Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-30
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mars 1874 30 mars 1874
Description : 1874/03/30 (Numéro 89). 1874/03/30 (Numéro 89).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO LUNDI 30 MARS 1874
quoi l'onsubventionnerait des mollets à
peine cachés par des jupes courtes, des
caleçons laissant deviner des formes
tout à fait temporelles ou des guimpes
couvrant peine des gorges sataniques!
Et la musique, ce dissolvant mortel Et
le chant, cet instrument de corruption
et de dissolution (mouvement à, gauche),
ne vaudrai t4I pas mieux fonder des in-
stitutions pour propager l'austérité dès
moeurs^
Donnez dix millions à l'Opéra pour en
faire un gymnase,ime salle d'armes, une
école de natation, un^atelier de inenui-
serie, >mais non point pour en faire un
..immense /.magasin de cliair humaine^
d'exhibitions sensuelles, de lumières ex-
citantes et de parfums enivrants.
Le seul tort de M. de Lorgeril,' c'est de se
"répéter beaucoup, 'et de dire la même:
chose de plusieurs manières différentes.
Ajoutez a ce vice originel que M. de
Lorgeril jouit d'un organe éf aillé qui
râpe les mots au passage et qui vous les
livre grattés et raclés comme du raifort.
M. de Lorgeril descend de la tribune
en suppliant l'Assemblée de se désinté-
resser de la question et d'abandonner
l'achevëmentet l'exploitation du Nouvel-
Opéra à la ville de Paris.
L'Assemblée repousse cette motion dé-
Centralisatrice par 528 voix contre 47.
Avant de voter sur le projet du gou-
"vernement, M. Rouvier éprouve un scru-:
pille. Il demande si ce chiffre de six mil-
'lions est bien définitif et si l'on ne vien-
dra pas dans quelques mois demander
un nouveau crédit. M. Rouvier veuf
bien donner six millions, à condition
qu'on s'en contenterai tout jamais.
Le rapporteur, Mi Caillaux, répond
longuement à cette question qui est très
simple. Il dit que jusqu'ici il y a eubeau-
coùp d'indécision et d'imprévu cela a
amené une certaine incertitude dans-les
Crédits qui ont été demandés. Aujour-
d'hui, M. Caillaux ne craint pas de l'af-;
firmer, les six millions qui vont être yo-;
tes seront absolument suffisants et paie-)
font jusqu'au moindre accessoire de!
l'Académie nationale de musique.
Et remarquez-le messieurs, ajoute*
l'orateur, les six millions qu'on vous de-
mande vous les retrouverez dans laj
vente des terrains de l'ancien Opéra, de-j
venus disponibles, par., l'incendie du
28 octobre.
Cette raison péremptoire triomphe des
derniers scrupules de l'Assemblée qui
Veut s'en aller, et elle se hâte d'adopter
à une grande majorité-les conclusions de:
.M. Caillaux.
L'ensemble de la loi, apres.quelqu.es:
'observations de MM. de Larcy et de Til-
lancourt a été adopté à une majorité de
•490 :voix.
L'Assemblée adopte ensuite une série!
de propositions de-lois qui n'offrent au-
cun intérêt, et s'arrête longuement sur la.
proposition de loi tendant à admettre
deïmitivement dans l'armée et dans la
marine certains membres de la famille
d'Orléans, pourvusd'un titre provisoire.
M. du Barail ministre de la guerre,
demande .que la, question soit .vidée
d'urgence. Malgré une vive opposition'
de M. Tirard, qui prétend que la ques-
tion "mérite d'être, longuement discutée,
et non pas dans la dernière séance d'une
•session, l'Assemblée prononce l'urgence
•à une majorité de près, de 200 voix.
M. Marcel Barthe prend alors la parole
et s'oppose à l'admission déiinitive dans
T,armée-des ducs d'Alençon et de Pen-
thièyre, qui, quoique princes, ne doivent
pas jouir .d'un privilège qui n'est pas du
droit commun.
Cela serait à la fois une injustice et un
mauvais exemple. Il ne surfit pas d'être
de sang royal pour se mettre. au-dessus <
des lois,
Ainsi parle M. Barthe au milieu des 1
interruptions de la droite et des appro- 1
.bâtions t umultueuses de la gauche. Peu <
s'en faut que M. Clapier ne se prenne aux ]
cheveux, sur ce sujet palpitant, avec plu-
sieurs de ses collègues de la, gauche et
V M. du Barail répond à M. Barthe il ]
fait valoir l'exil des princes et leur spon- ]
tanéité à demander a prendre du service ]
dans les armées françaises au moment
où la patrie était en, danger. Ce sont là ]
des titres qu'il ne faut pas méconnaître
et qui justifient le vote d'une loi spé- .]
cjale, j
^̃L'Assemblée est de cet avis et, sans <
vouloir permettre à la discussion de se J
prolonger, elle adopte la loi en faveur <
des princes d'Orléans a une majorité de
près de 200 voix. j
̃̃ ̃ ̃̃̃ ̃ ̃ ̃ J
Il ne reste, plus qu'une loi à l'ordre du
FeuiHclon du Fl(i\UO du 50 Mars
̃ "̃-62.'
IIS NIlITSiMLAÎfTIS
•– Alors, j'y coucherai sur les par-
quets, dans cet appartement ?
Certes, non, car mon intention est
'"de vous le 'meubler dé la façon la plus
convenable qu'il me sera possible.
Oh là, là en ai-je-t-y de la chance
de trouver comme ça, sans y penser, sur
le boulevard, un protecteur sérieux, ex-
clama Cérès avec incrédulité!
Mais, en dépit de ce scepticisme affecté,
'M. Mareuil voyait bien que sa proposi-
tion avait causé à Cérès une certaine
émotion qui se traduisait dans sa voix.
Elle reprit
Il ne faut pas vous fâcher tout de
même, si je ris de ce que vous dites, c'est
*que je ne suis pas habituée à recevoir
comme ça des tuiles dorées sur la tête.
J'en suis natureîlômentun peu; abasqur-
•die. Ça n'y- fait rien, ce serait gentil si
•vous faisiez cela pour moi.
1 Ce n'est nullement une plaisanterie:
je ferai la chose comme je vous le dis. ·
•̃Bien vrai? ?-
t– Bien vrai.
rr- Touchez-là.
Et elle lui tendit la main, dans la-
quelle M. Mareuil mit la sienne.
Puis, le regardant, avec une émotion
réelle et non contenue, des larmes de
bonheur et de reconnaissance lui mon-
tèrent dans lesyèux..•
Cela me fait de l'effet, ce que vous
venez de me promettre, dit-elle en pas-
sant i'oîigle rosé de son pouce sur une
des larmes qui venaient de tomber de
jour, tout aussi délicate et tout aussi dis-
cutée que la précédente. C'est la loi qui
lève le séquestre sur certaines proprié-
tés immobilières de .J'ex-famille impé-
riale.
MM. Lepère et Picard, beaucoup plu-
tôt pour ennuyer l'Assemblée qui a hâte
d'en finir que,pour obéir à un ordre im-
périeux de leur conscience, s'opposent à,
l'adoption de cette -loi, sous ^prétexte
qu'elle lèse le droit commun et les inté-
rêts du trésor.
M. Mortemart fait alors observer qu'il
ne s'agit que d'une question de pro-
priétés, déjà grevées d'hypothèques et
qui coulent fort cher de ..garde.. Mais la3
gauche est implacable et M. Leroyer de-
mande l'ajournement de la question à.
.lundi. ."̃
'L'Assemblée s'y refuse, et vote la dis-
ciission immédiate par 319 voix, contre
300.. '̃
Cette faible majorité" fait hurler la
gauche, qui en profite pour se pendre à
douter .de la sincérité du vote, et ré-
clame le pointage.
On vote le pointage par assis et levé,
et pendant ce temps, on va dîner.
Il est huit heures et demie.
Quand on revient. on est las, on digère
et Ion est furieux de passer une soirée
à discuter uhe; pauvre petite question
d'intérêt. ̃'̃
Aussi va-t-on vite en besogne. En vain
M. Périn cherche-t-il de nouvelles chi-j
canes, envains'écrie-t-il que r'Assembldei
n'est plus en nombre, envain proteste-t-ïï
contre le levée du séquestre, l'Assem-
blée n'entend plus rien, elle réclame ie'
clôture et vote la loi telle qu'elle lui
a été apportée, par assis et levé, et sang
le moindre scrutin. ̃ !•
Il est dix heures et demie, M. Buffet
lève la séance et déclare que l'Assem-j
blée ne se réunira de nouveau que le'1-2!.
mai. On se précipite vers le chemin def
fer et nous crayonnons à la hâte les der-
niers feuillets de cette mémorable séan-i
ce. Prière au public d'excuser les fau-'
tes de l'auteur.
Albert Millaud
P. S. Quelques minutes avant la ïin!
de la séance, une scène assez vive a eu'
lieu dans un couloir de l'Assemblée,
entre M. le due Decazes et M. le baron:'
Decazes, d'une, part, M.Germain Casse:
et M. Tolàin de l'autre.
M. Germain Casse, gesticulant au mi-*
lieu N d'un groupe, aurait dit: Ce minis-s
tère a beaucoup à se faire pardonner.
M. Decazes.iigur'ait le 4 septembre parmi:
les envahisseurs de l'Assemblée.
A ce moment même, M. le baron et!
M. le ducDecazes, passantprès dugroupe,
entendirent le propos et le relevèrent
d'une façon très énergique.
M. le duc Decazes aurait dit à M.
Casse «Si c'est une explication que vous;
cherchez, je suis prêt à vous suivre suri
tous les terrains. »
M. Tolain intervint alors et déclara
qu'il prenait fin et cause pour M. Casse,
« à pie,{i, à clivai et en voiture » (sic).
Plusieurs députés entraînèrent M. De-
cazes. Nous croyons que l'alFaire n'aura:
pas de suite.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
.̃ Saint- Jean-de-Luz 28 mars.
Après deux joui-s de combat, Serrano a été
deux fois repoussé. Les lignes des carlistes
sont imprenables et leurs portos sont lé-
gères.
̃ Versailles, 28 mars. -<- Le maré-
chal de Mac-Mahon a reçu aujourd'hui en
audience privée, le préfet d'Ilïe-et- Vilaine.
La présence de ce fonctionnaire à Versailles
paraît se rattacher au voyage du Président
en Bretagne. S'il s'effectue, le maréchal
s'arrêterait, notamment, à Rennes et à
Nantes.
Pau, 26 mars. Aujourd'hui, à
quatre heures, le cardinal Don'neta baptisé
la princesse Béatrix, fille de Bon Carlos.
Foule immense; délégations arrivées de
plusieurs points de la frontière espagnole
pour assister à la cérémonie.
On attend chaque jour à Pau l'arrivée de
François IL
Angers, 28 mars 4 h: soir. M.
Béchet, directeur dû Travailleur, feuille
radicale d'Angers, a été condamné aujour-
d'hui à un an de prison et 2,000 francs d'a-
mende pour diffamation envers le maire
d'Angers.
Lyon, 28 mars;-inidi 20;minutes.
Les ouvriers charpentiers, tuiliers, teintu-
riers, viennent de se mettre en grève. Colle
des apprêteurs est imminente.
Londres, 28 mars. 12,000 ou-
ses yeux sur la nappe; la preuve, c'est
que je pleure. Eh bien, il y avait long-
temps que cela ne m'était arrivé depuis
la dernière fois, je crois, que je me suis
battue avec le Beaucousin.
A ce nom, M. Mareuil dressa l'oreille.
Vous avez donc un cousin, Cérès,
demanda-t-il à la jeune femme? Pour-
quoi ne, me l'avez-vous pas dit, tout à
l'heure, quant je vous ai demandé s'il
vous. restait encore quelque membre de
votre famille ?
C'est que je ne pensais, pas à ce gar-
çon, répondit-elle; je. ne le vois pas déjà
si souvent que cela, depuis quelque temps
surtout, et comme, lorsqu'il- vient chez
moi, ce n'est que pour me faire des mi-
sères, j'ai bien le droit de l'oublier un
peu quand jesuis en partie de plaisir.
-r- Cela n'y fait rien, ma fille; si peu
qu'il vous reste de famille, il est bon de
ne pas rompre avec elle, et j'espère que
l'un de ces jours, si vous n'y voyez pas
'd'inconvénient sérieux^ vous amènerez
votre cousin ici, où nous dînerons tous
trois ensemble. C'est moi qui vous invite
tous deux.
C'est bien de l'honneur que vous
nous faites, dit Cèrès, qui, voyant que
M. Mareuil prenait pour un titre de pa-
renté le nom sous lequel elle avait de-
signé le drôle que le lecteur connaît,
était enchantée d'un quiproquo qui la
^dispensait d'entrer dans des explications
de nature à effaroucher son protecteur.
J'amènerai très-certainement mon cou-
sin.avec moi, quand cela vous plaira, et
il sera fort heureux de faire la connais-
sance, d'un «- ami » aussi aimable que
vous.
Le dîner fini, M. Mareuil conduisit
sCérès jusqu'à la porte de. son garni, lui
souhaita une bonne nuit et se mit en
devoir de regagner le faubourg Saint-
Germain.
Aubout de quelques pas il rencontra
Martin, qui s'était tenu de planton en
vriers des charbonnages du Southstaffors-
hire se sont mis en greve. Ils refusent d'ac-
cepter une réduction d'un schelling par
jour.
nabbonne, 26 mars. Le dos
cadavres pour- enfouissements civils se
maintient à la hausse. LE dernier A été
PAYÉ 80 francs.. C'est à peu près ce que se
vend nu marché de Narbqnne, un veau or-
dinaire ou -un porc de petite taille. .»"
̃M, de Balan, l'ambassadeur d'Allema-
gne à. Bruxelles qui vient de nunirir,
était un des plus intimes amis de M. de
Bismark.
Quand le chancelier1 voulait prendre
du repos à Varzin, il rappelait M. de Ba-
lan et le chargeait ide le suppléer. <
.M. de Balan avait refusé plusieurs fois
le ministère: des affaires étrangères, afin'
de garder le poste de Bruxelles, auquel
l'attachaient d'excellentes relations avec
le roi Léopold II, II était.le beau-père du
gouverneur civil de l'Alsace.
Et, à ce sujet, voici une curieuse anec-
dote
Le futur gouverneur civil de l'Alsace
poursuivait de ses 'assiduités* Mlle de
Balan, qui restait, ainsi que son père,
sourde à toutes ses démonstrations. Les
choses en étaient même arrivées a ce
point,que toutes les lettresde l'amoureux,
dont on connaissait l'écriture et le lieu
de résidence, étaient' impitoyablement
renvoyées à leur auteur, sans être déca-
chetées.'
Mais la passion du Prussien était dou-
blée d'un énergique entêtement, et, vou-
lant absolument être lu, il déguisa son
écriture et jeta une lettre dans la boîte
d'un petit village.
M. de Balan, sans méfiance, l'ouvrit,
et, touché de la persévérance de son com-
patriote, lui accorda la main de sa fille.
Le jour des fiançailles, on vit, au mi-
lieu de la riche corbeille,, la modeste
boîte aux lettres, capitonnée de satin et
transformée en écrin, où brillait une ma-
gnifique parure de diamants.
Auguste Marcade.
Albert Millaud.
BOITE AUX LETTRES
M. Vùhrer nous adresse la lettre sui-
vante '̃'
Cher confrère,
Le Figaro me fait figurer, ce matin parmi
les actionnaires du Rappel.
Cette allégation manque absolument de
fondement et je vous serai bien oblige de
le dire.
Croyez, je vous prie, a mes sentiments
les plus distingués. VtÏHUEh,
Directeur du Paris-Journal,
MRIS "AD JOllRli Jttll
Tous les journaux s'accordent à dire
que la proposition de M. Dahirel était
absolument imprévue 'et qu'il n'avait
pris l'avis .d'aucune réûriion.' Il convient
d'ajouter' "que treize députés seulement
de l'extrême droite se sont prononcés
pour l'urgence de la proposition en:ques-
tiomGe sOnt MM. d'Aboville, Aubry; de
Belcastel, de Boisboissel, de Cintre, de
Cornulier-Lucinières de Combarieu
Dahirel Dezanneau de Françlieu de
Lorgeril, du Temple et de Tréville. D'au-
tres membres influents de ce groupe,
comme MM. Lucien Brun, de Cazenove
de Pradine^. de Carayon-Latour, de la
Pochette, Ernoul, de la Bouillerie,
étaient absents ou se sont abstenus.
En réalité j M. Dahirel n'est donc pas au-
torisé a parler au nom du parti légiti-
miste il n'est soutenu que par VUnion,
qui développe sa thèse à l'aide de divers
arguments, celui-ci notamment si le
Septennat était irrévocable, l'Assemblée
"aurait épuisé, en le créant, son droit
constituant et ne serait plus souveraine
elle-même. Toute la première page du
journal fait fou en l'honneur de M. Dahi-
rel. M. Laurentie termine ainsi son ar-
ticle., ̃; •
La pensée de M. Dahirel n'est point ob-
scure; nous osoiis aflirmcr et déclarer
qu'elle répond à la pensée de, la France.
Nous ,n incriminons pas la pensée de M.
de Kcrfli'cl. Mais elle laisse sans issue
l'état politique qu'il prétend mettre au-
dessus du droit de 1 Assemblée; et plus
elle consacrerait la durée incommutàble
qu'elle assigne à cet état, plus elle met-
trait à découvert l'abîme qui en serait le
terme. Car après ce terme qu'y a-t>il ?• Le
néant. ̃̃'̃
M. Veuillot, dans Y Univers, dit spiri-
tuellement que pour un journal qui re-
face de ta fenêtre du restaurant où; dînait
son maître, afin d'être prêt à lui porter
secours au moindre danger; car, depuis
le fatal événement de la nuit de noces,
il voyait des'assassins partout.
Ils prirent un fiacre.
Martin voulait monter à côté du co-
cher, mais M. Mareuil ne voulut point y
consentir et -lit asseoir le fidèle serviteur
à côté de lui à l'intérieur.
Je crois, lui dit-il alors, que nous
tenons, avec la femme que j'ai fait dîner
ce soir, un bout de l'oreille du monsieur
que tu as suivi ce matin. J'ai invité la
nichée avenir dîner un de ces jours dans
le même restaurant, et j'espère, ce jour-
là, apprendre quel genre de relations
existe entre ce beau cousin et l'aide de
cuisine Philippe.
Ce jour-là, monsieur le marquis, dit
Michel, je me déguiserai en épicier et
j'irai dîner à une table à côté de la vôtre,
pour le cas où ces gens-là seraient ani-
més de mauvaises intentions.
N'aie donc pas peur, je ne risque
rien.
Qui sait? Monsieur le inarquis, je me
méfie de tout le monde, maintenant, et
plus particulièrement de ce Beaucousi»
qui, d'après les révélations de la mar-
chande de vins sur son mode d'existence,
est un horrible coquin. Tenez, ce monde-
là m'écoeure comme une promenade dans
les égoùts.
J'éprouve là-dessus les mêmes sen-
timents que toi et le même dégoût, mais
puisque noussommes forcés de nous mê-
ler à ce monde pour découvrir le se-
cret dont dépendent ma tranquillité et
mon bonheur à venir, fais comme moi,
mon caïnarade, bouche-toi le nez.
Ah! si vous croyez que j'aie envie
de reculer devant l'entreprise, vous vous
trompez beaucoup, monsieur le marquis..
Si vous pouviez lire dans mon cœur, vous
veniez quelle soif il a de vous venger!
lève de maladie, il n'ose trop examiner
le fond de la question et tomber dans le
cas de lèse-majesté, ce qui ne l'empêche
pas de se demander ce qu'est au juste le
Septennat.
Est-ce le septennat, est-ce simplement le
mac-mahonnat ? Diverses interprétations et
sous-interprétations sont en présence. Tant
que le maréchal vivra, c'est le septennats
bi le maréchal mourait pendant son règne,
le septennat mourrait avec lui, n'eût-il fait
que commencer, et ce ne serait plus que le
inac-mahonnat. -Or, on ne peut compren-
dre un mac-inah.onnat Sans Mac-Mahqn
Il faudrait une loi qui changeât au moins
le nom de la machine, et qui l'appelât par
exemple le broglionnat, si M> de Broglio ve-
nait à succéder, auquel cas l'institution re-
deviendrait nn septennat, de .six ans, ou de
'six m'ois ou de six jours, ou de toujours. Car
si laloi défend derestreindre le terme, elle n'a
pas dit qu'on ne pourrait l'élargir au moyen
d'une loi. C'est le grand avantage de pour
voir toujours et instantanément faire des
lois. Par ce moyen merveilleux, on est tou-
jours dans ledéfinitifsans sortir jamais du
provisoire; on n'a jamais delois et on n'en
manque jamais. .<••.
Lé Monde, V Assemblée '̃̃nationale et la:
Gazette de France désapprouvent M. Da-
hirel, mais ces journaux réservent for-
mellement le débat pour le jour où l'on
discutera les lois constitutionnelles. La
droite, dit la Gazette, a été désorientée
ar cette proposition inattendue. Cepea-i
dant pourquoi être si sévère pour M. Da-
hirel puisqu'il n'a fait qu'avancer le dé-
bat ? Doit-il se produire d'ici à'six se-:
maines, deux mois ou plus, des faits1 de
nature à modifier les opinions les:
préjugés si vous voulez du centre
droit et a créer une majorité en faveur
de la monarchie traditionnelle.
Nous désirerions certainement quei
cela fut, mais rien'ne nous permet de les
penser; si la Gazette de France sait quel-j
que chose sur ce point, elle devrait peut-
être le dire.
Regardons maintenant à gauche.
Ici, le désappointement est extrêmement
vif. En effet, 49 députés de l'opposition
ont voté, avec le ministère, contre l'ur-
i gence. Or, s'ils s'étaient prononcés dans:
le sens contraire,* lé ministère n'avait
plus que 278 voix contre 291 il était en
minorité, et tombait probablement.
Tous les groupes de gauche se sont di-
visés dans cet étrange scrutin les mo- `
dérés, les non-ambitieux du centre gau-
che, MM. Barthe, Ducarre, Foubert, La-
boulaye, Martel, Krantz, dé Maleville,
Vacherot, Vautrain ont soutenu le mi-
nistère, le groupé plus spécialement in-
féodé à M. Thiers, MM. Périer, Dufaure,
Feray, Waddington,a suivi M. Gambetta
qui menait la gauche au combat.
Est-ce pour, cela, comme l'insinuent
plusieurs journaux, que M. Ledru-Rol-
̃ lin a entraîné 24 défeetionnistes à voter
en, faveur du ministère. C'est possible.
Ces 24 méritent une sorte de notoriété
historique que nous ne leur refuserons
point. Voici leurs noms
̃ MM. Barodet, Berlet, Louis Blanc, Mar-
tin Bernard, Caduc, Carions Crêmieux, Le-
dru-Rollin, Millaud, Naquet, Ordinaire,
Pascal Duprat, Poyrat, Pin, Edgar Quinet,
Reyinond! (Loire).
Ceux-là sont les purs des purs, des dé-
magogues de derrière les fagots. Ils n'ont
point voulu transiger sur les principes,
parce qu'ils ne reconnaissent pas à l'As-
semblée le droit de constituer1 qti6ïtftié
ce soit.
C'est très beau, les principes, mais
c'est parfois gênant, et la République fran-
çaise s'en exprime avec l'aigreur d'une
espérance déçue.
La pure et sereine lumière des principes!
-Nous croyons, sans fausse modestie,quelle
nous éclaire autant que ceux qui ne veulent
suivre qu'elle, qui ne se sentent touchés de
ses rayons qu après réflexion, et qui votent
bleu après avoir voté blanc ou bien qui
jugent que, dans les cas douteux, l'absten-
tion yautjVapres tout, mieux encore que tel
vote dont signification serait trop pré-
cise. Mais la lumière dos principes ne nous
a point .montré jusqu'à présent qu'il y eût
jamais avantage à rompre l'union et la dis-
cipline d'un grand parti qui doit tous ses
succès à l'esprit de concorde de tempéra-
ment et de prudente hardiesse dont la dé-
mocratie franeaise est si justement fière
depuis trois ans.
La lumière des principes elle ne trompe,
elle n'égare personne. Comment donc
l'Uiiion républicaine, la Gauche modérée,
le Centre gauche ont-ils compté aujourd'hui
tant de dissidents? Serait-ce que la lumière
des principes, éclatante pour les uns, 'se
serait subitement voilée pour les autres?
• Et pourquoi en serait-il ainsi? Pourquoi
lorsque tous les chefs des trois groupes se
sont trouvés d'accord pour suivre la même
marche, tous, par une erreur inexplicable,
auraient-ils fermé les yeux à la lumière des
principes?
On remarquera spécialement la phrase
où il est question des chefs des trots grou-
pes, c'est à MM. Thiers, Périer, Grévy,
VüIIREÍI,
Je le sais, mon brave ami.
Dites-donc, Monsieur le marquis,
m'est avis qu'à cette heure, messieurs vos
assassins ne doivent pas se trouver bien à
l'aise, à cause de votre cadavre, qu'ils
savent ne pas avoir enlevé et que cepen-
dant la justice les accuse d'avoir fait
disparaître ?
Je le crois aussi, fit le marquis.
Le lendemain, M..Mareuil revint, le
soir, trouverCérès qui fut toute surprise et
enchantée de le voir arriver; car, en dépit
de ses promesses, elle n'avait pas osé
compter sur lui.
On lui en avait fait tant d'autres qui
n'avaient pas été tenues.
Toutefois, elle trouvait dans sa nou-
velle connaissance un je ne sais quoi qui
lui inspirait un peu plus de confiance
qu'elle n'en avait jamais eu chez les
autres.
M. Mareuil l'emmena dans le même
restaurant que la veille, et lui dit pen-
dant le repas: ̃
Je reviendrai demain à la même
heure prévenez votre cousin; nous dî-
nerons ici même, si cela ne vous déplaît
pas.
Puisque vous voulez sérieusement
faire quelque chose paur moi, répondit
la blonde fille, mon cousin vous dira
mieux que personne, et'surtout mieux
que moi qui ne l'oserais, ce qui m'est
nécessaire, et, en même temps, il pourra
vous éviter beaucoup de courses qui vous
fatigueraient ou vous ennuieraient.
C'est précisément ce sur quoi j'ai
compté, ma chère Cérès votre cousin
est certainement un garçon intelligent et
actif, qui mènera à très bonne fin votre
installation, dont je me réserve seule-
ment de payer les irais.
A l'heure fixée, le lendemain, Cérès' et
Beaucousin attendaient M. Mareuil de-
vant la porte du restaurant.
Du plus loin, qu'il le vit arriver,
Beaucousin prit cet air indifférent et
Gambetta, qui ont voté contre l'urgence.
M. Ledru-Rollin, tout illustre qu'il
soit, n'est donc point considéré par la
République française comme un chef de
parti. La conclusion de l'article du jour-
nal de M. Gambetta n'est pas moins cu-
rieuse pour qui sait lire entre les lignes
et se rappeler combien il se, rechignait
lorsqu'on inventa la candidature de M.
Ledru-JRollin.
Nous appartenons à une école politique
qui tient à honneur de subordonner les
questions de personnes aux intérêts perma-
nents et nécessaires' de la démocratie. Une
faute grave a été commise hier. Nous avons
dû la signaler sans haine et sans crainte,
comme des témoins qui portent là parole
devant le tribunal de l'opinion républicaine.
Ce tribunal, nous acceptons d'avance sa dér
cision. La démocratie, nous le disons hau-
tement, ne comprendra rien à ce qui vient
d'arriver. Pour nous, la démocratie, c'est
la Franco, toute la France.
Or-, la France demandait hier, elle de-
mande encore aujourd'hui qu'on fasse là
lumière sur la situation où elle végète,
qu'on dissipe les équivoques, qu'on détruise
les causes de l'incertitude et du malaise
dont elle souffre. Une occasion unique s'est
présentée on l'a laissé échapper: pour le
pays, voilà toute la séance ci'hiër. Nous
pansons sur ce point comme le pays tout
entier, et nous disons notre pensée en ré-
publicains probes et libres. C'est assez.
d'exprimer tous nos regrets du passé nous
tairons nos appréhensions pour l'avenir.
¥% Le Bien public est moins abondant,
plus. sec et tout aussi mécontent.
Il a tenu à l'attitude des autres membres
de la gauche que le cabinet fût mis grave-
ment en ééhec. Nous n'aimons guère les
récriminations, et nous comprenons les
scrupules de conscience; mais il nous
semble que ces honorables députés ont mal'
envisagé la question. M. Dahirel avait dit:
La question se pose entre la dissolution et
la proclamation de la monarchie': voter
l'urgence, ce n'était pas constater le droit
constituant do l'Assemblée, c'était accep-
ter la lutte .sur le terrain indiqué par
M.; Dahirel. IVn'y avait là, aucun sacrifice
de principes.
**« Quant à l'opinion des journaux qui
soutiennent le Septennat, nous la trou-
vops condensée dans cette note de la
Presse qui évidemment n'a pas été mise
à la légère.
Nous pouvons affirmer que l'incident sou-
levé hier par M. Dahirel, à la tribune de
l'Assemblée, a eu pour résultat d'affermir'
M. le maréchal Mac-Mahondans sa résolu-
tion de faire hâter le plus possible le dé-
pot et la discussion des lois constitution-
nelles qui devront fixer, d'une manière
définitivCj les attributions do ses pouvoirs.
Le maréchal n'a pris d'engagement vis-
à-vis de versoûne pas plus avec M. Caze-
nove de Pradine qu'avec M. de Kordrel. Il
est plus détermine que jamais à faire res-
pecter par tout le monde le septennat, tel
qu'il a été voté par l'Assemblée le 19 no-
vembre.
Le maréchal entend et veut que le sep-
tennat dure sept années.
»% Ayez-vous une opinion sur la chi-
romancie ? Ce qui est positif c'est que le
grand prêtre actuel de cette science,
M, Desbarolles a ses fidèles. Il ne faut.
point s'en étonner si l'on s'en tient aux
curieuses anecdotes que rapporte M. de
Lamartine dans l' Illustration..
Un jour, il fut appelé chez M. de Lamar-
tine.
Que voyez-vous dans ma .main? lui
,deman,da le grand poèto.
J'y vois que vous êtes né pour le com-
merce.
--Eh bien, c'est la vérité pure. J'ai tou-
jours eu le goût du commerce, ie l'aurai
jusqu' monà dernier soupir; seulement il
reste à ajouter que je ne suis pas heureux i
dans mes spéculations. ̃ ?
Et en effet, l'auteur du Lac a perdu une
fortune do millionnaire en spéculant à faux
sur les vins.
.Deux ans avant la guerre si désastreuse
de 1870, Dësbarollos, conduit aux -Tuile-
ries, fut introduit auprès do Napoléon III.
Que lisez-vous dans ma main? lui de-
manda l'Empereur..
Le chiromancien hésitait.
Allons, né craignez pas, dites tout:
Eh bien, Sire, je lis dans la main de
Votre Majesté qu'elle devrait, àl'avenir, ne
s'occuper que d'agriculture.
C'était une réponse sybilline, faite à la
manière de celles de l'oracle de Delphes.
Plus tard, expliquant et commentant ses
paroles, le devin nous disait:
L'Empereur no, m'a pas compris, mais
cependant c'était fort clair. '̃"
Comment cela ?
Eh, oui, ne faites cjne de l'agriculture,
cela signifiait « Ne faites pas la guerre, et
soignez votre santé. »
Les femmes par une femme. Tel
pourrait être le titre de fines réflexions
que publie la Vie Parisienne. Quelques
extraits au hasard.
La femme a une faculté que l'homme
n'a pas, c'est de pouvoir s'élever autant
que la ^position l'exige.
L'homme s'élève peu, si l'éducation pre-
mière a manqué. Quel que soit le vernis
lâché propre aux gandins de barrière
qui veulent « faire du genre ».
Il se penchait, se cambrait, se dandi-
nait avec la désinvolture la plus crâne,
le tout pour perdre complètement son
aplomb au moment où Cérès qui était
allée au-devant de son protecteur le pré-
sentait en ces termes à ce dernier
Monsieur Mareuil, voici mon cou-
sin, M. Le Petit. (C'était le pseudonyme
convenu entre elle et Beaucousin; qu'elle
ne pouvait présenter sous son véritable
nom, -qui lui semblait devoir trop accu-
ser-la comédie. ) J
M. Mareuil n'eut aucune peine à recon-
naître dans M. Le Petit la personne qu'il
avait vue causer un matin avec Phi-
lippe.
Monsieur, fit Beaucousin, en s'in-
clinant d'une façon ridiculement manié-
rée, je suis flatté d'avoir l'honneur de
faire votre connaissance; j'ai l'espoir que
quand vous me connaîtrez davantage,
vous trouverez que je ne suis. pas,un
mauvais compagnon en attendant, je
vous cède le pas et vous prie de nous
montrer le chemin: nous vous suivrons
résolument dans le sentier de la cave et
de la cuisine.
C'était un petit « boniment » qu'il avait
étudié depuis la veille, et qu'il ne par-
vint à débiter qu'en bégayant de la plus
fâcheuse, façon et en rougissant comme
une tomate.
M. Mareuil se borna a sourire d'un air
bienveillant, .et, passant devant- ses con-
vives, leur montra lé chemin ainsi qu'on
l'y invitait.
Quand on eut pris placé autour d'une
table, et comme on terminait le potage,
un monsieur, -vêtu; d'un paletot gris, les
jambes perdues dans un ample pantalon
bleu à large bande jaune,, cravaté d'un
foulard multicolore et coiffé d'un cha-
peau du dernier neuf, vint s'attabler à
peu de distance de notre trio.
C'était Martin-Michel, si parfaitement
travesti, que M. Mareuil le reconnut seu«
qu'il aura emprunté, un mot, un gesto le
trahira.
La femme est très-fine, pour reconnaître
ce mot, ce geste. et comme elle est fine,
elle ferme les yeux quand elle le voit.
La femme prend facilement les façons et
les travers de la.grande dame.
Mais ce qu'elle n'en prendra jamais, c'est
le,. naturel.
s Le naturel! ce n'est pas seulement le titre
et le nom qui les donnent; mais la bonne
éducation, depuis plusieurs générations.
Autrefois, on disait qu'il en était de même
de la beauté, de la main et du pied.
Mais les ancêtres ont été si infidèles,
qu'on trouve maintenant de 'jolies pieds et
de jolies mains un peu partout:'
La beauté n'appartient plus exclusive-
ment à la distinction. Mais la distinction
est une beauté.
Voici encore quelque chose qui est tant
soit peu alambiqué, mais d%ie observa-
tion profonde et féroce.
Ne trouvez-vous pas que madame de
X. a l'air d'une dame de la Halle?
Vous allez trop loin je trouve seule-
mont qu'elle a l'air d'une poissarde. ,qui
n'aurait pas l'air d'une poissarde.
̃" V. M. ̃•
Injustices et Abus
LA LETTRE Il
On sait parfaitement que les sentences
des jurys d'exposition ne sont pas toujours
infaillibles, et qu'au milieu d'une -foule de
toiles justement refusées, il s'en' trouve
bien quelques-unes qui ne méritent pas cet
ostracisme.
Tout au moins faudrait-il faire en sorte
de ne pas agraver encore, par dés mesures
peu judicieuses, le poids de ces rigueurs.
Que l'on refuse impitoyablement' même
ce qui est passable, nous le voulons bien •
mais pourquoi rendre, invendables toutes
les œuvres refusées en leur appliquant,
comme autrefois, la marque au fer rouge
sur l'épaule du forçat, la lettre R ?
Cette lettré imprimée au dos de la toile,
ne peut s'effacer par aucun réactif, et, dès
lors, il ne faut plus songer à mettre le ta-
bleau en vente, sous peine de voir sa va-
leur singulièrement amoindrie, quancl elle
ne s'en trouve pas complètement annihilée.
Or, il n'entre évidemment pas dans l'es-
prit du jury d'empêcher les artistes refusés
de vendre leurs œuvres, s'ils peuvent trou-
ver acquéreur.
Ne 'pourrait-on, en conséquence, em-
ployer un autre moyen, que celui qui est
en usage aujourd'hui pour distinguer les
oeuvres élues des œuvres refusées ?
Il nous semble qu'il doit être, facile de
reconnaître les unes et les autres sans por-,
ter un préjudice aussi grave à des artistes-
qui sont déjà assez cruellement punis de
leurs -erreurs par leur exclusion du Salon.
Ce préjudice, nous assure-t-on, est très-
réel, et pour une toile ainsi marquée, dont
la valeur peut braver la diffamation du ju-
ry, il en est cent qui en éprouvent une
désastreuse et injuste dépréciation.
Voyons, encore une fois, pourquoi cette
marque indélébile, quand il serait si sim-
ple d'en appliquer une qui, tout en rem-
plissant parfaitement le but du jury, n'au-
rait pas les mêmes conséquences ruineuses
'pour l'artiste ? •
Il y a là certainement quelque chose cte
beaucoup trop draconien pour ne pa»
dire plus et qu'il faut réformer au plu's
tôt.
Emile Faure.
INFORMATIONS
La Journée
Les obsèques du contre-amiral Laff~n tfo
-ladébàt ont ou lieu hier à 'midi en l'église
Saint-Pierre de Chaillot: ='
La maison mortuaire était tendue de
noir au chiilre du défunt, mais sans ar-
moiries. Sur le cercueil étaient déposés
l'uniforme et l'épée de l'amiral, et sur un
coussin, les insignes de grand-officier de-*
la Légion d'honneur, la croix d'officier du.
Modjidié, la médaille de Grimée, celle de
Chine et un grand nombre d'ordres
étrangers.
Le deuil était conduit par le neveu <\û
défunt, M. Peyrouton de Ladébat, lieute-
nant de vaisseau. Los'cordons du poêle-
étaient tenus par MM. les amiraux Cho-
pard et Gueydon, les généraux Péïissier et
Ladmirault, gouverneur de Paris.
Deux détachements dos 48u et 71e de ligne,
commandes par le colonel du 48% ren-
daient les honneurs militaires..
M. le ministre de la marine s'était fait;
représenter par M. Buge, capitaine de fré-
gate.
Dans le convoi, nous avons remarqué
MM. les amiraux Paris, Jurien la Graviers
Pothuau; Roze, Fourichon, Jaurès, etc
lèment à la voix, lorsqu'il interpella le.
garçon.
Pendant qu'on mangeait les hûîtres.
Cérès dit à. Beaucousin:
M. Mareuil m'a offert de s'occuper
de moi il veut me mettre dans mes
meubles.
C'est une très-honnête proposition,
fit le jeune homme, et qui mérite que tu
l'accueilles avec reconnaissance, à moins,
que tu n'aies pas de cœur.
Certes, oui, cela me fait plaisir, ré-
pondit Cérès, et je ne suis pas prête à
oublier ce que M. Mareuil veut bien faire*
pour me rendre heureuse.
Oui, ma fille, dit alors M. Mareuil
je m'intéresse à vous et je désire vous \q
prouver en vous procurant un petit, bien-
être, à la hauteur de mes ressources.
Vous êtes un digne homme,» mon-
sieur, s'écria Beaucousin- en portant à
ses levres' un verre de petit vin blana
qui lui était assez sympathique.
Mais, je suis très-occupé ces temps-
ci, je veux me fixer à Paris, et, pour
cela, il faut que j'y trouve une affaire'en
rapport avecmesgoûtsetmésb.abitudôs
Faites-vous marchand de vins, fît.
Beaucousin, qui ne connaissait pas de
plus belle position sociale.
• T- Oh! pour cela, non, répondit M. Ma-
reuil; j'ai trop de connaissances, altérées-
du soir, au matin, pour entreprendre un
commerce dans lequel l'amitié ne man-
querait pas de boire rapidement moir
fonds. ̃••̃
Au fait, reprit Beaucousin, que vo us1
soyez marchand de vins ou autre chose
c'est pas mon affaire, ce que j'en disais
c'est à cause de votre ancien métier. Les.
marins, ça doit avoir horreur de l'eau.
MIE D'AGHONNE,
(La suite à demain.)
quoi l'onsubventionnerait des mollets à
peine cachés par des jupes courtes, des
caleçons laissant deviner des formes
tout à fait temporelles ou des guimpes
couvrant peine des gorges sataniques!
Et la musique, ce dissolvant mortel Et
le chant, cet instrument de corruption
et de dissolution (mouvement à, gauche),
ne vaudrai t4I pas mieux fonder des in-
stitutions pour propager l'austérité dès
moeurs^
Donnez dix millions à l'Opéra pour en
faire un gymnase,ime salle d'armes, une
école de natation, un^atelier de inenui-
serie, >mais non point pour en faire un
..immense /.magasin de cliair humaine^
d'exhibitions sensuelles, de lumières ex-
citantes et de parfums enivrants.
Le seul tort de M. de Lorgeril,' c'est de se
"répéter beaucoup, 'et de dire la même:
chose de plusieurs manières différentes.
Ajoutez a ce vice originel que M. de
Lorgeril jouit d'un organe éf aillé qui
râpe les mots au passage et qui vous les
livre grattés et raclés comme du raifort.
M. de Lorgeril descend de la tribune
en suppliant l'Assemblée de se désinté-
resser de la question et d'abandonner
l'achevëmentet l'exploitation du Nouvel-
Opéra à la ville de Paris.
L'Assemblée repousse cette motion dé-
Centralisatrice par 528 voix contre 47.
Avant de voter sur le projet du gou-
"vernement, M. Rouvier éprouve un scru-:
pille. Il demande si ce chiffre de six mil-
'lions est bien définitif et si l'on ne vien-
dra pas dans quelques mois demander
un nouveau crédit. M. Rouvier veuf
bien donner six millions, à condition
qu'on s'en contenterai tout jamais.
Le rapporteur, Mi Caillaux, répond
longuement à cette question qui est très
simple. Il dit que jusqu'ici il y a eubeau-
coùp d'indécision et d'imprévu cela a
amené une certaine incertitude dans-les
Crédits qui ont été demandés. Aujour-
d'hui, M. Caillaux ne craint pas de l'af-;
firmer, les six millions qui vont être yo-;
tes seront absolument suffisants et paie-)
font jusqu'au moindre accessoire de!
l'Académie nationale de musique.
Et remarquez-le messieurs, ajoute*
l'orateur, les six millions qu'on vous de-
mande vous les retrouverez dans laj
vente des terrains de l'ancien Opéra, de-j
venus disponibles, par., l'incendie du
28 octobre.
Cette raison péremptoire triomphe des
derniers scrupules de l'Assemblée qui
Veut s'en aller, et elle se hâte d'adopter
à une grande majorité-les conclusions de:
.M. Caillaux.
L'ensemble de la loi, apres.quelqu.es:
'observations de MM. de Larcy et de Til-
lancourt a été adopté à une majorité de
•490 :voix.
L'Assemblée adopte ensuite une série!
de propositions de-lois qui n'offrent au-
cun intérêt, et s'arrête longuement sur la.
proposition de loi tendant à admettre
deïmitivement dans l'armée et dans la
marine certains membres de la famille
d'Orléans, pourvusd'un titre provisoire.
M. du Barail ministre de la guerre,
demande .que la, question soit .vidée
d'urgence. Malgré une vive opposition'
de M. Tirard, qui prétend que la ques-
tion "mérite d'être, longuement discutée,
et non pas dans la dernière séance d'une
•session, l'Assemblée prononce l'urgence
•à une majorité de près, de 200 voix.
M. Marcel Barthe prend alors la parole
et s'oppose à l'admission déiinitive dans
T,armée-des ducs d'Alençon et de Pen-
thièyre, qui, quoique princes, ne doivent
pas jouir .d'un privilège qui n'est pas du
droit commun.
Cela serait à la fois une injustice et un
mauvais exemple. Il ne surfit pas d'être
de sang royal pour se mettre. au-dessus <
des lois,
Ainsi parle M. Barthe au milieu des 1
interruptions de la droite et des appro- 1
.bâtions t umultueuses de la gauche. Peu <
s'en faut que M. Clapier ne se prenne aux ]
cheveux, sur ce sujet palpitant, avec plu-
sieurs de ses collègues de la, gauche et
fait valoir l'exil des princes et leur spon- ]
tanéité à demander a prendre du service ]
dans les armées françaises au moment
où la patrie était en, danger. Ce sont là ]
des titres qu'il ne faut pas méconnaître
et qui justifient le vote d'une loi spé- .]
cjale, j
^̃L'Assemblée est de cet avis et, sans <
vouloir permettre à la discussion de se J
prolonger, elle adopte la loi en faveur <
des princes d'Orléans a une majorité de
près de 200 voix. j
̃̃ ̃ ̃̃̃ ̃ ̃ ̃ J
Il ne reste, plus qu'une loi à l'ordre du
FeuiHclon du Fl(i\UO du 50 Mars
̃ "̃-62.'
IIS NIlITSiMLAÎfTIS
•– Alors, j'y coucherai sur les par-
quets, dans cet appartement ?
Certes, non, car mon intention est
'"de vous le 'meubler dé la façon la plus
convenable qu'il me sera possible.
Oh là, là en ai-je-t-y de la chance
de trouver comme ça, sans y penser, sur
le boulevard, un protecteur sérieux, ex-
clama Cérès avec incrédulité!
Mais, en dépit de ce scepticisme affecté,
'M. Mareuil voyait bien que sa proposi-
tion avait causé à Cérès une certaine
émotion qui se traduisait dans sa voix.
Elle reprit
Il ne faut pas vous fâcher tout de
même, si je ris de ce que vous dites, c'est
*que je ne suis pas habituée à recevoir
comme ça des tuiles dorées sur la tête.
J'en suis natureîlômentun peu; abasqur-
•die. Ça n'y- fait rien, ce serait gentil si
•vous faisiez cela pour moi.
1 Ce n'est nullement une plaisanterie:
je ferai la chose comme je vous le dis. ·
•̃Bien vrai? ?-
t– Bien vrai.
rr- Touchez-là.
Et elle lui tendit la main, dans la-
quelle M. Mareuil mit la sienne.
Puis, le regardant, avec une émotion
réelle et non contenue, des larmes de
bonheur et de reconnaissance lui mon-
tèrent dans lesyèux..•
Cela me fait de l'effet, ce que vous
venez de me promettre, dit-elle en pas-
sant i'oîigle rosé de son pouce sur une
des larmes qui venaient de tomber de
jour, tout aussi délicate et tout aussi dis-
cutée que la précédente. C'est la loi qui
lève le séquestre sur certaines proprié-
tés immobilières de .J'ex-famille impé-
riale.
MM. Lepère et Picard, beaucoup plu-
tôt pour ennuyer l'Assemblée qui a hâte
d'en finir que,pour obéir à un ordre im-
périeux de leur conscience, s'opposent à,
l'adoption de cette -loi, sous ^prétexte
qu'elle lèse le droit commun et les inté-
rêts du trésor.
M. Mortemart fait alors observer qu'il
ne s'agit que d'une question de pro-
priétés, déjà grevées d'hypothèques et
qui coulent fort cher de ..garde.. Mais la3
gauche est implacable et M. Leroyer de-
mande l'ajournement de la question à.
.lundi. ."̃
'L'Assemblée s'y refuse, et vote la dis-
ciission immédiate par 319 voix, contre
300.. '̃
Cette faible majorité" fait hurler la
gauche, qui en profite pour se pendre à
douter .de la sincérité du vote, et ré-
clame le pointage.
On vote le pointage par assis et levé,
et pendant ce temps, on va dîner.
Il est huit heures et demie.
Quand on revient. on est las, on digère
et Ion est furieux de passer une soirée
à discuter uhe; pauvre petite question
d'intérêt. ̃'̃
Aussi va-t-on vite en besogne. En vain
M. Périn cherche-t-il de nouvelles chi-j
canes, envains'écrie-t-il que r'Assembldei
n'est plus en nombre, envain proteste-t-ïï
contre le levée du séquestre, l'Assem-
blée n'entend plus rien, elle réclame ie'
clôture et vote la loi telle qu'elle lui
a été apportée, par assis et levé, et sang
le moindre scrutin. ̃ !•
Il est dix heures et demie, M. Buffet
lève la séance et déclare que l'Assem-j
blée ne se réunira de nouveau que le'1-2!.
mai. On se précipite vers le chemin def
fer et nous crayonnons à la hâte les der-
niers feuillets de cette mémorable séan-i
ce. Prière au public d'excuser les fau-'
tes de l'auteur.
Albert Millaud
P. S. Quelques minutes avant la ïin!
de la séance, une scène assez vive a eu'
lieu dans un couloir de l'Assemblée,
entre M. le due Decazes et M. le baron:'
Decazes, d'une, part, M.Germain Casse:
et M. Tolàin de l'autre.
M. Germain Casse, gesticulant au mi-*
lieu N d'un groupe, aurait dit: Ce minis-s
tère a beaucoup à se faire pardonner.
M. Decazes.iigur'ait le 4 septembre parmi:
les envahisseurs de l'Assemblée.
A ce moment même, M. le baron et!
M. le ducDecazes, passantprès dugroupe,
entendirent le propos et le relevèrent
d'une façon très énergique.
M. le duc Decazes aurait dit à M.
Casse «Si c'est une explication que vous;
cherchez, je suis prêt à vous suivre suri
tous les terrains. »
M. Tolain intervint alors et déclara
qu'il prenait fin et cause pour M. Casse,
« à pie,{i, à clivai et en voiture » (sic).
Plusieurs députés entraînèrent M. De-
cazes. Nous croyons que l'alFaire n'aura:
pas de suite.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
.̃ Saint- Jean-de-Luz 28 mars.
Après deux joui-s de combat, Serrano a été
deux fois repoussé. Les lignes des carlistes
sont imprenables et leurs portos sont lé-
gères.
̃ Versailles, 28 mars. -<- Le maré-
chal de Mac-Mahon a reçu aujourd'hui en
audience privée, le préfet d'Ilïe-et- Vilaine.
La présence de ce fonctionnaire à Versailles
paraît se rattacher au voyage du Président
en Bretagne. S'il s'effectue, le maréchal
s'arrêterait, notamment, à Rennes et à
Nantes.
Pau, 26 mars. Aujourd'hui, à
quatre heures, le cardinal Don'neta baptisé
la princesse Béatrix, fille de Bon Carlos.
Foule immense; délégations arrivées de
plusieurs points de la frontière espagnole
pour assister à la cérémonie.
On attend chaque jour à Pau l'arrivée de
François IL
Angers, 28 mars 4 h: soir. M.
Béchet, directeur dû Travailleur, feuille
radicale d'Angers, a été condamné aujour-
d'hui à un an de prison et 2,000 francs d'a-
mende pour diffamation envers le maire
d'Angers.
Lyon, 28 mars;-inidi 20;minutes.
Les ouvriers charpentiers, tuiliers, teintu-
riers, viennent de se mettre en grève. Colle
des apprêteurs est imminente.
Londres, 28 mars. 12,000 ou-
ses yeux sur la nappe; la preuve, c'est
que je pleure. Eh bien, il y avait long-
temps que cela ne m'était arrivé depuis
la dernière fois, je crois, que je me suis
battue avec le Beaucousin.
A ce nom, M. Mareuil dressa l'oreille.
Vous avez donc un cousin, Cérès,
demanda-t-il à la jeune femme? Pour-
quoi ne, me l'avez-vous pas dit, tout à
l'heure, quant je vous ai demandé s'il
vous. restait encore quelque membre de
votre famille ?
C'est que je ne pensais, pas à ce gar-
çon, répondit-elle; je. ne le vois pas déjà
si souvent que cela, depuis quelque temps
surtout, et comme, lorsqu'il- vient chez
moi, ce n'est que pour me faire des mi-
sères, j'ai bien le droit de l'oublier un
peu quand jesuis en partie de plaisir.
-r- Cela n'y fait rien, ma fille; si peu
qu'il vous reste de famille, il est bon de
ne pas rompre avec elle, et j'espère que
l'un de ces jours, si vous n'y voyez pas
'd'inconvénient sérieux^ vous amènerez
votre cousin ici, où nous dînerons tous
trois ensemble. C'est moi qui vous invite
tous deux.
C'est bien de l'honneur que vous
nous faites, dit Cèrès, qui, voyant que
M. Mareuil prenait pour un titre de pa-
renté le nom sous lequel elle avait de-
signé le drôle que le lecteur connaît,
était enchantée d'un quiproquo qui la
^dispensait d'entrer dans des explications
de nature à effaroucher son protecteur.
J'amènerai très-certainement mon cou-
sin.avec moi, quand cela vous plaira, et
il sera fort heureux de faire la connais-
sance, d'un «- ami » aussi aimable que
vous.
Le dîner fini, M. Mareuil conduisit
sCérès jusqu'à la porte de. son garni, lui
souhaita une bonne nuit et se mit en
devoir de regagner le faubourg Saint-
Germain.
Aubout de quelques pas il rencontra
Martin, qui s'était tenu de planton en
vriers des charbonnages du Southstaffors-
hire se sont mis en greve. Ils refusent d'ac-
cepter une réduction d'un schelling par
jour.
nabbonne, 26 mars. Le dos
cadavres pour- enfouissements civils se
maintient à la hausse. LE dernier A été
PAYÉ 80 francs.. C'est à peu près ce que se
vend nu marché de Narbqnne, un veau or-
dinaire ou -un porc de petite taille. .»"
̃M, de Balan, l'ambassadeur d'Allema-
gne à. Bruxelles qui vient de nunirir,
était un des plus intimes amis de M. de
Bismark.
Quand le chancelier1 voulait prendre
du repos à Varzin, il rappelait M. de Ba-
lan et le chargeait ide le suppléer. <
.M. de Balan avait refusé plusieurs fois
le ministère: des affaires étrangères, afin'
de garder le poste de Bruxelles, auquel
l'attachaient d'excellentes relations avec
le roi Léopold II, II était.le beau-père du
gouverneur civil de l'Alsace.
Et, à ce sujet, voici une curieuse anec-
dote
Le futur gouverneur civil de l'Alsace
poursuivait de ses 'assiduités* Mlle de
Balan, qui restait, ainsi que son père,
sourde à toutes ses démonstrations. Les
choses en étaient même arrivées a ce
point,que toutes les lettresde l'amoureux,
dont on connaissait l'écriture et le lieu
de résidence, étaient' impitoyablement
renvoyées à leur auteur, sans être déca-
chetées.'
Mais la passion du Prussien était dou-
blée d'un énergique entêtement, et, vou-
lant absolument être lu, il déguisa son
écriture et jeta une lettre dans la boîte
d'un petit village.
M. de Balan, sans méfiance, l'ouvrit,
et, touché de la persévérance de son com-
patriote, lui accorda la main de sa fille.
Le jour des fiançailles, on vit, au mi-
lieu de la riche corbeille,, la modeste
boîte aux lettres, capitonnée de satin et
transformée en écrin, où brillait une ma-
gnifique parure de diamants.
Auguste Marcade.
Albert Millaud.
BOITE AUX LETTRES
M. Vùhrer nous adresse la lettre sui-
vante '̃'
Cher confrère,
Le Figaro me fait figurer, ce matin parmi
les actionnaires du Rappel.
Cette allégation manque absolument de
fondement et je vous serai bien oblige de
le dire.
Croyez, je vous prie, a mes sentiments
les plus distingués. VtÏHUEh,
Directeur du Paris-Journal,
MRIS "AD JOllRli Jttll
Tous les journaux s'accordent à dire
que la proposition de M. Dahirel était
absolument imprévue 'et qu'il n'avait
pris l'avis .d'aucune réûriion.' Il convient
d'ajouter' "que treize députés seulement
de l'extrême droite se sont prononcés
pour l'urgence de la proposition en:ques-
tiomGe sOnt MM. d'Aboville, Aubry; de
Belcastel, de Boisboissel, de Cintre, de
Cornulier-Lucinières de Combarieu
Dahirel Dezanneau de Françlieu de
Lorgeril, du Temple et de Tréville. D'au-
tres membres influents de ce groupe,
comme MM. Lucien Brun, de Cazenove
de Pradine^. de Carayon-Latour, de la
Pochette, Ernoul, de la Bouillerie,
étaient absents ou se sont abstenus.
En réalité j M. Dahirel n'est donc pas au-
torisé a parler au nom du parti légiti-
miste il n'est soutenu que par VUnion,
qui développe sa thèse à l'aide de divers
arguments, celui-ci notamment si le
Septennat était irrévocable, l'Assemblée
"aurait épuisé, en le créant, son droit
constituant et ne serait plus souveraine
elle-même. Toute la première page du
journal fait fou en l'honneur de M. Dahi-
rel. M. Laurentie termine ainsi son ar-
ticle., ̃; •
La pensée de M. Dahirel n'est point ob-
scure; nous osoiis aflirmcr et déclarer
qu'elle répond à la pensée de, la France.
Nous ,n incriminons pas la pensée de M.
de Kcrfli'cl. Mais elle laisse sans issue
l'état politique qu'il prétend mettre au-
dessus du droit de 1 Assemblée; et plus
elle consacrerait la durée incommutàble
qu'elle assigne à cet état, plus elle met-
trait à découvert l'abîme qui en serait le
terme. Car après ce terme qu'y a-t>il ?• Le
néant. ̃̃'̃
M. Veuillot, dans Y Univers, dit spiri-
tuellement que pour un journal qui re-
face de ta fenêtre du restaurant où; dînait
son maître, afin d'être prêt à lui porter
secours au moindre danger; car, depuis
le fatal événement de la nuit de noces,
il voyait des'assassins partout.
Ils prirent un fiacre.
Martin voulait monter à côté du co-
cher, mais M. Mareuil ne voulut point y
consentir et -lit asseoir le fidèle serviteur
à côté de lui à l'intérieur.
Je crois, lui dit-il alors, que nous
tenons, avec la femme que j'ai fait dîner
ce soir, un bout de l'oreille du monsieur
que tu as suivi ce matin. J'ai invité la
nichée avenir dîner un de ces jours dans
le même restaurant, et j'espère, ce jour-
là, apprendre quel genre de relations
existe entre ce beau cousin et l'aide de
cuisine Philippe.
Ce jour-là, monsieur le marquis, dit
Michel, je me déguiserai en épicier et
j'irai dîner à une table à côté de la vôtre,
pour le cas où ces gens-là seraient ani-
més de mauvaises intentions.
N'aie donc pas peur, je ne risque
rien.
Qui sait? Monsieur le inarquis, je me
méfie de tout le monde, maintenant, et
plus particulièrement de ce Beaucousi»
qui, d'après les révélations de la mar-
chande de vins sur son mode d'existence,
est un horrible coquin. Tenez, ce monde-
là m'écoeure comme une promenade dans
les égoùts.
J'éprouve là-dessus les mêmes sen-
timents que toi et le même dégoût, mais
puisque noussommes forcés de nous mê-
ler à ce monde pour découvrir le se-
cret dont dépendent ma tranquillité et
mon bonheur à venir, fais comme moi,
mon caïnarade, bouche-toi le nez.
Ah! si vous croyez que j'aie envie
de reculer devant l'entreprise, vous vous
trompez beaucoup, monsieur le marquis..
Si vous pouviez lire dans mon cœur, vous
veniez quelle soif il a de vous venger!
lève de maladie, il n'ose trop examiner
le fond de la question et tomber dans le
cas de lèse-majesté, ce qui ne l'empêche
pas de se demander ce qu'est au juste le
Septennat.
Est-ce le septennat, est-ce simplement le
mac-mahonnat ? Diverses interprétations et
sous-interprétations sont en présence. Tant
que le maréchal vivra, c'est le septennats
bi le maréchal mourait pendant son règne,
le septennat mourrait avec lui, n'eût-il fait
que commencer, et ce ne serait plus que le
inac-mahonnat. -Or, on ne peut compren-
dre un mac-inah.onnat Sans Mac-Mahqn
Il faudrait une loi qui changeât au moins
le nom de la machine, et qui l'appelât par
exemple le broglionnat, si M> de Broglio ve-
nait à succéder, auquel cas l'institution re-
deviendrait nn septennat, de .six ans, ou de
'six m'ois ou de six jours, ou de toujours. Car
si laloi défend derestreindre le terme, elle n'a
pas dit qu'on ne pourrait l'élargir au moyen
d'une loi. C'est le grand avantage de pour
voir toujours et instantanément faire des
lois. Par ce moyen merveilleux, on est tou-
jours dans ledéfinitifsans sortir jamais du
provisoire; on n'a jamais delois et on n'en
manque jamais. .<••.
Lé Monde, V Assemblée '̃̃nationale et la:
Gazette de France désapprouvent M. Da-
hirel, mais ces journaux réservent for-
mellement le débat pour le jour où l'on
discutera les lois constitutionnelles. La
droite, dit la Gazette, a été désorientée
ar cette proposition inattendue. Cepea-i
dant pourquoi être si sévère pour M. Da-
hirel puisqu'il n'a fait qu'avancer le dé-
bat ? Doit-il se produire d'ici à'six se-:
maines, deux mois ou plus, des faits1 de
nature à modifier les opinions les:
préjugés si vous voulez du centre
droit et a créer une majorité en faveur
de la monarchie traditionnelle.
Nous désirerions certainement quei
cela fut, mais rien'ne nous permet de les
penser; si la Gazette de France sait quel-j
que chose sur ce point, elle devrait peut-
être le dire.
Regardons maintenant à gauche.
Ici, le désappointement est extrêmement
vif. En effet, 49 députés de l'opposition
ont voté, avec le ministère, contre l'ur-
i gence. Or, s'ils s'étaient prononcés dans:
le sens contraire,* lé ministère n'avait
plus que 278 voix contre 291 il était en
minorité, et tombait probablement.
Tous les groupes de gauche se sont di-
visés dans cet étrange scrutin les mo- `
dérés, les non-ambitieux du centre gau-
che, MM. Barthe, Ducarre, Foubert, La-
boulaye, Martel, Krantz, dé Maleville,
Vacherot, Vautrain ont soutenu le mi-
nistère, le groupé plus spécialement in-
féodé à M. Thiers, MM. Périer, Dufaure,
Feray, Waddington,a suivi M. Gambetta
qui menait la gauche au combat.
Est-ce pour, cela, comme l'insinuent
plusieurs journaux, que M. Ledru-Rol-
̃ lin a entraîné 24 défeetionnistes à voter
en, faveur du ministère. C'est possible.
Ces 24 méritent une sorte de notoriété
historique que nous ne leur refuserons
point. Voici leurs noms
̃ MM. Barodet, Berlet, Louis Blanc, Mar-
tin Bernard, Caduc, Carions Crêmieux, Le-
dru-Rollin, Millaud, Naquet, Ordinaire,
Pascal Duprat, Poyrat, Pin, Edgar Quinet,
Reyinond! (Loire).
Ceux-là sont les purs des purs, des dé-
magogues de derrière les fagots. Ils n'ont
point voulu transiger sur les principes,
parce qu'ils ne reconnaissent pas à l'As-
semblée le droit de constituer1 qti6ïtftié
ce soit.
C'est très beau, les principes, mais
c'est parfois gênant, et la République fran-
çaise s'en exprime avec l'aigreur d'une
espérance déçue.
La pure et sereine lumière des principes!
-Nous croyons, sans fausse modestie,quelle
nous éclaire autant que ceux qui ne veulent
suivre qu'elle, qui ne se sentent touchés de
ses rayons qu après réflexion, et qui votent
bleu après avoir voté blanc ou bien qui
jugent que, dans les cas douteux, l'absten-
tion yautjVapres tout, mieux encore que tel
vote dont signification serait trop pré-
cise. Mais la lumière dos principes ne nous
a point .montré jusqu'à présent qu'il y eût
jamais avantage à rompre l'union et la dis-
cipline d'un grand parti qui doit tous ses
succès à l'esprit de concorde de tempéra-
ment et de prudente hardiesse dont la dé-
mocratie franeaise est si justement fière
depuis trois ans.
La lumière des principes elle ne trompe,
elle n'égare personne. Comment donc
l'Uiiion républicaine, la Gauche modérée,
le Centre gauche ont-ils compté aujourd'hui
tant de dissidents? Serait-ce que la lumière
des principes, éclatante pour les uns, 'se
serait subitement voilée pour les autres?
• Et pourquoi en serait-il ainsi? Pourquoi
lorsque tous les chefs des trois groupes se
sont trouvés d'accord pour suivre la même
marche, tous, par une erreur inexplicable,
auraient-ils fermé les yeux à la lumière des
principes?
On remarquera spécialement la phrase
où il est question des chefs des trots grou-
pes, c'est à MM. Thiers, Périer, Grévy,
VüIIREÍI,
Je le sais, mon brave ami.
Dites-donc, Monsieur le marquis,
m'est avis qu'à cette heure, messieurs vos
assassins ne doivent pas se trouver bien à
l'aise, à cause de votre cadavre, qu'ils
savent ne pas avoir enlevé et que cepen-
dant la justice les accuse d'avoir fait
disparaître ?
Je le crois aussi, fit le marquis.
Le lendemain, M..Mareuil revint, le
soir, trouverCérès qui fut toute surprise et
enchantée de le voir arriver; car, en dépit
de ses promesses, elle n'avait pas osé
compter sur lui.
On lui en avait fait tant d'autres qui
n'avaient pas été tenues.
Toutefois, elle trouvait dans sa nou-
velle connaissance un je ne sais quoi qui
lui inspirait un peu plus de confiance
qu'elle n'en avait jamais eu chez les
autres.
M. Mareuil l'emmena dans le même
restaurant que la veille, et lui dit pen-
dant le repas: ̃
Je reviendrai demain à la même
heure prévenez votre cousin; nous dî-
nerons ici même, si cela ne vous déplaît
pas.
Puisque vous voulez sérieusement
faire quelque chose paur moi, répondit
la blonde fille, mon cousin vous dira
mieux que personne, et'surtout mieux
que moi qui ne l'oserais, ce qui m'est
nécessaire, et, en même temps, il pourra
vous éviter beaucoup de courses qui vous
fatigueraient ou vous ennuieraient.
C'est précisément ce sur quoi j'ai
compté, ma chère Cérès votre cousin
est certainement un garçon intelligent et
actif, qui mènera à très bonne fin votre
installation, dont je me réserve seule-
ment de payer les irais.
A l'heure fixée, le lendemain, Cérès' et
Beaucousin attendaient M. Mareuil de-
vant la porte du restaurant.
Du plus loin, qu'il le vit arriver,
Beaucousin prit cet air indifférent et
Gambetta, qui ont voté contre l'urgence.
M. Ledru-Rollin, tout illustre qu'il
soit, n'est donc point considéré par la
République française comme un chef de
parti. La conclusion de l'article du jour-
nal de M. Gambetta n'est pas moins cu-
rieuse pour qui sait lire entre les lignes
et se rappeler combien il se, rechignait
lorsqu'on inventa la candidature de M.
Ledru-JRollin.
Nous appartenons à une école politique
qui tient à honneur de subordonner les
questions de personnes aux intérêts perma-
nents et nécessaires' de la démocratie. Une
faute grave a été commise hier. Nous avons
dû la signaler sans haine et sans crainte,
comme des témoins qui portent là parole
devant le tribunal de l'opinion républicaine.
Ce tribunal, nous acceptons d'avance sa dér
cision. La démocratie, nous le disons hau-
tement, ne comprendra rien à ce qui vient
d'arriver. Pour nous, la démocratie, c'est
la Franco, toute la France.
Or-, la France demandait hier, elle de-
mande encore aujourd'hui qu'on fasse là
lumière sur la situation où elle végète,
qu'on dissipe les équivoques, qu'on détruise
les causes de l'incertitude et du malaise
dont elle souffre. Une occasion unique s'est
présentée on l'a laissé échapper: pour le
pays, voilà toute la séance ci'hiër. Nous
pansons sur ce point comme le pays tout
entier, et nous disons notre pensée en ré-
publicains probes et libres. C'est assez.
d'exprimer tous nos regrets du passé nous
tairons nos appréhensions pour l'avenir.
¥% Le Bien public est moins abondant,
plus. sec et tout aussi mécontent.
Il a tenu à l'attitude des autres membres
de la gauche que le cabinet fût mis grave-
ment en ééhec. Nous n'aimons guère les
récriminations, et nous comprenons les
scrupules de conscience; mais il nous
semble que ces honorables députés ont mal'
envisagé la question. M. Dahirel avait dit:
La question se pose entre la dissolution et
la proclamation de la monarchie': voter
l'urgence, ce n'était pas constater le droit
constituant do l'Assemblée, c'était accep-
ter la lutte .sur le terrain indiqué par
M.; Dahirel. IVn'y avait là, aucun sacrifice
de principes.
**« Quant à l'opinion des journaux qui
soutiennent le Septennat, nous la trou-
vops condensée dans cette note de la
Presse qui évidemment n'a pas été mise
à la légère.
Nous pouvons affirmer que l'incident sou-
levé hier par M. Dahirel, à la tribune de
l'Assemblée, a eu pour résultat d'affermir'
M. le maréchal Mac-Mahondans sa résolu-
tion de faire hâter le plus possible le dé-
pot et la discussion des lois constitution-
nelles qui devront fixer, d'une manière
définitivCj les attributions do ses pouvoirs.
Le maréchal n'a pris d'engagement vis-
à-vis de versoûne pas plus avec M. Caze-
nove de Pradine qu'avec M. de Kordrel. Il
est plus détermine que jamais à faire res-
pecter par tout le monde le septennat, tel
qu'il a été voté par l'Assemblée le 19 no-
vembre.
Le maréchal entend et veut que le sep-
tennat dure sept années.
»% Ayez-vous une opinion sur la chi-
romancie ? Ce qui est positif c'est que le
grand prêtre actuel de cette science,
M, Desbarolles a ses fidèles. Il ne faut.
point s'en étonner si l'on s'en tient aux
curieuses anecdotes que rapporte M. de
Lamartine dans l' Illustration..
Un jour, il fut appelé chez M. de Lamar-
tine.
Que voyez-vous dans ma .main? lui
,deman,da le grand poèto.
J'y vois que vous êtes né pour le com-
merce.
--Eh bien, c'est la vérité pure. J'ai tou-
jours eu le goût du commerce, ie l'aurai
jusqu' monà dernier soupir; seulement il
reste à ajouter que je ne suis pas heureux i
dans mes spéculations. ̃ ?
Et en effet, l'auteur du Lac a perdu une
fortune do millionnaire en spéculant à faux
sur les vins.
.Deux ans avant la guerre si désastreuse
de 1870, Dësbarollos, conduit aux -Tuile-
ries, fut introduit auprès do Napoléon III.
Que lisez-vous dans ma main? lui de-
manda l'Empereur..
Le chiromancien hésitait.
Allons, né craignez pas, dites tout:
Eh bien, Sire, je lis dans la main de
Votre Majesté qu'elle devrait, àl'avenir, ne
s'occuper que d'agriculture.
C'était une réponse sybilline, faite à la
manière de celles de l'oracle de Delphes.
Plus tard, expliquant et commentant ses
paroles, le devin nous disait:
L'Empereur no, m'a pas compris, mais
cependant c'était fort clair. '̃"
Comment cela ?
Eh, oui, ne faites cjne de l'agriculture,
cela signifiait « Ne faites pas la guerre, et
soignez votre santé. »
Les femmes par une femme. Tel
pourrait être le titre de fines réflexions
que publie la Vie Parisienne. Quelques
extraits au hasard.
La femme a une faculté que l'homme
n'a pas, c'est de pouvoir s'élever autant
que la ^position l'exige.
L'homme s'élève peu, si l'éducation pre-
mière a manqué. Quel que soit le vernis
lâché propre aux gandins de barrière
qui veulent « faire du genre ».
Il se penchait, se cambrait, se dandi-
nait avec la désinvolture la plus crâne,
le tout pour perdre complètement son
aplomb au moment où Cérès qui était
allée au-devant de son protecteur le pré-
sentait en ces termes à ce dernier
Monsieur Mareuil, voici mon cou-
sin, M. Le Petit. (C'était le pseudonyme
convenu entre elle et Beaucousin; qu'elle
ne pouvait présenter sous son véritable
nom, -qui lui semblait devoir trop accu-
ser-la comédie. ) J
M. Mareuil n'eut aucune peine à recon-
naître dans M. Le Petit la personne qu'il
avait vue causer un matin avec Phi-
lippe.
Monsieur, fit Beaucousin, en s'in-
clinant d'une façon ridiculement manié-
rée, je suis flatté d'avoir l'honneur de
faire votre connaissance; j'ai l'espoir que
quand vous me connaîtrez davantage,
vous trouverez que je ne suis. pas,un
mauvais compagnon en attendant, je
vous cède le pas et vous prie de nous
montrer le chemin: nous vous suivrons
résolument dans le sentier de la cave et
de la cuisine.
C'était un petit « boniment » qu'il avait
étudié depuis la veille, et qu'il ne par-
vint à débiter qu'en bégayant de la plus
fâcheuse, façon et en rougissant comme
une tomate.
M. Mareuil se borna a sourire d'un air
bienveillant, .et, passant devant- ses con-
vives, leur montra lé chemin ainsi qu'on
l'y invitait.
Quand on eut pris placé autour d'une
table, et comme on terminait le potage,
un monsieur, -vêtu; d'un paletot gris, les
jambes perdues dans un ample pantalon
bleu à large bande jaune,, cravaté d'un
foulard multicolore et coiffé d'un cha-
peau du dernier neuf, vint s'attabler à
peu de distance de notre trio.
C'était Martin-Michel, si parfaitement
travesti, que M. Mareuil le reconnut seu«
qu'il aura emprunté, un mot, un gesto le
trahira.
La femme est très-fine, pour reconnaître
ce mot, ce geste. et comme elle est fine,
elle ferme les yeux quand elle le voit.
La femme prend facilement les façons et
les travers de la.grande dame.
Mais ce qu'elle n'en prendra jamais, c'est
le,. naturel.
s Le naturel! ce n'est pas seulement le titre
et le nom qui les donnent; mais la bonne
éducation, depuis plusieurs générations.
Autrefois, on disait qu'il en était de même
de la beauté, de la main et du pied.
Mais les ancêtres ont été si infidèles,
qu'on trouve maintenant de 'jolies pieds et
de jolies mains un peu partout:'
La beauté n'appartient plus exclusive-
ment à la distinction. Mais la distinction
est une beauté.
Voici encore quelque chose qui est tant
soit peu alambiqué, mais d%ie observa-
tion profonde et féroce.
Ne trouvez-vous pas que madame de
X. a l'air d'une dame de la Halle?
Vous allez trop loin je trouve seule-
mont qu'elle a l'air d'une poissarde. ,qui
n'aurait pas l'air d'une poissarde.
̃" V. M. ̃•
Injustices et Abus
LA LETTRE Il
On sait parfaitement que les sentences
des jurys d'exposition ne sont pas toujours
infaillibles, et qu'au milieu d'une -foule de
toiles justement refusées, il s'en' trouve
bien quelques-unes qui ne méritent pas cet
ostracisme.
Tout au moins faudrait-il faire en sorte
de ne pas agraver encore, par dés mesures
peu judicieuses, le poids de ces rigueurs.
Que l'on refuse impitoyablement' même
ce qui est passable, nous le voulons bien •
mais pourquoi rendre, invendables toutes
les œuvres refusées en leur appliquant,
comme autrefois, la marque au fer rouge
sur l'épaule du forçat, la lettre R ?
Cette lettré imprimée au dos de la toile,
ne peut s'effacer par aucun réactif, et, dès
lors, il ne faut plus songer à mettre le ta-
bleau en vente, sous peine de voir sa va-
leur singulièrement amoindrie, quancl elle
ne s'en trouve pas complètement annihilée.
Or, il n'entre évidemment pas dans l'es-
prit du jury d'empêcher les artistes refusés
de vendre leurs œuvres, s'ils peuvent trou-
ver acquéreur.
Ne 'pourrait-on, en conséquence, em-
ployer un autre moyen, que celui qui est
en usage aujourd'hui pour distinguer les
oeuvres élues des œuvres refusées ?
Il nous semble qu'il doit être, facile de
reconnaître les unes et les autres sans por-,
ter un préjudice aussi grave à des artistes-
qui sont déjà assez cruellement punis de
leurs -erreurs par leur exclusion du Salon.
Ce préjudice, nous assure-t-on, est très-
réel, et pour une toile ainsi marquée, dont
la valeur peut braver la diffamation du ju-
ry, il en est cent qui en éprouvent une
désastreuse et injuste dépréciation.
Voyons, encore une fois, pourquoi cette
marque indélébile, quand il serait si sim-
ple d'en appliquer une qui, tout en rem-
plissant parfaitement le but du jury, n'au-
rait pas les mêmes conséquences ruineuses
'pour l'artiste ? •
Il y a là certainement quelque chose cte
beaucoup trop draconien pour ne pa»
dire plus et qu'il faut réformer au plu's
tôt.
Emile Faure.
INFORMATIONS
La Journée
Les obsèques du contre-amiral Laff~n tfo
-ladébàt ont ou lieu hier à 'midi en l'église
Saint-Pierre de Chaillot: ='
La maison mortuaire était tendue de
noir au chiilre du défunt, mais sans ar-
moiries. Sur le cercueil étaient déposés
l'uniforme et l'épée de l'amiral, et sur un
coussin, les insignes de grand-officier de-*
la Légion d'honneur, la croix d'officier du.
Modjidié, la médaille de Grimée, celle de
Chine et un grand nombre d'ordres
étrangers.
Le deuil était conduit par le neveu <\û
défunt, M. Peyrouton de Ladébat, lieute-
nant de vaisseau. Los'cordons du poêle-
étaient tenus par MM. les amiraux Cho-
pard et Gueydon, les généraux Péïissier et
Ladmirault, gouverneur de Paris.
Deux détachements dos 48u et 71e de ligne,
commandes par le colonel du 48% ren-
daient les honneurs militaires..
M. le ministre de la marine s'était fait;
représenter par M. Buge, capitaine de fré-
gate.
Dans le convoi, nous avons remarqué
MM. les amiraux Paris, Jurien la Graviers
Pothuau; Roze, Fourichon, Jaurès, etc
lèment à la voix, lorsqu'il interpella le.
garçon.
Pendant qu'on mangeait les hûîtres.
Cérès dit à. Beaucousin:
M. Mareuil m'a offert de s'occuper
de moi il veut me mettre dans mes
meubles.
C'est une très-honnête proposition,
fit le jeune homme, et qui mérite que tu
l'accueilles avec reconnaissance, à moins,
que tu n'aies pas de cœur.
Certes, oui, cela me fait plaisir, ré-
pondit Cérès, et je ne suis pas prête à
oublier ce que M. Mareuil veut bien faire*
pour me rendre heureuse.
Oui, ma fille, dit alors M. Mareuil
je m'intéresse à vous et je désire vous \q
prouver en vous procurant un petit, bien-
être, à la hauteur de mes ressources.
Vous êtes un digne homme,» mon-
sieur, s'écria Beaucousin- en portant à
ses levres' un verre de petit vin blana
qui lui était assez sympathique.
Mais, je suis très-occupé ces temps-
ci, je veux me fixer à Paris, et, pour
cela, il faut que j'y trouve une affaire'en
rapport avecmesgoûtsetmésb.abitudôs
Faites-vous marchand de vins, fît.
Beaucousin, qui ne connaissait pas de
plus belle position sociale.
• T- Oh! pour cela, non, répondit M. Ma-
reuil; j'ai trop de connaissances, altérées-
du soir, au matin, pour entreprendre un
commerce dans lequel l'amitié ne man-
querait pas de boire rapidement moir
fonds. ̃••̃
Au fait, reprit Beaucousin, que vo us1
soyez marchand de vins ou autre chose
c'est pas mon affaire, ce que j'en disais
c'est à cause de votre ancien métier. Les.
marins, ça doit avoir horreur de l'eau.
MIE D'AGHONNE,
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