Titre : La Croix
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : La Croix (Paris)
Date d'édition : 1906-07-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343631418
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juillet 1906 18 juillet 1906
Description : 1906/07/18 (Numéro 7146). 1906/07/18 (Numéro 7146).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2565049
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
37» annèh QUOTIDIEN 5 CENTIMES
N» 1 146
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5, RUB BÂTARD PARIS- V1IT
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Croix «t PiUrin, par an, .»•••.•• Croix et Croix Vluitrtt, par an 82 fr.
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La Cflrf* ut cavoyfe i l'cuai grutultcmmt pendant un* HmafaM.
ABOTiiïEMETtT GLOBAL
Pour J4 fr. 80 par an, on r.çoit la Croix, 2a Croix ttluttrh, la Plltrtf
Illuttrc en couleurs contenant la nouvelle* politiques et agricole», la
77» <<«« Sain/ les Conhmporaint et lu Qtuithnt JtctutUit.
ADVENIAT REGNUM TUUÎi
Ifou» roue reconnaissons comme nqtn $oi&
»ra;n Seigneur et Maître et comme Char
lupréme de la Patrie francaisa.
LA JOURNÉE
t>Af)IS, 17 JUmiiBT 1906
Se n'est pas au 12e régiment d'artil-
e, comme le gouvernement l'avait
â'abord annoncé, mais à la direction
(l'artillerie de Vincennes, que Drey-
fus est affecté.
Il semble que le gouvernement ait
redouté que le maintien de sa première
décision ne provoquât des manifesta-
tions trop retentissantes.
tes nombreuses termetures d'éta-
blissements congréganistes conti-
tuent à provoquer des protestations
épiscopaîes.
Au Palais, la 11e Chambre correc-
tionnelle poursuit le procès des nihi-
listes russes.
M. Clemenceau adresse aux préfets
une circulaire sur le contrôle des dé-
penses de la Sûreté générale.
ETRANGER. L'Angleterre publie
un Livre blanc sur Pim i lent de la fron-
tière turco-égyptienne réglé suivant la
volonté anglaise.
A la Douma, le ministre adjoint de
l'Intérieur, M. Makharoff, a été hué pen-
dant qu'il s'expliquait sur la répression
des troubles révolutionnaires.
•»- Un accident, heureusement sans gra-
vité, est arrivé au roi et à la reine d'Es-
pagne, en voiture.
CONGRÈS DE TOURNAI
Le Congrès de Tournai se prépare avec acti-
vité. On en parle comme d'un événement dans
toute la Belgique et dans le nord de la France.
Outre les orateurs que nous avons déjà an-
Bioncés Mgr Rumeau, évêque d'Angers,
MM. Coubé, Janvier, le P. de Vos, les congres-
sistes auront le plaisir d'entendre Mgr Koppes,
évêque de Luxembourg: M. le chanoine Collin,
de Metz; dom Laurent Janssens, recteur du
collège Saint-Anselme à Rome M. le chanoine
Paulm Ladeuze, président du collège du Saint-
Esprit à Louvain.
Parmi les orateurs laïques qui ont promis
ieur concours, citons M. Houlard, conseiller
ïnunicipal de Tournai; M. Duquesne, commis-
saire d arrondissement; MM. Nicolas et Goblet,
avocats; MM. les députés Mélot, Helleputte et
Levie; M. Hermignie, président de la Société
générale des etudiants de Louvain, et
M. Çh. Woeste, ministre d'Etat.
On peut s'inscrire dès à présent.
La cotisation est de 5 francs sans compte
yendu et de 10 francs avec droit au oompte
léndu.
S'adresser à M. l'abbé Bouquerel, secrétaire
du Comité, 22, cours la Reine, Paris.
LES « CONTEMPORAINS »
71 ». Parmi les principaux mis-
sionnaires, on doit compter Mgr Ba-
taillon, qui évangélisa les îles Wallis,
en Océanie, où il fut le compagnon du
Bienheureuse Chanel. Il mourut après
quarante et un ans d'apostolat.
t«O. «I.-F. LeaneoF fut le plus
fameux des compositeurs à l'époque de
Napoléon. Maître de chapelle sous l'an-
cien régime, puis sous l'Empire et la
Restauration, il est l'auteur de certains
opéras comme les « Bardets » qui eurent
beaucoup de succès.
Chaque semaine, une livraison illustrée
•de 16 pages in-8», 0 fr. 10. Un an, 6 francs.
Un numéro spécimen est envoyé gratis sur
demande.
FEUILLETON DU 18 JUILLET 1908 14
mmiuB concis
Avez-vous besoin d'un guide?
-Non, merci, je connais I
Le bonhomme insistait. Jacques avait
besoin de distraction, il cherchait une diver-
sion, il accepta l'offre du guide et le suivit
dans la coutumière visite du musée. La
̃voix du guide résonnait à son oreille sans
•qu'il attachât un sens précisa ses explications.
Cependant, à un certain moment son atten-
tion fut captivée par un petit tableau.
Il reproduisait une scène originale.
Louis XI Vrecevant les ambassadeurssia-
mois. Ceux-ci faisaient la grande prostration
orientale dans la salle de réception, mar-
chant à la file, habillés de façon bizarre et
somptueuse. Toute la cour les regardait.
Un gardien s'approcha.
Vous ne voyez pas très alair? Monsieur.
̃– II fait un peu sombre dans ce coin,
t>*est vrai; mais je vois suffisamment.
Le tableau gagnerait à être en plein
jour; les ambassadeurs de Siam ont la de
«superbes costumes; mais le roi, Monsieur,
le roi!
Eh bien? Y
L'habit qu'il portait au jour de la récep-
tion et que vous voyez sur ce tableau était
'couvert de diamants et de pierreries.
•* Comment?
«» Regardez-le bien. Il y en avait, dit-on,
pour dix millions.
Le bilan de lu (tartre
-Eh bien, Monsieur le député, vous
venez voir vos électeurs après votre
première session. Vous êtes bien aimable.
Avez-vous donc beaucoup travaillé, que
vous paraissez si fatigué?
Nous avons beaucoup travaillé.
Mais nous aurions tort de nous en enor-
gueillir nous n'avons fait que notre
devoir. Au surplus, ce n'est pas à mon
travail que je dois ma mine défaite: à
Paris, il y a beaucoup d'obligations
mondaines et autres que l'opposition
taxe méchamment de distractions
vaines ou même dangereuses, et, de
plus, j'ai été roué de coups dans la der-
nière séance parlementaire. Comme
c'était pour la République et pour
Dreyfus que j'ai eu l'œil poché et l'échine
meurtrie, j'aurais mauvaise grâce à me
plaindre.
Tant mieux, Monsieur le député,
que ce ne soit pas le travail qui vous a
mis en cet état lamentable. Car, de votre
travail nous avons bien besoin pour
nous rendre le repos, la tranquillité, la
prospérité, les impôts moins nombreux
et plus légers, comme vous nous l'avez
promis. Nous savons bien qu'on n'a pas
construit Paris en un jour, et qu'en six
semaines vous n'avez pas pu fournir un
travail de réparation, de réformes et de
progrès, que vous avez quatre ans de-
vant vous pour mener à bonne fin. Mais
tout de même, en six semaines, on peut
faire de la besogne. En avez-vous fait?
Si nous en avons fait! l
D'abord, deux fois nous avons été
juges I
Vous avez donc étudié les lois ? Cela
a dû vous demander beaucoup de temps
de les apprendre, car, étant pharmacien,
vous connaissiez mieux le codex que le
code. Votre ignorance des lois n'a pas
arrêté nos suffrages, parce que nous
vous nommions pour les faire, et non
pour les appliquer. Quelles lois avez-
vous faites pour le peuple et quelles lois
avez-vous appliquées aux justiciables?
Dites-nous cela un peu pour voir.
Aucune. Notre conscience a dicté
nos arrêts.
-Alors, on supprimera les Facultés de
droit? Ce sera toujours une économie.
Racontez-nous donc comment vous avez
jugé deux fois.
D'abord, les collègues dont l'élec-
tion était contestée ont comparu tour à
tour devant notre tribunal.
-Votre tribunal d'exception, alors?
D'exception, soit, les tribunaux ordi-
naires étant suspects, comme soumis au
fait du prince. Nous, nous ne jugeons
qu'avec notre conscience libre et indé-
pendante.
Et comment a-t-elle jugé, votre con-
science libre et indépendante?
Elle a invariablement validé les
pouvoirs des députés qui n'étaient pas
élus, et brisé ou suspendu les mandats
de ceux dont l'élection ne faisait pas
l'ombre d'un doute.
Il me semble pourtant.
Silence! L'arrêt des consciences est
irrévocable et ne souffre pas de cri-
tiques! l
-i- Parfait! Et votre second jugement?
La Cour de cassation avait bien
acquitté Dreyfus. Mais nous avons pensé
que son arrêt manquait d'autorité. Nous
l'avons acquitté une seconde fois. C'est
même au cours de notre sereine délibé-
ration que j'ai été passé à tabac.
Alors, je m'étonne que six semaines
vous aient suffi. Il a fallu des mois et des
années aux Conseils de guerre pour
juger dans un sens, encore plus de mois
et d'années à la Cour de cassation pour
juger dans l'autre.
La consciencejugeplus rapidement.
Nous avons mis une séance. D'ailleurs
Jacques regarda encore et partit, remer-
ciant le gardien.
Ce tableau le faisait rêver; en quittant le
palais, il se disait:
Ma vie est finie. Que vais-je devenir?
J'avais donné mon cœur à Madeleine, elle
m'abandonne. la maladie de sa mère,
vain prétexte. excuse facile pour m'écon-
duire! Que faire?
Le tableau des ambassadeurs du Siam
dansait devant ses yeux.
Je suis désespéré. La vie me semble
bien amère, bien terne à présent. J'avais
tant de plaisir à voir Madeleine; désormais,
je vais la fuir! La revoir me briserait le
cœur. Je vais quitter Paris. les lieux où je
l'ai connue. Où irai-je? ?
Il se frappa le front.
Cette lettre du Siam! Il l'avait oubliée. L'An-
glais Johnson lui avait fait de telles ouver-
tures, entrevoir de si beauxhorizons Certes,
il les avait repoussées sans regret pas un
seul instant la pensée du sacriffce qu^l con-
sentait pourMadeleine n'avait effleuré son es-
prit. Cette colossale fortune qu'il avait aban-
donnée jamais il ne lui avait accordé l'ombre
d'un regret; mais maintenant cette proposi-
tisn lui revenait en mémoire et tentait
sèsgoftts voyageurs eifion esprit d'aventures.
n avait écrit pour refuser, c'est vrai mais
Hp. pouvait-il revenir sur ce refus? Il ne
s'agissait pas d'accepter les offres matrimo-
niales de Johnson; Jacques avait le cœur
trop ulcéré pour songer de longtemps au
mariage; mats là-bas, en Asie, c'était le tra-
vail, l'oubli, l'éloignement.
Oui, cela c'était ce qu'il cherchait surtout,
Wloignement. Il sentait que, restait en
France, il aurait cherché à revpj': jfada-
leine, espérant toujours quç sa ftoacéTrl-
viendrait sur son refus,
mes reins n'auraient pas pu en sup-
porter une seconde.
Alors, Dreyfus est innocent?
Sans doute, puisque nôtre con-
science a prononcé son acquittement.
Elle l'a fait innocent et commandant!
-Pourtant, les tribunaux militaires,
Qu'importent lés tribunaux mili-
taires, des tribunaux d'exception.
Encore moins que le vOtre, tou-
jours 1
Encore moins, encore moins. et
la Cour suprême, est-ce un tribunal
d'exception?
Vous venez d'appeler tribunaux
du fait du prince les tribunaux ordi-
naires.
Permettez, je suis homme politique,
et vous devriez savoir que les hommes
politiques changent d'opinion suivant les
circonstances. Je regrette d'avoir à vous
le rappeler.
Ainsi, vous avez jugé deux fois et
bien jugé, j'en réponds, puisqu'il n'est
pas permis de dire que vous ave? jugé
en magistrats circonvenus et aveugles.
Et après, qu'avez-vous fait?
Après, nons avons écouté Jaurès
qui attaquait Clemenceau.
Cela n'était pas très fatigant.
Et nous l'avons applaudi.
Bien, cela. Mieux valait frapper ses
mains l'une contre l'autre que les abattre
sur la joue du voisin. Et après?
Après, nous avons écouté Clemen-
ceau qui terrassait Jaurès.
Toujours écouter! c'est bien mo-
notone
Et nous l'avons applaudi.
Mazette, vous deviez en avoir les
mains rouges. Toujours applaudir! Î
Pour Jaurès, c'était nécessaire; il
fallait montrer notre indépendance'. Pour
Ôlémenceau, cela ne l'était pas moins il
fallait montrer notre.
Asservissement?
Ah! quel mot déplaisant Déshabi-
tuez-vous donc de pousser les choses à
l'extrême Notre.
Deeilité ? R
Allons donc notre discipline t
Bien. Et après ? 9
Après, nous avons voté.
Enfin t
L'amnistie.
Bravo! amnistie, voilà un mot qui
sonne bien au cœur français!
Tous les ennemis du capital et de
l'armée ont été amnistiés amnistiés les
incendiaires et les meurtriers, amnistiés
tous les ouvriers des autres, qui se ren-
dirent coupables de crimes pendant les
grèves; une seule exception pour les
employés de l'État patron, qui n'avaient
pas commis de crimes, mais qui s'étaient
mis en grève. En dehors de cette restric-
tion dont nul ne contestera, je l'espère,
la légitimité, notre amnistie est d'une
largesse inconnue jusqu'à ce jour. Nous
avons amnistié même les innocents.
Les innocents 1
Oui la preuve de leur innocence
aurait été la preuve de notre culpabilité.
Et, puisque nous faisions l'amnistie, nous
ne pouvions pas nous Soustraire à ses
effets, en ce qui concerne notre crime
d'invention du complot! Couvert, notre
crime, couvert par l'amnistie 1
Après ce beau coup. ? If
Nous avons vilipendé l'armée à la
Chambre 1
De mieux en mieux! t
Attendez.Nous l'avons acclamée àla
revue.
Toujours l'homme politique qu'ins-
pirent diversementles circonstances.
Parfaitement.
Enfin? q
Enfin nous avons voté les quatre
contributions.
Sans amendements ? y
Telles que nous les a présentées le
ministre.
Et les réformes?
Nous attendons.
Rester, o'était compromettre son orgueil
sa dignité, et Jacques ne le voulait pas. Il
était excers vement fier, et la pensée que
Madeleine eût pu croire un seul instant qu'il
regrettait son immense fortune lui faisait
monter le rouge de la honte au front.
Ah si Madeleine avait été pauvre et lui
riche, les choses se seraient passées diffé-
remment et il n'eût pas agi de mêmel f
Mais il n'en était point ainsi.
Ces réflexions, Jacques les faisait dans
le train en regagnant Paris. En arrivant chez
lui, il se mit relire la lettre de M. Johnson.
Ce Johnson lui semblait un ami, sa lettre
respirait la plus pure affection, le grand dé-
vouement. Il avait même une dette de re-
connaissance à payer à Jacques, et la femme
de Johnson voulait son bonheur.
J'écrirai à Bangkok, fit l'ingénieur. On
a besoin partout des élèves de Centrale
Mais à qui?. A M. Johnson?
Il réfléchit encore.
Mais non. J'écrirai demain à l'abbé
Mennesson, à mon bon vieux professeur
missionnaire. Mais pourquoi demain? Il
ne faut pas remetre à demain une bonne
résolution; puisque je suis décidé à partir,
il faut sans tarder en prendre les moyens.
Il écrivit
M. rabbé Mennesson,
missionnaire à Paknam,
Siam.
« Grâce à vos bons soins, mon cher Père,
j'avais été admis dans l'intimité de la fa-
mille Larivière et j'avais eu le grand bon-
heur d'être accepté comme le" fiancé de
Mlle Madeleine.
» Aujourd'hui, parune fatalité iQsxplicafiie,
Madeleine reprend sa p*rol$ g faut est
rompu
Sous l'orme. 1
Non, Monsieur, pas sous l'orme, à
la buvette, que le gouvernement nous les
propose.
-•- Le compte rendu de vos travaux
parlementaires m'a infiniment intéressé,
Monsieur le député, et je vous en remer-
cie vivement. Mais, permettez-moi de
vous dire que ce que j'ai trouvé de plus
moral et de plus juste dans l'œuvre par-
lementaire de ces six dernières semaines,
c'est la distribution de coups de poings,
de coups de pieds et de gifles dont vous
avez pris votre large part au cours de la
séance du 18 juillet.
Nous publierons demain un important
article de Mgr PECHENÀRÔ, recteur des
Facultés catholiques de Paris, à l'occa-
sion des réoentes disoussions qui se sont
produites au sujet de notre enseigne-
ment libre supérieur.
XlOJUŒl
Le Pape reçu lundi, en audience, le
cardinal Matthieu.
Gazette
POURQUOI CETTE DIFFERENCE?
Les journaux nous apprennent que le
président de la République s'est rendu lui-
même à Ville-d'Avray, auprès de M. Albert
Sarraut et s'est informé de sa santé.
Lors de la catastrophe de Courrières, on
a remarqué, non sans étonnement, que
M. Fallières s'abstint de quitter son palais
et qu'il ne daigna pas porter lui-même le
témoignage de sa sympathie aux victimes.
Aujourd'hui, il agit tout autrement avec
« un ami qui a entreint une des lois du
pays, puisqu'il s'est battu en duel.
Pourquoi cette différence? Probablement
parce qu'il s'agit d'un sous-secrétaire d'Etat,
etqu'àCourrières il n'y avait que i 200 pau-
vres mineurs.
Sî nos bons démocrates trouvent cela
bien, c'est leur affaire! 1
HISTOIRE DE PUMES
11e Cri populaire, organe révolution-
naire, s'indigne de ce que M. Jules Uhxy,
ex-candidat socialiste, délégué de la Fédé-
ration .de Lorraine, ait accepté de recevoir
la distinction bourgeoise des palmes aca-
démiques.
Le plus amusant dans l'affaire des palmes
de M. Uhry, c'est qu'elles lui ont été remises
comme « conseil judiciaire de la Bourse du
travail » à l'occasion de l'inauguration, à
Paris, de la statue d'Alfred de Musset!
On ne voit pas du tout les rapports pos-
sibles entre la Bourse du travail et Alfred
de Musset, qui était un aristocrate dans
la force du terme, mais enfin ça ne fait rien,
et vraiment le Cri populaire a tort d'être
» nliry pour si peu. Il devrait connaître
assez ses amis pour savoir combien ils sont
friands de rubans et de distinctions hono-
rifiques.
Si LA ÇARTE-RÉCLAIBE
Il circule en ce moment dans l'Aisne une
carte postale illustrée qui n'est pas banale.
Le côté « réservé à 1 adresse » ne présente
aucune particularité. Mais au verso se
trouve le portrait d'un homme à la barbe
de fleuve, au tront découvert, à l'œil pro-
fond. On voit immédiatement qu'il s'agit
d'un personnage d'importance.
Ne le verrait-on pas d'ailleurs qu'on serait
suffisamment renseigné par la légende sui-
vante imprimée au-dessous du portrait et
ainsi conçue
PASCAL CECCALDI
Radical-socialiste
Député de la 1" circonscription rie Vervins (Aisne)
Ancien sous-préfet
Avocat à la Cour d'appel de Paris
Orateur de grand talent.
Et aile; donc ce n'est pas plus difficile
que ça de se taire de la réclame.
IUISSAHCES PROPORTIONNELLES
Il est très rare qu'on voie une série de
coïncidences absolument symétriques sem-
blables à celle qui se sera produite à bord
» Je ne veux point m'étendre ici sur mon
chagrin; la blessure que j ai reçue est vio-
lente, inguérissable, et mon orgueil ne veut
point être consolé.
» J'ai reçu il y a quelque temps de
M. Johnson, armateur et négociant à
Bangkok, une lettre me sollicitant d'aller le
rejomdre en ma qualité d'ingénieur et me
faisant entrevoir la possibilité d'une unign
avec sa fille. J'ai décliné l'une et l'autre pro-
position.
» Maintenant les circonstances ne sont plus
les mêmes et si, d'un côté, je ne veux pas
prétendre à la main de Mlle Johnson, d un
autre côté je serais heureux de m'expatrier
et d'aller demander à un travail ardu et
acharné l'oubli et le repos.
» Que faire?
» Je désire prendre conseil de vous.
» JACQUES de HAUTEROCHE ».
Il fallut attendre non seulement que cette
lettre arrivât à destination, mais aussi le
temps que la réponse fût parvenue: deux
mois, au moins.
Jacques ne vivait plus. Désormais, il était
tout à fait isolé, son unique société était
celle de son cousin Hugues de Montbars.
Jacques n'avait pu lui cacher la rupture e
survenue avec Madeleine, et il avait fallu
toute la force de volonté d'Hugues pour
dissimuler sa joie.
Mon pauvre vieux Que vas-tu faire?
Je ne sais, je ne suis pas encore dé-
oidé; d'ici quelques mois jeté conflerai mes
projets.
Et Jacques ne s'élait ppiat autrement
ouvert à Hugues. Geilui-ol tenait Saint-Denis
au courant de état fcr Saint-Denis, était trop perspicace ne
cas n.\oir -deviné i la pfileur, à la. 'tristesse
dn paquebot Grosser Kurfurst, du Nord-
deut'scher Lloyd.
Lors de sa dernière traversée, de Brême
à Nevir-York, trois mères donnèrent le jour
a six entants, et ces événements heureux se
répartirent comme suit
En ire classe un enfant.
En 2e classe deux jumeaux.
En 3e classe trois jumeaux.
La nouvelle nous vient de loin, n'a-t-elle
pas souffert en route de la soit ? N'a-t-elle
pas été altérée? '?
DREYFUS ET PICQUART
Une note communiquée à la suite du
Conseil des ministres tenu lundi matin an-
nonçait que Dreyfus était affecté au 12e régi-
ment d'artillerie. Ce régiment, qui tient gar-
nison à Vincennes et détache une batterie
au fort de la Briche, a pour colonel un
israélite, M. Mayer-Samuel, et compte
parmi ses officiers le capitaine juifCoblentz,
l'ancien instructeur d'équitation à l'école de
Fontainebleau, qui provoqua jadis les pro-
testations justement motivées et la disgrâce
du commandant de Fraville, ainsi que le
lieutenant André, fils de l'ancien mmistre
de la Cruerre, introducteur de la délation
dans l'armée.
Dans la soirée, cette affectation était
changée et le cabinet du ministre commu-
niquait une décision aux termes de laquelle
Dreyfus était classé à l'état major particu-
lier et affecté à la direction de Vincennes
(service).
Evidemment, écrit à ce sujet l'Echo de
Paris, le ministre redoute l'accueil qui
pourrait être fait dans un corps de troupe
au réhabilité.
La situation d'un officier dans une direc-
tion est, en effet, tout autre que celle de
l'officier de troupe; il n'a guère sous ses
ordres, en fait de militaires, que quelques
soldats des compagnies d'ouvriers d'artille-
rie, employés comme dessinateurs, litho-
graphes, peintres, serruriers, menuisiers,
bourreliers, etc., et quelques canonniers dé-
tachés pour des services spéciaux; la masse
du personnel se compose d'ouvriers civils
et même d'ouvrières.
Dreyfus n'aura dans ce poste que des
rapports très éloignés avec les troupes.
Ajoutons qu'il pourrait bien ne l'occuper
que fort peu de temps il atteindra, en effet,
le 1er octobre prochain, les trente années de
services exigées pour la retraite.
On annonce, d'autre part, que Picquart
serait promu divisionnaire prochainement.
C'est dans ce but que la toi spéciale qui
l'a nommé général de brigade fait compter
son ancienneté du 10 juillet 1903. Or, on
peut être promu divisionnaire après trois
ans de brigade. Il serait placé à la tête de la
10« division à Paris, actuellement vacante
par suite de la nomination du général
Bazaine-Hayter au commandement d'un
corps d'armée.
UN ÉVÊQUE INSULTÉ
C'était dimanche la Confirmation à Saint-
Apollinaire, aux portes de Dijon; Mgr Da-
dolle arrivait à l'heure convenue, 2 h. 1/2,
à la porte de l'église.
Nous citons le Bien du peuple
D'un côté du chemin, attendent clergé et
fidèles; mais de l'autre, une bande d'individus,
aux boutonnières fleuries on ne sait de quel
insigne, et ceux-ci de glapir, avec un ensemble
douteux, les cris familiers « A bas la calotte!
Vive la sociale! »
Mgr l'évêque descend de voiture du cOté des
manifestants. Il va à eux et demandé:
Où sont les insulteurs?
Après un instant de silence, le brave de la
troupe, un seul, répond:
Nous avons bien le droit de crier « Vive
la sociale t »
L'évêque réplique
Il ne s'agit pas de « sociale », il s'agit
d'autres cris qui sont des insultes qui de vous
en veut prendre la responsabilité 1
Crânement, tes premiers rangs se taisent;
l'arrière-garde siffle et l'éylque, prenant
acte de cette couardise, les quitte pour aller à
sa fonction.
Pendant le chant des vêpres, qui a sans
doute duré trop au gré de la bande altéré»,
une violente scène se passe dans les rues de
Saint-Apollinaire.
Les « jeunes » et les « hommes » 4e la gen-
tille commune ont regardé de près les pertur-
bateurs ils n'ont reconnu qu'un seul de leurs
concitoyens, le reste est de l'écume dijonnaise.
On en vient aux mains. Ceux de Saint-Apolli-
naire, indignés, font vaillante figure. Entre
temps, l'on nous assure que le premier magis-
trat, le maire, averti de ce qui se passe, com-
mence à répondre « Ils récoltent ce qu'ils ont
semé » Ils, ce seraient évidemment l'évêque
et ses fidèles catholiques.
Nous serons heureux de démentir ce grossier
propos, s'il n'a pas été tenu.
Cependant, à l'église, le prélat, auquel le curé
aval présenté la paroisse, continué tranquille-
croissante de Madeleine, qu'une explication
décisive avait eu lieu avec son fiancé. Le
mariage était rompu; cela était déjà un
point important; mais ce n'était pas tout,
ses affaires n'avaient pas l'air d'avancer du
côté de Madeleine.
Si, d'un côté, la convalescence pénible de
Mme Larivière autorisait de fréquents séj ours
à l'hôtel de la rue de la Faisanderie ou l'on
avait transporté la jeune femme, d'un autre
côté l'état de santé de la jeune femme ne
permettait de songer à aucune ouvertute
matrimoniale.
Et puis, il y avait Jacques, dfipS. M. et
Mme Larivière ne cessaient de parler avec
reproches à Madeleine.
Ah s'il avait pu disparaître, celui-là!
Et les jours passaient, et Saint-Denis ô'jm-
patientait. Il commençait à craindre d'avoir
joué un mauvais jeu.
Il avait voulu épouser Madeleine pour sa
fortune d'abord, par ambition ensuite. Les
élections approchaient; dans un an tout au
plus, la Chambre allait être renouvelée, et
Saint-Denis comptait bien, grâce à l'influence
de M. Larivière, devenu son beau-père, dé-
crocher la place de député de la Hàttte-
Saône. Lui, député de son pays JM, le ftl?
du cabaretier Saint-Denis Sa poitrine s'en
gonflait d'orgueil.
Mais pour cela il fallait épouser Madeleine
et se hâter. Et comment le fairer
Madeleine avait dix-huit ans; elle était
fiancée à Jacques et il savait, pour avoir
entendu les explications entra Jacques et
Madeleine que Jacques gardait la parole de
Madeleine, et ne la rendrait pa-S. pouvait
mettre Madeleine en demeure de faire à son
père les sommaUoDP, respectueuses maisil
fallait attendre '4ue la jeune fille ait allant
ment sa fonction. Il aborde l'instruction an*
conflrmants:
« Mes enfants, mon sermon est fait. j'allai/
vous dire fini; vous êtes appelés a être soidatt
du Christ. la preuve, vous venez de 1 avpil
sous les yeux. Arrivé depuis quatre mois a»
diocèse de Dijon, j'ai fait bien près de cent
stations de Confirmations; ici, pour la premiers
fois, je rencontre l'insulte. Pourquoi? l'on ne
me connalt pas: ce n'est donc pas à ma per-
sonne privée qu'elle s'adresse, mais au mi-
nistre de la religion.
Et celle-ci. que veulent les insulteurs But-
ne sont pas coupables; ils ne méritent quï
notre compassion et nos prières. Mais quelque
part, à Dijon, il y a des lieux où l'on conspiré
contre la religion et où l'on a, hier peutrétre,
décidé la manifestation de ce soir, pour laquelle
les «neneurs, qui se cachent, ont lancé à votre
rencontre les malheureux que nous avons vus.
Voilà comme on nous traite!
Vous vous souviendrez, enfants, de cet incjj
dent de la journée de votre Confirmation. fi
renferme toute la leçon que je voulais voua
faire entendre. »
Le retour de l'évêque eut lieu sans autre
incident qu'une nouvelle bordée d'insultes,
jetée, à bonne distance du village et, bien en»
tendu, de la cour d'un estaminet, le lieu habi-
tuel où ces gens-là ont coutume de se faire des
idées et des poumons.
La gendarmerie a opéré plusieurs arres-
tations.
gGet incident présage ce qui attend la
« liberté des cultes sous le régime de la
séparation.
LA MORT m FRANÇAIS PATKIOTI
Vendredi, ont eu lieu à Rome les funéraillej
du R. P. Forestier, Mariste français, décédi
à l'âge de 85 ans.
Originaire du diocèse de Clermont, le P. Fo-
restier flt ses études à Saint-Sulpice, fut or-
donné prêtre par Mgr Affre en 1846 et entra
dans la Société de Marie en 1848. Il ne tarda
pas à être désigné pour l'évangélisation des
peuplades, alors anthropophages, de la Nou-
velle-Calédonie.
Tout en travaillant avec un zèle héroïque &
répandre la foi chrétienne, il ne négligeait pas
les intérêts de la mère-patrie. Le 24 sep-
tembre 1853, il avait la joie de signer avea
l'amiral Febvrier des Pointes la prise de post
session de la Nouvelle-Calédonie par la France,
qui doit au patriotisme des missionnaires
Maristes la plupart de ses colonies océaniennes.
Le regretté défunt était lé dernier survivant
des signataires de cet acte historique.
Envoyé en France en 1864 pour y défendre,
près du gouvernement impérial, sa chère mi$.
sion calédonienne menacée par les fantaisie
et l'hostilité d'un gouverneur phalanstérien quf
prétendait administrer la colonie d'après les
utopies fouriéristes, il eut la bonne fortune d«
faire triompher la cause de la justice et de 1%
religion, rendant ainsi d'inappréciables service!
à l'Eglise naissante d'Océanie.
L'habileté et le tact qu'il apporta dans cet
négociations le désignèrent à l'attention de
ses supérieurs qui lui confièrent les charges
les plus importantes de la Congrégation. Suc-
cessivement supérieur de la résidence de
Paris, du collège de Dundalk en Irlande, pro-
cureur des mission.s d'Océanie à Lyon, provinr
cial aux Etats-Unis, il fut deux fois choisi
comme procureur général près le Saint-Siège.
n vient de mourir pieusement à Rome, lais-
sant la réputation d'un parfait religieux. A sec
obsèques assistaient Mgr Barone, archeve'qM
de Mélytène, et de nombreux représentants ai
la prélature et des Qrdres religieux. Mgr d'An
mailhacq, recteur de Saint-Louis des Français
a donné l'absoute.
UN PRÊTRE
M. L'ABBÉ MACCHIAVELLI
curé de Saint-Ouen
Un prêtre. une vie de bonté inlassable
e tde dévouement évangélique, telle est la visiott
qu'évoque l'existence si bien remplie de ceint
que pleure en ce moment, avec le clergé de 1%
Seine, la population laborieuse de Saint-Ouen^
Prêtre. M. l'abbé Macchiavelli le fut ds»r.
toute la force du terms. Il n'avait au cœu£
qu'un désir conquérir les âmes à Celui donc*
il avait entendu l'appel divin.
Lorsqu'il y a dix ans, le cardinal Richard 1m
nommait curé de Saint-Ouen, il l'envoyait ï?
un poste de sacrifice et d'honneur. &
Avec le aceur fort du Lorrain qu'il était^
M. l'abbé Macchiavelli, qui était alors vicaire dttl
Saint-Augustin, accepta la tâche difficile qo*>
lui était proposée.
Le cardinal lui offrait quelques jours de rf-
flexions; il accepta a l'instant. i
Saint-Ouen, comme toute la banlieue de Pafilr-
s'était profondément modifié. A la populwôp?
primitive de jardiniers at de maraîchers cuira»*
vant leurs terres étdt venu se joindre un élê*<
ment nombreux d'ouvriers. La commune, dt e»
chef, avait pris une extenilort considérable. pg#
la force même des choses, la vieille église êtwK
sa majorité, et d'ici là la plate de rfépuW \S
échappait. f
II n'avait vraiment pas de chance 1 -j
Jacques enfin avait reçu la réponse djR
l'abbé Mermesson, et plus vite qu'il ne l'
pérait, par le télégraphe
Monsieur Jacques de fftnttemohei>- 1
rue de la Bienfaisante, 149,
Paru.
« Ai arrangé l'affaire avec M. Johnsoir^.
Venez sans crainte et aussitôt le trouver W
Bangkok par le prochain paquebot. Suièp
élevéii l'épiscopat depuis nuit jourè. Auras»
grande joie à vous revoir.
» Courage et amitiés bien vives.
» MKNNE9iQ
uicaire » MBHNEStÇK, 9tam..
> vicaire apostolique au Siam.
Au reçu de ce télégramme, Jacques cou»
rut chez Montbars.
-Eh bien mon vieux, c'est décidé.
Quoi î dit Hugues en sursautant.
Regarde, je pars, j'ai des nouvellMR
d'outre-mer. Je vais rejoindre Johnson aUC
Siam, tu sais, l'armateur qui m'avait fait dtrj.
si belles propositions C'est loin, mais j«*
pars sans regret, heureux d'oublier. si j«-
puis ami 1 eh bien, malgré le re,~r
Pauvre ami eh bien, malgré le regr^Èi
que j'ai de me séparer di toi, je suis ton ta a|t
de oela. Ah mon boa &mi, enQq, tu ioâT
tireras. C'est la solution désir^; on ne peul!
trouver mieux je t'appartins absolu'
ment pour tes, préparatifs. Disposeyiatucl. Efcje t'aocomp^gnerai à ^arsenEL
jusqu'au ïiateau. 3e ne te lâch» que sur
pont quand ta otoohe du départ aowiera.
(A suivre.)
Charlm dr Vitîs.
(Droits dt traduction et de repro<*ucii9fc
rmrvfï)
N» 1 146
Hééatt/ta 4 AdmhkVatha
5, RUB BÂTARD PARIS- V1IT
Mrou» tèlègrapbiqm CROIBAYAR PAR&
TÉLÉPHONE (3 llgm»)
RM*
Administration 694-45
XmprimtrU ̃ ̃ A 6Ç&&?
FRANCE l Un mol>- • » • • t. <
rKArscc f Trol,raoh> 6fr. 1 union postai»
.A. 2 Slxmoii. 10 fr. l MUT BN Mil
ALGERIE ( un .» .f 18 Ir. > fORT 8JIC 1111
Croix «t PiUrin, par an, .»•••.••
^SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE CROIX IjJJtrSTBfoB. 9 PACK
JIBOTITiEMEm D'ESSAI
La Cflrf* ut cavoyfe i l'cuai grutultcmmt pendant un* HmafaM.
ABOTiiïEMETtT GLOBAL
Pour J4 fr. 80 par an, on r.çoit la Croix, 2a Croix ttluttrh, la Plltrtf
Illuttrc en couleurs contenant la nouvelle* politiques et agricole», la
77» <<«« Sain/ les Conhmporaint et lu Qtuithnt JtctutUit.
ADVENIAT REGNUM TUUÎi
Ifou» roue reconnaissons comme nqtn $oi&
»ra;n Seigneur et Maître et comme Char
lupréme de la Patrie francaisa.
LA JOURNÉE
t>Af)IS, 17 JUmiiBT 1906
Se n'est pas au 12e régiment d'artil-
e, comme le gouvernement l'avait
â'abord annoncé, mais à la direction
(l'artillerie de Vincennes, que Drey-
fus est affecté.
Il semble que le gouvernement ait
redouté que le maintien de sa première
décision ne provoquât des manifesta-
tions trop retentissantes.
tes nombreuses termetures d'éta-
blissements congréganistes conti-
tuent à provoquer des protestations
épiscopaîes.
Au Palais, la 11e Chambre correc-
tionnelle poursuit le procès des nihi-
listes russes.
M. Clemenceau adresse aux préfets
une circulaire sur le contrôle des dé-
penses de la Sûreté générale.
ETRANGER. L'Angleterre publie
un Livre blanc sur Pim i lent de la fron-
tière turco-égyptienne réglé suivant la
volonté anglaise.
A la Douma, le ministre adjoint de
l'Intérieur, M. Makharoff, a été hué pen-
dant qu'il s'expliquait sur la répression
des troubles révolutionnaires.
•»- Un accident, heureusement sans gra-
vité, est arrivé au roi et à la reine d'Es-
pagne, en voiture.
CONGRÈS DE TOURNAI
Le Congrès de Tournai se prépare avec acti-
vité. On en parle comme d'un événement dans
toute la Belgique et dans le nord de la France.
Outre les orateurs que nous avons déjà an-
Bioncés Mgr Rumeau, évêque d'Angers,
MM. Coubé, Janvier, le P. de Vos, les congres-
sistes auront le plaisir d'entendre Mgr Koppes,
évêque de Luxembourg: M. le chanoine Collin,
de Metz; dom Laurent Janssens, recteur du
collège Saint-Anselme à Rome M. le chanoine
Paulm Ladeuze, président du collège du Saint-
Esprit à Louvain.
Parmi les orateurs laïques qui ont promis
ieur concours, citons M. Houlard, conseiller
ïnunicipal de Tournai; M. Duquesne, commis-
saire d arrondissement; MM. Nicolas et Goblet,
avocats; MM. les députés Mélot, Helleputte et
Levie; M. Hermignie, président de la Société
générale des etudiants de Louvain, et
M. Çh. Woeste, ministre d'Etat.
On peut s'inscrire dès à présent.
La cotisation est de 5 francs sans compte
yendu et de 10 francs avec droit au oompte
léndu.
S'adresser à M. l'abbé Bouquerel, secrétaire
du Comité, 22, cours la Reine, Paris.
LES « CONTEMPORAINS »
71 ». Parmi les principaux mis-
sionnaires, on doit compter Mgr Ba-
taillon, qui évangélisa les îles Wallis,
en Océanie, où il fut le compagnon du
Bienheureuse Chanel. Il mourut après
quarante et un ans d'apostolat.
t«O. «I.-F. LeaneoF fut le plus
fameux des compositeurs à l'époque de
Napoléon. Maître de chapelle sous l'an-
cien régime, puis sous l'Empire et la
Restauration, il est l'auteur de certains
opéras comme les « Bardets » qui eurent
beaucoup de succès.
Chaque semaine, une livraison illustrée
•de 16 pages in-8», 0 fr. 10. Un an, 6 francs.
Un numéro spécimen est envoyé gratis sur
demande.
FEUILLETON DU 18 JUILLET 1908 14
mmiuB concis
Avez-vous besoin d'un guide?
-Non, merci, je connais I
Le bonhomme insistait. Jacques avait
besoin de distraction, il cherchait une diver-
sion, il accepta l'offre du guide et le suivit
dans la coutumière visite du musée. La
̃voix du guide résonnait à son oreille sans
•qu'il attachât un sens précisa ses explications.
Cependant, à un certain moment son atten-
tion fut captivée par un petit tableau.
Il reproduisait une scène originale.
Louis XI Vrecevant les ambassadeurssia-
mois. Ceux-ci faisaient la grande prostration
orientale dans la salle de réception, mar-
chant à la file, habillés de façon bizarre et
somptueuse. Toute la cour les regardait.
Un gardien s'approcha.
Vous ne voyez pas très alair? Monsieur.
̃– II fait un peu sombre dans ce coin,
t>*est vrai; mais je vois suffisamment.
Le tableau gagnerait à être en plein
jour; les ambassadeurs de Siam ont la de
«superbes costumes; mais le roi, Monsieur,
le roi!
Eh bien? Y
L'habit qu'il portait au jour de la récep-
tion et que vous voyez sur ce tableau était
'couvert de diamants et de pierreries.
•* Comment?
«» Regardez-le bien. Il y en avait, dit-on,
pour dix millions.
Le bilan de lu (tartre
-Eh bien, Monsieur le député, vous
venez voir vos électeurs après votre
première session. Vous êtes bien aimable.
Avez-vous donc beaucoup travaillé, que
vous paraissez si fatigué?
Nous avons beaucoup travaillé.
Mais nous aurions tort de nous en enor-
gueillir nous n'avons fait que notre
devoir. Au surplus, ce n'est pas à mon
travail que je dois ma mine défaite: à
Paris, il y a beaucoup d'obligations
mondaines et autres que l'opposition
taxe méchamment de distractions
vaines ou même dangereuses, et, de
plus, j'ai été roué de coups dans la der-
nière séance parlementaire. Comme
c'était pour la République et pour
Dreyfus que j'ai eu l'œil poché et l'échine
meurtrie, j'aurais mauvaise grâce à me
plaindre.
Tant mieux, Monsieur le député,
que ce ne soit pas le travail qui vous a
mis en cet état lamentable. Car, de votre
travail nous avons bien besoin pour
nous rendre le repos, la tranquillité, la
prospérité, les impôts moins nombreux
et plus légers, comme vous nous l'avez
promis. Nous savons bien qu'on n'a pas
construit Paris en un jour, et qu'en six
semaines vous n'avez pas pu fournir un
travail de réparation, de réformes et de
progrès, que vous avez quatre ans de-
vant vous pour mener à bonne fin. Mais
tout de même, en six semaines, on peut
faire de la besogne. En avez-vous fait?
Si nous en avons fait! l
D'abord, deux fois nous avons été
juges I
Vous avez donc étudié les lois ? Cela
a dû vous demander beaucoup de temps
de les apprendre, car, étant pharmacien,
vous connaissiez mieux le codex que le
code. Votre ignorance des lois n'a pas
arrêté nos suffrages, parce que nous
vous nommions pour les faire, et non
pour les appliquer. Quelles lois avez-
vous faites pour le peuple et quelles lois
avez-vous appliquées aux justiciables?
Dites-nous cela un peu pour voir.
Aucune. Notre conscience a dicté
nos arrêts.
-Alors, on supprimera les Facultés de
droit? Ce sera toujours une économie.
Racontez-nous donc comment vous avez
jugé deux fois.
D'abord, les collègues dont l'élec-
tion était contestée ont comparu tour à
tour devant notre tribunal.
-Votre tribunal d'exception, alors?
D'exception, soit, les tribunaux ordi-
naires étant suspects, comme soumis au
fait du prince. Nous, nous ne jugeons
qu'avec notre conscience libre et indé-
pendante.
Et comment a-t-elle jugé, votre con-
science libre et indépendante?
Elle a invariablement validé les
pouvoirs des députés qui n'étaient pas
élus, et brisé ou suspendu les mandats
de ceux dont l'élection ne faisait pas
l'ombre d'un doute.
Il me semble pourtant.
Silence! L'arrêt des consciences est
irrévocable et ne souffre pas de cri-
tiques! l
-i- Parfait! Et votre second jugement?
La Cour de cassation avait bien
acquitté Dreyfus. Mais nous avons pensé
que son arrêt manquait d'autorité. Nous
l'avons acquitté une seconde fois. C'est
même au cours de notre sereine délibé-
ration que j'ai été passé à tabac.
Alors, je m'étonne que six semaines
vous aient suffi. Il a fallu des mois et des
années aux Conseils de guerre pour
juger dans un sens, encore plus de mois
et d'années à la Cour de cassation pour
juger dans l'autre.
La consciencejugeplus rapidement.
Nous avons mis une séance. D'ailleurs
Jacques regarda encore et partit, remer-
ciant le gardien.
Ce tableau le faisait rêver; en quittant le
palais, il se disait:
Ma vie est finie. Que vais-je devenir?
J'avais donné mon cœur à Madeleine, elle
m'abandonne. la maladie de sa mère,
vain prétexte. excuse facile pour m'écon-
duire! Que faire?
Le tableau des ambassadeurs du Siam
dansait devant ses yeux.
Je suis désespéré. La vie me semble
bien amère, bien terne à présent. J'avais
tant de plaisir à voir Madeleine; désormais,
je vais la fuir! La revoir me briserait le
cœur. Je vais quitter Paris. les lieux où je
l'ai connue. Où irai-je? ?
Il se frappa le front.
Cette lettre du Siam! Il l'avait oubliée. L'An-
glais Johnson lui avait fait de telles ouver-
tures, entrevoir de si beauxhorizons Certes,
il les avait repoussées sans regret pas un
seul instant la pensée du sacriffce qu^l con-
sentait pourMadeleine n'avait effleuré son es-
prit. Cette colossale fortune qu'il avait aban-
donnée jamais il ne lui avait accordé l'ombre
d'un regret; mais maintenant cette proposi-
tisn lui revenait en mémoire et tentait
sèsgoftts voyageurs eifion esprit d'aventures.
n avait écrit pour refuser, c'est vrai mais
Hp. pouvait-il revenir sur ce refus? Il ne
s'agissait pas d'accepter les offres matrimo-
niales de Johnson; Jacques avait le cœur
trop ulcéré pour songer de longtemps au
mariage; mats là-bas, en Asie, c'était le tra-
vail, l'oubli, l'éloignement.
Oui, cela c'était ce qu'il cherchait surtout,
Wloignement. Il sentait que, restait en
France, il aurait cherché à revpj': jfada-
leine, espérant toujours quç sa ftoacéTrl-
viendrait sur son refus,
mes reins n'auraient pas pu en sup-
porter une seconde.
Alors, Dreyfus est innocent?
Sans doute, puisque nôtre con-
science a prononcé son acquittement.
Elle l'a fait innocent et commandant!
-Pourtant, les tribunaux militaires,
Qu'importent lés tribunaux mili-
taires, des tribunaux d'exception.
Encore moins que le vOtre, tou-
jours 1
Encore moins, encore moins. et
la Cour suprême, est-ce un tribunal
d'exception?
Vous venez d'appeler tribunaux
du fait du prince les tribunaux ordi-
naires.
Permettez, je suis homme politique,
et vous devriez savoir que les hommes
politiques changent d'opinion suivant les
circonstances. Je regrette d'avoir à vous
le rappeler.
Ainsi, vous avez jugé deux fois et
bien jugé, j'en réponds, puisqu'il n'est
pas permis de dire que vous ave? jugé
en magistrats circonvenus et aveugles.
Et après, qu'avez-vous fait?
Après, nons avons écouté Jaurès
qui attaquait Clemenceau.
Cela n'était pas très fatigant.
Et nous l'avons applaudi.
Bien, cela. Mieux valait frapper ses
mains l'une contre l'autre que les abattre
sur la joue du voisin. Et après?
Après, nous avons écouté Clemen-
ceau qui terrassait Jaurès.
Toujours écouter! c'est bien mo-
notone
Et nous l'avons applaudi.
Mazette, vous deviez en avoir les
mains rouges. Toujours applaudir! Î
Pour Jaurès, c'était nécessaire; il
fallait montrer notre indépendance'. Pour
Ôlémenceau, cela ne l'était pas moins il
fallait montrer notre.
Asservissement?
Ah! quel mot déplaisant Déshabi-
tuez-vous donc de pousser les choses à
l'extrême Notre.
Deeilité ? R
Allons donc notre discipline t
Bien. Et après ? 9
Après, nous avons voté.
Enfin t
L'amnistie.
Bravo! amnistie, voilà un mot qui
sonne bien au cœur français!
Tous les ennemis du capital et de
l'armée ont été amnistiés amnistiés les
incendiaires et les meurtriers, amnistiés
tous les ouvriers des autres, qui se ren-
dirent coupables de crimes pendant les
grèves; une seule exception pour les
employés de l'État patron, qui n'avaient
pas commis de crimes, mais qui s'étaient
mis en grève. En dehors de cette restric-
tion dont nul ne contestera, je l'espère,
la légitimité, notre amnistie est d'une
largesse inconnue jusqu'à ce jour. Nous
avons amnistié même les innocents.
Les innocents 1
Oui la preuve de leur innocence
aurait été la preuve de notre culpabilité.
Et, puisque nous faisions l'amnistie, nous
ne pouvions pas nous Soustraire à ses
effets, en ce qui concerne notre crime
d'invention du complot! Couvert, notre
crime, couvert par l'amnistie 1
Après ce beau coup. ? If
Nous avons vilipendé l'armée à la
Chambre 1
De mieux en mieux! t
Attendez.Nous l'avons acclamée àla
revue.
Toujours l'homme politique qu'ins-
pirent diversementles circonstances.
Parfaitement.
Enfin? q
Enfin nous avons voté les quatre
contributions.
Sans amendements ? y
Telles que nous les a présentées le
ministre.
Et les réformes?
Nous attendons.
Rester, o'était compromettre son orgueil
sa dignité, et Jacques ne le voulait pas. Il
était excers vement fier, et la pensée que
Madeleine eût pu croire un seul instant qu'il
regrettait son immense fortune lui faisait
monter le rouge de la honte au front.
Ah si Madeleine avait été pauvre et lui
riche, les choses se seraient passées diffé-
remment et il n'eût pas agi de mêmel f
Mais il n'en était point ainsi.
Ces réflexions, Jacques les faisait dans
le train en regagnant Paris. En arrivant chez
lui, il se mit relire la lettre de M. Johnson.
Ce Johnson lui semblait un ami, sa lettre
respirait la plus pure affection, le grand dé-
vouement. Il avait même une dette de re-
connaissance à payer à Jacques, et la femme
de Johnson voulait son bonheur.
J'écrirai à Bangkok, fit l'ingénieur. On
a besoin partout des élèves de Centrale
Mais à qui?. A M. Johnson?
Il réfléchit encore.
Mais non. J'écrirai demain à l'abbé
Mennesson, à mon bon vieux professeur
missionnaire. Mais pourquoi demain? Il
ne faut pas remetre à demain une bonne
résolution; puisque je suis décidé à partir,
il faut sans tarder en prendre les moyens.
Il écrivit
M. rabbé Mennesson,
missionnaire à Paknam,
Siam.
« Grâce à vos bons soins, mon cher Père,
j'avais été admis dans l'intimité de la fa-
mille Larivière et j'avais eu le grand bon-
heur d'être accepté comme le" fiancé de
Mlle Madeleine.
» Aujourd'hui, parune fatalité iQsxplicafiie,
Madeleine reprend sa p*rol$ g faut est
rompu
Sous l'orme. 1
Non, Monsieur, pas sous l'orme, à
la buvette, que le gouvernement nous les
propose.
-•- Le compte rendu de vos travaux
parlementaires m'a infiniment intéressé,
Monsieur le député, et je vous en remer-
cie vivement. Mais, permettez-moi de
vous dire que ce que j'ai trouvé de plus
moral et de plus juste dans l'œuvre par-
lementaire de ces six dernières semaines,
c'est la distribution de coups de poings,
de coups de pieds et de gifles dont vous
avez pris votre large part au cours de la
séance du 18 juillet.
Nous publierons demain un important
article de Mgr PECHENÀRÔ, recteur des
Facultés catholiques de Paris, à l'occa-
sion des réoentes disoussions qui se sont
produites au sujet de notre enseigne-
ment libre supérieur.
XlOJUŒl
Le Pape reçu lundi, en audience, le
cardinal Matthieu.
Gazette
POURQUOI CETTE DIFFERENCE?
Les journaux nous apprennent que le
président de la République s'est rendu lui-
même à Ville-d'Avray, auprès de M. Albert
Sarraut et s'est informé de sa santé.
Lors de la catastrophe de Courrières, on
a remarqué, non sans étonnement, que
M. Fallières s'abstint de quitter son palais
et qu'il ne daigna pas porter lui-même le
témoignage de sa sympathie aux victimes.
Aujourd'hui, il agit tout autrement avec
« un ami qui a entreint une des lois du
pays, puisqu'il s'est battu en duel.
Pourquoi cette différence? Probablement
parce qu'il s'agit d'un sous-secrétaire d'Etat,
etqu'àCourrières il n'y avait que i 200 pau-
vres mineurs.
Sî nos bons démocrates trouvent cela
bien, c'est leur affaire! 1
HISTOIRE DE PUMES
11e Cri populaire, organe révolution-
naire, s'indigne de ce que M. Jules Uhxy,
ex-candidat socialiste, délégué de la Fédé-
ration .de Lorraine, ait accepté de recevoir
la distinction bourgeoise des palmes aca-
démiques.
Le plus amusant dans l'affaire des palmes
de M. Uhry, c'est qu'elles lui ont été remises
comme « conseil judiciaire de la Bourse du
travail » à l'occasion de l'inauguration, à
Paris, de la statue d'Alfred de Musset!
On ne voit pas du tout les rapports pos-
sibles entre la Bourse du travail et Alfred
de Musset, qui était un aristocrate dans
la force du terme, mais enfin ça ne fait rien,
et vraiment le Cri populaire a tort d'être
» nliry pour si peu. Il devrait connaître
assez ses amis pour savoir combien ils sont
friands de rubans et de distinctions hono-
rifiques.
Si LA ÇARTE-RÉCLAIBE
Il circule en ce moment dans l'Aisne une
carte postale illustrée qui n'est pas banale.
Le côté « réservé à 1 adresse » ne présente
aucune particularité. Mais au verso se
trouve le portrait d'un homme à la barbe
de fleuve, au tront découvert, à l'œil pro-
fond. On voit immédiatement qu'il s'agit
d'un personnage d'importance.
Ne le verrait-on pas d'ailleurs qu'on serait
suffisamment renseigné par la légende sui-
vante imprimée au-dessous du portrait et
ainsi conçue
PASCAL CECCALDI
Radical-socialiste
Député de la 1" circonscription rie Vervins (Aisne)
Ancien sous-préfet
Avocat à la Cour d'appel de Paris
Orateur de grand talent.
Et aile; donc ce n'est pas plus difficile
que ça de se taire de la réclame.
IUISSAHCES PROPORTIONNELLES
Il est très rare qu'on voie une série de
coïncidences absolument symétriques sem-
blables à celle qui se sera produite à bord
» Je ne veux point m'étendre ici sur mon
chagrin; la blessure que j ai reçue est vio-
lente, inguérissable, et mon orgueil ne veut
point être consolé.
» J'ai reçu il y a quelque temps de
M. Johnson, armateur et négociant à
Bangkok, une lettre me sollicitant d'aller le
rejomdre en ma qualité d'ingénieur et me
faisant entrevoir la possibilité d'une unign
avec sa fille. J'ai décliné l'une et l'autre pro-
position.
» Maintenant les circonstances ne sont plus
les mêmes et si, d'un côté, je ne veux pas
prétendre à la main de Mlle Johnson, d un
autre côté je serais heureux de m'expatrier
et d'aller demander à un travail ardu et
acharné l'oubli et le repos.
» Que faire?
» Je désire prendre conseil de vous.
» JACQUES de HAUTEROCHE ».
Il fallut attendre non seulement que cette
lettre arrivât à destination, mais aussi le
temps que la réponse fût parvenue: deux
mois, au moins.
Jacques ne vivait plus. Désormais, il était
tout à fait isolé, son unique société était
celle de son cousin Hugues de Montbars.
Jacques n'avait pu lui cacher la rupture e
survenue avec Madeleine, et il avait fallu
toute la force de volonté d'Hugues pour
dissimuler sa joie.
Mon pauvre vieux Que vas-tu faire?
Je ne sais, je ne suis pas encore dé-
oidé; d'ici quelques mois jeté conflerai mes
projets.
Et Jacques ne s'élait ppiat autrement
ouvert à Hugues. Geilui-ol tenait Saint-Denis
au courant de état fcr Saint-Denis, était trop perspicace ne
cas n.\oir -deviné i la pfileur, à la. 'tristesse
dn paquebot Grosser Kurfurst, du Nord-
deut'scher Lloyd.
Lors de sa dernière traversée, de Brême
à Nevir-York, trois mères donnèrent le jour
a six entants, et ces événements heureux se
répartirent comme suit
En ire classe un enfant.
En 2e classe deux jumeaux.
En 3e classe trois jumeaux.
La nouvelle nous vient de loin, n'a-t-elle
pas souffert en route de la soit ? N'a-t-elle
pas été altérée? '?
DREYFUS ET PICQUART
Une note communiquée à la suite du
Conseil des ministres tenu lundi matin an-
nonçait que Dreyfus était affecté au 12e régi-
ment d'artillerie. Ce régiment, qui tient gar-
nison à Vincennes et détache une batterie
au fort de la Briche, a pour colonel un
israélite, M. Mayer-Samuel, et compte
parmi ses officiers le capitaine juifCoblentz,
l'ancien instructeur d'équitation à l'école de
Fontainebleau, qui provoqua jadis les pro-
testations justement motivées et la disgrâce
du commandant de Fraville, ainsi que le
lieutenant André, fils de l'ancien mmistre
de la Cruerre, introducteur de la délation
dans l'armée.
Dans la soirée, cette affectation était
changée et le cabinet du ministre commu-
niquait une décision aux termes de laquelle
Dreyfus était classé à l'état major particu-
lier et affecté à la direction de Vincennes
(service).
Evidemment, écrit à ce sujet l'Echo de
Paris, le ministre redoute l'accueil qui
pourrait être fait dans un corps de troupe
au réhabilité.
La situation d'un officier dans une direc-
tion est, en effet, tout autre que celle de
l'officier de troupe; il n'a guère sous ses
ordres, en fait de militaires, que quelques
soldats des compagnies d'ouvriers d'artille-
rie, employés comme dessinateurs, litho-
graphes, peintres, serruriers, menuisiers,
bourreliers, etc., et quelques canonniers dé-
tachés pour des services spéciaux; la masse
du personnel se compose d'ouvriers civils
et même d'ouvrières.
Dreyfus n'aura dans ce poste que des
rapports très éloignés avec les troupes.
Ajoutons qu'il pourrait bien ne l'occuper
que fort peu de temps il atteindra, en effet,
le 1er octobre prochain, les trente années de
services exigées pour la retraite.
On annonce, d'autre part, que Picquart
serait promu divisionnaire prochainement.
C'est dans ce but que la toi spéciale qui
l'a nommé général de brigade fait compter
son ancienneté du 10 juillet 1903. Or, on
peut être promu divisionnaire après trois
ans de brigade. Il serait placé à la tête de la
10« division à Paris, actuellement vacante
par suite de la nomination du général
Bazaine-Hayter au commandement d'un
corps d'armée.
UN ÉVÊQUE INSULTÉ
C'était dimanche la Confirmation à Saint-
Apollinaire, aux portes de Dijon; Mgr Da-
dolle arrivait à l'heure convenue, 2 h. 1/2,
à la porte de l'église.
Nous citons le Bien du peuple
D'un côté du chemin, attendent clergé et
fidèles; mais de l'autre, une bande d'individus,
aux boutonnières fleuries on ne sait de quel
insigne, et ceux-ci de glapir, avec un ensemble
douteux, les cris familiers « A bas la calotte!
Vive la sociale! »
Mgr l'évêque descend de voiture du cOté des
manifestants. Il va à eux et demandé:
Où sont les insulteurs?
Après un instant de silence, le brave de la
troupe, un seul, répond:
Nous avons bien le droit de crier « Vive
la sociale t »
L'évêque réplique
Il ne s'agit pas de « sociale », il s'agit
d'autres cris qui sont des insultes qui de vous
en veut prendre la responsabilité 1
Crânement, tes premiers rangs se taisent;
l'arrière-garde siffle et l'éylque, prenant
acte de cette couardise, les quitte pour aller à
sa fonction.
Pendant le chant des vêpres, qui a sans
doute duré trop au gré de la bande altéré»,
une violente scène se passe dans les rues de
Saint-Apollinaire.
Les « jeunes » et les « hommes » 4e la gen-
tille commune ont regardé de près les pertur-
bateurs ils n'ont reconnu qu'un seul de leurs
concitoyens, le reste est de l'écume dijonnaise.
On en vient aux mains. Ceux de Saint-Apolli-
naire, indignés, font vaillante figure. Entre
temps, l'on nous assure que le premier magis-
trat, le maire, averti de ce qui se passe, com-
mence à répondre « Ils récoltent ce qu'ils ont
semé » Ils, ce seraient évidemment l'évêque
et ses fidèles catholiques.
Nous serons heureux de démentir ce grossier
propos, s'il n'a pas été tenu.
Cependant, à l'église, le prélat, auquel le curé
aval présenté la paroisse, continué tranquille-
croissante de Madeleine, qu'une explication
décisive avait eu lieu avec son fiancé. Le
mariage était rompu; cela était déjà un
point important; mais ce n'était pas tout,
ses affaires n'avaient pas l'air d'avancer du
côté de Madeleine.
Si, d'un côté, la convalescence pénible de
Mme Larivière autorisait de fréquents séj ours
à l'hôtel de la rue de la Faisanderie ou l'on
avait transporté la jeune femme, d'un autre
côté l'état de santé de la jeune femme ne
permettait de songer à aucune ouvertute
matrimoniale.
Et puis, il y avait Jacques, dfipS. M. et
Mme Larivière ne cessaient de parler avec
reproches à Madeleine.
Ah s'il avait pu disparaître, celui-là!
Et les jours passaient, et Saint-Denis ô'jm-
patientait. Il commençait à craindre d'avoir
joué un mauvais jeu.
Il avait voulu épouser Madeleine pour sa
fortune d'abord, par ambition ensuite. Les
élections approchaient; dans un an tout au
plus, la Chambre allait être renouvelée, et
Saint-Denis comptait bien, grâce à l'influence
de M. Larivière, devenu son beau-père, dé-
crocher la place de député de la Hàttte-
Saône. Lui, député de son pays JM, le ftl?
du cabaretier Saint-Denis Sa poitrine s'en
gonflait d'orgueil.
Mais pour cela il fallait épouser Madeleine
et se hâter. Et comment le fairer
Madeleine avait dix-huit ans; elle était
fiancée à Jacques et il savait, pour avoir
entendu les explications entra Jacques et
Madeleine que Jacques gardait la parole de
Madeleine, et ne la rendrait pa-S. pouvait
mettre Madeleine en demeure de faire à son
père les sommaUoDP, respectueuses maisil
fallait attendre '4ue la jeune fille ait allant
ment sa fonction. Il aborde l'instruction an*
conflrmants:
« Mes enfants, mon sermon est fait. j'allai/
vous dire fini; vous êtes appelés a être soidatt
du Christ. la preuve, vous venez de 1 avpil
sous les yeux. Arrivé depuis quatre mois a»
diocèse de Dijon, j'ai fait bien près de cent
stations de Confirmations; ici, pour la premiers
fois, je rencontre l'insulte. Pourquoi? l'on ne
me connalt pas: ce n'est donc pas à ma per-
sonne privée qu'elle s'adresse, mais au mi-
nistre de la religion.
Et celle-ci. que veulent les insulteurs But-
ne sont pas coupables; ils ne méritent quï
notre compassion et nos prières. Mais quelque
part, à Dijon, il y a des lieux où l'on conspiré
contre la religion et où l'on a, hier peutrétre,
décidé la manifestation de ce soir, pour laquelle
les «neneurs, qui se cachent, ont lancé à votre
rencontre les malheureux que nous avons vus.
Voilà comme on nous traite!
Vous vous souviendrez, enfants, de cet incjj
dent de la journée de votre Confirmation. fi
renferme toute la leçon que je voulais voua
faire entendre. »
Le retour de l'évêque eut lieu sans autre
incident qu'une nouvelle bordée d'insultes,
jetée, à bonne distance du village et, bien en»
tendu, de la cour d'un estaminet, le lieu habi-
tuel où ces gens-là ont coutume de se faire des
idées et des poumons.
La gendarmerie a opéré plusieurs arres-
tations.
gGet incident présage ce qui attend la
« liberté des cultes sous le régime de la
séparation.
LA MORT m FRANÇAIS PATKIOTI
Vendredi, ont eu lieu à Rome les funéraillej
du R. P. Forestier, Mariste français, décédi
à l'âge de 85 ans.
Originaire du diocèse de Clermont, le P. Fo-
restier flt ses études à Saint-Sulpice, fut or-
donné prêtre par Mgr Affre en 1846 et entra
dans la Société de Marie en 1848. Il ne tarda
pas à être désigné pour l'évangélisation des
peuplades, alors anthropophages, de la Nou-
velle-Calédonie.
Tout en travaillant avec un zèle héroïque &
répandre la foi chrétienne, il ne négligeait pas
les intérêts de la mère-patrie. Le 24 sep-
tembre 1853, il avait la joie de signer avea
l'amiral Febvrier des Pointes la prise de post
session de la Nouvelle-Calédonie par la France,
qui doit au patriotisme des missionnaires
Maristes la plupart de ses colonies océaniennes.
Le regretté défunt était lé dernier survivant
des signataires de cet acte historique.
Envoyé en France en 1864 pour y défendre,
près du gouvernement impérial, sa chère mi$.
sion calédonienne menacée par les fantaisie
et l'hostilité d'un gouverneur phalanstérien quf
prétendait administrer la colonie d'après les
utopies fouriéristes, il eut la bonne fortune d«
faire triompher la cause de la justice et de 1%
religion, rendant ainsi d'inappréciables service!
à l'Eglise naissante d'Océanie.
L'habileté et le tact qu'il apporta dans cet
négociations le désignèrent à l'attention de
ses supérieurs qui lui confièrent les charges
les plus importantes de la Congrégation. Suc-
cessivement supérieur de la résidence de
Paris, du collège de Dundalk en Irlande, pro-
cureur des mission.s d'Océanie à Lyon, provinr
cial aux Etats-Unis, il fut deux fois choisi
comme procureur général près le Saint-Siège.
n vient de mourir pieusement à Rome, lais-
sant la réputation d'un parfait religieux. A sec
obsèques assistaient Mgr Barone, archeve'qM
de Mélytène, et de nombreux représentants ai
la prélature et des Qrdres religieux. Mgr d'An
mailhacq, recteur de Saint-Louis des Français
a donné l'absoute.
UN PRÊTRE
M. L'ABBÉ MACCHIAVELLI
curé de Saint-Ouen
Un prêtre. une vie de bonté inlassable
e tde dévouement évangélique, telle est la visiott
qu'évoque l'existence si bien remplie de ceint
que pleure en ce moment, avec le clergé de 1%
Seine, la population laborieuse de Saint-Ouen^
Prêtre. M. l'abbé Macchiavelli le fut ds»r.
toute la force du terms. Il n'avait au cœu£
qu'un désir conquérir les âmes à Celui donc*
il avait entendu l'appel divin.
Lorsqu'il y a dix ans, le cardinal Richard 1m
nommait curé de Saint-Ouen, il l'envoyait ï?
un poste de sacrifice et d'honneur. &
Avec le aceur fort du Lorrain qu'il était^
M. l'abbé Macchiavelli, qui était alors vicaire dttl
Saint-Augustin, accepta la tâche difficile qo*>
lui était proposée.
Le cardinal lui offrait quelques jours de rf-
flexions; il accepta a l'instant. i
Saint-Ouen, comme toute la banlieue de Pafilr-
s'était profondément modifié. A la populwôp?
primitive de jardiniers at de maraîchers cuira»*
vant leurs terres étdt venu se joindre un élê*<
ment nombreux d'ouvriers. La commune, dt e»
chef, avait pris une extenilort considérable. pg#
la force même des choses, la vieille église êtwK
sa majorité, et d'ici là la plate de rfépuW \S
échappait. f
II n'avait vraiment pas de chance 1 -j
Jacques enfin avait reçu la réponse djR
l'abbé Mermesson, et plus vite qu'il ne l'
pérait, par le télégraphe
Monsieur Jacques de fftnttemohei>- 1
rue de la Bienfaisante, 149,
Paru.
« Ai arrangé l'affaire avec M. Johnsoir^.
Venez sans crainte et aussitôt le trouver W
Bangkok par le prochain paquebot. Suièp
élevéii l'épiscopat depuis nuit jourè. Auras»
grande joie à vous revoir.
» Courage et amitiés bien vives.
» MKNNE9iQ
uicaire » MBHNEStÇK, 9tam..
> vicaire apostolique au Siam.
Au reçu de ce télégramme, Jacques cou»
rut chez Montbars.
-Eh bien mon vieux, c'est décidé.
Quoi î dit Hugues en sursautant.
Regarde, je pars, j'ai des nouvellMR
d'outre-mer. Je vais rejoindre Johnson aUC
Siam, tu sais, l'armateur qui m'avait fait dtrj.
si belles propositions C'est loin, mais j«*
pars sans regret, heureux d'oublier. si j«-
puis ami 1 eh bien, malgré le re,~r
Pauvre ami eh bien, malgré le regr^Èi
que j'ai de me séparer di toi, je suis ton ta a|t
de oela. Ah mon boa &mi, enQq, tu ioâT
tireras. C'est la solution désir^; on ne peul!
trouver mieux je t'appartins absolu'
ment pour tes, préparatifs. Dispose
jusqu'au ïiateau. 3e ne te lâch» que sur
pont quand ta otoohe du départ aowiera.
(A suivre.)
Charlm dr Vitîs.
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