Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-04-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1874 12 avril 1874
Description : 1874/04/12 (Numéro 102). 1874/04/12 (Numéro 102).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DIMANCHE 12 AVRIL 1874
J'ai mis le pied à l'étrier, dit le doc-
teur il ne s'agit plus que de se mainte-
nir en selle.
Dans ce but, une jolie mise en scène,
en partie double, fut organisée à Paris et
à Berne, par les soins du président de la
Confédération, M. Fornerod,
Qui depuis. Berna alors admirait ses vertus.
A Paris, on disait M. Kern, par son
influence sur les Conseils helvétiques,
est seul capable de les amener à compo-
sition.
Et l'écho répondait à Berne Les sa-
lons de la capitale sont saisis d'admira-
tion pour le négociateur thurgovien. La
cour et la ville le réclament à grands cris
comme ministre.
Après avoir ainsi frappé les imagina-
tions, M. Kern revint en Suisse et y fut
reçu comme s'il eût sauvé la patrie.
Là, par exemple, le diplomate s'oublia
absolument. Comme du temps où il bal-
connait en Thurgoyie, pour cause électo-
̃ raie, il eut l'étrange idée de raconter, dans
les cafés et| dans les auberges (Dieu
sait s'il y en a en Suisse !) les détails les
plus importants de sa mission.
Ces confidences, arrosées d'un petit'
vin blanc, aigre et prétentieux, mais ca-
piteux en diable, qu'on appelle Yvorne,
s'égaraient facilement, cela se conçoit.
̃Tout en buvant énormément, les Suisses
étaient flattés de savoir que leur compa-
triote dînait fréquemment aus Tuileries
et qu'il y était l'objet d'une considération
• particulière. Pour être complet, le Thur-
govien battait en brèche le vrai ministre
à Paris, soutenait qu'il n'exerçait au-
cune influence et qu'il ne recevait au-
cune invitation.
Tout cela n'était que singulier, et, jus-
qu'à un certain point, inoffensif. Il n'en
était pas de même des plaisanteries que
M. Kern se permettait sur la rédaction
de certains autographes du roi de Prusse,
qui lui avaient passé par les mains.
̃ 11 est peut-être très joli, au point de
vue républicain, de dauber le mauvais
style des têtes couronnées. Mais en di-
plomatie, où les têtes couronnées ont la
majorité pour elles, ce n'est guère ad-
mis. Aussi, le comte de Hatzfeldt mi-
nistre de Prusse à Paris, se fâcha-t-il des
procédés du délégué suisse, qui frois-
saient, disait-il, ses sentiments de servi-
teur dévoué de son roi, en même temps
que ses habitudes de réserve et de bonne
compagnie.
Par compensation, M. Kern revint à
Paris en qualité de ministre extraordi-
naire.
Il y parut en effet, très extraordi-
naire, tant il heurtait, sans s'en douter,
les usages les plus connus dans les cours.
Inutile de dire si ses malins collègues se
gênaient pour en faire la remarque.
Etait-ce rudesse républicaine? Mépris
des viles coutumes monarchiques? Non.
Envers l'Empereur et l'Impératrice, l'an-
cien radical de Thurgovie oublia son
radicalisme et sa Thurgovie, pour rester
'habile courtisan. On sait a quoi s'en
tenir sur la fierté des radicaux.
Après toutefois, on doit s'étonner
de rempressement avec lequel M. Kern
courut au devant des révolutionnaires
du 4 Septembre, Lui, qui avait vu de
près cette révolution si désastreuse pour
la France, il ne craignit pas d'en deman-
der à son gouvernement la reconnais-
sance immédiate.
Le gouvernement fédéral fut ainsi le
seul en Europe à reconnaître le nouvel
état de choses. M. Jules Favre pardonna
à M. Kern d'avoir tant aimé l'empire.
II vaut mieux rappeler que M. Kern,
resté à Paris pendant le siege, rédigea,
comme doyen des ministres plénipoten-
tiaires, la fameuse protestation du corps
diplomatique contre le bombardement. ̃
Cet important document fut écrit au
siége de la Légation, et de la main de
M. Kern.
Mihistre en France depuis dix-sept
ans, le docteur Kern a pris part à des;
actes internationaux de quelque impor-
tance. ̃ ̃
Nous citerons le traité de commerce
entre la France et la Suisse, du 30 juin'
1864; le traité sur la compétence judi-
ciaire, de 1869; la même année, le traité
d'extradition; enfin, le règlement de
l'indemnité pour l'internement de l'ar-
mée de l'Est en 1871, qui fut fixée à
12 millions.
Un mot sur le chapitre des vins, dans
le traité de 1864. Personne n'ianore
qu'en général les vins suisses sont tes-
tables aussi, pour pouvoir les écouler,
a-t-on chargé les vins français de droits
énormes à leur entrée en Suisse; de
cette façon, il n'yapas de concurrence pos-:
sible. Or, les négociateurs français vou-!
laient à tout prix une réduction de ces
droits. M. Kern s'y refusait impitoyable-'
ment. Il alla jusqu'à trouver l'Empereur
èt à -lui déclarer qu'une réduction sur le;
droit d'entrée des vins amènerait fatale-
ment une révolution. v
Feuilleton du FIGARO dn 42 Avril
62
LES NUITS SANGLANTES
C'est pourquoi il changea aussi de ton,
se 'radoucit et dit à Juliette
Certes, madame, il n'est ni dans
mes intentions, ni dans mon caractère
d'oublier le passé; mais je pense que
vous auriez pu prendre un autre moyen,
d'autres formes pour me le rappeler.,
Mais je ne crois pas vous avoir rien
dit qui puisse vous fâcher, tandis que
vous, Jean, vous avez été dur pour moi,
alors que je ne le méritais pas.
Eh bien! passons sur ce premier
mouvement qui est sans doute l'effet du
trouble et de la surprise, et faites-moi
connaître, madame, l'objet de votre vi-
site.
Je vais donc vous parler avec fran-
chisé. Je suis, et les pièces que j'ai réu-
nies rendent ce point incontestable, la
fille naturelle de M. le marquis d'Avran-
ches. Mon père m'a fait élever, il a payé
ma pension, mon entretien, mes colifi-
chets de jeune fille, sa bourse a toujours
été au service de tous mes caprices, vous
le savez aussi bien que moi, puisque
-vous étiez l'intermédiaire entre lui et
moi, mon père ne m'ayant jamais refusé
qu'une chose sa présence. Les let-
tres qu'il a, penaant tout ce temps-la,
écrites à ma mère attestent surabondam-
ment .que, loin de me renier, il se mon.
-trait assez fier de sa paternité et qu'il ne
•songeait pas le moins du monde à en faire
mystère. Mon père est wort; il a
Une révolution Oh! oh! Dans ce
cas, nous n'insistons plus, dirent les né-
gociateurs français.
Et le paragraphe passa intact.
Et voilà pourquoi il n'y a pas une
table d'hôte, en Suisse, où l'pn ne paye
CINQ francs au moins le médoc le plus
ordinaire. Ce sont là'de vos coups, M.
Kern.
La Suisse compte a peu près deux mil-
lions et demi d'habitants, un peu plus
que le département de la Seine. Croirait-
on que cette petite population entretient
à Paris plus de vingt-cinq mille na-
tionaux ?
L'évaluation n'est cependant pas exa-
gérée, et cette colonie, éminemment
travailleuse, a conservé un esprit de so-
lidarité, comme on n'en trouve guère que
parmi les juifs. Ainsi, elle possède deux
sociétés de secours, dont M. Kern est le
président. Il a un souci très vif de leur
administration. C'est une de ses occupa-
tions préférées.
Quelques membres de la colonie suisse
ont conquis une position importante dans
la société parisienne. Nous citerons, en-
tre autres, M. Dubochet, le directeur du
gaz, M. Marcuard, le richebanquier ber-
nois, et M. Gleyre, le peintre. Ce dernier
est l'auteur du portrait de M. Kern, que
l'on voit dans la salle du Grand Conseil
à Berne.
Peu de chose à glaner chez M. Kern,
pour la chronique mondaine.
Les Suisses, peuple extrêmement en-
nuyeux, ne pardonneraient jamais à M.
Kern de manquer à la loi de leur exis-<
tence, la monotonie. Et puis, le moyen
de faire figure avec les cinquante mille
francs de traitement que la Suisse, pau-:
vre mais honnête, verse en quatre trimes-
tres égaux dans l'escarcelle de son mi-
nistre ̃
Aussi M. Kern vit-il paisiblement, la-
borieusement et parcimonieusement.
Ces trois adverbes suffiraient à son!
épitaphe.
+
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
LYON, 10 avril Le Courrier de
Lyon ne paraîtra pas ce soir. Los composi-
teurs font partie de l'association typogra-
phique qui vient de se mettre en grève.
Marseille, 10 avril. L'instruc-
tion de l'affaire dé la. Boulangerie est com-
mencée. M.' Raynouard a été arrêté sur un
mandat de M. le juge d'instruction, M. de
Rossi. ̃̃:̃̃̃
Toulouse, 10 AVRIL. Un arrêté
préfectoral a suspendu aujourd'hui notre
Conseil municipal, le remplaçant par une
commission de z8 membres. ~l
A ce sujet, nous rappellerons que le
Conseil municipal de Saint-Saulve a dû
également être remplacé par une com-
mission municipale. MM. les Conseillers
ont trouvé, parait-il, le nouveau maire
trop âgé, et ont refusé formellement
d'assister à son installation.
STRASBOURG, 9 avril. Le conseil
municipal qui était suspendu depuis un
an vient, par un décret du 3 avril, d'être
finalement dissous.
Le commissaire de police qui fut nomme
maire par le gouverneur, M. de Moeller,
en' remplacement de M. Lauth révoqué,
continuera ses fonctions en qualité d'ad-
joint de M. de Reichlih, le nouveau maire.:
»~– Argentan (Orne), 10 avril. Le
moment est aux disparitions étranges
Le fondé de pouvoirs de la recelte parti-
culière de la ville, M. Beaulavon, a, disparu
depuis le 22 mars, sans qu'on ait pu re-
trouver ses traces. Il devait se rendre à
Lure, pour occuper les mêmes fonctions à
la recette de cette ville.
Rien ne peut faire soupçonner un sui-
cide, M. Beaulavon était un homme des
plus honorables, et ses écritures sont te-
nues avec une régularité parfaite.
