professent la religion
catholique.
T. Johnson.
Feuilleton du ÏH.MU) du 8 Août 1875
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
f^BIOUja DE L'OU
̃̃ ) ''IX ̃̃ ̃:•̃̃
Suite. «
Une place est libre aux côtés de Mina,
le baron Mittermann s'en- empare aussi-
tôt. Bientôt leurs voisines, conviées à la
danse, laissent le baron et Mina en tête-
à-tête.
C'est le moment impatiemment atten.
du par Mittermann.
Madame, dit-il, permettez-moi de
saisir une occasion si rare pour moi de
vous adresser en même temps des com-
pliments et des reproches.
Des reproches, monsieur le baron 1
Vous m'étonnez supprimez-les, je vous
prie. etpassezde suite aux compliments.
Les uns sont inséparables des au-
tres.
C'est un moyen adroit de vous faire
écouter. Eh bien, soit. Je suis tout
oreille.
Pourquoi, madame, depuis votre
mariage, avez-vous fui le monde où
vous pouviez occuper une place si dési-
rable et si enviée par toutes les jeunes
femmes?
A cette question, Mina devint sérieuse,
elle regarda le baron et crut voir une
émotion sur sa physionomie; elle prit
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont. traité avec la société des Gens de lettres.
L'EXPOSITION DES GHIiPS-ÉLYSÉES
V '̃:̃
J'ai rencontre hier des Anglais par
centaines à l'exposition des Champs-Ely-
sées. Vous avez bien lu par centaines.
L'envahissement du palais par ces nom-
breux insulaires m'a étonne. L'un d'eux,
après la présentation d'usage, m'a ex-
pliqué la chose
Nous sommes, m'a-t-il'dit avec une'
pointe de vanité nationale, des Cooks'
travellers, c'est-à-dire des voyageurs de
Cook. M. Coolc le descendant du ca-
pitaine Gpok, est un gentleman qui
organise a Londres des voyages deplai-
sir. J'ai pris chez lui, comme mes com-
pagnons, mon billet d'aller et retour, et
en même temps mes tickets pour visiter
l'exposition. Prochainement il partira
de Londres une flotille qui descendra la
Tamise, traversera la Manche et viendra
à Paris par la Seine. Ce sera très diver-
tissant et à bon marché.
Fort bien, luidis-je; mais nous1 au-
tres, Français, nous savons aussi voya-
ger économiquement, et sur les chemins
de ter d'Orléans, de l'Ouest et du Nord
s'organisent en ce moment des trains de
plaisir pour l'Exposition. Ce sera, pour
bien des gens, une occasion excellente
de visiter Paris sans faire un coûteux
voyage.
Mon Anglais, après une discussion sur
les modes de locomotion dont je vous
fais grâce, me fit les honneurs de la
partie de l'exposition consacrée "aux pro-
duits de son pays.
-r Notre gouvernement a exposé, me
dit-il en me montrant le très curieux
matériel de sauvetage du Board oftrade.
Etle-vôtre? •
Le nôtre a là-haut son exposition
des colonies. Quant au sauvetage, voici
un matériel complet exposé par 'notre
société du sauvetage des naufragés. C'est
aussi fort intéressant.
-Le jury décidera entre les deux
pays. Je sais que votre Société est fort
bien dirigée et composée des gens les
plus braves du monde, mais ses appa-
reils n'ont pas la perfection des nôtres.
Voyez nos radeaux si légers, qui peu-
vent porter cinquante personnes. Voyez
nos canots de toile que l'on peut met-
tre sous sont bras quand ils sont pliés.
Nous aurons la médaille d'honneur.
#
Je ne suis pas absolument de l'avis de
mon obligeant et orgueilleux cicerone.
Mais je ne puis m'empêcher de recon-
naître que la section anglaise de l'expo-
sition est du plus haut intérêt. 'IL est
presque tlu devoir de tout bon père de
famille de profiter des vacances pour y
mener ses enfants. Il y a, au palais des
Champs-Elysées, outre le beau spectacle
de l'ensemble, des choses qu'il est utile
d'avoir vu..
Les Anglais et les Hollandais ont tendu
sous l'immense voûte de cristal leurs gi-
gantesques filets de pêche. Les Anglais
exposent de monstrueux blocs de char-
bon, des tonneaux de ciment, des "fers,
des appareils de toutes sortes, la collec-
tion de tous les systèmes de câbles télé-
graphiques sous-marins, et aussi, c'est
notre revanchel près de toutes ces
choses, des meubles bien affreux et d'au-
tres objets décoratifs d'un goût contes-
table. Ils expérimentent, ils démontrent,
ils luttent et ils ont raison. Pour eux,
l'exposition de 1875 est une affaire im-
portante. Ils en ont admirablement com-
pris le côté sérieux.
