Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-04-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 01 avril 1874 01 avril 1874
Description : 1874/04/01 (Numéro 91). 1874/04/01 (Numéro 91).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275192m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MERCREDI 1» AVRIL 1874
sa démission si la loi militaire ne passait
pas telle qu'elle a été présentée. Il 'est pro-
bable que la pression extrême exercée sur
le Parlement, donnera la victoire au gou-
vernement, cependant l'opposition est tou-
jours résolue.
TOULOUSE, 29L mars. Un méde-
cin, M. Blondin, s'était prêté, par une com-
plaisance déplorable, à faire exempter des
jeunes gens du service militaire. Pour ce
fait, il avait été condamné par le tribunal
correctionnel a un an de prison. Le procu-
reur de la République ayant interjeté appel,.
*a Cour vient d'élever la peine à deux ans.
Auguste Marcade,-
Injustices et Abus
LETTRES DE CHANGE.
L'Assemblée nationale a. récemment voté
1 augmentation du timbre des lettres de
change. »
Ce timbre est aujourd'hui de 1 fr. 50 par
mille francs sur les lettres de change paya-
bles en France.
On a décidé, en même temps, que le tim-
bre mobile le plus élevé serait de 10 fr.
et demi-droit en plus, soit 15 fr.
Lorsque le timbre n'était que de 1 fr. par
mille, l'administration du timbre était au-
torisée à émettre des timbres mobiles de-
puis 10 fr. jusqu'à 20 fr.
On a ainsi, pendant qu'on augmentait le
rtroit-a payer sur les lettres de change, di^
«nnué la valeur des timbres mobiles.
En outre, le format des nouveaux timbres
est do beaucoup plus grand que celui des
anciens.
ïl en résulte qu'une lettre de change de
«},000 fr., qu'on pouvait timbrer en appli-
quant trois timbres de 20 fr., emportant
aujourd'hui un droit de 90 fr.,ne peut plus
être timbrée qu'en appliquant 6 timbres de
10 fr. et demi droit eir sus, qui sont d'une
plus grande dimension.
Il est faciîc de se rendre compte des in-
convénients que cela a pour le haut com-
merce et pour Ja haute banque où les effets
«e cette valeur et même de plus haute
importance, sont très communs: ces traites
ayant souvent 5 ou 6 endossements, l'appli-
cation des timbre? mobiles devient à peu
près impossible, faute de place.
Ajoutons que le droit des effets tirés de
1 étranger sur l'étranger, et qui passent en
i'rance par l'endossement, étant resté le
même, c'est-à-dire de 25 centimes parmille
francs, une lettre de change de 16,000 fr.,
•̃par exemple, soumise à un droit de 4 fr
ne pourra plus être timbrée, puisque les
anciens timbres n'existent plus, qu'avec un
timbre do 4 'fr. 50, c'est-à-dire un demi-
franç en plus qu'il n'est dû. C'est lourd
et injuste.
Nous ne pouvons qu'appeler là-dessus
1 attention de M. le ministre des finances.
Emile Faure.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 30 mars 1874.
'A' monsieur le Directeur-Gérant du figaro.
Monsieur,
Vous avez inséré, dans votre journal, le'
20 mars dernier, un article concernant la
compagnie des Thermes d'Eiighien et ses
administrateurs., permettez-nous de 10 'rec-
tifier en ce qu'il a d'erroné et de malveil-
lant.
M. Touzén'a pas tenu le langage que vous
lui attribuez il a bien propose l'adjonction
de deux administrateurs non payes aux ad-
ministrateurs actuels, mais sur notre ob-
servation que nous ne pouvions accenter
cette inégalité et que nous préférions nous
retirer, les actionnaires à l'unanimité et M.
Touzé lui-même, nous ont priés de rester
à notre poste.
De plus, et ce que vous ne dites pas, ce
même M. Touzé, après certaines critiques
générales sur la direction du service ther-
mal, a fait entendre qu'il existait des négli-
gences coupables préjudiciables aux in-
térêts des actionnaires mis aussitôt en
demeure par le directeur de l'exploitation
de préciser des faits, il n'a pu répondre que
par des insinuations fausses et perfides que
ce dernier se propose de poursuivre devant
le tribunal correctionnel.
Quant au renseignement qu'on vous a
donné que les administrateurs ne possé-
daient chacun que 10 actions et s'en fai-
saient 4,000 francs de rente, il est aussi
inexact quemalveillant; les administrateurs
possèdent et étaient inscrits sur les feuilles
âe présence pour 118 actions. Ils n'ont ac-
cepté la position d'administrateurs que sur
l'invitation pressante et unanime des ac-
tionnaires réunis en assemblée générale,
prêts qu'ils sont encore aujourd'hui, com- a
me dans la dernière séance, à résigner leurs
fonctions si- d'autres actionnaires veulent
les accepter. 'l
Mais, ce qui est plus grave, c'est que vo-
tre article présente des. chiffres en opposi-
«ri complète avec ceux du compte rendu
Feuilleton du FIGARO du j r Avril
̃s- ̃̃ ;/̃̃-̃- u
M8 IHTS 8AS6UHTJ&
«* A la bonne heure! Ça y.est, comme
ça, fit la Griffard en se levant. Et quand
c'est qu'on- le voit ton homme?
rr~ Ca te va-t-il pour lundi?
«- "Va pour lundi, mon fiston.
Faudra se mettre sur son trente-et-
m, la maman aux écus, observa Beau-
pousin d'un ton câlin; l'homme avec qui
tu vas dîner est un monsieur qui, à ma
jpgeotte, doit se laisser gober par la
pelure.
Sois tranquille! s'il ne faut que de
Ja toilette, le pante à Cérès sera content
de moi. Tu sais ben que c'est pas à la
mère Griffard qu'on fait baisser pavillon
quand il s'agit de beaux attiflaux!
•– Et j'aurai une chaîne avec mes cent
écus en pièces de vingt francs?
t~ Tu auras tout ça et bien d'autres
choses encore, pour peu que tu prennes
la peine de m'amener d'autres pratiques
comme ça.
Ca peut se faire, mon estimable
amie^ répondit Beàucousin en souriant
et en faisant la roue.
Et, il se sépara de la Griffard pour
aller se coucher, ayant la conscience
d'une journée bien remplie.
Son sommeil ne fut troublé que par
des rêves agréables dans lesquels il
chantait tout le temps le refrain fa-
meux des Filles de marbre.
Le lundi, vers les six heures du soir,
SI. Mareuil et Cérès étaient assis à une
table à quatre couverts, lorsqu'arriva
Ki'ame Griffard au bras de Beàucousin.
de nos opérations aux actionnaires, d où
l'on peut tirer des conclusions de nature à
porter atteinte à notre honneur et à notre
considération. L'auteur de vos renseigne-
ments vous a donné les chiffres'd'un docu-
ment qui n'est pas destiné à la publicité et
qui n a rien de commun avec ceux du
compte rendu que nous devons faire aux
actionnaires.
Aux termes d'une ordonnance ministé-
rielle, les administrations des eaux ther-*
males de France doivent fournir tous les
ans, aux préfets des départements, un re-
levé de leurs opérations d'eaux, en recettes
et en dépenses. Ce compte rendu a été dé-
posé, comme nous le faisons tous les ans,
a la préfecture de Versailles.
Il présente, comme recettes, le chiffre
de Fr. 182,607 »
Et comme dépenses, celui 108,706 »
de. ••̃» 108,706 »
Le compte que nous avons
fourni aux actionnaires,
offre, comme recettes. » 242,182 50
Et comme dépenses. » 137,696 50
Différence toute naturelle, qui provient
de ce que le compte envoyé à la préfecture
ne contient et ne doit contenir rien en de-
hors de ce qui a trait 'au service thermal,
tandis que le compte rendu aux actionnai-
res comprend et doit comprendre, en plus,
toutes les dépenses et les recettes des ac-
cessoires d'exploitation qui dépendent de
la société, tels que le restaurant, le café,
l'hôtel, le casino, etc.
La perfidie de celui qui vous a donné les
premiers chiffres, consiste en ceci.: qu'il
vous a dissimulé les seconds pour vous
amener à tirer la conclusion du peu d'im-
portance de l'exploitation, comparé à celui
qui nous est attribué.
Que dire,.enfin, de l'erreur qui vous fait
assigner la date de 1865 aux achats des ac-
tions d'une compagnie qui n'a été créée
qu'en 1870!
Faut-il insister sur ce que vous dites du
curage du lac, et votre donneur de rensei-
gnements a-t-il réfléchi à la situation que
-cette opération, qui devrait durer au moins
deux ans, ferait a toutes les villes riverai-
nes ? Ce serait laruinedetousles cuisiniers
et aubergistes qui peuplent la commune
d'Enghien, et sans nécessité aucune mais,
rassuroz-vous, monsieur, jamais l'inutile
opération dont vous parlez n"aura lieu,
l'air pur qu'on respire dans le voisinage du
lac est la meilleure garantie contre cette
mesure. Vous devez en savoir, à cet égard,
quelque chose mieux que personne, vous
qui possédez une des plus jolies villas
Enghien,
Sachez, enfin, que si elle devait s'exécu-
ter, xe n'«st.pasà!a compagnie seule qu'en
incomberaient les frais.
Veuillez avoir l'obligeance, monsieur le
rédacteur en chef, d'insérer la présente
dans votre plus prochain numéro, vous of-
frant de payer les lignes en plus de ce que
la loinous permetde vous demander comme
rectification à votre article du 20 mars der-
nier.
Recevez nos salutations.
Les administrateurs
ItL-y, ROBERT, Boque*.
PARIS XV J0I1IE JOTR
Les journaux n'ont point encore une
somme suffisante de renseignements sur
les événements d'Espagne; des dépêches
contradictoires se succèdent d'heure en
heure, sans qu'on puisse savoir au juste'
la vérité.
Les carlistes ont, entre la mer et Bil-
bao, trois lignes de défense qui s'éten-i
dent, jusqu'à la côte, des'deux côtés de
la petite rivière -du Nervion, sans préju-
dice des troupes qui bloquent et bom-
bardent Bilbao. Il s'agissait pour les
troupes républicaines de percer ces
lignes et de s'emparer de Portugalete,
qui défend le coiÂrs du Nervîon. Jusqu'ici
le maréchal Serrano n'a point réussi
tout au plus a-t-il pu g'emparerde la pre-
mière ligne de défense. Mais il est resté
devant San Pedro de Abanto, qui est la
clef de la position.
La position du maréchal Serrano est
d'ailleurs fort grave: et sa défaite devant
Bilbao entraîne peut-être sa chute à Ma-
drid où on lui dira que ce n'était pas la
peine de faire un coup d'État pour en
arriver là et que M. Castelar, en somme,
a été moins vaincu que lui.
Si nous ne nous trompons, M. Serrano
n'est point un très grand -homme de
guerre et ses grades n'ont pas tous été
gagnés à J& pointe de l'ëpée. Au con-
traire, les chefs carlistes sont tous des
hommes de main, beaucoup moins aris-
tocratiques d'ailleurs qu'on ne pourrait
le supposer. Radica était ouvrier maçon,
Perula était notaire, Velasco, employe
aux bagages dans un chemin de fer, ce
qui, entre parenthèses, scandalise horri-
blement la République française, C'est
tout à fait conforme cependant à cette
fameuse tradition révolutionnaire dont
on parle toujours.
M'ame Griffard était littéralement pa-
rée comme une châsse robe de soie bleu
de roi, recouverte de trois hauts volants
d'une magnifique guipure noire; cache-
mire de l'Inde, valant pour le moins trois
ou quatre mille francs; chapeau de paille
d'Italie, ave coquelicot rouge sur le côté
et de la majine d'un prix fou; boucles
d'oreille à brillants, montre large comme
une pièce de dix francs, merveilleuse-
ment émaîllée, chaîne imperceptible or-
née de coulants émeraude et rubis; cor.
sage agrémenté du plus fin point d'Alen-
çon bagues à tous les doigts, mouchoir
de batiste, chargé de broderies et enri-
chi d'un point d'Angleterre de 40 centimè-
tres de haut, ombrelle de moire blanche,
recouverte de Chantilly.
Presqu'en même temps que la Grif-
fard et Beaucousin, était entré dans la
salle et avait pris place à une table voi-
sine de celle de M. Mareuil, le même
personnage à paletot gris, à pantalon
bleu à larges bandes jaunes, à cravate
singulière, que nous avons eu déjà l'oc-
casion de signaler.
Après présentation de m'ame Griffard h
M. Mareuil et les compliments d'usage
échangés, nos quatre convives se distri-
buèrent les places à table; d'un côté,
Mlle Cérès et M. Mareuil; de l'autre,
m'ame Griffard et Beaucousin.
M'ame Griffard trouva M. Mareuil fort
de son goût elle se dit qu'à côté de lui,
Beàucousin n'était que « de la Saint-
Jean. »
Si vous le permettez, lui dit M. Ma-
reûil an bout d'un instant de silence gé-
néral, nous ne parlerons d'affaires qu'au
dessert; il me semble que discuter des
prix et faire des chiffres, cela donne de
l'amertume à tout ce qu'on mange.
La Griffard trouva cela charmant.
Dieu! se dit-elle, qu'il est aimable
aussi. Elle a vraiment trop de chancee,
cette épaisse Cérès d'avoir mis la main
sur un homme comme çà! Ah: si j'avais,
moi, une pareille chance» comme je le A
l »*» M. Lebas dans Paris-Journal, ap-
plique spirituellement aux journaux et
aux hommes politiques qui, après avoir
[ acclamé le septennat comme une plan-
che de salut, le renient aujourd'hui, *me
aventure assez originale
Le mois dernier, le garde du prince de
Beau. faisant sa ronde nocturne, croit
entendre du bruit dans le château de son
maître, en ce moment inhabité. Il allume
sa lanterne, arme son fusil, s'approche à
pas de loup, ouvre délicatement la porte,
entre sur la pointe ilés pieds dans le vesti-
bule, puis dans la salle à manger, puis
dans lé salon. Là, en face dé lui; à dkjpas, il
aperçoit un grand gaillard arme d'un fusil,
qui le regarde d'un air effaré « Qui êtes-
vous? Que faitas-vous-là? L'homme ne
dit rien. « Répondez, ou je tire. » Et il.
épaule. L'homme ne répond pas, mais il
épaule comme lui.. Il vise; l'homme vise.
II tire' l'homme tombe. avec un épou-
vantable fracas de verre brisé. Une glace
de vingt-cinq louis venait de voler en éclats.
Le malheureux garde avait tiré sur son
image!
+\ Les journaux ont annoncé en deux
lignes, comme un vulgaire fait divers, la
mort du chef des insurgés de Cuba, don
Manuel Gespedès, qui s'intitulait prési-
dent de la republique cubaine. Le Mémo-
rial diplomatique nous explique les cir-
constances par ticulièrement dramatiques
de cette mort.
Traqué et poursuivi à outrance par les
volontaires espagnols, -il avait fini par
trouver un asile qu'il partageait avec un
nègre jadis émancipé par lui et qui l'avait
suivi dans toutes ses campagnes. Ce mal-
heureux, sur la fidélité duquel il croyait
pouvoir compter, le vendit pour sauver sa
tête. Les Espagnols, guidés par lui, surpri-
rent le président, qui préféra vendre chère-
ment sa vie plutôt que de donner à ses en-
nemis la satisfaction de le /aire fusiller
dans le dos, comme ils n'auraient pas man-
qué de le faire. H tomba, criblé de balles,
en criant vive Cuba libre] mais non sans
laisser des marques sanglantes de son éner-
gique défense.
Carlos-Manuel Cespedès était né le 6 mai
1817, à Bayoma, et n'était âgé par consé-
quent que de cinquante-sept ans. Quoi-
qu'élpve en Espagne, où il prit ses grades
universitaires, il se signala de bonne neure
par son ardeur pour la cause cubaine. Le
9 octobre 1868, après avoir longtemps mûri
ses plans, il proclama, à sa plantation de
Moyagua, l'indépendance défile et affran-
chit le même jour tous ses esclaves, au
nombre de quatre à cinq cents. Deux cents
d'entre eux prirent les armes avec lui et le
suivirent dans toutes ses luttes. C'est un
de ceux-là qui l'a vendu. Le 10 avril 1869,
il fut nommé président de la République
cubaine; depuis ce jour, sa vie n'a été
qu'une longue suite .de 'sacrifices et de souf-
frances noblement supportées. Après avoir
vu ses biens confisques, .ses foyers réduits
en cendres par les soldats espagnols, ses
fils fusillés par eux ou tués près de lui, il
succomba à son tour, et par Ta main môme
d'un de ceux dont l'affranchissement avait
été l'objet de ses efforts.
»*» Un |oli mot da,ns une chronique dn
Charivari ̃̃̃ ,:1
On demandait hier à pourquoi il ,?
avait rompu son projet d'union avec une
1 jeune personne sur laquelle ont couru des
bruits fâcheux ̃:
Mon cher, fit X. le mariage est un
livre qui n'est agréable à lire que quandon
coupe les pages soi-même.
'l' Bachaumont, le hîgh-lifeur du Consti-
tutmwel, éclaire les dames sur quelques
points de toilette féminine. Tout d'à-
bord, il paraît que la faille et le crèpe
dé Chine tiennent la corde dans les
combinaisons d'ajustement; on ne hait
point les galons, les broderies d'acier
leuté, d'argent oxydé, les effilés mous-
seux et perlés. tout cela ne vous fait-il
pas venir l'eau à la bouche et l'argent
hors de' la poche? Quant au corps du
costume, ̃voici le dernier goût:
La coupe des robes n'a cessé d'être aussi
variée que le goût de celles qui les portent;
il y en a une cependant, innovée par quel-
ques jeunes femmes de grand ton. qui mé-
rito d'être remarquée la jupe par devant
est plate et collante, un peu comme le
fourreau de nos aïeules sous la Restaura-
tion par derrière, au contraire, elle s'étoffe
en larges plissés plats, à la façon du man-
teau d un abbé de cour, et s'en va former
à terre une légère traîne. Des bouillonnés,
des plissés ou .des volants la garnissent en =
tablier. Sur le corsage aux manches plates,
à revers boutonnés, se pose un mantelet
court dont les pans croises sur la ceinture
vont se rejoindre assez bas sur le derrière
de la jupe en un nceud-retroussis. Rien
d'élégant et de juvénile comme cette toi-
lette qui a été un des succès de la der-
nière vente du ministère des affaires étranr
gères.
Un autre succès dans le domaine de la
mode est la restauration des châles et des
écharpes en filet de soie noire ou blanche
c'est là une parure de rare distinction que
les mondaines du faubourg Saint-Germain
patronnent spécialement.
Ajoutons que le chapeau en forme de
couronne de fleurs, le chapeau Léopold
Robert, je crois, que patronna jadis M.
Chapus, semble devoir céder la place
dorloterais cet homme, comme je lui
ferais la vie douce Mais, ajouta-t-elle
bientôt avec une ombre de sardonisme
au coin de ses grosses lèvres, tous les
beaux hommes, c'est généralement bête,
Ca ne songe pas au sérieux, ça s'amuse
a, folichonner avec de petites oies comme
cette boule de suif de Cérés, ça" se fait
ruiner par la dernière venue et ça ne
sait jamais s'attacher à une gaillarde de
ma trempe! J'ai pourtant une autre al»
lure que toutes ces chiffons-là
Pendant que m'ame Griffard se livrait
à ces réflexions, l'homme au paletot gris
Michel-Martin mangeait tranquil-
lement en regardant dans la rue à tra-
vers les vitres en face desquelles il se
trouvait.
Il avait fini son rôti, et les convives
de M. Mareuil en étaient à la salade, lors-
qu'il se leva tout à coup, passa au comp-
toir, paya sa note et sortit précipitam-
ment. p p
M. Mareuil, qui l'avait suivi du regard,
ne pouvait s'imaginer quelle mouche l'a-
vait ainsi brusquement piqué.
Nous allons le dire. `
Michel, de l'angle où il s'était placé
pour veiller sur son maître, venait tout
simplement de voir passer Philippe,
l'aide de cuisine, en tenue de ville pa-
letot de drap, pantalon noir, souliers
vernis chapeau melon.
L'aide de cuisine marchait d'un bon
pas, mais, sans trop de précipitation, et
montait la chaussée Glignancourt.
Michel avait immédiatement payé, car
il était intéressant de savoir où il allait,
et s'était mis à le suivre.
L'aide de cuisine prit la rue Saint-An-
dré à gauche, puis la place Saint-Pierre,
grimpa ensuite la butte, descendit le ver-
sant opposé et arriva jusqu'à la porte qui
fermait la cour de m'ame Griffard.
Il y frappa d'une iaçon toute particu-
lière, mais personne ne répondit à cet
appel.
Seuls, les chiens firent un vacarme
à de nouvelles coiffures, réédition de
chapeaux anciens.
Voici, continue Bachaumont, que revient
sur les têtes le chapeau à passe de paille, à
fond mou,' taffetas ou crêpe, et à bavolet,
de par les comtesses de Pourtalès, de
Mercy, Cahen d'Anvers, de Rainneville et
tiate quante, et que les coiffes car com-
ment les appeler autrement? de gaze et
de crêpe nouées sur le chignon à la borde-
laise, mais rehaussées de fleurs et de blonde
font leur apparition au bois. Mme de Vil-
leneuve et la princesse lîadziwill étaient
belles à ravir ainsi, hier et grâce à elles
voilà la.nouvelle.cpiffu.re lancée sur toutes
les chevelures féminines des deux mondes.
**»La brochure du Candidat -vient de
paraître. Je n'ai point à revenir sur la
pièce de M. Flaubert, mais en la lisant,
j'ai été intrigué par les bizarres correc-
tions que lui a imposées la censure. Elle
a été, d'ailleurs, fort bénigne et M. Flau-
bert n'a pas feu, ce nous semble, à s'en
plaindre cependant on recherchera
longtemps à quel mystérieux mobile a
obéi la censure, dans le cas que voici
ACTE iv, scène vu. Louise Epouser Oné-
sime un sot qui ne fait que regarder la
pointe de ses bottines, dont, on ne voudrait
pas pour valet dechambre! Etj',auraide char-
mantes belles-sœurs elles ne savent pas Vor-
thographe!
Dont elle ne voudrait pas pour son valet
de chambre et elles ne savent pas l'orthogra-
plie, ont été biffés par la censure. Pour-
quoi, mon Dieu pourquoi f. m.
INFORMATIONS
Le vice-roi d'Egypte est attendu à Paris
dans le courant du mois de mai. En ap-
prenant ce projet, le maréchal deMac-Mahon
s'est empressé d'écrire à S. A. le khédive
pour l'assurer de l'accueil sympathique
qu'il recevrait en France. On annonce déjà à
qu'une magnifique fête serait offerte à ce
-prince dans le palais de Versailles.
Au conseil d'Etat, on s'attend à une
séance des plus orageuses pour le milieu
d'Avril.
Oh va avoir en effet à statuer dans le cou-
rant du mois prochain sur la validité du
grade de général du prince Napoléon.
C'est le nouveau conseiller d'Etat, M.
JWeiss, qui est nommé rapporteur.
Un stabat de la composition de Mme la
baronne de Maistre, .sera chanté vendredi
dans la chapelle du Palais de Versailles,
sous la direction de M.Eigenschenck, avec
le concours des élèves de l'école normale,
de l'Orphelinat et d'un grand nombre d'a-
mateurs et d'artistes de la ville.
Une quête, ordonnée par Mgr l'évêque
de Versailles, en faveur des Pères-gardiens
de la Terre-Sainte, sera faite par Mme la
baronne de Rortalis, Mme JaUibert, mes-
demoiselles Mariotti et Reynal de Saint-
Michel.
L HOMMK" A XA FOURCHETTE.
On a fait beaucoup de tapage avec l'his-
toire de l'Italien qui avait avalé une four-
̃ -chette On a décrit ses impressions, les trai-
tements qu'il a subis, les diverses phases
de la digestion de cet aliment inusité, etc.
Et, malgré l'affirmation des médecins qui
ont eu à traiter ce cas intéressant, bien des
incrédules ont cru à un canard audacieux.
Eh bien il ne sera pas utile de faire un
long voyage pour se convaincre de la vé-
rité ou tout au moins de la, possibilité du
fait. Pas plus tard qu'hier soir un jeune
homme, à Paris, a avalé une fourchette.
Ce jeune honimé, M. L. est, employé
aux magasins du Printemps. Doué d'un,
gosier fort large, il s'amusait souvent à
faire à ce sujet .des plaisanteries. A diver-
ses reprises, il s'était introduit dans la
gorget soit une cuiller, soit une fourchette,
dont il tenait ent«5-lcs doigts l'extrémité
et qu'il retirait ensuite, au grand étonne-
ment de ses amis.
Un joui- môme,ilavaitfort effrayé samère,
en se fourrant dans le gosier une louche
jusqu'à la garde..
Hier soir "M. L. étant à table avec ses
camarades du magasin, prit une fourchette
qu'il s'introduisit dans la bouche en tenant
les dents du bout des doigts. Lafourchette
s'enfonçait peu à pou. Tout à coup un mou-
vement* involontaire fit lâcher prise au
jeune homme la fourchette disparut toute
entière.
Il essaya en vain de la rattraper. Un de
ses camarades ne fut pas plus lieureux et
ne fit que l'enfoncer davantage.
M. le docteur Lepère,- immédiatement
appelé, reconnut l'impossibilité, même
avec une pince, de retirer l'instrument.
Chose étrange! M. L. ne semble pas
souffrir de l'introduction de ce corps étran-
ger dans l'oesophage. Il rit et plaisante
de son aventuré. Chez M. le docteur Labbé,
chirurgien de la Pitié, chez lequel l'avait
conduit M. Jaluzot, il s'est mis au piano
et a fait de la musique en attendant le
médecin.
Nous reparlerons demain des suites de ce
singulier accident.
Le service de sûreté vient encore d'opé-
»er l'arrestation de deux communards qui,
infernal. Il rebroussa chemin, alors, et
s'en vint jusqu'à l'ouverture, cachée par
des buissons, par laquelle nous avons
vu, au commencement de cette histoire,
sortir les deux agents de police faisant
partie de l'expédition qui avait décou-
vert le cadavre de Fine-Mouche.
Avant de se plonger dans l'ouverture,
Philippe jeta de tous côtés des regards
investigateurs.
Les alentours lui parurent déserts, Mi-
chel, sitôt qu'il l'avait vu s'arrêter, ayant
eu le bon esprit de se coucher par terre.
Le jeune homme disparut, après cet
examen qui l'avait complétement ras-
suré, sous les ronces et la vigne vierge.
Michel s'approcha à son tour de 1 ou-
verture mystérieuse prêta l'oreille, en-
tendit les pas de l'aide de cuisine se per-
dre dans le souterrain, et, sans calculer
le danger auquel il s'exposait, emporté
par le désir de connaître ce qu'allaitfaire
Philippe, il écarta, lui aussi, les brous-
sailles et s'enfonça dans l'antre.
Michel ne savait où il allait le bruit
des pas de celui qui le précédait, et qui
n'était pas encore trop loin dans le sou-
terrainj lui servait seul à se guider. Il
avancait le corps ployé en deux pour ne
pas heurter la voute qui était très basse,
et rasant le plus qu'il pouvait les parois
du boyau, afin que s'if prenait fantaisie
à Philippe de s'éclairer avec dès allu-
mettes pour regarder derrière lui, il ne
put en être aperçu.
Bientôt, en effet, une lueur brilla de-
vant lui Philippe s'était arrêté, avait
allumé un rat-de-cave, s'était retourné,
et sondait du regard la partie du souter-
rain qu'il venait de parcourir^ prêtant
l'oreille pour saisir quelque bruit.
Michel s'était aussitôt aplati contre une
des parois et avait tiré de sa poche son
couteau catalan, décidé à se défendre
énergiquemerit au cas où, découvert par
le jeune misérable, celui-ci viendrait
l'attaquer.
Pans ce cas, il n'était pas très effrayé»
jusqu'ici, avaient réussi à échapper à tou-
tes les recherches.
Ce sont les nommés Alfred Martin, cise-
leur, ex-lieutenant aux Turcos de la Com-
mune, et Jacques Agiès, commandant du
241« bataillon fédéré.
Agios et Martin vont comparaître devant
le ¥ conseil de guerre.
ENCORE UN ESCROC
Vous croyez peut-être que nous en avons
fini avec les escrocs du high-life?. Ah!
bi#n c'est une série Jugez plutôt
Après MaVkîiriantz, après Hugelmann,
après la comtesse délia Torre, voici le sei-
gneur Albert Goulesque do Laulana, arrêté
~ier pai· les erdres dë M. I''cde~ert, com-
hier par les ordres de M. Pédezort, com-
missaire de police du quartier de la Mon-
naie, en raison d'une pyramidale collection
d'escroqueries commises au préjudice de
toutes sortes de personnes. On l'a cueilli
chez M. le comte Walsh, 41, rue Cau-
martin, en train de développer à celui-ci
une nouvelle combinaison financière de
son invention.
Goulesque est arrivé à Paris en 1863 pour
,y faire son droit. Il racontait à cette épo-
que que sa. famille était fort riche et pos-
sédait dans la Gironde de très grandes pro-
priétés. Grâce à cette fable, il se lit ouvrir
des créd|ts partout. Bientôt, pour mieux
duper son monde, il se fit faire des cartes
de visite ainsi libellées
ALBERT DAVY-GOULESQUE
Ancien attaché d'ambassade, Directeur du
–̃ NAIN jaune.
M. Pédezert a même entre les mains une
de ces cartes, avec ces lignes 'de la main
de Goulesque « Prière à-M. C. Duvcrnois
» de recevoir le porteur de la présente.»
Bientôt, Goulesque ne trouva pas ces car-
tes suffisantes. Yoiei celles qu'il commanda
VICOMTE N*. Davy,
Puis
ALBERT GOULESQUE DE Laulana
Ancien attaché à la maison de f empereur et
aux affaircs"étrangbrcs.
Grâce à ces cartes, Goulesque accumulait
escroqueries sur escroqueries, dupant tout
le monde, notamment M. Albert Hans, an-
cien propriétaire du Nain Jaune, Mme la
comtesse Bossé, Mme Marguerite de Nicolaï
et bien d'autres.
Son passif est énorme, relativement à sa
position.
Nous reparlerons de ce chevalier d'in-
dustrie.
SE VOL DE LA COMPAGNIE D'ORLÉANS.
NOUVEAUX DÉTAILS.
Voici de nouveaux et fort intéressants
renseignements que nous avons promis à
nos lecteurs, relativement au vol dont la
.Compagnie d'Orléans a été victime et qui
préoccupe si vivement l'attention publique
depuis que, le premier, nous* en avons
donné la nouvelle.
Disons d'abord que les recherches dans
les dossiers et anciens livres se continuent
sans trêve, ni relâche, et amènent de pré-
cieuses découvertes.
On a pu constater qu'à l'heure actuelle
les détournements s'élèvent au chiffre de
cent-trente-six mille francs.
La mer monte comme on voit.
Ce déficit, déjà joli, repose seulement
sur l'année 1872 et le mois de janvier 1873
Nous précisons.
Le travail de vérification qui reste à faire
demandera donc encore de long jours sui-
vis de longues veilles; car, l'administra-
tion a résolu d'éplucher les comptes de
Sisco, depuis le jour de son entrée en fonc-
tions comme sous-chef des rembourse-
ments jusqu'au jour de son arrestation,
c'est-à-dire qu'il va falloir scrupuleusement
'examiner les milliers de pieces qui ont
{passé entre les mains de cet agent infidèle,
.depuis 1869 jusqu'à ce jour.
Nos lecteurs ne seront donc pas étonnés
d'apprendre que, suivant toute probabilité,
le total des détournements atteindra et
;même dépassera le chiffrefort respectable
de TROIS CENT MILLE FRANCS.
Mais fort heureusement pour elle, la
compagnie d'Orléans ne subira pas une
perte de cette importance. Elle déploie un
zèle et une activité dignes des plus grands
éloges pour essayer de faire rentrer dans sa
caisse le plus qu'elle pourra des fonds dis-
parus, et elle est en bonne voie comme
vous allez le voir.
Ainsi que nous l'avons dit, dès le lende-
main du vol, la compagnie obtenait du
tribunal des référés l'autorisation de saisir
le mobilier de Sisco, et faisait apposer les
scellés au domicile de ce dernier.
Les scellés ont été levés hier, en présence
des magistrats et officiers ministériels
chargés de dresser l'inventaire.
Cette opération a très heureusement
amené la découverte de 90,000 francs en ex-
cellents titres, obligations de la ville de
Paris, etc.
On a lait également l'inventaire du mo-
bilier qui, à tltre'dexpert, a été évalué à
25 000fr.
C'est donc déjà un revenant bon de
115,000 fr. pour la Compagnie d'Orléans,
qui, tout naturellement, se porte partie ci-
vile dans l'affaire à survenir devant les
tribunaux.
Il semble aujourd'hui à peu près certain
que Sisco avait des complices. On a arrêté
et écroué à la Conciergerie un de ceux-ci,
le sieur S. jeune homme de dix-neuf ans,
sur qui pèsent de graves soupçons.
Hâtons-nous d'ajouter que ce dernier
n'appartient pas à f administration du che-
min de fer d Orléans. 4
C'est tout ce qu'il nous est permis dedire
à moins que son adversaire ne fût por-
teur d'un revolver, ce qui aurait rendu
son couteau inutile; il avait aussi à
craindre que Philippe, se trouvant, ainsi
qu'il était probable, en pays de connais-
sance, ne fît quelque signal, et que des
malfaiteurs de sa trempe ne sortissent, à
cet appel,' d'issues secrètes, que lui, Mi-
chel, ignorait; qu'il ne fût ainsi entouré
et prestement assassiné. Alors, qu'est-ce
qui veillerait sur son maître?. Ces ré-
flexions ne laissaient pas que de le ren-
dre *très perplexe; devait-il rétrograder,
ou poursuivre l'aventure ? Reculer n'é-
tait pas dans son tempérament, et, à
l'idée de fuir devant ce mauvais chena-
pan, la colère bouillonnait dans toutes
ses veines,et il avait peine à se défendre
de se ruer, sans plus tarder, sur lui et de
♦écraser comme un simple scorpion.
D'autre part, il lui paraissait certain
qu'il touchait à un moment décisif au
point de vue du but qu'il poursuivait avec
son maître, et que, s'il n était pas décou-
vert, s'il parvenait à suivre l'aide de cui-
sine sans être obligé d'entamer de lutte
avec lui ou ses camarades, il allait ap-
prendre des choses de la plus grande im-
portance. Le résultat de ses réflexions
fut que l'occasion était trop belle pour ne
pas en profiter, à quelque prix que ce
fût, même de celui de sa vie, et qu'il ne
fallait sortir de là que maître des secrets
de Philippe.
Celui-ci, après avoir regardé et écouté
quelques instants, se décida à poursui-
vre sa route, en continuant à s'éclairer
avec son rat.
Michel se remit à sa suite.
Au bout, de deux ou trois minutes,
l'aide de cuisine s'arrêta de .nouveau
Michel en fit autant en s'adossant à une
paroi.
Mais, cette fois-ci, Philippe ne se re-
tourna pas; il se borna à prêter l'oreille.
On entendait, en effet, à quelque dis-
tance, un bruit confus de paroles.
Philippe souffla soudainement :soa raî^
aujourd'hui, quoi que nous ne soyions pas
au bout de notre rouleau.
QUAND OX PLEURE
Ne frémissez pas. C'est un régleur de con-
vois funèbres que je vous présente. Je vous
souhaite naturellement de. n'en avoir be-
soin ni pour vgus, ni pour les vôtres. En
tout cas, je ne vous le recommanderais
pas- A N
Jean-Mario, âgé do cinquante-un ans et
domicilie rue Ponceu'î,, V, s'e-i, dit que
lorsqu'on nleuro, on est peu di^posâû exa-
miner les*comp!o«. Alors il s'est offert aux
familles en qualité de îvgleur -de convois
funèbres. Il va à la mairie, a l'église, chez
le marbrier, au nom des familles IVannécs
d'un deuil. Le lendemain, il présente sa
note et on n'a pas besoin do se donner' plus
de mal que- cola pour irsgner cent, deux
cents, trois cents irancs. Au' hou t née, o.:i s'aperçoit que la profession est
des plus lucratfves.
La fatalité a voulu qu'un commissaire de
police fut l'ami d'une des familles exploi-
tées par Jean-Mario. Ce magistrat ;i exa-
miné la note présentée. Et comme cette
note n'était que le développement, sur une
grande échelle, de la façon dent Jeannette
fait ses comptes « Un "pain d'un so: dix
sousl » M. le commissaire de police a. eu la
curiosité de vouloir examiner tous les
comptes de la maison Jeau-Manc. Pas un
n'était rédigé autrement. Il n'y a. donc rien
d'étonnant a ce qu'aujourd'hui Jean-Mario
soit au dépôt.
Moralité Quand vous mourrez, recom-
mandez au dernier moment à vos héritiers
d'aller ̃ cux-mûraos à la mairie, à l'église,
etc.
Un mot do M. do Girnrdin
Ma position est faite, .disait-il hier,
c'est vrai mais quelle montagne de papier
il m'a fallu noircir!
Et il ajouta en souriant-
On pourra dire de moi que j'aurai re-
monté le fleuve de la vie à force de rames!
Gaston Vassy.
JARDIN D ACCLIMATATION.
Les concerts auront lieu les jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour du Pâques, 5 avril.
fflUionis wm JiifmusTE
Je reprends, après iin entr'acte de
quelques mois, la série de mes Mémoires,
ou pour mieux dire de mes racontars. Ils'
ont pour moi cet avantage que je n'ai pas
besoin de les classer ni de les diriger
ils me mènent où ils veulent, et comme
je ne connais rien de plus agréable que
de voyager sans savoir où je vais, je les
suis sans murmurer, toujours qji-taia
qu'ils me conduiront à quelque souvenir
inattendu.
Tout le monde des voyageurs par les
cheminsdefera remarquè^l'yu quelques
années, un chien-loup qui répondait au
nom de Moustache, ce chien n'avait rien
de remarquable dans la forme ni le poil,
et ressemblait de tous points aux chiens
que les cochers placent auprès d'eux où
à ceux que l'on voit courir d'un bout à
l'autre d'uu camion, aboyant à tout ce qui
passe.
Personne n'avait jamais connu de maî-
tre à Moustache; il s'était fait l'ami des
chauffeurs de locomotive, montait auprès
d'eux au moment du départ et avait ac-
compli ains;gratis des voyages énormes;
toutes les lignes lui étaient'ïamiiières et
il franchissait sans les gares des
chemins de fer de l'Est, de l'Ouest, du
Nord ou du Midi, sans qu'on lui adressât
la moindre observation; bien plus, ii
était toujours sur de partager le" déjeu-
ner et le dîner des mécaniciens qui le
connaissaient tous.
Je me souviens qu'un jour que j'allais
à Nice, je le vis monter à Paris sur la lo-
comotive qui allait m'emporter. Comme
d'habitude, nous fîmes station h Moute-
reau. Pendant que nous étions lu, vint à
passer un train pour Paris. Mo.ustache
profitant du moment d'arrêt, abandonna
notre convoi, s'éîaura d'un bond auprès
du chauffeur et repartit pour la capitale.
Et qu'on ne me dise pas que ce chien
agissait ainsi au hasard, qu'il attendait
un froid plus vif pour visiter le pays des
orangers, ou qu'il redoutait les caprices
de la roulette; non, Moustache n'aimait
pas les destinations fixes, il voyageait
pour voyager et ne craignait sans doute
qu'une chose en s'embarquant, c'était
d'arriver quelque part. Qu'est devenu
cet animal intelligent? je l'ignore; peut-
être, fatigué de parcourir la France de-
puis dix ans, a-t-il voulu visiter d'autres
pays; peut-être a-t-il connu le chien de
Jules Verne et, excité par ses récits,
est-il parti pour faire le tour du monde
ou même un plus grand voyage, je ne le
sais,pas. Ce que je puis affirmer, par
C'était l'indice qu'il y avait dans ce
bruit de voix quelque chose de mena-
çant pour lui.
Sans doute aussi, il était resté arrêté,
et s'était peut-être caché, Michel n'en-
tendant plus son pas.
Il s'écoula quelques minutes ainsi.
Puis, le bruit des voix s'éteignit et le
pas du jeune homme recommença se
faire entendre.
Avançait-il ou retournait-il?
C'est "ce qu'il fut tout d'abord impos-
sible à Michel de distinguer.
A tout événement, il serrait son cou-
teau ouvert dans sa main.
Mais son anxiété à ce sujet ne fut paa
longue.
Philippe fit un nouveau temps d'arrêt
et ralluma sa bougie.
Puis, il marcha plus rapidement,' et il
fut clair que c'était en avant qu'il allait.,
Michel reprit alors, lui aussi, sa mar-
che, s'efforçant de rendre ses pas le plus
légers possible.
L'aide de cuisine allait si vite qu'il
avait beaucoup de peine à le suivre et.
que, n'eût été la lumière, il aurait couru^
risque. de perdre sa trace.
Ils marchèrent ainsi pendant cinq ou
six minutes, lorsque, tout à coup, Phi-
lippe tourna à droite et disparut, laissant
le chemin que suivait Michel se perdra
au travers de la montagne. 1
Michel aiguillonné par la peur de
voir échapper son homme sans avoir rien
appris, hata encore sa marche, tenant la1
droite et ayant toute son attention fixée
de ce côté.
Bientôt il fut. rassuré: il venait d'atJ
teindre une galerie latérale, au fond de
laquelle il vit de nouveau briller la lu-i
mière,
{ ̃. MIS D'AGHONNE.
r'
(La #uite à 4emain,)
sa démission si la loi militaire ne passait
pas telle qu'elle a été présentée. Il 'est pro-
bable que la pression extrême exercée sur
le Parlement, donnera la victoire au gou-
vernement, cependant l'opposition est tou-
jours résolue.
TOULOUSE, 29L mars. Un méde-
cin, M. Blondin, s'était prêté, par une com-
plaisance déplorable, à faire exempter des
jeunes gens du service militaire. Pour ce
fait, il avait été condamné par le tribunal
correctionnel a un an de prison. Le procu-
reur de la République ayant interjeté appel,.
*a Cour vient d'élever la peine à deux ans.
Auguste Marcade,-
Injustices et Abus
LETTRES DE CHANGE.
L'Assemblée nationale a. récemment voté
1 augmentation du timbre des lettres de
change. »
Ce timbre est aujourd'hui de 1 fr. 50 par
mille francs sur les lettres de change paya-
bles en France.
On a décidé, en même temps, que le tim-
bre mobile le plus élevé serait de 10 fr.
et demi-droit en plus, soit 15 fr.
Lorsque le timbre n'était que de 1 fr. par
mille, l'administration du timbre était au-
torisée à émettre des timbres mobiles de-
puis 10 fr. jusqu'à 20 fr.
On a ainsi, pendant qu'on augmentait le
rtroit-a payer sur les lettres de change, di^
«nnué la valeur des timbres mobiles.
En outre, le format des nouveaux timbres
est do beaucoup plus grand que celui des
anciens.
ïl en résulte qu'une lettre de change de
«},000 fr., qu'on pouvait timbrer en appli-
quant trois timbres de 20 fr., emportant
aujourd'hui un droit de 90 fr.,ne peut plus
être timbrée qu'en appliquant 6 timbres de
10 fr. et demi droit eir sus, qui sont d'une
plus grande dimension.
Il est faciîc de se rendre compte des in-
convénients que cela a pour le haut com-
merce et pour Ja haute banque où les effets
«e cette valeur et même de plus haute
importance, sont très communs: ces traites
ayant souvent 5 ou 6 endossements, l'appli-
cation des timbre? mobiles devient à peu
près impossible, faute de place.
Ajoutons que le droit des effets tirés de
1 étranger sur l'étranger, et qui passent en
i'rance par l'endossement, étant resté le
même, c'est-à-dire de 25 centimes parmille
francs, une lettre de change de 16,000 fr.,
•̃par exemple, soumise à un droit de 4 fr
ne pourra plus être timbrée, puisque les
anciens timbres n'existent plus, qu'avec un
timbre do 4 'fr. 50, c'est-à-dire un demi-
franç en plus qu'il n'est dû. C'est lourd
et injuste.
Nous ne pouvons qu'appeler là-dessus
1 attention de M. le ministre des finances.
Emile Faure.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 30 mars 1874.
'A' monsieur le Directeur-Gérant du figaro.
Monsieur,
Vous avez inséré, dans votre journal, le'
20 mars dernier, un article concernant la
compagnie des Thermes d'Eiighien et ses
administrateurs., permettez-nous de 10 'rec-
tifier en ce qu'il a d'erroné et de malveil-
lant.
M. Touzén'a pas tenu le langage que vous
lui attribuez il a bien propose l'adjonction
de deux administrateurs non payes aux ad-
ministrateurs actuels, mais sur notre ob-
servation que nous ne pouvions accenter
cette inégalité et que nous préférions nous
retirer, les actionnaires à l'unanimité et M.
Touzé lui-même, nous ont priés de rester
à notre poste.
De plus, et ce que vous ne dites pas, ce
même M. Touzé, après certaines critiques
générales sur la direction du service ther-
mal, a fait entendre qu'il existait des négli-
gences coupables préjudiciables aux in-
térêts des actionnaires mis aussitôt en
demeure par le directeur de l'exploitation
de préciser des faits, il n'a pu répondre que
par des insinuations fausses et perfides que
ce dernier se propose de poursuivre devant
le tribunal correctionnel.
Quant au renseignement qu'on vous a
donné que les administrateurs ne possé-
daient chacun que 10 actions et s'en fai-
saient 4,000 francs de rente, il est aussi
inexact quemalveillant; les administrateurs
possèdent et étaient inscrits sur les feuilles
âe présence pour 118 actions. Ils n'ont ac-
cepté la position d'administrateurs que sur
l'invitation pressante et unanime des ac-
tionnaires réunis en assemblée générale,
prêts qu'ils sont encore aujourd'hui, com- a
me dans la dernière séance, à résigner leurs
fonctions si- d'autres actionnaires veulent
les accepter. 'l
Mais, ce qui est plus grave, c'est que vo-
tre article présente des. chiffres en opposi-
«ri complète avec ceux du compte rendu
Feuilleton du FIGARO du j r Avril
̃s- ̃̃ ;/̃̃-̃- u
M8 IHTS 8AS6UHTJ&
«* A la bonne heure! Ça y.est, comme
ça, fit la Griffard en se levant. Et quand
c'est qu'on- le voit ton homme?
rr~ Ca te va-t-il pour lundi?
«- "Va pour lundi, mon fiston.
Faudra se mettre sur son trente-et-
m, la maman aux écus, observa Beau-
pousin d'un ton câlin; l'homme avec qui
tu vas dîner est un monsieur qui, à ma
jpgeotte, doit se laisser gober par la
pelure.
Sois tranquille! s'il ne faut que de
Ja toilette, le pante à Cérès sera content
de moi. Tu sais ben que c'est pas à la
mère Griffard qu'on fait baisser pavillon
quand il s'agit de beaux attiflaux!
•– Et j'aurai une chaîne avec mes cent
écus en pièces de vingt francs?
t~ Tu auras tout ça et bien d'autres
choses encore, pour peu que tu prennes
la peine de m'amener d'autres pratiques
comme ça.
Ca peut se faire, mon estimable
amie^ répondit Beàucousin en souriant
et en faisant la roue.
Et, il se sépara de la Griffard pour
aller se coucher, ayant la conscience
d'une journée bien remplie.
Son sommeil ne fut troublé que par
des rêves agréables dans lesquels il
chantait tout le temps le refrain fa-
meux des Filles de marbre.
Le lundi, vers les six heures du soir,
SI. Mareuil et Cérès étaient assis à une
table à quatre couverts, lorsqu'arriva
Ki'ame Griffard au bras de Beàucousin.
de nos opérations aux actionnaires, d où
l'on peut tirer des conclusions de nature à
porter atteinte à notre honneur et à notre
considération. L'auteur de vos renseigne-
ments vous a donné les chiffres'd'un docu-
ment qui n'est pas destiné à la publicité et
qui n a rien de commun avec ceux du
compte rendu que nous devons faire aux
actionnaires.
Aux termes d'une ordonnance ministé-
rielle, les administrations des eaux ther-*
males de France doivent fournir tous les
ans, aux préfets des départements, un re-
levé de leurs opérations d'eaux, en recettes
et en dépenses. Ce compte rendu a été dé-
posé, comme nous le faisons tous les ans,
a la préfecture de Versailles.
Il présente, comme recettes, le chiffre
de Fr. 182,607 »
Et comme dépenses, celui 108,706 »
de. ••̃» 108,706 »
Le compte que nous avons
fourni aux actionnaires,
offre, comme recettes. » 242,182 50
Et comme dépenses. » 137,696 50
Différence toute naturelle, qui provient
de ce que le compte envoyé à la préfecture
ne contient et ne doit contenir rien en de-
hors de ce qui a trait 'au service thermal,
tandis que le compte rendu aux actionnai-
res comprend et doit comprendre, en plus,
toutes les dépenses et les recettes des ac-
cessoires d'exploitation qui dépendent de
la société, tels que le restaurant, le café,
l'hôtel, le casino, etc.
La perfidie de celui qui vous a donné les
premiers chiffres, consiste en ceci.: qu'il
vous a dissimulé les seconds pour vous
amener à tirer la conclusion du peu d'im-
portance de l'exploitation, comparé à celui
qui nous est attribué.
Que dire,.enfin, de l'erreur qui vous fait
assigner la date de 1865 aux achats des ac-
tions d'une compagnie qui n'a été créée
qu'en 1870!
Faut-il insister sur ce que vous dites du
curage du lac, et votre donneur de rensei-
gnements a-t-il réfléchi à la situation que
-cette opération, qui devrait durer au moins
deux ans, ferait a toutes les villes riverai-
nes ? Ce serait laruinedetousles cuisiniers
et aubergistes qui peuplent la commune
d'Enghien, et sans nécessité aucune mais,
rassuroz-vous, monsieur, jamais l'inutile
opération dont vous parlez n"aura lieu,
l'air pur qu'on respire dans le voisinage du
lac est la meilleure garantie contre cette
mesure. Vous devez en savoir, à cet égard,
quelque chose mieux que personne, vous
qui possédez une des plus jolies villas
Enghien,
Sachez, enfin, que si elle devait s'exécu-
ter, xe n'«st.pasà!a compagnie seule qu'en
incomberaient les frais.
Veuillez avoir l'obligeance, monsieur le
rédacteur en chef, d'insérer la présente
dans votre plus prochain numéro, vous of-
frant de payer les lignes en plus de ce que
la loinous permetde vous demander comme
rectification à votre article du 20 mars der-
nier.
Recevez nos salutations.
Les administrateurs
ItL-y, ROBERT, Boque*.
PARIS XV J0I1IE JOTR
Les journaux n'ont point encore une
somme suffisante de renseignements sur
les événements d'Espagne; des dépêches
contradictoires se succèdent d'heure en
heure, sans qu'on puisse savoir au juste'
la vérité.
Les carlistes ont, entre la mer et Bil-
bao, trois lignes de défense qui s'éten-i
dent, jusqu'à la côte, des'deux côtés de
la petite rivière -du Nervion, sans préju-
dice des troupes qui bloquent et bom-
bardent Bilbao. Il s'agissait pour les
troupes républicaines de percer ces
lignes et de s'emparer de Portugalete,
qui défend le coiÂrs du Nervîon. Jusqu'ici
le maréchal Serrano n'a point réussi
tout au plus a-t-il pu g'emparerde la pre-
mière ligne de défense. Mais il est resté
devant San Pedro de Abanto, qui est la
clef de la position.
La position du maréchal Serrano est
d'ailleurs fort grave: et sa défaite devant
Bilbao entraîne peut-être sa chute à Ma-
drid où on lui dira que ce n'était pas la
peine de faire un coup d'État pour en
arriver là et que M. Castelar, en somme,
a été moins vaincu que lui.
Si nous ne nous trompons, M. Serrano
n'est point un très grand -homme de
guerre et ses grades n'ont pas tous été
gagnés à J& pointe de l'ëpée. Au con-
traire, les chefs carlistes sont tous des
hommes de main, beaucoup moins aris-
tocratiques d'ailleurs qu'on ne pourrait
le supposer. Radica était ouvrier maçon,
Perula était notaire, Velasco, employe
aux bagages dans un chemin de fer, ce
qui, entre parenthèses, scandalise horri-
blement la République française, C'est
tout à fait conforme cependant à cette
fameuse tradition révolutionnaire dont
on parle toujours.
M'ame Griffard était littéralement pa-
rée comme une châsse robe de soie bleu
de roi, recouverte de trois hauts volants
d'une magnifique guipure noire; cache-
mire de l'Inde, valant pour le moins trois
ou quatre mille francs; chapeau de paille
d'Italie, ave coquelicot rouge sur le côté
et de la majine d'un prix fou; boucles
d'oreille à brillants, montre large comme
une pièce de dix francs, merveilleuse-
ment émaîllée, chaîne imperceptible or-
née de coulants émeraude et rubis; cor.
sage agrémenté du plus fin point d'Alen-
çon bagues à tous les doigts, mouchoir
de batiste, chargé de broderies et enri-
chi d'un point d'Angleterre de 40 centimè-
tres de haut, ombrelle de moire blanche,
recouverte de Chantilly.
Presqu'en même temps que la Grif-
fard et Beaucousin, était entré dans la
salle et avait pris place à une table voi-
sine de celle de M. Mareuil, le même
personnage à paletot gris, à pantalon
bleu à larges bandes jaunes, à cravate
singulière, que nous avons eu déjà l'oc-
casion de signaler.
Après présentation de m'ame Griffard h
M. Mareuil et les compliments d'usage
échangés, nos quatre convives se distri-
buèrent les places à table; d'un côté,
Mlle Cérès et M. Mareuil; de l'autre,
m'ame Griffard et Beaucousin.
M'ame Griffard trouva M. Mareuil fort
de son goût elle se dit qu'à côté de lui,
Beàucousin n'était que « de la Saint-
Jean. »
Si vous le permettez, lui dit M. Ma-
reûil an bout d'un instant de silence gé-
néral, nous ne parlerons d'affaires qu'au
dessert; il me semble que discuter des
prix et faire des chiffres, cela donne de
l'amertume à tout ce qu'on mange.
La Griffard trouva cela charmant.
Dieu! se dit-elle, qu'il est aimable
aussi. Elle a vraiment trop de chancee,
cette épaisse Cérès d'avoir mis la main
sur un homme comme çà! Ah: si j'avais,
moi, une pareille chance» comme je le A
l »*» M. Lebas dans Paris-Journal, ap-
plique spirituellement aux journaux et
aux hommes politiques qui, après avoir
[ acclamé le septennat comme une plan-
che de salut, le renient aujourd'hui, *me
aventure assez originale
Le mois dernier, le garde du prince de
Beau. faisant sa ronde nocturne, croit
entendre du bruit dans le château de son
maître, en ce moment inhabité. Il allume
sa lanterne, arme son fusil, s'approche à
pas de loup, ouvre délicatement la porte,
entre sur la pointe ilés pieds dans le vesti-
bule, puis dans la salle à manger, puis
dans lé salon. Là, en face dé lui; à dkjpas, il
aperçoit un grand gaillard arme d'un fusil,
qui le regarde d'un air effaré « Qui êtes-
vous? Que faitas-vous-là? L'homme ne
dit rien. « Répondez, ou je tire. » Et il.
épaule. L'homme ne répond pas, mais il
épaule comme lui.. Il vise; l'homme vise.
II tire' l'homme tombe. avec un épou-
vantable fracas de verre brisé. Une glace
de vingt-cinq louis venait de voler en éclats.
Le malheureux garde avait tiré sur son
image!
+\ Les journaux ont annoncé en deux
lignes, comme un vulgaire fait divers, la
mort du chef des insurgés de Cuba, don
Manuel Gespedès, qui s'intitulait prési-
dent de la republique cubaine. Le Mémo-
rial diplomatique nous explique les cir-
constances par ticulièrement dramatiques
de cette mort.
Traqué et poursuivi à outrance par les
volontaires espagnols, -il avait fini par
trouver un asile qu'il partageait avec un
nègre jadis émancipé par lui et qui l'avait
suivi dans toutes ses campagnes. Ce mal-
heureux, sur la fidélité duquel il croyait
pouvoir compter, le vendit pour sauver sa
tête. Les Espagnols, guidés par lui, surpri-
rent le président, qui préféra vendre chère-
ment sa vie plutôt que de donner à ses en-
nemis la satisfaction de le /aire fusiller
dans le dos, comme ils n'auraient pas man-
qué de le faire. H tomba, criblé de balles,
en criant vive Cuba libre] mais non sans
laisser des marques sanglantes de son éner-
gique défense.
Carlos-Manuel Cespedès était né le 6 mai
1817, à Bayoma, et n'était âgé par consé-
quent que de cinquante-sept ans. Quoi-
qu'élpve en Espagne, où il prit ses grades
universitaires, il se signala de bonne neure
par son ardeur pour la cause cubaine. Le
9 octobre 1868, après avoir longtemps mûri
ses plans, il proclama, à sa plantation de
Moyagua, l'indépendance défile et affran-
chit le même jour tous ses esclaves, au
nombre de quatre à cinq cents. Deux cents
d'entre eux prirent les armes avec lui et le
suivirent dans toutes ses luttes. C'est un
de ceux-là qui l'a vendu. Le 10 avril 1869,
il fut nommé président de la République
cubaine; depuis ce jour, sa vie n'a été
qu'une longue suite .de 'sacrifices et de souf-
frances noblement supportées. Après avoir
vu ses biens confisques, .ses foyers réduits
en cendres par les soldats espagnols, ses
fils fusillés par eux ou tués près de lui, il
succomba à son tour, et par Ta main môme
d'un de ceux dont l'affranchissement avait
été l'objet de ses efforts.
»*» Un |oli mot da,ns une chronique dn
Charivari ̃̃̃ ,:1
On demandait hier à pourquoi il ,?
avait rompu son projet d'union avec une
1 jeune personne sur laquelle ont couru des
bruits fâcheux ̃:
Mon cher, fit X. le mariage est un
livre qui n'est agréable à lire que quandon
coupe les pages soi-même.
'l' Bachaumont, le hîgh-lifeur du Consti-
tutmwel, éclaire les dames sur quelques
points de toilette féminine. Tout d'à-
bord, il paraît que la faille et le crèpe
dé Chine tiennent la corde dans les
combinaisons d'ajustement; on ne hait
point les galons, les broderies d'acier
leuté, d'argent oxydé, les effilés mous-
seux et perlés. tout cela ne vous fait-il
pas venir l'eau à la bouche et l'argent
hors de' la poche? Quant au corps du
costume, ̃voici le dernier goût:
La coupe des robes n'a cessé d'être aussi
variée que le goût de celles qui les portent;
il y en a une cependant, innovée par quel-
ques jeunes femmes de grand ton. qui mé-
rito d'être remarquée la jupe par devant
est plate et collante, un peu comme le
fourreau de nos aïeules sous la Restaura-
tion par derrière, au contraire, elle s'étoffe
en larges plissés plats, à la façon du man-
teau d un abbé de cour, et s'en va former
à terre une légère traîne. Des bouillonnés,
des plissés ou .des volants la garnissent en =
tablier. Sur le corsage aux manches plates,
à revers boutonnés, se pose un mantelet
court dont les pans croises sur la ceinture
vont se rejoindre assez bas sur le derrière
de la jupe en un nceud-retroussis. Rien
d'élégant et de juvénile comme cette toi-
lette qui a été un des succès de la der-
nière vente du ministère des affaires étranr
gères.
Un autre succès dans le domaine de la
mode est la restauration des châles et des
écharpes en filet de soie noire ou blanche
c'est là une parure de rare distinction que
les mondaines du faubourg Saint-Germain
patronnent spécialement.
Ajoutons que le chapeau en forme de
couronne de fleurs, le chapeau Léopold
Robert, je crois, que patronna jadis M.
Chapus, semble devoir céder la place
dorloterais cet homme, comme je lui
ferais la vie douce Mais, ajouta-t-elle
bientôt avec une ombre de sardonisme
au coin de ses grosses lèvres, tous les
beaux hommes, c'est généralement bête,
Ca ne songe pas au sérieux, ça s'amuse
a, folichonner avec de petites oies comme
cette boule de suif de Cérés, ça" se fait
ruiner par la dernière venue et ça ne
sait jamais s'attacher à une gaillarde de
ma trempe! J'ai pourtant une autre al»
lure que toutes ces chiffons-là
Pendant que m'ame Griffard se livrait
à ces réflexions, l'homme au paletot gris
Michel-Martin mangeait tranquil-
lement en regardant dans la rue à tra-
vers les vitres en face desquelles il se
trouvait.
Il avait fini son rôti, et les convives
de M. Mareuil en étaient à la salade, lors-
qu'il se leva tout à coup, passa au comp-
toir, paya sa note et sortit précipitam-
ment. p p
M. Mareuil, qui l'avait suivi du regard,
ne pouvait s'imaginer quelle mouche l'a-
vait ainsi brusquement piqué.
Nous allons le dire. `
Michel, de l'angle où il s'était placé
pour veiller sur son maître, venait tout
simplement de voir passer Philippe,
l'aide de cuisine, en tenue de ville pa-
letot de drap, pantalon noir, souliers
vernis chapeau melon.
L'aide de cuisine marchait d'un bon
pas, mais, sans trop de précipitation, et
montait la chaussée Glignancourt.
Michel avait immédiatement payé, car
il était intéressant de savoir où il allait,
et s'était mis à le suivre.
L'aide de cuisine prit la rue Saint-An-
dré à gauche, puis la place Saint-Pierre,
grimpa ensuite la butte, descendit le ver-
sant opposé et arriva jusqu'à la porte qui
fermait la cour de m'ame Griffard.
Il y frappa d'une iaçon toute particu-
lière, mais personne ne répondit à cet
appel.
Seuls, les chiens firent un vacarme
à de nouvelles coiffures, réédition de
chapeaux anciens.
Voici, continue Bachaumont, que revient
sur les têtes le chapeau à passe de paille, à
fond mou,' taffetas ou crêpe, et à bavolet,
de par les comtesses de Pourtalès, de
Mercy, Cahen d'Anvers, de Rainneville et
tiate quante, et que les coiffes car com-
ment les appeler autrement? de gaze et
de crêpe nouées sur le chignon à la borde-
laise, mais rehaussées de fleurs et de blonde
font leur apparition au bois. Mme de Vil-
leneuve et la princesse lîadziwill étaient
belles à ravir ainsi, hier et grâce à elles
voilà la.nouvelle.cpiffu.re lancée sur toutes
les chevelures féminines des deux mondes.
**»La brochure du Candidat -vient de
paraître. Je n'ai point à revenir sur la
pièce de M. Flaubert, mais en la lisant,
j'ai été intrigué par les bizarres correc-
tions que lui a imposées la censure. Elle
a été, d'ailleurs, fort bénigne et M. Flau-
bert n'a pas feu, ce nous semble, à s'en
plaindre cependant on recherchera
longtemps à quel mystérieux mobile a
obéi la censure, dans le cas que voici
ACTE iv, scène vu. Louise Epouser Oné-
sime un sot qui ne fait que regarder la
pointe de ses bottines, dont, on ne voudrait
pas pour valet dechambre! Etj',auraide char-
mantes belles-sœurs elles ne savent pas Vor-
thographe!
Dont elle ne voudrait pas pour son valet
de chambre et elles ne savent pas l'orthogra-
plie, ont été biffés par la censure. Pour-
quoi, mon Dieu pourquoi f. m.
INFORMATIONS
Le vice-roi d'Egypte est attendu à Paris
dans le courant du mois de mai. En ap-
prenant ce projet, le maréchal deMac-Mahon
s'est empressé d'écrire à S. A. le khédive
pour l'assurer de l'accueil sympathique
qu'il recevrait en France. On annonce déjà à
qu'une magnifique fête serait offerte à ce
-prince dans le palais de Versailles.
Au conseil d'Etat, on s'attend à une
séance des plus orageuses pour le milieu
d'Avril.
Oh va avoir en effet à statuer dans le cou-
rant du mois prochain sur la validité du
grade de général du prince Napoléon.
C'est le nouveau conseiller d'Etat, M.
JWeiss, qui est nommé rapporteur.
Un stabat de la composition de Mme la
baronne de Maistre, .sera chanté vendredi
dans la chapelle du Palais de Versailles,
sous la direction de M.Eigenschenck, avec
le concours des élèves de l'école normale,
de l'Orphelinat et d'un grand nombre d'a-
mateurs et d'artistes de la ville.
Une quête, ordonnée par Mgr l'évêque
de Versailles, en faveur des Pères-gardiens
de la Terre-Sainte, sera faite par Mme la
baronne de Rortalis, Mme JaUibert, mes-
demoiselles Mariotti et Reynal de Saint-
Michel.
L HOMMK" A XA FOURCHETTE.
On a fait beaucoup de tapage avec l'his-
toire de l'Italien qui avait avalé une four-
̃ -chette On a décrit ses impressions, les trai-
tements qu'il a subis, les diverses phases
de la digestion de cet aliment inusité, etc.
Et, malgré l'affirmation des médecins qui
ont eu à traiter ce cas intéressant, bien des
incrédules ont cru à un canard audacieux.
Eh bien il ne sera pas utile de faire un
long voyage pour se convaincre de la vé-
rité ou tout au moins de la, possibilité du
fait. Pas plus tard qu'hier soir un jeune
homme, à Paris, a avalé une fourchette.
Ce jeune honimé, M. L. est, employé
aux magasins du Printemps. Doué d'un,
gosier fort large, il s'amusait souvent à
faire à ce sujet .des plaisanteries. A diver-
ses reprises, il s'était introduit dans la
gorget soit une cuiller, soit une fourchette,
dont il tenait ent«5-lcs doigts l'extrémité
et qu'il retirait ensuite, au grand étonne-
ment de ses amis.
Un joui- môme,ilavaitfort effrayé samère,
en se fourrant dans le gosier une louche
jusqu'à la garde..
Hier soir "M. L. étant à table avec ses
camarades du magasin, prit une fourchette
qu'il s'introduisit dans la bouche en tenant
les dents du bout des doigts. Lafourchette
s'enfonçait peu à pou. Tout à coup un mou-
vement* involontaire fit lâcher prise au
jeune homme la fourchette disparut toute
entière.
Il essaya en vain de la rattraper. Un de
ses camarades ne fut pas plus lieureux et
ne fit que l'enfoncer davantage.
M. le docteur Lepère,- immédiatement
appelé, reconnut l'impossibilité, même
avec une pince, de retirer l'instrument.
Chose étrange! M. L. ne semble pas
souffrir de l'introduction de ce corps étran-
ger dans l'oesophage. Il rit et plaisante
de son aventuré. Chez M. le docteur Labbé,
chirurgien de la Pitié, chez lequel l'avait
conduit M. Jaluzot, il s'est mis au piano
et a fait de la musique en attendant le
médecin.
Nous reparlerons demain des suites de ce
singulier accident.
Le service de sûreté vient encore d'opé-
»er l'arrestation de deux communards qui,
infernal. Il rebroussa chemin, alors, et
s'en vint jusqu'à l'ouverture, cachée par
des buissons, par laquelle nous avons
vu, au commencement de cette histoire,
sortir les deux agents de police faisant
partie de l'expédition qui avait décou-
vert le cadavre de Fine-Mouche.
Avant de se plonger dans l'ouverture,
Philippe jeta de tous côtés des regards
investigateurs.
Les alentours lui parurent déserts, Mi-
chel, sitôt qu'il l'avait vu s'arrêter, ayant
eu le bon esprit de se coucher par terre.
Le jeune homme disparut, après cet
examen qui l'avait complétement ras-
suré, sous les ronces et la vigne vierge.
Michel s'approcha à son tour de 1 ou-
verture mystérieuse prêta l'oreille, en-
tendit les pas de l'aide de cuisine se per-
dre dans le souterrain, et, sans calculer
le danger auquel il s'exposait, emporté
par le désir de connaître ce qu'allaitfaire
Philippe, il écarta, lui aussi, les brous-
sailles et s'enfonça dans l'antre.
Michel ne savait où il allait le bruit
des pas de celui qui le précédait, et qui
n'était pas encore trop loin dans le sou-
terrainj lui servait seul à se guider. Il
avancait le corps ployé en deux pour ne
pas heurter la voute qui était très basse,
et rasant le plus qu'il pouvait les parois
du boyau, afin que s'if prenait fantaisie
à Philippe de s'éclairer avec dès allu-
mettes pour regarder derrière lui, il ne
put en être aperçu.
Bientôt, en effet, une lueur brilla de-
vant lui Philippe s'était arrêté, avait
allumé un rat-de-cave, s'était retourné,
et sondait du regard la partie du souter-
rain qu'il venait de parcourir^ prêtant
l'oreille pour saisir quelque bruit.
Michel s'était aussitôt aplati contre une
des parois et avait tiré de sa poche son
couteau catalan, décidé à se défendre
énergiquemerit au cas où, découvert par
le jeune misérable, celui-ci viendrait
l'attaquer.
Pans ce cas, il n'était pas très effrayé»
jusqu'ici, avaient réussi à échapper à tou-
tes les recherches.
Ce sont les nommés Alfred Martin, cise-
leur, ex-lieutenant aux Turcos de la Com-
mune, et Jacques Agiès, commandant du
241« bataillon fédéré.
Agios et Martin vont comparaître devant
le ¥ conseil de guerre.
ENCORE UN ESCROC
Vous croyez peut-être que nous en avons
fini avec les escrocs du high-life?. Ah!
bi#n c'est une série Jugez plutôt
Après MaVkîiriantz, après Hugelmann,
après la comtesse délia Torre, voici le sei-
gneur Albert Goulesque do Laulana, arrêté
~ier pai· les erdres dë M. I''cde~ert, com-
hier par les ordres de M. Pédezort, com-
missaire de police du quartier de la Mon-
naie, en raison d'une pyramidale collection
d'escroqueries commises au préjudice de
toutes sortes de personnes. On l'a cueilli
chez M. le comte Walsh, 41, rue Cau-
martin, en train de développer à celui-ci
une nouvelle combinaison financière de
son invention.
Goulesque est arrivé à Paris en 1863 pour
,y faire son droit. Il racontait à cette épo-
que que sa. famille était fort riche et pos-
sédait dans la Gironde de très grandes pro-
priétés. Grâce à cette fable, il se lit ouvrir
des créd|ts partout. Bientôt, pour mieux
duper son monde, il se fit faire des cartes
de visite ainsi libellées
ALBERT DAVY-GOULESQUE
Ancien attaché d'ambassade, Directeur du
–̃ NAIN jaune.
M. Pédezert a même entre les mains une
de ces cartes, avec ces lignes 'de la main
de Goulesque « Prière à-M. C. Duvcrnois
» de recevoir le porteur de la présente.»
Bientôt, Goulesque ne trouva pas ces car-
tes suffisantes. Yoiei celles qu'il commanda
VICOMTE N*. Davy,
Puis
ALBERT GOULESQUE DE Laulana
Ancien attaché à la maison de f empereur et
aux affaircs"étrangbrcs.
Grâce à ces cartes, Goulesque accumulait
escroqueries sur escroqueries, dupant tout
le monde, notamment M. Albert Hans, an-
cien propriétaire du Nain Jaune, Mme la
comtesse Bossé, Mme Marguerite de Nicolaï
et bien d'autres.
Son passif est énorme, relativement à sa
position.
Nous reparlerons de ce chevalier d'in-
dustrie.
SE VOL DE LA COMPAGNIE D'ORLÉANS.
NOUVEAUX DÉTAILS.
Voici de nouveaux et fort intéressants
renseignements que nous avons promis à
nos lecteurs, relativement au vol dont la
.Compagnie d'Orléans a été victime et qui
préoccupe si vivement l'attention publique
depuis que, le premier, nous* en avons
donné la nouvelle.
Disons d'abord que les recherches dans
les dossiers et anciens livres se continuent
sans trêve, ni relâche, et amènent de pré-
cieuses découvertes.
On a pu constater qu'à l'heure actuelle
les détournements s'élèvent au chiffre de
cent-trente-six mille francs.
La mer monte comme on voit.
Ce déficit, déjà joli, repose seulement
sur l'année 1872 et le mois de janvier 1873
Nous précisons.
Le travail de vérification qui reste à faire
demandera donc encore de long jours sui-
vis de longues veilles; car, l'administra-
tion a résolu d'éplucher les comptes de
Sisco, depuis le jour de son entrée en fonc-
tions comme sous-chef des rembourse-
ments jusqu'au jour de son arrestation,
c'est-à-dire qu'il va falloir scrupuleusement
'examiner les milliers de pieces qui ont
{passé entre les mains de cet agent infidèle,
.depuis 1869 jusqu'à ce jour.
Nos lecteurs ne seront donc pas étonnés
d'apprendre que, suivant toute probabilité,
le total des détournements atteindra et
;même dépassera le chiffrefort respectable
de TROIS CENT MILLE FRANCS.
Mais fort heureusement pour elle, la
compagnie d'Orléans ne subira pas une
perte de cette importance. Elle déploie un
zèle et une activité dignes des plus grands
éloges pour essayer de faire rentrer dans sa
caisse le plus qu'elle pourra des fonds dis-
parus, et elle est en bonne voie comme
vous allez le voir.
Ainsi que nous l'avons dit, dès le lende-
main du vol, la compagnie obtenait du
tribunal des référés l'autorisation de saisir
le mobilier de Sisco, et faisait apposer les
scellés au domicile de ce dernier.
Les scellés ont été levés hier, en présence
des magistrats et officiers ministériels
chargés de dresser l'inventaire.
Cette opération a très heureusement
amené la découverte de 90,000 francs en ex-
cellents titres, obligations de la ville de
Paris, etc.
On a lait également l'inventaire du mo-
bilier qui, à tltre'dexpert, a été évalué à
25 000fr.
C'est donc déjà un revenant bon de
115,000 fr. pour la Compagnie d'Orléans,
qui, tout naturellement, se porte partie ci-
vile dans l'affaire à survenir devant les
tribunaux.
Il semble aujourd'hui à peu près certain
que Sisco avait des complices. On a arrêté
et écroué à la Conciergerie un de ceux-ci,
le sieur S. jeune homme de dix-neuf ans,
sur qui pèsent de graves soupçons.
Hâtons-nous d'ajouter que ce dernier
n'appartient pas à f administration du che-
min de fer d Orléans. 4
C'est tout ce qu'il nous est permis dedire
à moins que son adversaire ne fût por-
teur d'un revolver, ce qui aurait rendu
son couteau inutile; il avait aussi à
craindre que Philippe, se trouvant, ainsi
qu'il était probable, en pays de connais-
sance, ne fît quelque signal, et que des
malfaiteurs de sa trempe ne sortissent, à
cet appel,' d'issues secrètes, que lui, Mi-
chel, ignorait; qu'il ne fût ainsi entouré
et prestement assassiné. Alors, qu'est-ce
qui veillerait sur son maître?. Ces ré-
flexions ne laissaient pas que de le ren-
dre *très perplexe; devait-il rétrograder,
ou poursuivre l'aventure ? Reculer n'é-
tait pas dans son tempérament, et, à
l'idée de fuir devant ce mauvais chena-
pan, la colère bouillonnait dans toutes
ses veines,et il avait peine à se défendre
de se ruer, sans plus tarder, sur lui et de
♦écraser comme un simple scorpion.
D'autre part, il lui paraissait certain
qu'il touchait à un moment décisif au
point de vue du but qu'il poursuivait avec
son maître, et que, s'il n était pas décou-
vert, s'il parvenait à suivre l'aide de cui-
sine sans être obligé d'entamer de lutte
avec lui ou ses camarades, il allait ap-
prendre des choses de la plus grande im-
portance. Le résultat de ses réflexions
fut que l'occasion était trop belle pour ne
pas en profiter, à quelque prix que ce
fût, même de celui de sa vie, et qu'il ne
fallait sortir de là que maître des secrets
de Philippe.
Celui-ci, après avoir regardé et écouté
quelques instants, se décida à poursui-
vre sa route, en continuant à s'éclairer
avec son rat.
Michel se remit à sa suite.
Au bout, de deux ou trois minutes,
l'aide de cuisine s'arrêta de .nouveau
Michel en fit autant en s'adossant à une
paroi.
Mais, cette fois-ci, Philippe ne se re-
tourna pas; il se borna à prêter l'oreille.
On entendait, en effet, à quelque dis-
tance, un bruit confus de paroles.
Philippe souffla soudainement :soa raî^
aujourd'hui, quoi que nous ne soyions pas
au bout de notre rouleau.
QUAND OX PLEURE
Ne frémissez pas. C'est un régleur de con-
vois funèbres que je vous présente. Je vous
souhaite naturellement de. n'en avoir be-
soin ni pour vgus, ni pour les vôtres. En
tout cas, je ne vous le recommanderais
pas- A N
Jean-Mario, âgé do cinquante-un ans et
domicilie rue Ponceu'î,, V, s'e-i, dit que
lorsqu'on nleuro, on est peu di^posâû exa-
miner les*comp!o«. Alors il s'est offert aux
familles en qualité de îvgleur -de convois
funèbres. Il va à la mairie, a l'église, chez
le marbrier, au nom des familles IVannécs
d'un deuil. Le lendemain, il présente sa
note et on n'a pas besoin do se donner' plus
de mal que- cola pour irsgner cent, deux
cents, trois cents irancs. Au' hou t née, o.:i s'aperçoit que la profession est
des plus lucratfves.
La fatalité a voulu qu'un commissaire de
police fut l'ami d'une des familles exploi-
tées par Jean-Mario. Ce magistrat ;i exa-
miné la note présentée. Et comme cette
note n'était que le développement, sur une
grande échelle, de la façon dent Jeannette
fait ses comptes « Un "pain d'un so: dix
sousl » M. le commissaire de police a. eu la
curiosité de vouloir examiner tous les
comptes de la maison Jeau-Manc. Pas un
n'était rédigé autrement. Il n'y a. donc rien
d'étonnant a ce qu'aujourd'hui Jean-Mario
soit au dépôt.
Moralité Quand vous mourrez, recom-
mandez au dernier moment à vos héritiers
d'aller ̃ cux-mûraos à la mairie, à l'église,
etc.
Un mot do M. do Girnrdin
Ma position est faite, .disait-il hier,
c'est vrai mais quelle montagne de papier
il m'a fallu noircir!
Et il ajouta en souriant-
On pourra dire de moi que j'aurai re-
monté le fleuve de la vie à force de rames!
Gaston Vassy.
JARDIN D ACCLIMATATION.
Les concerts auront lieu les jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour du Pâques, 5 avril.
fflUionis wm JiifmusTE
Je reprends, après iin entr'acte de
quelques mois, la série de mes Mémoires,
ou pour mieux dire de mes racontars. Ils'
ont pour moi cet avantage que je n'ai pas
besoin de les classer ni de les diriger
ils me mènent où ils veulent, et comme
je ne connais rien de plus agréable que
de voyager sans savoir où je vais, je les
suis sans murmurer, toujours qji-taia
qu'ils me conduiront à quelque souvenir
inattendu.
Tout le monde des voyageurs par les
cheminsdefera remarquè^l'yu quelques
années, un chien-loup qui répondait au
nom de Moustache, ce chien n'avait rien
de remarquable dans la forme ni le poil,
et ressemblait de tous points aux chiens
que les cochers placent auprès d'eux où
à ceux que l'on voit courir d'un bout à
l'autre d'uu camion, aboyant à tout ce qui
passe.
Personne n'avait jamais connu de maî-
tre à Moustache; il s'était fait l'ami des
chauffeurs de locomotive, montait auprès
d'eux au moment du départ et avait ac-
compli ains;gratis des voyages énormes;
toutes les lignes lui étaient'ïamiiières et
il franchissait sans les gares des
chemins de fer de l'Est, de l'Ouest, du
Nord ou du Midi, sans qu'on lui adressât
la moindre observation; bien plus, ii
était toujours sur de partager le" déjeu-
ner et le dîner des mécaniciens qui le
connaissaient tous.
Je me souviens qu'un jour que j'allais
à Nice, je le vis monter à Paris sur la lo-
comotive qui allait m'emporter. Comme
d'habitude, nous fîmes station h Moute-
reau. Pendant que nous étions lu, vint à
passer un train pour Paris. Mo.ustache
profitant du moment d'arrêt, abandonna
notre convoi, s'éîaura d'un bond auprès
du chauffeur et repartit pour la capitale.
Et qu'on ne me dise pas que ce chien
agissait ainsi au hasard, qu'il attendait
un froid plus vif pour visiter le pays des
orangers, ou qu'il redoutait les caprices
de la roulette; non, Moustache n'aimait
pas les destinations fixes, il voyageait
pour voyager et ne craignait sans doute
qu'une chose en s'embarquant, c'était
d'arriver quelque part. Qu'est devenu
cet animal intelligent? je l'ignore; peut-
être, fatigué de parcourir la France de-
puis dix ans, a-t-il voulu visiter d'autres
pays; peut-être a-t-il connu le chien de
Jules Verne et, excité par ses récits,
est-il parti pour faire le tour du monde
ou même un plus grand voyage, je ne le
sais,pas. Ce que je puis affirmer, par
C'était l'indice qu'il y avait dans ce
bruit de voix quelque chose de mena-
çant pour lui.
Sans doute aussi, il était resté arrêté,
et s'était peut-être caché, Michel n'en-
tendant plus son pas.
Il s'écoula quelques minutes ainsi.
Puis, le bruit des voix s'éteignit et le
pas du jeune homme recommença se
faire entendre.
Avançait-il ou retournait-il?
C'est "ce qu'il fut tout d'abord impos-
sible à Michel de distinguer.
A tout événement, il serrait son cou-
teau ouvert dans sa main.
Mais son anxiété à ce sujet ne fut paa
longue.
Philippe fit un nouveau temps d'arrêt
et ralluma sa bougie.
Puis, il marcha plus rapidement,' et il
fut clair que c'était en avant qu'il allait.,
Michel reprit alors, lui aussi, sa mar-
che, s'efforçant de rendre ses pas le plus
légers possible.
L'aide de cuisine allait si vite qu'il
avait beaucoup de peine à le suivre et.
que, n'eût été la lumière, il aurait couru^
risque. de perdre sa trace.
Ils marchèrent ainsi pendant cinq ou
six minutes, lorsque, tout à coup, Phi-
lippe tourna à droite et disparut, laissant
le chemin que suivait Michel se perdra
au travers de la montagne. 1
Michel aiguillonné par la peur de
voir échapper son homme sans avoir rien
appris, hata encore sa marche, tenant la1
droite et ayant toute son attention fixée
de ce côté.
Bientôt il fut. rassuré: il venait d'atJ
teindre une galerie latérale, au fond de
laquelle il vit de nouveau briller la lu-i
mière,
{ ̃. MIS D'AGHONNE.
r'
(La #uite à 4emain,)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 57.83%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 57.83%.
- Collections numériques similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
- Auteurs similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k275192m/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k275192m/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k275192m/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k275192m/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k275192m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k275192m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k275192m/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest