Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1874 10 mars 1874
Description : 1874/03/10 (Numéro 69). 1874/03/10 (Numéro 69).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE ÉÏÔÀRo MARDI 10 MAftS 18f4
Un jeune homme imberbe invite ma-
dame Judic pour la première polka.
Vous me remettez bien, n'est-ce pas,
madame? lui demande ledit jeune homme.
Oui, monsieur, je vous remets.
aux calendes grecques!
#
A quatre heures, la retraite s'opérant
en bon ordre, je rencontre mon bour-
geois le gêneur donnant le bras à
une grosse, une très grosse femme.
'Il la conduit jusqu'à une voiture. C'est
à peine si la portière du fiacre est assez
large pour la laisser entrer.
Il salue, le fiacre s'éloigne, puis, me
reconnaissant
^-Celle-là, me dit-il, je la connais,
c'est une des étoiles de la rampe. c'est
mademoiselle Sarah Bernhardt
(Un Monsieur de l'orchestre.)
A TRAVERS LES SALONS
II faut se hâter, le temps presse, chan-
tent sur tous les tons et même sur l'air
de Zampa les maîtres de maison retar-
dataires. Ils voient pleins de frayeur_ar-
river à grands pas les austérités du ca-
rême, abattant leur éteignoir sur les lus-
tres mondains. Aussi, devant cette me-
nace, les salons ouvrent si bien leurs
portes,que nous ne savons par lequel
commencer.
Notre bonne étoile nous conduit d'a-
bord chez madame Benoît Fould, qui
donne un grand dîner, et dans ses élé-
gants salons nous retrouvons les plus
illustres représentants de l'académie, de
la politique et de la haute finance.
1 Le duc de Padoue, l'homme en vedette
dit moment, y est très entouré, et l'on
convient que le parti bonapartiste ne
"pouvait -faire un meilleur choix en le
chargeant de porter la parole à la cé-
rémonie du 16 mars.
On raconte, àl'occasiondu voyage pro-
chain de Chislehurt, un trait assez cu-
rieux
Tleçu dernièrement par le maréchal de
Mac-Mahon, qui a pour lui une sympa-
thique estime, le duc de Padoue vit le
lendemain le préfet de Seine-et-Oise, qui,
après les plus astucieuses insinuations,
essaya de lui faire comprendre qu'on lui
saurait le plus grand gré s'il voulait don-
ner sa démission de maire de Courson.
Le duc répondit avec son plus fin sou-
rire
Je tiens beaucoup à vous être
agréable; mais il m'est impossible de vous
rendre le service que vous désirez. Vous
pouvez m'enlever mon écharpe munici-
pale, mais je ne saurais la donner moi-
même.
On répétait aussi un mot charmant de
M. Haentjens le député, qui prévenait
l'autre jour,loyalement,le duc de Broglie
que l'un des deux adjoints de la ville du
Mans, dont là nomination devait paraître
à Y Officiel, comptait se rendre le 1(3 à
Chisléhùrst.
Alors nous attendrons, dit le minis-
tre de l'intérieur. C'est bien, répond
M. Haentjons, sa nomination sera sa ré-
compense 1
Le maréchal de Mac-Mahon était plein
d'entrain à la soirée de M. dé Fourtou et
était très entouré. Quand il s'est levé en
donnant le bras à madame de. Fourtou,
toutes les dames se levèrent également
comme s'il était le souverain.
Mais on no se lève ainsi que devant
une majesté,dit une dame centre gauche.
Il représenté la majesté de l'hon-
neur, répliqua sa voisine.
Une brillante réunion chez M. Léon
Renault à la préfecture de police. Tous
les partis s'y pressent^ et l'on désarme
volontiers dans ce, salon, où le plus sym-
pathique accueil est réservé à tous.
Là tête- pleine des fantastisques ta-
̃• bleaux de Y Oncle Sam, je m'étais laissé
conduire dans un salon américain, où se
trouvait réunie la fine fleur de la gra-
cieuse, colonie on ne pouvait- rien voir
déplus charmant, de plus coquet que
cette réunion déjeunes femmes luttant
d'élégance et de beauté.
Madame de Forest a dû être contente
de sa soirée, car tous les invités étaient
radieux de plaisir. J'ai vainement cher-
ché les scènes de flirtage jacontées par
M. Sardou, je n'y ai vu que des jeunes
filles riantes animées par les valses en-
traînantes et n'échangeant que d'inno-
cents plaisirs. Cependant on parlait
Feuilleton dn FIGARO da iO Mars
33
'1, i9~ ~j. (.J') i"
ïiS NUITS SÂMLMTES
Ï.L~ NUU& ~A~~LMiL.S
:.i z.l -«
M. de Bellombre arriva enfin.
Il examina la plaie, tâta le pouls, ap-
Tpuya le pouce sur, une des paupières in-
férieures, la renversa légèrement et étu-
dia un moment l'œil à l'intérieur il
ausculta ensuite les flancs, les reins et
laipoitrine..
Chaçua suivait/ses mouvements avec
la plus grande anxiété.
Il se retourna, et, s'approchant de Ma-
rianne, il l'invita à se retirer, ainsi que
madame de Charvallon.
Mais Marianne n'en voulut rien faire,
et, ordonnant à mademoiselle Joséphine
et a, sœur Monique, d'un ton qui, cette
fois-ci, n'admettait pas d'insistance, 'de
la laisser tranquille, elle se leva du ca-
napé et vint se placer au chevet du lit.
̃– Qn n'a pas peur de l'homme qu'on
aime, dit-elle à-M. de Bellombre; rien ne
me fera.quitter-:li de Villehaut-d'Avron.
M. de Bellombre prodigua alors à M. de
Villehaut-d'Avron tous les soins indiqués
par la science il sonda la plaie, la ban-
da il essaya de tous les réactifs. Rien
ne put amener un sighe-d'existence.
Convaincu qu'il avait affaire à un
homme mort, il passa sa main droite sur
les-yeux du marquis et ferma ses pau-
pières pour l'éternel sommeil.
Puis, Use prit à fondre en larmes sur
l'ami qu'il venait de perdre. i
On fît de nouvelles tentatives'pour éloi-
gner Marianne du lit de mort de son
époux, mais elle s'y refusa de la façon la
plus absolue, et défendit qu'on lui repar
lât de pareille chose.
Madame de Charvallon n'essaya pas
même de lui dire un mot pour la calmer,
elle comprenait trop bien l'immensité de
sa souffrance. Le coup qui les frappait
l'une et l'autre dépassait toutes les limi-
beaucoup d'une jeune et blonde améri-
caine, mademoiselle J. qui épouse pro-
chainement, dit-on, sir Frédéric Char-
luci, second fils du duc de Malborough.
Est-ce que M. Sardou n'aurait pas bien
étudié et jugé les mœurs américaines
du fond de son château de Marly?
Lo Monsieur des salons.
̃» 2–
LES PRÉDICATEURS
DU CARÊME `
MGR DE SÉBASTB.' L'ABBÉ PUYOL.
J'ai entendu cette semaine deux prédi-
cateurs d'un talent, d'une figure ê.t d'un
caractère fort dissemblables. L'un est un
dignitaire de l'Eglise, l'autre un aumô-
nier de lycée..
Je vais essayer d'en donner un léger
crayon..
Mgr de Sébaste n'est autre que Mgr Le-
courtier, ancien évoque de Montpellier,
que des difficultés administratives ont
séparé de son clergé.
C'est un vieillard 'de belle prestance,
dont les manières sont celles d'un grand
seigneur. De sa main, gantée de violet, il
esquisse plutôt qu'il ne donne sa béné-
diction. On le dit d'humeur difficile.
Dans tous los cas, il n'en laisse rien
percer dans ses paroles. Je le trouve, au
contraire, trop melli/lu. Ses allocutions
m'ont paru se rattacher beaucoup plus à
l'homélie qu'au sermon proprement dit.
Cela tient peut-être à ses débuts com-
me prédicateur à Notre-Dame, où, au
sortir des Missions étrangères, dont il
venait d'occuper la cure, il fonda, comme
archiprêtre, la retraite des dames. »
Or, il ne s'agit pas, quand on s'adresse
à un auditoire exclusivement féminin,
réuni pour entendre laparole de Dieu, de
frapper de grands coups, d'étonner, de
surprendre il faut persuader, il faut
plaire.
Ce genre d'éloquence, Mgr Lecourtier le
posséde à fond, et il lui dut ses pre-
miers et très légitimes succès.
Les conférences faites à Notre-Dame
par Mgr Lecourtier furent continuées
avec des fortunes diverses par Mgr Lan-
génieux, aujourd'hui évêque de Tarbes,
et plus tard par le théâtral abbé Bauer,
dont le très réel talent est à notre sens
beaucoup trop entaché de déclamation et
d'emphase.
Mais il en est des conférences comme
des livres habent sua fala. Cette re-
traite des dames » à la Métropole est au-
jourd'hui beaucoup moins suivie.
J'ai entendu Mgr Lecourtier à Sainte-
Clotilde. Inutile de dire qu'il y avait là
plus d'une duchesse et plus d'une mar-
quise.
Mgr Lecourtier a parlé, de la Passion,
« de ce vieux drame toujours nouveau,
si pathétique, et-qui, même chez quel-
ques incrédules, a rencontré la pitié. »
II a eu des accents attendris, et â propos
dé ce sacrifice, qui nous constitue les
débiteurs de Dieu, il a eu un mot ehar-
mant « Acquittez-vous, a-t-il dit, par
l'aumône Dieu ne peut rien recevoir di-
rectement de vous, mais il a des subs-
tituts, qui sont ses fermiers généraux,
je veux dire les pauvres. »
1 Malheureusement, l'orateur laisse tom-
ber sa voix à la fin de chaque phrase, ce
qui double d'une certaine fatigue le plai-
j siride l'auditeur. Il faut dire qu'à Saitite-
Clotilde, l'acoustique est déplorable;
mais ce qu'il faut dire.aussi, c'est que
Mgr Lecourtiera soixante-quinze ans! Un
bel âge, pour celui qui, comme lui, peut,
l'ayant bien remplie, regarder dans sa vie
sans trop d'amertume ni de regrets!
Eh bien malgré tout, et quoi qu'il soit
évêque, je gage que quelquefois Mgr de
Sébaste regrette le temps où il était sous-
lieutenant. jo veux dire séminariste.
FROU-FUOU
Mais arrivons à l'abbé Puyol.
J'avais fort inutilement mis le siége de-
vant le collège Sainte-Barbe, où l'abbé
est aumônier, et non moins inutilement
questionné diverses personnes, qui tou-
tes, pour ne pas me répondre, avaient al-
légué la très grande modestie de l'abbé,
peu désireux, croyaient-elles, de figurer
dans la galerie du Figaro, lorsque, fort à
propos, je me rappelai que l'abbé a un
frère, officier attaché à l'état-major du
général Faron.
Une heure passée au café du Helder
suffit à me mettre en rapport avec un
ami de ce frère, un dragon, que je
vais laisser parler
tes de la patience humaine; il ne restait
plus de place que pour le désespoir 1
Marianne déclara qu'elle passerait la
nuit auprès du corps de son mari.
Elle s'assit, en conséquence, à la tête
du lit où elle était déjà, et prit une des
mains de M. de Villehaut-d'Avron entre
les siennes, la baisa à plusieurs reprises
'et se mit à parler, tout bas au cadavre.
Michel, qui lui faisait face au pied du
lit, n'avait pas changé d'attitude; son
œil se portait alternativement, comme
nous l'avons déjà remarqué aux premiers
moments de cette scène, sur le visage du
marquis et sûr celui de Marianne. Il sem-
blait y chercher la solution de quelque
problème.
M. de Bellombre s'était retiré sur le
canapé, rie voulant pas quitter Marianne
dans l'état d'exaltation où il la voyait.
Madame de Charvallon regagna son
appartement mademoiselle Joséphine,
sœur Monique et les autres serviteurs
s'en allèrent aussi Jean seul resta, en
compagnie de Marianne, de M. de Bel-
lombre et de Michel.
Au bout d'un certain temps, une 'idée
singulière traversa l'esprit de ce der-
nier.
Il se figura que M. de Villehaut-d'A-
vron avait froid, et, s'approchant du corps,
il le recouvrit soigneusement avec les
draps et les couvertures.
Il étendit sur les pieds l'habit de grand
uniforme, au plastron décoré de diffé-
rentes croix, et dont il entendait parer
son maitre quand viendrait l'heure de la
suprême toilette.
Il reprit ensuite sa place au pied du
lit.
Nous avons dit que tous les domesti-
ques étaient frappés de terreur.
Philippe n'était pas le moins épou-
vanté.
Sa peur était si grande qu'il n'avait
pas voulu quitter M. Benoist, bien que
celui-ci lui eût enjoint à plusieurs repri-
ses d'aller se recoucher, ainsi que tous
les autres.
Mais Philippe avait tant supplié que le
chef de cuisine l'avait autorisée coucher
dans sa chambre, sur un matelas,
Si je connais l'abbé? Mais je ne con-
nais que lui! Quand il venait voir son
frère au quartier, nous passions toujours
la journée ensemble.
L'abbé est originaire des Basses-Pyré-
nées. Il ne doit pas-avoir plus de trente-
cinq à quarante ans. En effet, lorsque
j'étais à Saint-Cyr, en 53, il était, lui, au
Bazar céleste, pardon, au séminaire.
Il a de très beaux états de service
d'abord curé à Bayonne; ensuite, entré à
l'école d'application,– pardon, à Sainte-
Geneviève, ayec-le numéro un ou deux.
C'est de là qu'il a été fait aumônier de
l'Empereur. Il était' très apprécié aux
Tuileries. En homme de cœur, il est
resté fidèle à ces souvenirs. Il a vu de
près la' chute de l'Empire. Que de fois ne
l'ai-je pas entendu parler des confidences
navrantes qu'il reçut de l'Impératrice,
ajors que cette malheureuse femme, res-
tée seule à Saint-Cloud, apprenait^ coup
sur coup nos premiers désastres? Que
puis-je vous dire encore? L'abbé a le res-
pect de sa robe et la fait respecter. Je
n'affirmerais pas qu'en préparant un ser-
mon, il ne fume pas la cigarette. Somme
toute, c'est un bon prêtre, un brave hom-
me, comme il en faudrait beaucoup.
Mais je vous quitte, j'ai affaire à la Place.
Adieu.
Adieu.
Surtout, dans votre articlè, n'allez
pas dire que j'ai appelé le séminaire ,« le
Bazar céleste.» »
Moi? Allons donc! l
Et, là-dessus, nous nous séparâmes,
lui'pour se rendre chez le général Geslin-,
moi, pour courir au sermon de l'abbé
Puyol.
Dans l'église, avant que l'abbé montât
en chaire, j'eus encore le loisir d'appren-
dre qu'il était aumônier de Sainte-Barbe
depuis 1871, qu'il y avait succédé à l'abbé
Vazilier; qu'il professe à la Faculté de
théologie, comme suppléant de Mgr Ma-
ret, que ses coûrs sont très suivis, enfin,
qu'il est l'auteur d'un livre estimé « les
Catholiques et les Protestants dans leBéarn.*
L'abbé Puyol prêche à Saint-Etienne-
du-Mont.
Ah! je comprends que M. le curé de
Saint-Etienne, prêtre vertueux, mais tout
en zinc, ait voulu donner à ses parois-
siens le régal de cette parole vivante.
La voix de l'abbé est bonne, sa diction
pure, son geste sobre, son vocabulaire à
la portée de tous. Quoiqu'il soit de la
frontière d'Espagne, on ne remarque pas
de gongorisme dans son discours, ni en-
flure, ni gongorisme.
Il a parlé « de la nécessité de l'aide de
Dieu dans les affaires humaines, » et il a
tiré de son sujet un, excellent parti.
Je l'ai bien observé quand il a quitté la
chaire.
Toute sa personne exprime la fran-
chise et la résolution, et, ma foi, je crois
que, plus d'une fois, on l'a appelé « mon
colonel. »
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
~» Londres, 7 mars. Vous avez reçu
une dépêche sur l'arrivée en Angleterre du
duc et de la duchesso d'Edimbourg.
LL. AA. RR., après un séjour de quarante-
huit heures à Bruxelles, où ils ont reçu un-
accueil chaleureux, ont quitté cette ville,
vendredi à midi, pour Anvers. Là, ils se sont
embarqués sur le yacht Royal-Victoria et Al-
bert, qui est commandé par le prince de Lei-
ningen. Le vaisseau royal était escorté par
plusieurs navires, entre autres par le Galatca,
sur lequel le duc d'Edimbourg a fait le tour
du monde.
La petite ville de Gravesend, où a débar-
qué le couple princier, est une ville- histo-
rique. Tous les Français qui sont venus à
Londres par Boulogne, l'ont vue. Elle est
située presqu.'à l'embouchure, do la Tamise.
C'est laque la reine Elisabeth vint encou-
rager ses troupes, il y a 300 ans, quand l'An-
gleterre était menacée d'une invasion par
Philippe II.
A Gravesend, débarqua Charles H, après la
démission du socond protecteur, Richard
Cromwell. Soixante ans plus tard, cette ville
acclamait l'Electeur de Hanovre, qui venait
prendre la couronne, après la mort de la
reine Anne.
Il y a seize ans, la princesse impériale de
Prusse partait de ce port pour Berlin.
En 1863, la princesse de Galles y débar-
quait.
Aujourd'hui, il reçoit la fille du czar.
Le train qui emportait les princes à Wind-
sor a accompli son .parcours sans arrêt, mais
en traversant la gare du South-Western-Rail-
way, à Londres, une foule immense l'attendait
pour le saluer.
La reine s'est rendue à la gare de Windsor,
Hélas Seigneur Jésus! disait le mé-
chant drôle, pendant que M. Benoist se
disposait à se mettre au j lit, que nous
avons de malheur! Qu'avons-nous donc
fait au bon Dieu pour qu il nous afflige
si cruellement? J'avais pourtant fait brû-
ler pour plus de quarante sous de cier-
ges en l'honneur de la sainte Vierge et
de saint Joseph, et voilà que le jour du
mariage se tourne en Jour de deuil! Ah! 1
monsieur Benoist, si vous le voulez bien,
et afin de dormir plus tranquilles, nous
allons faire tous les deux une prière pour
le repos de l'âme de M. le marquis!
Et sans attendre la réponse du chef, le
drôle se jeta à genoux et se mit à réciter.
des oraisons qui ne finirent que long-
temps après que M. Benoît s'était en-
dormi, et lorsque lui-même se sentit ac-
cablé par le sommeil.
La police et la justice, averties immé-
diatement, firent leur descente au châ-
teau vers deux heures du matin. Elles
y remplirent toutes les formalités d'u-
sage en ces circonstances, sans trouver le
moindre indice qui pût les mettre sur les
traces de l'auteur ou des 'auteurs du
crime.
Marianne dit tout ce qu'elle savait, et
qui n'était pas grand'clicse.
Les seules particularités qui furent re-
levées, c'est que les lampes qui brûlaient
dans la chambre de M. de Villehaut-
d'Avron avaient été, après le crime,
éteintes et renversées à dessein sur le
parquet, où elles gisaient encore, avec
un gros bouquet de violettes encore fraî-
ches.
Ce bouquet était significatif: c'était
comme la signature de l'assassin, car, on
se le rappelle, un, bouquet semblable
evait été trouvé dans la chambre de M.
de Montravert le matin du 3 décembre.
Apparemment, le meurtrier avait tenu
à ce que l'on sût que c'était la même
main qui avait arraché' la vie aux deux
maris de Marianne.
Il était constant aussi, par les traces
que le corps de M. de Villehaut-d'Avron
portait au cou, qu'on avait employé si-
multanément la strangulation et le cou-
teau.
Mais il était impossible de dire,jusqu'à
Célestin.
accompagnée du prince et de la princesse de
Galles, des membres de la famille royale et
des grands officiers de la couronne.
La reine n'avait jamais vu sa belle-fille.
Elle l'a longtemps serrée dans ses bras, après
l'avoir tendrement embrassée. x
L'enthousiasme était grand. Jamais, même
à Windsor, la famille royale n'a été aussi ac-
clamée. (Il y a 37 ans que dure cet heureux et
touchant accord.)
Jeudi, la reine présentera sa belle-fille aux
habitants de Londres. Le cortége royal se ren-
dra au palais de Buckingham par Regent-
Street et le Pall-Mall.
Berlin, 7 mars. Le rhume dont souf-
fre l'empereur Guillaume depuis les der-
niers jours do la semaine précédente, suit
un cours régulier. Toutefois, les promenades
en plein air demeurent encore, jusqu'à nou-
vel ordre, interdites au malade.
PARIS AU JOUI LE 1001
La Presse, dans sa Lettre de. Versailles,
explique les projets du gouvernement sur
l'organisation du septennat. L'économie
de cette organisation roule surtout,
comme on va le voir, 'sur la création
d'une chambre de sénateurs, destinée à
servir de contre-poids à la Chambre des
députés
C'est avec le concours do cette Chambre de
sénateurs que le président de la République
exercerait le droit indispensable de dissolu-
lion, si cela devenait nécessaire, à l'égard de
la Chambre des députés.
Ce serait enfin, parait-il, le président élu
de la Chambre des sénateurs qui, dans le cas
oit M. le maréchal de Mac-Mahon viendrait à
mourir avant la fin du septennat, serait ap-
pelé à le remplacer de plein droit à la prési-
dence de la République.
Je ne puis aftirmer que cette disposition se
retrouvera dans la future loi constitution-
nelle, au moment où elle sera portée à la
commission des Trente. Mais je crois être
sûr qu'en ce moment c'est ce système qui
tient, comme on dit, la corde.
Vous comprenez dès lors quelle impor-
tance s'attache au mode de composition et do
recrutement de la Chambre des sénateurs
projetée.
C'est ici que les avis digèrent les uns
,(extrême droite et groupe bonapartiste)
voudraient que tous les sénateurs fus-
sent à la nomination du président de la
République d'autres préféreraient un
Sénat électif; d'autres encore mêlent les
deux modes de recrutement, ou deman-
dent que les hauts fonctionnaires et les
dignitaires inamovibles (amiraux, cardi-
naux, maréchaux, premiers présidents
de la cour de cassation et de la cour des
comptes) entrent de droit dans ce Sénat.
Jusqu'ici le gouvernement n'a pas laissé
pressentir sa décision.
On ne sait trop ce que la droite pure
pense de ces projets; \& Gazette de France
demandait beaucoup depuis quelques
jours nous l'avons fait remarquer
qu'on fit quelque chose; à en croire uri
article d'hier soir, ce quelque chose se-
rait seulement la suppression du titre de
République; nous ^craignons que la Ga-
zelle de France n'attache à cette formule
plus d'importance qu'elle n'en a en réa-
lité.
Le maintien du titre assurerait le triomphe
do la politique du contre gaucho voilà ce
que le centre droit ne pourra plus contes-
ter. Et c'est parce que ces dernières circons-
tances ont mis en lumière, jusqu'à la dernière
évidence, la nécessité pour tous les conser-
vateurs de se placer nettement sur le terrain
anti-républicain et d'arborer Une politique
anti-républicaine, que nous nous félicitons
des explications qui viennent d'être échan-
gées entre les organes du centre droit et ceux
du centre gauche.
Désormais, il ne peut plus y avoir qu'une
opinion sur ce point: la république, condam-
née en principe et en fait, doit disparaître de
nom.
C'est du jour seulement, il est facile de le
comprendre, où l'on aura biffé le titre de Ré-
publique que le parti conservateur pourra
s'organiser puissamment pour tenir tête aux
factions révolutionnaires, et forcer les radi-
caux et les républicains à prouver que ce
qu'ils visent avec la République, c'est bien
le renversement do tout gouvernement d'or-
dre.
Le contre gairohe n'existe en ce moment
quo grâce à l'équivoque du titre de Républi-
que; ce titre supprimé, c'en est fait de ce
parti. ̃
On a tant parlé du général Pavia,
depuis quelque temps, qu'on lira avec
intérêt quelques notes sur lui emprun-
tées à un récent article du Journal des
Débats. ,•̃̃
Au risque d'épouvanter M. Baze, nous
les reproduisons
ce que l'autopsie eût fait connaître quel-
que chose à ce, sujet, lequel des deux
moyens avait déterminé la mort
Au moment où le docteur amené par la
justice avait défait l'appareil qui recou-
vrait la blessure pour en examiner la
forme, le sang, coulait encore, mais en
,très faible quantité; il put "néanmoins
constater qu'elle avait été faite par un
couteau, et non par un poignard, c'est-à-
dire que la lame qui avait pénétré dans
les chairs n'était affilée que d'un côté
et avait un dos.
On fouilla tout le monde, depuis les
deux aides de cuisine jusqu'à la duches-
se on perquisitionna partout, à l'office,
dans les.châmbres, dans les. meubles, les
vêtements, les chaussures, sous les lits,
et jusque dans les,lieux les plus secrets,
sans pouvoir découvrir l'arme dont on
s'était servi. •
Il ne manquait pas de couteaux dans
la maison; sans compter ceux qui étaient
employés à l'usage de la cuisine et de la
table, presque chacun des domestiques
en avait un qui lui était propre mais
pas un de tous ces couteaux ne répon-
dait à la* forme qu'offrait là blessure.
Les recherches faites à l'extérieur du
château dans le même but, n'amenèrent
non plus aucun résultat.
Marianne, dans son trouble, ne s'était
pas encore aperçue qu'elle avait des tra-
ces de sang à divers endroits de sa robe
et jusque sur une de ses mains.
Le,procureur impérial l'interrogea à ce
sujet.
Elle resta d'abord interdite, ne sachant
quelle explication en donner.
Mais elle fit presque aussitôt un vio-
lent effort sur elle-même, et, rappelant
toute sa raison, elle dit que ce sang pro-
venait sans doute de ce qu'en entrant
dans la chambre elle avait roulé sur le
corps de M. de Villehaut-d'Avron.
Le procureur impérial lui fit observer
que ce ne pouvait être dans cette chute
qu'elle s'était ainsi tachée, puisqu'à ce
moment-là la tunique,ni le gilet du mar-
quis n'ayant encore été déboutonnés, le
sang n'avait pu jaillir sur elle avec une
telle abondance par l'étroite déchirure
Auguste Mnrcade.
C'est un homme de taille moyenne, bien
proportionné il a certainement un peu plus
do quarante ans, mais à sa démarche, à son
ton, à sa conversation, à ses manières, on ne
lui donnerait pas son âge on le prendrait tout
à fait pour un jeune homme.C'est un véritable
polio (poulet c'est le nom qu'on donne à tous
les jeunes gens.)
Le général Pavia est un militaire instruit.
Il sort de l'Ecole de Ségovie, destinée à l'ar-
tillerie, et est arrivé dans ce corps jusqu'au
grade de commandant.
Il a commandé à titre provisoire l'armée
du Nord, où il a obtenu des résultats remar-
quables, et nul doute qu'il no lût parvenu à
dominer dans ses commencements l'insurrec-
tion carliste, si oa lui eût laissé son comman-
dement. A une bravoure reconnue, il joignait
une très grande habileté. Quand il arrivait
dans un village, après avoir visité l'alcade
et les principaux habitants, il exigeait qu'on
le présentât aux dames do ces messieurs,
leur-faisait do grands compliments, cajolait
leurs enfants, s'intéressait à leurs affaires,
leur offrait de petits présents.
Bientôt on raffolait de lui; il avait tous les
renseignements qu'il voulait avoir, et parve-
nait à détourner des populations entières de
leur adhésion aux carlistes.'
Pavia est très aimé de ses subordonnés,
parce qu'il s'intéresse à eux et s'occupe do
leurs droits et do leur bien*-être avant do
penser à luimêmo.
**# Un joli proverbe oriental retrouvé
par Paris-Journal
L'aumône est le sel dos richesses; sans ce
préservatif, elles se corrompent.
# Un père et son fils esquissés
par Cham-regardent la statue de Jeanne
d'Arc
Papa, dit le fils, à quoi qu'on voit qu'elle
était chaste ?
Et le père, en homme au courant des mys-
tères parisiens, 'répond
Parbleu! sans cela elle aurait une voi-
ture.
Le caricaturiste du Charivari a aussi
découvert à la future loi électorale un
inconvénient que n'ont point prévu nos
législateurs.
Charles misérable! itu as tué ta mère!
Tu viens de voter, tout le monde va savoir
que j'ai un fils de vingt-cinq ans?– F. n.
INFORMATIONS
La Journée
Quelques nominations dans la Légion
d'honneur
M. Ducros, préfet du Rhône, est promu
au grade de grand officier.
M. Elondel, directeur de l'Assistance
publique, est nommé commandeur.
Sont nommés officiers M. Duval, pré-
fet du département de la Seine.- -M. Li-
zot, préfet de la Seine-Inférieure. M.
le marquis de Chambon, préfet de Meur-
the-et-Moselle. M. le comte de' Ram-
buteau, préfet du Pas-de-Calais. M.
Hubert Débrousse,, directeur politique
du journal la Presse. Bravo
Enfin, la croix do chevalier estdonnée
à M. Pascal, préfet de la Gironde. M.
le baron Sers, préfet de l'Euro, ancien
membre du conseil général de la Moselle.
M. Choppin, préfet de l'Oise, préfet de
policexpar intérim en 1870-71. M. Del-
pon, préfet d'Ille-et-Vilaine. M. Fé-
raud, préfet des Hautes- Pyrénées. M.
.le vicomte de Perthuis, préfet d'Eure et-
Loir. M. Cresson, avocat, ancien pré-
fet de police. M. Guyon (Eugène), di-
recteur politique du journal la Patrie.
On nous prie d'annoncer que les dépu-
tas seront reçus au bal du Tribunal de
Commerce sans invitation spéciale et sur
la présentation de leur médaille.
M. de Polignac, lieutenant au 4" régi-
ment de cuirassiers, vient d'être désigné
par M. le ministre de la guerre pour ser-
vir, en qualité d'officier d'ordonnance,
auprès du général de Ladmirault, gou-
verneur de Paris, commandant supérieur
de la lre division militaire.
Il est probable que M. Ledru-Rollin ne
fera à l'Assemblée nationale que des ap-
paritions intermittentes. Gela se com-
prend un peu, carde Fontenay à Versail-
les, c'est tout un voyage.
Le député de Vaucluse avait songé à
reprendre, pendant la session, l'apparte-
ment meublé qu'il a occupé déjà au nu-
méro 120 de l'avenue des Champs-Ely-
sées, mais ce local n'est plus vacant, et,
hier, son intendant- un fort bel homme,
que la lame du couteau avait faite aux
vêtements. -ci.; -.•̃<̃
Elle se rappela -alors que lorsque Mi-
chel avait défait les vêtements, elle était
agenouillée auprès du corps, de l'autre
côté/et qu'elle avait ensuite tenuslong-
temps le cadavre dans ses bras; que ses
femmes, ayant voulu l'arracher de force
à. ces embrassements, elle s'était débat-
tue. Elle raconta ces incidents et dit
qu'il était possible, au milieu de cette
i agitation, que sa main eût touché la par-
[tieensanglantée des habits de son mari.
Quant aux taches de la robe, le tapis
portait lui-même de larges traces de
sang sur lesquelles sa jupe avait trainé.
l 1 Michel attesta l'exactitude de ce que
venait de dire la marquise lui aussi
avait du sang aux mains et à ses vête-
ments il en fournit l'explication par les
| faits que nous connaissons:
Mais la pensée qui présidait à cet in-
terrogatoire n'avait point échappé à Ma-
rianne, et elle faillit suffoquer de dou-
leur en songeant qu'on pouvait la croire
coupable du crime qui venait de lui ravir
l'époux pour lequel elle aurait volontiers
donné sa vie..
Elle ne put s'empêcher de dire au ma-
gistrat
-Je me croyais assez malheureuse,
monsieur, pour que personne n'éprouvât
le besoin d'ajouter l'outrage à-ma dou-
leur 1,
Madame, répondit sèchement le pro-
cureur impérial, la justice ne saurait ou-
trager personne en faisant son devoir.
Je n'ai d'ailleurs plus qu'une chose à
vous demander pour le moment, ajouta-!
t-il ayez, je vous prie, l'obligeance de
soumettre vos mains à l'examen dé mon- I
sieur.
Ce disant, il désignait le docteur qui
était venu avec lui, et qui s'était appro-
ché de la marquise.
Marianne n'avait quitté sa place au
chevet de M. de Villehaut-d'Avron qu'au
moment où elle, était passée dans sa
chambre pour se laisser fouiller par une
femme ad hoç, que la justice avait envoyé
chercher.
En rentrant, elle était venue se ras-
ma foi est allé explorer les abords de
la gare de Montparnasse, où il n'a rien
trouvé de convenable, en meublé.
Cela fait, notre bel homme est allé
prendre un bock au café qui fait l'angle
de la place, vis-à-vis la gare (on voit que
nous précisons), et, racontant ses recher-
ches infructueuses au propriétaire de
céans, il a ajouté cas propres paroles
Ma foi, tant pis mon maître ira
moins souvent à Versailles (textuel).
Il paraît qu'avant-hier soir, on a été-
bien près de prendre l'assassin de la rue
Blondel.
Deux inspecteurs do la police du sû-
reté, sortant de la Morgue, entrèrent
chez un marchand de vins. Debout efrap-
puyé au comptoir se tenait un homme on
paletot marron, au pantalon gris, coiffa
d'un chapeau à haute forme.
Tiens, dit l'un des inspecteurs, c'est
absolument le costume de l'homme de la
rue Blondel. Voyons donc sa figure t
Ils se placèrent de profil. L'homme
avait une une moustache et les cheveux
coupés courts en brosse.
Mais c'est lui dit tout bas l'un des
agents..
L'homme,v oyant qu'on parlait de lui,
avala précipitamment le reste de son
verre de vin, jeta trois sous sur le comp-
toir et sortit à grands pas.
Les deux agents le laissèrent prendre
cent pas d'avance et se mirent aie' /iJer
consciencieusement, comme bien on
pense. .11
L'individu au paletot marron traversa
l'eau et gagna le boulevard Saint-Michel.
Puis il prit le boulevard Saint-Germain
et entra là dans une gargotte pour dîner.
Les agents attendirent à la porte.
L'homme ressortit au bout d'une demi-
heure il semblait un peu ivre et se mit
à arpenter les rues.
A onze heures du soir, enfin, il arriva
rue Zacharie"ayant toujours ses cent pas
d'avance. 1 1 1 1
Tout à coup, il disparut. Les inspec-
teurs de police s'élancèrent en avant
mais rien, plus trace de l'homme. C'était
à croire qu'il s'était abîmé dans le mur.
Les agents ontjpassê la nuit en rocher-
ches,"mais elles sont restées complète-
ment infructueuses.
Il faudrait la plume de Rabelais pour
vous narrer l'aventure arrivée hier ma-
tin au cheval de M. le vicomte de Car-
rioux.
Fougueux comme doit l'être un bon
cheval de selle, le coursier, attaché à un
poteau dans la cour d'une maison, 16,
rue des Epinettes, .piaffait avec impa-
tience. Or l'endroit sur lequel il piéti-
nait, se trouvait justement être la clef de
voûte d'une fosse. nécessaire, mais qui
avaitgrand besoin de la visite des tra-
vailleurs nocturnes. *•
La voûte céda et le cheval fut précipi-
té à une profondeur de deux mètres
cinquante, d'où il fallut une grande
heure pour le retirer avec des cordes et
une poulie.
Le cheval n'a pas ou de mal, mais il ne
sera pas do sitôt propre à 'être monté par
son propriétaire.
Le tirage au sort ne pouvait se passer,
sans un incident burlesque. Samedi un
sieur Rouget qui demeure chezses parents,
4, rue Lobie, et qui avait reçu d'eux quel-
que argent à l'occasion du numéro- qu'il
allait tirer au sort, avait passé toute la
matinée à boire.
A midi précis, il descend de fiacre de-
j vant le palais de l'Industrie, et, sa lettre
i de convocation à là main, demande où il
| doit aller interroger le sort. Le garçon
do salle l'examine et lui intordit d'eu-
( tre'r. Rouget proteste. Les gardiens de la
j paix interviennent et se fâchent encore
I plus que le garçon de salle,
Rouget portait un costume de. chef de
bataillon 1 Du temps du premier empire,
il est vrai. Mais il n'avait pas plus le
droit de le porter, surtout en ce lieu,
qu'il n'avait celui d'être ivre.
On le conduisit au poste.
j C'est une infamie, criait-il C'était
pour que ça me porte bonheur
•>;Ge soir a lieu le bal du tribunal de
commerce. Mon collaborateur Alfred
d'Aunay en rendra compte.
Je me contente aujourd'hui d'un urcit.
-.̃: Bonne chose, au bout du compte,
disait hier un artiste qui à plusCde talent
que d'or. Les juges et les huissiers vont
danser toute la nuit à cœur-joie. Après-
demain, pas de protêts, pas de jugement,
pas de saisie. Il y a du bon dans l'idée
de cette fête.
Gaston Vasay'
seoir à la Ôëme, place et avait pris de
nouveau la main du marquis.
A l'injonction du procureur impérial,
elle abandonna cette main, après l'avoir
ramenée sur le lit, et présenta les deux
siennes au docteur.
Celui-ci,, en étudia longuement les on-
gles, jetant de temps à. autre au, magis-
trat des regards qui disaient: –C'est
cela même
Ce. docteur avait, en effet, préalable-
ment constaté que la-strangulation, chez
M. de Viltehaut-d'Avron comme chez
M. de Montravert avait été opérée par
dés:mains féminines.
Et, à son avis, les ongles de Mariàinhe
comme un autre docteur l'avait déjà
affirmé lors dn crime de la rue de Seine,
se rapportaient de la façon fa plus
parfaite à la forme et à l'étendue des
écorchures que M. de Viliehaut-d'Avron
avait au con.
Quand le docteur eut terminé cet exa-
men; Marianne pencha sa tête sur le lit,
y cacha son visage dans ses mains, à côté
du visage du marquis, et se mit à san-
glotér. y
'Los magistrats, alors, se retirèrent.
Marianne pleura longtemps. Mais, peu
à peu les sanglots devinrent moins vio
lents et cessèrent encore tout à fait la
pauvre enfant, brisée de fatigue, écraséo
d'émotion, avait fini par tomber dans un
sommeil profond, voisin de là léthargie.
Sœur Monique, mademoiselle Joséphi-
ne et la seconde femme de chambre pro-
fitèrent de cet engourdissement pour la
transporter sur son lit, dans sà ëhambre,
ce qu'elles firent sans que Marianne se
réveillât.
Michel resta seul auprès du cadavre du
marquis. ♦
Ce qu'il avait entendu dire au sujet de
l'autopsie, jugée nécessaire par la jus-
tice, lui trottait fort par la tête.
Au bout de quelques instants de ré-
flexion, il décida que cela était impos-
sible.
MBS D'ÀGHONNE.
fia suite à demain.J
Un jeune homme imberbe invite ma-
dame Judic pour la première polka.
Vous me remettez bien, n'est-ce pas,
madame? lui demande ledit jeune homme.
Oui, monsieur, je vous remets.
aux calendes grecques!
#
A quatre heures, la retraite s'opérant
en bon ordre, je rencontre mon bour-
geois le gêneur donnant le bras à
une grosse, une très grosse femme.
'Il la conduit jusqu'à une voiture. C'est
à peine si la portière du fiacre est assez
large pour la laisser entrer.
Il salue, le fiacre s'éloigne, puis, me
reconnaissant
^-Celle-là, me dit-il, je la connais,
c'est une des étoiles de la rampe. c'est
mademoiselle Sarah Bernhardt
(Un Monsieur de l'orchestre.)
A TRAVERS LES SALONS
II faut se hâter, le temps presse, chan-
tent sur tous les tons et même sur l'air
de Zampa les maîtres de maison retar-
dataires. Ils voient pleins de frayeur_ar-
river à grands pas les austérités du ca-
rême, abattant leur éteignoir sur les lus-
tres mondains. Aussi, devant cette me-
nace, les salons ouvrent si bien leurs
portes,que nous ne savons par lequel
commencer.
Notre bonne étoile nous conduit d'a-
bord chez madame Benoît Fould, qui
donne un grand dîner, et dans ses élé-
gants salons nous retrouvons les plus
illustres représentants de l'académie, de
la politique et de la haute finance.
1 Le duc de Padoue, l'homme en vedette
dit moment, y est très entouré, et l'on
convient que le parti bonapartiste ne
"pouvait -faire un meilleur choix en le
chargeant de porter la parole à la cé-
rémonie du 16 mars.
On raconte, àl'occasiondu voyage pro-
chain de Chislehurt, un trait assez cu-
rieux
Tleçu dernièrement par le maréchal de
Mac-Mahon, qui a pour lui une sympa-
thique estime, le duc de Padoue vit le
lendemain le préfet de Seine-et-Oise, qui,
après les plus astucieuses insinuations,
essaya de lui faire comprendre qu'on lui
saurait le plus grand gré s'il voulait don-
ner sa démission de maire de Courson.
Le duc répondit avec son plus fin sou-
rire
Je tiens beaucoup à vous être
agréable; mais il m'est impossible de vous
rendre le service que vous désirez. Vous
pouvez m'enlever mon écharpe munici-
pale, mais je ne saurais la donner moi-
même.
On répétait aussi un mot charmant de
M. Haentjens le député, qui prévenait
l'autre jour,loyalement,le duc de Broglie
que l'un des deux adjoints de la ville du
Mans, dont là nomination devait paraître
à Y Officiel, comptait se rendre le 1(3 à
Chisléhùrst.
Alors nous attendrons, dit le minis-
tre de l'intérieur. C'est bien, répond
M. Haentjons, sa nomination sera sa ré-
compense 1
Le maréchal de Mac-Mahon était plein
d'entrain à la soirée de M. dé Fourtou et
était très entouré. Quand il s'est levé en
donnant le bras à madame de. Fourtou,
toutes les dames se levèrent également
comme s'il était le souverain.
Mais on no se lève ainsi que devant
une majesté,dit une dame centre gauche.
Il représenté la majesté de l'hon-
neur, répliqua sa voisine.
Une brillante réunion chez M. Léon
Renault à la préfecture de police. Tous
les partis s'y pressent^ et l'on désarme
volontiers dans ce, salon, où le plus sym-
pathique accueil est réservé à tous.
Là tête- pleine des fantastisques ta-
̃• bleaux de Y Oncle Sam, je m'étais laissé
conduire dans un salon américain, où se
trouvait réunie la fine fleur de la gra-
cieuse, colonie on ne pouvait- rien voir
déplus charmant, de plus coquet que
cette réunion déjeunes femmes luttant
d'élégance et de beauté.
Madame de Forest a dû être contente
de sa soirée, car tous les invités étaient
radieux de plaisir. J'ai vainement cher-
ché les scènes de flirtage jacontées par
M. Sardou, je n'y ai vu que des jeunes
filles riantes animées par les valses en-
traînantes et n'échangeant que d'inno-
cents plaisirs. Cependant on parlait
Feuilleton dn FIGARO da iO Mars
33
'1, i9~ ~j. (.J') i"
ïiS NUITS SÂMLMTES
Ï.L~ NUU& ~A~~LMiL.S
:.i z.l -«
M. de Bellombre arriva enfin.
Il examina la plaie, tâta le pouls, ap-
Tpuya le pouce sur, une des paupières in-
férieures, la renversa légèrement et étu-
dia un moment l'œil à l'intérieur il
ausculta ensuite les flancs, les reins et
laipoitrine..
Chaçua suivait/ses mouvements avec
la plus grande anxiété.
Il se retourna, et, s'approchant de Ma-
rianne, il l'invita à se retirer, ainsi que
madame de Charvallon.
Mais Marianne n'en voulut rien faire,
et, ordonnant à mademoiselle Joséphine
et a, sœur Monique, d'un ton qui, cette
fois-ci, n'admettait pas d'insistance, 'de
la laisser tranquille, elle se leva du ca-
napé et vint se placer au chevet du lit.
̃– Qn n'a pas peur de l'homme qu'on
aime, dit-elle à-M. de Bellombre; rien ne
me fera.quitter-:li de Villehaut-d'Avron.
M. de Bellombre prodigua alors à M. de
Villehaut-d'Avron tous les soins indiqués
par la science il sonda la plaie, la ban-
da il essaya de tous les réactifs. Rien
ne put amener un sighe-d'existence.
Convaincu qu'il avait affaire à un
homme mort, il passa sa main droite sur
les-yeux du marquis et ferma ses pau-
pières pour l'éternel sommeil.
Puis, Use prit à fondre en larmes sur
l'ami qu'il venait de perdre. i
On fît de nouvelles tentatives'pour éloi-
gner Marianne du lit de mort de son
époux, mais elle s'y refusa de la façon la
plus absolue, et défendit qu'on lui repar
lât de pareille chose.
Madame de Charvallon n'essaya pas
même de lui dire un mot pour la calmer,
elle comprenait trop bien l'immensité de
sa souffrance. Le coup qui les frappait
l'une et l'autre dépassait toutes les limi-
beaucoup d'une jeune et blonde améri-
caine, mademoiselle J. qui épouse pro-
chainement, dit-on, sir Frédéric Char-
luci, second fils du duc de Malborough.
Est-ce que M. Sardou n'aurait pas bien
étudié et jugé les mœurs américaines
du fond de son château de Marly?
Lo Monsieur des salons.
̃» 2–
LES PRÉDICATEURS
DU CARÊME `
MGR DE SÉBASTB.' L'ABBÉ PUYOL.
J'ai entendu cette semaine deux prédi-
cateurs d'un talent, d'une figure ê.t d'un
caractère fort dissemblables. L'un est un
dignitaire de l'Eglise, l'autre un aumô-
nier de lycée..
Je vais essayer d'en donner un léger
crayon..
Mgr de Sébaste n'est autre que Mgr Le-
courtier, ancien évoque de Montpellier,
que des difficultés administratives ont
séparé de son clergé.
C'est un vieillard 'de belle prestance,
dont les manières sont celles d'un grand
seigneur. De sa main, gantée de violet, il
esquisse plutôt qu'il ne donne sa béné-
diction. On le dit d'humeur difficile.
Dans tous los cas, il n'en laisse rien
percer dans ses paroles. Je le trouve, au
contraire, trop melli/lu. Ses allocutions
m'ont paru se rattacher beaucoup plus à
l'homélie qu'au sermon proprement dit.
Cela tient peut-être à ses débuts com-
me prédicateur à Notre-Dame, où, au
sortir des Missions étrangères, dont il
venait d'occuper la cure, il fonda, comme
archiprêtre, la retraite des dames. »
Or, il ne s'agit pas, quand on s'adresse
à un auditoire exclusivement féminin,
réuni pour entendre laparole de Dieu, de
frapper de grands coups, d'étonner, de
surprendre il faut persuader, il faut
plaire.
Ce genre d'éloquence, Mgr Lecourtier le
posséde à fond, et il lui dut ses pre-
miers et très légitimes succès.
Les conférences faites à Notre-Dame
par Mgr Lecourtier furent continuées
avec des fortunes diverses par Mgr Lan-
génieux, aujourd'hui évêque de Tarbes,
et plus tard par le théâtral abbé Bauer,
dont le très réel talent est à notre sens
beaucoup trop entaché de déclamation et
d'emphase.
Mais il en est des conférences comme
des livres habent sua fala. Cette re-
traite des dames » à la Métropole est au-
jourd'hui beaucoup moins suivie.
J'ai entendu Mgr Lecourtier à Sainte-
Clotilde. Inutile de dire qu'il y avait là
plus d'une duchesse et plus d'une mar-
quise.
Mgr Lecourtier a parlé, de la Passion,
« de ce vieux drame toujours nouveau,
si pathétique, et-qui, même chez quel-
ques incrédules, a rencontré la pitié. »
II a eu des accents attendris, et â propos
dé ce sacrifice, qui nous constitue les
débiteurs de Dieu, il a eu un mot ehar-
mant « Acquittez-vous, a-t-il dit, par
l'aumône Dieu ne peut rien recevoir di-
rectement de vous, mais il a des subs-
tituts, qui sont ses fermiers généraux,
je veux dire les pauvres. »
1 Malheureusement, l'orateur laisse tom-
ber sa voix à la fin de chaque phrase, ce
qui double d'une certaine fatigue le plai-
j siride l'auditeur. Il faut dire qu'à Saitite-
Clotilde, l'acoustique est déplorable;
mais ce qu'il faut dire.aussi, c'est que
Mgr Lecourtiera soixante-quinze ans! Un
bel âge, pour celui qui, comme lui, peut,
l'ayant bien remplie, regarder dans sa vie
sans trop d'amertume ni de regrets!
Eh bien malgré tout, et quoi qu'il soit
évêque, je gage que quelquefois Mgr de
Sébaste regrette le temps où il était sous-
lieutenant. jo veux dire séminariste.
FROU-FUOU
Mais arrivons à l'abbé Puyol.
J'avais fort inutilement mis le siége de-
vant le collège Sainte-Barbe, où l'abbé
est aumônier, et non moins inutilement
questionné diverses personnes, qui tou-
tes, pour ne pas me répondre, avaient al-
légué la très grande modestie de l'abbé,
peu désireux, croyaient-elles, de figurer
dans la galerie du Figaro, lorsque, fort à
propos, je me rappelai que l'abbé a un
frère, officier attaché à l'état-major du
général Faron.
Une heure passée au café du Helder
suffit à me mettre en rapport avec un
ami de ce frère, un dragon, que je
vais laisser parler
tes de la patience humaine; il ne restait
plus de place que pour le désespoir 1
Marianne déclara qu'elle passerait la
nuit auprès du corps de son mari.
Elle s'assit, en conséquence, à la tête
du lit où elle était déjà, et prit une des
mains de M. de Villehaut-d'Avron entre
les siennes, la baisa à plusieurs reprises
'et se mit à parler, tout bas au cadavre.
Michel, qui lui faisait face au pied du
lit, n'avait pas changé d'attitude; son
œil se portait alternativement, comme
nous l'avons déjà remarqué aux premiers
moments de cette scène, sur le visage du
marquis et sûr celui de Marianne. Il sem-
blait y chercher la solution de quelque
problème.
M. de Bellombre s'était retiré sur le
canapé, rie voulant pas quitter Marianne
dans l'état d'exaltation où il la voyait.
Madame de Charvallon regagna son
appartement mademoiselle Joséphine,
sœur Monique et les autres serviteurs
s'en allèrent aussi Jean seul resta, en
compagnie de Marianne, de M. de Bel-
lombre et de Michel.
Au bout d'un certain temps, une 'idée
singulière traversa l'esprit de ce der-
nier.
Il se figura que M. de Villehaut-d'A-
vron avait froid, et, s'approchant du corps,
il le recouvrit soigneusement avec les
draps et les couvertures.
Il étendit sur les pieds l'habit de grand
uniforme, au plastron décoré de diffé-
rentes croix, et dont il entendait parer
son maitre quand viendrait l'heure de la
suprême toilette.
Il reprit ensuite sa place au pied du
lit.
Nous avons dit que tous les domesti-
ques étaient frappés de terreur.
Philippe n'était pas le moins épou-
vanté.
Sa peur était si grande qu'il n'avait
pas voulu quitter M. Benoist, bien que
celui-ci lui eût enjoint à plusieurs repri-
ses d'aller se recoucher, ainsi que tous
les autres.
Mais Philippe avait tant supplié que le
chef de cuisine l'avait autorisée coucher
dans sa chambre, sur un matelas,
Si je connais l'abbé? Mais je ne con-
nais que lui! Quand il venait voir son
frère au quartier, nous passions toujours
la journée ensemble.
L'abbé est originaire des Basses-Pyré-
nées. Il ne doit pas-avoir plus de trente-
cinq à quarante ans. En effet, lorsque
j'étais à Saint-Cyr, en 53, il était, lui, au
Bazar céleste, pardon, au séminaire.
Il a de très beaux états de service
d'abord curé à Bayonne; ensuite, entré à
l'école d'application,– pardon, à Sainte-
Geneviève, ayec-le numéro un ou deux.
C'est de là qu'il a été fait aumônier de
l'Empereur. Il était' très apprécié aux
Tuileries. En homme de cœur, il est
resté fidèle à ces souvenirs. Il a vu de
près la' chute de l'Empire. Que de fois ne
l'ai-je pas entendu parler des confidences
navrantes qu'il reçut de l'Impératrice,
ajors que cette malheureuse femme, res-
tée seule à Saint-Cloud, apprenait^ coup
sur coup nos premiers désastres? Que
puis-je vous dire encore? L'abbé a le res-
pect de sa robe et la fait respecter. Je
n'affirmerais pas qu'en préparant un ser-
mon, il ne fume pas la cigarette. Somme
toute, c'est un bon prêtre, un brave hom-
me, comme il en faudrait beaucoup.
Mais je vous quitte, j'ai affaire à la Place.
Adieu.
Adieu.
Surtout, dans votre articlè, n'allez
pas dire que j'ai appelé le séminaire ,« le
Bazar céleste.» »
Moi? Allons donc! l
Et, là-dessus, nous nous séparâmes,
lui'pour se rendre chez le général Geslin-,
moi, pour courir au sermon de l'abbé
Puyol.
Dans l'église, avant que l'abbé montât
en chaire, j'eus encore le loisir d'appren-
dre qu'il était aumônier de Sainte-Barbe
depuis 1871, qu'il y avait succédé à l'abbé
Vazilier; qu'il professe à la Faculté de
théologie, comme suppléant de Mgr Ma-
ret, que ses coûrs sont très suivis, enfin,
qu'il est l'auteur d'un livre estimé « les
Catholiques et les Protestants dans leBéarn.*
L'abbé Puyol prêche à Saint-Etienne-
du-Mont.
Ah! je comprends que M. le curé de
Saint-Etienne, prêtre vertueux, mais tout
en zinc, ait voulu donner à ses parois-
siens le régal de cette parole vivante.
La voix de l'abbé est bonne, sa diction
pure, son geste sobre, son vocabulaire à
la portée de tous. Quoiqu'il soit de la
frontière d'Espagne, on ne remarque pas
de gongorisme dans son discours, ni en-
flure, ni gongorisme.
Il a parlé « de la nécessité de l'aide de
Dieu dans les affaires humaines, » et il a
tiré de son sujet un, excellent parti.
Je l'ai bien observé quand il a quitté la
chaire.
Toute sa personne exprime la fran-
chise et la résolution, et, ma foi, je crois
que, plus d'une fois, on l'a appelé « mon
colonel. »
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
~» Londres, 7 mars. Vous avez reçu
une dépêche sur l'arrivée en Angleterre du
duc et de la duchesso d'Edimbourg.
LL. AA. RR., après un séjour de quarante-
huit heures à Bruxelles, où ils ont reçu un-
accueil chaleureux, ont quitté cette ville,
vendredi à midi, pour Anvers. Là, ils se sont
embarqués sur le yacht Royal-Victoria et Al-
bert, qui est commandé par le prince de Lei-
ningen. Le vaisseau royal était escorté par
plusieurs navires, entre autres par le Galatca,
sur lequel le duc d'Edimbourg a fait le tour
du monde.
La petite ville de Gravesend, où a débar-
qué le couple princier, est une ville- histo-
rique. Tous les Français qui sont venus à
Londres par Boulogne, l'ont vue. Elle est
située presqu.'à l'embouchure, do la Tamise.
C'est laque la reine Elisabeth vint encou-
rager ses troupes, il y a 300 ans, quand l'An-
gleterre était menacée d'une invasion par
Philippe II.
A Gravesend, débarqua Charles H, après la
démission du socond protecteur, Richard
Cromwell. Soixante ans plus tard, cette ville
acclamait l'Electeur de Hanovre, qui venait
prendre la couronne, après la mort de la
reine Anne.
Il y a seize ans, la princesse impériale de
Prusse partait de ce port pour Berlin.
En 1863, la princesse de Galles y débar-
quait.
Aujourd'hui, il reçoit la fille du czar.
Le train qui emportait les princes à Wind-
sor a accompli son .parcours sans arrêt, mais
en traversant la gare du South-Western-Rail-
way, à Londres, une foule immense l'attendait
pour le saluer.
La reine s'est rendue à la gare de Windsor,
Hélas Seigneur Jésus! disait le mé-
chant drôle, pendant que M. Benoist se
disposait à se mettre au j lit, que nous
avons de malheur! Qu'avons-nous donc
fait au bon Dieu pour qu il nous afflige
si cruellement? J'avais pourtant fait brû-
ler pour plus de quarante sous de cier-
ges en l'honneur de la sainte Vierge et
de saint Joseph, et voilà que le jour du
mariage se tourne en Jour de deuil! Ah! 1
monsieur Benoist, si vous le voulez bien,
et afin de dormir plus tranquilles, nous
allons faire tous les deux une prière pour
le repos de l'âme de M. le marquis!
Et sans attendre la réponse du chef, le
drôle se jeta à genoux et se mit à réciter.
des oraisons qui ne finirent que long-
temps après que M. Benoît s'était en-
dormi, et lorsque lui-même se sentit ac-
cablé par le sommeil.
La police et la justice, averties immé-
diatement, firent leur descente au châ-
teau vers deux heures du matin. Elles
y remplirent toutes les formalités d'u-
sage en ces circonstances, sans trouver le
moindre indice qui pût les mettre sur les
traces de l'auteur ou des 'auteurs du
crime.
Marianne dit tout ce qu'elle savait, et
qui n'était pas grand'clicse.
Les seules particularités qui furent re-
levées, c'est que les lampes qui brûlaient
dans la chambre de M. de Villehaut-
d'Avron avaient été, après le crime,
éteintes et renversées à dessein sur le
parquet, où elles gisaient encore, avec
un gros bouquet de violettes encore fraî-
ches.
Ce bouquet était significatif: c'était
comme la signature de l'assassin, car, on
se le rappelle, un, bouquet semblable
evait été trouvé dans la chambre de M.
de Montravert le matin du 3 décembre.
Apparemment, le meurtrier avait tenu
à ce que l'on sût que c'était la même
main qui avait arraché' la vie aux deux
maris de Marianne.
Il était constant aussi, par les traces
que le corps de M. de Villehaut-d'Avron
portait au cou, qu'on avait employé si-
multanément la strangulation et le cou-
teau.
Mais il était impossible de dire,jusqu'à
Célestin.
accompagnée du prince et de la princesse de
Galles, des membres de la famille royale et
des grands officiers de la couronne.
La reine n'avait jamais vu sa belle-fille.
Elle l'a longtemps serrée dans ses bras, après
l'avoir tendrement embrassée. x
L'enthousiasme était grand. Jamais, même
à Windsor, la famille royale n'a été aussi ac-
clamée. (Il y a 37 ans que dure cet heureux et
touchant accord.)
Jeudi, la reine présentera sa belle-fille aux
habitants de Londres. Le cortége royal se ren-
dra au palais de Buckingham par Regent-
Street et le Pall-Mall.
Berlin, 7 mars. Le rhume dont souf-
fre l'empereur Guillaume depuis les der-
niers jours do la semaine précédente, suit
un cours régulier. Toutefois, les promenades
en plein air demeurent encore, jusqu'à nou-
vel ordre, interdites au malade.
PARIS AU JOUI LE 1001
La Presse, dans sa Lettre de. Versailles,
explique les projets du gouvernement sur
l'organisation du septennat. L'économie
de cette organisation roule surtout,
comme on va le voir, 'sur la création
d'une chambre de sénateurs, destinée à
servir de contre-poids à la Chambre des
députés
C'est avec le concours do cette Chambre de
sénateurs que le président de la République
exercerait le droit indispensable de dissolu-
lion, si cela devenait nécessaire, à l'égard de
la Chambre des députés.
Ce serait enfin, parait-il, le président élu
de la Chambre des sénateurs qui, dans le cas
oit M. le maréchal de Mac-Mahon viendrait à
mourir avant la fin du septennat, serait ap-
pelé à le remplacer de plein droit à la prési-
dence de la République.
Je ne puis aftirmer que cette disposition se
retrouvera dans la future loi constitution-
nelle, au moment où elle sera portée à la
commission des Trente. Mais je crois être
sûr qu'en ce moment c'est ce système qui
tient, comme on dit, la corde.
Vous comprenez dès lors quelle impor-
tance s'attache au mode de composition et do
recrutement de la Chambre des sénateurs
projetée.
C'est ici que les avis digèrent les uns
,(extrême droite et groupe bonapartiste)
voudraient que tous les sénateurs fus-
sent à la nomination du président de la
République d'autres préféreraient un
Sénat électif; d'autres encore mêlent les
deux modes de recrutement, ou deman-
dent que les hauts fonctionnaires et les
dignitaires inamovibles (amiraux, cardi-
naux, maréchaux, premiers présidents
de la cour de cassation et de la cour des
comptes) entrent de droit dans ce Sénat.
Jusqu'ici le gouvernement n'a pas laissé
pressentir sa décision.
On ne sait trop ce que la droite pure
pense de ces projets; \& Gazette de France
demandait beaucoup depuis quelques
jours nous l'avons fait remarquer
qu'on fit quelque chose; à en croire uri
article d'hier soir, ce quelque chose se-
rait seulement la suppression du titre de
République; nous ^craignons que la Ga-
zelle de France n'attache à cette formule
plus d'importance qu'elle n'en a en réa-
lité.
Le maintien du titre assurerait le triomphe
do la politique du contre gaucho voilà ce
que le centre droit ne pourra plus contes-
ter. Et c'est parce que ces dernières circons-
tances ont mis en lumière, jusqu'à la dernière
évidence, la nécessité pour tous les conser-
vateurs de se placer nettement sur le terrain
anti-républicain et d'arborer Une politique
anti-républicaine, que nous nous félicitons
des explications qui viennent d'être échan-
gées entre les organes du centre droit et ceux
du centre gauche.
Désormais, il ne peut plus y avoir qu'une
opinion sur ce point: la république, condam-
née en principe et en fait, doit disparaître de
nom.
C'est du jour seulement, il est facile de le
comprendre, où l'on aura biffé le titre de Ré-
publique que le parti conservateur pourra
s'organiser puissamment pour tenir tête aux
factions révolutionnaires, et forcer les radi-
caux et les républicains à prouver que ce
qu'ils visent avec la République, c'est bien
le renversement do tout gouvernement d'or-
dre.
Le contre gairohe n'existe en ce moment
quo grâce à l'équivoque du titre de Républi-
que; ce titre supprimé, c'en est fait de ce
parti. ̃
On a tant parlé du général Pavia,
depuis quelque temps, qu'on lira avec
intérêt quelques notes sur lui emprun-
tées à un récent article du Journal des
Débats. ,•̃̃
Au risque d'épouvanter M. Baze, nous
les reproduisons
ce que l'autopsie eût fait connaître quel-
que chose à ce, sujet, lequel des deux
moyens avait déterminé la mort
Au moment où le docteur amené par la
justice avait défait l'appareil qui recou-
vrait la blessure pour en examiner la
forme, le sang, coulait encore, mais en
,très faible quantité; il put "néanmoins
constater qu'elle avait été faite par un
couteau, et non par un poignard, c'est-à-
dire que la lame qui avait pénétré dans
les chairs n'était affilée que d'un côté
et avait un dos.
On fouilla tout le monde, depuis les
deux aides de cuisine jusqu'à la duches-
se on perquisitionna partout, à l'office,
dans les.châmbres, dans les. meubles, les
vêtements, les chaussures, sous les lits,
et jusque dans les,lieux les plus secrets,
sans pouvoir découvrir l'arme dont on
s'était servi. •
Il ne manquait pas de couteaux dans
la maison; sans compter ceux qui étaient
employés à l'usage de la cuisine et de la
table, presque chacun des domestiques
en avait un qui lui était propre mais
pas un de tous ces couteaux ne répon-
dait à la* forme qu'offrait là blessure.
Les recherches faites à l'extérieur du
château dans le même but, n'amenèrent
non plus aucun résultat.
Marianne, dans son trouble, ne s'était
pas encore aperçue qu'elle avait des tra-
ces de sang à divers endroits de sa robe
et jusque sur une de ses mains.
Le,procureur impérial l'interrogea à ce
sujet.
Elle resta d'abord interdite, ne sachant
quelle explication en donner.
Mais elle fit presque aussitôt un vio-
lent effort sur elle-même, et, rappelant
toute sa raison, elle dit que ce sang pro-
venait sans doute de ce qu'en entrant
dans la chambre elle avait roulé sur le
corps de M. de Villehaut-d'Avron.
Le procureur impérial lui fit observer
que ce ne pouvait être dans cette chute
qu'elle s'était ainsi tachée, puisqu'à ce
moment-là la tunique,ni le gilet du mar-
quis n'ayant encore été déboutonnés, le
sang n'avait pu jaillir sur elle avec une
telle abondance par l'étroite déchirure
Auguste Mnrcade.
C'est un homme de taille moyenne, bien
proportionné il a certainement un peu plus
do quarante ans, mais à sa démarche, à son
ton, à sa conversation, à ses manières, on ne
lui donnerait pas son âge on le prendrait tout
à fait pour un jeune homme.C'est un véritable
polio (poulet c'est le nom qu'on donne à tous
les jeunes gens.)
Le général Pavia est un militaire instruit.
Il sort de l'Ecole de Ségovie, destinée à l'ar-
tillerie, et est arrivé dans ce corps jusqu'au
grade de commandant.
Il a commandé à titre provisoire l'armée
du Nord, où il a obtenu des résultats remar-
quables, et nul doute qu'il no lût parvenu à
dominer dans ses commencements l'insurrec-
tion carliste, si oa lui eût laissé son comman-
dement. A une bravoure reconnue, il joignait
une très grande habileté. Quand il arrivait
dans un village, après avoir visité l'alcade
et les principaux habitants, il exigeait qu'on
le présentât aux dames do ces messieurs,
leur-faisait do grands compliments, cajolait
leurs enfants, s'intéressait à leurs affaires,
leur offrait de petits présents.
Bientôt on raffolait de lui; il avait tous les
renseignements qu'il voulait avoir, et parve-
nait à détourner des populations entières de
leur adhésion aux carlistes.'
Pavia est très aimé de ses subordonnés,
parce qu'il s'intéresse à eux et s'occupe do
leurs droits et do leur bien*-être avant do
penser à luimêmo.
**# Un joli proverbe oriental retrouvé
par Paris-Journal
L'aumône est le sel dos richesses; sans ce
préservatif, elles se corrompent.
# Un père et son fils esquissés
par Cham-regardent la statue de Jeanne
d'Arc
Papa, dit le fils, à quoi qu'on voit qu'elle
était chaste ?
Et le père, en homme au courant des mys-
tères parisiens, 'répond
Parbleu! sans cela elle aurait une voi-
ture.
Le caricaturiste du Charivari a aussi
découvert à la future loi électorale un
inconvénient que n'ont point prévu nos
législateurs.
Charles misérable! itu as tué ta mère!
Tu viens de voter, tout le monde va savoir
que j'ai un fils de vingt-cinq ans?– F. n.
INFORMATIONS
La Journée
Quelques nominations dans la Légion
d'honneur
M. Ducros, préfet du Rhône, est promu
au grade de grand officier.
M. Elondel, directeur de l'Assistance
publique, est nommé commandeur.
Sont nommés officiers M. Duval, pré-
fet du département de la Seine.- -M. Li-
zot, préfet de la Seine-Inférieure. M.
le marquis de Chambon, préfet de Meur-
the-et-Moselle. M. le comte de' Ram-
buteau, préfet du Pas-de-Calais. M.
Hubert Débrousse,, directeur politique
du journal la Presse. Bravo
Enfin, la croix do chevalier estdonnée
à M. Pascal, préfet de la Gironde. M.
le baron Sers, préfet de l'Euro, ancien
membre du conseil général de la Moselle.
M. Choppin, préfet de l'Oise, préfet de
policexpar intérim en 1870-71. M. Del-
pon, préfet d'Ille-et-Vilaine. M. Fé-
raud, préfet des Hautes- Pyrénées. M.
.le vicomte de Perthuis, préfet d'Eure et-
Loir. M. Cresson, avocat, ancien pré-
fet de police. M. Guyon (Eugène), di-
recteur politique du journal la Patrie.
On nous prie d'annoncer que les dépu-
tas seront reçus au bal du Tribunal de
Commerce sans invitation spéciale et sur
la présentation de leur médaille.
M. de Polignac, lieutenant au 4" régi-
ment de cuirassiers, vient d'être désigné
par M. le ministre de la guerre pour ser-
vir, en qualité d'officier d'ordonnance,
auprès du général de Ladmirault, gou-
verneur de Paris, commandant supérieur
de la lre division militaire.
Il est probable que M. Ledru-Rollin ne
fera à l'Assemblée nationale que des ap-
paritions intermittentes. Gela se com-
prend un peu, carde Fontenay à Versail-
les, c'est tout un voyage.
Le député de Vaucluse avait songé à
reprendre, pendant la session, l'apparte-
ment meublé qu'il a occupé déjà au nu-
méro 120 de l'avenue des Champs-Ely-
sées, mais ce local n'est plus vacant, et,
hier, son intendant- un fort bel homme,
que la lame du couteau avait faite aux
vêtements. -ci.; -.•̃<̃
Elle se rappela -alors que lorsque Mi-
chel avait défait les vêtements, elle était
agenouillée auprès du corps, de l'autre
côté/et qu'elle avait ensuite tenuslong-
temps le cadavre dans ses bras; que ses
femmes, ayant voulu l'arracher de force
à. ces embrassements, elle s'était débat-
tue. Elle raconta ces incidents et dit
qu'il était possible, au milieu de cette
i agitation, que sa main eût touché la par-
[tieensanglantée des habits de son mari.
Quant aux taches de la robe, le tapis
portait lui-même de larges traces de
sang sur lesquelles sa jupe avait trainé.
l 1 Michel attesta l'exactitude de ce que
venait de dire la marquise lui aussi
avait du sang aux mains et à ses vête-
ments il en fournit l'explication par les
| faits que nous connaissons:
Mais la pensée qui présidait à cet in-
terrogatoire n'avait point échappé à Ma-
rianne, et elle faillit suffoquer de dou-
leur en songeant qu'on pouvait la croire
coupable du crime qui venait de lui ravir
l'époux pour lequel elle aurait volontiers
donné sa vie..
Elle ne put s'empêcher de dire au ma-
gistrat
-Je me croyais assez malheureuse,
monsieur, pour que personne n'éprouvât
le besoin d'ajouter l'outrage à-ma dou-
leur 1,
Madame, répondit sèchement le pro-
cureur impérial, la justice ne saurait ou-
trager personne en faisant son devoir.
Je n'ai d'ailleurs plus qu'une chose à
vous demander pour le moment, ajouta-!
t-il ayez, je vous prie, l'obligeance de
soumettre vos mains à l'examen dé mon- I
sieur.
Ce disant, il désignait le docteur qui
était venu avec lui, et qui s'était appro-
ché de la marquise.
Marianne n'avait quitté sa place au
chevet de M. de Villehaut-d'Avron qu'au
moment où elle, était passée dans sa
chambre pour se laisser fouiller par une
femme ad hoç, que la justice avait envoyé
chercher.
En rentrant, elle était venue se ras-
ma foi est allé explorer les abords de
la gare de Montparnasse, où il n'a rien
trouvé de convenable, en meublé.
Cela fait, notre bel homme est allé
prendre un bock au café qui fait l'angle
de la place, vis-à-vis la gare (on voit que
nous précisons), et, racontant ses recher-
ches infructueuses au propriétaire de
céans, il a ajouté cas propres paroles
Ma foi, tant pis mon maître ira
moins souvent à Versailles (textuel).
Il paraît qu'avant-hier soir, on a été-
bien près de prendre l'assassin de la rue
Blondel.
Deux inspecteurs do la police du sû-
reté, sortant de la Morgue, entrèrent
chez un marchand de vins. Debout efrap-
puyé au comptoir se tenait un homme on
paletot marron, au pantalon gris, coiffa
d'un chapeau à haute forme.
Tiens, dit l'un des inspecteurs, c'est
absolument le costume de l'homme de la
rue Blondel. Voyons donc sa figure t
Ils se placèrent de profil. L'homme
avait une une moustache et les cheveux
coupés courts en brosse.
Mais c'est lui dit tout bas l'un des
agents..
L'homme,v oyant qu'on parlait de lui,
avala précipitamment le reste de son
verre de vin, jeta trois sous sur le comp-
toir et sortit à grands pas.
Les deux agents le laissèrent prendre
cent pas d'avance et se mirent aie' /iJer
consciencieusement, comme bien on
pense. .11
L'individu au paletot marron traversa
l'eau et gagna le boulevard Saint-Michel.
Puis il prit le boulevard Saint-Germain
et entra là dans une gargotte pour dîner.
Les agents attendirent à la porte.
L'homme ressortit au bout d'une demi-
heure il semblait un peu ivre et se mit
à arpenter les rues.
A onze heures du soir, enfin, il arriva
rue Zacharie"ayant toujours ses cent pas
d'avance. 1 1 1 1
Tout à coup, il disparut. Les inspec-
teurs de police s'élancèrent en avant
mais rien, plus trace de l'homme. C'était
à croire qu'il s'était abîmé dans le mur.
Les agents ontjpassê la nuit en rocher-
ches,"mais elles sont restées complète-
ment infructueuses.
Il faudrait la plume de Rabelais pour
vous narrer l'aventure arrivée hier ma-
tin au cheval de M. le vicomte de Car-
rioux.
Fougueux comme doit l'être un bon
cheval de selle, le coursier, attaché à un
poteau dans la cour d'une maison, 16,
rue des Epinettes, .piaffait avec impa-
tience. Or l'endroit sur lequel il piéti-
nait, se trouvait justement être la clef de
voûte d'une fosse. nécessaire, mais qui
avaitgrand besoin de la visite des tra-
vailleurs nocturnes. *•
La voûte céda et le cheval fut précipi-
té à une profondeur de deux mètres
cinquante, d'où il fallut une grande
heure pour le retirer avec des cordes et
une poulie.
Le cheval n'a pas ou de mal, mais il ne
sera pas do sitôt propre à 'être monté par
son propriétaire.
Le tirage au sort ne pouvait se passer,
sans un incident burlesque. Samedi un
sieur Rouget qui demeure chezses parents,
4, rue Lobie, et qui avait reçu d'eux quel-
que argent à l'occasion du numéro- qu'il
allait tirer au sort, avait passé toute la
matinée à boire.
A midi précis, il descend de fiacre de-
j vant le palais de l'Industrie, et, sa lettre
i de convocation à là main, demande où il
| doit aller interroger le sort. Le garçon
do salle l'examine et lui intordit d'eu-
( tre'r. Rouget proteste. Les gardiens de la
j paix interviennent et se fâchent encore
I plus que le garçon de salle,
Rouget portait un costume de. chef de
bataillon 1 Du temps du premier empire,
il est vrai. Mais il n'avait pas plus le
droit de le porter, surtout en ce lieu,
qu'il n'avait celui d'être ivre.
On le conduisit au poste.
j C'est une infamie, criait-il C'était
pour que ça me porte bonheur
•>;Ge soir a lieu le bal du tribunal de
commerce. Mon collaborateur Alfred
d'Aunay en rendra compte.
Je me contente aujourd'hui d'un urcit.
-.̃: Bonne chose, au bout du compte,
disait hier un artiste qui à plusCde talent
que d'or. Les juges et les huissiers vont
danser toute la nuit à cœur-joie. Après-
demain, pas de protêts, pas de jugement,
pas de saisie. Il y a du bon dans l'idée
de cette fête.
Gaston Vasay'
seoir à la Ôëme, place et avait pris de
nouveau la main du marquis.
A l'injonction du procureur impérial,
elle abandonna cette main, après l'avoir
ramenée sur le lit, et présenta les deux
siennes au docteur.
Celui-ci,, en étudia longuement les on-
gles, jetant de temps à. autre au, magis-
trat des regards qui disaient: –C'est
cela même
Ce. docteur avait, en effet, préalable-
ment constaté que la-strangulation, chez
M. de Viltehaut-d'Avron comme chez
M. de Montravert avait été opérée par
dés:mains féminines.
Et, à son avis, les ongles de Mariàinhe
comme un autre docteur l'avait déjà
affirmé lors dn crime de la rue de Seine,
se rapportaient de la façon fa plus
parfaite à la forme et à l'étendue des
écorchures que M. de Viliehaut-d'Avron
avait au con.
Quand le docteur eut terminé cet exa-
men; Marianne pencha sa tête sur le lit,
y cacha son visage dans ses mains, à côté
du visage du marquis, et se mit à san-
glotér. y
'Los magistrats, alors, se retirèrent.
Marianne pleura longtemps. Mais, peu
à peu les sanglots devinrent moins vio
lents et cessèrent encore tout à fait la
pauvre enfant, brisée de fatigue, écraséo
d'émotion, avait fini par tomber dans un
sommeil profond, voisin de là léthargie.
Sœur Monique, mademoiselle Joséphi-
ne et la seconde femme de chambre pro-
fitèrent de cet engourdissement pour la
transporter sur son lit, dans sà ëhambre,
ce qu'elles firent sans que Marianne se
réveillât.
Michel resta seul auprès du cadavre du
marquis. ♦
Ce qu'il avait entendu dire au sujet de
l'autopsie, jugée nécessaire par la jus-
tice, lui trottait fort par la tête.
Au bout de quelques instants de ré-
flexion, il décida que cela était impos-
sible.
MBS D'ÀGHONNE.
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