Les. fabricants français de chronomè-
tres et. d'instruments de précision ont
fait comme les Anglais. Leur section est
très-curieuse à examiner. L'installation
en est soignée, et l'on y peut suivre le
progrès de cette fabrication intéressante,
dans tous ses développements. J'aurais,
du reste, à y revenir.
#
»
Outre les parties essentielles de son
programme, l'Exposition de 1875 offre
au visiteur des attractions d'un genre
mixte, de grandes surprises, sur les-
quelles il est temps d'appeler l'atten-
tion.
Il y a, en première ligne l'aquarium,
qui mérite d'être décrit. Figurez-vous
un bassin de quarante mètres de long et
de vingt de large, dans lequel circulent
des troupes de poissons, groupés par fa-
milles, dans une eau très claire sur le fin
gravier. Au centre de ce bassin s'élève
une masse énorme de roches factices, re-
produisant exactement le rocher desMè-*
des, près de Toulon. Un pont jeté sur le
bassin nous. permet de pénétrer par- une
fissure dans la grotte mystérieuse que
ces rochers recouvrent. Au dedans, par
dix-neuf ouvertures fecme.es de glaces,
vous apercevez les poissons les plus va.
cette émotion pour de l'intérêt, de la
sympathie, et en fut vivement touchée.
On sait qu'elle n'avait pas été gâtée par
l'amitié.
-Monsieur le baron, répondit-elle,
mon absence-du monde a été motivée
par des circonstances graves dont je n'ai
pas été maîtresse.
Oui, je comprends je connais vos
douleurs, mais cela n'explique pas l'en-
sevelissement dans la solitude de tant
de beauté, de tant de charmes, que bien
des gens seraient heureux d'adorer à ge-
noux.
Ceci frisait la galanterie, et la galàn-
terie de mauvais goût dans la bouche
d'un vieillard.
Mina l'excusa cependant, croyant de.
viner dans ces paroles une forme suran-
née de compliment. ̃
Le baron continua
-N'aviez-vous pas des amis qui eus-
sent été heureux de partager vos peines,
et d'essayer, de les amoindrir, de les
faire disparaître même
Mittermann tentait d'être clair, mais
la jeune femme ne voulait pas com-
prendre,
Des amis fit-elle tristement en
existe-t-il ?
Oh madame, me croyez-vous donc
indifférent à vos chagrins, moi qui suis
siheureux de voir que vous avez pu. les
vaincre, moi qui, vingt fois depuis une
année, ai tenté de vous voir, d'appro-
cher de vous pour vous dire combien la
réclusion que vous vous étiez imposée
me rendait. nous rendaient malheu-
reux.
Le baron entrait un peu trop dans la
vie de Mina; elle voulut le lui faire
apercevoir.
Je vous remercie de votre sympa-
thie, dit-elle; mais ces chagrins, ces
douleurs que vous me prêtez n'ont ja-
mais existé.
Quoi? cette réclusion, à votre âge ?
;J ..j
15
riés, dont vous pouvez à l'aise étudier
les moeurs. Je "vous recommande une
sorte de buisson dans lequel des cen-
taines de petites anguilles frétillent cons-
tamment. On diraitunetête d'Eunaénide.
Ce qu'il y a de particulier dans cet
aquarium fort pittoresque, c'est qu'il se
démonte comme une commode. Toutes •
les pièces en peuvent être transportées,
et je ne serais pas surpris de le retrou-
ver, au printemps prochain, sur quel-
que plage de l'Océan. C'est une invention
du directeur de l'exposition, M. Nicole.
Je signale, en terminant, la belle staV
tue de l'ancien ministre de la marine,
M. de Chasseloup-Laubat, par M. Le-
quien. Au dehors, le monument de'-
Christophe Colomb,par M. Cordier. Au
dedans encore, le pavillon de M. le
Maréchal -Président dont l'admirable
mobilier vient d'être placé. Je voulais
aussi citer quelques industriels dont'les
expositions m'ont particulièrement inté-
ressé, mais la place me manque aujour-
d'hui. A dimanche prochain.
̃̃ Alfred d'Aunay..
LE (MRtS imiMMAL,
DE GÉOGRAPHIE
Nous devons à l'obligeance d'un personnage
étranger, haut placé, la communication des
renseignements suivants sur la très impor-
tante séance,'tenue vendredi dernier au con-
grès do géographie, dont il a été fait plusieurs
fois mention dans le Figaro.
