Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1866-10-11
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 11 octobre 1866 11 octobre 1866
Description : 1866/10/11 (Numéro 1216). 1866/10/11 (Numéro 1216).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k270559r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
13- ANNÉE. 1216.
TRENTE-CINQ CENTIMES
JEUDI 11 OCTOBRE 1866
N/ l-oaé par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mogaant iej sots, bravant les méchants. je me hâte
?J de rire de tout, de peur d'être oblige d'en-pleurer. (Barbier de Séville.) ̃̃̃
FIGARO
G. BOUBDIN
( DIRECTEUR-GÉRANT
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr. |
Six mois 19 |
Trois mois. 9 fr. 5(1
Un mois. 4 ̃
AVIS
LES MANDSCEITS NON 1NSÊHÉ:Î
Bwont brûlés
B. JOUVIN
pRINCIP:1L RÉDACTEOR
ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Un an. 40 fr. I
Six mois. 21
Trois mois 10 fr. E0
Unmois. 4 50
FIGARO Â
TARAIT DEUX FOIS PAR SeMiN.E
Le Jeudi et le Dimanche \r*
t«'tNtJMEROSt'AttAn) )'
ANNONCES
dollihgen FILS, régisseur
S3, rue Vivioniie
PARIS
< Que je voudrais bien tenir un de ces puissants ts
de quatre jours, si légers pour le mal qu'ils ordonnen t,
quand une bonne disgrâce ai'uvé son orgueil 1 Je 1 ui
dirais que les sottises imprimées n'ont d'importance e
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que, sans 1 a
liberté de blâmer, il n'est point d'éloge Batteur, et
qu'il n'y a que les petits hommes gui redoutent les
petits écrits.
(Mariage de Figaro.)
` REDACTION
et bureaux d'abonnement S.\
3, rue Rossini, au rez-de-chaugsô^v
PARIS I pj
« On me dit qu'il s'est établi dans MadrtSyutf/t*
système de liberte sur la vente des productions qlPi^m
sétend même à celle de la presse et, pourvu que
je parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte,
ni de la politique, ni do la morale, ni des gens en
place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des
autres spectacles, ni de personne qui tienne ;i quelque
chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspec-
tion de deux ou trois censeurs. »
(Mariage de Figaro.)
•SOMMAIRE. Les. hasards de là plume, Théâtre-Italien Adelina
Patti Gluck et ('Alceste B. Jouvin. Victorien Sardou
Adolphe Court. Plaisirs rustiques (IV) Péclie de la brème au
ver rouge Théophile Silvestiie. Courrier des théâtres
JULES Guinot. ,̃̃>
Et Checrier (15) Ferdinand Fabre. ̃ .̃ l r
LES HASARDS DE LA PLUME
THÉAT RE -ITALIEN. ADELINA PATTI. GLUCK ET L'ALCESTE E
^s^;™– s ̃ .̃̃ -̃ ̃
̃ ^vww La Patti a fait sa rentrée aux Italiens dans la Som-
nambule villageoise, qu'elle n'avait pas chantée depuis deux
ans. Vous en savez la cause. Sous prétexte de saisir à la
frontière la marchandise d'un contrefacteur, le livret de Fe-
lix Romani, la succession Scribe avait mis la douane'aux
trousses du chef-d'œuvre pastoral de Vincenzo Bellini.
Prétention ou méprise, elle est satisfaite ou éclaircie; l'a-
vare Achéron a lâché sa proie, et la Somnambule, ou ce
qui n'est pas la même chose la Sonnambiela nous est
rendue.
Je conçois qu'Amina soit restée, même après de plus
grands succès et des créations plus fortes, le rôle de prédi-
lection d'Adelina Patti. C'est dans ce rôle que les bravos pa-
risiens ont, pour la première fois, carressé son cœur cha-
touillé et ses oreilles. Du premier jour elle s'y révéla comé-
dienne, pleine de grâce et d'ingénuité. Je ne parle point du
miracle de sa voix Les amoureux des vieilles cantatrices
LE CHEVRI.ER
SCÈNES DE LA VIE RUSTIQUE
(15)
Certes, était grande pour deux la fente du roc d'où sortait
Françon, et, plus soucieux de cette fille, j'eusse pu lui deman-
der compte de cette nuit passée ne sais comment. Mais, l'âme
toute aux souvenirs des gens de Mirande,jene me sentis aucu-
nement l'humeur de la questionner et moins encore de lui in-
fliger correction de mes dix doigts.– Peut-être êtes-vous comme
moi, monsieur, et ne souffletez-vous que les femmes qui tiennent
un brin de votre cœur, tant menu soit-il. Pour les autres, à
quelles fins, je vous prie, lever la main sur elles? Ne ies pincez
tant seulement du bout de l'ongle, ce sont des étrangères.
Adonc m'avaient touché au vif les richesses agrestes de Fos;
mais je restai bouche béante devant celles de Faugères et de
Roquesels. Imaginez cela, monsieur, étaient en telle abondance
les raisins aux vignes que, les sarments robustes grimpant par
dessus les clôtures, pendaient de magnifiques grappes jusques
sur les fossés de la route. Les vendangeurs altérés par la marche
eurent toute licence de passer au crible de leur mauvaise
humeur les vocalises et les cocotte? de la chanteuse, et Dieu
sait s'ils s'en donnèrent à coeur joie Mais il leur fallait bien
confesser que cette enfant, à. ses débuts, égalait peut-être, si
elle ne les surpassait, ses illustresdevancières dans la scène
de somnambulisme du dénoûment.
Cette première soirée des Italiens a été un peu froide. Cette
immobilité déglace chez les spectateurs est une tradition
qui atteste leur bon goût. Il est d'usage immémorial, à ce
théâtre, de ne point. s'y montrer à l'ouverture de la saison,,
ou, si l'on y vient, c'est en sauvant les apparences; le kant
musical exige impérieusement qu'on y garde le plus strict in-
cognito. Il a fallu un grand courage à la Patti pour attaquer
en face un vieux préjugé elle n'a point été vaincue, elle ne
pouvait l'être mais elle n'en a i^fat définitivement triom-
phé. La salle ressemblait à ua. jardin d'hiver dans lequel les
fleurs jetées à la cantatrice auraient poussé en serre-
chaude.
Nicolini est, avec une voix chaude, le plus froid des
Elvino. Verger a le profil du pauvre Gourdin; on dirait qu'a-
vant d'entrer en scène, il a été écrasé entre deux portants de
coulisse. La voix du comte, faible et agréable, n'a pas été,
ce soir-là, d'une irréprochable justesse. Mettons ces petits
écarts sur le compte de l'émotion.
La Patti a dit délicieusement Vandante de sa première
cavatine. Les variations vocalisées qu'elle introduit dans la
cabalette ne sont peut-être pas, en revanche, d'un goût
très-pur ni d'un tour très-neuf. Mais pourquoi donc la
jeune virtuose fait-elle une coupure à la fin de son air?
Pourquoi Elvino et Amina passent-ils une reprise dans le
duo Prendi, Vannel' ti donno Bellini avait ses raisons
probablement pour qu'on entendit deux fois ces passages
arbitrairement supprimés.
ne se faisaient faute, cheminant, de porter la main aux grains les
mieux gonflés, et ne s'employaient les derniers au pillage Baduel
et cette Françon. Pour moi, ne revenant de ma surprise, je con-
templais avec ébahissement cette plaine, où, tant loin qu'ils
pussent s'égarer, mes yeux ne découvraient que pampres verts
et pampres rouges, pampres rouges et pampres.verts. Quel Pa
radis terrestre, ciel du bon Dieu
Enfin, parvinrent à nos oreilles coups précipités de marteaux,
et un clocher pointu, cinq fois plus haut que celui de Navacelle,
comme nous tournions un coude du chemin, nous apparut en le
ciel. C'était Gabian. A la première maison du village, encore que
ne fùt sa voix merveilleusement claire, Baduel entonna la chan-
son des vendangeurs, à cet effet de prévenir les gens du Pays-
Bas qu'arrivaient chez eux les gens de la montagne. Incontinent
ceux qui, par devant la porte de leur cave ou cellier, à grands
renforts de bras, racoutraient pressoirs, fonçaient cuves, remet-
taient douves aux pipes endommagées, de se retourner et de
nous appeler.
« Ohé! les Cévenols! ohé! » criaient-ils.
Quant à nous de battre des mains joyeusement.
A l'égal d'un tourde buveur ayant Baduel picoré tout au long
du voyage, et ne se tenant très-droit sur ses quilles, il n'était
fait, semblait-il, pour attirer les propositions du monde. Ce
néanmoins, cause de son chant, le prenant les Gabianais pour
le chef de la bande, adonc pour le pius vaillant, à lui premier
ils adressèrent leurs demandes.
Mon oncle répondit au fermier de Cassan, lequel lui présen-
tait ses offres-:
« Trente sous par jour et nourri, me convient en perfection
-"ww^.On dit que cette semaine, ou, au plus tard, au com-
mencement de l'autre, l'Opéra jouera Alceste. Entre la pre-
mière et la seconde reprise du chef-d'œuvre de Gluck quatre
années se sont écoulées. M"e Marie Battu y remplace
Mme Viardot dans le rôle d'Alceste Villaret y succède à
Michôt dans le roi Admète, et David fait le grand prêtre à
la place deCazeaux. L'exécution de ce bel ouvrage de l'an-
cien répertoire aura pour mpi un intérêt que d'autres, très-
sensibles aux curiosités de l'art, n'y sauraient trouver au
même degré. J'étais fort souffrant lorsque l'Opéra donna
Alceste à la fin de 1861 ou au commencement de 1862, et
je ne pus assister à aucune des représentations de la tragédie
lyrique du grand Gluck.
Ce fut en 1766 que Gluck, alors âgé de cinquante-deux ans,
commença à écrire sur le poëme italien du Vénitien Calzabigi
sa partition if ITcesTëTqui fut représentée à-VJennei'aRnée stti«
vante. Le chef-d'œuvre a donc aujourd'hui cent ans révolus.
Ce chef-d'œuvre incompris dans la patrie du musicien, incom-
pris ou du moins fort discuté dix ans plus tard, en France,
sous sa forme française, était une révolution musicale dont
son auteur, assez inquiet sur l'accueil réservé à sa puissante
tentative, voulut bien donner la clef à ses compatriotes et à
ses contemporains. Gluck écrivit une préface qu'il plaça en
tête de sa partition d'Alceste. C'était le manifeste de cette
musique de « l'avenir. » On s'imagine bien que le vieux
Allemand ne s'y met point à genoux humblement devant
le lecteur, ainsi que les vulgaires fabricateurs de dédicaces.
Il se montre, au contraire, très-convaincu de son infaillibi-
lité, et très-décidé à se passer de l'approbation et de l'admi-
ration de ceux qui n'accepteraient point, sans réserves, sa
poétique de musique dramatique. La préface de l'Alceste est
aujourd'hui un écrit de circonstance; à ce titre, et quand
bien même elle ne fût pas revêtue de la signature d'un homme
ce langage. Mais sont avec moi descendus de la montagne mon
garçon et ma bru, et je ne pourrai vous suivre à Cassan si ne les
embauchez aux mêmes conditions que moi. »
Donna signe de son consentement le fermier, et, plusieurs
autres de notre troupe ayant été choisis, tous ensemble nous
traversâmes sur de hautes passerelles la jolie rivière de la
Tongue, tirant devers le domaine de Cassan.
N'étant guère plus esprité que Sacripan, lequel ne s'entendit
jamais aux écritures, je ne sais si répandre bouteilles d'encre
sur le papier est de merveilleux divertissement. Dans tous les
cas, monsieur, moi n'envie aucunement votre métier, lequel,
soit dit sans vous offenser, me parait le plus sot et le plus inu^
tile de tous. Des livres! vous faites des livres! Mais ayant été
avant votre naissance imprimés l'Évangile et le catéchisme de la
doctrine, est-ce qu'on a besoin de vos livres? Le bon Dieu, de 'e
sa propre bouche, a dit l'homme être plus faillible que pas une
créature, et, si j'étais de vous, crainte de me tromper en écri-
vant, conséquemment de tromper le monde, je ne retournerais
à Paris, et, renonçant à mon ancienne besogne, me jetterais du
côté de la terre. Réfléchissez un petit Moi, m'escrimant à la
terre de mes deux bras, me rends premier service à moi-même,
ensuite aux autres tandis que vous, avec votre plume et votre
encre, ne seriez capable de nourrir un passereau. Puis, tirant
abondante la récolte, quelle fête le travail des champs! Eh,
tenez ces vendanges du Pays-Bas.
Est Cassai! la plus belle ferme que j'ai jamais vue de ma vie,
grande à elle seule comme un village du Larzac. Autrefois, des
moines, des curés, si entendez mieux ce mot, chantaient
matines en ce joli endroit clos de murailles hautes. Mais un jour
TRENTE-CINQ CENTIMES
JEUDI 11 OCTOBRE 1866
N/ l-oaé par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mogaant iej sots, bravant les méchants. je me hâte
?J de rire de tout, de peur d'être oblige d'en-pleurer. (Barbier de Séville.) ̃̃̃
FIGARO
G. BOUBDIN
( DIRECTEUR-GÉRANT
ABONNEMENTS (PARIS)
Un an. 36 fr. |
Six mois 19 |
Trois mois. 9 fr. 5(1
Un mois. 4 ̃
AVIS
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B. JOUVIN
pRINCIP:1L RÉDACTEOR
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Un an. 40 fr. I
Six mois. 21
Trois mois 10 fr. E0
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FIGARO Â
TARAIT DEUX FOIS PAR SeMiN.E
Le Jeudi et le Dimanche \r*
t«'tNtJMEROSt'AttAn) )'
ANNONCES
dollihgen FILS, régisseur
S3, rue Vivioniie
PARIS
< Que je voudrais bien tenir un de ces puissants ts
de quatre jours, si légers pour le mal qu'ils ordonnen t,
quand une bonne disgrâce ai'uvé son orgueil 1 Je 1 ui
dirais que les sottises imprimées n'ont d'importance e
qu'aux lieux où l'on en gêne le cours que, sans 1 a
liberté de blâmer, il n'est point d'éloge Batteur, et
qu'il n'y a que les petits hommes gui redoutent les
petits écrits.
(Mariage de Figaro.)
` REDACTION
et bureaux d'abonnement S.\
3, rue Rossini, au rez-de-chaugsô^v
PARIS I pj
« On me dit qu'il s'est établi dans MadrtSyutf/t*
système de liberte sur la vente des productions qlPi^m
sétend même à celle de la presse et, pourvu que
je parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte,
ni de la politique, ni do la morale, ni des gens en
place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des
autres spectacles, ni de personne qui tienne ;i quelque
chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspec-
tion de deux ou trois censeurs. »
(Mariage de Figaro.)
•SOMMAIRE. Les. hasards de là plume, Théâtre-Italien Adelina
Patti Gluck et ('Alceste B. Jouvin. Victorien Sardou
Adolphe Court. Plaisirs rustiques (IV) Péclie de la brème au
ver rouge Théophile Silvestiie. Courrier des théâtres
JULES Guinot. ,̃̃>
Et Checrier (15) Ferdinand Fabre. ̃ .̃ l r
LES HASARDS DE LA PLUME
THÉAT RE -ITALIEN. ADELINA PATTI. GLUCK ET L'ALCESTE E
^s^;™– s ̃ .̃̃ -̃ ̃
̃ ^vww La Patti a fait sa rentrée aux Italiens dans la Som-
nambule villageoise, qu'elle n'avait pas chantée depuis deux
ans. Vous en savez la cause. Sous prétexte de saisir à la
frontière la marchandise d'un contrefacteur, le livret de Fe-
lix Romani, la succession Scribe avait mis la douane'aux
trousses du chef-d'œuvre pastoral de Vincenzo Bellini.
Prétention ou méprise, elle est satisfaite ou éclaircie; l'a-
vare Achéron a lâché sa proie, et la Somnambule, ou ce
qui n'est pas la même chose la Sonnambiela nous est
rendue.
Je conçois qu'Amina soit restée, même après de plus
grands succès et des créations plus fortes, le rôle de prédi-
lection d'Adelina Patti. C'est dans ce rôle que les bravos pa-
risiens ont, pour la première fois, carressé son cœur cha-
touillé et ses oreilles. Du premier jour elle s'y révéla comé-
dienne, pleine de grâce et d'ingénuité. Je ne parle point du
miracle de sa voix Les amoureux des vieilles cantatrices
LE CHEVRI.ER
SCÈNES DE LA VIE RUSTIQUE
(15)
Certes, était grande pour deux la fente du roc d'où sortait
Françon, et, plus soucieux de cette fille, j'eusse pu lui deman-
der compte de cette nuit passée ne sais comment. Mais, l'âme
toute aux souvenirs des gens de Mirande,jene me sentis aucu-
nement l'humeur de la questionner et moins encore de lui in-
fliger correction de mes dix doigts.– Peut-être êtes-vous comme
moi, monsieur, et ne souffletez-vous que les femmes qui tiennent
un brin de votre cœur, tant menu soit-il. Pour les autres, à
quelles fins, je vous prie, lever la main sur elles? Ne ies pincez
tant seulement du bout de l'ongle, ce sont des étrangères.
Adonc m'avaient touché au vif les richesses agrestes de Fos;
mais je restai bouche béante devant celles de Faugères et de
Roquesels. Imaginez cela, monsieur, étaient en telle abondance
les raisins aux vignes que, les sarments robustes grimpant par
dessus les clôtures, pendaient de magnifiques grappes jusques
sur les fossés de la route. Les vendangeurs altérés par la marche
eurent toute licence de passer au crible de leur mauvaise
humeur les vocalises et les cocotte? de la chanteuse, et Dieu
sait s'ils s'en donnèrent à coeur joie Mais il leur fallait bien
confesser que cette enfant, à. ses débuts, égalait peut-être, si
elle ne les surpassait, ses illustresdevancières dans la scène
de somnambulisme du dénoûment.
Cette première soirée des Italiens a été un peu froide. Cette
immobilité déglace chez les spectateurs est une tradition
qui atteste leur bon goût. Il est d'usage immémorial, à ce
théâtre, de ne point. s'y montrer à l'ouverture de la saison,,
ou, si l'on y vient, c'est en sauvant les apparences; le kant
musical exige impérieusement qu'on y garde le plus strict in-
cognito. Il a fallu un grand courage à la Patti pour attaquer
en face un vieux préjugé elle n'a point été vaincue, elle ne
pouvait l'être mais elle n'en a i^fat définitivement triom-
phé. La salle ressemblait à ua. jardin d'hiver dans lequel les
fleurs jetées à la cantatrice auraient poussé en serre-
chaude.
Nicolini est, avec une voix chaude, le plus froid des
Elvino. Verger a le profil du pauvre Gourdin; on dirait qu'a-
vant d'entrer en scène, il a été écrasé entre deux portants de
coulisse. La voix du comte, faible et agréable, n'a pas été,
ce soir-là, d'une irréprochable justesse. Mettons ces petits
écarts sur le compte de l'émotion.
La Patti a dit délicieusement Vandante de sa première
cavatine. Les variations vocalisées qu'elle introduit dans la
cabalette ne sont peut-être pas, en revanche, d'un goût
très-pur ni d'un tour très-neuf. Mais pourquoi donc la
jeune virtuose fait-elle une coupure à la fin de son air?
Pourquoi Elvino et Amina passent-ils une reprise dans le
duo Prendi, Vannel' ti donno Bellini avait ses raisons
probablement pour qu'on entendit deux fois ces passages
arbitrairement supprimés.
ne se faisaient faute, cheminant, de porter la main aux grains les
mieux gonflés, et ne s'employaient les derniers au pillage Baduel
et cette Françon. Pour moi, ne revenant de ma surprise, je con-
templais avec ébahissement cette plaine, où, tant loin qu'ils
pussent s'égarer, mes yeux ne découvraient que pampres verts
et pampres rouges, pampres rouges et pampres.verts. Quel Pa
radis terrestre, ciel du bon Dieu
Enfin, parvinrent à nos oreilles coups précipités de marteaux,
et un clocher pointu, cinq fois plus haut que celui de Navacelle,
comme nous tournions un coude du chemin, nous apparut en le
ciel. C'était Gabian. A la première maison du village, encore que
ne fùt sa voix merveilleusement claire, Baduel entonna la chan-
son des vendangeurs, à cet effet de prévenir les gens du Pays-
Bas qu'arrivaient chez eux les gens de la montagne. Incontinent
ceux qui, par devant la porte de leur cave ou cellier, à grands
renforts de bras, racoutraient pressoirs, fonçaient cuves, remet-
taient douves aux pipes endommagées, de se retourner et de
nous appeler.
« Ohé! les Cévenols! ohé! » criaient-ils.
Quant à nous de battre des mains joyeusement.
A l'égal d'un tourde buveur ayant Baduel picoré tout au long
du voyage, et ne se tenant très-droit sur ses quilles, il n'était
fait, semblait-il, pour attirer les propositions du monde. Ce
néanmoins, cause de son chant, le prenant les Gabianais pour
le chef de la bande, adonc pour le pius vaillant, à lui premier
ils adressèrent leurs demandes.
Mon oncle répondit au fermier de Cassan, lequel lui présen-
tait ses offres-:
« Trente sous par jour et nourri, me convient en perfection
-"ww^.On dit que cette semaine, ou, au plus tard, au com-
mencement de l'autre, l'Opéra jouera Alceste. Entre la pre-
mière et la seconde reprise du chef-d'œuvre de Gluck quatre
années se sont écoulées. M"e Marie Battu y remplace
Mme Viardot dans le rôle d'Alceste Villaret y succède à
Michôt dans le roi Admète, et David fait le grand prêtre à
la place deCazeaux. L'exécution de ce bel ouvrage de l'an-
cien répertoire aura pour mpi un intérêt que d'autres, très-
sensibles aux curiosités de l'art, n'y sauraient trouver au
même degré. J'étais fort souffrant lorsque l'Opéra donna
Alceste à la fin de 1861 ou au commencement de 1862, et
je ne pus assister à aucune des représentations de la tragédie
lyrique du grand Gluck.
Ce fut en 1766 que Gluck, alors âgé de cinquante-deux ans,
commença à écrire sur le poëme italien du Vénitien Calzabigi
sa partition if ITcesTëTqui fut représentée à-VJennei'aRnée stti«
vante. Le chef-d'œuvre a donc aujourd'hui cent ans révolus.
Ce chef-d'œuvre incompris dans la patrie du musicien, incom-
pris ou du moins fort discuté dix ans plus tard, en France,
sous sa forme française, était une révolution musicale dont
son auteur, assez inquiet sur l'accueil réservé à sa puissante
tentative, voulut bien donner la clef à ses compatriotes et à
ses contemporains. Gluck écrivit une préface qu'il plaça en
tête de sa partition d'Alceste. C'était le manifeste de cette
musique de « l'avenir. » On s'imagine bien que le vieux
Allemand ne s'y met point à genoux humblement devant
le lecteur, ainsi que les vulgaires fabricateurs de dédicaces.
Il se montre, au contraire, très-convaincu de son infaillibi-
lité, et très-décidé à se passer de l'approbation et de l'admi-
ration de ceux qui n'accepteraient point, sans réserves, sa
poétique de musique dramatique. La préface de l'Alceste est
aujourd'hui un écrit de circonstance; à ce titre, et quand
bien même elle ne fût pas revêtue de la signature d'un homme
ce langage. Mais sont avec moi descendus de la montagne mon
garçon et ma bru, et je ne pourrai vous suivre à Cassan si ne les
embauchez aux mêmes conditions que moi. »
Donna signe de son consentement le fermier, et, plusieurs
autres de notre troupe ayant été choisis, tous ensemble nous
traversâmes sur de hautes passerelles la jolie rivière de la
Tongue, tirant devers le domaine de Cassan.
N'étant guère plus esprité que Sacripan, lequel ne s'entendit
jamais aux écritures, je ne sais si répandre bouteilles d'encre
sur le papier est de merveilleux divertissement. Dans tous les
cas, monsieur, moi n'envie aucunement votre métier, lequel,
soit dit sans vous offenser, me parait le plus sot et le plus inu^
tile de tous. Des livres! vous faites des livres! Mais ayant été
avant votre naissance imprimés l'Évangile et le catéchisme de la
doctrine, est-ce qu'on a besoin de vos livres? Le bon Dieu, de 'e
sa propre bouche, a dit l'homme être plus faillible que pas une
créature, et, si j'étais de vous, crainte de me tromper en écri-
vant, conséquemment de tromper le monde, je ne retournerais
à Paris, et, renonçant à mon ancienne besogne, me jetterais du
côté de la terre. Réfléchissez un petit Moi, m'escrimant à la
terre de mes deux bras, me rends premier service à moi-même,
ensuite aux autres tandis que vous, avec votre plume et votre
encre, ne seriez capable de nourrir un passereau. Puis, tirant
abondante la récolte, quelle fête le travail des champs! Eh,
tenez ces vendanges du Pays-Bas.
Est Cassai! la plus belle ferme que j'ai jamais vue de ma vie,
grande à elle seule comme un village du Larzac. Autrefois, des
moines, des curés, si entendez mieux ce mot, chantaient
matines en ce joli endroit clos de murailles hautes. Mais un jour
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