Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-07-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 juillet 1875 29 juillet 1875
Description : 1875/07/29 (Numéro 209). 1875/07/29 (Numéro 209).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO JEUDI 29 JUILLET 1875
de Bort a été élu conseiller d'arrondissement t
par 639 voix contre 137 données à M. Tho-
mas.
~™_ Marseille, 27 juillet. Le bey de
Tunis et «on ministre Khéredine, sans atten-
dre que la liste de souscription des résidents
français pour les inondés leuriût présentée,
ont souscrit spontanément le bey pour
5,000 francs et son premier ministre pour
2,000. La lettre d'envoi adressée par le bey
au consul général français est conçue dans
des termes très sympathiques.
–Les souscriptions recueillies au con-
sulat de France à Constantinople, en faveur
des inondés s'élevaient, le 13 juillet, à la
somme de 26,754 fr. 40 c.
Dans son audience de vendredi, le
tribunal civil de notre ville a accordé une in-
demnité de 40,000 fr. à M. Sévastopulo, né-
gociant, victime des événements insurrection-
nels du 4 avril 1871.
M. Sévastopulo. se trouvant sur le seuil de
psi maison, fut atteint par une balle qui lui
traversa la cuisse gauche de part en part.
Une amputation fut jugée nécessaire et au-
jourd'hui M. Sévastopulo se rend à la Bourse
appuyé sur des béquilles. Il demandait à
là ville 160,000 fr.
Les Akdelïs, 28 juillet.-Il y a quel-
ques jours, vous vous le rappelez, un cultiva-
teur nommé Fauliot tua d'un coup de pistolet
M. Feret, propriétaire du pays, qui l'avait
fait saisir pour une créance de quelques cents
francs, et tira également, sans l'atteindre, sur
M. Vicomte, huissier d'Etrépagny. Fauliot
doit comparaître devant les prochaines assi-
ses de l'Eure. Vingt témoins seront entendus.
Son défenseur est M. Ducy.
Aux mêmes assises comparaîtra Jodon, déjà
condamné à mort par la Cour d'assises de
Rouen pour assassinat suivi de vol. Le juge-
ment a été cassé par la Cour suprême.. Jodon
a pour défenseur Me Canet, du barreau &E-
vreux.
Vaxenciennes, 27 juillet. MM. de
Chabaud La Tour,père et fils, duc d'Audiffret
Pasquier, de Witt, Casimir Périer et baron de
Lagrange, membres duconseil d'administra-
tion des mines d'Anzflk, sont arrivés hier
soir.
-~»~ Melun, 27 juillèt. La cour d'assi-
ses de Seine-et-Marne vient de condamner à
sept ans de réclusion le nommé Giral, employé
do M. Ducatel, percepteur à Melun, coupable
de faux et de détournements qui s'élèvent à
13.507 francs.
-–«-– TARBES, 27 juillet. Le train express
de Tarbes à Luchon, qui avait été provisoire-
ment supprimé, est remis en circulation de»
puis hier.
~»~– Je vous ai annoncé qu'un membre
de notre conseil municipal avait eu l'idée de
faire concourir la France à l'embellissement
de sa ville, en demandant à une souscription
nationale les fonds nécessaires à l'érection
d'une statue de Théophile Gautier. Le conseil
n'a pas cru devoir donner suite à cette pro-
position.
>». Le général Moriones est arrivé di-
manche à Pau, venant d'Espagne.
Viterbb, 24 juillet, r- Dans les pre-
miers jours de mai de cette année, le comte
Faina, âgé de 70 ans, fut enlevé par des bri-
gands, presque aux portes de la ville, en-
traîné vers la montagne et sa rançon fut fixée
à 400,000 francs. Comme elle n'arrivait pas,
ils le firent fusiller à bout portant, par l'un
d'eux, le jeune Sassara. Les brigands ont
coutume d'avoir parmi eux un jeune homme
qui est une sorte d'exécuteur et que son âge
neut faire échapper à une condamnation ca-
pitale.
La cour d'assises de Viterbe vient de ren-
dre son arrêt sur cette bande, après une se-
maine consacrée aux débats qui surexcitaien t
l'intérêt de la population. ̃•
L'instigateur du meurtre, le véritable chef
de la bande, Guerini Garganio, a été con-
damné à la peine de mort.
Sassara Giovanni, le meurtrier, a été con-
damné aux travaux forcés à perpétuité, parce
qu'il n'avait pas vingt et un ans au moment
du crime. Le reste de la bande, à des peines
moins fortes, suivant les responsabilités. La
sentence était à peine prononcée que Sassara
a bondi comme un fauve au-dessus de la
grille qui entourait le banc des accusés pour
so jeter sur Ricci, le dénonciateur. Il a été
heureusement contenu par la force publique.
LONDRES, 28 juillet, 7 h. 30 soir.
Les deux préfets de Paris sont arrivés ce
matin à onze heures. Le lord-maire leur a
rendu visite.
̃ BERLIN, 27 juillet. Les dépenses
ordinaires de la Prusse pour l'instruction pu-
blique, pendant l'année financière actuelle,
sont de 43,790,000 marcs c'est-à-dire de près
de 9 millions de marcs de plus que l'année
dernière, et les dépenses extraordinaires sont
de 8,350,000 marcs, de sorte que la Prusse dé-
pense pour l'instruction publique 2 marcs
f2 fr. 50) par tête. Le budget de l'instruction
publique de France, lorqu'on déduit les
sommes destinées aux cultes et aux beaux-
arts.-n'est que de 37 millions de francs, c'est-
à-dire 1 franc par tête. Si l'on considère, en
outre, que les communes de France font, com-
parativement à l'Allemagne, très peu de sa-
crifices pour les écoles, on constate que la
France est dans une situation tout à fait défa-
vorable vis-à-vis de l'Allemagne au point de
vue de l'instruction publique.
Auguste Marcade.
feuilleton du FIGARO da 29 Juillet 181-i
~T~ "5
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
I.AMO'VR DE L't!R
`,
> «- Suite.
La comtesse resta tout étourdie; elle
ne comprenait pas.
Robert Dachet vit son émoi et conti-
nua avec un aplomb superbe
Mon Dieu! c'est bien simple: l'affaire
dont il s'agit a un côté tout moral, un
côté d'ordre public et, qui intéresse la
société, et à cause de cela on ne veut
admettre parmi ses administrateurs que
des gens posés, des gens ayant famille,
appui et entourage. Pour y entrer, j'étais
déjà décidé à acheter une des meilleures
maisons de la coulisse, une maison riche
à millions et qui fait à elle seule plus
d'affaires que trois agents de change,
mais cela ne suffit pas, m'a-t-on dit, mon
état de célibataire est un obstacle invin-
cible.
Quoil s'écria Mme Svitzer, vous
pourriez songer à vous marier?
Oh! ma chère comtesse, un mariage
de raison, de convenance, de pure né-
cessité. Ma femme aurait son apparte-
ment et moi le mien.
Mieux que cela même, si pareille chose
pouvait se faire j'achèterais une mai-
son à Auteuil, par exemple, que ma
femme habiterait, et moi j'habiterais
Paris. Pensez-vous donc que je puis ces-
Set de vous aimer ? '1
•*?&̃ comtesse Svitzer était toute son-
'̃ 'ïteprodacSon attoïisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
PARIS AU Joli LE JOB
On continue à escarmoucher autour de
la lettre de M. Madier-Montjau et des
discordes plus ou moins profondes de la
gauche.
Il paraît que quelques intransigeants
d'extrême gauche méditent un coup
fourré d'une extrême noirceur. Ils se
seraient assemblés rue de la Sourdière,
au local habituel des séances de l'Union
républicaine, et voici, d'après la Corres-
pondance universelle, quel serait le résul-
tat de cette conjuration:
Il aurait été décidé qu'on interpellerait le
gouvernement pour sa voir s'il compte exécu-
ter la Constitution votée, et portant obliga-
tion de réunir les deux Chambres le premier
mardi de janvier. A l'occasion de cette inter-
pellation, M. Louis Blanc ferait une déclara-
tion qui serait une sorte de programme à
l'adresse plutôt des électeurs amis que de la
Chambre, et on proposerait ensuite un ordre
du jour mettant l'Assemblée en demeure de
se dissoudre avant la fin de l'année. Une se-
conde question aurait été-ensuite abordée
on aurait examiné s'il y avait lieu d'ap-
puyer et, au besoin, de reprendre la pro-
position Brisson tendant à demander la mise
en vigueur des élections partielles. Sur ce
point, on a décidé qu'il n'y aurait lieu à faire
une propositicn que dans le cas où l'ordre du
jour impératif sur la convocation des nou-
velles Chambres pour le premier mardi de
janvier viendrait à être repoussé.
Peut-être n'y a-t-il dans tout ceci
qu'un prétexte pour engager la droite à
ne point prendre d'arrhes sur les va-
cances, car nous trouvons dans plusieurs
journaux conservateurs une exhortation
aux députés de ne pas s'éloigner avant
le 4 aoùt. Avouons qu'il est fort triste
,qu'on soit obligé -de faire de semblables
'objurgations aux hommes à qui le pays
a remis le soin de défendre ses intérêts
les plus essentiels, les plus sacrés.
La seule consolation que nous ayons
s'est qu'à gauche on en fait autant. Der-
nièrement la République française adres.
sait à ce-propos une assez verte mercu-
riale à ses amis,
/» Quelques renseignements du Jour-
nal de Genève sur les sentiments de M.
Thiers à l'égard du ministère
Il est inexact que M. Thiers ait désapprouvé
l'attitude de M. Gambetta lors des derniers
scrutins. Il est mécontent de celle de M. Du-
faure, et trouve que le chef de la gauche a eu
raison de prendre une position franche en face
des équivoques subies ou consenties par M.
le garde des sceaux, M. Thiers se défie d'un
certain groupe de députés qu'il accuse pres-
que de jouer un doubla jeu. De ce nombre est
M. Ricard, qu'on ne voit plus depuis long
temps chez 1 ex-président ou il était jadis un
des habitués. Mais il faut faire la part de
l'esprit -très entier de M. Thiers et de sa
susceptibilité, toujours éveillée depuis qu'il
n'est plus au pouvoir. Si accoutumé qu'il soit
aux volte-face de gens qui sont dans la poli-
tique, il ne peut pas décerner un brevet de
sympathie et de confiance à ceux qui lui
tournent le dos après l'avoir le plus en-
touré.
,*» Un correspondant du Paris-Journal
a détaché d'un article de M. Ghallemèl-
Lacour, publié dans la Revue des Deux
Mondes et dont John Bright était le su-
jet, un curieux jugement sur la politi-
que de concession- et de compromis que
M. Challemel-Lacour a acceptée mainte-
nant àla suite de M. Gambetta.
C'est chose rare parmi nous et presque
introuvable chez les hommes publics dans le
temps où nous vivons, lorsqu'à chaque pa-
role et à chaque pas les considérations acces-
soires s'imposent impérieusement, qu'un
homme assez désintéressé ou assez convaincu
pour aller jusqu'au bout de ses convictions.
La crainte de se compromettre et de se ren-
dre impossible, les petits calculs, le besoin
de succès infimes, mais immédiats, la peur
de la défaite, tout cela, sous les beaux noms
de circonspection et de prudence, commande
la conduite, inspire les paroles, se mêle à
toutes les démarches des hommes politiques.
De là, ces habiletés de langage et ces sa-
vantes réticences, ces intrigues souterraines
pour atteindre des fins médiocres, où s'é-
puise le génie des hommes publias. Ces pro-
cédés utiles aux succès personnels, et qui ne
sont pas incompatibles avec le talent, le sont
avec une action profonde sur l'esprit des
contemporains. Ces qualités, cette science
mesquine empruntée aux politiques ITALIENS,
sont peut-être conformes au génie de cer-
tains partis, mais elles paralysent et con-
damnent à un insuccès certain ceux qui as-
sument la grande responsabilité et qui ambi-
tionnent le grand honneur d'initier le peuple
au gouvernement et à la justice.
»%. Une particularité originale révélée
par le Sport au sujet d'un dîner que le
comte Apponyi, ambassadeur d'Autri-
che, a donné en l'honneur de l'archiduc
Albert.
geuse et ne répondit pas. Dachet l'exa-
minait du coin de l'œil.
Ne pensons plus à ces choses, dit-il
tout à coup et joyeusement. Votre pré-
sence m'est trop chère et me rend trop
heureux pour que ma pensée veuille
s'égarer sur un autre objet.
Pensons-y au contraire répliqua
la comtesse. Robert, dit-elle d'un ton sé-
rieux, jurez-moi que 'vous m'aimez et
que vous n'aimerez aucune autre femme
que moi.
Comment voulez-vous que je vous
le jure, ma belle amie, agenouillé à vos
pieds et en vous adorant? Mystérieuse-
ment à votre petite oreille, dans un
baiser, ou solennellement en prenant
Dieu à témoin de ma sincérité ?
Solennellement reprit la senti-
mentale Allemande.
Dachet prit une de ces poses si fami-
lières aux acteurs de drame; il mit une
main sur son cœur, l'autre levée vers le
plafond, et dit, comme ces témoins ap-
I pelés devant la justice
Je le jure
C'était bien un peu grotesque, mais
Mme Svitzer ne s'en aperçut pas.
Bon dit-elle. Maintenant répondez
à cette question. Accepteriez-vous une
femme choisie par moi, sans la cqnnaî-
tre, sans lui parler, sans savoir si elle
est belle ou laide, jeune ou vieille ? 1
Encore exclama Dachet, comme
si ce sujet lui eût répugné.
Répondez! je le veux!
Oui! millefoisoui! dit Dachetayant
l'air de céder à une pression, et je serais
heureux de vous donner cette preuve de
mon attachement sincère, inaltérable, de
mon amour profond.
En lui-même, il souriait, le tïaître 1
Dans un mois vous serez marié,
mon ami et ce qui vous manque, l'en-
tourage, la famille, la considération, la
fortune même ne vous feront plus dé-
faut.
Cette fois Dachet eût volontiers sauté
au cou de Mme Svitzer, mais il se con-
tint pour ne point se démasquer.
On a passe chez l'ambassadeur du Mar-
gaux-Bet-Àir, marquis dAUgre, mn de
Bordeaux d'un cru peu connu, parce qu'il
produit peu et qu'il ne se trouve dans le
commerce qu'à l'état de rareté.
Ce vin merveilleux est contenu dans des
bouteilles fondues à son intention expresse,
en verre olive, forme bordelaise, et l'épaule
en est flanquée de deux médaillons en haut
relief et opposés. Sur l'un est marqué le
triple nom indiqué plus haut, et sur l'autre
cette hospitalière recommandation « Dé-
fendu d'en laisser. »
Le marquis d'Aligre, alors qu'il était pro-
priétaire du château de Bel-Air, en plein cru
Margaux, ne souffrait point que son vin fût
vendu. Tout entrait dans ses caves et n'en
repartait que pour sa table ou pour quel-
ques cadeaux. C'est en vertu d'un de ces ca-
deaux que le comte Apponyi a pu faire dé-
guster à son hôte princier le vin du feu
marquis.
A la mort de M. d'Aligre, le château de Bel-
Air a été acheté par M. Viajuerié, un banquier
du Midi des plus opulents, qui a suivi les
traditions de son prédécesseur. Son vin se boit,
mais ne se vend pas.
La plupart des bouteilles vendues à la liqui-
dation de la succession du marquis d'Aligre
sont passées dans les caves du comte d'Ignen-
ville et de M. Gaillardet, l'auteur de la Tour
de Nesle.
Le Sport semble croire que ces deux
messieurs sont morts. Nous ne savons
ce qui en est pourM. d'Ignenville. Quant
à M. Gaillardet, nous ne pensons pas
nous tromper en affirmant qu'il est encore
vivant et très vivant.
Autres renseignements empruntés au
chroniqueur du Sport. Après avoir dit que
le prince et la princesse de Galles ont
reçu Mme Nilsson et M. Faure à diner, il
ajoute:
Peu de princes en Europe, à l'exception
peut-être des membres de la famille d'Or-
léans, ont un goût aussi vif pour le théâtre
et tout ce qui s'y rapporte, que le prince et la
princesse de Galles. Chaque soir, à Londres,
ils se rendent à quelque spectacle, tantôt en-
semble, tantôt chacun de leur côté. Il est des
pièces que la princesse a vues jusqu'à dix fois,
et je parle, non d'oeuvres classiques ni d'opé-
ras, mais de vaudevilles, de drames, où la
littérature ne tient qu'une place très relative.
Quand Déjazet émigra avec sa troupe à
Londres pendant la guerre, la princesse, pour
faire prendre son théâtre, s'y rendit quatre
fois dans la même semaine. Elle a d'ailleurs
une vive admiration pour le talent de l'old
lady comme l'appellent les Anglais -et
Monsieur Garat occupe une case d'honneur
dans la collection de portraits et d'autogra-
phes d'artistes célèbres formée par la prin-
cesse héritière.
Cette collection, qui s'étend chaque jour et
mêle les artistes anciens aux artistes contem-
porains, est une des choses les plus curieu-
ses et les plus intéressantes qui se puissent
voir. Elle forme un véritable monument élevé
à l'art théâtral.
Le prince de Galles, lui, honore les artistes
d'une façon toute britanique en les nourris-
sant le plus généreusement qu'il peut. C'est
au Strand que se trouve son théâtre favori. Il
y passe la plus grande partie de la soirée au
foyer des artistes, fumant un cigare avec son
frère Alfred ou le duc de Cambridge grand
amateur de théâtre, lui aussi et leur dis-
tribuant comme gages de sa satisfaction des
paniers de raisin et de fruits de toute sorte.
Le lendemain d'une représentation honorée
do la présence de Son Altesse Royale, il n:est
pas rarede voir arriver au théâtre une charge
de victuailles à l'adresse de la troupe. C'est
un souvenir du prince pour les comédiens, à
la façon de ce qui se passait au temps du cha-
riot do Thespis.
»% Le Journal des Débats attribue à
Mme de Maintenon ou plus exactement
à son père, le baron d'Aubigné, l'inven-
tion des côtelettes en papillote. Il ajoute
à cette petite révélation culinaire quel-
ques détails sur l'origine du mot papil-
lote
On sait que l'on nomme papillote un petit
morceau de papier très fin et très tendre dont
on enveloppe les cheveux, et cela parce qu'on
a cru trouver de la ressemblance entre la
forme d'une papillote et celie du papillon.
Sous l'Empire, alors qu'il était de mode de
porter une frisure à petites boucles sur le
front, on se servait, au lieu de papier, de
petites feuilles de plomb pour faire des pa-
pillotes.
On nomme encore papillotes des morceaux
ou des pastilles de sucre et de chocolat, des
amandes sucrées ou pralinées entourées d'une
enveloppe de papier satiné, doré ou tigré,
dont les extrémités sont découpées en barbes
Dans ces papillotes sont enfermées des devi-
ses en mauvaise prose, et le plus souvent en
vers plus mauvais encore.
Au figuré, on dit avoir la tête en papillote
quand on a reçu des coups et blessures qu'on
a été obligé de panser.
On dit Cela n'est bon qu'à faire des papil-
lotes, pour dire C'est un écrit sans mérite,
une pièce sans valeur, bonne à mettre au re-
but.
**» Une anecdote de 1852, racontée par
un vieux constituant au rédacteur parle-
mentaire de V Univers
Au 2 décembre, un grand nombre de repré-
sentants avaient été emmenés au Mont-Va-
lérien.
Les femmes les plus perverses ou les
moins intelligentes ont parfois de ces
dévouements qui sont l'excuse de bien
des fautes.
La comtesse était dans cette'situation-,
il est vrai qu'elle croyait à la sincérité
du langage de Robert Dachet et qu'elle
agissait un peu en égoïste.
Elle quitta le jeune homme sans avoir
d'idée bien précise sur l'alliance qu'elle
proposerait à Dachet sa tête, qui n'était
point habituée- au travail de la médita-
tion, rêvait de mille projets insensés.
Elle songeait même, pour ouvrir à Da-
chet l'entrée d'une maison riche, à lui
faire parvenir mystérieusement une
grosse dot qu'elle prendrait sur sa for-,
tune.
Elle rentra chez elle, et le malheur
voulut que la première personne qu'elle
rencontra fut sa fille Mina.
A sa vue un éclair de joie traversa sa
figure.
L'enfant était sacrifiée 1
Mme Svitzer, sous l'exaltation de sa
pensée et faisant preuve de toute absence
de dignité et de sens moral, écrivit à
l'instant même à Dachet « Je vous offre.
la main de ma fille Mina avec une dot
de deux millions ».
Robert bondit de joie et laissa échap-
per ce mot qui dévoilait ses convoitises
et le machiavélisme de sa conduite
Enfin!
̃• ̃̃̃'̃̃̃'̃ m ̃_ •̃' ̃.̃̃_
Ce mariage suscita bien des jalousies
et fit naître, mille suppositions qui fri-
sèrent de très près la vérité mais Ro-
bert Dachet devenait, par la dot de sa
femme, par la fortune de sa belle-mère,
par ses nouvelles relations, un person-
nage important avec lequel il fallait
compter.
On clabauda pendant quinze jours,
tout bas, puis, après, tous les chapeaux
se levèrent devant le nouveau million-
naire.
Pierre Melven3 par sa position dans le
Toute la journée s'était passée à discuter.
Le soir venu, la question se souleva de sa-
voir si, en présence des événements du len-
demain, les prisonniers devaient prendre nn
repos salutaire, eu continuer leur délibéra-
tion, et comme on ne s'entendait pas sur
cette question, pas plus que sur les autres,
l'un d eux, M. Antony Thouret, prit la pa-
role
Citoyens, dit-il, la question est grave,
mais elle doit être vidée, et puisque nous
sommes représentants, employons pour la
décider la forme parlementaire, allons aux
voix
Que ,ceux qui sont d'avis. d'aller se cou-
cher. se lèvent, et tout finit par un éclat de
rire.
A Le Siècle raconte l'histoire d'un mé-
canicien célèbre, François Cavé, un vé-
ritable fils de ses œuvres, dont l'exemple
sera assurément plus profitable aux ou-
vriers qui la liront que de plates décla-
mations sur les injustices de la société.
François Cave qui, dès son enfance,
marquait de grandes dispositions pour
le calcul, après avoir servi pendant les
dernières années de l'Empire, vint tenter
la fortune à Paris et se présenta chez un
constructeur-mécanicien, qui consentit
à l'employer, mais au bout de quelque
temps seulement
Comment attendre jusque-là? De plus, il
fallait des outils. Rentré à son garni, il était
tout songeur. Un journal lui tombe sous la
main; il l'ouvre, il y voit annoncer pour le
soir même un concours de chiens, ouvert afin
de choisir le sujet le plus capable de remplir
un rôle important dans un mélodrame qu'on
montait à la Gaité, le Chien de Montargis ou
la forêt de Bondy.
Une complainte bien connue dans les cam-
pagnes avait appris à François l'histoire du
brave chien d'Aubry de Montdidier, qui sauta
à la gorge du méchant chevalier Macaire
l'assassin de son maître, et qui le terrassa
dans un combat judiciaire. Il se dit qu'il
pourrait peut-être bien faire jouer ce rôle à
Argus; en tout cas, il n'en coûtait rien d'es-
sayer. Il mène son chien au concours: Argus
l'emporte sur tous ses concurrents. On donne
à François 20 fr comme prime d'engage-
ment, et on lui promet 3 fr. pour chaque re-
présentation de son chien.
Ce bon animal, que son père ne voulait pas
qu'il emmenât, de peur d'un surcroît de dé-
pense, c'est lui qui va fournir à l'achat. de ses
outils, c'est grâce à lui qu'il pourra entrer
dans un grand atelier, jouir d'une plus grande
aisance, envoyer de l'argent à ses parents Le
Chien de Montargis eut une vogue prolongée,
Argus fit pendant plus de trois mois les déli-
ces des Parisiens. Cependant François était
entré dans Jes ateliers de M. Collier, où il y
avait une école qu'il suivit avec zèle et avec
fruit il devint un des meilleurs ouvriers
mécaniciens.
Associé plus tard à un filateur de Cli-
gnancourt, Fràneois Cavé fonda avec
ses frères un florissant atelier de cons-
tructions mécaniques et mourut plein de
jours après avoir fait une brillante for-
tune. v
Nous prions nos abonnés de nous adres-
ser le montant de leurs renouvellements
ou abonnements par mandats-poste à
l'ordre de M. de Villemessant, et de ne
jamais nous envoyer des valeurs d'ar-
gent ou timbres-poste sans recommander
ou charger leurs lettres.
INFORMATIONS
La Journée
Notre collaborateur Johnston nous tient au
courant des fêtes qui se préparent à Londres.
A côté de sa chronique, nous croyons pou-
voir donner le programme des fêtes qui au-
ront lieu à Guildhall, c'est-à-dire à l'hôtel de
ville de Londres, et qu'on nous envoie par
dépêche télégraphique.:
Jeudi, 29 juillet, grand banquet pour lequel
600 invitations ont été lancées.
Vendredi 30, grand bal, 4,000 invités.
Samedi 31, à Alexandra-Palace, grand con-
cert au profit des inondés français.
Dimanche 1er août, service religieux à la ca-
thédrale Saint-Paul.
Outre les préfets de la Seine et de police,
nous remarquons, parmi les invités fran-
çais
Le colonel des pompiers de Paris, le colo-
nel de la garde de Paris, le président du tri-
bunal de commerce, le préfet du Pas-de-Ca-
lais, le sous-préfet de Boulogne, et les maires
de Bordeaux et de Marseille.
La.musique de la garde républicaine de
Paris prêtera son concours à la fête qui sera
donnée samedi prochain, à Alexandra-Palace,
au bénéfice des inondés de France.
Encore un grand personnage exotique qui i
arrive Paris.
Celui-là, nommé Tsanit. n'est autre que
le second fils du grand-lama du Thibet.
Tsanit s'est sauve do chez son père pour
se convertir à la foi chrétienne, et un mis-
petit journalisme, était au courant de
toute la chronique mondaine.
Il va bien tonami Dachet! dit-il un
matin à Copeau.
Qu'a-t-il donc fait? demanda le
garçon de bureau.
11 épouse des millions!
Bigre Je vais aller le voir.
Si tu fais cela, s'écria Melven, je
demande ton renvoi du journal. Puisque
Robert a oublié ses amis, ceux-ci doi-
vent s'abstenir d'aller le voir.
Copeau soupira et baissa l'oreille.
On suppose facilement que Daehet ne
tint pas religieusement la parole qu'il
avait donnée a la comtesse. Cependant,
comme le but de son ambition n'était
pas encore atteint, il la ménagea beau-
coup et évita tout ce qui aurait pu faire
naître sa jalousie. Au surplus, cette con-
duite lui était facile Mina, malgré ses
charmes, sa jeunesse, ses qualités ex-
quises, n'avait pu émouvoir un cœur
que dominaient exclusivement l'amour
de l'or, l'âpre désir de la possession des
richesses. Dachet n'aimait pas sa femme
il ne devait aimer personne elle
avait été un moyen, voilà tout. Elle ne
pouvait plus le servir, il la dédaignait
sans que ce dédain fût un sacrifice pour
lui.
Cet abandon de son mari à l'heure où
son cœur était rempli d'espoir car elle
aimait Robert avec toutes les illusions
d'une nature qui a toujours été sevrée
d'affections plongea Mina dans la tris-
tesse et le découragement. -Ce fut bien
autre chose lorsque l'envie, la jalousie et
la malignité de quelques bonnes amies
tentèrent de l'éclairer sur les relations
de la comtesse avec Dachet. Elle ne vou-
lut pas comprendre ce qu'on lui disait,
se boucha les oreilles, maudit le monde
et, reconnaissant cependant qu'elle avait
été sacrifiée aux sentiments les plus vils,
méprisa son mari. Le charme du pre-
mier amour était rompu; elle se sépara
de fait de Robert et vécut dans la soli-
tude et les larmes.. Cette solitude^, cette
sionnaire, le R. P. Debuc, le ramène avec lui.
Il paraît que le jaune prince commence a
très lien parler français.
Nous nous sommes rendu, hier soir, à l'es-
planade des Invalides pour assister au steeple-
chase que le Club des Coureurs se propose, de-
puis trois ou quatre jours, de courir sur cette
promenade. On sait que la police avait mis
obstacle à ce projet et la mesure prise par
l'autorité nous a été expliquée.
Il s'agissait de courses véritables et dans
toutes les règles il y avait non-seulement
des coureurs, un starter, un juge de l'arrivée,
mais encore, et surtout, des paris et des
poules. C'est cette dernière partie du pro-
gramme qui a éveillé l'attention de la Prefec-
ture de police.
A sept heures, les concurrents sa sont pré-
sentés sur le champ de course choisi par eux,
munis de brassards destinés à les faire dis-
tinguer les uns des autres, de piquets qu'ils
s'apprêtaient à ficher en terre pour délimiter
la piste à parcourir, etc. Déjà un public assez
nombreux s'apprêtait à suivre ce steeple-chase
nouveau pour lui, quand une forte escouade
da gardiens de la paix s'est présentée et a in-
timé à tout le monde l'ordre de se retirer.
Un des concurrents, après s'être concerté
avec ses rivaux, s'est jeté dans une voiture
de place et s'est fait conduire chez le commis-
saire de police du quartier pour obtenir l'au-
torisation dont ils avaient jugé à propos de
ne pas se prémunir; mais à sept heures qua-
rante-cinq minutes il est revenu bredouille.
Les agents ont renouvelé leurs- « circulez,
messieurs! i et les coureurs, fort déconfits,
se sont dirigés vers la place de la Concorde
et ont un moment, eu l'intention de prendre
un bateau-omnibus puis, se ravisant, ils
sont montés dans quatre voitures et fouette
cocher! se sont fait conduire-au Bois où ils
ont philosophiquement fait le tour du lac.
sur les coussins de leurs chars numérotés.
Par ce temps d'inondations, tout ce qui
touche à la question des fleuves est intéres-
sant.
Aussi nos lecteurs apprendront-ils avec
plaisir que le projet de canalieation de la
Seine étudié par l'ingénieur en chef, M.
Krantz, et proposant de donner au lit du
fleuve une profondeur de 3 m. 20, vient d'être
soumis à une commission composée de trois
inspecteurs des ponts et chaussées MM.
Graeff, Jegan d'Ubeline et Chatoney.
Vous savez que lors des inondations de
Lisieux, l'eau a pénétré dans quelques-unes
des fabriques et sans altérer la qualité des
marchandises, les a rendues impossibles à
être désormais vendues comme neuves.
Une des grandes maisons de nouveautés
de Paris s'est rendue acquéreur d'une partie
très importante de ces toiles qu'elle a mises
en vente à d'excellentes conditions. Aussi,
tous ces jours derniers, une foule énorme a-
t-elle afflué dans les magasins du Tapis-
Rouge faubourg Saint-Martin.
On le voit, à quelque chose malheur est
bon.
Nous avons failli avoir hier une émeute
dans Paris.
Une ordonnance du préfet de la Seine vient
de renouveler aux ménagères parisiennes
l'ordre déjà donné, il y a trois- -ans, d'avoir à
garder. chez-elles leurs boîtes à ordures, pour
les vider seulement le matin lorsque passe le
tombereau de la salubrité, dont les sonnettes
annoncent l'arrivée.
Cette mesure a rencontré de vives opposi-
tions, et, tandis que dans certains quartiers
elle est strictement observée, il en est d'au-
tres où, comme au bon vieux temps, le pas-
sant attardé chemine sur des monceaux de
détritus plus ou moins odoriférants qui, dès
dix heures du soir, jonchent la rue.
La nouvelle circulaire va faire cesser ces
inégalités en menaçant de procès-verbaux les,
opposants.
Les objections faites à l'exécution de la
nouvelle ordonnance sont nombreuses. On
dit d'abord que les concierges, auxquels iia-
combe le soin de remiser les boîtes qui doi-
vent être vidées le'lendemain, n'ont pas tou-
jours la place nécessaire. De plus, les brouilles
sont fréquentes entre locataires et concierges,
et il arrive souvent que ces derniers refusent
de se charger de la corvée de là pour les
ménagères l'obligation de se lever matin et
de guetter le passage du tombereau. Or et
c'est là où cela devient sérieux pour s'épar-
gner cette faction quotidienne, beaucoup de
ménages conservent pendant des semaines
entières dans leurs logements étroits un amas
de détritus qui grossit chaque matin et qu'on
ne jette en bloc que tous les huit ou dix
jours. On conçoit quel danger cause ce tas de
choses sans noms pour les familles.
Enfin, cette mesure jette la désolation dans
toute cette population, répartie par tribus à
la butte aux Cailles, à la cita Doré, à la cité
Elisa-Borée, à Saint-Ouen, et qui vit uni-
quement du triage des ordures de Paris. Si
1 ordonnance du préfet est strictement exécu-
tée, c'en est fait du légendaire chiffonnier.
De là une grande fermentation dans le
monde des biffins. A Saint-Ouen surtout, où
ils forment un total assez imposant, on a pu
craindre un instant hier une émeute. Les plus
exaltés parlaient de sortir de force les boîtes
aux ordures et de les jeter dans la rue malgré
les agents.
Gens tranquilles avant tout, heureusement,
et tenant à ne, pas se faire retirer la médaille
qu'ils tiennent de la préfecture de police et
qui feule leur donne le droit de gagner leur
tristesse en firent une ilote sans force et
sans courage.
Elle était condamnée aumalheur; elle
s'y résigna sans essayer de lutter contre
un destin fatal.
Nous avons dit que l'ambition de Ro-
bert Dachet n'était pas satisfaite par son
mariage avec Mina Svitzer.- En effet, le
but secret de ses désirs, depuis qu'il était
riche, était d'entrer en qualité d'associé
dans l'importante maison Mittermann,
J. Starke et Ce. Sa belle-mère, alliée à
Mittermann, compatriote de J. Starke,
devait être un aide puissant pour arriver
à ce résultat.
Il employa toute son astuce, toute sa
rouerie, toutes les ressources d'un comé-
dien habile pour déterminer la comtesse
à user de son influence en sa faveur.
Celle-ci, qui ne voyait dans le désir de
son gendre qu'une ambition légitime,
s'empressa d'en parler à Mittermann et
à J. Starke. Cependant, comme aux yeux
du public et de la haute finance pari-
sienne rien n'expliquait une pareille as-
sociation, elle n'en parla que timide-
ment et avec une certaine crainte.
Le baron Mittermann parut d'abord
choqué de cette ouverture; puis il sem-
bla réfléchir et répondit
J'en causerai avec J. Starke.
Celui-ci, de son côté,, sollicité par Mme
Svitzer, dit
La chose mérite réflexion.
La comtesse prit ces deux réponses
pour des fins de non-recevoir et n'osa
point en faire part à son gendre. Il de-
vait être, selon elle, toujours temps de
l'aviser d'un refus.
La première fois que les deux associés
se trouvèrent en présence, ils se firent
réciproquement des aveux au sujet de la
démarche de la comtesse. Tous les deux
croyaient trouver l'un chez l'autre un
refus péremptoire, et ne savaient com-
ment formuler une opinion qui prenait
sa source dans un intérêt qui n'était peut-
être pas celui de la banque.
J. Starke avait télégraphié mystérieu-
sement en- Allemagne et la. réponse avait
vie, les chiffonniers se sont calmés, et, dans
une réunion où figuraient les principaux
membres de la corporation, ils se sont déci-
dés à un système qui mettra d'accord leur
intérêt et l'exécution de l'ordonnance celui
de s'entendre avec les concierges pour visiter
à leur profit les' boîtes déposées par les loca-
taires, en se chargeant, comme prix de cette
faveur, de les porter ensuite aux tombereaux
de la salubrité publique.
Tout est bien qui finit bien.
Un incendie fort important a éclaté hier
matin, 7, rue du Chemin-du-Moulin-des-
Prés, dans un hangar rempli de tonneaux
d'huile, de moutarde et de vinaigre.
Les pompiers de la rue du Château-des-
Rentiers, de l'Arsenal et de la place d'Italie
sont aussitôt accourus.
On a fini par se rendre maître du feu, mais
les dégâts sont considérables.
Le côté comique, c'estque la cause- inno-
cente du sinistre est une nichée de lapins-
C'est en enflammant une allumette pour leur
chercher leurs puces(!) qu'un ouvrier a mis le
feu-
C'est du moins ce qui résulte de sa décla-
ration.
Je lis dans les journaux d'hier une curieuse
histoire, qui m'en rappelle une plus curieuse
encore.
L'histoire de mes confrères, la voici en
quelques mots. Il y a trois jours, pendant que
j'étais à Saint-Martin-de-Ré, on a arrêté dans
le parc Monceau un monsieur très bien mis
en train de voler des fleurs. Perquisition faite
chez lui, on découvref au milieu d'une admi-
rable serre pleine des plantes des plus rares,
nombre d'objets des plus disparates et prove-
nant évidemment de larcins. Interrogé, le
monsieur avoue qu'il est atteint de la mono-
manie du vol, surtout du vol des plantes, est
conduit au poste et s'y empoisonne dans la
nuit.
Voici mon histoire maintenant
Elle s'est passée il y a six mois, à Florence.
Un riche habitant de cette ville, M, Felippe
Grici, avait la passion des fleurs et notam-
ment des tulipes il était Hollandais pour
cela. Pour ajouter à sa collection une variété
de tulipe rare, il eût perdu volontiers un de
ses bras. Cela donna un jour à l'un de ses amis
l'idée de lui faire une mauvaise plaisanterie.
Disons d'abord qu'il le savait très supersti-
tieux.
Une nuit, il pénétra chez lui tout de rouge
habillé, grimé, et l'éveilla:
Qui êtes-vous ? demanda M. Grici, stu-
péfait et tremblant.
Je suis le diable, répondit l'autre avec
un ricanement de circonstance, et je viens
t'offrir, gratis, sans te demander la moindre
parcelle de ton âme en échange, le moyen
d'avoir la plus belle tulipe du monde.
Et. comment cela? fit l'autre, oubliant
sa terreur, et se dressant à demi.
Bois ceci, et tu, seras invisible jusqu'il
demain. Puis lève-toi, et va-t'en dans la serre
du prince Porciani. La tulipe est là, noire
avec un calice rouge à l'intérieur.
Et il lui tendit un flacon. M. Grici le but et
se trouva si surexcité qu'il s'élança hors de
son lit,, s'habilla à la hâte et s'élança dehors.
Une heure après, les jardiniers du prince le
surprenaient en train de franchir une clôture.
Dégrisé du coup, M. Grici tira de sa poche un
pistolet et se logea une balle dans la poitrine.
Il mourut le lendemain.
Vous jugez du désespoir de son ami. Ila a
quitté l'Italie à la suite de ce déplorable évé-
nement et est à Paris en ce moment.
Vous savez ce que c'est qu'un tableau vi-
vant, mais vous ne vous doutez évidemment
pas de ce que c'est qu'un tableau ambulant,
et un tableau de maître, encore
Ce. tableau ambulant, c'est un sauvage
australien qui vient d'arriver à Paris avec un
Anglais, M. John Kurb, lequel le ramène da
Melbourne. Mocli c'est le nom qu'on a donné
au cannibale-offre cette étrange particularité
qu'il a dans le dos un paysage indien admi-
rablement tatoué, et signe de ce nom; Henry
Tavers.
Or, Henry Tavers est un peintre écossais
qui avait une grande réputation, et qui a su-
bitement disparu il y a cinq ans. Toutes les!
recherches faites pour le retrouver avaient
été vaines.
Faut-il conclure du paysage tatoué dans le
dos du cannibale que Henry Tavers a émigré
dans l'intérieur du continent australien et y
vit avec les sauvages, en les tatouant? Cela
semble si probable qu'une expédition va être
faite pour le retrouver.
Voyez-vous quelle plus-value Mock va ac-*
quérir s'il est constaté que M. Tavers est
mort? Et vous figurez-vous M0 Pillet l'adju-
geant comme tableau de maître à l'Hôtel deS
Ventes l'hiver prochain?
Et nousqui croyions que le Vésinet étaïtunô
commune essentiellement tranquille
Ah bien oui! Le Vésinet a vu éclore, à
l'occasion de ses élections municipales, une
véritable conjuration, et il s'est trouvé deg
onspirateurs ténébreux qui, pour faire une
niche à- certains candidats, ont envoyé aux
journaux à nous notamment une liste
de fantaisie des membres élus.
Comme ils avaient pris la peine de la faire
imprimer, nous l'avons carrément publiée.
Nous en exprimons nos regrets à qui de
droit. Mais qui diable aurait cru que l'on
conspirât au Vésinet ? 2
Gaston Vassy»
été celle-ci « Association proposés
très utile à nos projets usez de tous les
moyens possibles, et, aubesoin, contrai
gnez le baron à l'accepter. Trouverez
Pambassade un pli contenant instrue»
tions. »
Quant à Mittermann, il n'avait télé-
graphié nulle part; mais nous connaî-
trons bientôt le motif qui le détermï*
nait.
Le vieux Mittermann prit la parole.
Eh bien, J. Starke, dit-il, quelle est
votre opinion sur cette proposition?
J. Starke, qui avait la prudence du
renard, évi'la de répondre.
Pardon, mon cher baron,, dit-if;
vous êtes mon aîné et la tête- de notre
maison, c'est à vous de formuler le pre-
mier votre appréciation.
-Puisque vous le voulez,, je m'exé-
cute. J'ai commencé par dire non; mais,
en y réfléchissant mùrement, je suis
arrivé à cette pensée que la présence
d'un Français de la valeur de Robert
Dachet dans notre maison ôterait à
notre banque le caractère exclusif de
maison Allemande qu'elle possède. Sans
rien nous faire perdre de notre influence
dans le groupe que nous dirigeons, elle
y ajouterait des intérêts français, éten-
drait nos relations et nous créerait une
situation exceptionnelle de force et de
crédit. Nous aurions enfin le pied dans
les deux camps. D'un autre côté, si la
question politique devenait brûlante
ce qui est à redouter Robert Dachet
nous serait un paratonnerre. •
Mon cher baron, j'admire votre sa-
gesse et la profondeur da vos vues.. J'é-
tais entré ici avec un refus sur les le*
vres, car, je n'ai, moi, vous le savez",
ni votre haute intelligence, ni ce coup
d'œil précis qui lit dans l'avenir, je
vous ai écouté et je suis converti. Ou>
vrons notre porte à M. Dachet.
Armand Lapoiiediv
(La suite â demain.\
de Bort a été élu conseiller d'arrondissement t
par 639 voix contre 137 données à M. Tho-
mas.
~™_ Marseille, 27 juillet. Le bey de
Tunis et «on ministre Khéredine, sans atten-
dre que la liste de souscription des résidents
français pour les inondés leuriût présentée,
ont souscrit spontanément le bey pour
5,000 francs et son premier ministre pour
2,000. La lettre d'envoi adressée par le bey
au consul général français est conçue dans
des termes très sympathiques.
–Les souscriptions recueillies au con-
sulat de France à Constantinople, en faveur
des inondés s'élevaient, le 13 juillet, à la
somme de 26,754 fr. 40 c.
Dans son audience de vendredi, le
tribunal civil de notre ville a accordé une in-
demnité de 40,000 fr. à M. Sévastopulo, né-
gociant, victime des événements insurrection-
nels du 4 avril 1871.
M. Sévastopulo. se trouvant sur le seuil de
psi maison, fut atteint par une balle qui lui
traversa la cuisse gauche de part en part.
Une amputation fut jugée nécessaire et au-
jourd'hui M. Sévastopulo se rend à la Bourse
appuyé sur des béquilles. Il demandait à
là ville 160,000 fr.
Les Akdelïs, 28 juillet.-Il y a quel-
ques jours, vous vous le rappelez, un cultiva-
teur nommé Fauliot tua d'un coup de pistolet
M. Feret, propriétaire du pays, qui l'avait
fait saisir pour une créance de quelques cents
francs, et tira également, sans l'atteindre, sur
M. Vicomte, huissier d'Etrépagny. Fauliot
doit comparaître devant les prochaines assi-
ses de l'Eure. Vingt témoins seront entendus.
Son défenseur est M. Ducy.
Aux mêmes assises comparaîtra Jodon, déjà
condamné à mort par la Cour d'assises de
Rouen pour assassinat suivi de vol. Le juge-
ment a été cassé par la Cour suprême.. Jodon
a pour défenseur Me Canet, du barreau &E-
vreux.
Vaxenciennes, 27 juillet. MM. de
Chabaud La Tour,père et fils, duc d'Audiffret
Pasquier, de Witt, Casimir Périer et baron de
Lagrange, membres duconseil d'administra-
tion des mines d'Anzflk, sont arrivés hier
soir.
-~»~ Melun, 27 juillèt. La cour d'assi-
ses de Seine-et-Marne vient de condamner à
sept ans de réclusion le nommé Giral, employé
do M. Ducatel, percepteur à Melun, coupable
de faux et de détournements qui s'élèvent à
13.507 francs.
-–«-– TARBES, 27 juillet. Le train express
de Tarbes à Luchon, qui avait été provisoire-
ment supprimé, est remis en circulation de»
puis hier.
~»~– Je vous ai annoncé qu'un membre
de notre conseil municipal avait eu l'idée de
faire concourir la France à l'embellissement
de sa ville, en demandant à une souscription
nationale les fonds nécessaires à l'érection
d'une statue de Théophile Gautier. Le conseil
n'a pas cru devoir donner suite à cette pro-
position.
>». Le général Moriones est arrivé di-
manche à Pau, venant d'Espagne.
Viterbb, 24 juillet, r- Dans les pre-
miers jours de mai de cette année, le comte
Faina, âgé de 70 ans, fut enlevé par des bri-
gands, presque aux portes de la ville, en-
traîné vers la montagne et sa rançon fut fixée
à 400,000 francs. Comme elle n'arrivait pas,
ils le firent fusiller à bout portant, par l'un
d'eux, le jeune Sassara. Les brigands ont
coutume d'avoir parmi eux un jeune homme
qui est une sorte d'exécuteur et que son âge
neut faire échapper à une condamnation ca-
pitale.
La cour d'assises de Viterbe vient de ren-
dre son arrêt sur cette bande, après une se-
maine consacrée aux débats qui surexcitaien t
l'intérêt de la population. ̃•
L'instigateur du meurtre, le véritable chef
de la bande, Guerini Garganio, a été con-
damné à la peine de mort.
Sassara Giovanni, le meurtrier, a été con-
damné aux travaux forcés à perpétuité, parce
qu'il n'avait pas vingt et un ans au moment
du crime. Le reste de la bande, à des peines
moins fortes, suivant les responsabilités. La
sentence était à peine prononcée que Sassara
a bondi comme un fauve au-dessus de la
grille qui entourait le banc des accusés pour
so jeter sur Ricci, le dénonciateur. Il a été
heureusement contenu par la force publique.
LONDRES, 28 juillet, 7 h. 30 soir.
Les deux préfets de Paris sont arrivés ce
matin à onze heures. Le lord-maire leur a
rendu visite.
̃ BERLIN, 27 juillet. Les dépenses
ordinaires de la Prusse pour l'instruction pu-
blique, pendant l'année financière actuelle,
sont de 43,790,000 marcs c'est-à-dire de près
de 9 millions de marcs de plus que l'année
dernière, et les dépenses extraordinaires sont
de 8,350,000 marcs, de sorte que la Prusse dé-
pense pour l'instruction publique 2 marcs
f2 fr. 50) par tête. Le budget de l'instruction
publique de France, lorqu'on déduit les
sommes destinées aux cultes et aux beaux-
arts.-n'est que de 37 millions de francs, c'est-
à-dire 1 franc par tête. Si l'on considère, en
outre, que les communes de France font, com-
parativement à l'Allemagne, très peu de sa-
crifices pour les écoles, on constate que la
France est dans une situation tout à fait défa-
vorable vis-à-vis de l'Allemagne au point de
vue de l'instruction publique.
Auguste Marcade.
feuilleton du FIGARO da 29 Juillet 181-i
~T~ "5
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
I.AMO'VR DE L't!R
`,
> «- Suite.
La comtesse resta tout étourdie; elle
ne comprenait pas.
Robert Dachet vit son émoi et conti-
nua avec un aplomb superbe
Mon Dieu! c'est bien simple: l'affaire
dont il s'agit a un côté tout moral, un
côté d'ordre public et, qui intéresse la
société, et à cause de cela on ne veut
admettre parmi ses administrateurs que
des gens posés, des gens ayant famille,
appui et entourage. Pour y entrer, j'étais
déjà décidé à acheter une des meilleures
maisons de la coulisse, une maison riche
à millions et qui fait à elle seule plus
d'affaires que trois agents de change,
mais cela ne suffit pas, m'a-t-on dit, mon
état de célibataire est un obstacle invin-
cible.
Quoil s'écria Mme Svitzer, vous
pourriez songer à vous marier?
Oh! ma chère comtesse, un mariage
de raison, de convenance, de pure né-
cessité. Ma femme aurait son apparte-
ment et moi le mien.
Mieux que cela même, si pareille chose
pouvait se faire j'achèterais une mai-
son à Auteuil, par exemple, que ma
femme habiterait, et moi j'habiterais
Paris. Pensez-vous donc que je puis ces-
Set de vous aimer ? '1
•*?&̃ comtesse Svitzer était toute son-
'̃ 'ïteprodacSon attoïisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
PARIS AU Joli LE JOB
On continue à escarmoucher autour de
la lettre de M. Madier-Montjau et des
discordes plus ou moins profondes de la
gauche.
Il paraît que quelques intransigeants
d'extrême gauche méditent un coup
fourré d'une extrême noirceur. Ils se
seraient assemblés rue de la Sourdière,
au local habituel des séances de l'Union
républicaine, et voici, d'après la Corres-
pondance universelle, quel serait le résul-
tat de cette conjuration:
Il aurait été décidé qu'on interpellerait le
gouvernement pour sa voir s'il compte exécu-
ter la Constitution votée, et portant obliga-
tion de réunir les deux Chambres le premier
mardi de janvier. A l'occasion de cette inter-
pellation, M. Louis Blanc ferait une déclara-
tion qui serait une sorte de programme à
l'adresse plutôt des électeurs amis que de la
Chambre, et on proposerait ensuite un ordre
du jour mettant l'Assemblée en demeure de
se dissoudre avant la fin de l'année. Une se-
conde question aurait été-ensuite abordée
on aurait examiné s'il y avait lieu d'ap-
puyer et, au besoin, de reprendre la pro-
position Brisson tendant à demander la mise
en vigueur des élections partielles. Sur ce
point, on a décidé qu'il n'y aurait lieu à faire
une propositicn que dans le cas où l'ordre du
jour impératif sur la convocation des nou-
velles Chambres pour le premier mardi de
janvier viendrait à être repoussé.
Peut-être n'y a-t-il dans tout ceci
qu'un prétexte pour engager la droite à
ne point prendre d'arrhes sur les va-
cances, car nous trouvons dans plusieurs
journaux conservateurs une exhortation
aux députés de ne pas s'éloigner avant
le 4 aoùt. Avouons qu'il est fort triste
,qu'on soit obligé -de faire de semblables
'objurgations aux hommes à qui le pays
a remis le soin de défendre ses intérêts
les plus essentiels, les plus sacrés.
La seule consolation que nous ayons
s'est qu'à gauche on en fait autant. Der-
nièrement la République française adres.
sait à ce-propos une assez verte mercu-
riale à ses amis,
/» Quelques renseignements du Jour-
nal de Genève sur les sentiments de M.
Thiers à l'égard du ministère
Il est inexact que M. Thiers ait désapprouvé
l'attitude de M. Gambetta lors des derniers
scrutins. Il est mécontent de celle de M. Du-
faure, et trouve que le chef de la gauche a eu
raison de prendre une position franche en face
des équivoques subies ou consenties par M.
le garde des sceaux, M. Thiers se défie d'un
certain groupe de députés qu'il accuse pres-
que de jouer un doubla jeu. De ce nombre est
M. Ricard, qu'on ne voit plus depuis long
temps chez 1 ex-président ou il était jadis un
des habitués. Mais il faut faire la part de
l'esprit -très entier de M. Thiers et de sa
susceptibilité, toujours éveillée depuis qu'il
n'est plus au pouvoir. Si accoutumé qu'il soit
aux volte-face de gens qui sont dans la poli-
tique, il ne peut pas décerner un brevet de
sympathie et de confiance à ceux qui lui
tournent le dos après l'avoir le plus en-
touré.
,*» Un correspondant du Paris-Journal
a détaché d'un article de M. Ghallemèl-
Lacour, publié dans la Revue des Deux
Mondes et dont John Bright était le su-
jet, un curieux jugement sur la politi-
que de concession- et de compromis que
M. Challemel-Lacour a acceptée mainte-
nant àla suite de M. Gambetta.
C'est chose rare parmi nous et presque
introuvable chez les hommes publics dans le
temps où nous vivons, lorsqu'à chaque pa-
role et à chaque pas les considérations acces-
soires s'imposent impérieusement, qu'un
homme assez désintéressé ou assez convaincu
pour aller jusqu'au bout de ses convictions.
La crainte de se compromettre et de se ren-
dre impossible, les petits calculs, le besoin
de succès infimes, mais immédiats, la peur
de la défaite, tout cela, sous les beaux noms
de circonspection et de prudence, commande
la conduite, inspire les paroles, se mêle à
toutes les démarches des hommes politiques.
De là, ces habiletés de langage et ces sa-
vantes réticences, ces intrigues souterraines
pour atteindre des fins médiocres, où s'é-
puise le génie des hommes publias. Ces pro-
cédés utiles aux succès personnels, et qui ne
sont pas incompatibles avec le talent, le sont
avec une action profonde sur l'esprit des
contemporains. Ces qualités, cette science
mesquine empruntée aux politiques ITALIENS,
sont peut-être conformes au génie de cer-
tains partis, mais elles paralysent et con-
damnent à un insuccès certain ceux qui as-
sument la grande responsabilité et qui ambi-
tionnent le grand honneur d'initier le peuple
au gouvernement et à la justice.
»%. Une particularité originale révélée
par le Sport au sujet d'un dîner que le
comte Apponyi, ambassadeur d'Autri-
che, a donné en l'honneur de l'archiduc
Albert.
geuse et ne répondit pas. Dachet l'exa-
minait du coin de l'œil.
Ne pensons plus à ces choses, dit-il
tout à coup et joyeusement. Votre pré-
sence m'est trop chère et me rend trop
heureux pour que ma pensée veuille
s'égarer sur un autre objet.
Pensons-y au contraire répliqua
la comtesse. Robert, dit-elle d'un ton sé-
rieux, jurez-moi que 'vous m'aimez et
que vous n'aimerez aucune autre femme
que moi.
Comment voulez-vous que je vous
le jure, ma belle amie, agenouillé à vos
pieds et en vous adorant? Mystérieuse-
ment à votre petite oreille, dans un
baiser, ou solennellement en prenant
Dieu à témoin de ma sincérité ?
Solennellement reprit la senti-
mentale Allemande.
Dachet prit une de ces poses si fami-
lières aux acteurs de drame; il mit une
main sur son cœur, l'autre levée vers le
plafond, et dit, comme ces témoins ap-
I pelés devant la justice
Je le jure
C'était bien un peu grotesque, mais
Mme Svitzer ne s'en aperçut pas.
Bon dit-elle. Maintenant répondez
à cette question. Accepteriez-vous une
femme choisie par moi, sans la cqnnaî-
tre, sans lui parler, sans savoir si elle
est belle ou laide, jeune ou vieille ? 1
Encore exclama Dachet, comme
si ce sujet lui eût répugné.
Répondez! je le veux!
Oui! millefoisoui! dit Dachetayant
l'air de céder à une pression, et je serais
heureux de vous donner cette preuve de
mon attachement sincère, inaltérable, de
mon amour profond.
En lui-même, il souriait, le tïaître 1
Dans un mois vous serez marié,
mon ami et ce qui vous manque, l'en-
tourage, la famille, la considération, la
fortune même ne vous feront plus dé-
faut.
Cette fois Dachet eût volontiers sauté
au cou de Mme Svitzer, mais il se con-
tint pour ne point se démasquer.
On a passe chez l'ambassadeur du Mar-
gaux-Bet-Àir, marquis dAUgre, mn de
Bordeaux d'un cru peu connu, parce qu'il
produit peu et qu'il ne se trouve dans le
commerce qu'à l'état de rareté.
Ce vin merveilleux est contenu dans des
bouteilles fondues à son intention expresse,
en verre olive, forme bordelaise, et l'épaule
en est flanquée de deux médaillons en haut
relief et opposés. Sur l'un est marqué le
triple nom indiqué plus haut, et sur l'autre
cette hospitalière recommandation « Dé-
fendu d'en laisser. »
Le marquis d'Aligre, alors qu'il était pro-
priétaire du château de Bel-Air, en plein cru
Margaux, ne souffrait point que son vin fût
vendu. Tout entrait dans ses caves et n'en
repartait que pour sa table ou pour quel-
ques cadeaux. C'est en vertu d'un de ces ca-
deaux que le comte Apponyi a pu faire dé-
guster à son hôte princier le vin du feu
marquis.
A la mort de M. d'Aligre, le château de Bel-
Air a été acheté par M. Viajuerié, un banquier
du Midi des plus opulents, qui a suivi les
traditions de son prédécesseur. Son vin se boit,
mais ne se vend pas.
La plupart des bouteilles vendues à la liqui-
dation de la succession du marquis d'Aligre
sont passées dans les caves du comte d'Ignen-
ville et de M. Gaillardet, l'auteur de la Tour
de Nesle.
Le Sport semble croire que ces deux
messieurs sont morts. Nous ne savons
ce qui en est pourM. d'Ignenville. Quant
à M. Gaillardet, nous ne pensons pas
nous tromper en affirmant qu'il est encore
vivant et très vivant.
Autres renseignements empruntés au
chroniqueur du Sport. Après avoir dit que
le prince et la princesse de Galles ont
reçu Mme Nilsson et M. Faure à diner, il
ajoute:
Peu de princes en Europe, à l'exception
peut-être des membres de la famille d'Or-
léans, ont un goût aussi vif pour le théâtre
et tout ce qui s'y rapporte, que le prince et la
princesse de Galles. Chaque soir, à Londres,
ils se rendent à quelque spectacle, tantôt en-
semble, tantôt chacun de leur côté. Il est des
pièces que la princesse a vues jusqu'à dix fois,
et je parle, non d'oeuvres classiques ni d'opé-
ras, mais de vaudevilles, de drames, où la
littérature ne tient qu'une place très relative.
Quand Déjazet émigra avec sa troupe à
Londres pendant la guerre, la princesse, pour
faire prendre son théâtre, s'y rendit quatre
fois dans la même semaine. Elle a d'ailleurs
une vive admiration pour le talent de l'old
lady comme l'appellent les Anglais -et
Monsieur Garat occupe une case d'honneur
dans la collection de portraits et d'autogra-
phes d'artistes célèbres formée par la prin-
cesse héritière.
Cette collection, qui s'étend chaque jour et
mêle les artistes anciens aux artistes contem-
porains, est une des choses les plus curieu-
ses et les plus intéressantes qui se puissent
voir. Elle forme un véritable monument élevé
à l'art théâtral.
Le prince de Galles, lui, honore les artistes
d'une façon toute britanique en les nourris-
sant le plus généreusement qu'il peut. C'est
au Strand que se trouve son théâtre favori. Il
y passe la plus grande partie de la soirée au
foyer des artistes, fumant un cigare avec son
frère Alfred ou le duc de Cambridge grand
amateur de théâtre, lui aussi et leur dis-
tribuant comme gages de sa satisfaction des
paniers de raisin et de fruits de toute sorte.
Le lendemain d'une représentation honorée
do la présence de Son Altesse Royale, il n:est
pas rarede voir arriver au théâtre une charge
de victuailles à l'adresse de la troupe. C'est
un souvenir du prince pour les comédiens, à
la façon de ce qui se passait au temps du cha-
riot do Thespis.
»% Le Journal des Débats attribue à
Mme de Maintenon ou plus exactement
à son père, le baron d'Aubigné, l'inven-
tion des côtelettes en papillote. Il ajoute
à cette petite révélation culinaire quel-
ques détails sur l'origine du mot papil-
lote
On sait que l'on nomme papillote un petit
morceau de papier très fin et très tendre dont
on enveloppe les cheveux, et cela parce qu'on
a cru trouver de la ressemblance entre la
forme d'une papillote et celie du papillon.
Sous l'Empire, alors qu'il était de mode de
porter une frisure à petites boucles sur le
front, on se servait, au lieu de papier, de
petites feuilles de plomb pour faire des pa-
pillotes.
On nomme encore papillotes des morceaux
ou des pastilles de sucre et de chocolat, des
amandes sucrées ou pralinées entourées d'une
enveloppe de papier satiné, doré ou tigré,
dont les extrémités sont découpées en barbes
Dans ces papillotes sont enfermées des devi-
ses en mauvaise prose, et le plus souvent en
vers plus mauvais encore.
Au figuré, on dit avoir la tête en papillote
quand on a reçu des coups et blessures qu'on
a été obligé de panser.
On dit Cela n'est bon qu'à faire des papil-
lotes, pour dire C'est un écrit sans mérite,
une pièce sans valeur, bonne à mettre au re-
but.
**» Une anecdote de 1852, racontée par
un vieux constituant au rédacteur parle-
mentaire de V Univers
Au 2 décembre, un grand nombre de repré-
sentants avaient été emmenés au Mont-Va-
lérien.
Les femmes les plus perverses ou les
moins intelligentes ont parfois de ces
dévouements qui sont l'excuse de bien
des fautes.
La comtesse était dans cette'situation-,
il est vrai qu'elle croyait à la sincérité
du langage de Robert Dachet et qu'elle
agissait un peu en égoïste.
Elle quitta le jeune homme sans avoir
d'idée bien précise sur l'alliance qu'elle
proposerait à Dachet sa tête, qui n'était
point habituée- au travail de la médita-
tion, rêvait de mille projets insensés.
Elle songeait même, pour ouvrir à Da-
chet l'entrée d'une maison riche, à lui
faire parvenir mystérieusement une
grosse dot qu'elle prendrait sur sa for-,
tune.
Elle rentra chez elle, et le malheur
voulut que la première personne qu'elle
rencontra fut sa fille Mina.
A sa vue un éclair de joie traversa sa
figure.
L'enfant était sacrifiée 1
Mme Svitzer, sous l'exaltation de sa
pensée et faisant preuve de toute absence
de dignité et de sens moral, écrivit à
l'instant même à Dachet « Je vous offre.
la main de ma fille Mina avec une dot
de deux millions ».
Robert bondit de joie et laissa échap-
per ce mot qui dévoilait ses convoitises
et le machiavélisme de sa conduite
Enfin!
̃• ̃̃̃'̃̃̃'̃ m ̃_ •̃' ̃.̃̃_
Ce mariage suscita bien des jalousies
et fit naître, mille suppositions qui fri-
sèrent de très près la vérité mais Ro-
bert Dachet devenait, par la dot de sa
femme, par la fortune de sa belle-mère,
par ses nouvelles relations, un person-
nage important avec lequel il fallait
compter.
On clabauda pendant quinze jours,
tout bas, puis, après, tous les chapeaux
se levèrent devant le nouveau million-
naire.
Pierre Melven3 par sa position dans le
Toute la journée s'était passée à discuter.
Le soir venu, la question se souleva de sa-
voir si, en présence des événements du len-
demain, les prisonniers devaient prendre nn
repos salutaire, eu continuer leur délibéra-
tion, et comme on ne s'entendait pas sur
cette question, pas plus que sur les autres,
l'un d eux, M. Antony Thouret, prit la pa-
role
Citoyens, dit-il, la question est grave,
mais elle doit être vidée, et puisque nous
sommes représentants, employons pour la
décider la forme parlementaire, allons aux
voix
Que ,ceux qui sont d'avis. d'aller se cou-
cher. se lèvent, et tout finit par un éclat de
rire.
A Le Siècle raconte l'histoire d'un mé-
canicien célèbre, François Cavé, un vé-
ritable fils de ses œuvres, dont l'exemple
sera assurément plus profitable aux ou-
vriers qui la liront que de plates décla-
mations sur les injustices de la société.
François Cave qui, dès son enfance,
marquait de grandes dispositions pour
le calcul, après avoir servi pendant les
dernières années de l'Empire, vint tenter
la fortune à Paris et se présenta chez un
constructeur-mécanicien, qui consentit
à l'employer, mais au bout de quelque
temps seulement
Comment attendre jusque-là? De plus, il
fallait des outils. Rentré à son garni, il était
tout songeur. Un journal lui tombe sous la
main; il l'ouvre, il y voit annoncer pour le
soir même un concours de chiens, ouvert afin
de choisir le sujet le plus capable de remplir
un rôle important dans un mélodrame qu'on
montait à la Gaité, le Chien de Montargis ou
la forêt de Bondy.
Une complainte bien connue dans les cam-
pagnes avait appris à François l'histoire du
brave chien d'Aubry de Montdidier, qui sauta
à la gorge du méchant chevalier Macaire
l'assassin de son maître, et qui le terrassa
dans un combat judiciaire. Il se dit qu'il
pourrait peut-être bien faire jouer ce rôle à
Argus; en tout cas, il n'en coûtait rien d'es-
sayer. Il mène son chien au concours: Argus
l'emporte sur tous ses concurrents. On donne
à François 20 fr comme prime d'engage-
ment, et on lui promet 3 fr. pour chaque re-
présentation de son chien.
Ce bon animal, que son père ne voulait pas
qu'il emmenât, de peur d'un surcroît de dé-
pense, c'est lui qui va fournir à l'achat. de ses
outils, c'est grâce à lui qu'il pourra entrer
dans un grand atelier, jouir d'une plus grande
aisance, envoyer de l'argent à ses parents Le
Chien de Montargis eut une vogue prolongée,
Argus fit pendant plus de trois mois les déli-
ces des Parisiens. Cependant François était
entré dans Jes ateliers de M. Collier, où il y
avait une école qu'il suivit avec zèle et avec
fruit il devint un des meilleurs ouvriers
mécaniciens.
Associé plus tard à un filateur de Cli-
gnancourt, Fràneois Cavé fonda avec
ses frères un florissant atelier de cons-
tructions mécaniques et mourut plein de
jours après avoir fait une brillante for-
tune. v
Nous prions nos abonnés de nous adres-
ser le montant de leurs renouvellements
ou abonnements par mandats-poste à
l'ordre de M. de Villemessant, et de ne
jamais nous envoyer des valeurs d'ar-
gent ou timbres-poste sans recommander
ou charger leurs lettres.
INFORMATIONS
La Journée
Notre collaborateur Johnston nous tient au
courant des fêtes qui se préparent à Londres.
A côté de sa chronique, nous croyons pou-
voir donner le programme des fêtes qui au-
ront lieu à Guildhall, c'est-à-dire à l'hôtel de
ville de Londres, et qu'on nous envoie par
dépêche télégraphique.:
Jeudi, 29 juillet, grand banquet pour lequel
600 invitations ont été lancées.
Vendredi 30, grand bal, 4,000 invités.
Samedi 31, à Alexandra-Palace, grand con-
cert au profit des inondés français.
Dimanche 1er août, service religieux à la ca-
thédrale Saint-Paul.
Outre les préfets de la Seine et de police,
nous remarquons, parmi les invités fran-
çais
Le colonel des pompiers de Paris, le colo-
nel de la garde de Paris, le président du tri-
bunal de commerce, le préfet du Pas-de-Ca-
lais, le sous-préfet de Boulogne, et les maires
de Bordeaux et de Marseille.
La.musique de la garde républicaine de
Paris prêtera son concours à la fête qui sera
donnée samedi prochain, à Alexandra-Palace,
au bénéfice des inondés de France.
Encore un grand personnage exotique qui i
arrive Paris.
Celui-là, nommé Tsanit. n'est autre que
le second fils du grand-lama du Thibet.
Tsanit s'est sauve do chez son père pour
se convertir à la foi chrétienne, et un mis-
petit journalisme, était au courant de
toute la chronique mondaine.
Il va bien tonami Dachet! dit-il un
matin à Copeau.
Qu'a-t-il donc fait? demanda le
garçon de bureau.
11 épouse des millions!
Bigre Je vais aller le voir.
Si tu fais cela, s'écria Melven, je
demande ton renvoi du journal. Puisque
Robert a oublié ses amis, ceux-ci doi-
vent s'abstenir d'aller le voir.
Copeau soupira et baissa l'oreille.
On suppose facilement que Daehet ne
tint pas religieusement la parole qu'il
avait donnée a la comtesse. Cependant,
comme le but de son ambition n'était
pas encore atteint, il la ménagea beau-
coup et évita tout ce qui aurait pu faire
naître sa jalousie. Au surplus, cette con-
duite lui était facile Mina, malgré ses
charmes, sa jeunesse, ses qualités ex-
quises, n'avait pu émouvoir un cœur
que dominaient exclusivement l'amour
de l'or, l'âpre désir de la possession des
richesses. Dachet n'aimait pas sa femme
il ne devait aimer personne elle
avait été un moyen, voilà tout. Elle ne
pouvait plus le servir, il la dédaignait
sans que ce dédain fût un sacrifice pour
lui.
Cet abandon de son mari à l'heure où
son cœur était rempli d'espoir car elle
aimait Robert avec toutes les illusions
d'une nature qui a toujours été sevrée
d'affections plongea Mina dans la tris-
tesse et le découragement. -Ce fut bien
autre chose lorsque l'envie, la jalousie et
la malignité de quelques bonnes amies
tentèrent de l'éclairer sur les relations
de la comtesse avec Dachet. Elle ne vou-
lut pas comprendre ce qu'on lui disait,
se boucha les oreilles, maudit le monde
et, reconnaissant cependant qu'elle avait
été sacrifiée aux sentiments les plus vils,
méprisa son mari. Le charme du pre-
mier amour était rompu; elle se sépara
de fait de Robert et vécut dans la soli-
tude et les larmes.. Cette solitude^, cette
sionnaire, le R. P. Debuc, le ramène avec lui.
Il paraît que le jaune prince commence a
très lien parler français.
Nous nous sommes rendu, hier soir, à l'es-
planade des Invalides pour assister au steeple-
chase que le Club des Coureurs se propose, de-
puis trois ou quatre jours, de courir sur cette
promenade. On sait que la police avait mis
obstacle à ce projet et la mesure prise par
l'autorité nous a été expliquée.
Il s'agissait de courses véritables et dans
toutes les règles il y avait non-seulement
des coureurs, un starter, un juge de l'arrivée,
mais encore, et surtout, des paris et des
poules. C'est cette dernière partie du pro-
gramme qui a éveillé l'attention de la Prefec-
ture de police.
A sept heures, les concurrents sa sont pré-
sentés sur le champ de course choisi par eux,
munis de brassards destinés à les faire dis-
tinguer les uns des autres, de piquets qu'ils
s'apprêtaient à ficher en terre pour délimiter
la piste à parcourir, etc. Déjà un public assez
nombreux s'apprêtait à suivre ce steeple-chase
nouveau pour lui, quand une forte escouade
da gardiens de la paix s'est présentée et a in-
timé à tout le monde l'ordre de se retirer.
Un des concurrents, après s'être concerté
avec ses rivaux, s'est jeté dans une voiture
de place et s'est fait conduire chez le commis-
saire de police du quartier pour obtenir l'au-
torisation dont ils avaient jugé à propos de
ne pas se prémunir; mais à sept heures qua-
rante-cinq minutes il est revenu bredouille.
Les agents ont renouvelé leurs- « circulez,
messieurs! i et les coureurs, fort déconfits,
se sont dirigés vers la place de la Concorde
et ont un moment, eu l'intention de prendre
un bateau-omnibus puis, se ravisant, ils
sont montés dans quatre voitures et fouette
cocher! se sont fait conduire-au Bois où ils
ont philosophiquement fait le tour du lac.
sur les coussins de leurs chars numérotés.
Par ce temps d'inondations, tout ce qui
touche à la question des fleuves est intéres-
sant.
Aussi nos lecteurs apprendront-ils avec
plaisir que le projet de canalieation de la
Seine étudié par l'ingénieur en chef, M.
Krantz, et proposant de donner au lit du
fleuve une profondeur de 3 m. 20, vient d'être
soumis à une commission composée de trois
inspecteurs des ponts et chaussées MM.
Graeff, Jegan d'Ubeline et Chatoney.
Vous savez que lors des inondations de
Lisieux, l'eau a pénétré dans quelques-unes
des fabriques et sans altérer la qualité des
marchandises, les a rendues impossibles à
être désormais vendues comme neuves.
Une des grandes maisons de nouveautés
de Paris s'est rendue acquéreur d'une partie
très importante de ces toiles qu'elle a mises
en vente à d'excellentes conditions. Aussi,
tous ces jours derniers, une foule énorme a-
t-elle afflué dans les magasins du Tapis-
Rouge faubourg Saint-Martin.
On le voit, à quelque chose malheur est
bon.
Nous avons failli avoir hier une émeute
dans Paris.
Une ordonnance du préfet de la Seine vient
de renouveler aux ménagères parisiennes
l'ordre déjà donné, il y a trois- -ans, d'avoir à
garder. chez-elles leurs boîtes à ordures, pour
les vider seulement le matin lorsque passe le
tombereau de la salubrité, dont les sonnettes
annoncent l'arrivée.
Cette mesure a rencontré de vives opposi-
tions, et, tandis que dans certains quartiers
elle est strictement observée, il en est d'au-
tres où, comme au bon vieux temps, le pas-
sant attardé chemine sur des monceaux de
détritus plus ou moins odoriférants qui, dès
dix heures du soir, jonchent la rue.
La nouvelle circulaire va faire cesser ces
inégalités en menaçant de procès-verbaux les,
opposants.
Les objections faites à l'exécution de la
nouvelle ordonnance sont nombreuses. On
dit d'abord que les concierges, auxquels iia-
combe le soin de remiser les boîtes qui doi-
vent être vidées le'lendemain, n'ont pas tou-
jours la place nécessaire. De plus, les brouilles
sont fréquentes entre locataires et concierges,
et il arrive souvent que ces derniers refusent
de se charger de la corvée de là pour les
ménagères l'obligation de se lever matin et
de guetter le passage du tombereau. Or et
c'est là où cela devient sérieux pour s'épar-
gner cette faction quotidienne, beaucoup de
ménages conservent pendant des semaines
entières dans leurs logements étroits un amas
de détritus qui grossit chaque matin et qu'on
ne jette en bloc que tous les huit ou dix
jours. On conçoit quel danger cause ce tas de
choses sans noms pour les familles.
Enfin, cette mesure jette la désolation dans
toute cette population, répartie par tribus à
la butte aux Cailles, à la cita Doré, à la cité
Elisa-Borée, à Saint-Ouen, et qui vit uni-
quement du triage des ordures de Paris. Si
1 ordonnance du préfet est strictement exécu-
tée, c'en est fait du légendaire chiffonnier.
De là une grande fermentation dans le
monde des biffins. A Saint-Ouen surtout, où
ils forment un total assez imposant, on a pu
craindre un instant hier une émeute. Les plus
exaltés parlaient de sortir de force les boîtes
aux ordures et de les jeter dans la rue malgré
les agents.
Gens tranquilles avant tout, heureusement,
et tenant à ne, pas se faire retirer la médaille
qu'ils tiennent de la préfecture de police et
qui feule leur donne le droit de gagner leur
tristesse en firent une ilote sans force et
sans courage.
Elle était condamnée aumalheur; elle
s'y résigna sans essayer de lutter contre
un destin fatal.
Nous avons dit que l'ambition de Ro-
bert Dachet n'était pas satisfaite par son
mariage avec Mina Svitzer.- En effet, le
but secret de ses désirs, depuis qu'il était
riche, était d'entrer en qualité d'associé
dans l'importante maison Mittermann,
J. Starke et Ce. Sa belle-mère, alliée à
Mittermann, compatriote de J. Starke,
devait être un aide puissant pour arriver
à ce résultat.
Il employa toute son astuce, toute sa
rouerie, toutes les ressources d'un comé-
dien habile pour déterminer la comtesse
à user de son influence en sa faveur.
Celle-ci, qui ne voyait dans le désir de
son gendre qu'une ambition légitime,
s'empressa d'en parler à Mittermann et
à J. Starke. Cependant, comme aux yeux
du public et de la haute finance pari-
sienne rien n'expliquait une pareille as-
sociation, elle n'en parla que timide-
ment et avec une certaine crainte.
Le baron Mittermann parut d'abord
choqué de cette ouverture; puis il sem-
bla réfléchir et répondit
J'en causerai avec J. Starke.
Celui-ci, de son côté,, sollicité par Mme
Svitzer, dit
La chose mérite réflexion.
La comtesse prit ces deux réponses
pour des fins de non-recevoir et n'osa
point en faire part à son gendre. Il de-
vait être, selon elle, toujours temps de
l'aviser d'un refus.
La première fois que les deux associés
se trouvèrent en présence, ils se firent
réciproquement des aveux au sujet de la
démarche de la comtesse. Tous les deux
croyaient trouver l'un chez l'autre un
refus péremptoire, et ne savaient com-
ment formuler une opinion qui prenait
sa source dans un intérêt qui n'était peut-
être pas celui de la banque.
J. Starke avait télégraphié mystérieu-
sement en- Allemagne et la. réponse avait
vie, les chiffonniers se sont calmés, et, dans
une réunion où figuraient les principaux
membres de la corporation, ils se sont déci-
dés à un système qui mettra d'accord leur
intérêt et l'exécution de l'ordonnance celui
de s'entendre avec les concierges pour visiter
à leur profit les' boîtes déposées par les loca-
taires, en se chargeant, comme prix de cette
faveur, de les porter ensuite aux tombereaux
de la salubrité publique.
Tout est bien qui finit bien.
Un incendie fort important a éclaté hier
matin, 7, rue du Chemin-du-Moulin-des-
Prés, dans un hangar rempli de tonneaux
d'huile, de moutarde et de vinaigre.
Les pompiers de la rue du Château-des-
Rentiers, de l'Arsenal et de la place d'Italie
sont aussitôt accourus.
On a fini par se rendre maître du feu, mais
les dégâts sont considérables.
Le côté comique, c'estque la cause- inno-
cente du sinistre est une nichée de lapins-
C'est en enflammant une allumette pour leur
chercher leurs puces(!) qu'un ouvrier a mis le
feu-
C'est du moins ce qui résulte de sa décla-
ration.
Je lis dans les journaux d'hier une curieuse
histoire, qui m'en rappelle une plus curieuse
encore.
L'histoire de mes confrères, la voici en
quelques mots. Il y a trois jours, pendant que
j'étais à Saint-Martin-de-Ré, on a arrêté dans
le parc Monceau un monsieur très bien mis
en train de voler des fleurs. Perquisition faite
chez lui, on découvref au milieu d'une admi-
rable serre pleine des plantes des plus rares,
nombre d'objets des plus disparates et prove-
nant évidemment de larcins. Interrogé, le
monsieur avoue qu'il est atteint de la mono-
manie du vol, surtout du vol des plantes, est
conduit au poste et s'y empoisonne dans la
nuit.
Voici mon histoire maintenant
Elle s'est passée il y a six mois, à Florence.
Un riche habitant de cette ville, M, Felippe
Grici, avait la passion des fleurs et notam-
ment des tulipes il était Hollandais pour
cela. Pour ajouter à sa collection une variété
de tulipe rare, il eût perdu volontiers un de
ses bras. Cela donna un jour à l'un de ses amis
l'idée de lui faire une mauvaise plaisanterie.
Disons d'abord qu'il le savait très supersti-
tieux.
Une nuit, il pénétra chez lui tout de rouge
habillé, grimé, et l'éveilla:
Qui êtes-vous ? demanda M. Grici, stu-
péfait et tremblant.
Je suis le diable, répondit l'autre avec
un ricanement de circonstance, et je viens
t'offrir, gratis, sans te demander la moindre
parcelle de ton âme en échange, le moyen
d'avoir la plus belle tulipe du monde.
Et. comment cela? fit l'autre, oubliant
sa terreur, et se dressant à demi.
Bois ceci, et tu, seras invisible jusqu'il
demain. Puis lève-toi, et va-t'en dans la serre
du prince Porciani. La tulipe est là, noire
avec un calice rouge à l'intérieur.
Et il lui tendit un flacon. M. Grici le but et
se trouva si surexcité qu'il s'élança hors de
son lit,, s'habilla à la hâte et s'élança dehors.
Une heure après, les jardiniers du prince le
surprenaient en train de franchir une clôture.
Dégrisé du coup, M. Grici tira de sa poche un
pistolet et se logea une balle dans la poitrine.
Il mourut le lendemain.
Vous jugez du désespoir de son ami. Ila a
quitté l'Italie à la suite de ce déplorable évé-
nement et est à Paris en ce moment.
Vous savez ce que c'est qu'un tableau vi-
vant, mais vous ne vous doutez évidemment
pas de ce que c'est qu'un tableau ambulant,
et un tableau de maître, encore
Ce. tableau ambulant, c'est un sauvage
australien qui vient d'arriver à Paris avec un
Anglais, M. John Kurb, lequel le ramène da
Melbourne. Mocli c'est le nom qu'on a donné
au cannibale-offre cette étrange particularité
qu'il a dans le dos un paysage indien admi-
rablement tatoué, et signe de ce nom; Henry
Tavers.
Or, Henry Tavers est un peintre écossais
qui avait une grande réputation, et qui a su-
bitement disparu il y a cinq ans. Toutes les!
recherches faites pour le retrouver avaient
été vaines.
Faut-il conclure du paysage tatoué dans le
dos du cannibale que Henry Tavers a émigré
dans l'intérieur du continent australien et y
vit avec les sauvages, en les tatouant? Cela
semble si probable qu'une expédition va être
faite pour le retrouver.
Voyez-vous quelle plus-value Mock va ac-*
quérir s'il est constaté que M. Tavers est
mort? Et vous figurez-vous M0 Pillet l'adju-
geant comme tableau de maître à l'Hôtel deS
Ventes l'hiver prochain?
Et nousqui croyions que le Vésinet étaïtunô
commune essentiellement tranquille
Ah bien oui! Le Vésinet a vu éclore, à
l'occasion de ses élections municipales, une
véritable conjuration, et il s'est trouvé deg
onspirateurs ténébreux qui, pour faire une
niche à- certains candidats, ont envoyé aux
journaux à nous notamment une liste
de fantaisie des membres élus.
Comme ils avaient pris la peine de la faire
imprimer, nous l'avons carrément publiée.
Nous en exprimons nos regrets à qui de
droit. Mais qui diable aurait cru que l'on
conspirât au Vésinet ? 2
Gaston Vassy»
été celle-ci « Association proposés
très utile à nos projets usez de tous les
moyens possibles, et, aubesoin, contrai
gnez le baron à l'accepter. Trouverez
Pambassade un pli contenant instrue»
tions. »
Quant à Mittermann, il n'avait télé-
graphié nulle part; mais nous connaî-
trons bientôt le motif qui le détermï*
nait.
Le vieux Mittermann prit la parole.
Eh bien, J. Starke, dit-il, quelle est
votre opinion sur cette proposition?
J. Starke, qui avait la prudence du
renard, évi'la de répondre.
Pardon, mon cher baron,, dit-if;
vous êtes mon aîné et la tête- de notre
maison, c'est à vous de formuler le pre-
mier votre appréciation.
-Puisque vous le voulez,, je m'exé-
cute. J'ai commencé par dire non; mais,
en y réfléchissant mùrement, je suis
arrivé à cette pensée que la présence
d'un Français de la valeur de Robert
Dachet dans notre maison ôterait à
notre banque le caractère exclusif de
maison Allemande qu'elle possède. Sans
rien nous faire perdre de notre influence
dans le groupe que nous dirigeons, elle
y ajouterait des intérêts français, éten-
drait nos relations et nous créerait une
situation exceptionnelle de force et de
crédit. Nous aurions enfin le pied dans
les deux camps. D'un autre côté, si la
question politique devenait brûlante
ce qui est à redouter Robert Dachet
nous serait un paratonnerre. •
Mon cher baron, j'admire votre sa-
gesse et la profondeur da vos vues.. J'é-
tais entré ici avec un refus sur les le*
vres, car, je n'ai, moi, vous le savez",
ni votre haute intelligence, ni ce coup
d'œil précis qui lit dans l'avenir, je
vous ai écouté et je suis converti. Ou>
vrons notre porte à M. Dachet.
Armand Lapoiiediv
(La suite â demain.\
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