Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-22
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 22 mars 1874 22 mars 1874
Description : 1874/03/22 (Numéro 81). 1874/03/22 (Numéro 81).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2751828
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
"LE FIGARO DIMANCHE 22 MARS 1874
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
Versailles, 20 mars, 7 heures soir.
Le préfet de Seine-et-Oise,
Considérant que M. le duc de Padoue, maire
de Courson-l'Aulnay, a assisté à la manifesta-
tion qui s'est produite en Angleterre, le 16 j
mars courant, après avoir pris une part active
à son organisation. nifestation avait
Considérant que cette manifestation avait
évidemment un caractère politique qui ne
permettait pas à un maire d'y assister; et
qu'en ne s'abstenant pas d'y paraître, M. le
maire de Coursonl'Aulnay a manque au de-
voir que lui imposaient ses fonctions
Vu la circulaire de M. le ministre de 1 inté-
rieur, en date du 19 février 1874;
Vu également l'article I de la loi du 5 mai
1855, Arrête:
Article 1er. M. le .duc de Padoue, maire
de Courson-l'Aulnay, est suspendu de ses
fonctions.
Art. 2. M. le sous-préfet de Rambouillet
est chargé de l'exécution du présent arrêté.
le préfet de Seine-et-Oise,
~~» Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 3 jan-
vier 1874. (Extrait d'une correspondance par-
ticulière.) Deux bâtiments sont arrivés
dans le courant de décembre, avec des con-
vois de déportés et de forçats, en compagnie
de troupes d'artillerie et d'infanterie de ma-
rine, qui ont mis la garnison do la colonie
sur un pied militaire très respectable. Les
déportés ont été immédiatement répartis, sui-
vant les catégories, entre la presqu'île Ducos
et l'île des Pins; les forcats ont été dirigés
sur les pénitenciers de Bouraie et de l'île
No.u.
La frégate à voiles la Virginie, l'un des deux
bâtiments, est arrivée en rade de Nouméa le
8 décembre, à une' heure do l'après-midi,
après une -heureuse traversée de 120 jours, y
compris les relâches. Il y avait à bord 169 dé-
portés, dont 29 hommes et 8 femmes,- destinés
à ta presqu'île Ducos (enceinte fortifiée).
Henri Rochefort était du nombre. Je l'ai vu
débarquer, vers cinq heures, pour passer à
̃bord du Cher., affecté aux transports de la
presqu'île Ducos et de Hle des Pins. Sa fi-
gure est un peu amaigrie, mais énergique
sa barbe et ses cheveux sont presque entiè-
rement blancs. Il s'appuyait sur le bras do
Passedouet, qui a servi dans le temps dans l'in-
,,jfanterie de marine, ce qui n'est pas un hon-
neur pour nous. Jl y était arrivé au grade de
sergent. Il y avait en outre, à bord de la Vir-
ginie, 120 hommes et 12 femmes, condamnés
à la; déportation simple, et destinés par consé-
quent à l'île des Pins.
En tenant compte du convoi de la Virginie,
le chiffre des déportés, actuellement rendus
dans la colonie, s'élève à 766 individus con-
damnés à l'enceinte fortifiée et à 2,577 con-
damnés à la déportation simple.
Enfla, le 18 décembre, est entré en rade le
transport à hélice lu Garonne, avec un convoi
de 523 forcats, dont 28 femmes. La traversée
de ce bâtiment a été de 137 jours, y compris
les relâches ordinaires.
Nîmes, 19 mars. Le sacre de Mgr
de Cabrièrés, nouvel évêque de Montpellier,
a eu lieu aujoùrd'hui à la cathédrale.
Le prélat consécratèur était Mgr Plantier,
évoque de Nîmes, assisté de Mgr Meiriou,
évéque de Digne, et de Mgr Mermillod, évê-
que d'Hébron. Quatre autres prélats les
hauts fonctionnaires de l'Hérault et du Gard,
une délégation du chapitre de Montpellier et
un grand nombre d'ecclésiastiques assistaient
à cette imposante solennité.
» Roubaix, 20 mars. M. Galloni-d'Is-
tria, député de la Corse, retour de Chislehurst,
est arrivé ici, hier soir, et est descendu chez
son frère qui, depuis de longues années, est
percepteur à Roubaix.
~x~, Pajo, 19 mars. Les neiges amonce-
lées autour de Bilbao interrompent les hos-
tilités. On parle bien de quelques escarmou-
ches intermittentes; mais il n'y a aucun
engagement sérieux.
Berlin, 18 mars. Les démocrates-
socialistes ont célébré aujourd'hui l'anniver-
saire de la Commune de Paris et se sont réu-
nis auprès des tombeaux des victimes de Ja
révolution du 18 mars 1848. Le temps a con-
trarié les manifestations. Il a plu à torrents
pendant toute la journée.
.̃̃ Auguste Mai'csde.
BOITE AUX LETTRES
Monsieur le directeur,
J'ai l'honneur de vous- prier d'être assez
bon pour reproduire le démenti que je me
suis empressé ̃spontanément d'adresser au
Journal des Débats, qui, à mon grand regret et
•à mon -vif étonnement, me faisait dire à M.
Ghallemel-Lacour Vous avez assassiné! Le
Journal officiel contient mes seules et vraies
paroles « Vous parlez, de gouvernement faible
feailleton du .FIGARO da 11 Mars
-44""
M TOITS SAI&LAITES
Juliette était donc entièrement décidée
à aller demander à sa famille, quand le
moment lui paraîtrait opportun, ce mor-
ceau de pain dont elle fixait modeste-
ment la valeur à un demi-million.
A cette même.époque, et dans sa fureur
d'acquérir de l'argent par tous les moyens
possibles, elle avait trouvé bon de met-
tre son hôtel en vente pour payer avec
le prix qu'elle en pourrait retirer une
armée de créanciers imaginaire il s'a-
gissait d'apitoyer sur son compte ceux
de son entourage qui. étaient assez riches
pour lui venir en aide, et elle retira en-
core de ce chef des sommes considé-
rables.
Lôchanoiset, à qui elle fit part du pro-
jet qu'elle nourrissait vis à vis de sa pré-
tendue famille, la trouva très forte, et se
ditJiue c'était un véritable plaisir d'en-
seigner le maniement des affaires et la
valeur de l'argent à une femme aussi in-
telligente que Juliette. Maintenant, elle'
lui en remontrait vraiment 1 L'idée de
faire le sacrifice de son hôtel à l'édifica-
tion de sa fortune clandestine ne lui
avait point paru moins ingénieuse.
Hous disons clandestine, parce qu'elle
convertissait tout ce qu'elle possédait en
ions au porteur, ayant adopté ce prin-
cipe qu'une fille comme elle ne doit pas
avoir de fortune apparente, afin que cha-
cun se croie mieux obligé de lui en faire
une.
£ voir le soin qu'elle mettait à réunir
son large million dans le creux de sa
main, on aurait pu croire qu'elle médi-
tait quelque fuite, et qu'elle tenait, en
partant, à ne rien laisser derrière elle.
Ce besoin de s'enrichir à tout prix,
Vous iïocz laissé assassiner le commandant Ar-
naud à Lyon. »
C'est bien suffisant. Il y a là une nuance,
plus qu'une nuance qui n'échappera à per-
sonne. C'est de l'histoire pure et simple, ce
n'est pas de la calomnie; en usurpant un
pouvoir trop lourd pour ses faibles épaules,
M. Challemel-Lacour a eu le tort grave de
croire que les rhéteurs suffisent à dépareilles
tâches. Débordé par les passions radicales,
M. Challemel n'a pu qu'assister impuissant à
l'assassinat du malheureux commandant,
dont l'ombre sanglante aurait dû se dresser
devant lui à la tribune et gêner la liberté de
ses périodes cadencées.
Ne trouvant pas ce matin ma lettre dans le
Journal des Débats, j'ai recours à votre- grande
et impartiale publicité.
Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de mes sentiments les plus distingues.
B. DE GAVAttDIE,
ii. tiMBOuno.
M. Tailhand, député de l'Ardèche, porte
par le Journal officiel comme s'étant abstenu
dans le scrutin de mercredi, nous prie d'an-
noncer qu'il a fait rectifier cette erreur an
début de la séance du lendemain, et qu'il
a par conséquent voté pour l'ordre du jour
pur et simple.
–i0-
SOUVENIRS D'OM ROYALISTE
Un vieux- journaliste, très curieux de sa
nature, et qui nous a déjà fourni il y a quel-
ques mois des notes rétrospectives d'un grand
intérêt sur l'attitude des journaux du temps
de Louis-Philippe à l'égard de M. Thiers,
tire encore de ses cartons à notre intention
une facétie publiée par la Mode, le \Q. mars
1840. On remarquera la coïncidence entre la
fantaisie du journal légitimiste et la mani-
festation réelle qui-a eu lieu le 16 mars 1874.
AVÈNEMENT DE LA DYNASTIE THIERS, `
DOSNE ET C°.
A l'heure où nous écrivons, toute la-
France applaudit au croc enjambe défi-
nitif qui vient d'être donné au pouvoir.
Depuis longtemps, en effet, le besoin d'un
Foutriquet qui s'emparât du pouvoir su-
prême se faisait généralement sentir;
aussi l'avénement de Sa Majesté l'empe-
reur Thiers Ier et de son auguste famille
ne, pouvait manquer d'être accueilli par,
l'opinion publique avec des transports de
joie difficiles à décrire. Ledit avènement,
du reste, a été d'autant plus joyeux qu'il
s'est opéré justement le dimanche gras,
au milieu de nombreuses libations de vin
de Champagne et sans aucune effusion
de sang.
La France gardera donc précieuse-
ment la mémoire de cette heureuse révo-
lution qui lui a donné l'empereur Thiers
pour souverain et qui n'a couté la vie
qu'au bœuf gras.
Voici au surplus quelques détails qui
nous parviennent sur ce grand événe-
ment.
Le dimanche 16 mars, à la pointe du
jour, sa majesté l'empereur, entouré d'un
nombreux et brillant état-major, où l'on
distinguait les Cousin, les Gouin, les Pe-
let, les Jaubert, les Galmon, les Rému-
.sat, lesAndrieux, etc., etc., monta en
omnibus, place Sainte-Georges, et se
rendit tout droit aux Tuileries.
̃ Arrivé aux portes du château en même
temps que le bœuf gras, Sa Majesté prit
hardiment-le pas sur ce puissant animal
et se mit en devoir de franchir avant lui
le seuil de la résidence royale.
Cependant, le portier qui veille à la
garde du roi, voulut fermer la porte au
nez de l'Empereur; mais Sa Majesté
ayant crié d'une voix forte Ouvrez, c'est
la fortune de la France! l'honnête portier
n'hésita plus à tirer le cordon.
Maître de la place, Sa Majesté, suivie
de son cortège, se dirigea vers les appar-
tements occupés par le roi, bien résolu
d'en finir avec lui d'une manière ou de
l'autre, Celui-ci surpris autant qu'effrayé
d'une irruption pareille s'efforça d'abord
d'opposer quelque résistance," mais ce
fut en vain S. M. l'empereur Thiers lui
signifia catégoriquement, que son règne
était fini et qu'il devait se rendre à dis-
crétion. Toutefois, avec cette générosité
qui la distingue, Sa Majesté voulut bien
promettre au roi de lui continuer son lo
gement aux Tuileries, et de le laisser
jouir sa vie durantdetous lespetitsavan-
tages dont il était en possession.
La délicatesse de ce procédé toucha le
roi jusqu'au fond du cœur; il reconnut
tout aussitôt l'impossibilité de lutter con-
tre une puissance aussi formidable, et
sans se faire tirer l'oreille plus long-
temps, il remit son épée à l'empereur
Thiers.
«**
Le même jour, à midi, S. M. l'impéra-
même par le crime, l'avait rattachée da-
vantage à Beaucousin, non qu'il lui parût
plus agréable qu'auparavant, mais parce
qu'elle sentait qu'il pouvait lui être plus
utile.
Elle pouvait faire de ce misérable tout
ce que bon lui semblait, pourvu qu'il y
eût de l'argent au bout de ses doigts.
Par lui, elle était assurée d'avoir à ses
ordres les plus habiles coupe-bourses,
les plus décidés coupe-j arrêts du monde,
et pour faire mouvoir, ce ramassis de
coquins au gré de ses désirs, elle n'avait
qu'à en causer une belle nuit avec lui en
lui disant Je te donne tant tout de suite,
tant quand la besogne sera faite, et,
quelle que fûx.la besogne, elle était sûre
de la voir faite au jour d,it et suivant les
conditions qu'elle avait dictées.
D'ailleurs, Beaucousin et la Verdu-
ret n'étaient entre ses mains que des
instruments inconscients, exécutant ses
ordres sans savoir le moins du monde
quel sentiment les lui avait inspirés,
sauf dans les cas très rares où il lui était
absolument impossible de'le leur dissi-
muler.
De la haine qu'elle portait aux per-
sonnes de la noblesse, à cette famille qui
lui avait fait une place si infime, à cet
enfant surtout dont la naissance l'avait
plongée dans l'abandon; ,de cette haine,
ni Beaucousin, ni la Verdufet n'avaient
tant seulement le soupçon.
C'était, il faut bien l'avouer, encore le
meilleur moyen de conduire à bonne fin
ses entreprises. 'elle avait à
Les nouveaux services qu avait à
demander à Beaucousin l'avaient mise
dans la nécessité de le voir fréquemment,
aussi bien de nuit que-de jour, sans que
le « ménage » du drôle parût le moin,s du
monde en souffrir.
Car Beaucousin avait un ménage,
ménage, il est vrai, qui ne consistait
qu'en un seul membre, une fille de mau-
vaise vie avec laquelle il vivait dans une
chambre garnie du boulevard Roche,
chouart.
'Cette fille était- connue dans tout le
quartier sous la mythologique dénomina-
Député des Landes.
trice-mère, madame Dosne, daigna ren-
dre visite à Marie-Amélie et à madenioi- -̃"
selle Adélaïde; elle eut la bonté de con-
firmer à ces princesses tout ce que l'em-
pereur avait promis.
Sur ces entrefaites, l'empereur, accom-
pagné d'un nombreux cortège qui se gros- f
sissait d'une foule de masques et de ga- ) i
mins, parcourait les -différents quartiers'
de la capitale et partageait avec le bœuf
gras les honneurs de la journée. Jamais,
il faut le dire, on ne vit un pareil en-
thousiasme. L'empereur en était touché
jusqu'aux larmes, et ce ne fut qu'après
avoir écrasé une foule de vieillards, de
femmes et d'enfants qu'il put regagner
son palais de la place Saint-Georges.
A minuit, toute la famille impériale se
rendit au bal de la Renaissance; l'empe-
reur était déguise en paillasse et son au-
guste épouse en débardeur.
Malgré toutes les précautions qu'elle
avait prises pour garder l'incognito, l'au-
guste famille ne tarda pas à être recon-
nue, et aussitôt les cris mille et mille fois
répétés de Vive l'Empereur! éclatèrent de
toutes parts.
Après avoir danse une demi-dpuzaine de
contredanses, Leurs Majestés se retirè-
rent en emportant les vœux et les béné-
dictions de tout un peuple de masques
affamé de voir son empereur du diman-
che gras.
5'1*
Nouvelles de la Cour. 1
Aujourd'hui, à onze heures, S. M. l'em-
pereur Thiers Pr, étant sur son frêne, a
reçu les félicitations du corps diploma-
tique, à l'occasion de son glorieux avé-
nement. MM. les ambassadeurs ont été
admis ensuite à l'honneur de présenter
leurs hommages à 'S. M. l'impératrice,
née Dosne.
A deux heures, le conseil des ministres
s'est réuni, sous la présidence de Sa Ma-
jesté.
Après le conseil, l'empereur a travaillé
avec l'arehichàncelier de l'empire, leduc
de Vivien.
Le grand maréchal du palais a été en-
suite reçu par Sa Majesté.
A quatre heures et demie, l'empereur
a visité le télégraphe. Après l'avoir fait
manœuvrer elle-même, Sa Majesté a dai-
gné témoigner toute sa satisfaction à
^administrateur de cette intéressante
mécanique.
L'empereur était de retour au palais de
la place Saint-Georges à cinq heures cin-
quante-cinq minutes du soir.
(La Mode, 16 mars 18 10.)
3 AU JOUR lit,
Quand on est forcé de lire tous les
journaux, comme nous là faisons, on
éprouve une véritable fatigue à les voir,
comme les partis dont ils sont les orga-
nes, piétiner sur place et tourner à per-
pétuité dans le même cercle..
Ainsi l'on continue à disserter, plus ou
moins savamment, sur le sens et la va-
leur du septennat. L'Union persiste à y
voir non point un pouvoir défini, exis-
tant pour sept ans, mais un intéiïmat des-
tiné à disparaître si, de son côté, la mo-
narchie reparaissait.
On pourrait s'entendre sur ce point
s'il était prouvé que la monarchie doive
reparaître. Mais quand, comment cela
se fera-t-il? On peut hélas craindre que
les légitimistes qui font partie de l'As-
semblée ne le sachent pas plus que nous.
L'approbation donnée au discours de M. le
duc de Broglie ne nous cause aucune sur-
prise, elle établit que le ministre a bien
compris I03 droits et les devoirs que, pendant
sept années, la confiance de l'Assemblée im-
pose au président.
Or, M. de Cazenove de Pradine n'a con-
testé ni ces droits ni ces devoirs, il les a sim-
plement définis. Le droit et le devoir du ma-
réchal, a dit M. de Broglie, c'est de défendre
le poste qui' lui a été coutié contre « certains
dictateurs. Et M. de Gazenove, exprimant
la même pensée, a «jouté Le Roi de France
n'est pas un de ces dictateurs, et il n'est pas
de ceux que vous voulez, avec raison, faire
attendre aux portes du septennat.
L' Univers voit les choses autrement et
son impression nous fait l'effet d'être la
bonne.
La petite lettre de M. le maréchal de Mac-
Mahon et l'annexe dont M. le duc de Broglie
a pris soin de l'enrichir déterminent très
.bien la situation. C'est la condamnation in-
directe et courtoise, mais très nette, des es-
pérances exprimées par M. de Cazenove da
,Pradine. Le président de la République en-
tion de Cérès, nom que lui avait donné
un jour quelque rapin en goguette, sans
doute parce qu'allé était blonde, assez
grande et plantureuse pour pouvoir repré-
senter avantageusement la déesse de l'a-
bondance et des moissons.
C'était, au demeurant, une fort belle
fille, ne sachant ni lire ni écrire, d'un
esprit très borné et sans la moindre ma-
lice, venant on ne sait d'où et allant, à
coup sûr, au diable, en compagnie. du
premier venu, entre des verres- d'absin-
the et des soupers de hasard.
Beaucousin s'était installé chez elle,
comme chez lui, y mangeant quand ça
lui faisait plaisir, y gîtant quand il ne lui
prenait pas la-fantaisie d'aller passer la
nuit ailleurs, ne lui rendant jamais,
compte de sa conduite, et ne la battant
que lorsqu'il ne trouvait pas son linge
assez blanc, ses habits parfaitement
brossés et ses bottines cirées.
Après l'assassinat de M. de Villehaut-
d'Avron, Juliette et Beaucousin ne se
quittèrent presque plus.
Juliette, depuis qu'elle « avait,perdu le
duc de Montravert, ainsi qu'elle avait
habitude de dire avec des larmes dans la
voix chaque fois qu'elle était appelée par
le hasard des circonstances à parler du
duc, depuis, disons-nous, qu'elle avait
perdu ce protecteur incomparable, elle
ne s'était plus liée sérieusement avec per-
sonne.
Elle prenait le plaisir, l'argent, les
hommes pour ainsi dire à la fortune du
pot de la vie galante, n'y songeant pas
avant et y pensant encore bien moins
après.
Pour elle, l'homme qui, aurait voulu
remplacer le duc de Montravert lui au-
rait paru gênant, à raison des préoccu-
pations nouvelles dont elle était possé-
dée elle ne se sentait plus, dans ces con-
ditions, la liberté d'esprit nécessaire pour
se montrer aimable et gaie suivant les
caprices d'un maître il lui faliait tuuto
son indépendance, cl, puisque ia mort
du duc la lui avait rendue, elle était bien
décidée à ne pas l'enchaîner de nouveau,
du moins pour un certain temps.
tend que le septennat soit tenu pour un gou-
vernement dont on n'a pas le droit de dimi-
nuer la durée et auquel on ne peut raison-
noblement demander d'abdiquer. D'où il suit
que l'Assemblée nationale, qui doit organiser
le régime actuel par les lois constitutionnel-
le, n'est plus libre de lui substituer autre'
chose.
Bref, M. le maréchal de Mac, Manon repete
son mot-do Malakoff « J'y suis, j'y reste! »
Et les loyalistes qui ont voté le septennat!
peuvent voir maintenant qu'ils ont légale- j
ment écarté le roi pour sept ans, tout au
moins.
S'ils sont surpris de ce résultat, ils sont
bien naïfs.
Dans tous les cas, il nous sera permis de
leur dire ? Nous vous l'avions bien dit!
Cette appréciation parait d'autant plus
exacte qu'elle est corroborée par les
commentaires de la Presse, où M. Topin
établit que l'Assemblée a fait, le 10 no-
vembre, acte de souveraineté au profit
du maréchal et l'a créé chef irrévocable
du pouvoir exécutif pendant sept ans.
Avant le 19 novembre, le maréchal de Mao-
Mahon était maudatairo révocable. Le 19 no-
vembre il a été investi d'un pouvoir inconi-
mutable, et que nulle autorité, même colle
qui l'a créé, ne saurait détruire. 11 en est de
l'Assemblée comme de la divinité créant les
lois qui régissent le monde. Scmel jussit, sem-
per paret.
Tel est le sens, telle est la signification du
septennat. Compris autrement, le maréchal
jouerait un rôle indigne de son passé, indi-
gne de son caractère. et de sa loyauté. Assu-
rément un régime définitif eût mieux valu
que le septennat. Mais, de ce que, dans l'im-
possibilité où l'on s'est trouvé d'établir un
régime définitif, on a créé le septennat, il ne
s'en suit pas que le septennat doive être sa-
criîlé à un régime dédiiitif. Il ne convient pas
au maréchal de jouer un d'en cas, d'uti-
lité, d'homme de paille, élevé au pouvoir en
un jour d'embarras et précipité du premier
rang dès que l'on entrevoit la possibilité de
pouvoir se passer de lui.
Les républicains, de leur côté, trouvent
que le maréchal n'est pas assez explicite, j
tandis qu'à droite on insinue qu'il l'est
peut-être trop. Prenons le Mien public
pour type de cet ordre de réflexions
Il faut, pour compléter un jugement sur la
situation, se rappeler les paroles prononcées
le 16 mars par le prétendant du parti bo-
napartiste et celles que, le 18 mars, a pro-
noncées l'ami autorisé du chef de la maison
royale.
Le septennat apparaît alors sous sa forme
vague et indéterminée, entre ces deux affir-
mations, entre ces deux espérances, comme
une période de transition dont quelque cir-
constance fortuite peut abréger la durée.
Le pays, voyant les partis monarchiques
aussi résolu* et aussi confiants dans l'avenir,
ne pourrait être rassuré que par une affirma-
tion contraire aux leurs. On n'y répond mê-
me pas par une négation formelle.
Le JSational conclut autrement et nous
estimons qu'il a raison.
Le maréchal montre qu'il est toujours ré-
solu faire respecter l'ordre do choses léga-
lement établi. Or, cet ordre-là n'étant ni la
monarchie, ni la régence, -ni la lieutenance
générale du royaume, est nécessairement la
République, sous la forme du septennat. Tél
nous parait être, en dernière analyse, ce qu'a a
prouvé la séance du 18 mars.
Ne proclamons pas la République, cela
est bien inutile, mais ne cherchons pas
à démontrer aux républicains qu'elle!
n'existe pas.
Nous bornons ici nos citations, ayant
déjà eu nous ne savons combien de fois à
ressasser les mêmes arguments et les
mêmes réponses.
**# Le Gaulois ayant fait figurer parmi
les journalistes parisiens présentés a l'im-
pératrice notre collaborateur M. Alfred j
d'Aunay, celui-ci, qui n'était point sort
de la lettre de ses instructions, a écrit à
notre confrère la lettre que voici
Monsieur le directeur,
Votre correspondant de Londres, M. Emile
Blavet, me fait figurer dans la liste des per-
sonnes reçues par la famille impériale. C'est
Jà une erreur, à la rectification de laquelle e
je tiens. J'ai en effet décliné l'honneur de
cette réception, et me suis contenté de de-
mander au nom du Figaro, à M. Filon, précep-
teur du Prince Impérial, un laisser passer
qu'il m'a très gracieusement accordé, pour
assister à la cérémonie et recevoir communi-
cation du texte du discours.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma considération la plus dis-
tinguée. AI.nÙïD D'AUNAY.
D'AUNAY.
Ne quittons pas le Gaulois .sans le pré-
venir qu'il est fort plaisant de le voir, au
lendemain de la manifestation de Chisle-
hurst, intituler un article YAijitation
royaliste..
**#Le Rappel publie une fort curieuse
correspondance de la Nouvelle-Calédo-
Disons aussi un mot, puisque nous y
sommes, de la situation morale de Ma-
rianne, après l'assassinat de M. de Ville-
haut-d'Avron et depuis son retour à
Paris.
Quand madame de Charvallon l'eut ra-
menée de Biarritz, l'hôtel de la rue de
Seine, qu'elles avaient résolu d'habiter.
leur parut comme le tombeau dans lequel
il ne leur restait plus qu'à ensevelir leur
deuil au sein de la solitude, de la douleur
et de la prière.
Bientôt Marianne dit à sa tante que sa
vie était désormais vouée au Seigneur.
Elle porterait pendant un an et un jour
le deuil de M. de Villehaut-d'Avron, mais
elle entrerait aussitôt après en religion.
Lorsqu'elle était devenue veuve de M. de
Montravert, un homme qu'elle avait à
peine connu, qu'elle n'avait pas eu le
temps d'aimer, et qui n'avait traversé son
existence que comme une horrible catas-
trophe, elle avait bien pu accepter de se
remarier; mais, aujourd'hui, la situation
était loin d'être la même, et elle ne pou-
vait plus agir de la même façon.
M. de Villehaut-d'Avron avait été, en
effet, pour elle, l'époux désiré, l'homme
choisi entre tous, le bien-aimé rêvé de-
puis le moment où elle était devenue
femme, ^et elle ne saurait jamais se con-
soler de l'avoir perdu. Le marquis avait
emporté avec lui, dans une tombe sur la-
quelle il ne lui était pas même permis
d'aller pleurer,toute sa jeunesse et toutes
ses espérances. Ce n'était plus vingt ans
qu'elle avait, c'était des siècles Le cœur
à jamais brisé, l'existence sans but, n'é-
tait-elle pas cent fois plus vieille que ne
le marquait son acte de naissance? Dès
lors, pourquoi chercher à se rattacher
aux choses de la jeunesse ?"
La chanoinesse ne trouva pas un mot
pour la relever de son affliction et de sa
désespérance; elle s'inclina devant la
résolution de la femme veuve, trouvant,
elle aussi, qu'elle n'avait pas d'autre
parti à prendre que de se retirer dans un
couvent.
Une femme veuve, dans le monde,n'est
jamais entièrement cloîtrée, quels que
soient ses efforts et sa volonté pour cela;
Marianne ayant à pleurer le reste de ses
nie, qui signale l'arrivée de M. Roche-
fort au lieu de déportation et les inci-
dents quil'ont suivie. On verra que sur la
terre d'exil il s'est réconcilié avec M.
Paschal Grousset qui, si nous ne trom-
pons, l'avait violemment attaqué en fé-
vrier et en mars 187î, dans un petit pam-
phlet, genre Lanterne, intitulé la Bouclie
de fer.
En débarquant, raconte le Rappel, parmi j
les cent amis qui se pressaient autour de lui
p6ur lui serrer la main, Rochefort avait re-
trouvé M. Paschal Grousset, son ancien col-
laborateur à la Marseillaise et son compagnon
de casemate au fort Bayard. M. Grousset mit
immédiatement à sa disposition la moitié de
la maison de terre et de paille, il n'y en a
pas d'autres à la presqu'île, qu'il s'est fait
construire sur le penenaht d'une colline. d'où
l'on distingue au loin, en détournant les yeux
du triste rocher de l'île Nou, la rade de Nou-
méa et les côtes inégalement découpées de la
Nouvelle-Calédonie. •
II va saris dire que Rochefort accepta cette
amicale hospitalité. Mais, comme ici toute
circonstance est sujette à produire des inci-
dents inattendus, il se trouva que,#le jeudi
suivant, on lit un appel à part pour les nou-
veaux arrivants, et que Rochefort, qui n'avait
pas été averti, suivit Paschal Grousset à l'en-
droit oit colui-ei répondait à l'appel, e.t fut
porté manquant sur la liste des déportés de
la Virginia.
Le lendemain matin, à six heures, deux
surveillants entraient chez M. Grousset.
Rochefort, dit l'un d'eux, venez avec
nous, vous avez 24 heures de cachot pour ne
pas avoir répondu hier à l'appel.
Le ton dont cela fut dit irrita M. Grousset,
qui ne retint pas l'expression de sa pensée et,
le lendemain, on lisait au rapport, affiché
chaque jour, que M. le commandant territo-
rial infligeait 4 jours de cachot au déporté
Paschal Grousset « pour inconvenance envers
un surveillant. »
La fameuse Louise Michel était sur le
même bàtiment; elle s'est installée dans
une cabane avec les huit femmes qui par-
tagent son sort. Le Rappel fait de cette fi-
j gurine historique un portrait que nous
reproduisons à titre de curiosité.
Louise Michel est une individualité très
originale et qui répond fort peu sans doute
à l'idée qu'on a pu s'en faire. C'est une petite
femme, de 35 à 40 ans, parlant avec une cer-
tains lenteur et beaucoup de simplicité. Elle
est bien loin cependant d'être une de ces vi-
ragos dont le seul regret est de ne point por-
ter des culottes. J'ai causé avec elle et je lui
ai trouvé une instruction acquise à force de
lectures et plus variée que solide en politi-
que, elle a la foi dans toute la force du ter-
me mais malgré ses tendances à l'utopie, je
dirais presque au romanesque, elle est tolé-
rante et souffre de très bonne grâce que l'on
discute ses idées. f. m.
injustices et Abus
LA VECOCIPEDOMANIE
La circulation à grande vitesse des
vélocipèdes dans les rues de Paris offre
un danger très réel, non-seulement pour
les vieillards, les infirmes et les enfants,
mais pour tous les passants en général.
Certaines voies, des plus fréquentées,
j sont continuellement, sillonnées par ces
véhicules, au mépris de la sécurité des
i piétons. v
Les personnes à deux roues à qui il
plaît de prendre leurs ébats dairs ces
rues ne peuvent, quelle que soit leur
adresse, arrêter assez brusquement leur
course, lorsqu'un obstacle se dresse ino-
pinémont devant elles qj, que l'encombre-
ment ne leur permet point de l'éviter en
j obliquant à droite ou à gauche.
Nous citerons, parmi les voies où la
| vétocipédomanie sévit davantage, la rue
I Vi vienne qui, aux heures de la Bourse,
c'est-à-dire alors que la circulation est
le plus active, semble être le turf où les
dilettanti se sont donné rendez-vous pour
I lutter de vitesse et d'imprudence.
Cette rue, comme on sait, est bitumée
(c'est sans doute ce qui lui attire ce désa-
grément) le bruit d'une voiture s'y en-
tend à peine, et un vélocipède y glisse
avec le silence d'une ombre.
En outre, comme les trottoirs sont re-
lativement étroits et habituellement en-
combrés de passants, ces derniers se
trouvent souvent danj la nécessité de
(descendre sur la chaussée, où ils ne s'a-
perçoivent qu'un vélocipède vient sur
eux^que quand ils le sentent sur leurs ta-
lons.
Nous n'avons pas appris qu'aucun acci-
dent trop regrettable soit encore résulté
de cette licence; mais pourquoi attendre
que des faits de cette nature se soient t
produits pour en éloigner la cause possi-
ble et probable? Ne vaut-il pas mieux, de
beaucoup les prévenir en interdisant'aux
vélocipèdes l'accès des rues populeuse. ? a
jours pour son amour perdu, ne pouvait
trouver un peu de calme et de repos qu'à
l'ombre des autels.
Ce n'était pas sans un nouveau déchi-
rement que la chanoinesse constatait
ainsi la ruine définitive et éternelle de
sa maison, mais ses regrets à cet égard
j ne pouvaient la faire transiger avec ce
i qu'elle savait être juste et digue.
Non-seulement elle n'aurait pas con-
seillé à Marianne un troisième mariage,
lors même que celle-ci eût été d'une na-
ture plus superficielle, de goûts plus
mondains, mais elle n'aurait pas même
permis que Marianne prît le nom d'un
autre homme.
Pour elle, Dieu avait parlé la double
catastrophe qui, avait atteint sa nièce
| -(Hait le signe de sa volonté; il était clair
que, dans la pensée divine, sa maison
était vouée à l'anéantissement/ sa nièce
au couvent. Il n'y avait plus qu'à baiser
avec humilité la main qui châtiait si ter-
riblement et attendre la mort, c'est-à-
direla délivrance.
Telles étaient les dispositions de la
chanoinesse et de Marianne.
Revenons, maintenant, sur un fait qui
n'a pas paru avoir un autre caractère que
'celui de l'étrangeté, et qui, cependant,
doit exercer sur les événements qui nous
restent à raconter une influence capi-
tale, nous voulons dire la disparition du
corps de M. de Villehaut-d'Avron. Nous
avons dit comment Marianne, à l'issue
de son interrogatoire, avait été emportée
par ses femmes de la chambre mortuaire,
et comment Michel s'était blotti derrière
le lit pour observer les événements.
C'est un instant après qu'un prêtre
était entré et était venu s'installer à côté
du mort.
Ah se disait, cependant, Michel, si
je n'étais persuadé que, dès les premiers
i pas, je serais arrêté, comme je charge-
j rais sur mes épaules le corps de mon
1maître et comme je If soustrairais aux
oaU'agis des corbeaux de la médecine! i
Je l'ensevelirais fc.j?uite, et d'une fa-
çon digne de lui. Après l'avoir revêtu
de l'uniforme des grands jours, avec ses
éperons de parade, ses médailles et ses
Les larges voies, comme les Champs-
Elysées ou les nouveaux boulevards, nous
semblent bien suffisantes à la pratique de
cet exercice gymnastique, qui ne nous
parait guère plus que la danse indispen-
sable à la régénération de la France.
Emile Faurs.
«g».. 2 «_
INFORMATIONS
La Journée
M. Alexandre Dumas est parti hier,
vendredi, pour Naples, accompagné de
son ami Charles Marchal.
L'auteur de Monsieur Alphonse ne doit
pas rester longtemps 'en Italie. Il veut
seulement préparer, dans la magnifique
ville que son père aimait tant, son dis-
cours de réception à l'Académie.
Il est question, dans les hautes sphères,
comme on disait sous les tyrans, de la
prochaine arrivée à Paris du duc et de la
duchesse d'Edimbourg.
De grandes fètes seraient données à
Versailles et à l'Elysée en leur honneur.
C'était hier, 20 mars, le dernier délai
accordé aux artistes pour le dépôt des
oeuvres d'art devant figurer à l'exposition
de 1874. Aussi, comme ces messieurs at-
tendent généralement la dernière mi-
nute, y avait-il foule hier au palais de
l'Industrie, pavil'on nord, porte 9, où se
faisaient la réception et l'enregistrement
des tableaux, gravures et autres œuvres
encadrées, ainsi que le dépôt des statues,
bustes et autres sculptures, qui les an-
nées auparavant avaient lieu dans un
local différent.
Comme tous les ans, le jour de dernier
délai est un 'prétexte à blagues et les
artistes de tous talents et de tous âges
se donnent rendez-vous là, après déjeu-
ner, pour surveiller l'arrivée de leurs
envois, pour causer avec les amis et dé-
biner les camarades.
Chaque tableau est dévisagé, chaque
envoi est critiqué, et, à six heures du
soir, nous savions déjà quelles sont les
perles du prochain Salon.
En, somme, les envois sontbeaucqup
plus nombreux cette année que l'an der-
nier nous estimons que c'est dans la
proportion d'un tiers en plus.
LA VENTE DE DÉSIRÉ
Une vente bien curieuse et qui avait
attiré une partie du public des premières
représentations, a été effectuée hier à la
salle 6 de l'hôtel Drouot. Il s'agissait de
la vente par autorité de justice des li-
vres, meubles et hardes appartenant à
l'acteur Désiré, de son vrai nom D. Cour-
tecuisse.
Sa veuve, actrice du théâtre Mont-
martre, qui a figuré récemment dans:la
procès en cour d'assises de Lemot, as-
sistait à la vente.
M. Bertrand, directe m1 des Variété*, et
M. Comte, directeur dès Bouffes,' se sont
presque partagé la bibliothèque de Dé-
siré. C'est à peine si M" Dupuy a'pu
acheter les Misérables *de Victor Hugo-;
mais il n'a pu que pousser les GrandvHle
qui ont été finalement adjugés à M.
Comte. =
Isabelle la bouquetière qui enchéris-
sait bruyamment, a enrichi sa bibliothè-
que de f Histoire dus papes et da Diction-
naire de la langue' verte de Delvau. (!)
Léon, le chef de claque, a pu se procurer
à bon marché quelques petits lots de
souvenirs.
En somme vente fructueuse.
Sur quelques-uns dts volumes de iâ
bibliothèque de Désiré Courtecuissô se
trouvait son chiffre.
Voyez, dit un journaliste présent,
comme Désiré avait le pressentiment de
sa mort sur ces livres il avait fait met-
tre D. C.
Nous avons des nouvelles de dom
Annibal Alnès dos Santos, le Brésilien
arrêté pour fabricati n de faux billets
d'Etat du Brésil.
Dom Annibal s'ennuie fort dans sa pri-
son. Il a écrit à sa maîtresse, Marie Mal-
let, pour lui faire ses adieux.
Il se plaint amèrement do la police
française. Il trouve fort singulière la
conduite des inspecteurs Gafet et Piétri,
qui, dit-il, auraient pu si bien l'avertir
du mandat dont ils étaient chargés.
Ils n'y auraient certes pas perdu,
ajoute-t-il; j'aurais fait leur fortune de
bon cœur!
décorations, je le coucherais dans son
ma,nteau, au fond d'une barque et ,[e
m'en irais,ainsi avec lui jusqu'à là pleine
mer. Là, je retendrais sur les flots et'j.e
lui dirais Adieu, mon maître chéri et
vénéré; allez vers le Seigneur, qui vous
attend parmi ceux qui ont été bons, hon-
nêtes et vaillants 1
Mais Michel ne voyait pas jour à sau-
ver le corps de son maître de l'injure dont
il était menacé.
Bientôt, comme nous l'avons rapporté,
le prêtre sortit à la recherche de son bré-
viaire.
Je suis seul, se dit alors Michel. ̃
Sans réfléchir autrement, obéissant à
l'influence de son idée fixe, il se leva 4e
derrière le lit, fit le tour, prit le cadavre,
le chargea sur ses épaules et se sauva
avec son lugubre fardeau par l'escalier
dérobé qui conduisait des appartements
des maitres aux mansardes, où se trou-
vait la chambre dans laquelle il couchait
depuis la veille seulement. `
Là, il ouvrit son lit, creusa sa pail-
lasse et ses matelas et y étendit le mort
de façon à ce que, recouvert des draps
et des couvertures, il ne fit aucune sail-
lie qui pût éveiller l'attention et révéler
sa présence.
Après quoi, il redescendit, se mêla un
instant au groupe des autres domesti-
ques accourus à la porte de la chambre
du marquis sitôt qu'ils avaient appris la
nouvelle de la disparition du cadavre,
et finit par entrer, ainsi que nous l'avons
dit, dans la chambre, où il se plaça au
pied du lit.
En entendant la marquise envoyer
chercher de nouveau la justice pour
fouiller le château et découvrir le corps
de son mari, il fut pris d'une grande in-
quiétude. Il sortit et alla dans une anti-
chambre, espérant y réfléchir d'une fa-
çon plus calme et trouver le moyen de
se tirer d'embarras tout en gardant le
courts d? son maître pour le soustraire à
c.'ix qu'il appelait lv» ̃• é^vivlicuio
MIE D'AGHONNE.
/1m, suite à demain.)
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
Versailles, 20 mars, 7 heures soir.
Le préfet de Seine-et-Oise,
Considérant que M. le duc de Padoue, maire
de Courson-l'Aulnay, a assisté à la manifesta-
tion qui s'est produite en Angleterre, le 16 j
mars courant, après avoir pris une part active
à son organisation. nifestation avait
Considérant que cette manifestation avait
évidemment un caractère politique qui ne
permettait pas à un maire d'y assister; et
qu'en ne s'abstenant pas d'y paraître, M. le
maire de Coursonl'Aulnay a manque au de-
voir que lui imposaient ses fonctions
Vu la circulaire de M. le ministre de 1 inté-
rieur, en date du 19 février 1874;
Vu également l'article I de la loi du 5 mai
1855, Arrête:
Article 1er. M. le .duc de Padoue, maire
de Courson-l'Aulnay, est suspendu de ses
fonctions.
Art. 2. M. le sous-préfet de Rambouillet
est chargé de l'exécution du présent arrêté.
le préfet de Seine-et-Oise,
~~» Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 3 jan-
vier 1874. (Extrait d'une correspondance par-
ticulière.) Deux bâtiments sont arrivés
dans le courant de décembre, avec des con-
vois de déportés et de forçats, en compagnie
de troupes d'artillerie et d'infanterie de ma-
rine, qui ont mis la garnison do la colonie
sur un pied militaire très respectable. Les
déportés ont été immédiatement répartis, sui-
vant les catégories, entre la presqu'île Ducos
et l'île des Pins; les forcats ont été dirigés
sur les pénitenciers de Bouraie et de l'île
No.u.
La frégate à voiles la Virginie, l'un des deux
bâtiments, est arrivée en rade de Nouméa le
8 décembre, à une' heure do l'après-midi,
après une -heureuse traversée de 120 jours, y
compris les relâches. Il y avait à bord 169 dé-
portés, dont 29 hommes et 8 femmes,- destinés
à ta presqu'île Ducos (enceinte fortifiée).
Henri Rochefort était du nombre. Je l'ai vu
débarquer, vers cinq heures, pour passer à
̃bord du Cher., affecté aux transports de la
presqu'île Ducos et de Hle des Pins. Sa fi-
gure est un peu amaigrie, mais énergique
sa barbe et ses cheveux sont presque entiè-
rement blancs. Il s'appuyait sur le bras do
Passedouet, qui a servi dans le temps dans l'in-
,,jfanterie de marine, ce qui n'est pas un hon-
neur pour nous. Jl y était arrivé au grade de
sergent. Il y avait en outre, à bord de la Vir-
ginie, 120 hommes et 12 femmes, condamnés
à la; déportation simple, et destinés par consé-
quent à l'île des Pins.
En tenant compte du convoi de la Virginie,
le chiffre des déportés, actuellement rendus
dans la colonie, s'élève à 766 individus con-
damnés à l'enceinte fortifiée et à 2,577 con-
damnés à la déportation simple.
Enfla, le 18 décembre, est entré en rade le
transport à hélice lu Garonne, avec un convoi
de 523 forcats, dont 28 femmes. La traversée
de ce bâtiment a été de 137 jours, y compris
les relâches ordinaires.
Nîmes, 19 mars. Le sacre de Mgr
de Cabrièrés, nouvel évêque de Montpellier,
a eu lieu aujoùrd'hui à la cathédrale.
Le prélat consécratèur était Mgr Plantier,
évoque de Nîmes, assisté de Mgr Meiriou,
évéque de Digne, et de Mgr Mermillod, évê-
que d'Hébron. Quatre autres prélats les
hauts fonctionnaires de l'Hérault et du Gard,
une délégation du chapitre de Montpellier et
un grand nombre d'ecclésiastiques assistaient
à cette imposante solennité.
» Roubaix, 20 mars. M. Galloni-d'Is-
tria, député de la Corse, retour de Chislehurst,
est arrivé ici, hier soir, et est descendu chez
son frère qui, depuis de longues années, est
percepteur à Roubaix.
~x~, Pajo, 19 mars. Les neiges amonce-
lées autour de Bilbao interrompent les hos-
tilités. On parle bien de quelques escarmou-
ches intermittentes; mais il n'y a aucun
engagement sérieux.
Berlin, 18 mars. Les démocrates-
socialistes ont célébré aujourd'hui l'anniver-
saire de la Commune de Paris et se sont réu-
nis auprès des tombeaux des victimes de Ja
révolution du 18 mars 1848. Le temps a con-
trarié les manifestations. Il a plu à torrents
pendant toute la journée.
.̃̃ Auguste Mai'csde.
BOITE AUX LETTRES
Monsieur le directeur,
J'ai l'honneur de vous- prier d'être assez
bon pour reproduire le démenti que je me
suis empressé ̃spontanément d'adresser au
Journal des Débats, qui, à mon grand regret et
•à mon -vif étonnement, me faisait dire à M.
Ghallemel-Lacour Vous avez assassiné! Le
Journal officiel contient mes seules et vraies
paroles « Vous parlez, de gouvernement faible
feailleton du .FIGARO da 11 Mars
-44""
M TOITS SAI&LAITES
Juliette était donc entièrement décidée
à aller demander à sa famille, quand le
moment lui paraîtrait opportun, ce mor-
ceau de pain dont elle fixait modeste-
ment la valeur à un demi-million.
A cette même.époque, et dans sa fureur
d'acquérir de l'argent par tous les moyens
possibles, elle avait trouvé bon de met-
tre son hôtel en vente pour payer avec
le prix qu'elle en pourrait retirer une
armée de créanciers imaginaire il s'a-
gissait d'apitoyer sur son compte ceux
de son entourage qui. étaient assez riches
pour lui venir en aide, et elle retira en-
core de ce chef des sommes considé-
rables.
Lôchanoiset, à qui elle fit part du pro-
jet qu'elle nourrissait vis à vis de sa pré-
tendue famille, la trouva très forte, et se
ditJiue c'était un véritable plaisir d'en-
seigner le maniement des affaires et la
valeur de l'argent à une femme aussi in-
telligente que Juliette. Maintenant, elle'
lui en remontrait vraiment 1 L'idée de
faire le sacrifice de son hôtel à l'édifica-
tion de sa fortune clandestine ne lui
avait point paru moins ingénieuse.
Hous disons clandestine, parce qu'elle
convertissait tout ce qu'elle possédait en
ions au porteur, ayant adopté ce prin-
cipe qu'une fille comme elle ne doit pas
avoir de fortune apparente, afin que cha-
cun se croie mieux obligé de lui en faire
une.
£ voir le soin qu'elle mettait à réunir
son large million dans le creux de sa
main, on aurait pu croire qu'elle médi-
tait quelque fuite, et qu'elle tenait, en
partant, à ne rien laisser derrière elle.
Ce besoin de s'enrichir à tout prix,
Vous iïocz laissé assassiner le commandant Ar-
naud à Lyon. »
C'est bien suffisant. Il y a là une nuance,
plus qu'une nuance qui n'échappera à per-
sonne. C'est de l'histoire pure et simple, ce
n'est pas de la calomnie; en usurpant un
pouvoir trop lourd pour ses faibles épaules,
M. Challemel-Lacour a eu le tort grave de
croire que les rhéteurs suffisent à dépareilles
tâches. Débordé par les passions radicales,
M. Challemel n'a pu qu'assister impuissant à
l'assassinat du malheureux commandant,
dont l'ombre sanglante aurait dû se dresser
devant lui à la tribune et gêner la liberté de
ses périodes cadencées.
Ne trouvant pas ce matin ma lettre dans le
Journal des Débats, j'ai recours à votre- grande
et impartiale publicité.
Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de mes sentiments les plus distingues.
B. DE GAVAttDIE,
ii. tiMBOuno.
M. Tailhand, député de l'Ardèche, porte
par le Journal officiel comme s'étant abstenu
dans le scrutin de mercredi, nous prie d'an-
noncer qu'il a fait rectifier cette erreur an
début de la séance du lendemain, et qu'il
a par conséquent voté pour l'ordre du jour
pur et simple.
–i0-
SOUVENIRS D'OM ROYALISTE
Un vieux- journaliste, très curieux de sa
nature, et qui nous a déjà fourni il y a quel-
ques mois des notes rétrospectives d'un grand
intérêt sur l'attitude des journaux du temps
de Louis-Philippe à l'égard de M. Thiers,
tire encore de ses cartons à notre intention
une facétie publiée par la Mode, le \Q. mars
1840. On remarquera la coïncidence entre la
fantaisie du journal légitimiste et la mani-
festation réelle qui-a eu lieu le 16 mars 1874.
AVÈNEMENT DE LA DYNASTIE THIERS, `
DOSNE ET C°.
A l'heure où nous écrivons, toute la-
France applaudit au croc enjambe défi-
nitif qui vient d'être donné au pouvoir.
Depuis longtemps, en effet, le besoin d'un
Foutriquet qui s'emparât du pouvoir su-
prême se faisait généralement sentir;
aussi l'avénement de Sa Majesté l'empe-
reur Thiers Ier et de son auguste famille
ne, pouvait manquer d'être accueilli par,
l'opinion publique avec des transports de
joie difficiles à décrire. Ledit avènement,
du reste, a été d'autant plus joyeux qu'il
s'est opéré justement le dimanche gras,
au milieu de nombreuses libations de vin
de Champagne et sans aucune effusion
de sang.
La France gardera donc précieuse-
ment la mémoire de cette heureuse révo-
lution qui lui a donné l'empereur Thiers
pour souverain et qui n'a couté la vie
qu'au bœuf gras.
Voici au surplus quelques détails qui
nous parviennent sur ce grand événe-
ment.
Le dimanche 16 mars, à la pointe du
jour, sa majesté l'empereur, entouré d'un
nombreux et brillant état-major, où l'on
distinguait les Cousin, les Gouin, les Pe-
let, les Jaubert, les Galmon, les Rému-
.sat, lesAndrieux, etc., etc., monta en
omnibus, place Sainte-Georges, et se
rendit tout droit aux Tuileries.
̃ Arrivé aux portes du château en même
temps que le bœuf gras, Sa Majesté prit
hardiment-le pas sur ce puissant animal
et se mit en devoir de franchir avant lui
le seuil de la résidence royale.
Cependant, le portier qui veille à la
garde du roi, voulut fermer la porte au
nez de l'Empereur; mais Sa Majesté
ayant crié d'une voix forte Ouvrez, c'est
la fortune de la France! l'honnête portier
n'hésita plus à tirer le cordon.
Maître de la place, Sa Majesté, suivie
de son cortège, se dirigea vers les appar-
tements occupés par le roi, bien résolu
d'en finir avec lui d'une manière ou de
l'autre, Celui-ci surpris autant qu'effrayé
d'une irruption pareille s'efforça d'abord
d'opposer quelque résistance," mais ce
fut en vain S. M. l'empereur Thiers lui
signifia catégoriquement, que son règne
était fini et qu'il devait se rendre à dis-
crétion. Toutefois, avec cette générosité
qui la distingue, Sa Majesté voulut bien
promettre au roi de lui continuer son lo
gement aux Tuileries, et de le laisser
jouir sa vie durantdetous lespetitsavan-
tages dont il était en possession.
La délicatesse de ce procédé toucha le
roi jusqu'au fond du cœur; il reconnut
tout aussitôt l'impossibilité de lutter con-
tre une puissance aussi formidable, et
sans se faire tirer l'oreille plus long-
temps, il remit son épée à l'empereur
Thiers.
«**
Le même jour, à midi, S. M. l'impéra-
même par le crime, l'avait rattachée da-
vantage à Beaucousin, non qu'il lui parût
plus agréable qu'auparavant, mais parce
qu'elle sentait qu'il pouvait lui être plus
utile.
Elle pouvait faire de ce misérable tout
ce que bon lui semblait, pourvu qu'il y
eût de l'argent au bout de ses doigts.
Par lui, elle était assurée d'avoir à ses
ordres les plus habiles coupe-bourses,
les plus décidés coupe-j arrêts du monde,
et pour faire mouvoir, ce ramassis de
coquins au gré de ses désirs, elle n'avait
qu'à en causer une belle nuit avec lui en
lui disant Je te donne tant tout de suite,
tant quand la besogne sera faite, et,
quelle que fûx.la besogne, elle était sûre
de la voir faite au jour d,it et suivant les
conditions qu'elle avait dictées.
D'ailleurs, Beaucousin et la Verdu-
ret n'étaient entre ses mains que des
instruments inconscients, exécutant ses
ordres sans savoir le moins du monde
quel sentiment les lui avait inspirés,
sauf dans les cas très rares où il lui était
absolument impossible de'le leur dissi-
muler.
De la haine qu'elle portait aux per-
sonnes de la noblesse, à cette famille qui
lui avait fait une place si infime, à cet
enfant surtout dont la naissance l'avait
plongée dans l'abandon; ,de cette haine,
ni Beaucousin, ni la Verdufet n'avaient
tant seulement le soupçon.
C'était, il faut bien l'avouer, encore le
meilleur moyen de conduire à bonne fin
ses entreprises. 'elle avait à
Les nouveaux services qu avait à
demander à Beaucousin l'avaient mise
dans la nécessité de le voir fréquemment,
aussi bien de nuit que-de jour, sans que
le « ménage » du drôle parût le moin,s du
monde en souffrir.
Car Beaucousin avait un ménage,
ménage, il est vrai, qui ne consistait
qu'en un seul membre, une fille de mau-
vaise vie avec laquelle il vivait dans une
chambre garnie du boulevard Roche,
chouart.
'Cette fille était- connue dans tout le
quartier sous la mythologique dénomina-
Député des Landes.
trice-mère, madame Dosne, daigna ren-
dre visite à Marie-Amélie et à madenioi- -̃"
selle Adélaïde; elle eut la bonté de con-
firmer à ces princesses tout ce que l'em-
pereur avait promis.
Sur ces entrefaites, l'empereur, accom-
pagné d'un nombreux cortège qui se gros- f
sissait d'une foule de masques et de ga- ) i
mins, parcourait les -différents quartiers'
de la capitale et partageait avec le bœuf
gras les honneurs de la journée. Jamais,
il faut le dire, on ne vit un pareil en-
thousiasme. L'empereur en était touché
jusqu'aux larmes, et ce ne fut qu'après
avoir écrasé une foule de vieillards, de
femmes et d'enfants qu'il put regagner
son palais de la place Saint-Georges.
A minuit, toute la famille impériale se
rendit au bal de la Renaissance; l'empe-
reur était déguise en paillasse et son au-
guste épouse en débardeur.
Malgré toutes les précautions qu'elle
avait prises pour garder l'incognito, l'au-
guste famille ne tarda pas à être recon-
nue, et aussitôt les cris mille et mille fois
répétés de Vive l'Empereur! éclatèrent de
toutes parts.
Après avoir danse une demi-dpuzaine de
contredanses, Leurs Majestés se retirè-
rent en emportant les vœux et les béné-
dictions de tout un peuple de masques
affamé de voir son empereur du diman-
che gras.
5'1*
Nouvelles de la Cour. 1
Aujourd'hui, à onze heures, S. M. l'em-
pereur Thiers Pr, étant sur son frêne, a
reçu les félicitations du corps diploma-
tique, à l'occasion de son glorieux avé-
nement. MM. les ambassadeurs ont été
admis ensuite à l'honneur de présenter
leurs hommages à 'S. M. l'impératrice,
née Dosne.
A deux heures, le conseil des ministres
s'est réuni, sous la présidence de Sa Ma-
jesté.
Après le conseil, l'empereur a travaillé
avec l'arehichàncelier de l'empire, leduc
de Vivien.
Le grand maréchal du palais a été en-
suite reçu par Sa Majesté.
A quatre heures et demie, l'empereur
a visité le télégraphe. Après l'avoir fait
manœuvrer elle-même, Sa Majesté a dai-
gné témoigner toute sa satisfaction à
^administrateur de cette intéressante
mécanique.
L'empereur était de retour au palais de
la place Saint-Georges à cinq heures cin-
quante-cinq minutes du soir.
(La Mode, 16 mars 18 10.)
3 AU JOUR lit,
Quand on est forcé de lire tous les
journaux, comme nous là faisons, on
éprouve une véritable fatigue à les voir,
comme les partis dont ils sont les orga-
nes, piétiner sur place et tourner à per-
pétuité dans le même cercle..
Ainsi l'on continue à disserter, plus ou
moins savamment, sur le sens et la va-
leur du septennat. L'Union persiste à y
voir non point un pouvoir défini, exis-
tant pour sept ans, mais un intéiïmat des-
tiné à disparaître si, de son côté, la mo-
narchie reparaissait.
On pourrait s'entendre sur ce point
s'il était prouvé que la monarchie doive
reparaître. Mais quand, comment cela
se fera-t-il? On peut hélas craindre que
les légitimistes qui font partie de l'As-
semblée ne le sachent pas plus que nous.
L'approbation donnée au discours de M. le
duc de Broglie ne nous cause aucune sur-
prise, elle établit que le ministre a bien
compris I03 droits et les devoirs que, pendant
sept années, la confiance de l'Assemblée im-
pose au président.
Or, M. de Cazenove de Pradine n'a con-
testé ni ces droits ni ces devoirs, il les a sim-
plement définis. Le droit et le devoir du ma-
réchal, a dit M. de Broglie, c'est de défendre
le poste qui' lui a été coutié contre « certains
dictateurs. Et M. de Gazenove, exprimant
la même pensée, a «jouté Le Roi de France
n'est pas un de ces dictateurs, et il n'est pas
de ceux que vous voulez, avec raison, faire
attendre aux portes du septennat.
L' Univers voit les choses autrement et
son impression nous fait l'effet d'être la
bonne.
La petite lettre de M. le maréchal de Mac-
Mahon et l'annexe dont M. le duc de Broglie
a pris soin de l'enrichir déterminent très
.bien la situation. C'est la condamnation in-
directe et courtoise, mais très nette, des es-
pérances exprimées par M. de Cazenove da
,Pradine. Le président de la République en-
tion de Cérès, nom que lui avait donné
un jour quelque rapin en goguette, sans
doute parce qu'allé était blonde, assez
grande et plantureuse pour pouvoir repré-
senter avantageusement la déesse de l'a-
bondance et des moissons.
C'était, au demeurant, une fort belle
fille, ne sachant ni lire ni écrire, d'un
esprit très borné et sans la moindre ma-
lice, venant on ne sait d'où et allant, à
coup sûr, au diable, en compagnie. du
premier venu, entre des verres- d'absin-
the et des soupers de hasard.
Beaucousin s'était installé chez elle,
comme chez lui, y mangeant quand ça
lui faisait plaisir, y gîtant quand il ne lui
prenait pas la-fantaisie d'aller passer la
nuit ailleurs, ne lui rendant jamais,
compte de sa conduite, et ne la battant
que lorsqu'il ne trouvait pas son linge
assez blanc, ses habits parfaitement
brossés et ses bottines cirées.
Après l'assassinat de M. de Villehaut-
d'Avron, Juliette et Beaucousin ne se
quittèrent presque plus.
Juliette, depuis qu'elle « avait,perdu le
duc de Montravert, ainsi qu'elle avait
habitude de dire avec des larmes dans la
voix chaque fois qu'elle était appelée par
le hasard des circonstances à parler du
duc, depuis, disons-nous, qu'elle avait
perdu ce protecteur incomparable, elle
ne s'était plus liée sérieusement avec per-
sonne.
Elle prenait le plaisir, l'argent, les
hommes pour ainsi dire à la fortune du
pot de la vie galante, n'y songeant pas
avant et y pensant encore bien moins
après.
Pour elle, l'homme qui, aurait voulu
remplacer le duc de Montravert lui au-
rait paru gênant, à raison des préoccu-
pations nouvelles dont elle était possé-
dée elle ne se sentait plus, dans ces con-
ditions, la liberté d'esprit nécessaire pour
se montrer aimable et gaie suivant les
caprices d'un maître il lui faliait tuuto
son indépendance, cl, puisque ia mort
du duc la lui avait rendue, elle était bien
décidée à ne pas l'enchaîner de nouveau,
du moins pour un certain temps.
tend que le septennat soit tenu pour un gou-
vernement dont on n'a pas le droit de dimi-
nuer la durée et auquel on ne peut raison-
noblement demander d'abdiquer. D'où il suit
que l'Assemblée nationale, qui doit organiser
le régime actuel par les lois constitutionnel-
le, n'est plus libre de lui substituer autre'
chose.
Bref, M. le maréchal de Mac, Manon repete
son mot-do Malakoff « J'y suis, j'y reste! »
Et les loyalistes qui ont voté le septennat!
peuvent voir maintenant qu'ils ont légale- j
ment écarté le roi pour sept ans, tout au
moins.
S'ils sont surpris de ce résultat, ils sont
bien naïfs.
Dans tous les cas, il nous sera permis de
leur dire ? Nous vous l'avions bien dit!
Cette appréciation parait d'autant plus
exacte qu'elle est corroborée par les
commentaires de la Presse, où M. Topin
établit que l'Assemblée a fait, le 10 no-
vembre, acte de souveraineté au profit
du maréchal et l'a créé chef irrévocable
du pouvoir exécutif pendant sept ans.
Avant le 19 novembre, le maréchal de Mao-
Mahon était maudatairo révocable. Le 19 no-
vembre il a été investi d'un pouvoir inconi-
mutable, et que nulle autorité, même colle
qui l'a créé, ne saurait détruire. 11 en est de
l'Assemblée comme de la divinité créant les
lois qui régissent le monde. Scmel jussit, sem-
per paret.
Tel est le sens, telle est la signification du
septennat. Compris autrement, le maréchal
jouerait un rôle indigne de son passé, indi-
gne de son caractère. et de sa loyauté. Assu-
rément un régime définitif eût mieux valu
que le septennat. Mais, de ce que, dans l'im-
possibilité où l'on s'est trouvé d'établir un
régime définitif, on a créé le septennat, il ne
s'en suit pas que le septennat doive être sa-
criîlé à un régime dédiiitif. Il ne convient pas
au maréchal de jouer un d'en cas, d'uti-
lité, d'homme de paille, élevé au pouvoir en
un jour d'embarras et précipité du premier
rang dès que l'on entrevoit la possibilité de
pouvoir se passer de lui.
Les républicains, de leur côté, trouvent
que le maréchal n'est pas assez explicite, j
tandis qu'à droite on insinue qu'il l'est
peut-être trop. Prenons le Mien public
pour type de cet ordre de réflexions
Il faut, pour compléter un jugement sur la
situation, se rappeler les paroles prononcées
le 16 mars par le prétendant du parti bo-
napartiste et celles que, le 18 mars, a pro-
noncées l'ami autorisé du chef de la maison
royale.
Le septennat apparaît alors sous sa forme
vague et indéterminée, entre ces deux affir-
mations, entre ces deux espérances, comme
une période de transition dont quelque cir-
constance fortuite peut abréger la durée.
Le pays, voyant les partis monarchiques
aussi résolu* et aussi confiants dans l'avenir,
ne pourrait être rassuré que par une affirma-
tion contraire aux leurs. On n'y répond mê-
me pas par une négation formelle.
Le JSational conclut autrement et nous
estimons qu'il a raison.
Le maréchal montre qu'il est toujours ré-
solu faire respecter l'ordre do choses léga-
lement établi. Or, cet ordre-là n'étant ni la
monarchie, ni la régence, -ni la lieutenance
générale du royaume, est nécessairement la
République, sous la forme du septennat. Tél
nous parait être, en dernière analyse, ce qu'a a
prouvé la séance du 18 mars.
Ne proclamons pas la République, cela
est bien inutile, mais ne cherchons pas
à démontrer aux républicains qu'elle!
n'existe pas.
Nous bornons ici nos citations, ayant
déjà eu nous ne savons combien de fois à
ressasser les mêmes arguments et les
mêmes réponses.
**# Le Gaulois ayant fait figurer parmi
les journalistes parisiens présentés a l'im-
pératrice notre collaborateur M. Alfred j
d'Aunay, celui-ci, qui n'était point sort
de la lettre de ses instructions, a écrit à
notre confrère la lettre que voici
Monsieur le directeur,
Votre correspondant de Londres, M. Emile
Blavet, me fait figurer dans la liste des per-
sonnes reçues par la famille impériale. C'est
Jà une erreur, à la rectification de laquelle e
je tiens. J'ai en effet décliné l'honneur de
cette réception, et me suis contenté de de-
mander au nom du Figaro, à M. Filon, précep-
teur du Prince Impérial, un laisser passer
qu'il m'a très gracieusement accordé, pour
assister à la cérémonie et recevoir communi-
cation du texte du discours.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma considération la plus dis-
tinguée. AI.nÙïD D'AUNAY.
D'AUNAY.
Ne quittons pas le Gaulois .sans le pré-
venir qu'il est fort plaisant de le voir, au
lendemain de la manifestation de Chisle-
hurst, intituler un article YAijitation
royaliste..
**#Le Rappel publie une fort curieuse
correspondance de la Nouvelle-Calédo-
Disons aussi un mot, puisque nous y
sommes, de la situation morale de Ma-
rianne, après l'assassinat de M. de Ville-
haut-d'Avron et depuis son retour à
Paris.
Quand madame de Charvallon l'eut ra-
menée de Biarritz, l'hôtel de la rue de
Seine, qu'elles avaient résolu d'habiter.
leur parut comme le tombeau dans lequel
il ne leur restait plus qu'à ensevelir leur
deuil au sein de la solitude, de la douleur
et de la prière.
Bientôt Marianne dit à sa tante que sa
vie était désormais vouée au Seigneur.
Elle porterait pendant un an et un jour
le deuil de M. de Villehaut-d'Avron, mais
elle entrerait aussitôt après en religion.
Lorsqu'elle était devenue veuve de M. de
Montravert, un homme qu'elle avait à
peine connu, qu'elle n'avait pas eu le
temps d'aimer, et qui n'avait traversé son
existence que comme une horrible catas-
trophe, elle avait bien pu accepter de se
remarier; mais, aujourd'hui, la situation
était loin d'être la même, et elle ne pou-
vait plus agir de la même façon.
M. de Villehaut-d'Avron avait été, en
effet, pour elle, l'époux désiré, l'homme
choisi entre tous, le bien-aimé rêvé de-
puis le moment où elle était devenue
femme, ^et elle ne saurait jamais se con-
soler de l'avoir perdu. Le marquis avait
emporté avec lui, dans une tombe sur la-
quelle il ne lui était pas même permis
d'aller pleurer,toute sa jeunesse et toutes
ses espérances. Ce n'était plus vingt ans
qu'elle avait, c'était des siècles Le cœur
à jamais brisé, l'existence sans but, n'é-
tait-elle pas cent fois plus vieille que ne
le marquait son acte de naissance? Dès
lors, pourquoi chercher à se rattacher
aux choses de la jeunesse ?"
La chanoinesse ne trouva pas un mot
pour la relever de son affliction et de sa
désespérance; elle s'inclina devant la
résolution de la femme veuve, trouvant,
elle aussi, qu'elle n'avait pas d'autre
parti à prendre que de se retirer dans un
couvent.
Une femme veuve, dans le monde,n'est
jamais entièrement cloîtrée, quels que
soient ses efforts et sa volonté pour cela;
Marianne ayant à pleurer le reste de ses
nie, qui signale l'arrivée de M. Roche-
fort au lieu de déportation et les inci-
dents quil'ont suivie. On verra que sur la
terre d'exil il s'est réconcilié avec M.
Paschal Grousset qui, si nous ne trom-
pons, l'avait violemment attaqué en fé-
vrier et en mars 187î, dans un petit pam-
phlet, genre Lanterne, intitulé la Bouclie
de fer.
En débarquant, raconte le Rappel, parmi j
les cent amis qui se pressaient autour de lui
p6ur lui serrer la main, Rochefort avait re-
trouvé M. Paschal Grousset, son ancien col-
laborateur à la Marseillaise et son compagnon
de casemate au fort Bayard. M. Grousset mit
immédiatement à sa disposition la moitié de
la maison de terre et de paille, il n'y en a
pas d'autres à la presqu'île, qu'il s'est fait
construire sur le penenaht d'une colline. d'où
l'on distingue au loin, en détournant les yeux
du triste rocher de l'île Nou, la rade de Nou-
méa et les côtes inégalement découpées de la
Nouvelle-Calédonie. •
II va saris dire que Rochefort accepta cette
amicale hospitalité. Mais, comme ici toute
circonstance est sujette à produire des inci-
dents inattendus, il se trouva que,#le jeudi
suivant, on lit un appel à part pour les nou-
veaux arrivants, et que Rochefort, qui n'avait
pas été averti, suivit Paschal Grousset à l'en-
droit oit colui-ei répondait à l'appel, e.t fut
porté manquant sur la liste des déportés de
la Virginia.
Le lendemain matin, à six heures, deux
surveillants entraient chez M. Grousset.
Rochefort, dit l'un d'eux, venez avec
nous, vous avez 24 heures de cachot pour ne
pas avoir répondu hier à l'appel.
Le ton dont cela fut dit irrita M. Grousset,
qui ne retint pas l'expression de sa pensée et,
le lendemain, on lisait au rapport, affiché
chaque jour, que M. le commandant territo-
rial infligeait 4 jours de cachot au déporté
Paschal Grousset « pour inconvenance envers
un surveillant. »
La fameuse Louise Michel était sur le
même bàtiment; elle s'est installée dans
une cabane avec les huit femmes qui par-
tagent son sort. Le Rappel fait de cette fi-
j gurine historique un portrait que nous
reproduisons à titre de curiosité.
Louise Michel est une individualité très
originale et qui répond fort peu sans doute
à l'idée qu'on a pu s'en faire. C'est une petite
femme, de 35 à 40 ans, parlant avec une cer-
tains lenteur et beaucoup de simplicité. Elle
est bien loin cependant d'être une de ces vi-
ragos dont le seul regret est de ne point por-
ter des culottes. J'ai causé avec elle et je lui
ai trouvé une instruction acquise à force de
lectures et plus variée que solide en politi-
que, elle a la foi dans toute la force du ter-
me mais malgré ses tendances à l'utopie, je
dirais presque au romanesque, elle est tolé-
rante et souffre de très bonne grâce que l'on
discute ses idées. f. m.
injustices et Abus
LA VECOCIPEDOMANIE
La circulation à grande vitesse des
vélocipèdes dans les rues de Paris offre
un danger très réel, non-seulement pour
les vieillards, les infirmes et les enfants,
mais pour tous les passants en général.
Certaines voies, des plus fréquentées,
j sont continuellement, sillonnées par ces
véhicules, au mépris de la sécurité des
i piétons. v
Les personnes à deux roues à qui il
plaît de prendre leurs ébats dairs ces
rues ne peuvent, quelle que soit leur
adresse, arrêter assez brusquement leur
course, lorsqu'un obstacle se dresse ino-
pinémont devant elles qj, que l'encombre-
ment ne leur permet point de l'éviter en
j obliquant à droite ou à gauche.
Nous citerons, parmi les voies où la
| vétocipédomanie sévit davantage, la rue
I Vi vienne qui, aux heures de la Bourse,
c'est-à-dire alors que la circulation est
le plus active, semble être le turf où les
dilettanti se sont donné rendez-vous pour
I lutter de vitesse et d'imprudence.
Cette rue, comme on sait, est bitumée
(c'est sans doute ce qui lui attire ce désa-
grément) le bruit d'une voiture s'y en-
tend à peine, et un vélocipède y glisse
avec le silence d'une ombre.
En outre, comme les trottoirs sont re-
lativement étroits et habituellement en-
combrés de passants, ces derniers se
trouvent souvent danj la nécessité de
(descendre sur la chaussée, où ils ne s'a-
perçoivent qu'un vélocipède vient sur
eux^que quand ils le sentent sur leurs ta-
lons.
Nous n'avons pas appris qu'aucun acci-
dent trop regrettable soit encore résulté
de cette licence; mais pourquoi attendre
que des faits de cette nature se soient t
produits pour en éloigner la cause possi-
ble et probable? Ne vaut-il pas mieux, de
beaucoup les prévenir en interdisant'aux
vélocipèdes l'accès des rues populeuse. ? a
jours pour son amour perdu, ne pouvait
trouver un peu de calme et de repos qu'à
l'ombre des autels.
Ce n'était pas sans un nouveau déchi-
rement que la chanoinesse constatait
ainsi la ruine définitive et éternelle de
sa maison, mais ses regrets à cet égard
j ne pouvaient la faire transiger avec ce
i qu'elle savait être juste et digue.
Non-seulement elle n'aurait pas con-
seillé à Marianne un troisième mariage,
lors même que celle-ci eût été d'une na-
ture plus superficielle, de goûts plus
mondains, mais elle n'aurait pas même
permis que Marianne prît le nom d'un
autre homme.
Pour elle, Dieu avait parlé la double
catastrophe qui, avait atteint sa nièce
| -(Hait le signe de sa volonté; il était clair
que, dans la pensée divine, sa maison
était vouée à l'anéantissement/ sa nièce
au couvent. Il n'y avait plus qu'à baiser
avec humilité la main qui châtiait si ter-
riblement et attendre la mort, c'est-à-
direla délivrance.
Telles étaient les dispositions de la
chanoinesse et de Marianne.
Revenons, maintenant, sur un fait qui
n'a pas paru avoir un autre caractère que
'celui de l'étrangeté, et qui, cependant,
doit exercer sur les événements qui nous
restent à raconter une influence capi-
tale, nous voulons dire la disparition du
corps de M. de Villehaut-d'Avron. Nous
avons dit comment Marianne, à l'issue
de son interrogatoire, avait été emportée
par ses femmes de la chambre mortuaire,
et comment Michel s'était blotti derrière
le lit pour observer les événements.
C'est un instant après qu'un prêtre
était entré et était venu s'installer à côté
du mort.
Ah se disait, cependant, Michel, si
je n'étais persuadé que, dès les premiers
i pas, je serais arrêté, comme je charge-
j rais sur mes épaules le corps de mon
1maître et comme je If soustrairais aux
oaU'agis des corbeaux de la médecine! i
Je l'ensevelirais fc.j?uite, et d'une fa-
çon digne de lui. Après l'avoir revêtu
de l'uniforme des grands jours, avec ses
éperons de parade, ses médailles et ses
Les larges voies, comme les Champs-
Elysées ou les nouveaux boulevards, nous
semblent bien suffisantes à la pratique de
cet exercice gymnastique, qui ne nous
parait guère plus que la danse indispen-
sable à la régénération de la France.
Emile Faurs.
«g».. 2 «_
INFORMATIONS
La Journée
M. Alexandre Dumas est parti hier,
vendredi, pour Naples, accompagné de
son ami Charles Marchal.
L'auteur de Monsieur Alphonse ne doit
pas rester longtemps 'en Italie. Il veut
seulement préparer, dans la magnifique
ville que son père aimait tant, son dis-
cours de réception à l'Académie.
Il est question, dans les hautes sphères,
comme on disait sous les tyrans, de la
prochaine arrivée à Paris du duc et de la
duchesse d'Edimbourg.
De grandes fètes seraient données à
Versailles et à l'Elysée en leur honneur.
C'était hier, 20 mars, le dernier délai
accordé aux artistes pour le dépôt des
oeuvres d'art devant figurer à l'exposition
de 1874. Aussi, comme ces messieurs at-
tendent généralement la dernière mi-
nute, y avait-il foule hier au palais de
l'Industrie, pavil'on nord, porte 9, où se
faisaient la réception et l'enregistrement
des tableaux, gravures et autres œuvres
encadrées, ainsi que le dépôt des statues,
bustes et autres sculptures, qui les an-
nées auparavant avaient lieu dans un
local différent.
Comme tous les ans, le jour de dernier
délai est un 'prétexte à blagues et les
artistes de tous talents et de tous âges
se donnent rendez-vous là, après déjeu-
ner, pour surveiller l'arrivée de leurs
envois, pour causer avec les amis et dé-
biner les camarades.
Chaque tableau est dévisagé, chaque
envoi est critiqué, et, à six heures du
soir, nous savions déjà quelles sont les
perles du prochain Salon.
En, somme, les envois sontbeaucqup
plus nombreux cette année que l'an der-
nier nous estimons que c'est dans la
proportion d'un tiers en plus.
LA VENTE DE DÉSIRÉ
Une vente bien curieuse et qui avait
attiré une partie du public des premières
représentations, a été effectuée hier à la
salle 6 de l'hôtel Drouot. Il s'agissait de
la vente par autorité de justice des li-
vres, meubles et hardes appartenant à
l'acteur Désiré, de son vrai nom D. Cour-
tecuisse.
Sa veuve, actrice du théâtre Mont-
martre, qui a figuré récemment dans:la
procès en cour d'assises de Lemot, as-
sistait à la vente.
M. Bertrand, directe m1 des Variété*, et
M. Comte, directeur dès Bouffes,' se sont
presque partagé la bibliothèque de Dé-
siré. C'est à peine si M" Dupuy a'pu
acheter les Misérables *de Victor Hugo-;
mais il n'a pu que pousser les GrandvHle
qui ont été finalement adjugés à M.
Comte. =
Isabelle la bouquetière qui enchéris-
sait bruyamment, a enrichi sa bibliothè-
que de f Histoire dus papes et da Diction-
naire de la langue' verte de Delvau. (!)
Léon, le chef de claque, a pu se procurer
à bon marché quelques petits lots de
souvenirs.
En somme vente fructueuse.
Sur quelques-uns dts volumes de iâ
bibliothèque de Désiré Courtecuissô se
trouvait son chiffre.
Voyez, dit un journaliste présent,
comme Désiré avait le pressentiment de
sa mort sur ces livres il avait fait met-
tre D. C.
Nous avons des nouvelles de dom
Annibal Alnès dos Santos, le Brésilien
arrêté pour fabricati n de faux billets
d'Etat du Brésil.
Dom Annibal s'ennuie fort dans sa pri-
son. Il a écrit à sa maîtresse, Marie Mal-
let, pour lui faire ses adieux.
Il se plaint amèrement do la police
française. Il trouve fort singulière la
conduite des inspecteurs Gafet et Piétri,
qui, dit-il, auraient pu si bien l'avertir
du mandat dont ils étaient chargés.
Ils n'y auraient certes pas perdu,
ajoute-t-il; j'aurais fait leur fortune de
bon cœur!
décorations, je le coucherais dans son
ma,nteau, au fond d'une barque et ,[e
m'en irais,ainsi avec lui jusqu'à là pleine
mer. Là, je retendrais sur les flots et'j.e
lui dirais Adieu, mon maître chéri et
vénéré; allez vers le Seigneur, qui vous
attend parmi ceux qui ont été bons, hon-
nêtes et vaillants 1
Mais Michel ne voyait pas jour à sau-
ver le corps de son maître de l'injure dont
il était menacé.
Bientôt, comme nous l'avons rapporté,
le prêtre sortit à la recherche de son bré-
viaire.
Je suis seul, se dit alors Michel. ̃
Sans réfléchir autrement, obéissant à
l'influence de son idée fixe, il se leva 4e
derrière le lit, fit le tour, prit le cadavre,
le chargea sur ses épaules et se sauva
avec son lugubre fardeau par l'escalier
dérobé qui conduisait des appartements
des maitres aux mansardes, où se trou-
vait la chambre dans laquelle il couchait
depuis la veille seulement. `
Là, il ouvrit son lit, creusa sa pail-
lasse et ses matelas et y étendit le mort
de façon à ce que, recouvert des draps
et des couvertures, il ne fit aucune sail-
lie qui pût éveiller l'attention et révéler
sa présence.
Après quoi, il redescendit, se mêla un
instant au groupe des autres domesti-
ques accourus à la porte de la chambre
du marquis sitôt qu'ils avaient appris la
nouvelle de la disparition du cadavre,
et finit par entrer, ainsi que nous l'avons
dit, dans la chambre, où il se plaça au
pied du lit.
En entendant la marquise envoyer
chercher de nouveau la justice pour
fouiller le château et découvrir le corps
de son mari, il fut pris d'une grande in-
quiétude. Il sortit et alla dans une anti-
chambre, espérant y réfléchir d'une fa-
çon plus calme et trouver le moyen de
se tirer d'embarras tout en gardant le
courts d? son maître pour le soustraire à
c.'ix qu'il appelait lv» ̃• é^vivlicuio
MIE D'AGHONNE.
/1m, suite à demain.)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 63.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 63.46%.
- Collections numériques similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
- Auteurs similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2751828/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2751828/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2751828/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2751828/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2751828
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2751828
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2751828/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest