Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-03-28
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mars 1875 28 mars 1875
Description : 1875/03/28 (Numéro 87). 1875/03/28 (Numéro 87).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2755382
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Dimanche 28 Mars 1875
22' Année 3e Série Numéro 87
j'aris, un Numéro 20 cent. Gares et Départements: 2fi cent.
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur én chef
r FBANWslÎAGNfiRD
Secrétaire de la Rédactioîl
RÉDACTION
De midi à minuit; rue Drouot, 26
-les manuscrits ne sont pas rendus
./•X\ BUREAUX
£8, Rue Drovtot, 26 ̃
Eaface duDéjôt de Porcelaines et Faïences anglaises,
il. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
` A.GMBERT
Contrôleur général chargé de la surveillance
ABONNEMENTS
Départements: 3 mois t8fr.
Paris 3 mois tsfr.
départements et Gares 20 centimes..
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SONT BECHES CHEZ MAT. DoiXINGEN FILS ET Cie
Passage des Princes, et à l'Administration.
/<^1>I>X «Loué par ceux-ci; blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants ,je me hâte
/*?- de rire de tout. de peur d'être #^é d^11 P^eurer« B Beaumarchais.)
Nos Ateliers étant fermés à l'occasion des
fêtes de PAQUES, le FIGARO ne paraîtra
pas demain.
SOMMAIRE
M. Gambeita Ignotus. •>
ÉCHOS DE Paris Le Masque de Fer.
Edgar QUINET Francis Magnard.
Téijéguammes ET CORRESPONDANCES Aug. Marcade.
Les funérailles du comte de Jarnac.- Assas-
sinats en Angleterre. La cavalcade à Alger.
PARIS au JOUR LE JOUR F. M.
Informations Gaston Vassy. Obsèques d'Amédée
Achard.
Gazette DES Tribunaux Fernand de Rodays.
Cour de cassation M. le vicomte Parat de Clacy
et la commune de Laniscourt. Tribunal cor-
rectionnel de Rouen Le pèlerinage de Notre-
Dame-du-Pardon.
CHRONIQUE MUSICALE Benedict. -Concert du Châ-
telet Festival du vendredi saint. Ouverture
A'Athalie. Marche funèbre de Mozart. Le
Samson de M. Camille Saint-Saëns. Jésus sur
le lac de Tibériade de M. Charles GounoctB– Finale
de la Symphonie avec chœurs.
AnBs-DRAMATiQt;Es Gustave Lafargue. Reprise
de la Belle Bourbonnaise, opéra-comique en trois
actes, de MM. Dubreuil et Chabrillat, musique
de M. Cœdès.
La SOIRÉE Théâtrale Un Monsieur de l'orchestre.
COURRIER DES Théâtres Jules Prével. Une
lettre inédite de Desclée.
Fbuilleton Edmond Arnous-Rivière. Une
Méprise du cœur.
M. GAM BETTA
En fermant les yeux, je revois dans le
passé ceci C'était à la sixième Chambre
correctionnelle. M. Vivien, un homme
doux et poli présidait. Ces présidents,
surtout quand la politique leur ressortis-
sait ont une notable action sur la vie
publique et privée du pays. Ils disent
aux hommes et aux choses le mot de la
fin. Mais ce jour-là, par extraordinaire,
la sixième Chambre fut un prologue,
peut-être le prologue de la Révolution
contemporaine. M. Vivien avait des che-
:veux blancs et courts. Il louchait un peu.
C'était un magistrat je ne sais s'il vit
encore très intelligent et très calme.
S'il avait été dur, il ôtait la parole à M.
Gambetta, qui, aujourd'hui, plaiderait
peut-être pour quarante francs dfes pro-
cès de portière. Il a été doux, et Gam-
betta est.
Quand son tour de parler arriva, M.
Gambetta se mit à la barre de droite.
Chacun savait que cet inconnu allait dire
quelque chose, de nouveau. Cependant
sa renommée n'avait presque point dé-
• passé les frontières de la bohème. Je vois
sa robe immense. Il l'avait choisie au
vestiaire commun, au prix de 0,50, la
plus large possible, pour avoir un geste
plus ample. Ses longs cheveux noirs, qui
ne grisonnaient pas comme aujourd'hui,
flottaient en desordre sur ses larges
épaules. On devinait qu'aucune main de
coiffeur, ou même de femme, n'avait
passé chez eux, le matin. Son cou puis-
sant sortait d'un col débraillé, II rejetait
la tête en arrière. On ne voyait pas son
œil mort, maissonprofil dessiné à grandes
lignes. parla. On eût dit tout d'abord
un roulement de tonnerre dans le Midi.
Mais cet accent méridional n'éte't pas
insupportable. Il soulignait plutôt la
phrase et retenait l'attention. M. Laurier,
un orateur plus mordant, s'était mis à
côté de M. Gacib; t,(;i, car M. Gambetta
était la trouvaille >:y M. Laurier. Aujour-
d'hui, M. Marcou reproche sans doute
M. Laurier à M. Gambetta. Un jour, peut-
être, nous aurons cette fortune de faire
rire l'histoire qui, jusqu'à ce moment,
n'a jamais ri.
̃ ̃ ̃•̃
En France, je le sais,' et en Chine, je
le présume, tout cœur humain est un
révolté inconscient. Si le gouvernement
apaise, d'accord avec les gendarmesj le
gouverné ne sera pas fâche de voir dans
la rue un gendarme tomber de cheval.
Au contraire, si le gouvernement excite
la révolte ça s'est vu il y a uneten-
dance marquée à serrer la main des ser-
gents de ville. Or, sous l'Empire, il vint
un moment où tout le monde, hormis
les sénateurs, conspirait contre la quié-
tude officielle imposée. M. Gambetta ve-
nait bien. En politique, il ne faut point
venir dix minutes avant ou après, mais
à heure dite comme le canon du Palais-
Royal.
Vous redire ce qu'a "dit M. Gambetta
me serait impossible. Il me reste l'im-
pression d'une juvénile véhémence, trop
verbeuse, mais sonore et comme endia-
bléepar une passion vraie. Le président
menaça de lui retirer la parole et n'en
fit rien. C'était écriU M. Gambetta avait
frappé sur le timbre. En ce temps, une
vitre en se cassant produisait le bruit
d'un coup de tonnerre. Quand il fut des-
cendu dans la cour de la Sainte-Chapelle,
on l'entoura. Des gens qui ne l'avoue-
raient pas aujourd'hui lui serrèrent la
main. Il n'avait pas l'air étonné. On eût
dit qu'une tireuse de cartes lui avait
prédit ça. Il sortit fièrement, ayant cons-
cience d'avoir dit quelque chose à la
France. Quoi? Il ne s'en souvient pas
plus que nous. Il prit un coupé de re-
mise. C'était peut-être son premier.
#*#
Quand M. Gambetta fut à l'Assemblée,
il eut un grand succès de curiosité. Mais,
à dire vrai, il n'eut que cela. On alla
tout d'abord le voir, comme on va voir
les dompteurs, espérant qu'il serait
mangé. Mais il ne mangea même per-
sonne. L'Empire tomba. Quelques se-
maines après, M. Gambetta montait en
ballon. Sic itur ad astra, lui télégraphiait
plus tard un de ses préfets. Mais le ciel
ne le g^ardapas et il tomba en province.
C'est la que je le revis, à Tours dans un
grand monument qui servait de collège
avant la guerre, et où il y avait des ar-
cades. Il faisait minuit. M. Gambetta
avait soupé; moi pas. J'ai attendu une
heure dans son antichambre, et pour
avoir cette faveur d'attendre, il avait
fallu faire la cour à M. Naquet, que vous
connaissez. Il m'avait fait attendre aussi,
lui, parce qu'il présidait un conseil-de
révision, vous maj^i^J^enez jamais
douté. En ce tempvoiL&idt aussi sou-
vent nu que dan£ Nâmouna de Musset.
M. Naquet demeurait en face, dans une
petite rue; maison neuve. Nous a-t-on
fait aller et virer Pauvre France Pau-
vre amie! fallait-il t'aimer. Enfin un
petit moblot me conduisit à un grand
huissier qui me mena à M. Gambetta.
Il était assis dans un grand fauteuil
vis-à-vis d'un grand feu et avait les deux
pieds sur une table. Il me reçut bien.
Puis il se leva et fit « Je pars demain
pour l'armée de la Loire je vous donne
rendez-vous à Berlin. Vous vous ima-
ginez bien que je ne suis pas allé au
rendez-vous. Je m'étais ce jour-là rap-
pelé le dicton de Normandie mauvais
signe quand on rencontre un borgne ou
un bossu » et j'avais rencontré les deux.
Je le saluai respectueusement. En défi-
nitive, si M. Gambetta avait des amours
parfois sinistres, il avait aussi la haine
sainte et patriotique que nous avions et
dont nous pouvons parler à peine au-
jourd'hui. Mais à bon entendeur, salut i
Je le revis, le lendemain, à la gare.
Un gros et cossu paletot d'Anglais en
voyage. De l'astracan, en veux-tu; de la
martre, en voilà. Mais le chapeau de no-
tre czar rappelait encore sa vie de
bohème. Il fit attendre le train, cette
chose qui n'attend que les têtes couron-
nées. Un de ses secrétaires portait son
portefeuille, un autre sa serviette. Son
valet de chambre tenait une couverture
et un nécessaire de voyage. Une femme
perça les rangs et lui donna un placet.
Il monta dans le wagon. On cria « Vive
la République » Il me semblait qu'il
était surtout question de la vie de la
France mais passons. Il salua son peu-
ple. Je connais des gens qui sont deve-
nus fous en sautant trop haut et en se
heurtant la tête contre un plafond. Lui a
gagné plutôt à ce saut un certain bon
sens, comme nous l'allons voir.