Si nous entretenons nos lecteurs de ces
questions spéciales, contre notre habitude,
c'est qu'il s'agit cette fois de grandes choses
auxquelles il est impossible de rester 'étran-
ger, à moins de se désintéresser complètement
des progrès do l'esprit humain.
Le cinquième groupe du Congrès pré-
sidé par M. Ferdinand de Lesseps, avait,
hier, à son ordre du jour, deux questions
du plus haut intérêt
1° Résumer les opinions diverses sur
la possibilité d'ouvrir un canal entre
l'Atlantique et le Pacifique.
2° Indiquer l'état actuel des commu-
nications entre l'Europe, l'Inde et la
Chine. Etudier les voies projetées et re-
chercher celles qui offriraient le plus
d'avantages au commerce.
Sur la première, M. Du Puys, bien.
connu par ses explorations dans l'isthme-
de Panama, a présenté des cartes inté-
ressantes et un projet suivant lequel
l'isthme.américain pourrait être traversé
par un canal analogue à celui de Suez.
D'après -.cet ingéniejjr, les plus grandes
hauteurs à franchir ^atteindraient pas
cinquante mètres. Bien que cette asser-
tion ait donné lieu à quelques observa-
tions, ce projet satisfaisait à l'idée géné-
ralement admise et soutenue par M. de
Lesseps queje canal ne devait pas com-
porter-d'ecluses.
Un autre projet, dû à. M. Michel Che-
valier, et que M. Levasseur a exposé
avec une grande clarté, consisterait à
utiliser le lac de Nicaragua, à en élever
'les eaux de façon à rendre navigables,
sur un' long parcours, les deux rivières
qui y prennent naissance.
Ce projet, bien qu'offrant l'inconvé-
nient de l'emploi forcé d'écluses et des
dangers d'ensablement signalés par
M. Dauzat, présente cependant des avan-
tages qui méritent d'être précieusement
.étudiés.
Une commission doit être nommée
pour poursuivre l'étude des différentes
solutions proposées.
La seconde question touchait à un pro-
jet dont la réalisation semble davantage
s'imposer chaque jour à l'attention pu-
blique, et qui a pour but d'ouvrir une
communication par voie ferrée entre
l'Europe, l'Asie et les Indes. La parole a
été donnée à ce sujet à M. le colonel Bog-
dandwitch, le grand promoteur., en Rus-
sie, des lignes Sibériennes.
M. le colonel Bogdanowitch a exposé,
dans un mémoire très saisissant et vive-
ment applaudi, les avantages de la ligne
qu'il étudie depuis plus de dix années et
qui, allant de Nijni à Ekaterinbourg
et Tiumen, mettrait en communication
l'Europe avec les immenses voies flu-
viales de la Sibérie Méridionale, en at-
tendant son prolongement jusqu'à Ir-
koutsk et Pékin.
Cette ligne est déjà adoptée en prin-
cipe par le gouvernement russe pour la
construction des quinze cents kilomè-
tres qui séparent Nijni de Tiumen.
Le colonel Bogdanowitch a expose
que cette ligne pourrait servir de point
de départ à Tiumen pour la ligne des
Indes bien plus avantageusement que
celle d'Orenbourg.
M, de Lesseps a rappelé à cette occa-
sion que l'idée première de la ligne des
Elle a été toute volontaire.
C'est un crime alors.
Je l'ai reconnu, dit Mina en sou-
riant, et vous voyez que je fais tous mes
efforts pour l'expier.
Ce que vous dites là me désespère,
madame.
Pourquoi donc ?
-Parce que- cela me prouve que vous
n'avez pas confiance en moi. Croyez-vous
donc que j'ignore -l'existence pleine
d'amertume et de regrets qui vous a été
faite? Croyez vous que je puisse, y être
différent l
Mina devint sérieuse.
-Monsieur le baron,. dit-elle, puisque
vous voulez bien avoir quelque amitié
pour moi, causons d'autre chose, je vous
prie..
De l'amitié s'écria! Mittermann.
Oh I mieux que cela, madame
Quoi donc? demanda ingénument
Mme Dachet.
N'avez-vous pas compris qu'en vous
voyant si belle et si délaissée, je n'ai
pu résister, d'abord, à vous plaindre,
ensuite.
Il s'interrompit.
Le mot était sur ses lèvres, mais il
n'osait pas le prononcer. Le baron Mit-
termann n'avait pas l'habitude de ces
sortes d'aveux.
Ensuite? dit Mina qui jouait, sans
s'en douter, le jeu d'une coquette et ne
devinait en aucune façon là péroraison
du discours de Mittermann.
A vous aimerl ajouta le baron à»
voix basse..
Le voile était déchiré 1
Le rouge de la honte et de l'indigna»
tion monta au front de Mina Dachet.
