QUATRE-VINGTIEME ANNEE. *-> 28609
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SAMEDI 13 JANVIER 1940
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Emile HÉBRARD (1915-1025)
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CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAUU l
Lettre de Roumanie, LÉON THÉVENIN.- Nouvelles
de l'étranger.
Pasteur et le Brésil, GEORGES RAEDERS.
PAGE 3
Défense de la langue française, LANCELOT.- Jour-
née parlementaire : Chambre; Sénat. - La Phi-
losophie, LOUIS LAVELLE.
PAGE 4
Charles Gounod, prix de Rome, J.-L. CROZE.-
Nouvelles du jour.- Académies.- La Vie éco-
nomique.- Echos et informations.
PAGE 5
La Semaine musicale, G. S. - Les Spectacles :
Théâtres; Cinémas. - La T. S. F. - Le Temps
financier.
PAGE 6
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - Sur mer. - En Fin-
lande.- Au Sénat: Discours de M. Jeanneney.
Paris, le 12 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LA FINLANDE ET LES NEUTRES
Les répercussions de l'héroïque résistance des
Finlandais à l'agression russe continuent à se
préciser en ce qui concerne l'attitude des pays
neutres. Le devoir d'assistance à la Finlande
s'impose de plus en plus chaque jour à tous
les esprits-..honnêtes, .qui se rendent compte
que, sur 18 plan moral comme sur le plan po-
litique, le salut du peuple finnois est lié au
salut même de l'Europe. Les durs échecs subis
par l'armée rouge sont interprétés dans toutes
les capitales comme une confirmation éclatante
de la faiblesse réelle de ce pouvoir soviétique
qu'on a voulu représenter comme une force
invincible, et qui à la lumière des événements
se révèle totalement impuissant à réaliser les
vastes desseins de l'impérialisme slave et à
apporter un appui efficace à l'Allemagne hit-
lérienne en exécution de ce pacte Hitler-Sta-
line que M. Chamberlain a qualifié justement
de pacte impie. On connaît les déclarations for-
melles de la France et de l'Angleterre au sujet
de l'aide que les deux puissances démocrati-
ques, en exécution de la décision de la Société
des nations, s'engagent à fournir à la Fin-
lande. Aux Etats-Unis le mouvement d'opi-
nion em faveur de l'aide au peuple finnois
gagne chaque jour en ampleur, et l'effort amé-
ricain dans ce sens s'annonce comme devant
être des plus importants. De son côté l'Italie
marque activement ses sympathies pour la na-
tion victime de l'agression russe, et sa pro-
testation contre la saisie par le Reich du ma-
tériel de guerre italien envoyé aux Finlandais
prouve assez que la position du gouvernement
de Rome est très différente de celle du gou-
vernement allemand. Enfin, em ce qui concerne
les Etats neutres membres de la Société des
nations, le discours du trône prononcé par le
roi Gustave V à la séance d'ouverture dti
Riksdag de Suède comporte des indications du
plus haut intérêt. ...
Oij n'ignore pas que l«i position de? trois
pays Scandinaves est particulièrement déli-
cate en raison de la double pression exercée
sur eux à la fois par la Russie et par l'Aile-
magne. A Genève les Etats Scandinaves
s'étaient réfugiés dans l'abstention, mais
celle-ci ne signifiait nullement que la Suède,
la Norvège et le Danemark entendaient rester
indifférents au sort de la Finlande et se refu-
saient à accomplir leur devoir d'assistance eu-
vers ce pays auquel ils sont étroitement liés.
C'est bien là ce qui ressort du discours du
trône de Gustave V, où il est constaté que le
conflit armé dont la Finlande est l'objet affecte
profondément le peuple suédois. « La Suède
est consciente, y est-il dit, de l'obligation
qu'elle a de donner au vaillant peuple fin-
landais toute l'aide matérielle et humanitaire
qu'elle peut lui fournir étant données sa propre
situation et ses propres possibilités. » Le dis-
cours du trône insiste sur le fait que la colla-
boration nordique et la coopération avec les
autres Etats neutres qui ne sont pas engages
par des alliances tient toujours au coeur de
Gustave V, cette collaboration ayant pour
tâche essentielle de défendre les intérêts com-
muns des Etats non belligérants. Le roi de
Suède a d'ailleurs exprimé l'espoir qu'elle sera
également une force au service de la paix gé-
nérale, et, en conformité avec le désir profond
de son peuple, il a déclaré être toujours prêt
à contribuer aux efforts en vue du rétablisse-,
ment de la paix. .
Ce qu'il faut en retenir surtout, c'est que la
Suède ne se laisse pas intimider par la pres-
sion que l'Allemagne, certainement d'accord
avec Moscou, prétend exercer à Stockholm, et
que les Suédois sont résolus à donner à la Fin-
lande toute l'aide possible. De son côté la
Norvège estime que l'aide à la Finlande est
parfaitement compatible avec les règles juri-
diques de la neutralité, et un journal d'Oslo,
le Dagblad, fait ressortir qu'en vertu de l'article
7 de la convention de la Haye la Norvège ne
pourrait refuser le passage d'armes en transit
sans manquer à son devoir de neutralité à
l'égard de la Finlande. Cela revient à contre-
dire nettement la thèse allemande, selon la-
quelle la neutralité des petits pays dans le con-
flit actuel serait impossible à concilier avec
leur qualité d'Etats membres de la Société des
nations. A l'argument de la presse nationale-
socialiste que les neutres se rendraient com-
plices de la France et de l'Angleterre en res-
tant dans la grande institution internationale,
le Journal de Genève répond avec raison que
ce n'est pas parce que le Reich a renoncé a la
collaboration internationale en quittant l'orga-
nisme genevois que les nations qui voient dans
cette collaboration la condition d'une paix du-
rable doivent renoncer à leur propre idéal.
La question est ainsi fort bien posée d'un
point de vue général. En ce qui concerne spé-
cialement l'aide à la Finlande, on doit com-
mencer à se rendre compte à Berlin que la
doctrine du Reich, uniquement inspirée par la
nécessité pour le gouvernement de Berlin de
faire le jeu de Moscou quoi qu'il advienne,
n'intimide plus les petits pays. Ceux-ci se sen-
tent fortement encouragés dans leur politique
d'indépendance par les revers subis par l'ar-
mée rouge, et la politique de complaisance du
Reich envers la Russie se tourne ainsi en fait
contre les intérêts allemands les plus certains.
Les représentations officielles faites à Berlin
par l'Italie au sujet de la saisie en Allemagne
des transports d'armes et d'avions italiens des-
tinés à la Finlande prouvent assez que la col-
lusion germano-russe rend de plus en plus
difficile la pratique sincère d'une politique
concertée italo-allemande. On n'est pas dupe
à Rome de l'argument que l'Allemagne n'ac-
cordera son aide, sous quelque forme que ce
soit, à aucun des belligérants du conflit russo-
finlandais, à l'égard duquel elle prétend obser-
ver une neutralité absolue alors qu'en réalité
elle se fait la complice consciente de la puis-
sance bolcheviste. Il semble bien que l'Italie
ait tenu à Berlin un langage suffisamment
clair et ferme pour que l'Allemagne se décide
à lui renvoyer les avions destinés à la Fin-
lande et que les autorités allemandes rete-
naient en violation même de cette neutralité
que le Reich prétend observer scrupuleuse-
ment.
L'UNION DES FRANÇAIS
Dans la belle allocution qu'il a prononcée
à la Chambre, le président Edouard. Herriot
s'est attaché à montrer l'importance de notre
unité morale intérieure. « Ce qui m'apparaît
comme le plus important, a-t-il dit, c'est que
rien ne vienne troubler l'indispensable union
des Français. Nos ennemis doivent savoir que
nous avons compris leur tactique. Elle est,
avant d'attaquer ou en attaquant, de disso-
cier. » |
Il est évident que nos ennemis ont compté
pour cette dissociation intérieure sur le trouble
que devaient provoquer dans notre pays la
conclusion du pacte germano-soviétique et ses
conséquences, c'est-à-dire l'effondrement d'un
espoir de paix, et la trahison intérieure et exté-
rieure comme prélude à la guerre. Les Soviets
savaient fort bien que le parti à leurs gages se
renierait lui-même une deuxième fois sur
l'ordre qui lui en était donné. Et nous avons
pu voir, en fait, le parti communiste, section
française de la troisième Internationale, qui
avait passé déjà du défaitisme à un nationa-
lisme outrancier, se replier, avec la même dé-
sinvolture, de ce supernationalisme au défai-
tisme.
La France a su réagir. Le bon sens de notre
classe ouvrière lui a permis de comprendre,
d'un seul coup, que l'idéologie communiste
servait simplement de voile à la trahison. Tra-
hison le bellicisme récent, trahison le défai-
tisme de la guerre. Le parti communiste
montré alors avec éclat qu'il était au service
non de la classe ouvrière, comme il s'en van-
tait, mais d'une organisation étrangère, la.
troisième Internationale, étroitement liée éa.
gouvernement soviétique, et qui ne représentait
pas autre chose que la section de propagande
et d'action extérieures de ce gouvernement.
Il est naturel que notre pays ait pris les
mesures nécessaires pour empêcher la disso-
ciation intérieure, voulue et préméditée par
l'ennemi et son alliée. Aujourd'hui personne
ne saurait contester que la troisième Interna* 1
tionale et sa « section française » ne se trou-
vent au service aussi bien du gouvernement dè
Berlin que de celui de Moscpu.
« Nous entendons, a dit M. Edouard Herriot,
fermer notre pays à toutes les formes de iâ
propagande ennemie, c'est-à-dire de la trahi-
son. » Le projet de déchéance des députés
communistes - élus, ne l'oublions pas, alors
qu'ils professaient leur nationalisme menson-
ger - est donc pleinement justifié.
Mais cette déchéance serait peu de chose ]
si des polémiques passionnées venaient « trou-
bler l'indispensable union des Français », si
les soupçons sans cesse renaissants venaient
briser la confiance que la patrie doit garder
en elle-même. Il faut combattre le défaitisme,
tous les défaitismes, qu'ils viennent de Moscou
ou de Berlin, car ils ne font qu'un. Il faut
réprimer avec vigueur, les' propagandes..
mies, la.propagande communiste sournoise qui*
se répand encore dans les usines, et celle qui
peut s'exercer dans d'autres milieux, partout
où les forces morales de la nation peuvent être
mises en péril. Il faut éviter à l'avenir des
scandales parlementaires comme ceux de ïa
séance de rentrée. Les Commissions de la
Chambre ont su se défaire des agents stali-
niens devenus en même temps des agents*
hitlériens. L'Assemblée en sera délivrée à son
tour par une juste loi. Mais il faut éviter aussi
les insinuations, les accusations passionnées,
et tout ce qui pourrait enfin, comme l'a dit
avec force le président Herriot, « troubler l'in-
dispensable union des Français ». La victoire
est à ce prix.
PROPOS D'OUI PETITE BOURGEOISE
Malgré la joie du retour vers les êtres chers et
la douceur d'une halte reposante dans le foyer
retrouvé, certains permissionnaires ont gardé au
fond du coeur une légère amertume '; l'idée qu'à
l'arrière on oubliait la guerre et ceux qui la font.
Impression inexacte, car il n'est .pas un Français
qui n'évoque à toute heure la vie des soldats aux
armées, leurs privations et leurs maux. Mais l'in-
compréhension causée par l'absence crée parfois
de petits malentendus :.
- Vous n'avez pas grand'chose «à faire là-bas;
disent innocemment des civils à des guerriers en
vacances; ici, nous sommes surmenés.
- Mon Dieu, répondit ironiquement l'un d'eux,
il faut bien qu'il y ait des hommes au front...
De retour dans son secteur, il ruminera peut-
être aux heures mornes cette phrase maladroite.
Plusieurs permissionnaires nous ont exprimé le 1
môme sentiment : tous ont autant besoin que nous
comprenions le prix de leur courageuse patience
que' de sentir de loin notre tendresse-
Mais nous le comprenons, qu'ils n'en doutent
jamais. Seulement, nous avons dû peu à peu es-
sayer de. maintenir autour de nous l'existence
quotidienne telle qu'elle se déroulait avant sep-
tembre, essai douloureux, tout ce qui nous était:
jusqu'alors indispensable nous paraissant tout à
coup inutile et vain. Même les plaisirs immaté-
riels semblaient interdits. Vous souvenez-vous,
par exemple, que dans les premiers jours de dé-
tresse, alors que la concision des communiqués,
si elle décevait notre attente, satisfaisait du moins
notre désir de dépouillement, nous éprouvions
parfois une espèce de lassitude devant l'art dé-
ployé par un écrivain pour nous donner, de ses
idées et de ses impressions, une image, parfaite.;
Ah ! étions-nous prêts à-dire : pas de littérature,
la douleur du monde ne veut pas d'ornements.;.!
Il a fallu lutter contre ce sentiment, accueillir
avec gratitude le répit passager d'un plaisir de
l'esprit, goûter le noble effort et la réussite, ne
pas vouloir que tout sombrât avec nos lourdes
pensées L'obsession est une tenaille qui marty-
rise notre cerveau," il faut lui faire lâcher prise
si nous voulons maintenir agile et nette notre
compréhension,sur laquelle repose notre constance.
L'atmosphère d'angoisse, où l'Europe est plongée
nous oppresse si fort qu'il nous paraît souvent
impossible de pouvoir, comme il y a quelques
mois, converser tranquillement, nous promener ou
sourire, même si, sous le pauvre sourire, le coeur
reste fermé. Et pourtant, il faut tâcher d'oublier
quelques instants que les hommes s'entretuent,
pour conserver son rythme à la vie qui ne peut
durer dans les ténèbres. Le courage est de l'adap-
ter à l'affreux fléau de la guerre : c'est une façon
de garder notre équilibre et de remplir notre de-
voir envers les êtres jeunes qui doivent s'épanouir
malgré la tourment : dans le trouble universel, la
vie doit continuer, soutenue par l'espoir.
JEANNE MUGNIER.
La défense côtière de la Hollande
On mande d'Amsterdam, li janvier :
Le commandement de la marine de guerre
communique qu'un nouveau champ de mines sera
posé sur la côte néerlandaise à la hauteur de Ter
Heide, dans-la'Hollande méridionale,
En. marge
Retournons au Café du Commerce... Le décor né
s'en .est point renouvelé depuis la grande « der-
nière » ; l'esprit ;de Dupont et de Durand y règne
toujours, avec ses travers et quelques-uns de ses
mérites. C'est un coin de France; nous qous y -sen-
tons chez nous, même si nous nous y ennuyons.
Dans la glace àu cadre terni et taché par les mou-
ches, se reflètent des visages français...
r- Lisez, disait Durand, les « Nouveaux aspects
d* la guerre aérienne», décrits par le Temps d'hier,
fan y laisse plus entendre qu'on n'en dit. Je ne vous
citerai que la première phrase : «.L'imagination,
associée du jugement, est à la guerre une des qua-
lités maîtresses des chefs. » Et vous me permettrez
de vous faire observer que c'est exactement l'opi-
nion que je défends ici.
- Mon cher, répondit Dupont;, vous manquez
vous-même d'imagination, puisque vous ne cessez
de nous répéter ce qui se répétait déjà de 1915 à
191g. Le bon moyen de faire la guerre est de se
servir des armes qu'on a. Vous vous.croyez tou-
jours au temps de Napoléon qui pouvait, lui, sur-
prendre l'adversaire; parce qu'il commandait une
infanterie alerte. Les « surprises » ne sont plus
possibles avec les engins dont nous disposons. Le
monde a marché, depuis Austerlitz, et vous, Du-
rand, vous êtes resté au même point, aigre et in-
quiet comme avant et comme après la Marne.
La riposte allait fondre sur Dupont, et l'on en
pouvait prévoir,la-violence à la vue dés joues
de Durand, lesquelles venaient de s' « empour-
prer », selon* l'image familière en ce lieu. Mais
Berteaux intervint à ce moment tragique qui in-
terrompait, ainsi que chaque soir, la monotonie
des conversations.. N
* .r-Calmez-vous donc, fft oe buveur -à' la parole
tente qu'on écoutait volontiers, tout en lui repro-
chant de « s'écouter » un peu. Je l'ai lu, cet article
du Temps, et Durand n'en a rien dit qui ne soit
juste. Mais Dupont ne se trompe point en recon-
naissant dans les critiques de Durand les criti-
ques d'il y a vingt et quelques années. Nous re-
commençons, hélas! Eh! c'est que la guerre re-
commence et que nous souhaitons tous qu'elle fi-
nisse heureusement et promptement! Rappelez-
vous que, dès 1915 ou 1916, on reprochait aux
« conducteurs » de la guerre de paraître s'y « ins-
taller » commodément. A la vérité, ils attendaient
l'instant propice pour entreprendre. Durand pré-
tend qu'on doit hâter la venue de cet instant en
en inventant les circonstances, ei que l'imagina-
tion est le génie des: inventions. Comment lui don-
ner tort, puisque toute l'expérience de la vie lui
donne raison? On ne réussit qu'en osant. Le vieil
adage s'applique ici : Audaces... Mais Dupont re-
marque que les audacieux, dans les guerres, ont
parfois échoué. Je l'invite à remarquer aussi que
l'écrivain du Temps honore l'imagination « asso-
ciée au jugement ». La Tortue, j'entends bien, avait
mieux jugé que le Lièvre- Ne jugeons, nous, qu'avec
prudence des choses militaires, que nous connais-
sais ' insuffisamment. Mais nous possédons un do-
maine qui est la partie du pays où l'on subit !a
guerre sans être directement exposé aux coups de
l'ennemi. Notre ligne Maginot, nos tanks, nos
avions, c'est notre « moral », et, là, je conviens
qu'il faudrait qu'une imagination supérieure nous
aidât h le conserver. Les permissionnaires nous
ont visités ces jours-ci, nous apportant l'écho dés
bruits qui retentissent là-bas. Leur humeur peut
servir d'exemple à. la.nôtre. J1 faut bien convenir.
néamoins, que leur optimisme à "feux n'est point
« béat ».La guerre n'est réjouissance pour per-
sonne. Quand, pendant la « dernière », on mon-
trait le « poilu » content de son sort, on dégoûtait
les vrais poilus. La guerre est un sacrifice. Une
littérature, un système, une tactique seraient cou-
pables qui n'auraient pas pour objet de faire du-
rer ce sacrifice le moins longtemps possible. Il
faut donc imaginer le moyen d'écourter la guerre
la fois, de remporter une victoire décisive,
Les « qualités maîtresses » des chefs y serviront.
'Français armés et Français sans armes, armons-
nous tous de patience et de confiance. Sachons at-
tendre que mûrissent les fruits de l'imagination,
dont les fleurs, déjà, éclatent sans doute, quelque
part...
JEAN LEFRANC.
SUR MER
Un bateau-citerne britannique
saute sur une mine
On mande de Londres:
Le bateau-citerne londonien El-Oso (7,267 ton-
nes) a sauté, jeudi, après avoir heurté appa-
remment une mine au large de la côte oUest de
l'Angleterre. Ce navire, après avoir effectué, une
traversée de six semaines, apportait d'Amérique
du Sud une cargaison de pétrole. "
Lè pétrole enflammé a explosé et s'est répandu
sur . les flots. Quatre marins se sont jetés à l'eau,
mais un seul a pu être sauvé. Le reste de l'équi-
page, à demi aveuglé par le liquide enflammé a
pu cependant descendre dans les canots et a été
recueilli car des navires de guerre.
Le capitaine Simpson a quitté le dernier son
navire»
Vapeur italien coulé par une mine
On mande de Londres:
Un vapeur italien a heurté, jeudi, une mine de
la mer du Nord, au large d'une ville de la côte
orientale anglaise. Il a coulé en quatre heures. Au
moment où il s'est englouti dans les flots, la si-
rène d'un autre navire italien a retenti.
L'équipage a pris place dans les canots de sau-
vetage et a été recueilli par un remorqueur. Deux
des survivants ont été hospitalisés avec des bles-
sures aux jambes.
Victimes de collisions
On mande de Copenhague, 11 janvier :
Selon une dépêche de Apemrade (Slesvig
danois), le vapeur allemand Axel, parti mardi de
Graasten avec un chargement de 400 porcs, a
coulé dans le canal de Kiel, à la suite d'une col-
,'lésion avec un navire de guerre allemand. L'équi-
page été sauvé, mais les animaux ont péri:
On mande de Londres, 11 janvier :
Dix-sept membres de l'équipage du vapeur
Leonari-Pearce (1,571 tonnes) ayant Londres pour
port d'attache, ont été recueillis par un patrouil-
leur et ramenés à terre sains et saufs. Leur
navire avait sombré à la suite, d'une collision au
début ; de la journée. ,a
Un voilier portugais perdu
On mande de' Lisbonne, 12 janvier :
'On considère comme perdu le voilier portugais
de 400 tonnes Infante, parti à la fin de décembre
à destination de Casablanca avec une cargaison
de bois, et dont on est depuis sans nouvelles. Les
armateurs ont reçu un message de leur compa-
gnie d'assurances, disant qu'on avait trouvé la
coque de l'Infante voguant à la dérive.
On ignore le sort de l'équipage composé de
treize hommes. :
Un chalutier attaqué par un avion
Un des marins du bateau de sauvetage qui a
recueilli l'équipage du vapeur italien coulé et
qui a remorque en outre un chalutier anglais at-
| taqué par un bombardier allemand, a déclaré :
Quatre explosions se sont produites près du chalu-
tier. Nous avons vu les flottes se gonfler et avons senti
un choc. L'équipage de l'avion nazi a non seulement
bombardé, mais également mitraillé le chalutier doDt le
patron a été blessé légèrement. Tout s'est passé en quel-
ques minutes. L'avion allemand a ensuite volé â basse
altitude-au-dessus dé-notre bateau de sauvetage; mais
il ne nous ani bombardés ni mitraillés,
LES OPÉRATIONS
.. MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU H JANVIER (SOIR)
Journée marquée par une activité accrue
des deux artilleries et par une assez forte
activité des deux aviations.
Un avion de reconnaissance ennemi a été
abattu dans nos lignes.
DU 12 JANVIER (MATIN)
Nuit sans incident important. Activité des
patrouilles de part et d'autre.
DANS LES AIRS
Le combat aérien de mercredi
, . au-dessus de la mer du Nord
Oh mande de Londres, le 11 janvier, de nouveaux
détails sur l'engagement qui a mis aux prises
mercredi au-dessus de la mer du Nord des avions
britanniques et des Messerschmitt llO S. ,
Les Messerschmitt ont concentré leur feu sur
le groupe extérieur de la formation britannique.
L'un des mitrailleurs anglais a déclaré, en effet :
J'ai cru d'abord n'être en présence que de deux
avions ennemis. Ils ont attaqué à tour de rôle, mani-
festement d'après un plan établi à l'avance. Ensuite
nous avons vu arriver les autres qui attendaient plus
haut le moment d'entrer en action. Bientôt l'affaire
devint chaude. Dès le début de l'attaque, nous sommes
descendus d'une hauteur de 1,500 mètres presque jus-
qu'au niveau de la mer, ce qui a empêché l'ennemi de
nous approcher de trop près. Nous sommes restés en
formation serrée. .
Les avions allemands de combat ont attaqué en
piqué, ouvrant le feu avec, leurs canons et leurs mi-
trailleuses à une distance d'environ 550 mètres. Rare-
ment ils se 6ont approchés de nous de plus de 200 mè-
tres. Ils ont semblé redouter beaucoup d'être à portée
de nos canons et généralement ils se sont éloignés,
quand nous avons ouvert -le feu.
En s'élevant dans les nuages pour une autre attaque,
ils nous montraient le -dessous de leurs carlingues et
nos dispositifs automatiques semblaient aller droit vers
eux.,
Certainement plusieurs des appareils ennemis sont
rentrés chez eux en bien moins bonnes conditions qu'ils
n'étaient partis, oar quelques-uns de nos camarades
ont tiré plus de 500 coups de feu pendant l'action et
ils n'ont pas tous raté.
Pendant près de .25 minutes, l'engagement a été con-
tinu. Chaque avion de combat se livrait à 8 ou 10 at-
taques.,. 4 V
L'unique perte britannique s'est produite au début
de l'action,'quand-L'un de .nos avions,, apparemment
touché'dans Son moteur,'.-a-été forc de redescendre.
Un .. avion de combat ennemi a foncé immédiatement
sur lui, s'approchant jusqu'à près de cent-mètres, tandis
qu'un second avion allemand attendait au-dessus pour
renforcer l'attaque.
Peu après, un appareil ennemi a été descendu. En
'cherchant à rompre la formation britannique, il piqua
entré deux groupes de l'escadrille, fut pris 'dans le feu
des appareils anglais et s'abattit dans les flots à une
vitesse vertigineuse.
; -Un autre avion allemand de combat fut-aperçu plus
tard aux prises avec des difficultés. On croit que c'est
celui qui a, dit-on, fait un atterrissage forcé au
Danemark.
Une dépêche de Copenhague du 11 janvier an-
nonce en effet qu'un bombardier allemand e fait
un atterrissage forcé dans un champ, près de
Skaerbaek, au sud du Jutland. Les quatre occu-
pants ont mis le feu à l'appareil, qui est complè-
tement détruit. Les quatre aviateurs allemands
ont été internés.
Raids aériens sur l'Angleterre
; Le ministère britannique de l'air a publié le commu-
niqué suivant le 11 janvier, au début de l'après-midi :
Des avions ennemis ont franchi la côte de New-
castle aujourd'hui,, peu après 10 heures. Aucune
bombe n'a été jetée. Des patrouilles de chasseurs
ont été lancées à leur poursuite et les batteries
de D. C. A. ont ouvert le feu. Les avions ennemis
Ont été chassés vers la haute mer. Une maison a
été légèrement endommagée par des éclats d'obus
antiaériens. >.:
Dans la soirée du 11 janvier, un nouveau communiqué
ainsi, conçu a été publié par le ministère britannique de
l'air : ... ; ' - ,
Une activité aérienne conosidérable a eu lieu
06. matin aU large des côtes est de l'Angleterre et
ce "l'Ecosse.
Outre le raid déjà rapporté sur. Newcastle-on-
Tyne, des avions ennemis ont apparu au large du
Firth of Forth et des estuaires du Humber et de
la Tamise. Us ont été mis en fuite par le feu des
batteries antiaériennes et par des patrouilles
d'avions de chasse.
Au large de la côte du Norfolk, des avions enne-
mis ont attaqué, à l'aide de bombes, un navire
marchand.
Ils ont été interceptés par nos avions de chasse
qui leur ont livré combat.
Des avions allemands
survolent le territoire belge
Le ministère belge de la défense nationale a publié
le 11' janvier le communiqué suivant :
Dans le courant de la journée du 41, des avions
allemands ont. à plusieurs reprises survolé le
territoire belge.
Nos patrouilles leur ont donné la chasse et la
D. T. C. A. est entrée en action, notamment dans
la régions de Gand, Bruxelles, Hasselt et Liège.
Le gouvernement belge a décidé de protester à
Berlin au sujet de cette violation de la juridic-
tion de l'Etat.
[Suivant une dépêche de Bruxelles, un éclat d'obus
provenant de la D. T. C. A. a traversé le toit d'une
maison à Vottem, sans blesser personne.]
RÉSULTAT DU BLOCUS
Voici les résultats du blocus :
Marine française : .
Sémaine du 31' décembre 1939 au 7 janvier 1940.
Navires arrêtés : 6;
" Marchandises interceptées : 12,000 tonnes ;
Depuis le début de la guerre : navires arrêtés 233;
^Marchandises interceptées : 439,000 tonnes.
, Grande-Bretagne
Semaine du 31 décembre 1939 au 7 janvier 1940.
Marchandises arrêtées : 6,200 tonnes dont :
; 2,400 tonnes de pétrole;
1.000 - de saumon de plomb;
400 :- de produits alimentaires;
800 - de produits non métalliques;
1:40 - d'huiles et de graisses;
100 - de minerais et métaux.
- ' Depuis le début de la guerre : 544,000 tonnes.
Voici les résultats du blocus depuis le début de
la guerre jusqu'au 7 janvier :
Marine française. -Navires arrêtés, 233; marchan-
dises interceptées, 439,000 tonnes.
Marine britannique. - Marchandises interceptées,
544, 000 tonnes,
L'AGRESSION SOVIETIQUE COR LA FINLANDE
LES OPÉRATIONS
Le communiqué finlandais
Le commandement suprême de l'armée finlandaise pu-
blie le communiqué suivant :
Sur terre. - Dans l'isthme de Carélie et sur
la frontière de l'est, rien de nouveau. L'ennemi a
lancé une attaque dans la direction de Salla et à
Petsamo. Mais il a été repoussé.
Sur mer. - Rien d'important à signaler.
Dans les airs. - Au cours de la journée l'hier,
l'aviation ennemie a tenté deux bombardements
peu importants dans la région d'Ekenaes et de
Stroemfors et dans ce dernier, district, six jeunes
filles ont été blessées.
On n'a pas encore de renseignements complets
sur les victimes et les dommages matériels.
Le communiqué soviétique
Voici le communiqué de l'état-major de la circons-
cription militaire de Leningrad :
11 janvier : en direction d'Ouhkhta et Rebola,
actions d'éclaireurs. Dans la direction de Petroza-
vodsk, opérations des troupes de reconnaissance
et engagements des éléments d'infanterie dans le
secteur de Kitela. Dans l'isthme de Carélie, feu
d'artillerie et actions d'éclaireurs.
Le mauvais temps a empêché les opérations aé-
riennes..
Accalmie sur tous les fronts
On télégraphie d'Helsinki :
L'inactivité qui règne sur les divers fronts est
commentée par les milieux autorisés finlandais.
Ces commentaires ne reflètent ni inquiétude ni
témérité déplacée. Les troupes soviétiques ont
cherché, ces derniers jours, a se terrer dans les
positions qu'elles ont atteintes dans l'isthme de
Carélie et qu'elles cherchent à protéger avec des
barbelés.
On est d'ailleurs convaincu qu'il faut s'attendre
à de nouvelles attaques qui se porteront sur les
points de défense finlandais,dans l'isthme de Ca-
rélie, que le commandement soviétique considère
comme moins bien protégés que d'autres par des
obstacles naturels, ainsi que sur les points situés
au nord du lac Ladoga, par où les Soviets espèrent
se frayer un passage et tourner les lignes de dé-
fense finlandaises.
Il est évident que la direction principale des
attaques soviétiques sera celle de Viipuri, car,
pour des raisons géographiques, l'isthme de Carélie
constitue la véritable route pour entrer en Fin-
lande.
Quant aux actions qui se déroulent dans le Nord,
on en parle assez peu.
Des rapports qui sont parvenus, hier soir jeudi,
signalent qu'à un endroit commandant deux routes
importantes, les Finlandais espèrent atteindre des
positions qui leur permettront de gêner considé-
rablement les transports et le ravitaillement so-
viétiques.
Il va sans dire qu'en comparaison des opérations
qui se déroulent dans l'isthme de Carélie et au
nord du lac Ladoga, ces actions ayant lieu dans
l'extrême Nord n'ont pas une grande importance.
Aspects de la lutte dans l'isthme carélien
Un correspondant de l'agence Havas sur le front fin-
landais télégraphie :
Dans l'isthme de Carélie, l'activité de l'aviation
soviétique est assez modérée. Les avions russes
de bombardement essaient de découvrir les dépôts
de munitions et les centres de ravitaillement fin-
landais; ils n'y parviennent pas, car les Finlandais
effectuent leurs transports à des heures et par un
temps permettant de se dissimuler.
Il semble qu'on enregistre une augmentation de
l'activité des avions de combat soviétiques depuis
le récent changement dans le haut commandement
russe de l'armée d'invasion. Mais, dans un secteur
situé au centre de l'isthme de Carélie, les avions
de chasse soviétiques n'ont, malgré toute leur acti-
vité, réussi qu'à tuer deux chevaux et n'ont pu
atteindre aucun objectif militaire. Les avions fin-
landais inspirent une forte crainte aux aviateurs
rouges; c'est ainsi qu'il y a environ une semaine,
une escadrille de trois avions de bombardement
soyiétiques rencontra un avion de chasse finlan-
dais. L'escadrille soviétique tourna immédiate-
ment vers le sud; mais la manoeuvre fut mal exé-
cutée et deux des bombardiers soviétiques se ren-
contrèrent et tombèrent en flammes derrière leurs
lignes.
Dans les combats sur terrre, à courte distance,
les grenades à main et les revolvers sont les ins-
truments qui ont servi le plus souvent. Les Fin-
landais excellent dans le maniement de ces armes.
Les soldats soviétiques avancent lentement et la-
borieusement dans la neige et présentent aux
fusils automatiques et aux mitrailleuses finlan-
daises d'excellentes cibles. Les fantassins russes
traînent derrière eux, avec lenteur et maladresse,
leurs mitrailleuses et leurs mortiers de tran-
chées.
,. Les barbelés posés par les Finlandais sont par-
ticulièrement efficaces et, même lorsque les rouges
essaient de les couper durant, la nuit, les domma-
ges qu ils causent sont rapidement réparés.
« Nous pouvons continuer la lutte »
proclame la radio finlandaise
On télégraphie. d'Helsinki :
La radio finlandaise proclame :
Notre armée combattante peut continuer sa
campagne victorieuse seulement si elle est suf-
fisamment équipée.
Dans tout le pays on a déjà réuni des quantités
considérables de vêtements et outils utiles à l'ar-
mée, et ce travail se poursuit-
Il a maintenant été décidé que toutes les insti-
tutions d'Etat, y compris les ecoles, doivent four-
nir à l'armée tout le matériel qui ne leur est pas
strictement nécessaire.
On fait appel également à l'initiative privée
pour réunir, par l'intermédiaire des centres de la
garde civique, tous les effets qui peuvent être
cédés à l'armée, par exemple les vestes fourrées,
les gros manteaux, les fourrures, les chemises et
caleçons de laine, les couvertures, ainsi que les
outils, comme les haches, les pelles, les scies et
les sacs en toile, etc.
Les commerçants et autres personnes qui ne se
voient pas en mesure de faire don de ces objets
en seront remboursés dans les quinze jour, par
l'Etat, au taux courant.
Si, ainsi, le front intérieur vient en aide à nos
soldats, nous avons toutes les chances de pouvoir
continuer notre' lutte aussi victorieusement qu'au-
paravant.
Que vaut l'aviation russe ?
On télégraphie de Stockholm :
L'envoyé spécial en Finlande du Nya Daglicht
Allehanda confirme les informations déjà don-
nées au sujet de la situation alarmante dans
laquelle se trouverait l'aviation soviétique.
Au début du conflit, les Soviets avaient mis en
ligne 1,000 avions contre la Finlande, et avaient
concentré de gros dépôts de carburants et de mu-
nitions; sur les 1,000 avions, 450 - d'ailleurs
d'origine étrangère - étaient susceptibles d'être
utilisés avec succès. Sur ce chiffre, 170 ont été
abattus, et 250 seulement restent encore en ligne.
La principale erreur du commandement russe
semble avoir été d'employer d'un seul coup ses
meilleurs avions, si bien que, actuellement, l'ar-
mée rouge se trouve en presence de grandes diffi-
cultés en raison de la diminution de ses réserves.
D'ailleurs, les pilotes ont témoigné d'une inex-
périence notoire. Quatre mille bombes ont été lan-
cées debuis le début des hostilités sur 100 loca-
lités différentes, sans que des buts militaires pro-
prement dits aient été atteints.
L'AIDE A LA FINLANDE
L'Italie enverra du matériel
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone vendredi matin, 12 janvier :
Dès le moment où la Russie a attaqué la Fin-,
lande, l'opinion unanime a partagé le sentiment
d'indignation qui s'est répandu dans le monde con-
tre les Soviets. A Rome, l'état des esprits est pa-
reil en tous points à celui du temps de la guerre
d'Espagne. La conviction générale est que l'ar-
mée du général Mannerheim combat à l'avant-
garde de la civilisation occidentale. Chaque jour,:
les envoyés spéciaux des grands journaux de la
tenu leur brevet de pilote en Italie, et le
par de longues dépêches pleines d'admiration, de
bienveillance sincère et désintéressée à l'égard du
peuple finlandais. On sait, d'ailleurs, que dans
maintes villes d'Italie, à commencer par Rome,
des milliers d'étudiants ont manifesté en faveur
de la Finlande. Bien plus, de nombreux volontaires
tentent de s'engager. Chaque matin la légation de
Finlande à Rome est envahie par des jeunes gens
qui voudraient partir immédiatement. Cette po-
sition de l'opinion italienne est d'autant plus frap-
pante que les deux pavs sont séparés par tonte
l'Europe et que nul intérêt de quelque nature que
ce soit ne lie les deux nations.
Devant le drame de la Finlande, Rome et Berlin'
sont dans deux camps opposés. C'est ainsi que
.l'Italie, de même que la France, l'Angleterre, les
Etats-Unis et une foule d'autres pays, a déjà en-
voyé en Finlande du matériel de guerre. Comme
on le sait, il s'agit d'avions. Depuis plusieurs an-
nées, de nombreux aviateurs finlandais, ont ob-
tenu leur brevet de pilote en Italie, et que le
gouvernement d'Helsinki, comme le gouvernement
de Stockholm, ont acheté à diverses reprises du
matériel aéronautique italien. Un premier envoi
d'avions (on parle 30 à 40) s'est effectué sans
incidents au début de décembre, à travers l'Alle-
magne. Il s'agissait, dit-on, d'avions commandés
par la Finlande avant le début des hostilités. Un
second envoi, cependant, comme le Temps l'a an-
noncé, n'a pas réussi à franchir le Reich. Il est
parvenu jusqu'à l'aérodrome de Sassnitz, dans
l'île de Rügen, où, à la demande de Moscou, lo
gouvernement allemand l'a arrêté. La presse ita-
lienne observe la réserve la plus complète sur
l'événement. La protestation de l'ambassadeur;
d'Italie à Berlin n'est pas même signalée dans les
journaux. Selon un bruit qui court à Rome, l'in- ,
cident aurait déjà été liquidé, en ce sens que les
avions italiens auraient déjà fait retour à leun
base, mais il n'est pas dit que l'Italie n'envisage
pas d'acheminer ce matériel vers sa destination
par un autre chemin.
Dans le fond, rien ne peut l'empêcher de le
faire, l'état de guerre déclarée n'existe même pas
entre Helsinki et Moscou, par conséquent le blo-
cus de la Finlande n'a aucune base juridique.
Dans le fond nous nous retrouvons dans une
situation semblable dans ses grandes lignes à
celle de l'Espagne durant la guerre civile. Fait
caractéristique : le Corriere Padano publie au-
jourd'hui, en caractères gras, une. dépêche annon-
çant qu'à Madrid re général Franco vient d'émet-
tre un décret autorisant l'envoi à la Finlande du
matériel de guerre laissé en Espagne par l'armée
italienne.
Le journal ajoute que ce matériel, qui com-
prend des chars d'assaut, des canons, des fusils,
sera transporté en Finlande par des navires espa-
gnols. Le fait mérite (fautant plus d'être rélevé
qu'à la "fin d'octobre la manifestation'qui s'est
déroulée à Madrid à l'occasion de la remise des
lettres de créance du nouvel ambassadeur, le
général Gambera, a prouvé que les rapports italo-
espagnols allaient se poursuivre dans la même
ligne anticommuniste. Le général Franco déclara
lui-même à l'ambassadeur d'Italie : « Vous pou-
vez compter sur moi pour la défense 3e la civi-
lisation romaine. » En somme, devant le drame
finlandais, France, Italie, Espagne, Portugal,
c'est-à-dire toute la latinité, s'appuie sur les
mêmes principes pour la défense de la civili-
sation.
La Suède donnera une aide matérielle
à la Finlande, déclare le roi Gustave V
On télégraphie de Stockholm :
Dans le discours du trône qu'il a prononcé à
l'occasion de l'ouverture de la session du Riksdag,
le roi a déclaré notamment que l'entraînement de.
la Finlande dans le conflit avait affecté profondé-
ment le peuple suédois. Il a ajouté que la prompti-
lude qu'il a mise à aider le peuple frère dans la dé-
tresse a pris des expressions manifestes.
« La Suède fut et est consciente de l'obliga-
tien qu'elle a de donner au vaillant peuple finlan-
dais toute aide matérielle et humanitaire que la
Suède peut fournir étant données sa propre situa-,
tion et ses propres possibilités.
La collaboration nordique et la collaboration'
avec les autres Etats neutres qui ne sont pas iiés
par des alliances me tient toujours au coeur. Cette
collaboration a pour tâche essentielle de défendre
les intérêts communs des Etats neutres. J'espère
qu'elle sera aussi une force au service de la paix
générale. En conformité avec le désir profond de
mon peuple, je suis toujours prêt' à contribuer
au travail pour le rétablissement de la paix. »
Les sympathies hongroises
On télégraphie de Budapest :
Les manifestations en faveur de la Finlande
se multiplient en Hongrie.
Hier, un concert finlandais, sous le haut patro-
nage de l'archiduc Joseph-François de Habsbourg
et du ministre de Finlande à Budapest, a eu lieu,
au cours duquel des oeuvres musicales finlandaises
ont été exécutées devant une assistance aussi
choisie que nombreuse.
Le ministre de France et Mme Pierre Guerlet,
ainsi que les membres de la légation française,
étaient également présents.
Le bénéfice de la soirée sera versé à la Croix-
Rcuge finlandaise.
Hommage portugais
On télégraphie de Lisbonne :
L'Assemblée nationale a rendu hommage à'
l'héroïsme finlandais. Le député Magalhaes Ra-
malho a fait un discours dans lequel il a exalté
la résistance de la Finlande martyre et ajouté :
« La Providence sauve la Finlande! »
Parlant de l'expulsion de l'U.R.S.S. de la Société
de.* nations, le député a souligné que la politique
portugaise à Genève a toujours été antisoviétique.
Il a terminé en rendant hommage aux défenseurs
ce la Finlande et félicité le président Salazar
d avoir confirmé à Genève le point de vue por-
tugais à l'égard de la Russie.
Mise en garde
La légation de Finlande communique :
La légation de Finlande à Paris croit devoir
avertir les personnes qui seraient saisies de
requêtes d'ordres divers ou de demandes de fonds
émanant d'un « Comité franco-finlandais de pro-
pagande et d'aide à la Finlande », qu'elle n'en-
tretient aucune relation avec cette organisation,
et qu'elle ignore A!. Ivanow qui cherche à orga-
niser à Paris une « Semaine finlandaise ».
La reconnaisance finlandaise
à la Société des nations
Voici le texte du télégramme adressé par
M. Tanner, ministre des affaires étrangères de
Finlande, au secrétaire général de la Société des
nations :
A l'occasion du vingtième anniversaire de la Société
des nations, je vous présente mes félicitations sincères.
Très reconnaissant de l'appui accordé à. la Finlande par
la Société des nations en temps de difficultés, je sou-
haite le meilleur succès à 6es efforts pour développer
la coopération internationale en faveur de la paix, du
progrès et de l'humanité.
M. Joseph Avenol a répondu en ces termes :
Je vous remercie vivement de votre message, que ja
communique aux membres de la Société des nations.
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
SAMEDI 13 JANVIER 1940
FoîTX)A.TExjn. i Augruata ITEir'JFTZEiR. (laet)
ANCIENS DIKECTEURS S
Adrien HÉBR,.A.:R»:D |iasT-iei4|
Emile HÉBRARD (1915-1025)
Adrien HÉ3R..AJR.I3 isas-ieas)
XJOTTIS-HIIJIJ (1829-1831)
Dxujectextivs Î
Jaoquea OHASTENET et Emile MIR.BJA.TTX
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAUU l
Lettre de Roumanie, LÉON THÉVENIN.- Nouvelles
de l'étranger.
Pasteur et le Brésil, GEORGES RAEDERS.
PAGE 3
Défense de la langue française, LANCELOT.- Jour-
née parlementaire : Chambre; Sénat. - La Phi-
losophie, LOUIS LAVELLE.
PAGE 4
Charles Gounod, prix de Rome, J.-L. CROZE.-
Nouvelles du jour.- Académies.- La Vie éco-
nomique.- Echos et informations.
PAGE 5
La Semaine musicale, G. S. - Les Spectacles :
Théâtres; Cinémas. - La T. S. F. - Le Temps
financier.
PAGE 6
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - Sur mer. - En Fin-
lande.- Au Sénat: Discours de M. Jeanneney.
Paris, le 12 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LA FINLANDE ET LES NEUTRES
Les répercussions de l'héroïque résistance des
Finlandais à l'agression russe continuent à se
préciser en ce qui concerne l'attitude des pays
neutres. Le devoir d'assistance à la Finlande
s'impose de plus en plus chaque jour à tous
les esprits-..honnêtes, .qui se rendent compte
que, sur 18 plan moral comme sur le plan po-
litique, le salut du peuple finnois est lié au
salut même de l'Europe. Les durs échecs subis
par l'armée rouge sont interprétés dans toutes
les capitales comme une confirmation éclatante
de la faiblesse réelle de ce pouvoir soviétique
qu'on a voulu représenter comme une force
invincible, et qui à la lumière des événements
se révèle totalement impuissant à réaliser les
vastes desseins de l'impérialisme slave et à
apporter un appui efficace à l'Allemagne hit-
lérienne en exécution de ce pacte Hitler-Sta-
line que M. Chamberlain a qualifié justement
de pacte impie. On connaît les déclarations for-
melles de la France et de l'Angleterre au sujet
de l'aide que les deux puissances démocrati-
ques, en exécution de la décision de la Société
des nations, s'engagent à fournir à la Fin-
lande. Aux Etats-Unis le mouvement d'opi-
nion em faveur de l'aide au peuple finnois
gagne chaque jour en ampleur, et l'effort amé-
ricain dans ce sens s'annonce comme devant
être des plus importants. De son côté l'Italie
marque activement ses sympathies pour la na-
tion victime de l'agression russe, et sa pro-
testation contre la saisie par le Reich du ma-
tériel de guerre italien envoyé aux Finlandais
prouve assez que la position du gouvernement
de Rome est très différente de celle du gou-
vernement allemand. Enfin, em ce qui concerne
les Etats neutres membres de la Société des
nations, le discours du trône prononcé par le
roi Gustave V à la séance d'ouverture dti
Riksdag de Suède comporte des indications du
plus haut intérêt. ...
Oij n'ignore pas que l«i position de? trois
pays Scandinaves est particulièrement déli-
cate en raison de la double pression exercée
sur eux à la fois par la Russie et par l'Aile-
magne. A Genève les Etats Scandinaves
s'étaient réfugiés dans l'abstention, mais
celle-ci ne signifiait nullement que la Suède,
la Norvège et le Danemark entendaient rester
indifférents au sort de la Finlande et se refu-
saient à accomplir leur devoir d'assistance eu-
vers ce pays auquel ils sont étroitement liés.
C'est bien là ce qui ressort du discours du
trône de Gustave V, où il est constaté que le
conflit armé dont la Finlande est l'objet affecte
profondément le peuple suédois. « La Suède
est consciente, y est-il dit, de l'obligation
qu'elle a de donner au vaillant peuple fin-
landais toute l'aide matérielle et humanitaire
qu'elle peut lui fournir étant données sa propre
situation et ses propres possibilités. » Le dis-
cours du trône insiste sur le fait que la colla-
boration nordique et la coopération avec les
autres Etats neutres qui ne sont pas engages
par des alliances tient toujours au coeur de
Gustave V, cette collaboration ayant pour
tâche essentielle de défendre les intérêts com-
muns des Etats non belligérants. Le roi de
Suède a d'ailleurs exprimé l'espoir qu'elle sera
également une force au service de la paix gé-
nérale, et, en conformité avec le désir profond
de son peuple, il a déclaré être toujours prêt
à contribuer aux efforts en vue du rétablisse-,
ment de la paix. .
Ce qu'il faut en retenir surtout, c'est que la
Suède ne se laisse pas intimider par la pres-
sion que l'Allemagne, certainement d'accord
avec Moscou, prétend exercer à Stockholm, et
que les Suédois sont résolus à donner à la Fin-
lande toute l'aide possible. De son côté la
Norvège estime que l'aide à la Finlande est
parfaitement compatible avec les règles juri-
diques de la neutralité, et un journal d'Oslo,
le Dagblad, fait ressortir qu'en vertu de l'article
7 de la convention de la Haye la Norvège ne
pourrait refuser le passage d'armes en transit
sans manquer à son devoir de neutralité à
l'égard de la Finlande. Cela revient à contre-
dire nettement la thèse allemande, selon la-
quelle la neutralité des petits pays dans le con-
flit actuel serait impossible à concilier avec
leur qualité d'Etats membres de la Société des
nations. A l'argument de la presse nationale-
socialiste que les neutres se rendraient com-
plices de la France et de l'Angleterre en res-
tant dans la grande institution internationale,
le Journal de Genève répond avec raison que
ce n'est pas parce que le Reich a renoncé a la
collaboration internationale en quittant l'orga-
nisme genevois que les nations qui voient dans
cette collaboration la condition d'une paix du-
rable doivent renoncer à leur propre idéal.
La question est ainsi fort bien posée d'un
point de vue général. En ce qui concerne spé-
cialement l'aide à la Finlande, on doit com-
mencer à se rendre compte à Berlin que la
doctrine du Reich, uniquement inspirée par la
nécessité pour le gouvernement de Berlin de
faire le jeu de Moscou quoi qu'il advienne,
n'intimide plus les petits pays. Ceux-ci se sen-
tent fortement encouragés dans leur politique
d'indépendance par les revers subis par l'ar-
mée rouge, et la politique de complaisance du
Reich envers la Russie se tourne ainsi en fait
contre les intérêts allemands les plus certains.
Les représentations officielles faites à Berlin
par l'Italie au sujet de la saisie en Allemagne
des transports d'armes et d'avions italiens des-
tinés à la Finlande prouvent assez que la col-
lusion germano-russe rend de plus en plus
difficile la pratique sincère d'une politique
concertée italo-allemande. On n'est pas dupe
à Rome de l'argument que l'Allemagne n'ac-
cordera son aide, sous quelque forme que ce
soit, à aucun des belligérants du conflit russo-
finlandais, à l'égard duquel elle prétend obser-
ver une neutralité absolue alors qu'en réalité
elle se fait la complice consciente de la puis-
sance bolcheviste. Il semble bien que l'Italie
ait tenu à Berlin un langage suffisamment
clair et ferme pour que l'Allemagne se décide
à lui renvoyer les avions destinés à la Fin-
lande et que les autorités allemandes rete-
naient en violation même de cette neutralité
que le Reich prétend observer scrupuleuse-
ment.
L'UNION DES FRANÇAIS
Dans la belle allocution qu'il a prononcée
à la Chambre, le président Edouard. Herriot
s'est attaché à montrer l'importance de notre
unité morale intérieure. « Ce qui m'apparaît
comme le plus important, a-t-il dit, c'est que
rien ne vienne troubler l'indispensable union
des Français. Nos ennemis doivent savoir que
nous avons compris leur tactique. Elle est,
avant d'attaquer ou en attaquant, de disso-
cier. » |
Il est évident que nos ennemis ont compté
pour cette dissociation intérieure sur le trouble
que devaient provoquer dans notre pays la
conclusion du pacte germano-soviétique et ses
conséquences, c'est-à-dire l'effondrement d'un
espoir de paix, et la trahison intérieure et exté-
rieure comme prélude à la guerre. Les Soviets
savaient fort bien que le parti à leurs gages se
renierait lui-même une deuxième fois sur
l'ordre qui lui en était donné. Et nous avons
pu voir, en fait, le parti communiste, section
française de la troisième Internationale, qui
avait passé déjà du défaitisme à un nationa-
lisme outrancier, se replier, avec la même dé-
sinvolture, de ce supernationalisme au défai-
tisme.
La France a su réagir. Le bon sens de notre
classe ouvrière lui a permis de comprendre,
d'un seul coup, que l'idéologie communiste
servait simplement de voile à la trahison. Tra-
hison le bellicisme récent, trahison le défai-
tisme de la guerre. Le parti communiste
montré alors avec éclat qu'il était au service
non de la classe ouvrière, comme il s'en van-
tait, mais d'une organisation étrangère, la.
troisième Internationale, étroitement liée éa.
gouvernement soviétique, et qui ne représentait
pas autre chose que la section de propagande
et d'action extérieures de ce gouvernement.
Il est naturel que notre pays ait pris les
mesures nécessaires pour empêcher la disso-
ciation intérieure, voulue et préméditée par
l'ennemi et son alliée. Aujourd'hui personne
ne saurait contester que la troisième Interna* 1
tionale et sa « section française » ne se trou-
vent au service aussi bien du gouvernement dè
Berlin que de celui de Moscpu.
« Nous entendons, a dit M. Edouard Herriot,
fermer notre pays à toutes les formes de iâ
propagande ennemie, c'est-à-dire de la trahi-
son. » Le projet de déchéance des députés
communistes - élus, ne l'oublions pas, alors
qu'ils professaient leur nationalisme menson-
ger - est donc pleinement justifié.
Mais cette déchéance serait peu de chose ]
si des polémiques passionnées venaient « trou-
bler l'indispensable union des Français », si
les soupçons sans cesse renaissants venaient
briser la confiance que la patrie doit garder
en elle-même. Il faut combattre le défaitisme,
tous les défaitismes, qu'ils viennent de Moscou
ou de Berlin, car ils ne font qu'un. Il faut
réprimer avec vigueur, les' propagandes..
mies, la.propagande communiste sournoise qui*
se répand encore dans les usines, et celle qui
peut s'exercer dans d'autres milieux, partout
où les forces morales de la nation peuvent être
mises en péril. Il faut éviter à l'avenir des
scandales parlementaires comme ceux de ïa
séance de rentrée. Les Commissions de la
Chambre ont su se défaire des agents stali-
niens devenus en même temps des agents*
hitlériens. L'Assemblée en sera délivrée à son
tour par une juste loi. Mais il faut éviter aussi
les insinuations, les accusations passionnées,
et tout ce qui pourrait enfin, comme l'a dit
avec force le président Herriot, « troubler l'in-
dispensable union des Français ». La victoire
est à ce prix.
PROPOS D'OUI PETITE BOURGEOISE
Malgré la joie du retour vers les êtres chers et
la douceur d'une halte reposante dans le foyer
retrouvé, certains permissionnaires ont gardé au
fond du coeur une légère amertume '; l'idée qu'à
l'arrière on oubliait la guerre et ceux qui la font.
Impression inexacte, car il n'est .pas un Français
qui n'évoque à toute heure la vie des soldats aux
armées, leurs privations et leurs maux. Mais l'in-
compréhension causée par l'absence crée parfois
de petits malentendus :.
- Vous n'avez pas grand'chose «à faire là-bas;
disent innocemment des civils à des guerriers en
vacances; ici, nous sommes surmenés.
- Mon Dieu, répondit ironiquement l'un d'eux,
il faut bien qu'il y ait des hommes au front...
De retour dans son secteur, il ruminera peut-
être aux heures mornes cette phrase maladroite.
Plusieurs permissionnaires nous ont exprimé le 1
môme sentiment : tous ont autant besoin que nous
comprenions le prix de leur courageuse patience
que' de sentir de loin notre tendresse-
Mais nous le comprenons, qu'ils n'en doutent
jamais. Seulement, nous avons dû peu à peu es-
sayer de. maintenir autour de nous l'existence
quotidienne telle qu'elle se déroulait avant sep-
tembre, essai douloureux, tout ce qui nous était:
jusqu'alors indispensable nous paraissant tout à
coup inutile et vain. Même les plaisirs immaté-
riels semblaient interdits. Vous souvenez-vous,
par exemple, que dans les premiers jours de dé-
tresse, alors que la concision des communiqués,
si elle décevait notre attente, satisfaisait du moins
notre désir de dépouillement, nous éprouvions
parfois une espèce de lassitude devant l'art dé-
ployé par un écrivain pour nous donner, de ses
idées et de ses impressions, une image, parfaite.;
Ah ! étions-nous prêts à-dire : pas de littérature,
la douleur du monde ne veut pas d'ornements.;.!
Il a fallu lutter contre ce sentiment, accueillir
avec gratitude le répit passager d'un plaisir de
l'esprit, goûter le noble effort et la réussite, ne
pas vouloir que tout sombrât avec nos lourdes
pensées L'obsession est une tenaille qui marty-
rise notre cerveau," il faut lui faire lâcher prise
si nous voulons maintenir agile et nette notre
compréhension,sur laquelle repose notre constance.
L'atmosphère d'angoisse, où l'Europe est plongée
nous oppresse si fort qu'il nous paraît souvent
impossible de pouvoir, comme il y a quelques
mois, converser tranquillement, nous promener ou
sourire, même si, sous le pauvre sourire, le coeur
reste fermé. Et pourtant, il faut tâcher d'oublier
quelques instants que les hommes s'entretuent,
pour conserver son rythme à la vie qui ne peut
durer dans les ténèbres. Le courage est de l'adap-
ter à l'affreux fléau de la guerre : c'est une façon
de garder notre équilibre et de remplir notre de-
voir envers les êtres jeunes qui doivent s'épanouir
malgré la tourment : dans le trouble universel, la
vie doit continuer, soutenue par l'espoir.
JEANNE MUGNIER.
La défense côtière de la Hollande
On mande d'Amsterdam, li janvier :
Le commandement de la marine de guerre
communique qu'un nouveau champ de mines sera
posé sur la côte néerlandaise à la hauteur de Ter
Heide, dans-la'Hollande méridionale,
En. marge
Retournons au Café du Commerce... Le décor né
s'en .est point renouvelé depuis la grande « der-
nière » ; l'esprit ;de Dupont et de Durand y règne
toujours, avec ses travers et quelques-uns de ses
mérites. C'est un coin de France; nous qous y -sen-
tons chez nous, même si nous nous y ennuyons.
Dans la glace àu cadre terni et taché par les mou-
ches, se reflètent des visages français...
r- Lisez, disait Durand, les « Nouveaux aspects
d* la guerre aérienne», décrits par le Temps d'hier,
fan y laisse plus entendre qu'on n'en dit. Je ne vous
citerai que la première phrase : «.L'imagination,
associée du jugement, est à la guerre une des qua-
lités maîtresses des chefs. » Et vous me permettrez
de vous faire observer que c'est exactement l'opi-
nion que je défends ici.
- Mon cher, répondit Dupont;, vous manquez
vous-même d'imagination, puisque vous ne cessez
de nous répéter ce qui se répétait déjà de 1915 à
191g. Le bon moyen de faire la guerre est de se
servir des armes qu'on a. Vous vous.croyez tou-
jours au temps de Napoléon qui pouvait, lui, sur-
prendre l'adversaire; parce qu'il commandait une
infanterie alerte. Les « surprises » ne sont plus
possibles avec les engins dont nous disposons. Le
monde a marché, depuis Austerlitz, et vous, Du-
rand, vous êtes resté au même point, aigre et in-
quiet comme avant et comme après la Marne.
La riposte allait fondre sur Dupont, et l'on en
pouvait prévoir,la-violence à la vue dés joues
de Durand, lesquelles venaient de s' « empour-
prer », selon* l'image familière en ce lieu. Mais
Berteaux intervint à ce moment tragique qui in-
terrompait, ainsi que chaque soir, la monotonie
des conversations.. N
* .r-Calmez-vous donc, fft oe buveur -à' la parole
tente qu'on écoutait volontiers, tout en lui repro-
chant de « s'écouter » un peu. Je l'ai lu, cet article
du Temps, et Durand n'en a rien dit qui ne soit
juste. Mais Dupont ne se trompe point en recon-
naissant dans les critiques de Durand les criti-
ques d'il y a vingt et quelques années. Nous re-
commençons, hélas! Eh! c'est que la guerre re-
commence et que nous souhaitons tous qu'elle fi-
nisse heureusement et promptement! Rappelez-
vous que, dès 1915 ou 1916, on reprochait aux
« conducteurs » de la guerre de paraître s'y « ins-
taller » commodément. A la vérité, ils attendaient
l'instant propice pour entreprendre. Durand pré-
tend qu'on doit hâter la venue de cet instant en
en inventant les circonstances, ei que l'imagina-
tion est le génie des: inventions. Comment lui don-
ner tort, puisque toute l'expérience de la vie lui
donne raison? On ne réussit qu'en osant. Le vieil
adage s'applique ici : Audaces... Mais Dupont re-
marque que les audacieux, dans les guerres, ont
parfois échoué. Je l'invite à remarquer aussi que
l'écrivain du Temps honore l'imagination « asso-
ciée au jugement ». La Tortue, j'entends bien, avait
mieux jugé que le Lièvre- Ne jugeons, nous, qu'avec
prudence des choses militaires, que nous connais-
sais ' insuffisamment. Mais nous possédons un do-
maine qui est la partie du pays où l'on subit !a
guerre sans être directement exposé aux coups de
l'ennemi. Notre ligne Maginot, nos tanks, nos
avions, c'est notre « moral », et, là, je conviens
qu'il faudrait qu'une imagination supérieure nous
aidât h le conserver. Les permissionnaires nous
ont visités ces jours-ci, nous apportant l'écho dés
bruits qui retentissent là-bas. Leur humeur peut
servir d'exemple à. la.nôtre. J1 faut bien convenir.
néamoins, que leur optimisme à "feux n'est point
« béat ».La guerre n'est réjouissance pour per-
sonne. Quand, pendant la « dernière », on mon-
trait le « poilu » content de son sort, on dégoûtait
les vrais poilus. La guerre est un sacrifice. Une
littérature, un système, une tactique seraient cou-
pables qui n'auraient pas pour objet de faire du-
rer ce sacrifice le moins longtemps possible. Il
faut donc imaginer le moyen d'écourter la guerre
la fois, de remporter une victoire décisive,
Les « qualités maîtresses » des chefs y serviront.
'Français armés et Français sans armes, armons-
nous tous de patience et de confiance. Sachons at-
tendre que mûrissent les fruits de l'imagination,
dont les fleurs, déjà, éclatent sans doute, quelque
part...
JEAN LEFRANC.
SUR MER
Un bateau-citerne britannique
saute sur une mine
On mande de Londres:
Le bateau-citerne londonien El-Oso (7,267 ton-
nes) a sauté, jeudi, après avoir heurté appa-
remment une mine au large de la côte oUest de
l'Angleterre. Ce navire, après avoir effectué, une
traversée de six semaines, apportait d'Amérique
du Sud une cargaison de pétrole. "
Lè pétrole enflammé a explosé et s'est répandu
sur . les flots. Quatre marins se sont jetés à l'eau,
mais un seul a pu être sauvé. Le reste de l'équi-
page, à demi aveuglé par le liquide enflammé a
pu cependant descendre dans les canots et a été
recueilli car des navires de guerre.
Le capitaine Simpson a quitté le dernier son
navire»
Vapeur italien coulé par une mine
On mande de Londres:
Un vapeur italien a heurté, jeudi, une mine de
la mer du Nord, au large d'une ville de la côte
orientale anglaise. Il a coulé en quatre heures. Au
moment où il s'est englouti dans les flots, la si-
rène d'un autre navire italien a retenti.
L'équipage a pris place dans les canots de sau-
vetage et a été recueilli par un remorqueur. Deux
des survivants ont été hospitalisés avec des bles-
sures aux jambes.
Victimes de collisions
On mande de Copenhague, 11 janvier :
Selon une dépêche de Apemrade (Slesvig
danois), le vapeur allemand Axel, parti mardi de
Graasten avec un chargement de 400 porcs, a
coulé dans le canal de Kiel, à la suite d'une col-
,'lésion avec un navire de guerre allemand. L'équi-
page été sauvé, mais les animaux ont péri:
On mande de Londres, 11 janvier :
Dix-sept membres de l'équipage du vapeur
Leonari-Pearce (1,571 tonnes) ayant Londres pour
port d'attache, ont été recueillis par un patrouil-
leur et ramenés à terre sains et saufs. Leur
navire avait sombré à la suite, d'une collision au
début ; de la journée. ,a
Un voilier portugais perdu
On mande de' Lisbonne, 12 janvier :
'On considère comme perdu le voilier portugais
de 400 tonnes Infante, parti à la fin de décembre
à destination de Casablanca avec une cargaison
de bois, et dont on est depuis sans nouvelles. Les
armateurs ont reçu un message de leur compa-
gnie d'assurances, disant qu'on avait trouvé la
coque de l'Infante voguant à la dérive.
On ignore le sort de l'équipage composé de
treize hommes. :
Un chalutier attaqué par un avion
Un des marins du bateau de sauvetage qui a
recueilli l'équipage du vapeur italien coulé et
qui a remorque en outre un chalutier anglais at-
| taqué par un bombardier allemand, a déclaré :
Quatre explosions se sont produites près du chalu-
tier. Nous avons vu les flottes se gonfler et avons senti
un choc. L'équipage de l'avion nazi a non seulement
bombardé, mais également mitraillé le chalutier doDt le
patron a été blessé légèrement. Tout s'est passé en quel-
ques minutes. L'avion allemand a ensuite volé â basse
altitude-au-dessus dé-notre bateau de sauvetage; mais
il ne nous ani bombardés ni mitraillés,
LES OPÉRATIONS
.. MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU H JANVIER (SOIR)
Journée marquée par une activité accrue
des deux artilleries et par une assez forte
activité des deux aviations.
Un avion de reconnaissance ennemi a été
abattu dans nos lignes.
DU 12 JANVIER (MATIN)
Nuit sans incident important. Activité des
patrouilles de part et d'autre.
DANS LES AIRS
Le combat aérien de mercredi
, . au-dessus de la mer du Nord
Oh mande de Londres, le 11 janvier, de nouveaux
détails sur l'engagement qui a mis aux prises
mercredi au-dessus de la mer du Nord des avions
britanniques et des Messerschmitt llO S. ,
Les Messerschmitt ont concentré leur feu sur
le groupe extérieur de la formation britannique.
L'un des mitrailleurs anglais a déclaré, en effet :
J'ai cru d'abord n'être en présence que de deux
avions ennemis. Ils ont attaqué à tour de rôle, mani-
festement d'après un plan établi à l'avance. Ensuite
nous avons vu arriver les autres qui attendaient plus
haut le moment d'entrer en action. Bientôt l'affaire
devint chaude. Dès le début de l'attaque, nous sommes
descendus d'une hauteur de 1,500 mètres presque jus-
qu'au niveau de la mer, ce qui a empêché l'ennemi de
nous approcher de trop près. Nous sommes restés en
formation serrée. .
Les avions allemands de combat ont attaqué en
piqué, ouvrant le feu avec, leurs canons et leurs mi-
trailleuses à une distance d'environ 550 mètres. Rare-
ment ils se 6ont approchés de nous de plus de 200 mè-
tres. Ils ont semblé redouter beaucoup d'être à portée
de nos canons et généralement ils se sont éloignés,
quand nous avons ouvert -le feu.
En s'élevant dans les nuages pour une autre attaque,
ils nous montraient le -dessous de leurs carlingues et
nos dispositifs automatiques semblaient aller droit vers
eux.,
Certainement plusieurs des appareils ennemis sont
rentrés chez eux en bien moins bonnes conditions qu'ils
n'étaient partis, oar quelques-uns de nos camarades
ont tiré plus de 500 coups de feu pendant l'action et
ils n'ont pas tous raté.
Pendant près de .25 minutes, l'engagement a été con-
tinu. Chaque avion de combat se livrait à 8 ou 10 at-
taques.,. 4 V
L'unique perte britannique s'est produite au début
de l'action,'quand-L'un de .nos avions,, apparemment
touché'dans Son moteur,'.-a-été forc de redescendre.
Un .. avion de combat ennemi a foncé immédiatement
sur lui, s'approchant jusqu'à près de cent-mètres, tandis
qu'un second avion allemand attendait au-dessus pour
renforcer l'attaque.
Peu après, un appareil ennemi a été descendu. En
'cherchant à rompre la formation britannique, il piqua
entré deux groupes de l'escadrille, fut pris 'dans le feu
des appareils anglais et s'abattit dans les flots à une
vitesse vertigineuse.
; -Un autre avion allemand de combat fut-aperçu plus
tard aux prises avec des difficultés. On croit que c'est
celui qui a, dit-on, fait un atterrissage forcé au
Danemark.
Une dépêche de Copenhague du 11 janvier an-
nonce en effet qu'un bombardier allemand e fait
un atterrissage forcé dans un champ, près de
Skaerbaek, au sud du Jutland. Les quatre occu-
pants ont mis le feu à l'appareil, qui est complè-
tement détruit. Les quatre aviateurs allemands
ont été internés.
Raids aériens sur l'Angleterre
; Le ministère britannique de l'air a publié le commu-
niqué suivant le 11 janvier, au début de l'après-midi :
Des avions ennemis ont franchi la côte de New-
castle aujourd'hui,, peu après 10 heures. Aucune
bombe n'a été jetée. Des patrouilles de chasseurs
ont été lancées à leur poursuite et les batteries
de D. C. A. ont ouvert le feu. Les avions ennemis
Ont été chassés vers la haute mer. Une maison a
été légèrement endommagée par des éclats d'obus
antiaériens. >.:
Dans la soirée du 11 janvier, un nouveau communiqué
ainsi, conçu a été publié par le ministère britannique de
l'air : ... ; ' - ,
Une activité aérienne conosidérable a eu lieu
06. matin aU large des côtes est de l'Angleterre et
ce "l'Ecosse.
Outre le raid déjà rapporté sur. Newcastle-on-
Tyne, des avions ennemis ont apparu au large du
Firth of Forth et des estuaires du Humber et de
la Tamise. Us ont été mis en fuite par le feu des
batteries antiaériennes et par des patrouilles
d'avions de chasse.
Au large de la côte du Norfolk, des avions enne-
mis ont attaqué, à l'aide de bombes, un navire
marchand.
Ils ont été interceptés par nos avions de chasse
qui leur ont livré combat.
Des avions allemands
survolent le territoire belge
Le ministère belge de la défense nationale a publié
le 11' janvier le communiqué suivant :
Dans le courant de la journée du 41, des avions
allemands ont. à plusieurs reprises survolé le
territoire belge.
Nos patrouilles leur ont donné la chasse et la
D. T. C. A. est entrée en action, notamment dans
la régions de Gand, Bruxelles, Hasselt et Liège.
Le gouvernement belge a décidé de protester à
Berlin au sujet de cette violation de la juridic-
tion de l'Etat.
[Suivant une dépêche de Bruxelles, un éclat d'obus
provenant de la D. T. C. A. a traversé le toit d'une
maison à Vottem, sans blesser personne.]
RÉSULTAT DU BLOCUS
Voici les résultats du blocus :
Marine française : .
Sémaine du 31' décembre 1939 au 7 janvier 1940.
Navires arrêtés : 6;
" Marchandises interceptées : 12,000 tonnes ;
Depuis le début de la guerre : navires arrêtés 233;
^Marchandises interceptées : 439,000 tonnes.
, Grande-Bretagne
Semaine du 31 décembre 1939 au 7 janvier 1940.
Marchandises arrêtées : 6,200 tonnes dont :
; 2,400 tonnes de pétrole;
1.000 - de saumon de plomb;
400 :- de produits alimentaires;
800 - de produits non métalliques;
1:40 - d'huiles et de graisses;
100 - de minerais et métaux.
- ' Depuis le début de la guerre : 544,000 tonnes.
Voici les résultats du blocus depuis le début de
la guerre jusqu'au 7 janvier :
Marine française. -Navires arrêtés, 233; marchan-
dises interceptées, 439,000 tonnes.
Marine britannique. - Marchandises interceptées,
544, 000 tonnes,
L'AGRESSION SOVIETIQUE COR LA FINLANDE
LES OPÉRATIONS
Le communiqué finlandais
Le commandement suprême de l'armée finlandaise pu-
blie le communiqué suivant :
Sur terre. - Dans l'isthme de Carélie et sur
la frontière de l'est, rien de nouveau. L'ennemi a
lancé une attaque dans la direction de Salla et à
Petsamo. Mais il a été repoussé.
Sur mer. - Rien d'important à signaler.
Dans les airs. - Au cours de la journée l'hier,
l'aviation ennemie a tenté deux bombardements
peu importants dans la région d'Ekenaes et de
Stroemfors et dans ce dernier, district, six jeunes
filles ont été blessées.
On n'a pas encore de renseignements complets
sur les victimes et les dommages matériels.
Le communiqué soviétique
Voici le communiqué de l'état-major de la circons-
cription militaire de Leningrad :
11 janvier : en direction d'Ouhkhta et Rebola,
actions d'éclaireurs. Dans la direction de Petroza-
vodsk, opérations des troupes de reconnaissance
et engagements des éléments d'infanterie dans le
secteur de Kitela. Dans l'isthme de Carélie, feu
d'artillerie et actions d'éclaireurs.
Le mauvais temps a empêché les opérations aé-
riennes..
Accalmie sur tous les fronts
On télégraphie d'Helsinki :
L'inactivité qui règne sur les divers fronts est
commentée par les milieux autorisés finlandais.
Ces commentaires ne reflètent ni inquiétude ni
témérité déplacée. Les troupes soviétiques ont
cherché, ces derniers jours, a se terrer dans les
positions qu'elles ont atteintes dans l'isthme de
Carélie et qu'elles cherchent à protéger avec des
barbelés.
On est d'ailleurs convaincu qu'il faut s'attendre
à de nouvelles attaques qui se porteront sur les
points de défense finlandais,dans l'isthme de Ca-
rélie, que le commandement soviétique considère
comme moins bien protégés que d'autres par des
obstacles naturels, ainsi que sur les points situés
au nord du lac Ladoga, par où les Soviets espèrent
se frayer un passage et tourner les lignes de dé-
fense finlandaises.
Il est évident que la direction principale des
attaques soviétiques sera celle de Viipuri, car,
pour des raisons géographiques, l'isthme de Carélie
constitue la véritable route pour entrer en Fin-
lande.
Quant aux actions qui se déroulent dans le Nord,
on en parle assez peu.
Des rapports qui sont parvenus, hier soir jeudi,
signalent qu'à un endroit commandant deux routes
importantes, les Finlandais espèrent atteindre des
positions qui leur permettront de gêner considé-
rablement les transports et le ravitaillement so-
viétiques.
Il va sans dire qu'en comparaison des opérations
qui se déroulent dans l'isthme de Carélie et au
nord du lac Ladoga, ces actions ayant lieu dans
l'extrême Nord n'ont pas une grande importance.
Aspects de la lutte dans l'isthme carélien
Un correspondant de l'agence Havas sur le front fin-
landais télégraphie :
Dans l'isthme de Carélie, l'activité de l'aviation
soviétique est assez modérée. Les avions russes
de bombardement essaient de découvrir les dépôts
de munitions et les centres de ravitaillement fin-
landais; ils n'y parviennent pas, car les Finlandais
effectuent leurs transports à des heures et par un
temps permettant de se dissimuler.
Il semble qu'on enregistre une augmentation de
l'activité des avions de combat soviétiques depuis
le récent changement dans le haut commandement
russe de l'armée d'invasion. Mais, dans un secteur
situé au centre de l'isthme de Carélie, les avions
de chasse soviétiques n'ont, malgré toute leur acti-
vité, réussi qu'à tuer deux chevaux et n'ont pu
atteindre aucun objectif militaire. Les avions fin-
landais inspirent une forte crainte aux aviateurs
rouges; c'est ainsi qu'il y a environ une semaine,
une escadrille de trois avions de bombardement
soyiétiques rencontra un avion de chasse finlan-
dais. L'escadrille soviétique tourna immédiate-
ment vers le sud; mais la manoeuvre fut mal exé-
cutée et deux des bombardiers soviétiques se ren-
contrèrent et tombèrent en flammes derrière leurs
lignes.
Dans les combats sur terrre, à courte distance,
les grenades à main et les revolvers sont les ins-
truments qui ont servi le plus souvent. Les Fin-
landais excellent dans le maniement de ces armes.
Les soldats soviétiques avancent lentement et la-
borieusement dans la neige et présentent aux
fusils automatiques et aux mitrailleuses finlan-
daises d'excellentes cibles. Les fantassins russes
traînent derrière eux, avec lenteur et maladresse,
leurs mitrailleuses et leurs mortiers de tran-
chées.
,. Les barbelés posés par les Finlandais sont par-
ticulièrement efficaces et, même lorsque les rouges
essaient de les couper durant, la nuit, les domma-
ges qu ils causent sont rapidement réparés.
« Nous pouvons continuer la lutte »
proclame la radio finlandaise
On télégraphie. d'Helsinki :
La radio finlandaise proclame :
Notre armée combattante peut continuer sa
campagne victorieuse seulement si elle est suf-
fisamment équipée.
Dans tout le pays on a déjà réuni des quantités
considérables de vêtements et outils utiles à l'ar-
mée, et ce travail se poursuit-
Il a maintenant été décidé que toutes les insti-
tutions d'Etat, y compris les ecoles, doivent four-
nir à l'armée tout le matériel qui ne leur est pas
strictement nécessaire.
On fait appel également à l'initiative privée
pour réunir, par l'intermédiaire des centres de la
garde civique, tous les effets qui peuvent être
cédés à l'armée, par exemple les vestes fourrées,
les gros manteaux, les fourrures, les chemises et
caleçons de laine, les couvertures, ainsi que les
outils, comme les haches, les pelles, les scies et
les sacs en toile, etc.
Les commerçants et autres personnes qui ne se
voient pas en mesure de faire don de ces objets
en seront remboursés dans les quinze jour, par
l'Etat, au taux courant.
Si, ainsi, le front intérieur vient en aide à nos
soldats, nous avons toutes les chances de pouvoir
continuer notre' lutte aussi victorieusement qu'au-
paravant.
Que vaut l'aviation russe ?
On télégraphie de Stockholm :
L'envoyé spécial en Finlande du Nya Daglicht
Allehanda confirme les informations déjà don-
nées au sujet de la situation alarmante dans
laquelle se trouverait l'aviation soviétique.
Au début du conflit, les Soviets avaient mis en
ligne 1,000 avions contre la Finlande, et avaient
concentré de gros dépôts de carburants et de mu-
nitions; sur les 1,000 avions, 450 - d'ailleurs
d'origine étrangère - étaient susceptibles d'être
utilisés avec succès. Sur ce chiffre, 170 ont été
abattus, et 250 seulement restent encore en ligne.
La principale erreur du commandement russe
semble avoir été d'employer d'un seul coup ses
meilleurs avions, si bien que, actuellement, l'ar-
mée rouge se trouve en presence de grandes diffi-
cultés en raison de la diminution de ses réserves.
D'ailleurs, les pilotes ont témoigné d'une inex-
périence notoire. Quatre mille bombes ont été lan-
cées debuis le début des hostilités sur 100 loca-
lités différentes, sans que des buts militaires pro-
prement dits aient été atteints.
L'AIDE A LA FINLANDE
L'Italie enverra du matériel
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone vendredi matin, 12 janvier :
Dès le moment où la Russie a attaqué la Fin-,
lande, l'opinion unanime a partagé le sentiment
d'indignation qui s'est répandu dans le monde con-
tre les Soviets. A Rome, l'état des esprits est pa-
reil en tous points à celui du temps de la guerre
d'Espagne. La conviction générale est que l'ar-
mée du général Mannerheim combat à l'avant-
garde de la civilisation occidentale. Chaque jour,:
les envoyés spéciaux des grands journaux de la
tenu leur brevet de pilote en Italie, et le
par de longues dépêches pleines d'admiration, de
bienveillance sincère et désintéressée à l'égard du
peuple finlandais. On sait, d'ailleurs, que dans
maintes villes d'Italie, à commencer par Rome,
des milliers d'étudiants ont manifesté en faveur
de la Finlande. Bien plus, de nombreux volontaires
tentent de s'engager. Chaque matin la légation de
Finlande à Rome est envahie par des jeunes gens
qui voudraient partir immédiatement. Cette po-
sition de l'opinion italienne est d'autant plus frap-
pante que les deux pavs sont séparés par tonte
l'Europe et que nul intérêt de quelque nature que
ce soit ne lie les deux nations.
Devant le drame de la Finlande, Rome et Berlin'
sont dans deux camps opposés. C'est ainsi que
.l'Italie, de même que la France, l'Angleterre, les
Etats-Unis et une foule d'autres pays, a déjà en-
voyé en Finlande du matériel de guerre. Comme
on le sait, il s'agit d'avions. Depuis plusieurs an-
nées, de nombreux aviateurs finlandais, ont ob-
tenu leur brevet de pilote en Italie, et que le
gouvernement d'Helsinki, comme le gouvernement
de Stockholm, ont acheté à diverses reprises du
matériel aéronautique italien. Un premier envoi
d'avions (on parle 30 à 40) s'est effectué sans
incidents au début de décembre, à travers l'Alle-
magne. Il s'agissait, dit-on, d'avions commandés
par la Finlande avant le début des hostilités. Un
second envoi, cependant, comme le Temps l'a an-
noncé, n'a pas réussi à franchir le Reich. Il est
parvenu jusqu'à l'aérodrome de Sassnitz, dans
l'île de Rügen, où, à la demande de Moscou, lo
gouvernement allemand l'a arrêté. La presse ita-
lienne observe la réserve la plus complète sur
l'événement. La protestation de l'ambassadeur;
d'Italie à Berlin n'est pas même signalée dans les
journaux. Selon un bruit qui court à Rome, l'in- ,
cident aurait déjà été liquidé, en ce sens que les
avions italiens auraient déjà fait retour à leun
base, mais il n'est pas dit que l'Italie n'envisage
pas d'acheminer ce matériel vers sa destination
par un autre chemin.
Dans le fond, rien ne peut l'empêcher de le
faire, l'état de guerre déclarée n'existe même pas
entre Helsinki et Moscou, par conséquent le blo-
cus de la Finlande n'a aucune base juridique.
Dans le fond nous nous retrouvons dans une
situation semblable dans ses grandes lignes à
celle de l'Espagne durant la guerre civile. Fait
caractéristique : le Corriere Padano publie au-
jourd'hui, en caractères gras, une. dépêche annon-
çant qu'à Madrid re général Franco vient d'émet-
tre un décret autorisant l'envoi à la Finlande du
matériel de guerre laissé en Espagne par l'armée
italienne.
Le journal ajoute que ce matériel, qui com-
prend des chars d'assaut, des canons, des fusils,
sera transporté en Finlande par des navires espa-
gnols. Le fait mérite (fautant plus d'être rélevé
qu'à la "fin d'octobre la manifestation'qui s'est
déroulée à Madrid à l'occasion de la remise des
lettres de créance du nouvel ambassadeur, le
général Gambera, a prouvé que les rapports italo-
espagnols allaient se poursuivre dans la même
ligne anticommuniste. Le général Franco déclara
lui-même à l'ambassadeur d'Italie : « Vous pou-
vez compter sur moi pour la défense 3e la civi-
lisation romaine. » En somme, devant le drame
finlandais, France, Italie, Espagne, Portugal,
c'est-à-dire toute la latinité, s'appuie sur les
mêmes principes pour la défense de la civili-
sation.
La Suède donnera une aide matérielle
à la Finlande, déclare le roi Gustave V
On télégraphie de Stockholm :
Dans le discours du trône qu'il a prononcé à
l'occasion de l'ouverture de la session du Riksdag,
le roi a déclaré notamment que l'entraînement de.
la Finlande dans le conflit avait affecté profondé-
ment le peuple suédois. Il a ajouté que la prompti-
lude qu'il a mise à aider le peuple frère dans la dé-
tresse a pris des expressions manifestes.
« La Suède fut et est consciente de l'obliga-
tien qu'elle a de donner au vaillant peuple finlan-
dais toute aide matérielle et humanitaire que la
Suède peut fournir étant données sa propre situa-,
tion et ses propres possibilités.
La collaboration nordique et la collaboration'
avec les autres Etats neutres qui ne sont pas iiés
par des alliances me tient toujours au coeur. Cette
collaboration a pour tâche essentielle de défendre
les intérêts communs des Etats neutres. J'espère
qu'elle sera aussi une force au service de la paix
générale. En conformité avec le désir profond de
mon peuple, je suis toujours prêt' à contribuer
au travail pour le rétablissement de la paix. »
Les sympathies hongroises
On télégraphie de Budapest :
Les manifestations en faveur de la Finlande
se multiplient en Hongrie.
Hier, un concert finlandais, sous le haut patro-
nage de l'archiduc Joseph-François de Habsbourg
et du ministre de Finlande à Budapest, a eu lieu,
au cours duquel des oeuvres musicales finlandaises
ont été exécutées devant une assistance aussi
choisie que nombreuse.
Le ministre de France et Mme Pierre Guerlet,
ainsi que les membres de la légation française,
étaient également présents.
Le bénéfice de la soirée sera versé à la Croix-
Rcuge finlandaise.
Hommage portugais
On télégraphie de Lisbonne :
L'Assemblée nationale a rendu hommage à'
l'héroïsme finlandais. Le député Magalhaes Ra-
malho a fait un discours dans lequel il a exalté
la résistance de la Finlande martyre et ajouté :
« La Providence sauve la Finlande! »
Parlant de l'expulsion de l'U.R.S.S. de la Société
de.* nations, le député a souligné que la politique
portugaise à Genève a toujours été antisoviétique.
Il a terminé en rendant hommage aux défenseurs
ce la Finlande et félicité le président Salazar
d avoir confirmé à Genève le point de vue por-
tugais à l'égard de la Russie.
Mise en garde
La légation de Finlande communique :
La légation de Finlande à Paris croit devoir
avertir les personnes qui seraient saisies de
requêtes d'ordres divers ou de demandes de fonds
émanant d'un « Comité franco-finlandais de pro-
pagande et d'aide à la Finlande », qu'elle n'en-
tretient aucune relation avec cette organisation,
et qu'elle ignore A!. Ivanow qui cherche à orga-
niser à Paris une « Semaine finlandaise ».
La reconnaisance finlandaise
à la Société des nations
Voici le texte du télégramme adressé par
M. Tanner, ministre des affaires étrangères de
Finlande, au secrétaire général de la Société des
nations :
A l'occasion du vingtième anniversaire de la Société
des nations, je vous présente mes félicitations sincères.
Très reconnaissant de l'appui accordé à. la Finlande par
la Société des nations en temps de difficultés, je sou-
haite le meilleur succès à 6es efforts pour développer
la coopération internationale en faveur de la paix, du
progrès et de l'humanité.
M. Joseph Avenol a répondu en ces termes :
Je vous remercie vivement de votre message, que ja
communique aux membres de la Société des nations.
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