Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-04-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 avril 1874 02 avril 1874
Description : 1874/04/02 (Numéro 92). 1874/04/02 (Numéro 92).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO JEUDI 2 AVRIL 1874
sait énormément. Inutile de dire que
c'est lui qui a raconté partout cette his-
toire.
Demain, probablement, les fugitifs en-
verront de nouvelles dépêches à leurs
amis de Paris. Nous ferons en sorte de
les publier.
Terminons aujourd'hui par un rensei-
gnement assez curieux
L'un des cinq, Jourde, était deve-
nu le propre secrétaire du gouverneur
de la Nouvelle-Calédonie. Voas voyez
d'ici avec quelle facilité celui-ci placera
désormais sa confiance
Jourde tenait toute la comptabilité of-
ficielle, qu'il laisse en plan sans le moin-
dre remords.
Avec sa comptabilité, il laisse aussi en
Nouvelle-Calédonie sa femme qu'il y
avait fait venir tout récemment!
Gaston Vassy.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
̃ ̃ Lorgues, (Var)," 31 mars. Résul-
tat de l'élection du 29 mars, au conseil d'ar-
rondissement.
Inscrits 2,705
Votants 1,599
Le commandant Bertrand, conser-
vateur 871
Carle Camille, radical 728
> Amboise, 30 mars. Un wagon
chargé de bœufs et faisant partie d'un train
de marchandises, s'est défoncé sous le
poids de ces animaux, entre Vouvrav et
Vernou. Les bœufs, afïïoés, se sont échap-
pés dans toutes les directions. On a fini par
les réunir mais deux d'entre eux ont été
surpris par le train de voyageurs venant de
Tours, et littéralement broyés. La machine
a été renversée sur la voie. Heureusement,
il n'y a pas eu d'accident. Le mécanicien
et le chauffeur n'ont eu aucun mal.
Il n'est résulté pour le train qu'un retard
d'une heure.
MARSEILLE, 31 mars. Par un ar-
rêté préfectoral en date du 30 mars, le con-
seil municipal de Marseille a été suspendu
et remplacé par une commission de
36 membres, parmi lesquels figurent
MM. Gimmig, président de la Chambre do
commerce, et ivoire, président du tribu-
nal de commerce, bâtonnier de l'ordre des
avocats. L'installation de la commission
aura lieu ce soir.
OnAN, 28 mars. La cour d'assi-
ses d'Oran a jugé aujourd'hui le procès en
diflamation, intenté par le général Dastude
contre un ancien habitant de la colonie, le
sieur Gélv et le journal Y Allas, qui avait
publié sa lettre, pleine d'articulations d'une
gravité extrême.
Le sieur Gély et le gérant de YAtlas ont
été acquittés.
CLEHMONT-FEnnAND, 31 mars. Le
tribunal de Cusset (Allier), a condamné,
dans son audience du 27 courant, M. Bu-
tin, banquier, à un an de prison pour ban-
queroute. `
Cusset est une sous-préfecture de l'Allier,
près Vichy, et sur la lisière du Puy-de-
Dôme.
Voilà bien des désastres financiers au-
tour de nous depuis quelque temps.
Cologne, 31 mars. Mgr Mel-
chers, archevêque de Cologne, a été con-
duit en prison ce matin à 8 heures 1/4.
L'ordre n a pas été troublé.
Bruxelles, 30 mars,. Une triste
nouvelle nous arrive de Groninguc (Hol-
lande). Une mer furieuse, rompant les en-
diguements que l'on exécute actuellement
dans les polders des Waddon, a envahi
vendredi soir les campements des 500 ou-
vriers qui y travaillaient et submergé 13
de ces malheureux. Les autres n'ont échap-
pé que par une fuite précipitée à une mort
certaine.
Il s'est passé là, paraît-il, des scènes dé-
chirantes. Les cultivateurs des environs se
sont empressés d'offrir un asile aux nom-
breuses familles qui ont perdu tout leur
avoir dans- cette catastrophe.
Auguste Marcade.
PARIS Aï JOUR 1E JOUR
Les infatigables membres de Y Union
républicaine n'ont pas voulu se séparer
sans donner une nouvelle marque de
sympathie à leurs commettants ils leur
ont démontré que la dissolution était
éminemment nécessaire, ce que l'on ré-
pète depuis deux ans sur tous les tons.
Un manifeste est sorti à cet effet des ate-
liers parlementaires de la. rue de la
Sourdière et a été communiqué à tous
les journaux de la secte.
Sans doute, les élections partielles ont
constamment, depuis le 2 juillet 1871, aug-
menté les forces de l'opinion républicaine
Feuilleton du FIGARO du 2 Avril
LES NUITS SAMLANTES
Il s'y engagea avec beaucoup de pré-
caution, marchant doucement et sur. la
pointe du pied, jusqu'au moment où ce-
lui qu'il poursuivait fit une quatrième
halte.
Il était d'ailleurs difficile qu'il allât
plus loin, car, à la lueur de sa lumière,
̃Michel put voir qu'à cet endroit la gale-
rie finissait et que l'aide de cuisine se
trouvait dans une impasse.
Mais ce que Michel ne distinguait pas,
et qui existait néanmoins, c'était une
lourde porte se dessinant aux flancs de
la paroi qui fermait la galerie.
Philippe frappa à cètte porte plusieurs
coups d'une façon particulière.
Personne ne répondit.
Le'jeune homme recommença son si-
gnal et n'obtintpas plus de réponse. Il le
renouvela une troisième et une qua-
trième fois, sans plus de succès.
-Diable! se dit Michel, cette fois-ci
la rencontre avec ce drôle devient inévi-
table. Il est évident que la personne de
qui il veut se faire entendre est absente,
ou bien qu'elle ne veut pas ouvrir. Que
ce soit ceci ou cela, mon homme va re-
brousser chemin; si je fuis, il me pour-
suivra et m'atteindra; si je reste, il est
impossible qu'il puisse passer sans m'a-
percevoir. De toute façon; il fâutquej'en
vienne aux prises avec lui. Mieux vaut
l'attendre en me tenant sur la défensive.
Cependant, l'aide de cuisine venait de
répéter pour la cinquième fois son appel,
et une voix qui semblait venir des plus
dans l'Assemblée. Sans doute, la France
n'a jamais ou plus clairement conscience
de ses besoins et plus nettement affirmé
sa volonté. Sans doute encore, d'injustes
préventions contre la République sont au-
jourd'hui tombées, et l'antagonisme jadis
odieusement entretenu entre les villes et
les- campagnes, a fait place à l'union et à
la solidarité.
L'œuvre néanmoins n'est pas terminée,
puisque le suffrage universel, instrument
régulier et pacifique de ce mouvement na-
tional, est lui-même mis en question. Les
uns veulent éliminer du scrutin des mil-
lions de citoyens; les autres n'affectent de
parler haut de la souveraineté du peuple
que pour obtenir de lui, sous nom de plé-
biscite, une véritable abdication.
Cette dernière théorie ne laisse pas
que d'être plaisante, et la façon dont s'y
prennent les démocrates pour limiter les
modes de la souverainete populaire, fait
beau jeu aux bonapartistes. Comment
l' Union républicaine, fera-t-elle, cepen-
dant, pour imposer la dissolution. Elle
l'ignore et se contente de recommander
une discipline rigoureuse à tous les ré-
publicains. o
/» La Gazette de France publie une
lettre de M. de Belcastel, destinée à expli-
quer l'attitude des 14 députés qui ont voté
1 urgence de la proposition Dahirel. Aux
13 déjà connus, il faut ajouter M. Pau-
lin Gillon. Cette lettre est importante,
en ce qu'elle formule une sorte de pro-
gramme et les conditions auxquelles on
pourraits'entendre avec l'extrême droite.
« Il y a un an, j'ai proposé et défendu de-
vant l'Assemblée la résolution de ne point
nous dissoudre avant d'avoir statué sur les
institutions définitives de la France. Cont
soixante députés ont voté dans co sens. Je
croyais alors, je crois toujours que noire
devoir est de trancher par un vote formel
la question de la forme do gouvernement.
Hier se présentait l'occasion que jonc cher-
chais pas d'exprimer de nouveau cette pen-
sée je l'ai fait.
» La durée légale du pouvoir du maré-
chal ni le respect diï à ce pouvoir ne s'y
opposent.
» Incommutable quant à la durée, il ne
l'est pas quant au titre et aux conditions.
C'est la lettre et l'esprit de la loi. C'est le
commentaire même de M. le vice-président
du conseil.
» En d'autres termes, et pour tout dire,
le septennat a été voté. Mais il peut être mo-
narchique républicain ou septennat tout
court. Ce dernier n'a pas assez de prestige
pour dire Npminor leo, et le plus mauvais
des deux premiers serait encore le meil-
leur.
Rétablir la monarchie sans ramener le
monarque avant sept ans accomplis
telle serait donc la combinaison qu'accep-
terait M. de Belcastel. En vérité, alors,
ce n'est pas la peine de changer ce qui
existe aujourd'hui, et pour arriver à un
résultat si négatif, il est inutile de trou-
bler l'opinion et d'exaspérer les» partis
d'opposition.
Tant qu'il n'y aura pas de roi sur le
trône, le pays se considérera comme
étant en République et se règlera là-
dessus. .«,
Autre lettre M. le duc de Padoue,
organisateur de la manifestation de
Chislehurst a été, on le sait, suspendu
des fonctions de maire qu'il remplit dans
un village de Seine-et-Oise M. de Pa-
doue défend sa cause en disant que ce
n'est pas comme maire qu'il a porté la
parole le 10 mars, et qu'en conséquence
il n'a pas manqué aux devoirs que lui
imposent ses fonctions.
M. le duc de Padoue, répond spirituelle-
ment la Gazette de France, sauf le respect
que nous lui devons, rappelle un peu Maî-
tre Jacques, qui n'avait qu'à changer d'ha-
bit pour être tantôt ceci, tantôt cela; il rap-
pelle aussi le juge de la Timbale d'argent, si
plaisamment représenté par feu Désiré
Courtecuisse « quand j'ai ma toque, je suis
la justice, quand je n'ai pas ma toque, je no
suis pas la msticc. » T
Il paraît que M. le duc de Padoue n'est
aire que quand il a son écharpe. En « pre-
mt la narolo à Camden Place ». il n'avait
maire que quand il a son ecliarpe. lin « pre-
nant la parole à Camden Place », il n'avait
pas son echarpe, donc il n'était pas maire
donc il avait parfaitement le droit de se
montrer ouvertement hostile an gouver-
nement soptenualisto qui l'a nommé ma-
gistrat municipal.
»% M. Jules Sinïon commence dans le
XIXe Siècle la publication des Souvenirs du
4 Septembre. Ces souvenirs débutent par
des vues d'ensemble sur l'empire, où
l'on n'apprend rien de neuf. Avocat,
passons au déluge.
Le Temps, que son correspondant,
M. de Coutouly, renseigne au mieux sur
les choses d'Espagne, bien qu'avec un
peu de partialité républicaine, publie les
premiers renseignements détaillés que
nous ayons sur les débuts de la bataille
commencée le 25, autour de Bilbao, et
non encore finie, à ce qu'il semble. Il
nous montre les soldats républicains du
général Primo de Rivera montant à l'as-
55
extrêmes profondeurs de la butte, avait
répondu:
Est-ce donc toi, Bel-Amour.
Parbleu! certainement que c'est
moi, papa, cria le jeune homme. Qui
donc autre viendrait par ce chemin en.
frappant comme je frappe ? 2
Attends-un peu, je vais-mettre mes
fils de fer .de côté, et alors tu viendras
causer un brin avec papa, répondit la
voix intérieure avec un fort accent alsa-
cien.
On entendit, alors un formidable
bruit de verroux que l'on tirait, de clefs
grinçant dans les serrures, et comme la
chute d'un renard, d'un poids énorme
qu'on venait de détacher.
Puis la porte s'entr'ouvrit, laissant à
peine la place nécessaire pour qu'un
corps de modeste dimension pùt passer
par son entrebaillemerit, et retenue dans
ces conditions par une lourde chaîne
transversale, sous laquelle Bel-Amour
pour entrer, dut passer en se courbant.
Sitôt qu'il fut dedans, la porte se re-
ferma, et Michel se hâta de venir y col-
ler son oreille pour entendre ce qui al-
lait se dire.
Combien m'apportes-tu, demanda la
voix alsacienne, qui ne pouvait être que
celle d'un vieillard?
Hélas pas tant que je voudrais, ré-
pondit. Bel-Amour! Les temps sont durs,
les affaires vont mal et l'on a toutes les
peines du monde à mettre quelques écus
de côté
-Allons, allons, tu te plains toujours,
et d'une façon qui est injuste, car je
trouve au contraire que tu marches bien
gentiment.
C'est pas mon avis, à moi, et je
trouve qu'il y a bien longtemps que je
mange le bon Dieu pour le peu de béné-
fice que j'en ai retire.
Voyons, pourtant, tu as trouvé
moyen de prendre dans toutes les poches
sans jamais te faire crier halte-la Tu
as une mère qui te rapporte, au lieu de
saut des positions carlistes. Le tableau
est pittoresque.
Fusillés à de très faibles distances par
des ennemis embusqués derrière des talus
fort élevés, ils étaient forcés dé gravir au
pas de charge, et en faisant feu continuel-
lement, des pentes extrêmement raides et
complètement dépourvues d'arbres.- Mais
ces sortes d'attaque sont ce que le fantassin
espagnol sait le mieux exécuter. Tous les
spectateurs indigènes ou étrangers mas-
ses sur le mont Janeo étaient dans l'en-
thousiasme. Nous aurions volontiers ap-
plaudi, si nous avions pu supposer que
nos applaudissements seraient entendus.
Une première tranchée fut assez vite
occupée, bien que ses défenseurs s'entê-
tassent à la défendre a la baïonnette, si du
moins nos lunettes d'approche ne nous ont
pas trompés.
-Mais une fois cet ouvrage conquis, il pa-
raît que les difficultés ont encore augmenté.
Les carlistes se défendent avec une singu-
lière ténacité. Quand ils sont forcés d'aban-
donner une ligne ils se retirent fort tran-
quillement derrière d'autres tranchées et
recommencent le feu sans la moindre dé-
faillance. Depuis environ trois heftres, les
troupes occupant les positions conquises,
échangent une fusillade étourdissante avec
les défenseurs de redoutes qui les domi-
nent et do tranchées qui les enfilent. C'est
une lutte acharnée qui paraît avoir des al-
ternatives, mais dont la troupe jusqu'à pré-
sent paraît profiter assez peu. Si elle fait
des progrès, ce que je ne saurais affirmer,
ces progrès sont fort lents.
Par malheur, il est difficile aux canons
do beaucoup soutenir les troupes de ce
côté. Les combattants sont trop près les
uns des autres pour que l'artillerie puisse
jouer à son aise. Pourtant nous voyons
un certain nombre d'obus tomber dans
quelques tranchées isolées. De temps en
temps les feux de ces tranchées s'éteignent, t
mais cela ne dure qu'un instant. Au bout
do quelques minutes la fusillade carliste
recommence.
Les correspondances carlistes annon-
cent la défaite définitive du maréchal
Serrano, sans donner encore de détails.
Toutefois, nous apprenons par l'Univers
qu'un des chefs les plus audacieux de
l'armée royaliste, le général Lizarraga,
aurait été blessé à mort. f. M.
INFORMATIONS
La Journée
M. le prince Qrloffest parti hier soir pour
Varsovie. Il était en grand uniforme dégé-
nérai russe, et accompagné d'un officier
d'ôtat-major en bourgeois. Y 's
On a célébré, hier, à Saint-Thomas-d'A-
quin, les obsèques du colonel du génio
Bazin, ancien directeur des fortifications
de Paris. M. Bazin s'était honoré par la
fondation de la société de secours des
veuves et orphelins des oilleiers du génie.
Il était le président et le bienfaiteur de
cette bonne œuvre. Tous les généraux de
l'armée avaient voulu rendre les derniers
devoirs à cet homme de bien qui s'est
éteint chrétiennement, entouré de l'estime
générale..
Nous avons raconté hier comment
M. L. un des commis des magasins du
Printemps, avait avalé une fourchette. Nous
pouvons donner aujourd'hui, sur l'état de
co jeune homme, les renseignements les
plus précis.
Depuis ce singulier accident il est à l'hô-
pital de la Pitié, où il est entouré, on peut
le dire, des soins de toute la Faculté, et il
n'a pas encore ressenti la moindre dou-
leur^ on a pratiqué des sondages jusqu'à
une profondeur de cinquante centimètres
sans rencontrer aucun corps dur, mais une
auscultation a révélé la présence de la
fourchette plus bas encore, dans le voisi-
nage du foie.
M. L. a été soumis à une diète absolue
et au repos. Son moral n'est nullement af-
fecté, et il est le premier à plaisanter sur
ce qui lui est arrivé. Sa gaîte et sa bonne
humeur sont les mêmes qu'auparavant, et
hier, comme un médecin lui montrait une
fourchette pour lui demander si colle qu'il
a avalée était d'une longueur analogue, il a
dit en riant
Vous n'allez pas me faire avaler celle-
là, je pense?
Une consultation de médecins et de chi-
rurgiens a eu lieu hier à la Pitié, mais elle
n'a ahouti à aucune décision une autre
consultation doit avoir lieu ce matin même,
il laquelle prendront part toutes nos-célé-
brités- médicales, qui considèrent ce cas
comme très grave. Au point de vue de
la science, il est extrêmement curieux à
observer.^
En attendant, les médecins de l'hôpital
ont fait demander à M. Jaluzot, du Prin-
temps, une fourchette pareille à celle qui a
été ingurgitée, afin d'en examiner la com-
position. Après cet examen, on a fait pren-
dre à M. L. un contre-poison énergique,
destiné à combattre les effets que pourrait
occasionner la décomposition de ce métal.
M. L. avait perdu son père depuis très
te coûter grâce à ce qu'on te donne pour •
elle, et que tu vends, provision, linge,
vêtements, tu réunis déjà d'assez jolies
sommes, que tu places entre mes mains,
et que, par conséquent, je connais. Oh!
elle te rapporte gros, ta mère, va il ne
faut pas dire le contraire à papa.
Tiens il ne manquerait plus
qu'après m'être donné la peine d'inven-
ter une mère, je n'eusse pas eu l'idée
d'en tirer parti!
Maintenant, reprit le juif, car
c'était Paterne en personne qui s'entre-
tenait ainsi familièrement avec Philippe,
maintenant, tu as en dehors de ça tes
gages que tu trouves toujours le moyen,
je ne sais trop comment, de doubler et
de tripler: c'est à croire que tu pratiques
la mendicité dans les églises.
Non ce sont mes étrennes.
Quelles étrennes?
Suffit ça me regarde. T'es encore
bon, toi, papa Tu crois que je vais lais-
ser, comme ça, passer des années sans
exercer mes doigts, de manière à ce que,
quand je voudrai plus tard savoir ce qui
se passe dans la profonde de mes voisins,
je sois aussi incapable que l'hippopotame!
Merci je veux pas me rouiller comme
ça! Et puis, je m'embêterais bien de
trop, aux églises si je ne trouvais le
moyen d'y passer le temps plus utilement
qu'a réciter des patenôtres.
Enfin, que ce soit comme ça ou au-
trement, le certain, c'est que ça te rap-
porte encore pas mal.
Et tu crois, le père, qu'avec les fa-
cultés que je me reconnais, je resterais
à manger le pain blanc des gens chez qui
je suis, si je n'avais pas de- grands pro-
jets sur eux, et si, un jour où l'autre, je
ne devais pas trouver le moyen de
me.fafre d'un seul coup, une "fortune `
chez eux, ou plutôt par eux ?
Ca, c'ast ton affaire tu as ton plan
et je sais que tu es un garçon qui veut
arriver. Mais, en attendant" le gros lot,
il me semble que quand ta damera pleur-
peu de temps. Sa mère est dans la plus
profonde désolation et envoie dépêche sur
dépêche. Son oncle, M. B. est arrivé en
toute hâte, et ne quitte pas la Pitié.
IMMiyWM
.lit
LE DRAME MYSTERIEUX DE LA RUE DE
LAROCHEFOUCAULD.
Un drame épouvantable s'est passé hier,
17 rue de Larochcfoucauld.
Au troisième étage de cette maison de-
meure, depuis quelques années, un M.
Harmant Dêsances, employé dans une mai-
son de commerce de chêue sculpte. M. Dé-
sances était un gros garçon d'aspect mé-
lancolique nature sensible, cœur plein
d'illusions.
Il était sympathique à toute là maison.
Or,Ail ya a quatre jours un voisin le vitparsa
fenêtre aller ouvrir sa porte à laquelle
quelqu'un venait de sonner. La personne
entra, et la fenêtre se referma. Puis on
entendit une discussion assez violente,
dans laquelle revinrent deux fois ces
mots
̃ Mais enfin, est-ce moi qui vous dois?
Ce n'est pas moi, c'est lui, il ne me donne
rien pour vous payer!
Puis, ce fut un bruit de lutte. Puis un
silence complet. L'individu était parti.
Trois jours se passèrent. Hier matin, le
concierge, inquiet, sonna à la porte de M.
Dôsances. Pas de réponse. Le concierge eut
le pressentiment d'un malheur, et envoya
chercher M. Daudet, commissaire de police
du quartier, qui arriva avec les agents De-
maux et Giscand. On crocheta la serrure,
et l'on poussa la porte.
Elle s'entrebâilla, mais ne céda pas. On
poussa plus fort. Un craquement d'os bri-
sés se produisit alors, et M. Daudet eut
devant les yeux l'épouvantable spectacle
que voici:
Sur le parquet gisait M. Désanccs en cos-
tume de garde national (???) Dans sa poi-
trine était planté un poignard à la garde
duquel était fixé un papier avec cette ins-
cription bizarre L. C. D. P.
Détail horrible. C'étaient les jambes du
cadavre qui empêchaient la porte de s'ou-
vrir, et la pression les avait brisées!
Le corps a été porté il la Morgue où M. le
docteur Tardicu en a fait hier soir l'autopsie.
Il a remarqué un détail curieux c'est que lo
défunt avait la plante dos piedsdure comme
un sabot de cheval. C'est tout à fait une
anomalie-
Voici une aventure des plus bizarres et
des plus tristes
Il y a un mois environ, un jeune homme
de vingt-deux ans, appartenant à une très
bonne famille, M. Lang, reçut une lettre
signée Elisa, l'invitant à se trouver, à six
heures et demie du soir, au café Riche,
« où une voiture l'attendrait ».
M. Lang était un garçon extrêmement
range, à qui on ne connaissait pas de maî-
tresses. ̃
Bah! dit-il, j'y vais! Go sera mon dé-
but dans le crime.
Et il partit. Depuis, on ne l'avait pas revu.
Inutile de dire qu'on l'avait fait activement
rechercher dans tout Paris mais l'enquête
était demeurée sans résultat.
Hier, on l'a repêché dans la Seine, à Gli-
cliy. La mort semblait remonter àpeu près
à l'époque de sa disparition Bien que son
corps ne porte aucune lésion, que ses vê-
tements n'aient aucune déchirure, n'est-on
pas fondé à croire qu'il y a un crime ̃ là-
dossous?
Le cadavre a été porté à la Morgue où
l'autopsie en a été faite hier soir.
Un pauvre diable de Polonais, du nom
de Poloski, à peine âgé de vingt-deux
ans, s'est suicidé hier, 100, rue de la Fon-
taine, dans une chambre d'hôtel meublé.
On ignore les motifs qui l'ont pouêsé.
Autre suicide celui-là d'une vieille fem-
me
Elle se nomme Eugénie Garçon et a soi-
xante-huit ans. Hier matin à neuf heures,
elle était ivre, et s'en allait battant les
murs, son bonnet sale de travers sur ses
cheveux gris, et se parlant toute seule. Les
gamins la suivaient avec des quolibets.
Elle arriva ainsi au canal Saint-Martin, et
se retourna pour regarder d'un air hé-
bété ses persécuteurs. ZD
Puis tout à coup
J'vas boire de l'eau fit-elle d'une voix
rauquc.
Et elle se jeta dans le canal. Heureuse-
mont, il y avait là du monde et on put la
retirer à temps. On a fait prendre des ren-
seignements sur elle a son domicile, 43, rue
de Cléry.
Parmi les nombreux cas de mort subite
qui nous sont chaque jour signalés, men-
tionrions-en un tout-à-fait étrange
C'est celui d'un enfant de neuf ans, le
jcuue Blinl mort par suite de la rupture
d'un anévrismo, à l'école des frères, 4, rue
de Cacn.
Le cadavre de cet enfant a été porté chez
ses parents, 47, rue de Longchamps.
• UN TROUBLE-FÊTE
Non* il n'y à pas moyen de faire sa
partie tranquille, dans cet' établissement.
Tel est le cri du cœur que poussaient
hier soir, on essuyant leurs pantalons cou-
Verts de bière et en ramassant leurs cartes
nicheuse, la nièce de ta bigotte, a eu son
premier mari tué, tu as eu un joli petit
magot.
Ah là, là Voilà-t-y pas une belle
affaire Mille écus Qu'est-ce qu'on* peut
faire, avec cela, mon Dieu!
^Les joindre aux autres. La vie doit
se passer à mettre de l'argent l'un sur
l'autre ce n'est que lorsqu'on est vieux
et qu'on ne peut plus travailler du tout,
que l'on peut commencer à toucher à
ses revenus.
C'est mon idée, mais je trouve, que
ça ne va pas assez vite.
Pourtant, depuis neuf mois, dix
mois même, je trouve que tu m'en as
pas mal envoyé, des picaillons.
C'est pas mon opinion j'aurais dû
t'en envoyer davantage, si Beaucousin
avait fait son devoir, c'est-à-dire s'il
m'avait donné, en outre du prix convenu,
un bon pot-de-vin, quand je lui ai remis
à lui et à sa largue les empreintes des
serrures de l'hôtel et des plans comme
un architecte, bien sûr, n'aurait pas su
en faire.
C'est de là que sont venus tes beaux
̃ billets? ?
Une partie, ouù
:̃ –Et l'autre?
C'est d'une autre façon ça me re-
garde.
garde Voyons, petit, pourquoi me fais-tu
ces cachotteries? Tu sais bien que je
t'aime?
Les pièces de monnaie n'ont d'autre
maître que celui qui les possède quand
je peux mettre la main sur de la mon-
naie, je trouverais bête de la laisser pour
un autre, d'autant plus que les morts ne
reviennent pas pour dire ce qu'ils avaient
dans leur coffre.
Malgré cette réponse évasive, énigma-
tique, le juif comprit parfaitement que
Philippe avait participé à l'assassinat de
M. de Villehaut d'Avron et qu'il avait
soustrait une somme d'argent ensuite.
Lorsque la justice fut appelée au châ-
éparses, deux habitués du café-concert Bou-
quet, 102, rue de Belleville.
Le fait est qu'il leur était arrivé une
drôle d'aventure. Dans ce café, sous pré-
texte de concert, on exhibe en ce moment
(les gymnasiarques, et l'un d'eux nommé
Devresse, en faisant un rétablissement une
barre mobile, située à quatre mètres de
hauteur, avait manqué son coup et venait
de tomber sur une table où les deux con-
sommateurs jouaient leurs bocks en cent
cinquante; ̃
Devresso, miraculeusement, ne s'était fait
aucun mal, mais les bocks avaient été ren-
versés et la partie tellement bouleversée,
que l'un des joueurs qui avait quinte, qua-
torze et le point a perdu quand même.
Aussi, pendant que le saltimbanque re-
montait à la barre pour continuer ses exer-
cices, sont-ils allés se placer le plus loin
possible, en répétant
Il n y pas moyen de jouer tranquille
dans cet établissement
A propos, vous savez que l'histoire ter-
rible que lé vous ai racontée tout à l'heure,
sous ce titre le Drame mystérieux de la rue
de la Roche foucault, est absolument inven-
tée d'un bout à l'autre.
Il n'y -a pas seulement un mot de vrai
dedans
Un simple poisson d'avril, mesdames et
messieurs
Jardin D'ACCLIMATATION.
Les coricorts auront lieu les jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour de Pâques, 5 avril.
GAZETTE DES TRIBUNAUX
Une femme, un mari et un aveugle.
Ce qui suit est ce qu'on appelle, en
style judiciaire, une cause grasse. C'est
1 histoire d'une bigame qui vient de com-
paraître devant la cour d'assises du Puy.
Peut-être trouvera-t-on que ce n'est pas
lit une histoire de semaine sainte. Mais
il y a si peu de chose au Palais, dans ce
moment, que je suis bien obligé de me
rabattre sur la province.
La bigame en question s'appelle Mar-
guerite Forestier. Est-elle euneouvieille,
brune ou blonde, voila ce que mon cor-
respondant a omis de m'indiquer. Il est
permis toutefois de supposer, en s'ins-
pirant de la méthode d'Edgar Poë, qu'elle
est jeune et blonde. Sans cela aurait-
elle été assez étourdie pour séxposer
aux conséquences de la faute qui l'a
menée devant le jury.
II y a six ou sept ans, Marguerite
épousa un brave ouvrier du Puy nommé
Gimbert, Légèrement ivrogne, un peu
flâneur, un peu querelleur, un peu van-
tard, mais au demeurant le meilleur lits
du monde, tel était Gimbert. Marguerite
de son côté n'était pas une méchante
femme, mais c'était une tête sans cer-
velle, et il eût fallu l'autorité d'un hom-
me intelligent pour la conduire dans la
bonne voie. Malheureusement son mari
ne sut pas la guider, et, dès les premiers
jours de leur mariage, elle fit des siennes,
en veux-tu en voila.
