Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-01-12
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 janvier 1940 12 janvier 1940
Description : 1940/01/12 (Numéro 28608). 1940/01/12 (Numéro 28608).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
QUATRE-VINGTIEME ANNEE. - JF 28608
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VENDREDI 12 JANVIER 1940
l^oisrxjATExm. i Auguste UTEFETZiER, (issi)
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Adrien. KÉBRAR.D (1837-1914)
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - A la Chambre. - Au
Sénat. - Nouvelles du jour.
PAGE 3
La chasse est-elle ouverte ou fermée ? PAUL
MÉGNIN.- Echos et informations.- Tribu-
naux.- Théâtres; Cinémas.- T. S. F.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - En Finlande. - En
Grande-Bretagne. - Sur mer. - A la Chambre.
- Lettres du front : Extrait du courrier,
JACQUES BOULENGER.
Paris, le 11 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LA POLITIQUE DU JAPON
Des informations de Tokio font entendre que
le général Abe, président du conseil, aurait
pris la décision de démissionner, décision qui
deviendrait officielle dès que la formation d'un
nouveau gouvernement serait virtuellement
assurée. On ne possède jusqu'ici aucune con-
firmation de cette nouvelle, et rien ne permet
de dire qu'une crise politique soit déjà ouverte
à Tokio. La seule indication que l'on puisse
retenir, c'est que depuis quelque temps déjà
le cabinet Abe se heurte à des difficultés sus-
citées par certains groupes politiques, et no-
tamment pal' les représentants- des régions
agricoles à la Diète. Ces derniers ont marqué à
plusieurs reprises leur manque de confiance
dans la politique du gouvernement relative aux
problèmes intéressant particulièrement les po-
pulations rurales. Le malaise qui en est résulté
a été exploité contre le cabinet par des éléments
du parti Minseito. Le premier ministre avait
cherché à dissiper 4out malentendu dans un
échange de vues loyal et complet avec les
principaux chefs des partis, mais on sait que
ceux-ci, dans les derniers jours du mois de dé-
cembre, se réunirent et adoptèrent, en
conclusion de leur examen de la situation,
une résolution défavorable au cabinet, sans
qu'il y eût pourtant de ce fait un acte officiel
d'hostilité des groupes de la Diète à l'égard
du gouvernement présidé par le général Abe.
Depuis lors, les choses en étaient restées au
même point," et il ne semblait pas qu'une dé-
tente se fût produite dans les relations des
groupes parlementaires avec le cabinet.
S'il se confirme que le général Abe a pris
la décision de démissionner, il faudrait donc
voir surtout dans sa retraite une conséquence
des difficultés intérieures avec lesquelles le
gouvernement se trouve aux prises sans que
la politique générale du Japon soit réellement
en cause. On sait que lors de son arrivée au
pouvoir, et avant l'ouverture de la Diète, un
accord était intervenu entre le général Abe et
les principaux groupes parlementaires, les-
quels s'étaient engagés à soutenir le gouver-
nement afin d'éviter une crise dans les circons-
tances internationales-actuelles. Le ministère
au pouvoir a le caractère d'une-combinaison
essentiellement militaire, mais le premier mi-
nistre n'a jamais caché son intention de re-„
chercher le concours de la Diète et l'appui des
grands partis politiques. Si, par suite de cir-
constances ii térieures au sujet desquelles on
manque de précisions, cet appui venait réelle-
ment à lui faire défaut, la combinaison Abe
en serait affaiblie et devrait ou se reconstituer
sur de nouvelles Vases ou s'effacer devant un
autre gouvernement assuré de tous les con-
cours nécessaires pour faire face, non seule-
ment aux difficultés intérieures, mais aux
circontances créées par le conflit sino-japo-
nais. Il n'est guère probable, au surplus, que
la politique générale du Japon doive être sen-
siblement modifiée de ce fait. Quels que soient
les hommes au pouvoir à Tokio, la doctrine
fondamentale de la politique nippone ne sau-
rait varier. Le Japon développe son action exté-
rieure uniquement dans le sens de la sauve-
garde de ses propres intérêts. Il entend rester
a l'écart du conflit européen, ne se lier en rien
pour l'avenir avec n'importe quel groupe de
puissances, entretenir avec tous les pays les
relations les > lus favorables à ses propres des-
seins, et s'appliquer à résoudre dans le sens
de la coopération sino-nippo-mandchoue son
conflit avec là Chine.
Dans l'état présent des choses, la diplomatie
nippone s'oriente vers une amélioration sen-
sible des relations avec les autres puissances
ayant des intérêts en Extrême-Orient. Tokio,
sans dénoncer le pacte antikomintern, a refusé
de transformer celui-ci en alliance militaire
avec le Reich. Les pourparlers anglo-japonais
relatifs au règlement de l'affaire de Tien-Tsin
se poursuivent lentement mais dans une atmo-
sphère assez favorable. Il en est de même des
négociations entre Tokio et Washington au
sujet de la conclusion d'un nouvel accord
commercial nippo-américain. Quant aux trac-
tations avec Moscou, on n'ignore pas que le
gouvernement japonais a repoussé toute idée
d'un accord de caractère général avec la puis-
sance soviétique, et qu'il poursuit uniquement
la conclusion d'un traité de commerce, le rè-
glement de la situation sur le terrain à la fron-
tière mongolo-mandchoue, de la question des
pêcheries du Kamtchatka et celle de l'exploi-
tation des ressources en pétrole de Sakhaline.
Le problème essentiel qui préoccupe le gou-
vernement japonais est celui de l'organisation
d'un nouveau pouvoir central en Chine, résolu
à collaborer activement avec les autorités nip-
pones. Les Japonais se sont heurtés à de
sérieuses difficultés dans ce domaine, mais de-
puis l'entrée en scène de M. Wang Ching
Wei, il semble que les choses aient pris une
tournure plus favorable.
Des informations de Shanghaï n'ayant au-
cun caractère officiel, mais fournies, assure-
t-on, par une, personnalité chinoise de l'entou-
rage même de M. Wang Chix g Wei, on fait
prévoir que le nouveau gouvernement chinois
serait constitué à bref délai sur des bases per-
mettant d'envisager le rétablissement de la
paix, du moins dans la plus grande partie de
la Chine. L'indépendance et l'intégrité territo-
riale de la Chine seraient reconnues, mais
avec le maintien de garnisons japonaises dans
les principaux centres chinois et- avec le-con-
trôle nippon des grandes voies de communi-
cation. Le Japon obtiendrait des avantages
politiques dans la Chine du Nord et en Mon-
golie, régions qui seraient administrées par
des conseils régionaux sur l'activité desquels
les Nippons auraient un droit de regard. La
plus large collaboration économique ouvrirait
en fait la Chine au commerce japonais, mais
les intérêts étrangers seraient respectés. Une
fois ce programme réalisé, M. Wang Ching
Wei ferait des ouvertures au gouvernement
chinois de Tchoung-King. en vue de la fusion
des deux pouvoirs sur cette base. Il n'est pas
certain que, étant données les dispositions
actuelles du maréchal Tchiang Kaï Chek, la
réali . f;on c"un f 1 projet doive mettre fin aux
hostilités, mais il n'en resterait pas moins que
1'. poli" e générale du Japon sur 'e continent
asiatique en serait grandement facilitée, et
qu'en somme le gouvernement de Tokio aurait
réussi à tab ' sol' lement l'influence nippone
dans les provinces de la Chine du Nord, ce qui
a été dès le début de la crise son véritable but.
SALUT PUBLIC
Le gouvernement dépose aujourd'hui sur le
bureau de la Chambre le projet de loi
annoncé à la suite des incidents qui ont
marqué la séance de rentrée, et tendant à ce
que soit prononcée la déchéance des députés
communistes. L'on ne saurait qu'approuver le
principe de cette initiative gouvernementale.
Il serait scandaleux de voir plus longtemps
siéger parmi des élus du pays des hommes
qui, ayant pris position en faveur d'une puis-
sance complice de l'Allemagne ou refusé de
se désolidariser d'avec elle, sont en fait cou-
pables de haute trahison. L'opinion apprendra
avec soulagement que la représentation natio-
nale est délivrée de tout contact avec des
auxiliaires de l'ennemi, qui, n'ayant plus
aucun sentiment français, se sont eux-mêmes
retranchés de la collectivité française, - et
l'on peut être assuré que nos combattants, qui
risquent journellement leur vie pour faire
front contre l'agression de Hitler allié de Sta-
line, ne seront pas les derniers à approuver
cette mesure d'épuration nécessaire.
Mais il faut bien voir que la déchéance des
députés communistes dépassera largement le
cadre parlementaire et présentera une impor-
tance particulière en ce qui concerne tant la
politique générale du pays que la conduite de
la guerre. Les élus communistes dûment éli-
minés, vle communisme n'aura pas disparu
pour cela ; il continuera d'exercer, dans les
ténèbres, son action défaitiste et antinationale,
que la propagande ennemie ne manquera pas
d'utiliser au maximum. Traquer et pourchas-
ser des traîtres est bien; mais il sera mieux
encore de mettre hors la loi le parti antifran-
çais qui inspire et peut-être, hélas ! soudoie
la trahison. C'est uni ministre du gouverne-
ment, actuel qui a naguère lancé la formule :
« Le communisme, voilà l'ennemi ! » ; cette
formule doit devenir de plus en plus effecti-
vement la règle d'action des pouvoirs publics.
Aucune équivoque ne doit plus régner, sous
aucun prétexte, en ce qui concerne les rapports
du régime républicain chargé dés responsa-
bilités de la défense du pays, avec la secte qui
prend ses mots d'ordre dans les officines de
la III" Internationale. 'Ces rapports ne sau-
raient être autre chose qu'une action répressive
résolue dirigée à la fois contre l'idéologie
communiste, contre sa propagande de disso-
ciation et de dissolution intérieures, et aussi,
surtout peut-être, contre sa dépendance à
l'égard d'un pays étranger dont la cause
est désormais inséparable de celle de l'Al-
lemagne. En cette matière, toute faiblesse,
toute incertitude, toute hésitation, tout ce qui
pourrait donner à penser, même à tort, que le
gouvernement de la République ne combat
pas vraiment et par tous les moyens le parti
bolcheviste..ett France, constituerait un .vérita-
ble danger national."T""'
Notre grand pays, en guerre, a des buts de
guerre dont il est pleinement conscient : il se
bat pour quelque chose et contre quelque
chose, - pour quelque chose qui se confond
avec tout ce que le communisme combat,
contre quelque chose qui se confond avec tout
ce que le communisme préconise ou favorise.
En une telle conjoncture on aurait tout à
perdre à l'équivoque,-et l'on a tout à gagner
à la clarté : il faut mettre pleinement d'accord
les buts de guerre de la France et la politique
française à l'égard d'un parti inféodé directe-
ment à l'étranger et indirectement à l'ennemi.
La déchéance des députés communistes sera,
vers cette clarté indispensable, un pas de plus,
et dont nous ne saurions méconnaître l'im-
portance; mais cette mesure doit constituer un
point de départ, non un point d'arrivée, et ne
marquer qu'une étape dans la voie du salut
public. '
:--- ;-;-"-:-*- -
LA GUERRE ÉCONOMIQUE
On mande de Londres :
Au cours de la semaine qui s'est terminée le
6 janvier, le contrôle britannique de la contre-
bande a intercepté et saisi 6,200 tonnes de mar-
chandises de contrebande dont on estime qu'elles
étaient destinées à l'Allemagne. Ce total comprend
notamment r 2,400 tonnes de pétrole brut et pro-
duits dérivés: 1,000 tonnes de plomb en saumons;
1,400 tonnes de produits alimentaires divers.
Le contrôle britannique de la contrebande a, au
cours des dix-huit premières semaines de la
guerre, saisi un total de 544,000 tonnes de mar-
chandises.
D'autre part, à la date du 9 janvier, 49 navires
neutres se trouvaient dans les trois bases de con-
trôle de contrebande du Royaume-Uni. Une ving-
taine d'entre eux y séjournaient seulement de-
puis cinq jours, ou moins. Le total se répartissait
de la façon suivante : 22 hollandais; 10 norvé-
giens; 6 suédois; 5 belges;-2 danois: 2 panamiens;
un navire italien et un américain. Pendant la se-
maine se terminant le 6 janvier, le comité de con-
trebande a examiné les cargaisons de 105 navires
arrivés dans les bases depuis le 30 décembre, ainsi
que 36 autres cargaisons arrivées la semaine
précédente.
Les demandes de « navicert »
Le ministre britannique de la guerre écono-
mique annonce que, depuis que le système du
« navicert » a été introduit, plus de cinq mille
demandes ont déjà été approuvées. Le plus grand
nombre de ces demandes viennent des Etats-Unis;
l'Argentine vient en second lieu, suivie du Brésil
et de l'Uruguay.
Parmi les demandes de « navicert » reçues cette
semaine, pour expédition dans des pays neutres
voisins de l'Allemagne, il s'en trouve une qui con-
cerne une grande quantité de produits de dérati-
sation et une autre d'une demi-tonne de
gruyère rouge. Le ministère de la guerre écono-
mique approuve ces demandes, et ne s'est pas
opposé à la réexportation de ces marchandises en
Allemagne.
LA SITUATION EN ORIENT
"On mande'de Berlin, 10 janvier, à l'agence Belga :
La presse allemande continue à s'occuper des
événements d'Orient. Son attitude à cet égard n'est
pas exempte de contradictions.
C'est ainsi que la Frankfurter Zeitung publie
un long article sous le titre « La flèche géor-
gienne ». Dans cet article, le journal expose que,
depuis deux cents ans, il s& livre une lutte entré
l'Angleterre et la Russie pour la possession des
parties les plus avancées des Indes. C'est dans la
région transcaucasienne que la lutte des intérêts
des deux puissances a été la plus manifeste.
Le journal s'étend ensuite longuement sur la
lutte pour le pétrole dans le Proche-Orient et
dit qu à plusieurs reprises l'avance vers le pétrole
russe a été arrêtée. Après la guerre, l'Iran s'est
développé comme un Etat ayant son indépendance
nationale. Avec l'appui de la Russie et sous là
conduite de l'Iran, un bloc neutre des Etats de
l'Asie mineure a été formé et a permis à la Russie
de se débarrasser de la pression inquiétante de
l'Angleterre sur la frontière de ses territoires
pétroliers du Caucase. Le Russe Tchitcherine a
ait un jour, en parlant de Bakou, que ce terri-
toire constituait une flèche dans la direction des
Indes,
NOTRE CAFÉ
On nous affirme que désormais le café sera offert
plus abondamment par les marchands à leuf em-
pressée clientèle. Nous fûmes sur le point d'avoir
peur. Notre, inquiétude à l'endroit du café nous
détournait du moins des autres préoccupations que
les événements nous proposaient avec une obli-
geance excessive. . i
L'irrégularité des premiers arrivages a procuré
au café une énorme publicité. C'est une loi de la
civilisation, sinon de la nature^ que la publicité
favorise communément les êtres et les choses aux-
quels elle est le moins nécessaire. Nous aurions
tort de nous en offusquer. Nous aurions fort sur-
tout d'en souffrir. Cette loi est une loi, et, parce
qu'elle est probablement absurde» elle est une des
mieux respectées. C'est ainsi. Et pour peu que
nous dégustions une tasse de café après cette
constatation, nous attendrons pendant quelques
heures l'avenir avec une sympathique confiance.
Car tel est le miracle du café. Autrefois on le
disait apéritif. Maintenant il est digestif. Opinion
courante. Les savants naturellement en contestent
la valeur. Le rôle précieux des savants est qu'ils
contestent assidûment la valeur des opinions cou-
rantes. Et ils redressent petit à petit des erreurs
pour les remplacer par des vérités provisoires,
qui seront acceptées pour des vérités bienfaisan-
tes jusqu'à ce qu'elles soient considérées à leur
tour comme de funestes erreurs.
Bref, si on en croit les savants spécialistes trop
enclins à jeter quelque trouble dans nos satisfac-
tions les plus innocentes, le café ne serait pas
plus digestif aujourd'hui qu'il n'était apéritif
jadis. Cela ne signifie point que le tempérament
dès humains se soit transformé, mais simplement
que,"selon les époques, ils attribuent volontiers à
leur breuvage de prédilection des vertus contra-'
dictoires. Au reste, à bien examiner, il n'existe
pas de vertus contradictoires. S'il en existait, les
hommes seraient très embarrassés du choix, et,
dans l'indécision sur les meilleures vertus à choi-
sir, ils se résoudraient vite à n'en pratiquer
aucune.
Heureusement le café demeure étranger aux
vertus qu'on lui prête ou qu'on lui refuse, et il
garde son prestige et sa vogue uniquement parce
qu'il est le café. La mode du café s'est insinuée
chez nous par les soins de la société mondaine.
Les écrivains, imitateurs incorrigibles même
lorsqu'ils n'écrivent pas, se sont tout de- suite
mêlés à l'affaire. Les uns en absorbant ostensible-
ment du café, les autres en publiant leur avis sur
le café. L'infatigable chroniqueuse Mme de Sévi-
gné a même formulé sans retard à ce sujet deux
bêtises sensationnelles, qui ont contribué beau-
coup à sa réputation au cours des siècles. Un
écrivain, pour triompher dans la renommée, n'est
pas astreint à exprimer incessamment des pen-
sées raisonnables : il est préférable qu'il se
trompe une seule fois d'une manière éclatante.
Les femmes vont aisément aux extrêmes, et
s'en montrent bien satisfaites. Mme de Sévigné sj
trompait deux fois dans la même phrase. Et la
phrase est courte. On a dû la citer encore à pro-
pos des problèmes du ravitaillement et du tricen-
tenaire de Racine. Oui, il serait surprenant qu'on
ne l'eût pas citée. On ne se lassera pas de la citer
aussi longtemps qu'on ingurgitera du café' dans
les milieux vraiment distingués. Mme de Sévigné
a de la chance.
Jjes-milieux--'-populaires, eux* se moquent de
Mme de Sévigné, et ils aiment toujours 'le café.-
C'est que'le café "se plaît à' avoir exactement les
qualités que ses consommateurs veulent qu'il ait.
Le grand poète qu'on ne lit pas assez, Eddin-
Omar-Ben-Faredin, dans une de ses oeuvres subli-
mes, ne disait-il pas d'une femme qu'il regardait
avec cordialité : « Elle m'a fait boire à longs
traits la fièvre, ou plutôt le café de l'amour »?
C'était évidemment un café-philtre.
Amour, café, illusion, chimère ! Le café sera,
éternel parce qu'il cultive et multiplie l'illusion,
l'illusion qui est l'élément le plus séduisant de
l'amour et de la réalité.
J. ERNEST-CHARLES.
LES ENTRETIENS DE VENISE
Le comte Csaky
ne retournera pas prochainement en Italie
On mande de Budapest, le 11 janvier :
Le comte Csaky a déclaré, au cours d'une inter-
view publiée, par l'Ujsag : « Je ne retourne pas
momentanément en Italie, bien que je sois dési-
reux de me reposer quelques jours. Mes occupa-
tions me retiennent à Budapest »
Déclarations d'une personnalité yougoslave
Commentant les entretiens de Venise, une person-
nalité bien informée a déclaré notamment, en substance,
au représentant de l'agence Havas à Belgrade : - v,
On peut admettre que l'apparition de l'armée
rouge sur ies Carpathes tient une grande placé
dans les préoccupations de l'Italie. Mais Rome
n'en est pas encore à envisager une parade stra-
tégique de ce danger. " : -..
C'est, pour le moment, à la parade diplomatique
et politique que s'attache l'Italie en s'efforçant
de contribuer à établir entre les divers lEtats bal»
kaniques et danubiens, qui font couverture entre
elle et l'U.R.S.S., des rapports de bon voisinage
excluant la possibilité de conflits locaux. De là,
entre autres, l'action entreprise par Rome pour
rapprocher Budapest et Bucarest. Cette politique
de pacification de la région danubienne et balka-
nique par déblaiement progressif du terrain est
précisément celle que pratique la Yougoslavie.
Aussi notre sympathie accompagne-t-elle l'action
de l'Italie, qui a déjà si largement contribué à
maintenir la paix dans nos parages, et qui en
outre, en l'occurrence, agit dans un sens favorable
à la Roumanie, dont la Yougoslavie reste la fidèle
alliée.
Nous sommes sur la même ligne que l'Italie ou
sur une ligne parallèle. Nous pensons comme le
comte Ciano qu'il est prématuré de parler de la
formation d'un bloc des neutres danubiens et bal-
kaniques, tant que les Etats qui devraient cons-
tituer ce bloc ont encore l'un contre l'autre des
motifs de ne pas vouloir faire bloc, et tant que
ces motifs n'ont pas été écartés par des arrange-
ments directs. A plus forte raison est-il préma-
turé de parler de combinaison stratégique [allu-
sion aux bruits d'une sorte d'alliance militaire
antisoviétique], tant que la parole est encore aux
diplomates et non aux militaires.
D'autre part, on mande de Belgrade :
Commentant les entretiens de Venise, le No-
vosti écrit que « le désir de l'Italie de voir les
querelles entre les Etats du Sud-Est réglées à
l'amiable est évident » et qu'il faudra « orgàniser
sous son égide une, collaboration entre tous ces
Etats ». »
On pourra arriver à un rapprochement hungaro-
roumain comme on est arrivé à réconcilier la Yougo-
slavie avec la Hongrie, poursuit Je Novosti. La seule
condition qui doive être posée et qui soit nécessaire pour
une collaboration entre les Etats balkaniques et danu-
biens, est le maintien de l'intégrité de chacun de ces
Etats.
L'impression en Turquie
On mande de Stamboul, le 10 janvier : ,
Les incidences des entretiens entre le comte
Ciano et le comte Csaky préoccupent la Turquie,
qui est intéressée aux problèmes examinés à
Venise.
Les premières impressions de la presse reflè-
tent la satisfaction que cause l'accord italo-hon-
; grois, que l'on considère comme la contre-partie
naturelle de la collusion germano-soviétique, la-
quelle constitue une menace pour les Balkans.
Le Yenisabah considère que l'éventualité d'une
poussée communiste entraverait les projets de
l'Italie, qui tendent à la suprématie, sous une forme
. ou une autre, dans les Balkans. Ls relations entre
les puissances danubiennes et balkaniques, cons-
tate le journal, restent délicates et même tendues
LES OPÉRATIONS
" MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU 10 JANVIER (SOIR)
Action des deux artilleries et des éléments
de reconnaissance, notamment à l'est et à
l'ouest des Vosges.
Reprise de l'activité aérienne.
DU 11 JANVIER (MATIN)
. . v:
Rien à signaler au cours de la nuit.
Dans la journée du 10, nous avons abattu
deux avions ennemis dans nos lignes.
SUR LE FRONT
Prochaine arrivée
du corps expéditionnaire canadien
Le général Mac Naughton, commandant en chef ,
du corps expéditionnaire canadien, vient d'arriver
en France, accompagné d'officiers de son état-
major. . . 4
Les premiers contingents canadiens, qui com-
prenaient les fameux régiments de Québec et de
Montréal, récemment débarqués en Angleterre,
s'apprêtent à rejoindre prochainement, en France,
le corps expéditionnaire.
DANS LES AIRS
Combat aérien dans la mer du Nord
Le ministère britannique de l'air communique le
10 janvier .
Au cours d'une reconnaissance aujourd'hui, une
formation de la Royal Air Force a rencontré, en
s'éloignant de ses bases, un certain nombre d'avions
de combat ennemis de grande croisière, au-dessus
de la mer du Nord. La bataille qui s'est engagée
a duré près d'une demi-heure.
On a vu un Messerschmitt 110 s'abattre dans les
flots et l'on sait déjà qu'un autre a été contraint
d'atterrir au Danemark.
Nous avons perdu un avion. Nos autres appareils,
ayant battu l'ennemi, poursuivirent leur recon-
naissance jusqu'à sa limite à l'est et revinrent
sains et saufs.
Sur ce combat, une dépêche de Londres donne les
détails complémentaires que voici :
Les appareils britanniques se trouvaient en
reconnaissance à environ 200 milles au large des
côt'es anglaises lorsque les chasseurs ennemis
ouvrirent lefeu..Au cours- d'un vif engagement,.
qui dura presque une demi-heure, l'un des 'avions
l britanniques fut abattu. Sous le feu; de là forma-
tion britannique, un chasseur ennemi tomba à
; la mer en pleine vitesse. Un autre chasseur alle-
mand fut si sérieusement touché qu'il put tout
. juste atteindre la côte du Danemark, où il a été
interné avec- son pilote. Finalement, les chasseurs
ennemis abandonnèrent alors la lutte.
La formation britannique poursuivit sa mission
de reconnaissance sur une distance de 130 milles.
L'attaque avait été menée par des nouveaux
chasseurs allemands très rapides : des Messer-
schmitt bimoteurs 110 armés de plusieurs canons.
Les appareils britanniques réussirent à tenir la
formation en échec en se maintenant en ordre
impeccable et en ouvrant un feu simultané contre
les assaillants qui attaquaient par vagues succes-
sives.
Il est établi qu'un troisième chasseur allemand
a été endommagé.
Bien que portant les marques du violent combat
auquel ils avaient pris part, les appareils bri-
tanniques sont rentrés sains et saufs a leur base,
à l'exception d'un d'entre eux.
Patrouilles britanniques
sur les bases d'hydravions allemandes
Le communiqué suivant a été publié le 10 janvier
par le ministère britannique de l'air :
Au cours de la nuit dernière, des avions de
la R. A. F. ont effectué une nouvelle patrouille
au-dessus des bases d'hydravions ennemies et des
bombes ont été lancées près de l'île de Sylt.
Selon des informations venues du Danemark,
des dégâts auraient été causés à des propriétés
danoises touchant à la frontière. S'il était établi
que ces dégâts ont été causés par l'aviation bri-
tannique, le gouvernement danois serait remboursé
intégralement.
SUR
La perte du paquebot « Dunbar=Castle »
Le paquebot de 10,000 tonnes, Dunbar-Castle,
courrier du Cap, qui a sauté mardi sur une mine,
au large de la côte sud-est de l'Angleterre, comme
nous l'avons annoncé hier, faisait partie d'un
convoi en route pour l'Afrique du Sud. Sous la
violence de l'explosion, le navire s'est rompu en
deux et a coulé en un quart d'heure.
Il y avait à bord 158 hommes d'équipage et qua-
rante-huit passagers, dont une douzaine de fem-
mes et neuf enfants, dont deux bébés. Le com-
mandant du navire, le capitaine Causton, ainsi
que deux membres de l'équipage ont été tués ;
quatre autres et un passager auraient disparu.
Le désastre a été si rapide que les survivants
n'ont pu sauver aucun de leurs effets personnels
et qu'ils ont été débarqués la nuit sans argent et
presque sans vêtements dans les ports de la côte
sud:
Le capitaine Causton, a déclaré un des passagers,
était sur le pont au moment de l'explosion. Grièvement
blessé lors de l'effondrement du mât, il eut le courage
néanmoins de se traîner jusqu'à sa cabine pour sau-
ver le livre de bord. Il perdit connaissance en arrivant
la porte et expira en quelques minutes. Son officier en
second, M." Robertson, découvrit le cadavre de son chef
qu'il transporta, bien que blessé lui-même, dans une
chaloupe de sauvetage. Après quoi, il prit Je comman-
dement' des opérations.
Les attaques de navires par des avions
allemands
, L'amirauté britannique a publié, mercredi soir, le
communiqué suivant :
Au sujet du communiqué publié, mardi soir, par
l'amirauté, se rapportant aux attaques effectuées
par l'aviation ennemie contre les petits navires
marchands, de nouvelles informations ont main-
tenant été reçues annonçant que les deux navires
danois Ivan-Kondrup, jaugeant 2,369 tonnes, et
Feddy, 955 tonnes, que l'on croyait tout d'abord
coulés, sont toujours à flot et seront, croit-on, ra-
menés au port.
On est toujours sans informations en ce qui con-
cerne le nombre des victimes à bord de ces deux
navires.
Une autre information rapporte que le navire
britannique Oak-Grove (1,935 tonnes), a été atta-
qué par des avions et coulé. Le nombre des vic-
times n'a pas encore été définitivement établi, mais
on croit que 20 membres de l'équipage ont été
ramenés à terre.
L'AGRESSION SOVIETIQUE COR LA FINLANDE
Sur quatre points, à l'Est, les Russes
ont été rejetés au=delà de la frontière
Le commandement suprême de l'armée finlandaise
publie le communiqué suivant :
Sur terre. - La journée du 9 janvier a été
relativement calme dans l'isthme de Caréiie, à
l'exception de l'habituel feu de harcèlement de
l'artillerie et de l'activité des patrouilles.
Rien d'autre à signaler durant la journée.
L'ennemi a continué a se fortifier.
.Sur le front oriental, au nord du lac Ladoga,
les troupes finlandaises ont dispersé un bataillon
ennemi."Les Soviets -ont laissé sur le terrain deux
cents tués et les Finlandais ont fait quarante
prisonniers.
Une attaque ennemie à Ruhtinanmseki a été
repoussée.
Dans la région de Suomussalmi-Raate, les
troupes finlandaises ont atteint la frontière sovié-
tique et nettoyé le terrain jusqu'à celle-ci. C'est
le quatrième point sur lequel l'ennemi a été
repoussé jusqu'en territoire soviétique.
Ailleurs sur le front, rien d'important à signa-
ler. L'activité des patrouilles finlandaises continue
avec succès.
Sur mer. - Les avions ennemis, dans la jour-
née d'hier, ont tenté sans résultat un certain
nombre de bombardements contre divers objectifs
de la côte du golfe de Finlande et du lac Ladoga.
Les batteries au Ladoga et de Koivisto ont pris
part aux opérations de terre.
- Dans les airs. - Rien d'important à signaler
dans Tactivité ennemie au cours de la journée.
L'aviation finlandaise a accompli, aujourd'hui,
un certain nombre de reconnaissances. En plus
des avions annoncés comme détruits au commu-
niqué du 5 janvier, on a découvert aujourd'hui
un autre avion abattu le même jour, ce qui porte
le nombre des avions soviétiques abattus, ce jour-
là, à neuf.
Le communiqué soviétique
Voici le communiqué de l'état-major du district
de Leningrad, diffusé par la radio soviétique, le
10 janvier, à minuit (heure locale) :
Dans la journée du 10 janvier, rien d'essentiel à
signaler. En plusieurs points, activité des patrouilles
d'éclaireurs et tir d'artillerie.
En raison du mauvais temps, l'aviation soviétique n'a
fait que quelques vols de reconnaissance.
Le général belge Badoux
parle du « prodige finlandais »
On mande de Bruxelles, le 10 janvier :
Le général belge Emile Badoux, qui vient de
rentrer en Belgique après avoir apporté depuis
avril 1939 une collaboration de premier plan à
l'organisation défensive de l'isthme de Carélie, a
exposé au critique militaire du Soir quelques-uns
des aspects essentiels du « prodige finlandais ».
Après un émouvant hommage à la Finlande,
« peuple pastoral épris de liberté », ainsi qu'à l'en-
durance et à la vaillance de l'armée active finlan-
daise, "petite' éh nombre, mais supérieurement bien
encadrée, le général Badoux a déclaré notamment :
J'ai vu se battre les Français et les Anglais. J'ai- com-
mandé sur l'Yser les meilleurs des fameux « Mannen
vàn de génie », mais quand j'ai vu à l'oeuvre le soldat
finlandais, j'ai été étonné.
Il a ajouté :
Dans l'abri très moderne que j'ai fait construire, l'ob-
servateur armé d'une mitraillette est dans sa « cloche ».
Comme ses camarades du bas, il est invulnérable. Le
béton l'entoure comme jadis l'armure protégeait le che-
valier féodal. Il voit et on ne le voit pas. Il tire par une
embrasure que l'obus ne peut atteindre. Deux mitrail-
leuses lourdes lancent des rafales de flanc, conjuguant
leurs feux avec les armes des blockhaus voisins.
Tous les ouvrages de la ligne Mannerheim sont en-
tourés de réseaux de fil de fer très denses : le mitrail-
leur finlandais laisse les Russes s'en approcher et c'est
seulement à trois cents, voire deux cents mètres qu'il
ouvre le feu. C'est un véritable fauchage de vies humai-
nes. Les hécatombes signalées journellement par les
communiqués du gouvernement finlandais sont vrais.
Le général Badoux signale également l'action
meurtrière des canons antichars dont, d'armée fin-
landaise est abondamment pourvue et le rôle ef-
ficace des corps francs de skieurs finlandais qui
tombent sur les colonnes russes à l'improviste et
les harcèlent comme de « véritables essaims de
guêpes ».
Interrogé sur la valeur des troupes soviétiques,
le général Badoux a répondu : ,
J'ai vu des prisonniers russes. Je ne puis que les
qualifier de « bétail humain ». Même leurs gradés 6ont
qua6i illettrés, et j'ai parlé à un lieutenant qui l'était
entièrement.
Cês hommes, pauvrement vêtus, viennent des ré-
gions lointaines de la Russie, ils ignorent pour quoi et
pour qui ils se battent. Leur matériel est très bon, mais
ils ne savent pas s'en servir. Leurs chefs ne sont ni
tacticiens, ni techniciens. Les vagues d'assaut sont lan-
cées et décimées l'une après l'autre.
Le général Badoux a conclu qu'il avait fait
construire les ouvrages fortifiés de la ligne Man-
nerheim avec « la conviction que la victoire fin-
landaise serait celle du monde civilisé ».
Un prince de Liechtenstein dans l'armée
finlandaise
On mande d'Helsinki, le 10 janvier :
Le prince Ferdinand de Liechtenstein est arrivé
hier à Helsinki; il s'est engagé comme volontaire
dans l'armée finlandaise et rejoindra son corps
demain.
[Né en 1901 à Salzbourg, le prince Ferdinand-André
de Liechtenstein est de la troisième branche de la fa-
mille de Liechtenstein. Il est fils du prince Edouard de
Liechtenstein 'qui, autrefois, habitait Vienne.]
La presse nazie veut ignorer
la victoire finlandaise
La victoire finlandaise de Raate n'a pas été
mentionnée dans la presse et la radio allemande
d'hier. " " . ;
Aujourd'hui les journaux nazis, visiblement
embarrassés, reproduisent le communiqué finlan-
dais relatif à cette victoire en omettant la liste
du butin conquis sur les Soviets et en le rédui-
sant à la formule suivantes : « Les combats de
ces derniers jours aujour de Suomussalmi se sont
terminés à l'avantage des Finlandais. »
Les journaux nazis sont encore plus discrets
que les Soviets, car ils ne reproduisent pas le
passage du communiqué soviétique qui avoue le
recul des troupes russes.
On peut rapprocher cette discrétion exemplaire
d'une campagne déclenchée hier par la presse
nazie contre les citoyens allemands qui manifes-
tent leur sympathie pour la cause finlandaise.
L organe nazi de Dusseldorf Der Mittag, s'en pre-
nant à ce qu'il appelait « des effusions sentimen-
tales déplacées », écrivait :
Certains Allemands manifestent plus de compréhen-
sion pour le peuple finnois qu'ils n'en ont jamais eu
pour leur propre peuple. Ile trouveraient bon que le
sang allemand soit de nouveau versé pour la cause
finlandaise. Ils ne savent pas et ne veulent pas savoir
que la Finlande a très mal récompensé jadis l'aide des
corps francs allemands et que le gouvernement finnois
n'a pas tenu les promesses qui leur avaient été faites.
Il a même été jusqu'à refuser, l'an dernier, le visa d'en-
trée aux délégations des régiments allemands qui vou-
laient assister aux fêtes commémoratives de l'indé-
pendance finlandaise. Seul le comte von der Goltz a
pu obtenir un visa, après de longues négociations.
Les bruits de mutineries
dans l'armée rouge
Le correspondant à Copenhague du journal hollan-
dais De Telegraaf mande, le 10 janvier :
Les bruits d'après lesquels des mutineries se
seraient produites à l'arrière des lignes soviétiques
prennent une forme plus caractérisée.
On confirme aujourd'hui de source sûre que le
haut commissaire politique soviétique Mechlis se
trouve actuellement à Léningrad, où il enquête
sur les agissements des commissaires politiques.
Ces commissaires sont rendus responsables des
défaites russes, et une grande action d'épuration
est en préparation.
Mechlis a présidé à Léningrad une réunion de
trois cents des plus hauts commisaires de l'armée
et il a été décidé de réorganiser les services des
commissariats. De nombreux commissaires ont
déjà été suspendus et de nouveaux commissaires
ont été envoyés de Moscou vers différents fronts.
Un correspondant de l'agence Havas sur le front de
Finlande télégraphie, le 10 janvier :
Il semble bien qu'il y ait eu une mutinerie
russe le 29 décembre dans l'endroit où je me trou-
vais. Durant toute la journée les Russes n'ont pas
tiré un coup de fusil, mais on a entendu de temps
en temps, du côté russe, des coups de feu et des
cris qui ne cessaient pas. Les patrouilles finlan-
daises envoyées au crépuscule ont pu également
se rendre compte que les Russes avaient aban-
donné leurs positions avancées, laissant leurs ar-
mes, leurs munitions, leurs paquetages. Dans
I après-midi, des' avions de bombardement sovié-
tiques ont survolé les cantonnements des troupes
rouges et jeté trois bombes.
Arrestations à Leningrad
pour audition des émissions finlandaises
On mande d'Helsinki ^ l'agence Havas, le 10 janvier ï
Selon des renseignements de bonne source ve-
nus de Léningrad, un certain nombre d'arresta-
tions ont eu lieu en U.R.S.S. pour audition d'émis-
sions de la radio finlandaise en langue russe.
Un appel de « l'armée nationale finlandaise »
On mande de Moscou, le 10 janvier :
La radio soviétique a diffusé un appel de
1' « armée nationale finlandaise » (détachement
communiste constitué par le gouvernement d'Otto
Kuusinen) aux marins du brise-glace Siedov, qui
se trouve emprisonné par les glaces arctiques :
Chers camarades, dit l'appel, vous allez bientôt sortir
de la nuit polaire et revenir dans votre grande patrie.
II en est de même de nous, Finlandais. Avec l'aide fra-
ternelle de l'armée rouge, nou6 délivrerons la Fin-
lande des bandits qui l'infestent. La nuit dans laquelle
croupissait notre pays prend fin.
L'AIDE A LA FINLANDE
On mande d'Helsinki, le 10 janvier :
Le parti social-démocrate finlandais a invité le
parti travailliste anglais à envoyer des délégués
en Finlande, afin de persuader les éléments socia-
listes anglais qui doutent encore de l'utilité de
l'aide à la Finlande de la nécessité de ce concours.
Une invitation similaire a été jugée inutile
pour le parti socialiste français, dont les jour-
naux proclament l'urgence de venir au secours
de la Finlande.
On mande de Londres, le 10 janvier :
Le commissaire David C. Lamb, de l'Armée du
Salut, a déclaré à la Press Association que dix
tonnes de vivres et quinze tonnes de vêtements,
destinées à l'oeuvre de secours à la Finlande, ont
été détruites lors d'un raid soviétique de bom-
bardement en ce pays.
Ces envois, constitués grâce à des collectes orga-
nisées par l'Armée du Salut, avaient été stockés
provisoirement au poste des douanes d'Abo. Au
cours d'un raid, cet édifice avait subi des dégâts,
mais les vivres et les vêtements avaient été épar-
gnés. On les avait chargés sur un train pour qu'ils
fussent répartis entre soixante-dix centres ; mais
le train fut bombardé et les envois complètement
détruits.
Le commissaire Lamb a ajouté qu'un officier
de l'Armée du Salut a été tué et trois autres bles-
sés en Finlande.
Un projet de loi américain
prévoit l'annulation de la dette finlandaise
On mande de Washington, le 11 janvier :
M. Mac Kellar, sénateur démocrate du Ten-
nessee, a déposé un projet de loi proposant l'an-
nulation de la dette de la Finlande aux Etats-
Unis.
L'annulation de la dettre prendrait date du
1er décembre 1939, et le projet de loi contient une
clause prévoyant le remboursement à la Fin-
lande de tous les payements effectués depuis cette
date.
Le matériel de guerre britannique
commence à arriver en Finlande
On mande de Londres, le 10 janvier :
Le matériel de guerre britannique commence à'
arriver en Finlande, écrit le rédacteur militaire
de l'agence Reuter, et ne manquera pas de rendre
plus de services aux défenseurs du pays que te
butin ramassé sur le champ de bataille; une
grande partie de ce dernier sera, en effet, inuti-
sable en raison du gel et de l'humidité. »
La neutralité de la Norvège et le passage
sur son territoire d'armes pour la Finlande
On mande d'Oslo, le 10 janvier :
A propos de l'article du Voelkischer Beobachter,
prétendant que l'envoi d'armes en Finlande par
les puissances occidentales, en exécution de l'arti-
cle 16 du pacte de la Société des nations, serait
incompatible avec la neutralité des pays Scandi-
naves, la presse norvégienne affirme de nouveau
la volonté de la Norvège de s'en tenir strictement
aux règles juridiques de la neutralité.
Le Dagblad observe que l'article 16 du pacte p'a
par été invoqué par les puissances occidentales;
mais, en vertu de l'article 7 de la convention de
la Haye, la Norvège ne peut refuser le passage
d'armes sans prendre une attitude non neutre à
l'égard de la Finlande.
Il est inexact que les puissances occidentales
aient demandé le passage dans des formes incom-
patibles avec "la neutralité. Si elles le faisaient,
les demandes seraient repoussées par la Suède et
la Norvège.
Pour la Finlande
Un comité vient d'être fondé à Paris par
Mrs. Gertrude Moulton, personnalité américaine
très connue pour sa sollicitude à l'égard des ar-
tistes et de leurs oeuvres. Ce comité, « l'Aide aux
victimes finlandaises », est ainsi constitué : pré-
sidente, Mrs. Gertrude Moulton; trésorier, M. Ga-
briel Brizon; secrétaire, Mme Claude Holma ;
membres, Mme Roland de Margerie, comtesse de
Fels, Mme Rosenbroiger, comtesse Théodore Hey-
den, M; André,de Fouquières, hon. William Wald-
hams. Xa présidente d'honneur est Mme Holma,
femme du ministre de Finlande en France.
Sous le haut patronage du président de la Ré-
publique et de Mme Albert Lebrun, une soirée
exceptionnelle aura lieu le 8 février prochain à
l'Opéra.
Le comité « l'Aide aux victimes finlandaises »
a son siège, 30, cours Albert-Ier, Paris (8°). Tél.
Ely. 67-89.
On s'abonde aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9'), et dans tous les Bureaux de Poste
VENDREDI 12 JANVIER 1940
l^oisrxjATExm. i Auguste UTEFETZiER, (issi)
_A-N"GIE3>TS DIKECTETJKS S
Adrien. KÉBRAR.D (1837-1914)
Emile ?H.'PTBRABD (1915-1925)
Adrien HÉBRARD 1025-1929)
I_lOTTIS-MII_lI_l (1929-1931)
DiaECTEuas :
Jaoquea OHASTENET ©t Emile MXK.EA.tT2C
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
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LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (PARIS et DÉPARTEMEHTSJz ÎS centimes
ANNONCES : AUX BUREAUX DU ©emps, 5, rue des Italiens,
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - A la Chambre. - Au
Sénat. - Nouvelles du jour.
PAGE 3
La chasse est-elle ouverte ou fermée ? PAUL
MÉGNIN.- Echos et informations.- Tribu-
naux.- Théâtres; Cinémas.- T. S. F.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - En Finlande. - En
Grande-Bretagne. - Sur mer. - A la Chambre.
- Lettres du front : Extrait du courrier,
JACQUES BOULENGER.
Paris, le 11 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LA POLITIQUE DU JAPON
Des informations de Tokio font entendre que
le général Abe, président du conseil, aurait
pris la décision de démissionner, décision qui
deviendrait officielle dès que la formation d'un
nouveau gouvernement serait virtuellement
assurée. On ne possède jusqu'ici aucune con-
firmation de cette nouvelle, et rien ne permet
de dire qu'une crise politique soit déjà ouverte
à Tokio. La seule indication que l'on puisse
retenir, c'est que depuis quelque temps déjà
le cabinet Abe se heurte à des difficultés sus-
citées par certains groupes politiques, et no-
tamment pal' les représentants- des régions
agricoles à la Diète. Ces derniers ont marqué à
plusieurs reprises leur manque de confiance
dans la politique du gouvernement relative aux
problèmes intéressant particulièrement les po-
pulations rurales. Le malaise qui en est résulté
a été exploité contre le cabinet par des éléments
du parti Minseito. Le premier ministre avait
cherché à dissiper 4out malentendu dans un
échange de vues loyal et complet avec les
principaux chefs des partis, mais on sait que
ceux-ci, dans les derniers jours du mois de dé-
cembre, se réunirent et adoptèrent, en
conclusion de leur examen de la situation,
une résolution défavorable au cabinet, sans
qu'il y eût pourtant de ce fait un acte officiel
d'hostilité des groupes de la Diète à l'égard
du gouvernement présidé par le général Abe.
Depuis lors, les choses en étaient restées au
même point," et il ne semblait pas qu'une dé-
tente se fût produite dans les relations des
groupes parlementaires avec le cabinet.
S'il se confirme que le général Abe a pris
la décision de démissionner, il faudrait donc
voir surtout dans sa retraite une conséquence
des difficultés intérieures avec lesquelles le
gouvernement se trouve aux prises sans que
la politique générale du Japon soit réellement
en cause. On sait que lors de son arrivée au
pouvoir, et avant l'ouverture de la Diète, un
accord était intervenu entre le général Abe et
les principaux groupes parlementaires, les-
quels s'étaient engagés à soutenir le gouver-
nement afin d'éviter une crise dans les circons-
tances internationales-actuelles. Le ministère
au pouvoir a le caractère d'une-combinaison
essentiellement militaire, mais le premier mi-
nistre n'a jamais caché son intention de re-„
chercher le concours de la Diète et l'appui des
grands partis politiques. Si, par suite de cir-
constances ii térieures au sujet desquelles on
manque de précisions, cet appui venait réelle-
ment à lui faire défaut, la combinaison Abe
en serait affaiblie et devrait ou se reconstituer
sur de nouvelles Vases ou s'effacer devant un
autre gouvernement assuré de tous les con-
cours nécessaires pour faire face, non seule-
ment aux difficultés intérieures, mais aux
circontances créées par le conflit sino-japo-
nais. Il n'est guère probable, au surplus, que
la politique générale du Japon doive être sen-
siblement modifiée de ce fait. Quels que soient
les hommes au pouvoir à Tokio, la doctrine
fondamentale de la politique nippone ne sau-
rait varier. Le Japon développe son action exté-
rieure uniquement dans le sens de la sauve-
garde de ses propres intérêts. Il entend rester
a l'écart du conflit européen, ne se lier en rien
pour l'avenir avec n'importe quel groupe de
puissances, entretenir avec tous les pays les
relations les > lus favorables à ses propres des-
seins, et s'appliquer à résoudre dans le sens
de la coopération sino-nippo-mandchoue son
conflit avec là Chine.
Dans l'état présent des choses, la diplomatie
nippone s'oriente vers une amélioration sen-
sible des relations avec les autres puissances
ayant des intérêts en Extrême-Orient. Tokio,
sans dénoncer le pacte antikomintern, a refusé
de transformer celui-ci en alliance militaire
avec le Reich. Les pourparlers anglo-japonais
relatifs au règlement de l'affaire de Tien-Tsin
se poursuivent lentement mais dans une atmo-
sphère assez favorable. Il en est de même des
négociations entre Tokio et Washington au
sujet de la conclusion d'un nouvel accord
commercial nippo-américain. Quant aux trac-
tations avec Moscou, on n'ignore pas que le
gouvernement japonais a repoussé toute idée
d'un accord de caractère général avec la puis-
sance soviétique, et qu'il poursuit uniquement
la conclusion d'un traité de commerce, le rè-
glement de la situation sur le terrain à la fron-
tière mongolo-mandchoue, de la question des
pêcheries du Kamtchatka et celle de l'exploi-
tation des ressources en pétrole de Sakhaline.
Le problème essentiel qui préoccupe le gou-
vernement japonais est celui de l'organisation
d'un nouveau pouvoir central en Chine, résolu
à collaborer activement avec les autorités nip-
pones. Les Japonais se sont heurtés à de
sérieuses difficultés dans ce domaine, mais de-
puis l'entrée en scène de M. Wang Ching
Wei, il semble que les choses aient pris une
tournure plus favorable.
Des informations de Shanghaï n'ayant au-
cun caractère officiel, mais fournies, assure-
t-on, par une, personnalité chinoise de l'entou-
rage même de M. Wang Chix g Wei, on fait
prévoir que le nouveau gouvernement chinois
serait constitué à bref délai sur des bases per-
mettant d'envisager le rétablissement de la
paix, du moins dans la plus grande partie de
la Chine. L'indépendance et l'intégrité territo-
riale de la Chine seraient reconnues, mais
avec le maintien de garnisons japonaises dans
les principaux centres chinois et- avec le-con-
trôle nippon des grandes voies de communi-
cation. Le Japon obtiendrait des avantages
politiques dans la Chine du Nord et en Mon-
golie, régions qui seraient administrées par
des conseils régionaux sur l'activité desquels
les Nippons auraient un droit de regard. La
plus large collaboration économique ouvrirait
en fait la Chine au commerce japonais, mais
les intérêts étrangers seraient respectés. Une
fois ce programme réalisé, M. Wang Ching
Wei ferait des ouvertures au gouvernement
chinois de Tchoung-King. en vue de la fusion
des deux pouvoirs sur cette base. Il n'est pas
certain que, étant données les dispositions
actuelles du maréchal Tchiang Kaï Chek, la
réali . f;on c"un f 1 projet doive mettre fin aux
hostilités, mais il n'en resterait pas moins que
1'. poli" e générale du Japon sur 'e continent
asiatique en serait grandement facilitée, et
qu'en somme le gouvernement de Tokio aurait
réussi à tab ' sol' lement l'influence nippone
dans les provinces de la Chine du Nord, ce qui
a été dès le début de la crise son véritable but.
SALUT PUBLIC
Le gouvernement dépose aujourd'hui sur le
bureau de la Chambre le projet de loi
annoncé à la suite des incidents qui ont
marqué la séance de rentrée, et tendant à ce
que soit prononcée la déchéance des députés
communistes. L'on ne saurait qu'approuver le
principe de cette initiative gouvernementale.
Il serait scandaleux de voir plus longtemps
siéger parmi des élus du pays des hommes
qui, ayant pris position en faveur d'une puis-
sance complice de l'Allemagne ou refusé de
se désolidariser d'avec elle, sont en fait cou-
pables de haute trahison. L'opinion apprendra
avec soulagement que la représentation natio-
nale est délivrée de tout contact avec des
auxiliaires de l'ennemi, qui, n'ayant plus
aucun sentiment français, se sont eux-mêmes
retranchés de la collectivité française, - et
l'on peut être assuré que nos combattants, qui
risquent journellement leur vie pour faire
front contre l'agression de Hitler allié de Sta-
line, ne seront pas les derniers à approuver
cette mesure d'épuration nécessaire.
Mais il faut bien voir que la déchéance des
députés communistes dépassera largement le
cadre parlementaire et présentera une impor-
tance particulière en ce qui concerne tant la
politique générale du pays que la conduite de
la guerre. Les élus communistes dûment éli-
minés, vle communisme n'aura pas disparu
pour cela ; il continuera d'exercer, dans les
ténèbres, son action défaitiste et antinationale,
que la propagande ennemie ne manquera pas
d'utiliser au maximum. Traquer et pourchas-
ser des traîtres est bien; mais il sera mieux
encore de mettre hors la loi le parti antifran-
çais qui inspire et peut-être, hélas ! soudoie
la trahison. C'est uni ministre du gouverne-
ment, actuel qui a naguère lancé la formule :
« Le communisme, voilà l'ennemi ! » ; cette
formule doit devenir de plus en plus effecti-
vement la règle d'action des pouvoirs publics.
Aucune équivoque ne doit plus régner, sous
aucun prétexte, en ce qui concerne les rapports
du régime républicain chargé dés responsa-
bilités de la défense du pays, avec la secte qui
prend ses mots d'ordre dans les officines de
la III" Internationale. 'Ces rapports ne sau-
raient être autre chose qu'une action répressive
résolue dirigée à la fois contre l'idéologie
communiste, contre sa propagande de disso-
ciation et de dissolution intérieures, et aussi,
surtout peut-être, contre sa dépendance à
l'égard d'un pays étranger dont la cause
est désormais inséparable de celle de l'Al-
lemagne. En cette matière, toute faiblesse,
toute incertitude, toute hésitation, tout ce qui
pourrait donner à penser, même à tort, que le
gouvernement de la République ne combat
pas vraiment et par tous les moyens le parti
bolcheviste..ett France, constituerait un .vérita-
ble danger national."T""'
Notre grand pays, en guerre, a des buts de
guerre dont il est pleinement conscient : il se
bat pour quelque chose et contre quelque
chose, - pour quelque chose qui se confond
avec tout ce que le communisme combat,
contre quelque chose qui se confond avec tout
ce que le communisme préconise ou favorise.
En une telle conjoncture on aurait tout à
perdre à l'équivoque,-et l'on a tout à gagner
à la clarté : il faut mettre pleinement d'accord
les buts de guerre de la France et la politique
française à l'égard d'un parti inféodé directe-
ment à l'étranger et indirectement à l'ennemi.
La déchéance des députés communistes sera,
vers cette clarté indispensable, un pas de plus,
et dont nous ne saurions méconnaître l'im-
portance; mais cette mesure doit constituer un
point de départ, non un point d'arrivée, et ne
marquer qu'une étape dans la voie du salut
public. '
:--- ;-;-"-:-*- -
LA GUERRE ÉCONOMIQUE
On mande de Londres :
Au cours de la semaine qui s'est terminée le
6 janvier, le contrôle britannique de la contre-
bande a intercepté et saisi 6,200 tonnes de mar-
chandises de contrebande dont on estime qu'elles
étaient destinées à l'Allemagne. Ce total comprend
notamment r 2,400 tonnes de pétrole brut et pro-
duits dérivés: 1,000 tonnes de plomb en saumons;
1,400 tonnes de produits alimentaires divers.
Le contrôle britannique de la contrebande a, au
cours des dix-huit premières semaines de la
guerre, saisi un total de 544,000 tonnes de mar-
chandises.
D'autre part, à la date du 9 janvier, 49 navires
neutres se trouvaient dans les trois bases de con-
trôle de contrebande du Royaume-Uni. Une ving-
taine d'entre eux y séjournaient seulement de-
puis cinq jours, ou moins. Le total se répartissait
de la façon suivante : 22 hollandais; 10 norvé-
giens; 6 suédois; 5 belges;-2 danois: 2 panamiens;
un navire italien et un américain. Pendant la se-
maine se terminant le 6 janvier, le comité de con-
trebande a examiné les cargaisons de 105 navires
arrivés dans les bases depuis le 30 décembre, ainsi
que 36 autres cargaisons arrivées la semaine
précédente.
Les demandes de « navicert »
Le ministre britannique de la guerre écono-
mique annonce que, depuis que le système du
« navicert » a été introduit, plus de cinq mille
demandes ont déjà été approuvées. Le plus grand
nombre de ces demandes viennent des Etats-Unis;
l'Argentine vient en second lieu, suivie du Brésil
et de l'Uruguay.
Parmi les demandes de « navicert » reçues cette
semaine, pour expédition dans des pays neutres
voisins de l'Allemagne, il s'en trouve une qui con-
cerne une grande quantité de produits de dérati-
sation et une autre d'une demi-tonne de
gruyère rouge. Le ministère de la guerre écono-
mique approuve ces demandes, et ne s'est pas
opposé à la réexportation de ces marchandises en
Allemagne.
LA SITUATION EN ORIENT
"On mande'de Berlin, 10 janvier, à l'agence Belga :
La presse allemande continue à s'occuper des
événements d'Orient. Son attitude à cet égard n'est
pas exempte de contradictions.
C'est ainsi que la Frankfurter Zeitung publie
un long article sous le titre « La flèche géor-
gienne ». Dans cet article, le journal expose que,
depuis deux cents ans, il s& livre une lutte entré
l'Angleterre et la Russie pour la possession des
parties les plus avancées des Indes. C'est dans la
région transcaucasienne que la lutte des intérêts
des deux puissances a été la plus manifeste.
Le journal s'étend ensuite longuement sur la
lutte pour le pétrole dans le Proche-Orient et
dit qu à plusieurs reprises l'avance vers le pétrole
russe a été arrêtée. Après la guerre, l'Iran s'est
développé comme un Etat ayant son indépendance
nationale. Avec l'appui de la Russie et sous là
conduite de l'Iran, un bloc neutre des Etats de
l'Asie mineure a été formé et a permis à la Russie
de se débarrasser de la pression inquiétante de
l'Angleterre sur la frontière de ses territoires
pétroliers du Caucase. Le Russe Tchitcherine a
ait un jour, en parlant de Bakou, que ce terri-
toire constituait une flèche dans la direction des
Indes,
NOTRE CAFÉ
On nous affirme que désormais le café sera offert
plus abondamment par les marchands à leuf em-
pressée clientèle. Nous fûmes sur le point d'avoir
peur. Notre, inquiétude à l'endroit du café nous
détournait du moins des autres préoccupations que
les événements nous proposaient avec une obli-
geance excessive. . i
L'irrégularité des premiers arrivages a procuré
au café une énorme publicité. C'est une loi de la
civilisation, sinon de la nature^ que la publicité
favorise communément les êtres et les choses aux-
quels elle est le moins nécessaire. Nous aurions
tort de nous en offusquer. Nous aurions fort sur-
tout d'en souffrir. Cette loi est une loi, et, parce
qu'elle est probablement absurde» elle est une des
mieux respectées. C'est ainsi. Et pour peu que
nous dégustions une tasse de café après cette
constatation, nous attendrons pendant quelques
heures l'avenir avec une sympathique confiance.
Car tel est le miracle du café. Autrefois on le
disait apéritif. Maintenant il est digestif. Opinion
courante. Les savants naturellement en contestent
la valeur. Le rôle précieux des savants est qu'ils
contestent assidûment la valeur des opinions cou-
rantes. Et ils redressent petit à petit des erreurs
pour les remplacer par des vérités provisoires,
qui seront acceptées pour des vérités bienfaisan-
tes jusqu'à ce qu'elles soient considérées à leur
tour comme de funestes erreurs.
Bref, si on en croit les savants spécialistes trop
enclins à jeter quelque trouble dans nos satisfac-
tions les plus innocentes, le café ne serait pas
plus digestif aujourd'hui qu'il n'était apéritif
jadis. Cela ne signifie point que le tempérament
dès humains se soit transformé, mais simplement
que,"selon les époques, ils attribuent volontiers à
leur breuvage de prédilection des vertus contra-'
dictoires. Au reste, à bien examiner, il n'existe
pas de vertus contradictoires. S'il en existait, les
hommes seraient très embarrassés du choix, et,
dans l'indécision sur les meilleures vertus à choi-
sir, ils se résoudraient vite à n'en pratiquer
aucune.
Heureusement le café demeure étranger aux
vertus qu'on lui prête ou qu'on lui refuse, et il
garde son prestige et sa vogue uniquement parce
qu'il est le café. La mode du café s'est insinuée
chez nous par les soins de la société mondaine.
Les écrivains, imitateurs incorrigibles même
lorsqu'ils n'écrivent pas, se sont tout de- suite
mêlés à l'affaire. Les uns en absorbant ostensible-
ment du café, les autres en publiant leur avis sur
le café. L'infatigable chroniqueuse Mme de Sévi-
gné a même formulé sans retard à ce sujet deux
bêtises sensationnelles, qui ont contribué beau-
coup à sa réputation au cours des siècles. Un
écrivain, pour triompher dans la renommée, n'est
pas astreint à exprimer incessamment des pen-
sées raisonnables : il est préférable qu'il se
trompe une seule fois d'une manière éclatante.
Les femmes vont aisément aux extrêmes, et
s'en montrent bien satisfaites. Mme de Sévigné sj
trompait deux fois dans la même phrase. Et la
phrase est courte. On a dû la citer encore à pro-
pos des problèmes du ravitaillement et du tricen-
tenaire de Racine. Oui, il serait surprenant qu'on
ne l'eût pas citée. On ne se lassera pas de la citer
aussi longtemps qu'on ingurgitera du café' dans
les milieux vraiment distingués. Mme de Sévigné
a de la chance.
Jjes-milieux--'-populaires, eux* se moquent de
Mme de Sévigné, et ils aiment toujours 'le café.-
C'est que'le café "se plaît à' avoir exactement les
qualités que ses consommateurs veulent qu'il ait.
Le grand poète qu'on ne lit pas assez, Eddin-
Omar-Ben-Faredin, dans une de ses oeuvres subli-
mes, ne disait-il pas d'une femme qu'il regardait
avec cordialité : « Elle m'a fait boire à longs
traits la fièvre, ou plutôt le café de l'amour »?
C'était évidemment un café-philtre.
Amour, café, illusion, chimère ! Le café sera,
éternel parce qu'il cultive et multiplie l'illusion,
l'illusion qui est l'élément le plus séduisant de
l'amour et de la réalité.
J. ERNEST-CHARLES.
LES ENTRETIENS DE VENISE
Le comte Csaky
ne retournera pas prochainement en Italie
On mande de Budapest, le 11 janvier :
Le comte Csaky a déclaré, au cours d'une inter-
view publiée, par l'Ujsag : « Je ne retourne pas
momentanément en Italie, bien que je sois dési-
reux de me reposer quelques jours. Mes occupa-
tions me retiennent à Budapest »
Déclarations d'une personnalité yougoslave
Commentant les entretiens de Venise, une person-
nalité bien informée a déclaré notamment, en substance,
au représentant de l'agence Havas à Belgrade : - v,
On peut admettre que l'apparition de l'armée
rouge sur ies Carpathes tient une grande placé
dans les préoccupations de l'Italie. Mais Rome
n'en est pas encore à envisager une parade stra-
tégique de ce danger. " : -..
C'est, pour le moment, à la parade diplomatique
et politique que s'attache l'Italie en s'efforçant
de contribuer à établir entre les divers lEtats bal»
kaniques et danubiens, qui font couverture entre
elle et l'U.R.S.S., des rapports de bon voisinage
excluant la possibilité de conflits locaux. De là,
entre autres, l'action entreprise par Rome pour
rapprocher Budapest et Bucarest. Cette politique
de pacification de la région danubienne et balka-
nique par déblaiement progressif du terrain est
précisément celle que pratique la Yougoslavie.
Aussi notre sympathie accompagne-t-elle l'action
de l'Italie, qui a déjà si largement contribué à
maintenir la paix dans nos parages, et qui en
outre, en l'occurrence, agit dans un sens favorable
à la Roumanie, dont la Yougoslavie reste la fidèle
alliée.
Nous sommes sur la même ligne que l'Italie ou
sur une ligne parallèle. Nous pensons comme le
comte Ciano qu'il est prématuré de parler de la
formation d'un bloc des neutres danubiens et bal-
kaniques, tant que les Etats qui devraient cons-
tituer ce bloc ont encore l'un contre l'autre des
motifs de ne pas vouloir faire bloc, et tant que
ces motifs n'ont pas été écartés par des arrange-
ments directs. A plus forte raison est-il préma-
turé de parler de combinaison stratégique [allu-
sion aux bruits d'une sorte d'alliance militaire
antisoviétique], tant que la parole est encore aux
diplomates et non aux militaires.
D'autre part, on mande de Belgrade :
Commentant les entretiens de Venise, le No-
vosti écrit que « le désir de l'Italie de voir les
querelles entre les Etats du Sud-Est réglées à
l'amiable est évident » et qu'il faudra « orgàniser
sous son égide une, collaboration entre tous ces
Etats ». »
On pourra arriver à un rapprochement hungaro-
roumain comme on est arrivé à réconcilier la Yougo-
slavie avec la Hongrie, poursuit Je Novosti. La seule
condition qui doive être posée et qui soit nécessaire pour
une collaboration entre les Etats balkaniques et danu-
biens, est le maintien de l'intégrité de chacun de ces
Etats.
L'impression en Turquie
On mande de Stamboul, le 10 janvier : ,
Les incidences des entretiens entre le comte
Ciano et le comte Csaky préoccupent la Turquie,
qui est intéressée aux problèmes examinés à
Venise.
Les premières impressions de la presse reflè-
tent la satisfaction que cause l'accord italo-hon-
; grois, que l'on considère comme la contre-partie
naturelle de la collusion germano-soviétique, la-
quelle constitue une menace pour les Balkans.
Le Yenisabah considère que l'éventualité d'une
poussée communiste entraverait les projets de
l'Italie, qui tendent à la suprématie, sous une forme
. ou une autre, dans les Balkans. Ls relations entre
les puissances danubiennes et balkaniques, cons-
tate le journal, restent délicates et même tendues
LES OPÉRATIONS
" MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU 10 JANVIER (SOIR)
Action des deux artilleries et des éléments
de reconnaissance, notamment à l'est et à
l'ouest des Vosges.
Reprise de l'activité aérienne.
DU 11 JANVIER (MATIN)
. . v:
Rien à signaler au cours de la nuit.
Dans la journée du 10, nous avons abattu
deux avions ennemis dans nos lignes.
SUR LE FRONT
Prochaine arrivée
du corps expéditionnaire canadien
Le général Mac Naughton, commandant en chef ,
du corps expéditionnaire canadien, vient d'arriver
en France, accompagné d'officiers de son état-
major. . . 4
Les premiers contingents canadiens, qui com-
prenaient les fameux régiments de Québec et de
Montréal, récemment débarqués en Angleterre,
s'apprêtent à rejoindre prochainement, en France,
le corps expéditionnaire.
DANS LES AIRS
Combat aérien dans la mer du Nord
Le ministère britannique de l'air communique le
10 janvier .
Au cours d'une reconnaissance aujourd'hui, une
formation de la Royal Air Force a rencontré, en
s'éloignant de ses bases, un certain nombre d'avions
de combat ennemis de grande croisière, au-dessus
de la mer du Nord. La bataille qui s'est engagée
a duré près d'une demi-heure.
On a vu un Messerschmitt 110 s'abattre dans les
flots et l'on sait déjà qu'un autre a été contraint
d'atterrir au Danemark.
Nous avons perdu un avion. Nos autres appareils,
ayant battu l'ennemi, poursuivirent leur recon-
naissance jusqu'à sa limite à l'est et revinrent
sains et saufs.
Sur ce combat, une dépêche de Londres donne les
détails complémentaires que voici :
Les appareils britanniques se trouvaient en
reconnaissance à environ 200 milles au large des
côt'es anglaises lorsque les chasseurs ennemis
ouvrirent lefeu..Au cours- d'un vif engagement,.
qui dura presque une demi-heure, l'un des 'avions
l britanniques fut abattu. Sous le feu; de là forma-
tion britannique, un chasseur ennemi tomba à
; la mer en pleine vitesse. Un autre chasseur alle-
mand fut si sérieusement touché qu'il put tout
. juste atteindre la côte du Danemark, où il a été
interné avec- son pilote. Finalement, les chasseurs
ennemis abandonnèrent alors la lutte.
La formation britannique poursuivit sa mission
de reconnaissance sur une distance de 130 milles.
L'attaque avait été menée par des nouveaux
chasseurs allemands très rapides : des Messer-
schmitt bimoteurs 110 armés de plusieurs canons.
Les appareils britanniques réussirent à tenir la
formation en échec en se maintenant en ordre
impeccable et en ouvrant un feu simultané contre
les assaillants qui attaquaient par vagues succes-
sives.
Il est établi qu'un troisième chasseur allemand
a été endommagé.
Bien que portant les marques du violent combat
auquel ils avaient pris part, les appareils bri-
tanniques sont rentrés sains et saufs a leur base,
à l'exception d'un d'entre eux.
Patrouilles britanniques
sur les bases d'hydravions allemandes
Le communiqué suivant a été publié le 10 janvier
par le ministère britannique de l'air :
Au cours de la nuit dernière, des avions de
la R. A. F. ont effectué une nouvelle patrouille
au-dessus des bases d'hydravions ennemies et des
bombes ont été lancées près de l'île de Sylt.
Selon des informations venues du Danemark,
des dégâts auraient été causés à des propriétés
danoises touchant à la frontière. S'il était établi
que ces dégâts ont été causés par l'aviation bri-
tannique, le gouvernement danois serait remboursé
intégralement.
SUR
La perte du paquebot « Dunbar=Castle »
Le paquebot de 10,000 tonnes, Dunbar-Castle,
courrier du Cap, qui a sauté mardi sur une mine,
au large de la côte sud-est de l'Angleterre, comme
nous l'avons annoncé hier, faisait partie d'un
convoi en route pour l'Afrique du Sud. Sous la
violence de l'explosion, le navire s'est rompu en
deux et a coulé en un quart d'heure.
Il y avait à bord 158 hommes d'équipage et qua-
rante-huit passagers, dont une douzaine de fem-
mes et neuf enfants, dont deux bébés. Le com-
mandant du navire, le capitaine Causton, ainsi
que deux membres de l'équipage ont été tués ;
quatre autres et un passager auraient disparu.
Le désastre a été si rapide que les survivants
n'ont pu sauver aucun de leurs effets personnels
et qu'ils ont été débarqués la nuit sans argent et
presque sans vêtements dans les ports de la côte
sud:
Le capitaine Causton, a déclaré un des passagers,
était sur le pont au moment de l'explosion. Grièvement
blessé lors de l'effondrement du mât, il eut le courage
néanmoins de se traîner jusqu'à sa cabine pour sau-
ver le livre de bord. Il perdit connaissance en arrivant
la porte et expira en quelques minutes. Son officier en
second, M." Robertson, découvrit le cadavre de son chef
qu'il transporta, bien que blessé lui-même, dans une
chaloupe de sauvetage. Après quoi, il prit Je comman-
dement' des opérations.
Les attaques de navires par des avions
allemands
, L'amirauté britannique a publié, mercredi soir, le
communiqué suivant :
Au sujet du communiqué publié, mardi soir, par
l'amirauté, se rapportant aux attaques effectuées
par l'aviation ennemie contre les petits navires
marchands, de nouvelles informations ont main-
tenant été reçues annonçant que les deux navires
danois Ivan-Kondrup, jaugeant 2,369 tonnes, et
Feddy, 955 tonnes, que l'on croyait tout d'abord
coulés, sont toujours à flot et seront, croit-on, ra-
menés au port.
On est toujours sans informations en ce qui con-
cerne le nombre des victimes à bord de ces deux
navires.
Une autre information rapporte que le navire
britannique Oak-Grove (1,935 tonnes), a été atta-
qué par des avions et coulé. Le nombre des vic-
times n'a pas encore été définitivement établi, mais
on croit que 20 membres de l'équipage ont été
ramenés à terre.
L'AGRESSION SOVIETIQUE COR LA FINLANDE
Sur quatre points, à l'Est, les Russes
ont été rejetés au=delà de la frontière
Le commandement suprême de l'armée finlandaise
publie le communiqué suivant :
Sur terre. - La journée du 9 janvier a été
relativement calme dans l'isthme de Caréiie, à
l'exception de l'habituel feu de harcèlement de
l'artillerie et de l'activité des patrouilles.
Rien d'autre à signaler durant la journée.
L'ennemi a continué a se fortifier.
.Sur le front oriental, au nord du lac Ladoga,
les troupes finlandaises ont dispersé un bataillon
ennemi."Les Soviets -ont laissé sur le terrain deux
cents tués et les Finlandais ont fait quarante
prisonniers.
Une attaque ennemie à Ruhtinanmseki a été
repoussée.
Dans la région de Suomussalmi-Raate, les
troupes finlandaises ont atteint la frontière sovié-
tique et nettoyé le terrain jusqu'à celle-ci. C'est
le quatrième point sur lequel l'ennemi a été
repoussé jusqu'en territoire soviétique.
Ailleurs sur le front, rien d'important à signa-
ler. L'activité des patrouilles finlandaises continue
avec succès.
Sur mer. - Les avions ennemis, dans la jour-
née d'hier, ont tenté sans résultat un certain
nombre de bombardements contre divers objectifs
de la côte du golfe de Finlande et du lac Ladoga.
Les batteries au Ladoga et de Koivisto ont pris
part aux opérations de terre.
- Dans les airs. - Rien d'important à signaler
dans Tactivité ennemie au cours de la journée.
L'aviation finlandaise a accompli, aujourd'hui,
un certain nombre de reconnaissances. En plus
des avions annoncés comme détruits au commu-
niqué du 5 janvier, on a découvert aujourd'hui
un autre avion abattu le même jour, ce qui porte
le nombre des avions soviétiques abattus, ce jour-
là, à neuf.
Le communiqué soviétique
Voici le communiqué de l'état-major du district
de Leningrad, diffusé par la radio soviétique, le
10 janvier, à minuit (heure locale) :
Dans la journée du 10 janvier, rien d'essentiel à
signaler. En plusieurs points, activité des patrouilles
d'éclaireurs et tir d'artillerie.
En raison du mauvais temps, l'aviation soviétique n'a
fait que quelques vols de reconnaissance.
Le général belge Badoux
parle du « prodige finlandais »
On mande de Bruxelles, le 10 janvier :
Le général belge Emile Badoux, qui vient de
rentrer en Belgique après avoir apporté depuis
avril 1939 une collaboration de premier plan à
l'organisation défensive de l'isthme de Carélie, a
exposé au critique militaire du Soir quelques-uns
des aspects essentiels du « prodige finlandais ».
Après un émouvant hommage à la Finlande,
« peuple pastoral épris de liberté », ainsi qu'à l'en-
durance et à la vaillance de l'armée active finlan-
daise, "petite' éh nombre, mais supérieurement bien
encadrée, le général Badoux a déclaré notamment :
J'ai vu se battre les Français et les Anglais. J'ai- com-
mandé sur l'Yser les meilleurs des fameux « Mannen
vàn de génie », mais quand j'ai vu à l'oeuvre le soldat
finlandais, j'ai été étonné.
Il a ajouté :
Dans l'abri très moderne que j'ai fait construire, l'ob-
servateur armé d'une mitraillette est dans sa « cloche ».
Comme ses camarades du bas, il est invulnérable. Le
béton l'entoure comme jadis l'armure protégeait le che-
valier féodal. Il voit et on ne le voit pas. Il tire par une
embrasure que l'obus ne peut atteindre. Deux mitrail-
leuses lourdes lancent des rafales de flanc, conjuguant
leurs feux avec les armes des blockhaus voisins.
Tous les ouvrages de la ligne Mannerheim sont en-
tourés de réseaux de fil de fer très denses : le mitrail-
leur finlandais laisse les Russes s'en approcher et c'est
seulement à trois cents, voire deux cents mètres qu'il
ouvre le feu. C'est un véritable fauchage de vies humai-
nes. Les hécatombes signalées journellement par les
communiqués du gouvernement finlandais sont vrais.
Le général Badoux signale également l'action
meurtrière des canons antichars dont, d'armée fin-
landaise est abondamment pourvue et le rôle ef-
ficace des corps francs de skieurs finlandais qui
tombent sur les colonnes russes à l'improviste et
les harcèlent comme de « véritables essaims de
guêpes ».
Interrogé sur la valeur des troupes soviétiques,
le général Badoux a répondu : ,
J'ai vu des prisonniers russes. Je ne puis que les
qualifier de « bétail humain ». Même leurs gradés 6ont
qua6i illettrés, et j'ai parlé à un lieutenant qui l'était
entièrement.
Cês hommes, pauvrement vêtus, viennent des ré-
gions lointaines de la Russie, ils ignorent pour quoi et
pour qui ils se battent. Leur matériel est très bon, mais
ils ne savent pas s'en servir. Leurs chefs ne sont ni
tacticiens, ni techniciens. Les vagues d'assaut sont lan-
cées et décimées l'une après l'autre.
Le général Badoux a conclu qu'il avait fait
construire les ouvrages fortifiés de la ligne Man-
nerheim avec « la conviction que la victoire fin-
landaise serait celle du monde civilisé ».
Un prince de Liechtenstein dans l'armée
finlandaise
On mande d'Helsinki, le 10 janvier :
Le prince Ferdinand de Liechtenstein est arrivé
hier à Helsinki; il s'est engagé comme volontaire
dans l'armée finlandaise et rejoindra son corps
demain.
[Né en 1901 à Salzbourg, le prince Ferdinand-André
de Liechtenstein est de la troisième branche de la fa-
mille de Liechtenstein. Il est fils du prince Edouard de
Liechtenstein 'qui, autrefois, habitait Vienne.]
La presse nazie veut ignorer
la victoire finlandaise
La victoire finlandaise de Raate n'a pas été
mentionnée dans la presse et la radio allemande
d'hier. " " . ;
Aujourd'hui les journaux nazis, visiblement
embarrassés, reproduisent le communiqué finlan-
dais relatif à cette victoire en omettant la liste
du butin conquis sur les Soviets et en le rédui-
sant à la formule suivantes : « Les combats de
ces derniers jours aujour de Suomussalmi se sont
terminés à l'avantage des Finlandais. »
Les journaux nazis sont encore plus discrets
que les Soviets, car ils ne reproduisent pas le
passage du communiqué soviétique qui avoue le
recul des troupes russes.
On peut rapprocher cette discrétion exemplaire
d'une campagne déclenchée hier par la presse
nazie contre les citoyens allemands qui manifes-
tent leur sympathie pour la cause finlandaise.
L organe nazi de Dusseldorf Der Mittag, s'en pre-
nant à ce qu'il appelait « des effusions sentimen-
tales déplacées », écrivait :
Certains Allemands manifestent plus de compréhen-
sion pour le peuple finnois qu'ils n'en ont jamais eu
pour leur propre peuple. Ile trouveraient bon que le
sang allemand soit de nouveau versé pour la cause
finlandaise. Ils ne savent pas et ne veulent pas savoir
que la Finlande a très mal récompensé jadis l'aide des
corps francs allemands et que le gouvernement finnois
n'a pas tenu les promesses qui leur avaient été faites.
Il a même été jusqu'à refuser, l'an dernier, le visa d'en-
trée aux délégations des régiments allemands qui vou-
laient assister aux fêtes commémoratives de l'indé-
pendance finlandaise. Seul le comte von der Goltz a
pu obtenir un visa, après de longues négociations.
Les bruits de mutineries
dans l'armée rouge
Le correspondant à Copenhague du journal hollan-
dais De Telegraaf mande, le 10 janvier :
Les bruits d'après lesquels des mutineries se
seraient produites à l'arrière des lignes soviétiques
prennent une forme plus caractérisée.
On confirme aujourd'hui de source sûre que le
haut commissaire politique soviétique Mechlis se
trouve actuellement à Léningrad, où il enquête
sur les agissements des commissaires politiques.
Ces commissaires sont rendus responsables des
défaites russes, et une grande action d'épuration
est en préparation.
Mechlis a présidé à Léningrad une réunion de
trois cents des plus hauts commisaires de l'armée
et il a été décidé de réorganiser les services des
commissariats. De nombreux commissaires ont
déjà été suspendus et de nouveaux commissaires
ont été envoyés de Moscou vers différents fronts.
Un correspondant de l'agence Havas sur le front de
Finlande télégraphie, le 10 janvier :
Il semble bien qu'il y ait eu une mutinerie
russe le 29 décembre dans l'endroit où je me trou-
vais. Durant toute la journée les Russes n'ont pas
tiré un coup de fusil, mais on a entendu de temps
en temps, du côté russe, des coups de feu et des
cris qui ne cessaient pas. Les patrouilles finlan-
daises envoyées au crépuscule ont pu également
se rendre compte que les Russes avaient aban-
donné leurs positions avancées, laissant leurs ar-
mes, leurs munitions, leurs paquetages. Dans
I après-midi, des' avions de bombardement sovié-
tiques ont survolé les cantonnements des troupes
rouges et jeté trois bombes.
Arrestations à Leningrad
pour audition des émissions finlandaises
On mande d'Helsinki ^ l'agence Havas, le 10 janvier ï
Selon des renseignements de bonne source ve-
nus de Léningrad, un certain nombre d'arresta-
tions ont eu lieu en U.R.S.S. pour audition d'émis-
sions de la radio finlandaise en langue russe.
Un appel de « l'armée nationale finlandaise »
On mande de Moscou, le 10 janvier :
La radio soviétique a diffusé un appel de
1' « armée nationale finlandaise » (détachement
communiste constitué par le gouvernement d'Otto
Kuusinen) aux marins du brise-glace Siedov, qui
se trouve emprisonné par les glaces arctiques :
Chers camarades, dit l'appel, vous allez bientôt sortir
de la nuit polaire et revenir dans votre grande patrie.
II en est de même de nous, Finlandais. Avec l'aide fra-
ternelle de l'armée rouge, nou6 délivrerons la Fin-
lande des bandits qui l'infestent. La nuit dans laquelle
croupissait notre pays prend fin.
L'AIDE A LA FINLANDE
On mande d'Helsinki, le 10 janvier :
Le parti social-démocrate finlandais a invité le
parti travailliste anglais à envoyer des délégués
en Finlande, afin de persuader les éléments socia-
listes anglais qui doutent encore de l'utilité de
l'aide à la Finlande de la nécessité de ce concours.
Une invitation similaire a été jugée inutile
pour le parti socialiste français, dont les jour-
naux proclament l'urgence de venir au secours
de la Finlande.
On mande de Londres, le 10 janvier :
Le commissaire David C. Lamb, de l'Armée du
Salut, a déclaré à la Press Association que dix
tonnes de vivres et quinze tonnes de vêtements,
destinées à l'oeuvre de secours à la Finlande, ont
été détruites lors d'un raid soviétique de bom-
bardement en ce pays.
Ces envois, constitués grâce à des collectes orga-
nisées par l'Armée du Salut, avaient été stockés
provisoirement au poste des douanes d'Abo. Au
cours d'un raid, cet édifice avait subi des dégâts,
mais les vivres et les vêtements avaient été épar-
gnés. On les avait chargés sur un train pour qu'ils
fussent répartis entre soixante-dix centres ; mais
le train fut bombardé et les envois complètement
détruits.
Le commissaire Lamb a ajouté qu'un officier
de l'Armée du Salut a été tué et trois autres bles-
sés en Finlande.
Un projet de loi américain
prévoit l'annulation de la dette finlandaise
On mande de Washington, le 11 janvier :
M. Mac Kellar, sénateur démocrate du Ten-
nessee, a déposé un projet de loi proposant l'an-
nulation de la dette de la Finlande aux Etats-
Unis.
L'annulation de la dettre prendrait date du
1er décembre 1939, et le projet de loi contient une
clause prévoyant le remboursement à la Fin-
lande de tous les payements effectués depuis cette
date.
Le matériel de guerre britannique
commence à arriver en Finlande
On mande de Londres, le 10 janvier :
Le matériel de guerre britannique commence à'
arriver en Finlande, écrit le rédacteur militaire
de l'agence Reuter, et ne manquera pas de rendre
plus de services aux défenseurs du pays que te
butin ramassé sur le champ de bataille; une
grande partie de ce dernier sera, en effet, inuti-
sable en raison du gel et de l'humidité. »
La neutralité de la Norvège et le passage
sur son territoire d'armes pour la Finlande
On mande d'Oslo, le 10 janvier :
A propos de l'article du Voelkischer Beobachter,
prétendant que l'envoi d'armes en Finlande par
les puissances occidentales, en exécution de l'arti-
cle 16 du pacte de la Société des nations, serait
incompatible avec la neutralité des pays Scandi-
naves, la presse norvégienne affirme de nouveau
la volonté de la Norvège de s'en tenir strictement
aux règles juridiques de la neutralité.
Le Dagblad observe que l'article 16 du pacte p'a
par été invoqué par les puissances occidentales;
mais, en vertu de l'article 7 de la convention de
la Haye, la Norvège ne peut refuser le passage
d'armes sans prendre une attitude non neutre à
l'égard de la Finlande.
Il est inexact que les puissances occidentales
aient demandé le passage dans des formes incom-
patibles avec "la neutralité. Si elles le faisaient,
les demandes seraient repoussées par la Suède et
la Norvège.
Pour la Finlande
Un comité vient d'être fondé à Paris par
Mrs. Gertrude Moulton, personnalité américaine
très connue pour sa sollicitude à l'égard des ar-
tistes et de leurs oeuvres. Ce comité, « l'Aide aux
victimes finlandaises », est ainsi constitué : pré-
sidente, Mrs. Gertrude Moulton; trésorier, M. Ga-
briel Brizon; secrétaire, Mme Claude Holma ;
membres, Mme Roland de Margerie, comtesse de
Fels, Mme Rosenbroiger, comtesse Théodore Hey-
den, M; André,de Fouquières, hon. William Wald-
hams. Xa présidente d'honneur est Mme Holma,
femme du ministre de Finlande en France.
Sous le haut patronage du président de la Ré-
publique et de Mme Albert Lebrun, une soirée
exceptionnelle aura lieu le 8 février prochain à
l'Opéra.
Le comité « l'Aide aux victimes finlandaises »
a son siège, 30, cours Albert-Ier, Paris (8°). Tél.
Ely. 67-89.
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