Elle se leva fière et hautaine.
Oh! monsieur, dit-elle.
Le baron Mittermann, écrasé par le re-
gard et l'accent de Mina, courbait la
tète et restait cloué sur son siège.
Mme Dachet allait fuir, mais un troi-
Indes par l'Asie centrale, était due à
M. Gh. Gotard et que cette idée était
naturellement restée soumise, jusqu'à
présent, au choix qui serait fait par 16
Gouvernement des prolongements vers
l'Orient des différentes lignes russes.
M. de Bouchen a pris ensuite la parole
montrer les avantages commer-
Pour de la ligne de Sibérie qui desser-
virait des gisements minéraux de la plus
grande richesse, en' môme: temps que:
toutes les contrées méridionales de la
Sibérie dont la fertilité est sipeu connue.
M. le: çheya lie-r.. Br uniatti est venu
compléter ces différentes appréciations
en lisant un intéressant mémoire dont
les conclusidhs concordaient avec toutes
les explications précédentes.
M. Cotard a aussi ajouté que le projet
du chemin des Indes avait été conçu en
'vue de réunir les réseaux de chemins
de fer de la Russie à l'Inde, et que dès
l'instant que la ligne de Sibérie était
décidée, en principe, il y avait lieu de
se rattacher à cette direction qui n'ex-
cluait d'ailleurs aucune des autres solu-
tions par la Perse et l'Asie Mineure.
La séance a été levée au milieu des
félicitations adressées au colonel Bogda-
nowitch.
SERRURERIE ARTiSTIQUE EN MÉTAUX DÉCOUPÉS
MAISON VEUVE DÉLONG ET C°
•
Nous devons à nos lecteurs de leur si-
gnaler toutes les merveilles exposées au
Palais de l'industrie. Parmi les objets
d'art qui font partie du casier de la mai-
son veuve Delong et Cie, nous avons re-
marqué une grille dagrande dimension,
ornementée de dessins découpés avec
une étonnante précision; une autre,
pour perron, avec parties ciselées dans
la masse et appliques en tôle repoussées
au marteau .puis des armatures de vi-
traux en métal si finement découpé que
le jour qui perce à travers ne perd rien
de sa clarté; la mise en plomb se trouve
donc ainsi remplacée, d'une manière
avantageuse et artistique, par cette nou-
velle application.
Il nous paraît impossible d'arriver à
une telle perfection dans le travail sans le
secours des machines et des scies breve-
tées, dues à l'industrie de Mme veuve- De-
long qui dirige ses ateliers' avec une ha-
bileté incontestable., h
La mécanique, eu effet, n'a plus de se-*
crets pour elle, et, grâce à ses maehines.-
jet sciés à découper et à repercer les dif-
liërents métaux, on est ar a travail-;
Jler le fer de 12 millimètres d'épaisseur, j
vains: que le bronze, l'acier et le simili-8
|ïei', que l'on emploie spécialement dans
la maison.
fous cesouvrages semblent être l'œu-
vre des fées, et peuvent défier par leur
finesse et leur élégance les pièces, de bi-
jouterie les plus soignées.
Nous reviendrons, dans un prochain
article, sur cette intéressante industrie.
Alfred Tencé.
Nous rappelons 1'à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au FIGARO est, pour les dé-
partements^ de 18 francs pour trois mois,
36 fr. pour six mois, et' 72 fr. pour un an.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
• ~™ LA Flèche, 6 août. Jeudi dernier,
M. le général de division de Lartigue a com-
m
ministre 'de la guerre, et surtout à l'inces-
sante activité de son excellent directeur, le
général Bertrand, ce bel établissement a re-
pris toute son ancienne importance.
Ses splendides bâtiments, où se retrouve à
chaque pas la trace de leur royal fondateur,
Henri IV, ont été remis à neuf par une intel-
ligente restauration. Un manège, installé avec
un soin tout particulier, est venu s'ajouter à
cette immense construction où, jadis, tous les
enfants de la noblesse des .provinces rece-
vaient leur instruction militaire.
Aujourd'hui, 400 fils de militaires viennent
s'y préparer pour Saint-Cyr, et le nombre
̃toujours croissant des candidats reçus chaque
année témoigne de la bonne direction donnée
à ces études toutes spéciales.
Le carrousel donne par de tout jeunes gens
qui. comptent à peine quelques mois de ma-
'nége, a vivement intéressé un public nom-
breux et sympathique. Le général-inspecteur
ï
«– Lyon, 7 août. Depuis mercredi, il
a plu beaucoup ici, et aux environs. La pluie
a cessé ce matin.
Le Rhône a beaucoup grossi ses eaux'cou-
vrent complètement, les bas ports. La Saône
monte également.
La batellerie prend de grandes précau-
tions.
sième personnage intervint subitement.
C'était son mari.
Il avait tout entendu
Qu'avez- vous donc, ma chère9 de-
manda-t-il du ton le plus indifférent.
Moi ? rien
Vous semblez émue cependant 2
Je vous assure.
S'il en est ainsi, donnez donc votre
bras au baron.
Mina, au lieu de s'avancer fit un pas
en arrière, elle sentait ses larmes prêtes
à couler.
Mittermann se leva vivement et s'em-
para du bràs de la jeune femme.
-Allons, mon cher baron, ditgaiement
Dachet, montrez à tous nos jeunes mes-
sieurs que vous êtes encore un valseur
émérite.
Le baron entraîna Mina.
Dachet les regarda s'éloigner.
Il eut un singulier sourire.
Voilà, murmura-t-il, un moyen sur
lequel je ne. comptais pas I Décidément,
j'ai été bien inspiré en faisant la paix
avec ma femme
̃. •: ,̃̃.̃̃̃. x '• '̃ •-̃
Lorsque le baron Mittermann se crut
assez éloigné de Dachet, il voulut frap-
per un grand coup.
Il sentait, sous son bras, trembler le
bras de Mme Dachet; cette émotion lui
sembla de bon augure.
Est-ce que vous auriez la faiblesse
d'aimer votre mari? lui demanda-t-il
tout bas.
Mina ne répondit pas.
Le baron continua:
Ne savez-vous donc rien de la com-
binaison odieuse qui vous a faite sa
femme?
Mina joutait encore cette parole du
baron lui brisa le coeur.
Elle ne put retenir ce cri qui s'en
échappa:
-C'est donc vrai? j
LYOK. 7 août. Le tir à la cible
devait avoir lieu aujourd'hui. Il avait attiré
beaucoup d'étrangers.. ïl à été remis à huit
jours, là place ayant été inondée.
Les chaînes d'un bateau-lavoir, amarré au
quai dé là Charité, se sont rompues et le ba-
teau est allé se briser contre le pont du che-
min de fer. On ner signale aucun autre acci-
dent.
La crue atteindra ce soir son maximum en-
tre cinq et sept héures.C'est la plus forte qui
se soit produite depuis 1856.
̃ MARSEILLE, 6 août. M. des Méloi-
rfesf frère du regretté Henri des Méloizes, co-
lonel de spahis, dont vous avez annoncé la
mort, est arrivé dans notre ville, où il attend
le cercueil qui contient les restes du brave
soldat.
Il doit les ffcduïre-, non à Blois, coœç[S|
vous l'aviez annoncé, mais à Thizay. fare!?
Issoudun (Indre), résidence du chef de la fa-
mille.
Perpignan, 5 août. Un procès qui
se rattache à la période révolutionnaire de
1871 dans notre pays est pendant devant la
tribunal.
Lé 8 février 1871, jour des élections à l'As-
semblée nationale, le sieur Nicolau, membre
de la commission municipale, présidait la
section électorale du théâtre. Le poste de la
garde nationale était commandé par trois of-
ficiers, tous condamnés depuis aux travaux
forcés, pour participation aux scènes sauvages
de Pia.
Toute la journée, le plus grand désordre
régna dans la salle du vote, de nombreux
électeurs furent arrêtés et plusieurs affreuse-
ment maltraités. Un de ceux-ci, M. Leblanc,
attaque aujourd'hui le citoyen Nicolau devant
le Tribunal civil et lui demande 10,000 francs
de dommages-intérêts. Il l'accuse d'avoir
donné Tordro do l'arrêter, de l'avoir laissé
frapper sous ses yeux, do n'avoir pas pris les
mesures nécessaires pour faire respecter les
électeurs, et d'avoir commis un abus de pou-
voir en le faisant incarcérer au poste de po-
lice, et en demandant son transfert àla mai-
son d'arrêt. M. Leblanc ne fut relâché que le
lendemain par ordre du procureur de la Ré-
publique.
L'affaire est venue devant le tribunal qui
a ordonné une enquête.
La Rochelle, 5 août. ̃– La munici-
palité, d'accord avec la société des Régates et
l'administration du Casino, prépare de gran-
des fêtes pour les 15, 16 et 17 août. Le 21° ré«
giment d'artillerie et le 123e de ligne ont offert
leur concours, Le programme des fêtes con-
tient, outre les régates, un carrousel militai-
re, dés courses de chevaux, des retraites aux
flambeaux, des illuminations, des concerts
dans le jardin du Casino, des fêtes do nuit,
des représentations théâtrales avec Bras-
seur, etc., etc.
C'est le 17 que sera courue la grande course
internationale de yachts, organisée par la so-
ciété des Régates, sous les auspices du Yacht-
club de France.
Les inondés ne seront pas oubliés dans
toutes ces fêtes, Une partie de la recette leur
est destinée.
j ~™ Cautekets, 7 août. On ne s'occupe
feci, depuis plusieurs jours déjà, que de la
grande fête qui doit avoir lieu demain di-
manche au bénéfice de l'établissement hospi-
talier dont la création est due à la persévé-
rante volonté de quelques nobles cœurs, qui
doivent aux sources merveilleuses «de Caute-
rets le soulagement de leurs maux, et qui
tiennent à honneur d'en faire profiter les ma-
lades indigents. Le programme sera des plus
variés. Outre la représentation extraordi-
naire donnée le soir au Casino, il y aura, en
effet, dans la journée, de nombreux divertis-
sements, tels que courses aux cruches, cour-
ses en sac, courses aux œufs, etc. Je vous. en-
verrai le compte rendu de cette intéressante
journée.
Apt, 6 août, 7 h. 15 soir. La So-
ciété académique d'Apt célèbre aujourd'hui le
centenaire de Saboly. Grand succès pour les
félibres provençaux Félix Gros et Tavan, et
pour les poètes français, Aressy et Giron. Un
prix posthume a été décerné à Fortuné
Piw.
«i Blois, 6 août. Ce matin, dans la
fabrique des chaussures Guéritte, un plancher
s'est écroulé, emplissant d'un amas de décom-
bres l'atelier qui se trouvait au-dessous. Fort
heureusement l'accident est arrivé à l'heure
du déjeuner des ouvriers. L'un d'entre eux,
pourtant, le sieur Richoux, qui était resté,
s'est trouvé pris entre les solives, et a été
assez grièvement blessé..
< Rien de nouveau relativement à
l'affaire Lemaire-Devineau, mais il est avéré
maintenant qu'il est fou.
Il est nécessaire de rétablir le nom de la
jeune fiancée du prince Milan IV, de Servie,
que le télégraphe a modifié hier. La future
princesse se nomme Nathalie de Keschko,
petite-fille de feu Jean Stoudza, prince-ré-
gnant de Moldavie, de 1821 à 1828, et de la
princesse Catherine Stoudza, née Rosetti-
Resnevono, nièce de la princesse Catherine
Merizouui.
r~ LONDRES, 6 août, soir. La réunion
du comité de secours en faveur des inondés
a eu lieu cotte après-midi sous la présidence
du lord-maire. Le lord-maire a annoncé que
le montant des souscriptions reçues jusqu'à
ce jour s'élève à 23,000 livres sterling et qu'il
y a lieu de croire que le chiffre' de 30,000 li-
vres sterling sera atteint. Il a proposé d'en
distribuer immédiatement 20,000 aux inon-
dés. Le comité a adopté cette résolution. La
répartition de cette somme se fera de la ma-
Mais cette exclamation était plutôt
adressée à elle-même qu'à Mittermann.
Sans compter, ajouta celui-ci, que,
depuis son mariage, il vous a donne
vingtrivales; hier encore il était l'amant,
le protecteur attitré d'une danseuse de
l'Opéra. C'est l'homme le plus profondé-
ment vicieux que je connaisse.
Mina suffoquait elle ne voulut pas que
le baron s'en aperçût et elle paya d'au-
dace.
Mon mari peut disposer de sa vie
comme bon lui semblera; je lui ai rendu
sa liberté*
-Pourquoi me repousser, alors?
Vous me le demandez ? s'écria Mme
Dachet, mais c'est odieux 1 Est-ce que
les fautes du mari excusent celles de la
femme?
Sur ce terrain-là Mittermann manquait
d'habileté.
Il voulut user de ce qu'il croyait être
le grand moyen de séduction.
Dachet est avare, reprit-il, moi je
suis magnifique; il est presque pauvre,
moi je suis trente fois millionnaire. Je
vous ferai riche à rendre jalouse une
princesse. Dites, que voulez-vous? De
l'or ? Ma caisse vous est ouverte. Des
diamants, des bijoux? aucune femme
n'en possédera d'aussi beaux. Un châ-
teau ? Vous l'aurez!
Mme Dachet tira violemment son bras
de dessous celui de Mittermann.
Ah s'écria- t-elle éperdue, les hom-
mes sont des misérables
A ce moment, la voix glapissante de
l'huissier jeta dans le salon le nom de
M. le comte de Prévodal.
Robert Dachet courut au-devant du
gentilhomme breton.
Conduisez-moi à Mme Dachet pour
que je la salue, dit Prosper. J
Robert l'amena vers sa femme.
Un prélude de valse se fit entendre;
Mittermann s'avança, mais déjà le bras
de Prosper enlaçait la taille de Mina.
nière suivante», suggérée par les délégués an-
glais Haute-Garonne quatre dixièmes; Lot-
et-Garonne trois dixièmes; Tarn-et-Garonne
deux dixièmes; Ariége un dixième.
Le capitaine Renwick et M. Furloy ont été
chargés de distribuer ces secours.
• Dublin, 6 août, soir. A l'occasion
du centenaire d'O'Connell il y a eu aujour-
d'hui une immense procession comprenant
350,000 (?) personnes, 400 corps de musique,
les représentants de toutes les classes et de
toutes, les professions, 50 évêques et 1,000
prêtres'. Il y avait en outre 100,000 specta-
teurs.
Auguste Marcade.
PAMABJ0IIIEJOÏ1
i j~sT~
La Liberté raconte que la gauche fait-
de grands efforts pour décider M. Gam-
betta à entreprendre une campagne ora-
toire dans le Midi et dans l'Ouest. [
Cette campagne ne serait, dans la pensée
des amis politiques de M. Gambetta, qu'une
continuation de celle inaugurée par le der-,
nier discours de Belleville. Elle n'aurait
d'autre but que d'expliquer aux masses, qui >
ne l'ont pas comprise, la conduite du parti
républicain à l'Assemblée depuis un an. • »,
On assure que M. Gambetta aurait favora-
blement répondu à ces sollicitations, mais
qu'il ne commencerait sa tournée qu'après
la clôture de la session des conseils géné-
raux.
« Si cette session, aurait-il dit, porte des
fruits favorables à l'œuvre républicaine, il
faut les laisser mûrir tranquillement jusqu'aux
élections générales, et point n'est besoin alors
de ma parole.
» Dans le cas, au contraire, où les tendances
manifestées par la majorité des conseils- ris-
queraient de tourner contre les élections, et
notamment contre les élections sénatoriales,
il serait alors important d'intervenir pour
éveiller l'attention des populations sur les
manœuvres de la réaction, et aucun de mes
amis ni moi ne failliront à cette tâche. »
Précisément le Petit Girondin n'a ja. ,"•
mais été plus âpre contre la politique de
conciliation et la puissance du centre
gauche qui, selon lui, « dénature le génie p
de la Révolution. »
Oh 1 s'il nous était permis .'de faire passer
dans ces lignes l'éloquence et l'enthousiasme
de nos pères, et de faire scintiller devant tous
les yeux l'idéal entrevu par les martyrs de la
liberté, comme on verrait à nu l'égoïsme de
ces républicains modérés qui, depuis Siéyès,
Ducos,Boissy, d'Anglas, îuorit eu d'autre am-
bition que de travailler, pour eux et pour
leur caste. Quel jour ces républicains centre
gauche ont-ils fait à l'union commune le
moindre sacrifice ? Quand ont-ils immolé la
moindre convenance pour céder au peuple
une liberté'? Qu'ils sont petits à côté des co-
lères grondantes, de l'enthousiasme enflammé
de nos pères, qui s'étaient levés comme der
géants pour conquérir les droits que la philo- `
sophie du dix-huitième siècle avait déclarés i;î
innés dans l'homme. ·
Le but avoué du Petit Girondin et de
ses adhérents est de substituer l'action
des « vieilles barbes » à celle de M. Gam-
betta
Les chaînes des gauches sont rivées, et les
gauches sont devenues impuissantes. Il en `
sera de même de la Républiquo, si l'on suit ̃̃
encore longtemps la politique du centre gaù"-
che, si la queue du parti républicain ne dé-
nient Lu tête et la tête la queue. La Républi-
que ne sera qu'une pure monarchie. Non,
point d'illusion il est temps que le parti ré-
publicain adopte une autre tactique. En face
d'un ministre aussi fort que M. Buffet, il faut
une discipline constante, une action vigou-
reuso. Plus de compromis avec les monar-
chistes, qui, au gré de leurs caprices ou do
leurs intérêts, font voter les gauches comme ,s
ils le désirent. Que le centre gauche et la gau-
che surtout reviennent sur leurs pas, qu'ils se
rallient, non plus à des Lavergne, des Luro,
des Adrien Léon, mais aux vétérans de la dé-
mocratie, qui les rendront forts et redouta-
bles. Si, rejetant Jules Simon, Jules Ferry,
Laboulaye, nous obéissions tous à MM. Loin
Blanc et Madier de Montjau, il est probable
que M. Buffet ne serait ni si hautain, ni si
arrogant, ni si despote.
Une lettre de M. Ch. Loiseau, con-
seiller municipal, proteste contré" la sup-
position que la suppression de la distri-
bution des prix au collége Chaptal doive
être attribué au caractère du discours.
qu'il devait prononcer.
Supposer que j'aurais pu faire de la politi-
que en cetto occurertee, c'est un outrage au
bons sens et à la vérité mon caractère et ma
conduite protestent assez haut contre une pa-
reille allégation. D'ailleurs, quel eût pu être
le sens de cette allocution adressée à des en-
fants de huit à douze ans et à des mères de
famille, si ce n'est le développement, sur une
forme plus ou moins heureuse, de cette pen-
sée du fabuliste
Travaillez, prenez de la peine, ̃ •
C'est le fond qui manque le moins.
Il semble d'ailleurs résulter d'une
note du Moniteur universel que tout le
conflit gît en ceci le conseil d'adminis-
tration du collége Chaptal a, de sa pro-
Le baron n'osa réclamer; il. resta les
bras ballants, tout penaud et suivit^
d'un regard d'envie Mme Dachet et
Prosper.
Je crois, pensa Dachet en voyant
la mine déconfite et l'attitude jalouse da
son associé, que la présence de M. de Pré-
vodal avancera mes affaires avec Mitter-
mann.
Pour la première fois de sa vie, Pros-
per se trouvait dans cette atmosphère de
têtes, do parfums pénétrants, de femmes
parées, de bras et d'épaules nus qui, ja-
dis, avaient tourmenté et ravi ses
rêves. La réalité le fascinait, l'éblouis-
sait, l'enivrait. Il avait vingt ans, et jus-
• que là son existence avait été celle d'un
séminariste.Ilneconnaissaitdelafemme,
de sa beauté, que ce qu'il avait pu entre-
voir dans ses excursions en Bretagne
après la mort de l'abbé Guéneu, que ce
que lui avait révélé s.on court séjour à
Paris, et voilà que, tout à coup, il se
trouvait transporté au milieu d'une fête
splendide, au sein de cette vie de plaisirs
qui faisait battre son cœur et bouillon-
ner son sang 1
Tous ces regards de femmes animés et
-enfiévrés, ces voix joyeuses, ces souri.
res, ces haleines chaudes, le mol aban-
don de la danse, ces charmes qui se
montraient sans voiles épaules satinées
et bras ronds les uns, ceux de l'Italien-
ne, à teinte brune ou dorée comme si
un rayon de soleil se fût reposé sur eux;
les autres, ceux de la Française, à teinte
rosée; ceux de la blonde Allemande,
d'une blancheur de lait; les poitrines
palpitantes que la bouche effleurait pres-
que ces corps souples que le bras en-
tourait et soutenait, toutes ces choses
portaient le trouble dans sa raison et la
ravissement dans tout son être.
Soit que Mme Dachet voulût cacher ̃
l'émotion qu'elle venait d'éprouver, soit
qu'elle voulût refréner ses larmes, soit
enfin que la rapidité vertigineuse de la
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.1%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.1%.
- Collections numériques similaires 1730 Bicêtre 1730 Bicêtre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 Bicêtre"Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. DEUXIÈME SECTION — PRISONNIERS DOSSIERS INDIVIDUELS ET DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES (2). Dossiers sans date. Quarante-trois dossiers, S-Z /ark:/12148/btv1b53239836r.highres Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. DEUXIÈME SECTION — PRISONNIERS DOSSIERS INDIVIDUELS ET DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES (2). Dossiers sans date. Soixante-dix-neuf dossiers, A-C /ark:/12148/btv1b531899567.highres1730 For l'Évêque 1730 For l'Évêque /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 For l'Évêque" 1730 Bastille 1730 Bastille /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 Bastille" Année 1730 Année 1730 /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Année 1730"
- Auteurs similaires 1730 Bicêtre 1730 Bicêtre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 Bicêtre"Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. DEUXIÈME SECTION — PRISONNIERS DOSSIERS INDIVIDUELS ET DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES (2). Dossiers sans date. Quarante-trois dossiers, S-Z /ark:/12148/btv1b53239836r.highres Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. DEUXIÈME SECTION — PRISONNIERS DOSSIERS INDIVIDUELS ET DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES (2). Dossiers sans date. Soixante-dix-neuf dossiers, A-C /ark:/12148/btv1b531899567.highres1730 For l'Évêque 1730 For l'Évêque /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 For l'Évêque" 1730 Bastille 1730 Bastille /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "1730 Bastille" Année 1730 Année 1730 /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Année 1730"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k275670q/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k275670q/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k275670q/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k275670q/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k275670q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k275670q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k275670q/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest