Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1939-01-15
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 janvier 1939 15 janvier 1939
Description : 1939/01/15 (Numéro 28248). 1939/01/15 (Numéro 28248).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
SOIXANTE-DIX-NEUVIEME ANNEE. - H° 28248
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DIMANCHE 15 JANVIER 1939
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CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
' . PAGE 1
La Visite des ministres anglais à Rome : le Com-
muniqué final.
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - La Guerre civile en
Espagne. - La France d'outre-mer.
Nouvelles du jour. Académies. - Marine. .-
Marine marchande.
PAGE 3
A la Chambre : Interpellations sur la politique
extérieure. - Chronique électorale. - Revue de
la Presse. -Tribunaux.
Chronique maritime : les Derniers grands voiliers,
EDMOND DELAGE.
PAGE 4
Echos et informations. - La Philatélie. «- Les
Spectacles.
Feuilleton : « le Sel de la terre », par JOSEPH
WITTLIN (traduit du polonais par RAYMOND
HENRY). (AP 21.)
PAGE 5
Informations financières. - Bulletin météorolo-
gique. - La T. S. F. - Les Mots croisés. - Les
Echecs. - Nouvelles commerciales.
PAGE 6
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Après
la visite des ministres britanniques à Rome; le
Départ de M. Chamberlain. - La Guerre civile
en Espagne. -Première réunion du comité
pour les réfugiés; Discours de M.Georges Bonnet.
- Légion d'honneur : Ministère des affaires
? étrangères.
Paris, le 14 janvier 1939
BULLETIN DU JOUR
Les résultats de Rome et l'offensive en Catalogne
Le communiqué de Rome n'ajoute rien aux
informations que l'on possédait hier au sujet-
des entretiens italo-britanniques. Il confirme
les résultats négatifs des échanges de vues
entre M. Chamberlain, lord Halifax, M. Musso-
lini et le comte Ciano. Il constate que ces en-
tretiens furent empreints de la plus grande
cordialité - ce qui est bien naturel puisqu'il
s'agissait de consacrer solennellement l'a mise
ejii vigueur de l'accord italo-britannique - et
qu'ils ont eu le caractère de ce qu'on appelle
« un échange d'idées ample et franc », ce qui
signifie en réalité, que les thèses respectives
des deux gouvernements ont été largement
exposées, mais que, finalement, chacun est
resté sur ses positions. Qu'après cela le com-
muniqué souligne, une fois de plus, la volonté
de la Grande-Bretagne et de l'Italie de travail-
ler efficacement au maintien de la paix, il .n'y
a lia rien qui puisse surprendre. Tous les gou-
vernements conscients de leurs responsabilités
veulent la paix. Le malheur.est qu'ils ne con-
çoivent pas la paix- de, et
diffèrent, d'opinion énr tes méthodes les Mus
sures de la realiser sur des bases durables dans ,
une Europe travaillée ; par les plus vives pas-
sions et profondément divisée contre elle-
même paf la rivalité des idéologies révolution-
paire et totalitaire. :
On ne pourra discerner l'es répercussions
directes sur la situation internationale des
entretiens de Rome, tels qu'ils se sont déroulés
saris déterminer un rapprochement des thèses
en présence, qu'à la lumière des circonstances
des prochaines semaines. Ce sont en premier
lieu les événements d'Espagne qui permettront,
semble-t-il, de se rendre compte dans quelle
mesure M. Mussolini pourra être amené à
modifier dans le sens de la conciliation
la position-qu'il a prise jusqu'ici, ou à ac-
centuer, âu contraire, son action visant à
obtenir, en dépit de l'accord italo-britannique
à peine mis en vigueur, un nouvel équilibre
méditerranéen répondant; aux aspirations im-
périales de l'Italie fasciste. Toute la diploma-
tie du gouvernement de Rome est commandée
par l'évolution de la crise espagnole, au sujet
de laquelle le Ducè a pris une attitude telle'que
si lé général Franco ne l'emportait pas défini-
tivement le régime fasciste pourrait en-être
ébranlé en Italie même et le prestige person-
nel de M. Mussolini s'en trouver sérieusement
atteint. Il semble bien qu'au cours de ses entre-
tiens avec les ministres britanniques le Duce
ait répété tes assurances qui se trouvent déjà
solennellement, inscrites dans l'accord anglo-
italien du 16 avril et aux termes desquelles
l'Italie ne rechercherait point de situation poli-
tique et économique privilégiée en Espagne,
qu'après la guerre civile elle ne maintiendrait
pas de forces dans ce pays ou dans les posses-
sions espagnoles. Mais tout dépend de la ma-
nière dont serait pratiqué ce désintéressement
apparent lorsque serait établi un ordre nouveau
de l'autre côté des Pyrénées. Toujours est-il
que les choses se passent comme si l'Italie
fasciste attendait d'importants avantages pour
elle-même de la victoire du général Franco.
M. Mussolini mise ouvertement sur la carte
nationaliste avec une telle résolution qu'il
n'hésite-pas à sacrifier à ce jeu l'intérêt pour-
tant évident qu'a son pays à tirer le meilleur
parti possible pour sa politique générale du
rétablissement, de relations réellement con-
fiantes avec. l'Angleterre, afin que puisse être
mise en oeuvre, pour le bien de l'Europe
entière, l'a coopération des quatre principales
puissances telle qu'elle fut envisagée à Munich
le 29 septembre dernier.
On doit reconnaître que les développements
de l'offensive nationaliste en. Catalogne parais-
sent actuellement favorables au calcul italien.
Préparée de longue main, commencée il y a
une vingtaine de jours, poursuivie sans répit
avec des effectifs importants et des moyens
techniques puissants, cette offensive est menée
avec une réelle énergie sur un front très étendu
et dans des. conditions particulièrement diffi-
ciles en raison de la nature du terrain. L'objec-
tif immédiat étant Tarragone, le commande-
ment franquiste concentre tous ses efforts sur
la partie méridionale du front. .Tandis
que la progression a été assez tente dans le
secteur au sud de Tremp, elle à été plus rapide
et plus' profonde" au sud-est de Lérida. Ces
jours. derniers le mouvement s'est précipité
dans lè secteur ou, en ligne droite, les forces
du général Franco sont parvenues, en partant
de la région de Falset, à une trentaine de kilo-
mètres de Tarragone. Dans te secteur au sud-
est de Lérida, les nationalistes ont atteint l'em-
branchement de Montblanch, d'où ils peuvent
avancer le long de la route de Lérida à Tar-
ragone. C'est à ce moment que sont entrées èn
action les troupes de la région de Falset, qui,
ayant traversé l'Ebre, ont attaqué à la fois Fal--
set par le nord et par l'est. Les nationalistes
sont ainsi parvenus à la route menant de. Gan-
desa à Tarragone. Enfin l'action déclenchée
soudainement en direction de Tortosa a abouti
à l'occupation de cette ville, laquelle n'avait
pu être atteinte lors de l'offensive nationaliste
du mois de juin dernier. Les, gouvernemen-
taux, menacés d'être encerclés, ont dû se
replier et leur résistance sur cette partie du
front est brisée. ,
Faut-il en conclure que l'a position des répu-
blicains paraît désarmais désespérée et que la
' décision militaire ne saurait plus guère tar- i
der? Il est certain que les opérations de ces
/ours derniers ont considérablement réduit les
chances qu'avaient les gouvernementaux dé
maintenir leur résistance à un niveau suffisant
gbur user les forces-nationalistes et stabiliser
uûe fois de plus le front. Tout indique qu'à
Barcelone même on se rend' parfaitement
compte, de la gravité de la situation nouvelle
créée par le fait que les gouvernementaux ont
été obligés d'évacuer Tortosa et d'abandonner
cette place à leurs adversaires. Les républi-
cains se replient, dit-on, sur une nouvelle ligne
de défense allant de Valis à Reus, de manière
à couvrir Tarragone; mais on a l'impression
que la chute de cette dernière ville ne serait
plus qu'une question de jours. Le gouverne-
ment républicain procède à la mobilisation de
tous les hommes valides en Catalogne et ras-
semble les moyens nécessaires à une résis-
tance désespérée. Certaines informations lais-
sent entendre que le président du conseil,
M. Negrin, et le ministre des affaires étran-
gères, M. Del Vayo, resteraient à Barcelone,
tandis que les autres membres du cabinet et les
services ministériels s'établiraient de nouveau
à Valence, de manière à affirmer, quoi qu'il ad-
vienne, la permanence du pouvoir républicain,
Si ces informations sont confirmées, il faudrait
évidemment y voir des dispositions prises en
vue d'une défense qui pourrait constituer le
dernier acte de la tragédie espagnole. Il est
vrai que l'on a pu constater à plusieurs reprises
au cours de cette longue et sanglante guerre
civile des rétablissements si soudains et si
surprenants qu'il serait, téméraire, de prédire
une issue de la lutte à bref délai;.mais il n'en
reste pas moins que l'offensive nationaliste,;si
ollë peut être soutenue avec tes mêmes moyens
?.t la même énergie pendant quelques-semaines i
core paraît ' maintenant capable d'amener ;
la décision sur le terrain et de provoquer par '
là un effondrement du pouvoir démocratique,
avec toutes les conséquences politiques qu'un
tel événement comporterait du point de vue
national espagnol! comme du point de vue
international.
LE PROBLÈME ESSENTIEL
Dès la première séance consacrée au débat
de politique extérieure, les deux thèses qui
divisent profondément l'opinion française et
qui troublent intérieurement tous les partis
républicains se sont affrontées. Il y a encore
sans doute beaucoup à dire,, puisqu'une tren-
taine d'orateurs sont inscrits. Mais, en somme,
après les discours contradictoires de M. Mon-
tigny et de M. de Kérillis, l'essentiel a été dit,
et je gouvernement pourrait fort bien dès main-
tenant faire connaître quel est son sentiment
et quelle politique il entend suivre - puis-
qu'il est bien évident que la synthèse, chère
aux congrès socialistes, n'est ici guère pos-
sible.
Toutefois il nous ' sera permis' de faire
remarquer qu'en écoutant les honorables in-
terpellateurs on avait une certaine impres-
sion'. de malaise, Politique continentale ?
Politique impériale ? Politique de défiance et
de; résistancë à l'égard des pays totalitaires ?
Politique d'entente européenne et de paix
même avec les nations dont le régime est
différent du nôtre ? Il est certain que la
France a des intérêts à défendre en Europe.
Il est certain aussi qu'elle ne peut laisser por-
ter la moindre atteinte à son empire colonial
- et sur ce dernier point du moins l'unani-
mité, une unanimité résolue, de tous les partis
et de tous les Français n'est pas douteuse.
Mais à ces discours, à ces brillants exposés
de doctrines, quelque chose fait défaut. Il leur
manque une conclusion - et c'est à quoi la
Chambre devrait en premier lieu prendre
garde. Il s'agit en effet surtout de savoir quels
sont les moyens dont dispose notre pays pour
adopter l'une ou l'autre de ces politiques, pour
avoir la liberté du choix, ou même simple-
ment pour avoir une politique extérieure con-
forme à ses intérêts. .
Quand nous parlons de moyens, nous ne
voulons pas seulement faire allusion à notre
armement, à notre organisation économique et
financière qui en fait partie, mais encore à
notre organisation politique qui commande tout
le resté. Et c'est cela précisément que l'on a
négligé de dire hier et qu'il'conviendrait cepen-
dant que l'on rappelât.
La question qui devrait se poser devant la
Chambre est de savoir si notre pays a en ce
moment, dans l'état de l'Europe et dan son
propre état, la liberté de choisir. S'il ne l'a
pas, il lui faut consentir tous les sacrifices
nécessaires pour l'obtenir enfin - et non point
seulement consentir des sacrifices, mais veiller
à ce qu'ils ne soient pas rendus inutiles par
un brusque revirement de politique intérieure.
L'effort ne suffit pas, encore faut-il la conti-
nuité dans l'effort.
Ainsi le débat qui s'est ouvert-à la Chambre
pourrait être ramené à une discussion de poli-
tique intérieure. Les patriotes « antimuni-
chois » croient-ils par exemple que leur poli-
tique continentale d'opposition au troisième
Reich pourrait se soutenir si nous revenions à
la politique de désordre, de facilité, de déma-
gogie du Front populaire ? Les partisans de la
« politique impériale » peuvent-ils concevoir
que la défense du territoire français serait pos-
sible avec un retour à des bouleversements
intérieurs, à des catastrophes monétaires ?
L'une ou l'autre de ces politiques se con-
çoit-elle si, demain ou dans trois mois ou
dans un an, le redressement national devait
être compromis ?. Des réformes, d'ordre élec-
toral d'abord, sont-donc indispensables si l'on
veut éviter un nouveau recul économique et
financier, si l'on veut'armér. la France pour
assurer la paix.
Le premier soin du, Parlement et du gou-
vernement dèv'rait être* en somme de veiller à
ce que rien ne vienne troubler le relèvement
du pays, à ce que les intrigues des partis ou
les échéances électorales ne risquent pas de
rendre platoniques les voeux de grandeur, de
préstîge ou plus simplement de sécurité qui
sont formulés au cours du débat actuel. Ce
débat se terminera, nous l'espérons, par un
vote d'unanimité. Mais la véritable question
est de savoir s'il y aura ensuite une majorité
assez résolue pour donnes au pays confiance
dans l'avenir.
H. Massigli a présenté ses lettres de créance à Ankara
On télégraphie d'Ankara:
M. Massigli, ambassadeur de France, a pré-
sent, hier vendredi, ses lettres de créance au pré-
sident de la, République, selon le cérémonial
d'usage, en présence de M. Saradjoglou, ministre
des affaires étrangères. T
RÉGIMES
Lorsqu'on jouait à « De qui est-ce?... », Un
octosyllabe: a fait le désespoir des concurrents :
« La banane épaissit son beurre... » On alla jus-
qu'à l'attribuer à M. Paul Valéry, en souvenir du
fameux fruit « dans une bouche où sa forme se
meurt ». Ce sont là des vers qui fondent en
bouche, exquisément, en effet. Mais l'octosyllabe
était de Lamartine; ce n'est plus un secret. Je me
le redis avec délice depuis que; j'ài lu, ce matin,
téléphonée de Moscou, la nouvelle que, pour la
première fois depuis la révolution, il vient d'ar-
river des bananes chez ,les Russes. Ainsi depuis
vingt ans Moscou c'était à peu près la lune; la
iune qui attend toujours les spécimens des fruits
de la terre que Jules Verne rêvait d'y expédier
en obus. Le nouvelliste-convient qu'il y a quel-
ques années un colis de bananes était parvenu
à Moscou; mais c'était pour guérir un singe du
jardin zoologique. Le régime, sain et succulent,
arriva trop tard. Je ne sais pas qui l'a mangé.
Le Père des Peuples,,-dans sa haute sagesse,
privait jusqu'ici ses-enfants de bananes, et de
bien d'autres choses encore, pour leur ménager,
au long des ans, de menues surprises et des révé-
lations. Ne se relâche-t-il pas un peu tôt de sa
sévérité? Le bananier a, passé pour l'arbre au-
thentique du bien et du, mal; l'arbre de la con-
naissance. Ceux qui en mangeront vont-ils s'aper-
cevoir "qu'ils sont nus et. misérables? Compren-
dront-ils qu'au. delà de leurs frontières il existe
d'autres mets que le pain dur, la viande con-
gelée; des pays où les orteils tàtent du sable
tiède, où l'on dort, au soleil, sous l'ombre mobile
des palmes, sans que la sirène de l'usine ou le
sifflet, bienveillant mais:, impérieux,, maître vous rappelle le dernier plan quinquennal?
Des pays de ces bananes, parties âê Colombie n?
portent' pas des germes dangereux de libéralisme?
En tout cas, grand émerveillement, pour les
enfants nés dans l'ère heureuse, qui, dans leur
empressement, mangeront les bananes sans les
peler, comme les pauvres petits enfants du Pala-
tinat qui couraient après nos voitures, sur les
routes de crème rose, et croquaient notre chocolat
sans décoller le papier d'étain.
Il paraît que Humboldt, le naturaliste, avait
remarqué qu'en Amérique, partout 0(1 croissait la
banane les hommes étaient plus intelligents. Vous
voyez le danger des importations, pour les po-
tentats! Mais je n'ose y croire. Humboldt voya-
geait un peu vite, et, comme beaucoup de voya-
geurs, concluait plus vite encore. L'intelligence
des Grecs n'a point pâti de l'absence de la banane
beurrée; et les pentes du Parnasse valaient au-
tant que les pentes des Cordillères pour affiner
les races.
Si, après quelques mois de bananes, la révolu
tion n'est pas faite en Russie, il faudra attendre
encore. Les hommes y seront accoutumés, et se
remettront à ne songer à rien; pas même à la
douceur des contrées étranges. Le plaisir s'use.
L'apathie revient vite. Ni le cinéma ni la radio
n'empêcheront, dans l'avenir, la mélancolie des.
adolescents, ni les sombres dimanches.
« La banane épaissit son beurre »... Comme on
devine, qu'il n'en mangeait pas tous les jours!>
1! devait la connaître par Bernardin de Saint-
Pierre; lui qui traduisait Paul et Virginie, à Pro-
cida, pour les pêcheurs et pour Graziella. Un mer- ;
veilleux traducteur vraiment, qui, du premier
coup, sans dictionnaire trouvait les équivalents^
napolitains de bananiers, dë lataniers "et de pam-
plemousses ! Si c'était vrai,. pourtant? Nous ne-
nous émerveillons plus. L'enchantement du fruit
inconnu est tout dans le premier qu'on mange.
Il fut un temps où l'on a cru que l'apparition de
la cerise, la montée en caisses des oranges jus-
que chez '.les Hyperboréens et Germains farouches
Tendraient l'Europe plus aimable. Ce n'est pas
vérifié.: Les fruits du malheur, les fruits de la
sagesse perdent tôt leur vertu. Elle s'évanouit.
« L'oiseau s'envole, et ne revient pas », chante le 1
vieux Domingo, dans Paul et Virginie, justement.
Un petit air qu'on me faisait chanter, pour m'en-
seigner le solfège. Je le trouvais joli. L'oiseau
s'envole.- Robert Kemp. 1
: LA HONGRIE ADHÈRE
.AU PACTE ANTIKOMINTERN
L'agence télégraphique hongroise a communiqué hier
soir, vendredi 13 janvier :
Les ministres d'Italie, d'Allemagne et du Japon
à Budapest, ont rendu visite aujourd'hui au mi-
nistre des affaires étrangères de Hongrie.
Le comte Vinci, ministre. d'Italie, le plus ancien
des ministres des trois puissances accrédités à
Budapest,' a invité le gouvernement hongrois, au
nom de l'Italie, de l'Allemagne et du Japon à
adhérer au pacte antikomintern.
Le comte Csaky, ministre des affaires étran-
gères de Hongrie, a remercié les trois grandes
puissances de leur invitation et a déclaré que le
gouvernement hongrois était- disposé à adhérer au
pacte. ', ^ r
Les formalités d'adhésion auront lieu à Buda-
pest la semaine prochaine.
Notre correspondant particulier à Berlin téléphone,
samedi matin 14 janvier :
A Berlin, où l'on se félicite de l'adhésion de
la Hongrie, au pacte antikomintern, adhésion qui
a été annoncée par le comte Csaky, et qui se pro-
duirait formellement la semaine prochaine, après
son retour de Berlin - certains déclarent, non
sans quelque exagération, que c'est là un évé-
nement d'une importance mondiale.
En réalité, ce grand événement ne saurait rien
changer à quoi que ce soit. Il montre simplement
que la Hongrie est de plus en plus inféodée au
Reich, en dépit des divergences récentes au sujet'
de l'Ukraine carpathique.
On rappellé à ce propos que la Hongrie de Bela
Kuhn. a été un .des premier pays en proie au
bolchevisme. De là à conclure qu'il y est eneore
exposé, il n'y qu'un pas. Cependant, d'après ce
que l'on sait du régime du régent Horthy, il ne
semble pas que le péril communiste soit immi-
nent à Budapest.
L'adhésion de la. Hongrie, déclare le Berliner
Tageblatt, n'est pas seulement en rapport avec
l'axe Berlin-Rome, auquel des relations d'amitié
unissent ce pays. Elle résulte d'une certaine atti-
tude doctrinaire.
D'autres, journaux, comme la Boersen Zeitung,
croient devoir signaler que la propagande de
Moscou,. après avoir échoué en Espagne, se re-
porte vers d'autres pays comme l'Amérique, où
elle atteindrait jusqu'à l'antichambre de M. Roose-
velt. Pour le moment, il ne s'agit encore que de
son antiohambre. Le président américain n'est
pas accusé lui-même de bolchevisme. ,
La Hongrie restera à la Société des nations
On télégraphie de Budapest :
Le rédacteur diplomatique de l'Agence télé-
graphique hongroise déclare apprendre que le
maintien de la présence de la Hongrie au sein de.
la Société des nations n'est nullement touché par
l'adhésion de ce pays au pacte antikomintern.
Les décisions, dans cette affaire, relèvent,
dit-il, - de points de vue tout à fait différents.
Vite satisfaction en Italie
On télégraphie de Rome :
La nouvelle de l'adhésion de la Hongrie au
pacte antikomintern a été apprise à Rome avec la
plus vive satisfaction. On se rappelle que lors du
voyage du comte Ciano, invité par le régent
Horthy, le bruit avait couru que le ministre des
affaires étrangères italien s'efforcerait d'obtenir
de la Hongrie une adhésion au pacte antikomin-
tern et sa sortie de la Société des nations.
On ne dissimule pas que devant la réalisation
du premier. objectif on espère que le second
pourra : être obtenu dans un temps relativement
court. . - -
LA VISITE DES MINISTRES ANGLAIS
a Rome est terminée
-.1 V- . . : . t; -? i . - .. ' . - . . r : > ? -. :
Un communiqué final sur les entretiens des hommes d'Etat des deux pays
confirme qu'ils sont restés sur leurs positions
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone samedi 14 janvier :
Le communiqué final sur les entretiens des
ministres britanniques à Rome, a été public
dans le courant de t la. nuit. Il avait été
attendu toute la journée, mais dès le matin
lè Duce avait quitté, Rome en auto pour
le mont Terminillo, à cent kilomètres de la
capitale, afrn de se livrer à un de ses sports fa
voris, le Ski. De son côté, le premier ministre
britannique s'était rendu, l'après-midi, à l'aca-
démie britannique de Rome, puis à l'expositi >n
autarcique du minerai et, finalement, à une ré-
ception au Capitole.
Les deux chefs de gouvernement ne se rencon-
trèrent'de nouveau que le soir, au dîner offert
par l'ambassade de Grande-Bretagne. C'est dire
qu'il n'y eut entre eux aucun entretien nouveau,
et c'est pourquoi le communiqué qui devait leur
être soumis ne put être rendu- public qu'à une
heure tardive. On dit même qu'il y eut quelques
difficultés pour établir le texte. Le document est
cependant des plus sobres.
LE COMMUNIQUÉ FINAL
-rr 7-'- . ( .
% Âu cours dés conversations qui ont étt.
lieu ces jours-ci entre le Duce et In -
premier ministre britannique et auxquelles
ont participé les ministres des affaires
étrangères des deux pays, le comte Ciano
et lord Halifax, on a examiné les plus
importantes questions d'actualité et les
relations entre les deux empires.
Ces conversations ont été empreintes de
la plus grande cordialité et ont abouti à un
échange d'idées ample et franc. On a
affirmé de nouveau d'une façon concor-
dante l'intention de développer les rela-
tions existant entre les deux pays, dans
l'esprit â'amitié du pacte du 16 avril. On
est également convenu de conclure le plus
tôt possible les accords particuliers prévus
par ce pacte.
Au cours des conversations, on a constaté
encore une fois la volonté de l'Italie et de
la Grande-Bretagne de poursuivre une
politique qui vise efficacement au main-
tien de la paix, politique à laquelle les
efforts des deux gouvernements se sont
consacrés et continuent à se consacrer.
Ce. communiqué consacre de nouveau les ac- '
cords anglo-italiens d'avril dernier. Il parle des
i « relations entre les deux empires », et les jour-
naux du matin soulignent aujourd'hui cette for-
mule comme résumant et définissant les rapport?
entre l'Angleterre et l'Italie. II, est muet sur les
«' questions principales de l'Europe », mais il met
.op.; évidence la volonté de la-Grande-Bretagne çt
dà l'Italie de poursuivre une -politique: visant dp
façon efficace au maintien do la paix Bien qu'il
soit encore trop tôt pour prévoir quelles consé-
quences pourront avoir ces conversations de
Rome sur la situation générale, on peut esperér
qu'une pareille déclaration, autant morale que
; politique, pourrait exercer en Europe, un effet-
rassurant.
,/>' La question d'Espagne,
, les rapports franco-italiens
furent au centre de la discussion
Quoi qu'il en soit, les entretiens de Rome n'ont
apporté aucun fait nouveau, aucun engagement,
aucun accord, en un mot aucun - résultat positif.
Ils ont permis, cependant, aux deux chefs , des
gouvernements italien et britannique, de .discuter
franchement sur les problèmes internationaux de
.l'heure et sur les possibilités de l'avenir.
Ils ont donc clarifié la situation.
" La question d'Espagne et la controverse franco-
italienne paraissent avoir été au centre des con-
versations.
Sur la première, certains bruits méritent d'être
relevés. Répondant à une question du Premier
britannique, le Duce aurait- affirmé une fois de
plus que l'Italie évacuerait Majorque dès la vic-
toire finale de Franco. Le chef du gouvernement
italien aurait, en outre, envisagé la chute de
Barcelone pour la fin de février et exprimé la
certitude que cet événement entraînera la solu-
tion rapide du problème espagnol.
' Rien ne transpire, en revanche, au sujet des
échangés de vues italo-britanniques sur les pro-
blèmes de la Méditerranée et les « aspirations
naturelles du peuple italien ». Selon les uns. le !
Dwîe aurait exposé en toute franchise la thèse
Italienne, en évitant toutefois d'entrer dans le
détail-; selon les autres." le Premier britannique
aurait été informé, dans une large mesure, de»
revendications de la péninsule. Sur quoi il aurait
fait observer que si,-sur oe terrain, l'Italie fasciste
demeurait intransigeante et restait sur ses posi-
tions, il était inutile de poursuivre les conversa- J
tion, parce qu'elles ne pourraient en aucun cas
àiiputir à un accord. En d'autres termes, M. Cham-
berlain, très loyalement, se serait refusé à aborder
aucune question touchant la cession d'une seule
parcelle du territoire français.
' kï. . .
Après le communiqué
On mande de Rome à l'agence Havas :
Après la publication du communiqué final sur
lès entretiens de Rome, .l'impression recueillie
dans les milieux italiens, où l'on avait conservé
l'espoir d'une médiation britannique, est celle
du désappointement.
En revanche, dans les milieux anglais, on est
moins pessimiste qu'on 11e l'était hier quant à
l'évolution ultérieure de la situation en Méditer-
ranée. Ce sentiment trouve sa justification dans
le langage pacifique de M. Mussolini au cours des
conversations avec M. Chamberlain et lord Ha-
lifax.
! On laisse entendre, dans les mêmes milieux,
que les hommes d'Etat anglais auraient été très
?favorablement impressionnés par les assurances
données par le Duce touchant la volonté de paix
de l'Italie. A ce propos, on relève comme parti-
culièrement significatif le passage final du com-
muniqué qui souligne que les conversations de
Rome ont fait: ressortir la volonté de l'Italie et
de l'Angleterre de poursuivre une politique visant
au maintien dela paix.
. JQB mande: d'autre part de Rome à. l'agence Reuter :
On exprime ce soir la plus vive satisfaction
dans les, milieux ibritanniques et italiens du fait
qu'un conversation de quelques heures a permis
à il/ Mussolini et à M. Chamberlain de rédiger
dès.Vendredi soir le communiqué.
Ce. fait est tenu comme justifiant la déclaration
du* premier ministre disant que sa viste à Rome
rie pourrait manquer d'être fructueuse en ré-
sultats.
L'un-des ministres italiens présents à la récep-
tion donnée à l'ambassade de Grande-Bretagne a
déclaré vendredi soir :
« Tant que la semence de l'amitié entre l'em-
pire italien et l'empire britannique demeure vi-
vàce, il y a tout lieu de croire au maintien de
la paix en Europe. »
Rome compte sur 1' « axe »
Nôtre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone samedi matin, 14 janvier :
L'absence de conclusion des conversations de
Rome est un événement qui mérite d'être pris au
sérieux.- Du côté italien, il y a pour le moment
une- intransigeance absolue. Les « aspirations
naturelles » de la péninsule sont maintenues,
Certes Je Duce â manifesté en présence du Pre-
mier britannique son désir et sa volonté de paix;
mais l'a-t-il fait en dehors de toute condition et,
d'autre part, les « aspirations naturelles » du
peuple italien, telles que les formule le gouver-
nement fasciste, .sont-elles compatibles avec la
paix ? Autre question : si le Duce persiste dans
cette attitude d'intransigeance - et rien ne fait
prévoir pour l'instant qu'il cédera - quel aspect
prendra la situation internationale ?
L'intransigeance italienne est dictée très cer-
tainement par l'assurance que donne à Rome l'at-
titude de l'Allemagne. La presse de la péninsule
fait une part importante aux informations de
Berlin. Ces jours-ci, les dépêches de la capitale
du.Reich sont publiées avant celles-de Londres et
de Paris, généralement en caractères typographi-
ques particuliers. En dépit des entretiens italo-
britanniques, toutes les manifestations d'entente
italo-allemande sont soulignées, des honneurs
spéciaux ont été rendus au communiqué de mer-
credi publié dans la Correspondance politique et
diplomatique.
Le Pupolo di Roma met en relief la nouvelle
que, !o 30 janvier prochain, le chancelier Hitler
ferait au Reichstag une déclaration solennelle de
solidarité avec l'Italie fasciste-
Le Messaggero proclame, en tête de sa chro-
nique de politique internationale : « La paix avec
la. justice, base immuable de la politique de l'axe
Rome-Berlin. »
Le Lavoro Fascista, plus explicite encore, af-
firme en caractère gras « l'efficacité toujours plus
grande de l'axe sur l'échiquier international ».
Tous les journaux donnent la nouvelle que le
comte Ciano s'est entretenu hier matin, pendant
plus d'une heure, avg£ M. von Mackensen, ambas-
sadeur d'Allemagne à Rome. Ne pas oublier, enfin,
que la veille de l'arrivée de M. Chamberlain, un
ministre allemand, M. Funk, se trouvait encore à
Rome.
L'échec des conversations de Rome risque donc
de se traduire par un renforcement sensible de
la politique de 1' « axe ». Ce fait se répète chaque
fois que s'accentue le malentendu entre l'Italie
et les puissances démocratiques.
Le comte Ciano
ira-t-il prochainement à Londres ?
Le comte Ciano, dans une interview accordée
vendredi soir à l'envoyé spécial du Daily Mail, a
déclaré :
Je sui6 très satisfait des conversations. Je puis vous
assurer qu'elles ont été des plus cordiales. Nous avons
discuté de tous les problèmes importants qui se posent
aujourd'hui en Europe.
Comme le journaliste lui demandait s'il avait
l'intention de se rendre prochainement en Grande-
Bretagne, le ministre a répondu .:
Je ne puis vous donner d'indications précises pour
le moment, mais j'espère aller bientôt en visite à
Londres.
Le même envoyé téléphone qu'à un moment
des-! conversations anglo-italiennes. M.; Mussolini
aurait;,dit à M. Chamberlain
, Je vous donne ma parole d'honneur que-'j'ai l'inten-
tion d'observer- l'esprit, et .la lettre 'de l'accord anglo-
italien. -
IMPRESSIONS BRITANNIQUES
Notre correspondant particulier de Londres .téléphone
samedi' matin, 14 janvier :
La première constatation que l'opinion anglaise
a faite, au terme des conversations anglo-italien-
nes et après la publication du communiqué de
vendredi soir, est que l'agitation fasciste contre
la France n'a pas cessé' et qu'elle reprend au
contraire apparemment avec une force nouvelle.
La presse ministérielle britannique cependant
s'efforce aujourd'hui de réagir contre l'impression
de déception qui était générale vendredi, en décla-
rant que la visite de M. Chamberlain et de lord
Halifax à Rome a été en somme utile puisqu'elle
a éclairci pleinement l'attitude adoptée des deux
parts sur les principaux problèmes de l'heure.
Le Time s affirme de nouveau que M. Mussolini
a parlé avec modération et qu'il a proclamé son
amour de la paix.
Du côté anglais, le premier ministre et son col-
lègue auraient premièrement affirmé que les
liens étroits qui unissent la France et l'Angleterre
dépassent toutes les formules juridiques, et en
second lieu ils auraient, affirmé la. résolution de
l'Angleterre de s'armer puissamment. Cette mani-
festation de « réalisme », comme aiment à le dire
les Italiens, aurait impressionné le Duce qui s'est
mis alors à parler de réduction des armements,
idée qu'il ridiculisait naguère; mais, toujours se-
lon le Times, il aurait bien voulu reconnaître
qu'une meilleure entente entre les puissances se-
rait d'abord nécessaire.
Touchant l'Espagne, le dictateur italien se serait
montré persuadé que la guerre va finir dans quel-
ques semaines et qu'il tiendra alors sa promesse
de retirer ses troupes de la péninsule. Les minis-
tres anglais n'ont pas manqué de lui rappeler alors
son autre promesse, contenue dans l'accord anglo-
italien, de respecter l'intégrité de l'Espagne et de
ses possessions et le statu quo en Méditerranée.
D'un autre côté on souligne le caractère cordial
des entretiens de Rome et l'enthousiasme de la
population. Le Daily Telegraph est d'avis que le
voyage de Rome se justifie par ses résultats, bien
que le journal reconnaisse « qu'on ne pouvait pas
attendre grand'chose d'une rencontre où les deux
parties étaient déjà liées par des engagements,
qui étaient nécessairement en conflit, sur des
questions où leurs intérêts se touchent mais où
leurs points de vue diffèrent profondément ».
Le grand organe conservateur fait état, lui
aussi, de la valeur des échanges de vues qui ont
servi à éclaircir l'attitude des deux gouvernements
et il met en relief l'accueil cordial qui a été fait
à M.Chamberlain dans sa mission d'« apaisement ».
« Si la semence d'une plus grande entente inter-
nationale que . M- Chamberlain s'est efforcé de
faire naître ne produit pas la moisson qu'il a
si vivement espérée, conclut le Daily Telegraph,
ce ne sera décidément pas sa faute ».
Ce journal se félicite, en tout cas, que les dan-
gers à craindre au cours des entretiens de Rome
ne se soient pas réalisés et notamment que
M. Chamberlain se soit montré ferme pour main-
tenir que l'évacuation des combattants étrangers
d'Espagne doit précéder l'octroi des droits de bel-
ligérant et pour, s'opposer à toute suggestion de
« médiation » de; la Grande-Bretagne touchant
les prétentions italiennes contre la France. La
satisfaction qùê la France éprouve de ce dernier
point est justement appréciée en Angleterre où
l'on n'avait au surplus craint à aucun moment de
voir trahir l'Entente cordiale.
En somme, le résultat le plus net du voyage
de Rome aurait été de dissiper surtout chez
les leaders fascistes des illusions dangereuses
pour la paix.
La presse britannique d'opposition met une
sourdine à l'expression de sa satisfaction et né
triomphe pas outre mesure en présence des ré-
sultats négatifs du voyage de Rome. Le Daily He-
rald croit que, du côté britannique, on s'attend
à de nouvelles complications malgré les assuran-
ces répétées du gouvernement italien en faveur
de la paix, mais aussi, déclare son correspondant
diplomatique, « on se rend mieux compte chez iés
Italiens que la solidarité anglo-française est une
réalité et qu'une politique imprudente serait plus
dangereuse qu'ils ne le pensaient ».
Le redoublement de la campagne antifrançaise
à Rome aurait fait une impression déplorable sur
la délégation britannique et diminue considéra-
blement la confiance qu'avaient pu créer les pro-
testations pacifiques répétées du leader fasciste.
Le News Chronicle, libéral, écrit'
M Chamberlain a donc fini sa visite à Rome et il
ne pourra pas dire comme César : .> Je suis venu,
i'ai vu, j'ai Vaincu ». -En tait, le résultat a été négatif.
Toutefois, l'organe de l'opposition libérale fait
de cela même un mérite à M. Chamberlain et ne
le critique point. Il espère que cette visite l'aura
convaincu que la paix ne peut pas s'établir d'une
manière'durable par une série de petits voyages
en 1 Europe. rCY ' |
La réception à l'ambassade d'Angleterre
D'autre part, on mande de Rome: .
A l'ambassade d'Angleterre, où il s'est rendu
pour assister au dîner offert en son honneur,'
M. Mussolini a été reçu par la comtesse Perth et
par M. Chamberlain. Pendant le dîner, le Duce
et le premier ministre britannique, qui se fai-
saient vis-à-vis, puis au salon où ils ont pris le
café, ont conversé librement.
La réception oui a été donnée immédiatement
après a été des plus brillantes. Des membres du
gouvernement et plusieurs centaines de person-
nalités appartenant au corps diplomatique et à
la haute société romaine y ont assisté. Tandis
que lady Perth et M. Chamberlain accueillaient
les invités, le chef du gouvernement et le mi-
nistre des affaires étrangères d'Italie se sont, en-
tretenus dans un petit salon avec diverses per-'
sonnaiités étrangères.
Peu après minuit, le Duce a pris congé de ses
hôtes et a échangé à cette occasion quelques pa-
roles empreintes de cordialité avec M. Cham-.
berlain.
Départ de lord Halifax pour Genève
Peu après le dîner qui a été donné à l'ambas-
sade d'Angleterre, lord. Halifax a pris le train
pour Genève.
Autour de la réception -
des ministres anglais par le pape
Une note officielle
de 1' « Osservatore Romano »
L'Osservatore Romano publie la note officielle
suivante :
« Le Saint-Père a accueilli avec beaucoup de
gratitude S. Exc. Chamberlain et S. Exc. lord Hali-
fax, qui étaient accompangés de S. (Exc. Osborne,
ministre de Grande-Bretagne près le Saint-Siège.
Il leur a adressé des expressions aimables de sa-
lut et de satisfaction pour leur visite.
» Sa Sainteté s'est particulièrement intéressée
aux nouvelles de l'auguste famille "des souverains
d'Angleterre et a exprimé des voeux particuliers
pour leur prospérité et pour celle du grand em-
pire britannique, au sein duquel vivent : tant de
catholiques..
» Dans le cours des entretiens, différents points
concernant les raports entre le Saint-Siège et l'An-
gleterre ont été examinés, et l'on a constaté avec
satisfaction les bons et heureux rapports existant
actuellement. »
Comment s'est déroulée l'entrevue
On mande de la Cité du Vatican :
Sur l'entretien privé qui a ed lieu vendredi ma->
tin entre le pape,et les ministres britanniques, on
a les détails suivants : .
. A la conversation, à laquelle assistaient seule-
ment les deux ministres anglais et M. Osborne, mi-
nisire dë Grande-Bretagne près le. Saint-Siège le
pâpe à s lu en italien une brève alocution que
M. Osborne à traduite aussitôt en anglais; puis,
M. Chamberlain a lu à son tour sa réponse; à la
suite de quoi la conversation s'est engagée, très
cordiale. - r >, - . . .
On apprend, d'autre part, que le Saint-Père a
remis au premier ministre britannique une mé-
daille portant au recto l'effigie dé Pie' XI et au
verso celles des bienheureux anglais John Fisher
et Thomas Moore, canonisés en mai 1935.
M. Chamberlain a été très touché par le geste
du Saint-Père. cr- -
Sur quoi ont porté les entretiens
On mande de Rome à l'agence Havas ; , .,
On ne manque pas, dans les milieux romains, de
relever la haute signification de -la visite-de
M. Chamberlain et de lord Halifax au pape et au
cardinal secrétaire d'Etat Pacelli, visite avant,
tout de courtoisie sans doute, mais que l'on 11e
peut s'empêcher d'opposer à l'attitude du chance-
lier Hitler envers le chef de la chrétienté, à l'oc-
casion du voyage du Fuhrer à Rome au printemps
dernier.
L'entretien que le premier ministre britannique
a eu avec le Saint-Père acquiert d'autant plus
d'importance aux yeux de totis, qu'il" a dépassé
la durée habituelle des audiences de ce genre, co
qui démontre, en tout cas, la cordialité des rap-
ports qui existent entre lo Saint-Siège et la
Grande-Bretagne.
Bien entendu, rien- de ce que se sont dit Pie XI
et M. Chamberlain n'a transpiré.au dehors, et l'on
ne sait de certain sur cet entretien, que ce lue
la note de l'Osservatore Romano a indiqué. Mais
la note de YOsservatore Romano a indiqué, à sa-
voir que le pape s'est intéressé à la santé de la
famille royale anglaise et a exprimé des voeux
pour la prospérité'de celle-ci et de la nation bri-
tannique. Mais on croit savoir, que ce ne fut, pas
là le seul objet de la conversation.
L'hypothèse la plus accréditée dans les milieux
généralement informés, est que la question des
Lieux-Saints et celles des réfugiés juifs ont BU
être prises en considération. Le Vatican, en effet,
souhaiterait vivement que les Lieux-Saints -
et non seulement ceux de Jérusalem et de Beth-
ieem - fussent préservés des empiétements de )a
police de ces territoires dans la période de, ten-
sion actuelle en Palestine. Le Vatican souhaite-
rait aussi rétablissement d'un statut juridique
que mettrait à l'abri de toute Ingérence extérieure
les communautés catholiques en Palestine.
Quant à la question des réfugiés juifs, on sait
que le Saint-Siège, dans un haut esprit d'huma-
nité, est prêt à donner son appui moral à toute
initiative tendant à adoucir le sort des persécutés,
à quelque confession qu'ils appartiennent.
Il n'est donc pas exclu, surtout après les récon- -
tes initiatives internationales dans cette direction
- notamment celle du président Roosevelt -
que cette question ait été mentionnée au cours
de l'entretien.
L'ATTITUDE DE L'ALLEMAGNE
t-'
La presse se montre réservée
Notre correspondant particulier à Berlin-téléphone
samedi matin 14 janvier :
La presse allemande, en publiant le communi-
qué de Rome, se montre extrêmement réservée
quant aux résultats des entretiens anglo-italiens,
Certains journaux ne publient aucun commen-
taire. D'autres déclarent què le, résultat de la-vi-
site de -M. Chamberlain serait, avant tout, d'or-
dre psychologique; elle montrerait au monde que
les deux empires, itaiien et britannique, vivent,
désormais, sur le pied d'égalité et dune amitié
« réaliste ». . r. :
On serait satisfait, dans lés milieux anglais
aussi bien qu'italiens; les points de vue respec-
tifs auraient été éclaircis, sans que toutefois l'un
ni l'autre des deux partenaires abandonnât le
sien. On attribuerait une importance particulière
aux. assurances pacifiques de M. Mussolini , qui,
d'après les Anglais, « s'étendraient aussi à des
situations concrètes en Europe et sur la Médi-
terranée ». ((Berliner Tageblatt.)
Pour ce qui est de la question espagnole, les
succès de Franco auraient simplifié la discussion,
M. Mussolini estimant qu'ils amèneraient bientôt
la solution.
Au sujet de la visite de M. Chamberlain et de
lord Halifax au Vatican, la Deutsche Allgemeine
Zeitung rappelle l'intérêt que le ministre des af-
faires britanniques porte aux questions reli-
gieuses. Son père était partisan de la réconci-
liation de l'Eglise anglicane avec le catholicisme.
Lord Halifax a-t-il hérité de cettte tendance, qui
existe toujours dans J& High Church? H est fe.
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
DIMANCHE 15 JANVIER 1939
yoNUATEXTii i ^.ugruste NEPFTZER (iseï)
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JLd.l*ien. HÉBRARD (I8e7-t8t4j
Emile HÉBRARD (îsis-isas)
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Un numéro (PARIS et DÉPARTEMENTS) : Tê£ centimes
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et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
' . PAGE 1
La Visite des ministres anglais à Rome : le Com-
muniqué final.
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. - La Guerre civile en
Espagne. - La France d'outre-mer.
Nouvelles du jour. Académies. - Marine. .-
Marine marchande.
PAGE 3
A la Chambre : Interpellations sur la politique
extérieure. - Chronique électorale. - Revue de
la Presse. -Tribunaux.
Chronique maritime : les Derniers grands voiliers,
EDMOND DELAGE.
PAGE 4
Echos et informations. - La Philatélie. «- Les
Spectacles.
Feuilleton : « le Sel de la terre », par JOSEPH
WITTLIN (traduit du polonais par RAYMOND
HENRY). (AP 21.)
PAGE 5
Informations financières. - Bulletin météorolo-
gique. - La T. S. F. - Les Mots croisés. - Les
Echecs. - Nouvelles commerciales.
PAGE 6
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Après
la visite des ministres britanniques à Rome; le
Départ de M. Chamberlain. - La Guerre civile
en Espagne. -Première réunion du comité
pour les réfugiés; Discours de M.Georges Bonnet.
- Légion d'honneur : Ministère des affaires
? étrangères.
Paris, le 14 janvier 1939
BULLETIN DU JOUR
Les résultats de Rome et l'offensive en Catalogne
Le communiqué de Rome n'ajoute rien aux
informations que l'on possédait hier au sujet-
des entretiens italo-britanniques. Il confirme
les résultats négatifs des échanges de vues
entre M. Chamberlain, lord Halifax, M. Musso-
lini et le comte Ciano. Il constate que ces en-
tretiens furent empreints de la plus grande
cordialité - ce qui est bien naturel puisqu'il
s'agissait de consacrer solennellement l'a mise
ejii vigueur de l'accord italo-britannique - et
qu'ils ont eu le caractère de ce qu'on appelle
« un échange d'idées ample et franc », ce qui
signifie en réalité, que les thèses respectives
des deux gouvernements ont été largement
exposées, mais que, finalement, chacun est
resté sur ses positions. Qu'après cela le com-
muniqué souligne, une fois de plus, la volonté
de la Grande-Bretagne et de l'Italie de travail-
ler efficacement au maintien de la paix, il .n'y
a lia rien qui puisse surprendre. Tous les gou-
vernements conscients de leurs responsabilités
veulent la paix. Le malheur.est qu'ils ne con-
çoivent pas la paix- de, et
diffèrent, d'opinion énr tes méthodes les Mus
sures de la realiser sur des bases durables dans ,
une Europe travaillée ; par les plus vives pas-
sions et profondément divisée contre elle-
même paf la rivalité des idéologies révolution-
paire et totalitaire. :
On ne pourra discerner l'es répercussions
directes sur la situation internationale des
entretiens de Rome, tels qu'ils se sont déroulés
saris déterminer un rapprochement des thèses
en présence, qu'à la lumière des circonstances
des prochaines semaines. Ce sont en premier
lieu les événements d'Espagne qui permettront,
semble-t-il, de se rendre compte dans quelle
mesure M. Mussolini pourra être amené à
modifier dans le sens de la conciliation
la position-qu'il a prise jusqu'ici, ou à ac-
centuer, âu contraire, son action visant à
obtenir, en dépit de l'accord italo-britannique
à peine mis en vigueur, un nouvel équilibre
méditerranéen répondant; aux aspirations im-
périales de l'Italie fasciste. Toute la diploma-
tie du gouvernement de Rome est commandée
par l'évolution de la crise espagnole, au sujet
de laquelle le Ducè a pris une attitude telle'que
si lé général Franco ne l'emportait pas défini-
tivement le régime fasciste pourrait en-être
ébranlé en Italie même et le prestige person-
nel de M. Mussolini s'en trouver sérieusement
atteint. Il semble bien qu'au cours de ses entre-
tiens avec les ministres britanniques le Duce
ait répété tes assurances qui se trouvent déjà
solennellement, inscrites dans l'accord anglo-
italien du 16 avril et aux termes desquelles
l'Italie ne rechercherait point de situation poli-
tique et économique privilégiée en Espagne,
qu'après la guerre civile elle ne maintiendrait
pas de forces dans ce pays ou dans les posses-
sions espagnoles. Mais tout dépend de la ma-
nière dont serait pratiqué ce désintéressement
apparent lorsque serait établi un ordre nouveau
de l'autre côté des Pyrénées. Toujours est-il
que les choses se passent comme si l'Italie
fasciste attendait d'importants avantages pour
elle-même de la victoire du général Franco.
M. Mussolini mise ouvertement sur la carte
nationaliste avec une telle résolution qu'il
n'hésite-pas à sacrifier à ce jeu l'intérêt pour-
tant évident qu'a son pays à tirer le meilleur
parti possible pour sa politique générale du
rétablissement, de relations réellement con-
fiantes avec. l'Angleterre, afin que puisse être
mise en oeuvre, pour le bien de l'Europe
entière, l'a coopération des quatre principales
puissances telle qu'elle fut envisagée à Munich
le 29 septembre dernier.
On doit reconnaître que les développements
de l'offensive nationaliste en. Catalogne parais-
sent actuellement favorables au calcul italien.
Préparée de longue main, commencée il y a
une vingtaine de jours, poursuivie sans répit
avec des effectifs importants et des moyens
techniques puissants, cette offensive est menée
avec une réelle énergie sur un front très étendu
et dans des. conditions particulièrement diffi-
ciles en raison de la nature du terrain. L'objec-
tif immédiat étant Tarragone, le commande-
ment franquiste concentre tous ses efforts sur
la partie méridionale du front. .Tandis
que la progression a été assez tente dans le
secteur au sud de Tremp, elle à été plus rapide
et plus' profonde" au sud-est de Lérida. Ces
jours. derniers le mouvement s'est précipité
dans lè secteur ou, en ligne droite, les forces
du général Franco sont parvenues, en partant
de la région de Falset, à une trentaine de kilo-
mètres de Tarragone. Dans te secteur au sud-
est de Lérida, les nationalistes ont atteint l'em-
branchement de Montblanch, d'où ils peuvent
avancer le long de la route de Lérida à Tar-
ragone. C'est à ce moment que sont entrées èn
action les troupes de la région de Falset, qui,
ayant traversé l'Ebre, ont attaqué à la fois Fal--
set par le nord et par l'est. Les nationalistes
sont ainsi parvenus à la route menant de. Gan-
desa à Tarragone. Enfin l'action déclenchée
soudainement en direction de Tortosa a abouti
à l'occupation de cette ville, laquelle n'avait
pu être atteinte lors de l'offensive nationaliste
du mois de juin dernier. Les, gouvernemen-
taux, menacés d'être encerclés, ont dû se
replier et leur résistance sur cette partie du
front est brisée. ,
Faut-il en conclure que l'a position des répu-
blicains paraît désarmais désespérée et que la
' décision militaire ne saurait plus guère tar- i
der? Il est certain que les opérations de ces
/ours derniers ont considérablement réduit les
chances qu'avaient les gouvernementaux dé
maintenir leur résistance à un niveau suffisant
gbur user les forces-nationalistes et stabiliser
uûe fois de plus le front. Tout indique qu'à
Barcelone même on se rend' parfaitement
compte, de la gravité de la situation nouvelle
créée par le fait que les gouvernementaux ont
été obligés d'évacuer Tortosa et d'abandonner
cette place à leurs adversaires. Les républi-
cains se replient, dit-on, sur une nouvelle ligne
de défense allant de Valis à Reus, de manière
à couvrir Tarragone; mais on a l'impression
que la chute de cette dernière ville ne serait
plus qu'une question de jours. Le gouverne-
ment républicain procède à la mobilisation de
tous les hommes valides en Catalogne et ras-
semble les moyens nécessaires à une résis-
tance désespérée. Certaines informations lais-
sent entendre que le président du conseil,
M. Negrin, et le ministre des affaires étran-
gères, M. Del Vayo, resteraient à Barcelone,
tandis que les autres membres du cabinet et les
services ministériels s'établiraient de nouveau
à Valence, de manière à affirmer, quoi qu'il ad-
vienne, la permanence du pouvoir républicain,
Si ces informations sont confirmées, il faudrait
évidemment y voir des dispositions prises en
vue d'une défense qui pourrait constituer le
dernier acte de la tragédie espagnole. Il est
vrai que l'on a pu constater à plusieurs reprises
au cours de cette longue et sanglante guerre
civile des rétablissements si soudains et si
surprenants qu'il serait, téméraire, de prédire
une issue de la lutte à bref délai;.mais il n'en
reste pas moins que l'offensive nationaliste,;si
ollë peut être soutenue avec tes mêmes moyens
?.t la même énergie pendant quelques-semaines i
core paraît ' maintenant capable d'amener ;
la décision sur le terrain et de provoquer par '
là un effondrement du pouvoir démocratique,
avec toutes les conséquences politiques qu'un
tel événement comporterait du point de vue
national espagnol! comme du point de vue
international.
LE PROBLÈME ESSENTIEL
Dès la première séance consacrée au débat
de politique extérieure, les deux thèses qui
divisent profondément l'opinion française et
qui troublent intérieurement tous les partis
républicains se sont affrontées. Il y a encore
sans doute beaucoup à dire,, puisqu'une tren-
taine d'orateurs sont inscrits. Mais, en somme,
après les discours contradictoires de M. Mon-
tigny et de M. de Kérillis, l'essentiel a été dit,
et je gouvernement pourrait fort bien dès main-
tenant faire connaître quel est son sentiment
et quelle politique il entend suivre - puis-
qu'il est bien évident que la synthèse, chère
aux congrès socialistes, n'est ici guère pos-
sible.
Toutefois il nous ' sera permis' de faire
remarquer qu'en écoutant les honorables in-
terpellateurs on avait une certaine impres-
sion'. de malaise, Politique continentale ?
Politique impériale ? Politique de défiance et
de; résistancë à l'égard des pays totalitaires ?
Politique d'entente européenne et de paix
même avec les nations dont le régime est
différent du nôtre ? Il est certain que la
France a des intérêts à défendre en Europe.
Il est certain aussi qu'elle ne peut laisser por-
ter la moindre atteinte à son empire colonial
- et sur ce dernier point du moins l'unani-
mité, une unanimité résolue, de tous les partis
et de tous les Français n'est pas douteuse.
Mais à ces discours, à ces brillants exposés
de doctrines, quelque chose fait défaut. Il leur
manque une conclusion - et c'est à quoi la
Chambre devrait en premier lieu prendre
garde. Il s'agit en effet surtout de savoir quels
sont les moyens dont dispose notre pays pour
adopter l'une ou l'autre de ces politiques, pour
avoir la liberté du choix, ou même simple-
ment pour avoir une politique extérieure con-
forme à ses intérêts. .
Quand nous parlons de moyens, nous ne
voulons pas seulement faire allusion à notre
armement, à notre organisation économique et
financière qui en fait partie, mais encore à
notre organisation politique qui commande tout
le resté. Et c'est cela précisément que l'on a
négligé de dire hier et qu'il'conviendrait cepen-
dant que l'on rappelât.
La question qui devrait se poser devant la
Chambre est de savoir si notre pays a en ce
moment, dans l'état de l'Europe et dan son
propre état, la liberté de choisir. S'il ne l'a
pas, il lui faut consentir tous les sacrifices
nécessaires pour l'obtenir enfin - et non point
seulement consentir des sacrifices, mais veiller
à ce qu'ils ne soient pas rendus inutiles par
un brusque revirement de politique intérieure.
L'effort ne suffit pas, encore faut-il la conti-
nuité dans l'effort.
Ainsi le débat qui s'est ouvert-à la Chambre
pourrait être ramené à une discussion de poli-
tique intérieure. Les patriotes « antimuni-
chois » croient-ils par exemple que leur poli-
tique continentale d'opposition au troisième
Reich pourrait se soutenir si nous revenions à
la politique de désordre, de facilité, de déma-
gogie du Front populaire ? Les partisans de la
« politique impériale » peuvent-ils concevoir
que la défense du territoire français serait pos-
sible avec un retour à des bouleversements
intérieurs, à des catastrophes monétaires ?
L'une ou l'autre de ces politiques se con-
çoit-elle si, demain ou dans trois mois ou
dans un an, le redressement national devait
être compromis ?. Des réformes, d'ordre élec-
toral d'abord, sont-donc indispensables si l'on
veut éviter un nouveau recul économique et
financier, si l'on veut'armér. la France pour
assurer la paix.
Le premier soin du, Parlement et du gou-
vernement dèv'rait être* en somme de veiller à
ce que rien ne vienne troubler le relèvement
du pays, à ce que les intrigues des partis ou
les échéances électorales ne risquent pas de
rendre platoniques les voeux de grandeur, de
préstîge ou plus simplement de sécurité qui
sont formulés au cours du débat actuel. Ce
débat se terminera, nous l'espérons, par un
vote d'unanimité. Mais la véritable question
est de savoir s'il y aura ensuite une majorité
assez résolue pour donnes au pays confiance
dans l'avenir.
H. Massigli a présenté ses lettres de créance à Ankara
On télégraphie d'Ankara:
M. Massigli, ambassadeur de France, a pré-
sent, hier vendredi, ses lettres de créance au pré-
sident de la, République, selon le cérémonial
d'usage, en présence de M. Saradjoglou, ministre
des affaires étrangères. T
RÉGIMES
Lorsqu'on jouait à « De qui est-ce?... », Un
octosyllabe: a fait le désespoir des concurrents :
« La banane épaissit son beurre... » On alla jus-
qu'à l'attribuer à M. Paul Valéry, en souvenir du
fameux fruit « dans une bouche où sa forme se
meurt ». Ce sont là des vers qui fondent en
bouche, exquisément, en effet. Mais l'octosyllabe
était de Lamartine; ce n'est plus un secret. Je me
le redis avec délice depuis que; j'ài lu, ce matin,
téléphonée de Moscou, la nouvelle que, pour la
première fois depuis la révolution, il vient d'ar-
river des bananes chez ,les Russes. Ainsi depuis
vingt ans Moscou c'était à peu près la lune; la
iune qui attend toujours les spécimens des fruits
de la terre que Jules Verne rêvait d'y expédier
en obus. Le nouvelliste-convient qu'il y a quel-
ques années un colis de bananes était parvenu
à Moscou; mais c'était pour guérir un singe du
jardin zoologique. Le régime, sain et succulent,
arriva trop tard. Je ne sais pas qui l'a mangé.
Le Père des Peuples,,-dans sa haute sagesse,
privait jusqu'ici ses-enfants de bananes, et de
bien d'autres choses encore, pour leur ménager,
au long des ans, de menues surprises et des révé-
lations. Ne se relâche-t-il pas un peu tôt de sa
sévérité? Le bananier a, passé pour l'arbre au-
thentique du bien et du, mal; l'arbre de la con-
naissance. Ceux qui en mangeront vont-ils s'aper-
cevoir "qu'ils sont nus et. misérables? Compren-
dront-ils qu'au. delà de leurs frontières il existe
d'autres mets que le pain dur, la viande con-
gelée; des pays où les orteils tàtent du sable
tiède, où l'on dort, au soleil, sous l'ombre mobile
des palmes, sans que la sirène de l'usine ou le
sifflet, bienveillant mais:, impérieux,,
Des pays de ces bananes, parties âê Colombie n?
portent' pas des germes dangereux de libéralisme?
En tout cas, grand émerveillement, pour les
enfants nés dans l'ère heureuse, qui, dans leur
empressement, mangeront les bananes sans les
peler, comme les pauvres petits enfants du Pala-
tinat qui couraient après nos voitures, sur les
routes de crème rose, et croquaient notre chocolat
sans décoller le papier d'étain.
Il paraît que Humboldt, le naturaliste, avait
remarqué qu'en Amérique, partout 0(1 croissait la
banane les hommes étaient plus intelligents. Vous
voyez le danger des importations, pour les po-
tentats! Mais je n'ose y croire. Humboldt voya-
geait un peu vite, et, comme beaucoup de voya-
geurs, concluait plus vite encore. L'intelligence
des Grecs n'a point pâti de l'absence de la banane
beurrée; et les pentes du Parnasse valaient au-
tant que les pentes des Cordillères pour affiner
les races.
Si, après quelques mois de bananes, la révolu
tion n'est pas faite en Russie, il faudra attendre
encore. Les hommes y seront accoutumés, et se
remettront à ne songer à rien; pas même à la
douceur des contrées étranges. Le plaisir s'use.
L'apathie revient vite. Ni le cinéma ni la radio
n'empêcheront, dans l'avenir, la mélancolie des.
adolescents, ni les sombres dimanches.
« La banane épaissit son beurre »... Comme on
devine, qu'il n'en mangeait pas tous les jours!>
1! devait la connaître par Bernardin de Saint-
Pierre; lui qui traduisait Paul et Virginie, à Pro-
cida, pour les pêcheurs et pour Graziella. Un mer- ;
veilleux traducteur vraiment, qui, du premier
coup, sans dictionnaire trouvait les équivalents^
napolitains de bananiers, dë lataniers "et de pam-
plemousses ! Si c'était vrai,. pourtant? Nous ne-
nous émerveillons plus. L'enchantement du fruit
inconnu est tout dans le premier qu'on mange.
Il fut un temps où l'on a cru que l'apparition de
la cerise, la montée en caisses des oranges jus-
que chez '.les Hyperboréens et Germains farouches
Tendraient l'Europe plus aimable. Ce n'est pas
vérifié.: Les fruits du malheur, les fruits de la
sagesse perdent tôt leur vertu. Elle s'évanouit.
« L'oiseau s'envole, et ne revient pas », chante le 1
vieux Domingo, dans Paul et Virginie, justement.
Un petit air qu'on me faisait chanter, pour m'en-
seigner le solfège. Je le trouvais joli. L'oiseau
s'envole.- Robert Kemp. 1
: LA HONGRIE ADHÈRE
.AU PACTE ANTIKOMINTERN
L'agence télégraphique hongroise a communiqué hier
soir, vendredi 13 janvier :
Les ministres d'Italie, d'Allemagne et du Japon
à Budapest, ont rendu visite aujourd'hui au mi-
nistre des affaires étrangères de Hongrie.
Le comte Vinci, ministre. d'Italie, le plus ancien
des ministres des trois puissances accrédités à
Budapest,' a invité le gouvernement hongrois, au
nom de l'Italie, de l'Allemagne et du Japon à
adhérer au pacte antikomintern.
Le comte Csaky, ministre des affaires étran-
gères de Hongrie, a remercié les trois grandes
puissances de leur invitation et a déclaré que le
gouvernement hongrois était- disposé à adhérer au
pacte. ', ^ r
Les formalités d'adhésion auront lieu à Buda-
pest la semaine prochaine.
Notre correspondant particulier à Berlin téléphone,
samedi matin 14 janvier :
A Berlin, où l'on se félicite de l'adhésion de
la Hongrie, au pacte antikomintern, adhésion qui
a été annoncée par le comte Csaky, et qui se pro-
duirait formellement la semaine prochaine, après
son retour de Berlin - certains déclarent, non
sans quelque exagération, que c'est là un évé-
nement d'une importance mondiale.
En réalité, ce grand événement ne saurait rien
changer à quoi que ce soit. Il montre simplement
que la Hongrie est de plus en plus inféodée au
Reich, en dépit des divergences récentes au sujet'
de l'Ukraine carpathique.
On rappellé à ce propos que la Hongrie de Bela
Kuhn. a été un .des premier pays en proie au
bolchevisme. De là à conclure qu'il y est eneore
exposé, il n'y qu'un pas. Cependant, d'après ce
que l'on sait du régime du régent Horthy, il ne
semble pas que le péril communiste soit immi-
nent à Budapest.
L'adhésion de la. Hongrie, déclare le Berliner
Tageblatt, n'est pas seulement en rapport avec
l'axe Berlin-Rome, auquel des relations d'amitié
unissent ce pays. Elle résulte d'une certaine atti-
tude doctrinaire.
D'autres, journaux, comme la Boersen Zeitung,
croient devoir signaler que la propagande de
Moscou,. après avoir échoué en Espagne, se re-
porte vers d'autres pays comme l'Amérique, où
elle atteindrait jusqu'à l'antichambre de M. Roose-
velt. Pour le moment, il ne s'agit encore que de
son antiohambre. Le président américain n'est
pas accusé lui-même de bolchevisme. ,
La Hongrie restera à la Société des nations
On télégraphie de Budapest :
Le rédacteur diplomatique de l'Agence télé-
graphique hongroise déclare apprendre que le
maintien de la présence de la Hongrie au sein de.
la Société des nations n'est nullement touché par
l'adhésion de ce pays au pacte antikomintern.
Les décisions, dans cette affaire, relèvent,
dit-il, - de points de vue tout à fait différents.
Vite satisfaction en Italie
On télégraphie de Rome :
La nouvelle de l'adhésion de la Hongrie au
pacte antikomintern a été apprise à Rome avec la
plus vive satisfaction. On se rappelle que lors du
voyage du comte Ciano, invité par le régent
Horthy, le bruit avait couru que le ministre des
affaires étrangères italien s'efforcerait d'obtenir
de la Hongrie une adhésion au pacte antikomin-
tern et sa sortie de la Société des nations.
On ne dissimule pas que devant la réalisation
du premier. objectif on espère que le second
pourra : être obtenu dans un temps relativement
court. . - -
LA VISITE DES MINISTRES ANGLAIS
a Rome est terminée
-.1 V- . . : . t; -? i . - .. ' . - . . r : > ? -. :
Un communiqué final sur les entretiens des hommes d'Etat des deux pays
confirme qu'ils sont restés sur leurs positions
Notre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone samedi 14 janvier :
Le communiqué final sur les entretiens des
ministres britanniques à Rome, a été public
dans le courant de t la. nuit. Il avait été
attendu toute la journée, mais dès le matin
lè Duce avait quitté, Rome en auto pour
le mont Terminillo, à cent kilomètres de la
capitale, afrn de se livrer à un de ses sports fa
voris, le Ski. De son côté, le premier ministre
britannique s'était rendu, l'après-midi, à l'aca-
démie britannique de Rome, puis à l'expositi >n
autarcique du minerai et, finalement, à une ré-
ception au Capitole.
Les deux chefs de gouvernement ne se rencon-
trèrent'de nouveau que le soir, au dîner offert
par l'ambassade de Grande-Bretagne. C'est dire
qu'il n'y eut entre eux aucun entretien nouveau,
et c'est pourquoi le communiqué qui devait leur
être soumis ne put être rendu- public qu'à une
heure tardive. On dit même qu'il y eut quelques
difficultés pour établir le texte. Le document est
cependant des plus sobres.
LE COMMUNIQUÉ FINAL
-rr 7-'- . ( .
% Âu cours dés conversations qui ont étt.
lieu ces jours-ci entre le Duce et In -
premier ministre britannique et auxquelles
ont participé les ministres des affaires
étrangères des deux pays, le comte Ciano
et lord Halifax, on a examiné les plus
importantes questions d'actualité et les
relations entre les deux empires.
Ces conversations ont été empreintes de
la plus grande cordialité et ont abouti à un
échange d'idées ample et franc. On a
affirmé de nouveau d'une façon concor-
dante l'intention de développer les rela-
tions existant entre les deux pays, dans
l'esprit â'amitié du pacte du 16 avril. On
est également convenu de conclure le plus
tôt possible les accords particuliers prévus
par ce pacte.
Au cours des conversations, on a constaté
encore une fois la volonté de l'Italie et de
la Grande-Bretagne de poursuivre une
politique qui vise efficacement au main-
tien de la paix, politique à laquelle les
efforts des deux gouvernements se sont
consacrés et continuent à se consacrer.
Ce. communiqué consacre de nouveau les ac- '
cords anglo-italiens d'avril dernier. Il parle des
i « relations entre les deux empires », et les jour-
naux du matin soulignent aujourd'hui cette for-
mule comme résumant et définissant les rapport?
entre l'Angleterre et l'Italie. II, est muet sur les
«' questions principales de l'Europe », mais il met
.op.; évidence la volonté de la-Grande-Bretagne çt
dà l'Italie de poursuivre une -politique: visant dp
façon efficace au maintien do la paix Bien qu'il
soit encore trop tôt pour prévoir quelles consé-
quences pourront avoir ces conversations de
Rome sur la situation générale, on peut esperér
qu'une pareille déclaration, autant morale que
; politique, pourrait exercer en Europe, un effet-
rassurant.
,/>' La question d'Espagne,
, les rapports franco-italiens
furent au centre de la discussion
Quoi qu'il en soit, les entretiens de Rome n'ont
apporté aucun fait nouveau, aucun engagement,
aucun accord, en un mot aucun - résultat positif.
Ils ont permis, cependant, aux deux chefs , des
gouvernements italien et britannique, de .discuter
franchement sur les problèmes internationaux de
.l'heure et sur les possibilités de l'avenir.
Ils ont donc clarifié la situation.
" La question d'Espagne et la controverse franco-
italienne paraissent avoir été au centre des con-
versations.
Sur la première, certains bruits méritent d'être
relevés. Répondant à une question du Premier
britannique, le Duce aurait- affirmé une fois de
plus que l'Italie évacuerait Majorque dès la vic-
toire finale de Franco. Le chef du gouvernement
italien aurait, en outre, envisagé la chute de
Barcelone pour la fin de février et exprimé la
certitude que cet événement entraînera la solu-
tion rapide du problème espagnol.
' Rien ne transpire, en revanche, au sujet des
échangés de vues italo-britanniques sur les pro-
blèmes de la Méditerranée et les « aspirations
naturelles du peuple italien ». Selon les uns. le !
Dwîe aurait exposé en toute franchise la thèse
Italienne, en évitant toutefois d'entrer dans le
détail-; selon les autres." le Premier britannique
aurait été informé, dans une large mesure, de»
revendications de la péninsule. Sur quoi il aurait
fait observer que si,-sur oe terrain, l'Italie fasciste
demeurait intransigeante et restait sur ses posi-
tions, il était inutile de poursuivre les conversa- J
tion, parce qu'elles ne pourraient en aucun cas
àiiputir à un accord. En d'autres termes, M. Cham-
berlain, très loyalement, se serait refusé à aborder
aucune question touchant la cession d'une seule
parcelle du territoire français.
' kï. . .
Après le communiqué
On mande de Rome à l'agence Havas :
Après la publication du communiqué final sur
lès entretiens de Rome, .l'impression recueillie
dans les milieux italiens, où l'on avait conservé
l'espoir d'une médiation britannique, est celle
du désappointement.
En revanche, dans les milieux anglais, on est
moins pessimiste qu'on 11e l'était hier quant à
l'évolution ultérieure de la situation en Méditer-
ranée. Ce sentiment trouve sa justification dans
le langage pacifique de M. Mussolini au cours des
conversations avec M. Chamberlain et lord Ha-
lifax.
! On laisse entendre, dans les mêmes milieux,
que les hommes d'Etat anglais auraient été très
?favorablement impressionnés par les assurances
données par le Duce touchant la volonté de paix
de l'Italie. A ce propos, on relève comme parti-
culièrement significatif le passage final du com-
muniqué qui souligne que les conversations de
Rome ont fait: ressortir la volonté de l'Italie et
de l'Angleterre de poursuivre une politique visant
au maintien dela paix.
. JQB mande: d'autre part de Rome à. l'agence Reuter :
On exprime ce soir la plus vive satisfaction
dans les, milieux ibritanniques et italiens du fait
qu'un conversation de quelques heures a permis
à il/ Mussolini et à M. Chamberlain de rédiger
dès.Vendredi soir le communiqué.
Ce. fait est tenu comme justifiant la déclaration
du* premier ministre disant que sa viste à Rome
rie pourrait manquer d'être fructueuse en ré-
sultats.
L'un-des ministres italiens présents à la récep-
tion donnée à l'ambassade de Grande-Bretagne a
déclaré vendredi soir :
« Tant que la semence de l'amitié entre l'em-
pire italien et l'empire britannique demeure vi-
vàce, il y a tout lieu de croire au maintien de
la paix en Europe. »
Rome compte sur 1' « axe »
Nôtre correspondant particulier à Rome nous télé-
phone samedi matin, 14 janvier :
L'absence de conclusion des conversations de
Rome est un événement qui mérite d'être pris au
sérieux.- Du côté italien, il y a pour le moment
une- intransigeance absolue. Les « aspirations
naturelles » de la péninsule sont maintenues,
Certes Je Duce â manifesté en présence du Pre-
mier britannique son désir et sa volonté de paix;
mais l'a-t-il fait en dehors de toute condition et,
d'autre part, les « aspirations naturelles » du
peuple italien, telles que les formule le gouver-
nement fasciste, .sont-elles compatibles avec la
paix ? Autre question : si le Duce persiste dans
cette attitude d'intransigeance - et rien ne fait
prévoir pour l'instant qu'il cédera - quel aspect
prendra la situation internationale ?
L'intransigeance italienne est dictée très cer-
tainement par l'assurance que donne à Rome l'at-
titude de l'Allemagne. La presse de la péninsule
fait une part importante aux informations de
Berlin. Ces jours-ci, les dépêches de la capitale
du.Reich sont publiées avant celles-de Londres et
de Paris, généralement en caractères typographi-
ques particuliers. En dépit des entretiens italo-
britanniques, toutes les manifestations d'entente
italo-allemande sont soulignées, des honneurs
spéciaux ont été rendus au communiqué de mer-
credi publié dans la Correspondance politique et
diplomatique.
Le Pupolo di Roma met en relief la nouvelle
que, !o 30 janvier prochain, le chancelier Hitler
ferait au Reichstag une déclaration solennelle de
solidarité avec l'Italie fasciste-
Le Messaggero proclame, en tête de sa chro-
nique de politique internationale : « La paix avec
la. justice, base immuable de la politique de l'axe
Rome-Berlin. »
Le Lavoro Fascista, plus explicite encore, af-
firme en caractère gras « l'efficacité toujours plus
grande de l'axe sur l'échiquier international ».
Tous les journaux donnent la nouvelle que le
comte Ciano s'est entretenu hier matin, pendant
plus d'une heure, avg£ M. von Mackensen, ambas-
sadeur d'Allemagne à Rome. Ne pas oublier, enfin,
que la veille de l'arrivée de M. Chamberlain, un
ministre allemand, M. Funk, se trouvait encore à
Rome.
L'échec des conversations de Rome risque donc
de se traduire par un renforcement sensible de
la politique de 1' « axe ». Ce fait se répète chaque
fois que s'accentue le malentendu entre l'Italie
et les puissances démocratiques.
Le comte Ciano
ira-t-il prochainement à Londres ?
Le comte Ciano, dans une interview accordée
vendredi soir à l'envoyé spécial du Daily Mail, a
déclaré :
Je sui6 très satisfait des conversations. Je puis vous
assurer qu'elles ont été des plus cordiales. Nous avons
discuté de tous les problèmes importants qui se posent
aujourd'hui en Europe.
Comme le journaliste lui demandait s'il avait
l'intention de se rendre prochainement en Grande-
Bretagne, le ministre a répondu .:
Je ne puis vous donner d'indications précises pour
le moment, mais j'espère aller bientôt en visite à
Londres.
Le même envoyé téléphone qu'à un moment
des-! conversations anglo-italiennes. M.; Mussolini
aurait;,dit à M. Chamberlain
, Je vous donne ma parole d'honneur que-'j'ai l'inten-
tion d'observer- l'esprit, et .la lettre 'de l'accord anglo-
italien. -
IMPRESSIONS BRITANNIQUES
Notre correspondant particulier de Londres .téléphone
samedi' matin, 14 janvier :
La première constatation que l'opinion anglaise
a faite, au terme des conversations anglo-italien-
nes et après la publication du communiqué de
vendredi soir, est que l'agitation fasciste contre
la France n'a pas cessé' et qu'elle reprend au
contraire apparemment avec une force nouvelle.
La presse ministérielle britannique cependant
s'efforce aujourd'hui de réagir contre l'impression
de déception qui était générale vendredi, en décla-
rant que la visite de M. Chamberlain et de lord
Halifax à Rome a été en somme utile puisqu'elle
a éclairci pleinement l'attitude adoptée des deux
parts sur les principaux problèmes de l'heure.
Le Time s affirme de nouveau que M. Mussolini
a parlé avec modération et qu'il a proclamé son
amour de la paix.
Du côté anglais, le premier ministre et son col-
lègue auraient premièrement affirmé que les
liens étroits qui unissent la France et l'Angleterre
dépassent toutes les formules juridiques, et en
second lieu ils auraient, affirmé la. résolution de
l'Angleterre de s'armer puissamment. Cette mani-
festation de « réalisme », comme aiment à le dire
les Italiens, aurait impressionné le Duce qui s'est
mis alors à parler de réduction des armements,
idée qu'il ridiculisait naguère; mais, toujours se-
lon le Times, il aurait bien voulu reconnaître
qu'une meilleure entente entre les puissances se-
rait d'abord nécessaire.
Touchant l'Espagne, le dictateur italien se serait
montré persuadé que la guerre va finir dans quel-
ques semaines et qu'il tiendra alors sa promesse
de retirer ses troupes de la péninsule. Les minis-
tres anglais n'ont pas manqué de lui rappeler alors
son autre promesse, contenue dans l'accord anglo-
italien, de respecter l'intégrité de l'Espagne et de
ses possessions et le statu quo en Méditerranée.
D'un autre côté on souligne le caractère cordial
des entretiens de Rome et l'enthousiasme de la
population. Le Daily Telegraph est d'avis que le
voyage de Rome se justifie par ses résultats, bien
que le journal reconnaisse « qu'on ne pouvait pas
attendre grand'chose d'une rencontre où les deux
parties étaient déjà liées par des engagements,
qui étaient nécessairement en conflit, sur des
questions où leurs intérêts se touchent mais où
leurs points de vue diffèrent profondément ».
Le grand organe conservateur fait état, lui
aussi, de la valeur des échanges de vues qui ont
servi à éclaircir l'attitude des deux gouvernements
et il met en relief l'accueil cordial qui a été fait
à M.Chamberlain dans sa mission d'« apaisement ».
« Si la semence d'une plus grande entente inter-
nationale que . M- Chamberlain s'est efforcé de
faire naître ne produit pas la moisson qu'il a
si vivement espérée, conclut le Daily Telegraph,
ce ne sera décidément pas sa faute ».
Ce journal se félicite, en tout cas, que les dan-
gers à craindre au cours des entretiens de Rome
ne se soient pas réalisés et notamment que
M. Chamberlain se soit montré ferme pour main-
tenir que l'évacuation des combattants étrangers
d'Espagne doit précéder l'octroi des droits de bel-
ligérant et pour, s'opposer à toute suggestion de
« médiation » de; la Grande-Bretagne touchant
les prétentions italiennes contre la France. La
satisfaction qùê la France éprouve de ce dernier
point est justement appréciée en Angleterre où
l'on n'avait au surplus craint à aucun moment de
voir trahir l'Entente cordiale.
En somme, le résultat le plus net du voyage
de Rome aurait été de dissiper surtout chez
les leaders fascistes des illusions dangereuses
pour la paix.
La presse britannique d'opposition met une
sourdine à l'expression de sa satisfaction et né
triomphe pas outre mesure en présence des ré-
sultats négatifs du voyage de Rome. Le Daily He-
rald croit que, du côté britannique, on s'attend
à de nouvelles complications malgré les assuran-
ces répétées du gouvernement italien en faveur
de la paix, mais aussi, déclare son correspondant
diplomatique, « on se rend mieux compte chez iés
Italiens que la solidarité anglo-française est une
réalité et qu'une politique imprudente serait plus
dangereuse qu'ils ne le pensaient ».
Le redoublement de la campagne antifrançaise
à Rome aurait fait une impression déplorable sur
la délégation britannique et diminue considéra-
blement la confiance qu'avaient pu créer les pro-
testations pacifiques répétées du leader fasciste.
Le News Chronicle, libéral, écrit'
M Chamberlain a donc fini sa visite à Rome et il
ne pourra pas dire comme César : .> Je suis venu,
i'ai vu, j'ai Vaincu ». -En tait, le résultat a été négatif.
Toutefois, l'organe de l'opposition libérale fait
de cela même un mérite à M. Chamberlain et ne
le critique point. Il espère que cette visite l'aura
convaincu que la paix ne peut pas s'établir d'une
manière'durable par une série de petits voyages
en 1 Europe. rCY ' |
La réception à l'ambassade d'Angleterre
D'autre part, on mande de Rome: .
A l'ambassade d'Angleterre, où il s'est rendu
pour assister au dîner offert en son honneur,'
M. Mussolini a été reçu par la comtesse Perth et
par M. Chamberlain. Pendant le dîner, le Duce
et le premier ministre britannique, qui se fai-
saient vis-à-vis, puis au salon où ils ont pris le
café, ont conversé librement.
La réception oui a été donnée immédiatement
après a été des plus brillantes. Des membres du
gouvernement et plusieurs centaines de person-
nalités appartenant au corps diplomatique et à
la haute société romaine y ont assisté. Tandis
que lady Perth et M. Chamberlain accueillaient
les invités, le chef du gouvernement et le mi-
nistre des affaires étrangères d'Italie se sont, en-
tretenus dans un petit salon avec diverses per-'
sonnaiités étrangères.
Peu après minuit, le Duce a pris congé de ses
hôtes et a échangé à cette occasion quelques pa-
roles empreintes de cordialité avec M. Cham-.
berlain.
Départ de lord Halifax pour Genève
Peu après le dîner qui a été donné à l'ambas-
sade d'Angleterre, lord. Halifax a pris le train
pour Genève.
Autour de la réception -
des ministres anglais par le pape
Une note officielle
de 1' « Osservatore Romano »
L'Osservatore Romano publie la note officielle
suivante :
« Le Saint-Père a accueilli avec beaucoup de
gratitude S. Exc. Chamberlain et S. Exc. lord Hali-
fax, qui étaient accompangés de S. (Exc. Osborne,
ministre de Grande-Bretagne près le Saint-Siège.
Il leur a adressé des expressions aimables de sa-
lut et de satisfaction pour leur visite.
» Sa Sainteté s'est particulièrement intéressée
aux nouvelles de l'auguste famille "des souverains
d'Angleterre et a exprimé des voeux particuliers
pour leur prospérité et pour celle du grand em-
pire britannique, au sein duquel vivent : tant de
catholiques..
» Dans le cours des entretiens, différents points
concernant les raports entre le Saint-Siège et l'An-
gleterre ont été examinés, et l'on a constaté avec
satisfaction les bons et heureux rapports existant
actuellement. »
Comment s'est déroulée l'entrevue
On mande de la Cité du Vatican :
Sur l'entretien privé qui a ed lieu vendredi ma->
tin entre le pape,et les ministres britanniques, on
a les détails suivants : .
. A la conversation, à laquelle assistaient seule-
ment les deux ministres anglais et M. Osborne, mi-
nisire dë Grande-Bretagne près le. Saint-Siège le
pâpe à s lu en italien une brève alocution que
M. Osborne à traduite aussitôt en anglais; puis,
M. Chamberlain a lu à son tour sa réponse; à la
suite de quoi la conversation s'est engagée, très
cordiale. - r >, - . . .
On apprend, d'autre part, que le Saint-Père a
remis au premier ministre britannique une mé-
daille portant au recto l'effigie dé Pie' XI et au
verso celles des bienheureux anglais John Fisher
et Thomas Moore, canonisés en mai 1935.
M. Chamberlain a été très touché par le geste
du Saint-Père. cr- -
Sur quoi ont porté les entretiens
On mande de Rome à l'agence Havas ; , .,
On ne manque pas, dans les milieux romains, de
relever la haute signification de -la visite-de
M. Chamberlain et de lord Halifax au pape et au
cardinal secrétaire d'Etat Pacelli, visite avant,
tout de courtoisie sans doute, mais que l'on 11e
peut s'empêcher d'opposer à l'attitude du chance-
lier Hitler envers le chef de la chrétienté, à l'oc-
casion du voyage du Fuhrer à Rome au printemps
dernier.
L'entretien que le premier ministre britannique
a eu avec le Saint-Père acquiert d'autant plus
d'importance aux yeux de totis, qu'il" a dépassé
la durée habituelle des audiences de ce genre, co
qui démontre, en tout cas, la cordialité des rap-
ports qui existent entre lo Saint-Siège et la
Grande-Bretagne.
Bien entendu, rien- de ce que se sont dit Pie XI
et M. Chamberlain n'a transpiré.au dehors, et l'on
ne sait de certain sur cet entretien, que ce lue
la note de l'Osservatore Romano a indiqué. Mais
la note de YOsservatore Romano a indiqué, à sa-
voir que le pape s'est intéressé à la santé de la
famille royale anglaise et a exprimé des voeux
pour la prospérité'de celle-ci et de la nation bri-
tannique. Mais on croit savoir, que ce ne fut, pas
là le seul objet de la conversation.
L'hypothèse la plus accréditée dans les milieux
généralement informés, est que la question des
Lieux-Saints et celles des réfugiés juifs ont BU
être prises en considération. Le Vatican, en effet,
souhaiterait vivement que les Lieux-Saints -
et non seulement ceux de Jérusalem et de Beth-
ieem - fussent préservés des empiétements de )a
police de ces territoires dans la période de, ten-
sion actuelle en Palestine. Le Vatican souhaite-
rait aussi rétablissement d'un statut juridique
que mettrait à l'abri de toute Ingérence extérieure
les communautés catholiques en Palestine.
Quant à la question des réfugiés juifs, on sait
que le Saint-Siège, dans un haut esprit d'huma-
nité, est prêt à donner son appui moral à toute
initiative tendant à adoucir le sort des persécutés,
à quelque confession qu'ils appartiennent.
Il n'est donc pas exclu, surtout après les récon- -
tes initiatives internationales dans cette direction
- notamment celle du président Roosevelt -
que cette question ait été mentionnée au cours
de l'entretien.
L'ATTITUDE DE L'ALLEMAGNE
t-'
La presse se montre réservée
Notre correspondant particulier à Berlin-téléphone
samedi matin 14 janvier :
La presse allemande, en publiant le communi-
qué de Rome, se montre extrêmement réservée
quant aux résultats des entretiens anglo-italiens,
Certains journaux ne publient aucun commen-
taire. D'autres déclarent què le, résultat de la-vi-
site de -M. Chamberlain serait, avant tout, d'or-
dre psychologique; elle montrerait au monde que
les deux empires, itaiien et britannique, vivent,
désormais, sur le pied d'égalité et dune amitié
« réaliste ». . r. :
On serait satisfait, dans lés milieux anglais
aussi bien qu'italiens; les points de vue respec-
tifs auraient été éclaircis, sans que toutefois l'un
ni l'autre des deux partenaires abandonnât le
sien. On attribuerait une importance particulière
aux. assurances pacifiques de M. Mussolini , qui,
d'après les Anglais, « s'étendraient aussi à des
situations concrètes en Europe et sur la Médi-
terranée ». ((Berliner Tageblatt.)
Pour ce qui est de la question espagnole, les
succès de Franco auraient simplifié la discussion,
M. Mussolini estimant qu'ils amèneraient bientôt
la solution.
Au sujet de la visite de M. Chamberlain et de
lord Halifax au Vatican, la Deutsche Allgemeine
Zeitung rappelle l'intérêt que le ministre des af-
faires britanniques porte aux questions reli-
gieuses. Son père était partisan de la réconci-
liation de l'Eglise anglicane avec le catholicisme.
Lord Halifax a-t-il hérité de cettte tendance, qui
existe toujours dans J& High Church? H est fe.
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