Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-25
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mars 1874 25 mars 1874
Description : 1874/03/25 (Numéro 84). 1874/03/25 (Numéro 84).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MERCREDI 25 MARS 1874
fois qu'il lit une de ses comédies: c'est
de rompre la glace et d'arracher quand
même un sourire' aux uns, une larme
aux autres. Lorsqu'il s'est agi du Sphinx,
il était plus décidé que jamais à atteindre
ce but tant désiré. Le Sphinx est un,
drame et l'auteur tenait à essayer sur
son auditoire les énlotions de la repré-
sentation.
Il commence. Pendant tout le premier
acte, personne ne bronche. Feuillet a
beau les regarder furtivement, du coin de
l'œil, les sociétaires demeurent calmes
et froids. Au deuxième acte, même effet.
Le Sphinx se heurte contre une assem-
blée de sphinx. La lecture continue,
Feuillet étudiant toujours les physiono-
• '"̃ mies de ceux qui l'entourent. Tout-à-
coup, il voit Maubant qui se mouche.
Bon signé, cela! pense-t-il. -Il pour-
suit et il aperçoit Delaunay tortillant
nerveusement son mouchoir de batiste.
Bravo, se dit le poète, je commence à
les tenir i –"Et comme il achève le troi-
*> sième acte, lé nez de Coquelin commence
à s'agiter, a remuer, à tressaillir d'une
façon si significative, que Feuillet, en
fermant son manuscrit, peut s'écrier
Je les tiens!
Ah! que Feuillet l'a béni, ce, nez fré-
tillant, ce nez impressionnable, ce nez
révélateur
̃' #*# '̃̃ ̃
Ce murmure admiratif qui parcourt la
salle au lever du rideau, c'est la robe de
Groizette qui l'excite.
La tunique de blonde noire sur une
jupe de faille citron, entièrement cons-
O" tellée d'étoiles d'acier bleui, avec le
même motif dans la coiffure, est une
s trouvaille. C'est excentrique et élégant
• à la fois, c'est bien la robe hardie et fai-
sant loi de la femme. bizarre au goût ar-
tistique qui se costume plutôt qu'elle ne
s'habille et qui^aùjourd'hui, charmante
sous le gilet brode et la coiffure Direc-
toire qui lui donnent l'air d'un joli Debu-
court, sera demain plus exquise encore
sous la robe de chambre Henri II, passe-
mentée de perles et coiffée du toquet'à
aigrettes qu'affectionnait Diane de Poi-
tiers.
Au demeurant, rien n'est plus piquant
que cette alliance des yeux noirsavecles
cheveux blonds et la physionomie de
Croizette, avec son air volontaire, son
regard dur et impérieux, s'accommode à
merveille de cet accouplement. La co-
lère, l'emportement, le dédain, la haine,
s'y peignent tour à tour avec la plus
• effroyable vérité.
Il arrive parfois que cette jolie iigure
devient féroce; Je né sais quels instincts
farouches se réveillent dans le cœur de
ce sphinx indéchiffrable. Et alors lés na-
rines des narines de fauve, qui palpi-
tent et frémissent comme si elles hu-
maient l'odeur du sang se contractent
et se relèvent, un pli profond se creuse
au milieu du front, la bouche altière à la
lèvre autrichienne découvre des dents
de jeune jaguar prêtes à mordre et s'en-
foncer dans la chair vive, c'est terrible
et excitant a la fois.
-̃̃̃
#*#
Propos de couloir
–Ne trouvez-vous pas. les entr'actes
un pou, longs?
Que voulez-vous, mon cher ? Feuillet
a l'habitude d'écrire pour la Revue des
Ûeucr-Mondes et de voir ses romans servis
par tranches. tous les mois. Ce qui vous
paraît long, à vous, lui semble encore
très-court!
"̃ ̃ **# ̃ v V
̃' Le décor du second acte est une mer-
veille de goût et de couleur. C'est un sa-
lon fumoir éclairé d'en haut par un pla-
fond lumineux donnant d'un côté sur les
galeries de bal, encombrées de camélias
etde roses, et de l'autre sur une terrasse
en marbre blanc qui descend dans le-parc,
par un perron monumental.
Aux murs, des boiseries d'ébène a fi-
lets d'or d'un style sobre et décoratif à la
fois. Sur leurs piédouches, des vases
jsplendides en bronze fauve et dans les
entrecolonnements des statues aux poses
méditatives qui vous regardent de leurs
grands yeux fixes.
Le reflet des illuminations de la fête,
tamisé par les lourdes tapisseries à per-
gQnnages, qui servent de portières, vient
mourir dans cette pièce retirée, empreinte
d'un caractère intime et mystérieux en
même temps que les accords éloignés de
l'orchestre; les ondes sonores des valses
voluptueuses arrivent par fragments
̃ harmonieux. C'est d'une poésie mélan-
colique et indicible.
*V
La toilettedeSarah Berahardtest digne
de ce milieu.
Feuilleton du FIGARO du 2Î> Mars
r
LIS iUlTS SANGLANTES
Si je faisais le malade, je pourrais
faire demander M. de Bellombre. Ce se-
rait, il est vrai, une personne de plus
dans notre secret.
Oh de Bellombre, j'en suis sûr
comme de moi-même. Là ne serait pas
l'inconvénient, d'autant mieux qu'il nous
faut de toute nécessité un médecin
mieux vaut celui-là que tout autre. Mais
comment éviterais-tu de recevoir les
soins que les gens du château voudraient
te donner, si tu te disais malade? M. de
Bellombro ne peut pas aller te faire ainsi
de visite sans que tu le fasses appeler; et,
si l'on te sait malade, on voudra aller te
voir. C'est impossible, si nous voulons
garder le secret de l'existence du mar-
quis, et je crois comme toi, que c'est né-
cessaire. Pendant une vinglajne d'heures
encore, notre ami doit se passer des soins
du docteur. Oui, mais* nous risquons
aussi do le perdre! Voyons, prenons
un moyen terme tu Vas emporter de
ma pharmacie, qui est là dans mon ca-
binet de toilette, tout ce qui te peut être
utile pour le soigner. Je crois que, pour
le moment, le meilleur remède, c'est
le repos;- mais il petit survenir des
syncopes prends une lampe à esprit
de vin, en cas que tu aies besoin de
faire chauffer de l'eau prends du til-
leul, de l'eau de fleur d'oranger, un
flacon, d'éther "et un flacon d'éiixir vé-
gétal de la Grande-Chartreuse munis-
toi aussi de flanelles et de. fourrures
que tu vas trouver dans la grande ar-
Sur une longue jupe de faille jaune
pâle se retrousse une tunique de crêpe
brodée au plumetis dé..p~lmes et de 11eurs
jaunes, ton sur ton., Le corsage est une
merveille, et l'ensemble encadre divine-
ment le profil mélancolique de l'artiste.
Ses grâces fluettes font involontaire-
ment songer aux châtelaines du seizième
siècle, émergeant de leur fraise goldron-
née son profil, triste et grave, sa taille
élancée, faite expiés pour porter les
corps de 'brocart ileurdelysé et les cottes
de velours frappé t grandes fleurs, tout,
en un mot, représente à merveille une'
Yseult ou une Yolande, échappée d'un
cadre- de François Porbus A sa vue,
l'imagination évoque le castel à tourelles
octogones, ̃ perche sur coteau; les poi-
vrières coiiïees de leurs girouettes, avec
leurs devises découpées, cris d'amour
ou de guerre, leurs bouquets de plomb
aux angles, leurs vastes cours, où che-
vauchent, sur les lourds destriers à
croupe polie, les pages et les gens d'ar-
mes, tandis que, mollement étendue sur
une pile de coussins orientaux rapportés
de la croisade, la. châtelaine, dé ses
'doigts blancs, allongés en fuseaux, tourne
les pages de vélin d'un missel enluminé
de gravures éclatantes.
"-̃;̃•-
Dans presque toutes les pièces de Feuil-
let, il se trouve soit un château en rui-
nes, soit un parc aux arbres centenaires
vu au clair de lune, soit un précipice,
soit un torrent.
C'est que Feuillet est un admirateur
passionné de Walter Scott, qu'il lit et re-
lit sans cesse.
Quand il part en voyage, ce qu'il de-
mande avant tout, ce n'est pas sa malle,
c'est son Walter Scott. Il a chez lui des
Walter Scott de tous les formats des
Walter Scott de ville et des Walter Scott
de campagne, des Walter Scott de po-
che, des Walter Scott faciles a lire au
lit, des Walter Scott de rechange, enfin
des Walter Scott pour tout faire.
̃ #*#
II y a naturellement un clair de lune
dans le Sphinx.
Rien de poétique comme ce décor du
troisième acte. 'Le parc étend à p,erte de
vue ses solitudesnombreuses.Doci,delà,
un reflet argenté s'accroche aux troncs
des bouleaux, aux monstrueux quartiers
de grès, -aux feuillages frissonnants des
trembles. Sous un petit pont de bois rus-
tiqué dort une mare aux ondes polies
comme l'acier. Des nénuphars à fleurs
jaunes, a larges feuilles luisantes, s'éta-
lent à la surface, mêlés aux algues
vertes, semblables ftùx -cheveux épars
d'une noyée qui seraft au fond.
Autour de cette flaque morne, le si-
lence, l'ombre, le mystère. Le lieu sem-
ble maudît et assurément les chevreuils
aux grands yeux humides ne viennent
point, s'y désaltérer par les nuits étoi-
lées, attentifs au moindre bruit qui trou-
ble le silence nocturne, aux pas du renard
qui fait crier les feuilles sèches, sous ses
pattes veloutées.
Je ne sais quoi de sinistre plane en ce
lieu funèbre; cette mare sent le crime,
l'infanticide et peut-être si vous déplaciez
les nénuphars, les feuilles de cette Victoria
regina qui sommeille à fleur d'eau, décou-
vririez-vous le cadavre -d'un enfantelet,
hideux, -ballonne, turgide, autour duquel
les brochets voraces tournent lentement
en le regardant de leurs yeux glauques
et vitreux.