Une fois lancée surcette pente èlle eut
d'abord des amants au Puy, après quoi
il lui prit la fantaisie. de voyager pour
en avoir ailleurs. Cette femme dupeuple
eut une fantaisie, tout comme la petite
Marquise de Meilhàc et Halévy. Seule-
ment elle s'y prit plus grossièrement.
Elle s'adressa a un entremetteur de bas
étage .pour trouver « un homme, » et
cet industriel, après avoir cherché, finit
par lui adresser la lettre suivante
Ma chère,
J'ai trouvé ton affaire. Il y a quelques
jours est arrivé au Puy un jeune aveugle,
chanteur ambulant, qui a du talent. Il fait
tous les jours de bonnes recettes qui suf-
firont amplement pour doux. Je lui ai parlé
de toi avec avantagé. Il accepte tes services
dlautant plus volontiers que le caniche qui
lui servait de guide est mort ces jours-ci.
Marguerite accepta immédiatement de
suivre l'aveugle, et dès le lendemain elle
partit avec lui. L'aveugle s'appelait Sa-
lichon. C'était un honnête jeuie hom-
me, toujours de belle humeur, chantant
d'une voix claire des airs nationaux, et
faisant positivement de belles recettes,
une douzaine de francs par jour. Les
deux associés se promenèrent pendant
quelque mois de ville en ville, parfaite-
ment satisfaits l'un de l'autre, jusqu'au
jour où ils arrivèrent à Saint-Etienne.
C'était dans cette ville que l'aveugle
avait son domicile et ses économies.
Là, l'honnête aveugle déclara à sa
compagne qu'il voulait régulariser sa
situation vis-à-vis d'elle, Marguerite
commença par se faire tirer l'oreille.
Puis, comme elle ne pouvait opposer au-
cune raison sérieuse à une demande si
flatteuse pour elle, elle consentit au ma-
riage. La société de Saint-François Ré-
teau, à Biarritz, elle voulut savoir si le
crime avait eu le vol pour mobile. Mais,
elle ne put constater aucune disparition
d'objets. Seulement, la caisse de la vic-
time fut trouvée bien faible. Cette caisse
n'était autre chose qu'un tiroir de com-
mode, dans laquelle M. de Villehaut
d'Ayron tenait son argent. Michel, inter-
rogé a ce sujet, dit qu'il ne savait pas
exactement quelles valeurs pouvait ren-
fermer ce tiroir au moment du crime;
C'était lui qui allait habituellement
prendre chez le notaire de M; de Ville-
haut d'Avron les sommes dont il avait
besoin. Ces sommes lui étaient remises
soit en rouleaux d'or, soit en liasses de
billets de banque, mais il ignorait quelle
valeur représentaient ces rouleaux ou
ces liasses, qui lui étaient donnés sur
une lettre du marquis, et qu'il mettait
dans le tiroir en arrivant a la maison.
Le marquis puisait ensuite dans ce tiroir,
sans compter, jusqu'à ce qu'il fut près
de s'épuiser, moment où il renvoyait
Michel avec un mot chez le notaire.
Le peu d'argent que l'on avait trouvé
dans le tiroir pouvait s'expliquer par les
dépenses que M. de Villehaut d'Avron
venait de faire à l'occasion de son ma-
riage. Mais, il était possible qu'entre le
moment où le marquis était tombé en
poussant un cri et celui où Marianne
était accourue, l'assassin ou l'un des as-
sassins, eut eu le temps d'ouvrir le tiroir
et d'y prendre des valeurs. Si on n'avait
pas tout pris et si on n'avait laissé que
des valeurs monnayées, c'est qu'on était
pressé de fuir et que les pièces d'or ou
d'argent auraient fait du bruit et pu
trahir les assassins dans une fuite préci-
pitée.
Le juif, à la réponse nébuleuse de Phi-
lippe, poussa un éclat de rire strident et
moqueur.
Je te conseille, dit-il ensuite à l'aide
de cuisine, d'adresser à ton Dieu des
prières ferventes, pour qu'il fasse marier
une troisième fois ta p!eurnicheuse de.
gis se chargea des formalités nécessai*
res, et Marguerite Gimbert devint Mme
Salichon, de par .M. le maire.
La chose faite, Marguerite eut encore
un caprice. Elle voulut revoir ses mon-
tagnes, et décida son nouveau mari à
faire un second voyage au Puy. L'aveu-
gle y consentit; il était dans la période
de la lune de miel, et n'avait rien à refu-
ser à sa compagne. Voilà donc les deux
époux qui débarquent un matin dans la
ville où Marguerite avait fait ses pre-
mières fredaines. Ici se passe une série
de scènes vraiment comiques.
Gimbert, le premier mari, apprend le
retour de sa femme. Il va la trouver, et
commence une scène. « -=- Qu'est-ce que
c'est, demande alors l'aveugle qui ne
comprend rien à la dispute. Mon ami,
répond Marguerite, c'est un créancier
d'autrefois que j'avais oublié! II faut `
vous arranger avec lui, conseille le
mari. »
Marguerite s'arrangea si bien avec son t
premier mari que le lendemain matin, à"
neuf heures, elle n'était pas rentrée au
domicile de Salichon, son second époux.
Jalousie et fureur de l'aveugle qui s'en
va clopin clopant conter son cas au com-
missaire de police. Le commissaire dé- s
mêle la vérité, trouve le domicile de
Gimbert, se fait ouvrir au nom de la loi,
et trouve l'homme et la femme 'couchés
ensemble. Il les accable de reproches.
« Comment, dit-il à la femme, c'est ainsi
que vous vous conduisez quand vous f
avez un mari infirme! un mari >.̃
exclame Gimbert, mais c'est moi le mari
et je ne suis pas infirme! » Le com-
missaire emmène tout le monde au •
poste. •
Quand cette situation embrouillée fut
nettement définie par un juge d'instruc-
tion, on relâcha les deux hommes, et on
ne retint que la femme, Mais ici une dif-
ficulté se présenta. Qu'allait devenir
l'aveugle saris son guide habituel? Le
juge d'instruction eut une idée lumi-
neuse. Il moralisa Gimbert et lui dé-
montra, clair comme le jour que c'était
à lui à s'occuper de Salichon, puisque
c'était Mme Gimbert qni était cause de
tout. Le premier mari accepta, emmena
le second mari chez lui et le traita de •
son mieux. Au bout de quelques jours les
deux hommes se prirent même d'amitié.
Marguerite a été condamnée par la
cour d'assises de la Haute-Loire a cinq
ans de réclusion et cinq ans de surveil-
lance.
Après cette condamnation Salichon
n'avait plus rien à faire au Puy. Il repar-
tit donc pour Saint-Etienne, mais cette
fois guide par un caniche que son ami
Gimbert lui avait donné.
Morale
? '̃ -̃• '̃̃̃:•-
,.•̃; Fernand de Rodays.
Gaston Vassy.
X.
MÉMOIRES ÏÏM JOURNALISTE
n
Je feuillette les quelques lettres de Ra-
chel, de la grande artiste, et la première
qui tombe sous mes yeux est celle-ci,
écrite à un journaliste de ses amis qui,
malgré son intimité, avaitprobablement
blessé la grande tragédienne.
.« Cher ami,
« J'ai ouï dire à bon nombre de gens
d'esprit qu'il valait mieux être maltraité
par la presse que de subir son silence et
son oubli. Je viens donc vous remercier
encore du souvenir que vous me donnez
dans. Mais pourquoi, cher ami, ne vous
préoccupez-vous depuis longtemps que
des tocados de mariage que vous in-
ventez pour m'en blâmer, et aujourd'hui
encore, pourquoi me supposez-vous cette
inutilité? J'ai deux fils que j'adore; j'ai
trente-deux ans sur mon acte de nais-
sance j'en ai cinquante sur ma figure;
je ne dirai pas combien a le reste Dix-
huit ans de tirades passionnées exhu-
mées sur le théâtre, des courses folles au
bout de tous les mondes, des hivers de
Moskow, des trahisons de Waterloo, la
mer perfide, la terre ingrate, voilà qui
vieillit vite un pauvre petit bout de
femme comme moi Mais Dieu protège
les braves, et il semble avoir créé tout
exprès pour moi un petit coin inconnu
de toutes les géographies, où je puis ou-
blier mes fatigues, mes peines, ma vieil-
lesse prématurée. et pourtant vous lan-
cez votre vilain canard au milieu des
oiseaux qui perchent sur mes branches,
et qui me chantent les petites et bonnes
chansons du retour le mien invraisem-
blable et celui du printemps.
» Si j'étais morte en Amérique, vous
eussiez, oh! j'en suis bien sûre, été le
premier à me consacrer (digne de votre
maîtresse, car ses mariages ont pour ré-
sultat d'augmenter singulièrement ton
magot. ZD 1.
Si les maîtres n'étaient bons à rien,
dit sentencieusement Philippe, ce ne se-
rait pas la peine d'en prendre.
Tu as grandement raison, fit le
juif; seulement, ce sont les maîtres que ̃
tu perds, plutôt que ceux que tu prends,
qui te profitent.
Voyons, faisons nos comptes, reprit
Bel-Amour. Si j'ai eu de jolis bénéfices,
faut pas oublier que j'ai eu aussi beau-
coup de peine, et même des frais. J'ai
Eassé une nuit sans sommeil, j'ai fait
brûler des cierges. Sans compter les
souffrances del'amour-propre. Ah! tune
sais pas ce que c'est dur que de se laisser
prendre tout le temps pour un imbécile v
par des gens qui ne seraient pas dignes
de vous décrotter vos bottines!
-Je n'oublie rien, mon petit, rien du `
tout; je sais que ton métier est dur, et
c'est parce que je te trouve un rude •
homme d'affaires, que je t'estime plus ̃
que tous les autres. ̃-
A partir de ce moment, Michel n'en-
tendit plus que le compte rendu et la
gestion du juif à l'égard des sommes que
Philippe avait versées entre ses mains,
chose qui l'intéressa d'autant .moins
qu'il saisissàitplus difficilement les énon-
ciations du vieillard, et que la plupart
du temps il n'y comprenait rien.
