Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-05-18
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mai 1939 18 mai 1939
Description : 1939/05/18 (Numéro 28371). 1939/05/18 (Numéro 28371).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k2639416
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
SOIXAHTE-DIX-NEUVIEME ANNEE. t- N° 28371
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JEUDI 18 MAI 193&
FONDATETIB. I AUGUSTE NEIT'F'TZEK, (îeei)
AITCIEITS DnOECTsuas i
.A.drien. HÉBRARD (1867-ibi4)
EMILE HÉBRARD (1015-1925)
Adrien HCÉBR,.A.:R,:D ,1925-1928)
XJOXJXS-MXIJIJ (1929-1931)
DiBXCTErras :
JAOQUEA OHASTENET ET EMILE MIR.EAXT2C
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CHÈQUE JPOSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
'
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger.
La Réforme électorale devant la Chambre. «- Au
Sénat.
PAGES 3 & 4
Défense de la langue française, LANCELOT. -
Nouvelles du jour.
Le Bilan des cinq premiers mois du plan de trois
ans : le Rapport au président de la République.
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.
PAGE 5
Revue de la Presse. - Défense nationale. - La
i Vie économique. -- Académies, r-, Tribunaux. -
Les Spectacles. ..- Echos et informations. :-? Au-
tomobilisme. T-, Aéronautique.
PAGE G
Faits-divers. - Bulletin météorologique. - Sports.
- Tourisme. -. La T. S. F. ?.- Nouvelles com-
merciales.
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE: DERNIÈRES NOUVELLES.- La Situation
internationale : les Négociations anglo-russes.
Après le discours de M. Mussolini à Turin. ?.-
L'Exposition du progrès social à Lille.
Paris, le 17 mai 1939
BULLETIN DU JOUR
LES DOMINIONS ET L'EMPIRE BRITANNIQUE
Le roi George VI et la reine Elizabeth sont
arrivés au Canada et seront accueillis aujour-
d'hui à Québec, où les Canadiens français
auront ainsi les premiers l'occasion d'affir-
mer leur loyalisme envers la couronne. Cette
visite officielle du roi George VI et de la reine
Elizabeth prend aux yeux de tous les peuples
du « Commonwealth » une valeur symbo-
lique du point de vue de l'unité morale d'un
empire que baignent toutes les mers du
monde. La preuve certaine de la grandeur et
de la puissance de l'empire est là. L'étroite
association du Royaume-Uni et des Domi-
nions s'affirme ainsi avec éclat, et rien n'est
plus impressionnant dans l'ordre politique
que la manifestation permanente de l'entière
solidarité des nations britanniques autono-
mes, maîtresses de leurs destins, avec la mère
patrie, de leur fidélité à la couronne, qui cons-
titue le lien le plus souple et le plus solide
'entre toutes les parties de la communauté.
Il est à remarquer que c'est la première fois
qu'un roi et une reine d'Angleterre font offi-
ciellement visite au plus ancien des Domi-
nions, comme c'est la première fois égale-
ment que le souverain de Grande-Bretagne
sera accueilli sur le sol américain par le pré-
sident des Etats-Unis.
Dans le trouble politique où vit le monde,
c'est là un événement d'une importance capi-
tale. Lorsque fût décidée la visite 'royale au
Canada ev aux Etats-Uni» «t lorsque» i-ot arrê-
tée la date à laquelle elle devait avoir lieu,
on n'a pas manqué de faire valoir que l'on
n'avait pas cru devoir ajourner ce voyage en
raison de la crise internationale actuelle, ce
qui tendait à confirmer qu'il n'y avait pas
de menace immédiate pour la paix. En tout
cas, George VI a donné par là une preuve
de sa propre confiance dans le maintien de
la paix. C'est précisément parce que sa pré-
sence au Canada a la portée d'une éclatante
démonstration de l'unité de l'empire que sa
visite a la valeur d'une précieuse contribu-
tion à cette politique de sincère coopération
dont le succès dépend en grande partie du
renforcement- de la puissance britannique.
Celle-ci, telle qu'on la connaît à cette heure,
offre un spectacle réconfortant pour tous les
peuples attachés à l'ordre international. A pro-
pos de ce voyage de George VI et de la
reine Elizabeth, on peut évoquer de grandes
pages d'histoire, riches en salutaires ensei-
gnements. On peut mesurer tout le chemin
parcouru depuis l'époque - tout au début
du règne de la reine Victoria, en 1837 - où
les provinces canadiennes luttaient les unes
contre les autres et étaient en révolte ouverte
contre la couronne. L'unité des deux parties
du Canada fut établie en 1841, et c'est en 1867
que fut créée l'organisation fédérale dont est
né le premier Dominion de l'empire.
Ce que le Canada représente réellement
dans l'ensemble du « Commonwealth » des
nations britanniques, on le sait. Plus que tout
autre Dominion oh peut le citer en exemple
quand on fait là somme des résultats obtenus
en moins d'une dizaine d'années, depuis que.
sur la base du statut de Westminster, ont été
établies les relations entre la Royaume-Uni
et toutes les parties de l'empire. Par ce statut,
seul subsiste le lien personnel de la couronne
entre les nations effectivement indépendantes
du « Commonwealth ». On pouvait craindre
que ce lien personnel ne fût insuffisant en
présence des réalités de chaque jour, de la
diversité des intérêts, des divergences des
tendances particulières commandées par des
circonstances locales, pour assurer véritable-
ment la cohésion politique et l'unité morale
de la communauté britannique. Depuis huit
ans, la preuve est faite que, mieux que toutes
les dispositions constitutionnelles, ce lien a
la valeur d'une garantie permanente pour la
pleine affirmation de la puissance britanni-
que. L'expérience faite par la Grande-Breta-
gne démontre à l'évidence que la saine pra-
tique des principes de liberté et d'indépen-
dance permet, lorsqu'il s'agit de peuples suf-
fisamment évolués, mieux que tous les régi-
mes de sévère contrôle et de contrainte, d'éta-
blir une association loyale et durable entre
nations de même race et ayant un idéal com-
mun. Dans toutes les circonstances interna-
tionales graves, on a vu l'Angleterre consulter
les Dominions avant de prendre définitive-
ment position, et jamais l'entier appui des
pays autonomes du « Commonwealth » ne lui
a fait défaut. C'est avec leur plein assenti-
ment que s'est accomplie l'évolution si pro-
fonde de la politique britannique au cours
de ces deux dernières années ; c'est avec leur
approbation que M. Chamberlain a contracté
des engagements nouveaux sur le continent;
européen, avec toutes les obligations que cela
peut comporter, en cas de conflit, pour la
communauté des nations britanniques. Lors-
qu'il s'est agi d'introduire la conscription, en
dépit des traditionnelles répugnances des
Britanniques pour l'obligation militaire,
aucune objection de principe ou de fait n'a
été formulée par les Dominions. La claire
compréhension des nécessités de l'heure et
la pleine solidarité de peuples libres sont par-
faites dans toutes les parties de l'empire. La
certitude est là d'une unité morale qui se tra-
duit sur le plan politique par une affirmation
de puissance dans laquelle on peut voir une
des garanties essentielles du maintien de la
paix dans le monde.
Celte solidarité des pays de l'empire britan-
nique semble devoir s'étendre maintenant à
tous les peuples de langue anglaise et de race
anglo-saxonnie. C'est ainsi, croyons-nous, qu'il
faut interprètes la (visite officielle des souve-
rains britanniques aux Etats-Unis, visite dont
l'initiative est due à-M. Roosevelt et au gouver-
nement de Washington. Il est certain que
l'évolution de la situation internationale au
cours de ces dernières années a déterminé un
renouveau de l'amitié anglo-américaine, amitié
qui repose, comme l'a dit un journal anglais,
bien davantage sur la confiance croissante
d'une grande communauté d'idéal - liberté,
tolérance, constitutionnalisme et paix - que
sur la communauté de langue et de race, quelle
que puisse être la valeur de celle-ci. Les que-
relles anciennes entre la vieille Angleterre et
la jeune Amérique sont éteintes depuis long-
temps, et l'on n'hésite pas aujourd'hui à consta-
ter dans le Royaume-Uni que le principe qui
amena George Washington à secouer son
allégeance à l'égard de l'Angleterre était tiré
non d'une source étrangère, mais de la sub-
stance même de la tradition politique an-
glaise. Les mêmes principes, a noté le Times,
tout en étant incarnés dans des institutions
nettement différentes, ont continué d'être ho-
norés sur les deux rives de l'Atlantique, et
rapprochent actuellement plus que jamais la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis dans l'har-
monie des sentiments. C'est là une vérité qui
éclaire le parallélisme entre l'évolution de la
politique du gouvernement de Londres et celle
de la politique du cabinet de Washington sur
le plan international. L'amitié anglo-améri-
caine, qui va trouver une éclatante confirma-
tion par la visite de George VI aux Etats-Unis,
est, elle aussi, un des facteurs des plus impor-
tants du maintien de l'ordre et de la paix dans
le monde.
U RÉFORME ÉLECTORALE
Au mois de mars dernier, la Chambre se
! prononçait, à une majorité massive, pour une
réforme électorale avec représentation propor-
tionnelle intégrale. Hier, cette même Chambre,
à une majorité à peine moins massive, s'est
prononcée contre une modalité de cette ré-
forme : l'interdiction du panachage, dont la
disparition affecte si gravement le projet de
la commission du suffrage universel qu'on
peut dire que, pratiquement, ce projet est
'désormais vidé de l'essentiel de sa substance.
La contradiction existant entre le premier et
le second de ces scrutins est un fait patent,
indiscutable, et qui serait positivement incom-
préhensible si l'on ne savait, hélas ! qu'en
matière de reforme électorale la Chambre ne
s'accommode en général des principes que
pour se montrer par la suite intransigeante
sur les modalités.
Cette tactique, chère aux « arrondissemen-
tiers » des Chambres d'avant guerre, demeure
inchangée depuis un bon tiers de siècle : les
partisans du régime électoral actuel s'incli-
nent, en apparence, devant les mouvements
d'opinion tendant à une organisation plus rai-
sonnable et moins nocive du suffrage univer-
sel, puis, ce coup de chapeau ostensiblement
tiré à la moralité politique, à l'intérêt général
et au bon sens, s'embusquent su détour de
quelque amendement avec le ferme propos de
mettre quasi subrepticement à niai la réforme
dont en réalité ils ne veulent à aucun prix.
Il va sans dire que de pareils procédés, révé-
lateurs d'une mentalité dont le moins qu'on
puisse dire est qu'elle témoigne de plus de
sens manoeuvrier que de courage civique, ne
sont point faits, il s'en faut de tout, pour
rehausser le prestige du régime parlementaire
et l'autorité de ses représentants, dont certains
servent décidément bien mal la cause de l'ins-
titution dont ils devraient être les plus ardents
défenseurs.
Qu'on ne voie, dans les remarques qui pré-
cèdent, rien qui ressemble à de l'amertume ni,
surtout, à du découragement au lendemain
d'une journée parlementaire qui vient de por-
ter un coup sensible à la thèse de la réforme
électorale pour laquelle nous menons depuis
si longtemps le bon combat. Le souci des posi-
tions doctrinales, l'amour-propre intellectuel
n'ont rien à voir en un débat où il s'agit de
réalités essentielles affectant, aujourd'hui plus
que jamais, le sort du régime et du pays.
A aucun moment de l'histoire de la troisième
République la réforme électorale n'est apparue,
ên effet, plus nécessaire et plus urgente. Im-
posé par les circonstances extérieures, un '
redressement est en cours. De ce redressement,
indiscutablement en bonne voie, les conditions
techniques Sont remplies, et aussi les condi-
tions parlementaires de par l'accord sur le .ter-
rain national du gouvernement actuel et de la
majorité qui le soutient. Mais les résultats obte-
nus, si intéressants qu'ils puissent être, sont,
en un sens, précaires, une équivoque politique
subsistant encore par la faute d'un régime
électoral funeste à l'indépendance et à l'auto-
nomie des partis. En permettant aux partis
d'être eux-mêmes, en empêchant notamment
les coalitions du second tour, on dissiperait
cette équivoque, on rendrait possible un relè-
vement définitif en le fondant enfin sur des
bases politiques solides, en mettant le « pays
légal » en plein accord avec le pays tout court.
Envisagée sous cet angle, la réforme électo-
rale apparaît comme intimement liée aux Con-
ditions organiques de la bonne tenue de notre
pays dans la bourrasque qui l'assaille, comme
une véritable mesure de défense nationale.
Cela étant, comment n'attendrait-on pas du
'gouvernement l'initiative qui peut seule faire
pencher la balance parlementaire en faveur
de la réforme ? Le gouvernement, connaissant
l'importance de l'enjeu, ne saurait tarder da-
vantage à s'intéresser à la partie. Il sait que
le maintien des résultats substantiels et mé-
ritoires qu'il a jusqu'ici obtenus dépend de la
durée d'un équilibre politique que le régime
actuel du scrutin rend éminemment instable.
Il sait qu'une réforme électorale assurant l'au-
tonomie des partis permettrait de compter sur
cette durée, de voir plus loin que la fin "de la
législature, de nourrir enfm vraiment dp longs :
espoirs et de vastes pensées. Il ne peut à la
fois poursuivre à plein collier l'oeuvre de salut
national en cours, et consentir par son absten-
tion ou son silence à la survivance d'un régime
électoral décrié qui peut du jour au lendemain
rendre ses efforts inutiles.
La Chambre a condamné, hier, le projet de
la commission en votant le panachage ! Soit :
il existe d'autres projets, d'autres systèmes qui
concilient la nécessaire homogénéité politique
des listes et la liberté des choix individuels de
l'électeur. Que le gouvernement se prononce
hautement pour l'un ou l'autre de ces systè-
mes, qu'il le fasse sien, qu'il aille de l'avant,
qu'il s'institue le champion de la réforme élec-
torale, et qu'il dise pourquoi : le pays le com-
prendra, et il est exclu que, dans les cir-
constances actuelles, le Parlement ne le suive
pas.
Eln marge
Une façon de revenir le portrait dé Frédéric
le Grand* serait d'affirmer qu'il y ' avait du Mon»-'
sieur Jourdain en cet amateur dè'lettres.'Cç n'est'
pas seulement le goût du paradoxe qui me ferait
ajouter ce travers à tous ceux dont fe nuançait
son génie : en lisant la Vie privée Fréderic II,
j'ai parfois regretté que Pierre Lafue, auteur de
cette biographie loyale, n'ait, point songé à démon-
ter et à déplacer les parties de son complexe per-
sonnage pour nous en mieux montrer la singula-
rité. J'entends bien qu'un biographe consciencieux
a autre chose à faire; mais, lecteur d'esprit vaga-
bond, je me suis livré à ce jeu de transposition.
Imaginons Frédéric, fils d'un huissier de nos
provinces, qui le destine à-gérer plus 'tard l'étude
prospère. Voici le jeune homme étudiant le droit
à Paris. Il se lie aux poètes des cafés littéraires et
rêve de rimer à son tour. Il n'a pas de don spon-
tané, et il soumet, ses essais à des maîtres de pas-
sage. La pratique de la basoche lui semble dégra-
dante. Il « sèche » ses cours. Le père s'effraie, puis
s'encolère de cette, infidélité aux familiales tradi-
tions. Il « coupe les vivres « à l'égaré. Celui-ci se
soumet. Les années passent. On voit le poète désil-
lusionné revenir sous les panonceaux paternels et
exercer son ministère avec une rigueur magis-
trale. La poésie semble oubliée comme une faute
de jeunesse. Mais, dans le secret de son logis, l'ami
des écrivains s'applique encore à 1' « écriture ».
Il s'est composé une bibliothèque, et l'on s'effa-
rera, quelque jour, d'apprendre que ce rédacteur
d' « exploits » ait été à la fois si savent et si
frivole...
Le Frédéric de Berlin jouait de la flûte et
rêvait de Voltaire quand il avait l'âge de notre
étudiant en droit. Il y eut un peu de snobisme
dans sa naissante ambition littéraire. Usant du
français, il était Monsieur Jourdain, en ce' sen^
qu'il s'émerveillaït de partager un tel privilège
aveo Racine. Son père, butor épais mais prévoyant,
le bâtonnait avec rage. Il lui infligea prison,
épouse et discipline. Et quand l'étude, qui était la
Prusse, revint au flûtiste, elle se trouva régie avec
plus de dureté qu'auparavant. Mais, là aussi,
1' « huissier » continua d'adorer les muses : la
bibliothèque de Sans-Souci fut la retraite d'un
poète intermittent.
Cette tête de Prussien était intelligente. Tout
pouvait s'y loger, la franchise avec la fourberie,
la délicatesse avec la cruauté. Energique, tenace,
ponctuel, il formait des desseins de conquête et
les réalisait, mais pour en éprouver une sorte de
lassitude. Il se réfugiait alors dans les livres, dans
ceux de ses modèles et dans les siens. Mais un
dieu, ou un démon, le lançait de nouveau à la
bataille, et il gagnait ardemment cette gloire qu'il
méprisait le lendemain de chaque succès. Ce fut
Hamlet, si l'on veut; ce fut un artiste, qui com-
mença d'aimer la forme des idées et qui finit par
aimer les idées elles-mêmes. Ce fut un rêveur de
Prusse, que la culture française, fée de son ado-.
! lescence, avait pour toujours ensorcelé. Ce fut un
homme de talent, un penseur, un audacieux. Ce:
fut une contradiction étonnante.
L'amour lui manqua assez tôt, et Voltaire expli-
que cette disgrâce à sa manière qui, peut-être,
était calomnieuse en ce cas. Frédéric II offre bien,,
cependant, l'exemple d'une anomalie au moins
intellectuelle. Despote, il favorisa tout ce qui
devait nuire au despotisme. Autoritaire, il abusait
de son autorité, et il ruina, dans sa philosophie,
: tout .principe d'autorité. Mais il admirait; il res-
pectait l'esprit. La tyrannie- prussienne, o'u
! autre - a perdu de nos jours cette élégance-là.
JEAN LEFRANC.
SOCIÉTÉ DES NATIONS
L'appel du roi Zog
Voici le texte de l'appel adressé par le roi Zog
au secrétaire général de la Société des nations
La conférence de Londres en 1912-1913 et ensuite la
conférence des ambassadeurs à Paris en 1921 avaient
reconnu l'indépendance de l'Albanie. L'Albanie fut
admise officiellement" comme membre de la Société des
nations et ses frontières furent définitivement fixées.
Depuis, et durant dix-huit ans, l'Albanie a entretenu
des relations correctes et cordiales avec tous les Etats
et tout particulièrement aveo ses voisins, en s'affirmant
ainsi comme un vrai facteur de la paix.
Dans le même esprit et en tant qu'Etat indépendant,
l'Albanie a signé un traité d'alliance défensive avec
l'Italie. Ce traité fut régulièrement enregistré à la
Société des nations, en conformité aveo l'article 18 du
pacte. L'Italie, incontestablement en contradiction avec
ce traité, ainsi qu'avec toutes les normes régissant les
relations internationales et plus particulièrement aveo
le pacte de la Société des nations et le pacte Brian d-
Kellogg, et sans aucune provocation de la part de l'Al-
banie indépendante, a violé militairement le territoire
albanais, une première fois le 6 avril 1939 par la voie
des airs, et, après le 7 avril, par les bombardements
des ports et des villes ouvertes et le débarquement des
troupes sur le littoral albanais.
L'armée albanaise, malgré le nombre réduit de ses
effectifs et l'insuffisance de son matériel de guerre, a
opposé à l'envahisseur la résistance que tout Etat libre
doit faire pour défendre son indépendance. Un million
d'Albanais ont fait les plus grands sacrifices pour éviter
la violence italienne. Mais la résistance n'était pas, à
la longue, possible, vu d'inattendu de l'attaque, faite
avec tous les moyens modernes, qu'un Etat de 44 mil-
lions d'habitants peut avoir à sa disposition quand il
prémédite un acte de force.
En protestant vigoureusement et officiellement contre
cette violence de la part de l'Italie et contre la dispa-
rition de l'indépendance de l'Albanie, qui est membre
de la Société des nations, je prie Votre Excellence de
porter à la connaissance des membres de la Société des
nations ces faits, en demandant que le fait accompli
par le sang et le fer par l'Italie ne soit pas reconnu
et que des mesures soient prises pour le rétablissement
du peuple albanais dans ses droits antérieurs.
ZOG 1ER, roi des Albanais.
EN GRANDE-BRETAGNE
L'INSTRUCTION MIUTAIRE OBLIGATOIRE
La convocation des conscrits
On télégraphie de Londres :
M. Ernest Brown, ministre du travail, a fourni
à la Chambre des communes les précisions sui-
vantes sur la façon dont seraient convoqués les
jeunes conscrits, d'une part, et les membres des;
services de défense auxiliaire et de réserve, d'au-
tre part, sous réserve de l'adoption avant les.
vacances de la Pentecôte des deux projet^" de lai|
récemment déposés :
L'enregistrement des jeunes gens âgés de 20 à
21 ans aura lieu le samedi 3 juin. Leur examen ,j
médical commencera le jeudi 8. Les convocations.
avec préavis de deux semaines, seront adressées:
à un premier groupe de 50,000 conscrits, vers le
1" juillet.
Ultérieurement, d'autres groupes seront convo-
qués, à des intervalles de deux mois. En principe,;
les convocations auront lieu par rang d'âge, les;
conscrits les plus âgés étant appelés les premiers,;
mais elles seront, en outre, décidées en tenant
compte de considérations de commodité, notam-
ment industrielles, agricoles, etc., lorsqu'il y aura;
iieu.
Le premier groupe d'officiers et hommes de la
D. C. A. territoriale, sera convoqué pour le 11 juin.
Le premier groupe d'officiers et hommes des
réserves de l'armée régulière, pour le 15 juin.
Dans la R, A. F. (Royal Air Force) les officiers
et hommes des unités auxiliaires affectés à !a
défense par barrages de ballons seront également
convoques par groupes. Le premier groupe sera
convoqué pour le 11 juin.
'M. Ernest Brown a précisé qu'il parlait au nom
de ses collègues de l'amirauté, de la guerre et de
l'air, sur la demande de ces derniers.
LA SITUATION
INTERNATIONALE
LES NÉGOCIATION^ ANGL0=RUSSES
On espère qu'un compromis sortira
de l'entretien Halifax-Daladier-Bonnet
de samedi
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi matin, 17 mai :
Le comité ministériel des affaires étrangères
s'est réuni hier après-midi à Downing Street pour
examiner en détail la note du gouvernement de
l'U. R. S. S. touchant la question de l'assistance
mutuelle contre les agressions et pour élaborer la
réponse du gouvernement britannique qui sera
soumise à l'approbation du cabinet ce matin, avant
d'être envoyée à Moscou. Le gouvernement de
Londres est conscient de l'impatience existant,
non seulement dans les milieux de l'opposition
travailliste et libérale, mais encore dans une
grande partie de l'opinion publique en Angleterre,
devant les délais apportés à la conclusion d'un
accord de défense mutuelle avec l'U. R. S. S.
Le contact entre Londres et Paris reste très
étroit et les deux gouvernements, qui sont en con-
sultation l'un avec l'autre chaque jour, s'efforcent
actuellement de trouver une solution aux objec-
tions soulevées par la Pologne et la Roumanie.
Certains organes de la presse anglaise font prévoir
un compromis qui serait proposé par MM. Dala-
dier et Bonnet et qui pourrait intervenir à la fin
de la semaine en attendant la conclusion d'un
accord anglo-franco-russe définitif.
Lord Halifax, en route pour Genève, s'arrêtera
samedi à Paris où il se rendra par la voie des airs
au lieu de prendre le train, de manière â avoir un
long entretien avec le président du conseil et le
ministre des affaires étrangères français. Il quit-
tera Paris pour Genève dans la soirée de samedi,
avec M. Georges Bonnet.
Le rédacteur diplomatique de la Press Association
écrit :
On croit que la no'te russe qui est actuellement
à l'étude constitue un pas en avant dans la voie
des négociations, bien que les autorités soviétiques
ne semblent pas encore tout à fait convaincues que
les propositions anglaises impliquent un degré de
réciprocité satisfaisant. Elles continuent à estimer
que la Grande-Bretagne, la France et la Russie
doivent conclure un pacte d'assistance mutuelle.
Le gouvernement soviétique, pense-t-on, vou-
drait aussi que les promesses données à la Rou-
manie et à la Grèce fussent étendues aux Etats
baltes, afin que toute la frontière occidentale russe
se trouve ainsi garantie.
La répercussion en Italie
du pacte anglo-turc
Nôtre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone mercredi matin 17 mai :
Bien que l'accord anglo-turc ait soulevé un vif
mécontentement dans toute la péninsule, la presse,
! à quelques rares exceptions près, l'a passé sous si-
; lence. Le Duce lui-même, dans son discours de Tu-
rin, n'y a fait aucune allusion-
Cette attitude étonne d'autant plus que le pacte
anglo-turc intéresse directement l'équilibre médi-
terranéen. Bien plus, c'est le quatrième pacte
. conclu par l'Angleterre dans l'Europe orientale.
? Après la Pologne, la Roumanie et la Grèce, la Tur-
quie entre dans le circuit des Etats se ralliant à la
politique d'un système défensif. D'autre'part,.'le.
' pacte anglo-turc .vaut comme sauvegarde contre
, toute 1 attaque dans les Balkans èt la Méditerranée.
C'est donc un accroissement sensible des forces mi-
litaires des gouvernements démocratiques dans le
bassin "méditerranéen. En cas de conflit, les forts
; turcs et les Détroits seront à la disposition des for-
i ces britanniques et françaises. Ainsi, certains avan-
tages que les puissances de 1' « axe » ont remportés
en Méditerranée occidentale, dans les eaux espa-
gnoles, sont compensés dans une large mesure, au-
jourd'hui, par cette réussit© des démocraties dans
le Levant. D'autre part, le renforcement de la po-
sition italienne dans les Balkans, par l'annexion de
l'Albanie, est corrigée à son tour par la nouvelle
attitude que la Turquie assume à l'égard de la pé-
ninsule balkanique.
On peut observer que les deux pays ne réussirent
jamais à échafauder des relations sincères et spon-
tanées. De la part dé la Turquie, notamment, il y
eut toujours des réserves tacites. Le souvenir des
anciennes visées de l'Italie en Asie Mineure, le dé-
veloppement des fortifications du Dodécanèse et
certaines déclarations sur les. objectifs historiques
de l'Italie en Orient empêchèrent tout resserre-
ment sensible des liens italo-turcs. Il est vrai que
l'Italie, après un long retard, signa, l'an dernier,
les accords de Montreux. Dès cette époque on parla
d'un voyage du comte Ciano à Ankara. Désormais,
il ne peut plus en être question, et cela d'autant
plus que, pour des raisons d'ordre non seulement
géographique mais aussi historique et sentimental,
l'annexion italienne de l'Albanie a contribué dans
une large mesure, ces derniers temps, au revire-
ment turc.
En bref, l'Italie, et avec elle le système de
1' « axe », ont perdu un point important en Médi-
terranée. On peut donc, semble-t-il, s'attendre à
une riposte. Le voyage du maréchal Balbo en
Egypte a-t-il une signification dans ce sens ? L'Al-
lemagne, de son côté, prendra-t-elle des mesures
sur le terrain économique à l'égard de la Turquie ?
Le pacte germano-italien
On mande de Berlin à l'agence Havas :
Dans les milieux politiques allemands, on laisse
entendre que le chancelier Hitler prononcera une
allocution importante à l'occasion du dîner qu'il
offre dimanche, 21 mai, en l'honneur du ministre
des affaires étrangères d'Italie, le comte Ciano,
pour la conclusion du pacte militaire italo-alle-
mand.
Le ministre Ciano sera, le 22 mai au soir, l'hôte
de M. von Ribbentrop.
On mande de Rome :
Le comte Ciano quitterait Rome samedi pour
la'Capitale allemande, où il resterait trois jours.
L'ambassadeur du Reich, M. von Mackensen, est
déjà parti pour Berlin.
La visite du roi d'Italie n'aurait lieu
qu'à l'automne
On mande de Berlin :
Selon les indications recueillies de divers côtés,
aucune visite du roi d'Italie à Berlin ne serait
envisagée avant l'automne.
On a commencé, depuis trois jours, à démonter
les tribunes édifiées sur la « voie triomphale » de
Berlin pour le cinquantième anniversaire du
Fuhrer, le 20 avril.
' . ? ? V" ? ???' . \ ..
L'offre allemande' aux pays nordiques
de pactes de non-agression
On mande dé Berlin à l'agence Havas le 16 mai au
soir; : i s ? "
. Les réponses des quatre pays nordiques à la
proposition du Reich tendant à la conclusion d'ac-
cords bilatéraux de non-agression seraient remi-
ses simultanément, mercredi vers midi; à la
Wilhelmstrasse, par les ministres à Berlin des
pays intéressés.
A Berlin, on n'interprète pas cette démarche
commune comme signifiant que les réponses des
quatre pays seront identiques.
Selon des renseignements de source générale-
ment bien informée, le Danemark accepterait la
proposition allemande de conclure un pacte de
non-agression bilatéral avec le Reich, et son atti-
tude dans cette question ne soulèverait pas d'ob-
jection de la part des autres Etats nordiques, qui
reconnaissent la situation spéciale du Danemark.
La Suède) la Norvège et la Finlande, ajoute-t-on,
répondraient en termes à peu près identiques à
l'invitation allemande, en soulignant de nouveau,
d'une part leur profond désir de neutralité, et
d'autre part qu'ils n'estiment pas nécessaire, dans
ces conditions, de conclure des pactes de non-
agression.
EN
La fête de la victoire
On télégraphie de Burgos- " . \
On confirme officiellement que le défilé de la
victoire aura lieu à Madrid, le 19 mai.
Le ministre de l'intérieur a publié une procla-
mation dans laquelle on lit notamment :
La guerre atteint sa fin symbolique et la victoire son
plus haut couronnement avec l'entrée officielle du
Caudillo à Madrid.
L'Espagne se prépare à célébrer solennellement ce
jour où la patrie sent l'orgueil de son unité atteinte
par un sacrifice unanime et voit, comme une promesse
certaine d'un glorieux avenir, le défilé devant^ le Cau-
dillo d'une armée victorieuse et d'un peuple transformé
en milice armée.
Par la vertu fécondante d'un sang héroïque et chré-
tien, l'Espagne a vu se renouveler en elle les plus
grandes gloires militaires de son passé; de nouvelles
voies s'ouvrent pour de futures entreprises, grâce à
l'élan d'une révolution nationale en marche. Chaque
Espagnol est fier de voir le monde entier reconnaître
la gloire atteinte par l'Espagne, grâce au Caudillo, qui
a converti en victoire le mouvement initial.
On annonce d'autre part que les troupes parti-
ront à neuf heures de la place des Ministères, à
l'extrémité du Paseo de Franco.
Deux cent mille hommes prendront part, dit-on,
au défilé, parmi lesquels quinze mille Italiens et
deux mille cinq cents Allemands. Quelque quatre
cents pièces de canon et trois cents tanks légers
et mi-lourds participeront également au défilé.
La démobilisation de la classe 1930
On télégraphie de Burgos :
Le Bulletin de l'Etat publie un ordre du sous-
secrétaire de l'armée décrétant la démobilisation
des soldats appartenant à la classe 1930.
Ces soldats seront renvoyés^dans leurs foyers à
partir du 23 mai,, Leur démobilisation devra être
terminée le 31 mai. . .^V; 1 ; - " J
L'ambassadeur de Belgique à Burgos
remet ses lettres de créance
On télégraphie de Burgos :
Le comte Charles Romre de Vichenet, am-
bassadeur de Belgique à Burgos, a remis hier
mardi ses lettres de créance au général Franco
à la résidence de ce dernier. L'ambassadeur a
prononcé son discours en français et le général
Franco lui a répondu en espagnol. Le généralis-
sime a déclaré notamment : „
Après d'héroïques sacrifices, nous avons vaincu nos
ennemis, sauvant la civilisation commune de nos pays
d'une catastrophe. L'Espagne renaît dans la plénitude
de la vie; jalouse de son honneur et de son indépen-
dance, mais toujours disposée à contribuer avec ses
forces au maintien de la paix.
Une interview du général Franco
On télégraphie de Rome :
Le général Franco, interviewé par l'envoyé
spécial du Popolo d'Italia à Burgos, a déclaré que
l'Espagne suivra, dans le domaine militaire, naval
et aérien, une politique en harmonie avec les
ressources économiques du pays et la nécessité de
garantir l'intégrité au territoire national.
Je ne crois pas indispensable d'affirmer nos senti-
ments pacifiques avec les autres peuples, a dit en subs-
tance le général. Nous désirons la paix pour l'Espagne,
mais la garantie la plus sûre de cette paix résidera
dans une armée forte et puissante. La nature de nos
principales frontières nous impose de donner l'impor-
tance qui leur revient à nos forces navales et aériennes.
Interrogé sur ce que l'on entend en Espagne par
« politique impériale », le général Franco a dé-
claré ;
.'Nous voulons .que la voix de l'Espagne puisse être
entendue dans le monde comme autrefois. Nous vou-
lons que l'Espagne reprenne la mission civilisatrice avec
laquelle elle a renoué par la récente croisade contre le
bolchevisme, mais oela ne doit alarmer personne* Nous
conoevons l'empire comme une 'lutte sans effusion de
sang, pour défendre, élever, réaffirmer toujours plus
la civilisation méditerranéenne.
En Ce qui concerne la politique intérieure, le
général a dit que l'Espagne rompra avec tout son
passé politique; elle ne s'exposera pas au péril du
suffrage universel; toutes les institutions devront
être assujetties à l'intérêt suprême de la nation
« dans le cadre d'une démocratie organisée » ; tout
devra être subordonné aux intérêts supérieurs de
l'Espagne.
En réponse à une question, le général a déclaré
qu'il n'y a plus de problème juif en Espagne, que
les juifs convertis autrefois étaient devenus des
catholiques fanatiques, mais que, toutefois, « le
sang reste », et qu'il n'y a pas eu de descendants
de juifs parmi les premières victimes du mouve-
ment nationaliste.
Enfin, le général Franco a souligné l'intérêt que
l'Espagne porte au Maroc :
Les Marocains, a-t-il dit, aiment l'Espagne; nous ai-
mons ces grands et loyaux guerriers. L'Espagne a un
avenir au Maroc; elle comprend l'Islam. Aveo la renais-
sance du sens de l'empire, renaît aussi dans le peuple
espagnol le sens et l'amour de l'Afrique...
Puis, le général a exalté l'amitié italo-espagnole
et mis en relief la nécessité pour l'Espagne et l'Ita-
lie de développer leurs relations économiques.
La récupération du matériel espagnol
M. Georges Bonnet, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, mardi, M. Lequerica, ambassadeur
d'Espagne, qui, se rendant en Espagne pour as-
sister aux fêtes de la victoire, sera absent de
Paris jusqu'au 24' mai. *
L'entretien a permis de mettre au point cer-
taines questions visées par les accords Bérard-
Jordana sur la récupération du matériel espagnol
existant en France.
Le président de la commission espagnole char-
gée de la récupération de ce matériel prendra
contact dès aujourd'hui avec les autorités mili-
taires de Bayonne afin d'organiser la livraison
aux autorités espagnoles des camions, voitures et
autre matériel militaire qui se trouvent dans la
région frontière.
Quant aux réfugiés espagnols en France, leur
renvoi en Espagne se fait lentement au rythme
d'environ 400 par jour.
On mande de Bordeaux :
Le cargo espagnol Goya, venant de Pasajès, est
arrivé à Arcachon avec 100 marins qui sont char-
gés de ramener à Bilbao la flottille espagnole ré-
fugiée à Arcachon. Les chalutiers sont prêts à
partir et prendront la mer dès que les Conditions
atmosphériques le permettront.
LE CONFLIT SINO- JAPONAIS
Protestation contre le débarquement japonais
à Kou-Lang-Sou
Suivant un télégramme de Shanghaï, les consuls
de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis
à Kou-Lang-Sou ont protesté auprès des autorités
japonaises contre le débarquement de soldats d'in-
fanterie de marine japonais.
Mouvements de navires de guerre .
anglais, français et américains
On télégraphie de Tokio :
Les dépêches de presse reçues de Hong-Kong
soulignent des mouvements de navires de guerre
étrangers consécutifs au débarquement de Kou-
Lang-Sou.
L'amiral Sir Percy Noble a quitté Hong-Kong à
bord du croiseur Birmingham, probablement pour
Amoy, disent ces dépêches qui relatent aussi le
départ pour le Nord d'une escadrille de sous-
marins et d'une escadrille de destroyers. Le croi-
seur français Primauguet, accompagné d'une autre
unité, a quitté le Tonkin, également pour le Nord.
Plusieurs unités de l'escadre américaine station-
née en Asie se dirigeraient vers Shanghaï.
Retrait de Kou-Lang-Sou
de fusiliers marins japonais
On télégraphie d'autre part de Hong-Kong :
On mande de source japonaise qu'une partie
des fusiliers marins japonais débarqués à Kou-
Lang-Sou, concession internationale d'Amoy, se
sont retirés.
TRIBUNE LIBRE
Rencontre de parallèles
Par ce temps de politique géométrique où il
n'est question que d'axes, de triangles et, sinon
de cercles, du moins d'encerclement, pourquoi
ne parlerait-on pas aussi de parallèles? Il est
vrai que nos professeurs de sciences nous inter-
disaient de nous laisser abuser par une illu-
sion d'optique et de croire à la rencontre de
lignes parallèles, sauf peut-être dans le mys-
tère de l'infini. Or, ce que l'on est convenu d'ap-
peler parallélisme en politique est, au contraire,
inconcevable sans contacts. Mais nous n'en
sommes plus à cela près. Avec sa verve cou-
tumière, Lancelot évoquait l'autre jour les
tours de force que l'on faisait exécuter à un
certain axe en disant qu'il traversait une
crise cristallisée par un discours. Pourquoi
donc refuser davantage à des parallèles le droit
de se joindre, de s'embrasser et même, qui sait?
de finir par se mordre?
Ces réflexions me sont venues à la suite
d'une nouvelle entrevue avec ce Ruthénien
subcarpathique qui se nommait Crkowsky, à
la tchèque, mais qui, les circonstances aidant,
m'avait permis d'adoucir tant de consonnes et
de prononcer Ceryikowsky, à la ruthène. N'en
déplaise au journal roumain Universul qui'
.m'avait alors reproché de m'en être laissé con-
ter par un mystificateur, je viens de persévérer
diaboliquement dans mon erreur, car, une fois
-encore, je n'ai pas su résister à l'attrait d'une
belle carte de visite. Celle-ci portait : Michel 1
Czérkowskyi de Nagy-Czerkô et Czerkôifâlva.
J'interpellai gaiement le protée :
-Vous êtes doué, si je puis dire, de mimé-
tisme orthographique, Voilà, ou je me trompé
fort, que vous avez magyarisé votre nom.
Il se redressa :
- J'en avais 'le droit, puisqu'une tradition
millénaire vient d'être renouée et que notre
Russinsko est redevenu un des fleurons de la
Sainte-Couronne. Sans doute n'irai-je point
jusqu'à préteindre que le fondateur de ma
maison appartenait à l'une des sept tribus
finno-ougriennes qui franchirent le pas de
Verecke pour descendre dans la plaine; mais
les miens, sachant répondre par leur loyalisme
à la largeur de vues du souverain, se sont ef-
forcés de participer honorablement aux fastes
de l'histoire hongroise. Il y a eu parmi eux
nombre de labanc; et aussi de kuruc : un de
mes ancêtres a servi sous François II Râkôczi,
ce grand ami de votre roi Louis XIV. Il était
donc naturel que je rendisse à mon nom le
lustre d'une consonance séculaire.
- Et que vous reprissiez le chemin de
Budapest.
- Comme de juste.
- Où en est-on là-bas?
Son visage se rembrunit :
- Il est délicat, pour un nouveau revenu,
d'en parler.
- Mais celui-ci', ayant plus d'objectivité,
peut faire le point plus aisément.
- Si tel est votre sentiment...
- Allez-y donc.
Ses mains firent le geste d'équilibrer deux
poids :
- , Politique intérieure, politique extérieure.
Il ne faudrait pas que celle-ci entraînât celle-
là, faute de quoi on courrait un risque sur le-,
quel je n'ai pas besoin d'insister. Mais voici
le paradoxe : la politique extérieure est orien-
tée dans un certain sens, orientée nécessaire-
ment car on n'a plus le choix; or, cette orien-
tation est d'autant plus accusée (et, par consé-
quent, d'autant plus impérieuse, avec toutes les
conséquences que cela peut comporter) que
i'pn yeut pouvoir dire à l'un des grands voi-
sins : « L'excellent ami que vous' êtes tient
évidemment à nous voir confiants et forts.
Le serions-nous si notre opinion publique était
troublée par l'action d'éléments dont quelques-
uns", à tort certainement, se réclament de vous?
Nous sommes donc convaincus que vous êtes
d'accord avec nous sur la nécessité où nous
sommes de faire observer à chacun cette disci-
pline sans laquelle il n'y a plus d'ordre établi. »'
» Cependant, et précisément pour empêcher
que cet ordre ne dégénère en désordre, on tâche
de renforcer les positions gouvernementales.
C'est la raison des prochaines élections, à l'oc-
casion desquelles un ancien président du con-
seil s'est, dit-on, laissé persuader qu'il con-
venait mieux à son personnage d'entrer à la'
Chambre haute que de courir, une fois de plus,
le risque électoral. Une offre dans le même sens
aurait été faite à un légitimiste notoire- Par
contre, on fourbirait les armes de la candida-
ture officielle pour les mesurer avec celles d'un
chef de groupe dont l'esprit, aussi agile que
critique, cause du souci. Travaillant de ces
diverses manières à réduire l'une des opposi-
tions, on se donnerait le droit de maltraiter
l'autre : justice distributive, et la possibilité
d'obtenir finalement une telle majorité que
celle-ci ferait figure d'unanimité nationale.
» Le calcul se défend, à condition que le
gouvernement se serve de cette unanimité
comme d'un appui pour résister à de trop for-
tes pressions, et non comme d'un prétexte
pour rejeter sur le pays la responsabilité de
ses propres défaillances. »
- Revenons à la politique extérieure.
- Il est vrai qu'elle domine le débat. Mais je
ne m'en étais pas détourné. Faut-il que je
mette les points sur les i, notamment sur ceux
de ma dernière phrase ?
- Inutile. Etant donnée la situation que vous
veinez de me dépeindre, que ferait-on en cas
de crise?
_ - Tel est le hic. Se battre contre les You-
goslaves? C'est exclu, et vous savez pourquoi.
Contre les Polonais? Fi donc! Contre les Rou-
mains? Cela pourrait être teintant, à cause de
la Transylvanie; mais la Roumanie, qui est
d'ailleurs alliée à la Pologne, est devenue urt
bien gros morceau depuis qu'elle a la garantie
franco-anglaise. Enfin il n'y a ni frontière
commune avec les Français, ni espace vital à
défendre contre les Britanniques. Alors, se
battre contre qui? Et pour qui tirer les marrons
du feu?
» Aussi, dans ma jugeote de montagnard
redevenu paysan du Danube, ai-je imaginé
que l'on n'était pas mécontent de l'affaire d'Al-
banie, quelque triste que fût le sort du pauvre
Zog et surtout de la jeune comtesse son épouse.
D'une part, l'Italie faisait un rétablissement :
en exerçant le droit de prise suivant d'augustes
exemples, elle redevenait l'égaie de celle
qu'elle savait si bien imiter. D'autre part, si
la Yougoslavie n'avait pas soufflé mot, elle
autrefois plus chatouilleuse, n'était-ce pas
qu'elle avait reçu des assurances de l'Italie et
que celles-ci, c'est le cas de le dire, la rassu-
raient?
- En avait-elle besoin?
-. Certes. Ignorez-vous le travail opéré sur
les minorités allemandes de Slovénie et, con-
curremment, sur les Croates contre les Serbes
et sur les Serbes contre les Croates, travail de
dissociation ressemblant singulièrement à ce-
lui dont la Tchécoslovaquie a été la victime?
» Je me figurais donc que l'affaire d'Albanie
était le signe d'une entente sur la clientèle et
sur le butin. Je voyais les deux partenaires
cheminer de concert, l'un tenant la droite, l'au-
tre gardant la gauche, et la Hongrie, entre
les deux, pouvant se retenir à l'un si l'autre
lui donnait un croc-en-jambe.
» Quand on suit des directions parallèles, on
se surveille du coin de l'oeil : ne faut-il pas
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS,'! PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
JEUDI 18 MAI 193&
FONDATETIB. I AUGUSTE NEIT'F'TZEK, (îeei)
AITCIEITS DnOECTsuas i
.A.drien. HÉBRARD (1867-ibi4)
EMILE HÉBRARD (1015-1925)
Adrien HCÉBR,.A.:R,:D ,1925-1928)
XJOXJXS-MXIJIJ (1929-1931)
DiBXCTErras :
JAOQUEA OHASTENET ET EMILE MIR.EAXT2C
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
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( Aotros pays - I30fr. - 260fr. - 500fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro /'PARIS et DÉPARTEMENTS) : Y S centimes
ANNONCES : AUX BUREAUX DU Êumps, 5, rue des Italiens,
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE JPOSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
'
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger.
La Réforme électorale devant la Chambre. «- Au
Sénat.
PAGES 3 & 4
Défense de la langue française, LANCELOT. -
Nouvelles du jour.
Le Bilan des cinq premiers mois du plan de trois
ans : le Rapport au président de la République.
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.
PAGE 5
Revue de la Presse. - Défense nationale. - La
i Vie économique. -- Académies, r-, Tribunaux. -
Les Spectacles. ..- Echos et informations. :-? Au-
tomobilisme. T-, Aéronautique.
PAGE G
Faits-divers. - Bulletin météorologique. - Sports.
- Tourisme. -. La T. S. F. ?.- Nouvelles com-
merciales.
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE: DERNIÈRES NOUVELLES.- La Situation
internationale : les Négociations anglo-russes.
Après le discours de M. Mussolini à Turin. ?.-
L'Exposition du progrès social à Lille.
Paris, le 17 mai 1939
BULLETIN DU JOUR
LES DOMINIONS ET L'EMPIRE BRITANNIQUE
Le roi George VI et la reine Elizabeth sont
arrivés au Canada et seront accueillis aujour-
d'hui à Québec, où les Canadiens français
auront ainsi les premiers l'occasion d'affir-
mer leur loyalisme envers la couronne. Cette
visite officielle du roi George VI et de la reine
Elizabeth prend aux yeux de tous les peuples
du « Commonwealth » une valeur symbo-
lique du point de vue de l'unité morale d'un
empire que baignent toutes les mers du
monde. La preuve certaine de la grandeur et
de la puissance de l'empire est là. L'étroite
association du Royaume-Uni et des Domi-
nions s'affirme ainsi avec éclat, et rien n'est
plus impressionnant dans l'ordre politique
que la manifestation permanente de l'entière
solidarité des nations britanniques autono-
mes, maîtresses de leurs destins, avec la mère
patrie, de leur fidélité à la couronne, qui cons-
titue le lien le plus souple et le plus solide
'entre toutes les parties de la communauté.
Il est à remarquer que c'est la première fois
qu'un roi et une reine d'Angleterre font offi-
ciellement visite au plus ancien des Domi-
nions, comme c'est la première fois égale-
ment que le souverain de Grande-Bretagne
sera accueilli sur le sol américain par le pré-
sident des Etats-Unis.
Dans le trouble politique où vit le monde,
c'est là un événement d'une importance capi-
tale. Lorsque fût décidée la visite 'royale au
Canada ev aux Etats-Uni» «t lorsque» i-ot arrê-
tée la date à laquelle elle devait avoir lieu,
on n'a pas manqué de faire valoir que l'on
n'avait pas cru devoir ajourner ce voyage en
raison de la crise internationale actuelle, ce
qui tendait à confirmer qu'il n'y avait pas
de menace immédiate pour la paix. En tout
cas, George VI a donné par là une preuve
de sa propre confiance dans le maintien de
la paix. C'est précisément parce que sa pré-
sence au Canada a la portée d'une éclatante
démonstration de l'unité de l'empire que sa
visite a la valeur d'une précieuse contribu-
tion à cette politique de sincère coopération
dont le succès dépend en grande partie du
renforcement- de la puissance britannique.
Celle-ci, telle qu'on la connaît à cette heure,
offre un spectacle réconfortant pour tous les
peuples attachés à l'ordre international. A pro-
pos de ce voyage de George VI et de la
reine Elizabeth, on peut évoquer de grandes
pages d'histoire, riches en salutaires ensei-
gnements. On peut mesurer tout le chemin
parcouru depuis l'époque - tout au début
du règne de la reine Victoria, en 1837 - où
les provinces canadiennes luttaient les unes
contre les autres et étaient en révolte ouverte
contre la couronne. L'unité des deux parties
du Canada fut établie en 1841, et c'est en 1867
que fut créée l'organisation fédérale dont est
né le premier Dominion de l'empire.
Ce que le Canada représente réellement
dans l'ensemble du « Commonwealth » des
nations britanniques, on le sait. Plus que tout
autre Dominion oh peut le citer en exemple
quand on fait là somme des résultats obtenus
en moins d'une dizaine d'années, depuis que.
sur la base du statut de Westminster, ont été
établies les relations entre la Royaume-Uni
et toutes les parties de l'empire. Par ce statut,
seul subsiste le lien personnel de la couronne
entre les nations effectivement indépendantes
du « Commonwealth ». On pouvait craindre
que ce lien personnel ne fût insuffisant en
présence des réalités de chaque jour, de la
diversité des intérêts, des divergences des
tendances particulières commandées par des
circonstances locales, pour assurer véritable-
ment la cohésion politique et l'unité morale
de la communauté britannique. Depuis huit
ans, la preuve est faite que, mieux que toutes
les dispositions constitutionnelles, ce lien a
la valeur d'une garantie permanente pour la
pleine affirmation de la puissance britanni-
que. L'expérience faite par la Grande-Breta-
gne démontre à l'évidence que la saine pra-
tique des principes de liberté et d'indépen-
dance permet, lorsqu'il s'agit de peuples suf-
fisamment évolués, mieux que tous les régi-
mes de sévère contrôle et de contrainte, d'éta-
blir une association loyale et durable entre
nations de même race et ayant un idéal com-
mun. Dans toutes les circonstances interna-
tionales graves, on a vu l'Angleterre consulter
les Dominions avant de prendre définitive-
ment position, et jamais l'entier appui des
pays autonomes du « Commonwealth » ne lui
a fait défaut. C'est avec leur plein assenti-
ment que s'est accomplie l'évolution si pro-
fonde de la politique britannique au cours
de ces deux dernières années ; c'est avec leur
approbation que M. Chamberlain a contracté
des engagements nouveaux sur le continent;
européen, avec toutes les obligations que cela
peut comporter, en cas de conflit, pour la
communauté des nations britanniques. Lors-
qu'il s'est agi d'introduire la conscription, en
dépit des traditionnelles répugnances des
Britanniques pour l'obligation militaire,
aucune objection de principe ou de fait n'a
été formulée par les Dominions. La claire
compréhension des nécessités de l'heure et
la pleine solidarité de peuples libres sont par-
faites dans toutes les parties de l'empire. La
certitude est là d'une unité morale qui se tra-
duit sur le plan politique par une affirmation
de puissance dans laquelle on peut voir une
des garanties essentielles du maintien de la
paix dans le monde.
Celte solidarité des pays de l'empire britan-
nique semble devoir s'étendre maintenant à
tous les peuples de langue anglaise et de race
anglo-saxonnie. C'est ainsi, croyons-nous, qu'il
faut interprètes la (visite officielle des souve-
rains britanniques aux Etats-Unis, visite dont
l'initiative est due à-M. Roosevelt et au gouver-
nement de Washington. Il est certain que
l'évolution de la situation internationale au
cours de ces dernières années a déterminé un
renouveau de l'amitié anglo-américaine, amitié
qui repose, comme l'a dit un journal anglais,
bien davantage sur la confiance croissante
d'une grande communauté d'idéal - liberté,
tolérance, constitutionnalisme et paix - que
sur la communauté de langue et de race, quelle
que puisse être la valeur de celle-ci. Les que-
relles anciennes entre la vieille Angleterre et
la jeune Amérique sont éteintes depuis long-
temps, et l'on n'hésite pas aujourd'hui à consta-
ter dans le Royaume-Uni que le principe qui
amena George Washington à secouer son
allégeance à l'égard de l'Angleterre était tiré
non d'une source étrangère, mais de la sub-
stance même de la tradition politique an-
glaise. Les mêmes principes, a noté le Times,
tout en étant incarnés dans des institutions
nettement différentes, ont continué d'être ho-
norés sur les deux rives de l'Atlantique, et
rapprochent actuellement plus que jamais la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis dans l'har-
monie des sentiments. C'est là une vérité qui
éclaire le parallélisme entre l'évolution de la
politique du gouvernement de Londres et celle
de la politique du cabinet de Washington sur
le plan international. L'amitié anglo-améri-
caine, qui va trouver une éclatante confirma-
tion par la visite de George VI aux Etats-Unis,
est, elle aussi, un des facteurs des plus impor-
tants du maintien de l'ordre et de la paix dans
le monde.
U RÉFORME ÉLECTORALE
Au mois de mars dernier, la Chambre se
! prononçait, à une majorité massive, pour une
réforme électorale avec représentation propor-
tionnelle intégrale. Hier, cette même Chambre,
à une majorité à peine moins massive, s'est
prononcée contre une modalité de cette ré-
forme : l'interdiction du panachage, dont la
disparition affecte si gravement le projet de
la commission du suffrage universel qu'on
peut dire que, pratiquement, ce projet est
'désormais vidé de l'essentiel de sa substance.
La contradiction existant entre le premier et
le second de ces scrutins est un fait patent,
indiscutable, et qui serait positivement incom-
préhensible si l'on ne savait, hélas ! qu'en
matière de reforme électorale la Chambre ne
s'accommode en général des principes que
pour se montrer par la suite intransigeante
sur les modalités.
Cette tactique, chère aux « arrondissemen-
tiers » des Chambres d'avant guerre, demeure
inchangée depuis un bon tiers de siècle : les
partisans du régime électoral actuel s'incli-
nent, en apparence, devant les mouvements
d'opinion tendant à une organisation plus rai-
sonnable et moins nocive du suffrage univer-
sel, puis, ce coup de chapeau ostensiblement
tiré à la moralité politique, à l'intérêt général
et au bon sens, s'embusquent su détour de
quelque amendement avec le ferme propos de
mettre quasi subrepticement à niai la réforme
dont en réalité ils ne veulent à aucun prix.
Il va sans dire que de pareils procédés, révé-
lateurs d'une mentalité dont le moins qu'on
puisse dire est qu'elle témoigne de plus de
sens manoeuvrier que de courage civique, ne
sont point faits, il s'en faut de tout, pour
rehausser le prestige du régime parlementaire
et l'autorité de ses représentants, dont certains
servent décidément bien mal la cause de l'ins-
titution dont ils devraient être les plus ardents
défenseurs.
Qu'on ne voie, dans les remarques qui pré-
cèdent, rien qui ressemble à de l'amertume ni,
surtout, à du découragement au lendemain
d'une journée parlementaire qui vient de por-
ter un coup sensible à la thèse de la réforme
électorale pour laquelle nous menons depuis
si longtemps le bon combat. Le souci des posi-
tions doctrinales, l'amour-propre intellectuel
n'ont rien à voir en un débat où il s'agit de
réalités essentielles affectant, aujourd'hui plus
que jamais, le sort du régime et du pays.
A aucun moment de l'histoire de la troisième
République la réforme électorale n'est apparue,
ên effet, plus nécessaire et plus urgente. Im-
posé par les circonstances extérieures, un '
redressement est en cours. De ce redressement,
indiscutablement en bonne voie, les conditions
techniques Sont remplies, et aussi les condi-
tions parlementaires de par l'accord sur le .ter-
rain national du gouvernement actuel et de la
majorité qui le soutient. Mais les résultats obte-
nus, si intéressants qu'ils puissent être, sont,
en un sens, précaires, une équivoque politique
subsistant encore par la faute d'un régime
électoral funeste à l'indépendance et à l'auto-
nomie des partis. En permettant aux partis
d'être eux-mêmes, en empêchant notamment
les coalitions du second tour, on dissiperait
cette équivoque, on rendrait possible un relè-
vement définitif en le fondant enfin sur des
bases politiques solides, en mettant le « pays
légal » en plein accord avec le pays tout court.
Envisagée sous cet angle, la réforme électo-
rale apparaît comme intimement liée aux Con-
ditions organiques de la bonne tenue de notre
pays dans la bourrasque qui l'assaille, comme
une véritable mesure de défense nationale.
Cela étant, comment n'attendrait-on pas du
'gouvernement l'initiative qui peut seule faire
pencher la balance parlementaire en faveur
de la réforme ? Le gouvernement, connaissant
l'importance de l'enjeu, ne saurait tarder da-
vantage à s'intéresser à la partie. Il sait que
le maintien des résultats substantiels et mé-
ritoires qu'il a jusqu'ici obtenus dépend de la
durée d'un équilibre politique que le régime
actuel du scrutin rend éminemment instable.
Il sait qu'une réforme électorale assurant l'au-
tonomie des partis permettrait de compter sur
cette durée, de voir plus loin que la fin "de la
législature, de nourrir enfm vraiment dp longs :
espoirs et de vastes pensées. Il ne peut à la
fois poursuivre à plein collier l'oeuvre de salut
national en cours, et consentir par son absten-
tion ou son silence à la survivance d'un régime
électoral décrié qui peut du jour au lendemain
rendre ses efforts inutiles.
La Chambre a condamné, hier, le projet de
la commission en votant le panachage ! Soit :
il existe d'autres projets, d'autres systèmes qui
concilient la nécessaire homogénéité politique
des listes et la liberté des choix individuels de
l'électeur. Que le gouvernement se prononce
hautement pour l'un ou l'autre de ces systè-
mes, qu'il le fasse sien, qu'il aille de l'avant,
qu'il s'institue le champion de la réforme élec-
torale, et qu'il dise pourquoi : le pays le com-
prendra, et il est exclu que, dans les cir-
constances actuelles, le Parlement ne le suive
pas.
Eln marge
Une façon de revenir le portrait dé Frédéric
le Grand* serait d'affirmer qu'il y ' avait du Mon»-'
sieur Jourdain en cet amateur dè'lettres.'Cç n'est'
pas seulement le goût du paradoxe qui me ferait
ajouter ce travers à tous ceux dont fe nuançait
son génie : en lisant la Vie privée Fréderic II,
j'ai parfois regretté que Pierre Lafue, auteur de
cette biographie loyale, n'ait, point songé à démon-
ter et à déplacer les parties de son complexe per-
sonnage pour nous en mieux montrer la singula-
rité. J'entends bien qu'un biographe consciencieux
a autre chose à faire; mais, lecteur d'esprit vaga-
bond, je me suis livré à ce jeu de transposition.
Imaginons Frédéric, fils d'un huissier de nos
provinces, qui le destine à-gérer plus 'tard l'étude
prospère. Voici le jeune homme étudiant le droit
à Paris. Il se lie aux poètes des cafés littéraires et
rêve de rimer à son tour. Il n'a pas de don spon-
tané, et il soumet, ses essais à des maîtres de pas-
sage. La pratique de la basoche lui semble dégra-
dante. Il « sèche » ses cours. Le père s'effraie, puis
s'encolère de cette, infidélité aux familiales tradi-
tions. Il « coupe les vivres « à l'égaré. Celui-ci se
soumet. Les années passent. On voit le poète désil-
lusionné revenir sous les panonceaux paternels et
exercer son ministère avec une rigueur magis-
trale. La poésie semble oubliée comme une faute
de jeunesse. Mais, dans le secret de son logis, l'ami
des écrivains s'applique encore à 1' « écriture ».
Il s'est composé une bibliothèque, et l'on s'effa-
rera, quelque jour, d'apprendre que ce rédacteur
d' « exploits » ait été à la fois si savent et si
frivole...
Le Frédéric de Berlin jouait de la flûte et
rêvait de Voltaire quand il avait l'âge de notre
étudiant en droit. Il y eut un peu de snobisme
dans sa naissante ambition littéraire. Usant du
français, il était Monsieur Jourdain, en ce' sen^
qu'il s'émerveillaït de partager un tel privilège
aveo Racine. Son père, butor épais mais prévoyant,
le bâtonnait avec rage. Il lui infligea prison,
épouse et discipline. Et quand l'étude, qui était la
Prusse, revint au flûtiste, elle se trouva régie avec
plus de dureté qu'auparavant. Mais, là aussi,
1' « huissier » continua d'adorer les muses : la
bibliothèque de Sans-Souci fut la retraite d'un
poète intermittent.
Cette tête de Prussien était intelligente. Tout
pouvait s'y loger, la franchise avec la fourberie,
la délicatesse avec la cruauté. Energique, tenace,
ponctuel, il formait des desseins de conquête et
les réalisait, mais pour en éprouver une sorte de
lassitude. Il se réfugiait alors dans les livres, dans
ceux de ses modèles et dans les siens. Mais un
dieu, ou un démon, le lançait de nouveau à la
bataille, et il gagnait ardemment cette gloire qu'il
méprisait le lendemain de chaque succès. Ce fut
Hamlet, si l'on veut; ce fut un artiste, qui com-
mença d'aimer la forme des idées et qui finit par
aimer les idées elles-mêmes. Ce fut un rêveur de
Prusse, que la culture française, fée de son ado-.
! lescence, avait pour toujours ensorcelé. Ce fut un
homme de talent, un penseur, un audacieux. Ce:
fut une contradiction étonnante.
L'amour lui manqua assez tôt, et Voltaire expli-
que cette disgrâce à sa manière qui, peut-être,
était calomnieuse en ce cas. Frédéric II offre bien,,
cependant, l'exemple d'une anomalie au moins
intellectuelle. Despote, il favorisa tout ce qui
devait nuire au despotisme. Autoritaire, il abusait
de son autorité, et il ruina, dans sa philosophie,
: tout .principe d'autorité. Mais il admirait; il res-
pectait l'esprit. La tyrannie- prussienne, o'u
! autre - a perdu de nos jours cette élégance-là.
JEAN LEFRANC.
SOCIÉTÉ DES NATIONS
L'appel du roi Zog
Voici le texte de l'appel adressé par le roi Zog
au secrétaire général de la Société des nations
La conférence de Londres en 1912-1913 et ensuite la
conférence des ambassadeurs à Paris en 1921 avaient
reconnu l'indépendance de l'Albanie. L'Albanie fut
admise officiellement" comme membre de la Société des
nations et ses frontières furent définitivement fixées.
Depuis, et durant dix-huit ans, l'Albanie a entretenu
des relations correctes et cordiales avec tous les Etats
et tout particulièrement aveo ses voisins, en s'affirmant
ainsi comme un vrai facteur de la paix.
Dans le même esprit et en tant qu'Etat indépendant,
l'Albanie a signé un traité d'alliance défensive avec
l'Italie. Ce traité fut régulièrement enregistré à la
Société des nations, en conformité aveo l'article 18 du
pacte. L'Italie, incontestablement en contradiction avec
ce traité, ainsi qu'avec toutes les normes régissant les
relations internationales et plus particulièrement aveo
le pacte de la Société des nations et le pacte Brian d-
Kellogg, et sans aucune provocation de la part de l'Al-
banie indépendante, a violé militairement le territoire
albanais, une première fois le 6 avril 1939 par la voie
des airs, et, après le 7 avril, par les bombardements
des ports et des villes ouvertes et le débarquement des
troupes sur le littoral albanais.
L'armée albanaise, malgré le nombre réduit de ses
effectifs et l'insuffisance de son matériel de guerre, a
opposé à l'envahisseur la résistance que tout Etat libre
doit faire pour défendre son indépendance. Un million
d'Albanais ont fait les plus grands sacrifices pour éviter
la violence italienne. Mais la résistance n'était pas, à
la longue, possible, vu d'inattendu de l'attaque, faite
avec tous les moyens modernes, qu'un Etat de 44 mil-
lions d'habitants peut avoir à sa disposition quand il
prémédite un acte de force.
En protestant vigoureusement et officiellement contre
cette violence de la part de l'Italie et contre la dispa-
rition de l'indépendance de l'Albanie, qui est membre
de la Société des nations, je prie Votre Excellence de
porter à la connaissance des membres de la Société des
nations ces faits, en demandant que le fait accompli
par le sang et le fer par l'Italie ne soit pas reconnu
et que des mesures soient prises pour le rétablissement
du peuple albanais dans ses droits antérieurs.
ZOG 1ER, roi des Albanais.
EN GRANDE-BRETAGNE
L'INSTRUCTION MIUTAIRE OBLIGATOIRE
La convocation des conscrits
On télégraphie de Londres :
M. Ernest Brown, ministre du travail, a fourni
à la Chambre des communes les précisions sui-
vantes sur la façon dont seraient convoqués les
jeunes conscrits, d'une part, et les membres des;
services de défense auxiliaire et de réserve, d'au-
tre part, sous réserve de l'adoption avant les.
vacances de la Pentecôte des deux projet^" de lai|
récemment déposés :
L'enregistrement des jeunes gens âgés de 20 à
21 ans aura lieu le samedi 3 juin. Leur examen ,j
médical commencera le jeudi 8. Les convocations.
avec préavis de deux semaines, seront adressées:
à un premier groupe de 50,000 conscrits, vers le
1" juillet.
Ultérieurement, d'autres groupes seront convo-
qués, à des intervalles de deux mois. En principe,;
les convocations auront lieu par rang d'âge, les;
conscrits les plus âgés étant appelés les premiers,;
mais elles seront, en outre, décidées en tenant
compte de considérations de commodité, notam-
ment industrielles, agricoles, etc., lorsqu'il y aura;
iieu.
Le premier groupe d'officiers et hommes de la
D. C. A. territoriale, sera convoqué pour le 11 juin.
Le premier groupe d'officiers et hommes des
réserves de l'armée régulière, pour le 15 juin.
Dans la R, A. F. (Royal Air Force) les officiers
et hommes des unités auxiliaires affectés à !a
défense par barrages de ballons seront également
convoques par groupes. Le premier groupe sera
convoqué pour le 11 juin.
'M. Ernest Brown a précisé qu'il parlait au nom
de ses collègues de l'amirauté, de la guerre et de
l'air, sur la demande de ces derniers.
LA SITUATION
INTERNATIONALE
LES NÉGOCIATION^ ANGL0=RUSSES
On espère qu'un compromis sortira
de l'entretien Halifax-Daladier-Bonnet
de samedi
Notre correspondant particulier de Londres téléphone
mercredi matin, 17 mai :
Le comité ministériel des affaires étrangères
s'est réuni hier après-midi à Downing Street pour
examiner en détail la note du gouvernement de
l'U. R. S. S. touchant la question de l'assistance
mutuelle contre les agressions et pour élaborer la
réponse du gouvernement britannique qui sera
soumise à l'approbation du cabinet ce matin, avant
d'être envoyée à Moscou. Le gouvernement de
Londres est conscient de l'impatience existant,
non seulement dans les milieux de l'opposition
travailliste et libérale, mais encore dans une
grande partie de l'opinion publique en Angleterre,
devant les délais apportés à la conclusion d'un
accord de défense mutuelle avec l'U. R. S. S.
Le contact entre Londres et Paris reste très
étroit et les deux gouvernements, qui sont en con-
sultation l'un avec l'autre chaque jour, s'efforcent
actuellement de trouver une solution aux objec-
tions soulevées par la Pologne et la Roumanie.
Certains organes de la presse anglaise font prévoir
un compromis qui serait proposé par MM. Dala-
dier et Bonnet et qui pourrait intervenir à la fin
de la semaine en attendant la conclusion d'un
accord anglo-franco-russe définitif.
Lord Halifax, en route pour Genève, s'arrêtera
samedi à Paris où il se rendra par la voie des airs
au lieu de prendre le train, de manière â avoir un
long entretien avec le président du conseil et le
ministre des affaires étrangères français. Il quit-
tera Paris pour Genève dans la soirée de samedi,
avec M. Georges Bonnet.
Le rédacteur diplomatique de la Press Association
écrit :
On croit que la no'te russe qui est actuellement
à l'étude constitue un pas en avant dans la voie
des négociations, bien que les autorités soviétiques
ne semblent pas encore tout à fait convaincues que
les propositions anglaises impliquent un degré de
réciprocité satisfaisant. Elles continuent à estimer
que la Grande-Bretagne, la France et la Russie
doivent conclure un pacte d'assistance mutuelle.
Le gouvernement soviétique, pense-t-on, vou-
drait aussi que les promesses données à la Rou-
manie et à la Grèce fussent étendues aux Etats
baltes, afin que toute la frontière occidentale russe
se trouve ainsi garantie.
La répercussion en Italie
du pacte anglo-turc
Nôtre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone mercredi matin 17 mai :
Bien que l'accord anglo-turc ait soulevé un vif
mécontentement dans toute la péninsule, la presse,
! à quelques rares exceptions près, l'a passé sous si-
; lence. Le Duce lui-même, dans son discours de Tu-
rin, n'y a fait aucune allusion-
Cette attitude étonne d'autant plus que le pacte
anglo-turc intéresse directement l'équilibre médi-
terranéen. Bien plus, c'est le quatrième pacte
. conclu par l'Angleterre dans l'Europe orientale.
? Après la Pologne, la Roumanie et la Grèce, la Tur-
quie entre dans le circuit des Etats se ralliant à la
politique d'un système défensif. D'autre'part,.'le.
' pacte anglo-turc .vaut comme sauvegarde contre
, toute 1 attaque dans les Balkans èt la Méditerranée.
C'est donc un accroissement sensible des forces mi-
litaires des gouvernements démocratiques dans le
bassin "méditerranéen. En cas de conflit, les forts
; turcs et les Détroits seront à la disposition des for-
i ces britanniques et françaises. Ainsi, certains avan-
tages que les puissances de 1' « axe » ont remportés
en Méditerranée occidentale, dans les eaux espa-
gnoles, sont compensés dans une large mesure, au-
jourd'hui, par cette réussit© des démocraties dans
le Levant. D'autre part, le renforcement de la po-
sition italienne dans les Balkans, par l'annexion de
l'Albanie, est corrigée à son tour par la nouvelle
attitude que la Turquie assume à l'égard de la pé-
ninsule balkanique.
On peut observer que les deux pays ne réussirent
jamais à échafauder des relations sincères et spon-
tanées. De la part dé la Turquie, notamment, il y
eut toujours des réserves tacites. Le souvenir des
anciennes visées de l'Italie en Asie Mineure, le dé-
veloppement des fortifications du Dodécanèse et
certaines déclarations sur les. objectifs historiques
de l'Italie en Orient empêchèrent tout resserre-
ment sensible des liens italo-turcs. Il est vrai que
l'Italie, après un long retard, signa, l'an dernier,
les accords de Montreux. Dès cette époque on parla
d'un voyage du comte Ciano à Ankara. Désormais,
il ne peut plus en être question, et cela d'autant
plus que, pour des raisons d'ordre non seulement
géographique mais aussi historique et sentimental,
l'annexion italienne de l'Albanie a contribué dans
une large mesure, ces derniers temps, au revire-
ment turc.
En bref, l'Italie, et avec elle le système de
1' « axe », ont perdu un point important en Médi-
terranée. On peut donc, semble-t-il, s'attendre à
une riposte. Le voyage du maréchal Balbo en
Egypte a-t-il une signification dans ce sens ? L'Al-
lemagne, de son côté, prendra-t-elle des mesures
sur le terrain économique à l'égard de la Turquie ?
Le pacte germano-italien
On mande de Berlin à l'agence Havas :
Dans les milieux politiques allemands, on laisse
entendre que le chancelier Hitler prononcera une
allocution importante à l'occasion du dîner qu'il
offre dimanche, 21 mai, en l'honneur du ministre
des affaires étrangères d'Italie, le comte Ciano,
pour la conclusion du pacte militaire italo-alle-
mand.
Le ministre Ciano sera, le 22 mai au soir, l'hôte
de M. von Ribbentrop.
On mande de Rome :
Le comte Ciano quitterait Rome samedi pour
la'Capitale allemande, où il resterait trois jours.
L'ambassadeur du Reich, M. von Mackensen, est
déjà parti pour Berlin.
La visite du roi d'Italie n'aurait lieu
qu'à l'automne
On mande de Berlin :
Selon les indications recueillies de divers côtés,
aucune visite du roi d'Italie à Berlin ne serait
envisagée avant l'automne.
On a commencé, depuis trois jours, à démonter
les tribunes édifiées sur la « voie triomphale » de
Berlin pour le cinquantième anniversaire du
Fuhrer, le 20 avril.
' . ? ? V" ? ???' . \ ..
L'offre allemande' aux pays nordiques
de pactes de non-agression
On mande dé Berlin à l'agence Havas le 16 mai au
soir; : i s ? "
. Les réponses des quatre pays nordiques à la
proposition du Reich tendant à la conclusion d'ac-
cords bilatéraux de non-agression seraient remi-
ses simultanément, mercredi vers midi; à la
Wilhelmstrasse, par les ministres à Berlin des
pays intéressés.
A Berlin, on n'interprète pas cette démarche
commune comme signifiant que les réponses des
quatre pays seront identiques.
Selon des renseignements de source générale-
ment bien informée, le Danemark accepterait la
proposition allemande de conclure un pacte de
non-agression bilatéral avec le Reich, et son atti-
tude dans cette question ne soulèverait pas d'ob-
jection de la part des autres Etats nordiques, qui
reconnaissent la situation spéciale du Danemark.
La Suède) la Norvège et la Finlande, ajoute-t-on,
répondraient en termes à peu près identiques à
l'invitation allemande, en soulignant de nouveau,
d'une part leur profond désir de neutralité, et
d'autre part qu'ils n'estiment pas nécessaire, dans
ces conditions, de conclure des pactes de non-
agression.
EN
La fête de la victoire
On télégraphie de Burgos- " . \
On confirme officiellement que le défilé de la
victoire aura lieu à Madrid, le 19 mai.
Le ministre de l'intérieur a publié une procla-
mation dans laquelle on lit notamment :
La guerre atteint sa fin symbolique et la victoire son
plus haut couronnement avec l'entrée officielle du
Caudillo à Madrid.
L'Espagne se prépare à célébrer solennellement ce
jour où la patrie sent l'orgueil de son unité atteinte
par un sacrifice unanime et voit, comme une promesse
certaine d'un glorieux avenir, le défilé devant^ le Cau-
dillo d'une armée victorieuse et d'un peuple transformé
en milice armée.
Par la vertu fécondante d'un sang héroïque et chré-
tien, l'Espagne a vu se renouveler en elle les plus
grandes gloires militaires de son passé; de nouvelles
voies s'ouvrent pour de futures entreprises, grâce à
l'élan d'une révolution nationale en marche. Chaque
Espagnol est fier de voir le monde entier reconnaître
la gloire atteinte par l'Espagne, grâce au Caudillo, qui
a converti en victoire le mouvement initial.
On annonce d'autre part que les troupes parti-
ront à neuf heures de la place des Ministères, à
l'extrémité du Paseo de Franco.
Deux cent mille hommes prendront part, dit-on,
au défilé, parmi lesquels quinze mille Italiens et
deux mille cinq cents Allemands. Quelque quatre
cents pièces de canon et trois cents tanks légers
et mi-lourds participeront également au défilé.
La démobilisation de la classe 1930
On télégraphie de Burgos :
Le Bulletin de l'Etat publie un ordre du sous-
secrétaire de l'armée décrétant la démobilisation
des soldats appartenant à la classe 1930.
Ces soldats seront renvoyés^dans leurs foyers à
partir du 23 mai,, Leur démobilisation devra être
terminée le 31 mai. . .^V; 1 ; - " J
L'ambassadeur de Belgique à Burgos
remet ses lettres de créance
On télégraphie de Burgos :
Le comte Charles Romre de Vichenet, am-
bassadeur de Belgique à Burgos, a remis hier
mardi ses lettres de créance au général Franco
à la résidence de ce dernier. L'ambassadeur a
prononcé son discours en français et le général
Franco lui a répondu en espagnol. Le généralis-
sime a déclaré notamment : „
Après d'héroïques sacrifices, nous avons vaincu nos
ennemis, sauvant la civilisation commune de nos pays
d'une catastrophe. L'Espagne renaît dans la plénitude
de la vie; jalouse de son honneur et de son indépen-
dance, mais toujours disposée à contribuer avec ses
forces au maintien de la paix.
Une interview du général Franco
On télégraphie de Rome :
Le général Franco, interviewé par l'envoyé
spécial du Popolo d'Italia à Burgos, a déclaré que
l'Espagne suivra, dans le domaine militaire, naval
et aérien, une politique en harmonie avec les
ressources économiques du pays et la nécessité de
garantir l'intégrité au territoire national.
Je ne crois pas indispensable d'affirmer nos senti-
ments pacifiques avec les autres peuples, a dit en subs-
tance le général. Nous désirons la paix pour l'Espagne,
mais la garantie la plus sûre de cette paix résidera
dans une armée forte et puissante. La nature de nos
principales frontières nous impose de donner l'impor-
tance qui leur revient à nos forces navales et aériennes.
Interrogé sur ce que l'on entend en Espagne par
« politique impériale », le général Franco a dé-
claré ;
.'Nous voulons .que la voix de l'Espagne puisse être
entendue dans le monde comme autrefois. Nous vou-
lons que l'Espagne reprenne la mission civilisatrice avec
laquelle elle a renoué par la récente croisade contre le
bolchevisme, mais oela ne doit alarmer personne* Nous
conoevons l'empire comme une 'lutte sans effusion de
sang, pour défendre, élever, réaffirmer toujours plus
la civilisation méditerranéenne.
En Ce qui concerne la politique intérieure, le
général a dit que l'Espagne rompra avec tout son
passé politique; elle ne s'exposera pas au péril du
suffrage universel; toutes les institutions devront
être assujetties à l'intérêt suprême de la nation
« dans le cadre d'une démocratie organisée » ; tout
devra être subordonné aux intérêts supérieurs de
l'Espagne.
En réponse à une question, le général a déclaré
qu'il n'y a plus de problème juif en Espagne, que
les juifs convertis autrefois étaient devenus des
catholiques fanatiques, mais que, toutefois, « le
sang reste », et qu'il n'y a pas eu de descendants
de juifs parmi les premières victimes du mouve-
ment nationaliste.
Enfin, le général Franco a souligné l'intérêt que
l'Espagne porte au Maroc :
Les Marocains, a-t-il dit, aiment l'Espagne; nous ai-
mons ces grands et loyaux guerriers. L'Espagne a un
avenir au Maroc; elle comprend l'Islam. Aveo la renais-
sance du sens de l'empire, renaît aussi dans le peuple
espagnol le sens et l'amour de l'Afrique...
Puis, le général a exalté l'amitié italo-espagnole
et mis en relief la nécessité pour l'Espagne et l'Ita-
lie de développer leurs relations économiques.
La récupération du matériel espagnol
M. Georges Bonnet, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, mardi, M. Lequerica, ambassadeur
d'Espagne, qui, se rendant en Espagne pour as-
sister aux fêtes de la victoire, sera absent de
Paris jusqu'au 24' mai. *
L'entretien a permis de mettre au point cer-
taines questions visées par les accords Bérard-
Jordana sur la récupération du matériel espagnol
existant en France.
Le président de la commission espagnole char-
gée de la récupération de ce matériel prendra
contact dès aujourd'hui avec les autorités mili-
taires de Bayonne afin d'organiser la livraison
aux autorités espagnoles des camions, voitures et
autre matériel militaire qui se trouvent dans la
région frontière.
Quant aux réfugiés espagnols en France, leur
renvoi en Espagne se fait lentement au rythme
d'environ 400 par jour.
On mande de Bordeaux :
Le cargo espagnol Goya, venant de Pasajès, est
arrivé à Arcachon avec 100 marins qui sont char-
gés de ramener à Bilbao la flottille espagnole ré-
fugiée à Arcachon. Les chalutiers sont prêts à
partir et prendront la mer dès que les Conditions
atmosphériques le permettront.
LE CONFLIT SINO- JAPONAIS
Protestation contre le débarquement japonais
à Kou-Lang-Sou
Suivant un télégramme de Shanghaï, les consuls
de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis
à Kou-Lang-Sou ont protesté auprès des autorités
japonaises contre le débarquement de soldats d'in-
fanterie de marine japonais.
Mouvements de navires de guerre .
anglais, français et américains
On télégraphie de Tokio :
Les dépêches de presse reçues de Hong-Kong
soulignent des mouvements de navires de guerre
étrangers consécutifs au débarquement de Kou-
Lang-Sou.
L'amiral Sir Percy Noble a quitté Hong-Kong à
bord du croiseur Birmingham, probablement pour
Amoy, disent ces dépêches qui relatent aussi le
départ pour le Nord d'une escadrille de sous-
marins et d'une escadrille de destroyers. Le croi-
seur français Primauguet, accompagné d'une autre
unité, a quitté le Tonkin, également pour le Nord.
Plusieurs unités de l'escadre américaine station-
née en Asie se dirigeraient vers Shanghaï.
Retrait de Kou-Lang-Sou
de fusiliers marins japonais
On télégraphie d'autre part de Hong-Kong :
On mande de source japonaise qu'une partie
des fusiliers marins japonais débarqués à Kou-
Lang-Sou, concession internationale d'Amoy, se
sont retirés.
TRIBUNE LIBRE
Rencontre de parallèles
Par ce temps de politique géométrique où il
n'est question que d'axes, de triangles et, sinon
de cercles, du moins d'encerclement, pourquoi
ne parlerait-on pas aussi de parallèles? Il est
vrai que nos professeurs de sciences nous inter-
disaient de nous laisser abuser par une illu-
sion d'optique et de croire à la rencontre de
lignes parallèles, sauf peut-être dans le mys-
tère de l'infini. Or, ce que l'on est convenu d'ap-
peler parallélisme en politique est, au contraire,
inconcevable sans contacts. Mais nous n'en
sommes plus à cela près. Avec sa verve cou-
tumière, Lancelot évoquait l'autre jour les
tours de force que l'on faisait exécuter à un
certain axe en disant qu'il traversait une
crise cristallisée par un discours. Pourquoi
donc refuser davantage à des parallèles le droit
de se joindre, de s'embrasser et même, qui sait?
de finir par se mordre?
Ces réflexions me sont venues à la suite
d'une nouvelle entrevue avec ce Ruthénien
subcarpathique qui se nommait Crkowsky, à
la tchèque, mais qui, les circonstances aidant,
m'avait permis d'adoucir tant de consonnes et
de prononcer Ceryikowsky, à la ruthène. N'en
déplaise au journal roumain Universul qui'
.m'avait alors reproché de m'en être laissé con-
ter par un mystificateur, je viens de persévérer
diaboliquement dans mon erreur, car, une fois
-encore, je n'ai pas su résister à l'attrait d'une
belle carte de visite. Celle-ci portait : Michel 1
Czérkowskyi de Nagy-Czerkô et Czerkôifâlva.
J'interpellai gaiement le protée :
-Vous êtes doué, si je puis dire, de mimé-
tisme orthographique, Voilà, ou je me trompé
fort, que vous avez magyarisé votre nom.
Il se redressa :
- J'en avais 'le droit, puisqu'une tradition
millénaire vient d'être renouée et que notre
Russinsko est redevenu un des fleurons de la
Sainte-Couronne. Sans doute n'irai-je point
jusqu'à préteindre que le fondateur de ma
maison appartenait à l'une des sept tribus
finno-ougriennes qui franchirent le pas de
Verecke pour descendre dans la plaine; mais
les miens, sachant répondre par leur loyalisme
à la largeur de vues du souverain, se sont ef-
forcés de participer honorablement aux fastes
de l'histoire hongroise. Il y a eu parmi eux
nombre de labanc; et aussi de kuruc : un de
mes ancêtres a servi sous François II Râkôczi,
ce grand ami de votre roi Louis XIV. Il était
donc naturel que je rendisse à mon nom le
lustre d'une consonance séculaire.
- Et que vous reprissiez le chemin de
Budapest.
- Comme de juste.
- Où en est-on là-bas?
Son visage se rembrunit :
- Il est délicat, pour un nouveau revenu,
d'en parler.
- Mais celui-ci', ayant plus d'objectivité,
peut faire le point plus aisément.
- Si tel est votre sentiment...
- Allez-y donc.
Ses mains firent le geste d'équilibrer deux
poids :
- , Politique intérieure, politique extérieure.
Il ne faudrait pas que celle-ci entraînât celle-
là, faute de quoi on courrait un risque sur le-,
quel je n'ai pas besoin d'insister. Mais voici
le paradoxe : la politique extérieure est orien-
tée dans un certain sens, orientée nécessaire-
ment car on n'a plus le choix; or, cette orien-
tation est d'autant plus accusée (et, par consé-
quent, d'autant plus impérieuse, avec toutes les
conséquences que cela peut comporter) que
i'pn yeut pouvoir dire à l'un des grands voi-
sins : « L'excellent ami que vous' êtes tient
évidemment à nous voir confiants et forts.
Le serions-nous si notre opinion publique était
troublée par l'action d'éléments dont quelques-
uns", à tort certainement, se réclament de vous?
Nous sommes donc convaincus que vous êtes
d'accord avec nous sur la nécessité où nous
sommes de faire observer à chacun cette disci-
pline sans laquelle il n'y a plus d'ordre établi. »'
» Cependant, et précisément pour empêcher
que cet ordre ne dégénère en désordre, on tâche
de renforcer les positions gouvernementales.
C'est la raison des prochaines élections, à l'oc-
casion desquelles un ancien président du con-
seil s'est, dit-on, laissé persuader qu'il con-
venait mieux à son personnage d'entrer à la'
Chambre haute que de courir, une fois de plus,
le risque électoral. Une offre dans le même sens
aurait été faite à un légitimiste notoire- Par
contre, on fourbirait les armes de la candida-
ture officielle pour les mesurer avec celles d'un
chef de groupe dont l'esprit, aussi agile que
critique, cause du souci. Travaillant de ces
diverses manières à réduire l'une des opposi-
tions, on se donnerait le droit de maltraiter
l'autre : justice distributive, et la possibilité
d'obtenir finalement une telle majorité que
celle-ci ferait figure d'unanimité nationale.
» Le calcul se défend, à condition que le
gouvernement se serve de cette unanimité
comme d'un appui pour résister à de trop for-
tes pressions, et non comme d'un prétexte
pour rejeter sur le pays la responsabilité de
ses propres défaillances. »
- Revenons à la politique extérieure.
- Il est vrai qu'elle domine le débat. Mais je
ne m'en étais pas détourné. Faut-il que je
mette les points sur les i, notamment sur ceux
de ma dernière phrase ?
- Inutile. Etant donnée la situation que vous
veinez de me dépeindre, que ferait-on en cas
de crise?
_ - Tel est le hic. Se battre contre les You-
goslaves? C'est exclu, et vous savez pourquoi.
Contre les Polonais? Fi donc! Contre les Rou-
mains? Cela pourrait être teintant, à cause de
la Transylvanie; mais la Roumanie, qui est
d'ailleurs alliée à la Pologne, est devenue urt
bien gros morceau depuis qu'elle a la garantie
franco-anglaise. Enfin il n'y a ni frontière
commune avec les Français, ni espace vital à
défendre contre les Britanniques. Alors, se
battre contre qui? Et pour qui tirer les marrons
du feu?
» Aussi, dans ma jugeote de montagnard
redevenu paysan du Danube, ai-je imaginé
que l'on n'était pas mécontent de l'affaire d'Al-
banie, quelque triste que fût le sort du pauvre
Zog et surtout de la jeune comtesse son épouse.
D'une part, l'Italie faisait un rétablissement :
en exerçant le droit de prise suivant d'augustes
exemples, elle redevenait l'égaie de celle
qu'elle savait si bien imiter. D'autre part, si
la Yougoslavie n'avait pas soufflé mot, elle
autrefois plus chatouilleuse, n'était-ce pas
qu'elle avait reçu des assurances de l'Italie et
que celles-ci, c'est le cas de le dire, la rassu-
raient?
- En avait-elle besoin?
-. Certes. Ignorez-vous le travail opéré sur
les minorités allemandes de Slovénie et, con-
curremment, sur les Croates contre les Serbes
et sur les Serbes contre les Croates, travail de
dissociation ressemblant singulièrement à ce-
lui dont la Tchécoslovaquie a été la victime?
» Je me figurais donc que l'affaire d'Albanie
était le signe d'une entente sur la clientèle et
sur le butin. Je voyais les deux partenaires
cheminer de concert, l'un tenant la droite, l'au-
tre gardant la gauche, et la Hongrie, entre
les deux, pouvant se retenir à l'un si l'autre
lui donnait un croc-en-jambe.
» Quand on suit des directions parallèles, on
se surveille du coin de l'oeil : ne faut-il pas
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