Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-04-07
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 avril 1939 07 avril 1939
Description : 1939/04/07 (Numéro 28330). 1939/04/07 (Numéro 28330).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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VENDREDI 7 AVRIL 1939
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CHÈQUE POSTAL s Paris, Numéro 60
1 1 1 1
PAGES 1 & 2
La Réélection de M. Albert Lebrun à la présidence
de la République,
PAGE 3
La Situation internationale. - En Espagne.
Les Actualités médicales : Médecine et sciences
exactes, DOCTEUR HENRI BOUQUET.
PAGE 4
Lettre du Portugal : Une exposition de Sèvres à
Lisbonne, R. WARNIER. - Nouvelles du jour.
Feuilleton : Jean de Fodoas (Aventures d'un Fran-
çais à la cour de l'empereur Akbar), par MAURICE
MAGRE. (N° 87). (FIN.)
PAGE 5
L'Exposition du rêve, EDMOND JALOUX. Echos et
informations. - Les Spectacles.
PAGE 6
Les Sports. ?- Faits-divers. - La T. S. F.
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - A l'Elysée:
Remise à M. Albert Lebrun du procès-verbal de
son élection par l'Assemblée nationale. - L'En-
gagement mutuel anglo-polonais : Déclaration
de M. Chamberlain aux Communes.
Paris, le 6 avril 1939
BULLETIN DU JOUR
LES ENTRETIENS DE LONDRES
L'attention reste concentrée sur l'activité
diplomatique déployée en vue d'éclaircir la
situation créée par les récents bouleverse-
ments survenus en Europe centrale et par les
velléités des puissances totalitaires de chercher
à dominer le monde par la force. Les entre-
tiens Beck-Halifax ont abouti virtuellement à
un accord défensif anglo-polonais. L'initiative
du gouvernement britannique et les consulta-
tions avec les différents pays intéressés aux-
quelles elle a donné lieu sont dans la logique
des déclarations faites par M. Neville Cham-
berlain à la Chambre des communes, déclara-
tions qui ont annoncé une politique nouvelle
de la part de l'Angleterre - nouvelle en ce
sens qu'elle comporte des engagements à
prendre sur le continent pour un cas déter-
miné - mais qui n'est nullement en contra-
diction avec la volonté de paix et de coopéra-
tion que le premier ministre du Royaume-Uni
n'a cessé d'affirmer. Ce que M. Chamberlain
essaie d'établir, c'est un système de sécurité
européenne qui serait dirigé contre un agres-
seur éventuel, quel qu'il puisse être, mais non
contre telle ou telle puissance. Rien n'empê-
cherait, par exemple, l'Allemagne et l'Italie,
si réellement elles ne nourrissent aucun cou-
pable dessein contre d'autres nations, d'adhé-
rer à un tel système.
Les déclarations complémentaires faites
l'autre jour à la Chambre des communes par
Je premier , ministre britannique ne laissént
subsister aucun doute sur le véritable esprit
dans lequel se précise cette évolution capitale
de la politique anglaise. C'est bien uniquement
contre toute tentative de domination de l'Eu-
rope par la force qu'est dirigée l'initiative du
cabinet de Londres, et il n'y a que les puissan-
ces qui auraient l'intention d'user de la force
aux fins de leur politique particulière qui
peuvent s'en inquiéter. Aussi a-t-on peine à
comprendre, quand on se place franchement
sur le terrain des faits, que la presse alle-
mande et la presse italienne s'obstinent à
accuser l'Angleterre et. la France de vouloir
encercler l'Allemagne, de chercher à bloquer
à l'Est comme à l'Ouest les deux Etats totali-
taires et à construire ainsi contre eux une for-
midable machine de guerre. La presse fasciste
renchérit sur le ton et les arguments de la
presse nationale-socialiste dans les attaques
contre la politique nouvelle de l'Angleterre,
que l'on représente de l'autre côté des Alpes et
de l'autre côté du Rhin comme étant une poli-
tique d'agression. Certains organes n'hésitent
même pas à soutenir qu'en fait la Grande-
Bretagne et la France entendent imposer leur
« protection » aux pays de l'Europe centrale
et orientale en réclamant de ceux-ci qu'ils
adoptent une attitude d'hostilité systématique
à l'égard du Reich hitlérien, auquel l'Italie est
étroitement associée. De tels arguments sont
sans portée après ce qui s'est passé sur le con-
tinent au cours de ces six derniers mois, après
que l'on a vu l'Allemagne déchirer les accords
de Munich, en méconnaissant totalement la
procédure de consultations prévue à Munich
et dams les déclarations communes germano-
britannique «et franco-allemande.
Puisque, suivant la constatation faite devant
la Chambre des communes, il ne subsiste
rien des assurances qui avaient été données
par l'Allemagne, il faut bien avoir recours à
une autre méthode pour assurer, dans la me-
sure du possible, la sécurité générale, et il est
apparu que dans ce cas la meilleure méthode
était encore celle consistant à organiser la
résistance en commun contre toute agression
éventuelle dont seraient l'objet des nations
obligées de défendre leur liberté menacée. Il
n'y a pas deux manières de défendre la paix
dès l'instant où, du fait de l'Allemagne, la pro-
cédure des consultations et des négociation^
entre les quatre principales puissances s'est
révélée décevante.
C'est ce que le cabinet britannique a voulu
réaliser en donnant à la Pologne l'assurance
de l'entier appui de l'Angleterre et de la
France si elle se trouvait dans la nécessité de
faire face avec toutes ses forces à une attaque
non provoquée. Pourquoi cette garantie donnée
spontanément à la Pologne seule, avant que
tout système collectif soit établi? Parce qu'il
est apparu clairement que la politique
d'expansion du Reich en Europe centrale et
également en direction des Pays Baltes vise,
en réalité, à isoler l'Etat polonais au sud et au
nord, comme il l'est déjà à l'ouest, et à le con-
traindre, par une adhésion sans réserve au
pacte antikomintern, à glisser dans le sillage
allemand, alors que se posent entre Berlin et
Varsovie des questions aussi vitales pour la
puissance polonaise que celle de Dantzig et
du « couloir », et demain peut-être, celle .de
l'Ukraine.' La presse allemande et la presse
italienne affectent une grande surprise que
l'on veuille justifier la politique nouvelle
de l'Angleterre par une menace du Reich à la
Pologne, menace qui n'existerait nas. Il faut
croire que ce n'est pas l'avis des Polonais, car
ceux-ci ne dissimulent point les appréhensions
que leur cause la politique d'expansion de Ber-
lin, et ils sont unanimes à apprécier à toute
sa valeur la garantie franco-britannique don-
née à leur pays et à approuver la démarche de
M. Beck à Londres.
Au surplus, on est fixé maintenant sur la
nature et la portée des décisions auxquelles
ont abouti hier les entretiens que M. Beck vient
d'avoir pendant trois jours avec M. Chamber-
lain et lord' Halifax, puisque le premier minis-
Ire a fait aujourd'hui même une déclaration
officielle à ce sujet à la Chambre des commu-
nes. Il s'agit bien, comme on le prévoyait, d'un
. accord polono-britannique de défense mu-
tuelle, avec obligations réciproques en cas
d'agression, complétant- en fait l'alliance
franco-polonaise telle que celle-ci existe,
alliance qui, on le sait, n'a jamais été considé-
rée en Allemagne même comme étant incom-
patible avec de bonnes relations, polono-alle-
mandes et n'a pas été un obstacle à la conclu-
sion de l'accord germano-polonais de 1934.
Mais si l'on veut créer un système .défensif
réellement efficace contre toute tentative, d'où
qu'ellè vienne, de dominer par la force la plus
grande partie du continent, il restera évidem-
ment à y intégrer les autres Etats directement
menacés, du point de vue politique comme du
point de vue économique, par le « Drang nach
Osten » germanique d'une part, par les vel-
léités de l'Italie de s'assurer la prépondérance
politique dans les Balkans d'autre part. Les
consultations en cours avec les gouverne-
ments de Bucarest, de Belgrade, d'Athènes eî
d'Ankara nous fixeront sans doute sur les pos-
sibilités qui existent de ce côté. M. Tilea, qm
représente la Roumanie à Londres, rejoint au-
jourd'hui son poste, et il rapporte de Bucarest
des instructions précises, dit-on. D'autre part
M. Gafenco, ministre des affaires étrangères
de Roumanie, se propose d'entreprendre un
voyage circulaire dans les principales capi-
tales, afin d'étudier personnellement la situa-
tion avec toute l'attention qu'elle réclame, pour
que son gouvernement puisse prendre défini-
tivement position en connaissance de cause.
M. Gafenco commencera sa tournée par Ber-
lin, il passera par Bruxelles, se rendra à Lon-
dres. d'où il viendra à Paris, et finalement il
s'arrêtera à Rome au cours de son voyage de
retour à Bucarest. A ce moment on sera fixé
sur les dispositions des autres puissances de
l'Entente balkanique, la Yougoslavie, la Grèce
et la Turquie, et d'un autre côté la Rou-
manie saura exactement ce qu'elle peut atten-
dre de l'alliance polonaise et d'un resserre-
ment de ses liens avec Varsovie, question qui
a été examinée de près, peut-on croire, au
cours des entretiens que M. Beck vient d'avoir
à Londres avec les ministres anglais.
L'ÉLECTION
DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
M. Albert Lebrun a été réélu président de
la République par 506 voix sur 904 votants.
Est-il nécessaire d'épiloguer sur ces chiffres ?
L'élection est assez large. Si l'on fait observer
qu'elle l'était plus encore il y a sept ans, c'est
que l'on oublie que dans l'intervalle ont eu
lieu des élections législatives, que la Chambre
a été profondément modifiée, et qu'il reste
tout de même quelque chose de ce boulever-
sement. La majorité obtenue par M. Albert
Lebrun est celle que l'on pouvait attendre, et
que l'on attendait. Il n'y a eu nulle surprise.
Mais pourquoi raisonner sur cette élection
du premier magistrat de la République comme
s'il s'agissait d'un scrutin politique ? Ceux qui
ont voulu la présenter comme telle ont commis
une erreur, et le pays le jugera ainsi. Car on
sait fort bien que le président Albert Lebrun,
qui aspirait à un repos légitime après un sep-
tennat difficile, a obéi; au sentiment du plus
noble dès devoirs en consentant à làissër poser
sa candidature. La France lui est reconnais-
sante d'accepter une fois encore la lourde
charge d'être, en ces temps troublés et péril-
leux, avec une expérience accrue, l'arbitre des
partis et le représentant de la nation.
La journée d'hier aura donc son plein effet,
et contribuera à maintenir le prestige de notre
pays épris de stabilité, résolu au travail et au
sacrifice pour maintenir intact l'héritage reçu
d'innombrables générations. Rien n'est changé,
l'oeuvre commencée continue : tel est le sens
de l'élection de Versailles.
Aussi convient-il de rendre hommage aux
hommes qui ambitionnaient de servir à leur
tour au plus haut poste de la République,
et qui se sont effacés quand ils ont com-
pris quelle haute valeur devait être attachée
au maintien de M. Albert Lebrun à l'Elysée.
Tous, d'ailleurs, représentaient les mêmes
aspirations, les mêmes principes, nous dirions
volontiers le même programme, si ce mot ne
pouvait être mal interprété, que le chef de
l'Etat d'hier et de demain. M. Bouisson, M. Pié-
tri, M. Roy, M. Queuille ne songeaient certes
pas à autre chose qu'à l'union des Français
devant le péril extérieur, qu'à l'effort néces- i
saire que doit accomplir la nation avec une
discipline totale. Us ont donné l'exemple de
cette discipline, et le pays leur en saura gré.
Car c'est bien ainsi que la France interprète
le vote de l'Assemblée nationale. Une oeuvre
de redressement a été entreprise depuis plu-
sieurs mois à l'intérieur comme à l'extérieur.
?Sans doute le choix du Congrès ne risquait
pas de l'interrompre, mais il était évident que
le renouvellement du mandat de M. Albert
Lebrun affirmerait avec plus de force, et en
même temps plus de simplicité, cet élan du
pays vers une renaissance. Il convenait de
manifester par un geste, auprès de nous-
mêmes et devant l'étranger, que la France, qui
ne méconnaît pas la gravité de la situation
européenne, et sait mesurer aussi les obsta-
cles intérieurs qui peuvent s'opposer à celte
renaissance, entend ne laisser planer aucun
doute sur sa propre stabilité et sur sa volonté
de mener à bien l'effort commencé.
Le pays se rend fort bien compte que le
chef de l'Etat a un rôle plus important que
la lettre de la Constitution ne l'indique, que
sa mission est délicate et subtile, qu'elle l'est
davantage dans les temps troublés et quand
subsistent encore des ferments de division et
de dissociation. Il sait que l'homme qui pen-
dant ces dernières années a bien rempli sa
mission médiatrice sera un guide plus sûr
dans le présent et dans l'avenir, et que, par
ses conseils et son influence, il facilitera la
tâche entreprise par le gouvernement actuel.
Le pays se rend compte surtout du symbole
de force que représente pour l'étranger le
maintien du même chef à la tête de la Répu-
blique. Nos institutions sont d'ordinaire mal
connues. On s'étonne parfois de leur mobilité
apparente et l'on méconnaît la solidité réelle
de leurs assises. La journée de Versailles
"démontrera qu'il y a plus de continuité qu'on
ne le suppose dans notre régime, et que nous
savons en faire la preuve quand il est néces-
saire. Tous les républicains étaient hier du
même avis sur l'utilité d'une manifestation de
cet ordre. Aucun ne doutait du résultat de
l'élection. Des divergences de vues pouvaient
porter sur les modalités, sur la présentation
extérieure. En fait, le maintien de M. Albert
Lebrun à la présidence de la République était
souhaité par une majorité beaucoup plus forte
que celle qui s'est manifestée et qui est cepen-
dant, comme nous l'avons dit, très large. Elle
suffit, en tout cas, à démontrer que la France
continue, qu'elle est plus unie qu'on ne l'ima-
gine, et que sa force profonde, morale et. maté-
rielle, continuera à s'accroître.
Questions extérieures
' ' ';X j'ri;ïj '< ''
LA DRAMATIQUE ÉVOLUTION
DE LA POLITIQUE ANGLAISE
J'ai pris part, quand le siècle naissait à
peine, aux premières manifestations de l'En-
tente cordiale.^ J'ai accompagné le maréchal
Foch et le général Weygand à Londres, en
novembre 1918. L'affectueuse invitation d'un
Oxonien fidèle m'a permis d'assister à l'ac-
cueil fait, par les élites et par la foule, au
président et à Mme Lebrun. Trois dates dans
l'action européenne de la Grande-Bretagne.
Certes, l'hospitalité de la nation des « gentle-
men » reste sans rivale au monde, par le
décor, l'élégance et la richesse. Sans doute, les
acclamations du peuple de citoyens libres sont
toujours les mêmes : rythmées et brèves, vo-
lontaires et réfléchies. Et cependant impossi-
ble de ne pas sentir que l'atmosphère morale
a changé et qu'une époque nouvelle com-
mence. Ni l'enthousiasme sentimental de 1904.
Ni l'admiration reconnaissante de 1918. Un
sentiment plus simple et moins ardent. Satis-
faction de retrouver une amitié loyale et effi-
cace, liée à d'ineffaçables souvenirs, jadis dé-
tendue par des désaccords partiels, désormais
resserrée par des risques communs et par la
menace d'une guerre, à laquelle outre-Man-
che chacun pense sans y croire, parce que
celle-ci ne rapporterait rien, et parce que la
dernière a trop coûté. . ,
Le jeudi 23 mars, - pendant le séjour du
président Lebrun, - M. Neville Chamberlain
annonça, aux acclamations d'une Chambre des
communes unanime et résolue, le renverse-
ment de la politique anglaise d'après guerre,
renversement qu'il devait préciser juridique-
ment le vendredi 31 mars et le lundi 3 avril.
Pour comprendre cette évolution, si rapide
dans son déclenchement et si totale dans ses
résultats, il faut savoir que le gouvernement
britannique et ses .services ont été entièrement
surpris par les événements qui se sont dé-
roulés dans la nuit du 14 au 15 mars, par le
drame, l'invasion et l'écroulement de la
Tchéco-Slovaquie. Les services de renseigne-
ments britanniques n'avaient pas reçu confir-
mation et refusaient d'admettre l'exactitude
des informations recueillies et communiquées
Sar l'état-major français dès le début du mois.
es indications exactement contraires avaient
été reçues de plusieurs sources et permettaient
de croire que, pour des raisons économiques et
financières, le cabinet hitlérien rengainait ses
plans d'expansion européenne «t envisageait
des essais de collaboration occidentale. Avant
de s'embarquer pour San-Remo, le maréchal
Goering en avait donné l'assurance à Sir Ne-
vile Henderson. Le mardi 14 mars, quelques
heures avant la nuit tragique au cours de la-
quelle, grâce à des brutalités sans nom et sous
la menace d'un bombardement par huit cents
avions, Hitler- arracha au président Hacha et
au ministre- Chvalkovsky leurs signatures 'sur-
l,e constat d'exécution, le Foréign Office avait
reçu, de la Wilhelmstrasse les assurances les
plus apaisantes et les démentis les plus for-
mels. Les deux membres de la délégation mi-
nistérielle, le président du « Board ôf Trade »
et le secrétaire du « Department of Overseas
Trade », s'apprêtaient à s'embarquer pour
l'Allemagne.
Certes, les Anglais avertis n'éprouvent au-
cune difficulté pour expliquer la décision
brusquée d'Adolf Hitler.
'Le plan réalisé le 15 mars est exactement
celui qu'avait en vue le Fuhrer lorsque, en
septembre, il dut, pour éviter le risque d'une
guerre, se borner à une partielle annexion.
Dès le lendemain commence, en Slovaquie
d'abord, et plus tard en Bohême, le travail de
dissociation et de regroupement qui rendra
ultérieurement possible le ' dépècement total.
C'est en octobre 1938 que furent, à. Vienne,
réunis les premiers éléments d'une légion slo-
vaque. La valeur de ce plan fut rapidement
confirmée par des événements multiples. Par
l'expérience sudète : impossible, sans les affa-
mer, de séparer les cités industrielles de leur
clientère rurale par une frontière. L'unité po-
litique prime l'unité ethnique. Par les difficul-
tés financières : les capitaux israélites ont été
consommés par le Trésor aux abois. Impossi-
ble de toucher aux propriétés ecclésiastiques
sans couper l'Allemagne, et surtout ses cadres,
en deux. Il vaut mieux mettre la main sur les
livres sterling prêtées par Londres et sur l'en-
caisse or stockée par Prague. Par des inquié-
tudes politiques, enfin. Des velléités de résis-
tance contre la domination germanique së des-
sinent partout : en Roumanie, où les gardes
de fer ne parviennent point à assassiner le roi
Carol; en Hongrie, où de Imrédy est remplacé
par Teleki; en Yougoslavie, où Stoyadinovitch
disparaît; en Tchéco-Slovaquie, où Prague
resserre son contrôle sur Slovaquie et Subcar-
pathie, débarque des ministres et avance de
l'argent.
Il faut reprendre le plan prévu pour mai
1938. Il faut achever l'opération interrompue
en septembre. - Il faut demembrer la Tchéco-
slovaquie, annexer la Bohême, occuper la
Slovaquie, morceler la Subearpathie. Et les
divisions allemandes, au nord et au sud, fran-
chiront la frontière, dans la nuit du 14 au
15 mars.
Puisque les lignes bétonnées ont été livrées
et les forces morales ont été brisées à Munich,
pas d'autre obstacle sur la route que les paroles
prononcées et les promesses souscrites par le
Fùhrer.
Elles sont aussi nombreuses que précises.
Trois exemples.
Dans son prêche du Sportpalast, qui précéda
de trois jours la conférence de Munich, le
Fuhrer s'est écrié : « C'est la dernière re-
vendication territoriale que j'aie à faire en
Europe... Nous ne voulons aucun Tchèques
Lorsque les Tchèques seront arrivés à un ar-
rangement avec leurs autres minorités, je lie
Êrendrai plus aucun intérêt à l'Etat tchèque.
n ce qui me concerne, je puis le garantir...
Nous ne voulons pas voir d'autres nationa-
lités au milieu de nous. Nous voulons vivre
notre vie propre, et nous voulons que les
autres peuples fassent de même. »
Dans une annexe à la convention de Munich,
Adolf Hitler s'engagea, quelques jours plus
tard, dès que Pologne et Hongrie auront reçu
satisfaction, à garantir les frontières de l'Etat
amputé et désarmé. Enfin le 30 septembre 1938,
dans une déclaration anglo-allemande, il af-
firme que '« la méthode des consultations
préalables sera celle adoptée pour régler les
autres questions qui pourraient intéresser les
deux pays ».
Ces chiffons de papier ne pouvaient barrer
les routes de Prague et de Bratislava aux di-
visions d'acier.
Adolf Hitler n'avait ni remords ni crainte.
Les dieux de Germanie l'absolvent : le droit
n'est qu'un mot et la force est la loi. Les pré-
cédents de l'histoire le couvrent : ni en mars
1936 ni en. mars 1938 le gouvernement bri-
tannique n'a réagi avec violence devant le
poing ganté de fer qui déchirait, pour ouvrir
les ponts du Rhin et les portes de Vienne, deux
doutâmes de parchemins.
Pourquoi n'en serait-il pas de même en.
mars 1939 ? Pourquoi le cabinet anglais no
se bornerait-il pas, comme d'habitude, à for-
muler une de ces protestations rituelles, à
poser cette série de questions bénignes que
les agents de la Wilhelmstrasse ont l'habi-
tude de recevoir sans rire et de classer avec
méthode ? Jamais deux sans trois.
Mais la troisième étape de la poussée hitlé-
rienne fut close à Munich. Et une quatrième
commence. Il ne faut jamais abuser : la pa-
tience anglaise n'est pas sans limites.
D'autre part si la démilitarisation rhénane
était une formule franco-américaine qu'avaient
condamnée les ombres de Pitt et de Castlereagh,
si la République autrichienne n'avait jamais
été jugée outre-Manche comme viable sans
le rétablissement des Habsbourg et sans la
création d'un Zollverein, le règlement de Mu-
nich était une solution britannique du pro-
blème tchèque, - c'est-à-dire plus équitable
en morale et. plus solide en fait que les déci-
sions versaillaises. Ce texte avait donc droit
à plus de considération. D'autre part il est
plus récent et partant plus rigide. Le déchirer
n'est pas seulement un manque de parole et
de piété, mais, ce qui est presque aussi grave,
un manque d'égards et de discrétion.
Rien n'était plus dangereux que d'agir ainsi
envers des hommes comme Neville Chamber-
lain, lord Halifax et Sir John Simon, surtout
après les avoir, jusqu'au mardi soir 14 mars,
leùrrés de démentis mensongers et d'assurances
fallacieuses. Des Anglais de cette trempé, na-
turellement honnêtes et profondément géné-
reux, secrets et fermés, mais cachant derrière
ces silences et ces rigidités une sensibilité qui.
ne craint pas d'être tendre et peut aller jus-
qu'à la naïveté, ne pardonnent jamais à un
étranger de trahir sa parole et de mentir avec
sérénité. Adolf Hiiler, qui les avait trompés
par ses évocations du passé et sa passion de
la musique, par ses protestations d'idéalisme
et la finesse de ses mains, n'est plus désormais
qu'un de ces « perfides » sur qui s'abat, tôt
où tard, la justice de Dieu, - le Dieu des
« gentlemen », le Dieu de Judée.
Et non content d'interrompre les négocia-
tions commerciales, d'ajourner la visite mi-
nistérielle, de saisir les avoirs tchèques, de
doubler l'armée territoriale, le gouvernement
britannique, approuvé le jeudi 23, le vendredi
31 mars, le lundi 3 avril par les Communes
unanimes, abandonne les normes de sa poli-
tique d'après guerre et revient aux cadres de
sa diplomatie d'avant guerre. La paix est à
ce prix.
JACQUES BARDOUX.
ENTRETIENS MILITAIRES
ITALO-ALLEMANDS
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. - . ' ' i 1111 " i" 'i ? " -
- - . -? - ...... ... -- . . . ?;
*' v v* ' v . : ? ?s1-!! ' ks '
Le généra! Keitel et le général Panam
confèrent à Innsbruck
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone jeudi matin, 6 avril :
Les journaux du matin reproduisent un com-
muniqué annonçant que des réunions ont lieu, le
5 et. le 6 avril, entre le chef du commandement
supérieur allemand, le général Keitel, et le chef
d'état-major de l'armée italienne, le général Pa-
riani, sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Le com-
muniqué ne précise pas l'endroit où ces contacts
ont lieu.
[L'agence officieuse allemande D. N. B. a publié un
communiqué analogue au communiqué de l'agence Ste-
fan!, mais situant à Innsbruck la conférence des deux
chefs militaires.]
Quoi qu'il en soit, la nouvelle est importante.
A plusieurs reprises, en effet, il a été question
d'une alliance militaire entre l'Allemagne et l'Ita-
lie. Au lendemain de l'Anschuss, notamment, les
journaux italiens parlèrent de 20 millions de
baïonnettes capables d'assurer la paix en Europe,
de la Baltique à la Méditerranée. Le Duce ayant
parié un jour de 8 millions de baïonnettes ita-
liennes, les 12 autres ne pouvaient se rapporter
qu'à l'Allemagne et à l'Autriche. Les mômes bruits
circulèrent lors du voyage du chancelier Hitler à
Rome.
De toute façon, la rencontre entre les deux
chefs principaux des armées allemande et ita-
lienne semble traduire d'une façon expressive )a
tension que traverse l'Europe.
Le chef d'état-major de l'armée italienne, ,'P
général Pariani, était commandant de division
pendant la guerre mondiale; il fut membre de la
commission d'armistice au lendemain de Vittorio-
Veneto, puis attaché militaire en Albanie, où il
réussit, par sa fermeté, à imposer et à développer
16 prestige de l'Italie. Fait à relever : en 1934, il
était à Ta tête des divisions qui occupèrent le
Brenner, au lendemain de l'assassinat du chance-
lier Dollfuss. Il est considéré comme un techni-
cien militaire de haute compétence, un organisa-
teur aux vues modernes. Il a été l'artisan prin-
cipal de la nouvelle doctrine de guerre italienne,
telle qu'elle a été élaborée au cours de ces der-
nières années. En juillet 1938, il rendit visite aux
dirigeants des forces armées allemandes. On sait,
du reste, tous les contacts qui se succédèrent
depuis la création de 1' « axe » entre les chefs
militaires des deux pays, à commencer par le
voyage du maréchal von Blomberg, en 1937.
Le général Pariani est sous-secrétaire d'Etat à
la guerre depuis octobre 1936. Comme on le sait,
le Duce occupe depuis plusieurs années le poste
de ministre de la guerre. Il est même le com-
mandant en chef de toutes les forces armées de
la péninsule, c'est-à-dire qu'il occupe en Italie,
sur le terrain militaire, la même situation
que Hitler en Allemagne. Dans les deux pays, tous
les pouvoirs sont concentrés entre les mains des
deux chefs.
On mande de Berlin à l'agence Havas :
- Les conversations d'Innsbrûck entre le généra!
Keitel, chef du commandement supérieur des for-
ces allemandes, et le général Pariani, chef de
L'état-major général de l'armée italienne, ne sont
pas commentées dans les milieux compétents al-
lemands.
Selon les indications reçues dan3 les milieux
politiques, il faut comprendre cette rencontre
comme une réponse aux rencontres militaires
franco-britanniques et comme une manifestation
de-la solidarité italo-allemande sur ce terrain.
Les contacts entre le Fiihrer et le Duce
On mande de Berlin à l'agence Radio, le 5 avril :
On apprend que M. Attolico, au cours de l'en-
trevue qu'il a eue avec M. von Ribbentrop, à son
retour de Rome, a remis au ministre des affaires
étrangères du Reich un message du Duce, répon-
dant à la lettre du chancelier Hitler qu'il avait
portée lui-même au chef du gouvernement ita-
lien: Ce message du Duce se rapporterait à l'atti-
tude britannique, ainsi qu'aux revendications ita-
liennes à l'endroit de la France.
On mande de Rome à l'agence Havas, le 5 avril :
Interrogés au sujet d'une conversation télépho-
nique qu'auraient eue aujourd'hui M. Mussolini
et M. Hitler - nouvelle lancée par un organe de
la presse étrangère, - les milieux officiels ro-
mains déclarent ne rien savoir d'une telle con-
i versatiôn.
U REELECTION DE H. ALBERT LEBRUN
à la présidence de la République
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Le Temps a publié, hier, aux Dernières nouvelles, le
compte rendu de la séance du Congrès de Versailles
et il a annoncé dans une édition spéciale la réélection
de M. Albert Lebrun à la présidence de la République.
On trouvera ci-dessous le récit des incidents qui se
6ont produits lors de la proclamation des résultats du
vote émis par l'Assemblée nationale, ainsi que le détail
de ce scrutin :
Le résultat du scrutin
Commencé à 14 h. 10 par la lettre L tirée au
sort, l'appel nominal et le vote à la tribune des
sénateurs et députés se termine à 16 h. 10. Il est
ensuite procédé à un contre-appel. A 16 h. 20, le
président, il. Jeanncney, s'assure que tous les
membres de l'Assemblée ont voté, puis il annonce
que les opérations du dépouillement du scrutin
vont commencer et il suspend la séance.
La salle se vide; le monde des tribunes et des
galeries se répand en partie dans les couloirs. Il
ne se passe pas un quart d'heure que déjà la
nouvelle circule de la réélection assurée de
M. Albert Lebrun. Il faut attendre . pour avoir
des chiffres. A 16 h. 45, le nombre de voix obte-
nues était sur toutes les lèvres. Les membres du
Congrès reprennent alors place à leurs, bancs.
L'Assemblée est bientôt au complet. Seuls les
sièges du bureau demeurent inoccupés et il en
sera -ainsi jusqu'à 17 h. 20. A ce moment,
M. Jeanneney, suivi de ses assesseurs, monte au
fauteuil présidentiel. Il est l'objet d'une longue
salve d'applaudissements. Un coup de cloche, et
la séance est reprise.
Le président. ?- Voici le résultat du dépouillement
du scrutin pour l'élection du président de la Répu-
blique :
Nombre de votants 910
Bulletins blancs ou nuls 6
Suffrages exprimés 904
Majorité absolue 453
Ont obtenu :
M. Albert Lebrun 506 suffrages
A ces mots, Ja droite, le centre et une grande
partie de la gauche se lèvent et applaudissent
chaleureusement.
L'extrême gauche, , au contraire,' accueille ce
résultat aux cris de : « Démission ! Démission ! »
scandés avec force à la fois par les socialistes et
les communistes, ce qui donne lieu à une longue
contre-manifestation de la part des autres frac-
tions de l'Assemblée.
Le bruit est tel que l'on n'entend pas M. Jean-
neney donner lecture des autres résultats, qui sont
les suivants :
MM. Albert Bedouce ...... 151 suffrages
Marcel Cachin 74. -
Edouard Herriot .... 53 -
Justin Godart ....... 50 -
Fernand Bouisson .... 16 -
François Piétri 10 -
Divers 44 -
E. Albert Lebrun est proclamé
président de la République
Cependant., le silence se rétablit. M. Jeanneney
prononce alors celte phrase :
M. Albert Lebrun ayant obtenu la majorité absolue
des suffrages, je le proclame président de la République
française pour sept années à partir du jour où prendra
fin le mandat du président en exercice, c'est-à-dire à
partir du 10 mai 1939.
De nouveau, les applaudissements éclatent au
centre, à droite et à gauche, tandis que socialistes
et communistes crient inlassablement : « Démis-
sion ! Démission ! », à quoi la droite riposte en
les envoyant : « A .Moscou ! »
Alors, le président prononce la clôture de
l'Assemblée nationale.
La séance est levée aux accents de la Marseil-
laise, chantée en choeur par presque toute l'Assem-
blée. Il est 17 h. 35.
M. Edouard Herriot, à son départ, est salué, à
gauche, comme il l'avait été à son arrivée, par dr
vigoureux applaudissements.
DANS LES COULOIRS
Pendant le scrutin et son dépouillement
Au fur et à mesure que les membres du Congrès
ont pris part au scrutin ouvert dans la salle des
séances, où, en attendant leur tour de venir voter,
ils se répandent dans les couloirs en quête d'in-
formations et se rendent plus volontiers dans la
Galerie des bustes, qui/est en quelque sorte le
centre où tous les renseignements aboutissent.
C'est alors un va-et-vient continuel dans cette
longue salle voûtée, ornée de'statues de grands
hommes d'autrefois, dont certaines sont coiffées
de chapeaux de feutre d'un effet assez inattendu.
C'est là que sans cesse s'échangent des propos
entre les parlementaires de toutes nuances poli-
tiques et les journalistes de toutes opinions qui
se pressent dans cet espace relativement réduit,
heureusement aéré par de larges fenêtres s'ou-
vrant sur une cour ensoleillée où stationne une
voiture de pompiers.
L'agitation qui y règne n'a cependant rien de
fébrile, encore que les pronostics laissent prévoir
qu'il y aura un certain nombre de voix « per-
dues » sur le nom des candidats qui se sont re-
tirés.
Des émissaires bénévoles viennent de la salle
des séances annoncer à tour de rôle les progrès
du scrutin en indiquant d'instants en instants
« quelle lettre est appelée ».
Lorsque les derniers votes sont sur le point
d'être émis à la tribune, la foule devient encore
plus dense dans la Galerie des bustes, où les pro-
nostics vont leur train. Des bruits tendancieux
sont mis en circulation eL on se demande s'il n'y
aura pas ballottage. Mais c'est pendant le dé-
pouillement du scrutin que l'animation atteint
son comble. Les journalistes, avides d'en connaî-
tre le résultat, se sont massés à la porte qui per-
met d'accéder aux couloirs et salons réservés
aux parlementaires, et par où doit être commu-
niquée la nouvelle, qui sera aussitôt transmise sur
les fils et les ondes, à la France et au monde.
Et quand après une attente trépidante de près
d'une demi-heure, des chiffres, d'ailleurs diffé-
rents, leur sont enfin apportés par des parlemen-
taires empressés, c'est aussitôt la ruée vers le
télégraphe -et le téléphone à travers les escaliers
et les corridors tortueux du vieux palais. Déjà
les adversaires de M. Albert Lèbrun et de M.
Edouard Daladier soulignent que les 487 voix
qu'on dit s'être portées sur le .nom du président,
de la République ne dépassent qu'à peine la ma-
jorité absolue.
- Mais bientôt on apprend que ce ne sont là que
des résultats provisoires du dépouillement, et plu-
sieurs minutes se passent avant que le véritable
nombre de suffrages obtenu par M. Albert Lebrun
soit connu avec certitude, plusieurs minutes
avant qu'il soit proclamé en séance.
LE DÉPART DE VERSAILLES
A 17 h. 20, un détachement du 8* génie en tenue
de campagne vient prendre position dans ta Ga-
lerie des bustes pour faire la haie sur le passage
du président de l'Assemblée nationale au moment
où il va quitter le palais de Versailles.
L'instant d'après, comme la séance vient d'être-
levée, les membres du congrès commencent à se
diriger vers la sortie, en flots de plus en plus
pressés et regagnent soit leurs automobiles qui
stationnent dans la grande cour d'honneur, soit la
gare de la rive gauche où les attendent les trains
spéciaux qui les ramèneront à Paris.
Les conversations sont très animées, les condi-
tions dans lesquelles vient de se Droduire la réé-
lection de M. Albert Lebrun faisant l'objet de
tous les commentaires.
La plupart des congressistes se félicitent du re-
nouvellement du mandat du président de la Ré-
publique, qu'ils considèrent comme de nature à
faire une excellente impression aussi bien à l'inté-
rieur qu'à l'extérieur.
Mais les socialistes et les communistes discu-
tent des chances qu'aurait pu avoir tel ou tel can-
didat s'il s'était maintenu.
Comme aucune cérémonie ne peut suivre la pro-
clamation du scrutin, à Versailles même, du fait
que l'élu de l'Assemblée nationale, à qui il n'est
pas permis de pénétrer dans l'enceinte du palais
réservée au congrès, est resté à l'Elysée, les tradi-
tions et rites habituels se trouvent modifiés.
C'est don;; au passage, non pas d'un nouveau
président de la République, .nais de MM. Jeanne-
ney et Daladier que, à 17 h. 40, sont présentées les
armes par le piquet d'honneur au moment où le
président de l'Assemblée nationale et le président
du conseil, précédés d'huissiers, entourés d'offi-
ciers, et accompagnés de MM. Langeron, préfet de
police, et Billecard, préfet de Seine-et-Oise, ainsi
que des hauts fonctionnaires des deux Assemblées
quittent le palais de Versailles pour regagner Pa-
ris où ils vont rendre une visite amicale à M. Al-
bert Lebrun.
Au dehors, dans la cour du château, retentit un
bref commandement, à l'instant où apparaît le
cortège qui va monter bientôt en automobile.
Une compagnie du 3* génie rend de nouveau les
honneurs; les officiers saluent du sabre tandis que
les opérateurs photographes et cinématographi-
ques prennent une série de clichés. , ,
Quelques minutes plus tard, l'automobile prési-
dentielle franchit les grilles du château, tandis
que les invités et la foute massée derrière les bar-
rages et le service d'ordre acclament le président
du conseil et le président du Sénat avant de
s'égailler dans les rues de la cité royale, donnant
à celle-ci une dernière animation à la fin de cette
journée historique.
A L'ÊLYSÉE
A peine le résultat officiel de la réélection de
M. Albert Lebrun fut-il connu que la nouvelle
s'en répandit avec rapidité. Bientôt, dans la loge
du concierge de l'Elysée commencèrent à affluer
des cartes de félicitations et d'innombrables
gerbes, bouquets et corbeilles de fleurs, symboli-
sant pour le président et Mme Lebrun les senti-
ments de leurs amis.
En même temps, une foule compacte s'était
massée rue du Faubourg-Saint-Honoré, avenue de
Marigny et sur toutes les voies adjacentes, pour
assister à l'arrivée de M. Jules Jeanneney, prési-
dent du Sénat, chargé d'annoncer au chef de
l'Etat le résultat du vote.
Sous les ordres de M. Marchand, directeur de
la police municipale, l'important service d'ordre
qui avait été prévu maintenait la foule relative-
ment loin des grilles. Mais- les fenêtres, les bal-
cons et les portes des boutiques étaient noirs de
monde, l'attention tendue dans une curiosité
sympathique.
Enfin, les sifflets des agents de la circulation
retentissent. Un bruit de moteurs se rapproche.
. Précédée do motocyclistes et d'une voiturette
.Ûe la police, une longue auto noire fait crisser sous
ses pneus le sable fraîchement répandu iule du
Faubourg-Saint-Honoré et ralentit devant la pré-
sidence. Elle vire dans la cour de l'Elysée et se
range devant le perron.
Cette fois, c'est la voiture de M. Langeron, pré-
fet de police. Elle est immédiatement suivie de
celle dans laquelle se trouvent M. Edouard Dala-
dier, président du conseil, ainsi que M. Jeanneney,
président du Sénat. Il est à ce moment 18 h. 25.
Vient ensuite la voiture de MM. de Lapomme-
raye, secrétaire général de la présidence du Sénat,
et M. Paul Carrier, secrétaire général de la pré-
sidence de la Chambre. Us sont immédiatement
reçus par le colonel Brosse, de la maison militaire
du président de la République, et par M. Lozé,
directeur du protocole.
Venus pour faire signer au chef de l'Etat le
procès-verbal de la séance de l'Assemblée natio-
nale, déjà revêtu de huit signatures : celle
de M. Jeanneney et celle des sept membres du
bureau de l'assemblée, le président du Sénat, ainsi
que M. Daladier et les personnalités qui les
accompagnaient furent immédiatement introduits
auprès de M. Albert Lebrun.
Après un quart d'heure d'entretien avec le pré-
sident de la République, M. Jules Jeanneney
réapparaissait en haut du perron élyséen, où il
était reconduit par M. Lozé, directeur du proto-
cole. Le président du Sénat, accompagné de
M. de Lapommeraye, montait alors en voiture et
reprenait la direction du palais du Luxembourg,
non sans s'être prêté de bonne grâce. aux exi-
gences des photographes, mais sans avoir fait
aucune déclaration aux journalistes. qui atten-
daient dans la cour.
Quelques instants plus tard, M. Carrier, secré-
taire général de la Chambre, quittait, à son tour,
l'Elysée.
A 19 h. 5, M. Edouard Daladier quittait à son
tour l'Elysée. Accompagné par M. Lozé, chef du
protocole, et par M. Langeron, préfet de police,
jusqu'à sa voiture, il y prit place avec M. Clapier,
chef de son cabinet, se dirigeant vers la rue
Saint-Dominique.
Le président du conseil fut,' lui aussi, mitraillé
par les photographes.
Une autre voiture quitta l'Elysée, dans laquelle
se trouvaient plusieurs membres de la famille de
M. Albert Lebrun, qui étaient venus féliciter le
président.
Au dehors, la foule, qui s'était, déjà considéra-
blement éclaircie, achevait de s'écouler, un peu
déçue peut-être, car les curieux n'ont vu, en
somme, en tout et pour tout, que quelques auto-
mobiles entrant et quittant l'Elysée.
Au « Journal officiel »
Le Journal oficiel publie, ce matin, l'information sui-
vante :
Le Sénat et la Chambre des députés se sont
réunis, le 5 avril 1939, à quatorze heures, à Ver-
sailles, en Assemblée nationale, à l'effet de pro-
céder à l'élection du président, de la République,
conformément à l'article 3 de la loi constitution-
nelle du 16 juillet 1875 et en vertu du décret du
10 mars 1939.
Par 506 voix sur 904 suffrages exprimés, M. Al-
bert Lebrun a été réélu président de la Répu-
blique pour sept années à partir du jour où pren-
dra fin le mandat qu'il exerce actuellement.
Après la proclamation du résultat de l'élection
et la clôture de la séance, le président de l'As-
semblée nationale s'est rendu, accompagné de
M. le président du conseil, au palais de l'Elysée,
où il a fait part à M. le président de la République
du résultat du vote de l'Assemblée.
LE SCRUTIN
La lecture de la liste du scrutin, annexée au
procès-verbal de la séance, au Journal officiel de
ce jour (6 avril), révèle que 10 députés et séna-
teurs n'ont pas pris part, au vote :
M'M. Barbot, Dauthy, Toussaint-Franchi, Louis
Marin, Mollard, Eugène Nicolas, Maurice de
Rothschild, Satineau, Sévère, Tillon ;
Et que 4 se sont excusés :
MM. Daul (Bas-Rhin), Decroze, Gélis (Seine),
et André Morizet.
Un télégramme de Mercy-lë-Haut
Les résultats du Congrès furent connus par la
T. S. F., en même temps qu'ils étaient proclamés
à Versailles. La nouvelle que chacun attendait se
répandit immédiatement dans Mercy-le-Haut, et
un télégramme de félicitations fut aussitôt
adressé à l'Elysée, simple mais touchant hommage
de ses trois cents concitoyens au chef de l'Etat,
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, EUE DES ITALIENS, "À PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
VENDREDI 7 AVRIL 1939
ï'oiroA.TXi-crs. « ?A.u.g-u.st© NEFPT2ER. (usa 1)
.A.N'CIEISRS DIBXCIETIRS t
Adrien HÉBRAR3D (iee7-iai4l
Emile HÉBR, A.R.D (1915-182B)
Adrien HÉBRARD 1025-1929)
ZjOTJTS-MIIJIJ (1929-1831)
DIRECTEIIKS :
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL s Paris, Numéro 60
1 1 1 1
PAGES 1 & 2
La Réélection de M. Albert Lebrun à la présidence
de la République,
PAGE 3
La Situation internationale. - En Espagne.
Les Actualités médicales : Médecine et sciences
exactes, DOCTEUR HENRI BOUQUET.
PAGE 4
Lettre du Portugal : Une exposition de Sèvres à
Lisbonne, R. WARNIER. - Nouvelles du jour.
Feuilleton : Jean de Fodoas (Aventures d'un Fran-
çais à la cour de l'empereur Akbar), par MAURICE
MAGRE. (N° 87). (FIN.)
PAGE 5
L'Exposition du rêve, EDMOND JALOUX. Echos et
informations. - Les Spectacles.
PAGE 6
Les Sports. ?- Faits-divers. - La T. S. F.
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - A l'Elysée:
Remise à M. Albert Lebrun du procès-verbal de
son élection par l'Assemblée nationale. - L'En-
gagement mutuel anglo-polonais : Déclaration
de M. Chamberlain aux Communes.
Paris, le 6 avril 1939
BULLETIN DU JOUR
LES ENTRETIENS DE LONDRES
L'attention reste concentrée sur l'activité
diplomatique déployée en vue d'éclaircir la
situation créée par les récents bouleverse-
ments survenus en Europe centrale et par les
velléités des puissances totalitaires de chercher
à dominer le monde par la force. Les entre-
tiens Beck-Halifax ont abouti virtuellement à
un accord défensif anglo-polonais. L'initiative
du gouvernement britannique et les consulta-
tions avec les différents pays intéressés aux-
quelles elle a donné lieu sont dans la logique
des déclarations faites par M. Neville Cham-
berlain à la Chambre des communes, déclara-
tions qui ont annoncé une politique nouvelle
de la part de l'Angleterre - nouvelle en ce
sens qu'elle comporte des engagements à
prendre sur le continent pour un cas déter-
miné - mais qui n'est nullement en contra-
diction avec la volonté de paix et de coopéra-
tion que le premier ministre du Royaume-Uni
n'a cessé d'affirmer. Ce que M. Chamberlain
essaie d'établir, c'est un système de sécurité
européenne qui serait dirigé contre un agres-
seur éventuel, quel qu'il puisse être, mais non
contre telle ou telle puissance. Rien n'empê-
cherait, par exemple, l'Allemagne et l'Italie,
si réellement elles ne nourrissent aucun cou-
pable dessein contre d'autres nations, d'adhé-
rer à un tel système.
Les déclarations complémentaires faites
l'autre jour à la Chambre des communes par
Je premier , ministre britannique ne laissént
subsister aucun doute sur le véritable esprit
dans lequel se précise cette évolution capitale
de la politique anglaise. C'est bien uniquement
contre toute tentative de domination de l'Eu-
rope par la force qu'est dirigée l'initiative du
cabinet de Londres, et il n'y a que les puissan-
ces qui auraient l'intention d'user de la force
aux fins de leur politique particulière qui
peuvent s'en inquiéter. Aussi a-t-on peine à
comprendre, quand on se place franchement
sur le terrain des faits, que la presse alle-
mande et la presse italienne s'obstinent à
accuser l'Angleterre et. la France de vouloir
encercler l'Allemagne, de chercher à bloquer
à l'Est comme à l'Ouest les deux Etats totali-
taires et à construire ainsi contre eux une for-
midable machine de guerre. La presse fasciste
renchérit sur le ton et les arguments de la
presse nationale-socialiste dans les attaques
contre la politique nouvelle de l'Angleterre,
que l'on représente de l'autre côté des Alpes et
de l'autre côté du Rhin comme étant une poli-
tique d'agression. Certains organes n'hésitent
même pas à soutenir qu'en fait la Grande-
Bretagne et la France entendent imposer leur
« protection » aux pays de l'Europe centrale
et orientale en réclamant de ceux-ci qu'ils
adoptent une attitude d'hostilité systématique
à l'égard du Reich hitlérien, auquel l'Italie est
étroitement associée. De tels arguments sont
sans portée après ce qui s'est passé sur le con-
tinent au cours de ces six derniers mois, après
que l'on a vu l'Allemagne déchirer les accords
de Munich, en méconnaissant totalement la
procédure de consultations prévue à Munich
et dams les déclarations communes germano-
britannique «et franco-allemande.
Puisque, suivant la constatation faite devant
la Chambre des communes, il ne subsiste
rien des assurances qui avaient été données
par l'Allemagne, il faut bien avoir recours à
une autre méthode pour assurer, dans la me-
sure du possible, la sécurité générale, et il est
apparu que dans ce cas la meilleure méthode
était encore celle consistant à organiser la
résistance en commun contre toute agression
éventuelle dont seraient l'objet des nations
obligées de défendre leur liberté menacée. Il
n'y a pas deux manières de défendre la paix
dès l'instant où, du fait de l'Allemagne, la pro-
cédure des consultations et des négociation^
entre les quatre principales puissances s'est
révélée décevante.
C'est ce que le cabinet britannique a voulu
réaliser en donnant à la Pologne l'assurance
de l'entier appui de l'Angleterre et de la
France si elle se trouvait dans la nécessité de
faire face avec toutes ses forces à une attaque
non provoquée. Pourquoi cette garantie donnée
spontanément à la Pologne seule, avant que
tout système collectif soit établi? Parce qu'il
est apparu clairement que la politique
d'expansion du Reich en Europe centrale et
également en direction des Pays Baltes vise,
en réalité, à isoler l'Etat polonais au sud et au
nord, comme il l'est déjà à l'ouest, et à le con-
traindre, par une adhésion sans réserve au
pacte antikomintern, à glisser dans le sillage
allemand, alors que se posent entre Berlin et
Varsovie des questions aussi vitales pour la
puissance polonaise que celle de Dantzig et
du « couloir », et demain peut-être, celle .de
l'Ukraine.' La presse allemande et la presse
italienne affectent une grande surprise que
l'on veuille justifier la politique nouvelle
de l'Angleterre par une menace du Reich à la
Pologne, menace qui n'existerait nas. Il faut
croire que ce n'est pas l'avis des Polonais, car
ceux-ci ne dissimulent point les appréhensions
que leur cause la politique d'expansion de Ber-
lin, et ils sont unanimes à apprécier à toute
sa valeur la garantie franco-britannique don-
née à leur pays et à approuver la démarche de
M. Beck à Londres.
Au surplus, on est fixé maintenant sur la
nature et la portée des décisions auxquelles
ont abouti hier les entretiens que M. Beck vient
d'avoir pendant trois jours avec M. Chamber-
lain et lord' Halifax, puisque le premier minis-
Ire a fait aujourd'hui même une déclaration
officielle à ce sujet à la Chambre des commu-
nes. Il s'agit bien, comme on le prévoyait, d'un
. accord polono-britannique de défense mu-
tuelle, avec obligations réciproques en cas
d'agression, complétant- en fait l'alliance
franco-polonaise telle que celle-ci existe,
alliance qui, on le sait, n'a jamais été considé-
rée en Allemagne même comme étant incom-
patible avec de bonnes relations, polono-alle-
mandes et n'a pas été un obstacle à la conclu-
sion de l'accord germano-polonais de 1934.
Mais si l'on veut créer un système .défensif
réellement efficace contre toute tentative, d'où
qu'ellè vienne, de dominer par la force la plus
grande partie du continent, il restera évidem-
ment à y intégrer les autres Etats directement
menacés, du point de vue politique comme du
point de vue économique, par le « Drang nach
Osten » germanique d'une part, par les vel-
léités de l'Italie de s'assurer la prépondérance
politique dans les Balkans d'autre part. Les
consultations en cours avec les gouverne-
ments de Bucarest, de Belgrade, d'Athènes eî
d'Ankara nous fixeront sans doute sur les pos-
sibilités qui existent de ce côté. M. Tilea, qm
représente la Roumanie à Londres, rejoint au-
jourd'hui son poste, et il rapporte de Bucarest
des instructions précises, dit-on. D'autre part
M. Gafenco, ministre des affaires étrangères
de Roumanie, se propose d'entreprendre un
voyage circulaire dans les principales capi-
tales, afin d'étudier personnellement la situa-
tion avec toute l'attention qu'elle réclame, pour
que son gouvernement puisse prendre défini-
tivement position en connaissance de cause.
M. Gafenco commencera sa tournée par Ber-
lin, il passera par Bruxelles, se rendra à Lon-
dres. d'où il viendra à Paris, et finalement il
s'arrêtera à Rome au cours de son voyage de
retour à Bucarest. A ce moment on sera fixé
sur les dispositions des autres puissances de
l'Entente balkanique, la Yougoslavie, la Grèce
et la Turquie, et d'un autre côté la Rou-
manie saura exactement ce qu'elle peut atten-
dre de l'alliance polonaise et d'un resserre-
ment de ses liens avec Varsovie, question qui
a été examinée de près, peut-on croire, au
cours des entretiens que M. Beck vient d'avoir
à Londres avec les ministres anglais.
L'ÉLECTION
DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
M. Albert Lebrun a été réélu président de
la République par 506 voix sur 904 votants.
Est-il nécessaire d'épiloguer sur ces chiffres ?
L'élection est assez large. Si l'on fait observer
qu'elle l'était plus encore il y a sept ans, c'est
que l'on oublie que dans l'intervalle ont eu
lieu des élections législatives, que la Chambre
a été profondément modifiée, et qu'il reste
tout de même quelque chose de ce boulever-
sement. La majorité obtenue par M. Albert
Lebrun est celle que l'on pouvait attendre, et
que l'on attendait. Il n'y a eu nulle surprise.
Mais pourquoi raisonner sur cette élection
du premier magistrat de la République comme
s'il s'agissait d'un scrutin politique ? Ceux qui
ont voulu la présenter comme telle ont commis
une erreur, et le pays le jugera ainsi. Car on
sait fort bien que le président Albert Lebrun,
qui aspirait à un repos légitime après un sep-
tennat difficile, a obéi; au sentiment du plus
noble dès devoirs en consentant à làissër poser
sa candidature. La France lui est reconnais-
sante d'accepter une fois encore la lourde
charge d'être, en ces temps troublés et péril-
leux, avec une expérience accrue, l'arbitre des
partis et le représentant de la nation.
La journée d'hier aura donc son plein effet,
et contribuera à maintenir le prestige de notre
pays épris de stabilité, résolu au travail et au
sacrifice pour maintenir intact l'héritage reçu
d'innombrables générations. Rien n'est changé,
l'oeuvre commencée continue : tel est le sens
de l'élection de Versailles.
Aussi convient-il de rendre hommage aux
hommes qui ambitionnaient de servir à leur
tour au plus haut poste de la République,
et qui se sont effacés quand ils ont com-
pris quelle haute valeur devait être attachée
au maintien de M. Albert Lebrun à l'Elysée.
Tous, d'ailleurs, représentaient les mêmes
aspirations, les mêmes principes, nous dirions
volontiers le même programme, si ce mot ne
pouvait être mal interprété, que le chef de
l'Etat d'hier et de demain. M. Bouisson, M. Pié-
tri, M. Roy, M. Queuille ne songeaient certes
pas à autre chose qu'à l'union des Français
devant le péril extérieur, qu'à l'effort néces- i
saire que doit accomplir la nation avec une
discipline totale. Us ont donné l'exemple de
cette discipline, et le pays leur en saura gré.
Car c'est bien ainsi que la France interprète
le vote de l'Assemblée nationale. Une oeuvre
de redressement a été entreprise depuis plu-
sieurs mois à l'intérieur comme à l'extérieur.
?Sans doute le choix du Congrès ne risquait
pas de l'interrompre, mais il était évident que
le renouvellement du mandat de M. Albert
Lebrun affirmerait avec plus de force, et en
même temps plus de simplicité, cet élan du
pays vers une renaissance. Il convenait de
manifester par un geste, auprès de nous-
mêmes et devant l'étranger, que la France, qui
ne méconnaît pas la gravité de la situation
européenne, et sait mesurer aussi les obsta-
cles intérieurs qui peuvent s'opposer à celte
renaissance, entend ne laisser planer aucun
doute sur sa propre stabilité et sur sa volonté
de mener à bien l'effort commencé.
Le pays se rend fort bien compte que le
chef de l'Etat a un rôle plus important que
la lettre de la Constitution ne l'indique, que
sa mission est délicate et subtile, qu'elle l'est
davantage dans les temps troublés et quand
subsistent encore des ferments de division et
de dissociation. Il sait que l'homme qui pen-
dant ces dernières années a bien rempli sa
mission médiatrice sera un guide plus sûr
dans le présent et dans l'avenir, et que, par
ses conseils et son influence, il facilitera la
tâche entreprise par le gouvernement actuel.
Le pays se rend compte surtout du symbole
de force que représente pour l'étranger le
maintien du même chef à la tête de la Répu-
blique. Nos institutions sont d'ordinaire mal
connues. On s'étonne parfois de leur mobilité
apparente et l'on méconnaît la solidité réelle
de leurs assises. La journée de Versailles
"démontrera qu'il y a plus de continuité qu'on
ne le suppose dans notre régime, et que nous
savons en faire la preuve quand il est néces-
saire. Tous les républicains étaient hier du
même avis sur l'utilité d'une manifestation de
cet ordre. Aucun ne doutait du résultat de
l'élection. Des divergences de vues pouvaient
porter sur les modalités, sur la présentation
extérieure. En fait, le maintien de M. Albert
Lebrun à la présidence de la République était
souhaité par une majorité beaucoup plus forte
que celle qui s'est manifestée et qui est cepen-
dant, comme nous l'avons dit, très large. Elle
suffit, en tout cas, à démontrer que la France
continue, qu'elle est plus unie qu'on ne l'ima-
gine, et que sa force profonde, morale et. maté-
rielle, continuera à s'accroître.
Questions extérieures
' ' ';X j'ri;ïj '< ''
LA DRAMATIQUE ÉVOLUTION
DE LA POLITIQUE ANGLAISE
J'ai pris part, quand le siècle naissait à
peine, aux premières manifestations de l'En-
tente cordiale.^ J'ai accompagné le maréchal
Foch et le général Weygand à Londres, en
novembre 1918. L'affectueuse invitation d'un
Oxonien fidèle m'a permis d'assister à l'ac-
cueil fait, par les élites et par la foule, au
président et à Mme Lebrun. Trois dates dans
l'action européenne de la Grande-Bretagne.
Certes, l'hospitalité de la nation des « gentle-
men » reste sans rivale au monde, par le
décor, l'élégance et la richesse. Sans doute, les
acclamations du peuple de citoyens libres sont
toujours les mêmes : rythmées et brèves, vo-
lontaires et réfléchies. Et cependant impossi-
ble de ne pas sentir que l'atmosphère morale
a changé et qu'une époque nouvelle com-
mence. Ni l'enthousiasme sentimental de 1904.
Ni l'admiration reconnaissante de 1918. Un
sentiment plus simple et moins ardent. Satis-
faction de retrouver une amitié loyale et effi-
cace, liée à d'ineffaçables souvenirs, jadis dé-
tendue par des désaccords partiels, désormais
resserrée par des risques communs et par la
menace d'une guerre, à laquelle outre-Man-
che chacun pense sans y croire, parce que
celle-ci ne rapporterait rien, et parce que la
dernière a trop coûté. . ,
Le jeudi 23 mars, - pendant le séjour du
président Lebrun, - M. Neville Chamberlain
annonça, aux acclamations d'une Chambre des
communes unanime et résolue, le renverse-
ment de la politique anglaise d'après guerre,
renversement qu'il devait préciser juridique-
ment le vendredi 31 mars et le lundi 3 avril.
Pour comprendre cette évolution, si rapide
dans son déclenchement et si totale dans ses
résultats, il faut savoir que le gouvernement
britannique et ses .services ont été entièrement
surpris par les événements qui se sont dé-
roulés dans la nuit du 14 au 15 mars, par le
drame, l'invasion et l'écroulement de la
Tchéco-Slovaquie. Les services de renseigne-
ments britanniques n'avaient pas reçu confir-
mation et refusaient d'admettre l'exactitude
des informations recueillies et communiquées
Sar l'état-major français dès le début du mois.
es indications exactement contraires avaient
été reçues de plusieurs sources et permettaient
de croire que, pour des raisons économiques et
financières, le cabinet hitlérien rengainait ses
plans d'expansion européenne «t envisageait
des essais de collaboration occidentale. Avant
de s'embarquer pour San-Remo, le maréchal
Goering en avait donné l'assurance à Sir Ne-
vile Henderson. Le mardi 14 mars, quelques
heures avant la nuit tragique au cours de la-
quelle, grâce à des brutalités sans nom et sous
la menace d'un bombardement par huit cents
avions, Hitler- arracha au président Hacha et
au ministre- Chvalkovsky leurs signatures 'sur-
l,e constat d'exécution, le Foréign Office avait
reçu, de la Wilhelmstrasse les assurances les
plus apaisantes et les démentis les plus for-
mels. Les deux membres de la délégation mi-
nistérielle, le président du « Board ôf Trade »
et le secrétaire du « Department of Overseas
Trade », s'apprêtaient à s'embarquer pour
l'Allemagne.
Certes, les Anglais avertis n'éprouvent au-
cune difficulté pour expliquer la décision
brusquée d'Adolf Hitler.
'Le plan réalisé le 15 mars est exactement
celui qu'avait en vue le Fuhrer lorsque, en
septembre, il dut, pour éviter le risque d'une
guerre, se borner à une partielle annexion.
Dès le lendemain commence, en Slovaquie
d'abord, et plus tard en Bohême, le travail de
dissociation et de regroupement qui rendra
ultérieurement possible le ' dépècement total.
C'est en octobre 1938 que furent, à. Vienne,
réunis les premiers éléments d'une légion slo-
vaque. La valeur de ce plan fut rapidement
confirmée par des événements multiples. Par
l'expérience sudète : impossible, sans les affa-
mer, de séparer les cités industrielles de leur
clientère rurale par une frontière. L'unité po-
litique prime l'unité ethnique. Par les difficul-
tés financières : les capitaux israélites ont été
consommés par le Trésor aux abois. Impossi-
ble de toucher aux propriétés ecclésiastiques
sans couper l'Allemagne, et surtout ses cadres,
en deux. Il vaut mieux mettre la main sur les
livres sterling prêtées par Londres et sur l'en-
caisse or stockée par Prague. Par des inquié-
tudes politiques, enfin. Des velléités de résis-
tance contre la domination germanique së des-
sinent partout : en Roumanie, où les gardes
de fer ne parviennent point à assassiner le roi
Carol; en Hongrie, où de Imrédy est remplacé
par Teleki; en Yougoslavie, où Stoyadinovitch
disparaît; en Tchéco-Slovaquie, où Prague
resserre son contrôle sur Slovaquie et Subcar-
pathie, débarque des ministres et avance de
l'argent.
Il faut reprendre le plan prévu pour mai
1938. Il faut achever l'opération interrompue
en septembre. - Il faut demembrer la Tchéco-
slovaquie, annexer la Bohême, occuper la
Slovaquie, morceler la Subearpathie. Et les
divisions allemandes, au nord et au sud, fran-
chiront la frontière, dans la nuit du 14 au
15 mars.
Puisque les lignes bétonnées ont été livrées
et les forces morales ont été brisées à Munich,
pas d'autre obstacle sur la route que les paroles
prononcées et les promesses souscrites par le
Fùhrer.
Elles sont aussi nombreuses que précises.
Trois exemples.
Dans son prêche du Sportpalast, qui précéda
de trois jours la conférence de Munich, le
Fuhrer s'est écrié : « C'est la dernière re-
vendication territoriale que j'aie à faire en
Europe... Nous ne voulons aucun Tchèques
Lorsque les Tchèques seront arrivés à un ar-
rangement avec leurs autres minorités, je lie
Êrendrai plus aucun intérêt à l'Etat tchèque.
n ce qui me concerne, je puis le garantir...
Nous ne voulons pas voir d'autres nationa-
lités au milieu de nous. Nous voulons vivre
notre vie propre, et nous voulons que les
autres peuples fassent de même. »
Dans une annexe à la convention de Munich,
Adolf Hitler s'engagea, quelques jours plus
tard, dès que Pologne et Hongrie auront reçu
satisfaction, à garantir les frontières de l'Etat
amputé et désarmé. Enfin le 30 septembre 1938,
dans une déclaration anglo-allemande, il af-
firme que '« la méthode des consultations
préalables sera celle adoptée pour régler les
autres questions qui pourraient intéresser les
deux pays ».
Ces chiffons de papier ne pouvaient barrer
les routes de Prague et de Bratislava aux di-
visions d'acier.
Adolf Hitler n'avait ni remords ni crainte.
Les dieux de Germanie l'absolvent : le droit
n'est qu'un mot et la force est la loi. Les pré-
cédents de l'histoire le couvrent : ni en mars
1936 ni en. mars 1938 le gouvernement bri-
tannique n'a réagi avec violence devant le
poing ganté de fer qui déchirait, pour ouvrir
les ponts du Rhin et les portes de Vienne, deux
doutâmes de parchemins.
Pourquoi n'en serait-il pas de même en.
mars 1939 ? Pourquoi le cabinet anglais no
se bornerait-il pas, comme d'habitude, à for-
muler une de ces protestations rituelles, à
poser cette série de questions bénignes que
les agents de la Wilhelmstrasse ont l'habi-
tude de recevoir sans rire et de classer avec
méthode ? Jamais deux sans trois.
Mais la troisième étape de la poussée hitlé-
rienne fut close à Munich. Et une quatrième
commence. Il ne faut jamais abuser : la pa-
tience anglaise n'est pas sans limites.
D'autre part si la démilitarisation rhénane
était une formule franco-américaine qu'avaient
condamnée les ombres de Pitt et de Castlereagh,
si la République autrichienne n'avait jamais
été jugée outre-Manche comme viable sans
le rétablissement des Habsbourg et sans la
création d'un Zollverein, le règlement de Mu-
nich était une solution britannique du pro-
blème tchèque, - c'est-à-dire plus équitable
en morale et. plus solide en fait que les déci-
sions versaillaises. Ce texte avait donc droit
à plus de considération. D'autre part il est
plus récent et partant plus rigide. Le déchirer
n'est pas seulement un manque de parole et
de piété, mais, ce qui est presque aussi grave,
un manque d'égards et de discrétion.
Rien n'était plus dangereux que d'agir ainsi
envers des hommes comme Neville Chamber-
lain, lord Halifax et Sir John Simon, surtout
après les avoir, jusqu'au mardi soir 14 mars,
leùrrés de démentis mensongers et d'assurances
fallacieuses. Des Anglais de cette trempé, na-
turellement honnêtes et profondément géné-
reux, secrets et fermés, mais cachant derrière
ces silences et ces rigidités une sensibilité qui.
ne craint pas d'être tendre et peut aller jus-
qu'à la naïveté, ne pardonnent jamais à un
étranger de trahir sa parole et de mentir avec
sérénité. Adolf Hiiler, qui les avait trompés
par ses évocations du passé et sa passion de
la musique, par ses protestations d'idéalisme
et la finesse de ses mains, n'est plus désormais
qu'un de ces « perfides » sur qui s'abat, tôt
où tard, la justice de Dieu, - le Dieu des
« gentlemen », le Dieu de Judée.
Et non content d'interrompre les négocia-
tions commerciales, d'ajourner la visite mi-
nistérielle, de saisir les avoirs tchèques, de
doubler l'armée territoriale, le gouvernement
britannique, approuvé le jeudi 23, le vendredi
31 mars, le lundi 3 avril par les Communes
unanimes, abandonne les normes de sa poli-
tique d'après guerre et revient aux cadres de
sa diplomatie d'avant guerre. La paix est à
ce prix.
JACQUES BARDOUX.
ENTRETIENS MILITAIRES
ITALO-ALLEMANDS
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. - . ' ' i 1111 " i" 'i ? " -
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*' v v* ' v . : ? ?s1-!! ' ks '
Le généra! Keitel et le général Panam
confèrent à Innsbruck
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone jeudi matin, 6 avril :
Les journaux du matin reproduisent un com-
muniqué annonçant que des réunions ont lieu, le
5 et. le 6 avril, entre le chef du commandement
supérieur allemand, le général Keitel, et le chef
d'état-major de l'armée italienne, le général Pa-
riani, sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Le com-
muniqué ne précise pas l'endroit où ces contacts
ont lieu.
[L'agence officieuse allemande D. N. B. a publié un
communiqué analogue au communiqué de l'agence Ste-
fan!, mais situant à Innsbruck la conférence des deux
chefs militaires.]
Quoi qu'il en soit, la nouvelle est importante.
A plusieurs reprises, en effet, il a été question
d'une alliance militaire entre l'Allemagne et l'Ita-
lie. Au lendemain de l'Anschuss, notamment, les
journaux italiens parlèrent de 20 millions de
baïonnettes capables d'assurer la paix en Europe,
de la Baltique à la Méditerranée. Le Duce ayant
parié un jour de 8 millions de baïonnettes ita-
liennes, les 12 autres ne pouvaient se rapporter
qu'à l'Allemagne et à l'Autriche. Les mômes bruits
circulèrent lors du voyage du chancelier Hitler à
Rome.
De toute façon, la rencontre entre les deux
chefs principaux des armées allemande et ita-
lienne semble traduire d'une façon expressive )a
tension que traverse l'Europe.
Le chef d'état-major de l'armée italienne, ,'P
général Pariani, était commandant de division
pendant la guerre mondiale; il fut membre de la
commission d'armistice au lendemain de Vittorio-
Veneto, puis attaché militaire en Albanie, où il
réussit, par sa fermeté, à imposer et à développer
16 prestige de l'Italie. Fait à relever : en 1934, il
était à Ta tête des divisions qui occupèrent le
Brenner, au lendemain de l'assassinat du chance-
lier Dollfuss. Il est considéré comme un techni-
cien militaire de haute compétence, un organisa-
teur aux vues modernes. Il a été l'artisan prin-
cipal de la nouvelle doctrine de guerre italienne,
telle qu'elle a été élaborée au cours de ces der-
nières années. En juillet 1938, il rendit visite aux
dirigeants des forces armées allemandes. On sait,
du reste, tous les contacts qui se succédèrent
depuis la création de 1' « axe » entre les chefs
militaires des deux pays, à commencer par le
voyage du maréchal von Blomberg, en 1937.
Le général Pariani est sous-secrétaire d'Etat à
la guerre depuis octobre 1936. Comme on le sait,
le Duce occupe depuis plusieurs années le poste
de ministre de la guerre. Il est même le com-
mandant en chef de toutes les forces armées de
la péninsule, c'est-à-dire qu'il occupe en Italie,
sur le terrain militaire, la même situation
que Hitler en Allemagne. Dans les deux pays, tous
les pouvoirs sont concentrés entre les mains des
deux chefs.
On mande de Berlin à l'agence Havas :
- Les conversations d'Innsbrûck entre le généra!
Keitel, chef du commandement supérieur des for-
ces allemandes, et le général Pariani, chef de
L'état-major général de l'armée italienne, ne sont
pas commentées dans les milieux compétents al-
lemands.
Selon les indications reçues dan3 les milieux
politiques, il faut comprendre cette rencontre
comme une réponse aux rencontres militaires
franco-britanniques et comme une manifestation
de-la solidarité italo-allemande sur ce terrain.
Les contacts entre le Fiihrer et le Duce
On mande de Berlin à l'agence Radio, le 5 avril :
On apprend que M. Attolico, au cours de l'en-
trevue qu'il a eue avec M. von Ribbentrop, à son
retour de Rome, a remis au ministre des affaires
étrangères du Reich un message du Duce, répon-
dant à la lettre du chancelier Hitler qu'il avait
portée lui-même au chef du gouvernement ita-
lien: Ce message du Duce se rapporterait à l'atti-
tude britannique, ainsi qu'aux revendications ita-
liennes à l'endroit de la France.
On mande de Rome à l'agence Havas, le 5 avril :
Interrogés au sujet d'une conversation télépho-
nique qu'auraient eue aujourd'hui M. Mussolini
et M. Hitler - nouvelle lancée par un organe de
la presse étrangère, - les milieux officiels ro-
mains déclarent ne rien savoir d'une telle con-
i versatiôn.
U REELECTION DE H. ALBERT LEBRUN
à la présidence de la République
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Le Temps a publié, hier, aux Dernières nouvelles, le
compte rendu de la séance du Congrès de Versailles
et il a annoncé dans une édition spéciale la réélection
de M. Albert Lebrun à la présidence de la République.
On trouvera ci-dessous le récit des incidents qui se
6ont produits lors de la proclamation des résultats du
vote émis par l'Assemblée nationale, ainsi que le détail
de ce scrutin :
Le résultat du scrutin
Commencé à 14 h. 10 par la lettre L tirée au
sort, l'appel nominal et le vote à la tribune des
sénateurs et députés se termine à 16 h. 10. Il est
ensuite procédé à un contre-appel. A 16 h. 20, le
président, il. Jeanncney, s'assure que tous les
membres de l'Assemblée ont voté, puis il annonce
que les opérations du dépouillement du scrutin
vont commencer et il suspend la séance.
La salle se vide; le monde des tribunes et des
galeries se répand en partie dans les couloirs. Il
ne se passe pas un quart d'heure que déjà la
nouvelle circule de la réélection assurée de
M. Albert Lebrun. Il faut attendre . pour avoir
des chiffres. A 16 h. 45, le nombre de voix obte-
nues était sur toutes les lèvres. Les membres du
Congrès reprennent alors place à leurs, bancs.
L'Assemblée est bientôt au complet. Seuls les
sièges du bureau demeurent inoccupés et il en
sera -ainsi jusqu'à 17 h. 20. A ce moment,
M. Jeanneney, suivi de ses assesseurs, monte au
fauteuil présidentiel. Il est l'objet d'une longue
salve d'applaudissements. Un coup de cloche, et
la séance est reprise.
Le président. ?- Voici le résultat du dépouillement
du scrutin pour l'élection du président de la Répu-
blique :
Nombre de votants 910
Bulletins blancs ou nuls 6
Suffrages exprimés 904
Majorité absolue 453
Ont obtenu :
M. Albert Lebrun 506 suffrages
A ces mots, Ja droite, le centre et une grande
partie de la gauche se lèvent et applaudissent
chaleureusement.
L'extrême gauche, , au contraire,' accueille ce
résultat aux cris de : « Démission ! Démission ! »
scandés avec force à la fois par les socialistes et
les communistes, ce qui donne lieu à une longue
contre-manifestation de la part des autres frac-
tions de l'Assemblée.
Le bruit est tel que l'on n'entend pas M. Jean-
neney donner lecture des autres résultats, qui sont
les suivants :
MM. Albert Bedouce ...... 151 suffrages
Marcel Cachin 74. -
Edouard Herriot .... 53 -
Justin Godart ....... 50 -
Fernand Bouisson .... 16 -
François Piétri 10 -
Divers 44 -
E. Albert Lebrun est proclamé
président de la République
Cependant., le silence se rétablit. M. Jeanneney
prononce alors celte phrase :
M. Albert Lebrun ayant obtenu la majorité absolue
des suffrages, je le proclame président de la République
française pour sept années à partir du jour où prendra
fin le mandat du président en exercice, c'est-à-dire à
partir du 10 mai 1939.
De nouveau, les applaudissements éclatent au
centre, à droite et à gauche, tandis que socialistes
et communistes crient inlassablement : « Démis-
sion ! Démission ! », à quoi la droite riposte en
les envoyant : « A .Moscou ! »
Alors, le président prononce la clôture de
l'Assemblée nationale.
La séance est levée aux accents de la Marseil-
laise, chantée en choeur par presque toute l'Assem-
blée. Il est 17 h. 35.
M. Edouard Herriot, à son départ, est salué, à
gauche, comme il l'avait été à son arrivée, par dr
vigoureux applaudissements.
DANS LES COULOIRS
Pendant le scrutin et son dépouillement
Au fur et à mesure que les membres du Congrès
ont pris part au scrutin ouvert dans la salle des
séances, où, en attendant leur tour de venir voter,
ils se répandent dans les couloirs en quête d'in-
formations et se rendent plus volontiers dans la
Galerie des bustes, qui/est en quelque sorte le
centre où tous les renseignements aboutissent.
C'est alors un va-et-vient continuel dans cette
longue salle voûtée, ornée de'statues de grands
hommes d'autrefois, dont certaines sont coiffées
de chapeaux de feutre d'un effet assez inattendu.
C'est là que sans cesse s'échangent des propos
entre les parlementaires de toutes nuances poli-
tiques et les journalistes de toutes opinions qui
se pressent dans cet espace relativement réduit,
heureusement aéré par de larges fenêtres s'ou-
vrant sur une cour ensoleillée où stationne une
voiture de pompiers.
L'agitation qui y règne n'a cependant rien de
fébrile, encore que les pronostics laissent prévoir
qu'il y aura un certain nombre de voix « per-
dues » sur le nom des candidats qui se sont re-
tirés.
Des émissaires bénévoles viennent de la salle
des séances annoncer à tour de rôle les progrès
du scrutin en indiquant d'instants en instants
« quelle lettre est appelée ».
Lorsque les derniers votes sont sur le point
d'être émis à la tribune, la foule devient encore
plus dense dans la Galerie des bustes, où les pro-
nostics vont leur train. Des bruits tendancieux
sont mis en circulation eL on se demande s'il n'y
aura pas ballottage. Mais c'est pendant le dé-
pouillement du scrutin que l'animation atteint
son comble. Les journalistes, avides d'en connaî-
tre le résultat, se sont massés à la porte qui per-
met d'accéder aux couloirs et salons réservés
aux parlementaires, et par où doit être commu-
niquée la nouvelle, qui sera aussitôt transmise sur
les fils et les ondes, à la France et au monde.
Et quand après une attente trépidante de près
d'une demi-heure, des chiffres, d'ailleurs diffé-
rents, leur sont enfin apportés par des parlemen-
taires empressés, c'est aussitôt la ruée vers le
télégraphe -et le téléphone à travers les escaliers
et les corridors tortueux du vieux palais. Déjà
les adversaires de M. Albert Lèbrun et de M.
Edouard Daladier soulignent que les 487 voix
qu'on dit s'être portées sur le .nom du président,
de la République ne dépassent qu'à peine la ma-
jorité absolue.
- Mais bientôt on apprend que ce ne sont là que
des résultats provisoires du dépouillement, et plu-
sieurs minutes se passent avant que le véritable
nombre de suffrages obtenu par M. Albert Lebrun
soit connu avec certitude, plusieurs minutes
avant qu'il soit proclamé en séance.
LE DÉPART DE VERSAILLES
A 17 h. 20, un détachement du 8* génie en tenue
de campagne vient prendre position dans ta Ga-
lerie des bustes pour faire la haie sur le passage
du président de l'Assemblée nationale au moment
où il va quitter le palais de Versailles.
L'instant d'après, comme la séance vient d'être-
levée, les membres du congrès commencent à se
diriger vers la sortie, en flots de plus en plus
pressés et regagnent soit leurs automobiles qui
stationnent dans la grande cour d'honneur, soit la
gare de la rive gauche où les attendent les trains
spéciaux qui les ramèneront à Paris.
Les conversations sont très animées, les condi-
tions dans lesquelles vient de se Droduire la réé-
lection de M. Albert Lebrun faisant l'objet de
tous les commentaires.
La plupart des congressistes se félicitent du re-
nouvellement du mandat du président de la Ré-
publique, qu'ils considèrent comme de nature à
faire une excellente impression aussi bien à l'inté-
rieur qu'à l'extérieur.
Mais les socialistes et les communistes discu-
tent des chances qu'aurait pu avoir tel ou tel can-
didat s'il s'était maintenu.
Comme aucune cérémonie ne peut suivre la pro-
clamation du scrutin, à Versailles même, du fait
que l'élu de l'Assemblée nationale, à qui il n'est
pas permis de pénétrer dans l'enceinte du palais
réservée au congrès, est resté à l'Elysée, les tradi-
tions et rites habituels se trouvent modifiés.
C'est don;; au passage, non pas d'un nouveau
président de la République, .nais de MM. Jeanne-
ney et Daladier que, à 17 h. 40, sont présentées les
armes par le piquet d'honneur au moment où le
président de l'Assemblée nationale et le président
du conseil, précédés d'huissiers, entourés d'offi-
ciers, et accompagnés de MM. Langeron, préfet de
police, et Billecard, préfet de Seine-et-Oise, ainsi
que des hauts fonctionnaires des deux Assemblées
quittent le palais de Versailles pour regagner Pa-
ris où ils vont rendre une visite amicale à M. Al-
bert Lebrun.
Au dehors, dans la cour du château, retentit un
bref commandement, à l'instant où apparaît le
cortège qui va monter bientôt en automobile.
Une compagnie du 3* génie rend de nouveau les
honneurs; les officiers saluent du sabre tandis que
les opérateurs photographes et cinématographi-
ques prennent une série de clichés. , ,
Quelques minutes plus tard, l'automobile prési-
dentielle franchit les grilles du château, tandis
que les invités et la foute massée derrière les bar-
rages et le service d'ordre acclament le président
du conseil et le président du Sénat avant de
s'égailler dans les rues de la cité royale, donnant
à celle-ci une dernière animation à la fin de cette
journée historique.
A L'ÊLYSÉE
A peine le résultat officiel de la réélection de
M. Albert Lebrun fut-il connu que la nouvelle
s'en répandit avec rapidité. Bientôt, dans la loge
du concierge de l'Elysée commencèrent à affluer
des cartes de félicitations et d'innombrables
gerbes, bouquets et corbeilles de fleurs, symboli-
sant pour le président et Mme Lebrun les senti-
ments de leurs amis.
En même temps, une foule compacte s'était
massée rue du Faubourg-Saint-Honoré, avenue de
Marigny et sur toutes les voies adjacentes, pour
assister à l'arrivée de M. Jules Jeanneney, prési-
dent du Sénat, chargé d'annoncer au chef de
l'Etat le résultat du vote.
Sous les ordres de M. Marchand, directeur de
la police municipale, l'important service d'ordre
qui avait été prévu maintenait la foule relative-
ment loin des grilles. Mais- les fenêtres, les bal-
cons et les portes des boutiques étaient noirs de
monde, l'attention tendue dans une curiosité
sympathique.
Enfin, les sifflets des agents de la circulation
retentissent. Un bruit de moteurs se rapproche.
. Précédée do motocyclistes et d'une voiturette
.Ûe la police, une longue auto noire fait crisser sous
ses pneus le sable fraîchement répandu iule du
Faubourg-Saint-Honoré et ralentit devant la pré-
sidence. Elle vire dans la cour de l'Elysée et se
range devant le perron.
Cette fois, c'est la voiture de M. Langeron, pré-
fet de police. Elle est immédiatement suivie de
celle dans laquelle se trouvent M. Edouard Dala-
dier, président du conseil, ainsi que M. Jeanneney,
président du Sénat. Il est à ce moment 18 h. 25.
Vient ensuite la voiture de MM. de Lapomme-
raye, secrétaire général de la présidence du Sénat,
et M. Paul Carrier, secrétaire général de la pré-
sidence de la Chambre. Us sont immédiatement
reçus par le colonel Brosse, de la maison militaire
du président de la République, et par M. Lozé,
directeur du protocole.
Venus pour faire signer au chef de l'Etat le
procès-verbal de la séance de l'Assemblée natio-
nale, déjà revêtu de huit signatures : celle
de M. Jeanneney et celle des sept membres du
bureau de l'assemblée, le président du Sénat, ainsi
que M. Daladier et les personnalités qui les
accompagnaient furent immédiatement introduits
auprès de M. Albert Lebrun.
Après un quart d'heure d'entretien avec le pré-
sident de la République, M. Jules Jeanneney
réapparaissait en haut du perron élyséen, où il
était reconduit par M. Lozé, directeur du proto-
cole. Le président du Sénat, accompagné de
M. de Lapommeraye, montait alors en voiture et
reprenait la direction du palais du Luxembourg,
non sans s'être prêté de bonne grâce. aux exi-
gences des photographes, mais sans avoir fait
aucune déclaration aux journalistes. qui atten-
daient dans la cour.
Quelques instants plus tard, M. Carrier, secré-
taire général de la Chambre, quittait, à son tour,
l'Elysée.
A 19 h. 5, M. Edouard Daladier quittait à son
tour l'Elysée. Accompagné par M. Lozé, chef du
protocole, et par M. Langeron, préfet de police,
jusqu'à sa voiture, il y prit place avec M. Clapier,
chef de son cabinet, se dirigeant vers la rue
Saint-Dominique.
Le président du conseil fut,' lui aussi, mitraillé
par les photographes.
Une autre voiture quitta l'Elysée, dans laquelle
se trouvaient plusieurs membres de la famille de
M. Albert Lebrun, qui étaient venus féliciter le
président.
Au dehors, la foule, qui s'était, déjà considéra-
blement éclaircie, achevait de s'écouler, un peu
déçue peut-être, car les curieux n'ont vu, en
somme, en tout et pour tout, que quelques auto-
mobiles entrant et quittant l'Elysée.
Au « Journal officiel »
Le Journal oficiel publie, ce matin, l'information sui-
vante :
Le Sénat et la Chambre des députés se sont
réunis, le 5 avril 1939, à quatorze heures, à Ver-
sailles, en Assemblée nationale, à l'effet de pro-
céder à l'élection du président, de la République,
conformément à l'article 3 de la loi constitution-
nelle du 16 juillet 1875 et en vertu du décret du
10 mars 1939.
Par 506 voix sur 904 suffrages exprimés, M. Al-
bert Lebrun a été réélu président de la Répu-
blique pour sept années à partir du jour où pren-
dra fin le mandat qu'il exerce actuellement.
Après la proclamation du résultat de l'élection
et la clôture de la séance, le président de l'As-
semblée nationale s'est rendu, accompagné de
M. le président du conseil, au palais de l'Elysée,
où il a fait part à M. le président de la République
du résultat du vote de l'Assemblée.
LE SCRUTIN
La lecture de la liste du scrutin, annexée au
procès-verbal de la séance, au Journal officiel de
ce jour (6 avril), révèle que 10 députés et séna-
teurs n'ont pas pris part, au vote :
M'M. Barbot, Dauthy, Toussaint-Franchi, Louis
Marin, Mollard, Eugène Nicolas, Maurice de
Rothschild, Satineau, Sévère, Tillon ;
Et que 4 se sont excusés :
MM. Daul (Bas-Rhin), Decroze, Gélis (Seine),
et André Morizet.
Un télégramme de Mercy-lë-Haut
Les résultats du Congrès furent connus par la
T. S. F., en même temps qu'ils étaient proclamés
à Versailles. La nouvelle que chacun attendait se
répandit immédiatement dans Mercy-le-Haut, et
un télégramme de félicitations fut aussitôt
adressé à l'Elysée, simple mais touchant hommage
de ses trois cents concitoyens au chef de l'Etat,
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