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain.) ̃
sait énormément. Inutile de dire que
c'est lui qui a raconté partout cette his-
toire.
Demain, probablement, les fugitifs en-
verront de nouvelles dépêches à leurs
amis de Paris. Nous ferons en sorte de
les publier.
Terminons aujourd'hui par un rensei-
gnement assez curieux
L'un des cinq, Jourde, était deve-
nu le propre secrétaire du gouverneur
de la Nouvelle-Calédonie. Voas voyez
d'ici avec quelle facilité celui-ci placera
désormais sa confiance
Jourde tenait toute la comptabilité of-
ficielle, qu'il laisse en plan sans le moin-
dre remords.
Avec sa comptabilité, il laisse aussi en
Nouvelle-Calédonie sa femme qu'il y
avait fait venir tout récemment!
Gaston Vassy.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
̃ ̃ Lorgues, (Var)," 31 mars. Résul-
tat de l'élection du 29 mars, au conseil d'ar-
rondissement.
Inscrits 2,705
Votants 1,599
Le commandant Bertrand, conser-
vateur 871
Carle Camille, radical 728
> Amboise, 30 mars. Un wagon
chargé de bœufs et faisant partie d'un train
de marchandises, s'est défoncé sous le
poids de ces animaux, entre Vouvrav et
Vernou. Les bœufs, afïïoés, se sont échap-
pés dans toutes les directions. On a fini par
les réunir mais deux d'entre eux ont été
surpris par le train de voyageurs venant de
Tours, et littéralement broyés. La machine
a été renversée sur la voie. Heureusement,
il n'y a pas eu d'accident. Le mécanicien
et le chauffeur n'ont eu aucun mal.
Il n'est résulté pour le train qu'un retard
d'une heure.
MARSEILLE, 31 mars. Par un ar-
rêté préfectoral en date du 30 mars, le con-
seil municipal de Marseille a été suspendu
et remplacé par une commission de
36 membres, parmi lesquels figurent
MM. Gimmig, président de la Chambre do
commerce, et ivoire, président du tribu-
nal de commerce, bâtonnier de l'ordre des
avocats. L'installation de la commission
aura lieu ce soir.
OnAN, 28 mars. La cour d'assi-
ses d'Oran a jugé aujourd'hui le procès en
diflamation, intenté par le général Dastude
contre un ancien habitant de la colonie, le
sieur Gélv et le journal Y Allas, qui avait
publié sa lettre, pleine d'articulations d'une
gravité extrême.
Le sieur Gély et le gérant de YAtlas ont
été acquittés.
CLEHMONT-FEnnAND, 31 mars. Le
tribunal de Cusset (Allier), a condamné,
dans son audience du 27 courant, M. Bu-
tin, banquier, à un an de prison pour ban-
queroute. `
Cusset est une sous-préfecture de l'Allier,
près Vichy, et sur la lisière du Puy-de-
Dôme.
Voilà bien des désastres financiers au-
tour de nous depuis quelque temps.
Cologne, 31 mars. Mgr Mel-
chers, archevêque de Cologne, a été con-
duit en prison ce matin à 8 heures 1/4.
L'ordre n a pas été troublé.
Bruxelles, 30 mars,. Une triste
nouvelle nous arrive de Groninguc (Hol-
lande). Une mer furieuse, rompant les en-
diguements que l'on exécute actuellement
dans les polders des Waddon, a envahi
vendredi soir les campements des 500 ou-
vriers qui y travaillaient et submergé 13
de ces malheureux. Les autres n'ont échap-
pé que par une fuite précipitée à une mort
certaine.
Il s'est passé là, paraît-il, des scènes dé-
chirantes. Les cultivateurs des environs se
sont empressés d'offrir un asile aux nom-
breuses familles qui ont perdu tout leur
avoir dans- cette catastrophe.
Auguste Marcade.
PARIS Aï JOUR 1E JOUR
Les infatigables membres de Y Union
républicaine n'ont pas voulu se séparer
sans donner une nouvelle marque de
sympathie à leurs commettants ils leur
ont démontré que la dissolution était
éminemment nécessaire, ce que l'on ré-
pète depuis deux ans sur tous les tons.
Un manifeste est sorti à cet effet des ate-
liers parlementaires de la. rue de la
Sourdière et a été communiqué à tous
les journaux de la secte.
Sans doute, les élections partielles ont
constamment, depuis le 2 juillet 1871, aug-
menté les forces de l'opinion républicaine
Feuilleton du FIGARO du 2 Avril
LES NUITS SAMLANTES
Il s'y engagea avec beaucoup de pré-
caution, marchant doucement et sur. la
pointe du pied, jusqu'au moment où ce-
lui qu'il poursuivait fit une quatrième
halte.
Il était d'ailleurs difficile qu'il allât
plus loin, car, à la lueur de sa lumière,
̃Michel put voir qu'à cet endroit la gale-
rie finissait et que l'aide de cuisine se
trouvait dans une impasse.
Mais ce que Michel ne distinguait pas,
et qui existait néanmoins, c'était une
lourde porte se dessinant aux flancs de
la paroi qui fermait la galerie.
Philippe frappa à cètte porte plusieurs
coups d'une façon particulière.
Personne ne répondit.
Le'jeune homme recommença son si-
gnal et n'obtintpas plus de réponse. Il le
renouvela une troisième et une qua-
trième fois, sans plus de succès.
-Diable! se dit Michel, cette fois-ci
la rencontre avec ce drôle devient inévi-
table. Il est évident que la personne de
qui il veut se faire entendre est absente,
ou bien qu'elle ne veut pas ouvrir. Que
ce soit ceci ou cela, mon homme va re-
brousser chemin; si je fuis, il me pour-
suivra et m'atteindra; si je reste, il est
impossible qu'il puisse passer sans m'a-
percevoir. De toute façon; il fâutquej'en
vienne aux prises avec lui. Mieux vaut
l'attendre en me tenant sur la défensive.
Cependant, l'aide de cuisine venait de
répéter pour la cinquième fois son appel,
et une voix qui semblait venir des plus
dans l'Assemblée. Sans doute, la France
n'a jamais ou plus clairement conscience
de ses besoins et plus nettement affirmé
sa volonté. Sans doute encore, d'injustes
préventions contre la République sont au-
jourd'hui tombées, et l'antagonisme jadis
odieusement entretenu entre les villes et
les- campagnes, a fait place à l'union et à
la solidarité.
L'œuvre néanmoins n'est pas terminée,
puisque le suffrage universel, instrument
régulier et pacifique de ce mouvement na-
tional, est lui-même mis en question. Les
uns veulent éliminer du scrutin des mil-
lions de citoyens; les autres n'affectent de
parler haut de la souveraineté du peuple
que pour obtenir de lui, sous nom de plé-
biscite, une véritable abdication.
Cette dernière théorie ne laisse pas
que d'être plaisante, et la façon dont s'y
prennent les démocrates pour limiter les
modes de la souverainete populaire, fait
beau jeu aux bonapartistes. Comment
l' Union républicaine, fera-t-elle, cepen-
dant, pour imposer la dissolution. Elle
l'ignore et se contente de recommander
une discipline rigoureuse à tous les ré-
publicains. o
/» La Gazette de France publie une
lettre de M. de Belcastel, destinée à expli-
quer l'attitude des 14 députés qui ont voté
1 urgence de la proposition Dahirel. Aux
13 déjà connus, il faut ajouter M. Pau-
lin Gillon. Cette lettre est importante,
en ce qu'elle formule une sorte de pro-
gramme et les conditions auxquelles on
pourraits'entendre avec l'extrême droite.
« Il y a un an, j'ai proposé et défendu de-
vant l'Assemblée la résolution de ne point
nous dissoudre avant d'avoir statué sur les
institutions définitives de la France. Cont
soixante députés ont voté dans co sens. Je
croyais alors, je crois toujours que noire
devoir est de trancher par un vote formel
la question de la forme do gouvernement.
Hier se présentait l'occasion que jonc cher-
chais pas d'exprimer de nouveau cette pen-
sée je l'ai fait.
» La durée légale du pouvoir du maré-
chal ni le respect diï à ce pouvoir ne s'y
opposent.
» Incommutable quant à la durée, il ne
l'est pas quant au titre et aux conditions.
C'est la lettre et l'esprit de la loi. C'est le
commentaire même de M. le vice-président
du conseil.
» En d'autres termes, et pour tout dire,
le septennat a été voté. Mais il peut être mo-
narchique républicain ou septennat tout
court. Ce dernier n'a pas assez de prestige
pour dire Npminor leo, et le plus mauvais
des deux premiers serait encore le meil-
leur.
Rétablir la monarchie sans ramener le
monarque avant sept ans accomplis
telle serait donc la combinaison qu'accep-
terait M. de Belcastel. En vérité, alors,
ce n'est pas la peine de changer ce qui
existe aujourd'hui, et pour arriver à un
résultat si négatif, il est inutile de trou-
bler l'opinion et d'exaspérer les» partis
d'opposition.
Tant qu'il n'y aura pas de roi sur le
trône, le pays se considérera comme
étant en République et se règlera là-
dessus. .«,
Autre lettre M. le duc de Padoue,
organisateur de la manifestation de
Chislehurst a été, on le sait, suspendu
des fonctions de maire qu'il remplit dans
un village de Seine-et-Oise M. de Pa-
doue défend sa cause en disant que ce
n'est pas comme maire qu'il a porté la
parole le 10 mars, et qu'en conséquence
il n'a pas manqué aux devoirs que lui
imposent ses fonctions.
M. le duc de Padoue, répond spirituelle-
ment la Gazette de France, sauf le respect
que nous lui devons, rappelle un peu Maî-
tre Jacques, qui n'avait qu'à changer d'ha-
bit pour être tantôt ceci, tantôt cela; il rap-
pelle aussi le juge de la Timbale d'argent, si
plaisamment représenté par feu Désiré
Courtecuisse « quand j'ai ma toque, je suis
la justice, quand je n'ai pas ma toque, je no
suis pas la msticc. » T
Il paraît que M. le duc de Padoue n'est
aire que quand il a son écharpe. En « pre-
mt la narolo à Camden Place ». il n'avait
maire que quand il a son ecliarpe. lin « pre-
nant la parole à Camden Place », il n'avait
pas son echarpe, donc il n'était pas maire
donc il avait parfaitement le droit de se
montrer ouvertement hostile an gouver-
nement soptenualisto qui l'a nommé ma-
gistrat municipal.
»% M. Jules Sinïon commence dans le
XIXe Siècle la publication des Souvenirs du
4 Septembre. Ces souvenirs débutent par
des vues d'ensemble sur l'empire, où
l'on n'apprend rien de neuf. Avocat,
passons au déluge.
Le Temps, que son correspondant,
M. de Coutouly, renseigne au mieux sur
les choses d'Espagne, bien qu'avec un
peu de partialité républicaine, publie les
premiers renseignements détaillés que
nous ayons sur les débuts de la bataille
commencée le 25, autour de Bilbao, et
non encore finie, à ce qu'il semble. Il
nous montre les soldats républicains du
général Primo de Rivera montant à l'as-
55
extrêmes profondeurs de la butte, avait
répondu:
Est-ce donc toi, Bel-Amour.
Parbleu! certainement que c'est
moi, papa, cria le jeune homme. Qui
donc autre viendrait par ce chemin en.
frappant comme je frappe ? 2
Attends-un peu, je vais-mettre mes
fils de fer .de côté, et alors tu viendras
causer un brin avec papa, répondit la
voix intérieure avec un fort accent alsa-
cien.
On entendit, alors un formidable
bruit de verroux que l'on tirait, de clefs
grinçant dans les serrures, et comme la
chute d'un renard, d'un poids énorme
qu'on venait de détacher.
Puis la porte s'entr'ouvrit, laissant à
peine la place nécessaire pour qu'un
corps de modeste dimension pùt passer
par son entrebaillemerit, et retenue dans
ces conditions par une lourde chaîne
transversale, sous laquelle Bel-Amour
pour entrer, dut passer en se courbant.
Sitôt qu'il fut dedans, la porte se re-
ferma, et Michel se hâta de venir y col-
ler son oreille pour entendre ce qui al-
lait se dire.
Combien m'apportes-tu, demanda la
voix alsacienne, qui ne pouvait être que
celle d'un vieillard?
Hélas pas tant que je voudrais, ré-
pondit. Bel-Amour! Les temps sont durs,
les affaires vont mal et l'on a toutes les
peines du monde à mettre quelques écus
de côté
-Allons, allons, tu te plains toujours,
et d'une façon qui est injuste, car je
trouve au contraire que tu marches bien
gentiment.
C'est pas mon avis, à moi, et je
trouve qu'il y a bien longtemps que je
mange le bon Dieu pour le peu de béné-
fice que j'en ai retire.
Voyons, pourtant, tu as trouvé
moyen de prendre dans toutes les poches
sans jamais te faire crier halte-la Tu
as une mère qui te rapporte, au lieu de
saut des positions carlistes. Le tableau
est pittoresque.
Fusillés à de très faibles distances par
des ennemis embusqués derrière des talus
fort élevés, ils étaient forcés dé gravir au
pas de charge, et en faisant feu continuel-
lement, des pentes extrêmement raides et
complètement dépourvues d'arbres.- Mais
ces sortes d'attaque sont ce que le fantassin
espagnol sait le mieux exécuter. Tous les
spectateurs indigènes ou étrangers mas-
ses sur le mont Janeo étaient dans l'en-
thousiasme. Nous aurions volontiers ap-
plaudi, si nous avions pu supposer que
nos applaudissements seraient entendus.
Une première tranchée fut assez vite
occupée, bien que ses défenseurs s'entê-
tassent à la défendre a la baïonnette, si du
moins nos lunettes d'approche ne nous ont
pas trompés.
-Mais une fois cet ouvrage conquis, il pa-
raît que les difficultés ont encore augmenté.
Les carlistes se défendent avec une singu-
lière ténacité. Quand ils sont forcés d'aban-
donner une ligne ils se retirent fort tran-
quillement derrière d'autres tranchées et
recommencent le feu sans la moindre dé-
faillance. Depuis environ trois heftres, les
troupes occupant les positions conquises,
échangent une fusillade étourdissante avec
les défenseurs de redoutes qui les domi-
nent et do tranchées qui les enfilent. C'est
une lutte acharnée qui paraît avoir des al-
ternatives, mais dont la troupe jusqu'à pré-
sent paraît profiter assez peu. Si elle fait
des progrès, ce que je ne saurais affirmer,
ces progrès sont fort lents.
Par malheur, il est difficile aux canons
do beaucoup soutenir les troupes de ce
côté. Les combattants sont trop près les
uns des autres pour que l'artillerie puisse
jouer à son aise. Pourtant nous voyons
un certain nombre d'obus tomber dans
quelques tranchées isolées. De temps en
temps les feux de ces tranchées s'éteignent, t
mais cela ne dure qu'un instant. Au bout
do quelques minutes la fusillade carliste
recommence.
Les correspondances carlistes annon-
cent la défaite définitive du maréchal
Serrano, sans donner encore de détails.
Toutefois, nous apprenons par l'Univers
qu'un des chefs les plus audacieux de
l'armée royaliste, le général Lizarraga,
aurait été blessé à mort. f. M.
INFORMATIONS
La Journée
M. le prince Qrloffest parti hier soir pour
Varsovie. Il était en grand uniforme dégé-
nérai russe, et accompagné d'un officier
d'ôtat-major en bourgeois. Y 's
On a célébré, hier, à Saint-Thomas-d'A-
quin, les obsèques du colonel du génio
Bazin, ancien directeur des fortifications
de Paris. M. Bazin s'était honoré par la
fondation de la société de secours des
veuves et orphelins des oilleiers du génie.
Il était le président et le bienfaiteur de
cette bonne œuvre. Tous les généraux de
l'armée avaient voulu rendre les derniers
devoirs à cet homme de bien qui s'est
éteint chrétiennement, entouré de l'estime
générale..
Nous avons raconté hier comment
M. L. un des commis des magasins du
Printemps, avait avalé une fourchette. Nous
pouvons donner aujourd'hui, sur l'état de
co jeune homme, les renseignements les
plus précis.
Depuis ce singulier accident il est à l'hô-
pital de la Pitié, où il est entouré, on peut
le dire, des soins de toute la Faculté, et il
n'a pas encore ressenti la moindre dou-
leur^ on a pratiqué des sondages jusqu'à
une profondeur de cinquante centimètres
sans rencontrer aucun corps dur, mais une
auscultation a révélé la présence de la
fourchette plus bas encore, dans le voisi-
nage du foie.
M. L. a été soumis à une diète absolue
et au repos. Son moral n'est nullement af-
fecté, et il est le premier à plaisanter sur
ce qui lui est arrivé. Sa gaîte et sa bonne
humeur sont les mêmes qu'auparavant, et
hier, comme un médecin lui montrait une
fourchette pour lui demander si colle qu'il
a avalée était d'une longueur analogue, il a
dit en riant
Vous n'allez pas me faire avaler celle-
là, je pense?
Une consultation de médecins et de chi-
rurgiens a eu lieu hier à la Pitié, mais elle
n'a ahouti à aucune décision une autre
consultation doit avoir lieu ce matin même,
il laquelle prendront part toutes nos-célé-
brités- médicales, qui considèrent ce cas
comme très grave. Au point de vue de
la science, il est extrêmement curieux à
observer.^
En attendant, les médecins de l'hôpital
ont fait demander à M. Jaluzot, du Prin-
temps, une fourchette pareille à celle qui a
été ingurgitée, afin d'en examiner la com-
position. Après cet examen, on a fait pren-
dre à M. L. un contre-poison énergique,
destiné à combattre les effets que pourrait
occasionner la décomposition de ce métal.
M. L. avait perdu son père depuis très
te coûter grâce à ce qu'on te donne pour •
elle, et que tu vends, provision, linge,
vêtements, tu réunis déjà d'assez jolies
sommes, que tu places entre mes mains,
et que, par conséquent, je connais. Oh!
elle te rapporte gros, ta mère, va il ne
faut pas dire le contraire à papa.
Tiens il ne manquerait plus
qu'après m'être donné la peine d'inven-
ter une mère, je n'eusse pas eu l'idée
d'en tirer parti!
Maintenant, reprit le juif, car
c'était Paterne en personne qui s'entre-
tenait ainsi familièrement avec Philippe,
maintenant, tu as en dehors de ça tes
gages que tu trouves toujours le moyen,
je ne sais trop comment, de doubler et
de tripler: c'est à croire que tu pratiques
la mendicité dans les églises.
Non ce sont mes étrennes.
Quelles étrennes?
Suffit ça me regarde. T'es encore
bon, toi, papa Tu crois que je vais lais-
ser, comme ça, passer des années sans
exercer mes doigts, de manière à ce que,
quand je voudrai plus tard savoir ce qui
se passe dans la profonde de mes voisins,
je sois aussi incapable que l'hippopotame!
Merci je veux pas me rouiller comme
ça! Et puis, je m'embêterais bien de
trop, aux églises si je ne trouvais le
moyen d'y passer le temps plus utilement
qu'a réciter des patenôtres.
Enfin, que ce soit comme ça ou au-
trement, le certain, c'est que ça te rap-
porte encore pas mal.
Et tu crois, le père, qu'avec les fa-
cultés que je me reconnais, je resterais
à manger le pain blanc des gens chez qui
je suis, si je n'avais pas de- grands pro-
jets sur eux, et si, un jour où l'autre, je
ne devais pas trouver le moyen de
me.fafre d'un seul coup, une "fortune `
chez eux, ou plutôt par eux ?
Ca, c'ast ton affaire tu as ton plan
et je sais que tu es un garçon qui veut
arriver. Mais, en attendant" le gros lot,
il me semble que quand ta damera pleur-
peu de temps. Sa mère est dans la plus
profonde désolation et envoie dépêche sur
dépêche. Son oncle, M. B. est arrivé en
toute hâte, et ne quitte pas la Pitié.
IMMiyWM
.lit
LE DRAME MYSTERIEUX DE LA RUE DE
LAROCHEFOUCAULD.
Un drame épouvantable s'est passé hier,
17 rue de Larochcfoucauld.
Au troisième étage de cette maison de-
meure, depuis quelques années, un M.
Harmant Dêsances, employé dans une mai-
son de commerce de chêue sculpte. M. Dé-
sances était un gros garçon d'aspect mé-
lancolique nature sensible, cœur plein
d'illusions.
Il était sympathique à toute là maison.
Or,Ail ya a quatre jours un voisin le vitparsa
fenêtre aller ouvrir sa porte à laquelle
quelqu'un venait de sonner. La personne
entra, et la fenêtre se referma. Puis on
entendit une discussion assez violente,
dans laquelle revinrent deux fois ces
mots
̃ Mais enfin, est-ce moi qui vous dois?
Ce n'est pas moi, c'est lui, il ne me donne
rien pour vous payer!
Puis, ce fut un bruit de lutte. Puis un
silence complet. L'individu était parti.
Trois jours se passèrent. Hier matin, le
concierge, inquiet, sonna à la porte de M.
Dôsances. Pas de réponse. Le concierge eut
le pressentiment d'un malheur, et envoya
chercher M. Daudet, commissaire de police
du quartier, qui arriva avec les agents De-
maux et Giscand. On crocheta la serrure,
et l'on poussa la porte.
Elle s'entrebâilla, mais ne céda pas. On
poussa plus fort. Un craquement d'os bri-
sés se produisit alors, et M. Daudet eut
devant les yeux l'épouvantable spectacle
que voici:
Sur le parquet gisait M. Désanccs en cos-
tume de garde national (???) Dans sa poi-
trine était planté un poignard à la garde
duquel était fixé un papier avec cette ins-
cription bizarre L. C. D. P.
Détail horrible. C'étaient les jambes du
cadavre qui empêchaient la porte de s'ou-
vrir, et la pression les avait brisées!
Le corps a été porté il la Morgue où M. le
docteur Tardicu en a fait hier soir l'autopsie.
Il a remarqué un détail curieux c'est que lo
défunt avait la plante dos piedsdure comme
un sabot de cheval. C'est tout à fait une
anomalie-
Voici une aventure des plus bizarres et
des plus tristes
Il y a un mois environ, un jeune homme
de vingt-deux ans, appartenant à une très
bonne famille, M. Lang, reçut une lettre
signée Elisa, l'invitant à se trouver, à six
heures et demie du soir, au café Riche,
« où une voiture l'attendrait ».
M. Lang était un garçon extrêmement
range, à qui on ne connaissait pas de maî-
tresses. ̃
Bah! dit-il, j'y vais! Go sera mon dé-
but dans le crime.
Et il partit. Depuis, on ne l'avait pas revu.
Inutile de dire qu'on l'avait fait activement
rechercher dans tout Paris mais l'enquête
était demeurée sans résultat.
Hier, on l'a repêché dans la Seine, à Gli-
cliy. La mort semblait remonter àpeu près
à l'époque de sa disparition Bien que son
corps ne porte aucune lésion, que ses vê-
tements n'aient aucune déchirure, n'est-on
pas fondé à croire qu'il y a un crime ̃ là-
dossous?
Le cadavre a été porté à la Morgue où
l'autopsie en a été faite hier soir.
Un pauvre diable de Polonais, du nom
de Poloski, à peine âgé de vingt-deux
ans, s'est suicidé hier, 100, rue de la Fon-
taine, dans une chambre d'hôtel meublé.
On ignore les motifs qui l'ont pouêsé.
Autre suicide celui-là d'une vieille fem-
me
Elle se nomme Eugénie Garçon et a soi-
xante-huit ans. Hier matin à neuf heures,
elle était ivre, et s'en allait battant les
murs, son bonnet sale de travers sur ses
cheveux gris, et se parlant toute seule. Les
gamins la suivaient avec des quolibets.
Elle arriva ainsi au canal Saint-Martin, et
se retourna pour regarder d'un air hé-
bété ses persécuteurs. ZD
Puis tout à coup
J'vas boire de l'eau fit-elle d'une voix
rauquc.
Et elle se jeta dans le canal. Heureuse-
mont, il y avait là du monde et on put la
retirer à temps. On a fait prendre des ren-
seignements sur elle a son domicile, 43, rue
de Cléry.
Parmi les nombreux cas de mort subite
qui nous sont chaque jour signalés, men-
tionrions-en un tout-à-fait étrange
C'est celui d'un enfant de neuf ans, le
jcuue Blinl mort par suite de la rupture
d'un anévrismo, à l'école des frères, 4, rue
de Cacn.
Le cadavre de cet enfant a été porté chez
ses parents, 47, rue de Longchamps.
• UN TROUBLE-FÊTE
Non* il n'y à pas moyen de faire sa
partie tranquille, dans cet' établissement.
Tel est le cri du cœur que poussaient
hier soir, on essuyant leurs pantalons cou-
Verts de bière et en ramassant leurs cartes
nicheuse, la nièce de ta bigotte, a eu son
premier mari tué, tu as eu un joli petit
magot.
Ah là, là Voilà-t-y pas une belle
affaire Mille écus Qu'est-ce qu'on* peut
faire, avec cela, mon Dieu!
^Les joindre aux autres. La vie doit
se passer à mettre de l'argent l'un sur
l'autre ce n'est que lorsqu'on est vieux
et qu'on ne peut plus travailler du tout,
que l'on peut commencer à toucher à
ses revenus.
C'est mon idée, mais je trouve, que
ça ne va pas assez vite.
Pourtant, depuis neuf mois, dix
mois même, je trouve que tu m'en as
pas mal envoyé, des picaillons.
C'est pas mon opinion j'aurais dû
t'en envoyer davantage, si Beaucousin
avait fait son devoir, c'est-à-dire s'il
m'avait donné, en outre du prix convenu,
un bon pot-de-vin, quand je lui ai remis
à lui et à sa largue les empreintes des
serrures de l'hôtel et des plans comme
un architecte, bien sûr, n'aurait pas su
en faire.
C'est de là que sont venus tes beaux
̃ billets? ?
Une partie, ouù
:̃ –Et l'autre?
C'est d'une autre façon ça me re-
garde.
garde Voyons, petit, pourquoi me fais-tu
ces cachotteries? Tu sais bien que je
t'aime?
Les pièces de monnaie n'ont d'autre
maître que celui qui les possède quand
je peux mettre la main sur de la mon-
naie, je trouverais bête de la laisser pour
un autre, d'autant plus que les morts ne
reviennent pas pour dire ce qu'ils avaient
dans leur coffre.
Malgré cette réponse évasive, énigma-
tique, le juif comprit parfaitement que
Philippe avait participé à l'assassinat de
M. de Villehaut d'Avron et qu'il avait
soustrait une somme d'argent ensuite.
Lorsque la justice fut appelée au châ-
éparses, deux habitués du café-concert Bou-
quet, 102, rue de Belleville.
Le fait est qu'il leur était arrivé une
drôle d'aventure. Dans ce café, sous pré-
texte de concert, on exhibe en ce moment
(les gymnasiarques, et l'un d'eux nommé
Devresse, en faisant un rétablissement une
barre mobile, située à quatre mètres de
hauteur, avait manqué son coup et venait
de tomber sur une table où les deux con-
sommateurs jouaient leurs bocks en cent
cinquante; ̃
Devresso, miraculeusement, ne s'était fait
aucun mal, mais les bocks avaient été ren-
versés et la partie tellement bouleversée,
que l'un des joueurs qui avait quinte, qua-
torze et le point a perdu quand même.
Aussi, pendant que le saltimbanque re-
montait à la barre pour continuer ses exer-
cices, sont-ils allés se placer le plus loin
possible, en répétant
Il n y pas moyen de jouer tranquille
dans cet établissement
A propos, vous savez que l'histoire ter-
rible que lé vous ai racontée tout à l'heure,
sous ce titre le Drame mystérieux de la rue
de la Roche foucault, est absolument inven-
tée d'un bout à l'autre.
Il n'y -a pas seulement un mot de vrai
dedans
Un simple poisson d'avril, mesdames et
messieurs
Jardin D'ACCLIMATATION.
Les coricorts auront lieu les jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour de Pâques, 5 avril.
GAZETTE DES TRIBUNAUX
Une femme, un mari et un aveugle.
Ce qui suit est ce qu'on appelle, en
style judiciaire, une cause grasse. C'est
1 histoire d'une bigame qui vient de com-
paraître devant la cour d'assises du Puy.
Peut-être trouvera-t-on que ce n'est pas
lit une histoire de semaine sainte. Mais
il y a si peu de chose au Palais, dans ce
moment, que je suis bien obligé de me
rabattre sur la province.
La bigame en question s'appelle Mar-
guerite Forestier. Est-elle euneouvieille,
brune ou blonde, voila ce que mon cor-
respondant a omis de m'indiquer. Il est
permis toutefois de supposer, en s'ins-
pirant de la méthode d'Edgar Poë, qu'elle
est jeune et blonde. Sans cela aurait-
elle été assez étourdie pour séxposer
aux conséquences de la faute qui l'a
menée devant le jury.
II y a six ou sept ans, Marguerite
épousa un brave ouvrier du Puy nommé
Gimbert, Légèrement ivrogne, un peu
flâneur, un peu querelleur, un peu van-
tard, mais au demeurant le meilleur lits
du monde, tel était Gimbert. Marguerite
de son côté n'était pas une méchante
femme, mais c'était une tête sans cer-
velle, et il eût fallu l'autorité d'un hom-
me intelligent pour la conduire dans la
bonne voie. Malheureusement son mari
ne sut pas la guider, et, dès les premiers
jours de leur mariage, elle fit des siennes,
en veux-tu en voila.
Une fois lancée surcette pente èlle eut
d'abord des amants au Puy, après quoi
il lui prit la fantaisie. de voyager pour
en avoir ailleurs. Cette femme dupeuple
eut une fantaisie, tout comme la petite
Marquise de Meilhàc et Halévy. Seule-
ment elle s'y prit plus grossièrement.
Elle s'adressa a un entremetteur de bas
étage .pour trouver « un homme, » et
cet industriel, après avoir cherché, finit
par lui adresser la lettre suivante
Ma chère,
J'ai trouvé ton affaire. Il y a quelques
jours est arrivé au Puy un jeune aveugle,
chanteur ambulant, qui a du talent. Il fait
tous les jours de bonnes recettes qui suf-
firont amplement pour doux. Je lui ai parlé
de toi avec avantagé. Il accepte tes services
dlautant plus volontiers que le caniche qui
lui servait de guide est mort ces jours-ci.
Marguerite accepta immédiatement de
suivre l'aveugle, et dès le lendemain elle
partit avec lui. L'aveugle s'appelait Sa-
lichon. C'était un honnête jeuie hom-
me, toujours de belle humeur, chantant
d'une voix claire des airs nationaux, et
faisant positivement de belles recettes,
une douzaine de francs par jour. Les
deux associés se promenèrent pendant
quelque mois de ville en ville, parfaite-
ment satisfaits l'un de l'autre, jusqu'au
jour où ils arrivèrent à Saint-Etienne.
C'était dans cette ville que l'aveugle
avait son domicile et ses économies.
Là, l'honnête aveugle déclara à sa
compagne qu'il voulait régulariser sa
situation vis-à-vis d'elle, Marguerite
commença par se faire tirer l'oreille.
Puis, comme elle ne pouvait opposer au-
cune raison sérieuse à une demande si
flatteuse pour elle, elle consentit au ma-
riage. La société de Saint-François Ré-
teau, à Biarritz, elle voulut savoir si le
crime avait eu le vol pour mobile. Mais,
elle ne put constater aucune disparition
d'objets. Seulement, la caisse de la vic-
time fut trouvée bien faible. Cette caisse
n'était autre chose qu'un tiroir de com-
mode, dans laquelle M. de Villehaut
d'Ayron tenait son argent. Michel, inter-
rogé a ce sujet, dit qu'il ne savait pas
exactement quelles valeurs pouvait ren-
fermer ce tiroir au moment du crime;
C'était lui qui allait habituellement
prendre chez le notaire de M; de Ville-
haut d'Avron les sommes dont il avait
besoin. Ces sommes lui étaient remises
soit en rouleaux d'or, soit en liasses de
billets de banque, mais il ignorait quelle
valeur représentaient ces rouleaux ou
ces liasses, qui lui étaient donnés sur
une lettre du marquis, et qu'il mettait
dans le tiroir en arrivant a la maison.
Le marquis puisait ensuite dans ce tiroir,
sans compter, jusqu'à ce qu'il fut près
de s'épuiser, moment où il renvoyait
Michel avec un mot chez le notaire.
Le peu d'argent que l'on avait trouvé
dans le tiroir pouvait s'expliquer par les
dépenses que M. de Villehaut d'Avron
venait de faire à l'occasion de son ma-
riage. Mais, il était possible qu'entre le
moment où le marquis était tombé en
poussant un cri et celui où Marianne
était accourue, l'assassin ou l'un des as-
sassins, eut eu le temps d'ouvrir le tiroir
et d'y prendre des valeurs. Si on n'avait
pas tout pris et si on n'avait laissé que
des valeurs monnayées, c'est qu'on était
pressé de fuir et que les pièces d'or ou
d'argent auraient fait du bruit et pu
trahir les assassins dans une fuite préci-
pitée.
Le juif, à la réponse nébuleuse de Phi-
lippe, poussa un éclat de rire strident et
moqueur.
Je te conseille, dit-il ensuite à l'aide
de cuisine, d'adresser à ton Dieu des
prières ferventes, pour qu'il fasse marier
une troisième fois ta p!eurnicheuse de.
gis se chargea des formalités nécessai*
res, et Marguerite Gimbert devint Mme
Salichon, de par .M. le maire.
La chose faite, Marguerite eut encore
un caprice. Elle voulut revoir ses mon-
tagnes, et décida son nouveau mari à
faire un second voyage au Puy. L'aveu-
gle y consentit; il était dans la période
de la lune de miel, et n'avait rien à refu-
ser à sa compagne. Voilà donc les deux
époux qui débarquent un matin dans la
ville où Marguerite avait fait ses pre-
mières fredaines. Ici se passe une série
de scènes vraiment comiques.
Gimbert, le premier mari, apprend le
retour de sa femme. Il va la trouver, et
commence une scène. « -=- Qu'est-ce que
c'est, demande alors l'aveugle qui ne
comprend rien à la dispute. Mon ami,
répond Marguerite, c'est un créancier
d'autrefois que j'avais oublié! II faut `
vous arranger avec lui, conseille le
mari. »
Marguerite s'arrangea si bien avec son t
premier mari que le lendemain matin, à"
neuf heures, elle n'était pas rentrée au
domicile de Salichon, son second époux.
Jalousie et fureur de l'aveugle qui s'en
va clopin clopant conter son cas au com-
missaire de police. Le commissaire dé- s
mêle la vérité, trouve le domicile de
Gimbert, se fait ouvrir au nom de la loi,
et trouve l'homme et la femme 'couchés
ensemble. Il les accable de reproches.
« Comment, dit-il à la femme, c'est ainsi
que vous vous conduisez quand vous f
avez un mari infirme! un mari >.̃
exclame Gimbert, mais c'est moi le mari
et je ne suis pas infirme! » Le com-
missaire emmène tout le monde au •
poste. •
Quand cette situation embrouillée fut
nettement définie par un juge d'instruc-
tion, on relâcha les deux hommes, et on
ne retint que la femme, Mais ici une dif-
ficulté se présenta. Qu'allait devenir
l'aveugle saris son guide habituel? Le
juge d'instruction eut une idée lumi-
neuse. Il moralisa Gimbert et lui dé-
montra, clair comme le jour que c'était
à lui à s'occuper de Salichon, puisque
c'était Mme Gimbert qni était cause de
tout. Le premier mari accepta, emmena
le second mari chez lui et le traita de •
son mieux. Au bout de quelques jours les
deux hommes se prirent même d'amitié.
Marguerite a été condamnée par la
cour d'assises de la Haute-Loire a cinq
ans de réclusion et cinq ans de surveil-
lance.
Après cette condamnation Salichon
n'avait plus rien à faire au Puy. Il repar-
tit donc pour Saint-Etienne, mais cette
fois guide par un caniche que son ami
Gimbert lui avait donné.
Morale
? '̃ -̃• '̃̃̃:•-
,.•̃; Fernand de Rodays.
Gaston Vassy.
X.
MÉMOIRES ÏÏM JOURNALISTE
n
Je feuillette les quelques lettres de Ra-
chel, de la grande artiste, et la première
qui tombe sous mes yeux est celle-ci,
écrite à un journaliste de ses amis qui,
malgré son intimité, avaitprobablement
blessé la grande tragédienne.
.« Cher ami,
« J'ai ouï dire à bon nombre de gens
d'esprit qu'il valait mieux être maltraité
par la presse que de subir son silence et
son oubli. Je viens donc vous remercier
encore du souvenir que vous me donnez
dans. Mais pourquoi, cher ami, ne vous
préoccupez-vous depuis longtemps que
des tocados de mariage que vous in-
ventez pour m'en blâmer, et aujourd'hui
encore, pourquoi me supposez-vous cette
inutilité? J'ai deux fils que j'adore; j'ai
trente-deux ans sur mon acte de nais-
sance j'en ai cinquante sur ma figure;
je ne dirai pas combien a le reste Dix-
huit ans de tirades passionnées exhu-
mées sur le théâtre, des courses folles au
bout de tous les mondes, des hivers de
Moskow, des trahisons de Waterloo, la
mer perfide, la terre ingrate, voilà qui
vieillit vite un pauvre petit bout de
femme comme moi Mais Dieu protège
les braves, et il semble avoir créé tout
exprès pour moi un petit coin inconnu
de toutes les géographies, où je puis ou-
blier mes fatigues, mes peines, ma vieil-
lesse prématurée. et pourtant vous lan-
cez votre vilain canard au milieu des
oiseaux qui perchent sur mes branches,
et qui me chantent les petites et bonnes
chansons du retour le mien invraisem-
blable et celui du printemps.
» Si j'étais morte en Amérique, vous
eussiez, oh! j'en suis bien sûre, été le
premier à me consacrer (digne de votre
maîtresse, car ses mariages ont pour ré-
sultat d'augmenter singulièrement ton
magot. ZD 1.
Si les maîtres n'étaient bons à rien,
dit sentencieusement Philippe, ce ne se-
rait pas la peine d'en prendre.
Tu as grandement raison, fit le
juif; seulement, ce sont les maîtres que ̃
tu perds, plutôt que ceux que tu prends,
qui te profitent.
Voyons, faisons nos comptes, reprit
Bel-Amour. Si j'ai eu de jolis bénéfices,
faut pas oublier que j'ai eu aussi beau-
coup de peine, et même des frais. J'ai
Eassé une nuit sans sommeil, j'ai fait
brûler des cierges. Sans compter les
souffrances del'amour-propre. Ah! tune
sais pas ce que c'est dur que de se laisser
prendre tout le temps pour un imbécile v
par des gens qui ne seraient pas dignes
de vous décrotter vos bottines!
-Je n'oublie rien, mon petit, rien du `
tout; je sais que ton métier est dur, et
c'est parce que je te trouve un rude •
homme d'affaires, que je t'estime plus ̃
que tous les autres. ̃-
A partir de ce moment, Michel n'en-
tendit plus que le compte rendu et la
gestion du juif à l'égard des sommes que
Philippe avait versées entre ses mains,
chose qui l'intéressa d'autant .moins
qu'il saisissàitplus difficilement les énon-
ciations du vieillard, et que la plupart
du temps il n'y comprenait rien.
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain.) ̃
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