Il est inutile de vous rappeler qu'en ce
moment nos soldats n'avaient pas de
souliers. Encore s'ils avaient eu des sa-
bots, comme le bataillon de la Moselle!
Et notre magnifique flotte, mal dirigée,
faisait des ronds sur l'eau. Quelle iné-
narrable comédie au fond de ce drame
sans pareil Tous ceux qui avaient bu
une chope ou un soda avec le Gambetta
du quartier latin étaient préfets. Aussi
pour, quelques hommes .de valeur com-
bien d'éhontés. Un jour, m'a-t-on ra-
conté, le père d'un des amis de M. Gam-
betta alla Je trouver. Le sultan l'invita à
souper. Après le potage, il lui dit: « Je
n'ai qu'une petite sous-préfecture dans
le midi à vous donner. » Après le rôti:
« Bah vous serez, sous-préfet dfl Toulon.)
•– Au dessert « Tu seras préfet. »
#jt:
Aujourd'hui M. Gambetta roule plutôt
qu'il ne marche. Il a grossi. Ses cheveux
ont grisonné. Son estomac rebombé
marche devant lui. Il a toujours son cha-
peau peu frais, qui seul est resté le
même au milieu de tant d'aventures. Il
dit l'origine et la chute, on croirait voir
un ancien député du ventre dans la
Chambre introuvable. Il demeure dans
les quartiers aristocratiques, non loin de
l'Elysée. Il ne sort jamais sans être ac-
compagné de deux clients, comme un
consul romain. Dans la rue, les passants
se détournent. Quand on salue, il ré-
pond plus fièrement qu'une reine, car il
ne sourit pas.
Il pouvait être seulement le leader de
son parti il a voulu en être aussi le di-
recteur. Il a réussi. Grâce à son jour-
nal, bien écrit, dogmatique et doctri-
naire, il a rendu grave l'opposition de
ses adversaires, et inutile certaine ré-,
volte de ses amis. M. Gambetta aura eu
trois manières dans lesquelles il aura
excellé: républicain-boheme César dé-
mocratique et chef d'un grand parti. Il
a sur les siens le prestige que laisse tou-
jours le pouvoir, et contre eux, s'ils re-
gimbent, la menace de son journal et le
poids de sa popularité persistante. Pres-
que tous ces hommes. ont eu besoin de
lui en 1870 et en ont besoin en 1875.
Seuls MM. Madier de Môntjau, ce Bel-
castel démocratique Grévy, cette puis-
sante figure stoïque; Louis Blanc, ce
théoricien implacable de l'ancienne
école, et quelques' enfants perdus de la
Révolution- résistent à cette puissance
d'un seul homme sur tout un parti. Les
sectaires les plus âpres, ses supérieurs
par certains côtés, MM. Challemel-La-
cour et Ranc, ont été et sont ses notes
aiguës. La Révolution démocratique
qu'elle le veuille ou non, est dans ses
mains, comme nous autres de province
l'avons été.
Un jour, on reprochait au comte de
Cavour de n'avoir point fait fusiller Maz-
zini il répondit « Ce qui m'effrayait
dans la Révolution, c'est qu'elle était une
hydre à mille têtes; on ne savait où la
prendre. Mais, grâce à Mazzini, elle n'a
maintenant qu'une tête, et je sais où elle
est, ce qu'elle dit et fait. » Donc, grâce
à M Gambetta, le parti conservateur.
peut savoir ce que fait et veut la Révo-
lution. Je ne parle pas de la Ré-
volution communiste qui a été clouée
au plateau blanc de Satory; je parle de
la Révolution démocratique. Elle est
personnifiée aujourd'hui dans une poli-
tique prudente génoise. M. Gambetta
n'a qu'un œil mais il a l'autre dans le
dos.
#
Proudhon n'est malheureusement plus
là pour portraicturer ces révolutionnai-
res. Mais peut-être fallait-il leur montrer
qu'en dehors d'eux, il y a des gens polis
et qui font poliment le portrait d'un des
leurs. A l'Assemblée, il y a deux Gam-
betta un qui se tient comme le bohème
d'autrefois, qui, parfois, interrompt
bruyamment, se lève, s'agite, se démène
comme un vulgaire sicaire, et il y a le
Gambetta qui monte à la tribune. Cette
tribune qui inquiète, brûle ou affole tant
d'autres, elle apaise, refroidit et rassé-
rène M. Gambetta.
Il a toujours l'aspect un peu débraillé.
Plus que jamais son ventre l'y force
il a la tête rejetée en arrière. Sa verve
n'est point de Une race: ce n'esA point
M. Madier de Montjau peut se rassu-
rer une comtesse du faubourg^ Saint-
G5BWttMnvison--3ccentTest "toujours méri-
dional. Sa voix est plus grosse que forte.
Son pathétique sonne parfois faux. Ses
invectives grinçantes irritent plus qu'elles
ne terrassent. Parfois il semble s'oublier
dans certaine sonorité de langage et dans
un assez bizarre balancement de phrase.
Son ironie, cette arme des grands ora-
teurs, est nulle. On le dit de sang italien,
mais l'Italien rit puissamment, Pulci-
nella a parfois été aussi grand que l'Ali-
ghieri. M. Challemel-Lacour est, sur ce
point, le maître de M. Gambetta. Mais
cet homme est peut-être le premier im-
provisateur de l'Assemblée. Sa voix ré-
sonne parfois comme si elle sortait de
l'antique masque d'airain. Il atteint la
véhémence, et la tribune a, en deux ou
trois circonstances, rendu sous sa parole
ce son qui ne vibre que sous la touche
d'un grand orateur. D'autre part, il dit
seulement ce qu'il veut dire. On voit
deux êtres dans ce parleur, un homme
politique froid et un orateur chaud. Le
second est l'esclave soumis du premier.
Quand M. Gambetta descend de la tri-
bune, soyez certain que l'homme politi-
que n'a à regretter aucun des emporte-
ments prémédités du tribun. Voilà aussi
pourquoi la Révolution lui obéit. Il a fas-
ciné la tête de la Méduse et entortillé les
serpents!
̃ ̃• ̃ ̃ #*# ••̃ i. ,.•'
Je termine; mais tout portrait d'hom-
me politique doit être une idée définie.
On s'explique malaisément que cet
homme, qui a fait avec son œuvre tinter
les oreilles de la chrétienté, soit rede-
venu si calme. Il marche doucement,
sans bruit, mais droit devant lui comme
un somnambule. Lui dont l'haleine bru-
tale fit replier sur elles comme des sen-
sitives tant d'idées de liberté douce et
saine, il semble vouloir les ranimer sous
son soufile. Souple, il se plie à propos
devant les faits et les individus. Cnef pa-
tient de la Révolution impatiente, il di-
sait à son parti, quand M. Thiers et le
duc Pasquier l'attaquaient personnelle-
ment « Ne bougez pas; moi je n'ai pas
entendu » M. Gambetta, qui fouettait
la patrie comme l'autre tyran la mer,
quand la patrie ne lui obéissait pas,
obéit aujourd'hui à tout événement et à
tout homme qui montent. C'est que jadis
Tragediant3 et aujourd'hui Comediante.
Un jour vint où Danton voulut se faire
conservateur; mais trop tard. Et M. Gam-
betta sait ça. Dans chaque peuple, fut-il
le plus noble, il y a toujours un cochon
qui grogne les passions passent; les
appétits demeurent. Et M. Gambetta sait
ça. Le suffrage universel, qui a tant de
fions p.nt.p.s, a. r.ela. fin mauvais rjnft, grâce
à lui, trois voleurs ont plus raison que
deux gendarmes. M. Gambetta sait ça.
Et j'espère qu'on ,connaît enfin un
homme qui sait tant de choses.
L'autre matin, il donnait le menu du
jour politique à un des rédacteurs de son
journal. Il était dans son cabinet en robe
de chambre. Il pérorait, et bien. Le jour-
naliste s'écria « C'est admirable! Pour-
quoi ne dites-vous pas cela au public?
Mais vous ne me comprenez pas, mon
cher, je vous indique précisément ce
qu'il ne faut pas dire. » Tout Gambetta
est là. Berryer, ce grand homme qu'en-
fant j'ai vu, et dont je me souviendrai
toujours comme du mont Blanc, que je
n'ai vu aussi qu'une fois, Berryer ecri-
vait à un de ses amis, qui occupe au-
jourd'hui une très haute position « La
France est une femme immortelle, mais
c'est une femme et qui peut être violée
comme toute femme honnête. Elle l'a
été par les révolutionnaires, et toute une
génération d'hommes est née du crime.» x
A ce compte-là, M. Gambetta serait un
des plus remarquables enfants du viol.
En définitive, c'est un de ces puissants
profils dont on aime à faire le portrait.
C'est quelqu'un. Mais, je le crois et l'es-
père, quelqu'un qui s'en va et non qui
vient. Et puis, la Révolution le mangera
peut-être.
On sait qu'elle a ces appétits mater-
nels. Danton et M. Gambetta se retrou-
veraient dans le même plat. Danton était
son modèle dès le café de Madrid. Disons
que Danton, ce géant il n'y a pas de
grands hommes dans le crime était
plus sanglant que sanguinaire; dix fois
plus grand que M. Gambetta, mais qui
monta moins haut. La révolution con-
temporaine n'est qu'une immense copie.
Il y a peut-être vingt ou trente mille de
mes lecteurs. qui invoqueraient avec moi,
assis sur les bancs de la nouvelle Mon-
tagne, non loin de l'ombre de Danton,
l'ombre de Robespierre. Ceci tuerait
cela.
Ignotus.
Échos de Paris
Encore des évasions y
Il paraîtrait que pendant une nuit de
tempête, le médecin Rastoul et plusieurs
autres condamnés de la Commune, étant
parvenus à se procurer une embarcation,
se sont évadés de l'Ile des Pins.
L'agence Havas annonce leur arrivée
à Melbourne au nombre de dix-neuf, sur
des embarcations construites par eux.
A bientôt de nouveaux détails.
MORT D'EDGAR QUINET
La démocratie et l'extrême gauche de
l'Assemblée viennent encore de perdre
un de leurs représentants les plus célè-
bres. M. Edgar Quinet est mort hier
matin, à cinq heures, à Versailles, des
suites d'une pleurésie.
Il est né le 17 février 1803, à Bourg,
dans l'Ain.
Quinet était une physionomie à part
au milieu de ses coreligionnaires de la
démocratie. Il restera comme écrivain
alors que le tribun sera depuis long-
temps oublié. En réalité, il ne fut ja-
mais un homme politique proprement
dit.
Il n'entra dans les assemblées qu'en
1848; jusque-là sa carrière publique,.
comme celle de beaucoup d'autres, s'était
*|xnée à professer au j^Usige dePrance,
à être décoré par le gouvernement, à
lui iaire de l'opposition et à voir son
cours suspendu avec accompagnement
de manifestations de la jeunesse des
écoles,
**#
La première éducation de Quinet lui
avait d'abord imprimé un caractère de
rêverie qui s'alliait difficilement à la dé-
magogie pratique. Son père, commis-
saire des guerres, l'avait emmené très
jeune en Allemagne. Il y resta même
après 1815, et étudia à l'Université d'Hei-
delberg, où il faut ajouter que comme
Français il eut des duels nombreux.
Cela ne l'empêchait pas de se plonger
dans la philosophie de Herder et autres
ijiéologuejs d'outre-Rhin.
Revenu en France, il fut nommé mem-
bre de la commission scientifique qui
accompagnait l'expédition de Morée. Là
il s'éprit de l'Orient qui convenait à son
mysticisme. C'est à la suite de ce voyage
qu'il publia son Ahasvérus, qu'il appelait
l'Histoire- du monde, de Dieu dans le
monde et enfin du Doute dans le monde.
Puis, toujours par amour pour la
Grèce, et pour Eschyle qu'il disait n'avoir
compris qu'à Athènes, il composa deux
poëmes, l'un sur Napoléon, l'autre sur
Prométhée, qu'il prétendait ne former
qu'un seul et même personnage.
**#
II resta admirateur de la légende na-
poléonnienne jusque vers 1849. Lorsqu'il
était colonel de la 11e légion dp la garde
nationale, il a fait des proclamations
qui sentaient d'une lieue leur Bonaparte
en Egypte. Mais entraîné par ses amis
de la Montagne, il se signala bientôt
parmi les plus violents et fut banni le 9
janvier 1852. Il se réfugia d'abord à
Bruxelles où il épousa une jeune veuve.
Moldave, fille du poète Asaki. Puis il ha-
bita Veytaux, en Suisse, et refusa obsti-
nément de revenir malgré les deux amnis-
ties.
M. Edgar Quinet était député de la
Seine; il habitait à Versailles, 67, bou-
levard dela Reine.
On nous assure que ses obsèques au-
ront lieu à Paris, demain.
Amédée Achard adorait la chasse.
Après avoir été un tireur excellent, il
avait perdu-dans ces dernières années,
la justesse- de coup de fusil qui le distin-
guait. Il avouait de bonne grâce sa ma-
ladresse.
Si cela continue, disait-il en janvier
dernier, les lapins m'élèveront un mo-
nument de gratitude 1
#*#
L'auteur de tant de charmantes nou-
velles, était comme on sait, de façons
exquises et d'une distinction rare. Il fut
jadis invité chez des bourgeois, à son
passage dans une ville- de province.
C'est singulier, lui dit son amphi-
tryon, je m'imaginais les gens de let-
tres d'allure plus libre.
Vous avez raison, répartit Achard
piqué au vif, mais croyez bien que j'au-
rais mis mes pieds sur la table si j'y avais
vu de la placel
:¡¡:f#:
Achard laisse en portefeuille plusieurs
pièces et deux romans. Il travaillait
tous les jours le matin de 8 à 11 heures,
et ces trois heures quotidiennes ont suffi
à l'enfantement de son œuvre qui est
considérable.
On nous adresse la lettre suivante
Vous parliez l'autre jour des aiguil-
leurs de nos chemins de fer. Pourquoi ne
s'occuperait-on pas aussi des chauffeurs?
Le chauffeur est l'aide du mécanicien. C'est
lui qui est chargé d'allumer la machine, de la
nettoyer, de la mettre en état. Il doit être à
son poste deux heures avant le moment du
départ, et au retour il doit, avant de s'en al-
ler, éteindre le feu, remiser la locomotive et
s'assurer qu'elle est en bon état. Pendant le
voyage, il doit entretenir le feu et seconder le
mecanicien. Il est obligé, alors que le train
est lancé à toute vapeur, d'aller à l'avant de
la machine, circulant sur un rebord large à
peine de dix centimètres, verser de l'huile dans
les cylindres. La manœuvre des freins lui est
confiée. Il est exposé à toutes les intempéries.
La neige, la grêle lui fouettent le visage. La
pluie le perce jusqu'aux os. La glace lui roi-
dit le corps au point qu'il n'est pas rare, lors-
que le train arrive en gare, que mécanicien
et chauffeur ne puissent descendre de la ma-
chine et qu'il faille les porter. Leur service
n'a pas de durée limitée. Ils peuvent parfois
rester dix-huit heures sans quitter leur poste
et à la fin du mois ils touchent 90 francs de
traitement, plus des frais de déplacement d'un
franc environ par chaque nuit qu'ils passent
hors de leur résidence.
Le métier est terrible, mais il est vrai-
semblable qu'on le considère comme
une sorte d'apprentissage de la profes-
sion de mécaniciens, et qu'il dépend de
ceux qui le subissent d'y faire un stage
plus ou moins long.
C'est égal, il est heureux pour un
chauffeur que l'idée ne lui vienne pas
d'offrir des diamants et un coupé à quel-
que demoiselle du corps de ballet.
Nous recevons quelquefois pour notre
numéro du dimanche et nous y insérons
des annonces assez curieuses, mais il
faut reconnaître que les journaux de pro-
vince nous distancent souvent de plu-
sieurs longueurs.
Nous lisons, par exemple, celle-ci.
Nous indiquerons le journal et la localité
si l'on nous en presse trop
Un jeune homme, médecin à F. républi-
cain quoique titré, et riche, ce qui lui permet
d'être généreux, désire épouser une jeune
pérsonno libro-penseuse, ayant au moins trois
^cent mille francs de dot, et consentant à ne
pas se- marier à l'église.
Etre obligée de donner trois cent mille
francs pour ne pas aller à l'église entre
.nous, c'est ub peu cher!
Il est des gens qui ne respectent rien.
C'est ainsi que je trouve dans le Pan-
théon de poche, un nouveau volume de
Pierre Véron, les deux lignes suivantes
qui, au premier abord, sembleraient
conçues dans un esprit hostile à M.
Louis Veuillot
VEUILLOT (Louis). Un Chicard qui
danse le cancan à genoux.
A Marseille, deux commissionnaires se
disputent en poussant des cris féroces et
en se lançant des regards furibonds.
J'en mangerais deux comme toi! l
Et moi quatre 1
-Et moi dix!
Et moi cent!
Cela dure sur ce ton pendant cinq mi-
nutes. Puis, sans la moindre transition,
ils se mettent à parler d'autre chose, de
l'air le plus affable et sur le ton de la plus
douce intimité.
Le mot de la fin nous arrive de Mo-
naco notre correspondant l'a entendu,
lundi soir, à Monaco, de ses deux
oreilles.
Deux petites dames étaient autour de
la table de roulette.
Mets donc sur le 27, dit la plus
âgée à sa compagne; il va sortir, je le
sens, je le vois; mais dépêche-toi donc 1
Je ne peux pas, répondit l'autre.
Il ne me reste plus que ma pièce qui
gagne toujours!
LE MASQUE DE FER.
EDGAR QUINET
L'homme politique qui vient de mou-
rir était de ces auteurs qu'on admire
de confiance- sans les avoir lus et dont t
la populace dit avec une componction
ba daude « Quinet! c'est un fameux »
ou « c'est un rude. »
Pourquoi rude? pourquoi fameux? Ga-
geons que parmi l'assistance qui suivra
son enterrement civil, il n'y aura pas
vingt chapeaux mous qui aient lu les
œuvres de Quinet.
Néanmoins, par un phénomène assez
fréquent chez le peuple le plus spirituel
de la terre, il a exercé une sorte d'in-
fluBuoo ot, dopuîo trente ans, son nom a
passé d'opposition en opposition, on l'a a
nommé député en 1871, parce qu'il était
représentant en 1848. On l'a nommé en
1848, à cause d'une mauvaise action, son
pamphlet contre les jésuites, et des « ta-
quineries du pouvoir ». C'est ainsi qu'on
appelait en 1846 la mesure de sûreté par
laquelle le gouvernement de Louis-Phi-
lippe avait suspendu les cours révolu-
tionnaires de Quinet et de Michelet.
Le premier savait peut-être plus que
l'autre, et certainement il avait des idées
plus lârgès,mais il.luimanquait ce charme,
cet élan du style qui rend certaines pa-
ges de Michelet si séduisantes malgré
leurs sophismes et leurs partis pris.
Au fond Edgar Quinet ne fut jamais
qu'un reflet de Michelet; on disait Mi-
chelet et Quinet. Personne ne s'avisait
de dire Quinet et Michelet.
Tous deux avaient-débuté par le mys-
ticisme et l'amour du moyen âge. Quel-
ques lettrés se rappelleront peut-être
l'étrange poëme en prose de M. Quinet
Ahasvérus. C'est une machine où l'on voit
le Munster de Strasbourg converser avec
le dôme de Milan, et les gargouilles des
châteaux-forts converser avec les sphinx
de la Thébaïde. Folie pure.
Depuis, M. Quinet, par son poëme de
Napoléon, avait contribué à restaurer la
légende bonapartiste, mais il avait donné
toute sa mesure dans ses efforts contre
le catholicisme. Il avait acquis sa popu-
larité comme ennemi particulier de Jé-
sus-Christ et du pape, et en ressuscitant
tous les vieux sarcasmes contre le «parti
prêtre. »
Au demeurant, honnête homme, d'une
régularité de mœurs exemplaire et d'une
grande dignité dans sa vie, mais obéis-
sant malgré lui à des principes exécra-
bles dont il a sans doute plus tard re-
gretté les résultats, avec l'étonnemeht
naïf du cygne qui aurait couvé des vau-
tours.
Vers la fin de l'Empire, M. Quinet,
frappé malgré tout des manies d'imita-
tion qui stérilisaient la démocratie fran-
çaise, essaya de réagir par un livre qui
doit être compté à sa mémoire et qui
fait honneur à son bon sens.
C'est sa Révolution, plaidoyer ardent et
convaincu contre les néo-jacobins. Tandis
que Michelet s'enfonçait dans la manie
révolutionnaire, Quinet écrivait quel-
ques pages remarquables où l'homme de
cœur et de raisonnement se dégageait
du sectaire.
Ne rappelons que son admirable ta-
bleau de la mort de Louis XVI et les
lignes qui le résument:
»Je pardonne-à me s ennemis lu Tous les
tambours de Santerre n'ont pu étouffer ces
paroles ni les empêcher de retentir dans la
postérité. Louis XVI, seul, a parlé de pardon,
du haut de cet échafaud où tous les autres
devaient apporter des pensées de vengeance et
de désespoir. Par là, il semble régner encore
sur ceux qui vont le suivre dans la mort avec
les passions et les fureurs de la terre. Lui seul
.parait en être détaché, déjà posséder le ciel,
quand les autres se disputent, jusque sous le
couteau, des lambeaux de partis déchirés
La conscience humaine sera toujours mal
à l'aise en face de Charles I01' ou de Louis XVI.
Selon le droit nouveau des révolutions, ils
ont pu être condamnés comme coupables de
lèse-rovolution. Mais on les avait laissés gran-
dir dans le sentiment d'un autre droit public,
où ils étaient responsables et infaillibles. C'est
la seule légalité dont ils eussent conscience.
Bu les faisant rentrer sous la coulpe com-
mune, on les frappe d'une loi qui leur est
étrangère. Aussi, fussent-ils les plus coupa-
bles des hommes, il reste une inquiétude
éternelle dans l'âme de la postérité, qui iœ$
*a dernier ressort la légitimité de l'échafaud.
Nous àvons le regret et le devoir d'a-
jouter que le sage qui avait écrit ces pa-
roles semblait s'être éclipsé depuis 1871.
M. Quinet n'a jamais, croyons-nous, parlé
a 1 assemblée, mais il y avait acquis,
comme M. Louis Blanc, une situation
d'avocat consultant de la démagogie qui
se traduisait par de longues effusions en
prose ennuyeuse et métaphysique sur
les vertus, les mérites et l'utilité du ra-
dicalisme.
Telles ont été les dernières émanations
d'un talent qui, aurait dû être mieux em-
ployé, et qui malgré les épines d'un style
obscur et difficile, valait a coup sûr cent
fois mieux que les idées et les hommes
qui vont exploiter cette tombe à peine
fermée, pour continuer leur œuvre de
mensonge et d'intolérance.
Francis Magnard.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Alger, 25 mars. La cavalcade au
profit des pauvres, organisée par les jeunes
gens de notre ville, a obtenu un magnifique e
succès; les quêtes se montent. à 30,000 fr.;
Mme Chanzy, femme du gouverneur général
et présidente de la Société des dames de cha-
rite, a adressé des remerciements à tous ceux
qui ont répondu avec tant d'empressement à
son appel en faveur des malheureux.
SAiNT-ETiENNE, 26 mars. Le nom.
mé Joubert, ex- capitaine de fédérés, qui avait'
été condamné par contumace à la déportation,
vient d'être arrêté ici sous l'inculpation de
vol. Il sera envoyé ê Paris afin de purger sa1
contumace devant un conseil de guerre.
1 Nctck, 27 mars. Le sieur Bbuffard,
ancien gérant du Comptoir d'escompte, ao
quitté en Cour d'assises, a été condamné par
le tribunal correctionnel de Compiègne à
deux années d'emprisonnement- pour détour»
nements.
-> Bayonne, 26 mars. Les troupeâ
carlistes se concentrent sur la frontière et
abandonnent, par suite de cette opération,
quelques-unes de leurs positions. L'opinion
publique est vivement préoccupée de ce mou*
vement.
•>«~» Barcelone, 26 mars, soir. Les
troupes du gouvernement sont entrées mer.
credi à Santa Colonna de Gueralt après avoir
emporté les positions redoutables occupées
par les carlistes commandés par Tristany.
L/cnnemi a éprouvé des pertes nombreuses.
Madrid, 27 mars.-Le roi et la com*
tesse Girgenti ont assisté aux cérémonies re«
ligieuses de la semaine sainte. La procession
a été splendide.
~»~< Londres, 27 mars. Les ouvriers
employés à l'agrandissement des chantiers de
Chatham sont arrivés, dans leurs travaux, à
l'endroit où avaient été ensevelis les corps des
prisonniers français morts pendant leur inter-
nement dans cette ville, lors des guerres du
premier Empire. Le ministère de la marine
a fait transporter ces restes dans un cime-
tière spécial, créé aux frais de la couronne
au milieu s'élève un immense obélisque en
marbre portant cette inscription Ici reposent
les dépouilles mortelles de soldats et de marins
courageux; ennemis, puis captifs de l'Angle-
terre, ils ont oublié dans l'eternel repos les
animosités guerrières et lès douleurs dé la cap-
tivité. S'ils n'ont pas eu la consolation de mou-
rir parmi leurs coniperiotes, ils ont trouvé
une sépulture honorable chez une nation qui
respecte le courage et sympathise avec le mal-
heur
• 27 mars. Les funérailles du comta
de Jarnac ont eu lieu aujourd'hui à, midi. Les
ministres, le corps diplomatique en grande
tenue, assistaient au service et ont suivi le
char funèbre jusqu'au cimetière de Bethnal-
Green.
La reine, le prince de Galles avaient en-
voyé leurs voitures.
̃~™ La duchesse douairière de Rovigo,
née de parents irlandais, vient de mourir
dans son château de Stamer Park.
27 mars. La folie du meurtre
devient de plus en plus fréquente en An-
gleterre. A Colchester, comté d'Essex, un
charretier tue son père et sa mère à coups de
tisonnier et cherche à massacrer quatre
jeunes enfants qu'on parvient à soustraire à
sa fureur. Arrêté avec beaucoup de peine, il
se calme et déclare avoir tué ses parents sur
l'ordre do Dieu. Un autre drame plus na-
vrant encore. Un employé de commerce, Fré-
déric Hunt, après avoir perdu ses économies,
égorge sa femme et empoisonne ses trois en-
fants. Ne ressentant rien du poison que lui-
même a pris, il se rend sur la voie du che-
min de fer et est arrêté par les employés, au
moment où il se. couchait sur les rails devant
le train qui arrivait. Emmené dans un état de
folie furieuse, on a dû lui mettre la camisole
dé force.
̃ Une grève de 10,000 ouvriers, appar-
tenant aux ardoisières de Festiniog, comté de
Galles, paraît imminente; les propriétaires re-
fusent de faire aux travailleurs des avances
sur leur salaire.
VIENNE, 26 mars. Le grand-duc
Ferdinand de Toscane et la grande-duchesse
Alice, venant de Sabzbourg, sont arrivés à
Vienne.
Le frère de S. M. l'impératrice, S. A. le
grand.duc Max-Emmanuel de Bavière, venant
de Munich, est à Vienne depuis deux jours.
Son Altesse a été reçue à la gare par M. le
feld-maréchal baron Mondef, adjudant gé-
néral de S. M. l'empereur.
ROME, 27 mars. Mgr Simeoni, le
nouveau nonce du Pape à Madrid partira pro-
bablement le 13 avril pour se rendre à son
poste. Mgr Simeoni recevra le 4 avril pro-
chain la consécration épiscopale.
Auguste Maroade.
PARIS AU JOUR LE JOUR
La Patrie a réuni sous la rubrique l'Es*
prit de M-. de Bismark quelques traits de
caractères, quelques repliques abruptes
quelques coups de boutoir du chancelier
de l'Empire. Ce n'estpas del'esprit comme'
nous l'entendons en France, cela ressem-
blerait plutôt à l'humour des Anglais
avec une pointe de franchise brutale.
On va en juger: C'était peu de temps
après l'annexion du Hanovre une dépu-
tation d'annexés vient le trouver pour
lui transmettre ses doléances.
Messieurs, répondit M. de Bismark, la
Prusse, c'est comme la flanelle, ennuyeuse à
22' Année 3e Série Numéro 87
j'aris, un Numéro 20 cent. Gares et Départements: 2fi cent.
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur én chef
r FBANWslÎAGNfiRD
Secrétaire de la Rédactioîl
RÉDACTION
De midi à minuit; rue Drouot, 26
-les manuscrits ne sont pas rendus
./•X\ BUREAUX
£8, Rue Drovtot, 26 ̃
Eaface duDéjôt de Porcelaines et Faïences anglaises,
il. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
` A.GMBERT
Contrôleur général chargé de la surveillance
ABONNEMENTS
Départements: 3 mois t8fr.
Paris 3 mois tsfr.
départements et Gares 20 centimes..
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SONT BECHES CHEZ MAT. DoiXINGEN FILS ET Cie
Passage des Princes, et à l'Administration.
/<^1>I>X «Loué par ceux-ci; blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants ,je me hâte
/*?- de rire de tout. de peur d'être #^é d^11 P^eurer« B Beaumarchais.)
Nos Ateliers étant fermés à l'occasion des
fêtes de PAQUES, le FIGARO ne paraîtra
pas demain.
SOMMAIRE
M. Gambeita Ignotus. •>
ÉCHOS DE Paris Le Masque de Fer.
Edgar QUINET Francis Magnard.
Téijéguammes ET CORRESPONDANCES Aug. Marcade.
Les funérailles du comte de Jarnac.- Assas-
sinats en Angleterre. La cavalcade à Alger.
PARIS au JOUR LE JOUR F. M.
Informations Gaston Vassy. Obsèques d'Amédée
Achard.
Gazette DES Tribunaux Fernand de Rodays.
Cour de cassation M. le vicomte Parat de Clacy
et la commune de Laniscourt. Tribunal cor-
rectionnel de Rouen Le pèlerinage de Notre-
Dame-du-Pardon.
CHRONIQUE MUSICALE Benedict. -Concert du Châ-
telet Festival du vendredi saint. Ouverture
A'Athalie. Marche funèbre de Mozart. Le
Samson de M. Camille Saint-Saëns. Jésus sur
le lac de Tibériade de M. Charles GounoctB– Finale
de la Symphonie avec chœurs.
AnBs-DRAMATiQt;Es Gustave Lafargue. Reprise
de la Belle Bourbonnaise, opéra-comique en trois
actes, de MM. Dubreuil et Chabrillat, musique
de M. Cœdès.
La SOIRÉE Théâtrale Un Monsieur de l'orchestre.
COURRIER DES Théâtres Jules Prével. Une
lettre inédite de Desclée.
Fbuilleton Edmond Arnous-Rivière. Une
Méprise du cœur.
M. GAM BETTA
En fermant les yeux, je revois dans le
passé ceci C'était à la sixième Chambre
correctionnelle. M. Vivien, un homme
doux et poli présidait. Ces présidents,
surtout quand la politique leur ressortis-
sait ont une notable action sur la vie
publique et privée du pays. Ils disent
aux hommes et aux choses le mot de la
fin. Mais ce jour-là, par extraordinaire,
la sixième Chambre fut un prologue,
peut-être le prologue de la Révolution
contemporaine. M. Vivien avait des che-
:veux blancs et courts. Il louchait un peu.
C'était un magistrat je ne sais s'il vit
encore très intelligent et très calme.
S'il avait été dur, il ôtait la parole à M.
Gambetta, qui, aujourd'hui, plaiderait
peut-être pour quarante francs dfes pro-
cès de portière. Il a été doux, et Gam-
betta est.
Quand son tour de parler arriva, M.
Gambetta se mit à la barre de droite.
Chacun savait que cet inconnu allait dire
quelque chose, de nouveau. Cependant
sa renommée n'avait presque point dé-
• passé les frontières de la bohème. Je vois
sa robe immense. Il l'avait choisie au
vestiaire commun, au prix de 0,50, la
plus large possible, pour avoir un geste
plus ample. Ses longs cheveux noirs, qui
ne grisonnaient pas comme aujourd'hui,
flottaient en desordre sur ses larges
épaules. On devinait qu'aucune main de
coiffeur, ou même de femme, n'avait
passé chez eux, le matin. Son cou puis-
sant sortait d'un col débraillé, II rejetait
la tête en arrière. On ne voyait pas son
œil mort, maissonprofil dessiné à grandes
lignes. parla. On eût dit tout d'abord
un roulement de tonnerre dans le Midi.
Mais cet accent méridional n'éte't pas
insupportable. Il soulignait plutôt la
phrase et retenait l'attention. M. Laurier,
un orateur plus mordant, s'était mis à
côté de M. Gacib; t,(;i, car M. Gambetta
était la trouvaille >:y M. Laurier. Aujour-
d'hui, M. Marcou reproche sans doute
M. Laurier à M. Gambetta. Un jour, peut-
être, nous aurons cette fortune de faire
rire l'histoire qui, jusqu'à ce moment,
n'a jamais ri.
̃ ̃ ̃•̃
En France, je le sais,' et en Chine, je
le présume, tout cœur humain est un
révolté inconscient. Si le gouvernement
apaise, d'accord avec les gendarmesj le
gouverné ne sera pas fâche de voir dans
la rue un gendarme tomber de cheval.
Au contraire, si le gouvernement excite
la révolte ça s'est vu il y a uneten-
dance marquée à serrer la main des ser-
gents de ville. Or, sous l'Empire, il vint
un moment où tout le monde, hormis
les sénateurs, conspirait contre la quié-
tude officielle imposée. M. Gambetta ve-
nait bien. En politique, il ne faut point
venir dix minutes avant ou après, mais
à heure dite comme le canon du Palais-
Royal.
Vous redire ce qu'a "dit M. Gambetta
me serait impossible. Il me reste l'im-
pression d'une juvénile véhémence, trop
verbeuse, mais sonore et comme endia-
bléepar une passion vraie. Le président
menaça de lui retirer la parole et n'en
fit rien. C'était écriU M. Gambetta avait
frappé sur le timbre. En ce temps, une
vitre en se cassant produisait le bruit
d'un coup de tonnerre. Quand il fut des-
cendu dans la cour de la Sainte-Chapelle,
on l'entoura. Des gens qui ne l'avoue-
raient pas aujourd'hui lui serrèrent la
main. Il n'avait pas l'air étonné. On eût
dit qu'une tireuse de cartes lui avait
prédit ça. Il sortit fièrement, ayant cons-
cience d'avoir dit quelque chose à la
France. Quoi? Il ne s'en souvient pas
plus que nous. Il prit un coupé de re-
mise. C'était peut-être son premier.
#*#
Quand M. Gambetta fut à l'Assemblée,
il eut un grand succès de curiosité. Mais,
à dire vrai, il n'eut que cela. On alla
tout d'abord le voir, comme on va voir
les dompteurs, espérant qu'il serait
mangé. Mais il ne mangea même per-
sonne. L'Empire tomba. Quelques se-
maines après, M. Gambetta montait en
ballon. Sic itur ad astra, lui télégraphiait
plus tard un de ses préfets. Mais le ciel
ne le g^ardapas et il tomba en province.
C'est la que je le revis, à Tours dans un
grand monument qui servait de collège
avant la guerre, et où il y avait des ar-
cades. Il faisait minuit. M. Gambetta
avait soupé; moi pas. J'ai attendu une
heure dans son antichambre, et pour
avoir cette faveur d'attendre, il avait
fallu faire la cour à M. Naquet, que vous
connaissez. Il m'avait fait attendre aussi,
lui, parce qu'il présidait un conseil-de
révision, vous maj^i^J^enez jamais
douté. En ce tempvoiL&idt aussi sou-
vent nu que dan£ Nâmouna de Musset.
M. Naquet demeurait en face, dans une
petite rue; maison neuve. Nous a-t-on
fait aller et virer Pauvre France Pau-
vre amie! fallait-il t'aimer. Enfin un
petit moblot me conduisit à un grand
huissier qui me mena à M. Gambetta.
Il était assis dans un grand fauteuil
vis-à-vis d'un grand feu et avait les deux
pieds sur une table. Il me reçut bien.
Puis il se leva et fit « Je pars demain
pour l'armée de la Loire je vous donne
rendez-vous à Berlin. Vous vous ima-
ginez bien que je ne suis pas allé au
rendez-vous. Je m'étais ce jour-là rap-
pelé le dicton de Normandie mauvais
signe quand on rencontre un borgne ou
un bossu » et j'avais rencontré les deux.
Je le saluai respectueusement. En défi-
nitive, si M. Gambetta avait des amours
parfois sinistres, il avait aussi la haine
sainte et patriotique que nous avions et
dont nous pouvons parler à peine au-
jourd'hui. Mais à bon entendeur, salut i
Je le revis, le lendemain, à la gare.
Un gros et cossu paletot d'Anglais en
voyage. De l'astracan, en veux-tu; de la
martre, en voilà. Mais le chapeau de no-
tre czar rappelait encore sa vie de
bohème. Il fit attendre le train, cette
chose qui n'attend que les têtes couron-
nées. Un de ses secrétaires portait son
portefeuille, un autre sa serviette. Son
valet de chambre tenait une couverture
et un nécessaire de voyage. Une femme
perça les rangs et lui donna un placet.
Il monta dans le wagon. On cria « Vive
la République » Il me semblait qu'il
était surtout question de la vie de la
France mais passons. Il salua son peu-
ple. Je connais des gens qui sont deve-
nus fous en sautant trop haut et en se
heurtant la tête contre un plafond. Lui a
gagné plutôt à ce saut un certain bon
sens, comme nous l'allons voir.
Il est inutile de vous rappeler qu'en ce
moment nos soldats n'avaient pas de
souliers. Encore s'ils avaient eu des sa-
bots, comme le bataillon de la Moselle!
Et notre magnifique flotte, mal dirigée,
faisait des ronds sur l'eau. Quelle iné-
narrable comédie au fond de ce drame
sans pareil Tous ceux qui avaient bu
une chope ou un soda avec le Gambetta
du quartier latin étaient préfets. Aussi
pour, quelques hommes .de valeur com-
bien d'éhontés. Un jour, m'a-t-on ra-
conté, le père d'un des amis de M. Gam-
betta alla Je trouver. Le sultan l'invita à
souper. Après le potage, il lui dit: « Je
n'ai qu'une petite sous-préfecture dans
le midi à vous donner. » Après le rôti:
« Bah vous serez, sous-préfet dfl Toulon.)
•– Au dessert « Tu seras préfet. »
#jt:
Aujourd'hui M. Gambetta roule plutôt
qu'il ne marche. Il a grossi. Ses cheveux
ont grisonné. Son estomac rebombé
marche devant lui. Il a toujours son cha-
peau peu frais, qui seul est resté le
même au milieu de tant d'aventures. Il
dit l'origine et la chute, on croirait voir
un ancien député du ventre dans la
Chambre introuvable. Il demeure dans
les quartiers aristocratiques, non loin de
l'Elysée. Il ne sort jamais sans être ac-
compagné de deux clients, comme un
consul romain. Dans la rue, les passants
se détournent. Quand on salue, il ré-
pond plus fièrement qu'une reine, car il
ne sourit pas.
Il pouvait être seulement le leader de
son parti il a voulu en être aussi le di-
recteur. Il a réussi. Grâce à son jour-
nal, bien écrit, dogmatique et doctri-
naire, il a rendu grave l'opposition de
ses adversaires, et inutile certaine ré-,
volte de ses amis. M. Gambetta aura eu
trois manières dans lesquelles il aura
excellé: républicain-boheme César dé-
mocratique et chef d'un grand parti. Il
a sur les siens le prestige que laisse tou-
jours le pouvoir, et contre eux, s'ils re-
gimbent, la menace de son journal et le
poids de sa popularité persistante. Pres-
que tous ces hommes. ont eu besoin de
lui en 1870 et en ont besoin en 1875.
Seuls MM. Madier de Môntjau, ce Bel-
castel démocratique Grévy, cette puis-
sante figure stoïque; Louis Blanc, ce
théoricien implacable de l'ancienne
école, et quelques' enfants perdus de la
Révolution- résistent à cette puissance
d'un seul homme sur tout un parti. Les
sectaires les plus âpres, ses supérieurs
par certains côtés, MM. Challemel-La-
cour et Ranc, ont été et sont ses notes
aiguës. La Révolution démocratique
qu'elle le veuille ou non, est dans ses
mains, comme nous autres de province
l'avons été.
Un jour, on reprochait au comte de
Cavour de n'avoir point fait fusiller Maz-
zini il répondit « Ce qui m'effrayait
dans la Révolution, c'est qu'elle était une
hydre à mille têtes; on ne savait où la
prendre. Mais, grâce à Mazzini, elle n'a
maintenant qu'une tête, et je sais où elle
est, ce qu'elle dit et fait. » Donc, grâce
à M Gambetta, le parti conservateur.
peut savoir ce que fait et veut la Révo-
lution. Je ne parle pas de la Ré-
volution communiste qui a été clouée
au plateau blanc de Satory; je parle de
la Révolution démocratique. Elle est
personnifiée aujourd'hui dans une poli-
tique prudente génoise. M. Gambetta
n'a qu'un œil mais il a l'autre dans le
dos.
#
Proudhon n'est malheureusement plus
là pour portraicturer ces révolutionnai-
res. Mais peut-être fallait-il leur montrer
qu'en dehors d'eux, il y a des gens polis
et qui font poliment le portrait d'un des
leurs. A l'Assemblée, il y a deux Gam-
betta un qui se tient comme le bohème
d'autrefois, qui, parfois, interrompt
bruyamment, se lève, s'agite, se démène
comme un vulgaire sicaire, et il y a le
Gambetta qui monte à la tribune. Cette
tribune qui inquiète, brûle ou affole tant
d'autres, elle apaise, refroidit et rassé-
rène M. Gambetta.
Il a toujours l'aspect un peu débraillé.
Plus que jamais son ventre l'y force
il a la tête rejetée en arrière. Sa verve
n'est point de Une race: ce n'esA point
M. Madier de Montjau peut se rassu-
rer une comtesse du faubourg^ Saint-
G5BWttMnvison--3ccentTest "toujours méri-
dional. Sa voix est plus grosse que forte.
Son pathétique sonne parfois faux. Ses
invectives grinçantes irritent plus qu'elles
ne terrassent. Parfois il semble s'oublier
dans certaine sonorité de langage et dans
un assez bizarre balancement de phrase.
Son ironie, cette arme des grands ora-
teurs, est nulle. On le dit de sang italien,
mais l'Italien rit puissamment, Pulci-
nella a parfois été aussi grand que l'Ali-
ghieri. M. Challemel-Lacour est, sur ce
point, le maître de M. Gambetta. Mais
cet homme est peut-être le premier im-
provisateur de l'Assemblée. Sa voix ré-
sonne parfois comme si elle sortait de
l'antique masque d'airain. Il atteint la
véhémence, et la tribune a, en deux ou
trois circonstances, rendu sous sa parole
ce son qui ne vibre que sous la touche
d'un grand orateur. D'autre part, il dit
seulement ce qu'il veut dire. On voit
deux êtres dans ce parleur, un homme
politique froid et un orateur chaud. Le
second est l'esclave soumis du premier.
Quand M. Gambetta descend de la tri-
bune, soyez certain que l'homme politi-
que n'a à regretter aucun des emporte-
ments prémédités du tribun. Voilà aussi
pourquoi la Révolution lui obéit. Il a fas-
ciné la tête de la Méduse et entortillé les
serpents!
̃ ̃• ̃ ̃ #*# ••̃ i. ,.•'
Je termine; mais tout portrait d'hom-
me politique doit être une idée définie.
On s'explique malaisément que cet
homme, qui a fait avec son œuvre tinter
les oreilles de la chrétienté, soit rede-
venu si calme. Il marche doucement,
sans bruit, mais droit devant lui comme
un somnambule. Lui dont l'haleine bru-
tale fit replier sur elles comme des sen-
sitives tant d'idées de liberté douce et
saine, il semble vouloir les ranimer sous
son soufile. Souple, il se plie à propos
devant les faits et les individus. Cnef pa-
tient de la Révolution impatiente, il di-
sait à son parti, quand M. Thiers et le
duc Pasquier l'attaquaient personnelle-
ment « Ne bougez pas; moi je n'ai pas
entendu » M. Gambetta, qui fouettait
la patrie comme l'autre tyran la mer,
quand la patrie ne lui obéissait pas,
obéit aujourd'hui à tout événement et à
tout homme qui montent. C'est que jadis
Tragediant3 et aujourd'hui Comediante.
Un jour vint où Danton voulut se faire
conservateur; mais trop tard. Et M. Gam-
betta sait ça. Dans chaque peuple, fut-il
le plus noble, il y a toujours un cochon
qui grogne les passions passent; les
appétits demeurent. Et M. Gambetta sait
ça. Le suffrage universel, qui a tant de
fions p.nt.p.s, a. r.ela. fin mauvais rjnft, grâce
à lui, trois voleurs ont plus raison que
deux gendarmes. M. Gambetta sait ça.
Et j'espère qu'on ,connaît enfin un
homme qui sait tant de choses.
L'autre matin, il donnait le menu du
jour politique à un des rédacteurs de son
journal. Il était dans son cabinet en robe
de chambre. Il pérorait, et bien. Le jour-
naliste s'écria « C'est admirable! Pour-
quoi ne dites-vous pas cela au public?
Mais vous ne me comprenez pas, mon
cher, je vous indique précisément ce
qu'il ne faut pas dire. » Tout Gambetta
est là. Berryer, ce grand homme qu'en-
fant j'ai vu, et dont je me souviendrai
toujours comme du mont Blanc, que je
n'ai vu aussi qu'une fois, Berryer ecri-
vait à un de ses amis, qui occupe au-
jourd'hui une très haute position « La
France est une femme immortelle, mais
c'est une femme et qui peut être violée
comme toute femme honnête. Elle l'a
été par les révolutionnaires, et toute une
génération d'hommes est née du crime.» x
A ce compte-là, M. Gambetta serait un
des plus remarquables enfants du viol.
En définitive, c'est un de ces puissants
profils dont on aime à faire le portrait.
C'est quelqu'un. Mais, je le crois et l'es-
père, quelqu'un qui s'en va et non qui
vient. Et puis, la Révolution le mangera
peut-être.
On sait qu'elle a ces appétits mater-
nels. Danton et M. Gambetta se retrou-
veraient dans le même plat. Danton était
son modèle dès le café de Madrid. Disons
que Danton, ce géant il n'y a pas de
grands hommes dans le crime était
plus sanglant que sanguinaire; dix fois
plus grand que M. Gambetta, mais qui
monta moins haut. La révolution con-
temporaine n'est qu'une immense copie.
Il y a peut-être vingt ou trente mille de
mes lecteurs. qui invoqueraient avec moi,
assis sur les bancs de la nouvelle Mon-
tagne, non loin de l'ombre de Danton,
l'ombre de Robespierre. Ceci tuerait
cela.
Ignotus.
Échos de Paris
Encore des évasions y
Il paraîtrait que pendant une nuit de
tempête, le médecin Rastoul et plusieurs
autres condamnés de la Commune, étant
parvenus à se procurer une embarcation,
se sont évadés de l'Ile des Pins.
L'agence Havas annonce leur arrivée
à Melbourne au nombre de dix-neuf, sur
des embarcations construites par eux.
A bientôt de nouveaux détails.
MORT D'EDGAR QUINET
La démocratie et l'extrême gauche de
l'Assemblée viennent encore de perdre
un de leurs représentants les plus célè-
bres. M. Edgar Quinet est mort hier
matin, à cinq heures, à Versailles, des
suites d'une pleurésie.
Il est né le 17 février 1803, à Bourg,
dans l'Ain.
Quinet était une physionomie à part
au milieu de ses coreligionnaires de la
démocratie. Il restera comme écrivain
alors que le tribun sera depuis long-
temps oublié. En réalité, il ne fut ja-
mais un homme politique proprement
dit.
Il n'entra dans les assemblées qu'en
1848; jusque-là sa carrière publique,.
comme celle de beaucoup d'autres, s'était
*|xnée à professer au j^Usige dePrance,
à être décoré par le gouvernement, à
lui iaire de l'opposition et à voir son
cours suspendu avec accompagnement
de manifestations de la jeunesse des
écoles,
**#
La première éducation de Quinet lui
avait d'abord imprimé un caractère de
rêverie qui s'alliait difficilement à la dé-
magogie pratique. Son père, commis-
saire des guerres, l'avait emmené très
jeune en Allemagne. Il y resta même
après 1815, et étudia à l'Université d'Hei-
delberg, où il faut ajouter que comme
Français il eut des duels nombreux.
Cela ne l'empêchait pas de se plonger
dans la philosophie de Herder et autres
ijiéologuejs d'outre-Rhin.
Revenu en France, il fut nommé mem-
bre de la commission scientifique qui
accompagnait l'expédition de Morée. Là
il s'éprit de l'Orient qui convenait à son
mysticisme. C'est à la suite de ce voyage
qu'il publia son Ahasvérus, qu'il appelait
l'Histoire- du monde, de Dieu dans le
monde et enfin du Doute dans le monde.
Puis, toujours par amour pour la
Grèce, et pour Eschyle qu'il disait n'avoir
compris qu'à Athènes, il composa deux
poëmes, l'un sur Napoléon, l'autre sur
Prométhée, qu'il prétendait ne former
qu'un seul et même personnage.
**#
II resta admirateur de la légende na-
poléonnienne jusque vers 1849. Lorsqu'il
était colonel de la 11e légion dp la garde
nationale, il a fait des proclamations
qui sentaient d'une lieue leur Bonaparte
en Egypte. Mais entraîné par ses amis
de la Montagne, il se signala bientôt
parmi les plus violents et fut banni le 9
janvier 1852. Il se réfugia d'abord à
Bruxelles où il épousa une jeune veuve.
Moldave, fille du poète Asaki. Puis il ha-
bita Veytaux, en Suisse, et refusa obsti-
nément de revenir malgré les deux amnis-
ties.
M. Edgar Quinet était député de la
Seine; il habitait à Versailles, 67, bou-
levard dela Reine.
On nous assure que ses obsèques au-
ront lieu à Paris, demain.
Amédée Achard adorait la chasse.
Après avoir été un tireur excellent, il
avait perdu-dans ces dernières années,
la justesse- de coup de fusil qui le distin-
guait. Il avouait de bonne grâce sa ma-
ladresse.
Si cela continue, disait-il en janvier
dernier, les lapins m'élèveront un mo-
nument de gratitude 1
#*#
L'auteur de tant de charmantes nou-
velles, était comme on sait, de façons
exquises et d'une distinction rare. Il fut
jadis invité chez des bourgeois, à son
passage dans une ville- de province.
C'est singulier, lui dit son amphi-
tryon, je m'imaginais les gens de let-
tres d'allure plus libre.
Vous avez raison, répartit Achard
piqué au vif, mais croyez bien que j'au-
rais mis mes pieds sur la table si j'y avais
vu de la placel
:¡¡:f#:
Achard laisse en portefeuille plusieurs
pièces et deux romans. Il travaillait
tous les jours le matin de 8 à 11 heures,
et ces trois heures quotidiennes ont suffi
à l'enfantement de son œuvre qui est
considérable.
On nous adresse la lettre suivante
Vous parliez l'autre jour des aiguil-
leurs de nos chemins de fer. Pourquoi ne
s'occuperait-on pas aussi des chauffeurs?
Le chauffeur est l'aide du mécanicien. C'est
lui qui est chargé d'allumer la machine, de la
nettoyer, de la mettre en état. Il doit être à
son poste deux heures avant le moment du
départ, et au retour il doit, avant de s'en al-
ler, éteindre le feu, remiser la locomotive et
s'assurer qu'elle est en bon état. Pendant le
voyage, il doit entretenir le feu et seconder le
mecanicien. Il est obligé, alors que le train
est lancé à toute vapeur, d'aller à l'avant de
la machine, circulant sur un rebord large à
peine de dix centimètres, verser de l'huile dans
les cylindres. La manœuvre des freins lui est
confiée. Il est exposé à toutes les intempéries.
La neige, la grêle lui fouettent le visage. La
pluie le perce jusqu'aux os. La glace lui roi-
dit le corps au point qu'il n'est pas rare, lors-
que le train arrive en gare, que mécanicien
et chauffeur ne puissent descendre de la ma-
chine et qu'il faille les porter. Leur service
n'a pas de durée limitée. Ils peuvent parfois
rester dix-huit heures sans quitter leur poste
et à la fin du mois ils touchent 90 francs de
traitement, plus des frais de déplacement d'un
franc environ par chaque nuit qu'ils passent
hors de leur résidence.
Le métier est terrible, mais il est vrai-
semblable qu'on le considère comme
une sorte d'apprentissage de la profes-
sion de mécaniciens, et qu'il dépend de
ceux qui le subissent d'y faire un stage
plus ou moins long.
C'est égal, il est heureux pour un
chauffeur que l'idée ne lui vienne pas
d'offrir des diamants et un coupé à quel-
que demoiselle du corps de ballet.
Nous recevons quelquefois pour notre
numéro du dimanche et nous y insérons
des annonces assez curieuses, mais il
faut reconnaître que les journaux de pro-
vince nous distancent souvent de plu-
sieurs longueurs.
Nous lisons, par exemple, celle-ci.
Nous indiquerons le journal et la localité
si l'on nous en presse trop
Un jeune homme, médecin à F. républi-
cain quoique titré, et riche, ce qui lui permet
d'être généreux, désire épouser une jeune
pérsonno libro-penseuse, ayant au moins trois
^cent mille francs de dot, et consentant à ne
pas se- marier à l'église.
Etre obligée de donner trois cent mille
francs pour ne pas aller à l'église entre
.nous, c'est ub peu cher!
Il est des gens qui ne respectent rien.
C'est ainsi que je trouve dans le Pan-
théon de poche, un nouveau volume de
Pierre Véron, les deux lignes suivantes
qui, au premier abord, sembleraient
conçues dans un esprit hostile à M.
Louis Veuillot
VEUILLOT (Louis). Un Chicard qui
danse le cancan à genoux.
A Marseille, deux commissionnaires se
disputent en poussant des cris féroces et
en se lançant des regards furibonds.
J'en mangerais deux comme toi! l
Et moi quatre 1
-Et moi dix!
Et moi cent!
Cela dure sur ce ton pendant cinq mi-
nutes. Puis, sans la moindre transition,
ils se mettent à parler d'autre chose, de
l'air le plus affable et sur le ton de la plus
douce intimité.
Le mot de la fin nous arrive de Mo-
naco notre correspondant l'a entendu,
lundi soir, à Monaco, de ses deux
oreilles.
Deux petites dames étaient autour de
la table de roulette.
Mets donc sur le 27, dit la plus
âgée à sa compagne; il va sortir, je le
sens, je le vois; mais dépêche-toi donc 1
Je ne peux pas, répondit l'autre.
Il ne me reste plus que ma pièce qui
gagne toujours!
LE MASQUE DE FER.
EDGAR QUINET
L'homme politique qui vient de mou-
rir était de ces auteurs qu'on admire
de confiance- sans les avoir lus et dont t
la populace dit avec une componction
ba daude « Quinet! c'est un fameux »
ou « c'est un rude. »
Pourquoi rude? pourquoi fameux? Ga-
geons que parmi l'assistance qui suivra
son enterrement civil, il n'y aura pas
vingt chapeaux mous qui aient lu les
œuvres de Quinet.
Néanmoins, par un phénomène assez
fréquent chez le peuple le plus spirituel
de la terre, il a exercé une sorte d'in-
fluBuoo ot, dopuîo trente ans, son nom a
passé d'opposition en opposition, on l'a a
nommé député en 1871, parce qu'il était
représentant en 1848. On l'a nommé en
1848, à cause d'une mauvaise action, son
pamphlet contre les jésuites, et des « ta-
quineries du pouvoir ». C'est ainsi qu'on
appelait en 1846 la mesure de sûreté par
laquelle le gouvernement de Louis-Phi-
lippe avait suspendu les cours révolu-
tionnaires de Quinet et de Michelet.
Le premier savait peut-être plus que
l'autre, et certainement il avait des idées
plus lârgès,mais il.luimanquait ce charme,
cet élan du style qui rend certaines pa-
ges de Michelet si séduisantes malgré
leurs sophismes et leurs partis pris.
Au fond Edgar Quinet ne fut jamais
qu'un reflet de Michelet; on disait Mi-
chelet et Quinet. Personne ne s'avisait
de dire Quinet et Michelet.
Tous deux avaient-débuté par le mys-
ticisme et l'amour du moyen âge. Quel-
ques lettrés se rappelleront peut-être
l'étrange poëme en prose de M. Quinet
Ahasvérus. C'est une machine où l'on voit
le Munster de Strasbourg converser avec
le dôme de Milan, et les gargouilles des
châteaux-forts converser avec les sphinx
de la Thébaïde. Folie pure.
Depuis, M. Quinet, par son poëme de
Napoléon, avait contribué à restaurer la
légende bonapartiste, mais il avait donné
toute sa mesure dans ses efforts contre
le catholicisme. Il avait acquis sa popu-
larité comme ennemi particulier de Jé-
sus-Christ et du pape, et en ressuscitant
tous les vieux sarcasmes contre le «parti
prêtre. »
Au demeurant, honnête homme, d'une
régularité de mœurs exemplaire et d'une
grande dignité dans sa vie, mais obéis-
sant malgré lui à des principes exécra-
bles dont il a sans doute plus tard re-
gretté les résultats, avec l'étonnemeht
naïf du cygne qui aurait couvé des vau-
tours.
Vers la fin de l'Empire, M. Quinet,
frappé malgré tout des manies d'imita-
tion qui stérilisaient la démocratie fran-
çaise, essaya de réagir par un livre qui
doit être compté à sa mémoire et qui
fait honneur à son bon sens.
C'est sa Révolution, plaidoyer ardent et
convaincu contre les néo-jacobins. Tandis
que Michelet s'enfonçait dans la manie
révolutionnaire, Quinet écrivait quel-
ques pages remarquables où l'homme de
cœur et de raisonnement se dégageait
du sectaire.
Ne rappelons que son admirable ta-
bleau de la mort de Louis XVI et les
lignes qui le résument:
»Je pardonne-à me s ennemis lu Tous les
tambours de Santerre n'ont pu étouffer ces
paroles ni les empêcher de retentir dans la
postérité. Louis XVI, seul, a parlé de pardon,
du haut de cet échafaud où tous les autres
devaient apporter des pensées de vengeance et
de désespoir. Par là, il semble régner encore
sur ceux qui vont le suivre dans la mort avec
les passions et les fureurs de la terre. Lui seul
.parait en être détaché, déjà posséder le ciel,
quand les autres se disputent, jusque sous le
couteau, des lambeaux de partis déchirés
La conscience humaine sera toujours mal
à l'aise en face de Charles I01' ou de Louis XVI.
Selon le droit nouveau des révolutions, ils
ont pu être condamnés comme coupables de
lèse-rovolution. Mais on les avait laissés gran-
dir dans le sentiment d'un autre droit public,
où ils étaient responsables et infaillibles. C'est
la seule légalité dont ils eussent conscience.
Bu les faisant rentrer sous la coulpe com-
mune, on les frappe d'une loi qui leur est
étrangère. Aussi, fussent-ils les plus coupa-
bles des hommes, il reste une inquiétude
éternelle dans l'âme de la postérité, qui iœ$
*a dernier ressort la légitimité de l'échafaud.
Nous àvons le regret et le devoir d'a-
jouter que le sage qui avait écrit ces pa-
roles semblait s'être éclipsé depuis 1871.
M. Quinet n'a jamais, croyons-nous, parlé
a 1 assemblée, mais il y avait acquis,
comme M. Louis Blanc, une situation
d'avocat consultant de la démagogie qui
se traduisait par de longues effusions en
prose ennuyeuse et métaphysique sur
les vertus, les mérites et l'utilité du ra-
dicalisme.
Telles ont été les dernières émanations
d'un talent qui, aurait dû être mieux em-
ployé, et qui malgré les épines d'un style
obscur et difficile, valait a coup sûr cent
fois mieux que les idées et les hommes
qui vont exploiter cette tombe à peine
fermée, pour continuer leur œuvre de
mensonge et d'intolérance.
Francis Magnard.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Alger, 25 mars. La cavalcade au
profit des pauvres, organisée par les jeunes
gens de notre ville, a obtenu un magnifique e
succès; les quêtes se montent. à 30,000 fr.;
Mme Chanzy, femme du gouverneur général
et présidente de la Société des dames de cha-
rite, a adressé des remerciements à tous ceux
qui ont répondu avec tant d'empressement à
son appel en faveur des malheureux.
SAiNT-ETiENNE, 26 mars. Le nom.
mé Joubert, ex- capitaine de fédérés, qui avait'
été condamné par contumace à la déportation,
vient d'être arrêté ici sous l'inculpation de
vol. Il sera envoyé ê Paris afin de purger sa1
contumace devant un conseil de guerre.
1 Nctck, 27 mars. Le sieur Bbuffard,
ancien gérant du Comptoir d'escompte, ao
quitté en Cour d'assises, a été condamné par
le tribunal correctionnel de Compiègne à
deux années d'emprisonnement- pour détour»
nements.
-> Bayonne, 26 mars. Les troupeâ
carlistes se concentrent sur la frontière et
abandonnent, par suite de cette opération,
quelques-unes de leurs positions. L'opinion
publique est vivement préoccupée de ce mou*
vement.
•>«~» Barcelone, 26 mars, soir. Les
troupes du gouvernement sont entrées mer.
credi à Santa Colonna de Gueralt après avoir
emporté les positions redoutables occupées
par les carlistes commandés par Tristany.
L/cnnemi a éprouvé des pertes nombreuses.
Madrid, 27 mars.-Le roi et la com*
tesse Girgenti ont assisté aux cérémonies re«
ligieuses de la semaine sainte. La procession
a été splendide.
~»~< Londres, 27 mars. Les ouvriers
employés à l'agrandissement des chantiers de
Chatham sont arrivés, dans leurs travaux, à
l'endroit où avaient été ensevelis les corps des
prisonniers français morts pendant leur inter-
nement dans cette ville, lors des guerres du
premier Empire. Le ministère de la marine
a fait transporter ces restes dans un cime-
tière spécial, créé aux frais de la couronne
au milieu s'élève un immense obélisque en
marbre portant cette inscription Ici reposent
les dépouilles mortelles de soldats et de marins
courageux; ennemis, puis captifs de l'Angle-
terre, ils ont oublié dans l'eternel repos les
animosités guerrières et lès douleurs dé la cap-
tivité. S'ils n'ont pas eu la consolation de mou-
rir parmi leurs coniperiotes, ils ont trouvé
une sépulture honorable chez une nation qui
respecte le courage et sympathise avec le mal-
heur
• 27 mars. Les funérailles du comta
de Jarnac ont eu lieu aujourd'hui à, midi. Les
ministres, le corps diplomatique en grande
tenue, assistaient au service et ont suivi le
char funèbre jusqu'au cimetière de Bethnal-
Green.
La reine, le prince de Galles avaient en-
voyé leurs voitures.
̃~™ La duchesse douairière de Rovigo,
née de parents irlandais, vient de mourir
dans son château de Stamer Park.
27 mars. La folie du meurtre
devient de plus en plus fréquente en An-
gleterre. A Colchester, comté d'Essex, un
charretier tue son père et sa mère à coups de
tisonnier et cherche à massacrer quatre
jeunes enfants qu'on parvient à soustraire à
sa fureur. Arrêté avec beaucoup de peine, il
se calme et déclare avoir tué ses parents sur
l'ordre do Dieu. Un autre drame plus na-
vrant encore. Un employé de commerce, Fré-
déric Hunt, après avoir perdu ses économies,
égorge sa femme et empoisonne ses trois en-
fants. Ne ressentant rien du poison que lui-
même a pris, il se rend sur la voie du che-
min de fer et est arrêté par les employés, au
moment où il se. couchait sur les rails devant
le train qui arrivait. Emmené dans un état de
folie furieuse, on a dû lui mettre la camisole
dé force.
̃ Une grève de 10,000 ouvriers, appar-
tenant aux ardoisières de Festiniog, comté de
Galles, paraît imminente; les propriétaires re-
fusent de faire aux travailleurs des avances
sur leur salaire.
VIENNE, 26 mars. Le grand-duc
Ferdinand de Toscane et la grande-duchesse
Alice, venant de Sabzbourg, sont arrivés à
Vienne.
Le frère de S. M. l'impératrice, S. A. le
grand.duc Max-Emmanuel de Bavière, venant
de Munich, est à Vienne depuis deux jours.
Son Altesse a été reçue à la gare par M. le
feld-maréchal baron Mondef, adjudant gé-
néral de S. M. l'empereur.
ROME, 27 mars. Mgr Simeoni, le
nouveau nonce du Pape à Madrid partira pro-
bablement le 13 avril pour se rendre à son
poste. Mgr Simeoni recevra le 4 avril pro-
chain la consécration épiscopale.
Auguste Maroade.
PARIS AU JOUR LE JOUR
La Patrie a réuni sous la rubrique l'Es*
prit de M-. de Bismark quelques traits de
caractères, quelques repliques abruptes
quelques coups de boutoir du chancelier
de l'Empire. Ce n'estpas del'esprit comme'
nous l'entendons en France, cela ressem-
blerait plutôt à l'humour des Anglais
avec une pointe de franchise brutale.
On va en juger: C'était peu de temps
après l'annexion du Hanovre une dépu-
tation d'annexés vient le trouver pour
lui transmettre ses doléances.
Messieurs, répondit M. de Bismark, la
Prusse, c'est comme la flanelle, ennuyeuse à
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