Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-06-08
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juin 1939 08 juin 1939
Description : 1939/06/08 (Numéro 28392). 1939/06/08 (Numéro 28392).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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JEUDI 8 JUIN 1939
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CHEQUE POSTAL i Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE T '
La Situation internationale: les Négociations anglo-
franco-russes ; la Collaboration, franco-britan-
nique. .. '-, ? -
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - Le Problème palesti-
nien, GEORGES MEYER.- Les Evénements d'Es-
pagne.
PAGE 3
Défense de la langue française, LANCELOT. - A la
Chambre. - Au Sénat.
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.
PAGE 4
Nouvelles du Jour. - Armée. - Marine. - La ,Vie
économique. - Echos et Informations.
PAGE 5
La Mode et les moeurs, GERMAINE BEAUMONT. -R
Faits-divers.- Tribunaux.- Sports.- Les Pro-
vinces à Paris Bulletin météorologique.
PAGE G
Les Spectacles : Théâtres; Cinémas.- La T. S. F.-
Nouvelles commerciales.
PAGE V
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Signature
des pactes de non-agression germano-letton et
germano-estonien. - Le Défilé des légionnaires
espagnols à Rome. - En Roumanie.
Paris; - n 1939
BULLETIN DU JOUR
L'ESPAGNE
ET LES PUISSANCES TOTALITAIRES
Le rapatriement des « volontaires » italiens
et allemands qui ont combattu eif Espagne
dans le camp du général Franco donne lieu
dans les deux pays totalitaires à des manifes-
tations caractéristiques de l'intervention con-
certée et permanente de ces deux puissances
dans la guerre civile espagnole. Il y a là l'aveu
de la violation constante de l'accord de non-
intervention par les gouvernements de Berlin
et de Rome, et cet aveu public conduit à faire
de sérieuses réflexions sur la confiance que
l'on peut faire à des ' engagements pris solen-
nellement par des pouvoirs dictatoriaux qui ne
connaissent d'autre règle que celle qui favorise
la fin de leur politique particulière. On était
fixé depuis longtemps sur les circonstances et
les,: conditions de l'intervention italienne, car
M. Mussolini a fait preuve à plusieurs reprises
d'une certaine impatience à réclamer pour les
légionnaires fascistes lë principal mérite des
succès militaires remportés par les nationa-
listes espagnols, sur leurs adversaires républi-
cains. La propagande fasciste l'a même fait
. avec un manque de discrétion dont les Espa-
gnols, qui mi, eux aussi, leur.. fierté, ont paru
parfois #émcdgffife? Les allemànds, . ? qui? ne
furent pas moins actifs que les Italiens de
l'autre côté des Pyrénées, ont su attendre leur
heure pour mettre en valeur les services ren-
dus par eux à la cause nationaliste pendant
toute la durée du.conflit.
Ce n'est que. maintenant que la « légion
Condor « est rapatriée qu'on se plaît, de l'autre
côté du Rhin, à établir le bilan de son activité.
Le Fûhrer, en saluant hier les « volontaires »
allemands retour d'Espagne, a confirmé que
dès l'été 1936 - la révolté militaire a éclaté
de l'autre côté des Pyrénées le 17 juillet - il
avait pris la résolution de répondre à la de-
mande d'assistance du général Franco afin,
dit-il, de protéger non seulement l'Espagne,
mais l'Europe rentière contre la menace d'une
révolution. Gomme-M. Mussolini avait pris la
même résolution, ce-fut là la première dé-
monstration, paraît-il, de la communauté
d'idéal des deux dictatures. Cette intervention
concertée, organisée, et qui-pendant plus de
deux ans s'est développée dans la guerre civile
espagnole, n'empêcha point lés gouvernements
de Berlin et de Rome .de signer à la -même
époque l'accord général de non-intervention
proposé par la France et l'Angletèrre. Le
miracle est que, dans ces . conditions, il ait été
possible, malgré tout* d'empêcher la guerre
civile espagnole de dégénérer en conflit euro-
péen. Que l'on puisse se vanter publiquement
de la violation systématique d'engagements
pris, cela donne une singulière 'idée de la
moralité politique, de notre époque et de cette
anarchie des esprits qui est un défi permanent
à toutes les règles morales d'une société inter-
nationale organisée, . ?
Du moins, le;retrait des légionnaires italiens
et des légionnaires allemands qui jouèrent un
rôle décisif dans la guerre, civile d'Espagne
est-il aujourd'hui un fait accompli. Ce retrait
avait été -décidé .à l'unanimité par le comité
dè"r non-intervention de Londres - y compris
donc avec l'assentiment de l'Allemagne et de
l'Italie - bien avant la dernière phase du
conflit. Cette décision ne reçut à aucun moment
un commencement appréciable d'exécution, et
on a su s'arranger de manière à n'effectuer
le rapatriement des « volontaires » italiens et
allemands qu'une fois la victoire du général
Franco définitivement acquise. On est en droit
de supposer que s'il n'avait dépendu que du
seul gouvernement de Rome de maintenir
certaines- forces fascistes suc le territoire
espagnol, le retrait total des légions étrangères
ne se serait pas accompli à cette heure. Mais
le général; Franco devait à ses compatriotes la
satisfaction morale et politique d'éloigner de
son pays ceux qui furent ses alliés dans la
guerre civile et pour lesquels les sacrifices
qu'ils ont consentis à la cause nationaliste
devaient être compensés par des avantages
politiques et économiques importants.. La for-
mule d'une Espagne nouvelle ; entièrement in-
dépendante et souveraine exclut par définition
la présence de forces étrangères, sous quelque
prétexte 'que ce soit, sur le territoire et dans;
les possessions de l'Espagne. Quoi,qu'il" en;
soit, une dés clauses essentielles de l'accord
italo-britanniqùé se trouvé enfin remplie par
Je rapatriement des légionnaires italiens, mais
-encore est-il à -noter que cette clause n'est pas
exécutée dans son véritable esprit,-puisque les
légions fascistes ont laissé dé l'autre côté des
Pyrénées, à la disposition du pouvoir nationa-
liste, l'énorme matériel de guerre qui a permis
au général Franco de remporter la victoire.
Ést-ce à dire qu'il suffit du rapatriement des
légionnaires italiens et allemands pour affran-
chir définitivement l'Espagne nouvelle de toute
tutelle politique des puissances totalitaires?
Ceci reste à démontrer., car il ne fait point de
doute que le général Franco, qui a affirmé à
plusieurs reprises sa volonté d'entretenir de
bonnes relations avec toutes les puissances et
de tenir son pays à l'écart des grandes rivalités
internationales, demeure tenu à beaucoup de
ménagements à l'égard de l'Allemagne natio-
nale-socialiste et de l'Italie fasciste, de l'exem-
ple desquelles il s'efforce de s'inspirer pour j
établir de l'autre côté des Pyrénées un régime
autoritaire adapté, dans la mesure du possible, J
au tempérament espagnol. Le, message que le j
Caudillo. vient d'adresser au conseil national J
l de la Phalange comporte à ce point de vue
[ quelques passages qui doivent retenir l'atten-
tion. Constatant qu aux. problèmes militaires
des premiers temps succèdent les problèmes
d'ordre économique, le gênerai Franco s'est
plaint que l'Espagne ait été méconnue par le
monde international et que, privée de crédits
extérieurs, elle doive construire les fondations
de son existence sur des bases d'austérité et de
discipliné. Il s'est félicité que son pays ait pu
échapper aux crises provoquées par les grandes
tensions européennes et il n'a pas manqué de
rendre un tribut'de gratitude à la nation soeur,
le Portugal, - qui est l'allié de l'Angleterre, il
ne faudrait pas l'oublier, et qui s'affirme plein
de méfiance devant toute idée d'impérialisme
ibérique, - et à l'Italie et à l'Allemagne, « na-
tions chères, a-t-il dit, qui ont formé le front
de notre mouvement ».
Ce qui est plus surprenant, c'est que le géné-
ral Franco ait cru devoir faire allusion au fait
que l'Espagne serait l'objet des ambitions de
certains peuples et qu'elle ne saurait demeurer
indifférente à ce qu'il appelle « les exploiteurs
des fausses démocraties ». Il s'est plaint que
l'accord Jordana-Bérard ne soit exécuté qu'avec
une excessive lenteur, et il a dénoncé on ne sait
quelle « offensive secrète » contre la patrie
espagnole, d'où il a conclu à la nécessité pour
l'Espagne de se préparer à se défendre et à
résister à l'encerclement. De quel encerclement
s'agit-il? Le Caudillo serait sans doute bien
embarrassé pour le préciser, mais il est main-
tenant dans la manière de sa politique de re-
prendre les formules dont on se sert volontiers
à Berlin et à Rome. Il avait déjà fait allusion à
un « empire » espagnol; en évoquant la me-
nace invraisemblable d'un « encerclement », il
reprend le thème par lequel le Fuhrer .et le;
Duce ont créé la mystique.national-socialiste .
et fasciste; II n'est pas certain qu'une telle
politique soit comprise par l'ensemble de la
nation espagnole, dont le tempérament indivi-
dualiste ne s'accommode guère des idéologies
étrangères, et qui a trop de bon sens et de me-
sure pour se laisser égarer par la perspective
d'un péril qhi n'a jamais éxisté, du moins du
côté où on prétend le dénoncer.
LE « BLOC »
DE LA DEFENSE NATIONALE
Les divers groupes politiques de la Chambre
des députés devaient hier procéder au renou-
vellement des grandes commissions de cette
assemblée. Les grandes commissions ont seu-
lement été « reconduites », selon l'expression
mise à la mode dans le langage parlemen-
taire. Mais la faveur nouvelle de ce mot n'ap-
porte aucune clarté supplémentaire à la chose.
Les grandes commissions sont « reconduites »,
c'est-à-dire qu'elles restent ce qu'elles étaient.
Depuis la constitution de la Chambre actuelle,
les opinions de : certains de ses membres ont
pu changer, une majorité se former qui n'est
pas, céllè qu'on .vif,,Briller .première
partie de-4a législature; les membres de la
minorité d'aujourd'hui conservent leurs avan-
tages, ou, si l'on préfère, leurs responsabilités.
Nous ne songeons à le .reprocher à personne,
afin de n'avoir point à le reprocher à tout le
monde.
Mais ce qui ne se « reconduit » point si faci-
lement, si commodément, c'est la politique de
la France. L'oeuvre de « redressement », entre-
prise par le gouvernement avec l'appui d'une
majorité nouvelle, a tout de même changé
autre chose que le ton des discours gouverne-
mentaux. Les mesures rigoureuses prises pour
assurer la sécurité nationale, les sacrifices de-
mandés au pays ont servi d'épreuve au loya-
lisme des partis politiques. En inaugurant et
en continuant l'oeuvre gouvernementale et par-
lementaire de « redressement », de « relève-
ment », les républicains qui réprouvent les
manoeuvres révolutionnaires des socialistes et
des communistes n'ont obéi qu'à leur devoir
patriotique. Ils m'ont pas seulement approuvé
les résolutions, du gouvernement; ils lui ont
fourni les moyens de les exécuter. Ils n'ont pas
voulu tenir compte de l'intérêt électoral, alors
que leurs adversaires, devenus les adversaires
du gouvernement, n'avaient d'autre souci que
de ne point encourir les responsabilités nou-
velles. Il est visible, il. est certain que cette
opposition parlementaire d'extrême gauche se
promet d'accuser, les républicains, patriotes
d'avoir voulu la cherté de la vie, l'augmenta-
tion des impôts, et toutes les rigueurs auxquel-
les le gouvernement a dû soumettre le peuple
de France, et que le peuple de France a coura-
geusement acceptées. Mais, entre le citoyen
clairvoyant et l'électeur étourdi par des haran-
gues « vengeresses », les futurs candidats du
socialisme et du communisme espèrent dresser
des « cloisons étanches ». Ils n'ont pas renoncé
à l'espoir d'obtenir les bulletins de vote de
quelques catégories des braves gens qui accla-
ment M. Daladier parlant au nom de la
France...
Peut-être appartiendrait-il au gouvernement
de M. Daladier de ne point encourager leur
tactique électorale, de priver, sans abus de
pouvoir, leur propagande de ce qu'elle a d'obli-
que, de mensonger, de calomnieux. « La dé-
fense nationale est un bloc » : cette maxime
honore le chef du gouvernement qui en a fait
sa devise. Mais il ne faudrait pas que, dès
aujourd'hui, ce- bloc s'effritât sous l'action
sournoise des adversaires mêmes du gouver-
nement : « La défense nationale est un bloc » ;
donc à chacun selon son mérite, et que ceux
qui. nuisent à la défense nationale, en menant
campagne contre le gouvernement, ne soient
pas confondus avec ceux qui se montrent
prêts, chaque jour, à soutenir tous les , efforts
du gouvernement.!. ;? ; ^ -
Il est possible que, de ce point de vue, la
« Reconductions des grandes commissions 4e
la Chambre des* députés n'ait pas confirmé,
autant qu'on devait le souhaiter, l'accord indis-
pensable entre le gouvernement et la majorité
républicaine. . : ,
LA QUESTION CROATE
On télégraphie de Zagreb :
« Les pourparlers en vue de conclusion d'un
accord serbo-croate ne sont pas rompus mais
seulement interrompus » a déclaré M. Tsvetko-
vitch, président.du conseil, à des journalistes, à
Karlovats, au cours de sa visite dans les régions
qui ont souffert des récentes inondations.
Nous avons marqué un temps d'arrêt, a-t-il ajouté
en substance, parce qu'il y a certains points à éclaircir,
mais il n'y a pas de rupture ; la bonne volonté demeure
des deux côtés et on aboutira parce qu'il faut qu'on
aboutisse.
Mu a marge
Il est aussi vain de tout croire que de tout nier.
Mais les sceptique, dirait-on, a moins de prestige
que l'apôtre, puisqu'on entoure plus volontiers,
le Montreur de mystères que le Démonstrateur
de faits. L^esprit s'ennuie, peut-être, et cherche
à se. divertir aux îjeux du déràisonnable et méme
de l'abracadabrant. Voici une trentaine de gens
faisant métier d'écrire, d'imaginer, d'observer, de
critiquer, de comprendre, qui ont soumis leurs
mains à.l'examen d'un « chirologue », M. (Edmond
bénisti, et le fruit de ces « prospections » est
un livre que j'ai sous les yeux : la Main de
l'Ecrivain., J'emprunte le mot de « prospection. »
au préfacier, M. Gabriel Marcel, lùi-même sujet
prospecté, puis séduit. « Quelle ne fut pas ma
surprise, écrit-il, quand je constatai que l'hermé-
neutique où il [l'auteur] excelle lui permettait
de dégager peu à peu des traits de mon carac-
! tère, de ma personnalité dont moi-même je
n'avais jamais pris clairement conscience et que
mes familiers eussent été certainement incapables
de dégager par eux-mêmes ! »
L'excuse de M. Gabriel Marcel (car il en faut
une à sa crédulité évidemment suggestionnée...)
est de moins croire à la science de M. Edmond
Bénisti qu'à son art : « Pas plus que l'artiste, le
chirologue ne. peut nous éclairer sur le modus
operandi qui est le sien. » Il m'eût plu de m'en-
tendre révéler qu'entre la main de l'examiné et
l'oeil, de l'examinateur un fluide , passe, qui com-
munique à celui-ci les secrets de celui-là. Mais
non ; c'est la forme de la main qui permet au
chirologue de composer des « portraits psycholo-
giques ». Entre le Mont de Lune'et la Coupole
.Vénus, 41 aperçoit les Lignes de la Vie et ,dé
la Destinée... L'écartement entre, l'auriculaire, qui .
est Mercure, et. l'annulaire, qui .est Apollon,, lui
indique l'« Indépendance d'Action ». Du poignet
au bout .du petit doigt, il discerne le « Pouvoir
d'Expression »,. Enfin, les « Paradis artificiels »
se logent tout au bas de la paume, en forme
d'accent circonflexe...
Qu'on ne suppose point, toutefois, que les écri-
vains « prospectés » se soient crus pénétrés d'une
lumière merveilleuse. Le témoignage de la plu-
part d'entre eux porte la marque d'une bienveil-
lante ou complaisante ironie. Jacques Chardonne
se félicite de connaître désormais sa personne
« jusqu'au bout des doigts ». Et je suppose
qu'André Thérive a rafraîchi le climat actuel des
cafés littéraires en attestant que ses « phalanges
onglées »' lui confèrent l'« aptitude à officier pour
un rite social ». Quant à M. André Maurois, il
est apparu au chirologue dans « une attitude de
nonchaloir et de détachement aristocratique »
qui « cache un grand souci de travailler sans
cesse Mais M, Edmond Bénisti n'en avait-il
pas été auparavant informé par ces questions que
lui adressa, par téléphone, M. André Maurois :
« Sera-ce long ? C'est la main gauche qué vous
étudiez ? Pourrais-je, pendant votre examen, tra-
vailler de la main droite ?... » A feuilleter le
volume de M, Edmond Bénisti, je me suis plu-
sieurs fois demandé si son art divinatoire, n'était?
pas aussi satirique et s'il avait pu regarder sans
rire les plus railleurs de ses « prospectés ».
Mais mon incrédulité me rabaissé'; 7 Je me sens
relégué au dernier rang que, dans sa préface fer-
vente, M. Gabriel Marcel assigne aux négateurs
systématiques de Ja- chirologie. .Attardé dans %?
promiscuité de « postulats qu'une. métaphysique
digne d,6'-ce nom a'dtepuîs longtemps pulvérisés »,
j'en subis, " avec d'autres « esprits obstinés et
paresseux », l'«. empire funeste », - et je reste
étranger à l'« oeuvre immense de récupération
intellectuelle qui s'édifie lentement'sous nos yeux
sur les décombres d'une dogmatique scientiste
heureusement effondrée ». Cette littérature sis-
mique me porte à chercher abri chez Molière
selon qui « la parfaite raison fuit toute extré-
mité ».
JEAN LEFRANC.
LE CONFLIT SINO- JAPONAIS
Arrestation et mort d'un sujet britannique
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi matin 7 juin :
Un incident grave vient de se produire à
Shanghaï, où un sujet britannique, M. Tinkler, a
succombé ce matin : à des blessures qu'il , avait
reçues à la suite d'une bagarre avec des Japonais.
Des troubles ayant éclaté près- de l'usine où
M. Tinkler était employé, a Pootung, près de
Shanghaï, M. Tinkler intervint, mais il fut arrêté
et reçut plusieurs coups de baïonnette de soldats
japonais, de marins, et une grave blessure causée
par un coup de crosse. Transporté dans un hôpital
voisin, il y fut opéré par des médecins japonais
et allemands, mais succomba à ses blessures. ;
Le gouvernement anglais tiendra à Savoir s'il
est exact, comme on l'a* dit, que les troubles de
Pootung ont été provoqués délibérément par les
Japonais, qui ont ensuite arrêté M. Tinkler et
l'ont criblé de blessures. Us ont ensuite refusé
de remettre le blessé aux Anglais, prétendant qu'il
était en état d'arrestation.
D'autre part, on télégraphie de Shanghaï :
L'enquête officielle sur les circonstances de la
mort de M. Tinkler se poursuit. On croit que les
blessures ont été reçues*; non au cours de la
bagarre qui s'est produite au moment de l'arres-
tation, mais plus tard, dans les locaux de la police
nippone où M. Tinkler avait été emmené.
Les autorités consulaires britanniques auraient
l'intention de protester énergiquement, car elles
considèrent cet incident comme grave.
Démarches britannique à Tokio
On télégraphie de 'Tokio :
Sir Robert Craigie, ambassadeur de Grande-
Bretagne à Tokio, a rendu visite mardi après-midi
à M. Arita, ministre des affaires étrangères du
Nippon ; l'entretien a duré une demi-heure et a
porté sUr diverses questions.
L'ambassadeur a notamment demandé au mi-
nistre de s'entremettre auprès des. autorités
navales nippones pour , que celles-ci fissent relâ-
cher un cargo qui avait été saisi pour avoir, dit-
on fait de la contrebande d'armes et de munitions
au profit du gouvernement du maréchal Tchiang
Kaï Chek.
Les autorités britanniques de Tientsin
rejettent une demande japonaise
On télégraphie ,de tientsin :
Lès autorités britanniques 'de Tientsin ont
rejeté la demande japonaise d'extradition des
meurtriers de M. Tçhen Tchi Kang, superintendant
des douanes de Tientsin.
M. Tchen Tchi Kang fut assasSîné à coups de
revolver, dans un cinéma de la concession britan-
nique, en avril dernier.
M. Jamieson, consul général de Grande-Bretagne
à Tsientsin, a communiqué mardi cette décision
aux autorités nippones en déclarant que la culpa-
bilité des individus soupçonnés n'était pas prou-
vée. M. Jamieson agissait sur des instructions
reçues de Londres.
L'offensive japonaise dans le Chansi
On télégraphie de Tokio :
On mande de Taituyan, capitale de la province
du Chansi, que deux colonnes japonaises se sont
emparées, après un violent combat, de Lieu-Lin-
Tchen, à l'ouest de la province. Lieu-Lin-Tchen
se trouve à trente kilométrés du fleuve Jaune, qui
sépare à cet endroit la province du Chansi et
celle du Chensi.
LA SITUATION INTERNATIONALE
US NEGOCIATIONS FOUR LE PACTE
ASfflMR.4NC0=Rl!SSE
Notre correspondant particulier à Londres téléphone
mercredi matin :
Le. conseil des ministres anglais, dans sa séance
hebdomadaire d'aujourd'hui, discute : la récente
réponse de la Russie aux propositions anglo-fran-
çaises qui avaient été remises au Kremlin ?e
27 mai. Il est probable qu'une déclaration sera
faite ensuite au nom du gouvernement à la
Chambre des communes pour expliquer l'état
présent des négociations et la façon dont le gou-
vernement de Londres se propose de les faire
aboutir.
Aux deux questions qui restaient pendantes
hier, l'une se rapportant à la référence aux prin-
cipes du pacte de la Société des nations contenue
dans le projet de traité, l'autre à la garantie que
l'U. R. S. S. désire pour la Finlande, l'Estonie et
la Lettonie, il s'en serait ajouté une troisième.
On dit en effet que le gouvernement russe dési-
rerait qu'en cas de guerre les trois puissances
alliées s'engagent à ne pas conclure d'armistice
ni de paix séparés.
On continue de penser à Londres que les trois
républiques baltes restent foncièrement hostiles
à toute garantie et on n'est pas sûr que la formule
plus générale qui a été suggérée -suivant la-
quelle l'U. R. S. S. recevrait l'appui de la France
et de l'Angleterre si. elle était menacée « direc-
tement otf -indirectement » - donne satisfaction
à Moscou.
LA COLLABORATION
FRANCO=BRITANNIQUE
Le séjour du général Gamelin à Londres
Notre correspondant particulier à Londres téléphone
mercredi matin 7 juin :
Le général Gamelin, arrivant à Londres pour
une visite de quatre jours, a été salué hier à son
arrivée à la gare Victoria par les trois chefs des
forces navales, militaires et aériennes de la
Grande-Bretagne en grand uniforme. Cet honneur
exceptionnel rendu au commandant en chef des
armées françaises sera suivi ce soir d'une nou-
velle. Cérémonie. Le général Gamelin recevra, en
effet, le salut de l'armée britannique à la grande
retraite aux flambeaux, connue sous le nom de
« tattoo », d'Aldershot. Le général, qui est des-
cendu à l'ambassade de. France, sera conduit au-
jourd'hui par lord Gort, chef de l'état-major géné-
. râl-'anglais, à Sandhurst, où il visitera le collège
royal militaire, et à Minley, où il inspectera le
collège d'état-major.
. La presse anglaise souhaite la bienvenue au
général Gamelin et souligne que sa visite et les
onneurs qui lui sont rendus marquent la conso-
lidation, des liens qui Unissent actuellement sur
le'terrain international la France et la Grande-
. Bretagne. Cette visité permettra aussi des échanges
de. vues militaires importants, d'une part sur la
défense éventuelle de certains pays de l'Europe
i orien tale, d'autre "part sUr l'organisation'èt l'ins-
tructiôn -de la nouvelle armée nationale britan-
? ' . . v ;
Le rédacteur diplomatique du Times constate,
à propos de la visite à Londres du général Game-
lin, que la collaboration entre les Etats déjà mem-
bres du système de. sécurité collective devient de
plus en plus pratique :
- 'L'e générai, Gamelin est ici, dit-il, et beaucoup de
problèmes "techniques seront discutés pendant sa visite,
il -est probable que le général aura des informations
êt fournir sur les récentes conversations franco-polo-
naises qui ont eu lieu à Paris. Du côté britannique,
on se montrera désireux d'échanger des vues sur de
Nombreuses questions, par exemple sur les méthodes
d'entraînement de la nouvelle milice anglaise, avec ce
grand soldat doublé d'un philosophe.
Dans un autre éditorial, le Times se félicite de
nouveau de la visite du général Gamelin. Là visite
vient donner une nouvelle et tangible preuve « de
l'accroissement de la volonté et des moyens
d'action de résistance à l'agression, qui a été carac-
téristique, de la France et de la Grande-Bretagne,
a,u cours, des derniers mois ».
E DUFF COOPER
REPOND AU DISCOURS DU FUHRER
i . . t/,* . : '? ? . :. ! . _ - ' '. . '
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi 7 juin:
Lè ^discours que M. Hitler a prononcé hier à
l'arrivée en Allemagne de 20,000 soldats allemands
q&î ont combattu en Espagne a fait une impres-
sion déplorable en Angleterre : 1° parce que le
chancelier du Reich a reconnu avec cynisme que
dès le, mois de. juillet 1936 il a décidé d'intervenir
en Espagne, conjointement avec M. Mussolini;
2° parce qu'il s'est permis d'insulter publiquement
la Grande-Bretagne en l'accusant d'avoir volé les
colonîes allemandes. :
'M. Duff Cooper, ancien ministre de la marine,
parlant hier à Finchley, faubourg de Londres, a
déclaré que la réponse de l'Angleterre à cette in- ?
suite devra être l'enrôlement de 100,000 nouveaux |
volontaires en vingt-quatre heures :
Ceux d'entre nous, dit-il, qui se rappllent les années:
dp paix avant la dernière guerre se rendent compte
qu'il aurait été impossible qu'un homme d'Etat respon-
sable -T- si celui-ci est encore responsable, ce dont
qùelques-uns d'entre nous commencent à douter, à en
juger par ses actes et par ses paroles, - qu'un
homme responsable en tout cas du destin de' 80 mil- j
lions d'hommes et peut-être de l'Europe et du monde
lance une insulte violente à un pays qui est encore le
plus grand et le plus puissant en Europe.
.L'heure est passée d'échanger des notes avec ceux
qui emploient un pareil langage. De l'aveu, de l'inter-
vention criminelle et illégale des Allemands en Espagne,
Wils ont massacré des populations inoffensives comme :
à Guernica, on conclut que désormais toutes les pro-
testations de non-intervention par le Reich dans un
pays, étranger et toutes les dénonciations de prétendus
mensonges des pays démocratiques seront absolument
dénuées de valeur. .'
;JU ----»
. <- '' - . :
Déclaration finlandaise sur la question
' " des îles Aland et la neutralité
. 1 -
«m*
l' On télégraphie de Helsingfors :
? ; Dans une déclaration devant la Diète sur la
question des îles Aland, M. E. Erkko, ministre des
affaires étrangères, faisant allusion au débat au-
quel a donné lieu le problème des îles Aland, au
conseil de la Société des nations, a tenu à souli-
gner que le projet de remilitarisation des îles
Aland était de la plus grande importance pour la
Finlande, qui se voit obligée de renforcer sa dé-
fense.
Le chef de la politique étrangère finlandaise a
indiqué également que le détail des mesures de re-
militarisation projetées aux îles Aland avait été
communiqué aux puissances signataires de la con-
vention de 1921, mais pas à la Russie.
M. Erkko a tenu à préciser que le fait pour la
Finlande de mener avec la Suède des pourparlers
relatifs au plan de remilitarisation des îles Aland
ne constituait pas un abandon de la politique de
neutralité; la Finlande reste d'ailleurs fidèle à sa
politique de coopération avec les Etats nordiques.
Parlant des négociations que poursuivent
actuellement les grandes puissances, le ministre
des . affaires étrangerès a répétè qûe la Finlande ne'
pouvait accepter une garantie de sécurité qui lùi
serait donnée sans son acquiescement.'
« Quiconque souhaiterait nous aider sans en
être prié par nous, a-t-il conclu, serait considéré
comme Un envahisseur et sera repoussé comme
tel. »
Les rapports anglo-polonais
On mande de Londres :
L'ambassadeur de Pologne a rendu visite mardi
après midi au premier ministre et à Lord Halifax.
On croit savoir que les conversations qui ont
eu lieu entre ces trois hommes d'Etat ont eu trait
aux points complémentaires concernant la con-
clusion >'e l'accord financier et politique entre la
Grande-Bretagne et la Pologne découlant du pacte
d'assistance mutuelle conclu entre les deux pays.
Les membres de la mission militaire britan-
nique qui se sont rendus en Pologne rentrent en
Angleterre avec un rapport sur les différents
aspects de la situation des armements polonais.
Le Financial Times annonce que « la discus-
sion se poursuit entre la Grande-Bretagne et la
Pologne, en vue de l'octroi d'un emprunt au gou-
vernement de Varsovie. L'envoi d'armes, et par-
ticulièrement de canons et de tanks, à la Pologne,
sera sans doute prévu dans l'accord en voie de
négociation, accord qui va très prochainement
être soumis à l'approbation du cabinet. >
LA PRESSE ALLEMANDE
ET LES PACTES DE NON AGRESSION
AVEC L'ESTONIE ET LA LETTONIE
Notre correspondant particulier de Berlin téléphone
mercredi matin 7 juin [:
M. Selter, ministre des affaires étrangères
d'Estonie, et M. Munters, ministre des affaires
étrangères de Lettonie, sont arrivés hier à Ber-
lin, le premier én avion, le second en chemin de
fer, pour signer des pactes de non-agression
avec l'Allemagne.
On sait que ces signatures auront lieu ce matin
à la Wilhelmstrasse.
La presse allemande souligne l'importance de
ces pactes qui, d'après elle, témoigneraient de la
volonté pacifique du Reich... L'Allemagne ne
cherche pas à faire entrer les Etats baltes dans
un bloc contre ses adversaires : elle se conten-
terait de leur neutralité. Cette politique est op-
posée à celle de l'Angleterre qui serait prête,
pour plaire à la Russie soviétique, à imposer
aux mêmes Etats une garantie dont ils ne veu-
lent à aucun prix.
Jugements contradictoires
sur la demande soviétique de garantie
des Etats baltes
On sera frappé de voir des journaux allemands
juger la demande soviétique de façon tout à fait
contraire : pour le Lokal-Anzeiger, la formule
exigée par Moscou aurait pour résultat rfle mettre
la paix européenne à la merci du bolchevisme;
celui-ci pourrait, en effet, arguer à tout moment
-d'une -« menace indirecte » contre la Russie à
travers lès. Etats haltes. I] aurait toujours la
possibilité -d'y provoquer des incidents qu'il
prendrait ensuite comme prétexte d'un conflit.
En revanche, Te Voelkischer Beobachter tient
les exigences des Soviets pour parfaitement jus-
tifiées. Selon l'organe national-socialiste, ce n'est
pas'des Soviets que viendrait le péril, mais des
puissances occidentales, et les Russes auraient
raison de se mettre en garde contre une éven-
tualité où ils risqueraient de se voir enfermés
dans le golfe de Finlande, en s'assurant des ports
de l'Estonie et de la Lettonie, notamment de
Riga!
Le respect de la neutralité balte
par l'Allemagne, une simple fiction
Ce journal soutiendrait-il peut-être qu'en
pareil cas l'Allemagne laisserait faire la Russie
et respecterait la neutralité des Etats baltes?
Notons qu'il ne va point jusque là! Il préfère le
silence sur ce point. Mais il suffit d'évoquer
cette éventualité, comme le fait le Voelkischer
Beobachter,. pour se rendre compte que le res-
pect de la neutralité des Etats baltes par l'Alle-
magne, dont on se vante ici, est une simple fic-
tion qui ne résisterait pas à deux jours de
guerre : l'Allemagne envahirait immédiatement
les Etats baltes, soi-disant pour les « protéger »
contre les armées russes... C'est dire que les
traités actuels font partie d'une petite guerre di-
plomatique dont nul ne doit s'exagérer l'impor-
tance, pas même Berlin.
Il est piquant de lire dans la presse allemande
que les négociations avec l'Estonie et la Lettonie
ont commencé au lendemain du message de
M. RooSevelt. Dans son discours du 28 avril,
lisons-nous, M. Hitler a dénoncé les buts déma-
gogiques de ce message, mais, en même temps,
il s'est déclaré prêt à ,donner sa garantie aux
trente-deux Etats mentionnés par le président
américain.
Les deux traités qui seront conclus ce matin
seraient donc un succès pour Washington.
LA NEUTRALITE DES ETATS=UNIS
Un discours de M. Sumner Welles
On télégraphie de New-York :
M. Sumner Welles, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères, parlant au banquet de l'uni-
versité de Columbia, a souligné l'importance des
Etats-Unis dans la lutte pour le maintien de la
j paix et a défendu la revision de la loi de neu-
tralité dans un sens favorable aux pays pacifiques.
« Aujourd'hui, une question très importante se
pose à nous, a-t-il dit. Devrons-nous exercer notre
influence dans les limites sages de notre politique
traditionnelle qui consiste a ne pas nous enga-
ger dans des accords politiques avec les pays
étrangers, ou devrons-nous attendre nonchalam-
ment que la catastrophe vienne, si elle yient, et
alors chercher à sauver c.e qu'il sera possible de
retirer du naufrage ? »
M. Sumner Welles a proposé alors : 1° de main-
tenir les forces militaires et navales américaines
à un tel niveau que les (Etats-Unis ne puissent
devenir les victimes d'une agression et qu'ils soient
en état de se joindre à leurs voisins du continent
dans une défense efficace ; 2° reviser la législa-
tion de neutralité en sorte que, dans la mesure
du possible, elle fournisse l'assurance que les
Etats-Unis n'entreront pas dans une guerre qu'ils
ne cherchent,pas et que, tout en maintenant cette
position de neutralité, une "telle loi né'constitue
pas un encouragement et même une assistance
aux partisans de la conquête militaire dans les
autres parties du monde.
1 Commentaires allemands
On télégraphie de Berlin :
Le service de presse officieux Deutscher Dienst
écrit, à propos du discours de M. Sumner Welles,
sous-secrétaire d'Etat américain :
Son essai de justification est une phraséologie sans
force qui n'est vraiment pas faite pour faire impres-
sion en Allemagne. En Allemagne, on n'a pas l'habitude
de se mêler des affaires américaines. Par notre attitude,
nous prouvons que le peuple allemand désire vivre
en paix avec le peuple américain. Le régime actuel à
Washington veut-il oui ou non prouver la même chose
par une attitude semblable?
La Berliner Boersen Zeitung déclare que ce
discours est « une tardive tentative pour sauver
la politique extérieure de Roosevelt » et qu'il se
signale par « un illogisme politique caractéris-
tique ».
Questions aériennes
LA POSITION STRATÉGIQUE
dé l'Italie
Coupant le centre de la Méditerranée Comme
une immense digue que prolongent vers
l'orient les côtes libyennes et les îles du Dodé-
canèse, l'Italie occupe une position stratégique
de premier ordre qui lui permet de tenir Sous
sa menace toutes les communications mari-
times du bassin et, grâce à l'aviation, de porter
l'offensive jusqu'au coeur même des Etats qui
en forment le pourtour : avec la vitesse des
appareils modernes, Bordeaux, Paris, Bel-
grade, Athènes, Tunis, Alger sont à deux heu-
res à peine des aérodromes de la Lombardie,
de la Sicile ou de la Sardaigne; Constanti-
nople, Ankara, Suez, le Caire, à la même
distance des terrains de Rhodes ou de la Cyr.é-
naïque.
De la place d'armes qu'elle occupe, l'aviation
italienne pourrait ainsi concentrer, à volonté,;
l'action de ses escadres sur le point le plus
important du théâtre d'opérations méditerra-
néen, oriental ou occidental, interdire aux
flottes adverses l'utilisation, des bases de Tou-.
Ion, Alger, Tunis, Malte ou de l'archipel', et
soumettre au bombardement le Sud-Est de la
France, le Mogreb oriental, l'Egypte et lès
Etats balkaniques. Si, reniant l'histoire et la)
raison, l'Italie entrait en conflit avec ses voi-,
sins, elle se trouverait placée d'emblée au
centre même des lignes de bataille, d'où elle
pourrait immédiatement faire sentir le fer à!
ses adversaires et leur causer .de redoutables
blessures. Mais les avantages de cette position
centrale sont au moins compensés par les ris.-
ques qu'elle court de subir à son tour les atta-,
ques concentriques de ses voisins sans pouvoir
en atténuer les effets par l'éloignement et la
dispersion de ses centres vitaux.
L'Italie offre à ce point de vue une ,vulnéra-.
bilité particulière : son territoire est sans pro-
fondeur; la vallée du Pô s'étend sur une Ion-,
gueur de 400 kilomètres à peine et la péninsule
ne dépasse pas 250 kilomètres dans sa plus
grande largeur. Toute la production s'y trouve
enserrée. La situation est encore aggravée par
le relief du pays : les Apennins, couvrant la
majeure partie du territoire, ont refoulé la
presque totalité de l'industrie dans l'étroit basa
sin du Pô, où elle forme une proie pour l'avia-
tion. En quelques heures, l'ensemble des usines,
de guerre pourrait subir des destructions irré-
parables. D'autre part, la montagne a rejeté
au bord de la mer les voies ferrées assurant
les communications entre le Nord et le Sud
de la péninsule, ce qui rend leur protection
impossible contre les attaques venant du large;
les transports risqueraient d'être rapidement
paralysés avec toutes les conséquences qui ert
découlent pour les opérations militaires et pour
l'activité générale du pays.
Un danger analogue menace les ports : au-,
cun golfe profond ne les met en retrait du
; littoral directement menacé; tous Sont «;à fleur;
de côte » et seraient bombardés sans que.
! l'aviâtion de défense ait le temps de s'y oppor
ser. I*a baie de Nàples elle-même, remarqua-
blement protégée du point, de vue maritime
par les puissants môles de la Sardaigne et de
la Sicile qui commandent l'entrée de la mèç
Tyrrhénienne, l'est infiniment moins contre les
attaques aériennes. Sur mer, la surveillance
des 160 milles qui séparent Palerme et Ca-
gliari peut être assurée d'une façon constante
par les forces navales; mais, contre l'aviation,
un barrage permanent est impossible à éta-
blir au large et les bombardiers auraient
beaucoup de chances d'atteindre leurs objec-
tif sans rencontrer l'obstacle d'une défense,
avancée. .
En Libye, les conditions géographiques sont
encore moins favorables. Toutes les installa-,
tions importantes se trouvent sur la côte sans
que'-la nature désertique de l'intérieur pera
mette d'envisager pour elles un repli qui pour^
rait, seul, les soustraire à la surprise des atta-;
ques aériennes. Lès principaux- centres mili-
taires qui commandent toute l'activité de cette
province de l'empire : Tobrouk, Benghazi, Tri-
poli, seraient ainsi exposés à une destruction
rapide.
La position centrale qu'occuperait l'Italie
dans un conflit européen et l'exiguïté de son
territoire rendent donc ? extrêmement vulnéra-
bles tous les éléments de sa défense : les ports,'
les terrains d'aviation, les usines de guerre,
les centres .d'approvisionnements, les commu-
nications.
Bien différente est la situation des Etats dont,
par une erreur fatale, l'Italie risque de faire
ses adversaires. Que ce soit l'Angleterre, la
France, ou les nations balkaniques, ces pays
occupent par rapport à la péninsule des posi-
tions périphériques offrant de vastes étendues
et bénéficiant de libres communications avec
les principales sources du ravitaillement mon-,
dial. Tout en restant en m'esure de faire con-,
verger leurs attaques sur l'adversaire, commun,
ils peuvent rendre leurs installations moins
faciles à détruire en les dispersant et, au be-
soin, en les reculant hors de portée pratique
de l'aviation. Nos bases aériennes, en parti-
culier, pourraient être repliées vers l'O.uest de
la France ou de l'Algérie, de simples plates-
formes de relais étant maintenues plus près de
la frontière. Une partie de nos usines seraient,
au besoin, transférées au Maroc ou en Grande-
Bretagne et, si ces territoires eux-mêmes ve-
naient à être sérieusement menacés, nous
aurions encore la possibilité de faire appel à
la production du continent américain. Les
Etats balkaniques ou du Proche-Orient ont la
faculté de prendre des dispositions du même-
ordre :,les plaines .du Danube, les profondeurs
de la Russie, de l'Asie Mineure et de l'Egypte
leur permettraient d'établir aussi loin que
cela serait nécessaire les bases d'où s'élan-
ceraient intactes leurs forces d'attaque.
Ainsi apparaissent en même temps, du point
de vue aérien, les avantages décisifs dont
bénéficient les Etats placés à la périphérie
et l'infériorité de la position centrale de
l'italie.
Cette vulnérabilité, que l'Italie doit à sa
situation géographique, aurait en cas de guerre
des conséquences d'autant plus graves que les
ressources naturelles du pays sont très limitées
et que l'interruption complète des communi-
cations maritimes ne permettrait pas de rem-
placer les approvisionnements soumis à une
destruction méthodique. Le haut commande-
ment italien se flatte, on le sait, de parer à ce
danger en imposant « par le déclenchement
foudroyant de masses aériennes et terrestres »
une guerre courte. Qu'un tel mode d'action
corresponde au tempérament d'un peuple par-
ticulièrement accessible à l'enthousiasme, nul
ne voudrait le contester, mais que, dans une
lutte entre grandes nations européennes, il
puisse conduire à un dénouement rapide, l'ex-
périence comme le raisonnement en interdi-
sent l'espoir.
Devant les risques mortels qu'un conflit avec
les puissances occidentales et les Etats balka-
niques ferait courir à l'Italie, comment ses
chefs pourraient-ils se laisser entraîner vers
cet abîme .? XXX.
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, EUE DES ITALIENS, "A PARIS (9e),> et dans tous les Bureaux de Poste
JEUDI 8 JUIN 1939
JONDATEUR : Auguste NEFFTZER (1881)
ANCIENS DIRECTEURS I
Adrien (1867-1014)
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LOUIS-MI T IT 1 (1838-1831)
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TÉLÉPHONE: Cinq lignes groupées ; TAITBOUT 76.60
i\ v v 'ji- , ' V -» . . *
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. : .i ; ' ,v. - - r; :r .. v ? t . , ?.il;" : . i. ; > " ' -?-
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, DÉFABTEHENTS ET COLONIES FRANÇAISES V. Troll mois 52 fr. Six mois 98 fr. Il m 185 fr.
/ Pays accordant tut réduction de 50 0/0
ÉTHAHGÏH... ] «ur 1m tarii» postai..... - 92fr. - I75fr. - 340fr.
( Autres paji - 130 fr. - 260fr. - 500 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
IJn numéro (PARIS et DÉPARTEMENTS) : 'î'îï centimes
ANNONCES : AUX BUREAUX DU'SSEMPS, 5, rue des Italiens,
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHEQUE POSTAL i Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE T '
La Situation internationale: les Négociations anglo-
franco-russes ; la Collaboration, franco-britan-
nique. .. '-, ? -
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - Le Problème palesti-
nien, GEORGES MEYER.- Les Evénements d'Es-
pagne.
PAGE 3
Défense de la langue française, LANCELOT. - A la
Chambre. - Au Sénat.
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.
PAGE 4
Nouvelles du Jour. - Armée. - Marine. - La ,Vie
économique. - Echos et Informations.
PAGE 5
La Mode et les moeurs, GERMAINE BEAUMONT. -R
Faits-divers.- Tribunaux.- Sports.- Les Pro-
vinces à Paris Bulletin météorologique.
PAGE G
Les Spectacles : Théâtres; Cinémas.- La T. S. F.-
Nouvelles commerciales.
PAGE V
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Signature
des pactes de non-agression germano-letton et
germano-estonien. - Le Défilé des légionnaires
espagnols à Rome. - En Roumanie.
Paris; - n 1939
BULLETIN DU JOUR
L'ESPAGNE
ET LES PUISSANCES TOTALITAIRES
Le rapatriement des « volontaires » italiens
et allemands qui ont combattu eif Espagne
dans le camp du général Franco donne lieu
dans les deux pays totalitaires à des manifes-
tations caractéristiques de l'intervention con-
certée et permanente de ces deux puissances
dans la guerre civile espagnole. Il y a là l'aveu
de la violation constante de l'accord de non-
intervention par les gouvernements de Berlin
et de Rome, et cet aveu public conduit à faire
de sérieuses réflexions sur la confiance que
l'on peut faire à des ' engagements pris solen-
nellement par des pouvoirs dictatoriaux qui ne
connaissent d'autre règle que celle qui favorise
la fin de leur politique particulière. On était
fixé depuis longtemps sur les circonstances et
les,: conditions de l'intervention italienne, car
M. Mussolini a fait preuve à plusieurs reprises
d'une certaine impatience à réclamer pour les
légionnaires fascistes lë principal mérite des
succès militaires remportés par les nationa-
listes espagnols, sur leurs adversaires républi-
cains. La propagande fasciste l'a même fait
. avec un manque de discrétion dont les Espa-
gnols, qui mi, eux aussi, leur.. fierté, ont paru
parfois #émcdgffife? Les allemànds, . ? qui? ne
furent pas moins actifs que les Italiens de
l'autre côté des Pyrénées, ont su attendre leur
heure pour mettre en valeur les services ren-
dus par eux à la cause nationaliste pendant
toute la durée du.conflit.
Ce n'est que. maintenant que la « légion
Condor « est rapatriée qu'on se plaît, de l'autre
côté du Rhin, à établir le bilan de son activité.
Le Fûhrer, en saluant hier les « volontaires »
allemands retour d'Espagne, a confirmé que
dès l'été 1936 - la révolté militaire a éclaté
de l'autre côté des Pyrénées le 17 juillet - il
avait pris la résolution de répondre à la de-
mande d'assistance du général Franco afin,
dit-il, de protéger non seulement l'Espagne,
mais l'Europe rentière contre la menace d'une
révolution. Gomme-M. Mussolini avait pris la
même résolution, ce-fut là la première dé-
monstration, paraît-il, de la communauté
d'idéal des deux dictatures. Cette intervention
concertée, organisée, et qui-pendant plus de
deux ans s'est développée dans la guerre civile
espagnole, n'empêcha point lés gouvernements
de Berlin et de Rome .de signer à la -même
époque l'accord général de non-intervention
proposé par la France et l'Angletèrre. Le
miracle est que, dans ces . conditions, il ait été
possible, malgré tout* d'empêcher la guerre
civile espagnole de dégénérer en conflit euro-
péen. Que l'on puisse se vanter publiquement
de la violation systématique d'engagements
pris, cela donne une singulière 'idée de la
moralité politique, de notre époque et de cette
anarchie des esprits qui est un défi permanent
à toutes les règles morales d'une société inter-
nationale organisée, . ?
Du moins, le;retrait des légionnaires italiens
et des légionnaires allemands qui jouèrent un
rôle décisif dans la guerre, civile d'Espagne
est-il aujourd'hui un fait accompli. Ce retrait
avait été -décidé .à l'unanimité par le comité
dè"r non-intervention de Londres - y compris
donc avec l'assentiment de l'Allemagne et de
l'Italie - bien avant la dernière phase du
conflit. Cette décision ne reçut à aucun moment
un commencement appréciable d'exécution, et
on a su s'arranger de manière à n'effectuer
le rapatriement des « volontaires » italiens et
allemands qu'une fois la victoire du général
Franco définitivement acquise. On est en droit
de supposer que s'il n'avait dépendu que du
seul gouvernement de Rome de maintenir
certaines- forces fascistes suc le territoire
espagnol, le retrait total des légions étrangères
ne se serait pas accompli à cette heure. Mais
le général; Franco devait à ses compatriotes la
satisfaction morale et politique d'éloigner de
son pays ceux qui furent ses alliés dans la
guerre civile et pour lesquels les sacrifices
qu'ils ont consentis à la cause nationaliste
devaient être compensés par des avantages
politiques et économiques importants.. La for-
mule d'une Espagne nouvelle ; entièrement in-
dépendante et souveraine exclut par définition
la présence de forces étrangères, sous quelque
prétexte 'que ce soit, sur le territoire et dans;
les possessions de l'Espagne. Quoi,qu'il" en;
soit, une dés clauses essentielles de l'accord
italo-britanniqùé se trouvé enfin remplie par
Je rapatriement des légionnaires italiens, mais
-encore est-il à -noter que cette clause n'est pas
exécutée dans son véritable esprit,-puisque les
légions fascistes ont laissé dé l'autre côté des
Pyrénées, à la disposition du pouvoir nationa-
liste, l'énorme matériel de guerre qui a permis
au général Franco de remporter la victoire.
Ést-ce à dire qu'il suffit du rapatriement des
légionnaires italiens et allemands pour affran-
chir définitivement l'Espagne nouvelle de toute
tutelle politique des puissances totalitaires?
Ceci reste à démontrer., car il ne fait point de
doute que le général Franco, qui a affirmé à
plusieurs reprises sa volonté d'entretenir de
bonnes relations avec toutes les puissances et
de tenir son pays à l'écart des grandes rivalités
internationales, demeure tenu à beaucoup de
ménagements à l'égard de l'Allemagne natio-
nale-socialiste et de l'Italie fasciste, de l'exem-
ple desquelles il s'efforce de s'inspirer pour j
établir de l'autre côté des Pyrénées un régime
autoritaire adapté, dans la mesure du possible, J
au tempérament espagnol. Le, message que le j
Caudillo. vient d'adresser au conseil national J
l de la Phalange comporte à ce point de vue
[ quelques passages qui doivent retenir l'atten-
tion. Constatant qu aux. problèmes militaires
des premiers temps succèdent les problèmes
d'ordre économique, le gênerai Franco s'est
plaint que l'Espagne ait été méconnue par le
monde international et que, privée de crédits
extérieurs, elle doive construire les fondations
de son existence sur des bases d'austérité et de
discipliné. Il s'est félicité que son pays ait pu
échapper aux crises provoquées par les grandes
tensions européennes et il n'a pas manqué de
rendre un tribut'de gratitude à la nation soeur,
le Portugal, - qui est l'allié de l'Angleterre, il
ne faudrait pas l'oublier, et qui s'affirme plein
de méfiance devant toute idée d'impérialisme
ibérique, - et à l'Italie et à l'Allemagne, « na-
tions chères, a-t-il dit, qui ont formé le front
de notre mouvement ».
Ce qui est plus surprenant, c'est que le géné-
ral Franco ait cru devoir faire allusion au fait
que l'Espagne serait l'objet des ambitions de
certains peuples et qu'elle ne saurait demeurer
indifférente à ce qu'il appelle « les exploiteurs
des fausses démocraties ». Il s'est plaint que
l'accord Jordana-Bérard ne soit exécuté qu'avec
une excessive lenteur, et il a dénoncé on ne sait
quelle « offensive secrète » contre la patrie
espagnole, d'où il a conclu à la nécessité pour
l'Espagne de se préparer à se défendre et à
résister à l'encerclement. De quel encerclement
s'agit-il? Le Caudillo serait sans doute bien
embarrassé pour le préciser, mais il est main-
tenant dans la manière de sa politique de re-
prendre les formules dont on se sert volontiers
à Berlin et à Rome. Il avait déjà fait allusion à
un « empire » espagnol; en évoquant la me-
nace invraisemblable d'un « encerclement », il
reprend le thème par lequel le Fuhrer .et le;
Duce ont créé la mystique.national-socialiste .
et fasciste; II n'est pas certain qu'une telle
politique soit comprise par l'ensemble de la
nation espagnole, dont le tempérament indivi-
dualiste ne s'accommode guère des idéologies
étrangères, et qui a trop de bon sens et de me-
sure pour se laisser égarer par la perspective
d'un péril qhi n'a jamais éxisté, du moins du
côté où on prétend le dénoncer.
LE « BLOC »
DE LA DEFENSE NATIONALE
Les divers groupes politiques de la Chambre
des députés devaient hier procéder au renou-
vellement des grandes commissions de cette
assemblée. Les grandes commissions ont seu-
lement été « reconduites », selon l'expression
mise à la mode dans le langage parlemen-
taire. Mais la faveur nouvelle de ce mot n'ap-
porte aucune clarté supplémentaire à la chose.
Les grandes commissions sont « reconduites »,
c'est-à-dire qu'elles restent ce qu'elles étaient.
Depuis la constitution de la Chambre actuelle,
les opinions de : certains de ses membres ont
pu changer, une majorité se former qui n'est
pas, céllè qu'on .vif,,Briller .première
partie de-4a législature; les membres de la
minorité d'aujourd'hui conservent leurs avan-
tages, ou, si l'on préfère, leurs responsabilités.
Nous ne songeons à le .reprocher à personne,
afin de n'avoir point à le reprocher à tout le
monde.
Mais ce qui ne se « reconduit » point si faci-
lement, si commodément, c'est la politique de
la France. L'oeuvre de « redressement », entre-
prise par le gouvernement avec l'appui d'une
majorité nouvelle, a tout de même changé
autre chose que le ton des discours gouverne-
mentaux. Les mesures rigoureuses prises pour
assurer la sécurité nationale, les sacrifices de-
mandés au pays ont servi d'épreuve au loya-
lisme des partis politiques. En inaugurant et
en continuant l'oeuvre gouvernementale et par-
lementaire de « redressement », de « relève-
ment », les républicains qui réprouvent les
manoeuvres révolutionnaires des socialistes et
des communistes n'ont obéi qu'à leur devoir
patriotique. Ils m'ont pas seulement approuvé
les résolutions, du gouvernement; ils lui ont
fourni les moyens de les exécuter. Ils n'ont pas
voulu tenir compte de l'intérêt électoral, alors
que leurs adversaires, devenus les adversaires
du gouvernement, n'avaient d'autre souci que
de ne point encourir les responsabilités nou-
velles. Il est visible, il. est certain que cette
opposition parlementaire d'extrême gauche se
promet d'accuser, les républicains, patriotes
d'avoir voulu la cherté de la vie, l'augmenta-
tion des impôts, et toutes les rigueurs auxquel-
les le gouvernement a dû soumettre le peuple
de France, et que le peuple de France a coura-
geusement acceptées. Mais, entre le citoyen
clairvoyant et l'électeur étourdi par des haran-
gues « vengeresses », les futurs candidats du
socialisme et du communisme espèrent dresser
des « cloisons étanches ». Ils n'ont pas renoncé
à l'espoir d'obtenir les bulletins de vote de
quelques catégories des braves gens qui accla-
ment M. Daladier parlant au nom de la
France...
Peut-être appartiendrait-il au gouvernement
de M. Daladier de ne point encourager leur
tactique électorale, de priver, sans abus de
pouvoir, leur propagande de ce qu'elle a d'obli-
que, de mensonger, de calomnieux. « La dé-
fense nationale est un bloc » : cette maxime
honore le chef du gouvernement qui en a fait
sa devise. Mais il ne faudrait pas que, dès
aujourd'hui, ce- bloc s'effritât sous l'action
sournoise des adversaires mêmes du gouver-
nement : « La défense nationale est un bloc » ;
donc à chacun selon son mérite, et que ceux
qui. nuisent à la défense nationale, en menant
campagne contre le gouvernement, ne soient
pas confondus avec ceux qui se montrent
prêts, chaque jour, à soutenir tous les , efforts
du gouvernement.!. ;? ; ^ -
Il est possible que, de ce point de vue, la
« Reconductions des grandes commissions 4e
la Chambre des* députés n'ait pas confirmé,
autant qu'on devait le souhaiter, l'accord indis-
pensable entre le gouvernement et la majorité
républicaine. . : ,
LA QUESTION CROATE
On télégraphie de Zagreb :
« Les pourparlers en vue de conclusion d'un
accord serbo-croate ne sont pas rompus mais
seulement interrompus » a déclaré M. Tsvetko-
vitch, président.du conseil, à des journalistes, à
Karlovats, au cours de sa visite dans les régions
qui ont souffert des récentes inondations.
Nous avons marqué un temps d'arrêt, a-t-il ajouté
en substance, parce qu'il y a certains points à éclaircir,
mais il n'y a pas de rupture ; la bonne volonté demeure
des deux côtés et on aboutira parce qu'il faut qu'on
aboutisse.
Mu a marge
Il est aussi vain de tout croire que de tout nier.
Mais les sceptique, dirait-on, a moins de prestige
que l'apôtre, puisqu'on entoure plus volontiers,
le Montreur de mystères que le Démonstrateur
de faits. L^esprit s'ennuie, peut-être, et cherche
à se. divertir aux îjeux du déràisonnable et méme
de l'abracadabrant. Voici une trentaine de gens
faisant métier d'écrire, d'imaginer, d'observer, de
critiquer, de comprendre, qui ont soumis leurs
mains à.l'examen d'un « chirologue », M. (Edmond
bénisti, et le fruit de ces « prospections » est
un livre que j'ai sous les yeux : la Main de
l'Ecrivain., J'emprunte le mot de « prospection. »
au préfacier, M. Gabriel Marcel, lùi-même sujet
prospecté, puis séduit. « Quelle ne fut pas ma
surprise, écrit-il, quand je constatai que l'hermé-
neutique où il [l'auteur] excelle lui permettait
de dégager peu à peu des traits de mon carac-
! tère, de ma personnalité dont moi-même je
n'avais jamais pris clairement conscience et que
mes familiers eussent été certainement incapables
de dégager par eux-mêmes ! »
L'excuse de M. Gabriel Marcel (car il en faut
une à sa crédulité évidemment suggestionnée...)
est de moins croire à la science de M. Edmond
Bénisti qu'à son art : « Pas plus que l'artiste, le
chirologue ne. peut nous éclairer sur le modus
operandi qui est le sien. » Il m'eût plu de m'en-
tendre révéler qu'entre la main de l'examiné et
l'oeil, de l'examinateur un fluide , passe, qui com-
munique à celui-ci les secrets de celui-là. Mais
non ; c'est la forme de la main qui permet au
chirologue de composer des « portraits psycholo-
giques ». Entre le Mont de Lune'et la Coupole
.Vénus, 41 aperçoit les Lignes de la Vie et ,dé
la Destinée... L'écartement entre, l'auriculaire, qui .
est Mercure, et. l'annulaire, qui .est Apollon,, lui
indique l'« Indépendance d'Action ». Du poignet
au bout .du petit doigt, il discerne le « Pouvoir
d'Expression »,. Enfin, les « Paradis artificiels »
se logent tout au bas de la paume, en forme
d'accent circonflexe...
Qu'on ne suppose point, toutefois, que les écri-
vains « prospectés » se soient crus pénétrés d'une
lumière merveilleuse. Le témoignage de la plu-
part d'entre eux porte la marque d'une bienveil-
lante ou complaisante ironie. Jacques Chardonne
se félicite de connaître désormais sa personne
« jusqu'au bout des doigts ». Et je suppose
qu'André Thérive a rafraîchi le climat actuel des
cafés littéraires en attestant que ses « phalanges
onglées »' lui confèrent l'« aptitude à officier pour
un rite social ». Quant à M. André Maurois, il
est apparu au chirologue dans « une attitude de
nonchaloir et de détachement aristocratique »
qui « cache un grand souci de travailler sans
cesse Mais M, Edmond Bénisti n'en avait-il
pas été auparavant informé par ces questions que
lui adressa, par téléphone, M. André Maurois :
« Sera-ce long ? C'est la main gauche qué vous
étudiez ? Pourrais-je, pendant votre examen, tra-
vailler de la main droite ?... » A feuilleter le
volume de M, Edmond Bénisti, je me suis plu-
sieurs fois demandé si son art divinatoire, n'était?
pas aussi satirique et s'il avait pu regarder sans
rire les plus railleurs de ses « prospectés ».
Mais mon incrédulité me rabaissé'; 7 Je me sens
relégué au dernier rang que, dans sa préface fer-
vente, M. Gabriel Marcel assigne aux négateurs
systématiques de Ja- chirologie. .Attardé dans %?
promiscuité de « postulats qu'une. métaphysique
digne d,6'-ce nom a'dtepuîs longtemps pulvérisés »,
j'en subis, " avec d'autres « esprits obstinés et
paresseux », l'«. empire funeste », - et je reste
étranger à l'« oeuvre immense de récupération
intellectuelle qui s'édifie lentement'sous nos yeux
sur les décombres d'une dogmatique scientiste
heureusement effondrée ». Cette littérature sis-
mique me porte à chercher abri chez Molière
selon qui « la parfaite raison fuit toute extré-
mité ».
JEAN LEFRANC.
LE CONFLIT SINO- JAPONAIS
Arrestation et mort d'un sujet britannique
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi matin 7 juin :
Un incident grave vient de se produire à
Shanghaï, où un sujet britannique, M. Tinkler, a
succombé ce matin : à des blessures qu'il , avait
reçues à la suite d'une bagarre avec des Japonais.
Des troubles ayant éclaté près- de l'usine où
M. Tinkler était employé, a Pootung, près de
Shanghaï, M. Tinkler intervint, mais il fut arrêté
et reçut plusieurs coups de baïonnette de soldats
japonais, de marins, et une grave blessure causée
par un coup de crosse. Transporté dans un hôpital
voisin, il y fut opéré par des médecins japonais
et allemands, mais succomba à ses blessures. ;
Le gouvernement anglais tiendra à Savoir s'il
est exact, comme on l'a* dit, que les troubles de
Pootung ont été provoqués délibérément par les
Japonais, qui ont ensuite arrêté M. Tinkler et
l'ont criblé de blessures. Us ont ensuite refusé
de remettre le blessé aux Anglais, prétendant qu'il
était en état d'arrestation.
D'autre part, on télégraphie de Shanghaï :
L'enquête officielle sur les circonstances de la
mort de M. Tinkler se poursuit. On croit que les
blessures ont été reçues*; non au cours de la
bagarre qui s'est produite au moment de l'arres-
tation, mais plus tard, dans les locaux de la police
nippone où M. Tinkler avait été emmené.
Les autorités consulaires britanniques auraient
l'intention de protester énergiquement, car elles
considèrent cet incident comme grave.
Démarches britannique à Tokio
On télégraphie de 'Tokio :
Sir Robert Craigie, ambassadeur de Grande-
Bretagne à Tokio, a rendu visite mardi après-midi
à M. Arita, ministre des affaires étrangères du
Nippon ; l'entretien a duré une demi-heure et a
porté sUr diverses questions.
L'ambassadeur a notamment demandé au mi-
nistre de s'entremettre auprès des. autorités
navales nippones pour , que celles-ci fissent relâ-
cher un cargo qui avait été saisi pour avoir, dit-
on fait de la contrebande d'armes et de munitions
au profit du gouvernement du maréchal Tchiang
Kaï Chek.
Les autorités britanniques de Tientsin
rejettent une demande japonaise
On télégraphie ,de tientsin :
Lès autorités britanniques 'de Tientsin ont
rejeté la demande japonaise d'extradition des
meurtriers de M. Tçhen Tchi Kang, superintendant
des douanes de Tientsin.
M. Tchen Tchi Kang fut assasSîné à coups de
revolver, dans un cinéma de la concession britan-
nique, en avril dernier.
M. Jamieson, consul général de Grande-Bretagne
à Tsientsin, a communiqué mardi cette décision
aux autorités nippones en déclarant que la culpa-
bilité des individus soupçonnés n'était pas prou-
vée. M. Jamieson agissait sur des instructions
reçues de Londres.
L'offensive japonaise dans le Chansi
On télégraphie de Tokio :
On mande de Taituyan, capitale de la province
du Chansi, que deux colonnes japonaises se sont
emparées, après un violent combat, de Lieu-Lin-
Tchen, à l'ouest de la province. Lieu-Lin-Tchen
se trouve à trente kilométrés du fleuve Jaune, qui
sépare à cet endroit la province du Chansi et
celle du Chensi.
LA SITUATION INTERNATIONALE
US NEGOCIATIONS FOUR LE PACTE
ASfflMR.4NC0=Rl!SSE
Notre correspondant particulier à Londres téléphone
mercredi matin :
Le. conseil des ministres anglais, dans sa séance
hebdomadaire d'aujourd'hui, discute : la récente
réponse de la Russie aux propositions anglo-fran-
çaises qui avaient été remises au Kremlin ?e
27 mai. Il est probable qu'une déclaration sera
faite ensuite au nom du gouvernement à la
Chambre des communes pour expliquer l'état
présent des négociations et la façon dont le gou-
vernement de Londres se propose de les faire
aboutir.
Aux deux questions qui restaient pendantes
hier, l'une se rapportant à la référence aux prin-
cipes du pacte de la Société des nations contenue
dans le projet de traité, l'autre à la garantie que
l'U. R. S. S. désire pour la Finlande, l'Estonie et
la Lettonie, il s'en serait ajouté une troisième.
On dit en effet que le gouvernement russe dési-
rerait qu'en cas de guerre les trois puissances
alliées s'engagent à ne pas conclure d'armistice
ni de paix séparés.
On continue de penser à Londres que les trois
républiques baltes restent foncièrement hostiles
à toute garantie et on n'est pas sûr que la formule
plus générale qui a été suggérée -suivant la-
quelle l'U. R. S. S. recevrait l'appui de la France
et de l'Angleterre si. elle était menacée « direc-
tement otf -indirectement » - donne satisfaction
à Moscou.
LA COLLABORATION
FRANCO=BRITANNIQUE
Le séjour du général Gamelin à Londres
Notre correspondant particulier à Londres téléphone
mercredi matin 7 juin :
Le général Gamelin, arrivant à Londres pour
une visite de quatre jours, a été salué hier à son
arrivée à la gare Victoria par les trois chefs des
forces navales, militaires et aériennes de la
Grande-Bretagne en grand uniforme. Cet honneur
exceptionnel rendu au commandant en chef des
armées françaises sera suivi ce soir d'une nou-
velle. Cérémonie. Le général Gamelin recevra, en
effet, le salut de l'armée britannique à la grande
retraite aux flambeaux, connue sous le nom de
« tattoo », d'Aldershot. Le général, qui est des-
cendu à l'ambassade de. France, sera conduit au-
jourd'hui par lord Gort, chef de l'état-major géné-
. râl-'anglais, à Sandhurst, où il visitera le collège
royal militaire, et à Minley, où il inspectera le
collège d'état-major.
. La presse anglaise souhaite la bienvenue au
général Gamelin et souligne que sa visite et les
onneurs qui lui sont rendus marquent la conso-
lidation, des liens qui Unissent actuellement sur
le'terrain international la France et la Grande-
. Bretagne. Cette visité permettra aussi des échanges
de. vues militaires importants, d'une part sur la
défense éventuelle de certains pays de l'Europe
i orien tale, d'autre "part sUr l'organisation'èt l'ins-
tructiôn -de la nouvelle armée nationale britan-
? ' . . v ;
Le rédacteur diplomatique du Times constate,
à propos de la visite à Londres du général Game-
lin, que la collaboration entre les Etats déjà mem-
bres du système de. sécurité collective devient de
plus en plus pratique :
- 'L'e générai, Gamelin est ici, dit-il, et beaucoup de
problèmes "techniques seront discutés pendant sa visite,
il -est probable que le général aura des informations
êt fournir sur les récentes conversations franco-polo-
naises qui ont eu lieu à Paris. Du côté britannique,
on se montrera désireux d'échanger des vues sur de
Nombreuses questions, par exemple sur les méthodes
d'entraînement de la nouvelle milice anglaise, avec ce
grand soldat doublé d'un philosophe.
Dans un autre éditorial, le Times se félicite de
nouveau de la visite du général Gamelin. Là visite
vient donner une nouvelle et tangible preuve « de
l'accroissement de la volonté et des moyens
d'action de résistance à l'agression, qui a été carac-
téristique, de la France et de la Grande-Bretagne,
a,u cours, des derniers mois ».
E DUFF COOPER
REPOND AU DISCOURS DU FUHRER
i . . t/,* . : '? ? . :. ! . _ - ' '. . '
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi 7 juin:
Lè ^discours que M. Hitler a prononcé hier à
l'arrivée en Allemagne de 20,000 soldats allemands
q&î ont combattu en Espagne a fait une impres-
sion déplorable en Angleterre : 1° parce que le
chancelier du Reich a reconnu avec cynisme que
dès le, mois de. juillet 1936 il a décidé d'intervenir
en Espagne, conjointement avec M. Mussolini;
2° parce qu'il s'est permis d'insulter publiquement
la Grande-Bretagne en l'accusant d'avoir volé les
colonîes allemandes. :
'M. Duff Cooper, ancien ministre de la marine,
parlant hier à Finchley, faubourg de Londres, a
déclaré que la réponse de l'Angleterre à cette in- ?
suite devra être l'enrôlement de 100,000 nouveaux |
volontaires en vingt-quatre heures :
Ceux d'entre nous, dit-il, qui se rappllent les années:
dp paix avant la dernière guerre se rendent compte
qu'il aurait été impossible qu'un homme d'Etat respon-
sable -T- si celui-ci est encore responsable, ce dont
qùelques-uns d'entre nous commencent à douter, à en
juger par ses actes et par ses paroles, - qu'un
homme responsable en tout cas du destin de' 80 mil- j
lions d'hommes et peut-être de l'Europe et du monde
lance une insulte violente à un pays qui est encore le
plus grand et le plus puissant en Europe.
.L'heure est passée d'échanger des notes avec ceux
qui emploient un pareil langage. De l'aveu, de l'inter-
vention criminelle et illégale des Allemands en Espagne,
Wils ont massacré des populations inoffensives comme :
à Guernica, on conclut que désormais toutes les pro-
testations de non-intervention par le Reich dans un
pays, étranger et toutes les dénonciations de prétendus
mensonges des pays démocratiques seront absolument
dénuées de valeur. .'
;JU ----»
. <- '' - . :
Déclaration finlandaise sur la question
' " des îles Aland et la neutralité
. 1 -
«m*
l' On télégraphie de Helsingfors :
? ; Dans une déclaration devant la Diète sur la
question des îles Aland, M. E. Erkko, ministre des
affaires étrangères, faisant allusion au débat au-
quel a donné lieu le problème des îles Aland, au
conseil de la Société des nations, a tenu à souli-
gner que le projet de remilitarisation des îles
Aland était de la plus grande importance pour la
Finlande, qui se voit obligée de renforcer sa dé-
fense.
Le chef de la politique étrangère finlandaise a
indiqué également que le détail des mesures de re-
militarisation projetées aux îles Aland avait été
communiqué aux puissances signataires de la con-
vention de 1921, mais pas à la Russie.
M. Erkko a tenu à préciser que le fait pour la
Finlande de mener avec la Suède des pourparlers
relatifs au plan de remilitarisation des îles Aland
ne constituait pas un abandon de la politique de
neutralité; la Finlande reste d'ailleurs fidèle à sa
politique de coopération avec les Etats nordiques.
Parlant des négociations que poursuivent
actuellement les grandes puissances, le ministre
des . affaires étrangerès a répétè qûe la Finlande ne'
pouvait accepter une garantie de sécurité qui lùi
serait donnée sans son acquiescement.'
« Quiconque souhaiterait nous aider sans en
être prié par nous, a-t-il conclu, serait considéré
comme Un envahisseur et sera repoussé comme
tel. »
Les rapports anglo-polonais
On mande de Londres :
L'ambassadeur de Pologne a rendu visite mardi
après midi au premier ministre et à Lord Halifax.
On croit savoir que les conversations qui ont
eu lieu entre ces trois hommes d'Etat ont eu trait
aux points complémentaires concernant la con-
clusion >'e l'accord financier et politique entre la
Grande-Bretagne et la Pologne découlant du pacte
d'assistance mutuelle conclu entre les deux pays.
Les membres de la mission militaire britan-
nique qui se sont rendus en Pologne rentrent en
Angleterre avec un rapport sur les différents
aspects de la situation des armements polonais.
Le Financial Times annonce que « la discus-
sion se poursuit entre la Grande-Bretagne et la
Pologne, en vue de l'octroi d'un emprunt au gou-
vernement de Varsovie. L'envoi d'armes, et par-
ticulièrement de canons et de tanks, à la Pologne,
sera sans doute prévu dans l'accord en voie de
négociation, accord qui va très prochainement
être soumis à l'approbation du cabinet. >
LA PRESSE ALLEMANDE
ET LES PACTES DE NON AGRESSION
AVEC L'ESTONIE ET LA LETTONIE
Notre correspondant particulier de Berlin téléphone
mercredi matin 7 juin [:
M. Selter, ministre des affaires étrangères
d'Estonie, et M. Munters, ministre des affaires
étrangères de Lettonie, sont arrivés hier à Ber-
lin, le premier én avion, le second en chemin de
fer, pour signer des pactes de non-agression
avec l'Allemagne.
On sait que ces signatures auront lieu ce matin
à la Wilhelmstrasse.
La presse allemande souligne l'importance de
ces pactes qui, d'après elle, témoigneraient de la
volonté pacifique du Reich... L'Allemagne ne
cherche pas à faire entrer les Etats baltes dans
un bloc contre ses adversaires : elle se conten-
terait de leur neutralité. Cette politique est op-
posée à celle de l'Angleterre qui serait prête,
pour plaire à la Russie soviétique, à imposer
aux mêmes Etats une garantie dont ils ne veu-
lent à aucun prix.
Jugements contradictoires
sur la demande soviétique de garantie
des Etats baltes
On sera frappé de voir des journaux allemands
juger la demande soviétique de façon tout à fait
contraire : pour le Lokal-Anzeiger, la formule
exigée par Moscou aurait pour résultat rfle mettre
la paix européenne à la merci du bolchevisme;
celui-ci pourrait, en effet, arguer à tout moment
-d'une -« menace indirecte » contre la Russie à
travers lès. Etats haltes. I] aurait toujours la
possibilité -d'y provoquer des incidents qu'il
prendrait ensuite comme prétexte d'un conflit.
En revanche, Te Voelkischer Beobachter tient
les exigences des Soviets pour parfaitement jus-
tifiées. Selon l'organe national-socialiste, ce n'est
pas'des Soviets que viendrait le péril, mais des
puissances occidentales, et les Russes auraient
raison de se mettre en garde contre une éven-
tualité où ils risqueraient de se voir enfermés
dans le golfe de Finlande, en s'assurant des ports
de l'Estonie et de la Lettonie, notamment de
Riga!
Le respect de la neutralité balte
par l'Allemagne, une simple fiction
Ce journal soutiendrait-il peut-être qu'en
pareil cas l'Allemagne laisserait faire la Russie
et respecterait la neutralité des Etats baltes?
Notons qu'il ne va point jusque là! Il préfère le
silence sur ce point. Mais il suffit d'évoquer
cette éventualité, comme le fait le Voelkischer
Beobachter,. pour se rendre compte que le res-
pect de la neutralité des Etats baltes par l'Alle-
magne, dont on se vante ici, est une simple fic-
tion qui ne résisterait pas à deux jours de
guerre : l'Allemagne envahirait immédiatement
les Etats baltes, soi-disant pour les « protéger »
contre les armées russes... C'est dire que les
traités actuels font partie d'une petite guerre di-
plomatique dont nul ne doit s'exagérer l'impor-
tance, pas même Berlin.
Il est piquant de lire dans la presse allemande
que les négociations avec l'Estonie et la Lettonie
ont commencé au lendemain du message de
M. RooSevelt. Dans son discours du 28 avril,
lisons-nous, M. Hitler a dénoncé les buts déma-
gogiques de ce message, mais, en même temps,
il s'est déclaré prêt à ,donner sa garantie aux
trente-deux Etats mentionnés par le président
américain.
Les deux traités qui seront conclus ce matin
seraient donc un succès pour Washington.
LA NEUTRALITE DES ETATS=UNIS
Un discours de M. Sumner Welles
On télégraphie de New-York :
M. Sumner Welles, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères, parlant au banquet de l'uni-
versité de Columbia, a souligné l'importance des
Etats-Unis dans la lutte pour le maintien de la
j paix et a défendu la revision de la loi de neu-
tralité dans un sens favorable aux pays pacifiques.
« Aujourd'hui, une question très importante se
pose à nous, a-t-il dit. Devrons-nous exercer notre
influence dans les limites sages de notre politique
traditionnelle qui consiste a ne pas nous enga-
ger dans des accords politiques avec les pays
étrangers, ou devrons-nous attendre nonchalam-
ment que la catastrophe vienne, si elle yient, et
alors chercher à sauver c.e qu'il sera possible de
retirer du naufrage ? »
M. Sumner Welles a proposé alors : 1° de main-
tenir les forces militaires et navales américaines
à un tel niveau que les (Etats-Unis ne puissent
devenir les victimes d'une agression et qu'ils soient
en état de se joindre à leurs voisins du continent
dans une défense efficace ; 2° reviser la législa-
tion de neutralité en sorte que, dans la mesure
du possible, elle fournisse l'assurance que les
Etats-Unis n'entreront pas dans une guerre qu'ils
ne cherchent,pas et que, tout en maintenant cette
position de neutralité, une "telle loi né'constitue
pas un encouragement et même une assistance
aux partisans de la conquête militaire dans les
autres parties du monde.
1 Commentaires allemands
On télégraphie de Berlin :
Le service de presse officieux Deutscher Dienst
écrit, à propos du discours de M. Sumner Welles,
sous-secrétaire d'Etat américain :
Son essai de justification est une phraséologie sans
force qui n'est vraiment pas faite pour faire impres-
sion en Allemagne. En Allemagne, on n'a pas l'habitude
de se mêler des affaires américaines. Par notre attitude,
nous prouvons que le peuple allemand désire vivre
en paix avec le peuple américain. Le régime actuel à
Washington veut-il oui ou non prouver la même chose
par une attitude semblable?
La Berliner Boersen Zeitung déclare que ce
discours est « une tardive tentative pour sauver
la politique extérieure de Roosevelt » et qu'il se
signale par « un illogisme politique caractéris-
tique ».
Questions aériennes
LA POSITION STRATÉGIQUE
dé l'Italie
Coupant le centre de la Méditerranée Comme
une immense digue que prolongent vers
l'orient les côtes libyennes et les îles du Dodé-
canèse, l'Italie occupe une position stratégique
de premier ordre qui lui permet de tenir Sous
sa menace toutes les communications mari-
times du bassin et, grâce à l'aviation, de porter
l'offensive jusqu'au coeur même des Etats qui
en forment le pourtour : avec la vitesse des
appareils modernes, Bordeaux, Paris, Bel-
grade, Athènes, Tunis, Alger sont à deux heu-
res à peine des aérodromes de la Lombardie,
de la Sicile ou de la Sardaigne; Constanti-
nople, Ankara, Suez, le Caire, à la même
distance des terrains de Rhodes ou de la Cyr.é-
naïque.
De la place d'armes qu'elle occupe, l'aviation
italienne pourrait ainsi concentrer, à volonté,;
l'action de ses escadres sur le point le plus
important du théâtre d'opérations méditerra-
néen, oriental ou occidental, interdire aux
flottes adverses l'utilisation, des bases de Tou-.
Ion, Alger, Tunis, Malte ou de l'archipel', et
soumettre au bombardement le Sud-Est de la
France, le Mogreb oriental, l'Egypte et lès
Etats balkaniques. Si, reniant l'histoire et la)
raison, l'Italie entrait en conflit avec ses voi-,
sins, elle se trouverait placée d'emblée au
centre même des lignes de bataille, d'où elle
pourrait immédiatement faire sentir le fer à!
ses adversaires et leur causer .de redoutables
blessures. Mais les avantages de cette position
centrale sont au moins compensés par les ris.-
ques qu'elle court de subir à son tour les atta-,
ques concentriques de ses voisins sans pouvoir
en atténuer les effets par l'éloignement et la
dispersion de ses centres vitaux.
L'Italie offre à ce point de vue une ,vulnéra-.
bilité particulière : son territoire est sans pro-
fondeur; la vallée du Pô s'étend sur une Ion-,
gueur de 400 kilomètres à peine et la péninsule
ne dépasse pas 250 kilomètres dans sa plus
grande largeur. Toute la production s'y trouve
enserrée. La situation est encore aggravée par
le relief du pays : les Apennins, couvrant la
majeure partie du territoire, ont refoulé la
presque totalité de l'industrie dans l'étroit basa
sin du Pô, où elle forme une proie pour l'avia-
tion. En quelques heures, l'ensemble des usines,
de guerre pourrait subir des destructions irré-
parables. D'autre part, la montagne a rejeté
au bord de la mer les voies ferrées assurant
les communications entre le Nord et le Sud
de la péninsule, ce qui rend leur protection
impossible contre les attaques venant du large;
les transports risqueraient d'être rapidement
paralysés avec toutes les conséquences qui ert
découlent pour les opérations militaires et pour
l'activité générale du pays.
Un danger analogue menace les ports : au-,
cun golfe profond ne les met en retrait du
; littoral directement menacé; tous Sont «;à fleur;
de côte » et seraient bombardés sans que.
! l'aviâtion de défense ait le temps de s'y oppor
ser. I*a baie de Nàples elle-même, remarqua-
blement protégée du point, de vue maritime
par les puissants môles de la Sardaigne et de
la Sicile qui commandent l'entrée de la mèç
Tyrrhénienne, l'est infiniment moins contre les
attaques aériennes. Sur mer, la surveillance
des 160 milles qui séparent Palerme et Ca-
gliari peut être assurée d'une façon constante
par les forces navales; mais, contre l'aviation,
un barrage permanent est impossible à éta-
blir au large et les bombardiers auraient
beaucoup de chances d'atteindre leurs objec-
tif sans rencontrer l'obstacle d'une défense,
avancée. .
En Libye, les conditions géographiques sont
encore moins favorables. Toutes les installa-,
tions importantes se trouvent sur la côte sans
que'-la nature désertique de l'intérieur pera
mette d'envisager pour elles un repli qui pour^
rait, seul, les soustraire à la surprise des atta-;
ques aériennes. Lès principaux- centres mili-
taires qui commandent toute l'activité de cette
province de l'empire : Tobrouk, Benghazi, Tri-
poli, seraient ainsi exposés à une destruction
rapide.
La position centrale qu'occuperait l'Italie
dans un conflit européen et l'exiguïté de son
territoire rendent donc ? extrêmement vulnéra-
bles tous les éléments de sa défense : les ports,'
les terrains d'aviation, les usines de guerre,
les centres .d'approvisionnements, les commu-
nications.
Bien différente est la situation des Etats dont,
par une erreur fatale, l'Italie risque de faire
ses adversaires. Que ce soit l'Angleterre, la
France, ou les nations balkaniques, ces pays
occupent par rapport à la péninsule des posi-
tions périphériques offrant de vastes étendues
et bénéficiant de libres communications avec
les principales sources du ravitaillement mon-,
dial. Tout en restant en m'esure de faire con-,
verger leurs attaques sur l'adversaire, commun,
ils peuvent rendre leurs installations moins
faciles à détruire en les dispersant et, au be-
soin, en les reculant hors de portée pratique
de l'aviation. Nos bases aériennes, en parti-
culier, pourraient être repliées vers l'O.uest de
la France ou de l'Algérie, de simples plates-
formes de relais étant maintenues plus près de
la frontière. Une partie de nos usines seraient,
au besoin, transférées au Maroc ou en Grande-
Bretagne et, si ces territoires eux-mêmes ve-
naient à être sérieusement menacés, nous
aurions encore la possibilité de faire appel à
la production du continent américain. Les
Etats balkaniques ou du Proche-Orient ont la
faculté de prendre des dispositions du même-
ordre :,les plaines .du Danube, les profondeurs
de la Russie, de l'Asie Mineure et de l'Egypte
leur permettraient d'établir aussi loin que
cela serait nécessaire les bases d'où s'élan-
ceraient intactes leurs forces d'attaque.
Ainsi apparaissent en même temps, du point
de vue aérien, les avantages décisifs dont
bénéficient les Etats placés à la périphérie
et l'infériorité de la position centrale de
l'italie.
Cette vulnérabilité, que l'Italie doit à sa
situation géographique, aurait en cas de guerre
des conséquences d'autant plus graves que les
ressources naturelles du pays sont très limitées
et que l'interruption complète des communi-
cations maritimes ne permettrait pas de rem-
placer les approvisionnements soumis à une
destruction méthodique. Le haut commande-
ment italien se flatte, on le sait, de parer à ce
danger en imposant « par le déclenchement
foudroyant de masses aériennes et terrestres »
une guerre courte. Qu'un tel mode d'action
corresponde au tempérament d'un peuple par-
ticulièrement accessible à l'enthousiasme, nul
ne voudrait le contester, mais que, dans une
lutte entre grandes nations européennes, il
puisse conduire à un dénouement rapide, l'ex-
périence comme le raisonnement en interdi-
sent l'espoir.
Devant les risques mortels qu'un conflit avec
les puissances occidentales et les Etats balka-
niques ferait courir à l'Italie, comment ses
chefs pourraient-ils se laisser entraîner vers
cet abîme .? XXX.
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