Et pourtant sur ce paysage sinistre' la'
pure lumière de l'astre des nuits jette son
voile azuré; la futaie solitaire, trouée
de rayons d'argent, déploie ses sombres
arcades de verdure. Tout dort, c'est le
moment propice à l'amant qui passe, te-
nant enlacée une forme blanche enca-
puchonnée de dentelle noire, qu'il sou-
tient par la taille et avec laquelle, glis-
sant de ce pas cadencé particulier aux
amoureux, et dont parle Virgile, il dis-
paraît au loin dans le clair brouillard de
la nuit. L. •
~*#
Gomment la trouvez-vous, cette
scène du baiser? demande mon voisin,
quand le rideau est tombé sur le troi-
sième acte. ̃
Elle est écrite dans une jolie langue
'?
*̃ .'̃
En sortant, je croise sons la colonnade
du théâtre, un officier de marine à la
casquette galonnée, qui se dirige, d'un
pas pressé, vers la place du Palais-Royal.
-Tiens, s'écrie quelqu'un, voilà le
mari de madame de Chelles qui revient
de Cochïnchine
moire qui est dans la pièce à côté du
cabinet de toilette il ne faut pas que,
dans le trajet, le marquis éprouve la
moindre sensation de froid. Avec cela,
tu agiras de ton mieux, avec la plus
grande prudence n'use de l'éther et du
cordial qu'en cas de syncope, le repos
étant, je te le répète, le remède le plus
efficace pour le moment. Si le mieux
se prononce, tu donneras un peu d'eau
sucrée avec de l'eau de fleur d'oranger.
Michel prit les objets que M. do Mor-
nant venait de lui recommander d'em-
porter et il se disposa a partir.
Au moment où il allait sortir, M. de
Mornant le rappela
Attends-toi, lui dit-il, à recevoir,
d'une façon indirecte, quelque commu-
nication de pendant la journée,
et, comme il faut que tu puisse, entrer
ici plus facilement qu'aujourd'hui, prends
dans le premier tiroir du meuble qui est
à côté de la cheminée, un trousseau de
clefs parmi lesquelles je vais te désigner
celles qui ouvrent la petite porte du jar-
din et la porte du rez-de-chaussée que tu
as fermée.
Michel prit le trousseau et en détacha
les deux clefs indiquées.
Encore une recommandation, reprit
M. de Mornant il ne faut pas oublier de
remettre sur ses gonds et de refermer la
porte forcée, pour que mes g&ns ne con-
coivent aucun soupçon ni aucune inquié-
tude. Et maintenant, mon garçon, à la
garde et à la grâce de DieufJe t'attends
la nuit prochaine, à l'heure qui te paraî-
tra la plus propice. Ce disant, M. de Mor-
nant tendit sa main à Michel, qui la prit
dans les siennes, la porta à ses lèvres et
sortit. 1
Quand il rentra dans sa chambre, la
respiration du marquis était accompa-
gnee de faibles plaintes qui témoignaient
e la souffrance à laquelle il était en
proie.
Michel s'empressa de mettre à profit
tout ce qu'il avait emprunté à la phar-
FROU-FROU.
TELEGRAMMES & CORRESPONDANCES
Toulouse, 23 mars, 4 h. 15'soir. Le ju-
gement dans l'affaire do la Réforme, contre
le -général Lapasse est rendu. L'arrêté du
général est déclare légal, régulier et non
abusif. ,10
En ce qui concerne la question du dom-
mage cause au journal, le tribunal se dé-
clare incompétent, et condamne reeonyen-
tionnelloment la Réforme à payer au géné-
ral quinze cents francs de dommages-inté-
rêts.
La lecture du jugement a duré quarante
minutes.
Caen, 23 mars. Un succès pour
les légitimistes. M. le baron do Fontetlo,
ancien député, maire do Monts, vient d'être
nomme à une grande majorité, conseiller-
général du canton de Villcrs-Bocage, on
remplacement de M. Férou, démission-
naire.
` Nrintos, 23 mars.
Un enterrement civil, qui devait avoir
lieu aujourd'hui, a été empêché par ordre
du préfet. Le Phare contient une protesta-
tion des parents.
Langiies, 23 mars On avait
annoncé que M. le baron Chauchard se
portait candidat dans la Haute-Marne.
Voici la lettre qu'il vient d'écrire en ré-
ponse à cette nouvelle, à un journal du
département
La Fcrté-svir-Ainanco, 18 mars 1874.
Cher monsieur Rorel,
.lu vous prie de me prêter la publicité do VEchu
pour l'aire la déclaration suivante:
Il ne me convient pas d'entrer en correspon-
dance avec les fnnillos rouges, nui, à 'la veille
d'une élection, so servent do mon rjinn pour semer
la désunion parmi les hommes d'ordre de notre
département.
A ^lucun prix, je ne consentirais à devenir un
sujet de division dans le parti conservateur.
Jo ne suis pas candidat.
Jo voterai pour M. Lespérut, qui- adhère au sep-
tennat de Mac-Mahon, contre M.- Danolle, remor-
qué par la Révolution.
Agréez, etc.
Ilippolytc Chauchaiid.
™ Berlin, 21 mars. L'archevêque
de Cologne est averti par le gouvernement,
qu'il sera emprisonne. On no connaît pas
encore le jour et la prison où l'archevêque
sera conduit. On veut éviter des troubles.
̃ Berlin, 22 mars.
Aujourd'hui a l'occasion do l'anniversaire -de la_
naissance de l'Empereur, la ville s'est pavoiséo.
Les édilices publics et un grand nombre de mai-
sons particulières s'apprêtent à illuminer. A lt
heures, l'Empereur a assisté à la messe dans le
palais du princo'héritior. A une heure, l'empereur
et les membres de la fair.i'.le impériale, ainsi que
le roi et la reine de Saxe, les grands-ducs de
Bade, de Saxe-Welmar et de Mocklenbourfr, les
ducs de Saxe-Altenboung-, de Suxe-Moiningeii et
plusieurs autres prinees,-ont l'ait une promenade en
calèche sur l'avenue des Tilleuls. (linter Linden).
̃• Berlin, 22 mars, soir.
L'état de santé du chancelier rto l'Empire ne
s'est pas sensiblement, modifié depuis hier, les
douleurs diminuent d'intensité, l'appétit est encore
faible, les forces reviennent lentement, le sommeil
ne peut encore être obtenu que par l'emploi de re-
mèdes calmants.
Auguste Marcado.
L'abondance des matières et les diffi-
cultés matérielles, inséparables d'un
changement d'imprimerie, nous obligent
à retarder encore d'un^jour ou deux? la
suite de la série les Coulisses des Jour-
naux, qui se continuera par le Rappel.
MIS AU JOUR 1E JOUR
On disserte beaucoup depuis cinq ou
six jours sur l'entrevue du Maréchal-
Président avec MM. de Cazenove de Pra-
dines et Lucien Brun. Comme il fallait
s'y attendre, on a donné de cette entrevue
des versions assez différentes et de na-
ture à entraîner une vive polémique.
Aujourd'hui, l'Agence Ilavas publie une
note qui, évidemment, est aussi ofli ciel le
que le comporte la chose et que nous re-
produisons à titre de document
Divers journaux ont parlé d'un entretien
qu'a eu M. le président de la République
avec MM. Cazenove de P radines et de Ca-,
rayon,-Latour. Los récits qu'ils en ont faits
ont donne à cet entretien une importance
qu'il n'a pas.
Jeudi, en eilbt, MM. de Cazenove et do
Carayon vinrent, de leur propre mouvo-
ment, voir le maréchal. Ils lui exposeront
qu'ils avaient obéi à l»ur conscience en fai-
sant les déclarations qu'ils avaient portées
la veille a.la tribune, mais que le maréchal
nedevaityvoirauciinc intention d'hostilité,
soit contre sa persoùnc, soit contre son
pouvoir. w
Le maréchal répondit à ces messieurs
qu'il respectait pleinement les scrupules de
leur conscience,mais qu'il regardait comme
inopportunes et regrettables des déclara-
tions qui pourraient amener une scission
dans le parti conservateur.
Il n'y a donc, dans la démarche de ces
deux députés auprès du maréchal, qu'une
macie de M. de Mornant pour soulager
le cher blessé. Il lui fit une potion com-
posée de tilleul et d'eau de fleurs d'oran-
ger, avec quelques gouttes d'éther pour
la rendre plus calmante, et la lui admi-
nistra par cuillerées.
Le malade était dans un tel état de
prostration qu'il avalait comme un en-
fant ce qu'on lui mettait dans la bouche,
aussi incapable de rien refuser que de
rien demander.
Michel lui enveloppa de fourrures les
jambes et les pieds qui étaient restés
froids, et qui bientôt se réchauffèrent.
C'était un signe d'amélioration dans
l'état du malade, et lorsque le soldat
l'eut constaté, il se sentit tout à fait re-
naître à l'espoir de le sauver et de le
guérir.
La fièvre se déclara ensuite, mais sans
grande intensité, se signalant par l'in-
quiétude du corps, l'animation de la face,
et déterminant même le délire, car les
lèvres du marquis s'agitaient par mo-
ments comme s'il parlait, mais la force
lui en faisait défaut et il ne s'échappait
aucune parole de sa bouche.
Michel se mit à redouter que les forces
augmentant avec le délire, le malade ne
vînt à parler tout haut et ne se fit enten-
dre des domestiques qui avaient leurs
chambres contigiies à la Il fut à
partir de ce moment dans des transes
continuelles.
Heureusement l'excitation du mavquis
n'alla pas jusque-là et la journée se ter-'
mina de la manière la plus favorable
vers l'heure du dîner, le soir, le marquis,
sous l'influence de la potion calmante,
finit par s'endormir et reposa d'un som-
meil relativement tranquille.
Michel, à cette heure-là, était encore à
attendre la communication que lui avait
fait espérer M. de Mornant, lorsqu'un
domestique de celui-ci vint annoncer
que son maître était tombé tout-à-coùp
plus malade qu'il ne l'était habituelle-
ment; il priait Michel de venir passer la
simple visite toute courtoise fit privée. Elle
a duré seulement quelques minutes.
»% M: de Fourtoua prpnoncé dimanche,
à la distribution des prix de l'associa-
tion philotechnique qu'il présidait
comme ministre de l'instruction publi-
que, un discours important.
Au milieu de vérités d'ordre pratique
et spécial, on a remarqué une chaleu-
reuse affirmation en laveur du Sep-
tennat:
Le gouvernement du maréchal, issu de
la volonté souveraine de l'Assemblée na-
tionalè, puisant dans cette haute et pure
origine un droit irrévocable, des devoirs
supérieurs, une autorité que nul ne peut
désormais contester, qu'il ne laissera point
.affaiblir et qui se fortifiera, au contraire,
dans quelques jours, par une organisation
loya lemon t promise le gouvernement du
maréchal, quels que soient ses conseillers,
protégera, soyez-en sûrs, pendant sept ans,
de sa fermeté et de sa prudence, le déve-
loppement régulier des affaires publiques,
l'accroissement des forces industrielles, en
uu mot, la libre et puissante expansion du
travail national.
(l'est par là, d'ailleurs, que viendront,
comme par surcroît, sur la scène politique
elle-même, des transformations et un apai-
sement inattendus. La prospérité nous ren-
dra la concorde un peuple qui travaille
est uu peuple qui se recueille et qui se re-
lève.
Nous tous, messieurs, qui que nous
soyons, quelles que soient nos origines et
nos tendances, quelles que soient nos af-
fections, nos espérances ou nos regrets
.apportons à cotte œuvre de la régénération
par le travail notre infatigable concours. Il
est facile à tous de s'unir pour ce grand
but, à l'abri d'uu nom sans tache et cher
pour jamais à la Franco entière, car il fut,
dans 'nos jours néfastes, la plus éclatante
expression de sa vieille gloire et la conso-
lation suprême de ses revers.
+*+ La Liberté traduit de la Perseveranza
de Milan, le récit d'une conversation a
l'américaine, entre un de ses reporters
et M. Emile Ollivier. Il s'agit d'une de
ces confessions développées comme les
aiment et savent les demanderles repor-
ters anglais ou américains.
M. Ollivier expose et justifie tout son
rôle politique et d'abord le plébiscite.
» Le Plébiscite a été à ce moment M.
Ollivier avait une singulière vivacité le
coup le plus fort, le seul peut-être qu'ait
jamais reju le jacobinisme depuis (J3. Je
l'ai fait après vingt ans de paix et au mi-
lieu d'une liberté illimitée.
» Trop grande peut-ôtre. J'ai été" té-
moin oculaire, et je me rappelle que dans
les premiers mois de 1870 Paris était pres-
que en état de révolution. Les bonapartis-
tes vous on font même un de leurs princi-
paux griefs. v
» Ceci est une autre question qu'il fau-
drait traiter à part. Le fait est que le Plé-
biscite a été accompli au milieu d'une com-
plète liberté, et que les républicains et les
radicaux avaient toute latitude pour s'y.
opposer. Je n'avais donné qu'une seule
instruction aux procureurs généraux et
aux préfots celle de prêcher' la non ahs-
tention. Je suis arrivé jusqu'à faire arrêter
un garde champêtre qui faisait de la pro-
pagande en notre faveur.
Arrive la guerre; ici le rôle de M. Olli-
vier paraît plus difficile a défendre, mais
il ne se démonte pas le moins du monde.
-Sa théorie est que M. de Bismark avait
irrévocablement décidé de faire la guerre
à la France et ^personne ne l'en eût em-
pêché. • ̃ >
» Notre diplomatie n'a pas été aussi
maladroite qu'on a voulu le dire elle; nous
a révélé tout le plan de la Prusse. C'est
alors que nous opposâmes c'était la
seule cliosc à faire la déclaration nette
que la France n'aurait jamais toléré qu'un
Hohenzollern régnât sur l'Espagne.- Cette
déclaration arrêta Prim il abandonna
alors la Prusse comme il avait abandonné
la France en même temps, pressé par la
diplomatie européenne, le prince de Ho-
henzollern renonça à la candidature. M.
de Bismark, voyant déjoué sou plan,
pensa a faire une telle insulte à la France
qu'elle en fût déshonorée ou qu'elle lui
rendit impossible do no pas déclarer la
guerre, Le soufflet nous fut donné non pas
en ne voulant plus recevoir notre ambas-
sadeur peut-être aurions-nous continué
à traiter mais en donnant connaissance
de cotte insulte à toutes les cours d'Eu-
ropé. »
Le document auquel M. Ollivier fait al-
lusion, ligure, en effet, dans la troisième
formule du Bluebook présenté au. parle-
ment anglais en 1870. En voici la tra-
duction •̃
Après que la nouvelle de la renoncia-
tion du prince héréditaire de Hohcnzol-
Jern avait été communiquée officiellement
au gouvernement impérial français par le
gouvernement royal (?) d'Espagne, l'ambas-
sadeur demanda postérieurement à Sa Ma-
jesté le roi de l'autoriser a télégraphier à
Paris que Sa Majesté le roi s'engageait,
pour l'avenir, à no jamais consentir à ce
qu'un Hphenzollern accepte de nouveau la
candidature. Sa Majesté le roi, sur cela, rc-
nuit auprès de lui pour suppléer, au be-
soin, à celui de ses serviteurs auquel il
avait le plus de confiance. Le domestique
ajouta que M, de Mornant avait fait
adresser une dépêche télégraphique à t
M. de Bellombre, qui habitai une station
distante de quelques heures, et que ce-
lui-ci avait répondu qu'il se mettait en
route pour venir donner ses soins à son
vieil ami.
Ces nouvelles ne causèrent pas grande
émotion aux gens de l'office! ils étaient
blasés, depuis treize mois, sur les acci-
dents, quelque dramatiques qu'ils fus-
sent, et l'indisposition de M. de Mornant
I n'était point chose de nature à les im-
pressionner vivement. Plus rien ne pou-
vait les étonner ni les remuer beaucoup
après ce qui venait de se passer au châ-
teau à peine si la nouvelle qu'on venait
encore d'assassiner la marquise, la, au
moment même où ils dînaient, aurait pu
les tirer de leur indifférence Mais, s'ils
n'attachèrent aucune importance a ce
j qu'ils venaient d'apprendre, il n'en fut
pas de même pour Michel, qui comprit
i tout de suite le sens qu'il devait attacher
à cette communication. Auss^ lui, qui
n'avait pu avaler un morceau car c'é-
tait pendant le dîner qu'était arrivé le
messager de M. de Mornant se sentit-il
I ^immédiatement de l'appétit et se mit-il
à faire honneur au repas.
A ses commensaux, qui s'étonnaient
de ce retour subit à la substantation, il
répondit qu'il fallait bien faire provision
de forces pour la nuit qu'il allait passer
auprès de M. de Mornant.
11 mangea, but, comme une per-
sonne naturelle, et, il allait remonter
dans sa chambre, auprès du marquis,
lorsque Mademoiselle Joséphine, qui
était allée informer la chanoinesse de Pin-
disposition de M. de Mornant, revint
avec un flacon de ce cordial souverain,
dont nous avons déjà vu Madame de
Charvallon faire usage vis-à-vis de Ma-
rianne, et le remit de la part de sa maî-
fusa de, recevoir de nouveau' l'ambassadeur
français, cl lui fil dire par soir aide-de-camp
de service qu'il n'avait plus rien à communi-
quer à l'ambassadeur.
La justification n'est petit-être pas ab-
solument concluante et ne démontre
point qu'il y eût urgence à faire la
guerre surtout n'étant pas suffisam-
ment outillé pour la faire. Tout cela ap-
partient déjà à l'histoire.
Enfui voici quelle est l'opinion du mi-
nistre sur les chances de l'Empire.
« Je no suis pas allé aujourd'hui à Chis-
lohurst, tout en étant en très-bons termes
avec le prince impérial, parce que je veux
garder intacte ma position. Que l'on crie
encore à l'orgueil, cela ne me touche pas
Je ne suis rien aujourd'hui; jc n'ai ni amis
ni journaux à ma disposition' (quoique j'aie
reçu ces jours-ci plus de cartes de visites
et "de félicitations que je n'en ai reçu lors-
que j'étais à l'apogée de ma fortune)'; néan-
moins, j'ai une situation à part. Il n'y a eu
cil France que trois hommes plébiscitaires
Morny, l'empereur, qui sont morts, et moi
qui le 8 mai 1870, ai consacré par huit mil-
lions de votes Napoléon IV en même temps
que Napoléon III. C'est pour cela que je ne
suis pas d'accord avec le prince, Napoléon
parce, que je ne, veux pas qu'on fasse, rien con-
tre cet enfant. Mais en allant a Chislehurst,
j'aurais l'air d'approuver des projets que je
ne connais pas.
M. Emile Ollivier, pour conclure, croit
à la restauration de l'Empire dans un
délai de deux ou trois ans et paraît con-
vaincu qu'en dépit de la tendance des
élections, le plébiscite donnerait la ma-
jorité au bonapartisme. Ilestabsolument
impossible de savoir ce que vaut cette
théorie, familière d'ailleurs à tout le parti
bonapartiste, et, il est dès lors aussi dif-
ficile de la réfuter que de l'accepter.
,%M. Maxime Du Camp étudiant dans
la dernière livraison de la Revue des Deux
Mondes les réponses et les mystères de
l'état civil de Paris, raconte comment
le chef de ce bureau, M. Rathelot, a
trouvé le moyen de sauver une partie
des registres ou l'on garde les traces de la
vie de Paris.
Les registres, quoique ayant conservé la
forme primitive, avaient si longtemps sé-
journé au milieu du brasier, que chacun
d'eux faisait un tout homogène, et que des
qMon essayait de détacher une feuille,
coMe-ci tombait'eu poussière. Des savants
vinrent voir ces débris noircis. et cher-
cher tm moyen de les utiliser.
̃ ,Ge moyoiï qu'ils cherchent encore, M.
Rathelot.ïe trouva par inspiration ;*il enle-
va d'*m coup de tranchet le dos du registre
de façon à n'avoir plus qu'un amas de
fouilles isolées que l'incendie avait i'etiducs
adhérentes l'une à l'autre; il lit tremper
dans. l'eau ce paquet, qu'on eût volontiers
pris pour une planche en charbon, puis il
l'exposa tout humide à la bouche d'un ca-
lorifère l'eau, en s'évaporant à la chaleur,
souleva une à une toutes les fouilles, qu'on
put alors séparer, à la condition de les ma-
nier avec des précautions extraordinaires.
On déchiil'ra les actes qu'elles, contenaient,
on les transcrivit, et le greffier en corliiio
l'expédition conforme on y ajoutant la
mention « Copie faite et collationnéo sur
une minute carbonisée. » Quoi! lire une
feuille do papier brûlé, une écriture que le
feu a dû effacer à jamais! Certes, et chacun
peut en faire l'expérience. k
Le feuillet ̃*•» ♦«habilement Sauvé res-
semble un lambeau d'une étoile que- les
femmes connaissent bien et qui fut fort, à'
la mode au tomps^cjg.. nos grand'mères je
parle du droguet, 'qui a une trame en soie
brillante et dos dessins en velours mat,
couleur sur couleur. La feuille de papier;
c'cst la trame l'écriture, c'est le dessin
l'une est luisante, l'autre est veloutée, hoir
sur noir. Cela se lit très Mon. L'ingénieux
chef de bureau sauvcra-t-il beaucoup d'ac-
tes ? Environ 70,000.
-»% Un souvenir historique rappelé par
le Bien public et qui démontre comme
quoi -l'année prussienne de 1870 ne faisait
que suivre les traditions du grand Fré-
déric..=.
Parlant à l'un de ses généraux, comme
on fait aux domestiques la troisième per-
sonne, il lui disait
« Saldorn, il prendra demain matin un
détachement d'infanterie et de cavalerie et
se rendra sans bruit à Hubertsbourg; il oc-
cupera le château ej fera emballer tous les
meubles de valeur; je donnerai la somme
à un hôpital et ne vous oublirai pas. »
A quoi Saldorn répondit
« Que Votre Majesté me pardonne ceci
est contre mon serment et mon honneur, »
Et Frédéric II, à pleine gorge
« Saldorn, il no veut pas devenir riche
Le soir, Saldern donnait sa démission.
v% Le Charivari attribue une très-plai-
sante réponse à M. Théodore de Ban-
ville.
Un importun le persécutait l'autre jour
dans un salon de ses questions saugre-
nues.
Enfin, monsieur, disait-il, pourricz-
tresse à Michel pour en faire prendre,
s'il était nécessaire, à celui, qu'il allait
veiller.
Bon, se dit Michel en prenant le
flacon, voilà qui va servir à donner à
-mon pauvre maître la force de s'en aller
sur mes épaules d'ici chez M. de Mor-
nant.
Il dit ensuite qu'il allait dormir une
couple d'heures avant de se rendre où
on l'appelait, et se retira.
Quand il arriva auprès de M. de Ville-
haut-d'Avron, l'état de faiblesse dans
lequel il le trouva était tel, qu'il hésita
un moment à mettre son projet à exécu-
tion, redoutant que le marquis n'eût pas
la force de supporter .le trajet et qu'il ne
'mourut en route..
Mais l'idée des dangers que courait
son maître, s'il le laissait plus longtemps'
au%chûteau, se présenta de nouveau a
son esprit et en chassa toute autre crainte.
Il déboucha le flacon, fermé à l'émeri,
que lui avait remis mademoiselle José-
phine, en fit avaler doux cuillerées à
café au blessé, et l'emmaillota dans les
flanelles et les fourrures, ainsi qu'il au-
rait pu faire d'un enfant. Il l'entortilla,
en outre, de son manteau de soldat, et
s'asseyant à côté du lit, il attendit que
tout le monde fut couche.
Pendant ce temps-là, il réiléchissait au
moyen d'accomplir la dernière partie'de
la tâche qu'il avait entreprise, et qui n'é-
tait pas la moins difficile, tant s'en fal-
lait Comment allait-il sortir du château
avec son étrange fardeau? Il pouvait sor-
tir, il est vrai, par la grande porte, et
cela sans inconvénient pour lui person-
nellement, le suisse étant averti qu'il de-
vait aller passer la nuit chez M. de Mor-
nant mais, s'il n'y avait pas d'inconvé-
nient pour lui, tout seul il y en avait
pour lui avec M. de Villehaut-d'Avron
sur les épaules. Il pouvait rencontrer
quelqu'un dans le vestibule ou dans la
cour le suisse pouvait ne pas être cou-
vous m'explique? comment on fait des vers,
car je n'y ai jamais rien compris?
Moû Dieu, -monsieur, cVsl bien sim- A
pie.
Vraiment
1 Oui. Vous prenez des lignes d'inégales `
longueurs, vous mettez des rimes au bout,
et du talent dedans.
Ah bah
Le monsieur doit avoir encore la'boucho
ouverte. r. m.
i tT_
Injustices. et Abus
LOTERIE DES ORPHELINS
Depuis que nous entrepris cette ̃
série d'articles, il ne s'est point passé un
jour sans que nous recevions des lettres
réclamant contre les retards cqnstam-
ment apportés au tirage déiinitif de la
loterie des Orphelins de la guerre.
Cette loterie de bienfaisance a' été
commencé en 1871.
Depuis lors, des annonces pompeuses
n'ont cessé de promettre un tirage pro-
chain et irrévocable d'un gros lot de
60,000 francs, sans que ces promesses se
soient jamais réalisées, et rien ne -prouve..
qu'elles doivent, cette année, porter des ̃
fruits plus sérieux que les années pfécé-
dentés.
Si pareil abus se pratiquait en matière
théâtrale Si le soir fixé pour la première
([''Orphée, Offembach hypothèse d'ail-
leurs tout-à-fait inadmissible voyant
qu'il rastait des places à vendre, eut fait
annoncer aux spectateurs que la pièce
était remise à trois mois et, qu'en atten-
dant, un artiste allait réciter la fable
Le Renard et le Corbeau. quelles explo-
sions de colères! quelles protestations!
quels coups de sifflets quelle pluie de
petits bancs sur la scène quelle indi.
gnation dans les journaux
Eh bien, mais. c'est cependant ce
qu'a fait à diverses reprises le directeur
de la Loterie des Orphelins de la guerre,
depuis trois ans passés. Il a fait réciter
en remplacement de la pièce annon-
cée, le tirage du gros lot la fable le
Renard et le Corbeau, sous forme de tira-
ges insignifiants opérés à de longs inter-
valles.
Pour être moins bruyantes que ne
l'eussent été, dans le cas que nous avons
supposé" les réclamations des specta-
teurs de la Gaîté, celles des souscripteurs
à la Loterie des Orphelins ne sont pas
moins vives.
Ils crient à la mystification.
Et nous trouvons qu'ils n'ont point
tort.
Il est certain que si on nous avait pré-
venu que le gros lot ne se tirerait que
dans quelque chose comme cent cin-
quante ans, nous n'aurions pas pris de
billets. ̃
Or, voilà trois ans qu'on doit le tirer
et qu'on ne le fait pas.
Il n'y a évidemment pas de raison pour
qu'on le tire jamais.
Voyons, il serait pourtant temps de_
fairo cesser cette plaisanterie?.
v Emile Fuure.
̃ ,f
ye
INFORMATIONS
d
La Journée
Vol chf?K la belle-mère du préfet de police. Les'
faussaires brésiliens. L'ussassinnt de la rue
Audran, arrestation de l'assassin présumé.
Les enterrements civils deviennent tel-
lement nombreux, que le gouvernement
a cru devoir prendre des mesures à cet
égard.
le vice-président du conseil vient
d'ordonner notamment que la réclama-,
tion des corps des personnes décodées
dans les hospices serait désormais
consignée sur un registre tenu par les
préposés de l'administration hospitalière,
avec indication des noms et prénoms des
décédés, des noms, prénoms et adresses
des réclamants, et que les amis et les cor-
porations ne seraient admis, à l'avenir,
a réclamer lès corps des décédés que s'ils
s'étaient préalablement engagés, au mo-
ment même de l'admission dans les hôpitaux,
à solder les frais de -journée des mala-
des.
Dans les instructions qu'il a envoyées
en conséquence aux préfets et aux com-
missions hospitalières, M. le ministre de
l'intérieur fait observer que, sans cette '̃̃
garantie, il pourrait arriver que des
corps fussent réclamés moins dans le 1
but respectable de rendre les derniers
devoirs à un ami ou à un membre d'un °:
même corps d'état, qu'avec le dessein de •
chéj il était même probable qu'il ne le •
serait pas, car ce n'était point l'usage que
les gens de la maison sortissent passé une
certaine heure, et, quand cela arrivait
accidentellement, c'était le suisse ou sa. ,'•
femme qui veillaient et qui venaient ou-
yrir ou fermer les deux portes, celle du
vestibule et celle de la cour. Il était im-
possible, dans ces conditions, de se ha-
sarder avec le marquis sur les épaules.
D'autre part, il était indispensable que
Michel passât par là, puisque le suisse
était averti de sa sortie. Il sortirait .`
donc par là, mais sans le marquis.
Comment rentrerait-il ensuite pour le
prendre et l'emporter ?
11 avait la voie du souterrain, oui,
mais. la porte de la cave, qui est-ce qui
la lui ouvrirait-?. car si on l'avait lais-
sée ouverte la veille, elle était fermée
maintenant.
Le problème, comme on voit, n'était
pas commode à résoudre. Michel y par-
vint cependant, et voici de quelle fa-
çon /̃̃̃•>
"C'était le maître d'hôtel qui, a Biarritz,
remplissant les fonctions de sommeil 1er, i
avait la clef de la cave.
C'était donc à lui qu'il fallait la deman-
der. Mais,, sous quel prétexte la lui de-
mander ?
Michel n'était pas embarrassé à ce su-
jet, il avait un prétexte, celui d'un
homme qui va passer la nuit chez un
malade et qui a besoin de se munir d'un
réconfortant qu'il serait indiscret ou in-
convenant de demander chez un étran-
ger. -•
Mais, il y avait un écucil possible en
allant demander au maître ^l'hôtel la
clef de la cave pour y prendre le récon-
fortant c'était que le maître d'hôtel ne
voulut aller lui-même chercher ce ré-
confortant.
Comment éviter recueil ?
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain.)
fois qu'il lit une de ses comédies: c'est
de rompre la glace et d'arracher quand
même un sourire' aux uns, une larme
aux autres. Lorsqu'il s'est agi du Sphinx,
il était plus décidé que jamais à atteindre
ce but tant désiré. Le Sphinx est un,
drame et l'auteur tenait à essayer sur
son auditoire les énlotions de la repré-
sentation.
Il commence. Pendant tout le premier
acte, personne ne bronche. Feuillet a
beau les regarder furtivement, du coin de
l'œil, les sociétaires demeurent calmes
et froids. Au deuxième acte, même effet.
Le Sphinx se heurte contre une assem-
blée de sphinx. La lecture continue,
Feuillet étudiant toujours les physiono-
• '"̃ mies de ceux qui l'entourent. Tout-à-
coup, il voit Maubant qui se mouche.
Bon signé, cela! pense-t-il. -Il pour-
suit et il aperçoit Delaunay tortillant
nerveusement son mouchoir de batiste.
Bravo, se dit le poète, je commence à
les tenir i –"Et comme il achève le troi-
*> sième acte, lé nez de Coquelin commence
à s'agiter, a remuer, à tressaillir d'une
façon si significative, que Feuillet, en
fermant son manuscrit, peut s'écrier
Je les tiens!
Ah! que Feuillet l'a béni, ce, nez fré-
tillant, ce nez impressionnable, ce nez
révélateur
̃' #*# '̃̃ ̃
Ce murmure admiratif qui parcourt la
salle au lever du rideau, c'est la robe de
Groizette qui l'excite.
La tunique de blonde noire sur une
jupe de faille citron, entièrement cons-
O" tellée d'étoiles d'acier bleui, avec le
même motif dans la coiffure, est une
s trouvaille. C'est excentrique et élégant
• à la fois, c'est bien la robe hardie et fai-
sant loi de la femme. bizarre au goût ar-
tistique qui se costume plutôt qu'elle ne
s'habille et qui^aùjourd'hui, charmante
sous le gilet brode et la coiffure Direc-
toire qui lui donnent l'air d'un joli Debu-
court, sera demain plus exquise encore
sous la robe de chambre Henri II, passe-
mentée de perles et coiffée du toquet'à
aigrettes qu'affectionnait Diane de Poi-
tiers.
Au demeurant, rien n'est plus piquant
que cette alliance des yeux noirsavecles
cheveux blonds et la physionomie de
Croizette, avec son air volontaire, son
regard dur et impérieux, s'accommode à
merveille de cet accouplement. La co-
lère, l'emportement, le dédain, la haine,
s'y peignent tour à tour avec la plus
• effroyable vérité.
Il arrive parfois que cette jolie iigure
devient féroce; Je né sais quels instincts
farouches se réveillent dans le cœur de
ce sphinx indéchiffrable. Et alors lés na-
rines des narines de fauve, qui palpi-
tent et frémissent comme si elles hu-
maient l'odeur du sang se contractent
et se relèvent, un pli profond se creuse
au milieu du front, la bouche altière à la
lèvre autrichienne découvre des dents
de jeune jaguar prêtes à mordre et s'en-
foncer dans la chair vive, c'est terrible
et excitant a la fois.
-̃̃̃
#*#
Propos de couloir
–Ne trouvez-vous pas. les entr'actes
un pou, longs?
Que voulez-vous, mon cher ? Feuillet
a l'habitude d'écrire pour la Revue des
Ûeucr-Mondes et de voir ses romans servis
par tranches. tous les mois. Ce qui vous
paraît long, à vous, lui semble encore
très-court!
"̃ ̃ **# ̃ v V
̃' Le décor du second acte est une mer-
veille de goût et de couleur. C'est un sa-
lon fumoir éclairé d'en haut par un pla-
fond lumineux donnant d'un côté sur les
galeries de bal, encombrées de camélias
etde roses, et de l'autre sur une terrasse
en marbre blanc qui descend dans le-parc,
par un perron monumental.
Aux murs, des boiseries d'ébène a fi-
lets d'or d'un style sobre et décoratif à la
fois. Sur leurs piédouches, des vases
jsplendides en bronze fauve et dans les
entrecolonnements des statues aux poses
méditatives qui vous regardent de leurs
grands yeux fixes.
Le reflet des illuminations de la fête,
tamisé par les lourdes tapisseries à per-
gQnnages, qui servent de portières, vient
mourir dans cette pièce retirée, empreinte
d'un caractère intime et mystérieux en
même temps que les accords éloignés de
l'orchestre; les ondes sonores des valses
voluptueuses arrivent par fragments
̃ harmonieux. C'est d'une poésie mélan-
colique et indicible.
*V
La toilettedeSarah Berahardtest digne
de ce milieu.
Feuilleton du FIGARO du 2Î> Mars
r
LIS iUlTS SANGLANTES
Si je faisais le malade, je pourrais
faire demander M. de Bellombre. Ce se-
rait, il est vrai, une personne de plus
dans notre secret.
Oh de Bellombre, j'en suis sûr
comme de moi-même. Là ne serait pas
l'inconvénient, d'autant mieux qu'il nous
faut de toute nécessité un médecin
mieux vaut celui-là que tout autre. Mais
comment éviterais-tu de recevoir les
soins que les gens du château voudraient
te donner, si tu te disais malade? M. de
Bellombro ne peut pas aller te faire ainsi
de visite sans que tu le fasses appeler; et,
si l'on te sait malade, on voudra aller te
voir. C'est impossible, si nous voulons
garder le secret de l'existence du mar-
quis, et je crois comme toi, que c'est né-
cessaire. Pendant une vinglajne d'heures
encore, notre ami doit se passer des soins
du docteur. Oui, mais* nous risquons
aussi do le perdre! Voyons, prenons
un moyen terme tu Vas emporter de
ma pharmacie, qui est là dans mon ca-
binet de toilette, tout ce qui te peut être
utile pour le soigner. Je crois que, pour
le moment, le meilleur remède, c'est
le repos;- mais il petit survenir des
syncopes prends une lampe à esprit
de vin, en cas que tu aies besoin de
faire chauffer de l'eau prends du til-
leul, de l'eau de fleur d'oranger, un
flacon, d'éther "et un flacon d'éiixir vé-
gétal de la Grande-Chartreuse munis-
toi aussi de flanelles et de. fourrures
que tu vas trouver dans la grande ar-
Sur une longue jupe de faille jaune
pâle se retrousse une tunique de crêpe
brodée au plumetis dé..p~lmes et de 11eurs
jaunes, ton sur ton., Le corsage est une
merveille, et l'ensemble encadre divine-
ment le profil mélancolique de l'artiste.
Ses grâces fluettes font involontaire-
ment songer aux châtelaines du seizième
siècle, émergeant de leur fraise goldron-
née son profil, triste et grave, sa taille
élancée, faite expiés pour porter les
corps de 'brocart ileurdelysé et les cottes
de velours frappé t grandes fleurs, tout,
en un mot, représente à merveille une'
Yseult ou une Yolande, échappée d'un
cadre- de François Porbus A sa vue,
l'imagination évoque le castel à tourelles
octogones, ̃ perche sur coteau; les poi-
vrières coiiïees de leurs girouettes, avec
leurs devises découpées, cris d'amour
ou de guerre, leurs bouquets de plomb
aux angles, leurs vastes cours, où che-
vauchent, sur les lourds destriers à
croupe polie, les pages et les gens d'ar-
mes, tandis que, mollement étendue sur
une pile de coussins orientaux rapportés
de la croisade, la. châtelaine, dé ses
'doigts blancs, allongés en fuseaux, tourne
les pages de vélin d'un missel enluminé
de gravures éclatantes.
"-̃;̃•-
Dans presque toutes les pièces de Feuil-
let, il se trouve soit un château en rui-
nes, soit un parc aux arbres centenaires
vu au clair de lune, soit un précipice,
soit un torrent.
C'est que Feuillet est un admirateur
passionné de Walter Scott, qu'il lit et re-
lit sans cesse.
Quand il part en voyage, ce qu'il de-
mande avant tout, ce n'est pas sa malle,
c'est son Walter Scott. Il a chez lui des
Walter Scott de tous les formats des
Walter Scott de ville et des Walter Scott
de campagne, des Walter Scott de po-
che, des Walter Scott faciles a lire au
lit, des Walter Scott de rechange, enfin
des Walter Scott pour tout faire.
̃ #*#
II y a naturellement un clair de lune
dans le Sphinx.
Rien de poétique comme ce décor du
troisième acte. 'Le parc étend à p,erte de
vue ses solitudesnombreuses.Doci,delà,
un reflet argenté s'accroche aux troncs
des bouleaux, aux monstrueux quartiers
de grès, -aux feuillages frissonnants des
trembles. Sous un petit pont de bois rus-
tiqué dort une mare aux ondes polies
comme l'acier. Des nénuphars à fleurs
jaunes, a larges feuilles luisantes, s'éta-
lent à la surface, mêlés aux algues
vertes, semblables ftùx -cheveux épars
d'une noyée qui seraft au fond.
Autour de cette flaque morne, le si-
lence, l'ombre, le mystère. Le lieu sem-
ble maudît et assurément les chevreuils
aux grands yeux humides ne viennent
point, s'y désaltérer par les nuits étoi-
lées, attentifs au moindre bruit qui trou-
ble le silence nocturne, aux pas du renard
qui fait crier les feuilles sèches, sous ses
pattes veloutées.
Je ne sais quoi de sinistre plane en ce
lieu funèbre; cette mare sent le crime,
l'infanticide et peut-être si vous déplaciez
les nénuphars, les feuilles de cette Victoria
regina qui sommeille à fleur d'eau, décou-
vririez-vous le cadavre -d'un enfantelet,
hideux, -ballonne, turgide, autour duquel
les brochets voraces tournent lentement
en le regardant de leurs yeux glauques
et vitreux.
Et pourtant sur ce paysage sinistre' la'
pure lumière de l'astre des nuits jette son
voile azuré; la futaie solitaire, trouée
de rayons d'argent, déploie ses sombres
arcades de verdure. Tout dort, c'est le
moment propice à l'amant qui passe, te-
nant enlacée une forme blanche enca-
puchonnée de dentelle noire, qu'il sou-
tient par la taille et avec laquelle, glis-
sant de ce pas cadencé particulier aux
amoureux, et dont parle Virgile, il dis-
paraît au loin dans le clair brouillard de
la nuit. L. •
~*#
Gomment la trouvez-vous, cette
scène du baiser? demande mon voisin,
quand le rideau est tombé sur le troi-
sième acte. ̃
Elle est écrite dans une jolie langue
'?
*̃ .'̃
En sortant, je croise sons la colonnade
du théâtre, un officier de marine à la
casquette galonnée, qui se dirige, d'un
pas pressé, vers la place du Palais-Royal.
-Tiens, s'écrie quelqu'un, voilà le
mari de madame de Chelles qui revient
de Cochïnchine
moire qui est dans la pièce à côté du
cabinet de toilette il ne faut pas que,
dans le trajet, le marquis éprouve la
moindre sensation de froid. Avec cela,
tu agiras de ton mieux, avec la plus
grande prudence n'use de l'éther et du
cordial qu'en cas de syncope, le repos
étant, je te le répète, le remède le plus
efficace pour le moment. Si le mieux
se prononce, tu donneras un peu d'eau
sucrée avec de l'eau de fleur d'oranger.
Michel prit les objets que M. do Mor-
nant venait de lui recommander d'em-
porter et il se disposa a partir.
Au moment où il allait sortir, M. de
Mornant le rappela
Attends-toi, lui dit-il, à recevoir,
d'une façon indirecte, quelque commu-
nication de pendant la journée,
et, comme il faut que tu puisse, entrer
ici plus facilement qu'aujourd'hui, prends
dans le premier tiroir du meuble qui est
à côté de la cheminée, un trousseau de
clefs parmi lesquelles je vais te désigner
celles qui ouvrent la petite porte du jar-
din et la porte du rez-de-chaussée que tu
as fermée.
Michel prit le trousseau et en détacha
les deux clefs indiquées.
Encore une recommandation, reprit
M. de Mornant il ne faut pas oublier de
remettre sur ses gonds et de refermer la
porte forcée, pour que mes g&ns ne con-
coivent aucun soupçon ni aucune inquié-
tude. Et maintenant, mon garçon, à la
garde et à la grâce de DieufJe t'attends
la nuit prochaine, à l'heure qui te paraî-
tra la plus propice. Ce disant, M. de Mor-
nant tendit sa main à Michel, qui la prit
dans les siennes, la porta à ses lèvres et
sortit. 1
Quand il rentra dans sa chambre, la
respiration du marquis était accompa-
gnee de faibles plaintes qui témoignaient
e la souffrance à laquelle il était en
proie.
Michel s'empressa de mettre à profit
tout ce qu'il avait emprunté à la phar-
FROU-FROU.
TELEGRAMMES & CORRESPONDANCES
Toulouse, 23 mars, 4 h. 15'soir. Le ju-
gement dans l'affaire do la Réforme, contre
le -général Lapasse est rendu. L'arrêté du
général est déclare légal, régulier et non
abusif. ,10
En ce qui concerne la question du dom-
mage cause au journal, le tribunal se dé-
clare incompétent, et condamne reeonyen-
tionnelloment la Réforme à payer au géné-
ral quinze cents francs de dommages-inté-
rêts.
La lecture du jugement a duré quarante
minutes.
Caen, 23 mars. Un succès pour
les légitimistes. M. le baron do Fontetlo,
ancien député, maire do Monts, vient d'être
nomme à une grande majorité, conseiller-
général du canton de Villcrs-Bocage, on
remplacement de M. Férou, démission-
naire.
` Nrintos, 23 mars.
Un enterrement civil, qui devait avoir
lieu aujourd'hui, a été empêché par ordre
du préfet. Le Phare contient une protesta-
tion des parents.
Langiies, 23 mars On avait
annoncé que M. le baron Chauchard se
portait candidat dans la Haute-Marne.
Voici la lettre qu'il vient d'écrire en ré-
ponse à cette nouvelle, à un journal du
département
La Fcrté-svir-Ainanco, 18 mars 1874.
Cher monsieur Rorel,
.lu vous prie de me prêter la publicité do VEchu
pour l'aire la déclaration suivante:
Il ne me convient pas d'entrer en correspon-
dance avec les fnnillos rouges, nui, à 'la veille
d'une élection, so servent do mon rjinn pour semer
la désunion parmi les hommes d'ordre de notre
département.
A ^lucun prix, je ne consentirais à devenir un
sujet de division dans le parti conservateur.
Jo ne suis pas candidat.
Jo voterai pour M. Lespérut, qui- adhère au sep-
tennat de Mac-Mahon, contre M.- Danolle, remor-
qué par la Révolution.
Agréez, etc.
Ilippolytc Chauchaiid.
™ Berlin, 21 mars. L'archevêque
de Cologne est averti par le gouvernement,
qu'il sera emprisonne. On no connaît pas
encore le jour et la prison où l'archevêque
sera conduit. On veut éviter des troubles.
̃ Berlin, 22 mars.
Aujourd'hui a l'occasion do l'anniversaire -de la_
naissance de l'Empereur, la ville s'est pavoiséo.
Les édilices publics et un grand nombre de mai-
sons particulières s'apprêtent à illuminer. A lt
heures, l'Empereur a assisté à la messe dans le
palais du princo'héritior. A une heure, l'empereur
et les membres de la fair.i'.le impériale, ainsi que
le roi et la reine de Saxe, les grands-ducs de
Bade, de Saxe-Welmar et de Mocklenbourfr, les
ducs de Saxe-Altenboung-, de Suxe-Moiningeii et
plusieurs autres prinees,-ont l'ait une promenade en
calèche sur l'avenue des Tilleuls. (linter Linden).
̃• Berlin, 22 mars, soir.
L'état de santé du chancelier rto l'Empire ne
s'est pas sensiblement, modifié depuis hier, les
douleurs diminuent d'intensité, l'appétit est encore
faible, les forces reviennent lentement, le sommeil
ne peut encore être obtenu que par l'emploi de re-
mèdes calmants.
Auguste Marcado.
L'abondance des matières et les diffi-
cultés matérielles, inséparables d'un
changement d'imprimerie, nous obligent
à retarder encore d'un^jour ou deux? la
suite de la série les Coulisses des Jour-
naux, qui se continuera par le Rappel.
MIS AU JOUR 1E JOUR
On disserte beaucoup depuis cinq ou
six jours sur l'entrevue du Maréchal-
Président avec MM. de Cazenove de Pra-
dines et Lucien Brun. Comme il fallait
s'y attendre, on a donné de cette entrevue
des versions assez différentes et de na-
ture à entraîner une vive polémique.
Aujourd'hui, l'Agence Ilavas publie une
note qui, évidemment, est aussi ofli ciel le
que le comporte la chose et que nous re-
produisons à titre de document
Divers journaux ont parlé d'un entretien
qu'a eu M. le président de la République
avec MM. Cazenove de P radines et de Ca-,
rayon,-Latour. Los récits qu'ils en ont faits
ont donne à cet entretien une importance
qu'il n'a pas.
Jeudi, en eilbt, MM. de Cazenove et do
Carayon vinrent, de leur propre mouvo-
ment, voir le maréchal. Ils lui exposeront
qu'ils avaient obéi à l»ur conscience en fai-
sant les déclarations qu'ils avaient portées
la veille a.la tribune, mais que le maréchal
nedevaityvoirauciinc intention d'hostilité,
soit contre sa persoùnc, soit contre son
pouvoir. w
Le maréchal répondit à ces messieurs
qu'il respectait pleinement les scrupules de
leur conscience,mais qu'il regardait comme
inopportunes et regrettables des déclara-
tions qui pourraient amener une scission
dans le parti conservateur.
Il n'y a donc, dans la démarche de ces
deux députés auprès du maréchal, qu'une
macie de M. de Mornant pour soulager
le cher blessé. Il lui fit une potion com-
posée de tilleul et d'eau de fleurs d'oran-
ger, avec quelques gouttes d'éther pour
la rendre plus calmante, et la lui admi-
nistra par cuillerées.
Le malade était dans un tel état de
prostration qu'il avalait comme un en-
fant ce qu'on lui mettait dans la bouche,
aussi incapable de rien refuser que de
rien demander.
Michel lui enveloppa de fourrures les
jambes et les pieds qui étaient restés
froids, et qui bientôt se réchauffèrent.
C'était un signe d'amélioration dans
l'état du malade, et lorsque le soldat
l'eut constaté, il se sentit tout à fait re-
naître à l'espoir de le sauver et de le
guérir.
La fièvre se déclara ensuite, mais sans
grande intensité, se signalant par l'in-
quiétude du corps, l'animation de la face,
et déterminant même le délire, car les
lèvres du marquis s'agitaient par mo-
ments comme s'il parlait, mais la force
lui en faisait défaut et il ne s'échappait
aucune parole de sa bouche.
Michel se mit à redouter que les forces
augmentant avec le délire, le malade ne
vînt à parler tout haut et ne se fit enten-
dre des domestiques qui avaient leurs
chambres contigiies à la Il fut à
partir de ce moment dans des transes
continuelles.
Heureusement l'excitation du mavquis
n'alla pas jusque-là et la journée se ter-'
mina de la manière la plus favorable
vers l'heure du dîner, le soir, le marquis,
sous l'influence de la potion calmante,
finit par s'endormir et reposa d'un som-
meil relativement tranquille.
Michel, à cette heure-là, était encore à
attendre la communication que lui avait
fait espérer M. de Mornant, lorsqu'un
domestique de celui-ci vint annoncer
que son maître était tombé tout-à-coùp
plus malade qu'il ne l'était habituelle-
ment; il priait Michel de venir passer la
simple visite toute courtoise fit privée. Elle
a duré seulement quelques minutes.
»% M: de Fourtoua prpnoncé dimanche,
à la distribution des prix de l'associa-
tion philotechnique qu'il présidait
comme ministre de l'instruction publi-
que, un discours important.
Au milieu de vérités d'ordre pratique
et spécial, on a remarqué une chaleu-
reuse affirmation en laveur du Sep-
tennat:
Le gouvernement du maréchal, issu de
la volonté souveraine de l'Assemblée na-
tionalè, puisant dans cette haute et pure
origine un droit irrévocable, des devoirs
supérieurs, une autorité que nul ne peut
désormais contester, qu'il ne laissera point
.affaiblir et qui se fortifiera, au contraire,
dans quelques jours, par une organisation
loya lemon t promise le gouvernement du
maréchal, quels que soient ses conseillers,
protégera, soyez-en sûrs, pendant sept ans,
de sa fermeté et de sa prudence, le déve-
loppement régulier des affaires publiques,
l'accroissement des forces industrielles, en
uu mot, la libre et puissante expansion du
travail national.
(l'est par là, d'ailleurs, que viendront,
comme par surcroît, sur la scène politique
elle-même, des transformations et un apai-
sement inattendus. La prospérité nous ren-
dra la concorde un peuple qui travaille
est uu peuple qui se recueille et qui se re-
lève.
Nous tous, messieurs, qui que nous
soyons, quelles que soient nos origines et
nos tendances, quelles que soient nos af-
fections, nos espérances ou nos regrets
.apportons à cotte œuvre de la régénération
par le travail notre infatigable concours. Il
est facile à tous de s'unir pour ce grand
but, à l'abri d'uu nom sans tache et cher
pour jamais à la Franco entière, car il fut,
dans 'nos jours néfastes, la plus éclatante
expression de sa vieille gloire et la conso-
lation suprême de ses revers.
+*+ La Liberté traduit de la Perseveranza
de Milan, le récit d'une conversation a
l'américaine, entre un de ses reporters
et M. Emile Ollivier. Il s'agit d'une de
ces confessions développées comme les
aiment et savent les demanderles repor-
ters anglais ou américains.
M. Ollivier expose et justifie tout son
rôle politique et d'abord le plébiscite.
» Le Plébiscite a été à ce moment M.
Ollivier avait une singulière vivacité le
coup le plus fort, le seul peut-être qu'ait
jamais reju le jacobinisme depuis (J3. Je
l'ai fait après vingt ans de paix et au mi-
lieu d'une liberté illimitée.
» Trop grande peut-ôtre. J'ai été" té-
moin oculaire, et je me rappelle que dans
les premiers mois de 1870 Paris était pres-
que en état de révolution. Les bonapartis-
tes vous on font même un de leurs princi-
paux griefs. v
» Ceci est une autre question qu'il fau-
drait traiter à part. Le fait est que le Plé-
biscite a été accompli au milieu d'une com-
plète liberté, et que les républicains et les
radicaux avaient toute latitude pour s'y.
opposer. Je n'avais donné qu'une seule
instruction aux procureurs généraux et
aux préfots celle de prêcher' la non ahs-
tention. Je suis arrivé jusqu'à faire arrêter
un garde champêtre qui faisait de la pro-
pagande en notre faveur.
Arrive la guerre; ici le rôle de M. Olli-
vier paraît plus difficile a défendre, mais
il ne se démonte pas le moins du monde.
-Sa théorie est que M. de Bismark avait
irrévocablement décidé de faire la guerre
à la France et ^personne ne l'en eût em-
pêché. • ̃ >
» Notre diplomatie n'a pas été aussi
maladroite qu'on a voulu le dire elle; nous
a révélé tout le plan de la Prusse. C'est
alors que nous opposâmes c'était la
seule cliosc à faire la déclaration nette
que la France n'aurait jamais toléré qu'un
Hohenzollern régnât sur l'Espagne.- Cette
déclaration arrêta Prim il abandonna
alors la Prusse comme il avait abandonné
la France en même temps, pressé par la
diplomatie européenne, le prince de Ho-
henzollern renonça à la candidature. M.
de Bismark, voyant déjoué sou plan,
pensa a faire une telle insulte à la France
qu'elle en fût déshonorée ou qu'elle lui
rendit impossible do no pas déclarer la
guerre, Le soufflet nous fut donné non pas
en ne voulant plus recevoir notre ambas-
sadeur peut-être aurions-nous continué
à traiter mais en donnant connaissance
de cotte insulte à toutes les cours d'Eu-
ropé. »
Le document auquel M. Ollivier fait al-
lusion, ligure, en effet, dans la troisième
formule du Bluebook présenté au. parle-
ment anglais en 1870. En voici la tra-
duction •̃
Après que la nouvelle de la renoncia-
tion du prince héréditaire de Hohcnzol-
Jern avait été communiquée officiellement
au gouvernement impérial français par le
gouvernement royal (?) d'Espagne, l'ambas-
sadeur demanda postérieurement à Sa Ma-
jesté le roi de l'autoriser a télégraphier à
Paris que Sa Majesté le roi s'engageait,
pour l'avenir, à no jamais consentir à ce
qu'un Hphenzollern accepte de nouveau la
candidature. Sa Majesté le roi, sur cela, rc-
nuit auprès de lui pour suppléer, au be-
soin, à celui de ses serviteurs auquel il
avait le plus de confiance. Le domestique
ajouta que M, de Mornant avait fait
adresser une dépêche télégraphique à t
M. de Bellombre, qui habitai une station
distante de quelques heures, et que ce-
lui-ci avait répondu qu'il se mettait en
route pour venir donner ses soins à son
vieil ami.
Ces nouvelles ne causèrent pas grande
émotion aux gens de l'office! ils étaient
blasés, depuis treize mois, sur les acci-
dents, quelque dramatiques qu'ils fus-
sent, et l'indisposition de M. de Mornant
I n'était point chose de nature à les im-
pressionner vivement. Plus rien ne pou-
vait les étonner ni les remuer beaucoup
après ce qui venait de se passer au châ-
teau à peine si la nouvelle qu'on venait
encore d'assassiner la marquise, la, au
moment même où ils dînaient, aurait pu
les tirer de leur indifférence Mais, s'ils
n'attachèrent aucune importance a ce
j qu'ils venaient d'apprendre, il n'en fut
pas de même pour Michel, qui comprit
i tout de suite le sens qu'il devait attacher
à cette communication. Auss^ lui, qui
n'avait pu avaler un morceau car c'é-
tait pendant le dîner qu'était arrivé le
messager de M. de Mornant se sentit-il
I ^immédiatement de l'appétit et se mit-il
à faire honneur au repas.
A ses commensaux, qui s'étonnaient
de ce retour subit à la substantation, il
répondit qu'il fallait bien faire provision
de forces pour la nuit qu'il allait passer
auprès de M. de Mornant.
11 mangea, but, comme une per-
sonne naturelle, et, il allait remonter
dans sa chambre, auprès du marquis,
lorsque Mademoiselle Joséphine, qui
était allée informer la chanoinesse de Pin-
disposition de M. de Mornant, revint
avec un flacon de ce cordial souverain,
dont nous avons déjà vu Madame de
Charvallon faire usage vis-à-vis de Ma-
rianne, et le remit de la part de sa maî-
fusa de, recevoir de nouveau' l'ambassadeur
français, cl lui fil dire par soir aide-de-camp
de service qu'il n'avait plus rien à communi-
quer à l'ambassadeur.
La justification n'est petit-être pas ab-
solument concluante et ne démontre
point qu'il y eût urgence à faire la
guerre surtout n'étant pas suffisam-
ment outillé pour la faire. Tout cela ap-
partient déjà à l'histoire.
Enfui voici quelle est l'opinion du mi-
nistre sur les chances de l'Empire.
« Je no suis pas allé aujourd'hui à Chis-
lohurst, tout en étant en très-bons termes
avec le prince impérial, parce que je veux
garder intacte ma position. Que l'on crie
encore à l'orgueil, cela ne me touche pas
Je ne suis rien aujourd'hui; jc n'ai ni amis
ni journaux à ma disposition' (quoique j'aie
reçu ces jours-ci plus de cartes de visites
et "de félicitations que je n'en ai reçu lors-
que j'étais à l'apogée de ma fortune)'; néan-
moins, j'ai une situation à part. Il n'y a eu
cil France que trois hommes plébiscitaires
Morny, l'empereur, qui sont morts, et moi
qui le 8 mai 1870, ai consacré par huit mil-
lions de votes Napoléon IV en même temps
que Napoléon III. C'est pour cela que je ne
suis pas d'accord avec le prince, Napoléon
parce, que je ne, veux pas qu'on fasse, rien con-
tre cet enfant. Mais en allant a Chislehurst,
j'aurais l'air d'approuver des projets que je
ne connais pas.
M. Emile Ollivier, pour conclure, croit
à la restauration de l'Empire dans un
délai de deux ou trois ans et paraît con-
vaincu qu'en dépit de la tendance des
élections, le plébiscite donnerait la ma-
jorité au bonapartisme. Ilestabsolument
impossible de savoir ce que vaut cette
théorie, familière d'ailleurs à tout le parti
bonapartiste, et, il est dès lors aussi dif-
ficile de la réfuter que de l'accepter.
,%M. Maxime Du Camp étudiant dans
la dernière livraison de la Revue des Deux
Mondes les réponses et les mystères de
l'état civil de Paris, raconte comment
le chef de ce bureau, M. Rathelot, a
trouvé le moyen de sauver une partie
des registres ou l'on garde les traces de la
vie de Paris.
Les registres, quoique ayant conservé la
forme primitive, avaient si longtemps sé-
journé au milieu du brasier, que chacun
d'eux faisait un tout homogène, et que des
qMon essayait de détacher une feuille,
coMe-ci tombait'eu poussière. Des savants
vinrent voir ces débris noircis. et cher-
cher tm moyen de les utiliser.
̃ ,Ge moyoiï qu'ils cherchent encore, M.
Rathelot.ïe trouva par inspiration ;*il enle-
va d'*m coup de tranchet le dos du registre
de façon à n'avoir plus qu'un amas de
fouilles isolées que l'incendie avait i'etiducs
adhérentes l'une à l'autre; il lit tremper
dans. l'eau ce paquet, qu'on eût volontiers
pris pour une planche en charbon, puis il
l'exposa tout humide à la bouche d'un ca-
lorifère l'eau, en s'évaporant à la chaleur,
souleva une à une toutes les fouilles, qu'on
put alors séparer, à la condition de les ma-
nier avec des précautions extraordinaires.
On déchiil'ra les actes qu'elles, contenaient,
on les transcrivit, et le greffier en corliiio
l'expédition conforme on y ajoutant la
mention « Copie faite et collationnéo sur
une minute carbonisée. » Quoi! lire une
feuille do papier brûlé, une écriture que le
feu a dû effacer à jamais! Certes, et chacun
peut en faire l'expérience. k
Le feuillet ̃*•» ♦«habilement Sauvé res-
semble un lambeau d'une étoile que- les
femmes connaissent bien et qui fut fort, à'
la mode au tomps^cjg.. nos grand'mères je
parle du droguet, 'qui a une trame en soie
brillante et dos dessins en velours mat,
couleur sur couleur. La feuille de papier;
c'cst la trame l'écriture, c'est le dessin
l'une est luisante, l'autre est veloutée, hoir
sur noir. Cela se lit très Mon. L'ingénieux
chef de bureau sauvcra-t-il beaucoup d'ac-
tes ? Environ 70,000.
-»% Un souvenir historique rappelé par
le Bien public et qui démontre comme
quoi -l'année prussienne de 1870 ne faisait
que suivre les traditions du grand Fré-
déric..=.
Parlant à l'un de ses généraux, comme
on fait aux domestiques la troisième per-
sonne, il lui disait
« Saldorn, il prendra demain matin un
détachement d'infanterie et de cavalerie et
se rendra sans bruit à Hubertsbourg; il oc-
cupera le château ej fera emballer tous les
meubles de valeur; je donnerai la somme
à un hôpital et ne vous oublirai pas. »
A quoi Saldorn répondit
« Que Votre Majesté me pardonne ceci
est contre mon serment et mon honneur, »
Et Frédéric II, à pleine gorge
« Saldorn, il no veut pas devenir riche
Le soir, Saldern donnait sa démission.
v% Le Charivari attribue une très-plai-
sante réponse à M. Théodore de Ban-
ville.
Un importun le persécutait l'autre jour
dans un salon de ses questions saugre-
nues.
Enfin, monsieur, disait-il, pourricz-
tresse à Michel pour en faire prendre,
s'il était nécessaire, à celui, qu'il allait
veiller.
Bon, se dit Michel en prenant le
flacon, voilà qui va servir à donner à
-mon pauvre maître la force de s'en aller
sur mes épaules d'ici chez M. de Mor-
nant.
Il dit ensuite qu'il allait dormir une
couple d'heures avant de se rendre où
on l'appelait, et se retira.
Quand il arriva auprès de M. de Ville-
haut-d'Avron, l'état de faiblesse dans
lequel il le trouva était tel, qu'il hésita
un moment à mettre son projet à exécu-
tion, redoutant que le marquis n'eût pas
la force de supporter .le trajet et qu'il ne
'mourut en route..
Mais l'idée des dangers que courait
son maître, s'il le laissait plus longtemps'
au%chûteau, se présenta de nouveau a
son esprit et en chassa toute autre crainte.
Il déboucha le flacon, fermé à l'émeri,
que lui avait remis mademoiselle José-
phine, en fit avaler doux cuillerées à
café au blessé, et l'emmaillota dans les
flanelles et les fourrures, ainsi qu'il au-
rait pu faire d'un enfant. Il l'entortilla,
en outre, de son manteau de soldat, et
s'asseyant à côté du lit, il attendit que
tout le monde fut couche.
Pendant ce temps-là, il réiléchissait au
moyen d'accomplir la dernière partie'de
la tâche qu'il avait entreprise, et qui n'é-
tait pas la moins difficile, tant s'en fal-
lait Comment allait-il sortir du château
avec son étrange fardeau? Il pouvait sor-
tir, il est vrai, par la grande porte, et
cela sans inconvénient pour lui person-
nellement, le suisse étant averti qu'il de-
vait aller passer la nuit chez M. de Mor-
nant mais, s'il n'y avait pas d'inconvé-
nient pour lui, tout seul il y en avait
pour lui avec M. de Villehaut-d'Avron
sur les épaules. Il pouvait rencontrer
quelqu'un dans le vestibule ou dans la
cour le suisse pouvait ne pas être cou-
vous m'explique? comment on fait des vers,
car je n'y ai jamais rien compris?
Moû Dieu, -monsieur, cVsl bien sim- A
pie.
Vraiment
1 Oui. Vous prenez des lignes d'inégales `
longueurs, vous mettez des rimes au bout,
et du talent dedans.
Ah bah
Le monsieur doit avoir encore la'boucho
ouverte. r. m.
i tT_
Injustices. et Abus
LOTERIE DES ORPHELINS
Depuis que nous entrepris cette ̃
série d'articles, il ne s'est point passé un
jour sans que nous recevions des lettres
réclamant contre les retards cqnstam-
ment apportés au tirage déiinitif de la
loterie des Orphelins de la guerre.
Cette loterie de bienfaisance a' été
commencé en 1871.
Depuis lors, des annonces pompeuses
n'ont cessé de promettre un tirage pro-
chain et irrévocable d'un gros lot de
60,000 francs, sans que ces promesses se
soient jamais réalisées, et rien ne -prouve..
qu'elles doivent, cette année, porter des ̃
fruits plus sérieux que les années pfécé-
dentés.
Si pareil abus se pratiquait en matière
théâtrale Si le soir fixé pour la première
([''Orphée, Offembach hypothèse d'ail-
leurs tout-à-fait inadmissible voyant
qu'il rastait des places à vendre, eut fait
annoncer aux spectateurs que la pièce
était remise à trois mois et, qu'en atten-
dant, un artiste allait réciter la fable
Le Renard et le Corbeau. quelles explo-
sions de colères! quelles protestations!
quels coups de sifflets quelle pluie de
petits bancs sur la scène quelle indi.
gnation dans les journaux
Eh bien, mais. c'est cependant ce
qu'a fait à diverses reprises le directeur
de la Loterie des Orphelins de la guerre,
depuis trois ans passés. Il a fait réciter
en remplacement de la pièce annon-
cée, le tirage du gros lot la fable le
Renard et le Corbeau, sous forme de tira-
ges insignifiants opérés à de longs inter-
valles.
Pour être moins bruyantes que ne
l'eussent été, dans le cas que nous avons
supposé" les réclamations des specta-
teurs de la Gaîté, celles des souscripteurs
à la Loterie des Orphelins ne sont pas
moins vives.
Ils crient à la mystification.
Et nous trouvons qu'ils n'ont point
tort.
Il est certain que si on nous avait pré-
venu que le gros lot ne se tirerait que
dans quelque chose comme cent cin-
quante ans, nous n'aurions pas pris de
billets. ̃
Or, voilà trois ans qu'on doit le tirer
et qu'on ne le fait pas.
Il n'y a évidemment pas de raison pour
qu'on le tire jamais.
Voyons, il serait pourtant temps de_
fairo cesser cette plaisanterie?.
v Emile Fuure.
̃ ,f
ye
INFORMATIONS
d
La Journée
Vol chf?K la belle-mère du préfet de police. Les'
faussaires brésiliens. L'ussassinnt de la rue
Audran, arrestation de l'assassin présumé.
Les enterrements civils deviennent tel-
lement nombreux, que le gouvernement
a cru devoir prendre des mesures à cet
égard.
le vice-président du conseil vient
d'ordonner notamment que la réclama-,
tion des corps des personnes décodées
dans les hospices serait désormais
consignée sur un registre tenu par les
préposés de l'administration hospitalière,
avec indication des noms et prénoms des
décédés, des noms, prénoms et adresses
des réclamants, et que les amis et les cor-
porations ne seraient admis, à l'avenir,
a réclamer lès corps des décédés que s'ils
s'étaient préalablement engagés, au mo-
ment même de l'admission dans les hôpitaux,
à solder les frais de -journée des mala-
des.
Dans les instructions qu'il a envoyées
en conséquence aux préfets et aux com-
missions hospitalières, M. le ministre de
l'intérieur fait observer que, sans cette '̃̃
garantie, il pourrait arriver que des
corps fussent réclamés moins dans le 1
but respectable de rendre les derniers
devoirs à un ami ou à un membre d'un °:
même corps d'état, qu'avec le dessein de •
chéj il était même probable qu'il ne le •
serait pas, car ce n'était point l'usage que
les gens de la maison sortissent passé une
certaine heure, et, quand cela arrivait
accidentellement, c'était le suisse ou sa. ,'•
femme qui veillaient et qui venaient ou-
yrir ou fermer les deux portes, celle du
vestibule et celle de la cour. Il était im-
possible, dans ces conditions, de se ha-
sarder avec le marquis sur les épaules.
D'autre part, il était indispensable que
Michel passât par là, puisque le suisse
était averti de sa sortie. Il sortirait .`
donc par là, mais sans le marquis.
Comment rentrerait-il ensuite pour le
prendre et l'emporter ?
11 avait la voie du souterrain, oui,
mais. la porte de la cave, qui est-ce qui
la lui ouvrirait-?. car si on l'avait lais-
sée ouverte la veille, elle était fermée
maintenant.
Le problème, comme on voit, n'était
pas commode à résoudre. Michel y par-
vint cependant, et voici de quelle fa-
çon /̃̃̃•>
"C'était le maître d'hôtel qui, a Biarritz,
remplissant les fonctions de sommeil 1er, i
avait la clef de la cave.
C'était donc à lui qu'il fallait la deman-
der. Mais,, sous quel prétexte la lui de-
mander ?
Michel n'était pas embarrassé à ce su-
jet, il avait un prétexte, celui d'un
homme qui va passer la nuit chez un
malade et qui a besoin de se munir d'un
réconfortant qu'il serait indiscret ou in-
convenant de demander chez un étran-
ger. -•
Mais, il y avait un écucil possible en
allant demander au maître ^l'hôtel la
clef de la cave pour y prendre le récon-
fortant c'était que le maître d'hôtel ne
voulut aller lui-même chercher ce ré-
confortant.
Comment éviter recueil ?
MIE D'AGHONNE.
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