-Avignon, 10 avril. Le grand
Eldorado a brûlé la nuit dernière, pendant
la représentation. Plusieurs maisons et
l'église des jésuites ont été atteintes.
Il n'y a pas eu d'accident de personnes à
déplorer.
Bayonne, 9 avril. Hier a eu lieu
l'exécution du nommé Corréas, assassin de
M. Rauch. Plus de 5, 000 personnes s'étaient
réunies sur les glacis. Le patient a montré
une grande, fermeté et témoigné d'un pro-
fond repentir.
̃ Londres, 10 avril, II a été déci»
dé que les dépouilles mortelles du docteur
Livingstono seraient enterrées dans l'ab-
baye de Westminster- Le service' funèbre
se fera aux frais du gouvernement. Lé cer-
cueil sera probablement exposé dans la
salle du conseil de la Société de Géogra"
phie en attendant les funérailles. Le bateau
qui transporte le corps du célèbre et infor-
tuné explorateur est attendu à Southamp-
ton lundi prochain.
Saint-Jean-de-Maurienne, 9 avril. 'On
signale le passage d'un grand, nombre d'é-
trangers qui vont assister à une grande ré-
ception par S. S. le Pape, le 12 de ce mois,
laissé à ma mère, qui était sa maîtresse,
une somme qu'elle avait engloutie long-
temps avant d'aller mourir a l'hôpital.
A ces derniers mots, Jean éprouva un
violent serrement de cœur ce fut com-
me un rçgiôrds, et il lui semblait qu'il y
avait de sa faute à lui si la femme dont
-on parlait avait ainsi subi les der.
nières extrémités de l^inisère.
Oui, reprit Juliette,' à laquelle cette
impression n'avait pas échappé, oui, elle
est morte à l'hôpital plutôt de misère
que de maladie, la belle Mérillac, la maî-
tresse du marquis d'Avranches! Qu'est-
ce que c'est que ça? Qu'est-ce qu'il y a
d'extraordinaire? C'est la loi naturelle
pour les femmes de'son espèce Il n'y a
rien là qui doive beaucoup émouvoir.
Ah! si l'on était venu vous prendre et
vous conduire à l'hôpital, et que là, sur
la table de marbre de la salle de dissec-
tion, on vous eût montré ce corps que le
marquis d'Avranches avait adore, dépecé
indignement par le bistouri des cara-.
bins, ah je comprendrais votre horreur t
C'eût été un spectacle véritablement
émouvant et bien de nature à faire réflé-
chir ceux qui avaient connu la malheu-
reuse femme au temps de sa splendeur,
alors qu'elle 'était l'idole de M. le mar-
quis, et que vous étiez, vous, Jean, son
serviteur très humble et très empressé
Jean était terrifié et ne trouvait pas'
.un mot à dire.
Je reprends, fit Juliette, après un
court sitencé. Je ne veux pas finir
comme a fini m'a mère, bien que je ne
vaille ni plus ni moins qu'aie. Mais, si
je ne vaux pas mieux, intrinsèquement
parlant, j'ai pourtant un avantage sur
Mme Mérillac j'ai son exemple, d'abord,
et puis une .horrible frayeur de la mi-
sère, ce qui m'a rendue prévoyante. C'est
pourquoi, de cette grande fortune que
notre père t laissée, je veux une part
A Périvier.
à l'occasion de l'anniversaire du miracle de
sainte Agnès.
Il y_ a vingt ans, S. S. le Pape visitait la
basilique de Sainte-Agnès.1 Tout à coup le
plancher s'écroula. Pie IX, seul préservé,
se trouva entouré de blessés auxquels il
prodigua ses soins et ses consolations.
Auguste Marcede.
PARIS AUJ0I1LE J0Î1
Le Journal officiel a annoncé hier ma-
tin l'évasion de M. de Rochefort et de
ses compagnons, mais on'en est toujours
réduit aux suppositions sur ce singulier
épisode. Les quatre condamnés évadés,
dont on connaît les noms, sont Roche-
fort, Paschal Grousset, Jourde et ,Bail-
Ijère. Ce dernier n'a joué qu'un rôle ef-
facé, il a été, croyons-nous, secrétaire
de la rédaction du Cri du Peuple. Les dé-
pêches, ajoute l'Officiel, ne donnent pas
distinctement le nom des autres évadés.
Le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie,
ajoute la note officielle,: eu tournée au mo-
ment de l'évasion, a fait à son retour com-
mencer une enquête rigoureuse. La justice
."militaire est saisie. Dès les premiers bruits
qui s'étaient répandus, le ministre de la
marine avait chargé un oflicier général de
se rendre à la Nouvelle-Calédonie avec les
pouvoirs nécessaires pour prendre les dis-
positions qu'un fait si grave paraît exiger!
Le commissaire du gouvernement par-
tira par le paquebot du 14 courant.
Au milieu des réflexions que soulève
cette évasion, nous signalerons celles
de la France, journal de nuance centre
gauche et par conséquent peu suspect.
Nous envisageons le fait au seul point de
vue qui nous paraît digne d'attention, celui
de ses conséquences et celui des infirmités
malheureuses de la justice humaine.
Encore une fois nous verrons des hommes
relativement innocents, payer pour les cou-
pables. On redoublera de surveillance à
regard des autres condamnés; on les assu-
jettira à des mesures rigoureuses qui ag-
graveront leur situation. Rochefort et ses
dignes compagnons, on grands seigneurs
de la démagogie qu'ils sont, n'ont pas songé
à ces menus détails, pas plus qu ils ne se
souciaient, à l'heure de leurs forfaits, du
sort des malheureux qu'ils poussaient à la
plus effroyable guerre civile.
> ̃ »
II y a là quelque chose qui révolte profon-
dément le sens du juste dans toute âme non
pervertie. La conscience.publique se lasse
de voir des gredins réussir presque tou-
jours à retirer leur épingle du jeu, tandis
que la masse des imbeciles qu'ils ont trom-
pés se fait tuer les armes à la main ou ex-
pie, dans la perpétuité de la détention et de
la déportation, ce qui n'a été, pour un
grand nombre, qu'un égarement, un en-
traînement, au lieu d'être un calcul. Ces
inégalités, ces imperfections, si l'on veut,
de la justice humaine sont criantes. Elles
constituent le plus grand scandale des
époques troublées. Elles font douter de la
morale publique et elles serviront peut-
être un jour à motiver les plus implacables
répressions.
Sauf cet épisode, la politique en
somme fait relâche. M. le comte Rampon
a démenti l'historiette de sa conversation
avec le maréchal Président, à laquelle
nous faisions allusion hier. Une autre
lettre de M. de Franclieu à ses électeurs,
mérite d'être signalée.
L'honorable député conclut au réta-
blissement pur et simple de la monarchie
qui peut seule résoudre les difficultés du
temps présent. Cette lettre s'expriûie en
termes violents contre les parlementai-
res « prétendus orléanistes, prétendus
» légitimistes » qui sont habiles à tout
brouiller. Il ajoute que la France entière
repousse le Septennat et déplore que
le ministère ait compromis le maréchal.
M. de Franclieu veut bien reconnaître
cependant que les honnêtes gens « ont
» intérêt à le conserver jusqu'à la fin né-
» cessairement prochaine du provisoire. »
Le radicalisme, l'impérialisme et le par-
lementarisme, conclut M. de Franclieu,
sont les trois forces destructives que cette
révolution afait surgir pour votre malheur.
Repoussez-les avec l'énergie d'un peuple
qui veut vivre, et ne craignez pas d'élever
la voix car vos voix étoufferont promp-
tement les autres et détermineront une opi-
nion publique devant laquelle toutes les
résistances s'évanouiront.
Ne vous effrayez pas de ce que le roi est
resté seul sur la brèche rappelez-vous sa
promesse de vous sauver par la vertu de
son principe, tandis que ses adversaires
sont frappes d'impuissance et, s'il n'est
pas le nombre, n'oubliez pas qu'il est par
excellence la vérité la vérité qui retrouve
toujours ses droits, soit qu'on l'accepte,
soit qu'on la nie, par son triomphe direct
ou par la confusion de ceux qui la repous-
sent. ̃'
C'est évidemment des déclarations* de
ce genre que vise la note que nous em-
pruntons au Français
Il y a en ce moment comme un renou-
vellement de violence dans la presse d'ex-
trême droite contre le gouvernement. Ja-
mais on n'avait vu passer sur ce parti un
aussi bien que l'autre, aussi bien que ma
soeur.
Votre père, articula Jean, la tête
basse et d'une voix timide, votre père
était M. Mérillac, le mari de Mme votre
mère, et si vous tenez à vous en assurer,
vous n'avez qu'à consulter les registres
de l'état civil. 11
Je ne prendrai pas cette peine, ré-
pondit Juliette je connais de longue
date les mensonges de l'état civil et je
sais à quoi m'en tenir à cet égard. Que
m'importe le nom qu'on m'a mis sur le
dos? La vérité, et vous la connaissez
aussi bien que moi, c'est que je n'ai rien
de commun avec ce M. Merillac, qui était
mort bien longtemps avant que je ne
quitte le pensionnat où M. le marquis
d'Avranches me faisait élever, et où,
vous, son valet de 'chambre, vous êtes
venu me visiter pendant dix ans. Du
reste, à, quoi bon discuter là-dessus? La
chose est par trop claire Je ne compte
pas avoir raison légalement, mais je pré-
tends établir en fait que le sang qui
coule dans mes veines est le même que
celui de Mme la marquise de Villehaut-
d'Avron. Bien que personne ne soit censé
ignorer la loi, on aura peut-être quelque
indulgence pour une fille naïve, simple.
comme moi, et l'on me croira tout au
moins de bonne foi quand on saura qu'a-
vant de recourir à la justice, je suis
venue faire appel aux sentiments d'é-
qûité de ma sœur.
Vous n'avez point de soeur ici,
Mlle Merillac, dit avec emportement le
valet de chambre, personne ne vous y
connaît, personne ne veut vous y con-
naître. Je vois maintenant quelles sont
vos intentions, il ne me reste plus qu'à
vous prier de sortir de cette maison.
