Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 23 mars 1874 23 mars 1874
Description : 1874/03/23 (Numéro 82). 1874/03/23 (Numéro 82).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275183n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ïiB FÏÔÀRO LUNDI £3 MARS 1874
Los bâtiments étaient à la hauteur des
quais, et, à certains endroits, l'eau débordait
et les estacades étaient entièrement submer-
gées.
Draguigxan, 20 mars. Notre préfet,
M. Lemercier, poursuit dans le Var sa cam-
pagne conservatrice. Il vient de suspendre et
de remplacer par une commission munici-
pale les conseils municipaux de Barjols et de
Traus.
L'arrêté est motivé sur la conduite incon-
venante et les protestations illégales des
conseillers, lors de l'installation des nou-
veaux maires.
~»~» Pithivieks, 21 mars. Un crime af-
freux vient d'être commis à Bazoches-les-
Oallerandes, canton d'outenville. Le nommé
Aubry (Arsène), récemment sorti de l'Asile
d'aliénés d'Orléans, a tué son père d'un coup
de feu.
Aubry a été conduit à la prison de Pithi-
viers dans un état d'exaltation touchant à la
fureur.
Besaxcox, 20 mars. Un sous-lieuto-
nant du 133° de ligne, M. Krafft, venait de
recueillir un héritage assez considérable. Une
somme de soixante à soixante et dix mille
francs lui avait été comptée, et il la possédait
dans sa chambre depuis quelques jours.
11 s'était procuré, pour sa sécurité et pour
garder son trésor, une paire de fort beaux
revolvers.
Chaque jour il recevait chez lui un enfant
tlc troupe du 5e d'artillerie, le jeune Daniel
Xavarit, auquel il donnait des leçons.
Dernièrement, après avoir donné à ce jeune
homme âgé de seize ans, une lecon de musi-
que, M. Krafft avait ouvert un "coffre-fort et
on avait extrait quelques rouleaux de pièces
d'or qu'il vérifiait. Le jeune Tavant s'était
emparé d'un des revolvers suspendus à la
cheminée «t en examina la riche ciselure. Il
demanda à l'officier si l'arme était chargée.
Sur une réponse négative, il flt jouer la dé-
tente. Un coup partit, et le malheureux sous-
lieutenant, la tête traversée par la balle,
tomba raide mort.
Rien ne peut consoler le jeune homme d'a-
voir été la cause involontaire de la mort de
cet officier qui était son bienfaiteur.
Cette histoire fait penser au conte de
Charles Nodier, intitulé le Songe d'or, et aux
victimes qui vinrent successivement s'en-
dormir du sommeil éternel à l'ombre du
1nancenillier, à côté d'un trésor abandonné.
Il ne reste plus qu'à enterrer le trésor à
défaut du sage Lockman, le lise se chargera
de ce soin.
Avigxon, 19 mars 1874. Le tribunal
correctionnel d'Avignon a juge, dans une de
ses dernières audiences, un individu disant
se nommer Louis Montier, né à Paris en 1837,
employé de commerce, dont il a été impossi-
ble de constater l'identité.
La longue et minutieus.e information à la-
quelle on s'est livré pour "connaître le vérita-
ble nom et les antécédents de cet individu
n'ont amené aucun résultat.
La photographie du prétendu Montier a été
transmise dans plusieurs directions, et per-
sonne n'a pu renseigner la justice sur son
compte. Tout permet de supposer que ce pré-
venu est des plus dangereux, qu'il a un grand
intérêt à cacher ses antécédents et,que, pro-
bablement, il a pris une part active aux cri-
mes de la Commune.
Sa physionomie est intelligente, il est élé-
gamment vêtu, il s'exprime bien et refuse,
malgré les sages observations que lui adresse
M. le président, de faire connaitre les per-
sonnes qui pourraient renseigner utilement
la justice sur ses antécédents.
Le tribunal a condamné Montier, pour délit t
do vagabondage, à six mois d'emprisonnement
et cinq ans de surveillance de la police, niaxi-
mum de la peine.
Berlix, le 10 mars. Dans nos cercles
diplomatiques le bruit a circulé ce matin, que
M. le comte de Gontaut-Biron ne voudrait pas
rester à son poste. On disait que les relations
entre le chancelier et M. le comte de Gon-
taut-Biron étaient devenues tellement diffi-
ciles, que l'ambassadeur désire quitter Ber-
lin. Comme le comte et sa famille sont dans
les bonnes faveurs de la cour, cette nouvelle
a fait sensation. L'organe du prince Bismark,
la Gazette générale de l'Allemagne du Nord, so
hâte, ce soir, de démentir cette nouvelle et
la déclare dénuée de tout fondement.
Berlin, 20 mars, soir. La Gazette de
l'AlIcmagmc du Xurd donne, sur l'état de santé
ilâ *AI. de Bismark, les renseignements sui-
vants « Le malade a bien dormi la souf-
france a diminué, les forces reviennent:
néanmoins, la convalescence semble devoir
être longue. »
^~»~ On écrit de Berlin au Journal d'Alsace
du 21, que Mgr llœss a obtenu au Reichstag
un congé de huit jours. L'évêque de Stras-
bou>rg est depuis deux jours dans cette ville,
et ira reprendre son poste de député au com-
mencement de la semaine prochaine.
~> Les journaux wurtembergeois annon-
cent qu'un vol vient d'être commis au mau-
solée du Rothenberg, près de Stuttgard, qui
renferme les cendres du roi Guillaume de
Wurtemberg et de la reine Catherine, née
grande-duchesse de Russie. Les voleurs ont
fait sauter avec de la poudre les portes du
«ave au et ont pris tous les objets précieux
qit'ils ont pu trouver 11 y avait pour environ
000,000 fr. d'or et de pierres précieuses.
Une dépêche de Stuttgard annonce que
les voleurs ont été arrêtés. Ce sont des Hano-
vriens, qui préparaient leur coup depuis
deux ans..
Feuilleton du FIGARO da 23 Mars
LES NUITS SAHSAMTES
II y fut rejoint presque aussitôt par
mademoiselle Joséphine, qui,depuis quel-
que temps, avait jeté son dévolu sur le
soldat, et qui, supposant que le marquis
ne s'était pas marié sans assurer l'ave-
nir de Michel, venait de se dire que ce
gar<'on-là était maintenant un parti tout
à fait sortable.
Elle lui offrit de banales consolations,
auxquelles le soldat ne répondit que par
des larmes, puis elle essaya d'amener la
conversation sur le point qui l'intéres-
sait Michel songeait, à part lui, qu'il
n'avait peut-être pas bien dissimulé le
corps dans le lit, que les gens de la po-
lice allaient le découvrir et le livrer aux
mains des écorcheurs, et ne répondait
pas. La femme de chambre qui savait le
profond attachement du soldat pour M.
de Villehaut-d'Avron, finit par compren-
dre que Michel était bien réellement ac-
cablé par la douleur et le laissa, ren-
voyant à un autre moment pour recom-
mencer la tentative qu'elle venait de
faire.
A l'heure du déjeuner, Michel, qui ne
pouvait se faire à cette idée qu'on allait
se mettre à table, boire, manger et cau-
ser absolument comme si M.deVillehaut-
d'Avron était encore vivant et bien por-
tant, se décida cependant à descendre à
l'office pour n'éveiller aucun soupçon.
Mais en dépit de tous ses efforts sur lui-
même, il ne put même parvenir à avaler
un verre de vin.
J'ai le cœur soulevé, dit-il aux au-
tres domestiques; il m'est absolument
impossible de rien prendre. Je vais aller
me rafraîchir les yeux et le visage, puis
je reviendrai essayer d'avaler quelques
^~>~ Shamhiai, 9 février. La nouvelle
vient d'arriver au commandant du Bourayne,
M. le capitaine de frégate Bosc, que l'hôpi-
tal militaire à Yokohama a été la proie des
flammes. On dit que, grâce à de prompts se-
conrs, les malades ont pu être sauvés, ainsi
que les principaux objets de literie. Le
corps de bâtiment principal a été réduit en
cendres.
On n'indique ni la date, ni les causes de ce
sinistre.
Auguste Mareade.
PARIS AD JOUR II lOUl
C'est définitivement l'impression res-
sentie tout d'abord par Y Univers qui l'em-
porte dans la presse légitimiste. Ainsi
Y Espérance du Peuple, qui est un des
journaux les plus influents et les mieux
faits du parti avoue que la lettre du ma-
réchal détruit toutes ses illusions.
M. le duc de Broglie, craignant de briser sa
j majorité, n'avait pas osé, au moment du vote,
I donner une explication précise, il s'en était
tiré par une équivoque.
L'illustre maréchal, le lendemain du vote,
vient déclarer qu'il fera attendre le roi à la
porte du Septennat.
Les légitimistes sont avertis, trop tard peut-
être, mais enfin ils sont avertis.
Cependant Y Union persiste. A titre de
renseignement et sans vouloir nous mè-
ler à un débat qui ne peut avoir de so-
lution, nous citerons encore la version do
M. Mayol de Lupé sur la position du sep-
tennat.
Le cabinet croit-il avoir le droit et le de-
voir do s'opposer à la restauration de la mo-
narchie légalement rétablie par l'Assemblée?
M. de Broglie, sans doute, no désire point ré-
pondre à cette interrogation; mais nous avons
la certitude que", si sa réponse était affirma-
tive, il ne recevrait point l'approbation du
maréchal'de Mac-Mahon, et serait immédiate-
mont renversé.
Renversé? Par quelle majorité ? '1 °
Enfin la Presse, en reproduisant le ré-
cit que nous avons publié sur l'entrevue
de M. le maréchal de Mac-Mahon et des
députés de la droite, ajoute
Il a même rappelé et nous tenons de
source sûre ce détail absolument inédit un
passage des Mémoires du maréchal de Ragusu
dans lequel ce dernier expose la situation
pénible d'un honnête homme, obligé de choi-
sir entre le devoir et l'honneur.
Et le maréchal de s'écrier
llagusc a tort: le devoir et l'honneur
sont toujours d'accord, on ri'est jamais exposé
à choisir entre eux. 11 a évidemment con-
fondu le sentiment et l'honneur.
Ces diverses paroles, répétées aux uns et
aux autres avec le dessein évident d'enlever
toute espérance aux légitimistes qui se sont
longtemps flattés d'avoir dans le maréchal un
instrument docile à leurs projets, jettent sur
la situation une clarté qui ne permet plus
aucun doute. Le maréchal non-seulement ne
favorisera aucun parti, mais il s'opposera à
toute tentative qui serait faite par l'un d'eux.
#*# A chaque courrier qui arrive de
la Nouvelle-Calédonie, le Petit-Journal
publie des lettres de déportés qui sont
intéressantes et instructives.
Un d'eux, Léon Wouters, explique à
son frère qu'il a essayé de monter un
restaurant.
L'administration nous prêta d'énormes mar-
mites en fonte, et j'ouvris une pension pour
les travaillmirs a raison de 1 fr. 25 par se-
maine, et tous les matins je touchais les vi-
vres des pensionnaires. Au bout do quinze
jours, il y avait quatre-vingts pensionnaires;
à l'heure qu'il est, il y a en cent trente.
On aie matin,, à cinq heures, un quart de
café, à dix heures une soupe maigre et la
ration de haricots donnés par l'IStat, et un
autre quart de café pourdinerà cinq heures,
la soupe grasse et le bœuf. Comme extra, pe-
tit plat à 25 centimes de supplément, il y a
d'abord tous les abats des bœufs que nous
mangeons, et qu'un déporté débite comme
les tripiers à Paris, mais à un prix plus
élevé.
Il y a ensuite les produits du pays que
nous avons découverts et qui ne sont pas les
plus mauvais ni les moins drôles. D'abord
une espèce d'escargot dont les plus petits sont
de la grosseur d'un poing d'enfanti Ils sont
délicieux cuits à la façon de Paris, sauf que
le beurre y est remplacé par la graisse et le
persil par de la ciboulette.
Il y a aussi le serpent d'eau du pays qui
nous fait de bonnes matelottes. Nous avons
aussi des pêcheurs qui nous vendent la fri-
ture de poissons'de mer à raison de dix à
douze sous la livre. Tout cela fait des plats à
vingt-cinq centimes. Les légumes, nous les
vendons à quinze centimes le plat.
Un autre déporté écrit à sa femme qu'il
espère d'ici à dix-huit mois posséder plu-
sieurs milliers de tètes de volaille; enfin,
dans une troisième lettre, nous lisons ces
lignes tout à fait importantes
Je te dirai que l'industrie que nous
avons entreprise pour la fabrication de la
gouttes de café, quand vous aurez fini
votre repas.
Il remonta dans sa chambre, passa un
scrupuleux examen du lit, et s'étant as-
suré que le corps était parfaitement dis-
simulé, il revint à l'office et prit un peu
de café.
La police vint vers ce moment-là pour
faire de nouvelles perquisitions et dé-
couvrir l'endroit où l'on avait pu cacher
le cadavre du marquis; elle fureta toute
la journée sans rien trouver et ne se re-
tira qu'à la nuit. Toutes les chambres
des domestiques avaient été ouvertes et
fouillées. Michel se trouvait beaucoup
plus tranquille; mais le plus difficile res-
tait à faire.
Comment allait-il parvenir à sortir le
cadavre sans que personne s'en aperçût?
Et, d'abord, par où allait-il le sortir ?
C'est ce qu'il se demandait incessam-
ment et ce à quoi sa pensée ne trouvait
pas de réponse satisfaisante.
Cependant, tout le monde étant très fa-
1 tigué, on se coucha de bonne heure au
château.
Michel monta dans sa chambre comme
les autres, et là, seul, en présence de ce
cadavre provisoirement enseveli dans
son lit, il resta longtemps plongé dans
ses réflexions.
A la fin, il lui vint une idée.
La police, au cours de ses perquisi-
tions, n'avait pas négligé de chercher
dans la cave, et, comme. Jean avait fait
connaître l'histoire des souterrains, elle
avait fait desceller quelques planches et
avait parcouru ces excavations.
Michel avait entendu parler de cette
histoire dans la journée, mais d'une façon
trop vague pour que cela lui eût paru un
moyen de solution à l'embarras dans le-
quel il se trouvait.
La chose venait de lui revenir.
Il s'agissait d'abord de savoir si l'on
n'avait pas négligé de fermer la porte de
la cave.
Michel quitta ses souliers pour ne pas
faire de bruit et descendit s'en assurer.
La porte de la cave était encore ou-
verte.
brique est poussée avec beaucoup de rapi-
dité. Aujourd'hui, nous avons deux hangars
terminés, pouvant contenir chacun douze
cents briques. Il nous en faudrait quatre do
plus afin de pouvoir marcher à notre aise, ce
qui sera un fait accompli quand tu posséde-
ras ma lettre, et nous pourrons faire en ce
moment des fournées de dix-huit mille bri-
ques au moins.
Tu dois comprendre que lors même que
l'amnistie viendrait à avoir lieu, avec l'avan-
tage immense que nous donne cette industrie,
nous nous garderions d'en profiter, et que nos
intérêts seront de rester ici. Je m'aperçois
que l'on peut très bien vivre sans se mùler
de politique, et que l'on vit même plus pai-
siblement sans cette utopie fastidieuse qui
m'a amené où je me trouve.
Voilà des lignes qu'on ne saurait trop
méditer et qui démontrent 1° que les
déportés actifs, intelligents et raisonna-
bles ne sont point malheureux; 2° que
s'il y en avait beaucoup comme ceux
dont nous citons les lettres, on pourrait t
tirer de la Nouvelle-Calédonie le parti
que l'Angleterre a tiré de l'Australie. Le
même esprit aventureux, la même réso-
lution de se racheter par le travail peu-
vent produire les mômes résultats chez
les vaincus de la Commune que chez les
convicts jadis éloignés de l'Angleterre.
#*# Notre collaborateur d'Aunay a
parlé l'autre jour des communards de
Londres. On trouve au Constitutionnel des
détails curieux sur un autre héros de
cette époque, le trop fameux Cluseret.
L'aristocrate Cluseret se montre peu. On le
voit deux ou trois fois par semaine seule-
ment descendre de l'omnibus de Chêne. C'est
dans ce petit village, à une heure de Genève,
qu'il a placé ses économies de membre du
gouvernement du 18 mars, sur une maison
de campagne très riante, que le passant re-
garde comme la retraite d'un épicier enri-
chi ou d'un sage. Il habite là depuis trois
ans, avec une bonne très experte dans la
cuisine au pétrole, dit-on. On m'affirme ce-
pendant que c'est lui qui va faire toutes les
provisions du ménage à Genève.
Trois gros chiens gardent sa maison; si les
voisins s'en plaignent quelquefois, ils ne se
plaignent, par contre, pas de leur maître.
Cluseret est souriant, il est affable, d'une
politesse extrême et toujours mis avec soin.
Avec cela, il vit solitaire; il mène l'existence
paisible du diable qui s'est fait ermite.
Toujours- d'après le Constitutionnel,
Cluseret aurait été sauvé par un jeune
prêtre avec'qui il avait eu quelques rela-
tions et qui lui procura le moyen de quit-
ter Paris sous le costume ecclésiastique.
Bien entendu, nous ne garantissons point
l'anecdoie.
*## Aucun journal, croyons-nous, n'a
décrit la toilette de l'impératrice, à
Chislehurst, le 1(3 mars. La Vie Pari-
sienne comble cette lacune.
Style de la fin de Louis XIV quelque chose
comme l'habit de cour de la duchesse de
Bourgogne, en deuil.
Robe de faille noire à double tunique de-
vant, en barége brodée à la main de fleurs en
soie mate, les tuniques bordées de passemen-
terie mate grand revers de faille noire sur
les côtés de la jupe, parés de poches en den-
telle noire; traîne en barége brodé, drapée
avec un art suprême: corsage fermé au cou,
ouvert sur la poitrine, en barége brodé com-
me la,jupe: guimpe de crêpe lisse blanc en
dedans des basques garnies do dentelle et
de passementerie.
Dans le même numéro, nous avons re-
marqué une courte page, signée Une
Parisienne, qui. est tout à fait exquise.
On y respire vraiment à pleins poumons
l'odeur des foins coupés, la senteur rési-
neuse des forêts; et l'on se sent pour
ainsi dire pénétré par le grand calme des
champs.
C'est là seulement que j'ai connu la pluie,
le vent et le soleil si fugitifs dans Paris; l'on-
dée, sous les arbres enchevêtrant leurs bran-
ches, bondissant sur la pierre des perrons et
les cailloux luisants avec un jaillissement,
une poussière humide où la nuée éclairoio
sur ses bords et le sol tout fumant du soleil
éteint se joignaient une minute dans un voile
de brouillard et d'eau; le grand vent d'au-
tomne soufflant de l'horizon, menant les
nuages, les feuilles, les écorces, les branches
sèches, faisant grincer la gironette dont le
petit chasseur à l'affût changeait de direction
à tout coup comme s'il poursuivait dans ses
brusques mouvements le tyran qui l'agitait
sans cesse. Quant au soleil, aussi bien que
les paysans j'aurais pu dire l'heure qu'il était
non à sa hauteur dans le ciel, mais à la dis-
persion do sa lumière.
Le matin, quand nous descendions, un
large pan d'ombre s'étalait devant la maison.
Puis pen à peu cette ombre où le toit italien
découpait ses balustres, se rapprochait des
perrons, des caisses d'orangers alignés de-
vant eux, disparaissait au bord des marches.
Alors les rayons entrecroisés couvraient le
jardin entièrement, effeuillés parles char-
milles, réunis au-dessus de l'étang comme
un bouquet lumineux dont les parcelles
tombées brillaient sous les saules dans des
profondeurs vertes. A mesure que la 'jour-
Il y pénétre, alors, s'éclaire avec des
allumettes, cherche le côté où peut se
trouver l'issue des souterrains, et, aper-
cevant sur des fûts quelques plan-
ches, regarde derrière et voit le trou par
lequel la police a passé dans la journée,
et qu'on n'a pas songé à refermer.
Il revient immédiatement à sa cham-
bre, prend ses chaussures à la main, re-
descend à la cave sans faire le moindre
bruit, passe derrière les fûts et s'engage
dans les souterrains.
Il marche pendant quelque temps à tâ-
tons et, péniblement, à travers des dé-
combres, jusqu'au moment où il rencon-
tra un obstacle qui lui semble devoir être
infranchissable.
