Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1858-03-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 14 mars 1858 14 mars 1858
Description : 1858/03/14 (Numéro 321). 1858/03/14 (Numéro 321).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k269664r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
̃TRENTE CENTIMES
Dimanche 14 Mars 18583 ̃-?+
5« Année N° 321
H. DE VILLEMESSANT et B. JûUVIN
RÉDACTEURS ES CHEr
PRIX D'ABONNEMENT
PABI5
Un an. 28 fr. I
Six mo:s. d6
Trois mois.. S fr.
Un mois.. 3
.s
LES MANUSCRITS NON lNStHÉS
Kisot brûlis
-O®«-
'Y\ t 1) .u:n \)1\
55, rue Vivienne au coin du boulevard
Au rei-de-ehaiœ(e
PARIS
• On me dit qu'il s'est établi dans «adrid n» système
de liberté sur ta rente des productions, qui s'étend même a
celles de la preste et que, pourvu que je ne parle en mis
écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni .!•:
la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit
de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne q>i
tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs. »
[Mariage de Figaro.)
FIGARO
H. DE VILLEMESSANT et B. JOUVIN
RÉDACTEURS ES CIIEF
-c::x::>-
PRIX D'ABONNEMENT
DÉPARTEMENTS
Un an. 32 fr. 1
Six mois. 18 1
Trois «ois.. !) fr.
Un ?aois. 3 501
BP'Mt-~L.mtt*
PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
le Jeudi et te Dimanche
IO4 ivuniaios p.in AN
''̃̃>'̃ -«ffi*-
À\)\1\\1>. \\()~
BUREAUX
Rue Coq-Héron, a# 5, près la Poste
PARIS
Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre
Jours, si léger» sur le mal qu'ils ordonnent, quand une
bonne disgrâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que le»
sottises imprimée» n'ont d'importance qu'aux lieux 00 l'on
en gêne le cours que sans la liberté de blâmer, il n'«st
point d'éloge flalteur, et qu'il n'y a que les petits homme»
qui redoutent les petits écrits. » Wariage de Ftgarai
COURRIER DE PARI
or
Puisque les vides de la semaine nous en donnent le
loisir, revenons sur la vie d'un homme qui a marqué à
plus d'un titre dans notre métier de journaliste Valen-
tin de Lapelouze, ancien directeur du Courrier fran-
çais, pendant près d'un quart de siècle, de 1820 à 1843,
l'âge d'or de la presse française.
En politique, il était né libéral, et libéral il est mort à
plus de quatre-vingts ans. On peut aimer plus ou moins
cette couleur-là en tout cas, il faut louer la longue fidélité
qu'il lui garda. D'autres servirent la même cause d'une
plume plus brillante ses collaborateurs au Courrier, Ben-
jamin Constant, Châtelain, plus tard, Léon Faucher,
et M. Chambolle ont certainement versé plus d'encre que
lui au service de l'opposition, avant et après 1830. Pour
lui, administrateur et gérant responsable du journal, il
paya de sa personne. Voici ses états de service, tels qu'il
les rappelait, il y a peu d'années, dans une lettre à un
ami « J'ai perdu vingt-deux procès particuliers, trois
procès de tendance et payé 80,000 fr. d'amende. »
Malgré cette accumulation de rigueurs, le Courrier
prospérait. Les journaux que les poursuites tuaient se
portaient à merveille. C'étaient de petits carrés de papier,
vivaces, allègres, très petits, à peine le quart des jour-
naux actuels, très lus et payés deux fois plus cher qu'au-
jourd'hui par les lecteurs. J'ajoute qu'en ce temps-là un
journaliste passait assez facilement pour un grand homme.
llestàremarquer queplus le format des journaux grandi,
plus a diminué l'importance de ceux qui les font.
Ce ne furent pas les sévérités du pouvoir qui renver-
sèrent Valentin de Lapelouze de la direction du Courrier
Français; ce fut la naissance d'un nouveau journalisme
qui le décida à abdiquer. La génération qui allait lui suc-
céder dans le maniement des affaires de journaux, avait
'pour système la diminution des prix d'abonnement et le
développement des annouces. Cette réforme lui parut une
décadence. Il lui sembla voir les marchands s'établir dans
le Temple. Il liquida avec honneur et habileté..
Dès lors, sa carrière active fut terminée. Avant son en-
trée au Courrier Français, il s'était distingué comme
comptable dans une'position administrative que lui tirent
perdre les vicissitudes politiques de 1815. Avant de remplir
ces pacifiques fonctions, il avait suivi l'état militaire
mais la faiblesse de sa vue le contraignit d'y renoncer.
De tout temps, une ardente passion pour les arts et
pour les artistes avait dominé sa vie. Les moindres per-
<1] La reproduction en est formellement interdite.
^onnes et les plus petites choses du théâtre le préoccu-
aient outre mesure. Il adorait la musique par-dessus
"tjbule chose, et la musique italienne au delà de toutes les
̃&usiques. Tous les grands artistes de son temps, à com-
mencer par Rossini, ont été ses amis et Rossirii était son
dieu. Pendant bien des années, il ne manqua pas une re-
présentation du Théâtre-Italien. Après le spectacle, on pro-
longeait régulièrement la, soirée chez l'auteur du Barbier
de Séville.
Je reviendrai tout à l'heure sur ce côté de son carac-
tère et sur ses relations d'artistes. Il faut en finir d'abord
avec son rôle politique. Celui-ci a beaucoup perdu de son
importance à nos. yeu.JJon jpf^i:,fljueJau(5,peine à le
prendre au sérieux. Nous sommes si Lin M temps où 116-
rissait la gauche dynastique! En ces: Jours (jai s'effacent
presque des mémoires, M. Valentin de Lapelouze avait
rang de patriarche du libéralisme. J'ai sous les yeux une
lettre que M. de Lamartine, alors monté sur son succès
des Girondins comme sur un trépied, lui écrivait en ré-
ponse à un document envoyé par M. de Lapelouze
« Mâcon, 28 mars 1847. `
» Votre nom m'a frappé et fortifié. Je vous remercie
bien cordialement de cette voix qui conseille et qui en-
courage à la fois. J'y réponds au milieu du désordre et
des préparatifs d'un banquet de trois mille personnes, en
l'honneur des principes immortels ravivés dans ce péris-
sable livre.
n Vous êtes arrivé à l'âge où il' faut écrire l'histoire.
Employez donc ces années de paix que Dieu donne au soir
de notre vie, à écrire devant la seule postérité ce que vous
avez vu et pensé. Ce siècle a besoin des voix de l'autre siè-
cle pour ne pas s'égarer ou s'endormir. Vous êtes une de
ces voix qu'il a aimé et qu'il aime à entendre Parlez! »
LAMARTINE
Un an plus tard, le lyrique auteur de cette épître trônait
ài'Hôtel-de-Ville, et l'ancien directeur du Courrier Fran-
fais se présentait au suffrage des électeurs des Vosges, ses
compatriotes, comme candidat à l'Assemblée nationale.
Sa profession de foi se termine par deux lignes curieuses
qui, à défaut d'autre renseignement, donneraient la date
de la pièce
« NOTA. Le citoyen Valentin n'a joint le nom deLape-
louze au sien, que pour satisfaire au'désir testamentaire de
son beau-père. »
En dépit de cette note engageante, il ne fut pas élu, mais
il ne profita point des loisirs que lui fit son échec, pour écrire
l'histoire à laquelle M. de Lamartine l'avait si solennelle-
ment convié. Il n'a pas même laissé, comme un de nos
confrères, qui l'a connu pourtant, l'avançait l'autre jour,
de mémoires intimes. Il reste seulement de lui une vo-
lumineuse correspondance, éparpillée entre quelques
mains amies, d'où il y aurait extraire nombre de révéla-
tions curieuses, de particularités inédites sur des person-
nages connus, et surtout une histoire familière de l'Opéra
français et du Théâtre-Italien pendant près d'un demi-
siècle.
En fait de cantatrices, Henriette Sontag et madame
Malibran lui tinrent surtout au cœur. Mais il préférait
ouvertement le talent de la première au génie de la se-
conde. Madame Malibran avait la simplicité de s'en fâ-
cher et Valentin de la taquiner de plus belle, avec ses
critiques, quand on les mettait en présence. Le plus sou-
vent ces duels de paroles avaient lieu à table, et il arriva
plus d'une fois à la diva de s'emporter au point de jeter
des assiettes à la tête de son Zoïle.
Un jour, à dîner^chez Rossini, elle demanda un crayon,
un bout de papier, et pour se venger traça d'une main rail-
leuse et inexpérimentée le portrait de son adversaire en- ̃̃<
touré de cœurs percés de flèches. M. Vajeritinde Lapelouzo
conserva ce dessin curieux, devenu presque une relique,.
et le fit insérer dans un volume de sa belle bibliothèque,
où il m'a été donné de le voir. C'est un profil assez res-
semblant. La date est écrite en haut 1828.
Si la place ne nous manquait, il serait facile de multi-
plier les anecdotes de ce genre. Dans sa correspondance,
dont une très petite partie seulement a pu passer sous
nos yeux, M. Valentin de Lapelouze est pour les artistes
célèbres de son temps un Dangeau au petit pied. Je prends
une année au hasard en 1841 florissait, sous le patro-
nage de M. Léon Pillet, non pas l'Opéra, mais l'autorité
de madame Stoltz. Tel jour, bonne et grande nouvelle
que le minutieux historiographe ne manque pas d'enregis-
trer la prima donna s'est décidée à prendre un maître h
chanter. Tel autre jour, émeute dans les coulisses, ré-
volte au sérail à l'avant-dernière représentation du Diable
amoureux, une jeune et jolie danseuse, au lieu de porter
perruque comme à son ordinaire, s'est avisée de se faire
coiffer tout bonnement avec ses cheveux, et sa coiffure res-
semble à celle de madame Stoltz dans la Favorite. N'est-ce
pas là une audace incomparable et presque un sacrilége ? i
Ordre est donné par la favorite au coiffeur Chevalier de
rétablir la perruque sur le front de la téméraire danseuse.
Celle-ci proteste. Tempête, éclairs; le peigne du coif-
feur se change en brandon de discorde. i
Une autre fois encore, toujours pendant cette direction
Pillel-Stoltz, si féconde en orages, c'est la femme légitime
de M. Pillet qui vient un beau matin s'établir chez lui, en
annonçant l'intention de ne pas en sortir. Une faut rien
moins que l'intervention du commissaire de police, assisté
de gardes municipaux, pour l'expulser en vertu du juge-
mcntqui a prononcé la séparation de corps entre les époux.
A peu de jours de là, c'est M. Lécuyer, mari de madame
Stollz, qui fait des siennes. M. Pillet et sa première
chanteuse assistaient, dans une avant-scène du Cirque
Olympique, à une représentation de Murât. M: Lécuyer
s'approche et insulte sa femme de la parole et du geste.
La dame répond vertement par un bel et bon soufflet.
Halle-là 1 ne touchons pas à la hache je veux dire à la
chronique scandaleuse. Restons dans les limites de l'his-
Dimanche 14 Mars 18583 ̃-?+
5« Année N° 321
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55, rue Vivienne au coin du boulevard
Au rei-de-ehaiœ(e
PARIS
• On me dit qu'il s'est établi dans «adrid n» système
de liberté sur ta rente des productions, qui s'étend même a
celles de la preste et que, pourvu que je ne parle en mis
écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni .!•:
la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit
de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne q>i
tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement,
sous l'inspection de deux ou trois censeurs. »
[Mariage de Figaro.)
FIGARO
H. DE VILLEMESSANT et B. JOUVIN
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Un an. 32 fr. 1
Six mois. 18 1
Trois «ois.. !) fr.
Un ?aois. 3 501
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PARAIT DEUX FOIS PAR SEMAINE
le Jeudi et te Dimanche
IO4 ivuniaios p.in AN
''̃̃>'̃ -«ffi*-
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BUREAUX
Rue Coq-Héron, a# 5, près la Poste
PARIS
Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre
Jours, si léger» sur le mal qu'ils ordonnent, quand une
bonne disgrâce a cuvé son orgueil Je lui dirais que le»
sottises imprimée» n'ont d'importance qu'aux lieux 00 l'on
en gêne le cours que sans la liberté de blâmer, il n'«st
point d'éloge flalteur, et qu'il n'y a que les petits homme»
qui redoutent les petits écrits. » Wariage de Ftgarai
COURRIER DE PARI
or
Puisque les vides de la semaine nous en donnent le
loisir, revenons sur la vie d'un homme qui a marqué à
plus d'un titre dans notre métier de journaliste Valen-
tin de Lapelouze, ancien directeur du Courrier fran-
çais, pendant près d'un quart de siècle, de 1820 à 1843,
l'âge d'or de la presse française.
En politique, il était né libéral, et libéral il est mort à
plus de quatre-vingts ans. On peut aimer plus ou moins
cette couleur-là en tout cas, il faut louer la longue fidélité
qu'il lui garda. D'autres servirent la même cause d'une
plume plus brillante ses collaborateurs au Courrier, Ben-
jamin Constant, Châtelain, plus tard, Léon Faucher,
et M. Chambolle ont certainement versé plus d'encre que
lui au service de l'opposition, avant et après 1830. Pour
lui, administrateur et gérant responsable du journal, il
paya de sa personne. Voici ses états de service, tels qu'il
les rappelait, il y a peu d'années, dans une lettre à un
ami « J'ai perdu vingt-deux procès particuliers, trois
procès de tendance et payé 80,000 fr. d'amende. »
Malgré cette accumulation de rigueurs, le Courrier
prospérait. Les journaux que les poursuites tuaient se
portaient à merveille. C'étaient de petits carrés de papier,
vivaces, allègres, très petits, à peine le quart des jour-
naux actuels, très lus et payés deux fois plus cher qu'au-
jourd'hui par les lecteurs. J'ajoute qu'en ce temps-là un
journaliste passait assez facilement pour un grand homme.
llestàremarquer queplus le format des journaux grandi,
plus a diminué l'importance de ceux qui les font.
Ce ne furent pas les sévérités du pouvoir qui renver-
sèrent Valentin de Lapelouze de la direction du Courrier
Français; ce fut la naissance d'un nouveau journalisme
qui le décida à abdiquer. La génération qui allait lui suc-
céder dans le maniement des affaires de journaux, avait
'pour système la diminution des prix d'abonnement et le
développement des annouces. Cette réforme lui parut une
décadence. Il lui sembla voir les marchands s'établir dans
le Temple. Il liquida avec honneur et habileté..
Dès lors, sa carrière active fut terminée. Avant son en-
trée au Courrier Français, il s'était distingué comme
comptable dans une'position administrative que lui tirent
perdre les vicissitudes politiques de 1815. Avant de remplir
ces pacifiques fonctions, il avait suivi l'état militaire
mais la faiblesse de sa vue le contraignit d'y renoncer.
De tout temps, une ardente passion pour les arts et
pour les artistes avait dominé sa vie. Les moindres per-
<1] La reproduction en est formellement interdite.
^onnes et les plus petites choses du théâtre le préoccu-
aient outre mesure. Il adorait la musique par-dessus
"tjbule chose, et la musique italienne au delà de toutes les
̃&usiques. Tous les grands artistes de son temps, à com-
mencer par Rossini, ont été ses amis et Rossirii était son
dieu. Pendant bien des années, il ne manqua pas une re-
présentation du Théâtre-Italien. Après le spectacle, on pro-
longeait régulièrement la, soirée chez l'auteur du Barbier
de Séville.
Je reviendrai tout à l'heure sur ce côté de son carac-
tère et sur ses relations d'artistes. Il faut en finir d'abord
avec son rôle politique. Celui-ci a beaucoup perdu de son
importance à nos. yeu.JJon jpf^i:,fljueJau(5,peine à le
prendre au sérieux. Nous sommes si Lin M temps où 116-
rissait la gauche dynastique! En ces: Jours (jai s'effacent
presque des mémoires, M. Valentin de Lapelouze avait
rang de patriarche du libéralisme. J'ai sous les yeux une
lettre que M. de Lamartine, alors monté sur son succès
des Girondins comme sur un trépied, lui écrivait en ré-
ponse à un document envoyé par M. de Lapelouze
« Mâcon, 28 mars 1847. `
» Votre nom m'a frappé et fortifié. Je vous remercie
bien cordialement de cette voix qui conseille et qui en-
courage à la fois. J'y réponds au milieu du désordre et
des préparatifs d'un banquet de trois mille personnes, en
l'honneur des principes immortels ravivés dans ce péris-
sable livre.
n Vous êtes arrivé à l'âge où il' faut écrire l'histoire.
Employez donc ces années de paix que Dieu donne au soir
de notre vie, à écrire devant la seule postérité ce que vous
avez vu et pensé. Ce siècle a besoin des voix de l'autre siè-
cle pour ne pas s'égarer ou s'endormir. Vous êtes une de
ces voix qu'il a aimé et qu'il aime à entendre Parlez! »
LAMARTINE
Un an plus tard, le lyrique auteur de cette épître trônait
ài'Hôtel-de-Ville, et l'ancien directeur du Courrier Fran-
fais se présentait au suffrage des électeurs des Vosges, ses
compatriotes, comme candidat à l'Assemblée nationale.
Sa profession de foi se termine par deux lignes curieuses
qui, à défaut d'autre renseignement, donneraient la date
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En dépit de cette note engageante, il ne fut pas élu, mais
il ne profita point des loisirs que lui fit son échec, pour écrire
l'histoire à laquelle M. de Lamartine l'avait si solennelle-
ment convié. Il n'a pas même laissé, comme un de nos
confrères, qui l'a connu pourtant, l'avançait l'autre jour,
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mains amies, d'où il y aurait extraire nombre de révéla-
tions curieuses, de particularités inédites sur des person-
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En fait de cantatrices, Henriette Sontag et madame
Malibran lui tinrent surtout au cœur. Mais il préférait
ouvertement le talent de la première au génie de la se-
conde. Madame Malibran avait la simplicité de s'en fâ-
cher et Valentin de la taquiner de plus belle, avec ses
critiques, quand on les mettait en présence. Le plus sou-
vent ces duels de paroles avaient lieu à table, et il arriva
plus d'une fois à la diva de s'emporter au point de jeter
des assiettes à la tête de son Zoïle.
Un jour, à dîner^chez Rossini, elle demanda un crayon,
un bout de papier, et pour se venger traça d'une main rail-
leuse et inexpérimentée le portrait de son adversaire en- ̃̃<
touré de cœurs percés de flèches. M. Vajeritinde Lapelouzo
conserva ce dessin curieux, devenu presque une relique,.
et le fit insérer dans un volume de sa belle bibliothèque,
où il m'a été donné de le voir. C'est un profil assez res-
semblant. La date est écrite en haut 1828.
Si la place ne nous manquait, il serait facile de multi-
plier les anecdotes de ce genre. Dans sa correspondance,
dont une très petite partie seulement a pu passer sous
nos yeux, M. Valentin de Lapelouze est pour les artistes
célèbres de son temps un Dangeau au petit pied. Je prends
une année au hasard en 1841 florissait, sous le patro-
nage de M. Léon Pillet, non pas l'Opéra, mais l'autorité
de madame Stoltz. Tel jour, bonne et grande nouvelle
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trer la prima donna s'est décidée à prendre un maître h
chanter. Tel autre jour, émeute dans les coulisses, ré-
volte au sérail à l'avant-dernière représentation du Diable
amoureux, une jeune et jolie danseuse, au lieu de porter
perruque comme à son ordinaire, s'est avisée de se faire
coiffer tout bonnement avec ses cheveux, et sa coiffure res-
semble à celle de madame Stoltz dans la Favorite. N'est-ce
pas là une audace incomparable et presque un sacrilége ? i
Ordre est donné par la favorite au coiffeur Chevalier de
rétablir la perruque sur le front de la téméraire danseuse.
Celle-ci proteste. Tempête, éclairs; le peigne du coif-
feur se change en brandon de discorde. i
Une autre fois encore, toujours pendant cette direction
Pillel-Stoltz, si féconde en orages, c'est la femme légitime
de M. Pillet qui vient un beau matin s'établir chez lui, en
annonçant l'intention de ne pas en sortir. Une faut rien
moins que l'intervention du commissaire de police, assisté
de gardes municipaux, pour l'expulser en vertu du juge-
mcntqui a prononcé la séparation de corps entre les époux.
A peu de jours de là, c'est M. Lécuyer, mari de madame
Stollz, qui fait des siennes. M. Pillet et sa première
chanteuse assistaient, dans une avant-scène du Cirque
Olympique, à une représentation de Murât. M: Lécuyer
s'approche et insulte sa femme de la parole et du geste.
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