Je suis venue ici pour voir ma
sœur, dit Juliette avec un accent d'éner-
gique voloatéj je la verrai, Il faut qu'elle
pareil vent de .folie. Ces journaux sont en
révolte ouverte contre la loi du 20 novem-
bre et demandent que, des, la rentrée de
l'Assemblée, on enlève au maréchal le pou-
voir qui lui avait été confié pour sept ans^
Noas ne saurions mettre trop en garde
l'opinion contre le trouble et l'inquiétude
gue pouraient lui causer ces violences. Les
journaux d'extrême droite profitent de l'ab-
sence des députés pour usurper un rôle et
une autorité qui no leur appartiennent en
aucune façon. Quand ces journaux parlent,
ils ne le font pas au nom de la droite.
Mentionnons enfin, sans y attacher
d'autre importance, un bruit mis en cir-
culation par un journal très fertile en
nouvelles à sensation, le Courrier de
Bruxelles. M. le comte de Chambord se-
rait venu incognito à Paris la semaine
dernière et aurait assisté le jeudi saint à
une conférence du Père Monsabré.
+*¥ Un ayeu féroce de la Gazette d'Augs-
bourg, recueilli par le Moniteur universel.
Après leur victoire sur PerséOj dit-elle,
les Romains exigèrent des territoires con-
quis une rançon telle que, pendant cent
vingt-quatre ans, les citoyens de Rome
purent être exemptés de tout impôt.
A côté de cela, que sont les cinq mil-
liards de la France? Nous aurions vrai-
ment dû exiger des Français une toute
autre somme cela nous aurait donné
quelques années de tranquillité de plus;
Demain, si la guerre recommençait, ils
pourraient déjà mettre sur pied plus'd'hom-
mes qu'en juillet 1870.
Comme le fait justement remarquer le
Moniteur, les Allemands n'ont pas eu,
comme les Romains dont il est question
ici, l'avantage d'une exemption d'impôts.
Il no leur reste en réalité que le souvenir
du sang versé et des peines supportées.
M. Aicard a terminé l'étude qu'il a
consacrée dans le l'emps à la Venus de,
Milo. Comme il nous l'a démontré déjà,
la statue a été brisée dans une lutte en-
tre les marins français et les insulaires
grecs qui la traînaient avec les cordes
entre les rochers, mais ce qu'on sait
moins, c'est qu'on remitlà M. de Marcel-
lus, en même temps que la statue, des
fragments qui doivent encore se trouver
.au Louvre; c'étaient
N° 3 le haut de la chevelure, vul-
gairement dit le chignon que je replacais
moi-même et que je vis des lors s'adapter
merveilleusement au haut de la têje
» N° 4, un avant-bras informe et mu-
tilé;
» N° 5, une moitié de main tenant une
pomme.
i Ces deux derniers objets me parurent
d'un même marbre et d'un grain assez
semblable à celui de .la statue; mais je ne
sus pas discerner s'ils pouvaient raison-
nablement s'appliquer à une Vénus dont
l'attitude m'échappait. »
»*» M. Marcou, le radical de l'Aude, a
fait une déclaration qui produira certai-
nement quelque sensation Le lundi de
Pâques, quelques braillards de Carcas-
sonne ayant patoisé une chanson en fa-
veur de cet illustre député, il leur a ré-
.pondu par un petit speech où il leur a
promis que ses amis et lui, Marcou, fon-
deraient la république « dût la terre nous
engLoutir t>. M. Marcou se vante la terre
ne songe point à le dévorer.
»% Un plaisant souvenir de Domino sur
Lassagne
L'empereur et l'impératrice eurent autre-
fois la fantaisie de se régaler des Bibelots
du Diable.
On se rappelle combien Lassagne cet
imbécile de génie était colossalement
amusant dans sa création de Jean Le-
blanc.
t- Mon cher ami, lui dit Cogniard, son
directeur, le matin du jour où Leurs Majes-,
tés eurent annoncé 1 intention d'honorer
les Variétés de leur présence, il se peut que
l'empereur désire vous voir et vous com-.
plimenter. Présentez-vous avec modestie,
mais sans embarras. Leurs Majestés sont
remplies de bonté pour les artistes.
Soyez tranquille, interrompit le co-
mique on saura leur parler comme il faut.
Que diable! on n'est pas un pignouffle!
Le soir même, en effet, après avoir beau-
coup ri des facéties des Bibelots, Napoléon,
fit monter Lassagne dans sa loge.
L'artiste en entrant ne lui laissa pas
le temps de parler. '•̃̃
Et, lui tendant la main sans façon
Et cette santé, sire, fit-il, est-elle
bonne?
+*“ La République française commence
la publication d'un document curieux.
C'est la copie exacte et inédite d'un car-
net sur lequel Kléber a écrit de sa pro-
pre main les réflexions qui lui venaient
à l'esprit pendant l'expédition d'Egypte.
Très souvent, elles ne sont indiquées
que par une ligne, par un mot. Voici un,
tout a peu près complet sur Bonaparte
qui est fort intéressant, venant d'un de,
ses émules de gloire. Nous n'en retran-
chons que quelques lignes sans portée.
Il est des hommes qu'il ne faut juger que
par les résultats ils perdraient tout, si on
scrutait leur conduite dans les moyens d'y
parvemr Bonaparte est de ce nombre.
Turenne a acquis sa gloire, parce qu'il
combattit Montecueulli, le plus grand gé-
me dise si, oui ou non, elle veut me
rendre une part de l'héritage paternel!
Mme la marquise ne reçoit person-
ne, et ce n'est pas pour vous que j'en-
freindrai la consigne.
Si bien, Jean, ce sera pour moi,
parce que je le "veux. Et, si ma soeur re-
fuse de me recevoir, je lui intente un
procès, je lui demande des aliments au
nom de notre père décédé, et je lui pro-
mets un tel scandale qu'elle s'en mordra
les doigts le reste de ses jours.
Vous ne ferez pas cela, Juliette, dit
en suppliant le valet de chambre, vous
abandonnerez ces projets dont l'exécu-
tion ne peut qu'être nuisible à tout le
monde.
-A tout le monde? non pas à moi
surtout, car là où les autres ont tout à
perdre, moi je n'ai qu'à gagner.
Vous vous trompez, Juliette, ces
choses-là .sont toujours fâcheuses, tant
pour les uns que pour les autres.
-Alors qu'on me fasse une dot! Je ne
me tairai, croyez-le bien, que lorsque
j'aurai les mains*pleines. Il ne me plaît
pas d'aller réchauffer le lit d'hôpital dans
lequel la Mérillac a rendu sa pauvre
âme.
Mais, objecta Jean, il vous a été
donné par M" Blondeau, notaire, une
somme de vingt mille francs, qui vous
revenait de votre mère.
Vingt mille francs à moi! A moi,
Juliette A moi, la Joie A moi, la Fau-
conne Vingt mille francs à moi, pendant
que ma sœur Marianne a des millions
Vous me la baillez vraiment belle, mon-
sieur le valet! Vous oubliez que je tiens
de M. d'Avranches un trop grand appé-f
tit pour me contenter de si maigres bou.
chees!
Madame, fit alors Jean d'un ton gla-
cial, je' ne puis, dans ce cas^ que vous
répéter ce que je vous ai déjà ait per-
néral du siècle. B. a obtenu sa célébrité
en combattant contre tout ce que la mai-
son d'Autriche avait de généraux imbé-
ciles.
Il en est ainsi do tous les hommes.
Dans le malheur, docile et traitable.
Dans la fortune, un peu moins pratica-
ble
Est-il aimé? Comment le serait-il? Il
n'aime personne, mais il croit y suppléer
en se formant des créatures par des avan-
cements et des présents. II prend, dit-il,
sur son compte, toutes les fautes devant,
Acre. Il ne saurait s'eu dispenser.
Est-il méchant? Non; mais c'est parce
que les vices viennent de l'ânerie et qu'il
n'est point un âne.
Il ne sait ni organiser ni administrer, et
pourtant, voulant tout faire, il organise et
administre. De là des désordres, des
gaspillages en tous genres; de là le dênù-
ment absolu, cette misère même au milieu
de l'abondance.
Jamais de plan fixe, tout va par bonds et
par sauts le jour règle les aiïàiros du jour.
Il prétend croire a la fatalité.
Quelle est donc sa grande qualité?
car, enfin, c'est un homme extraordinaire.
C'est d'oser, et d'oser encore et il va
dans cet art jusqu'au-delà de la témérité.
A rapprocher du mot de Danton « De
l'audace, de l'audace, et encore de l'au-
dace !» »
Petit à petit, l'antipathie de Kléber
pour Bonaparte s'accentue. Il pourrait
bien y avoir là-dedans un fond de jalou-
sie Kléber aimait peu ses rivaux et, dans
ses notes, il considère Hoche comme
étant un des plus mauvais généraux de la
République. Quant à Bonaparte, il le con-
sidère definitivement comme un « misé-
rable charlatan ayant plus d'ambition
que de talent.
Et dire, que si Kléber eût vécu, il fût
devenu sans doute maréchal de l'Empire
et duc de quelque chose. f- m.
̃♦ 1_
Injustices et Abus
LES AUXILIAIRES DU MINISTÈRE DES FINANCES
En rendant compte, dans le Figaro du
9 courant, d'une arrestation opérée au mi-
nistère des finances, notre collaborateur et
ami, Gaston Vassy, a dit que l'individu ar-
rêté était un eniployé du ministère.
il y a m une erreur, xout a iait involon-
taire, qu'il importe de redresser. r
L'individu dont notre collaborateur a ra-
conté la triste aventure n'était pas un com-
mis de l'administration et ne travaillait au
ministère qu'en qualité d' auxiliaire, payé a
la journée c'était, pour mieux dire, une
sorte d'ouvrier en écritures, sans aucun ca-
ractère officiel..
On ne saurait, en conséquence, faire re-
monter au chef du personnel la responsa-
bilité de son admission, parce que les au-
xiliaires sont directement requis par le cais-
sier central du Trésor et livrés à son en-
tière discrétion.
La création des auxiliaires, au ministère
des finances, a.eu. pour objet .de. répondre
aux exigences du service des emprunts ils
sont payés sur -fonds spéciaux, complète-
ment distincts dés crédits budgétaires af-
fectés au traitement des employés propre-
monts dits.
En un mot, ils ne font point partie de
l'administration.
On comprend aisément que les méprises
soient faciles, le recrutement de ces agents
temporaires n'étant point entouré des
mêmes garanties dé moralité et d'honora-
bilité que celui des ."fgents commissionnés
de l'administration centrale.
Les conséquences de ce système sont fâ-
cheuses.
Elles peuvent, eneffot, nuire à la fois aux
intérêts du Trésor et à ceux des employés
aux premiers, en permettant à la mé-
fiance de pénétrer dans l'esprit du public;
aux seconds, en exposant les employés à
des relations journalières avec des indivi-
dus mis'aubaii de la société, et en les pri-
vant d'indemnités auxquelles ils pourraient
prétendre, si, au lieu des auxiliaires, ils
étaient appelés à travailler en doiors des
.heures réglementaires des bureaux.
La question est importante: on recon-
nait, en l'examinant do près le danger
de certaines innovations introduites ces
dernières années, dans le recrutemont d'une
partie du personnel du ministère des finan-
ces et la nécessité' qu'il y a à' ce que la si-
tuation des employés soit garantie par une
loi organique, au lieu d'être abandonnée
aux vicissitudes dos décisions et réglemen-
tations administratives.
INFORMATIONS
Demain dimanche à huït heures et de-
mie du matin, S. E. le cardinal archevêque
de Paris donnera la consécration épisco-
pale à Mgr Lion, dominicain de la Province
de France, archevêque élu de Damiette et
délégué apostolique de la Mésopotamie, du
Kurdistan turc et de l'Arménie mineure.
S. G. Mgr Gonin, archevêque dominicain
de Port-d'Espagne et S. G. Mgr Gignoux,
évêque de Beauvais, assisteront le prélat
consécrateur.
La cérémonie aura lieu dans l'ancienne
église des Carmes, rue de Vaugirard,: 70.
Mauvaise nouvelle pour les amateurs de
musique militaire.
sonne ne vous connaît ni ne veut vous
connaître, retirez-vous. J'aurais aimé
vous dire de meilleures paroles, mais
votre esprit n'aurait pas voulu les com-
prendre. Il est animé de trop mauvaises
pensées. Pourtant, tenez, encore un
mot, ou plutôt un conseil laissez Mme
la marquise accomplir en paix sa pre-
mière année de deuil, après quoi, peut-
être, pourra-t-elle vous recevoir et vous
écouter.
Je n'attendrai 'pas un seul jour,
s'écria Juliette avec fureur; Marianne,
ma sœur, a des millions; il me faut, de
bonne grâce et de la main à la main,
cinq tent mille francs: sinon, le joli petit
scandale que je vous ai promis, vpus
l'aurez.
Soit, madame; seulement, je dirai
que vous mentez, que je ne vous connais
pas, que je ne vous ai jamais vue; pas
plus que votre mère.
Et les lettres de M..d'Avranches à
sa bien-aimée Mérillac? Et les quittances
de ma pension délivrées en votrépropre
nom?. Tout cela, mon pauvre Jean, est
déposé chez mon notaire qui ne s'en
dessaisira qu'en échange de la somme
que je demande à ma marquise de sœur.
En cas de refus, ces pièces seront re-
mises à mon avocat, le jour où l'affaire
viendra devant le tribunal, pour édifier
les juges sur le plus ou le moins de bien
fondé de ma demande.. En même
temps, certaines autres lettres; émanant
également de la plume facile du marquis
mon père, mais qui respirent plus d'a-
bandon, avec une philosophie toute épi-
eurienne, et bonnes à produire seule-
ment à titre de renseignement, de cu-
riosité, seront publiées par plusieurs
journaux de Paris.
Voyons, ma petite Juliette, ditJean
tout à fait épouvanté, c'est de l'argent,
n'est-ce pas, que, vous voulez? Eh! Bien,
Emile Paure.
L'une des meilleures musiques do la gar-
nison de Paris celle du 119° de ligne neus
quitte pour le Havre.
Elle va partir incessamment.
,r,
Le concours hippique ouvert depuis huit
jours au palais ̃de l'Industrie commence à
présenter une grande animation. Tous les
matins et toutes les après-midi, le grand
manège est ouvert à une foule de cavaliers
et d'equipages variés qui passent et re-
passent. devant le jury groupé au centre ot
chargé de décerner des récompenses. Hier,
madame la maréchale de Mac-Mahon est
venue assister aux épreuves réservées aux
chevaux de selle et a suivi avec intérêt le
saut des obstacles qui ont été plusieurs
fois franchis sans qu'on ait eu d'accident
à signaler. Parmi les SDortsmcn présents
nous avons remarqué M. le prince de Sa-
gan, M, le comte de Turenne, M. Mackensie-
Grieves, M. A. Blount, M., de Carayon-La-
tour, M. leprince d'Arenberg, M. de' Sain te-
Aldegonde, M. le marquis de Mornay, M.
M. 0. Aguado, M. le comte de Juigné, M.
le comte Rœderer, M. le comte du Manoir,
'M. le marquis de.Castelbajac, M, le baron
de Rochctaillée, M. de Fitz-James, M. le
duc de Ncmours, M. de la Haye Jousse-
lin, M. Boyenval, etc., etc.
La mairie Saint-Laurent a failli, la nuit
dernière, être brûlée comme le saint dont
elle porte le nom. en ce niorhoiit au
Les ouvriers occupés en ce moment au
pavage en .bois de larueduChâteau-d'Eau,
ayant surchauffé une chaudière de goudron,
le feu v a pris et en un clin d'œil une co-
lonne de flammes s'est élevée, léchant le
mur dela mairie qui crépitait et menaçait
de s'embraser.
De promptes mesures ont heureusement
étouffé cet incendie naissant.
UN FAUX ROCHIÎFORT
On a tant et tant parlé ces jours derniers
de Rochefort et de son évasion, qu'il n'est
pas étonnant que cela ait fait tourner la
tête à quelque pauvre diable.
Hier soir, vers quatre heures et demie,
un jeune homme de vingt-cinq à vingt-six
ans, vêtu d'une redingote et d'un pantalon
noirs et coiffé d'un feutre, abordait rue La
Fontaine le sous-brigadier de police Bala-
gna.
un iait trop aoDruit autour de moi,
lui dit-il, cela m'ennuie. Et puis, depuis
mon retour en France, il fait mauvais
temps. Tout cela me tracasse, je suis obligé
de me cacher, de fuir. J'aime beaucoup
mieux me constituer prisonnier. Puisque
vous voilà, profitez de l'occasion.
Mais qui êtes-vous? demanda le sous-
brigadier.
Comment, vous ne me reconnaissez
pas? Vous devez pourtant avoir mon signa-
lement, et puis on a publié tant de por-
traits de moi.
Mais encore. ̃̃••» °
Ah! c'est trop fort! s'écria avec co-
ère le jeune homme. Mais alors vous êtes
le seul. Apprenez-le donc, je suis Henri
Rochefort, l'auteur de la Lanterne le rédac-
teur de la Marseillaise; Rochefort, l'évadé de
Nouméa. Ah vous ne me connaissez pas.
Ehl bien c'est pourtant vous qui allez me
conduire au poste
Le gardien s'apercevant qu'il avait affaire
à un iou, le conduisit en effet au poste de
la rue Boileau.
On n'a trouvé sur ce malheureux jeune
homme aucun papier de nature à faire
connaître son identité.
Il va être envoyé au dépôt et soumis à
l'examen d'un médecin aliéniste.
J'ai l'honneur de vous présenter 8. Exe.
DomFrancesco José de Souza, porteur d'un
des plus beaux noms de Portugal, et, jo
crois même, l'un des Grands de son peuple.
Cet illustrissime personnage est en ce
moment en route pour Paris, venant do
Porto, où il vient d'être arrêté comme
complice de Dom Annibal Ames dos Sah-
tos, le faussaire dont je parlais ces jours
derniers.
C'est sur la demande do M. le commis-
saire de police Pédezert que le parquet de
Paris a demandé l'extradition.
Le procès de José de Souza va causer un
scandale affreux, à cause des hautes rela-
tions de l'accusé.
Encore une histoire de chien. Je vous
ure quo ce n'est pas ma faute, et que je ne
les cherche pas. Ce sont elles qui semblent
me chercher 1
'Donc, un spectacle étrange faisait arrêy
ter.hier matin les passants sur le pont de
la Concorde. Un épagneul noir, de haute
taille, plongeait du quai dans la Seine,
restait un instant à l'eau; et remontait sur
la berge avec un hurlement sinistre pour
replonger de nouveau.
M. Eugène Sauvage, piqueur du service
municipal, prit ce chien et l'amena au Pa-
lais de l'Industrie.
Sur .le collier, sont gravés ces mots.:
« Presto. M. Molard, Avenue des Charmes *&
à Vincennes. » .̃̃̃»̃̃» t
Pendant qu'on l'examinait, l'animal tour-
nait la tête vers la Seine on poussant des
gémissements. • ̃
Il est probable que le maître de ce chien
s'est jeté ou est tombé dans la Seine, otque
le fidèle animal le cherchait à l'endroit où
il l'avait vu tomber.
Non, jamais vous n'avez vu cheveux aus-
si hérissés que l'étaient hier ceux de M.
Serdant, marchand de vins, qui demeura,
41, rue de Puéhla.
je vais tâcher de vous faire avoir quel-
que chose. Je dirai que vous êtes une
personne digne de toute sympathie, que
vous avez beaucoup souffert, que vous
avez éprouvé de grands revers do for-
tune. Je dirai tout ce'que je pourrai
imaginer pour obtenir de mes maîtresses
de quoi vous constituer une petite ai-
sance.
Juliette haussait, les épaules d'un air
d'inexprimable dédain, tandis que Jean
continuait:
En outré, disait-il, j'ai quelques pe-
tites sommes que je tiens de la générosi-
té de mon maître, et que j'ai augmen-
tées de mes gages pendant de longues
années: je les ajouterai à ce que vou-
dront bien vous donner mes maîtresses.
Mais, au nom du ciel, laissez en paix
les cendres de M. le marquis d'Avran-
ches, et permettez à sa fille de gémir en
repos sous le poids des malheurs qui
l'accablent!
Pauvre homme! .fit Juliette. Et,
vous croyez bonnement que cela pour-
rait me satisfaire Il me faut tout ce qua
j'ai demandé, ou bien la guerre, k ou-
trance je né sors pas de là.
Mais songez un peu à ce que l'on h
fait pour vous rappelez-vous Valection
que vousamarquée M.lemarquis d'Avrao-
ches, les soins qu'il vous a donnés, les
bienfaits dont il vous a comblée, et de"
mandez-vous si ce que vous projetez de
faire ne serait pas un acte de la plus
noire ingratitude!
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain./
J'ai mis le pied à l'étrier, dit le doc-
teur il ne s'agit plus que de se mainte-
nir en selle.
Dans ce but, une jolie mise en scène,
en partie double, fut organisée à Paris et
à Berne, par les soins du président de la
Confédération, M. Fornerod,
Qui depuis. Berna alors admirait ses vertus.
A Paris, on disait M. Kern, par son
influence sur les Conseils helvétiques,
est seul capable de les amener à compo-
sition.
Et l'écho répondait à Berne Les sa-
lons de la capitale sont saisis d'admira-
tion pour le négociateur thurgovien. La
cour et la ville le réclament à grands cris
comme ministre.
Après avoir ainsi frappé les imagina-
tions, M. Kern revint en Suisse et y fut
reçu comme s'il eût sauvé la patrie.
Là, par exemple, le diplomate s'oublia
absolument. Comme du temps où il bal-
connait en Thurgoyie, pour cause électo-
̃ raie, il eut l'étrange idée de raconter, dans
les cafés et| dans les auberges (Dieu
sait s'il y en a en Suisse !) les détails les
plus importants de sa mission.
Ces confidences, arrosées d'un petit'
vin blanc, aigre et prétentieux, mais ca-
piteux en diable, qu'on appelle Yvorne,
s'égaraient facilement, cela se conçoit.
̃Tout en buvant énormément, les Suisses
étaient flattés de savoir que leur compa-
triote dînait fréquemment aus Tuileries
et qu'il y était l'objet d'une considération
• particulière. Pour être complet, le Thur-
govien battait en brèche le vrai ministre
à Paris, soutenait qu'il n'exerçait au-
cune influence et qu'il ne recevait au-
cune invitation.
Tout cela n'était que singulier, et, jus-
qu'à un certain point, inoffensif. Il n'en
était pas de même des plaisanteries que
M. Kern se permettait sur la rédaction
de certains autographes du roi de Prusse,
qui lui avaient passé par les mains.
̃ 11 est peut-être très joli, au point de
vue républicain, de dauber le mauvais
style des têtes couronnées. Mais en di-
plomatie, où les têtes couronnées ont la
majorité pour elles, ce n'est guère ad-
mis. Aussi, le comte de Hatzfeldt mi-
nistre de Prusse à Paris, se fâcha-t-il des
procédés du délégué suisse, qui frois-
saient, disait-il, ses sentiments de servi-
teur dévoué de son roi, en même temps
que ses habitudes de réserve et de bonne
compagnie.
Par compensation, M. Kern revint à
Paris en qualité de ministre extraordi-
naire.
Il y parut en effet, très extraordi-
naire, tant il heurtait, sans s'en douter,
les usages les plus connus dans les cours.
Inutile de dire si ses malins collègues se
gênaient pour en faire la remarque.
Etait-ce rudesse républicaine? Mépris
des viles coutumes monarchiques? Non.
Envers l'Empereur et l'Impératrice, l'an-
cien radical de Thurgovie oublia son
radicalisme et sa Thurgovie, pour rester
'habile courtisan. On sait a quoi s'en
tenir sur la fierté des radicaux.
Après toutefois, on doit s'étonner
de rempressement avec lequel M. Kern
courut au devant des révolutionnaires
du 4 Septembre, Lui, qui avait vu de
près cette révolution si désastreuse pour
la France, il ne craignit pas d'en deman-
der à son gouvernement la reconnais-
sance immédiate.
Le gouvernement fédéral fut ainsi le
seul en Europe à reconnaître le nouvel
état de choses. M. Jules Favre pardonna
à M. Kern d'avoir tant aimé l'empire.
II vaut mieux rappeler que M. Kern,
resté à Paris pendant le siege, rédigea,
comme doyen des ministres plénipoten-
tiaires, la fameuse protestation du corps
diplomatique contre le bombardement. ̃
Cet important document fut écrit au
siége de la Légation, et de la main de
M. Kern.
Mihistre en France depuis dix-sept
ans, le docteur Kern a pris part à des;
actes internationaux de quelque impor-
tance. ̃ ̃
Nous citerons le traité de commerce
entre la France et la Suisse, du 30 juin'
1864; le traité sur la compétence judi-
ciaire, de 1869; la même année, le traité
d'extradition; enfin, le règlement de
l'indemnité pour l'internement de l'ar-
mée de l'Est en 1871, qui fut fixée à
12 millions.
Un mot sur le chapitre des vins, dans
le traité de 1864. Personne n'ianore
qu'en général les vins suisses sont tes-
tables aussi, pour pouvoir les écouler,
a-t-on chargé les vins français de droits
énormes à leur entrée en Suisse; de
cette façon, il n'yapas de concurrence pos-:
sible. Or, les négociateurs français vou-!
laient à tout prix une réduction de ces
droits. M. Kern s'y refusait impitoyable-'
ment. Il alla jusqu'à trouver l'Empereur
èt à -lui déclarer qu'une réduction sur le;
droit d'entrée des vins amènerait fatale-
ment une révolution. v
Feuilleton du FIGARO dn 42 Avril
62
LES NUITS SANGLANTES
C'est pourquoi il changea aussi de ton,
se 'radoucit et dit à Juliette
Certes, madame, il n'est ni dans
mes intentions, ni dans mon caractère
d'oublier le passé; mais je pense que
vous auriez pu prendre un autre moyen,
d'autres formes pour me le rappeler.,
Mais je ne crois pas vous avoir rien
dit qui puisse vous fâcher, tandis que
vous, Jean, vous avez été dur pour moi,
alors que je ne le méritais pas.
Eh bien! passons sur ce premier
mouvement qui est sans doute l'effet du
trouble et de la surprise, et faites-moi
connaître, madame, l'objet de votre vi-
site.
Je vais donc vous parler avec fran-
chisé. Je suis, et les pièces que j'ai réu-
nies rendent ce point incontestable, la
fille naturelle de M. le marquis d'Avran-
ches. Mon père m'a fait élever, il a payé
ma pension, mon entretien, mes colifi-
chets de jeune fille, sa bourse a toujours
été au service de tous mes caprices, vous
le savez aussi bien que moi, puisque
-vous étiez l'intermédiaire entre lui et
moi, mon père ne m'ayant jamais refusé
qu'une chose sa présence. Les let-
tres qu'il a, penaant tout ce temps-la,
écrites à ma mère attestent surabondam-
ment .que, loin de me renier, il se mon.
-trait assez fier de sa paternité et qu'il ne
•songeait pas le moins du monde à en faire
mystère. Mon père est wort; il a
Une révolution Oh! oh! Dans ce
cas, nous n'insistons plus, dirent les né-
gociateurs français.
Et le paragraphe passa intact.
Et voilà pourquoi il n'y a pas une
table d'hôte, en Suisse, où l'pn ne paye
CINQ francs au moins le médoc le plus
ordinaire. Ce sont là'de vos coups, M.
Kern.
La Suisse compte a peu près deux mil-
lions et demi d'habitants, un peu plus
que le département de la Seine. Croirait-
on que cette petite population entretient
à Paris plus de vingt-cinq mille na-
tionaux ?
L'évaluation n'est cependant pas exa-
gérée, et cette colonie, éminemment
travailleuse, a conservé un esprit de so-
lidarité, comme on n'en trouve guère que
parmi les juifs. Ainsi, elle possède deux
sociétés de secours, dont M. Kern est le
président. Il a un souci très vif de leur
administration. C'est une de ses occupa-
tions préférées.
Quelques membres de la colonie suisse
ont conquis une position importante dans
la société parisienne. Nous citerons, en-
tre autres, M. Dubochet, le directeur du
gaz, M. Marcuard, le richebanquier ber-
nois, et M. Gleyre, le peintre. Ce dernier
est l'auteur du portrait de M. Kern, que
l'on voit dans la salle du Grand Conseil
à Berne.
Peu de chose à glaner chez M. Kern,
pour la chronique mondaine.
Les Suisses, peuple extrêmement en-
nuyeux, ne pardonneraient jamais à M.
Kern de manquer à la loi de leur exis-<
tence, la monotonie. Et puis, le moyen
de faire figure avec les cinquante mille
francs de traitement que la Suisse, pau-:
vre mais honnête, verse en quatre trimes-
tres égaux dans l'escarcelle de son mi-
nistre ̃
Aussi M. Kern vit-il paisiblement, la-
borieusement et parcimonieusement.
Ces trois adverbes suffiraient à son!
épitaphe.
+
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
LYON, 10 avril Le Courrier de
Lyon ne paraîtra pas ce soir. Los composi-
teurs font partie de l'association typogra-
phique qui vient de se mettre en grève.
Marseille, 10 avril. L'instruc-
tion de l'affaire dé la. Boulangerie est com-
mencée. M.' Raynouard a été arrêté sur un
mandat de M. le juge d'instruction, M. de
Rossi. ̃̃:̃̃̃
Toulouse, 10 AVRIL. Un arrêté
préfectoral a suspendu aujourd'hui notre
Conseil municipal, le remplaçant par une
commission de z8 membres. ~l
A ce sujet, nous rappellerons que le
Conseil municipal de Saint-Saulve a dû
également être remplacé par une com-
mission municipale. MM. les Conseillers
ont trouvé, parait-il, le nouveau maire
trop âgé, et ont refusé formellement
d'assister à son installation.
STRASBOURG, 9 avril. Le conseil
municipal qui était suspendu depuis un
an vient, par un décret du 3 avril, d'être
finalement dissous.
Le commissaire de police qui fut nomme
maire par le gouverneur, M. de Moeller,
en' remplacement de M. Lauth révoqué,
continuera ses fonctions en qualité d'ad-
joint de M. de Reichlih, le nouveau maire.:
»~– Argentan (Orne), 10 avril. Le
moment est aux disparitions étranges
Le fondé de pouvoirs de la recelte parti-
culière de la ville, M. Beaulavon, a, disparu
depuis le 22 mars, sans qu'on ait pu re-
trouver ses traces. Il devait se rendre à
Lure, pour occuper les mêmes fonctions à
la recette de cette ville.
Rien ne peut faire soupçonner un sui-
cide, M. Beaulavon était un homme des
plus honorables, et ses écritures sont te-
nues avec une régularité parfaite.
-Avignon, 10 avril. Le grand
Eldorado a brûlé la nuit dernière, pendant
la représentation. Plusieurs maisons et
l'église des jésuites ont été atteintes.
Il n'y a pas eu d'accident de personnes à
déplorer.
Bayonne, 9 avril. Hier a eu lieu
l'exécution du nommé Corréas, assassin de
M. Rauch. Plus de 5, 000 personnes s'étaient
réunies sur les glacis. Le patient a montré
une grande, fermeté et témoigné d'un pro-
fond repentir.
̃ Londres, 10 avril, II a été déci»
dé que les dépouilles mortelles du docteur
Livingstono seraient enterrées dans l'ab-
baye de Westminster- Le service' funèbre
se fera aux frais du gouvernement. Lé cer-
cueil sera probablement exposé dans la
salle du conseil de la Société de Géogra"
phie en attendant les funérailles. Le bateau
qui transporte le corps du célèbre et infor-
tuné explorateur est attendu à Southamp-
ton lundi prochain.
Saint-Jean-de-Maurienne, 9 avril. 'On
signale le passage d'un grand, nombre d'é-
trangers qui vont assister à une grande ré-
ception par S. S. le Pape, le 12 de ce mois,
laissé à ma mère, qui était sa maîtresse,
une somme qu'elle avait engloutie long-
temps avant d'aller mourir a l'hôpital.
A ces derniers mots, Jean éprouva un
violent serrement de cœur ce fut com-
me un rçgiôrds, et il lui semblait qu'il y
avait de sa faute à lui si la femme dont
-on parlait avait ainsi subi les der.
nières extrémités de l^inisère.
Oui, reprit Juliette,' à laquelle cette
impression n'avait pas échappé, oui, elle
est morte à l'hôpital plutôt de misère
que de maladie, la belle Mérillac, la maî-
tresse du marquis d'Avranches! Qu'est-
ce que c'est que ça? Qu'est-ce qu'il y a
d'extraordinaire? C'est la loi naturelle
pour les femmes de'son espèce Il n'y a
rien là qui doive beaucoup émouvoir.
Ah! si l'on était venu vous prendre et
vous conduire à l'hôpital, et que là, sur
la table de marbre de la salle de dissec-
tion, on vous eût montré ce corps que le
marquis d'Avranches avait adore, dépecé
indignement par le bistouri des cara-.
bins, ah je comprendrais votre horreur t
C'eût été un spectacle véritablement
émouvant et bien de nature à faire réflé-
chir ceux qui avaient connu la malheu-
reuse femme au temps de sa splendeur,
alors qu'elle 'était l'idole de M. le mar-
quis, et que vous étiez, vous, Jean, son
serviteur très humble et très empressé
Jean était terrifié et ne trouvait pas'
.un mot à dire.
Je reprends, fit Juliette, après un
court sitencé. Je ne veux pas finir
comme a fini m'a mère, bien que je ne
vaille ni plus ni moins qu'aie. Mais, si
je ne vaux pas mieux, intrinsèquement
parlant, j'ai pourtant un avantage sur
Mme Mérillac j'ai son exemple, d'abord,
et puis une .horrible frayeur de la mi-
sère, ce qui m'a rendue prévoyante. C'est
pourquoi, de cette grande fortune que
notre père t laissée, je veux une part
A Périvier.
à l'occasion de l'anniversaire du miracle de
sainte Agnès.
Il y_ a vingt ans, S. S. le Pape visitait la
basilique de Sainte-Agnès.1 Tout à coup le
plancher s'écroula. Pie IX, seul préservé,
se trouva entouré de blessés auxquels il
prodigua ses soins et ses consolations.
Auguste Marcede.
PARIS AUJ0I1LE J0Î1
Le Journal officiel a annoncé hier ma-
tin l'évasion de M. de Rochefort et de
ses compagnons, mais on'en est toujours
réduit aux suppositions sur ce singulier
épisode. Les quatre condamnés évadés,
dont on connaît les noms, sont Roche-
fort, Paschal Grousset, Jourde et ,Bail-
Ijère. Ce dernier n'a joué qu'un rôle ef-
facé, il a été, croyons-nous, secrétaire
de la rédaction du Cri du Peuple. Les dé-
pêches, ajoute l'Officiel, ne donnent pas
distinctement le nom des autres évadés.
Le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie,
ajoute la note officielle,: eu tournée au mo-
ment de l'évasion, a fait à son retour com-
mencer une enquête rigoureuse. La justice
."militaire est saisie. Dès les premiers bruits
qui s'étaient répandus, le ministre de la
marine avait chargé un oflicier général de
se rendre à la Nouvelle-Calédonie avec les
pouvoirs nécessaires pour prendre les dis-
positions qu'un fait si grave paraît exiger!
Le commissaire du gouvernement par-
tira par le paquebot du 14 courant.
Au milieu des réflexions que soulève
cette évasion, nous signalerons celles
de la France, journal de nuance centre
gauche et par conséquent peu suspect.
Nous envisageons le fait au seul point de
vue qui nous paraît digne d'attention, celui
de ses conséquences et celui des infirmités
malheureuses de la justice humaine.
Encore une fois nous verrons des hommes
relativement innocents, payer pour les cou-
pables. On redoublera de surveillance à
regard des autres condamnés; on les assu-
jettira à des mesures rigoureuses qui ag-
graveront leur situation. Rochefort et ses
dignes compagnons, on grands seigneurs
de la démagogie qu'ils sont, n'ont pas songé
à ces menus détails, pas plus qu ils ne se
souciaient, à l'heure de leurs forfaits, du
sort des malheureux qu'ils poussaient à la
plus effroyable guerre civile.
> ̃ »
II y a là quelque chose qui révolte profon-
dément le sens du juste dans toute âme non
pervertie. La conscience.publique se lasse
de voir des gredins réussir presque tou-
jours à retirer leur épingle du jeu, tandis
que la masse des imbeciles qu'ils ont trom-
pés se fait tuer les armes à la main ou ex-
pie, dans la perpétuité de la détention et de
la déportation, ce qui n'a été, pour un
grand nombre, qu'un égarement, un en-
traînement, au lieu d'être un calcul. Ces
inégalités, ces imperfections, si l'on veut,
de la justice humaine sont criantes. Elles
constituent le plus grand scandale des
époques troublées. Elles font douter de la
morale publique et elles serviront peut-
être un jour à motiver les plus implacables
répressions.
Sauf cet épisode, la politique en
somme fait relâche. M. le comte Rampon
a démenti l'historiette de sa conversation
avec le maréchal Président, à laquelle
nous faisions allusion hier. Une autre
lettre de M. de Franclieu à ses électeurs,
mérite d'être signalée.
L'honorable député conclut au réta-
blissement pur et simple de la monarchie
qui peut seule résoudre les difficultés du
temps présent. Cette lettre s'expriûie en
termes violents contre les parlementai-
res « prétendus orléanistes, prétendus
» légitimistes » qui sont habiles à tout
brouiller. Il ajoute que la France entière
repousse le Septennat et déplore que
le ministère ait compromis le maréchal.
M. de Franclieu veut bien reconnaître
cependant que les honnêtes gens « ont
» intérêt à le conserver jusqu'à la fin né-
» cessairement prochaine du provisoire. »
Le radicalisme, l'impérialisme et le par-
lementarisme, conclut M. de Franclieu,
sont les trois forces destructives que cette
révolution afait surgir pour votre malheur.
Repoussez-les avec l'énergie d'un peuple
qui veut vivre, et ne craignez pas d'élever
la voix car vos voix étoufferont promp-
tement les autres et détermineront une opi-
nion publique devant laquelle toutes les
résistances s'évanouiront.
Ne vous effrayez pas de ce que le roi est
resté seul sur la brèche rappelez-vous sa
promesse de vous sauver par la vertu de
son principe, tandis que ses adversaires
sont frappes d'impuissance et, s'il n'est
pas le nombre, n'oubliez pas qu'il est par
excellence la vérité la vérité qui retrouve
toujours ses droits, soit qu'on l'accepte,
soit qu'on la nie, par son triomphe direct
ou par la confusion de ceux qui la repous-
sent. ̃'
C'est évidemment des déclarations* de
ce genre que vise la note que nous em-
pruntons au Français
Il y a en ce moment comme un renou-
vellement de violence dans la presse d'ex-
trême droite contre le gouvernement. Ja-
mais on n'avait vu passer sur ce parti un
aussi bien que l'autre, aussi bien que ma
soeur.
Votre père, articula Jean, la tête
basse et d'une voix timide, votre père
était M. Mérillac, le mari de Mme votre
mère, et si vous tenez à vous en assurer,
vous n'avez qu'à consulter les registres
de l'état civil. 11
Je ne prendrai pas cette peine, ré-
pondit Juliette je connais de longue
date les mensonges de l'état civil et je
sais à quoi m'en tenir à cet égard. Que
m'importe le nom qu'on m'a mis sur le
dos? La vérité, et vous la connaissez
aussi bien que moi, c'est que je n'ai rien
de commun avec ce M. Merillac, qui était
mort bien longtemps avant que je ne
quitte le pensionnat où M. le marquis
d'Avranches me faisait élever, et où,
vous, son valet de 'chambre, vous êtes
venu me visiter pendant dix ans. Du
reste, à, quoi bon discuter là-dessus? La
chose est par trop claire Je ne compte
pas avoir raison légalement, mais je pré-
tends établir en fait que le sang qui
coule dans mes veines est le même que
celui de Mme la marquise de Villehaut-
d'Avron. Bien que personne ne soit censé
ignorer la loi, on aura peut-être quelque
indulgence pour une fille naïve, simple.
comme moi, et l'on me croira tout au
moins de bonne foi quand on saura qu'a-
vant de recourir à la justice, je suis
venue faire appel aux sentiments d'é-
qûité de ma sœur.
Vous n'avez point de soeur ici,
Mlle Merillac, dit avec emportement le
valet de chambre, personne ne vous y
connaît, personne ne veut vous y con-
naître. Je vois maintenant quelles sont
vos intentions, il ne me reste plus qu'à
vous prier de sortir de cette maison.
Je suis venue ici pour voir ma
sœur, dit Juliette avec un accent d'éner-
gique voloatéj je la verrai, Il faut qu'elle
pareil vent de .folie. Ces journaux sont en
révolte ouverte contre la loi du 20 novem-
bre et demandent que, des, la rentrée de
l'Assemblée, on enlève au maréchal le pou-
voir qui lui avait été confié pour sept ans^
Noas ne saurions mettre trop en garde
l'opinion contre le trouble et l'inquiétude
gue pouraient lui causer ces violences. Les
journaux d'extrême droite profitent de l'ab-
sence des députés pour usurper un rôle et
une autorité qui no leur appartiennent en
aucune façon. Quand ces journaux parlent,
ils ne le font pas au nom de la droite.
Mentionnons enfin, sans y attacher
d'autre importance, un bruit mis en cir-
culation par un journal très fertile en
nouvelles à sensation, le Courrier de
Bruxelles. M. le comte de Chambord se-
rait venu incognito à Paris la semaine
dernière et aurait assisté le jeudi saint à
une conférence du Père Monsabré.
+*¥ Un ayeu féroce de la Gazette d'Augs-
bourg, recueilli par le Moniteur universel.
Après leur victoire sur PerséOj dit-elle,
les Romains exigèrent des territoires con-
quis une rançon telle que, pendant cent
vingt-quatre ans, les citoyens de Rome
purent être exemptés de tout impôt.
A côté de cela, que sont les cinq mil-
liards de la France? Nous aurions vrai-
ment dû exiger des Français une toute
autre somme cela nous aurait donné
quelques années de tranquillité de plus;
Demain, si la guerre recommençait, ils
pourraient déjà mettre sur pied plus'd'hom-
mes qu'en juillet 1870.
Comme le fait justement remarquer le
Moniteur, les Allemands n'ont pas eu,
comme les Romains dont il est question
ici, l'avantage d'une exemption d'impôts.
Il no leur reste en réalité que le souvenir
du sang versé et des peines supportées.
M. Aicard a terminé l'étude qu'il a
consacrée dans le l'emps à la Venus de,
Milo. Comme il nous l'a démontré déjà,
la statue a été brisée dans une lutte en-
tre les marins français et les insulaires
grecs qui la traînaient avec les cordes
entre les rochers, mais ce qu'on sait
moins, c'est qu'on remitlà M. de Marcel-
lus, en même temps que la statue, des
fragments qui doivent encore se trouver
.au Louvre; c'étaient
N° 3 le haut de la chevelure, vul-
gairement dit le chignon que je replacais
moi-même et que je vis des lors s'adapter
merveilleusement au haut de la têje
» N° 4, un avant-bras informe et mu-
tilé;
» N° 5, une moitié de main tenant une
pomme.
i Ces deux derniers objets me parurent
d'un même marbre et d'un grain assez
semblable à celui de .la statue; mais je ne
sus pas discerner s'ils pouvaient raison-
nablement s'appliquer à une Vénus dont
l'attitude m'échappait. »
»*» M. Marcou, le radical de l'Aude, a
fait une déclaration qui produira certai-
nement quelque sensation Le lundi de
Pâques, quelques braillards de Carcas-
sonne ayant patoisé une chanson en fa-
veur de cet illustre député, il leur a ré-
.pondu par un petit speech où il leur a
promis que ses amis et lui, Marcou, fon-
deraient la république « dût la terre nous
engLoutir t>. M. Marcou se vante la terre
ne songe point à le dévorer.
»% Un plaisant souvenir de Domino sur
Lassagne
L'empereur et l'impératrice eurent autre-
fois la fantaisie de se régaler des Bibelots
du Diable.
On se rappelle combien Lassagne cet
imbécile de génie était colossalement
amusant dans sa création de Jean Le-
blanc.
t- Mon cher ami, lui dit Cogniard, son
directeur, le matin du jour où Leurs Majes-,
tés eurent annoncé 1 intention d'honorer
les Variétés de leur présence, il se peut que
l'empereur désire vous voir et vous com-.
plimenter. Présentez-vous avec modestie,
mais sans embarras. Leurs Majestés sont
remplies de bonté pour les artistes.
Soyez tranquille, interrompit le co-
mique on saura leur parler comme il faut.
Que diable! on n'est pas un pignouffle!
Le soir même, en effet, après avoir beau-
coup ri des facéties des Bibelots, Napoléon,
fit monter Lassagne dans sa loge.
L'artiste en entrant ne lui laissa pas
le temps de parler. '•̃̃
Et, lui tendant la main sans façon
Et cette santé, sire, fit-il, est-elle
bonne?
+*“ La République française commence
la publication d'un document curieux.
C'est la copie exacte et inédite d'un car-
net sur lequel Kléber a écrit de sa pro-
pre main les réflexions qui lui venaient
à l'esprit pendant l'expédition d'Egypte.
Très souvent, elles ne sont indiquées
que par une ligne, par un mot. Voici un,
tout a peu près complet sur Bonaparte
qui est fort intéressant, venant d'un de,
ses émules de gloire. Nous n'en retran-
chons que quelques lignes sans portée.
Il est des hommes qu'il ne faut juger que
par les résultats ils perdraient tout, si on
scrutait leur conduite dans les moyens d'y
parvemr Bonaparte est de ce nombre.
Turenne a acquis sa gloire, parce qu'il
combattit Montecueulli, le plus grand gé-
me dise si, oui ou non, elle veut me
rendre une part de l'héritage paternel!
Mme la marquise ne reçoit person-
ne, et ce n'est pas pour vous que j'en-
freindrai la consigne.
Si bien, Jean, ce sera pour moi,
parce que je le "veux. Et, si ma soeur re-
fuse de me recevoir, je lui intente un
procès, je lui demande des aliments au
nom de notre père décédé, et je lui pro-
mets un tel scandale qu'elle s'en mordra
les doigts le reste de ses jours.
Vous ne ferez pas cela, Juliette, dit
en suppliant le valet de chambre, vous
abandonnerez ces projets dont l'exécu-
tion ne peut qu'être nuisible à tout le
monde.
-A tout le monde? non pas à moi
surtout, car là où les autres ont tout à
perdre, moi je n'ai qu'à gagner.
Vous vous trompez, Juliette, ces
choses-là .sont toujours fâcheuses, tant
pour les uns que pour les autres.
-Alors qu'on me fasse une dot! Je ne
me tairai, croyez-le bien, que lorsque
j'aurai les mains*pleines. Il ne me plaît
pas d'aller réchauffer le lit d'hôpital dans
lequel la Mérillac a rendu sa pauvre
âme.
Mais, objecta Jean, il vous a été
donné par M" Blondeau, notaire, une
somme de vingt mille francs, qui vous
revenait de votre mère.
Vingt mille francs à moi! A moi,
Juliette A moi, la Joie A moi, la Fau-
conne Vingt mille francs à moi, pendant
que ma sœur Marianne a des millions
Vous me la baillez vraiment belle, mon-
sieur le valet! Vous oubliez que je tiens
de M. d'Avranches un trop grand appé-f
tit pour me contenter de si maigres bou.
chees!
Madame, fit alors Jean d'un ton gla-
cial, je' ne puis, dans ce cas^ que vous
répéter ce que je vous ai déjà ait per-
néral du siècle. B. a obtenu sa célébrité
en combattant contre tout ce que la mai-
son d'Autriche avait de généraux imbé-
ciles.
Il en est ainsi do tous les hommes.
Dans le malheur, docile et traitable.
Dans la fortune, un peu moins pratica-
ble
Est-il aimé? Comment le serait-il? Il
n'aime personne, mais il croit y suppléer
en se formant des créatures par des avan-
cements et des présents. II prend, dit-il,
sur son compte, toutes les fautes devant,
Acre. Il ne saurait s'eu dispenser.
Est-il méchant? Non; mais c'est parce
que les vices viennent de l'ânerie et qu'il
n'est point un âne.
Il ne sait ni organiser ni administrer, et
pourtant, voulant tout faire, il organise et
administre. De là des désordres, des
gaspillages en tous genres; de là le dênù-
ment absolu, cette misère même au milieu
de l'abondance.
Jamais de plan fixe, tout va par bonds et
par sauts le jour règle les aiïàiros du jour.
Il prétend croire a la fatalité.
Quelle est donc sa grande qualité?
car, enfin, c'est un homme extraordinaire.
C'est d'oser, et d'oser encore et il va
dans cet art jusqu'au-delà de la témérité.
A rapprocher du mot de Danton « De
l'audace, de l'audace, et encore de l'au-
dace !» »
Petit à petit, l'antipathie de Kléber
pour Bonaparte s'accentue. Il pourrait
bien y avoir là-dedans un fond de jalou-
sie Kléber aimait peu ses rivaux et, dans
ses notes, il considère Hoche comme
étant un des plus mauvais généraux de la
République. Quant à Bonaparte, il le con-
sidère definitivement comme un « misé-
rable charlatan ayant plus d'ambition
que de talent.
Et dire, que si Kléber eût vécu, il fût
devenu sans doute maréchal de l'Empire
et duc de quelque chose. f- m.
̃♦ 1_
Injustices et Abus
LES AUXILIAIRES DU MINISTÈRE DES FINANCES
En rendant compte, dans le Figaro du
9 courant, d'une arrestation opérée au mi-
nistère des finances, notre collaborateur et
ami, Gaston Vassy, a dit que l'individu ar-
rêté était un eniployé du ministère.
il y a m une erreur, xout a iait involon-
taire, qu'il importe de redresser. r
L'individu dont notre collaborateur a ra-
conté la triste aventure n'était pas un com-
mis de l'administration et ne travaillait au
ministère qu'en qualité d' auxiliaire, payé a
la journée c'était, pour mieux dire, une
sorte d'ouvrier en écritures, sans aucun ca-
ractère officiel..
On ne saurait, en conséquence, faire re-
monter au chef du personnel la responsa-
bilité de son admission, parce que les au-
xiliaires sont directement requis par le cais-
sier central du Trésor et livrés à son en-
tière discrétion.
La création des auxiliaires, au ministère
des finances, a.eu. pour objet .de. répondre
aux exigences du service des emprunts ils
sont payés sur -fonds spéciaux, complète-
ment distincts dés crédits budgétaires af-
fectés au traitement des employés propre-
monts dits.
En un mot, ils ne font point partie de
l'administration.
On comprend aisément que les méprises
soient faciles, le recrutement de ces agents
temporaires n'étant point entouré des
mêmes garanties dé moralité et d'honora-
bilité que celui des ."fgents commissionnés
de l'administration centrale.
Les conséquences de ce système sont fâ-
cheuses.
Elles peuvent, eneffot, nuire à la fois aux
intérêts du Trésor et à ceux des employés
aux premiers, en permettant à la mé-
fiance de pénétrer dans l'esprit du public;
aux seconds, en exposant les employés à
des relations journalières avec des indivi-
dus mis'aubaii de la société, et en les pri-
vant d'indemnités auxquelles ils pourraient
prétendre, si, au lieu des auxiliaires, ils
étaient appelés à travailler en doiors des
.heures réglementaires des bureaux.
La question est importante: on recon-
nait, en l'examinant do près le danger
de certaines innovations introduites ces
dernières années, dans le recrutemont d'une
partie du personnel du ministère des finan-
ces et la nécessité' qu'il y a à' ce que la si-
tuation des employés soit garantie par une
loi organique, au lieu d'être abandonnée
aux vicissitudes dos décisions et réglemen-
tations administratives.
INFORMATIONS
Demain dimanche à huït heures et de-
mie du matin, S. E. le cardinal archevêque
de Paris donnera la consécration épisco-
pale à Mgr Lion, dominicain de la Province
de France, archevêque élu de Damiette et
délégué apostolique de la Mésopotamie, du
Kurdistan turc et de l'Arménie mineure.
S. G. Mgr Gonin, archevêque dominicain
de Port-d'Espagne et S. G. Mgr Gignoux,
évêque de Beauvais, assisteront le prélat
consécrateur.
La cérémonie aura lieu dans l'ancienne
église des Carmes, rue de Vaugirard,: 70.
Mauvaise nouvelle pour les amateurs de
musique militaire.
sonne ne vous connaît ni ne veut vous
connaître, retirez-vous. J'aurais aimé
vous dire de meilleures paroles, mais
votre esprit n'aurait pas voulu les com-
prendre. Il est animé de trop mauvaises
pensées. Pourtant, tenez, encore un
mot, ou plutôt un conseil laissez Mme
la marquise accomplir en paix sa pre-
mière année de deuil, après quoi, peut-
être, pourra-t-elle vous recevoir et vous
écouter.
Je n'attendrai 'pas un seul jour,
s'écria Juliette avec fureur; Marianne,
ma sœur, a des millions; il me faut, de
bonne grâce et de la main à la main,
cinq tent mille francs: sinon, le joli petit
scandale que je vous ai promis, vpus
l'aurez.
Soit, madame; seulement, je dirai
que vous mentez, que je ne vous connais
pas, que je ne vous ai jamais vue; pas
plus que votre mère.
Et les lettres de M..d'Avranches à
sa bien-aimée Mérillac? Et les quittances
de ma pension délivrées en votrépropre
nom?. Tout cela, mon pauvre Jean, est
déposé chez mon notaire qui ne s'en
dessaisira qu'en échange de la somme
que je demande à ma marquise de sœur.
En cas de refus, ces pièces seront re-
mises à mon avocat, le jour où l'affaire
viendra devant le tribunal, pour édifier
les juges sur le plus ou le moins de bien
fondé de ma demande.. En même
temps, certaines autres lettres; émanant
également de la plume facile du marquis
mon père, mais qui respirent plus d'a-
bandon, avec une philosophie toute épi-
eurienne, et bonnes à produire seule-
ment à titre de renseignement, de cu-
riosité, seront publiées par plusieurs
journaux de Paris.
Voyons, ma petite Juliette, ditJean
tout à fait épouvanté, c'est de l'argent,
n'est-ce pas, que, vous voulez? Eh! Bien,
Emile Paure.
L'une des meilleures musiques do la gar-
nison de Paris celle du 119° de ligne neus
quitte pour le Havre.
Elle va partir incessamment.
,r,
Le concours hippique ouvert depuis huit
jours au palais ̃de l'Industrie commence à
présenter une grande animation. Tous les
matins et toutes les après-midi, le grand
manège est ouvert à une foule de cavaliers
et d'equipages variés qui passent et re-
passent. devant le jury groupé au centre ot
chargé de décerner des récompenses. Hier,
madame la maréchale de Mac-Mahon est
venue assister aux épreuves réservées aux
chevaux de selle et a suivi avec intérêt le
saut des obstacles qui ont été plusieurs
fois franchis sans qu'on ait eu d'accident
à signaler. Parmi les SDortsmcn présents
nous avons remarqué M. le prince de Sa-
gan, M, le comte de Turenne, M. Mackensie-
Grieves, M. A. Blount, M., de Carayon-La-
tour, M. leprince d'Arenberg, M. de' Sain te-
Aldegonde, M. le marquis de Mornay, M.
M. 0. Aguado, M. le comte de Juigné, M.
le comte Rœderer, M. le comte du Manoir,
'M. le marquis de.Castelbajac, M, le baron
de Rochctaillée, M. de Fitz-James, M. le
duc de Ncmours, M. de la Haye Jousse-
lin, M. Boyenval, etc., etc.
La mairie Saint-Laurent a failli, la nuit
dernière, être brûlée comme le saint dont
elle porte le nom. en ce niorhoiit au
Les ouvriers occupés en ce moment au
pavage en .bois de larueduChâteau-d'Eau,
ayant surchauffé une chaudière de goudron,
le feu v a pris et en un clin d'œil une co-
lonne de flammes s'est élevée, léchant le
mur dela mairie qui crépitait et menaçait
de s'embraser.
De promptes mesures ont heureusement
étouffé cet incendie naissant.
UN FAUX ROCHIÎFORT
On a tant et tant parlé ces jours derniers
de Rochefort et de son évasion, qu'il n'est
pas étonnant que cela ait fait tourner la
tête à quelque pauvre diable.
Hier soir, vers quatre heures et demie,
un jeune homme de vingt-cinq à vingt-six
ans, vêtu d'une redingote et d'un pantalon
noirs et coiffé d'un feutre, abordait rue La
Fontaine le sous-brigadier de police Bala-
gna.
un iait trop aoDruit autour de moi,
lui dit-il, cela m'ennuie. Et puis, depuis
mon retour en France, il fait mauvais
temps. Tout cela me tracasse, je suis obligé
de me cacher, de fuir. J'aime beaucoup
mieux me constituer prisonnier. Puisque
vous voilà, profitez de l'occasion.
Mais qui êtes-vous? demanda le sous-
brigadier.
Comment, vous ne me reconnaissez
pas? Vous devez pourtant avoir mon signa-
lement, et puis on a publié tant de por-
traits de moi.
Mais encore. ̃̃••» °
Ah! c'est trop fort! s'écria avec co-
ère le jeune homme. Mais alors vous êtes
le seul. Apprenez-le donc, je suis Henri
Rochefort, l'auteur de la Lanterne le rédac-
teur de la Marseillaise; Rochefort, l'évadé de
Nouméa. Ah vous ne me connaissez pas.
Ehl bien c'est pourtant vous qui allez me
conduire au poste
Le gardien s'apercevant qu'il avait affaire
à un iou, le conduisit en effet au poste de
la rue Boileau.
On n'a trouvé sur ce malheureux jeune
homme aucun papier de nature à faire
connaître son identité.
Il va être envoyé au dépôt et soumis à
l'examen d'un médecin aliéniste.
J'ai l'honneur de vous présenter 8. Exe.
DomFrancesco José de Souza, porteur d'un
des plus beaux noms de Portugal, et, jo
crois même, l'un des Grands de son peuple.
Cet illustrissime personnage est en ce
moment en route pour Paris, venant do
Porto, où il vient d'être arrêté comme
complice de Dom Annibal Ames dos Sah-
tos, le faussaire dont je parlais ces jours
derniers.
C'est sur la demande do M. le commis-
saire de police Pédezert que le parquet de
Paris a demandé l'extradition.
Le procès de José de Souza va causer un
scandale affreux, à cause des hautes rela-
tions de l'accusé.
Encore une histoire de chien. Je vous
ure quo ce n'est pas ma faute, et que je ne
les cherche pas. Ce sont elles qui semblent
me chercher 1
'Donc, un spectacle étrange faisait arrêy
ter.hier matin les passants sur le pont de
la Concorde. Un épagneul noir, de haute
taille, plongeait du quai dans la Seine,
restait un instant à l'eau; et remontait sur
la berge avec un hurlement sinistre pour
replonger de nouveau.
M. Eugène Sauvage, piqueur du service
municipal, prit ce chien et l'amena au Pa-
lais de l'Industrie.
Sur .le collier, sont gravés ces mots.:
« Presto. M. Molard, Avenue des Charmes *&
à Vincennes. » .̃̃̃»̃̃» t
Pendant qu'on l'examinait, l'animal tour-
nait la tête vers la Seine on poussant des
gémissements. • ̃
Il est probable que le maître de ce chien
s'est jeté ou est tombé dans la Seine, otque
le fidèle animal le cherchait à l'endroit où
il l'avait vu tomber.
Non, jamais vous n'avez vu cheveux aus-
si hérissés que l'étaient hier ceux de M.
Serdant, marchand de vins, qui demeura,
41, rue de Puéhla.
je vais tâcher de vous faire avoir quel-
que chose. Je dirai que vous êtes une
personne digne de toute sympathie, que
vous avez beaucoup souffert, que vous
avez éprouvé de grands revers do for-
tune. Je dirai tout ce'que je pourrai
imaginer pour obtenir de mes maîtresses
de quoi vous constituer une petite ai-
sance.
Juliette haussait, les épaules d'un air
d'inexprimable dédain, tandis que Jean
continuait:
En outré, disait-il, j'ai quelques pe-
tites sommes que je tiens de la générosi-
té de mon maître, et que j'ai augmen-
tées de mes gages pendant de longues
années: je les ajouterai à ce que vou-
dront bien vous donner mes maîtresses.
Mais, au nom du ciel, laissez en paix
les cendres de M. le marquis d'Avran-
ches, et permettez à sa fille de gémir en
repos sous le poids des malheurs qui
l'accablent!
Pauvre homme! .fit Juliette. Et,
vous croyez bonnement que cela pour-
rait me satisfaire Il me faut tout ce qua
j'ai demandé, ou bien la guerre, k ou-
trance je né sors pas de là.
Mais songez un peu à ce que l'on h
fait pour vous rappelez-vous Valection
que vousamarquée M.lemarquis d'Avrao-
ches, les soins qu'il vous a donnés, les
bienfaits dont il vous a comblée, et de"
mandez-vous si ce que vous projetez de
faire ne serait pas un acte de la plus
noire ingratitude!
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain./
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