Il tire de sa poche une bougie dont il
avait eu 4a précaution de se munir, l'al-
lume et regarde.
Il se trouve devant un amoncellement
de débris rocheux formant comme un
mur de pierre sèche, et s'élevant à peu
près à la hauteur dp la moitié de son
corps. Sans doute les gens de la police
avaient passé par dessus. Il en fait au-
tant et remarque que le souterrain est à
partir de ce point beaucoup plus prati-
cable les parois sont moins resserrées, la
voûte est plus haute, le sol est moins en-
combré.
Il marche alors avec une nouvelle ar-
deur, mais le trajet lui parait intermina-
nable il y a plus de trois quarts d'heure
qu'il est en route et rien ne lui indique
encore qu'il touche au but de son voyage.
Il s'en désole, car le temps est précieux;
il faut, en effet, qu'il puisse rentrer au
plus tut dans sa chambre pour reprendre
le corps, le poser comme il l'entend, le
transporter à travers ce souterrain, dans
l'ombre, ce qui ne manquera pas d'être
long et laborieux, et il ne faut pas que le
jour vienne le surprendre dans l'accom-
plissement de sa tâche.
Par malheur, il a oublié de regarder
l'heure avant de partir et de prendre sa
montre.
Le temps lui a paru démesurément
long et il lui semble qu'il y a trois heures
qu'il marche.
née s'avance, je vois les grandes rayures do
la grilles d'entrée étendues sur les massifs
de géranium, de plus en plus allongées ou
flottantes. Et vers le soir, pendant que le
jardinier arrose les parterres, qu'on sent un
parfum de fleurs fraîches, de terre mouillée,
l'ombre, des gazons où elle traîne, s'enlève
vers les cimes d'arbres, les toits, jusqu'à
l'oiseau doré du pigeonnier, qui gasde sur
ses plumes de métal la dernière lueur du
couchant.
#*# Une originale réflexion de la
Revue Britannique:
Dans les rêveries du fouriérisme on nous
promet que l'homme, sans doute pour sa plus
grande gloire et son infinie satisfaction, verra
s'adjoindre à son épine dorsale nue longue
queue terminée par un œil: dans les réalités
de la politique, les tribuns du peuple mar-
chent avec une queue qui n'est ornée de rien
de pareil (car elle est radicalement aveugle),
mais qui est pourvue de griffes irrésistibles
et de dents insatiables.
Le même recueil cite un assez joli épi-
sode de l'entrée du duc et de la duchesse
d'Edimbourg à Londres.
Un pauvre chien, égaré dans une rue et
repoussé par la foule, a eu l'heureuse idée
de se réfugier sous le carrosse de la reine et
a fait ainsi partie du cortége royal jusqu'au
palais de Buckingham, n'entendant plus au-
tour de lui que des acclamations après avoir
été insulté et frappé brutalement.
**a M. Audebrand raconte, dans YIl-
lustration, que le 2,1 février, dans le sac
du Palais-Royal, fat trouvé et assuré un
feuillet do registre qui contient un détail
intéressant sur la jeunesse d'Alexandre
Dumas.
Ce feuillet ctait un rapport de M. Oudard,
intendant du duc d'Orléans, depuis Louis-Phi-
lippe, adressé à l'Altesse même. La pièce
démontrera une fois de plus combien ont été
pénibles les commencements de l'illustre
écrivain.
M. Dumas travaille, depuis le 10 avril 1823,
comme surnuméraire dans le bureau du se-
crétariat des commandements. Je suis fort
content de son zèle, et tout fait présager qu'il
deviendra un employé distingué.
M. le directeur général lui destine l'emploi
d'expéditionnaire, actuellement vacant dans
ce bureau; mais il ne compte proposer à
Monseigneur do ne le lui accorder que dans
quelque temps, lorsqu'il aura fait une année
entière de surnumérariat. Ce temps n'est pas
éloigné, et j'ai lieu d'espérer que d'ici là ce
jeune homme .acquerra de nouveaux droits à
la bienveillance de Son Altesse.
»I1 me parait juste, en attendant, de porter
à 125 francs par mois l'indemnité qui lui est
allouée (100 fr. par mois). C'est un encoura-
gement qu'il mérite d'obtenir.
» Palais-Royal, 11 février 1824.
M. le duc d'Orléans approuva la demande
d'augmentation.
**# Voici, mesdames, la robe de ce
printemps, révélée et décrite par M. Cha-
pus, dans le Sport. Cela s'appelle la robe
cloche. ̃̃'̃ .̃<
C'est un fourreau très étroit, garni en rond
d'une façon uniforme, et dont les ornements,
sont variés.
Le corsage- corselet est très ajusté sur les
hanches, formant pointe devant et boutonné
du haut on bas, à moins qu'il ne soit garni
du col-gilet.
La cloche n'admet ni tunique, ni double
jupe, ni tablier. C'est une robe courte. Elle a
des volants au bas; et la partie supérieure de
la jupe est tantôt lisse, tantôt coulissée, ce
qui est d'un très joli effet. Son complément
est dans le vêtement, c'est-à-dire -une échar-
pe souple, soit en cachemire brodé, soit en
crêpe de Chine, soit en dentelles, qui se croi-
se sur la poitrine en couvrant les épaules et
se noue opulemment derrière; ce nœudvient
orner la jupe et l'accompagne fort gracieuse?
ment.
A défaut de l'éeharpe, qui demande, comme
on sait, une taille et des allures d'une grâce
particulière, on pourra porter sur la robo
cloche de petits mantelets en étoffe brodée.
On peut réellement dire que cette nouveauté
échappe a la description, parla raison qu'elle
sa compose de fins détails dont le charme
est surtout dans leur agencement.
La toilette dont elle fait partie, s'accompa-
gne d'un chapeau très orné de fleurs: plus
que jamais, au surplus, les fleurs sont bien
portées.
##*< Un bien joli Domino.
Un monsieur, saoul comme la bourrique à
Robespierre, est étendu tout de son long dans
le ruisseau de la rue Rochechouart.
Une dame, qui l'accompagne, l'interpelle
-Voyons, Alphonse, relève-toi donc. Tu
sais bien que je n'aime pas que tu te fasses
remarquer.- F. m.
+
Nous rappelons à nos lecteurs que le p>ix
d'abonnement au Fioaro est, pour les dé-
partements, de 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr.*pour six mois, et 66 fr. pour un an.
Enfin, un moment arrive où il sent
l'air frais caresser son visage; il touche
au but, non par le bord de la mer, ainsi
qu'il l'avait pensé, mais bien par le haut
de la falaise, et sur un point si parfaite-
ment désert, qu'il n'est pas probable que
personne puisse le déranger dans ce
qu'il se propose de faire.
Il remercie Dieu avec effusion, se re-
plonge de nouveau dans le souterrarti et
revient plus rapidement qu'il n'est venu
jusqu'à sa chambre.
Il défait son lit et retire le corps.
Il repaît pendant quelques instants sa
vue dans la contemplation des traits qui
lui sont si chers.
Il décroche ensuite son manteau, dont
il veut faire un suaire.
Il le dépose sur le pied du lit, et, avant
d'y envelopper le corps, il se penche
pour appuyer ses lèvres sur la main du
marquis il les y laisse longuement re-
poser, car cette main, c'est celle de son
ami, et cet ami, c'était sa famille, c'était,
tout ce qu'il aimait, tout ce qu'il avait
jamais aimé, tout ce qu'il aimerait dans
l'avenir
Mais cette main, sur laquelle ses lèvres
s'appuient comme si elles voulaient s'y
empreindre, cette main lui paraît un peu
moins raide, qu'elle ne l'était lorsqu'il a
transporté le marquis. Il la prend dans
les siennes, il la palpe, la consulte, la
tourne, la retourne. Décidément, non-
seulement elle est moins raide, mais elle
est aussi moins glacée.
Un moment, il croit que la folie vient
d'envahir son cerveau que ses sens le
trompent, que la main est toujours aussi
raide et aussi froide. Et cependant, il
n'est pas fou. Il le sent bien! Il se tou-
che, il se palpe lui-même. Il raisonne,
il juge, il calcule comme il le faisait au-
paravant. Non, non, sa raison ne s'est
point égarée, la main est certainement
moins raide, moins glacée. Il faut voir,
il faut s'éclairer davantage.
Il approche ses lèvres du front et des
joues du marquis.
Tout à coup il se relève, recule de quel-
ques pas, appuie ses denx mains sur son
» Oudard. »
Injustices et Abus
ÉCJLE 1)1 DROIT
Des décrets de 1852 et 1854 disposent
que les aspirants aux grades de bache-
lier et de licencié en droit sont tenus de
s'inscrire à deux cours de la Faculté des
lettres.
Les licenciés ès-lettres et les aspirants
au brevet de capacité en droit, néces-
saire pour la profession d'avoué, sont
seuls dispensés de suivre ces cours.
Donc, la plupart des étudiants en droit
sont obligés de payer des inscriptions de
cours de lettres.
C'est très bien, mais oh! un gros
mais 1- il serait nécessaire qu'on les
mit en même temps dans la possibilité
de suivre ces cours, qu'ils payent à rai-
son de quarante francs par an.
Or, cette possibilité n'existe pas, à
Paris du moins, pour les étudiants en
droit de seconde et de troisième année.
« Les heures de cours de droit et celles
des cours de lettres, m'écrit l'un d'eux,
sont absolument les mêmes pour les
étudiants de deuxième et de troisième
années. »
Ceci nous paraît tout simplement.
délirant.
On pense donc que MM. les étudiants,
une fois le premier examen passé, ont
acquis le don d'ubiquité ?
« Et, continue notre correspondant, la
Faculté sent si bien l'impossibilité où
nous sommes de suivre les cours de
| lettres, qu'il n'est jamais question de ce
qu'on y enseigne dans nos examens. »
Que pensez-vous, ô lecteurs, de ce
système d'obligation sans sanction ?
r Notre correspondant, lui, conclut avec
raison ainsi
« Si l'obligation de suivre les cours
de lettres n'est qu'un mot, que celle
de les payer n'en soit qu'un aussi. Le
| caissier de la- Faculté ne sera peut-être
pas content, mais la logique, du moins,
sera satisfaite. »
Nous voudrions bien savoir ce que
MM. les docteurs ont à répondre. à cela? a
Emile Faure.
Aujourd'hui dimanche, 4e journée des
Courses d'Auteuil.
.»
INFORMATIONS
-La Journée
Encore une réputation usurpée. celle
du marronnier du 20 mars..
Nous voici au 22, et il ne bourgeonne
seulement pas.
Au feu, le marronnier!
Les anciens soldats du premier Em-
pire ont eu leur banquet annuel avant-
hier, chez Catelain, au Palais-Royal,
sous la présidence de M\Belmoiitet.
Le pain de munition traditionnel Ilgu-
rait sur la table, orné d'une branche sans
bourgeons du célèbre marronnier dont il
est question ci-dessus.
L'assemblée éïait peu nombreuse. Le
rappel bat tous les jours plus fort pour
les vieux de la vieille. De trois mille
qu'ils étaient en 1852, il en reste à peine
une centaine.
On a porté des toasts à la mémoire du
grand empereur, à l'armée. d'Austerlitz,
au maréchal de Mac-Mahon et à la « ré-
surrection des gloires de la patrie ».
Puis l'on s'est séparé en se disant au
revoir. Combien, l'année prochaine, se-
ront-ils pour cela? 1
Il y'a eu trois ans hier, 22 mars,
des citoyens sans armes furent assaillis
à coups de feu, rue de la Paix et place
Vendôme.
Un service religieux a été célébré hler
à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois pour
les victimes de cette journée. C'est M.
l'abbé Billart qui a officié.
Disons-le à regret, il y avait peu de
monde. On oublie si vite eh France 1 Nous
avons remarqué cependant un certain
nombre de femmes en grand deuil qui,
groupées devant la chapelle de la Vierge,
où a été dite la messe, donnaient à cette
cérémonie un caractère tout particulier.
M. Léveillé, membre du conseil muni-
cipal, vient d'avoir la douleur de perdre
sa femme, à peine âgée de vingt et un
ans.
cœur comme pour l'empêcher d'éclater,
et sur le pointde crier, d'appeler à l'aide,
de se répandre en un accès de joie
bruyante, il s'arrête, se retient tout un
monde de réflexions horribles et mena-
çantes vient de traverser son esprit.
Depuis qu'on est venu tuer son,colonel
presque à ses côtés, il voit des assassins
partout; il se demande si dans l'état où
se trouve son maître, sans force, sans
raison, sans volonté, il péut môme encore
dire sans vie, car il n'est pas bien sûr
qu'il existe, il se demande comment il
pourrait se garder et se défendre, alors
qu'il n'a pu le faire étant plein de santé,
en possession de toute son intelligence et
de toute sa vigueur? 1
Et il se dit
-Non, je ne parlerai pas! Ceux qui
ont intérêt àfaire disparaître mon maître
seraient capables de venir l'achever ici.
S'il ne s'agissait pour le sauver que
de l'emporter au travers des balles et de
la mitraille; s'il ne fallait que le défendre
dans une lutte corps à corps, au grand
jour, je m'en sentirais capable, et Dieu
sait de quel cœur je le ferais! Mais que
j'aille, moi, soldat ignorant, étranger aux
ruses du monde, ne sachant que mon
droit chemin, jouer au plus fin et au plus
traître, avec des assassins qui se dissi-
niulent dans l'ombre, je ne serai pas si
bête; je perdrais trop aisément la par-
tie. Ce que Dieu fait est toujours
bien fait, et s'il m'a rendu mon maître
à moi tout seul, c'est qu'il veut que ce
soit moi, moi seul, qui le garde, à ma
guise, et sans en rien dire à personne.
Ainsi ferai-je.
Alors, Michel souleva légèrement la
1 tête du marquis. Le cou était souple et se
i prêtait à tous les mouvements qu'on lui
imprimait.
Le soldat courut à l'office, en rapporta
de l'eau-de-vie et du sucre il remonta
chez lui, s'enferma à doubletour, étendit
son manteau devant la fenêtre, suspendit
le tapis devant la porte, pour que de
nulle part on ne pût apercevoir la lu-
mière qui lui était nécessaire, et intro-
duisit dans la bouche du marquis, à l'aide
Les obsèques de la pauvre jeune femme
ont eu lieu hier; presque tout le conseil
municipal y assistait.
L'affaire Melyil Bloncourt viendra dans
quelques jours devant le 39 conseil de
guerre.
C'est M. le capitaine Guichard,le même
qui a instruit l'affaire Rahc.qui est chargé
du rapport.
Aujourd'hui, à deux heures, au Vande-
ville, grande séance littéraire et musi-
cale, organisée par la société Franklin,
au profit des bibliothèques militaires. M.
Laboulaye parlera 'de Y éducation du pays
par l armée. Musique de lagarde'républi-
caine et quête au bénéfice de l'œuvre. Il
y aura grande affluence, cela va sans
dire, car le but de la réunion est des
plus intéressants.
Le hasard m'a conduit hier au Palais
de Justice, où j'ai assisté à un spectacle
navrant.
M. Gabriel Ilugelmann, enchainé au
poignet d'.un municipal, passait pour al-
ler chez le juge d'instruction.
Je vous assure qu'il n'était pas fier".
~j,yn.
Jusqu'aux collégiens qui s'en mêlent
Une révolution a failli éclater avant-
hier à l'école Monge, 82, rue Chaptal.
A la suite de la suppression d'un jour
de congé auquel ils croyaient avoir droit,
les élèves se sont réunis dans la cour, et
tous ensemble, sur l'air des lampions, ont
réclamé la vacance supprimée. On crut
d'abord à une révolte.
Après avoir vainement essayé de parle-?
menter, le directeur a fini par profiter
d'un moment de repos pour les avertir
qu'au lieu de leur donner un jour de
congé, il supprimait celui du dimanche;
et les mettait pour ce jour-là tous aux
arrêts.
Devant une concession de ce genre, les
élèves n'ont pas insisté, et tout est ren-
tré dans l'ordre..
Et voilà comment on réprimo les révo-
lutions. -̃ -̃-̃
L'iXCEXOlE DU LYCÉE LOUIS-LE- ÇRAKD
Nous avons raconté, il y a deux jours,
qu'un commencement d'incendie s'était
déclaré dans les bureaux de l'économat
du lycée Louis-le-Grand. Cet incendie
du reste, ajoutions-nous, a été prompte-
ment éteint par les maîtres et les élèves
de la première cour.
La chose paraissait' fort peu grave, et
on croyait à un simple accident lorsque
M. Leclerc, commissaire de police de la
Sorbonne, allant faire le lendemain ma-
tin sa constatation légale, trouva dans
cet incendie quelque chose de suspect;
En poursuivant ses investigations, il re-
connut, à n'en pas douter, que l'incendie
était l'œuvre d'une main criminelle et
avait dû être commis pour faciliter et
dissimuler un vol.
La caisse, en effet, contenait, la veille
au soir, d'après les écritures, soixante!
mille francs de billets en banque et qua-
tre mille francs en or. Cette somme â
disparu.
Or, la caisse n'a pas été brûlée, ce
qu'elle contenait non plus. Des paquets
de jetons de présence ont été retrouvés
intacts, et malgré les recherches tés plus
minutieux, on n'a pu découvrir ni les
cendres qu'aurait dû produire l'incinéra-
tion des billets do banque, ni le métal
fondu provenant de l'or monnayé.
Des déclarations de l'économe, il ré-
sulte qu'il avait l'habitude de fermer
simplement la caisse à clef, sans se ser-
vir des combinaisons à lettres. Il plaçait
chaque soir la clef dans l'un des tiroirs
de son-bureau. Cette circonstance était
évidemment connue du voleur, quel qu'il
soit et lui a permis de commettre son vol
sans laisser aucune trace d'effraction.,
De tout cela, il ressort clairement que
le vol a été commis par quelqu'un do la
maison, ou du moins en connaissantpar-
faitement les habitudes. Il ne reste plus
qu'à voir parmi les personnes qui sont
dans ce cas, -celle sur qui peuvent le
mieux tomber les soupçons.
Nous tiendrons demain nos lecteurs au
courant de cette affaire. t~
Une scène qu'on croirait extraite de
l'un des romans les plus noirs de Ducray-
Duminil et qui pourtant ne daie que de i$
nuit dernière.
Cl était une heure du matin, un mon-
sieur Robin, sortantdu théâtre, passait sur
le pont de la Tôurnelle, lorsqu'il aperçut
à dix pas de lui une femme qui vehàit'dé
d'une cuiller, quelques gouttes d'eau de-
vie il lui frictionna ensuite le front, les
tempes, le creux des mains et les poignets
avec le même liquide.
Bientôt, il n'eut plus de doutes son
maître n'était pas mort! Un souffle fai-
ble, très faible, mais qu'il avait parfaite-
ment saisi, venait de glisser entre ses
lèvres. Il tâta le pouls. le pouls bat-
tait d'une façon, presque imperceptible
il est vrai, mais néanmoins saisissable
comme le souffle qu'il avait constaté.
Pour s'assurer encore davantage du
miracle, il déboutouna la tunique, passa
sa main sous la chemise, et, à travers
l'appareil qui recouvrait la plaie, il in-
terrogea le cœur. Le cœur battait aussi,
et d'une façon bien plus sensible que le
pouls
Michel défit l'appareil pour examiner
l'état de la plaie. La plaie était fermée v
et'ne laissait plus échapper une goutte
de sang!
Il-la banda de nouveau avec le plus
grand soin.
L'émotion l'accablait; il tremblait sur
ses jambes et se sentait sur le point de
défaillir.
Il fut obligé de s'asseoir sur la chaise
qui était à la tête du lit
Là, il prit dans ses mains une de celles
du marquis et suivit les progrès de cette
résurrection.
La main déjàmoite,mais encore froide,
se réchauffa doucement au contact des
siennes.
Il passa alors à l'autre extrémité du
lit, découvrit les pieds et se mit à les ré-
chauffer de ses mains et de son haleine.
Cependant, et ce qui épouvantait Mi-
chel, les yeux ne s'ouvraient pas.
Il se décida à soulever une des pau-
pières supérieures là aussi la vie exis-
tait, car l'éclat de la lumière fit mouvoir
la prunelle en même temps que la pau- -°
pière faisait effort pour se refermer.
Certes, la joie du soldat était grande,
mais pas plus grande que son embarras.
MIE D'AGHONNE.
fia suite à demain.)
Los bâtiments étaient à la hauteur des
quais, et, à certains endroits, l'eau débordait
et les estacades étaient entièrement submer-
gées.
Draguigxan, 20 mars. Notre préfet,
M. Lemercier, poursuit dans le Var sa cam-
pagne conservatrice. Il vient de suspendre et
de remplacer par une commission munici-
pale les conseils municipaux de Barjols et de
Traus.
L'arrêté est motivé sur la conduite incon-
venante et les protestations illégales des
conseillers, lors de l'installation des nou-
veaux maires.
~»~» Pithivieks, 21 mars. Un crime af-
freux vient d'être commis à Bazoches-les-
Oallerandes, canton d'outenville. Le nommé
Aubry (Arsène), récemment sorti de l'Asile
d'aliénés d'Orléans, a tué son père d'un coup
de feu.
Aubry a été conduit à la prison de Pithi-
viers dans un état d'exaltation touchant à la
fureur.
Besaxcox, 20 mars. Un sous-lieuto-
nant du 133° de ligne, M. Krafft, venait de
recueillir un héritage assez considérable. Une
somme de soixante à soixante et dix mille
francs lui avait été comptée, et il la possédait
dans sa chambre depuis quelques jours.
11 s'était procuré, pour sa sécurité et pour
garder son trésor, une paire de fort beaux
revolvers.
Chaque jour il recevait chez lui un enfant
tlc troupe du 5e d'artillerie, le jeune Daniel
Xavarit, auquel il donnait des leçons.
Dernièrement, après avoir donné à ce jeune
homme âgé de seize ans, une lecon de musi-
que, M. Krafft avait ouvert un "coffre-fort et
on avait extrait quelques rouleaux de pièces
d'or qu'il vérifiait. Le jeune Tavant s'était
emparé d'un des revolvers suspendus à la
cheminée «t en examina la riche ciselure. Il
demanda à l'officier si l'arme était chargée.
Sur une réponse négative, il flt jouer la dé-
tente. Un coup partit, et le malheureux sous-
lieutenant, la tête traversée par la balle,
tomba raide mort.
Rien ne peut consoler le jeune homme d'a-
voir été la cause involontaire de la mort de
cet officier qui était son bienfaiteur.
Cette histoire fait penser au conte de
Charles Nodier, intitulé le Songe d'or, et aux
victimes qui vinrent successivement s'en-
dormir du sommeil éternel à l'ombre du
1nancenillier, à côté d'un trésor abandonné.
Il ne reste plus qu'à enterrer le trésor à
défaut du sage Lockman, le lise se chargera
de ce soin.
Avigxon, 19 mars 1874. Le tribunal
correctionnel d'Avignon a juge, dans une de
ses dernières audiences, un individu disant
se nommer Louis Montier, né à Paris en 1837,
employé de commerce, dont il a été impossi-
ble de constater l'identité.
La longue et minutieus.e information à la-
quelle on s'est livré pour "connaître le vérita-
ble nom et les antécédents de cet individu
n'ont amené aucun résultat.
La photographie du prétendu Montier a été
transmise dans plusieurs directions, et per-
sonne n'a pu renseigner la justice sur son
compte. Tout permet de supposer que ce pré-
venu est des plus dangereux, qu'il a un grand
intérêt à cacher ses antécédents et,que, pro-
bablement, il a pris une part active aux cri-
mes de la Commune.
Sa physionomie est intelligente, il est élé-
gamment vêtu, il s'exprime bien et refuse,
malgré les sages observations que lui adresse
M. le président, de faire connaitre les per-
sonnes qui pourraient renseigner utilement
la justice sur ses antécédents.
Le tribunal a condamné Montier, pour délit t
do vagabondage, à six mois d'emprisonnement
et cinq ans de surveillance de la police, niaxi-
mum de la peine.
Berlix, le 10 mars. Dans nos cercles
diplomatiques le bruit a circulé ce matin, que
M. le comte de Gontaut-Biron ne voudrait pas
rester à son poste. On disait que les relations
entre le chancelier et M. le comte de Gon-
taut-Biron étaient devenues tellement diffi-
ciles, que l'ambassadeur désire quitter Ber-
lin. Comme le comte et sa famille sont dans
les bonnes faveurs de la cour, cette nouvelle
a fait sensation. L'organe du prince Bismark,
la Gazette générale de l'Allemagne du Nord, so
hâte, ce soir, de démentir cette nouvelle et
la déclare dénuée de tout fondement.
Berlin, 20 mars, soir. La Gazette de
l'AlIcmagmc du Xurd donne, sur l'état de santé
ilâ *AI. de Bismark, les renseignements sui-
vants « Le malade a bien dormi la souf-
france a diminué, les forces reviennent:
néanmoins, la convalescence semble devoir
être longue. »
^~»~ On écrit de Berlin au Journal d'Alsace
du 21, que Mgr llœss a obtenu au Reichstag
un congé de huit jours. L'évêque de Stras-
bou>rg est depuis deux jours dans cette ville,
et ira reprendre son poste de député au com-
mencement de la semaine prochaine.
~> Les journaux wurtembergeois annon-
cent qu'un vol vient d'être commis au mau-
solée du Rothenberg, près de Stuttgard, qui
renferme les cendres du roi Guillaume de
Wurtemberg et de la reine Catherine, née
grande-duchesse de Russie. Les voleurs ont
fait sauter avec de la poudre les portes du
«ave au et ont pris tous les objets précieux
qit'ils ont pu trouver 11 y avait pour environ
000,000 fr. d'or et de pierres précieuses.
Une dépêche de Stuttgard annonce que
les voleurs ont été arrêtés. Ce sont des Hano-
vriens, qui préparaient leur coup depuis
deux ans..
Feuilleton du FIGARO da 23 Mars
LES NUITS SAHSAMTES
II y fut rejoint presque aussitôt par
mademoiselle Joséphine, qui,depuis quel-
que temps, avait jeté son dévolu sur le
soldat, et qui, supposant que le marquis
ne s'était pas marié sans assurer l'ave-
nir de Michel, venait de se dire que ce
gar<'on-là était maintenant un parti tout
à fait sortable.
Elle lui offrit de banales consolations,
auxquelles le soldat ne répondit que par
des larmes, puis elle essaya d'amener la
conversation sur le point qui l'intéres-
sait Michel songeait, à part lui, qu'il
n'avait peut-être pas bien dissimulé le
corps dans le lit, que les gens de la po-
lice allaient le découvrir et le livrer aux
mains des écorcheurs, et ne répondait
pas. La femme de chambre qui savait le
profond attachement du soldat pour M.
de Villehaut-d'Avron, finit par compren-
dre que Michel était bien réellement ac-
cablé par la douleur et le laissa, ren-
voyant à un autre moment pour recom-
mencer la tentative qu'elle venait de
faire.
A l'heure du déjeuner, Michel, qui ne
pouvait se faire à cette idée qu'on allait
se mettre à table, boire, manger et cau-
ser absolument comme si M.deVillehaut-
d'Avron était encore vivant et bien por-
tant, se décida cependant à descendre à
l'office pour n'éveiller aucun soupçon.
Mais en dépit de tous ses efforts sur lui-
même, il ne put même parvenir à avaler
un verre de vin.
J'ai le cœur soulevé, dit-il aux au-
tres domestiques; il m'est absolument
impossible de rien prendre. Je vais aller
me rafraîchir les yeux et le visage, puis
je reviendrai essayer d'avaler quelques
^~>~ Shamhiai, 9 février. La nouvelle
vient d'arriver au commandant du Bourayne,
M. le capitaine de frégate Bosc, que l'hôpi-
tal militaire à Yokohama a été la proie des
flammes. On dit que, grâce à de prompts se-
conrs, les malades ont pu être sauvés, ainsi
que les principaux objets de literie. Le
corps de bâtiment principal a été réduit en
cendres.
On n'indique ni la date, ni les causes de ce
sinistre.
Auguste Mareade.
PARIS AD JOUR II lOUl
C'est définitivement l'impression res-
sentie tout d'abord par Y Univers qui l'em-
porte dans la presse légitimiste. Ainsi
Y Espérance du Peuple, qui est un des
journaux les plus influents et les mieux
faits du parti avoue que la lettre du ma-
réchal détruit toutes ses illusions.
M. le duc de Broglie, craignant de briser sa
j majorité, n'avait pas osé, au moment du vote,
I donner une explication précise, il s'en était
tiré par une équivoque.
L'illustre maréchal, le lendemain du vote,
vient déclarer qu'il fera attendre le roi à la
porte du Septennat.
Les légitimistes sont avertis, trop tard peut-
être, mais enfin ils sont avertis.
Cependant Y Union persiste. A titre de
renseignement et sans vouloir nous mè-
ler à un débat qui ne peut avoir de so-
lution, nous citerons encore la version do
M. Mayol de Lupé sur la position du sep-
tennat.
Le cabinet croit-il avoir le droit et le de-
voir do s'opposer à la restauration de la mo-
narchie légalement rétablie par l'Assemblée?
M. de Broglie, sans doute, no désire point ré-
pondre à cette interrogation; mais nous avons
la certitude que", si sa réponse était affirma-
tive, il ne recevrait point l'approbation du
maréchal'de Mac-Mahon, et serait immédiate-
mont renversé.
Renversé? Par quelle majorité ? '1 °
Enfin la Presse, en reproduisant le ré-
cit que nous avons publié sur l'entrevue
de M. le maréchal de Mac-Mahon et des
députés de la droite, ajoute
Il a même rappelé et nous tenons de
source sûre ce détail absolument inédit un
passage des Mémoires du maréchal de Ragusu
dans lequel ce dernier expose la situation
pénible d'un honnête homme, obligé de choi-
sir entre le devoir et l'honneur.
Et le maréchal de s'écrier
llagusc a tort: le devoir et l'honneur
sont toujours d'accord, on ri'est jamais exposé
à choisir entre eux. 11 a évidemment con-
fondu le sentiment et l'honneur.
Ces diverses paroles, répétées aux uns et
aux autres avec le dessein évident d'enlever
toute espérance aux légitimistes qui se sont
longtemps flattés d'avoir dans le maréchal un
instrument docile à leurs projets, jettent sur
la situation une clarté qui ne permet plus
aucun doute. Le maréchal non-seulement ne
favorisera aucun parti, mais il s'opposera à
toute tentative qui serait faite par l'un d'eux.
#*# A chaque courrier qui arrive de
la Nouvelle-Calédonie, le Petit-Journal
publie des lettres de déportés qui sont
intéressantes et instructives.
Un d'eux, Léon Wouters, explique à
son frère qu'il a essayé de monter un
restaurant.
L'administration nous prêta d'énormes mar-
mites en fonte, et j'ouvris une pension pour
les travaillmirs a raison de 1 fr. 25 par se-
maine, et tous les matins je touchais les vi-
vres des pensionnaires. Au bout do quinze
jours, il y avait quatre-vingts pensionnaires;
à l'heure qu'il est, il y a en cent trente.
On aie matin,, à cinq heures, un quart de
café, à dix heures une soupe maigre et la
ration de haricots donnés par l'IStat, et un
autre quart de café pourdinerà cinq heures,
la soupe grasse et le bœuf. Comme extra, pe-
tit plat à 25 centimes de supplément, il y a
d'abord tous les abats des bœufs que nous
mangeons, et qu'un déporté débite comme
les tripiers à Paris, mais à un prix plus
élevé.
Il y a ensuite les produits du pays que
nous avons découverts et qui ne sont pas les
plus mauvais ni les moins drôles. D'abord
une espèce d'escargot dont les plus petits sont
de la grosseur d'un poing d'enfanti Ils sont
délicieux cuits à la façon de Paris, sauf que
le beurre y est remplacé par la graisse et le
persil par de la ciboulette.
Il y a aussi le serpent d'eau du pays qui
nous fait de bonnes matelottes. Nous avons
aussi des pêcheurs qui nous vendent la fri-
ture de poissons'de mer à raison de dix à
douze sous la livre. Tout cela fait des plats à
vingt-cinq centimes. Les légumes, nous les
vendons à quinze centimes le plat.
Un autre déporté écrit à sa femme qu'il
espère d'ici à dix-huit mois posséder plu-
sieurs milliers de tètes de volaille; enfin,
dans une troisième lettre, nous lisons ces
lignes tout à fait importantes
Je te dirai que l'industrie que nous
avons entreprise pour la fabrication de la
gouttes de café, quand vous aurez fini
votre repas.
Il remonta dans sa chambre, passa un
scrupuleux examen du lit, et s'étant as-
suré que le corps était parfaitement dis-
simulé, il revint à l'office et prit un peu
de café.
La police vint vers ce moment-là pour
faire de nouvelles perquisitions et dé-
couvrir l'endroit où l'on avait pu cacher
le cadavre du marquis; elle fureta toute
la journée sans rien trouver et ne se re-
tira qu'à la nuit. Toutes les chambres
des domestiques avaient été ouvertes et
fouillées. Michel se trouvait beaucoup
plus tranquille; mais le plus difficile res-
tait à faire.
Comment allait-il parvenir à sortir le
cadavre sans que personne s'en aperçût?
Et, d'abord, par où allait-il le sortir ?
C'est ce qu'il se demandait incessam-
ment et ce à quoi sa pensée ne trouvait
pas de réponse satisfaisante.
Cependant, tout le monde étant très fa-
1 tigué, on se coucha de bonne heure au
château.
Michel monta dans sa chambre comme
les autres, et là, seul, en présence de ce
cadavre provisoirement enseveli dans
son lit, il resta longtemps plongé dans
ses réflexions.
A la fin, il lui vint une idée.
La police, au cours de ses perquisi-
tions, n'avait pas négligé de chercher
dans la cave, et, comme. Jean avait fait
connaître l'histoire des souterrains, elle
avait fait desceller quelques planches et
avait parcouru ces excavations.
Michel avait entendu parler de cette
histoire dans la journée, mais d'une façon
trop vague pour que cela lui eût paru un
moyen de solution à l'embarras dans le-
quel il se trouvait.
La chose venait de lui revenir.
Il s'agissait d'abord de savoir si l'on
n'avait pas négligé de fermer la porte de
la cave.
Michel quitta ses souliers pour ne pas
faire de bruit et descendit s'en assurer.
La porte de la cave était encore ou-
verte.
brique est poussée avec beaucoup de rapi-
dité. Aujourd'hui, nous avons deux hangars
terminés, pouvant contenir chacun douze
cents briques. Il nous en faudrait quatre do
plus afin de pouvoir marcher à notre aise, ce
qui sera un fait accompli quand tu posséde-
ras ma lettre, et nous pourrons faire en ce
moment des fournées de dix-huit mille bri-
ques au moins.
Tu dois comprendre que lors même que
l'amnistie viendrait à avoir lieu, avec l'avan-
tage immense que nous donne cette industrie,
nous nous garderions d'en profiter, et que nos
intérêts seront de rester ici. Je m'aperçois
que l'on peut très bien vivre sans se mùler
de politique, et que l'on vit même plus pai-
siblement sans cette utopie fastidieuse qui
m'a amené où je me trouve.
Voilà des lignes qu'on ne saurait trop
méditer et qui démontrent 1° que les
déportés actifs, intelligents et raisonna-
bles ne sont point malheureux; 2° que
s'il y en avait beaucoup comme ceux
dont nous citons les lettres, on pourrait t
tirer de la Nouvelle-Calédonie le parti
que l'Angleterre a tiré de l'Australie. Le
même esprit aventureux, la même réso-
lution de se racheter par le travail peu-
vent produire les mômes résultats chez
les vaincus de la Commune que chez les
convicts jadis éloignés de l'Angleterre.
#*# Notre collaborateur d'Aunay a
parlé l'autre jour des communards de
Londres. On trouve au Constitutionnel des
détails curieux sur un autre héros de
cette époque, le trop fameux Cluseret.
L'aristocrate Cluseret se montre peu. On le
voit deux ou trois fois par semaine seule-
ment descendre de l'omnibus de Chêne. C'est
dans ce petit village, à une heure de Genève,
qu'il a placé ses économies de membre du
gouvernement du 18 mars, sur une maison
de campagne très riante, que le passant re-
garde comme la retraite d'un épicier enri-
chi ou d'un sage. Il habite là depuis trois
ans, avec une bonne très experte dans la
cuisine au pétrole, dit-on. On m'affirme ce-
pendant que c'est lui qui va faire toutes les
provisions du ménage à Genève.
Trois gros chiens gardent sa maison; si les
voisins s'en plaignent quelquefois, ils ne se
plaignent, par contre, pas de leur maître.
Cluseret est souriant, il est affable, d'une
politesse extrême et toujours mis avec soin.
Avec cela, il vit solitaire; il mène l'existence
paisible du diable qui s'est fait ermite.
Toujours- d'après le Constitutionnel,
Cluseret aurait été sauvé par un jeune
prêtre avec'qui il avait eu quelques rela-
tions et qui lui procura le moyen de quit-
ter Paris sous le costume ecclésiastique.
Bien entendu, nous ne garantissons point
l'anecdoie.
*## Aucun journal, croyons-nous, n'a
décrit la toilette de l'impératrice, à
Chislehurst, le 1(3 mars. La Vie Pari-
sienne comble cette lacune.
Style de la fin de Louis XIV quelque chose
comme l'habit de cour de la duchesse de
Bourgogne, en deuil.
Robe de faille noire à double tunique de-
vant, en barége brodée à la main de fleurs en
soie mate, les tuniques bordées de passemen-
terie mate grand revers de faille noire sur
les côtés de la jupe, parés de poches en den-
telle noire; traîne en barége brodé, drapée
avec un art suprême: corsage fermé au cou,
ouvert sur la poitrine, en barége brodé com-
me la,jupe: guimpe de crêpe lisse blanc en
dedans des basques garnies do dentelle et
de passementerie.
Dans le même numéro, nous avons re-
marqué une courte page, signée Une
Parisienne, qui. est tout à fait exquise.
On y respire vraiment à pleins poumons
l'odeur des foins coupés, la senteur rési-
neuse des forêts; et l'on se sent pour
ainsi dire pénétré par le grand calme des
champs.
C'est là seulement que j'ai connu la pluie,
le vent et le soleil si fugitifs dans Paris; l'on-
dée, sous les arbres enchevêtrant leurs bran-
ches, bondissant sur la pierre des perrons et
les cailloux luisants avec un jaillissement,
une poussière humide où la nuée éclairoio
sur ses bords et le sol tout fumant du soleil
éteint se joignaient une minute dans un voile
de brouillard et d'eau; le grand vent d'au-
tomne soufflant de l'horizon, menant les
nuages, les feuilles, les écorces, les branches
sèches, faisant grincer la gironette dont le
petit chasseur à l'affût changeait de direction
à tout coup comme s'il poursuivait dans ses
brusques mouvements le tyran qui l'agitait
sans cesse. Quant au soleil, aussi bien que
les paysans j'aurais pu dire l'heure qu'il était
non à sa hauteur dans le ciel, mais à la dis-
persion do sa lumière.
Le matin, quand nous descendions, un
large pan d'ombre s'étalait devant la maison.
Puis pen à peu cette ombre où le toit italien
découpait ses balustres, se rapprochait des
perrons, des caisses d'orangers alignés de-
vant eux, disparaissait au bord des marches.
Alors les rayons entrecroisés couvraient le
jardin entièrement, effeuillés parles char-
milles, réunis au-dessus de l'étang comme
un bouquet lumineux dont les parcelles
tombées brillaient sous les saules dans des
profondeurs vertes. A mesure que la 'jour-
Il y pénétre, alors, s'éclaire avec des
allumettes, cherche le côté où peut se
trouver l'issue des souterrains, et, aper-
cevant sur des fûts quelques plan-
ches, regarde derrière et voit le trou par
lequel la police a passé dans la journée,
et qu'on n'a pas songé à refermer.
Il revient immédiatement à sa cham-
bre, prend ses chaussures à la main, re-
descend à la cave sans faire le moindre
bruit, passe derrière les fûts et s'engage
dans les souterrains.
Il marche pendant quelque temps à tâ-
tons et, péniblement, à travers des dé-
combres, jusqu'au moment où il rencon-
tra un obstacle qui lui semble devoir être
infranchissable.
Il tire de sa poche une bougie dont il
avait eu 4a précaution de se munir, l'al-
lume et regarde.
Il se trouve devant un amoncellement
de débris rocheux formant comme un
mur de pierre sèche, et s'élevant à peu
près à la hauteur dp la moitié de son
corps. Sans doute les gens de la police
avaient passé par dessus. Il en fait au-
tant et remarque que le souterrain est à
partir de ce point beaucoup plus prati-
cable les parois sont moins resserrées, la
voûte est plus haute, le sol est moins en-
combré.
Il marche alors avec une nouvelle ar-
deur, mais le trajet lui parait intermina-
nable il y a plus de trois quarts d'heure
qu'il est en route et rien ne lui indique
encore qu'il touche au but de son voyage.
Il s'en désole, car le temps est précieux;
il faut, en effet, qu'il puisse rentrer au
plus tut dans sa chambre pour reprendre
le corps, le poser comme il l'entend, le
transporter à travers ce souterrain, dans
l'ombre, ce qui ne manquera pas d'être
long et laborieux, et il ne faut pas que le
jour vienne le surprendre dans l'accom-
plissement de sa tâche.
Par malheur, il a oublié de regarder
l'heure avant de partir et de prendre sa
montre.
Le temps lui a paru démesurément
long et il lui semble qu'il y a trois heures
qu'il marche.
née s'avance, je vois les grandes rayures do
la grilles d'entrée étendues sur les massifs
de géranium, de plus en plus allongées ou
flottantes. Et vers le soir, pendant que le
jardinier arrose les parterres, qu'on sent un
parfum de fleurs fraîches, de terre mouillée,
l'ombre, des gazons où elle traîne, s'enlève
vers les cimes d'arbres, les toits, jusqu'à
l'oiseau doré du pigeonnier, qui gasde sur
ses plumes de métal la dernière lueur du
couchant.
#*# Une originale réflexion de la
Revue Britannique:
Dans les rêveries du fouriérisme on nous
promet que l'homme, sans doute pour sa plus
grande gloire et son infinie satisfaction, verra
s'adjoindre à son épine dorsale nue longue
queue terminée par un œil: dans les réalités
de la politique, les tribuns du peuple mar-
chent avec une queue qui n'est ornée de rien
de pareil (car elle est radicalement aveugle),
mais qui est pourvue de griffes irrésistibles
et de dents insatiables.
Le même recueil cite un assez joli épi-
sode de l'entrée du duc et de la duchesse
d'Edimbourg à Londres.
Un pauvre chien, égaré dans une rue et
repoussé par la foule, a eu l'heureuse idée
de se réfugier sous le carrosse de la reine et
a fait ainsi partie du cortége royal jusqu'au
palais de Buckingham, n'entendant plus au-
tour de lui que des acclamations après avoir
été insulté et frappé brutalement.
**a M. Audebrand raconte, dans YIl-
lustration, que le 2,1 février, dans le sac
du Palais-Royal, fat trouvé et assuré un
feuillet do registre qui contient un détail
intéressant sur la jeunesse d'Alexandre
Dumas.
Ce feuillet ctait un rapport de M. Oudard,
intendant du duc d'Orléans, depuis Louis-Phi-
lippe, adressé à l'Altesse même. La pièce
démontrera une fois de plus combien ont été
pénibles les commencements de l'illustre
écrivain.
M. Dumas travaille, depuis le 10 avril 1823,
comme surnuméraire dans le bureau du se-
crétariat des commandements. Je suis fort
content de son zèle, et tout fait présager qu'il
deviendra un employé distingué.
M. le directeur général lui destine l'emploi
d'expéditionnaire, actuellement vacant dans
ce bureau; mais il ne compte proposer à
Monseigneur do ne le lui accorder que dans
quelque temps, lorsqu'il aura fait une année
entière de surnumérariat. Ce temps n'est pas
éloigné, et j'ai lieu d'espérer que d'ici là ce
jeune homme .acquerra de nouveaux droits à
la bienveillance de Son Altesse.
»I1 me parait juste, en attendant, de porter
à 125 francs par mois l'indemnité qui lui est
allouée (100 fr. par mois). C'est un encoura-
gement qu'il mérite d'obtenir.
» Palais-Royal, 11 février 1824.
M. le duc d'Orléans approuva la demande
d'augmentation.
**# Voici, mesdames, la robe de ce
printemps, révélée et décrite par M. Cha-
pus, dans le Sport. Cela s'appelle la robe
cloche. ̃̃'̃ .̃<
C'est un fourreau très étroit, garni en rond
d'une façon uniforme, et dont les ornements,
sont variés.
Le corsage- corselet est très ajusté sur les
hanches, formant pointe devant et boutonné
du haut on bas, à moins qu'il ne soit garni
du col-gilet.
La cloche n'admet ni tunique, ni double
jupe, ni tablier. C'est une robe courte. Elle a
des volants au bas; et la partie supérieure de
la jupe est tantôt lisse, tantôt coulissée, ce
qui est d'un très joli effet. Son complément
est dans le vêtement, c'est-à-dire -une échar-
pe souple, soit en cachemire brodé, soit en
crêpe de Chine, soit en dentelles, qui se croi-
se sur la poitrine en couvrant les épaules et
se noue opulemment derrière; ce nœudvient
orner la jupe et l'accompagne fort gracieuse?
ment.
A défaut de l'éeharpe, qui demande, comme
on sait, une taille et des allures d'une grâce
particulière, on pourra porter sur la robo
cloche de petits mantelets en étoffe brodée.
On peut réellement dire que cette nouveauté
échappe a la description, parla raison qu'elle
sa compose de fins détails dont le charme
est surtout dans leur agencement.
La toilette dont elle fait partie, s'accompa-
gne d'un chapeau très orné de fleurs: plus
que jamais, au surplus, les fleurs sont bien
portées.
##*< Un bien joli Domino.
Un monsieur, saoul comme la bourrique à
Robespierre, est étendu tout de son long dans
le ruisseau de la rue Rochechouart.
Une dame, qui l'accompagne, l'interpelle
-Voyons, Alphonse, relève-toi donc. Tu
sais bien que je n'aime pas que tu te fasses
remarquer.- F. m.
+
Nous rappelons à nos lecteurs que le p>ix
d'abonnement au Fioaro est, pour les dé-
partements, de 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr.*pour six mois, et 66 fr. pour un an.
Enfin, un moment arrive où il sent
l'air frais caresser son visage; il touche
au but, non par le bord de la mer, ainsi
qu'il l'avait pensé, mais bien par le haut
de la falaise, et sur un point si parfaite-
ment désert, qu'il n'est pas probable que
personne puisse le déranger dans ce
qu'il se propose de faire.
Il remercie Dieu avec effusion, se re-
plonge de nouveau dans le souterrarti et
revient plus rapidement qu'il n'est venu
jusqu'à sa chambre.
Il défait son lit et retire le corps.
Il repaît pendant quelques instants sa
vue dans la contemplation des traits qui
lui sont si chers.
Il décroche ensuite son manteau, dont
il veut faire un suaire.
Il le dépose sur le pied du lit, et, avant
d'y envelopper le corps, il se penche
pour appuyer ses lèvres sur la main du
marquis il les y laisse longuement re-
poser, car cette main, c'est celle de son
ami, et cet ami, c'était sa famille, c'était,
tout ce qu'il aimait, tout ce qu'il avait
jamais aimé, tout ce qu'il aimerait dans
l'avenir
Mais cette main, sur laquelle ses lèvres
s'appuient comme si elles voulaient s'y
empreindre, cette main lui paraît un peu
moins raide, qu'elle ne l'était lorsqu'il a
transporté le marquis. Il la prend dans
les siennes, il la palpe, la consulte, la
tourne, la retourne. Décidément, non-
seulement elle est moins raide, mais elle
est aussi moins glacée.
Un moment, il croit que la folie vient
d'envahir son cerveau que ses sens le
trompent, que la main est toujours aussi
raide et aussi froide. Et cependant, il
n'est pas fou. Il le sent bien! Il se tou-
che, il se palpe lui-même. Il raisonne,
il juge, il calcule comme il le faisait au-
paravant. Non, non, sa raison ne s'est
point égarée, la main est certainement
moins raide, moins glacée. Il faut voir,
il faut s'éclairer davantage.
Il approche ses lèvres du front et des
joues du marquis.
Tout à coup il se relève, recule de quel-
ques pas, appuie ses denx mains sur son
» Oudard. »
Injustices et Abus
ÉCJLE 1)1 DROIT
Des décrets de 1852 et 1854 disposent
que les aspirants aux grades de bache-
lier et de licencié en droit sont tenus de
s'inscrire à deux cours de la Faculté des
lettres.
Les licenciés ès-lettres et les aspirants
au brevet de capacité en droit, néces-
saire pour la profession d'avoué, sont
seuls dispensés de suivre ces cours.
Donc, la plupart des étudiants en droit
sont obligés de payer des inscriptions de
cours de lettres.
C'est très bien, mais oh! un gros
mais 1- il serait nécessaire qu'on les
mit en même temps dans la possibilité
de suivre ces cours, qu'ils payent à rai-
son de quarante francs par an.
Or, cette possibilité n'existe pas, à
Paris du moins, pour les étudiants en
droit de seconde et de troisième année.
« Les heures de cours de droit et celles
des cours de lettres, m'écrit l'un d'eux,
sont absolument les mêmes pour les
étudiants de deuxième et de troisième
années. »
Ceci nous paraît tout simplement.
délirant.
On pense donc que MM. les étudiants,
une fois le premier examen passé, ont
acquis le don d'ubiquité ?
« Et, continue notre correspondant, la
Faculté sent si bien l'impossibilité où
nous sommes de suivre les cours de
| lettres, qu'il n'est jamais question de ce
qu'on y enseigne dans nos examens. »
Que pensez-vous, ô lecteurs, de ce
système d'obligation sans sanction ?
r Notre correspondant, lui, conclut avec
raison ainsi
« Si l'obligation de suivre les cours
de lettres n'est qu'un mot, que celle
de les payer n'en soit qu'un aussi. Le
| caissier de la- Faculté ne sera peut-être
pas content, mais la logique, du moins,
sera satisfaite. »
Nous voudrions bien savoir ce que
MM. les docteurs ont à répondre. à cela? a
Emile Faure.
Aujourd'hui dimanche, 4e journée des
Courses d'Auteuil.
.»
INFORMATIONS
-La Journée
Encore une réputation usurpée. celle
du marronnier du 20 mars..
Nous voici au 22, et il ne bourgeonne
seulement pas.
Au feu, le marronnier!
Les anciens soldats du premier Em-
pire ont eu leur banquet annuel avant-
hier, chez Catelain, au Palais-Royal,
sous la présidence de M\Belmoiitet.
Le pain de munition traditionnel Ilgu-
rait sur la table, orné d'une branche sans
bourgeons du célèbre marronnier dont il
est question ci-dessus.
L'assemblée éïait peu nombreuse. Le
rappel bat tous les jours plus fort pour
les vieux de la vieille. De trois mille
qu'ils étaient en 1852, il en reste à peine
une centaine.
On a porté des toasts à la mémoire du
grand empereur, à l'armée. d'Austerlitz,
au maréchal de Mac-Mahon et à la « ré-
surrection des gloires de la patrie ».
Puis l'on s'est séparé en se disant au
revoir. Combien, l'année prochaine, se-
ront-ils pour cela? 1
Il y'a eu trois ans hier, 22 mars,
des citoyens sans armes furent assaillis
à coups de feu, rue de la Paix et place
Vendôme.
Un service religieux a été célébré hler
à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois pour
les victimes de cette journée. C'est M.
l'abbé Billart qui a officié.
Disons-le à regret, il y avait peu de
monde. On oublie si vite eh France 1 Nous
avons remarqué cependant un certain
nombre de femmes en grand deuil qui,
groupées devant la chapelle de la Vierge,
où a été dite la messe, donnaient à cette
cérémonie un caractère tout particulier.
M. Léveillé, membre du conseil muni-
cipal, vient d'avoir la douleur de perdre
sa femme, à peine âgée de vingt et un
ans.
cœur comme pour l'empêcher d'éclater,
et sur le pointde crier, d'appeler à l'aide,
de se répandre en un accès de joie
bruyante, il s'arrête, se retient tout un
monde de réflexions horribles et mena-
çantes vient de traverser son esprit.
Depuis qu'on est venu tuer son,colonel
presque à ses côtés, il voit des assassins
partout; il se demande si dans l'état où
se trouve son maître, sans force, sans
raison, sans volonté, il péut môme encore
dire sans vie, car il n'est pas bien sûr
qu'il existe, il se demande comment il
pourrait se garder et se défendre, alors
qu'il n'a pu le faire étant plein de santé,
en possession de toute son intelligence et
de toute sa vigueur? 1
Et il se dit
-Non, je ne parlerai pas! Ceux qui
ont intérêt àfaire disparaître mon maître
seraient capables de venir l'achever ici.
S'il ne s'agissait pour le sauver que
de l'emporter au travers des balles et de
la mitraille; s'il ne fallait que le défendre
dans une lutte corps à corps, au grand
jour, je m'en sentirais capable, et Dieu
sait de quel cœur je le ferais! Mais que
j'aille, moi, soldat ignorant, étranger aux
ruses du monde, ne sachant que mon
droit chemin, jouer au plus fin et au plus
traître, avec des assassins qui se dissi-
niulent dans l'ombre, je ne serai pas si
bête; je perdrais trop aisément la par-
tie. Ce que Dieu fait est toujours
bien fait, et s'il m'a rendu mon maître
à moi tout seul, c'est qu'il veut que ce
soit moi, moi seul, qui le garde, à ma
guise, et sans en rien dire à personne.
Ainsi ferai-je.
Alors, Michel souleva légèrement la
1 tête du marquis. Le cou était souple et se
i prêtait à tous les mouvements qu'on lui
imprimait.
Le soldat courut à l'office, en rapporta
de l'eau-de-vie et du sucre il remonta
chez lui, s'enferma à doubletour, étendit
son manteau devant la fenêtre, suspendit
le tapis devant la porte, pour que de
nulle part on ne pût apercevoir la lu-
mière qui lui était nécessaire, et intro-
duisit dans la bouche du marquis, à l'aide
Les obsèques de la pauvre jeune femme
ont eu lieu hier; presque tout le conseil
municipal y assistait.
L'affaire Melyil Bloncourt viendra dans
quelques jours devant le 39 conseil de
guerre.
C'est M. le capitaine Guichard,le même
qui a instruit l'affaire Rahc.qui est chargé
du rapport.
Aujourd'hui, à deux heures, au Vande-
ville, grande séance littéraire et musi-
cale, organisée par la société Franklin,
au profit des bibliothèques militaires. M.
Laboulaye parlera 'de Y éducation du pays
par l armée. Musique de lagarde'républi-
caine et quête au bénéfice de l'œuvre. Il
y aura grande affluence, cela va sans
dire, car le but de la réunion est des
plus intéressants.
Le hasard m'a conduit hier au Palais
de Justice, où j'ai assisté à un spectacle
navrant.
M. Gabriel Ilugelmann, enchainé au
poignet d'.un municipal, passait pour al-
ler chez le juge d'instruction.
Je vous assure qu'il n'était pas fier".
~j,yn.
Jusqu'aux collégiens qui s'en mêlent
Une révolution a failli éclater avant-
hier à l'école Monge, 82, rue Chaptal.
A la suite de la suppression d'un jour
de congé auquel ils croyaient avoir droit,
les élèves se sont réunis dans la cour, et
tous ensemble, sur l'air des lampions, ont
réclamé la vacance supprimée. On crut
d'abord à une révolte.
Après avoir vainement essayé de parle-?
menter, le directeur a fini par profiter
d'un moment de repos pour les avertir
qu'au lieu de leur donner un jour de
congé, il supprimait celui du dimanche;
et les mettait pour ce jour-là tous aux
arrêts.
Devant une concession de ce genre, les
élèves n'ont pas insisté, et tout est ren-
tré dans l'ordre..
Et voilà comment on réprimo les révo-
lutions. -̃ -̃-̃
L'iXCEXOlE DU LYCÉE LOUIS-LE- ÇRAKD
Nous avons raconté, il y a deux jours,
qu'un commencement d'incendie s'était
déclaré dans les bureaux de l'économat
du lycée Louis-le-Grand. Cet incendie
du reste, ajoutions-nous, a été prompte-
ment éteint par les maîtres et les élèves
de la première cour.
La chose paraissait' fort peu grave, et
on croyait à un simple accident lorsque
M. Leclerc, commissaire de police de la
Sorbonne, allant faire le lendemain ma-
tin sa constatation légale, trouva dans
cet incendie quelque chose de suspect;
En poursuivant ses investigations, il re-
connut, à n'en pas douter, que l'incendie
était l'œuvre d'une main criminelle et
avait dû être commis pour faciliter et
dissimuler un vol.
La caisse, en effet, contenait, la veille
au soir, d'après les écritures, soixante!
mille francs de billets en banque et qua-
tre mille francs en or. Cette somme â
disparu.
Or, la caisse n'a pas été brûlée, ce
qu'elle contenait non plus. Des paquets
de jetons de présence ont été retrouvés
intacts, et malgré les recherches tés plus
minutieux, on n'a pu découvrir ni les
cendres qu'aurait dû produire l'incinéra-
tion des billets do banque, ni le métal
fondu provenant de l'or monnayé.
Des déclarations de l'économe, il ré-
sulte qu'il avait l'habitude de fermer
simplement la caisse à clef, sans se ser-
vir des combinaisons à lettres. Il plaçait
chaque soir la clef dans l'un des tiroirs
de son-bureau. Cette circonstance était
évidemment connue du voleur, quel qu'il
soit et lui a permis de commettre son vol
sans laisser aucune trace d'effraction.,
De tout cela, il ressort clairement que
le vol a été commis par quelqu'un do la
maison, ou du moins en connaissantpar-
faitement les habitudes. Il ne reste plus
qu'à voir parmi les personnes qui sont
dans ce cas, -celle sur qui peuvent le
mieux tomber les soupçons.
Nous tiendrons demain nos lecteurs au
courant de cette affaire. t~
Une scène qu'on croirait extraite de
l'un des romans les plus noirs de Ducray-
Duminil et qui pourtant ne daie que de i$
nuit dernière.
Cl était une heure du matin, un mon-
sieur Robin, sortantdu théâtre, passait sur
le pont de la Tôurnelle, lorsqu'il aperçut
à dix pas de lui une femme qui vehàit'dé
d'une cuiller, quelques gouttes d'eau de-
vie il lui frictionna ensuite le front, les
tempes, le creux des mains et les poignets
avec le même liquide.
Bientôt, il n'eut plus de doutes son
maître n'était pas mort! Un souffle fai-
ble, très faible, mais qu'il avait parfaite-
ment saisi, venait de glisser entre ses
lèvres. Il tâta le pouls. le pouls bat-
tait d'une façon, presque imperceptible
il est vrai, mais néanmoins saisissable
comme le souffle qu'il avait constaté.
Pour s'assurer encore davantage du
miracle, il déboutouna la tunique, passa
sa main sous la chemise, et, à travers
l'appareil qui recouvrait la plaie, il in-
terrogea le cœur. Le cœur battait aussi,
et d'une façon bien plus sensible que le
pouls
Michel défit l'appareil pour examiner
l'état de la plaie. La plaie était fermée v
et'ne laissait plus échapper une goutte
de sang!
Il-la banda de nouveau avec le plus
grand soin.
L'émotion l'accablait; il tremblait sur
ses jambes et se sentait sur le point de
défaillir.
Il fut obligé de s'asseoir sur la chaise
qui était à la tête du lit
Là, il prit dans ses mains une de celles
du marquis et suivit les progrès de cette
résurrection.
La main déjàmoite,mais encore froide,
se réchauffa doucement au contact des
siennes.
Il passa alors à l'autre extrémité du
lit, découvrit les pieds et se mit à les ré-
chauffer de ses mains et de son haleine.
Cependant, et ce qui épouvantait Mi-
chel, les yeux ne s'ouvraient pas.
Il se décida à soulever une des pau-
pières supérieures là aussi la vie exis-
tait, car l'éclat de la lumière fit mouvoir
la prunelle en même temps que la pau- -°
pière faisait effort pour se refermer.
Certes, la joie du soldat était grande,
mais pas plus grande que son embarras.
MIE D'AGHONNE.
fia suite à demain.)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 66.12%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 66.12%.
- Collections numériques similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
- Auteurs similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k275183n/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k275183n/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k275183n/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k275183n/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k275183n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k275183n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k275183n/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest