Titre : L'Humanité : journal socialiste quotidien
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : L'Humanité (Paris)
Éditeur : L'HumanitéL'Humanité (Saint-Denis)
Date d'édition : 1907-08-28
Contributeur : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 63335 Nombre total de vues : 63335
Description : 28 août 1907 28 août 1907
Description : 1907/08/28 (Numéro 1228). 1907/08/28 (Numéro 1228).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k251406c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
^^i^Hm9^RR ^v ^HHS^ShI^ ^BhHHBS^P^^ r ^BhBBjb ^BM ^^fi^
JOURNAL SOCIALISTE QUOTIDIEN
QUATRIEME ANNEE. Ntf 1228.
MERCREDI 28 AOUT 1907.
REDACTION, ADMINISTRATION & ANNONCES
110, Rue Richelieu, Paris
Tout ce qui concerne l'Administration du journal doit être adresse
à l'Administrateur.
TÉLÉPHONE 102-69
̃Bjjf o.
MR.glmausib'.
~k~
5
lié Numër*
ABONNEMENTS Paris & Dép. Et~_anger
Un Mois. 1 fr. 50 a »
Trois 4 fr. 50 9 fr. a
SixMois. 9fr. » 16 Cr. 60
Un An. 18fr. 3tfr. Il
1 Les Abomements sont reçus SANS FRAIS dans tous les bureaux de Poste.
Directeur Politique
TT TT TT T <2:
JEAlNr JAURÈS
X»e Noméro
~r.j/: AU MAROC
LES:, EIBIBcIISllD_IIBl~1
Le plan du général Drude
Une attaque est imminente
'J' €«̃<$> ̃
f Le maghzen paraît désemparé. Les nou-
velles de plus en plus précises qu'il reçoit
sur Moulaï-Hàâd lui inspirent la plus
grande inquiétude. Il sent 'bien qu'il ne
pourra opposer aux troupes des deux au-
tres sultans qu'une très faible résistance;
Il est convaincu aussi que beaucoup de tri-
bus restées nominalement fidèles se join-
dront au nouveau mouvement.
j Il est, de "plus, aux prises avec d'inquié-
"tantes difficultés 'pécuniaires. Il lui a fallu
faire une démarche humiliante. Il a été
'obligé d'avouer qu'il n'avait aucune, con-
fiance dans les soldats de la garnison de
Tanger que ces soldats ne touchent pas
-régulièrement- leur solde, que, par suite
"île la détresse financière du maghzen, il
;leur est dû un arriéré de huit jours, et que,
'dans ces conditions, il y avait lieu de
.craindre une mutinerie susceptible de se
traduire par des. actes de pillage. l;;
C'est le ministre de la Guerre lui-même,
El Gùebbas,. qui a fait ces cruels aveux à
divers diplomates étrangers. Ceux-ci lui
ont conseillé de; s'adresser à la Banque
'd'Etat et de lui demander l'avance néces-,
saire pour payer la solde, arriérée. Mais la,
.Banque a refusé, ses statuts lui interdi-
sant de faire aucun prêt au maghzen sans
l'intervention du ministre des Finances.
Monanùïied el Torrès, El Mokhri et Zaï-
ber offrirent de, -répondre de la somme. Elle
fut encore refusée il-:a fallu que le comte.
de Saint-Aulaire, chargé d'affaires de
France, intervînt pour obtenir qu'un éta-
blissement financier français, la Compa-
gnie algérienne, se "décidât à mettre, avec
cette garantie, à la disposition d'El Gueb-
J.bas, une somme, dé cent mille francs.
D'ailleurs, la situation se brouille com-
me à plaisir et les dépêches n'aident pas
à l'éclaircir. L'une d'elle, datée de Tanger,
"dit que le khalifa de Ma-el-Aïnin, accom-
,,pagné de cinq cavaliers du magîizeu et
du fils du caïd El Mechouar, s'est embar-
qué ici le 23, pour se porter à Saffi ou à
:Môgador au-devant de Ma-el-Aïnin, afin,
̃ qu'il u-se^de son influence pour rétablir la
L tranquillité dans le Sud,
On n'aurait jamais cru Ma-el-Aïhin
spécialement qualifié pour une mission de
.ce genre. V -i. ̃̃̃
̃ ̃̃̃̃̃̃̃ ̃'̃̃̃̃̃ À Casablanca
/J Voici comment les choses se passent à
'̃Casablanca
l": Chaque après-midi, quand l'ennemi se
tiént tranquille, deux. compagtiies d'infan-
tient tranquille, deux compagnies d'inf an-
f.ter'iè,- avec des pièces de montagne,, font
iine reconnaissance jusqu'à plusieurs kiloi-
'i mètres du camp mais, jusqu'à présent,
Mes Marocains ont soigneusement évité tpu1-.
"yte rencontre avec ces détachements.
''̃ Des patrouilles de spahis parcourent les
̃ environs les goumiers combattent avec
enthousiasme leurs ennemis héréditaires,
les Marocains, et rendent de grands servi--
-̃ces, notamment en renseignant sur lès
mouvements de l'ennemi.
D'autre part, on dit, dans les cercles
1 commerciaux' et consulaires, que les gens
de la Médouina, comprenant plusieurs trj-
'bus des environs de" Casablanca, ont d'é-
'cîdé de. ne pas attaquer de nouveau les
troupes françaises mais que les tribus
plus éloignées et dont les cultures n'ont
pas souffert de la guerre, sont toujours
.aussi, hostiles.
Le général Drude, lui, s'apprête à une
grande opération. Il veut attaquer le camp
marocain, situé à Daed-Sidi-Ali, près de
T.addert, où se trouve le sanctuaire vé-
néré de Oulad-Hadou..
Son plan serait le suivant Le général
-.Drude tenterait de surprendre le camp
avant l'aube, de sorte qu'en, s'éveillant,
l'ennemi se trouverait cerné par 8.000 hom-
mes avec huit pièces de campagne et quel-
ques mitrailleuses.
Le général Drude enverra les goumiers
en avant, puis les spahis, les hommes des
autres troupes occuperont des positions
/stratégiques et couperont la retraite à l'en-
nemi. Tout est prévu, mais le plus grand
r'r /secret est observé.
L'attaque devait se produire plutôt, .mai0
"île général a été, obligé d'accorder, du repqS
'ttux renforts amenés,par le Vink-Long il
/st^préféré attendre l'arrivée de la Nive,
,'ïui transporte des troupes et de l'artille-
'rie-, .̃ ̃̃̃-̃̃ ̃ "̃
On remarque une grande activité dans
̃̃ le camp espagnol.
L'exode de Fez
D'après des 'nouvelles de" Fez, -en date
«lu 23-, le' départ dès Français, des Anglais
-et des Espagnols était toujours fixé au 24.
:i Il est vraisemblable qu-'il a eu effèçtiye-
j ment lieu; à cette date, car le courrier
j chargé d'en apporter la nouvelle-né devait
quitter Fez qu'après la mise en marche de
nos compatriotes.
Toutes les mesures utiles ont été prises
"'•'̃ pour assurer la sécurité de la colonne eu-
ropéenne..
.j La colonie allemande quittera Fez au-
j joùrd'hui pour se rendre à Larache. Les
J membres de cette colonie sont apparem-
5 ment les derniers Européens qui restent à
Fez. Toutefois, on a de bonnes raisons de
croire que la mission militaire française
est encore dans cette ville.
̃a Le Du-Chayla se rendra à Larache le
̃j;30; pour y prendre les. Européens de Fez,
1 qui désireront gagner Tanger.
•' -Fâit^grave les Berbers entourent le vil-
lage de Sebou, à trois lieues de la c.api-
1 taie. Ils demandent qu'on leur fournisse
de l'argent, des munitions et des vivres,
sinon le village sera mis à sac..
Les Anglais à Tanger
Nous avons déjà signalé la pétition
adressée par la colonie anglaise de Tan-
ger au ministre, pour être transmise au
Foreign Office. Voici quelques nouveaux
•détails
La pétition fait remarquer que les mesu-
res prises par les gouvernements français
et espagnol pour la protection des Euro-
péens, sont absolument insuffisantes, at-
tendu qu'il n'y a en rade qu'un croiseur
espagnol et un croiseur français, avec seu-
lement cinq cents hommes,, environ de
troupes dé débarquement.
Les pétitionnaires ajoutent que la popu-
lation de Tanger est considérable, qu'elle
s'étend sur une grande étendue, et que,
par conséquent, il faut plus de navires et
qu'il faut spécialement des navires anglais
pour donner confiance à la colonie.
A Môcjador
A Moga'dôr, la situation est toujours
tendue cependant, grâce, à: l'énergie de
M. Kouri, consul de France, la solde arrié-
rée de trois mois a été payée aux soldats
qui font actuellement le 'service d'ordre.
On dit aussi que. Ma-el-Aïnin, qui envoya
des messagers dans toutes les tribus du
Sud pour exiger 100 cavaliers armés de
chacune d'elles, a échoué complètement.
Une dépêche officielle
L'amiral Philibert télégraphie au mi-
nistre de la, Marine .à' la date du 27 août •̃
« Le débarquement de la Nive: sera ter-
miné le 26 àù soir elle arivera à Oran
le 28, avec- onze blessés ou malades.
« Situation politique calme dans tous
les ports. ̃̃'
« Autour de Casablanca, on signale des
mouvements de cavalerie marocaine. Les
reconnaissances faites n'ont pas rencon-
tré de résistance. »
-Oj~
Le citoyen Jaurèis, à la^HipTl^-Ja^^si^
maîne prochaine, fera à Paris une çô*p
férehse publique sur !es résultats du Con-
grès de Stuttgart et la question de l'anti-
miiitai'isme.
Nous ïîîditsuerons ullénewerment .̃ la
date de cette réunion et t'endroit où elle
se tiendra.
ÉCHOS
"̃ '"̃ '̃̃' Satisfecit
M. Barthou estime sans doute qu'on n'est
jamais bien servi que par soi-même et que,
quand on dit du bien de soi, on n'en saurait
trop dire.
A preuve ce communique officieux de
l'agence Havas
J'ai vu les blessés, écrit M.. Barthou, et
j''estime leur avoir procuré de 'la joie. J'ai
fait promettre à une jeune fille, qui se ren-
d'ait pour la première fois à, Paris, de venir
me rendre ma visite lors de son prochain
voyage, et comme je l'assurais que je lui don-
nerais un souvenir, elle en a paru très heu-
reuse.
M. Barthou ne se donne pas.de coups de
pied.
•ww
Pékin~Mc!ame
On sait que la grrrande épreuve' nationale
Pékin-Réclame celle qui ne devait pas
amener le triomphe d'une marque étrangère.
comportait cinq partants M. Borghèse
sur une Itala, M. Godard sur une Spyker,
MM. Cormier et Collignon sur Bouton-De
Dion, et Pons, assez lâchement abandonné
en plein désert.
Voici comment l'Echo des Sports raconte
la scène du départ
La musique des marsouins se mit entête
des autos, puis venait le ministre de France,
M. Bapst, suivi de tous ses collègues.
̃ On ̃ s'apprêtait à ovationner la Spyker qui
contenait Godard et Jean du Taillis, quand,
au milieu de la stupéfaction générale, ce
dernier descendit et 'donna sa place à une
horizontale de marque très :-̃ connue' de la
colonie' européenne de Pékin, qui s'assit
prestement; à côté de notre ami l'aéronaute,
tandis que Jean du Taillis se mettait en la-
pin sur le mâxûhepied. Un silence glacial
accueillit le,. départ du n°
Du vrai sport, n'est-ce pas'?
"̃̃• '̃̃ ̃̃̃̃" ,̃ 'Bàisêux' itnavcMnt.
Le RnyBlas remarque que,' lors de l'expé-
dition de Madagascar, on a eu recours à des
navires particuliers pour transporter 30.000
hommes, et que cela fit crier on s'étonna
de ce que notre marine 'fût incapable
de transporter nos soldats avec ses propres
moyens.
Le même fait se représente aujourd'hui
et personne ne proteste. Pour transporter
1,800 soldats au Maroc, à quelques heures
de chez nous, il a fallu s'adresser à des
entreprises particulières.
'Il est vrai que nos navires, lorsqu'on les
sort du .port, s'échouent sur des récifs ou
coulent à pic, et qu'ïlest préférable de-con-
fier le sort; de nos pioupibus à des navires
marcharids",qu'à .d.és :nay}res. iié/marchant
'pas. ̃ '̃" ̃ ̃" ̃; '̃̃' ̃̃'̃ •; •'
%/iist® R&ëgmête
Pour des paroles prononcées, en mai
dernier, à Lunéville, pendant une grève
des ouvriers du bâtiment, et qui, en des
heures de réaction moins âpre, auraient
passé inaperçues, le camarade Andt a été
condamné à six mois de prison. Il purge
sa peine à la prison clîNah-«".i '-̃̃
Les autorités judiciaires et' autres* plus
brutales et plus iniques-en cette région de
frontière, soucieuses d'agir à l'unisson du
gouvernement allemand, ont soumis le pri-
sonnier au régime des condamnés de droit
commun elles l'ont jeté dans le tas1 des
voleurs et des escarpes. Peu leur importe
de savoir qu'à Paris et en d'autres villes
du pays, les militants ouvriers condam-
nés pour le même délit, bénéficient du ré-
gime spécial dont jouissent les auteurs
du délit d'opinion, ressuscité par la troi-
sième République. Elles sont, jusqu'à pré-
sent, restées sourdes aux réclamations les
plus pressantes et les. plus justes. Plaira-
t-il au président du Conseil, dont le dilet-
tantisme gouvernemental est parfois ca-
pable de, bons mouvements, de les ramener
dans la voie de la logique-, de l'équité, de
la pitié ? Nous l'espérons: ̃̃:
Une autre victime du régime actuel, la
citoyenne Gabfiejle Petit; attend, depuis
un mois, à la prison de Nancy, sa compa-
rution devant la justice pour un délit du
même genre, relevé dans cette villa, au
meeting du 13 juillet. Si les juges ont le
triste courage de frapper une femme dont
la pensée primesautière se traduisit par
des paroles vives qu'en des temps meil-
leurs, les sbires de la police locale n'au-
raient pas songé à enregistrer, aura-t-dn
la cruauté de la confondre, elle aussi, par-
mi les condamnés de droit commun ?
Puisse M. Clemenceau tenir compte de
ces doléances que nous a transmises, pen-
dant son passage Paris, notre camarade
Blanchard, secrétaire du syndicat des mé-
tallurgistes de Nancy. Il n'a qu'un mot à
dire..
Lédira-t-il ?
~F'i~MM~M!~
~11TP'~ In"AnlT11~S:,
de Stnltprî
Une opinion anglaise. Ce que dit
Ramsay Mac Donald.
Les trois délégués du groupe parlemen-
taire du Labour Party, les citoyens Ram-
say Mac Donald, whip ou secrétaire gé-
néral, Shackleton, de l'Union des textiles,
et Walter Hudson, des employés, sont ren-
4s4s– avant-hi-ep– soi?– en- Angleterre, arri-
vant de Stuttgart, et ils assistaient dans
l'après-midi à la séance de la Chambre
des Communes. Le citoyen Ramsay Mac
Donald fut ainsi amené, dans les couloirs
Ramsay Mac Donald
du Parlement anglais, à donner son im-
pression sur le Congrès socialiste inter-
national
« Le Congrès de Stuttgart, a déclaré le
'whip du parti du travail-, a été un grand
succès. Le seul tumulte qui s'y soit pro-
duit, et dont la presse capitaliste anglaise
a tant parlé, était bien moindre que celui
qui éclate couramment à Westmins-
ter lorsque la voix d'un orateur qui dé-
plaît est couverte par les clameurs « Aux
voix »
« Un des résultats les plus importants
du Congrès a été, je crois, la réorganisa-
tion du, bureau socialiste international
par l'adjonction des. cscrétairês des grou:
pes parlementaires socialistes et ouvriers
d'Europe et le développement de la con-
férence interparlementaire socialiste. Cel-
le-ci se réunira au moins une fois par an.
On examinera les questions de politique
générale, on fera un échange de vues des
plus féconds et on discutera les projets de
loi concernant spécialement la législation
ouvrière, que les différents partis auront
tracés et proposés aux divers Parlements.
J'en attends dés résultats féconds. »..
Parmi.les conférences corporatives inter-
nationales tenues à Stuttgartret quieVrious
avons indiquées hier, nous avions1 a nis
celle des Employés, dans laquelle le ci-
toyen Rozie-r, député, secrétaire de la Fé-
dération nationale des employés, repré-
sentait la France.
`~3~~
AVIS A NOS ABONNÉS-
Nous prions ceux dont l'abonnement
expire le 31 août de nous adresser le mon-
tant du renouveUemenî afin d'éviter un
retard dans la réception du journal. Join-
dre toujours une des dernières bandes.
Adresser les lettres à l'administrateur dé-
légué Eiour tout ce qui: coneerrié J'Adminis-
tration, et au; secrétaire de rédaction pour
ce:Q'û| c,oncer:ne Ia-Rédactie»s.ï ••
Un F mit divers
Nos confrères ont consacré hier huit lignes
chacun à ce petit drame> plus poignant qu'un
autre en raison même de sa brièveté Te-
nant dans ses bras sa fillette âgée de deux
ans, une femme se précipite sous le tramway
Louvre-Vincennes. Le wattman l'aperçoit
heureusement à temps et bloque ses freins;
la malheureuse est sauvée..Une instruction
est ouverte et il est question, dit-on, de la
poursuivre pour tentative de meurtre sur son
enfant.
N'y.a-t-il pas, dans ce simple fait-divers,
dans cette chose qui aurait pu être et qui
n'a pas été, comme un symbole, comme un
raccourci de notre misère sociale..
Cette femme, qui est-elle ?. On ne se le
demande même pas. Quelque fille séduite,
abandonnée avec son enfant qui a faim,
quelque malheureuse veuve d'ouvrier victime
d'un accident du travail, quelque pitoyable
femme d'un alcoolique ou d'un débauché,
lasse d'une trop longue existence de tor-
turé. Qu'impôrte? 'Oh passe, parce qu'il
n'est pas possible de donner une pensée à
toutes celles qui meurent ni surtout !à
celles qui ne meurent pas.
On ne se demande pas si, plus que le
tramway au-devant duquel la malheureuse
se précipitait, ce n'est' pas notre état social
qui est le grand écraseur. On ne se demande
pas quelle est, plus qu'une passagère folie
ou une vision trop nette de la réalité, la
cause qui a jeté cette femme sur ce rail
et on ne cherche pas à connaître celle qui l'y
jettera demain.
On parle de la poursuivre, car la loi est
la loi. Tentative de meurtre sur son enfant,
dit-on. Puisqu'elle, entraînait sa fille, la
malheureuse devait périr c'était son pre-
mier devoir et la seule manière d'échapper
au châtiment. On va donc probablement
l'emprisonner pour n'être point morte la
Société s'occupe d'elle. V. S.
Grève des Chemins de fer
de la Corrèze
L'arrêt ^s*tT^ns"esrT!iriïii(»i«t^i_ Les gré-
n'ont pas fait de sabotage–
Depuis plusieurs jours, le syndicat des
chemins de fer de la Corrèze, adhérent à
la Fédération nationale des chemins de
fer réclamait avec insistance qu'il soit
fait droit aux revendications du person-
nel^ depuis, longtemps réclamées. Malgré
une lettre adressée au préfet, la Compa-
gnie n'a fait qu'une réponse dérisoire.
Aussi, ce matin, la grève a-t-elle été dé-
clarée. ̃ ,•̃̃̃
Les camarades grévisïg5~1=;i»»^±-~].&^
^^mmissionnement^lTîîaemnité en cas de
maladie, ûnë'^xrg-nicntation générale avec
une échelle de salaires et d'avancement
à l'ancienneté; le repos hebdomadaire sans
diminution de traitement, la rétribution
des garde-barrièïès,: des améliorations
pour diverses catégories du personnel, etc.,
L'arrêt du travail est complet sur le ré-
seau corrézien. Un journal local a accusé
les grévistes d'actes de sabotage. La Com-
pagnie aussi, puisque les gendarmes ont
immédiatement perquisitionné chez les
machinistes et chauffeurs, et, bien en-
tendu, en pure perte. Ce moyen d'intimi-
dation' n'aura aucun résultat.
Le syndicat nous adresse à ce sujet la
protestation suivante
Le public se rappelle encore que pendant la
dernière grève, des machines furent détério-
rées, des lignes télégraphiques coupées, et
que la Compagnie s'opposa toujours à l'en-
quête demandée par le syndicat. Aujourd'hui,
les mêmes faits se renouvellent nous protes-
tons avec énergie contre cette manière de
faire, Nous répudions avec indignation les ac-
tes de sabotage, s'il est vrai qu'il en ait été
commis et le syndicat déclare qu'il poursui-
vraimpitoyablement, en justice quiconque es-
sayera de faire peser sur les grévistes de pa-
reilles accusations.
Forts de notre droit, nous sommes assurés
d'avoir de notre côté l'élite des honnêtes gens
et laissons. aux patrons et Compagnies l'ac-
complissement de pareils procédés.
Le Comité de la grève.
Mort de Le Gouic
Une brève dépêche de l'agence Havas
nous annonce la mort du citoyen Le Gouic,
secrétaire de la Bourse du Travail de Lo-
rient.
Le Gouic,. ouvrier typographe, s'éteint
en pleine jeunesse, après avoir lutté de
longues années, malgré l'état précaire de
sa santé en ces derniers temps, dans cette
Bretagne où la lutte est si dure, pour
éveiller à l'esprit de classe cette popula-
tion asservie par un capitalisme féroce
aidé par la puissance des hommes noirs
répandant.leurs dogmes mensongers.
Le syndicalisme en Bretagne perd en
lui un propagandiste sérieux et dévoué, et
l'on peut dire que, sans compter, il a sa-
crifié sa santé et sa vie pour la défense
de ses camarades de travail. E. D.
♦ » » i –̃
Grave Incendie au Japon
Une ville presque entièrement détruite
Un télégramme de Tokio, en date du
26 courant, annonce qu'un immense in-
cendie a réduit en cendres, hier matin,
près des trois quarts de la ville de Hako-
daté.
Tous les consulats ont été' détruits, sauf
celui des Etats-Unis.
UN ATTENTAT EN RUSSIE
Contre un gouverneur de prison
Pétersbourg, 27 août. Une bombe a
été lancée en pleine rue, à Kherson, sur
le gouverneur de la prison provinciale.
Ses blessures ne sont pas graves. L'au-
teur de l'attentat a été arrêté.
Un de ses complices a blessé mortelle-
ment d'un coup de revolver un gendarme,
mais a ensuite été tué raide par. un autre.
gendarme. (Havas.) ̃ ̃̃' ̃̃ --•
A TRAVERS PARIS
L'ILE BOULEVERSÉE
<̃ g#g- >-
Des ponts et des tranchées
Des passerelles et des tunnels
Les travaux du Métropolitain sur la Seine
Ne la cherchez point sur une carte mon-
diale en quelque région lointaine, peu fré-
quentée des navigateurs. Cette île, boule-
versée de fond en_ comble et dans laquelle-
vous pouvez tenter d'émouvantes explora-
tions, est tout simplement au cœur même
de Paris c'est le berceau de l'antique Lu-
tèce, le losange de terre inégal où campè-
rent les pêcheurs et les nautes. avant la
conquête romaine.
Essayez, au cours d'une promenade fer-
tile en péripéties, d'y aborder. Les ponts
qui l'agrafent aux berges de la Seine, les
rues qui- la sillonnent, loo plaoes.par.QÙ
elle garde une échappée vers le, ciel sem-
blent avoir subi comme une récente et for-
midable commotion souterraine.
Les travaux du Métro ont fait se dres-
ser d'immenses carcasses de fer pareilles
aux squelettes subitement déterrés de,
monstres antédiluviens. Ils ont jeté, au-
dessus des passants, l'enjambement .auda-
cieux de passerelles vibrantes où- glissent
des charriots pesants et creusé sous les
pieds.du promeneur des tranchées à pic,
au fond desquelles surgissent les vestiges
de palais et de casernes romaines.
^^aasamnient, comme aux temps mythi-
ques des ""cyçwK^j (W forges rougeoient
où se fondent, où se Tora^t^axrf-B^jjg et
en courbes dociles, lés travées et: les~-w,
nons de fer. qui soutiennent de vastes plan-
chers métalliques ou de "gigantesques cais-
sons à demi disparus déjà dans l'étreinte
du sous-sol qui va les ensevelir jalousé-
ment. Sur la Seine, comme sous le lit du
fleuve audacieusement éventré, des équi-
pes de travailleurs hardis rivent les bou-
lons, creusent les tunnels, étayent les vas-
tes brèches faites aux flancs des quais ou
dans les couches crayeuses qui recèlent
les fondements de la cité primitive.
Ho. pont fioti«e-Dafine
Nous voici à l'entrée d'une des voies qui
mènent au cœur même de l'île. A l'orée du
pont Notre-Dame, la chaussée est mise à
nu. Au long du trottoir, des rails tordus,
usés, portant la trace des coups de pic et
des éraflures qui marquèrent le passage
des tramways sont étalés, comme jetés au
ruisseau. Près d'eux, d'autres rails, bril-
lants, d'un poli que rien n'a terni encore,
attendent leur place sur lés voies refaites
à neuf.
Sur le pont.'une barricade en planches.
Tout un .parapet a disparu sous la pioche
des ouvriers démolisseurs, tandis.que les
travaux de canalisation ont mis à nu les
réseaux enchevêtrés des conduites souter-
raines.
Le pont est condamné. Hostiles aux ma-
riniers, ses arches trop étroites, qui bri-
saient l'élan du fleuve d'un éperon perfide
aux péniches et aux chalands, vont dispa-
raître. Elles étaient cinq dont deux surtout
constituaient de terribles- nauï rageuses
elles ne seront plus, désormais, que trois,
devenues plus larges, plus-hautes et sous
lesquelles pourront, sans crainte ;d'un choc
mortel, passer les remorqueurs: stridents,
•courbant leurs panaches noirs de fumée
épaisse. Et les arches mauvaises, qui da-
taient en partie de 1853 .comme l'indi-
quent aux angles du parapet des plaques
de marbre vert usées 3t rougies déjà par
les morsures des vents et le flagellement
des pluies semblent se rétrécir, se ser-
rer au-dessus du miroir incertain des
eaux, ayant confusément conscience de
leur disparition prochaine.
lies dect2£ places
Le pont franchi, risquez-vous aux abords
de l'une des deux places transformés, de-
puis trois ans, en chantiers gigantesques.
Des palissades vous arrêtent, des couloirs
étroits longent le quai aux Fleurs, se dé-
robent en tournants' inattendus. Dès les
premiers pas, une masse sombre se dresse
à votre gauche un caisson de fer. enserre
tout un large espace dans lequel vont et
viennent des équipes nombreuses d'ou-
vriers poussant des vagonnets chargés de
terre. A travers les planches disjointes,
des curieux essayent, chaque jour,. de dis-
tinguer le détail des ferrures, la disposition
des voies ou l'ensemble de ces formidables
voûtes métalliques, qui vont constituer la
station du Marché aux Oiseaux,
Le couloir se retrécit. Au-dessus de nos
têtes, le bras rigide d'une grue à vapeur
̃s'étend, soutenant de ses doigts de fer d'é-
normes blocs de pierre, des plaques d'a-
cier qu'elle va saisir dans le flanc des pé-
niches amarrées à l'entrée du tunnel ou-
vert sur le fleuve. Penchez-vous, à quel-
quës'pâs, au-dessus du parapet. Une large
échancrure laisse apercevoir le réseau des
barres et des traverses ;qui forment la
voûte de la galerie souterraine. Et en
face;: au milieu de la Seine, une estacade
entrelace ses poutres solides autour des
cloches à air comprimé par où l'oxygéna'
réparateur descend. jusqu'aux poitrines
haletantes des' ouvriers descendus à vingt
mètres deprofondeur, sous les ondes qu'ils
ont traversées impunément.
La traversée du fleuve s'achève.: il na
reste plus que quelques mètres à creuser
et l'on pourra commencer rétablissement
de la voie en même temps que la maçon-
nerie intérieure de la galerie.
Sur terre, les travaux sont moin.s avan-
cés. Le marché, la rue de Lutèce restent
toujours barrés ou encombrés de poutres
massives qui servirent -aux échafaudages,
dé fers de toutes formes attendant leur mi-
se en place, leur assemblage que sauront'
rendre harmonieux la science de l'ingé-
nieur et l'habileté de l'ouvrier.
Immobile sur son socle de pierre, la
bronze de Théophraste Renaudot, père du
journalisme, semble s'émerveiller de ce:
spectacle de labeur titanique, de fièvre
surhumaine, où tout le génie de notre
époque semble se contraindre à se créer
un monument impérissable.
Une 3atte
La même activité prodigieuse se déplois
dans les, chantiers où se dessine, assez,
^précise déjà, la future gare Saint-Michel.
J^^nvmes réservoirs destinés à enfermer
le gaz P^«vg qui servira de moteur appa-
raissent a leïrk^ de ..j place.
Montés rapideme, t utiliséa
au début de la semaine ,rochaine_ Et là>
un travail des plus curieux- s'0Dérer
pour la descente définitive du ca-t^^
de la galerie qui traversera, le boulevtt^
Saint-André-des-Arts. Pour éviter; toute
fissuré,pour assurer la cohésion constan*
-te' de ces milliers de feuilles rigides, Fau-
dace des ingénieurs a voulu user d'un pro-
cédé encore inédit en France la congéla-
tion artificielle du sol qui fera de ces ter-
rains friables un bloc d'une intangible, ré-
sistance.
Tout autour de cette place Saint-Michel..
la circulation resserrée, canalisée, présen-
té un aspect des plus curieux. Il faut une
sagacité d'Indien Commanche, une sou-
plesse d'acrobate et une vue de lynx pour
se faufiler à travers le croisement inces-
sant des tramways, des fiacres, des. auto-
bus qui sillonnent les passages étroits de
meurés libres, en venant effriter à cha»
que tour de roue les minuscules trottoir
de bois qu'une réglementation ironique .•
Le vieux pont Notre-Dame
mis en bordure de dentelle fragile au bas
des palissades infranchissables.
Mais ce n'est pas assez encore de bou-=
leverser les ponts et les carrefours de la
Cité pour. infuser à ces quartiers paisibles
la vie nouvelle d'une circulation intense.
il' faut encore que l'aspect extérieur de la
vieille ville subisse, lui aussi, les modifi-
cations qu'exige la vie moderne. Et c'est
pourquoi, alors que, les yeux fatigues d'a-
voir contemplé tant de tranchées, de pas-
serelles et de tunnels, vous franchissez 1«
pont Saint-Michel pour regagner la rive
droite, vous vous heurtez à un mur de
planches, tapissé d'affiches polychromes.
Tout au coin du quai des Orfèvres et du
boulevard du Palais, de vieilles demtombent en poussière sous le fer icono-
claste des entrepreneurs pom Lu-^ci -m-
gir par-dessus les toits sévîtes du Pil ns,
le thyrse d'élégante dentelle que la 1 f <»cha
de la Sainte-Chapelle dresse au-dessus du
temple de Thémis, de Thémis si cruelle
aux travailleurs et aux déshérites du
sort.
JOURNAL SOCIALISTE QUOTIDIEN
QUATRIEME ANNEE. Ntf 1228.
MERCREDI 28 AOUT 1907.
REDACTION, ADMINISTRATION & ANNONCES
110, Rue Richelieu, Paris
Tout ce qui concerne l'Administration du journal doit être adresse
à l'Administrateur.
TÉLÉPHONE 102-69
̃Bjjf o.
MR.glmausib'.
~k~
5
lié Numër*
ABONNEMENTS Paris & Dép. Et~_anger
Un Mois. 1 fr. 50 a »
Trois 4 fr. 50 9 fr. a
SixMois. 9fr. » 16 Cr. 60
Un An. 18fr. 3tfr. Il
1 Les Abomements sont reçus SANS FRAIS dans tous les bureaux de Poste.
Directeur Politique
TT TT TT T <2:
JEAlNr JAURÈS
X»e Noméro
~r.j/: AU MAROC
LES:, EIBIBcIISllD_IIBl~1
Le plan du général Drude
Une attaque est imminente
'J' €«̃<$> ̃
f Le maghzen paraît désemparé. Les nou-
velles de plus en plus précises qu'il reçoit
sur Moulaï-Hàâd lui inspirent la plus
grande inquiétude. Il sent 'bien qu'il ne
pourra opposer aux troupes des deux au-
tres sultans qu'une très faible résistance;
Il est convaincu aussi que beaucoup de tri-
bus restées nominalement fidèles se join-
dront au nouveau mouvement.
j Il est, de "plus, aux prises avec d'inquié-
"tantes difficultés 'pécuniaires. Il lui a fallu
faire une démarche humiliante. Il a été
'obligé d'avouer qu'il n'avait aucune, con-
fiance dans les soldats de la garnison de
Tanger que ces soldats ne touchent pas
-régulièrement- leur solde, que, par suite
"île la détresse financière du maghzen, il
;leur est dû un arriéré de huit jours, et que,
'dans ces conditions, il y avait lieu de
.craindre une mutinerie susceptible de se
traduire par des. actes de pillage. l;;
C'est le ministre de la Guerre lui-même,
El Gùebbas,. qui a fait ces cruels aveux à
divers diplomates étrangers. Ceux-ci lui
ont conseillé de; s'adresser à la Banque
'd'Etat et de lui demander l'avance néces-,
saire pour payer la solde, arriérée. Mais la,
.Banque a refusé, ses statuts lui interdi-
sant de faire aucun prêt au maghzen sans
l'intervention du ministre des Finances.
Monanùïied el Torrès, El Mokhri et Zaï-
ber offrirent de, -répondre de la somme. Elle
fut encore refusée il-:a fallu que le comte.
de Saint-Aulaire, chargé d'affaires de
France, intervînt pour obtenir qu'un éta-
blissement financier français, la Compa-
gnie algérienne, se "décidât à mettre, avec
cette garantie, à la disposition d'El Gueb-
J.bas, une somme, dé cent mille francs.
D'ailleurs, la situation se brouille com-
me à plaisir et les dépêches n'aident pas
à l'éclaircir. L'une d'elle, datée de Tanger,
"dit que le khalifa de Ma-el-Aïnin, accom-
,,pagné de cinq cavaliers du magîizeu et
du fils du caïd El Mechouar, s'est embar-
qué ici le 23, pour se porter à Saffi ou à
:Môgador au-devant de Ma-el-Aïnin, afin,
̃ qu'il u-se^de son influence pour rétablir la
L tranquillité dans le Sud,
On n'aurait jamais cru Ma-el-Aïhin
spécialement qualifié pour une mission de
.ce genre. V -i. ̃̃̃
̃ ̃̃̃̃̃̃̃ ̃'̃̃̃̃̃ À Casablanca
/J Voici comment les choses se passent à
'̃Casablanca
l": Chaque après-midi, quand l'ennemi se
tiént tranquille, deux. compagtiies d'infan-
tient tranquille, deux compagnies d'inf an-
f.ter'iè,- avec des pièces de montagne,, font
iine reconnaissance jusqu'à plusieurs kiloi-
'i mètres du camp mais, jusqu'à présent,
Mes Marocains ont soigneusement évité tpu1-.
"yte rencontre avec ces détachements.
''̃ Des patrouilles de spahis parcourent les
̃ environs les goumiers combattent avec
enthousiasme leurs ennemis héréditaires,
les Marocains, et rendent de grands servi--
-̃ces, notamment en renseignant sur lès
mouvements de l'ennemi.
D'autre part, on dit, dans les cercles
1 commerciaux' et consulaires, que les gens
de la Médouina, comprenant plusieurs trj-
'bus des environs de" Casablanca, ont d'é-
'cîdé de. ne pas attaquer de nouveau les
troupes françaises mais que les tribus
plus éloignées et dont les cultures n'ont
pas souffert de la guerre, sont toujours
.aussi, hostiles.
Le général Drude, lui, s'apprête à une
grande opération. Il veut attaquer le camp
marocain, situé à Daed-Sidi-Ali, près de
T.addert, où se trouve le sanctuaire vé-
néré de Oulad-Hadou..
Son plan serait le suivant Le général
-.Drude tenterait de surprendre le camp
avant l'aube, de sorte qu'en, s'éveillant,
l'ennemi se trouverait cerné par 8.000 hom-
mes avec huit pièces de campagne et quel-
ques mitrailleuses.
Le général Drude enverra les goumiers
en avant, puis les spahis, les hommes des
autres troupes occuperont des positions
/stratégiques et couperont la retraite à l'en-
nemi. Tout est prévu, mais le plus grand
r'r /secret est observé.
L'attaque devait se produire plutôt, .mai0
"île général a été, obligé d'accorder, du repqS
'ttux renforts amenés,par le Vink-Long il
/st^préféré attendre l'arrivée de la Nive,
,'ïui transporte des troupes et de l'artille-
'rie-, .̃ ̃̃̃-̃̃ ̃ "̃
On remarque une grande activité dans
̃̃ le camp espagnol.
L'exode de Fez
D'après des 'nouvelles de" Fez, -en date
«lu 23-, le' départ dès Français, des Anglais
-et des Espagnols était toujours fixé au 24.
:i Il est vraisemblable qu-'il a eu effèçtiye-
j ment lieu; à cette date, car le courrier
j chargé d'en apporter la nouvelle-né devait
quitter Fez qu'après la mise en marche de
nos compatriotes.
Toutes les mesures utiles ont été prises
"'•'̃ pour assurer la sécurité de la colonne eu-
ropéenne..
.j La colonie allemande quittera Fez au-
j joùrd'hui pour se rendre à Larache. Les
J membres de cette colonie sont apparem-
5 ment les derniers Européens qui restent à
Fez. Toutefois, on a de bonnes raisons de
croire que la mission militaire française
est encore dans cette ville.
̃a Le Du-Chayla se rendra à Larache le
̃j;30; pour y prendre les. Européens de Fez,
1 qui désireront gagner Tanger.
•' -Fâit^grave les Berbers entourent le vil-
lage de Sebou, à trois lieues de la c.api-
1 taie. Ils demandent qu'on leur fournisse
de l'argent, des munitions et des vivres,
sinon le village sera mis à sac..
Les Anglais à Tanger
Nous avons déjà signalé la pétition
adressée par la colonie anglaise de Tan-
ger au ministre, pour être transmise au
Foreign Office. Voici quelques nouveaux
•détails
La pétition fait remarquer que les mesu-
res prises par les gouvernements français
et espagnol pour la protection des Euro-
péens, sont absolument insuffisantes, at-
tendu qu'il n'y a en rade qu'un croiseur
espagnol et un croiseur français, avec seu-
lement cinq cents hommes,, environ de
troupes dé débarquement.
Les pétitionnaires ajoutent que la popu-
lation de Tanger est considérable, qu'elle
s'étend sur une grande étendue, et que,
par conséquent, il faut plus de navires et
qu'il faut spécialement des navires anglais
pour donner confiance à la colonie.
A Môcjador
A Moga'dôr, la situation est toujours
tendue cependant, grâce, à: l'énergie de
M. Kouri, consul de France, la solde arrié-
rée de trois mois a été payée aux soldats
qui font actuellement le 'service d'ordre.
On dit aussi que. Ma-el-Aïnin, qui envoya
des messagers dans toutes les tribus du
Sud pour exiger 100 cavaliers armés de
chacune d'elles, a échoué complètement.
Une dépêche officielle
L'amiral Philibert télégraphie au mi-
nistre de la, Marine .à' la date du 27 août •̃
« Le débarquement de la Nive: sera ter-
miné le 26 àù soir elle arivera à Oran
le 28, avec- onze blessés ou malades.
« Situation politique calme dans tous
les ports. ̃̃'
« Autour de Casablanca, on signale des
mouvements de cavalerie marocaine. Les
reconnaissances faites n'ont pas rencon-
tré de résistance. »
-Oj~
Le citoyen Jaurèis, à la^HipTl^-Ja^^si^
maîne prochaine, fera à Paris une çô*p
férehse publique sur !es résultats du Con-
grès de Stuttgart et la question de l'anti-
miiitai'isme.
Nous ïîîditsuerons ullénewerment .̃ la
date de cette réunion et t'endroit où elle
se tiendra.
ÉCHOS
"̃ '"̃ '̃̃' Satisfecit
M. Barthou estime sans doute qu'on n'est
jamais bien servi que par soi-même et que,
quand on dit du bien de soi, on n'en saurait
trop dire.
A preuve ce communique officieux de
l'agence Havas
J'ai vu les blessés, écrit M.. Barthou, et
j''estime leur avoir procuré de 'la joie. J'ai
fait promettre à une jeune fille, qui se ren-
d'ait pour la première fois à, Paris, de venir
me rendre ma visite lors de son prochain
voyage, et comme je l'assurais que je lui don-
nerais un souvenir, elle en a paru très heu-
reuse.
M. Barthou ne se donne pas.de coups de
pied.
•ww
Pékin~Mc!ame
On sait que la grrrande épreuve' nationale
Pékin-Réclame celle qui ne devait pas
amener le triomphe d'une marque étrangère.
comportait cinq partants M. Borghèse
sur une Itala, M. Godard sur une Spyker,
MM. Cormier et Collignon sur Bouton-De
Dion, et Pons, assez lâchement abandonné
en plein désert.
Voici comment l'Echo des Sports raconte
la scène du départ
La musique des marsouins se mit entête
des autos, puis venait le ministre de France,
M. Bapst, suivi de tous ses collègues.
̃ On ̃ s'apprêtait à ovationner la Spyker qui
contenait Godard et Jean du Taillis, quand,
au milieu de la stupéfaction générale, ce
dernier descendit et 'donna sa place à une
horizontale de marque très :-̃ connue' de la
colonie' européenne de Pékin, qui s'assit
prestement; à côté de notre ami l'aéronaute,
tandis que Jean du Taillis se mettait en la-
pin sur le mâxûhepied. Un silence glacial
accueillit le,. départ du n°
Du vrai sport, n'est-ce pas'?
"̃̃• '̃̃ ̃̃̃̃" ,̃ 'Bàisêux' itnavcMnt.
Le RnyBlas remarque que,' lors de l'expé-
dition de Madagascar, on a eu recours à des
navires particuliers pour transporter 30.000
hommes, et que cela fit crier on s'étonna
de ce que notre marine 'fût incapable
de transporter nos soldats avec ses propres
moyens.
Le même fait se représente aujourd'hui
et personne ne proteste. Pour transporter
1,800 soldats au Maroc, à quelques heures
de chez nous, il a fallu s'adresser à des
entreprises particulières.
'Il est vrai que nos navires, lorsqu'on les
sort du .port, s'échouent sur des récifs ou
coulent à pic, et qu'ïlest préférable de-con-
fier le sort; de nos pioupibus à des navires
marcharids",qu'à .d.és :nay}res. iié/marchant
'pas. ̃ '̃" ̃ ̃" ̃; '̃̃' ̃̃'̃ •; •'
%/iist® R&ëgmête
Pour des paroles prononcées, en mai
dernier, à Lunéville, pendant une grève
des ouvriers du bâtiment, et qui, en des
heures de réaction moins âpre, auraient
passé inaperçues, le camarade Andt a été
condamné à six mois de prison. Il purge
sa peine à la prison clîNah-«".i '-̃̃
Les autorités judiciaires et' autres* plus
brutales et plus iniques-en cette région de
frontière, soucieuses d'agir à l'unisson du
gouvernement allemand, ont soumis le pri-
sonnier au régime des condamnés de droit
commun elles l'ont jeté dans le tas1 des
voleurs et des escarpes. Peu leur importe
de savoir qu'à Paris et en d'autres villes
du pays, les militants ouvriers condam-
nés pour le même délit, bénéficient du ré-
gime spécial dont jouissent les auteurs
du délit d'opinion, ressuscité par la troi-
sième République. Elles sont, jusqu'à pré-
sent, restées sourdes aux réclamations les
plus pressantes et les. plus justes. Plaira-
t-il au président du Conseil, dont le dilet-
tantisme gouvernemental est parfois ca-
pable de, bons mouvements, de les ramener
dans la voie de la logique-, de l'équité, de
la pitié ? Nous l'espérons: ̃̃:
Une autre victime du régime actuel, la
citoyenne Gabfiejle Petit; attend, depuis
un mois, à la prison de Nancy, sa compa-
rution devant la justice pour un délit du
même genre, relevé dans cette villa, au
meeting du 13 juillet. Si les juges ont le
triste courage de frapper une femme dont
la pensée primesautière se traduisit par
des paroles vives qu'en des temps meil-
leurs, les sbires de la police locale n'au-
raient pas songé à enregistrer, aura-t-dn
la cruauté de la confondre, elle aussi, par-
mi les condamnés de droit commun ?
Puisse M. Clemenceau tenir compte de
ces doléances que nous a transmises, pen-
dant son passage Paris, notre camarade
Blanchard, secrétaire du syndicat des mé-
tallurgistes de Nancy. Il n'a qu'un mot à
dire..
Lédira-t-il ?
~F'i~MM~M!~
~11TP'~ In"AnlT11~S:,
de Stnltprî
Une opinion anglaise. Ce que dit
Ramsay Mac Donald.
Les trois délégués du groupe parlemen-
taire du Labour Party, les citoyens Ram-
say Mac Donald, whip ou secrétaire gé-
néral, Shackleton, de l'Union des textiles,
et Walter Hudson, des employés, sont ren-
4s4s– avant-hi-ep– soi?– en- Angleterre, arri-
vant de Stuttgart, et ils assistaient dans
l'après-midi à la séance de la Chambre
des Communes. Le citoyen Ramsay Mac
Donald fut ainsi amené, dans les couloirs
Ramsay Mac Donald
du Parlement anglais, à donner son im-
pression sur le Congrès socialiste inter-
national
« Le Congrès de Stuttgart, a déclaré le
'whip du parti du travail-, a été un grand
succès. Le seul tumulte qui s'y soit pro-
duit, et dont la presse capitaliste anglaise
a tant parlé, était bien moindre que celui
qui éclate couramment à Westmins-
ter lorsque la voix d'un orateur qui dé-
plaît est couverte par les clameurs « Aux
voix »
« Un des résultats les plus importants
du Congrès a été, je crois, la réorganisa-
tion du, bureau socialiste international
par l'adjonction des. cscrétairês des grou:
pes parlementaires socialistes et ouvriers
d'Europe et le développement de la con-
férence interparlementaire socialiste. Cel-
le-ci se réunira au moins une fois par an.
On examinera les questions de politique
générale, on fera un échange de vues des
plus féconds et on discutera les projets de
loi concernant spécialement la législation
ouvrière, que les différents partis auront
tracés et proposés aux divers Parlements.
J'en attends dés résultats féconds. »..
Parmi.les conférences corporatives inter-
nationales tenues à Stuttgartret quieVrious
avons indiquées hier, nous avions1 a nis
celle des Employés, dans laquelle le ci-
toyen Rozie-r, député, secrétaire de la Fé-
dération nationale des employés, repré-
sentait la France.
`~3~~
AVIS A NOS ABONNÉS-
Nous prions ceux dont l'abonnement
expire le 31 août de nous adresser le mon-
tant du renouveUemenî afin d'éviter un
retard dans la réception du journal. Join-
dre toujours une des dernières bandes.
Adresser les lettres à l'administrateur dé-
légué Eiour tout ce qui: coneerrié J'Adminis-
tration, et au; secrétaire de rédaction pour
ce:Q'û| c,oncer:ne Ia-Rédactie»s.ï ••
Un F mit divers
Nos confrères ont consacré hier huit lignes
chacun à ce petit drame> plus poignant qu'un
autre en raison même de sa brièveté Te-
nant dans ses bras sa fillette âgée de deux
ans, une femme se précipite sous le tramway
Louvre-Vincennes. Le wattman l'aperçoit
heureusement à temps et bloque ses freins;
la malheureuse est sauvée..Une instruction
est ouverte et il est question, dit-on, de la
poursuivre pour tentative de meurtre sur son
enfant.
N'y.a-t-il pas, dans ce simple fait-divers,
dans cette chose qui aurait pu être et qui
n'a pas été, comme un symbole, comme un
raccourci de notre misère sociale..
Cette femme, qui est-elle ?. On ne se le
demande même pas. Quelque fille séduite,
abandonnée avec son enfant qui a faim,
quelque malheureuse veuve d'ouvrier victime
d'un accident du travail, quelque pitoyable
femme d'un alcoolique ou d'un débauché,
lasse d'une trop longue existence de tor-
turé. Qu'impôrte? 'Oh passe, parce qu'il
n'est pas possible de donner une pensée à
toutes celles qui meurent ni surtout !à
celles qui ne meurent pas.
On ne se demande pas si, plus que le
tramway au-devant duquel la malheureuse
se précipitait, ce n'est' pas notre état social
qui est le grand écraseur. On ne se demande
pas quelle est, plus qu'une passagère folie
ou une vision trop nette de la réalité, la
cause qui a jeté cette femme sur ce rail
et on ne cherche pas à connaître celle qui l'y
jettera demain.
On parle de la poursuivre, car la loi est
la loi. Tentative de meurtre sur son enfant,
dit-on. Puisqu'elle, entraînait sa fille, la
malheureuse devait périr c'était son pre-
mier devoir et la seule manière d'échapper
au châtiment. On va donc probablement
l'emprisonner pour n'être point morte la
Société s'occupe d'elle. V. S.
Grève des Chemins de fer
de la Corrèze
L'arrêt ^s*tT^ns"esrT!iriïii(»i«t^i_ Les gré-
n'ont pas fait de sabotage–
Depuis plusieurs jours, le syndicat des
chemins de fer de la Corrèze, adhérent à
la Fédération nationale des chemins de
fer réclamait avec insistance qu'il soit
fait droit aux revendications du person-
nel^ depuis, longtemps réclamées. Malgré
une lettre adressée au préfet, la Compa-
gnie n'a fait qu'une réponse dérisoire.
Aussi, ce matin, la grève a-t-elle été dé-
clarée. ̃ ,•̃̃̃
Les camarades grévisïg5~1=;i»»^±-~].&^
^^mmissionnement^lTîîaemnité en cas de
maladie, ûnë'^xrg-nicntation générale avec
une échelle de salaires et d'avancement
à l'ancienneté; le repos hebdomadaire sans
diminution de traitement, la rétribution
des garde-barrièïès,: des améliorations
pour diverses catégories du personnel, etc.,
L'arrêt du travail est complet sur le ré-
seau corrézien. Un journal local a accusé
les grévistes d'actes de sabotage. La Com-
pagnie aussi, puisque les gendarmes ont
immédiatement perquisitionné chez les
machinistes et chauffeurs, et, bien en-
tendu, en pure perte. Ce moyen d'intimi-
dation' n'aura aucun résultat.
Le syndicat nous adresse à ce sujet la
protestation suivante
Le public se rappelle encore que pendant la
dernière grève, des machines furent détério-
rées, des lignes télégraphiques coupées, et
que la Compagnie s'opposa toujours à l'en-
quête demandée par le syndicat. Aujourd'hui,
les mêmes faits se renouvellent nous protes-
tons avec énergie contre cette manière de
faire, Nous répudions avec indignation les ac-
tes de sabotage, s'il est vrai qu'il en ait été
commis et le syndicat déclare qu'il poursui-
vraimpitoyablement, en justice quiconque es-
sayera de faire peser sur les grévistes de pa-
reilles accusations.
Forts de notre droit, nous sommes assurés
d'avoir de notre côté l'élite des honnêtes gens
et laissons. aux patrons et Compagnies l'ac-
complissement de pareils procédés.
Le Comité de la grève.
Mort de Le Gouic
Une brève dépêche de l'agence Havas
nous annonce la mort du citoyen Le Gouic,
secrétaire de la Bourse du Travail de Lo-
rient.
Le Gouic,. ouvrier typographe, s'éteint
en pleine jeunesse, après avoir lutté de
longues années, malgré l'état précaire de
sa santé en ces derniers temps, dans cette
Bretagne où la lutte est si dure, pour
éveiller à l'esprit de classe cette popula-
tion asservie par un capitalisme féroce
aidé par la puissance des hommes noirs
répandant.leurs dogmes mensongers.
Le syndicalisme en Bretagne perd en
lui un propagandiste sérieux et dévoué, et
l'on peut dire que, sans compter, il a sa-
crifié sa santé et sa vie pour la défense
de ses camarades de travail. E. D.
♦ » » i –̃
Grave Incendie au Japon
Une ville presque entièrement détruite
Un télégramme de Tokio, en date du
26 courant, annonce qu'un immense in-
cendie a réduit en cendres, hier matin,
près des trois quarts de la ville de Hako-
daté.
Tous les consulats ont été' détruits, sauf
celui des Etats-Unis.
UN ATTENTAT EN RUSSIE
Contre un gouverneur de prison
Pétersbourg, 27 août. Une bombe a
été lancée en pleine rue, à Kherson, sur
le gouverneur de la prison provinciale.
Ses blessures ne sont pas graves. L'au-
teur de l'attentat a été arrêté.
Un de ses complices a blessé mortelle-
ment d'un coup de revolver un gendarme,
mais a ensuite été tué raide par. un autre.
gendarme. (Havas.) ̃ ̃̃' ̃̃ --•
A TRAVERS PARIS
L'ILE BOULEVERSÉE
<̃ g#g- >-
Des ponts et des tranchées
Des passerelles et des tunnels
Les travaux du Métropolitain sur la Seine
Ne la cherchez point sur une carte mon-
diale en quelque région lointaine, peu fré-
quentée des navigateurs. Cette île, boule-
versée de fond en_ comble et dans laquelle-
vous pouvez tenter d'émouvantes explora-
tions, est tout simplement au cœur même
de Paris c'est le berceau de l'antique Lu-
tèce, le losange de terre inégal où campè-
rent les pêcheurs et les nautes. avant la
conquête romaine.
Essayez, au cours d'une promenade fer-
tile en péripéties, d'y aborder. Les ponts
qui l'agrafent aux berges de la Seine, les
rues qui- la sillonnent, loo plaoes.par.QÙ
elle garde une échappée vers le, ciel sem-
blent avoir subi comme une récente et for-
midable commotion souterraine.
Les travaux du Métro ont fait se dres-
ser d'immenses carcasses de fer pareilles
aux squelettes subitement déterrés de,
monstres antédiluviens. Ils ont jeté, au-
dessus des passants, l'enjambement .auda-
cieux de passerelles vibrantes où- glissent
des charriots pesants et creusé sous les
pieds.du promeneur des tranchées à pic,
au fond desquelles surgissent les vestiges
de palais et de casernes romaines.
^^aasamnient, comme aux temps mythi-
ques des ""cyçwK^j (W forges rougeoient
où se fondent, où se Tora^t^axrf-B^jjg et
en courbes dociles, lés travées et: les~-w,
nons de fer. qui soutiennent de vastes plan-
chers métalliques ou de "gigantesques cais-
sons à demi disparus déjà dans l'étreinte
du sous-sol qui va les ensevelir jalousé-
ment. Sur la Seine, comme sous le lit du
fleuve audacieusement éventré, des équi-
pes de travailleurs hardis rivent les bou-
lons, creusent les tunnels, étayent les vas-
tes brèches faites aux flancs des quais ou
dans les couches crayeuses qui recèlent
les fondements de la cité primitive.
Ho. pont fioti«e-Dafine
Nous voici à l'entrée d'une des voies qui
mènent au cœur même de l'île. A l'orée du
pont Notre-Dame, la chaussée est mise à
nu. Au long du trottoir, des rails tordus,
usés, portant la trace des coups de pic et
des éraflures qui marquèrent le passage
des tramways sont étalés, comme jetés au
ruisseau. Près d'eux, d'autres rails, bril-
lants, d'un poli que rien n'a terni encore,
attendent leur place sur lés voies refaites
à neuf.
Sur le pont.'une barricade en planches.
Tout un .parapet a disparu sous la pioche
des ouvriers démolisseurs, tandis.que les
travaux de canalisation ont mis à nu les
réseaux enchevêtrés des conduites souter-
raines.
Le pont est condamné. Hostiles aux ma-
riniers, ses arches trop étroites, qui bri-
saient l'élan du fleuve d'un éperon perfide
aux péniches et aux chalands, vont dispa-
raître. Elles étaient cinq dont deux surtout
constituaient de terribles- nauï rageuses
elles ne seront plus, désormais, que trois,
devenues plus larges, plus-hautes et sous
lesquelles pourront, sans crainte ;d'un choc
mortel, passer les remorqueurs: stridents,
•courbant leurs panaches noirs de fumée
épaisse. Et les arches mauvaises, qui da-
taient en partie de 1853 .comme l'indi-
quent aux angles du parapet des plaques
de marbre vert usées 3t rougies déjà par
les morsures des vents et le flagellement
des pluies semblent se rétrécir, se ser-
rer au-dessus du miroir incertain des
eaux, ayant confusément conscience de
leur disparition prochaine.
lies dect2£ places
Le pont franchi, risquez-vous aux abords
de l'une des deux places transformés, de-
puis trois ans, en chantiers gigantesques.
Des palissades vous arrêtent, des couloirs
étroits longent le quai aux Fleurs, se dé-
robent en tournants' inattendus. Dès les
premiers pas, une masse sombre se dresse
à votre gauche un caisson de fer. enserre
tout un large espace dans lequel vont et
viennent des équipes nombreuses d'ou-
vriers poussant des vagonnets chargés de
terre. A travers les planches disjointes,
des curieux essayent, chaque jour,. de dis-
tinguer le détail des ferrures, la disposition
des voies ou l'ensemble de ces formidables
voûtes métalliques, qui vont constituer la
station du Marché aux Oiseaux,
Le couloir se retrécit. Au-dessus de nos
têtes, le bras rigide d'une grue à vapeur
̃s'étend, soutenant de ses doigts de fer d'é-
normes blocs de pierre, des plaques d'a-
cier qu'elle va saisir dans le flanc des pé-
niches amarrées à l'entrée du tunnel ou-
vert sur le fleuve. Penchez-vous, à quel-
quës'pâs, au-dessus du parapet. Une large
échancrure laisse apercevoir le réseau des
barres et des traverses ;qui forment la
voûte de la galerie souterraine. Et en
face;: au milieu de la Seine, une estacade
entrelace ses poutres solides autour des
cloches à air comprimé par où l'oxygéna'
réparateur descend. jusqu'aux poitrines
haletantes des' ouvriers descendus à vingt
mètres deprofondeur, sous les ondes qu'ils
ont traversées impunément.
La traversée du fleuve s'achève.: il na
reste plus que quelques mètres à creuser
et l'on pourra commencer rétablissement
de la voie en même temps que la maçon-
nerie intérieure de la galerie.
Sur terre, les travaux sont moin.s avan-
cés. Le marché, la rue de Lutèce restent
toujours barrés ou encombrés de poutres
massives qui servirent -aux échafaudages,
dé fers de toutes formes attendant leur mi-
se en place, leur assemblage que sauront'
rendre harmonieux la science de l'ingé-
nieur et l'habileté de l'ouvrier.
Immobile sur son socle de pierre, la
bronze de Théophraste Renaudot, père du
journalisme, semble s'émerveiller de ce:
spectacle de labeur titanique, de fièvre
surhumaine, où tout le génie de notre
époque semble se contraindre à se créer
un monument impérissable.
Une 3atte
La même activité prodigieuse se déplois
dans les, chantiers où se dessine, assez,
^précise déjà, la future gare Saint-Michel.
J^^nvmes réservoirs destinés à enfermer
le gaz P^«vg qui servira de moteur appa-
raissent a leïrk^ de ..j place.
Montés rapideme, t utiliséa
au début de la semaine ,rochaine_ Et là>
un travail des plus curieux- s'0Dérer
pour la descente définitive du ca-t^^
de la galerie qui traversera, le boulevtt^
Saint-André-des-Arts. Pour éviter; toute
fissuré,pour assurer la cohésion constan*
-te' de ces milliers de feuilles rigides, Fau-
dace des ingénieurs a voulu user d'un pro-
cédé encore inédit en France la congéla-
tion artificielle du sol qui fera de ces ter-
rains friables un bloc d'une intangible, ré-
sistance.
Tout autour de cette place Saint-Michel..
la circulation resserrée, canalisée, présen-
té un aspect des plus curieux. Il faut une
sagacité d'Indien Commanche, une sou-
plesse d'acrobate et une vue de lynx pour
se faufiler à travers le croisement inces-
sant des tramways, des fiacres, des. auto-
bus qui sillonnent les passages étroits de
meurés libres, en venant effriter à cha»
que tour de roue les minuscules trottoir
de bois qu'une réglementation ironique .•
Le vieux pont Notre-Dame
mis en bordure de dentelle fragile au bas
des palissades infranchissables.
Mais ce n'est pas assez encore de bou-=
leverser les ponts et les carrefours de la
Cité pour. infuser à ces quartiers paisibles
la vie nouvelle d'une circulation intense.
il' faut encore que l'aspect extérieur de la
vieille ville subisse, lui aussi, les modifi-
cations qu'exige la vie moderne. Et c'est
pourquoi, alors que, les yeux fatigues d'a-
voir contemplé tant de tranchées, de pas-
serelles et de tunnels, vous franchissez 1«
pont Saint-Michel pour regagner la rive
droite, vous vous heurtez à un mur de
planches, tapissé d'affiches polychromes.
Tout au coin du quai des Orfèvres et du
boulevard du Palais, de vieilles demtombent en poussière sous le fer icono-
claste des entrepreneurs pom Lu-^ci -m-
gir par-dessus les toits sévîtes du Pil ns,
le thyrse d'élégante dentelle que la 1 f <»cha
de la Sainte-Chapelle dresse au-dessus du
temple de Thémis, de Thémis si cruelle
aux travailleurs et aux déshérites du
sort.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 69.21%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 69.21%.
- Auteurs similaires Rameau Jean Philippe Rameau Jean Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Rameau Jean Philippe" or dc.contributor adj "Rameau Jean Philippe")Marmontel Jean François Marmontel Jean François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Marmontel Jean François" or dc.contributor adj "Marmontel Jean François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k251406c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k251406c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k251406c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k251406c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k251406c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k251406c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k251406c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest