Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-03-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 mars 1875 29 mars 1875
Description : 1875/03/29 (Numéro 88)-1875/03/30. 1875/03/29 (Numéro 88)-1875/03/30.
Description : Note : un seul numéro pour lundi et mardi. Note : un seul numéro pour lundi et mardi.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275539f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
22' Année 3* Série Numéro 83-
Un Numéro 1$ centimes.
Lundi et Mardi 29-30 Mars 1875
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur en chef
FRANCIsllAGNARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit,'rue Drouot, 26 `
£es ne sont pas rendus
BUREAUX
26", Rue X>x-ou.ot> 2©
En face do Dépôt de Porcelaines et Faïences an glaises.
H. DE VILLEMESSANT
{Administrateur
A.GUIBERT
Contrôleur général chargé de la surveillance
'̃̃̃̃ ABONNEMENTS
Départements: 3mois. tefr.
Paris e 9 mois. lufr.
Départements et Gares 20 centimes.
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOST REÇUES OHEZi MM. D01GiNCEN FILS ET Cie
passage des Princes, et àrAdministration.
^.̃•̃'a.;i3W).M MAIRE "̃•̃
La Quebelle ENTRE L'UNIVERS ET ie Figaro H. de
Villemessant.
Échos db Pàms Le Masque de Fer.
tiiosEs DU Jôuri Alfred d'Aunay. -Les obsèques
d'Edgar Quinet.
.Télégrammes ET CORRESPONDANCES Aug Marccide.
Élections à Auxerre. Les fêtes de Venise.
Nouvelles d'Espagne.
LES Funérailles DU comte DE Jarnac E. Johnson.
-Pabis AU JOUR LE JOUR F. M.
-Informations Gaston Vassy. La foire au pain
d'épice. Obsèques d'Agricol Perdiguier.
Li Boursiî.
La SOIRÉE Thèatiule On Monsieur de l'orchestre.
Courrier DES THÉÂTRES Gustave Lafargue.
Obsèques de Mélingue.
Feuilleton Edmond Arnous- Rivière. Une
M.éprise du cœur.
î V LA QUERELLE
ENTRE
(/UNIVERS ET LE FIGARO
II arrive souvent à la guerre que l'on
continue à se battre sans savoir au juste
pourquoi on en est venu aux mains. Il
n'est pas mauvais alors de remonter à la
cause des hostilités.
C'est pour cela que j'interviens aujour-
d'hui dans le débat que plusieurs de mes
rédacteurs ont soutenu contre l'Univers.
Je crois d'ailleurs avoir quelques véri-
!tés à dire à M. Veuillot, et je commen-
cerai par lui donner une leçon de conve-
nance et de bon ton, deux choses qu'un
-Journaliste ne doit jamais oublier, même
dans le feu de la discussion.
Je me contente de placer sous les yeux
de mes lecteurs les lignes suivantes
A moins devoir eu quelque grosse affaire
avec Figaro, l'on ne saurait imaginer quelle
fastidieuse besogne se donna le fils d'Alcmène
-lorsqu'il entreprit de nettoyer les demeures
d'Augias. Sans compter la matière à remuer,
qui n'était pas engageante, il trouvait là un
personnel plus effrayant. Les garçons de ser-
vice étaient sans nombre et semblaient avoir
du zèle pour l'établissement les hôtes et ha-
bitués, très nombreux aussi, déclaraient s'y
plaire; et de malheureux captifs, amenés par
fourberie, saisis d'un délire étrange, s'accro-
pliaient aux litières affreuses où ils rougis-
saient d'être couchés. Tout ce monde nar-
guait, clabaudait, faisait rage, et, battant
-frénétiquement le sol, en faisait jaillir des
nappes. de fange qui sentaient mauvais pro-
digieusement.
Hercule enlevait les pestilentielles litières,
secouait et réveillait les captifs assoupis dans
la délectation morose, expulsait les commen-
sauxtout honteux d'être entrés dans ce lieu
diffamé, et pénétrait toujours plus avant,
malgré les fantômes qui faisaient mine de lui
.lancer de l'eau lustrale et malgré les garçons
jle service qui lui jetaient de l'assa fœtida.
'̃̃̃. ̃ Lotus Veuiixot.
Croirait-on que ces lignes sont prises
dans un journal religieux, qui s'adresse
à des prêtres, et qui parle chaque jour
de morale et de charité chrétienne?
Je ferai aussi observer à M. Veuillot
combien ces grossièretés sont indignes
de son talent et de son esprit, et le tort
qu'elles lui font même dans l'opinion de
ses plus fervents admirateurs.
Maintenant, causons un peu du Figaro
avec M. Veuillot.
En se comparant à Hercule et nous à
Augias, M. Veuillot se donne les airs
d'accomplir contre nous une besogne
^'utilité publique.
A qui fera-t-il croire que la lecture du
Figaro soit sl dangereuse? Il y a au con-
traire bien des raisons pour que M.
Veuillot s'applaudisse de le voir dans la
route où je l'ai toujours conduit. Mieux
que, personne il sait tout le mal que
pourrait faire un journal comme celui-
ci, s'il était dirigé contre la religion,
contre les prêtres et contre les conser-
vateurs. Je me connais assez en journa-
lisme– j'en fais depuis trente ans– pour
savoir qu'il y a en France deux condi-
tions à peu près certaines de succès
pour un petit journal c'est d'attaquer le
gouvernement établi, et de manger du
prêtre tous les matins. Eh bien si le
Figaro était lancé dans cette voie, tout
le monde comprendra qu'il doublerait
son tirage et qu'il causerait alors un mal
incalculable.
Loin d'avoir jamais soufflé à mes lec-
teurs la plus petite mauvaise pensée
contre les prêtres, j'ai toujours cherché
à les leur faire aimer. Je défie qu'on
trouve dans le Figaro une ligne, un mot
contre eux.
S'il arrive, par malheur, de loin en
loin, qu'un pretre.sorte du bon chemin
-car enfin, le prêtre appartient à notre
pauvre race humaine et il est exposé à
ses faiblesses dans ces cas-là, la con-
signe est formelle le Figaro garde tou-
jours le silence sur ces déplorables ex-
eeptions. 'f
Je poserai aussi cette question à M.
Veuillot, qui fait semblant de regarder
le Figaro comme si dangereux
Viendra-t-il jamais à la pensée d'un
homme qui n'aurait lu que le Figaro, de
se mettre du côté des gens qui ont incen-
dié Paris et fusillé les prêtres et les gen-
.darmes ?
Je l'ai toujours dit et je le répète en-
core? la colère.de M. Veuillot n'est qu'une
misérable question de boutique.
Et la preuve de ce que j'avance est
dans ce que M. Veuillot a dit lui-
même à mon collaborateur, M. Alfred
d'Aunay
Vous pouvez dire à M. de Villemes-
sant que je ne lui en veux pas le moins
du monde, et même que je l'aime beau-
coup. Seulement, pourquoi me prend-il mes
ewésl Est-cequeje lui enlève ses danseuses,
moi?
Son cauchemar, c'est donc l'abonne-
ment. Il n'y a pas d'autre raison à ses
attaqués furibondes et à ses grossièretés
de langage.
Il se dit Chaque désabonnement que
l'aurai provoque se convertira en une
s.~ F
souscription à l'Univers aV^fê^LLsur r
lequel je gagnerai 24 francs paras:
VINGT-QUATRE francs, c'est beaucoup
pour le budget d'un pauvre prêtre c'est
un plat de moins sur sa table' déjà si
maigre, tandis que vos bénéfices à vous,
monsieur Veuillot, vous permettent de
faire toute l'année d'excellents dîners.
Je le répète pour la dixième fois; je
défie l' Univers d'insérer en tête de ses
colonnes l'avis que voici
« MM. les ecclésiastiques abonnés au
Figaro qui ont profité de la réduction de
prix accordée par M. de Villemessant
sont autorisés à s'abonner à l'Univers
pour le même prix; soit 40 francs par
an. D
Je vais plus loin; j'autorise M.Veuillot
à ajouter ceci
« Ceux-qui ne voudront pas attendre
la fin de leur abonnement au Figaro,
pourront retirer leur argent de la caisse
du Figaro pour le verser dans la caisse
de V-Univers. »
M. Veuillot me demandera peut-être
dans quel but j'ai créé les abonnements
à prix réduits. Ma réponse est bien
simple..
Je considere l'abonne .enf des ecclé-
siastiques comme une excellente propa-
firide des principes que défend le Figaro.
Ma conviction étant que mon journal
rend de grands services à la cause des
honnêtes gens, je .désire en répandre la
lecture. La meilleure preuve que j'en
puisse offrir est celle-ci
Je voudrais enlever aux mauvais
journaux la clientèle des quarante ou
cinquante mille marchands de vin qui
tiennent pour ainsi dire entrepôt de
leurs funestes doctrines. Et quand je de-
vrais y perdre un franc par abonnement,
j'y consentirais de grand 'cœur. Car je
regagnerais en sympathie de la part des
honnêtes gens ce que perdrait la caisse,
et je porterais un rude coup à nos enne-
mis les radicaux.
Maintenant que cette question de bou-
tique est vidée, passons à autre chose.
De quel droit M. Veuillot vient-il s'inter-
poser entre le Figaro et les prêtres qui
veulent le lire ?
Qu'est-ce que M. Veuillot est donc dans
l'Eglise? Certes, je ne suis pas de ceux
qui l'accusent de manquer de sincérité
quand il traite de choses religieuses. Ma
conviction est que M. Veuillot est un
croyant, maladroit, si vous voulez, qui
ferait haïr la religion, si c'était en son
pouvoir, et qui bien certainement ne pro-
duira jamais de boutures de croyant.
Toutes les fois qu'on dit le contraire
devant moi –t et on ne se gêne pas pour
le dire je soutiens que M. Veuillot a
la foi.
Mais de là à "prétendre dicter la loi
dans l'Eglise, à dire aux prêtres Vous
lirez ceci, vous ne lirez pas cela, il y a
toute la distance entre le jour et la
nuit.
M. Veuillot est-il docteur en théologie ?
Où a-t-il fait ses études de science ecclé-
siastique ? Nulle-part que je sache. A-t-il
quelque autorité dans l'Eglise ? Là-des-
sus, je me contenterai de citer le témoi-
gnage d'un évêque, le premier par son
eloquence et sa sainteté. Figaro l'a repro-
duit ces jours-ci je le cite encore aujour-
d'hui, parce que je suis heureux de m'a-
briter sous le nom et l'autorité de Mgr
Dupanloup. Voici ce précieux document
Vous vous donnez dans l'Eglise, monsieur,
un rôle qui n'est plus tolérable.
Vous, simple laïque, un de ces écrivains
dont un de NN. SS. les évêques disait hier,
dans vos colonnes mêmes, « qu'ils n'ont au-
cune autorité .et ne sont rien dans l'Eglise s,
vous y usurpez étrangement
Vous agitez et troublez les esprits dans
l'Eglise.
Vous insultez, dénoncez et mettez au ban
du catholicisme tous les catholiques qui ne
pensent ou ne parlent pas comme vous.
C'en est trop, monsieur.
J'élève à mon tour la voix et je viens oppo-
ser aux entreprises dont je vous accuse un
solennel avertissement.
J'accuse vos usurpations sur l'Episcopat, et
votre intrusion perpétuelle dans ses plus gra-
ves et plus délicates affaires.
J'accuse surtout vos excès de doctrines,
votre déplorable goût pour les questions irri-
tantes et pour les solutions violentes et dan-
gereuses.
Je vous accuse d'accuser, d'insulter et de
calomnier vos frères dans la foi. Nul ne mé-
rita jamais plus que vous ce mot sévère des
livres saints accusator fratrum
Par dessus tout, je vous reproche de rendre
l'Eglise complice de vos violences, tn donnant
pour sa doctrine, PAR UNE RARE AUDACE, vos
idées les plus personnelles.
On se demande comment, après de
telles paroles, tombées de si haut, M.
Veuillot a pu continuer à faire paraître
l'Univers.
M. Veuillot n'est pas plus épargné en
politique qu'en religion
Libre à vous, monsieur, lui dit Mgr Du-
panloup, d'être en politique ce que vous vou-
drez tout ou rien, c'est votre affaire; PARLE-
MENTAIRE, YOUS L'AVEZ ÉTÉ; RÉPUDLICAIN, 'VOUS
l'avez ÉTÉ; césarien, VOUS l'êtes TOUJOURS.
Cela vous regarde.
M. Veuillot a-t-il de ces palinodies-là
à me reprocher? S'il en avait trouvé ude
seule dans mon passé, il ne manquerait
pas de me la jeter tous les jours au vi-
sage, et il aurait d'ailleurs raison.
En ce moment, si douloureux pour les
monarchistes, M. L. Veuillot me trouve
tiède à l'endroit de Mgr le comte deCham-
bord mais, quelle que soit la réserve
à laquelle je suis condamné, qu'il essaie
donc lui ou un autre de faire croire à
Monseigneur que je ne suis plus roya-
liste
Relisez maintenant ce que Mgr Gui-
bert, l'archevêque de Paris, disait de
V Univers:
Les rédacteurs de ce journal ont pris
depuis une attitude bien différente. Ils ont
mérité de la part de plusieurs évêques des
reproches publics, dont ils n*ont pas su pro-
fiter. Les conciles, provinciaux de Paris et de
Rennes leur dnt àdr'essé, "ainsi qu'aux autres
écrivains religieux, de graves avertissements
qui sont restés sans effet. Plusieurs évêques
leur ont donné en particulier des avis pleins
de sagesse qui ont été également inutiles.
Ce journal est devenu le centre et l'organe
d'un parti qui a fait déjà par ses exagérations
et ses excès beaucoup de mal à l'Eglise.
Nous vous conseillons de renoncer vous-
mêmes à cette lecture, qui n'est pas saine
pour l'esprit d'un prêtre et qui n'est pas
exempte de danger.
Je ne ferai là-dessus qu'une seule re-
flexion.
Si un évêque venait déclarer du haut
de la chaire ou dans un mandement que
le Figaro n'est pas digne de franchir le
seuil des maisons honnêtes, je ne me
consolerais pas facilement de cette dis-
grâce, et ce ne serait pas tant pour mon
journal que pour moi-même person-
nellement.
M. Veuillot se vante de recevoir des
lettres de prêtres qui condamnent la lec-
ture du Figaro.Il en cite même quel-
ques-unes qui donnent une pauvre idée
des autres.
Moi aussi, j'en ai reçu, et beaucoup.
Si M. Veuillot consent a publier toutes
les siennes, je publierai les miennes. Je
jouerai volontiers ce jeu-là. Je saisis
même cette occasion pour assurer à mes
honorables correspondants que j'ai lu
tout ce qu'ils m'ont écrit. Le-dossier est
là sous mes yeux, et, ma foi, la tenta-
tion d'en prendre une lettre est trop forte
pour que j'y résiste. Ce ne sont pas là
des banalités comme en a publié M. L.
Veuillot. Lisez plutôt.
Inutile de dire que nous tenons à la
disposition de M. Veuillot l'original avec
le timbre de la poste
Monsieur le Directeur du Figaro,
Ancien abonné de l'Univers, lorsqu'il m'é-
tait possible d'avoir un co-abonné, j'ai payé
pendant plusieurs années et sans regrets la
prose de M. Louis Veuillot à raison
de 64 francs par an. Depuis plusieurs mois,
comme un certain nombre de mes confrères
dont le budget est assez maigre (M.
Veuillot ne nous en fera pas un crime!) sans
déprécier la prose de l'Univers, j'ai cru pou-
voir accepter en sûreté de conscience un
abonnement à prix réduit du Figaro. C'est
donc comme membre d'un fort trottpeait d'ec-
clésiastiques que je me crois autorisé à ré-
pondre deux mots aux impertinences pour ne
dire rien de plus, contenues dans le numéro
de l'Univers du mercredi 3 mars et signées
L. Veuillot.
Qu'y faire si le traitement d'un pauvre curé
de campagne n'égale pas à beaucoup près les
émoluments d'un des rédacteurs de l'Univers
et ne lui permet pas de payer un abonnement
à ce journal 1
Faut-il mépriser le clergé 'parce qu'il est
pauvre et le traiter de troupeaul Comme vous
qualifiez les prêtres, monsieur Veuillot, vous
rédacteur en chef d'une feuille catholique! Il
est vrai que telles sont vos habitudes et au
moins sous ce rapport-là pourriez-vous pren-
dre des leçons de convenance dans la feuille
que nous recevons!
Voudriez-vous par hasard nous apprendre
à lire le journal et ne savons-nous pas que
même dans vos colonnes il faut en prendre et
en laisser? Les prêtres ne lisent pas tout,
parce qu'ils ne doivent pas tout lire mais, do
grâce, supposez-leur la sagesse du choix 1
Supposez encore qu'ils ne vont pas chercher
leur préparation à la lecture du bréviaire
dans les feuilles publiques, pas même dans
les Odeurs de Pans!
Vous vous désolez qu'on abandonne l'Uni-
vers-prédicateur pour Figaro-Tabarin Fran-
chement vous n'auriez pas la prétention d'être
le prédicateur du clergé 1 Nous sommes vos
pères après tout. A aucun journaliste, pas
mêmeà vous, Jésus n'adit :« Enseignez les na-
tions. qui vous écoute m'écoute »
Vous avez eu beaucoup d'esprit, monsieur;
vous ne prétendez pas avoir accaparé l'Es-
prit-Saint ? et vous n'êtes, somme toute, qu'un
journaliste. Or tous les journalistes du monde
sont bien petits à côté du plus modeste curé
de campagne qui commande à Jésus-Christ
Tous reunis, vous êtes incapables de faire la
plus petite goutte d'eau bénite 1
Vous croyez, monsieur, que Jésus n'aurait
pas lu le Figaro; mais celui qui a dit Tu ai-
meras ton prochain comme toi-même aurait-
il lu l'Univers?. Une bouche vénérable vous
rappelait naguère à la pratique de la charité
je crains bien qu'elle ne soit prochainement
obligée de vous rappeler à la pratique d'une
vertu non moins belle, l'humilité.
Si vous rencontriez, dites-vous, les abonnés
ecclésiastiques du Figaro sur la route de Ge-
nève, vous ne seriez pas loin de croire qu'ils
n'allassent voir l'épouse de M. Loison
C'est votre avis. voyons, un peu d'humi-
lité vous n'êtes heureusement pas infaillible
On vous a bien nommé le pape des Gaules!
L'avez-vous crq?. C'était par ironie!
Il n'y a que quelques mois voué auriez pu
rencontrer sur la route de Genève deux de
nos malheureux frères que j'ai beaucoup
connus mais en fouillant leurs malles, vous
eussiez trouvé leur petit bagage emballe dans
des numéros de l'Univers dont ils étaient deux
fanatiques lecteurs 1.
Un des abonnés ecclésiastiques du Figaro.
Toutes les fois qu'il écrit dans son jour.
nal, M. L. Veuillot a l'air de le pren-
dre de très haut avec nous, et de nous
accabler de ses dédains. Il ne faut pas
que le public s'y trompe. M. Veuillot est
comme les avocatsqui sortent du tribu-
nal bras dessus bras dessous, après s'être
jeté à la tête toute espèce d'injures.
En voici un exemple, Je le rappelle
d'autant plus volontiers, qu'il s'est passé
devant plus de trente témoins.
A l'époque de l'Union de la presse con-
servatrice, nous étions, comme aujour-
d'hui, à couteaux tirés avec l'Univers.
M. Veuillot ne venait pas aux réunions;
il se faisait remplacer par son frère Eu-
gène, qui nous parut être d'une nullité
profonde, mais explicable pourtant,- il
y a des noms si difficiles à porter 1
Il y eut un dîner de tous les directeurs
de journaux chez Ledoyen. M. Louis
Veuillot s'y rendit.
Aussitôt qu'il m'aperçut, il vint à moi,
et, de l'air aimable et coquet qu'il sait
prendre quand il veut, il me dit
Bonjour, mon cher ennemi!
Je lui répondis à peu près dans ces
termes
Comme vous savez, monsieur
Veuillot, que j'adore les gens d'es-
prit, vous comptez qu'avec une parole
spirituelle tout sera oublié. J'aime
beaucoup votre talent: vous êtes un
grand écrivain de petit journal. C'est
au Figaro que vous devriez écrire.
Mais laissez-moi vous dire une chose.
J'irai probablement au paradis le pre-
mier., à, cause de mon âge, et c'est
moi qui vous ferai entrer. Saint Pierre
ne voudra sans doute pas vous ouvrir,
mais je lui dirai Laissez donc entrer M.
Veuillot, il est méchant comme la gale,
mais il a tant-d'esprit!
I Là-dessùs, M. Veuillot s'écria en riant:
Entendez-vous M. de Villemessant
qui me promet de me faire entrer dans
le paradis?
Et pourquoi pas? répliquai-je. Je
n'aurai certainement pas autant de choses
à me faire pardonner que vous.
Malgré cela? M. Veuillot vint se placer
à table -à côte de moi. Je n'avais pas à
choisir ma place; et probablement M.
Veuillot avait trouvé la sienne tout indi-
quée. Mais de même que personne au
monde ne me ferait asseoir auprès de
voisins qui me déplairaient, M. Veuillot
jetait un personnage assez important
pour se placer à son gré. Je le laissai
même s'assoir avant moi afin qu'il vît
bien qu'il allait se trouver à mes côtés.
Je l'eu& donc à ma droite, tandis que
M. de Girardin était à ma gauche.
̃ Je dois réconnaître, d'ailleurs, que M.
L. Veuillot fut pour moi le convive le
plus charmant, le causeur le plus gai,
le plus .^aimable, et qu'en somme il ne
paraissait nullement contrarié d'être au-
prèsdu chef des Figaristes, comme il
dit.
Pourquoi donc alors ces petits airs de
dédain qu'il affecte à l'égard de moi et
de mes rédacteurs, quand il en parle
dans son journal? C'est une comédie qui
se joué pour la galerie.
Résumons-nous.
Quelle est l'origine de cette dispute
avec l'Univers"! M. Veuillot nous a atta-
qués sur un chapitre de notre rapport,
celui qui est désigné sous la rubrique
Receltes diverses. Quoiqu'il n'en eût aucun
droit, il nous a demandé d'où provenaient
ces recettes. Nous le lui avons dit avec
toute la clarté désirable, et nous l'avons
sommé d'insérernos explications; il s'est
exécuté, sans que nous eussions besoin
d'appeler l'huissier.
Mais le lendemain, avec une mauvaise
foi insigne, il a continué de prétendre
que nous n'osions avouer l'origine de cet
argent.
Je prie maintenant M. Veuillot de
s'expliquer nettement. Entend-il dire
que nous avons reçu de l'argent de la
préfecture de police; des princes d'Or-
léans ou bien du jeune roi d'Espagne ?
Je sais bien ce que j'aurais dû faire
aussitôt que M. Veuillot a avancé ces
allégations. Quand la Banque de France
ou le Crédit foncier publient un rapport
sur leurs opérations si un journal venait
à contester un seul article de leur rap-
port, il serait immédiatement poursuivi
par ces Sociétés.
Je n'ai pas voulu de procès, parce que
mon avis a toujours été que le Figaro
doit avoir bec et ongles pour se défendre
et se passer des juges. >.
Mais il n'y a pas de discussion possible
à l'Univers. Le procédé de M. Veuillot
consiste à ne jamais répondre à ce qu'on
lui dit et à toujours parlerd'autre chose.
Je veux bien satisfaire encore une fois
la curiosité de M. L. Veuillot sur mes re-
cettes diverses, bien qu'il n'y ait aucun
droit. Qu'il vienne ou qu'il envoie un
expert dans nos bureaux, on lui mon-
trera nos livres, on lui fera vérifier nos
écritures et examiner notre comptabilité.
Mais si M. Veuillot persiste dans ses
perfides insinuations, je remplirai mon
devoir vis-à-vis de mes actionnaires et
quoiqu'il m'en coûte beaucoup, et à
mon grand regret,-c'est à la justice que
je m'adresserai.
H. de Villemessant.
P. S. Cet article était déjà composé
quand on me remet très tard, comme
d'habitude, l'Univers d'hier soir.
M. Veuillot dénonce le Figaro à M. le
Préfet de police, à M. le Procureur de la
République et au Ministre de la justice.
Pourquoi cettehonteuseîdéiatiori?A cause
de nos petites annonces du dimanche.
Quand la discussion en arrive à ces
extrémités, ce n'est plus que de la rage.
On a le droit de se défendre contre elle,
mais on n'y répond pas.
w Échos de Paris
Le prince de Hohenlohe, qui s'était
rendu à Berlin pour les fêtes de 'l'anni-
versaire de l'empereur, a dù arriver
hier soir à l'ambassade d'Allemagne.
Dimanche soir, M. H. Marinoni, l'in-
venteur des machines à tirage rapide,
sur lesquelles s'imprime le Figaro, réunis-
sait les trois cent cinquante ouvriers de
ses établissements dans une superbe fête
de famille. Il voulait les remercier de la
croix en diamants qu'ils lui ont offerte à
son retour à Paris.
Le repas, servi dans le restaurant po-
pulaire de l'ancienne barrière du Maine,
rehaussé pour la circonstance d'une
très belle décoration, a été admirable-
ment ordonné. Au dessert on a beau-
coup toasté. L'ancien patron de Mari-
noni;M.Gaveaux,a fait, en termes émus,
un eloge mérité de son habile élève.
Tous deux se sont embrasses. C'était une
scène très touchante, qui a excité au
plus haut point l'enthousiasme des ou-
vriers.
Après le dîner, il y a eu bal, et après
le bal, on a soupe. La fête a été com-
plète, et ceux qui y ont assisté en garde-
ront un excellent souvenir. On n'a pas
parlé politique, mais on s'est beaucoup
amuse.
Nous avons parlé ces jours derniers
du duel d'Achard et de Fiorentino.
Par une étrange singularité on re-
trouve dans la Cape et l'Epée, le dernier
roman d'Amédée Achard que vient de
publier Michel Lévy, le récit même de ce
duel, à ceci près que c'est l'homme au
jeune napolitain qui a le poumon tra-
versé- j -̃̃̃̃̃ ,̃̃̃-
Voici quelques lignes de la scène
Briquetaille souffla comme un dogue, et,
jetant son feutre au loin, tomba en garde.
Le duel commença âpre, dur, silencieux,
les pieds rivés au sol, les yeux dans les yeux.
Les deux adversaires se tâtaient l'un l'autre,
la pointe au corps, ne donnant rien au ha-
sard.
Hugues faisait voir qu'il avait de l'école, et,
sous une apparence plus frôle, un poignet qui
ne le cédait pas en vigueur à celui de l'aven-
turier. Briquetaille, étonné, passa sa main sur
son front et s'échauffa, mais sans rien perdre
de sa prudence. Tout à coup on le vit se cou-
cher, s'aplatir en quelque sorte, allonger le
bras et ne plus presenter à l'épée qui le me-
naçait qu'une surface étroite et courte, abrité
encore par la distance.
Ah le jeu napolitain fit Hugues qui
sourit.
Comme on le voit, c'est juste le coup
que Fiorentino porta à Amédée Achard.
Nous recevons et nous donnons sous
toutes réserves les cinq lignes sui-
vantes
Un très grand personnage (d'Espagne), que
tout le monde croit mort et enterre depuis
déjà cinq ans, est bel et bien vivant, et cau-
sera bientôt de l'étonnement au monde.
Impossible d'en dire davantage pour le
moment. • •
M. Louis Devedeux, un des meilleurs
élèves de Delaroche et'de Decamps, un
orientaliste distingué, dont les tableaux
étaient remarqués chaque année au
Salon, est mort l'an passé dans la pleine
maturité de son talent.
Il avait su conquérir un bon rang
dans le groupe des coloristes, en inter-
prétant, selon son tempérament de
peintre, cette nature idéale joyeuse,
luxuriante, pleine de houris, de lumière
et de volupté.
Lepublicpourra sefaire unejuste idéede
l'originalité de cet artiste^ en visitant
la galerie composée de cent cinquante
de ces tableaux exposés à l'hôtel Drouot
pour être vendus les 2 et 3 avril pro-
chain.
On parlait devant un jeune homme de
vingt-cinq ans du choix d'une épitaplxe.
Elles sont toujours trop compli-
quées, dit-il; et voici, tout simplement,
ce que je veux que l'on mette sur ma
tombe
ALBERT DIDIER
.•- •̃/̃̃̃ 1850–1950
On a fait bien des mots d'ivrogne.
On nous en raconte un qui est bien le
plus joli qu'on puisse jamais éditer.
Quelle belle nuit j'ai passée, dit un
pochard»;- j'ai rêvé que j'étais enton-
noir 1
Dans le faubourg Montmartre.
Il est midi, on voit descendre vers le
boulevard un fiacre dont les chevaux
vont à droite, à gauche, comme s'ils
étaient livrés à eux-mêmes. Aussi le
fiacre accroche-t-il toutes les autres
voitures, renvoyé par les chocs comme
une toupie hollandaise.
Un sergent de ville met fin à cette
descente incorrecte; il arrête les che-
vaux, et, hélant le cocher
Ah ça vous êtes donc gris ? R
Gris pour deux verres de vin
que.
Assez! interrompt le sergent de.
ville. Puis s'adressant à un individu as-
sis à côté du cocher Qu'est-ce que vous
faites-là, vous?
̃ J'apprends à conduire l
LE MASQUE DE FER.
« –i.
CHOSES DU JOUR
Les obsèques d'Edgar Quinet
Bien que le défunt ait une valeur mo-
rale et politique bien supérieure à celle
de Ledru-Rollin, le convoi d'hier a réuni
beaucoup moins de monde que celui de
l'autre jour. Cela tient à des causes di-
verses. Comme l'a dit à peu près M. Gam-
betta dans son discours, Edgar Quinet
n'était pas orateur du tout, et très peu
journaliste il faisait des livres. Or les
^écrivains démocrates ayant l'habitude
de vendre leurs livres très cher, le peuple
ne les connaît pas. Il se contente de voter
pour eux à l'occasion, et de suivre leurs
convois quand les journaux annoncent
qu'ils sont civils et obligatoires.
Mais ce peuple intelligent avait hier,
à la même heure, une autre attraction
le convoi de Mélingue Non-seulement
le grand acteur était plus connu que
Quinet, mais son enterrement avait lieu
au Père-Lachaise, c'est-à-dire tout près
de la foire au pain d'épice, tandis que
l'autre se faisait au cimetière de Mont-
parnasse.
Aussi, en comptant généreusement, on
ne peut accorder que vingt mille assis-
tants à la manifestation politique d'hier
le tiers au plus de ce que comportait
celle d'il y a trois mois.
Les organisateurs avaient pourtant
bien préparé leur terrain. La place du
Roi-de-Rome est un magnifique amphi-
théâtre, et cette foule, massée sur les
gradins en attendant le char, était cu-
rieuse à voir. Tout en haut, on signait
des listes. En bas, on se montrait les cé-
lébrités. La plus imposante était le ci-
toyen Floquet, entouré d'un groupe de
conseillers municipaux. Une troupe d'é-
tudiants moldo-valaques s'agitait beau-
coup et paraissait fort gaie. Je me de-
mande en quoi cette réunion démocra-
tique intéressait ces jeunes gens cuivrés
et je doute que ce soit pour manifester
ainsi, que leurs familles nous les en-
voient.
»*# •
Transporté en fourgon de Versailles à
Paris, le corps de Quinet a été reçu à la
poçte du Point-du-Jour par un certain
nombre de personnes et placé dans le
char funèbre. MM. Brisson et Emma.
nuel Arago prirent les cordons du poële.
Les voitures de deuil, venues de Vér.
sailles, suivaient à quelque distance:
Elles contenaient Mme Quinet et MM. de
Mahy, Henri Valentin, Férouillat, Mil-
laud et quelques autres députés, amis de
Quinet.
En même temps que ce cortége s'a-
vançait du côté de Passy, un certain
nombre de personnes arrivaient du côté
de Paris, escortant la voiture de MM.
Victor Hugo et Vacquerie. Il y eut un
instant de confusion. Le char funèbre
s'engagea sur le pont d'Iéna, entraînant
tout à sa suite à peine quelques brail-
lards tirent-ils entendre leur cri favori.
Le cortège, marchant assez vite, sui-
vit l'avenue de la Bourdonnaye, laté-
rale au Champ-de-Mars, puis l'avenue
Duquesne, le boulevard des Invalides,
l'avenue du Maine et le boulevard ex-
térieur.. Aux abords du cimetière, il y
avait foule. L'intériear était aussi forten-
combré. Les avenues sont étroites et
peu nombreuses, et bien avant l'entrée
du char funèbre, il y avait des individus
juchés sur les tombes. On dut faire exé-
cuter au cortége un certain détour pour
arriver sans accident au lieu de la sé-
pul-ture.
Le tombeau de famille est situé dans
l'allée ..de cyprès qui fait le fond du cime-
tière, à côté du monument de Raffet. A
peine le cortége est-il annoncé que des
hommes, par douzaines, grimpent dans
les arbres. On se croirait à un spectacle
forain. Les interpellations les plus gros-
sières se croisent:
Qué qu'c'est que ce vieux-là ?
C'est Victor Hugo.
Est-ce qu'il va faire des vers ?..
Ah j'm'en fiche pas mal pourvu
qu'on g. Vive la République!
I
II a raison le voyou de l'arbre. On g.
Vive la République à l'arrivée du corps.
Les députés, qui se sont fait reconnaîtra
des sergents de ville, se rangent autour
du caveau, sur le bord duquel on place
quelques gros bouquets. Il y a là MMw
Edmond Adam, Tolain, Greppo, Barodet,.
Langlois, Challemel-Lacour, Jutes Si.
mon, Eugène Pelletan Ta ile Delordj
Germain Casse, et quelques autres. Un
député s'écrie « Soyez attentifs et res*
pectueux. » M. Victor Hugo remercie du
geste et commence son discours.,
Je ne sais pas quel effet produira ce
morceau à la lecture. Mais il m'a paru
n'être qu'une série de lieux communs
comme « II était bon parce qu'il était
» juste. La tombe est sévère, elle
» nous prend ceux que nous aimons.
» Disons à ceux qui nient l'avenir, que
» le passé a été vaincu. -.Les révolu-
» tions sont faites par les hommes jus-
» tes sous la conduite de Dieu » et
autres balivernes. Il termine par ceci
que je garantis textuel « La mort t'a
» délivre. Devant ta tombe nous affir-
» mons cette autre délivrance, la révo-
» lution! car la révolution, c'est la li»
» berté! 1 » 3
Ces niaiseries sont débitées d'une
voix pâteuse qui en diminue encore'
l'effet. On crie « Vive Victor Hugo! »•
d'autant mieux qu'on n'a pas entendu.
Moi qui touchais presque le grand'
homme, je ne pouvais saisir que des-
lambeaux de phrasesl
MM. Brisson et Laboulaye prennent
ensuite la parole. Le peuple qui n'entend
plus rien du tout croit que c'est toujours
M. VictorHugo qui parle, et il continue
de l'acclamer. Il n'y a que M. Gambatta
qui parvienne à se faire comprendre.
̃ '•̃:̃. ̃ **#
L'orateur, tout en déclarant que c'est
sur la demande expresse de Mme Quinet
qu'il parle, expose tout un programme
politique, base sur l'union de la bour-
geoisie et du prolétariat. Il fait aussi
Péloge de Ledru-Rollin, qu'il n'a pu pro-
noncer sur sa tombe. Les gens qui sont
dans les branches, et qui feraient si
bien dessous, applaudissent à ce ian-
gage. M. Gambetta a un succès complet.
Un passage sur les journaux qui exploi-
tent les dissentiments et propagent les
fausses nouvelles a fait fureur. Il a ter-
miné par ces mots « La démocratie doit
prendre Quinet pour exemple et dire
comme lui Tout par la République,
pour la patrie! »
Ce discours terminera foule se retire,
exécutant sur les tombes, des exercices
de gymnastique très-variés, tandis que
la jeunese des écoles fait une ovation
aux deux principaux orateurs.
Alfred d'Aunay.
t »
L'entrevue de l'empereur d'Autriche
et du roi d'Italie qui va avoir lieu à Ve-
nise est un événement d'une grande im-
portance diplomatique, sur lequel'nous
avons tenu naturellement à renseigner
nos lecteurs. Un de nos collaborateurs,
en mesure de tout voir et de tout sa-
voir, est parti pour Venise et nous en-
verra le compte rendu de l'entrevue des
souverains.
4
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
•™ Auxerre, 29 mars. Le second tour
de scrutin pour la nomination d'un conseiller,
général représentant le canton de Quarré-les«
Tombes a eu lieu hier. En voici le résultat
M. ~oudaille 1035 (élu)
M. Tripier 748
M. Petitier-Chomaille, le candidat radical,
s'était retiré de la lutte au dernier moment.
™ CAMBRAI, 29 mars. S. E. le cardi-
nal archevêque de Cambrai doit partir le
3 avril prochain pour Lille, où il doit séjour-
ner un mois, et visiter les églises, congre-
gations et établissements religieux de l'arron-
dissement.
VALENCIENNES, 29 mars. Le nommé
Jouglet, âgé de 75 ans, garde barrière à Hé-
rin (ligne d'Anzin à Somain), a été trouvé
mort à dix mètres environ de la barrière. Le
corps était en travers sur la voie, la jambe
droite était coupée et une large blessure fen-
dait le front. On suppose que le malheureuï
Un Numéro 1$ centimes.
Lundi et Mardi 29-30 Mars 1875
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur en chef
FRANCIsllAGNARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit,'rue Drouot, 26 `
£es ne sont pas rendus
BUREAUX
26", Rue X>x-ou.ot> 2©
En face do Dépôt de Porcelaines et Faïences an glaises.
H. DE VILLEMESSANT
{Administrateur
A.GUIBERT
Contrôleur général chargé de la surveillance
'̃̃̃̃ ABONNEMENTS
Départements: 3mois. tefr.
Paris e 9 mois. lufr.
Départements et Gares 20 centimes.
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOST REÇUES OHEZi MM. D01GiNCEN FILS ET Cie
passage des Princes, et àrAdministration.
^.̃•̃'a.;i3W).M MAIRE "̃•̃
La Quebelle ENTRE L'UNIVERS ET ie Figaro H. de
Villemessant.
Échos db Pàms Le Masque de Fer.
tiiosEs DU Jôuri Alfred d'Aunay. -Les obsèques
d'Edgar Quinet.
.Télégrammes ET CORRESPONDANCES Aug Marccide.
Élections à Auxerre. Les fêtes de Venise.
Nouvelles d'Espagne.
LES Funérailles DU comte DE Jarnac E. Johnson.
-Pabis AU JOUR LE JOUR F. M.
-Informations Gaston Vassy. La foire au pain
d'épice. Obsèques d'Agricol Perdiguier.
Li Boursiî.
La SOIRÉE Thèatiule On Monsieur de l'orchestre.
Courrier DES THÉÂTRES Gustave Lafargue.
Obsèques de Mélingue.
Feuilleton Edmond Arnous- Rivière. Une
M.éprise du cœur.
î V LA QUERELLE
ENTRE
(/UNIVERS ET LE FIGARO
II arrive souvent à la guerre que l'on
continue à se battre sans savoir au juste
pourquoi on en est venu aux mains. Il
n'est pas mauvais alors de remonter à la
cause des hostilités.
C'est pour cela que j'interviens aujour-
d'hui dans le débat que plusieurs de mes
rédacteurs ont soutenu contre l'Univers.
Je crois d'ailleurs avoir quelques véri-
!tés à dire à M. Veuillot, et je commen-
cerai par lui donner une leçon de conve-
nance et de bon ton, deux choses qu'un
-Journaliste ne doit jamais oublier, même
dans le feu de la discussion.
Je me contente de placer sous les yeux
de mes lecteurs les lignes suivantes
A moins devoir eu quelque grosse affaire
avec Figaro, l'on ne saurait imaginer quelle
fastidieuse besogne se donna le fils d'Alcmène
-lorsqu'il entreprit de nettoyer les demeures
d'Augias. Sans compter la matière à remuer,
qui n'était pas engageante, il trouvait là un
personnel plus effrayant. Les garçons de ser-
vice étaient sans nombre et semblaient avoir
du zèle pour l'établissement les hôtes et ha-
bitués, très nombreux aussi, déclaraient s'y
plaire; et de malheureux captifs, amenés par
fourberie, saisis d'un délire étrange, s'accro-
pliaient aux litières affreuses où ils rougis-
saient d'être couchés. Tout ce monde nar-
guait, clabaudait, faisait rage, et, battant
-frénétiquement le sol, en faisait jaillir des
nappes. de fange qui sentaient mauvais pro-
digieusement.
Hercule enlevait les pestilentielles litières,
secouait et réveillait les captifs assoupis dans
la délectation morose, expulsait les commen-
sauxtout honteux d'être entrés dans ce lieu
diffamé, et pénétrait toujours plus avant,
malgré les fantômes qui faisaient mine de lui
.lancer de l'eau lustrale et malgré les garçons
jle service qui lui jetaient de l'assa fœtida.
'̃̃̃. ̃ Lotus Veuiixot.
Croirait-on que ces lignes sont prises
dans un journal religieux, qui s'adresse
à des prêtres, et qui parle chaque jour
de morale et de charité chrétienne?
Je ferai aussi observer à M. Veuillot
combien ces grossièretés sont indignes
de son talent et de son esprit, et le tort
qu'elles lui font même dans l'opinion de
ses plus fervents admirateurs.
Maintenant, causons un peu du Figaro
avec M. Veuillot.
En se comparant à Hercule et nous à
Augias, M. Veuillot se donne les airs
d'accomplir contre nous une besogne
^'utilité publique.
A qui fera-t-il croire que la lecture du
Figaro soit sl dangereuse? Il y a au con-
traire bien des raisons pour que M.
Veuillot s'applaudisse de le voir dans la
route où je l'ai toujours conduit. Mieux
que, personne il sait tout le mal que
pourrait faire un journal comme celui-
ci, s'il était dirigé contre la religion,
contre les prêtres et contre les conser-
vateurs. Je me connais assez en journa-
lisme– j'en fais depuis trente ans– pour
savoir qu'il y a en France deux condi-
tions à peu près certaines de succès
pour un petit journal c'est d'attaquer le
gouvernement établi, et de manger du
prêtre tous les matins. Eh bien si le
Figaro était lancé dans cette voie, tout
le monde comprendra qu'il doublerait
son tirage et qu'il causerait alors un mal
incalculable.
Loin d'avoir jamais soufflé à mes lec-
teurs la plus petite mauvaise pensée
contre les prêtres, j'ai toujours cherché
à les leur faire aimer. Je défie qu'on
trouve dans le Figaro une ligne, un mot
contre eux.
S'il arrive, par malheur, de loin en
loin, qu'un pretre.sorte du bon chemin
-car enfin, le prêtre appartient à notre
pauvre race humaine et il est exposé à
ses faiblesses dans ces cas-là, la con-
signe est formelle le Figaro garde tou-
jours le silence sur ces déplorables ex-
eeptions. 'f
Je poserai aussi cette question à M.
Veuillot, qui fait semblant de regarder
le Figaro comme si dangereux
Viendra-t-il jamais à la pensée d'un
homme qui n'aurait lu que le Figaro, de
se mettre du côté des gens qui ont incen-
dié Paris et fusillé les prêtres et les gen-
.darmes ?
Je l'ai toujours dit et je le répète en-
core? la colère.de M. Veuillot n'est qu'une
misérable question de boutique.
Et la preuve de ce que j'avance est
dans ce que M. Veuillot a dit lui-
même à mon collaborateur, M. Alfred
d'Aunay
Vous pouvez dire à M. de Villemes-
sant que je ne lui en veux pas le moins
du monde, et même que je l'aime beau-
coup. Seulement, pourquoi me prend-il mes
ewésl Est-cequeje lui enlève ses danseuses,
moi?
Son cauchemar, c'est donc l'abonne-
ment. Il n'y a pas d'autre raison à ses
attaqués furibondes et à ses grossièretés
de langage.
Il se dit Chaque désabonnement que
l'aurai provoque se convertira en une
s.~ F
souscription à l'Univers aV^fê^LLsur r
lequel je gagnerai 24 francs paras:
VINGT-QUATRE francs, c'est beaucoup
pour le budget d'un pauvre prêtre c'est
un plat de moins sur sa table' déjà si
maigre, tandis que vos bénéfices à vous,
monsieur Veuillot, vous permettent de
faire toute l'année d'excellents dîners.
Je le répète pour la dixième fois; je
défie l' Univers d'insérer en tête de ses
colonnes l'avis que voici
« MM. les ecclésiastiques abonnés au
Figaro qui ont profité de la réduction de
prix accordée par M. de Villemessant
sont autorisés à s'abonner à l'Univers
pour le même prix; soit 40 francs par
an. D
Je vais plus loin; j'autorise M.Veuillot
à ajouter ceci
« Ceux-qui ne voudront pas attendre
la fin de leur abonnement au Figaro,
pourront retirer leur argent de la caisse
du Figaro pour le verser dans la caisse
de V-Univers. »
M. Veuillot me demandera peut-être
dans quel but j'ai créé les abonnements
à prix réduits. Ma réponse est bien
simple..
Je considere l'abonne .enf des ecclé-
siastiques comme une excellente propa-
firide des principes que défend le Figaro.
Ma conviction étant que mon journal
rend de grands services à la cause des
honnêtes gens, je .désire en répandre la
lecture. La meilleure preuve que j'en
puisse offrir est celle-ci
Je voudrais enlever aux mauvais
journaux la clientèle des quarante ou
cinquante mille marchands de vin qui
tiennent pour ainsi dire entrepôt de
leurs funestes doctrines. Et quand je de-
vrais y perdre un franc par abonnement,
j'y consentirais de grand 'cœur. Car je
regagnerais en sympathie de la part des
honnêtes gens ce que perdrait la caisse,
et je porterais un rude coup à nos enne-
mis les radicaux.
Maintenant que cette question de bou-
tique est vidée, passons à autre chose.
De quel droit M. Veuillot vient-il s'inter-
poser entre le Figaro et les prêtres qui
veulent le lire ?
Qu'est-ce que M. Veuillot est donc dans
l'Eglise? Certes, je ne suis pas de ceux
qui l'accusent de manquer de sincérité
quand il traite de choses religieuses. Ma
conviction est que M. Veuillot est un
croyant, maladroit, si vous voulez, qui
ferait haïr la religion, si c'était en son
pouvoir, et qui bien certainement ne pro-
duira jamais de boutures de croyant.
Toutes les fois qu'on dit le contraire
devant moi –t et on ne se gêne pas pour
le dire je soutiens que M. Veuillot a
la foi.
Mais de là à "prétendre dicter la loi
dans l'Eglise, à dire aux prêtres Vous
lirez ceci, vous ne lirez pas cela, il y a
toute la distance entre le jour et la
nuit.
M. Veuillot est-il docteur en théologie ?
Où a-t-il fait ses études de science ecclé-
siastique ? Nulle-part que je sache. A-t-il
quelque autorité dans l'Eglise ? Là-des-
sus, je me contenterai de citer le témoi-
gnage d'un évêque, le premier par son
eloquence et sa sainteté. Figaro l'a repro-
duit ces jours-ci je le cite encore aujour-
d'hui, parce que je suis heureux de m'a-
briter sous le nom et l'autorité de Mgr
Dupanloup. Voici ce précieux document
Vous vous donnez dans l'Eglise, monsieur,
un rôle qui n'est plus tolérable.
Vous, simple laïque, un de ces écrivains
dont un de NN. SS. les évêques disait hier,
dans vos colonnes mêmes, « qu'ils n'ont au-
cune autorité .et ne sont rien dans l'Eglise s,
vous y usurpez étrangement
Vous agitez et troublez les esprits dans
l'Eglise.
Vous insultez, dénoncez et mettez au ban
du catholicisme tous les catholiques qui ne
pensent ou ne parlent pas comme vous.
C'en est trop, monsieur.
J'élève à mon tour la voix et je viens oppo-
ser aux entreprises dont je vous accuse un
solennel avertissement.
J'accuse vos usurpations sur l'Episcopat, et
votre intrusion perpétuelle dans ses plus gra-
ves et plus délicates affaires.
J'accuse surtout vos excès de doctrines,
votre déplorable goût pour les questions irri-
tantes et pour les solutions violentes et dan-
gereuses.
Je vous accuse d'accuser, d'insulter et de
calomnier vos frères dans la foi. Nul ne mé-
rita jamais plus que vous ce mot sévère des
livres saints accusator fratrum
Par dessus tout, je vous reproche de rendre
l'Eglise complice de vos violences, tn donnant
pour sa doctrine, PAR UNE RARE AUDACE, vos
idées les plus personnelles.
On se demande comment, après de
telles paroles, tombées de si haut, M.
Veuillot a pu continuer à faire paraître
l'Univers.
M. Veuillot n'est pas plus épargné en
politique qu'en religion
Libre à vous, monsieur, lui dit Mgr Du-
panloup, d'être en politique ce que vous vou-
drez tout ou rien, c'est votre affaire; PARLE-
MENTAIRE, YOUS L'AVEZ ÉTÉ; RÉPUDLICAIN, 'VOUS
l'avez ÉTÉ; césarien, VOUS l'êtes TOUJOURS.
Cela vous regarde.
M. Veuillot a-t-il de ces palinodies-là
à me reprocher? S'il en avait trouvé ude
seule dans mon passé, il ne manquerait
pas de me la jeter tous les jours au vi-
sage, et il aurait d'ailleurs raison.
En ce moment, si douloureux pour les
monarchistes, M. L. Veuillot me trouve
tiède à l'endroit de Mgr le comte deCham-
bord mais, quelle que soit la réserve
à laquelle je suis condamné, qu'il essaie
donc lui ou un autre de faire croire à
Monseigneur que je ne suis plus roya-
liste
Relisez maintenant ce que Mgr Gui-
bert, l'archevêque de Paris, disait de
V Univers:
Les rédacteurs de ce journal ont pris
depuis une attitude bien différente. Ils ont
mérité de la part de plusieurs évêques des
reproches publics, dont ils n*ont pas su pro-
fiter. Les conciles, provinciaux de Paris et de
Rennes leur dnt àdr'essé, "ainsi qu'aux autres
écrivains religieux, de graves avertissements
qui sont restés sans effet. Plusieurs évêques
leur ont donné en particulier des avis pleins
de sagesse qui ont été également inutiles.
Ce journal est devenu le centre et l'organe
d'un parti qui a fait déjà par ses exagérations
et ses excès beaucoup de mal à l'Eglise.
Nous vous conseillons de renoncer vous-
mêmes à cette lecture, qui n'est pas saine
pour l'esprit d'un prêtre et qui n'est pas
exempte de danger.
Je ne ferai là-dessus qu'une seule re-
flexion.
Si un évêque venait déclarer du haut
de la chaire ou dans un mandement que
le Figaro n'est pas digne de franchir le
seuil des maisons honnêtes, je ne me
consolerais pas facilement de cette dis-
grâce, et ce ne serait pas tant pour mon
journal que pour moi-même person-
nellement.
M. Veuillot se vante de recevoir des
lettres de prêtres qui condamnent la lec-
ture du Figaro.Il en cite même quel-
ques-unes qui donnent une pauvre idée
des autres.
Moi aussi, j'en ai reçu, et beaucoup.
Si M. Veuillot consent a publier toutes
les siennes, je publierai les miennes. Je
jouerai volontiers ce jeu-là. Je saisis
même cette occasion pour assurer à mes
honorables correspondants que j'ai lu
tout ce qu'ils m'ont écrit. Le-dossier est
là sous mes yeux, et, ma foi, la tenta-
tion d'en prendre une lettre est trop forte
pour que j'y résiste. Ce ne sont pas là
des banalités comme en a publié M. L.
Veuillot. Lisez plutôt.
Inutile de dire que nous tenons à la
disposition de M. Veuillot l'original avec
le timbre de la poste
Monsieur le Directeur du Figaro,
Ancien abonné de l'Univers, lorsqu'il m'é-
tait possible d'avoir un co-abonné, j'ai payé
pendant plusieurs années et sans regrets la
prose de M. Louis Veuillot à raison
de 64 francs par an. Depuis plusieurs mois,
comme un certain nombre de mes confrères
dont le budget est assez maigre (M.
Veuillot ne nous en fera pas un crime!) sans
déprécier la prose de l'Univers, j'ai cru pou-
voir accepter en sûreté de conscience un
abonnement à prix réduit du Figaro. C'est
donc comme membre d'un fort trottpeait d'ec-
clésiastiques que je me crois autorisé à ré-
pondre deux mots aux impertinences pour ne
dire rien de plus, contenues dans le numéro
de l'Univers du mercredi 3 mars et signées
L. Veuillot.
Qu'y faire si le traitement d'un pauvre curé
de campagne n'égale pas à beaucoup près les
émoluments d'un des rédacteurs de l'Univers
et ne lui permet pas de payer un abonnement
à ce journal 1
Faut-il mépriser le clergé 'parce qu'il est
pauvre et le traiter de troupeaul Comme vous
qualifiez les prêtres, monsieur Veuillot, vous
rédacteur en chef d'une feuille catholique! Il
est vrai que telles sont vos habitudes et au
moins sous ce rapport-là pourriez-vous pren-
dre des leçons de convenance dans la feuille
que nous recevons!
Voudriez-vous par hasard nous apprendre
à lire le journal et ne savons-nous pas que
même dans vos colonnes il faut en prendre et
en laisser? Les prêtres ne lisent pas tout,
parce qu'ils ne doivent pas tout lire mais, do
grâce, supposez-leur la sagesse du choix 1
Supposez encore qu'ils ne vont pas chercher
leur préparation à la lecture du bréviaire
dans les feuilles publiques, pas même dans
les Odeurs de Pans!
Vous vous désolez qu'on abandonne l'Uni-
vers-prédicateur pour Figaro-Tabarin Fran-
chement vous n'auriez pas la prétention d'être
le prédicateur du clergé 1 Nous sommes vos
pères après tout. A aucun journaliste, pas
mêmeà vous, Jésus n'adit :« Enseignez les na-
tions. qui vous écoute m'écoute »
Vous avez eu beaucoup d'esprit, monsieur;
vous ne prétendez pas avoir accaparé l'Es-
prit-Saint ? et vous n'êtes, somme toute, qu'un
journaliste. Or tous les journalistes du monde
sont bien petits à côté du plus modeste curé
de campagne qui commande à Jésus-Christ
Tous reunis, vous êtes incapables de faire la
plus petite goutte d'eau bénite 1
Vous croyez, monsieur, que Jésus n'aurait
pas lu le Figaro; mais celui qui a dit Tu ai-
meras ton prochain comme toi-même aurait-
il lu l'Univers?. Une bouche vénérable vous
rappelait naguère à la pratique de la charité
je crains bien qu'elle ne soit prochainement
obligée de vous rappeler à la pratique d'une
vertu non moins belle, l'humilité.
Si vous rencontriez, dites-vous, les abonnés
ecclésiastiques du Figaro sur la route de Ge-
nève, vous ne seriez pas loin de croire qu'ils
n'allassent voir l'épouse de M. Loison
C'est votre avis. voyons, un peu d'humi-
lité vous n'êtes heureusement pas infaillible
On vous a bien nommé le pape des Gaules!
L'avez-vous crq?. C'était par ironie!
Il n'y a que quelques mois voué auriez pu
rencontrer sur la route de Genève deux de
nos malheureux frères que j'ai beaucoup
connus mais en fouillant leurs malles, vous
eussiez trouvé leur petit bagage emballe dans
des numéros de l'Univers dont ils étaient deux
fanatiques lecteurs 1.
Un des abonnés ecclésiastiques du Figaro.
Toutes les fois qu'il écrit dans son jour.
nal, M. L. Veuillot a l'air de le pren-
dre de très haut avec nous, et de nous
accabler de ses dédains. Il ne faut pas
que le public s'y trompe. M. Veuillot est
comme les avocatsqui sortent du tribu-
nal bras dessus bras dessous, après s'être
jeté à la tête toute espèce d'injures.
En voici un exemple, Je le rappelle
d'autant plus volontiers, qu'il s'est passé
devant plus de trente témoins.
A l'époque de l'Union de la presse con-
servatrice, nous étions, comme aujour-
d'hui, à couteaux tirés avec l'Univers.
M. Veuillot ne venait pas aux réunions;
il se faisait remplacer par son frère Eu-
gène, qui nous parut être d'une nullité
profonde, mais explicable pourtant,- il
y a des noms si difficiles à porter 1
Il y eut un dîner de tous les directeurs
de journaux chez Ledoyen. M. Louis
Veuillot s'y rendit.
Aussitôt qu'il m'aperçut, il vint à moi,
et, de l'air aimable et coquet qu'il sait
prendre quand il veut, il me dit
Bonjour, mon cher ennemi!
Je lui répondis à peu près dans ces
termes
Comme vous savez, monsieur
Veuillot, que j'adore les gens d'es-
prit, vous comptez qu'avec une parole
spirituelle tout sera oublié. J'aime
beaucoup votre talent: vous êtes un
grand écrivain de petit journal. C'est
au Figaro que vous devriez écrire.
Mais laissez-moi vous dire une chose.
J'irai probablement au paradis le pre-
mier., à, cause de mon âge, et c'est
moi qui vous ferai entrer. Saint Pierre
ne voudra sans doute pas vous ouvrir,
mais je lui dirai Laissez donc entrer M.
Veuillot, il est méchant comme la gale,
mais il a tant-d'esprit!
I Là-dessùs, M. Veuillot s'écria en riant:
Entendez-vous M. de Villemessant
qui me promet de me faire entrer dans
le paradis?
Et pourquoi pas? répliquai-je. Je
n'aurai certainement pas autant de choses
à me faire pardonner que vous.
Malgré cela? M. Veuillot vint se placer
à table -à côte de moi. Je n'avais pas à
choisir ma place; et probablement M.
Veuillot avait trouvé la sienne tout indi-
quée. Mais de même que personne au
monde ne me ferait asseoir auprès de
voisins qui me déplairaient, M. Veuillot
jetait un personnage assez important
pour se placer à son gré. Je le laissai
même s'assoir avant moi afin qu'il vît
bien qu'il allait se trouver à mes côtés.
Je l'eu& donc à ma droite, tandis que
M. de Girardin était à ma gauche.
̃ Je dois réconnaître, d'ailleurs, que M.
L. Veuillot fut pour moi le convive le
plus charmant, le causeur le plus gai,
le plus .^aimable, et qu'en somme il ne
paraissait nullement contrarié d'être au-
prèsdu chef des Figaristes, comme il
dit.
Pourquoi donc alors ces petits airs de
dédain qu'il affecte à l'égard de moi et
de mes rédacteurs, quand il en parle
dans son journal? C'est une comédie qui
se joué pour la galerie.
Résumons-nous.
Quelle est l'origine de cette dispute
avec l'Univers"! M. Veuillot nous a atta-
qués sur un chapitre de notre rapport,
celui qui est désigné sous la rubrique
Receltes diverses. Quoiqu'il n'en eût aucun
droit, il nous a demandé d'où provenaient
ces recettes. Nous le lui avons dit avec
toute la clarté désirable, et nous l'avons
sommé d'insérernos explications; il s'est
exécuté, sans que nous eussions besoin
d'appeler l'huissier.
Mais le lendemain, avec une mauvaise
foi insigne, il a continué de prétendre
que nous n'osions avouer l'origine de cet
argent.
Je prie maintenant M. Veuillot de
s'expliquer nettement. Entend-il dire
que nous avons reçu de l'argent de la
préfecture de police; des princes d'Or-
léans ou bien du jeune roi d'Espagne ?
Je sais bien ce que j'aurais dû faire
aussitôt que M. Veuillot a avancé ces
allégations. Quand la Banque de France
ou le Crédit foncier publient un rapport
sur leurs opérations si un journal venait
à contester un seul article de leur rap-
port, il serait immédiatement poursuivi
par ces Sociétés.
Je n'ai pas voulu de procès, parce que
mon avis a toujours été que le Figaro
doit avoir bec et ongles pour se défendre
et se passer des juges. >.
Mais il n'y a pas de discussion possible
à l'Univers. Le procédé de M. Veuillot
consiste à ne jamais répondre à ce qu'on
lui dit et à toujours parlerd'autre chose.
Je veux bien satisfaire encore une fois
la curiosité de M. L. Veuillot sur mes re-
cettes diverses, bien qu'il n'y ait aucun
droit. Qu'il vienne ou qu'il envoie un
expert dans nos bureaux, on lui mon-
trera nos livres, on lui fera vérifier nos
écritures et examiner notre comptabilité.
Mais si M. Veuillot persiste dans ses
perfides insinuations, je remplirai mon
devoir vis-à-vis de mes actionnaires et
quoiqu'il m'en coûte beaucoup, et à
mon grand regret,-c'est à la justice que
je m'adresserai.
H. de Villemessant.
P. S. Cet article était déjà composé
quand on me remet très tard, comme
d'habitude, l'Univers d'hier soir.
M. Veuillot dénonce le Figaro à M. le
Préfet de police, à M. le Procureur de la
République et au Ministre de la justice.
Pourquoi cettehonteuseîdéiatiori?A cause
de nos petites annonces du dimanche.
Quand la discussion en arrive à ces
extrémités, ce n'est plus que de la rage.
On a le droit de se défendre contre elle,
mais on n'y répond pas.
w Échos de Paris
Le prince de Hohenlohe, qui s'était
rendu à Berlin pour les fêtes de 'l'anni-
versaire de l'empereur, a dù arriver
hier soir à l'ambassade d'Allemagne.
Dimanche soir, M. H. Marinoni, l'in-
venteur des machines à tirage rapide,
sur lesquelles s'imprime le Figaro, réunis-
sait les trois cent cinquante ouvriers de
ses établissements dans une superbe fête
de famille. Il voulait les remercier de la
croix en diamants qu'ils lui ont offerte à
son retour à Paris.
Le repas, servi dans le restaurant po-
pulaire de l'ancienne barrière du Maine,
rehaussé pour la circonstance d'une
très belle décoration, a été admirable-
ment ordonné. Au dessert on a beau-
coup toasté. L'ancien patron de Mari-
noni;M.Gaveaux,a fait, en termes émus,
un eloge mérité de son habile élève.
Tous deux se sont embrasses. C'était une
scène très touchante, qui a excité au
plus haut point l'enthousiasme des ou-
vriers.
Après le dîner, il y a eu bal, et après
le bal, on a soupe. La fête a été com-
plète, et ceux qui y ont assisté en garde-
ront un excellent souvenir. On n'a pas
parlé politique, mais on s'est beaucoup
amuse.
Nous avons parlé ces jours derniers
du duel d'Achard et de Fiorentino.
Par une étrange singularité on re-
trouve dans la Cape et l'Epée, le dernier
roman d'Amédée Achard que vient de
publier Michel Lévy, le récit même de ce
duel, à ceci près que c'est l'homme au
jeune napolitain qui a le poumon tra-
versé- j -̃̃̃̃̃ ,̃̃̃-
Voici quelques lignes de la scène
Briquetaille souffla comme un dogue, et,
jetant son feutre au loin, tomba en garde.
Le duel commença âpre, dur, silencieux,
les pieds rivés au sol, les yeux dans les yeux.
Les deux adversaires se tâtaient l'un l'autre,
la pointe au corps, ne donnant rien au ha-
sard.
Hugues faisait voir qu'il avait de l'école, et,
sous une apparence plus frôle, un poignet qui
ne le cédait pas en vigueur à celui de l'aven-
turier. Briquetaille, étonné, passa sa main sur
son front et s'échauffa, mais sans rien perdre
de sa prudence. Tout à coup on le vit se cou-
cher, s'aplatir en quelque sorte, allonger le
bras et ne plus presenter à l'épée qui le me-
naçait qu'une surface étroite et courte, abrité
encore par la distance.
Ah le jeu napolitain fit Hugues qui
sourit.
Comme on le voit, c'est juste le coup
que Fiorentino porta à Amédée Achard.
Nous recevons et nous donnons sous
toutes réserves les cinq lignes sui-
vantes
Un très grand personnage (d'Espagne), que
tout le monde croit mort et enterre depuis
déjà cinq ans, est bel et bien vivant, et cau-
sera bientôt de l'étonnement au monde.
Impossible d'en dire davantage pour le
moment. • •
M. Louis Devedeux, un des meilleurs
élèves de Delaroche et'de Decamps, un
orientaliste distingué, dont les tableaux
étaient remarqués chaque année au
Salon, est mort l'an passé dans la pleine
maturité de son talent.
Il avait su conquérir un bon rang
dans le groupe des coloristes, en inter-
prétant, selon son tempérament de
peintre, cette nature idéale joyeuse,
luxuriante, pleine de houris, de lumière
et de volupté.
Lepublicpourra sefaire unejuste idéede
l'originalité de cet artiste^ en visitant
la galerie composée de cent cinquante
de ces tableaux exposés à l'hôtel Drouot
pour être vendus les 2 et 3 avril pro-
chain.
On parlait devant un jeune homme de
vingt-cinq ans du choix d'une épitaplxe.
Elles sont toujours trop compli-
quées, dit-il; et voici, tout simplement,
ce que je veux que l'on mette sur ma
tombe
ALBERT DIDIER
.•- •̃/̃̃̃ 1850–1950
On a fait bien des mots d'ivrogne.
On nous en raconte un qui est bien le
plus joli qu'on puisse jamais éditer.
Quelle belle nuit j'ai passée, dit un
pochard»;- j'ai rêvé que j'étais enton-
noir 1
Dans le faubourg Montmartre.
Il est midi, on voit descendre vers le
boulevard un fiacre dont les chevaux
vont à droite, à gauche, comme s'ils
étaient livrés à eux-mêmes. Aussi le
fiacre accroche-t-il toutes les autres
voitures, renvoyé par les chocs comme
une toupie hollandaise.
Un sergent de ville met fin à cette
descente incorrecte; il arrête les che-
vaux, et, hélant le cocher
Ah ça vous êtes donc gris ? R
Gris pour deux verres de vin
que.
Assez! interrompt le sergent de.
ville. Puis s'adressant à un individu as-
sis à côté du cocher Qu'est-ce que vous
faites-là, vous?
̃ J'apprends à conduire l
LE MASQUE DE FER.
« –i.
CHOSES DU JOUR
Les obsèques d'Edgar Quinet
Bien que le défunt ait une valeur mo-
rale et politique bien supérieure à celle
de Ledru-Rollin, le convoi d'hier a réuni
beaucoup moins de monde que celui de
l'autre jour. Cela tient à des causes di-
verses. Comme l'a dit à peu près M. Gam-
betta dans son discours, Edgar Quinet
n'était pas orateur du tout, et très peu
journaliste il faisait des livres. Or les
^écrivains démocrates ayant l'habitude
de vendre leurs livres très cher, le peuple
ne les connaît pas. Il se contente de voter
pour eux à l'occasion, et de suivre leurs
convois quand les journaux annoncent
qu'ils sont civils et obligatoires.
Mais ce peuple intelligent avait hier,
à la même heure, une autre attraction
le convoi de Mélingue Non-seulement
le grand acteur était plus connu que
Quinet, mais son enterrement avait lieu
au Père-Lachaise, c'est-à-dire tout près
de la foire au pain d'épice, tandis que
l'autre se faisait au cimetière de Mont-
parnasse.
Aussi, en comptant généreusement, on
ne peut accorder que vingt mille assis-
tants à la manifestation politique d'hier
le tiers au plus de ce que comportait
celle d'il y a trois mois.
Les organisateurs avaient pourtant
bien préparé leur terrain. La place du
Roi-de-Rome est un magnifique amphi-
théâtre, et cette foule, massée sur les
gradins en attendant le char, était cu-
rieuse à voir. Tout en haut, on signait
des listes. En bas, on se montrait les cé-
lébrités. La plus imposante était le ci-
toyen Floquet, entouré d'un groupe de
conseillers municipaux. Une troupe d'é-
tudiants moldo-valaques s'agitait beau-
coup et paraissait fort gaie. Je me de-
mande en quoi cette réunion démocra-
tique intéressait ces jeunes gens cuivrés
et je doute que ce soit pour manifester
ainsi, que leurs familles nous les en-
voient.
»*# •
Transporté en fourgon de Versailles à
Paris, le corps de Quinet a été reçu à la
poçte du Point-du-Jour par un certain
nombre de personnes et placé dans le
char funèbre. MM. Brisson et Emma.
nuel Arago prirent les cordons du poële.
Les voitures de deuil, venues de Vér.
sailles, suivaient à quelque distance:
Elles contenaient Mme Quinet et MM. de
Mahy, Henri Valentin, Férouillat, Mil-
laud et quelques autres députés, amis de
Quinet.
En même temps que ce cortége s'a-
vançait du côté de Passy, un certain
nombre de personnes arrivaient du côté
de Paris, escortant la voiture de MM.
Victor Hugo et Vacquerie. Il y eut un
instant de confusion. Le char funèbre
s'engagea sur le pont d'Iéna, entraînant
tout à sa suite à peine quelques brail-
lards tirent-ils entendre leur cri favori.
Le cortège, marchant assez vite, sui-
vit l'avenue de la Bourdonnaye, laté-
rale au Champ-de-Mars, puis l'avenue
Duquesne, le boulevard des Invalides,
l'avenue du Maine et le boulevard ex-
térieur.. Aux abords du cimetière, il y
avait foule. L'intériear était aussi forten-
combré. Les avenues sont étroites et
peu nombreuses, et bien avant l'entrée
du char funèbre, il y avait des individus
juchés sur les tombes. On dut faire exé-
cuter au cortége un certain détour pour
arriver sans accident au lieu de la sé-
pul-ture.
Le tombeau de famille est situé dans
l'allée ..de cyprès qui fait le fond du cime-
tière, à côté du monument de Raffet. A
peine le cortége est-il annoncé que des
hommes, par douzaines, grimpent dans
les arbres. On se croirait à un spectacle
forain. Les interpellations les plus gros-
sières se croisent:
Qué qu'c'est que ce vieux-là ?
C'est Victor Hugo.
Est-ce qu'il va faire des vers ?..
Ah j'm'en fiche pas mal pourvu
qu'on g. Vive la République!
I
II a raison le voyou de l'arbre. On g.
Vive la République à l'arrivée du corps.
Les députés, qui se sont fait reconnaîtra
des sergents de ville, se rangent autour
du caveau, sur le bord duquel on place
quelques gros bouquets. Il y a là MMw
Edmond Adam, Tolain, Greppo, Barodet,.
Langlois, Challemel-Lacour, Jutes Si.
mon, Eugène Pelletan Ta ile Delordj
Germain Casse, et quelques autres. Un
député s'écrie « Soyez attentifs et res*
pectueux. » M. Victor Hugo remercie du
geste et commence son discours.,
Je ne sais pas quel effet produira ce
morceau à la lecture. Mais il m'a paru
n'être qu'une série de lieux communs
comme « II était bon parce qu'il était
» juste. La tombe est sévère, elle
» nous prend ceux que nous aimons.
» Disons à ceux qui nient l'avenir, que
» le passé a été vaincu. -.Les révolu-
» tions sont faites par les hommes jus-
» tes sous la conduite de Dieu » et
autres balivernes. Il termine par ceci
que je garantis textuel « La mort t'a
» délivre. Devant ta tombe nous affir-
» mons cette autre délivrance, la révo-
» lution! car la révolution, c'est la li»
» berté! 1 » 3
Ces niaiseries sont débitées d'une
voix pâteuse qui en diminue encore'
l'effet. On crie « Vive Victor Hugo! »•
d'autant mieux qu'on n'a pas entendu.
Moi qui touchais presque le grand'
homme, je ne pouvais saisir que des-
lambeaux de phrasesl
MM. Brisson et Laboulaye prennent
ensuite la parole. Le peuple qui n'entend
plus rien du tout croit que c'est toujours
M. VictorHugo qui parle, et il continue
de l'acclamer. Il n'y a que M. Gambatta
qui parvienne à se faire comprendre.
̃ '•̃:̃. ̃ **#
L'orateur, tout en déclarant que c'est
sur la demande expresse de Mme Quinet
qu'il parle, expose tout un programme
politique, base sur l'union de la bour-
geoisie et du prolétariat. Il fait aussi
Péloge de Ledru-Rollin, qu'il n'a pu pro-
noncer sur sa tombe. Les gens qui sont
dans les branches, et qui feraient si
bien dessous, applaudissent à ce ian-
gage. M. Gambetta a un succès complet.
Un passage sur les journaux qui exploi-
tent les dissentiments et propagent les
fausses nouvelles a fait fureur. Il a ter-
miné par ces mots « La démocratie doit
prendre Quinet pour exemple et dire
comme lui Tout par la République,
pour la patrie! »
Ce discours terminera foule se retire,
exécutant sur les tombes, des exercices
de gymnastique très-variés, tandis que
la jeunese des écoles fait une ovation
aux deux principaux orateurs.
Alfred d'Aunay.
t »
L'entrevue de l'empereur d'Autriche
et du roi d'Italie qui va avoir lieu à Ve-
nise est un événement d'une grande im-
portance diplomatique, sur lequel'nous
avons tenu naturellement à renseigner
nos lecteurs. Un de nos collaborateurs,
en mesure de tout voir et de tout sa-
voir, est parti pour Venise et nous en-
verra le compte rendu de l'entrevue des
souverains.
4
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
•™ Auxerre, 29 mars. Le second tour
de scrutin pour la nomination d'un conseiller,
général représentant le canton de Quarré-les«
Tombes a eu lieu hier. En voici le résultat
M. ~oudaille 1035 (élu)
M. Tripier 748
M. Petitier-Chomaille, le candidat radical,
s'était retiré de la lutte au dernier moment.
™ CAMBRAI, 29 mars. S. E. le cardi-
nal archevêque de Cambrai doit partir le
3 avril prochain pour Lille, où il doit séjour-
ner un mois, et visiter les églises, congre-
gations et établissements religieux de l'arron-
dissement.
VALENCIENNES, 29 mars. Le nommé
Jouglet, âgé de 75 ans, garde barrière à Hé-
rin (ligne d'Anzin à Somain), a été trouvé
mort à dix mètres environ de la barrière. Le
corps était en travers sur la voie, la jambe
droite était coupée et une large blessure fen-
dait le front. On suppose que le malheureuï
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