Titre : L'Humanité : journal socialiste quotidien
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : L'Humanité (Paris)
Éditeur : L'HumanitéL'Humanité (Saint-Denis)
Date d'édition : 1907-09-11
Contributeur : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 septembre 1907 11 septembre 1907
Description : 1907/09/11 (Numéro 1242). 1907/09/11 (Numéro 1242).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JOURNAL SOCIALISTE QUOTIDIEN
MERCREDI li SEPTEMBRE Ï907,
̃QUATRIEME AiNinjeE. N° 1242.
:Le Numéro 1
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leur permettront de recueillir les verse-
ments de tous ceux qui veulent souscrire
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RCTIOfiS SOUSCRITES
SOIXANTE-SEIZIEME LISTE
Un groupe d'ouvriers syndiqués de l'ad-
.+' oa
ministration des Monnaies 25
Les camarades contrôleurs de l'utilité so-
ciale. Paris 25
Magdebourg Joseph, à Combes (Avey-
ron) 25
Syndicat national des Travailleurs des
Chemins de fer du Nord (Groupe d'A-
miens) 25
Total de la 76" liste 100
S!EB~BEBB
Les radicaux font chorus contre les
socialistes avec les pires feuilles de la
réaction. Les colonnes de leurs jour-
naux ne tarissent pas d'anathèmes à no-
tre adresse. Jamais on n'a vu des feux
roulants et convergents, feux de salve
et feux à volonté, de masses et de tirail-
leurs isolés, foudroyer le Parti socialiste
de tant de points à la fois. Sans doute,
si notre Parti pouvait tenir dans un
homme, radicaux et conservateurs fe-
raient de cet infortuné une écumoire.
Toutefois, dans le concert des cla?
meurs qui accompagnent les coups ti-
rés sur nous, il y a des dissonances. Ra-
dicaux et réactionnaires s'enivrent de
chauvinisme et de déclamations natio-
nalistes pour mieux flétrir notre anti-
patriotisme. Cependant, regardez bien
la meute. Il y a des flottements dans les
rangs des coalisés. Souvent, telle inju-
re à notre adresse, telle épithè te dont
.on a coutume de nous gratifier^ s'ar-
rête en route. Tel coup qui ne devrait
frapper que nous tombe à droite ou à
gauche, dans les propres rangs des as-
saillants.
Sans-Patrie ] clament les radi-'
eaux.
Sans-Patrie vous-mêmes s'écrient
les conservateurs. C'est bien à vous qu'il
appartient d'accuser les socialistes
vous qui avez frayé la voie aux socia-
lisme sans-patrie, par l'école sans Dieu.
Le gros du parti radical, tout entier
à la poursuite des socialistes, ne prête J
qu'une oreille distraite à ces accusa-
tiens par lesquelles la réaction signifie
h ses alliés le sort qui les attend de-
main. Il est des radicaux plus perspi-
caces que trouble cependant l'audace
croissante de la réaction. M. Aulard,
dans la Dépêche, déplorait récemment
l'état d'esprit qu'il a cru démêler dans
certains milieux où la peur du socia-
lisme se traduit, naturellement, par la
peur de la démocratie. Il est vrai que
M. Aulard fait grief aux socialistes des
signes de réaction qu'il a surpris çà et
là. C'est un méfait de plus à notre ac-
tif dont il nous fait reproche.
Je ne sais pas jusqu'à quel point les
observations faites par M. Aulard sont
justes, ni si les craintes qu'il exprime
sont fondées. Il est fort possible que la
peur du socialisme jette dans les bras*
de la réaction quelques esprits. timorés;'
qui s'affolent. Mais si M. Aulard s'ef->
fraye avec raison du mouvement de re-
cul que provoque la peur du socialisme,
de quelle lourde responsabilité il.char-
ge ses amis politiques qui, depuis dix-
.̃i.'huit mois, travaillent avec une persis-
tance scélérate à propager cette peur.
Du passage de M. Clemenceau, aux
affaires, à travers les incohérences et
les desseins les pIus divers qui boule-
versent quotidiennement sa politique,,
tine seule idée, fixe et tenace, se dégage
depuis dix-huit mois l'idée de faire
peur au pays, de justifier tous les renie-
ments et tous les attentats par les périls
que le socialisme fait courir à l'ordre et
à la démocratie. Ce dessein, poursuivi
avec une obstination que la versatilité
ordinaire de M. Clemenceau met mieux
en relief, s'est affirmé dès l'an dernier
à la veille du iér mai. Les intérêts, égoïs-
tes sont prompts à s'alarmer. Il suffit
d'une campagne de quelques jours en-
treprise par les journaux réactionnai-
res, pour faire croire aux badauds pari-
siens que le 1" mai 1906 marquerait une
date effroyable dans l'histoire des gran-
des commotions sociales. Les bourgeois
de Paris se hâtèrent vers les grands ma-
gasins d'approvisionnements, qu'ils dé-
valisèrent. La classe ouvrière et la dé-
mocratie ne revenaient pas de.la peur
qui se manifestait et en riaient joyeuse-
ment. M. Clemenceau n'hésita pas à
donner un semblant de raison à l'effare-
ment grotesque des douairières et des
fabrieiens de la capitale. Il concentra
cinquante mille hommes à Paris, pour
barrer la route à la Révolution annon-
cée par VEcho et l'Eclair. Et la peur des
bourgeois se trouva par là, sinon justi-
fiée, au moins atténuée dans une cer-
taine mesure.
Deux jours après, pour parfaire son
œuvre de panique, M. Clemenceau pro-
nonçait, juste à la veille du premier
tour de scrutin, un discours retentis-
sant contre nous. Depuis, chaque jour,
il a dénoncé l'ennemi, le socialisme,
avec une exaspération croissante de
peur feinte ou sincère il n'importe.
Les tribunaux pourchassent d'imagi-
naires antipatriotes qu'ils condamnent
avec une sévérité impitoyable. Jamais,
même sous le ministère Méline, les lois
scélérates n'ont été appliquées avec le
luxe de poursuites déployées aujour-
d'hui.
On conçoit de reste qu'un régime po-
litique pareil, qui ne trouve son sem-
blable que dans la période au cours de
laquelle le prince Napoléon jetait la ter-
reur dans les campagnes en agitant la
spectre rouge des « partageux », provo-
que çà et là quelque stupeur et même
de la crainte.
Mais de cela, les socialistes actuels
ne sont pas plus responsables que ne
l'étaient les socialistes de 48, dont la
réaction déformait la pensée et les actes
avec la même bonne foi que les radi-
caux de l'heure présente dénaturent nos
déclarations et nos tendances. Du mal
qui peut en résulter pour la démocratie,
ceux-là seuls sont comptables qui, tous
les jours, s'associent à l'œuvre de men-
songes et de calomnies, commune au
parti radical et à la réaction.
Pourtant, que M. Aulard se rassure.
Le pays a montré un sang-froid, un dis-
cernement que la politique de M. Cle-
menceau n'est pas parvenue à troubler.
Si des défections se produisent dans des
milieux radicaux où la guerre aux so-
cialistes prend figure d'une guerre à la
démocratie, les défections sont large-
ment compensées par ailleurs, par l'or-
ganisation de plus en plus parfaite de
la classe ouvrière, par la conscience que
prend la démocratie à la fois de ses in-
térêts propres et des nécessités de son
salut. La campagne du spectre rouge
que mènent les radicaux unis aux réac-
tionnaires peut être singulièrement fu-
neste aux premiers. M. Aulard a raison
de s'en émouvoir. Il aurait tort de croi-
re qu'elle puisse profiter aux seconds.
GUSTAVE ROUANET.
LIRE EN DEUXIEME PAGE
LE CHIEN DES BASKERV1LLE
1 1 1 ÏT 1 C 1 1 1T î* Q
Le gouvernement français a-annoncé
aux puissances qu'il occuperait éventuel-
lement les ports de la côte marocaine,
pour y assurer l'ordre. Le gouvernement
allemand a répondu par une note dont
la Gazette de V Allemagne du No'd d.cn-
ne. les traits essentiels., Le Temps se
déclare enchanté de cette note, ma1 gré
les réserves qu'elle contient. Les Débats
sont moins optimistes, et ils, tvo vivent
que la note a une « bienveillance commi-
natoire ». Au fond, le gouvernement al-
lemand met à la charge de la France
tout ce qui'pourra survenir au Maroc
après l'occupation des ports. Celle-ci ne
doit être que provisoire pour respec-
ter l'acte d'Algésiras. Et elle doit se fai-
re avec des forces telles, que lès indigè-
nes, découragés, ne soient plus tentés
d'attaquer les Européens.
Encore une fois, la diplomatie alle-
mande nous engage à fond. Si je per-
siste à demander que le gouvernement
français fasse appel à toutes les puissan-
ces pour maintenir l'ordre, ce n'est pas
du tout, comme a paru le croire le Vor-
;OTer/.y, pour lancer tous les peuples dans
la carrière des -profits coloniaux. C'est
p'éur éviter les difficultés et les périls
de tout ordre qui peuvent résulter, non
seulement pour la France, mais pour
l'Europe, de l'intervention exclusive d'un
seul peuple. Une action internationale
couperait court à tout, et fermerait l'ère
des aventures. Les Marocains ne mena-
ceraient pas la vie des Européens proté-
gés par l'accord des puissances, et les
ingérences irritantes ne pourraient pas
se produire.
Que va faire le gouvernement Va-t-il
débarquer des forces considérables dans
tous les ports ? S'il ne le fait pas, il
sfepose aux revendications de l'Allema-
gne s'il le fait, c'est une grande expé-
dition qui commence. ̃̃' .'̃
JEAN JAURÈS.
APRÈS LE CONGRÈS DE STUTTGART
i i n â i Alle n
L'Opinioo;Soeialisle iIlemamle
LA RÉSOLUTION DE STUTTGART.
EST UNE RÈGLE D'ACTION PRÉCISE
POUR NOS CAMARADES DOUTRË-RHIN
TROIS DOCUMENTS
Continuons donc notre 'voyage à tra-
vers la presse socialiste allemande. Cher-
chons à connaître toutes les nuances de
la pensée antimilitariste des camarades
d'Allemagne.. •
Voici, pour aujourd'hui, trois journaux
d'esprit bien divers, le Hamburger Echo,
le journal de la'circonscription de Bebel,
le puissant quotidien de la grande «.ggio-
mération socialiste du Nord la Sachsîsche
Arbeiter Zeitung de Dresde moins radica-
le, à coup .sûr, que sa sœur aînée, la Leip-
siger Volkszeitung enfin la Volksslimme
de Magdebourg. Que disent ces trois orga-
nes ? 7
« Hamburger Echo n
Le Hamburger Echo constate qu'il était
difficile assurément de concilier les trois
tendances opposées qui se manifestaient
au Congrès, mais qu'on y a réussi dans
la longue résolution qui a été adoptée.
Résolution un peu longue, où les détails
risquent de faire tort à la clarté des prin-
cipes.
En tous cas, dit-il, ce qui en ressort claire-
ment, c'est la pensée fondamentale que la
lutte contre le mitUarisme doit être partie in-
tégrante de la lutte de classes socialiste et,
en outre, que les prolétaires socialistes des
différents pays ne oivent pas s'attacher à
un unique moyen, et d'application hypothé-
tique contre la guerre, mais doivent employer
tous oeux qui dans la situation présente sem-
blent efficaces pour empêcher la guerre.
La portée de la résolution va donc bien au
delà de celle qu'aurait un manifeste purement
platonique contre la guerre et la paix ar-
mée et elle inspire certainement plus de
respect aux traineurs de sabre, que la réso-
lution des conférenciers de, La Haye, puis-
qu'elle affirme la volonté du prolétariat in-
ternational de s'opposer à ceux qui déchaî-
nent la force guerrière.
« VoUkstirnme » IMsgâehourg)
La Volksstimme de Magdebourg constate
que la question posée au Congrès de l'ac-
tion à entreprendre en cas de conflit inter-
nationaT renfermait en son sein tr l'antimi-
litarisme prolétarien, c'est-à-dire un mou-
vement qui, en- France, par Hervé, a déjà à
causé beaucoup de bruit et qui même a
tenté d'arriver à la publicité du proléta-
riat allemand dans plusieurs Congrès du
parti. »
La résolution mime renferme avant tout
trois choses. D'abord, elle repousse une action
antimilitariste particulière à côté de l'action
politique et économique du prolétariat cons-
cient. En second lieu, si elle ne reconnaît
aucun moyen de défense contre la guerre
comme particulièrement approprié, elle n'en
condamne aucun comme nuisible et ineffica-
ce. Enfin, en troisième lieu, le Congrès
attire V attention du prolétariat international
sur l'éducation socialiste de la jeunesse. Ainsi
fut érigé en 'résolution ce que tes représen-
tants allemands avaient défendu à cette com-
mission.
« SacheEsshe Arbeiter Zeitung »
Le Sachsische Arbeiter Zeitunq de Dres-
de, après avoir rappelé l'origine de la ré-
solution française, après avoir montré, en
évoquant la politique anglaise d'isolement
de l'Allemagne, combien la question «est ex-
traordinairement difficile et compliquée »,
se. félicite que « la, délégation allemande
n'ait pas voulu se lier à une formule,
dont l'application, en chaque cas, eût été
impossible abstraction faite d'ailleurs
des empêchements juridiques, que l'adop-
tion d'une telle formule aurait rencontrés
en Allemagne. »
Puis le journal de Dresde continue
Si nous considérons ainsi que le rejet de
la proposition française de grève générale
était commandé par la nécessité, cependant
l'esprit qui anime la démocratie socialiste
française dans cette question est un élément
plein de valeur pour le socialisme interna-
tional et il est excellent qu'une partie de cet
esprit ait ̃pénétré dans la résolution, finale
du Congrès de Stuttgart. S'il est vrai Que
l'adoption de la formule déterminée de la dé-
légation française est impossible, l'ardeur
combative qui règne clans la démocratie fran-
çaisé peut servir de modèle, particulièrement
même, pour la démocratie socialiste alle-
mande.
Et passant ensuite à l'examen des
moyens, la Sachsische Arbeiter Zeitung
montre .avec précisoin comment les socia-
listes doivent s'employer tout de suite quo-
tidiennement à informer l'opinion publi-
que, à la mettre en garde contre Les intri-
gues diplomatiques et elle insiste sur
l'intérêt qu'il y a pour tes camarades so-
cialistes à se' tenir exactement au cou-
rant, de pays à pays, de toutes les inten-
tions gouvernementales.
Les textes- que nous citions hier nous
montraient surtout les préoccupations pra-
tiques, les préoccupations de tactique de
nos camarades d'Allemagne. Ils nous indi-
quaient pour quelles raisons non point
de sentimentalité chauvine mais de né-
cessaire prudence, ils avaient dû s'oppo-
ser à l'inscription, dans la résolution, du
mot de grève générale.
.Aujourd'hui, c'est leur esprit qui se ré-
vèle. Ce que nous retrouvons dans ces tex-
tes, c'est le scrupule qui les distingue en-
tre tous, de rameneir toutes leurs actions
à la doctrine socialiste c'est leur souci
de l'éducation quotidienne, de toute la
lente préparation des consciences socialis-
,'tes, leur préoccupation de former une opi-
nion socialiste. Ces préoccupations, elles
sont nôtres aussi. Mais ce que nos camara-
des relèvent tous avec joie, c'est l'affirma-
tion nette, catégorique, partout inscrite en
ces journaux, que les prolétaires ,allemands
commeles prolétaires français feront tout
leur devoir pour empêcher une guerre.
Ceux que nous publierons demain le ma-
nif esteront mieux encore. p: T~
A> T«
UNE REPONSE
Nous avons reçu la lettre suivante! ï
10 septembre 1907.
Monsieur Jaurès, directeur politique de
l'Humanité;
Monsieur,
Je réponds dans VEcho de Paris à votre
accusation que le compte rendu que j'ai fait
dans ce journal de votre discours est l'équi-
valent 'd'urî faux. Je démontre qu'il est au
contraire scrupuleusement exact et que c'est
vous qui avez gravement altéré mon texte,
partant la vérité.
Mais je suis encore mis en cause dans
trois colonnes de l'Humanité par M. Albert
Thomas.
Afin de rétablir la vérité pour les lecteurs
d3 votre journal, je me vois dans la néces-
sité de vous prier d'insérer ma réponse, sans
que j'aie besoin de recourir à la loi.
y Apres que vous m'avez introduit auprès de
vos lecteurs, v^/tre collaborateur déclare qu'il
rétablira les textes contre l'impudence des
faussaires et il commence par dire que « Lon-
guet a déjà dit son fait à M. Pau Lévy ».
La réalité est tout autre. J'ai réfuté les
assertions inexactes de M. Longuet. Mais il
me reste à réparer une omission. J'avais
écrit que M. Franck, le « fameux antimi-
litariste allemand, le pendant d'Hervé,
« avait dû avoir quelque mal à se procurer
la carte postale illustrée soi-disant publiée
par la librairie-du Parti à plusieurs mil-
lions d'exemplaires.' ».
Que fait M. Longuet Il supprime avec une
tranquillité d'âme parfaite les mots « à plu-
sieurs millions d'exemplaires » et dit ensuite
que je nie le fait même de la publication
de la carte. Voilà la méthode de M. Longuet.
Je passe à M. Albert Thomas.
M. Thomas a traduit des passages de jour-
naux socialistes allemands, dont j'ai donné
quelques extraits dans l'article même où je
publiais des citations de la presse « bour-
geoise allemande, conservatrice et libérale.
Comparons nos extraits
Et d'abord ceux du Volksbote, de Stettin.
Texte, de M. Paul Lévy
me ne pouvait même pas être l'objet d'une
discussion en Allemagne. Même les formes
plus douces d'une action extraparlementaire
antimilitariste, telle que Jaurès et Vandervel-
de là réclamaient, ne pouvaient être accep-
tées par la sociai-démocratie allemande. »
Texte de M. Albert Thomas
« Tout à fait impossible à discuter (undis-
kutierbar)' était pour l'Allemagne: Kagitation
antimilitariste de l'hervéisme mais même
1er, formes plus douces d'une action antimi-'
litariste extraparlementaire, telle que Jau-
rès et Vandervelde le réclamaient pour le
eus d'un danger de guerre imminente, ne
pouvaient être acceptées par la démocratie
socialiste allemande. »
Où est le faux que j'aurais commis, comme
le prétend avec une mauvaise foi insigne
M. Thomas ?
-Pour la Koenigsberger VolkszHtung, M.
Albert Thomas déclare Nous conviendrons
là que M. Lévy a, comment dirions-nous ?.
Tioins tort, »
J'enregistre l'aveu et je passe, ne voulant
relever que l'essentiel.
Voyons la.. Leipzig cr Wqlkszeitung
Texte de M. Paul Lévy
a Nous comprenons le sentiment de l'ef-
froyable responsabilité que ressent un chef.
comme Bebel, éprouvé par une lutte de qua-
rante ans, lorsqu'il s'agit de décisions à pro-
pos desquelles non seulement chaque faux
mais même chaque parole maladroite,
peut faire naître des heures plus dangereu-
ses que ne le furent celles où sévit la loi
contre les socialistes. »
Texte de M. Albert Thomas
Nous comprenons pleinement le sentiment
de l'effroyable responsabilité que ressent un
chef éprouvé par quarante ans de lutte com-
me Bebel, lorsqu'il s'agit de décisions à pro-
pos, desquelles non seulement chaque faux
pas, mais aussi chaque parole maladroite
(littéralement chaque faux mot)', peut amener
des jours pires encore que ne l'étaient les
jours de la loi contre les socialistes.
Les g>;ns- de bonne foi seront édifiés.
J'entends bien que M. Thomas aurait voulu
que je reproduise .plusieurs colonnes de jour-
naux sosialistes allemands. Le Yorvaerts a
fait des coupures dans ces articles. C'est M.
Thomas lui-même qui le déclaredEtais-je tenu
d'être plus. royaliste que le roret de sou-
mettre à mes lecteurs des textes qui n'ajou-
taient rien à mon argumentation ? Du mo-
ment qu'ils ne l'injfl-maient pas, j'avais le
droit d'agir comme le Vorvaerts.
Je n'ai jamais dit que les socialistes alle-
mands étaient chauvins, comme me le fait
dire faussement M. Thomas, j'ai dit et j'ai
démontré qu'ils étaient patriotes.
M. Thomas le reconnaît au en
déclarant que « j'aurais pu noter quelques
nuances », entre les socialistes allemands et
les socialistes français. Ces nuances, je les
ai notées et rien de plus. Bebel les a indi-
quées à Mannlieim l'année passée, à Stuttgart
cette année. M. Jaurès les a indiquées à Nan-
cy, à Stuttgart, au Tivoli.
Que le parti socialiste français tienne comp-
te de ces nuances et il n'aura plus à polémi-
quer avec moi. Car, ainsi que je l'ai écrit
dans l'Echo de Paris (31 août) « Je n'ai
combattu les tendances socialistes que dans
la mesure où je les croyais de nature à dé-
sarmer la France, selon l'expression de M.
Hervô-
Hervd. Paul Lévy.
Il ressort de la lettre même de M. Lévy
qu'il «. produit .des citations tellement mu-
tilées que le véritable sens des articles na
pouvait plus apparaître.
Du raste, nous continuons oe soir la re-
vue de la press> allemande et on verra
par là combien M. Paul Lévy a mal in
terprété la pensée des socialistes alle-
mands.
Il ne saisit pas d'ailleurs plus exacte,
ment les paroles des orateurs français. Il
nous suffit pour cela de mettre en regard
une phrase prononcée à Tivoli par le ci-
toyen Jaurès et la version qu'en a donnée
dans son compte rendu M. Paul Lévy.
Le citoyen Jaurès avait dit «
Le citoyen Hervé, à Nancy, n'a pas pu ré-
'i7
pondre à la question très simple que je lui
posais et que je veux reproduire devant vous:
supposez, lui disais-je, que par notre propa-
gande, par votre propagande, nous ayons af-
faibli en France le militarisme.
Supposez que nous ayons à ce point pro-
pagé les idées de paix, de solidarité interna-
tionale, qu'aucun gouvernement n'ose déchaî-
ner une guerre de conquête ou d'agression,
supposez que le gouvernement de la France,
ayant reçu l'influence du socialisme, la peu-.
sée dù prolétariat, dise au monde, dise net-
etment à tel gouvernement qui pourrait lui
chercher querelle je ne veux pas de la
guerre, je ne veux pas d'humiliation, mais je
ne veux pas de conflit violent. Il y a, entre
votre gouvernement et nous, une que-
relle, un litige. Eh bien, ce litige, nous al-
lons le porter devant un tribunal ia«
ternational. Les peuples désintéressés' pro-
noncerons et nous nous engageons, nous,
France, à accepter, à appliquer la décision
des arbitres internationaux. Supposez, di-
sais-je à Hervé, que le gouvernement de la
France tienne ce langage et qu'un autre gou-
vernement dise non 1 je ne veux pas d'arbi-
trage, je veux en finir avec ce peuple agité
et brouilon qui menace sans cesse le repos
des puissances établies. S'il en est ainsi, que
ferez-vo'us Livrerez-vous à ce gouvernement
de proie la France de liberté et de paix qui
acceptera d'avance l'arbitrage ?.
M. Paul Lévy lui fait dire
Supposez que par notre propagande nous
ayons affaibli la France au point qu'aucun
gouvernement français n'ose déclarer une
guerre de conquête supposez que le gouver-
nement de la France propose de porter le liti-
ge devant le tribunal international, et que
l'autre gouvernement dise non, dise le
veux en finir avec ce peuple agité et brouil-
lon qui menace sans cesse le repos des na-
tions établies, livrerez-vous à ce gouvernement
de proie la France révolutionnaire 7
Notez que c'est M. Paul Lévy lui même
qui ia souligné et mis en italique les mots
affaibli la France. Les lecteurs de VEcho
de Paris ont compris nécessairement que
c'étaient là les paroles que le citoyen Jau-
rès avait prononcées.
Evidemment, la passion a entraîné un
peu loin M. Paul Lévy.
fiOTHS
Histoire Morale
Bien caractéristique et instructive, la pe-
tite histoiie qui vient de se passer en Cor-
rèze. Les employés du chemin de fer dépar-
temental sont en grève. Au début du conflit,
la Compagnie poussa les hauts cris les
grévistes avaient saboté les locomotives
Les cônes des injecteurs Giffard avaient été
enlevés, volés, et les machines étaient dé-
sormais impropres au service. La presse
bourgeoise mena une belle campagne, et
l'Eclair, plus que tous, autres, -se montra
véhément.
Une plainte fut déposée contre ces ca-
nailles de grévistes et un juge d'instruction
fut nommé. Enquêtes sur place, interroga-
toires, citations, confrontations. Les grévis-
tes. protestèrent qu'ils étaient innocents,
mais comment les croire ? Qui dit gréviste
ne dit-il pas bandit, malfaiteur, criminel ?
Les journaux l'avaient affirmé d'ailleurs,
e1: ils étaient bien renseignés les grévistes
avaient saboté les locomotives i.
Las de s'entendre accuser ainsi:; les em-
ployés du chemin de fer firent observer que
la Compagnie, qui poussait de pareils cris,
savait peut-être bien où étaient les cônes
d'injecteurs et ils obtinrent du jugé qu'il
se transportât dans ses locaux. Il se décida
et il aurait dû commencer par là à s'y
rendre hier, et qu'y trouva-t-il ? Dissimulés
derrière un tas de charbon, les cônes eux-
mêmes La Compagnie, qui faisait perqui-
sitionner chez les grévistes, les avait chez'
elle La Compagnie, qui criait au voleur,
avait les objets volés dans ses locaux si
visibles d'ailleurs qu'un simple juge d'ins-
truction les découvrait du premier coup
d'oeil
Et lorsque, procédant à son égard com-
me elle a procédé envers eux, les grévistes
déclareront que la Compagniafc a saboté
elle-même ses locomotives, et qu'elle s'èst
volée elle-même, pour indisposer l'opinion
publique contre ses employés, vous ver-
iez que l'honnête presse bourgeoise décla-
rera que c'est là un mensonge de plus de
ces canailles de grévistes V. S.
̃ ̃̃̃̃̃ ̃ ̃. JÊ^TJ is&J^TK. O G ̃ %H-.
̃ ̃ ̃ ̃ <Î>– -̃ ̃ ̃
Pendant que les bataillons français at-
tend ent, l'arme au pied, le .rétablissement;
du générai Drude, pour prendre l'offensi-
ve, le roi Alphonse XIII multiplie les en-
trevues .avec M. Maura et les ministres
intéressés, sans pouvoir arrêter une ligne
de conduite définitive. Des bruits de crise
ministérielle circulent même à Madrid.
Bruits de divergence
Sans nier qu'on a fait des préparatifs
pour mobiliser des bâtiments de guerre et
quelques troupes du deuxième corps en An-
dalousie, on lie croit pas possible ni pro-
bable, même dans les cercles militaires, le
remplacement du ministère Maura par un
cabinet militaire, surtout présidé par le
ministre actuel de la guerre.
M. Maura a démenti les bruits de diver-
gences de vues entre les membres du ca-
binet espagnol et entre les gouvernements
espagnols et français sur les modalités et
l'étendue de la coopération espagnole sur
les côtes du Maroc.
M. Maura affirme que rien n'est changé
dans l'accord franco-espagnol, ni dans
l'unanimité des membres du cabinet espa-
gnol à persévérer dans la ligne de con-
duite adoptée depuis le commencement des
événements du Maroc. Les ministres
croient que M. Maura. rentrera à Madrid
vers la même époque où le roi et la reine
iront à la Granja.
M. Léon y Castillo a fait a déclaration
surtyante à un journalistes
LADY WARWICK
XaA.
« Goi)ies§e|oGiaMe »
C'est une bien curieuse personnalité an.
glaise que celle de la « comtesse socia«
liste n, Lady Warwick,; dont la presse d'où»
tre-Manche a encwre parlé longuement cee
jours derniers, à propos des meetings te»
nus par elle lors du Congrès national dee
Trade-Unions, à Bath.
Lady Warwick, qui porte un des plu.
grands noms de l'histoire d'Angleterre, au-
rait pu se contenter des succès que lui var-
laient à la cour son éclatante beauté, s*
grâce et son esprit. Mais le rôle de pou-
pée mondaine ne lui convint pas. Et de
bonne heure ellé se livra passionnément
à l'étude des problèmes sociaux, cherchant
en libre esprit, exempt de tout préjugé d*
classe ou de caste, la vérité économique et
la justice sociale. C'est ainsi que depuis.
1898 elle avait fondé de nombreuses école*
renseignement professionnel, d'horticul-
La comtesse de Warwi»11'
ture, etc. Tant que son activité s exerça
dans ce domaine, la « gentry encore que
surprise de ces étranges passe-temps pour
une comtesse authentique, souriait, amu-
sée.
Lorsque Lady Warwick manifesta ses
premières sympathies pour le socialisme.et et
prit la parole dans des meetings du La.
bour Party, la « gentry trouva que c'é-
fait moins drôle. Tout de même elle esti-
ma qu'on se trouvait en présence d'un da-
ces accès de "snobisme comme les repré-
sentants de l'aristocratie anglaise en ont
souvent donné des exemples dans divers
domaines. Ce « socialisme de salon » pas-
serait.
Mais où la smart set », littéralement
la. « classe élégante », estima que cela dé.
passait les bornes, ce fut lorsque la « ca-
marade » Warwick, comme on l'appelait
maintenant dans les meetings, apporta
son adhésion consciente. et raisonnée à
la fraction la plus intransigeante, la plus
« avancée » du socialisme britannique. Et
non seulement elle adhérait à la Social-
Democratic Fédération, mais à côté de
Hyndmann, de Quelch, de William Thor-
ne elle participait à toute l'agitation quo*
tidiennement menée par nos camarades.
Dès ce moment on estima_ que cela deve-
nait « shocking ».
Lady Warwick n'en a cure. Elle conti-
nue à. se dépenser sans compter pour la,
cause du socialisme international. Il n'est
pas de grands meetings,de congrès socialisâ-
tes ou trade-unionistes.où l'on n'aperçoive.se
dessinant sur la tribune, le pur profil de
Lady Warwick, restée encore à quarante
six ans l'une des plus belles femmes d'Aà^
gleterre, mais qui veut être plus et mieux t
une militante infatigable de la grande cau-
se de la libération humaine.
«I. L.
« Affirmez d'une manière catégorique
qu'il n'existé pas de motifs justifiant le
pessimisme de ces derniers jours tant au
point de vue de notre politique intérieure
que de nos relations avec la France ni en-
fin -en ce qui touche la question maro-
caine. »
Critiques espagnoles
L'Im.parcial, un des principaux journaux
libéraux, se plaint amèrement .des criti-
ques de certains journaux français sur
l'attitude des troupes espagnoles à Casa-
blanca, critiques reproduites ensuite, dit-
il, par des journaux étrangers.
L'Impartial relève notamment des affir-
mations publiées ces jours derniers au su-
jet de projections qui auraient ét^ dirigées
sur les lignes françaises par les navires
espagnols et d'un feu qu'auraient ouvert
les Espagnols contre les Français au. mo-
ment où ceux-ci changeaient de position.
L'Impartial oppose l'attitude toute dif-
férente, dit-il, qu'ont observée les corres-
pondants espagnols depuis le commence-
ment des hostilités en s'attachant à rendre
compte fidèlement des opérations militai-
res et en n'ayant que des phrases élogieu-
ses pour le général Drude et les soldats
français.
L'Impartial, en terminant, demande au
gouvernement espagnol de protester au»
près du gouvernement français contre les
versions publiées par certains journaux
français, versions qui tendent, selon lui,
à cr|er à l'Espagne une atmosphère nos»
MERCREDI li SEPTEMBRE Ï907,
̃QUATRIEME AiNinjeE. N° 1242.
:Le Numéro 1
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jours ouverte et qu'elle fonctionne' paral-
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tions ouvrières qui ne peuvent posséder
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place de l'action souscrite.
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médiatement ou par versements successifs
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maximum de trois mois.
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l'Humanité ou bien à l'administrateur dé-
légué. Nous recevons également les sous-
criptions dans nos bureaux, de neuf heu-
res à midi, et de deux heures à sept heu-
res du soir.
Nous informons nos amis que nous te-
nons à leur disposition des CARNETS qui
leur permettront de recueillir les verse-
ments de tous ceux qui veulent souscrire
Ses actions de « l'Humanité n.
RCTIOfiS SOUSCRITES
SOIXANTE-SEIZIEME LISTE
Un groupe d'ouvriers syndiqués de l'ad-
.+' oa
ministration des Monnaies 25
Les camarades contrôleurs de l'utilité so-
ciale. Paris 25
Magdebourg Joseph, à Combes (Avey-
ron) 25
Syndicat national des Travailleurs des
Chemins de fer du Nord (Groupe d'A-
miens) 25
Total de la 76" liste 100
S!EB~BEBB
Les radicaux font chorus contre les
socialistes avec les pires feuilles de la
réaction. Les colonnes de leurs jour-
naux ne tarissent pas d'anathèmes à no-
tre adresse. Jamais on n'a vu des feux
roulants et convergents, feux de salve
et feux à volonté, de masses et de tirail-
leurs isolés, foudroyer le Parti socialiste
de tant de points à la fois. Sans doute,
si notre Parti pouvait tenir dans un
homme, radicaux et conservateurs fe-
raient de cet infortuné une écumoire.
Toutefois, dans le concert des cla?
meurs qui accompagnent les coups ti-
rés sur nous, il y a des dissonances. Ra-
dicaux et réactionnaires s'enivrent de
chauvinisme et de déclamations natio-
nalistes pour mieux flétrir notre anti-
patriotisme. Cependant, regardez bien
la meute. Il y a des flottements dans les
rangs des coalisés. Souvent, telle inju-
re à notre adresse, telle épithè te dont
.on a coutume de nous gratifier^ s'ar-
rête en route. Tel coup qui ne devrait
frapper que nous tombe à droite ou à
gauche, dans les propres rangs des as-
saillants.
Sans-Patrie ] clament les radi-'
eaux.
Sans-Patrie vous-mêmes s'écrient
les conservateurs. C'est bien à vous qu'il
appartient d'accuser les socialistes
vous qui avez frayé la voie aux socia-
lisme sans-patrie, par l'école sans Dieu.
Le gros du parti radical, tout entier
à la poursuite des socialistes, ne prête J
qu'une oreille distraite à ces accusa-
tiens par lesquelles la réaction signifie
h ses alliés le sort qui les attend de-
main. Il est des radicaux plus perspi-
caces que trouble cependant l'audace
croissante de la réaction. M. Aulard,
dans la Dépêche, déplorait récemment
l'état d'esprit qu'il a cru démêler dans
certains milieux où la peur du socia-
lisme se traduit, naturellement, par la
peur de la démocratie. Il est vrai que
M. Aulard fait grief aux socialistes des
signes de réaction qu'il a surpris çà et
là. C'est un méfait de plus à notre ac-
tif dont il nous fait reproche.
Je ne sais pas jusqu'à quel point les
observations faites par M. Aulard sont
justes, ni si les craintes qu'il exprime
sont fondées. Il est fort possible que la
peur du socialisme jette dans les bras*
de la réaction quelques esprits. timorés;'
qui s'affolent. Mais si M. Aulard s'ef->
fraye avec raison du mouvement de re-
cul que provoque la peur du socialisme,
de quelle lourde responsabilité il.char-
ge ses amis politiques qui, depuis dix-
.̃i.'huit mois, travaillent avec une persis-
tance scélérate à propager cette peur.
Du passage de M. Clemenceau, aux
affaires, à travers les incohérences et
les desseins les pIus divers qui boule-
versent quotidiennement sa politique,,
tine seule idée, fixe et tenace, se dégage
depuis dix-huit mois l'idée de faire
peur au pays, de justifier tous les renie-
ments et tous les attentats par les périls
que le socialisme fait courir à l'ordre et
à la démocratie. Ce dessein, poursuivi
avec une obstination que la versatilité
ordinaire de M. Clemenceau met mieux
en relief, s'est affirmé dès l'an dernier
à la veille du iér mai. Les intérêts, égoïs-
tes sont prompts à s'alarmer. Il suffit
d'une campagne de quelques jours en-
treprise par les journaux réactionnai-
res, pour faire croire aux badauds pari-
siens que le 1" mai 1906 marquerait une
date effroyable dans l'histoire des gran-
des commotions sociales. Les bourgeois
de Paris se hâtèrent vers les grands ma-
gasins d'approvisionnements, qu'ils dé-
valisèrent. La classe ouvrière et la dé-
mocratie ne revenaient pas de.la peur
qui se manifestait et en riaient joyeuse-
ment. M. Clemenceau n'hésita pas à
donner un semblant de raison à l'effare-
ment grotesque des douairières et des
fabrieiens de la capitale. Il concentra
cinquante mille hommes à Paris, pour
barrer la route à la Révolution annon-
cée par VEcho et l'Eclair. Et la peur des
bourgeois se trouva par là, sinon justi-
fiée, au moins atténuée dans une cer-
taine mesure.
Deux jours après, pour parfaire son
œuvre de panique, M. Clemenceau pro-
nonçait, juste à la veille du premier
tour de scrutin, un discours retentis-
sant contre nous. Depuis, chaque jour,
il a dénoncé l'ennemi, le socialisme,
avec une exaspération croissante de
peur feinte ou sincère il n'importe.
Les tribunaux pourchassent d'imagi-
naires antipatriotes qu'ils condamnent
avec une sévérité impitoyable. Jamais,
même sous le ministère Méline, les lois
scélérates n'ont été appliquées avec le
luxe de poursuites déployées aujour-
d'hui.
On conçoit de reste qu'un régime po-
litique pareil, qui ne trouve son sem-
blable que dans la période au cours de
laquelle le prince Napoléon jetait la ter-
reur dans les campagnes en agitant la
spectre rouge des « partageux », provo-
que çà et là quelque stupeur et même
de la crainte.
Mais de cela, les socialistes actuels
ne sont pas plus responsables que ne
l'étaient les socialistes de 48, dont la
réaction déformait la pensée et les actes
avec la même bonne foi que les radi-
caux de l'heure présente dénaturent nos
déclarations et nos tendances. Du mal
qui peut en résulter pour la démocratie,
ceux-là seuls sont comptables qui, tous
les jours, s'associent à l'œuvre de men-
songes et de calomnies, commune au
parti radical et à la réaction.
Pourtant, que M. Aulard se rassure.
Le pays a montré un sang-froid, un dis-
cernement que la politique de M. Cle-
menceau n'est pas parvenue à troubler.
Si des défections se produisent dans des
milieux radicaux où la guerre aux so-
cialistes prend figure d'une guerre à la
démocratie, les défections sont large-
ment compensées par ailleurs, par l'or-
ganisation de plus en plus parfaite de
la classe ouvrière, par la conscience que
prend la démocratie à la fois de ses in-
térêts propres et des nécessités de son
salut. La campagne du spectre rouge
que mènent les radicaux unis aux réac-
tionnaires peut être singulièrement fu-
neste aux premiers. M. Aulard a raison
de s'en émouvoir. Il aurait tort de croi-
re qu'elle puisse profiter aux seconds.
GUSTAVE ROUANET.
LIRE EN DEUXIEME PAGE
LE CHIEN DES BASKERV1LLE
1 1 1 ÏT 1 C 1 1 1T î* Q
Le gouvernement français a-annoncé
aux puissances qu'il occuperait éventuel-
lement les ports de la côte marocaine,
pour y assurer l'ordre. Le gouvernement
allemand a répondu par une note dont
la Gazette de V Allemagne du No'd d.cn-
ne. les traits essentiels., Le Temps se
déclare enchanté de cette note, ma1 gré
les réserves qu'elle contient. Les Débats
sont moins optimistes, et ils, tvo vivent
que la note a une « bienveillance commi-
natoire ». Au fond, le gouvernement al-
lemand met à la charge de la France
tout ce qui'pourra survenir au Maroc
après l'occupation des ports. Celle-ci ne
doit être que provisoire pour respec-
ter l'acte d'Algésiras. Et elle doit se fai-
re avec des forces telles, que lès indigè-
nes, découragés, ne soient plus tentés
d'attaquer les Européens.
Encore une fois, la diplomatie alle-
mande nous engage à fond. Si je per-
siste à demander que le gouvernement
français fasse appel à toutes les puissan-
ces pour maintenir l'ordre, ce n'est pas
du tout, comme a paru le croire le Vor-
;OTer/.y, pour lancer tous les peuples dans
la carrière des -profits coloniaux. C'est
p'éur éviter les difficultés et les périls
de tout ordre qui peuvent résulter, non
seulement pour la France, mais pour
l'Europe, de l'intervention exclusive d'un
seul peuple. Une action internationale
couperait court à tout, et fermerait l'ère
des aventures. Les Marocains ne mena-
ceraient pas la vie des Européens proté-
gés par l'accord des puissances, et les
ingérences irritantes ne pourraient pas
se produire.
Que va faire le gouvernement Va-t-il
débarquer des forces considérables dans
tous les ports ? S'il ne le fait pas, il
sfepose aux revendications de l'Allema-
gne s'il le fait, c'est une grande expé-
dition qui commence. ̃̃' .'̃
JEAN JAURÈS.
APRÈS LE CONGRÈS DE STUTTGART
i i n â i Alle n
L'Opinioo;Soeialisle iIlemamle
LA RÉSOLUTION DE STUTTGART.
EST UNE RÈGLE D'ACTION PRÉCISE
POUR NOS CAMARADES DOUTRË-RHIN
TROIS DOCUMENTS
Continuons donc notre 'voyage à tra-
vers la presse socialiste allemande. Cher-
chons à connaître toutes les nuances de
la pensée antimilitariste des camarades
d'Allemagne.. •
Voici, pour aujourd'hui, trois journaux
d'esprit bien divers, le Hamburger Echo,
le journal de la'circonscription de Bebel,
le puissant quotidien de la grande «.ggio-
mération socialiste du Nord la Sachsîsche
Arbeiter Zeitung de Dresde moins radica-
le, à coup .sûr, que sa sœur aînée, la Leip-
siger Volkszeitung enfin la Volksslimme
de Magdebourg. Que disent ces trois orga-
nes ? 7
« Hamburger Echo n
Le Hamburger Echo constate qu'il était
difficile assurément de concilier les trois
tendances opposées qui se manifestaient
au Congrès, mais qu'on y a réussi dans
la longue résolution qui a été adoptée.
Résolution un peu longue, où les détails
risquent de faire tort à la clarté des prin-
cipes.
En tous cas, dit-il, ce qui en ressort claire-
ment, c'est la pensée fondamentale que la
lutte contre le mitUarisme doit être partie in-
tégrante de la lutte de classes socialiste et,
en outre, que les prolétaires socialistes des
différents pays ne oivent pas s'attacher à
un unique moyen, et d'application hypothé-
tique contre la guerre, mais doivent employer
tous oeux qui dans la situation présente sem-
blent efficaces pour empêcher la guerre.
La portée de la résolution va donc bien au
delà de celle qu'aurait un manifeste purement
platonique contre la guerre et la paix ar-
mée et elle inspire certainement plus de
respect aux traineurs de sabre, que la réso-
lution des conférenciers de, La Haye, puis-
qu'elle affirme la volonté du prolétariat in-
ternational de s'opposer à ceux qui déchaî-
nent la force guerrière.
« VoUkstirnme » IMsgâehourg)
La Volksstimme de Magdebourg constate
que la question posée au Congrès de l'ac-
tion à entreprendre en cas de conflit inter-
nationaT renfermait en son sein tr l'antimi-
litarisme prolétarien, c'est-à-dire un mou-
vement qui, en- France, par Hervé, a déjà à
causé beaucoup de bruit et qui même a
tenté d'arriver à la publicité du proléta-
riat allemand dans plusieurs Congrès du
parti. »
La résolution mime renferme avant tout
trois choses. D'abord, elle repousse une action
antimilitariste particulière à côté de l'action
politique et économique du prolétariat cons-
cient. En second lieu, si elle ne reconnaît
aucun moyen de défense contre la guerre
comme particulièrement approprié, elle n'en
condamne aucun comme nuisible et ineffica-
ce. Enfin, en troisième lieu, le Congrès
attire V attention du prolétariat international
sur l'éducation socialiste de la jeunesse. Ainsi
fut érigé en 'résolution ce que tes représen-
tants allemands avaient défendu à cette com-
mission.
« SacheEsshe Arbeiter Zeitung »
Le Sachsische Arbeiter Zeitunq de Dres-
de, après avoir rappelé l'origine de la ré-
solution française, après avoir montré, en
évoquant la politique anglaise d'isolement
de l'Allemagne, combien la question «est ex-
traordinairement difficile et compliquée »,
se. félicite que « la, délégation allemande
n'ait pas voulu se lier à une formule,
dont l'application, en chaque cas, eût été
impossible abstraction faite d'ailleurs
des empêchements juridiques, que l'adop-
tion d'une telle formule aurait rencontrés
en Allemagne. »
Puis le journal de Dresde continue
Si nous considérons ainsi que le rejet de
la proposition française de grève générale
était commandé par la nécessité, cependant
l'esprit qui anime la démocratie socialiste
française dans cette question est un élément
plein de valeur pour le socialisme interna-
tional et il est excellent qu'une partie de cet
esprit ait ̃pénétré dans la résolution, finale
du Congrès de Stuttgart. S'il est vrai Que
l'adoption de la formule déterminée de la dé-
légation française est impossible, l'ardeur
combative qui règne clans la démocratie fran-
çaisé peut servir de modèle, particulièrement
même, pour la démocratie socialiste alle-
mande.
Et passant ensuite à l'examen des
moyens, la Sachsische Arbeiter Zeitung
montre .avec précisoin comment les socia-
listes doivent s'employer tout de suite quo-
tidiennement à informer l'opinion publi-
que, à la mettre en garde contre Les intri-
gues diplomatiques et elle insiste sur
l'intérêt qu'il y a pour tes camarades so-
cialistes à se' tenir exactement au cou-
rant, de pays à pays, de toutes les inten-
tions gouvernementales.
Les textes- que nous citions hier nous
montraient surtout les préoccupations pra-
tiques, les préoccupations de tactique de
nos camarades d'Allemagne. Ils nous indi-
quaient pour quelles raisons non point
de sentimentalité chauvine mais de né-
cessaire prudence, ils avaient dû s'oppo-
ser à l'inscription, dans la résolution, du
mot de grève générale.
.Aujourd'hui, c'est leur esprit qui se ré-
vèle. Ce que nous retrouvons dans ces tex-
tes, c'est le scrupule qui les distingue en-
tre tous, de rameneir toutes leurs actions
à la doctrine socialiste c'est leur souci
de l'éducation quotidienne, de toute la
lente préparation des consciences socialis-
,'tes, leur préoccupation de former une opi-
nion socialiste. Ces préoccupations, elles
sont nôtres aussi. Mais ce que nos camara-
des relèvent tous avec joie, c'est l'affirma-
tion nette, catégorique, partout inscrite en
ces journaux, que les prolétaires ,allemands
commeles prolétaires français feront tout
leur devoir pour empêcher une guerre.
Ceux que nous publierons demain le ma-
nif esteront mieux encore. p: T~
A> T«
UNE REPONSE
Nous avons reçu la lettre suivante! ï
10 septembre 1907.
Monsieur Jaurès, directeur politique de
l'Humanité;
Monsieur,
Je réponds dans VEcho de Paris à votre
accusation que le compte rendu que j'ai fait
dans ce journal de votre discours est l'équi-
valent 'd'urî faux. Je démontre qu'il est au
contraire scrupuleusement exact et que c'est
vous qui avez gravement altéré mon texte,
partant la vérité.
Mais je suis encore mis en cause dans
trois colonnes de l'Humanité par M. Albert
Thomas.
Afin de rétablir la vérité pour les lecteurs
d3 votre journal, je me vois dans la néces-
sité de vous prier d'insérer ma réponse, sans
que j'aie besoin de recourir à la loi.
y Apres que vous m'avez introduit auprès de
vos lecteurs, v^/tre collaborateur déclare qu'il
rétablira les textes contre l'impudence des
faussaires et il commence par dire que « Lon-
guet a déjà dit son fait à M. Pau Lévy ».
La réalité est tout autre. J'ai réfuté les
assertions inexactes de M. Longuet. Mais il
me reste à réparer une omission. J'avais
écrit que M. Franck, le « fameux antimi-
litariste allemand, le pendant d'Hervé,
« avait dû avoir quelque mal à se procurer
la carte postale illustrée soi-disant publiée
par la librairie-du Parti à plusieurs mil-
lions d'exemplaires.' ».
Que fait M. Longuet Il supprime avec une
tranquillité d'âme parfaite les mots « à plu-
sieurs millions d'exemplaires » et dit ensuite
que je nie le fait même de la publication
de la carte. Voilà la méthode de M. Longuet.
Je passe à M. Albert Thomas.
M. Thomas a traduit des passages de jour-
naux socialistes allemands, dont j'ai donné
quelques extraits dans l'article même où je
publiais des citations de la presse « bour-
geoise allemande, conservatrice et libérale.
Comparons nos extraits
Et d'abord ceux du Volksbote, de Stettin.
Texte, de M. Paul Lévy
discussion en Allemagne. Même les formes
plus douces d'une action extraparlementaire
antimilitariste, telle que Jaurès et Vandervel-
de là réclamaient, ne pouvaient être accep-
tées par la sociai-démocratie allemande. »
Texte de M. Albert Thomas
« Tout à fait impossible à discuter (undis-
kutierbar)' était pour l'Allemagne: Kagitation
antimilitariste de l'hervéisme mais même
1er, formes plus douces d'une action antimi-'
litariste extraparlementaire, telle que Jau-
rès et Vandervelde le réclamaient pour le
eus d'un danger de guerre imminente, ne
pouvaient être acceptées par la démocratie
socialiste allemande. »
Où est le faux que j'aurais commis, comme
le prétend avec une mauvaise foi insigne
M. Thomas ?
-Pour la Koenigsberger VolkszHtung, M.
Albert Thomas déclare Nous conviendrons
là que M. Lévy a, comment dirions-nous ?.
Tioins tort, »
J'enregistre l'aveu et je passe, ne voulant
relever que l'essentiel.
Voyons la.. Leipzig cr Wqlkszeitung
Texte de M. Paul Lévy
a Nous comprenons le sentiment de l'ef-
froyable responsabilité que ressent un chef.
comme Bebel, éprouvé par une lutte de qua-
rante ans, lorsqu'il s'agit de décisions à pro-
pos desquelles non seulement chaque faux
mais même chaque parole maladroite,
peut faire naître des heures plus dangereu-
ses que ne le furent celles où sévit la loi
contre les socialistes. »
Texte de M. Albert Thomas
Nous comprenons pleinement le sentiment
de l'effroyable responsabilité que ressent un
chef éprouvé par quarante ans de lutte com-
me Bebel, lorsqu'il s'agit de décisions à pro-
pos, desquelles non seulement chaque faux
pas, mais aussi chaque parole maladroite
(littéralement chaque faux mot)', peut amener
des jours pires encore que ne l'étaient les
jours de la loi contre les socialistes.
Les g>;ns- de bonne foi seront édifiés.
J'entends bien que M. Thomas aurait voulu
que je reproduise .plusieurs colonnes de jour-
naux sosialistes allemands. Le Yorvaerts a
fait des coupures dans ces articles. C'est M.
Thomas lui-même qui le déclaredEtais-je tenu
d'être plus. royaliste que le roret de sou-
mettre à mes lecteurs des textes qui n'ajou-
taient rien à mon argumentation ? Du mo-
ment qu'ils ne l'injfl-maient pas, j'avais le
droit d'agir comme le Vorvaerts.
Je n'ai jamais dit que les socialistes alle-
mands étaient chauvins, comme me le fait
dire faussement M. Thomas, j'ai dit et j'ai
démontré qu'ils étaient patriotes.
M. Thomas le reconnaît au en
déclarant que « j'aurais pu noter quelques
nuances », entre les socialistes allemands et
les socialistes français. Ces nuances, je les
ai notées et rien de plus. Bebel les a indi-
quées à Mannlieim l'année passée, à Stuttgart
cette année. M. Jaurès les a indiquées à Nan-
cy, à Stuttgart, au Tivoli.
Que le parti socialiste français tienne comp-
te de ces nuances et il n'aura plus à polémi-
quer avec moi. Car, ainsi que je l'ai écrit
dans l'Echo de Paris (31 août) « Je n'ai
combattu les tendances socialistes que dans
la mesure où je les croyais de nature à dé-
sarmer la France, selon l'expression de M.
Hervô-
Hervd. Paul Lévy.
Il ressort de la lettre même de M. Lévy
qu'il «. produit .des citations tellement mu-
tilées que le véritable sens des articles na
pouvait plus apparaître.
Du raste, nous continuons oe soir la re-
vue de la press> allemande et on verra
par là combien M. Paul Lévy a mal in
terprété la pensée des socialistes alle-
mands.
Il ne saisit pas d'ailleurs plus exacte,
ment les paroles des orateurs français. Il
nous suffit pour cela de mettre en regard
une phrase prononcée à Tivoli par le ci-
toyen Jaurès et la version qu'en a donnée
dans son compte rendu M. Paul Lévy.
Le citoyen Jaurès avait dit «
Le citoyen Hervé, à Nancy, n'a pas pu ré-
'i7
pondre à la question très simple que je lui
posais et que je veux reproduire devant vous:
supposez, lui disais-je, que par notre propa-
gande, par votre propagande, nous ayons af-
faibli en France le militarisme.
Supposez que nous ayons à ce point pro-
pagé les idées de paix, de solidarité interna-
tionale, qu'aucun gouvernement n'ose déchaî-
ner une guerre de conquête ou d'agression,
supposez que le gouvernement de la France,
ayant reçu l'influence du socialisme, la peu-.
sée dù prolétariat, dise au monde, dise net-
etment à tel gouvernement qui pourrait lui
chercher querelle je ne veux pas de la
guerre, je ne veux pas d'humiliation, mais je
ne veux pas de conflit violent. Il y a, entre
votre gouvernement et nous, une que-
relle, un litige. Eh bien, ce litige, nous al-
lons le porter devant un tribunal ia«
ternational. Les peuples désintéressés' pro-
noncerons et nous nous engageons, nous,
France, à accepter, à appliquer la décision
des arbitres internationaux. Supposez, di-
sais-je à Hervé, que le gouvernement de la
France tienne ce langage et qu'un autre gou-
vernement dise non 1 je ne veux pas d'arbi-
trage, je veux en finir avec ce peuple agité
et brouilon qui menace sans cesse le repos
des puissances établies. S'il en est ainsi, que
ferez-vo'us Livrerez-vous à ce gouvernement
de proie la France de liberté et de paix qui
acceptera d'avance l'arbitrage ?.
M. Paul Lévy lui fait dire
Supposez que par notre propagande nous
ayons affaibli la France au point qu'aucun
gouvernement français n'ose déclarer une
guerre de conquête supposez que le gouver-
nement de la France propose de porter le liti-
ge devant le tribunal international, et que
l'autre gouvernement dise non, dise le
veux en finir avec ce peuple agité et brouil-
lon qui menace sans cesse le repos des na-
tions établies, livrerez-vous à ce gouvernement
de proie la France révolutionnaire 7
Notez que c'est M. Paul Lévy lui même
qui ia souligné et mis en italique les mots
affaibli la France. Les lecteurs de VEcho
de Paris ont compris nécessairement que
c'étaient là les paroles que le citoyen Jau-
rès avait prononcées.
Evidemment, la passion a entraîné un
peu loin M. Paul Lévy.
fiOTHS
Histoire Morale
Bien caractéristique et instructive, la pe-
tite histoiie qui vient de se passer en Cor-
rèze. Les employés du chemin de fer dépar-
temental sont en grève. Au début du conflit,
la Compagnie poussa les hauts cris les
grévistes avaient saboté les locomotives
Les cônes des injecteurs Giffard avaient été
enlevés, volés, et les machines étaient dé-
sormais impropres au service. La presse
bourgeoise mena une belle campagne, et
l'Eclair, plus que tous, autres, -se montra
véhément.
Une plainte fut déposée contre ces ca-
nailles de grévistes et un juge d'instruction
fut nommé. Enquêtes sur place, interroga-
toires, citations, confrontations. Les grévis-
tes. protestèrent qu'ils étaient innocents,
mais comment les croire ? Qui dit gréviste
ne dit-il pas bandit, malfaiteur, criminel ?
Les journaux l'avaient affirmé d'ailleurs,
e1: ils étaient bien renseignés les grévistes
avaient saboté les locomotives i.
Las de s'entendre accuser ainsi:; les em-
ployés du chemin de fer firent observer que
la Compagnie, qui poussait de pareils cris,
savait peut-être bien où étaient les cônes
d'injecteurs et ils obtinrent du jugé qu'il
se transportât dans ses locaux. Il se décida
et il aurait dû commencer par là à s'y
rendre hier, et qu'y trouva-t-il ? Dissimulés
derrière un tas de charbon, les cônes eux-
mêmes La Compagnie, qui faisait perqui-
sitionner chez les grévistes, les avait chez'
elle La Compagnie, qui criait au voleur,
avait les objets volés dans ses locaux si
visibles d'ailleurs qu'un simple juge d'ins-
truction les découvrait du premier coup
d'oeil
Et lorsque, procédant à son égard com-
me elle a procédé envers eux, les grévistes
déclareront que la Compagniafc a saboté
elle-même ses locomotives, et qu'elle s'èst
volée elle-même, pour indisposer l'opinion
publique contre ses employés, vous ver-
iez que l'honnête presse bourgeoise décla-
rera que c'est là un mensonge de plus de
ces canailles de grévistes V. S.
̃ ̃̃̃̃̃ ̃ ̃. JÊ^TJ is&J^TK. O G ̃ %H-.
̃ ̃ ̃ ̃ <Î>
Pendant que les bataillons français at-
tend ent, l'arme au pied, le .rétablissement;
du générai Drude, pour prendre l'offensi-
ve, le roi Alphonse XIII multiplie les en-
trevues .avec M. Maura et les ministres
intéressés, sans pouvoir arrêter une ligne
de conduite définitive. Des bruits de crise
ministérielle circulent même à Madrid.
Bruits de divergence
Sans nier qu'on a fait des préparatifs
pour mobiliser des bâtiments de guerre et
quelques troupes du deuxième corps en An-
dalousie, on lie croit pas possible ni pro-
bable, même dans les cercles militaires, le
remplacement du ministère Maura par un
cabinet militaire, surtout présidé par le
ministre actuel de la guerre.
M. Maura a démenti les bruits de diver-
gences de vues entre les membres du ca-
binet espagnol et entre les gouvernements
espagnols et français sur les modalités et
l'étendue de la coopération espagnole sur
les côtes du Maroc.
M. Maura affirme que rien n'est changé
dans l'accord franco-espagnol, ni dans
l'unanimité des membres du cabinet espa-
gnol à persévérer dans la ligne de con-
duite adoptée depuis le commencement des
événements du Maroc. Les ministres
croient que M. Maura. rentrera à Madrid
vers la même époque où le roi et la reine
iront à la Granja.
M. Léon y Castillo a fait a déclaration
surtyante à un journalistes
LADY WARWICK
XaA.
« Goi)ies§e|oGiaMe »
C'est une bien curieuse personnalité an.
glaise que celle de la « comtesse socia«
liste n, Lady Warwick,; dont la presse d'où»
tre-Manche a encwre parlé longuement cee
jours derniers, à propos des meetings te»
nus par elle lors du Congrès national dee
Trade-Unions, à Bath.
Lady Warwick, qui porte un des plu.
grands noms de l'histoire d'Angleterre, au-
rait pu se contenter des succès que lui var-
laient à la cour son éclatante beauté, s*
grâce et son esprit. Mais le rôle de pou-
pée mondaine ne lui convint pas. Et de
bonne heure ellé se livra passionnément
à l'étude des problèmes sociaux, cherchant
en libre esprit, exempt de tout préjugé d*
classe ou de caste, la vérité économique et
la justice sociale. C'est ainsi que depuis.
1898 elle avait fondé de nombreuses école*
renseignement professionnel, d'horticul-
La comtesse de Warwi»11'
ture, etc. Tant que son activité s exerça
dans ce domaine, la « gentry encore que
surprise de ces étranges passe-temps pour
une comtesse authentique, souriait, amu-
sée.
Lorsque Lady Warwick manifesta ses
premières sympathies pour le socialisme.et et
prit la parole dans des meetings du La.
bour Party, la « gentry trouva que c'é-
fait moins drôle. Tout de même elle esti-
ma qu'on se trouvait en présence d'un da-
ces accès de "snobisme comme les repré-
sentants de l'aristocratie anglaise en ont
souvent donné des exemples dans divers
domaines. Ce « socialisme de salon » pas-
serait.
Mais où la smart set », littéralement
la. « classe élégante », estima que cela dé.
passait les bornes, ce fut lorsque la « ca-
marade » Warwick, comme on l'appelait
maintenant dans les meetings, apporta
son adhésion consciente. et raisonnée à
la fraction la plus intransigeante, la plus
« avancée » du socialisme britannique. Et
non seulement elle adhérait à la Social-
Democratic Fédération, mais à côté de
Hyndmann, de Quelch, de William Thor-
ne elle participait à toute l'agitation quo*
tidiennement menée par nos camarades.
Dès ce moment on estima_ que cela deve-
nait « shocking ».
Lady Warwick n'en a cure. Elle conti-
nue à. se dépenser sans compter pour la,
cause du socialisme international. Il n'est
pas de grands meetings,de congrès socialisâ-
tes ou trade-unionistes.où l'on n'aperçoive.se
dessinant sur la tribune, le pur profil de
Lady Warwick, restée encore à quarante
six ans l'une des plus belles femmes d'Aà^
gleterre, mais qui veut être plus et mieux t
une militante infatigable de la grande cau-
se de la libération humaine.
«I. L.
« Affirmez d'une manière catégorique
qu'il n'existé pas de motifs justifiant le
pessimisme de ces derniers jours tant au
point de vue de notre politique intérieure
que de nos relations avec la France ni en-
fin -en ce qui touche la question maro-
caine. »
Critiques espagnoles
L'Im.parcial, un des principaux journaux
libéraux, se plaint amèrement .des criti-
ques de certains journaux français sur
l'attitude des troupes espagnoles à Casa-
blanca, critiques reproduites ensuite, dit-
il, par des journaux étrangers.
L'Impartial relève notamment des affir-
mations publiées ces jours derniers au su-
jet de projections qui auraient ét^ dirigées
sur les lignes françaises par les navires
espagnols et d'un feu qu'auraient ouvert
les Espagnols contre les Français au. mo-
ment où ceux-ci changeaient de position.
L'Impartial oppose l'attitude toute dif-
férente, dit-il, qu'ont observée les corres-
pondants espagnols depuis le commence-
ment des hostilités en s'attachant à rendre
compte fidèlement des opérations militai-
res et en n'ayant que des phrases élogieu-
ses pour le général Drude et les soldats
français.
L'Impartial, en terminant, demande au
gouvernement espagnol de protester au»
près du gouvernement français contre les
versions publiées par certains journaux
français, versions qui tendent, selon lui,
à cr|er à l'Espagne une atmosphère nos»
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