Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-07-07
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1934 07 juillet 1934
Description : 1934/07/07 (Numéro 26608). 1934/07/07 (Numéro 26608).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
SOIXANTE-QUATORZIEME ANNEE, N" 2660*
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SAMEDI 7 JUILLET 1934
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Adrien. HÉBR,ARD (1867-1914)
Emile IîÉBR^A.12,13 (igis-1825)
j&.dtriexj« HÉBR.ARD (io2e-ie3e)
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CHÈQUS POSTAL t Parie, Numéro 6O
SOMMAIRE
PAGE 1
Le désarmement. ̃ Les Evénements d'Allemagne.
Tribune Libre « Après Brûning, le chaos », Wla-
̃ DIMIR D'OllMESSON.
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. Nouvelles, du jour. >–
Académies.
PAGE 3
Figures oubliées le comte de Marcellus et le
faussaire Simonidès, René Puaux. Journée
parlementaire Les. grands travaux contre le
chômage, à la Chambre. JF
̃ Feuilleton « Amélie », par M"" JEANNE Maxime-
David (n° 17).
PAGE 4
Le Sénat. L'Enquête parlementaire sur l'affaire
Stavisky.
PAGE 5
Les Evénements de Février. Hôtel de Ville.
Echos et Informations. Questions sociales.
Le Cinéma, EMILE Vuillermoz. Théâtres.
PAGE 6
Faits-divers. Auiomobilisme. Les Sports. <
T. S. F. Nouvelles commerciales
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA Journée Dermèhes NOUVELLES. À La Com-
mission pour les affaires Stavisky Audition de
MM. Bonnaufe et André Dubois.
Les Enquêtes du « Temps » L'« Echéance » du
8 juillet, Ray.moînD Millet.
Paris, le 6 juillet
BULLETIN DU JOUR
LA CRJ.SE MINISTÉRIELLE AU JAPON
La crise ministérielle au Japon, dont on an-
nonce la solution par la formation d'un cabinet
présidé par l'amiral Okada, n'a pas été une
surprise. Le ministère Saïto était depuis quel-
que temps déjà- en difficulté, non pas tarit
en raison de sa politique générale que du fait
de certains incidents personnels qui avaient
indirectement atteint son autorité. Le cas du
sous-secrétaire d'Etat aux finances, M. Kuroda,
compromis dans de graves irrégularités rela-
tives à des transactions boursières, faisait déjà
prévoir la retraite de ce cabinet, le ministre des
linances, M. Takahaschi, ayant manifesté le
désir d'abandonner son poste. On parlait, à ce
moment, du général (Jugaki, gouverneur de la
.Corée, comme du successeur probable de
M. Saïto, et les milieux politiques libéraux
mettaient avec insistance en avant cette candi-
dature; mais il apparaissait bien que l'armée
et la marine, dont l'influence est toute-puissante
au Japon et qui réagissent avec force contre
la pression des partis politiques, n'y étaient
guère favorables. En effet, le choix de l'empe-
reur s'est ai'rité sur. un typuiiiie nouveau jouis- i
sant d'une grande autoftté personnelle," mais
qui n'a joiié jusqu'ici aucun rôle actif dans Ja
"politique nippone. 1 'j
C'est le prince Saïonji, le dernier des « génr
ros », quien dépit de ses quatre-vingt-quinze
ans rentre en scène à chaque crise miriisteT
rielle, qui a désigné au choix de l'empereur
l'amiral Keisuke Okada. Il est à noter que le
prince Saïonji a été assisté cette fois dans ses
démarches traditionnelles auprès du souverain
par un conseil des plus anciens hommes d'Etàt
japonais, ce* qui est un fait nouveau dans les
consultations de l'empereur et ce qui crée un
précédent pour la solution des crises politiques.
L'amiral Keisuke Okada, lequel appartient au
cadre de la réserve, est un technicien éminent.
Il a commandé en chef la grande flotte, et a
dirigé pendant quelque temps le département
de la marine. Sa popularité est grande dans
tous les milieux, et on le considère comme étant
en situation de concilier les différentes ten-
dances qui se marquent dans la politique inté-
rieure et extérieure du Japon. Cette politique,
on le sait, est entièrement dominée par le sen-
timent national, et par la nécessité impérieuse
d'assurer l'expansion économique de l'empire
gbur remédier dans la mesure du possible aux
.effets de la crise dont souffre le peuple nippon.
L'es deux grands partis nationaux, le parti
« seiyukaï » et le parti « minseito », se sont
révélés inférieurs à leur tâche dans les circons-
tances graves de ces dernières années.. Ils..ont
été débordés en fait par les éléments jeunes de
l'armée et de la marine, qui, en dehors de tout
esprit de parti, veulent une réforme profonde
de l'Etat dans le sens d'un régime à la fois
autoritaire, et démocratique, tous les pouvoirs
étant concentrés dans les mains de l'empereur,
mais le peuple entier devant bénéficier des pro-
grès promis à l'ensemble de la nation à.' Faut»
de l'ère « Meiji ». Ce mouvement, qui a. singû-
Jièrenient gagné en ampleur au cours de ces
dernières années, s'affirme en réaction à la fois
contre le parlementarisme, et contre le sys-
tème capitaliste tel qu'il existe actuellement
au Japon, avec l'influence prépondérante des
grands financiers et des animateurs de cer-
taines industries principales. On a dit avec
quelque apparence de raison qu'il s'inspire à
la fois du fascisme et du socialisme, du
principe d'un pouvoir personnel absolu mis ad
service d'une organisation sociale égalitaire, et
qu'il est, par là, une conception spécifiquement
nippone.
Toujours est-il que ce sont les chefs mili-
taires animés du vieil esprit samouraï qui dis-
posent actuellement à Tokio du pouvoir réel et
qui, guidés par l'idée de la fidélité et de la sou-
mission à l'empereur, « père de toute la na-
tion », commandent l'évolution du peuple nip-
pon. Déjà dans le cabinet Saïto les « leviers
de commande » étalent aux mains d'hommes
d'Etat sans attaches avec les partis, tandis que
seuls quelques portefeuilles secondaires étaient
réservés à des représentants du parti libéral et
du parti conservateur, afin de marquer qu'il I.
n'y avait pas, à proprement parler, rupture
avec le régime constitutionnel et parlemen-
taire et que les partis organisés continuent à
apporter leur concours à une politique d'union
nationale. Le ministère que l'amiral Keisuke
Okada a -été chargé de former semble de-
voir se présenter -dans- tes mêmes conditions.
La continuité de la politique générale de l'em-
pire du Soleil-Levant serait assurée par le fait
que le général Hayashi serait maintenu à la
tête du ministère de la guerre, l'amiral Osumj
à. la tête du ministère de la marine, M. Hirota
à la., tête du ministère des affaires étrangères,
tandis que l'amiral Okada lui-même rempla-
cera l'amiral Saïto à la présidence du conseil.
L'attribution des autres portefeuilles ministé-
riels à des représentants du « Minseito ».et du
parti « Seyukaï n'aurait plus dès lors que e
.l'importance secondaire d'un dosage des in-
fluences politiques proprement dites, réduites
à s'exercer dans des conditions ne leur per-
mettant plus d'entraver sérieusement l'œuvre
du gouvernement. Si cette combinaison devait
ne pas aboutir par suite de la résistance des
partis, l'amiral Okada formerait un ministère
extraparlementaire.
Le choix de l'amiral Keisuke Okada a une
signification particulière alors .que- se pose la
grave question de l'attitude à prendre à la
conférence navale de 1935. Le Japon est résolu,
on le sait, à ne plus admettre, en ce qui le con-
cerne, les proportions établies par la confé-
rence de Washington de 1922 et maintenues
.par la conférence navale de Londres de 1930,
.c'est-à-dire la proportion de 3 à 5 aux Etats-
Unis et à la Grande-Bretagne. Il réclame
la parité absolue avec la marine américaine et
la marine britannique, et, surtout, il n'entend
pas que la conférence prévue pour l'année pro-
chaine puisse être ajournée à 1967, comme on
le préconise de différents côtés dans l'espoir
qu'à cette époque l'accord sera plus facile à
réaliser. Le gouvernement de Tokio, qui a un
programme naval très complet en préparation
le programme qu'il estime indispensable à
la sécurité de l'empire, ne veut plus attendre.
Il exige une solution immédiate, franche et
nette. Qu'y a-t-il de fondé dans le bruit suivant
lequel le Japon se réserverait de défendre à
la conférence de 1935, en vue de faciliter l'en-
tente, une formule tendant à créer certaines
sphères d'influence maritime en Extrême-
Orient, afin de s'assurer la maîtrise absolue
dans la mer de Chine ? On ne sait, mais. il ^t
certain que le Japon a une doctrine bien arrê-
tée en matière de politique navale, et Tarrrvée
au pouvoir de l'amiral Okada marquera assez
sa volonté de pratiquer cette politique avec
énergie.
DÉPÊCHES DM.1 ÉTRANGER
Cité du Vatican, 6 juillet.
L'abbé Henri Chîrat, chapelain de Sairit-Louis-
des-Krançais, docteur en théologie à la faculté de
théologie de Lyon, a subi les épreuves du doctorat
spécial de l'institut pontifical oriental avec là
mention Magna cum laude.
Rome, 6 juillet.
Sur l'initiative de l'Association garibaldienne
une couronne a été déposée à Gônes au pied du
monument à Garibaldi, à l'occasion du 127. anni-
versaire de sa naissance.
Palerme, 6 juillet.
Le général Palizzolo Gandolfo est mort asphyxié
accidentellement dans sa maison.
Barcelone 6 juillet.
M. Gaston de Morawiecki qui,- depuis quelques
années, assurait les fonctions de consul, général de
France à Barcelone, est parti pour Haïti, où il a
été nommé ministre de France.
Son départ sera vivement regretté à Barcelone,
où il avait gagné toutes les sympathies.
Vienne, 6 juillet.
De passage à Vienne à son retour de pélerinage
à 'Manazell, en Styrie, le cardinal primat de Hon-
grie, S. E. Seredi, a rendu visite au chancelier
Dollfuss.
« FORCE jORALE »
if; Plusieurs associations d'anciens combat-
dtants, n'appartenant pas à la Confédération
nationale, ont adressé au ministre des pen-
sions une lettre que nous avons reproduite
'$t- commentée -hier. rSagesse, patriotisme' "et
loyauté s'y sont exprimés clairement. Ces an-
ciens combattants-là" entendent ne point so
^ïëler à la politique, et surtout ne pas s'y
pisser mêler par des partis soucieux de recou-
vrer ou d'acquérir l'influence et le prestige qui
leur manquent. « Leur force morale, qui est
tout leur honneur, doit rester intacte au seul
service du pays » ainsi s'achève leur mes-
sage et toute la nation française, ayant entendu
leurs voix, rendra hommage à ces bons
Français.
Dans la soirée d'hier, d'autres associations
d'anciens combattants, les « amicales », qui,
celles-là, ont adhéré à la Confédération natio-
nale, se sont réunies à Paris. L'ordre du jour
voté à l'issue de cette réunion atteste que ces
associations sont en communauté de vues et
de sentiments avec celles qui, quelques heures
auparavant, adressaient au ministre des pen-
sions la lettre publiée ici. Il convient de souli-
gner quelques-unes de leurs décisions « La
Fédération des amicales régimentaires et d'an-
ciens combattants. maintenant son principe
de rester en dehors de toute action politique,
mais mise dans l'obligation, par la Confédéra-
tion nationale, de se prononcer sur l'inven-
taire de l'action gouvernementale arrêté au
29 juin 1934, décide, après examen de la situa-
tion, de maintenir purement et simplement son
ordre du jour du 12 juin 1934 qui faisait con-
fiance au gouvernement. »,
Comme nous le souhaitions et comme nous
l'espérions, les meilleurs avis donnés aux
anciens combattants viennent donc des an-
ciens combattants eux-mêmes. On avait paru
croire que les anciens combattants préten-
dàient orienter à leur gré la politique de notre
pays. Il faut convenir qu'à certaines déclara-
tions publiques de quelques-unes de leurs asso-
ciations avaient été donnés un tour et un ton qui
y prêtaient l'apparence d'une menace. On y
traçait un plan au gouvernement, et on lui
mesurait même le temps qui lui était accordé
pour le réaliser. Si tel avait été le dessein des
anciens combattants, on est bien obligé de dire
que leur intervention dans les affaires publi-
ques eût ressemblé aux manœuvres des fac-
tions d'opposition. Or, l'action des associations
d'anciens combattants, si nécessaire à la pro-
bité et à la dignité morales de la nation, ne
saurait en aucun cas fausser le fonctionne-
ment des institutions républicaines.
'Que les anciens combattants aspirent à voir
les choses s'améliorer et les hommes se per-
fectionner, c'est leur droit de citoyens, comme
c'est celui de nous tous. Qu'ils aient, par
exemple, leurs idées sur la réforme de l'Etat,
et qu'ils les fassent connaître, c'est l'intérêt de
fa nation de prêter attention à leurs dires. Mais
qu'ils somment les autorités responsables
d'adopter leurs idées, cela n'est point tolérable
sous le régime républicain. Ils disposent du
bulletin de'vote, et c'est seulement par le bulle-
tin de vote.,qu'ils peuvent «tenter de faire pré-
valoir leurs préférences.
f.Il est avéré maintenant que la grande masse
des anciens combattants n'a jamais imaginé
que la France dût être gouvernée sous leur
surveillance et leur contrainte. Il est avéré que
les anciens combattants répudient toute com-
plicité et même toute alliance avec les partis
politiques,, séditieux ou modérés. Ils consti-
tuent évidemment une élite « qui a des droits
sur nous », selon la parole civique qui fut pro-
noncée par le vieux Clemenceau pendant la
guerre. Ils ont droit, en effet, à notre sollicitude,
à notre reconnaissance et à notre admiration.
Mais la France, qu'ils ont sauvée au prix de
leurs souffrances, ils ne sauraient, sans dépié- °
riter' et sans se désavouer, rêver de la dominer. `
Ils ont servi, loyalement, héroïquement,
quand la patrie était exposée aux plus grands
périls ils servent et serviront encore, pendant
que la patrie se relève et se régénère. Devant
mu ministère d'union nationale qui, à travers s
lés' pires difficultés, s'efforce, d;ë; rétablir Pordre
dans les esprits et dans la vie temporelle,, ils
continuent:, de remplir leur rôle d'auxiliaires
généreux et désintéressés. « Leur force morale,
qui est tout leur honneur, doit rester intacte au
seul service du pays. » Un grand nombre d'en-
tre eux parlaient ainsi hier. Ils seront approu-
vés de tous leurs camarades et remerciés par
toute la France.
'• ̃» .i.
En marge
Des journaux nous ont montré une image re-
présentant M. von Papen en promenade dans les
rues de Berlin. J'éprouvai un soulagement à recon-
naître les traits de cet homme illustre que ma
profession me permit d'approcher par un bel
après-midi de l'avant-dernière année. Il était
alors chancelier des Allemagnes, mais il ne m'of-
frit la figure que d'un touriste élégant et courtois.
Revenant d'une excursion dans les -montagnes de
la Suisse romande, il me reçut au bord du Léman
et s'excusa de n'avoir point eu le temps de chan-
ger de costume. Il portait lin Veston peu ajusté et
des culottes larges, et il n'essaya de relever par
aucune morgue la simplicité commode de ce vête-
ment. J'ai conservé un agréable souvenir de notre
brève entrevue; car, en ces circonstances, on jugé
moins un haut personnage sur ce qu'il dit que sur
l'attitude qu'il prend.
Durant les heures incertaines qui suivirent le
30 juin, M. von Papen m'apparut plusieurs fois tel
que je viens de le décrire sommairement, mais
gisant et livide. J'avoue. sans aucune ironie que,
.j'en .ressentais du malaise. Ceux qui sont tombéft1
sous les ^balles hitlériennes me sont tous inconnus
physiquement; tandis que cet Allemand-là, je
l'avais vu vivre, je l'avais entendu parler comme
nous, et même tenir un tel langage que je déplo-
rais, en le quittant, que ses idées ne pussent être
les, miennes. Il est vrai que, depuis, les échos de
son, éloquence m'étant parvenus, je n'y retrouvais
point mon touriste affable. On n'a pas oublié que,
déguisé en orateur populaire, ce causeur avait pris
tout d'un coup le ton rugissant d'un reître. Dans
sa harangue furibonde, il exhortait les gens de sa
race à mourip hors de leur lit. Hélas! j'ai si sou-
vent constaté les désastreux effets de l'excitation
oratoire, qu'un espoir me restait M. von Papen,
en délirant à la tribune, n'avait-il pas trahi ses
propres goûts et sa propre pensée? Et voilà que
les, troubles nouvelles arrivées de Berlin donnaient
à craindre.que mon hôte du doux et policé rivage
vaudois ne fût mort comme il avait semblé le rôr
ver pour lui et pour, les autres.
La photographie des journaux m'a donc rassuré,
Mais, quoique le vœu soit outrecuidant de ma part,
je souhaiterais aujourd'hui reprendre l'entretien
avec ce survivant du racisme intégral. Je lui de-
manderais si la gloire s'accorde avec l'assassinat.
si toute mort violente est belle, et sil la vulgarité,
qu'il abhorre, n'enlaidit pas parfois l'exercice de
la force. J'évoquerais le temps où l'Europe était
un vaste salon pour les délicats de son espèce, et
peut-être réveillerais-je ses regrets. Je sais bien
qu'il accuserait alors notre Révolution d'avpjr
chassé du monde toute élégance; je sais aussi que
je lui repartirais que si nous avons été aventu-
reux et sanguinaires, n,pyg nous sommes bien cor-;
• rigës, et qu'il est décevant de voir, après un siè-L
clo et demi, les redresseurs de nos torts prëndr^'
nos. torts à leur compte et les revendiquer au nom;
do 'principes qui s'opposent "superbement aux hÂ-
tres. Je le conjurerais ehfln,d'aidér les hommes1
polis à rétablir entre eux la politesse, la vraie,
celle qui ne se limite pas aux manières, qui régente;
le cœur .avec- l'esprit et qui est en somme le nom
modeste de la sagesse.
Ainsi songeait un soir le mendiant de Bagdad.
Jean Lefranc.
LE PROBLEME DU DESARMEMEHÏ
LA VISITE DE M. BARTHOU A LONDRES
Notre correspondant particuJier.de Londres nqius:
téléphone vendredi matin 6 juillet
Diverses questions parlementaires vont être
posées aujourd'hui à la Chambre des communes
au sujet du voyage à Londres de MM. Barthou et
Piétri. L'opposition travailliste affecte de croire,
en effet, que cette visite des deux ministres fran-
çais se rattache au plan du gouvernement riàr-
tional britannique pour développer ses arnie-
ments. Dès hier, un député libéral a demandé à
M. Baldwin
Pouvez-vous nous donner l'assurance qu'aucune aug-
mentation de nos forces aériennes ne sera décidée, à
moins que la conférence de désarmement n'aboutisse à
un éohcî
M. Baldwin a répondu négativement.
Sir Austen Chamberlain est alors intervenu et
a demandé au premier ministre par intérim :.js
Voulez-vous envisager les obligations que l'Angle-
terre a souscrites aux termes du pacte de la Société des
nations et faire en sorte que les forces de ce pays soient
à la hauteur de ces engagements ï ? f
M. Baldwin a répondu '.l~#.
Cela, en effet, est une grande responsabilité qui in-
combe à tout moment au gouvernement de ce pays.,
D'autre part, les adversaires du gouvernement
national anglais font état du discours prononcé
hier par M. Eden, à Stoke, où le lord du sceau
privé a rappelé. que jusqu'à présent la Société
des nations n'a pas encore abouti à une conven-
tion de désarmement et ils prétendent y voir un-
aveu, dé la bouche du ministre chargé spéciale-
ment des intérêts de la Grande-Bretagne à Ce-
nève. Une telle convention n'est pas réalisable. Une;
telle interprétation est erronée mais il est certain
que M. Eden a fait allusion à la nécessité pour
l'Angleterre de se réarmer dans une certaine me-
sure.
Le News_ Chronicle, libéral, rapproche ce matin
ce.discours.de M. Eden des récentes déclarations
du premier lord de l'Amirauté proclamant qu'uno
flotte britannique puissante constitue une garan-
tie pour le maintien de la paix du monde. 'j
Le Daily Herald croit pour annoncer que
le bureau de la conférence de désarmement a
décidé d'ajourner toute réunion jusqu'à l'automne
dans la pensée qu'il sera possible à ce moment
de ramener l'Allemagne à la conférence. L'organe
du Labour Party précise .que les interpellations
travaillistes qui vont avoir lieu aujourd'hui se
rapporteront à la récente visite en France de
lord Hailsham et au prochain voyage à Londres
de M. Barthou, peut-être aussi à la visite du
général Weygand en Angleterre.
t ̃ ̃ l' 4
On discours de M. Eden i
sur !a question de la sécurité
M. Eden, lord du sceau privé, a prononcé, jeudi
soir. à Stoke-on-Trent (comté de Stafford), un ini-'
portant discours qui, consacré dans son ensemble
à la question du désarmement, avait pour objet
principal, de définir l'attitude anglaise en matière
de sécurité.'
Le ministre a rappelé tout d'abord les raisons
de l'échec de la conférence pour la réduction et la
limitation des armements. Il a. évoqué la présenta-
tion du plan britannique de mars 1933, le « départ
injustifiable » de l'Allemagne, en octobre 1933,
l'élaboration" du mémorandum britannique de jan-
vier 1934 qui avait pour but de tenir compte des
objections contenues dans ce mémorandum. 4
Et maintenant, a poursuivi le ministre, j'en viens atr
problème épineux de la sécurité. On dit parfois que d
l'Angleterre se montrait plus hardie en matière de sécu- ]
rité, aujourd'hui encore, un accord pourrait être réa-
lisé que si, en d'autres termes, nous faisions des -t
offres plus substantielles, afin d'apaiser les inquiétudes- <
des puissances lourdement armées une convention de- 1
désarmemnet pourrait être conclue. Il n'en est pas ainsi.
A mon eens, aucune, forme de. sécurité que le gouverne-
ment britannique pourrait aujourd'hui offrir ne saurait
̃ ea elle-même permette la -réalisation d'une convention
• de désarmement. Et je vais vous dire pourquoi.
Il existe deux sortes de sécurité et il est important de
les distinguer. La première est ce que j'appellerai 3a
sécurité territoriale. Dans ce domaine, la Grand eTBrela-
gne est allée déjà aussi loin qu'elle le pouvait, en faveur
de ces régiorià- de l'Europe occidentale qui la concer-
nent directement, par la signature des traités de Lo-
carno. Nous sommes fidèles au traité de Locarno. Mais
nous ne sommes pas disposés à étendre les engagements
que nous avons pris aux termes de ce pacte, à d'autres
régions de l'Europe qui ne nous intéressent pas aussi
directement. Personne, je l'espère, ne nous en fera grief.
Reste la question de la sécurité dansée cadre de la
convention, de désarmement elle-même garanties d'exé-
cution, c'est-à-dire engagements pris par tous les signa-
taires de la convention d'en assurer l'exécution.
A cet égard, nous avons, à la date du 10 avril der-
nier, demandé au gouvernement français quelles étaient
les garanties qui lui permettraient d'accepter le mémo-
randum britannique de'janvier 1934, modifié dans le
sens des propositions moi faites par M. Hitler.
En réponse, le gouvernement français a nettement
déolaré, le 17 avril, qu'il n'était point de garanties
d'exécution qui lui permissent d'admettre un degré
quelconque de réarmement allemand.
Au cours de ces dernières semaines, à Genève, up
comité des garanties .d'exécution a été cependant cons-
titué et il est maintenant au travail. Son rapport sera
étudié avec soin, mais je ne pense pas que nous,devions
fonder de trop grandç'espoirs sur la contribution qu'il
peut apporter à nos 'âifficultés présentes. Car, pendant
que le gouvernement français refusait avec persistance
d'accepter un degré quelconque de réarmement alle-
mand, le gouvernement du Reich n'était pas moins for
mal dans son opposition à toute convention qui ne com-
portait pas pour lui quelque mesure de réarmement
immédkt.
Voilà;donc le fossé, fossé large et profond et que
ne pourrait combler aucune offre, de sécurité qu'ii
-serait possible à un gouvernement britannique.de. for-
•iïiulér. S'il est impossible d'opérer un rapprochement
entre les deux parties, je ne vois même pas comment
on pourrait combler le fossé de quelque façon que ce
soit.
La vérité, je orois, c'est que, alors qu'au cours des
derniers mois, nous nous préoccupions d'acoomplir
ce que nous regardions comme la véritable tflehede la
conférence du désarmement, l'esprit des autres gran-
des puissances d'Europe, consciemment ou non, s'orien-
tait d'une autre façon.
L'Allemagne se, oonsacrait à l'étude de son propre
réarmement dans un dessein qu'elle assure être sa
défense nationale. >~
La France s'attachait au problème de la sëcurrité,
rendu plus aigu et plus péremptoire pour elle par sa
connaissance des revendications allemandes en ma-
tière, de réarmement.
L'Italie, poursuivant une politique qu'elle qualifie
d'essentiellement réaliste, en est arrivée à considérer le
désarmemente comme d'une réalisation impossible dans
l'avenir immédiat et à reoommander une limitation aux
forces actuelles solution qui, je le crains, serait en
pratique aussi difficile à trouver que celle du désarme-
ment lui-même.
La Russie s'est préoccupée de transformer tout le
caractère de la conférence du désarmement en un
instrument à d'autres fins..
Nous, presque seuls de toutes les grandes puissances
d'Europe, nous sommes attachés à poursuivre le but
initial de la conférence le désarmement.
La défense aérienne de l'Angleterre
Le discours par lequel lord Londonderry 'annon-
çait récemment à la Chambre des lords un pro-
gramme de développement de l'aviation militaire
britannique, a été évoqué jeudi après-midil à la
;Chambre. des communes par divers députés qui,
selon leurs tendances, ont traduit les espoirs ou les
}iûquiétudes que leur avaitcausés cette dé^Jâi-àtlôia." v
Puis-je, a dit M..Adam (conservateur), dernarider
1 quelles conclusions le pays doit tirer de ce discours ?
N'est-ce pas un fait, a déclaré le député conserva-
teur Simmonds, que si nos représentants à Genève se
trouvent dans un état d'infériorité, c'est parce que
chèque fois qu'ils suggéraient une réduotion des forces
militaires acs autres pays, ils s'apercevaient que les
forces britanniques se trouvaient à un point où aucune
réduction n'était possible? Et, a poursuivi le député
conservateur, n'est-il pas vrai que si le gouvernement
renforçait notre aviation militaire, il serait alors plus <
facile de réaliser une convention de désarmement?
Ces questions sont restées sans réponse,
Les conversations navales <
On mande de Londres :•••'»̃ <
Aussitôt après les premières conversations
entre ministres français et anglais, qui auront lieu
lundi prochain, M. Norman Daviis, qui représente
.les Etats-Unis aux négociations navales anglo-
américaines, fera une visite à M. Barthou pour. 1
s'informer dg l'orientation des échanges- de vues
franco-anglais..
;I1 n'y aura pas, entre délégués français et amé-
ricains, de négociations navales proprement dites,
mçis comme les Anglais ont indiqué aux:Améri-
,c,ains qu'avant de prendre position en matière
navale, il leur était nécessaire de connaître les
projets des puissances continentales, les représen- ]
tànts des Etats-Unis attendent avec intérêt l'arri-
v4e des ministres français qui doit, à leur sens, f
donner aux négociations préparatoires à la confé- t
reiiee de 1935 une nouvelle impulsion.
L'Italie et la visite de M. Barthou à Londres c
-Notre correspondant particulier de Rome nous 1
téléphone/vendredi matin 6 juillet i
7 On manifeste, dans les milieux politiques, une
grande, réserve au sujet du voyage que M. Bar- f
thou s'epprête à faire à Londres. On relève na- J
ttirellement le fait que les conversations qui se 1
dérouleront sur les bords de la Tamise ne cons-
titueront, comme il a été annoncé, ni une conîé- ï
rènee ni une négociation, mais on n'en juge pas
moins que cette affirmation préalable n'enlève I
rien à l'importance de l'événement. On pense, en 1
effet, que la situation européenne est telle que c
les hommes responsables de la politique des r
grandes puissances sentent le besoin de conférer r
entre eux et d'étudier ensemble les diverses éven- 1
tualités de l'heure.
A Rome on considère que le but du voyage de t
M. Barthou n'est autre que d'entraîner Londres
dans ce qu'on appelle ici une « politique de blocs». d
G'est pourquoi le problème ne serait autre que d
celui-ci l'Angleterre acceptera-t-elle? Sur ce fi
point on croit que le gouvernement britannique
;se limitera à. écouter l'exposé de M. Barthou, mais
i refusera toute espèce d'engagement nouveau sur r J,
ile continent.. Les journaux de ce matin jugent ti
d'ailleurs le discours prononcé hier par M. Eden a
comme des plus symptomatiques) à cet égard. °
Bref, on ne croit pas à une adhésion quelconque
de l'Angleterre à un système de sécurité conti-
nentale qui impliquerait de sa part des respon-
sabilités plus vastes que celles envisagées par le p
pacte de Looarno. P p
Cependant, on n'en juge pas moins possible une y
plus étroite collaboration diplomatique, militaire,
navale et aérienne entre Londres et Paris..
Au demeurant il semble que le gouvernement n
fasciste appréhende moins une bonne intelligence
;ehlre la France et l'Angleterre qu'un accord qui
cristalliserait la situation européenne dans les
antagonismes actuels. A ses yeux, le plus impor- il
tant problème à résoudre en Europe est celui des
(rapports eritrejla France et l'Allemagne. Si donc, d
les cônversatiéjis de Londres parvenaient à donner
à la France plus de confiance en-sa sécurité et d
îavor'isaï'ent de ce fait la solution du problème &
des relations franco-allemandes, le gouvernement ji
fasciste ne ressentirait d'autre sentiment que n
celui de la satisfaction.
.? ♦ "̃-
Le. moratoire allemand des n
Le moratoire allend des transferts
Les Etats-Unis et l'accord anglo-allemand
On mande de Washington
M. Hull, secrétaire d'Etat, a commencé à élabo- té
rer une note énergique demandant à l'Allemagne
d'accorder aux Etats-Unis un traitement égal à p
celui accordé à toute autre nation en ce qui con- Si
cejïie !e payement des intérêts des obligations (c
Young et Dawes. éi
M. Philips, sous-secrétaire d'Etat, a déclaré que a(
la .question de la dette allemande n'est nullement n'
close même si l'Allemagne ne répondait pas à la i'<
deniers note américaine sur les dettes. Il a ajouté ri
cependant qu'il ne désirait pas indiquer exacte- ù
ftft»t les mesures crue orendraient les Etats-Unis, di
TPC PVPMPMPNTC nATTPMAPMP
LES ÉVENEMMTS_D ALLEMAGNE
Attaque contre la France
.̃ ̃
Notre correspondant particulier de Berlin nous
téléphone vendredi matin 6 juillet
Faute de pouvoir renseigner ses lecteurs sur les
dessous et la portée réelle de la journée du 30 juin,
la presse allemande d'hier soir publie, comme
une sensation, un télégramme de l'agence amé-
caine l'United Press d'après lequel un diplomate
aurait déclaré à Londres que ta France était au
courant du complot Rœhm-Sohleicher. M. Bar-
thou en aurait parlé ouvertement et aurait basé
là-dessus sa politique, refusant de traiter avec
Hitler, parce qu'on croyait à Paris que ses jours
étaient comptés.
La Deutsche Allgemeine Zeitung va jusqu'à
prétendre que l'échec de' la conjuration enlève à
la visite de M. Barthou à Londres « une partie du
terrain politique sur lequel la diplomatie fran-
çaise comptait manoeuvrer ».
Par l'intermédiaire du Deutsche Nachrichten
Burœ, l'ambassade de. France a démenti ces in-
formations absurdes, inspirées par le désir de
détourner l'attention du public allemand de la
situation véritable.
Les journauxde ce matin publient ce démenti.
Ils s'abstiennent de tout commentaire. Toutefois,
la Berliner Bœrsen Zeitung fait précéder le dé-
menti du titre suivant « Le démenti qu'il fallait
attendre ».
La mort de Gustav von Kahr
et les autres victimes
La mort violente du septuagénaire Gustav von
ft.ahr, dont le cadavre, criblé de balles, a été dé-
couvert, aux environs de Dachau ne saurait être
en rapport avec les intrigues de Rœhm et des
chefs rebelles des sections d'assaut, car ce vieil-
laM avait pris sa retraite et ne pouvait être
suspecté. Il s'agirait bien plutôt d'une vengeance
rétrospective, le nazisme ayant profit de Theure
du massacre pour supprimer l'homme qui fit
avorter le putsch hitlérien de 1923.
Gustav von Kahr, fonctionnaire bavarois ayant
derrière lui une longue carrière administrative
avait été appelé à présider le ministère d'affaires
bavarois au lendemain du putsch Kapp à Ber-
lin. Il avait rétabli l'ordre et en septembre 1923
avait été nommé commissaire d'Etat pour la Ba-
vière avec pouvoirs dictatoriaux. Il avait assumé
le contrôle de la division bavaroise de la
Reichswehr et semblait désigné pour aider Hitler
et Ludendorf, alors alliés, à imposer le programme
nationaliste en Allemagne.
Le 8 novembre 1933, dans le caveau de la Bur-
gerbraü, Hitler, après avoir tiré une salve de
coups de revolver dans le plafond, présentait von
Kahr comme le futur dictateur de l'Allemagne
devant être le fourrier d'une nouvelle monarchie.
Dans un tonnerre d'applaudissements von Kahr
et Hitler se serrèrent la main en se jurant une
« loyauté éternelle ». Le lepdemain matin, comme
les hommes d'Hitler et de Ludendorf s'avançaient
vers l'odernsplatz ils furent accueillis par les bal-
les, de la Reichswehr. La révolution s'effondrait.
Hitler prenait la fuite. Ludendorf et Gœring
étaient blessés.
Devant la cour martiale von Kahr affirma
que Hitler avait manqué à sa parole de ne pas
tenter de putsch et que cette condition première
avait seule justifié sa présence dans le caveau de
la brasserie. Hitler se défendit en invoquant l'in-f
térêt national. Von Kahr quitta le pouvoir et ren4
tra dans l'administration jusqu'à sa retraite qu'il
prit en 1931. H j
Parmi les personnes fusillées samedi ou diman-î
.ch:e figurent, suivant des :infoFma|ions..de.souwe
anglaise, le câpitaino'* Ehrhardt- qui se signala
dans les troupes du Balticum et dans l'action anti-
française dans la Ruhr, le Dr Fritz Gerlich,. an-
cien rédacteur en chef du Neueste Nachrichten dé
Munich, directeur d'une petite feuille, le Geradëfi
Weg {le droit chemin) qui était particulièrement!
hostile aux méthodes nazi et au capitaine
Rœhm; le père Muhler, très populaire dans tes
milieux catholiques pour sa courageuse attitude
lors du procès; qui lui fut intenté le 24 janvier
dernier. Il avait été envoyé dans le camp de con-
centration de Dachau: le Dr Glaser, chef du parti
nazi bavarois en 1924 et ami intime de Gregor
Strasser; le Dr Willy Schmidt. critique musical
du Neueste Nachrichten de Munich, un prince
d'Isembourg, dont on ne précise ipa? l'identité.
D'après des informations recueillies dans des
milieux officieux. le nombre des exécutions som-
maires effectuées à Berlin seulement, serait de
46. Dans ce nombre ne sont évidemment pas com-
pris les gens qui ont été tués accidentellement ou
qui se sont < suicidés » au cours de l'action de
répression.
Pour le reste du Reich où l'action a été menee
avec la même rigueur que dans la capitale, il e.
impossible d'obtenir la moindre précision au su-
jet du nombre des personnes exécutées ou tuées.
On mande d'Innsbrucî que, suivant une lettre
reçue par un chef heimwehrien, le major Pabst,
ancien chef des heimwehren autrichiennes, n'a
pas été fusillé, mais arrêté et emprisonné, avec
60 membres du Herren Club.
L'incinération du Dr Claussener
Selon des bruits qui circulent à Berlin, le corps
du docteur Claussener, président de l'action catho-
lique du diocèse de Berlin, tué le 30 juin, aurait
été incinéré.
Si cette nouvelle se confirme elle produira une
grande émotion dans les milieux catholiques car
l'incinération aurait été, sans aucun doute, ordon-
née contre la volonté de la famille.
Suivant le correspondant du Times à Berlin la
plupart des victimes auraient été incinérées, par
ordre gouvernemental.
On apprend aujourd'hui oue la notice nécro-
logique du docteur ClausseneV, telle qu'elle devait
être insérée dans la Germania, fut, par ordre du
ministère de la propagande, sanctionné par le gé-
néral Gœring, amputée du membre de phrase sui-
vant après une vie d'amour et de sacrifice à
l'Eglise, à la nation et à la patrie.
Les obsèques de 19. et Mme von Schleicher
Cinq minutes avant la célébration des obsèques
du général et de Mme von Schleicher au cimetière
du Parc à Lichtenfelde, la police, qui était en
force dans les environs, annonça qu'elles n'au-
raient pas lieu, nt fermer les portes de la chapelle
où étaient déposés les cercueils et enlever les cou-
ronnes. Parmi les personnes qui durent s'en re-
tourner figuraient de nombreux officiers en civil
dont le général von Hammerstein. L'enlèvement
eut lieu le lendemain dans une intimité stricte.
Les communications téléphoniques
La police politique de Munich a interdit l'em-
ploi de toutes langues étrangères dans les com-
munications téléphoniques. Le correspondant du
Times à Munich, qui passait en anglais un mes-
sage à son bureau de Berlin, en a été immédiate-
ment empêché.
Le successeur de ESœhm
Le nouveau chef des troupes d'assaut, Victor1
Lutze, est âgé de 44 ans. Soldat durant la guerre'
il y perdit un œil. Eu 1922 il s'affilia aux nazis;
de Dortmund. Devenu chef de groupe, il s'illustra
dans .le sabotage antifrançais dans la Ruhr.
̃Eiï 1930, il devint .chef des troupes d'assaut du
district nord avec quartier général à Hanovre.
devint président de police à Hanovre en février
1933 et enfin président de district avec siège au
Conseil d'Etat. -i
Le nouveau chef des sections spéciales `,.
M. Dietrfch, chef des sections spéciales et com-
mandeur de la garde du corps du Führer, a été
promu par celui-ci au grade de chef supérieur
des sections spéciales.
M. Hess parle de la fidélité des S. A.
Notre correspondant particulier de Berlin nous
téléphone vendredi matin 6 juillet.
y Devant une réunion des chefs de groupes du
parti national-socialiste à Flenslmrg, .M. Hess a
déclaré que la mort d'une douzaine de révoltés
(officiellement il n'avait été question que de 9) a
évité à l'Aliemagne un terrible bain de sai>,ï. Or-'iu»
action contre certains chefs des sections d'assaut
n'a rien à voir avec la troupe. Toute offense à
l'égard de la troupe sera punie de la façon la plus
rigoureuse. M. Hess ajouta que les sections d'as-
saut demeuraient un instrument fidèle et efficace
dans, la main du Euhrer.
TRIBUNE/ LIBRE
« Hprès Brûning, le ehaos. »
En 1Ô31 un Allemand, expert, dans la poli-
1 tique de son pays, m'écrivait ces mots « Vous
.ne vous persuaderez jamais assez en Franco
que, après Briining, c'est le chaos. » Aucune
parole n'a été, je crois, plus prophétique. Plus
eu se penche sur l'Allemagne, plus on scrute
1 les événements qui viennent de s'y dérouler,
plus on se rend compte en dépit des appa-
ronces dictatoriales que ce pays est, en effet,
plongé dans un invraisemblable et' tragique
chaos.
Le national-socialisme avait la prétention de
redresser sur tous les points la situation de
l'Allemagne. Ses débuts ont donné illusion. La
vague d'enthousiasme qui portait le mouver
ment hitlérien était si ardente que l'on se de-
mandait, en effet, si quelque chose n'était pas
changé outre-Rhin et si le peuple allemand
n'allait pas accomplir un miracle. Aujour-
d'hui le mirage est bien dissipé. Sans parti
pris, sans exagération d'aucune sorte, l'on peut
dire que l'entreprise hitlérienne a échoué sur
tous les points. Et la journée du 30 juin lui
a porté un coup dont elle ne se relèvera vrai-
semblablement pas.
Le national-socialisme a échoué intérieure-
ment. La crise économique n'a jamais été plus
diire, la situation financière plus catastrophi-
que. On peut truquer comme l'on voudra dis-
cours et statistiques. Les faits sont là plus d'ou\
dans les caves de la Reichsbank. Une balance'
commerciale déficitaire. Le ravitaillement en
matières premières compromis. L'Allemagne à'
la veille d'une autarchie forcée qui, pour un
pays industriel et dont la vie sociale est entiè-
rement liée aux fluctuations de l'économie, re-
présente le dernier mot de la folie. Au point
de vue social, un chômage camouflé mais, pra-
tiquement, toujours aussi accablant. Le pro-
blème de la lutte des classes nullement résolu,
puisque le heurt entre capitalistes et antica-
pitalistes reste aussi vif et que l'on voit les
magnats de l'industrie et de la finance se dé-
fendre par tous les moyens y compris la
fusillade contre les appétits révolutionnaires
'des,masses. Au point de vue moral, la guerre
religieuse déchaînée, e<; il n'en est pas de plus
profonde et de plus meurtrière. D'une part les
catholiques blessés dans leur conscience, tra-
qués, assassinés, d'autre part les protestants,
coupés en deux comme l'était notre clergé sous
la Révolution; les israélites persécutés et de-
venus ennemis irréductibles. Enfin, une presse
bâillonnée et qui supporte mal son bâillon, des
classes intellectuelles qui si dépourvues de
courage qu'elles soient rongent leur frein
en silence. Partout un mécontentement telle-
ment vif que les dirigeants se sont décidés à
l'intimider par le crime.
Sur le plan extérieur, même échec sur toute
la ligne. Echec vis-à-vis de la Pologne. Sous
un régime libre, l'homme d'Etat qui eût signé
la convention germano-polonaise eût étéassas-
;smé dans les vingt-quatre heures, tant cette
convention constitue un désaveu flagrant de
la véritable politique nationale allemande.
Echec vis-jà-vis de r-ftiilrichevà qui le national»
socialisme a révélé son propre patriotisme.
Echec vis-à-yis de la France, car sur., aucun
point le troisième Reich n'a réussi à améliorer
les rapports franco-allemands, bien au con-
traire. Echec vis-à-vis des pays anglo-saxons,
car l'Angleterre a changé du tout au tout vis-à-
i.vis de l'Allemagne, et les Etats-Unis viennent
de porter sur elle des jugements qu'ils n'avaient
plus tenus depuis quinze ans. Echec vis-à-vis
de la Russie, enfin, dont le troisième Reich a
réussi à se faire une adversaire, alors que pen-
dant douze ans la carte russe fut le meilleur
atout de la politique allemande.
Pourtant le national-socialisme avait pour
lui quatre choses
1° Il avait les mains pures. La révolution
nationale s'était opérée dans la légalité et sans
qu'une goutte de sang fût versée. Quelle fierté
n'en tirait-on pas outre-Rhin
2° II avait absorbé à peu près toute la jeu-
nesse oisive dans les troupes d'assaut et dans
les camps de travail, et, de ce fait, éliminé l'un
des facteurs de désarroi et de trouble les plus
profonds de la crise allemande. Sur ce point
l'on ne pouvait d'ailleurs avoir que de l'admi-
ration pour la hardiesse de conception et d'exé-
cution du troisième Reich. »
3° II avait parachevé la grande œuvre sécu-
laire de l'unité allemande. Le corps germanique
ne faisait plus qu'un. Prusse, Bavière, tous les
Etats, tous les peuples se fondaient dans une
seule loi, une seule administration, une seule
âme.
1 :4" Enfin, il avait donné à la nation allemande
un élan pur, un enthousiasme juvénile, une foi
créatrice. Là aussi l'action hitlérienne possé-
dait une force impressionnante.
lu©r, la journée du 30 juin a détruit tout cela.
Pureté? N'en parlons plus. Trop de cadavres »
sont là qui ne s'effaceront pas plus de l'histoire
hitlérienne que les taches des mains, de lady
Macbeth. Peut-être n'a-t-on pas assez insisté
sur l'horreur de cette boucherie, sur la bestia-
lité avec laquelle l'on a abattu le général von
Schleicher, sa malheureuse femme, en osant
prétendre que ce couple voulait résister à
soixante hommes armés Peut-être n'a-t-on
pas assez marqué ce que représentait en honte
et en folie l'assassinat du chef de l'Action ca-
tholique, Claussener, coupable seulement dé
défendre la spiritualité contre la barbarie. Ces
crimes de prétoriens rappellent les,pires tares du
Bas-Empire, comme les rappellent également
les scandales de Munich et pas seulement
de Munich, que l'on ose jeter en pâture à
l'opinion comme des faits ignorés, alors que
tout le monde savait, que tout le monde a tou-
jours su ce qui se passait dans l'entourage du
fameux « capitaine » Rœhm Pendant des
années, Hitler a couvert cette fange. Aujour-
d'hui il feint la surprise et l'indignation. M
joue au justicier. Trop tard! Personne n'esc
dupe. Quelqu'un a dit V On ne construit pas
Sparte sur les ruines de Sodome. »
Encadrement de la jeunesse ? N'en parlons
plus. Les, troupes d'assaut « mises en congé »
ne réapparaîtront plus de sitôt. La Reichswehr
voulait leur peau. Elle l'a eue. Mais alors ? '?
Que vont devenir les centaines de mille jeunes
gens qui défilaient quatre à, quatre dans les
camps et dans les ;rues ? Que va devenir le
fameux « zusammen marschieren » qui exaltait
la jeunesse allemande? A quelle oisiveté, à
quel désarroi, à quelle anarchie ces masses
vont-elles retourner ? La journée du 30 juin
a brise net l'oeuvre la plus audacieuse du
troisième Reich. Plus encore. Elle a enlevé an
régime hitlérien sa'seule raison d'être. Elle a
dépossédé Hitler de sa seule vraie puissance.
Unité allemande ? Qui sait si, sur ce point
aussi, l'action hitlérienne ne va pas maintenant
r.'culer ? La Reichswehr règne désormais outre-
Rhin. Or, la Reichswehr, c'est la .Prusse. De
nouveau la Prusse va -tout régir. Mais la Pmsse
n'est « unitaristc » que dans la mesure où elle
peut continuer à exercer sa souveraineté. Pré-
cisément pour sauvegarder son caractère pro-
pre eL celte souveraineté, eHe mônap-era davan-
tage la personnalité des autres parties de l'Al-
lemagne. L'« unitarisme » prussien n'est total
et irréductible que sur un point l'armée. Du
moment où la Prusse tient toutes les casernes,
tous les bras, le reste lui est relativement égaL
Elle est même secrètement favorable à certains a
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
SAMEDI 7 JUILLET 1934
JJ" oNSATsim i ULug-usta NBîTTZSR. Use»)
jftjta-aiBU'S IDipî^bcte-cjiis s
Adrien. HÉBR,ARD (1867-1914)
Emile IîÉBR^A.12,13 (igis-1825)
j&.dtriexj« HÉBR.ARD (io2e-ie3e)
IjOXJIS-IuIIIjIj (1S29-1S31)
DIKECTET7H.S
Jacques OK.A.SfEîq'S1]? et Emile MIH,EA.XTX
le Journal ne «'ge»d pas «tes manuscrits communiqués
ADRESSE télégraphique temps pauis
TÉLÉPHOIE CISQ LISSES, Taitbout 76.60 76.61 –76.62 76.63 76.64
PRIX DE L'ABONNEMENT
TABI8, DÉPARTEMENTS et COLON'" FRANC'" Trois mois 30 Xr. 8ixu»is 58fr. Vaut 1 I Of*.
I Pays accordant un» réduction de «
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Autres pays 75fr. I47fr. 290 fp
LES ABONNEMENTS DATENT DES I" ET IG DE CHAQUE MOIS
Un numéro (PARIS et déparieuehts)z 4EO centimes
ANNONCES Aux Bureaux du Eemps», 5, rue des Italiens,
̃ à L'AGENCE Ha vas et dans ses succursales
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur,
CHÈQUS POSTAL t Parie, Numéro 6O
SOMMAIRE
PAGE 1
Le désarmement. ̃ Les Evénements d'Allemagne.
Tribune Libre « Après Brûning, le chaos », Wla-
̃ DIMIR D'OllMESSON.
PAGE 2
Nouvelles de l'Etranger. Nouvelles, du jour. >–
Académies.
PAGE 3
Figures oubliées le comte de Marcellus et le
faussaire Simonidès, René Puaux. Journée
parlementaire Les. grands travaux contre le
chômage, à la Chambre. JF
̃ Feuilleton « Amélie », par M"" JEANNE Maxime-
David (n° 17).
PAGE 4
Le Sénat. L'Enquête parlementaire sur l'affaire
Stavisky.
PAGE 5
Les Evénements de Février. Hôtel de Ville.
Echos et Informations. Questions sociales.
Le Cinéma, EMILE Vuillermoz. Théâtres.
PAGE 6
Faits-divers. Auiomobilisme. Les Sports. <
T. S. F. Nouvelles commerciales
PAGE 7
La Journée financière.
PAGE 8
LA Journée Dermèhes NOUVELLES. À La Com-
mission pour les affaires Stavisky Audition de
MM. Bonnaufe et André Dubois.
Les Enquêtes du « Temps » L'« Echéance » du
8 juillet, Ray.moînD Millet.
Paris, le 6 juillet
BULLETIN DU JOUR
LA CRJ.SE MINISTÉRIELLE AU JAPON
La crise ministérielle au Japon, dont on an-
nonce la solution par la formation d'un cabinet
présidé par l'amiral Okada, n'a pas été une
surprise. Le ministère Saïto était depuis quel-
que temps déjà- en difficulté, non pas tarit
en raison de sa politique générale que du fait
de certains incidents personnels qui avaient
indirectement atteint son autorité. Le cas du
sous-secrétaire d'Etat aux finances, M. Kuroda,
compromis dans de graves irrégularités rela-
tives à des transactions boursières, faisait déjà
prévoir la retraite de ce cabinet, le ministre des
linances, M. Takahaschi, ayant manifesté le
désir d'abandonner son poste. On parlait, à ce
moment, du général (Jugaki, gouverneur de la
.Corée, comme du successeur probable de
M. Saïto, et les milieux politiques libéraux
mettaient avec insistance en avant cette candi-
dature; mais il apparaissait bien que l'armée
et la marine, dont l'influence est toute-puissante
au Japon et qui réagissent avec force contre
la pression des partis politiques, n'y étaient
guère favorables. En effet, le choix de l'empe-
reur s'est ai'rité sur. un typuiiiie nouveau jouis- i
sant d'une grande autoftté personnelle," mais
qui n'a joiié jusqu'ici aucun rôle actif dans Ja
"politique nippone. 1 'j
C'est le prince Saïonji, le dernier des « génr
ros », quien dépit de ses quatre-vingt-quinze
ans rentre en scène à chaque crise miriisteT
rielle, qui a désigné au choix de l'empereur
l'amiral Keisuke Okada. Il est à noter que le
prince Saïonji a été assisté cette fois dans ses
démarches traditionnelles auprès du souverain
par un conseil des plus anciens hommes d'Etàt
japonais, ce* qui est un fait nouveau dans les
consultations de l'empereur et ce qui crée un
précédent pour la solution des crises politiques.
L'amiral Keisuke Okada, lequel appartient au
cadre de la réserve, est un technicien éminent.
Il a commandé en chef la grande flotte, et a
dirigé pendant quelque temps le département
de la marine. Sa popularité est grande dans
tous les milieux, et on le considère comme étant
en situation de concilier les différentes ten-
dances qui se marquent dans la politique inté-
rieure et extérieure du Japon. Cette politique,
on le sait, est entièrement dominée par le sen-
timent national, et par la nécessité impérieuse
d'assurer l'expansion économique de l'empire
gbur remédier dans la mesure du possible aux
.effets de la crise dont souffre le peuple nippon.
L'es deux grands partis nationaux, le parti
« seiyukaï » et le parti « minseito », se sont
révélés inférieurs à leur tâche dans les circons-
tances graves de ces dernières années.. Ils..ont
été débordés en fait par les éléments jeunes de
l'armée et de la marine, qui, en dehors de tout
esprit de parti, veulent une réforme profonde
de l'Etat dans le sens d'un régime à la fois
autoritaire, et démocratique, tous les pouvoirs
étant concentrés dans les mains de l'empereur,
mais le peuple entier devant bénéficier des pro-
grès promis à l'ensemble de la nation à.' Faut»
de l'ère « Meiji ». Ce mouvement, qui a. singû-
Jièrenient gagné en ampleur au cours de ces
dernières années, s'affirme en réaction à la fois
contre le parlementarisme, et contre le sys-
tème capitaliste tel qu'il existe actuellement
au Japon, avec l'influence prépondérante des
grands financiers et des animateurs de cer-
taines industries principales. On a dit avec
quelque apparence de raison qu'il s'inspire à
la fois du fascisme et du socialisme, du
principe d'un pouvoir personnel absolu mis ad
service d'une organisation sociale égalitaire, et
qu'il est, par là, une conception spécifiquement
nippone.
Toujours est-il que ce sont les chefs mili-
taires animés du vieil esprit samouraï qui dis-
posent actuellement à Tokio du pouvoir réel et
qui, guidés par l'idée de la fidélité et de la sou-
mission à l'empereur, « père de toute la na-
tion », commandent l'évolution du peuple nip-
pon. Déjà dans le cabinet Saïto les « leviers
de commande » étalent aux mains d'hommes
d'Etat sans attaches avec les partis, tandis que
seuls quelques portefeuilles secondaires étaient
réservés à des représentants du parti libéral et
du parti conservateur, afin de marquer qu'il I.
n'y avait pas, à proprement parler, rupture
avec le régime constitutionnel et parlemen-
taire et que les partis organisés continuent à
apporter leur concours à une politique d'union
nationale. Le ministère que l'amiral Keisuke
Okada a -été chargé de former semble de-
voir se présenter -dans- tes mêmes conditions.
La continuité de la politique générale de l'em-
pire du Soleil-Levant serait assurée par le fait
que le général Hayashi serait maintenu à la
tête du ministère de la guerre, l'amiral Osumj
à. la tête du ministère de la marine, M. Hirota
à la., tête du ministère des affaires étrangères,
tandis que l'amiral Okada lui-même rempla-
cera l'amiral Saïto à la présidence du conseil.
L'attribution des autres portefeuilles ministé-
riels à des représentants du « Minseito ».et du
parti « Seyukaï n'aurait plus dès lors que e
.l'importance secondaire d'un dosage des in-
fluences politiques proprement dites, réduites
à s'exercer dans des conditions ne leur per-
mettant plus d'entraver sérieusement l'œuvre
du gouvernement. Si cette combinaison devait
ne pas aboutir par suite de la résistance des
partis, l'amiral Okada formerait un ministère
extraparlementaire.
Le choix de l'amiral Keisuke Okada a une
signification particulière alors .que- se pose la
grave question de l'attitude à prendre à la
conférence navale de 1935. Le Japon est résolu,
on le sait, à ne plus admettre, en ce qui le con-
cerne, les proportions établies par la confé-
rence de Washington de 1922 et maintenues
.par la conférence navale de Londres de 1930,
.c'est-à-dire la proportion de 3 à 5 aux Etats-
Unis et à la Grande-Bretagne. Il réclame
la parité absolue avec la marine américaine et
la marine britannique, et, surtout, il n'entend
pas que la conférence prévue pour l'année pro-
chaine puisse être ajournée à 1967, comme on
le préconise de différents côtés dans l'espoir
qu'à cette époque l'accord sera plus facile à
réaliser. Le gouvernement de Tokio, qui a un
programme naval très complet en préparation
le programme qu'il estime indispensable à
la sécurité de l'empire, ne veut plus attendre.
Il exige une solution immédiate, franche et
nette. Qu'y a-t-il de fondé dans le bruit suivant
lequel le Japon se réserverait de défendre à
la conférence de 1935, en vue de faciliter l'en-
tente, une formule tendant à créer certaines
sphères d'influence maritime en Extrême-
Orient, afin de s'assurer la maîtrise absolue
dans la mer de Chine ? On ne sait, mais. il ^t
certain que le Japon a une doctrine bien arrê-
tée en matière de politique navale, et Tarrrvée
au pouvoir de l'amiral Okada marquera assez
sa volonté de pratiquer cette politique avec
énergie.
DÉPÊCHES DM.1 ÉTRANGER
Cité du Vatican, 6 juillet.
L'abbé Henri Chîrat, chapelain de Sairit-Louis-
des-Krançais, docteur en théologie à la faculté de
théologie de Lyon, a subi les épreuves du doctorat
spécial de l'institut pontifical oriental avec là
mention Magna cum laude.
Rome, 6 juillet.
Sur l'initiative de l'Association garibaldienne
une couronne a été déposée à Gônes au pied du
monument à Garibaldi, à l'occasion du 127. anni-
versaire de sa naissance.
Palerme, 6 juillet.
Le général Palizzolo Gandolfo est mort asphyxié
accidentellement dans sa maison.
Barcelone 6 juillet.
M. Gaston de Morawiecki qui,- depuis quelques
années, assurait les fonctions de consul, général de
France à Barcelone, est parti pour Haïti, où il a
été nommé ministre de France.
Son départ sera vivement regretté à Barcelone,
où il avait gagné toutes les sympathies.
Vienne, 6 juillet.
De passage à Vienne à son retour de pélerinage
à 'Manazell, en Styrie, le cardinal primat de Hon-
grie, S. E. Seredi, a rendu visite au chancelier
Dollfuss.
« FORCE jORALE »
if; Plusieurs associations d'anciens combat-
dtants, n'appartenant pas à la Confédération
nationale, ont adressé au ministre des pen-
sions une lettre que nous avons reproduite
'$t- commentée -hier. rSagesse, patriotisme' "et
loyauté s'y sont exprimés clairement. Ces an-
ciens combattants-là" entendent ne point so
^ïëler à la politique, et surtout ne pas s'y
pisser mêler par des partis soucieux de recou-
vrer ou d'acquérir l'influence et le prestige qui
leur manquent. « Leur force morale, qui est
tout leur honneur, doit rester intacte au seul
service du pays » ainsi s'achève leur mes-
sage et toute la nation française, ayant entendu
leurs voix, rendra hommage à ces bons
Français.
Dans la soirée d'hier, d'autres associations
d'anciens combattants, les « amicales », qui,
celles-là, ont adhéré à la Confédération natio-
nale, se sont réunies à Paris. L'ordre du jour
voté à l'issue de cette réunion atteste que ces
associations sont en communauté de vues et
de sentiments avec celles qui, quelques heures
auparavant, adressaient au ministre des pen-
sions la lettre publiée ici. Il convient de souli-
gner quelques-unes de leurs décisions « La
Fédération des amicales régimentaires et d'an-
ciens combattants. maintenant son principe
de rester en dehors de toute action politique,
mais mise dans l'obligation, par la Confédéra-
tion nationale, de se prononcer sur l'inven-
taire de l'action gouvernementale arrêté au
29 juin 1934, décide, après examen de la situa-
tion, de maintenir purement et simplement son
ordre du jour du 12 juin 1934 qui faisait con-
fiance au gouvernement. »,
Comme nous le souhaitions et comme nous
l'espérions, les meilleurs avis donnés aux
anciens combattants viennent donc des an-
ciens combattants eux-mêmes. On avait paru
croire que les anciens combattants préten-
dàient orienter à leur gré la politique de notre
pays. Il faut convenir qu'à certaines déclara-
tions publiques de quelques-unes de leurs asso-
ciations avaient été donnés un tour et un ton qui
y prêtaient l'apparence d'une menace. On y
traçait un plan au gouvernement, et on lui
mesurait même le temps qui lui était accordé
pour le réaliser. Si tel avait été le dessein des
anciens combattants, on est bien obligé de dire
que leur intervention dans les affaires publi-
ques eût ressemblé aux manœuvres des fac-
tions d'opposition. Or, l'action des associations
d'anciens combattants, si nécessaire à la pro-
bité et à la dignité morales de la nation, ne
saurait en aucun cas fausser le fonctionne-
ment des institutions républicaines.
'Que les anciens combattants aspirent à voir
les choses s'améliorer et les hommes se per-
fectionner, c'est leur droit de citoyens, comme
c'est celui de nous tous. Qu'ils aient, par
exemple, leurs idées sur la réforme de l'Etat,
et qu'ils les fassent connaître, c'est l'intérêt de
fa nation de prêter attention à leurs dires. Mais
qu'ils somment les autorités responsables
d'adopter leurs idées, cela n'est point tolérable
sous le régime républicain. Ils disposent du
bulletin de'vote, et c'est seulement par le bulle-
tin de vote.,qu'ils peuvent «tenter de faire pré-
valoir leurs préférences.
f.Il est avéré maintenant que la grande masse
des anciens combattants n'a jamais imaginé
que la France dût être gouvernée sous leur
surveillance et leur contrainte. Il est avéré que
les anciens combattants répudient toute com-
plicité et même toute alliance avec les partis
politiques,, séditieux ou modérés. Ils consti-
tuent évidemment une élite « qui a des droits
sur nous », selon la parole civique qui fut pro-
noncée par le vieux Clemenceau pendant la
guerre. Ils ont droit, en effet, à notre sollicitude,
à notre reconnaissance et à notre admiration.
Mais la France, qu'ils ont sauvée au prix de
leurs souffrances, ils ne sauraient, sans dépié- °
riter' et sans se désavouer, rêver de la dominer. `
Ils ont servi, loyalement, héroïquement,
quand la patrie était exposée aux plus grands
périls ils servent et serviront encore, pendant
que la patrie se relève et se régénère. Devant
mu ministère d'union nationale qui, à travers s
lés' pires difficultés, s'efforce, d;ë; rétablir Pordre
dans les esprits et dans la vie temporelle,, ils
continuent:, de remplir leur rôle d'auxiliaires
généreux et désintéressés. « Leur force morale,
qui est tout leur honneur, doit rester intacte au
seul service du pays. » Un grand nombre d'en-
tre eux parlaient ainsi hier. Ils seront approu-
vés de tous leurs camarades et remerciés par
toute la France.
'• ̃» .i.
En marge
Des journaux nous ont montré une image re-
présentant M. von Papen en promenade dans les
rues de Berlin. J'éprouvai un soulagement à recon-
naître les traits de cet homme illustre que ma
profession me permit d'approcher par un bel
après-midi de l'avant-dernière année. Il était
alors chancelier des Allemagnes, mais il ne m'of-
frit la figure que d'un touriste élégant et courtois.
Revenant d'une excursion dans les -montagnes de
la Suisse romande, il me reçut au bord du Léman
et s'excusa de n'avoir point eu le temps de chan-
ger de costume. Il portait lin Veston peu ajusté et
des culottes larges, et il n'essaya de relever par
aucune morgue la simplicité commode de ce vête-
ment. J'ai conservé un agréable souvenir de notre
brève entrevue; car, en ces circonstances, on jugé
moins un haut personnage sur ce qu'il dit que sur
l'attitude qu'il prend.
Durant les heures incertaines qui suivirent le
30 juin, M. von Papen m'apparut plusieurs fois tel
que je viens de le décrire sommairement, mais
gisant et livide. J'avoue. sans aucune ironie que,
.j'en .ressentais du malaise. Ceux qui sont tombéft1
sous les ^balles hitlériennes me sont tous inconnus
physiquement; tandis que cet Allemand-là, je
l'avais vu vivre, je l'avais entendu parler comme
nous, et même tenir un tel langage que je déplo-
rais, en le quittant, que ses idées ne pussent être
les, miennes. Il est vrai que, depuis, les échos de
son, éloquence m'étant parvenus, je n'y retrouvais
point mon touriste affable. On n'a pas oublié que,
déguisé en orateur populaire, ce causeur avait pris
tout d'un coup le ton rugissant d'un reître. Dans
sa harangue furibonde, il exhortait les gens de sa
race à mourip hors de leur lit. Hélas! j'ai si sou-
vent constaté les désastreux effets de l'excitation
oratoire, qu'un espoir me restait M. von Papen,
en délirant à la tribune, n'avait-il pas trahi ses
propres goûts et sa propre pensée? Et voilà que
les, troubles nouvelles arrivées de Berlin donnaient
à craindre.que mon hôte du doux et policé rivage
vaudois ne fût mort comme il avait semblé le rôr
ver pour lui et pour, les autres.
La photographie des journaux m'a donc rassuré,
Mais, quoique le vœu soit outrecuidant de ma part,
je souhaiterais aujourd'hui reprendre l'entretien
avec ce survivant du racisme intégral. Je lui de-
manderais si la gloire s'accorde avec l'assassinat.
si toute mort violente est belle, et sil la vulgarité,
qu'il abhorre, n'enlaidit pas parfois l'exercice de
la force. J'évoquerais le temps où l'Europe était
un vaste salon pour les délicats de son espèce, et
peut-être réveillerais-je ses regrets. Je sais bien
qu'il accuserait alors notre Révolution d'avpjr
chassé du monde toute élégance; je sais aussi que
je lui repartirais que si nous avons été aventu-
reux et sanguinaires, n,pyg nous sommes bien cor-;
• rigës, et qu'il est décevant de voir, après un siè-L
clo et demi, les redresseurs de nos torts prëndr^'
nos. torts à leur compte et les revendiquer au nom;
do 'principes qui s'opposent "superbement aux hÂ-
tres. Je le conjurerais ehfln,d'aidér les hommes1
polis à rétablir entre eux la politesse, la vraie,
celle qui ne se limite pas aux manières, qui régente;
le cœur .avec- l'esprit et qui est en somme le nom
modeste de la sagesse.
Ainsi songeait un soir le mendiant de Bagdad.
Jean Lefranc.
LE PROBLEME DU DESARMEMEHÏ
LA VISITE DE M. BARTHOU A LONDRES
Notre correspondant particuJier.de Londres nqius:
téléphone vendredi matin 6 juillet
Diverses questions parlementaires vont être
posées aujourd'hui à la Chambre des communes
au sujet du voyage à Londres de MM. Barthou et
Piétri. L'opposition travailliste affecte de croire,
en effet, que cette visite des deux ministres fran-
çais se rattache au plan du gouvernement riàr-
tional britannique pour développer ses arnie-
ments. Dès hier, un député libéral a demandé à
M. Baldwin
Pouvez-vous nous donner l'assurance qu'aucune aug-
mentation de nos forces aériennes ne sera décidée, à
moins que la conférence de désarmement n'aboutisse à
un éohcî
M. Baldwin a répondu négativement.
Sir Austen Chamberlain est alors intervenu et
a demandé au premier ministre par intérim :.js
Voulez-vous envisager les obligations que l'Angle-
terre a souscrites aux termes du pacte de la Société des
nations et faire en sorte que les forces de ce pays soient
à la hauteur de ces engagements ï ? f
M. Baldwin a répondu '.l~#.
Cela, en effet, est une grande responsabilité qui in-
combe à tout moment au gouvernement de ce pays.,
D'autre part, les adversaires du gouvernement
national anglais font état du discours prononcé
hier par M. Eden, à Stoke, où le lord du sceau
privé a rappelé. que jusqu'à présent la Société
des nations n'a pas encore abouti à une conven-
tion de désarmement et ils prétendent y voir un-
aveu, dé la bouche du ministre chargé spéciale-
ment des intérêts de la Grande-Bretagne à Ce-
nève. Une telle convention n'est pas réalisable. Une;
telle interprétation est erronée mais il est certain
que M. Eden a fait allusion à la nécessité pour
l'Angleterre de se réarmer dans une certaine me-
sure.
Le News_ Chronicle, libéral, rapproche ce matin
ce.discours.de M. Eden des récentes déclarations
du premier lord de l'Amirauté proclamant qu'uno
flotte britannique puissante constitue une garan-
tie pour le maintien de la paix du monde. 'j
Le Daily Herald croit pour annoncer que
le bureau de la conférence de désarmement a
décidé d'ajourner toute réunion jusqu'à l'automne
dans la pensée qu'il sera possible à ce moment
de ramener l'Allemagne à la conférence. L'organe
du Labour Party précise .que les interpellations
travaillistes qui vont avoir lieu aujourd'hui se
rapporteront à la récente visite en France de
lord Hailsham et au prochain voyage à Londres
de M. Barthou, peut-être aussi à la visite du
général Weygand en Angleterre.
t ̃ ̃ l' 4
On discours de M. Eden i
sur !a question de la sécurité
M. Eden, lord du sceau privé, a prononcé, jeudi
soir. à Stoke-on-Trent (comté de Stafford), un ini-'
portant discours qui, consacré dans son ensemble
à la question du désarmement, avait pour objet
principal, de définir l'attitude anglaise en matière
de sécurité.'
Le ministre a rappelé tout d'abord les raisons
de l'échec de la conférence pour la réduction et la
limitation des armements. Il a. évoqué la présenta-
tion du plan britannique de mars 1933, le « départ
injustifiable » de l'Allemagne, en octobre 1933,
l'élaboration" du mémorandum britannique de jan-
vier 1934 qui avait pour but de tenir compte des
objections contenues dans ce mémorandum. 4
Et maintenant, a poursuivi le ministre, j'en viens atr
problème épineux de la sécurité. On dit parfois que d
l'Angleterre se montrait plus hardie en matière de sécu- ]
rité, aujourd'hui encore, un accord pourrait être réa-
lisé que si, en d'autres termes, nous faisions des -t
offres plus substantielles, afin d'apaiser les inquiétudes- <
des puissances lourdement armées une convention de- 1
désarmemnet pourrait être conclue. Il n'en est pas ainsi.
A mon eens, aucune, forme de. sécurité que le gouverne-
ment britannique pourrait aujourd'hui offrir ne saurait
̃ ea elle-même permette la -réalisation d'une convention
• de désarmement. Et je vais vous dire pourquoi.
Il existe deux sortes de sécurité et il est important de
les distinguer. La première est ce que j'appellerai 3a
sécurité territoriale. Dans ce domaine, la Grand eTBrela-
gne est allée déjà aussi loin qu'elle le pouvait, en faveur
de ces régiorià- de l'Europe occidentale qui la concer-
nent directement, par la signature des traités de Lo-
carno. Nous sommes fidèles au traité de Locarno. Mais
nous ne sommes pas disposés à étendre les engagements
que nous avons pris aux termes de ce pacte, à d'autres
régions de l'Europe qui ne nous intéressent pas aussi
directement. Personne, je l'espère, ne nous en fera grief.
Reste la question de la sécurité dansée cadre de la
convention, de désarmement elle-même garanties d'exé-
cution, c'est-à-dire engagements pris par tous les signa-
taires de la convention d'en assurer l'exécution.
A cet égard, nous avons, à la date du 10 avril der-
nier, demandé au gouvernement français quelles étaient
les garanties qui lui permettraient d'accepter le mémo-
randum britannique de'janvier 1934, modifié dans le
sens des propositions moi faites par M. Hitler.
En réponse, le gouvernement français a nettement
déolaré, le 17 avril, qu'il n'était point de garanties
d'exécution qui lui permissent d'admettre un degré
quelconque de réarmement allemand.
Au cours de ces dernières semaines, à Genève, up
comité des garanties .d'exécution a été cependant cons-
titué et il est maintenant au travail. Son rapport sera
étudié avec soin, mais je ne pense pas que nous,devions
fonder de trop grandç'espoirs sur la contribution qu'il
peut apporter à nos 'âifficultés présentes. Car, pendant
que le gouvernement français refusait avec persistance
d'accepter un degré quelconque de réarmement alle-
mand, le gouvernement du Reich n'était pas moins for
mal dans son opposition à toute convention qui ne com-
portait pas pour lui quelque mesure de réarmement
immédkt.
Voilà;donc le fossé, fossé large et profond et que
ne pourrait combler aucune offre, de sécurité qu'ii
-serait possible à un gouvernement britannique.de. for-
•iïiulér. S'il est impossible d'opérer un rapprochement
entre les deux parties, je ne vois même pas comment
on pourrait combler le fossé de quelque façon que ce
soit.
La vérité, je orois, c'est que, alors qu'au cours des
derniers mois, nous nous préoccupions d'acoomplir
ce que nous regardions comme la véritable tflehede la
conférence du désarmement, l'esprit des autres gran-
des puissances d'Europe, consciemment ou non, s'orien-
tait d'une autre façon.
L'Allemagne se, oonsacrait à l'étude de son propre
réarmement dans un dessein qu'elle assure être sa
défense nationale. >~
La France s'attachait au problème de la sëcurrité,
rendu plus aigu et plus péremptoire pour elle par sa
connaissance des revendications allemandes en ma-
tière, de réarmement.
L'Italie, poursuivant une politique qu'elle qualifie
d'essentiellement réaliste, en est arrivée à considérer le
désarmemente comme d'une réalisation impossible dans
l'avenir immédiat et à reoommander une limitation aux
forces actuelles solution qui, je le crains, serait en
pratique aussi difficile à trouver que celle du désarme-
ment lui-même.
La Russie s'est préoccupée de transformer tout le
caractère de la conférence du désarmement en un
instrument à d'autres fins..
Nous, presque seuls de toutes les grandes puissances
d'Europe, nous sommes attachés à poursuivre le but
initial de la conférence le désarmement.
La défense aérienne de l'Angleterre
Le discours par lequel lord Londonderry 'annon-
çait récemment à la Chambre des lords un pro-
gramme de développement de l'aviation militaire
britannique, a été évoqué jeudi après-midil à la
;Chambre. des communes par divers députés qui,
selon leurs tendances, ont traduit les espoirs ou les
}iûquiétudes que leur avaitcausés cette dé^Jâi-àtlôia." v
Puis-je, a dit M..Adam (conservateur), dernarider
1 quelles conclusions le pays doit tirer de ce discours ?
N'est-ce pas un fait, a déclaré le député conserva-
teur Simmonds, que si nos représentants à Genève se
trouvent dans un état d'infériorité, c'est parce que
chèque fois qu'ils suggéraient une réduotion des forces
militaires acs autres pays, ils s'apercevaient que les
forces britanniques se trouvaient à un point où aucune
réduction n'était possible? Et, a poursuivi le député
conservateur, n'est-il pas vrai que si le gouvernement
renforçait notre aviation militaire, il serait alors plus <
facile de réaliser une convention de désarmement?
Ces questions sont restées sans réponse,
Les conversations navales <
On mande de Londres :•••'»̃ <
Aussitôt après les premières conversations
entre ministres français et anglais, qui auront lieu
lundi prochain, M. Norman Daviis, qui représente
.les Etats-Unis aux négociations navales anglo-
américaines, fera une visite à M. Barthou pour. 1
s'informer dg l'orientation des échanges- de vues
franco-anglais..
;I1 n'y aura pas, entre délégués français et amé-
ricains, de négociations navales proprement dites,
mçis comme les Anglais ont indiqué aux:Améri-
,c,ains qu'avant de prendre position en matière
navale, il leur était nécessaire de connaître les
projets des puissances continentales, les représen- ]
tànts des Etats-Unis attendent avec intérêt l'arri-
v4e des ministres français qui doit, à leur sens, f
donner aux négociations préparatoires à la confé- t
reiiee de 1935 une nouvelle impulsion.
L'Italie et la visite de M. Barthou à Londres c
-Notre correspondant particulier de Rome nous 1
téléphone/vendredi matin 6 juillet i
7 On manifeste, dans les milieux politiques, une
grande, réserve au sujet du voyage que M. Bar- f
thou s'epprête à faire à Londres. On relève na- J
ttirellement le fait que les conversations qui se 1
dérouleront sur les bords de la Tamise ne cons-
titueront, comme il a été annoncé, ni une conîé- ï
rènee ni une négociation, mais on n'en juge pas
moins que cette affirmation préalable n'enlève I
rien à l'importance de l'événement. On pense, en 1
effet, que la situation européenne est telle que c
les hommes responsables de la politique des r
grandes puissances sentent le besoin de conférer r
entre eux et d'étudier ensemble les diverses éven- 1
tualités de l'heure.
A Rome on considère que le but du voyage de t
M. Barthou n'est autre que d'entraîner Londres
dans ce qu'on appelle ici une « politique de blocs». d
G'est pourquoi le problème ne serait autre que d
celui-ci l'Angleterre acceptera-t-elle? Sur ce fi
point on croit que le gouvernement britannique
;se limitera à. écouter l'exposé de M. Barthou, mais
i refusera toute espèce d'engagement nouveau sur r J,
ile continent.. Les journaux de ce matin jugent ti
d'ailleurs le discours prononcé hier par M. Eden a
comme des plus symptomatiques) à cet égard. °
Bref, on ne croit pas à une adhésion quelconque
de l'Angleterre à un système de sécurité conti-
nentale qui impliquerait de sa part des respon-
sabilités plus vastes que celles envisagées par le p
pacte de Looarno. P p
Cependant, on n'en juge pas moins possible une y
plus étroite collaboration diplomatique, militaire,
navale et aérienne entre Londres et Paris..
Au demeurant il semble que le gouvernement n
fasciste appréhende moins une bonne intelligence
;ehlre la France et l'Angleterre qu'un accord qui
cristalliserait la situation européenne dans les
antagonismes actuels. A ses yeux, le plus impor- il
tant problème à résoudre en Europe est celui des
(rapports eritrejla France et l'Allemagne. Si donc, d
les cônversatiéjis de Londres parvenaient à donner
à la France plus de confiance en-sa sécurité et d
îavor'isaï'ent de ce fait la solution du problème &
des relations franco-allemandes, le gouvernement ji
fasciste ne ressentirait d'autre sentiment que n
celui de la satisfaction.
.? ♦ "̃-
Le. moratoire allemand des n
Le moratoire allend des transferts
Les Etats-Unis et l'accord anglo-allemand
On mande de Washington
M. Hull, secrétaire d'Etat, a commencé à élabo- té
rer une note énergique demandant à l'Allemagne
d'accorder aux Etats-Unis un traitement égal à p
celui accordé à toute autre nation en ce qui con- Si
cejïie !e payement des intérêts des obligations (c
Young et Dawes. éi
M. Philips, sous-secrétaire d'Etat, a déclaré que a(
la .question de la dette allemande n'est nullement n'
close même si l'Allemagne ne répondait pas à la i'<
deniers note américaine sur les dettes. Il a ajouté ri
cependant qu'il ne désirait pas indiquer exacte- ù
ftft»t les mesures crue orendraient les Etats-Unis, di
TPC PVPMPMPNTC nATTPMAPMP
LES ÉVENEMMTS_D ALLEMAGNE
Attaque contre la France
.̃ ̃
Notre correspondant particulier de Berlin nous
téléphone vendredi matin 6 juillet
Faute de pouvoir renseigner ses lecteurs sur les
dessous et la portée réelle de la journée du 30 juin,
la presse allemande d'hier soir publie, comme
une sensation, un télégramme de l'agence amé-
caine l'United Press d'après lequel un diplomate
aurait déclaré à Londres que ta France était au
courant du complot Rœhm-Sohleicher. M. Bar-
thou en aurait parlé ouvertement et aurait basé
là-dessus sa politique, refusant de traiter avec
Hitler, parce qu'on croyait à Paris que ses jours
étaient comptés.
La Deutsche Allgemeine Zeitung va jusqu'à
prétendre que l'échec de' la conjuration enlève à
la visite de M. Barthou à Londres « une partie du
terrain politique sur lequel la diplomatie fran-
çaise comptait manoeuvrer ».
Par l'intermédiaire du Deutsche Nachrichten
Burœ, l'ambassade de. France a démenti ces in-
formations absurdes, inspirées par le désir de
détourner l'attention du public allemand de la
situation véritable.
Les journauxde ce matin publient ce démenti.
Ils s'abstiennent de tout commentaire. Toutefois,
la Berliner Bœrsen Zeitung fait précéder le dé-
menti du titre suivant « Le démenti qu'il fallait
attendre ».
La mort de Gustav von Kahr
et les autres victimes
La mort violente du septuagénaire Gustav von
ft.ahr, dont le cadavre, criblé de balles, a été dé-
couvert, aux environs de Dachau ne saurait être
en rapport avec les intrigues de Rœhm et des
chefs rebelles des sections d'assaut, car ce vieil-
laM avait pris sa retraite et ne pouvait être
suspecté. Il s'agirait bien plutôt d'une vengeance
rétrospective, le nazisme ayant profit de Theure
du massacre pour supprimer l'homme qui fit
avorter le putsch hitlérien de 1923.
Gustav von Kahr, fonctionnaire bavarois ayant
derrière lui une longue carrière administrative
avait été appelé à présider le ministère d'affaires
bavarois au lendemain du putsch Kapp à Ber-
lin. Il avait rétabli l'ordre et en septembre 1923
avait été nommé commissaire d'Etat pour la Ba-
vière avec pouvoirs dictatoriaux. Il avait assumé
le contrôle de la division bavaroise de la
Reichswehr et semblait désigné pour aider Hitler
et Ludendorf, alors alliés, à imposer le programme
nationaliste en Allemagne.
Le 8 novembre 1933, dans le caveau de la Bur-
gerbraü, Hitler, après avoir tiré une salve de
coups de revolver dans le plafond, présentait von
Kahr comme le futur dictateur de l'Allemagne
devant être le fourrier d'une nouvelle monarchie.
Dans un tonnerre d'applaudissements von Kahr
et Hitler se serrèrent la main en se jurant une
« loyauté éternelle ». Le lepdemain matin, comme
les hommes d'Hitler et de Ludendorf s'avançaient
vers l'odernsplatz ils furent accueillis par les bal-
les, de la Reichswehr. La révolution s'effondrait.
Hitler prenait la fuite. Ludendorf et Gœring
étaient blessés.
Devant la cour martiale von Kahr affirma
que Hitler avait manqué à sa parole de ne pas
tenter de putsch et que cette condition première
avait seule justifié sa présence dans le caveau de
la brasserie. Hitler se défendit en invoquant l'in-f
térêt national. Von Kahr quitta le pouvoir et ren4
tra dans l'administration jusqu'à sa retraite qu'il
prit en 1931. H j
Parmi les personnes fusillées samedi ou diman-î
.ch:e figurent, suivant des :infoFma|ions..de.souwe
anglaise, le câpitaino'* Ehrhardt- qui se signala
dans les troupes du Balticum et dans l'action anti-
française dans la Ruhr, le Dr Fritz Gerlich,. an-
cien rédacteur en chef du Neueste Nachrichten dé
Munich, directeur d'une petite feuille, le Geradëfi
Weg {le droit chemin) qui était particulièrement!
hostile aux méthodes nazi et au capitaine
Rœhm; le père Muhler, très populaire dans tes
milieux catholiques pour sa courageuse attitude
lors du procès; qui lui fut intenté le 24 janvier
dernier. Il avait été envoyé dans le camp de con-
centration de Dachau: le Dr Glaser, chef du parti
nazi bavarois en 1924 et ami intime de Gregor
Strasser; le Dr Willy Schmidt. critique musical
du Neueste Nachrichten de Munich, un prince
d'Isembourg, dont on ne précise ipa? l'identité.
D'après des informations recueillies dans des
milieux officieux. le nombre des exécutions som-
maires effectuées à Berlin seulement, serait de
46. Dans ce nombre ne sont évidemment pas com-
pris les gens qui ont été tués accidentellement ou
qui se sont < suicidés » au cours de l'action de
répression.
Pour le reste du Reich où l'action a été menee
avec la même rigueur que dans la capitale, il e.
impossible d'obtenir la moindre précision au su-
jet du nombre des personnes exécutées ou tuées.
On mande d'Innsbrucî que, suivant une lettre
reçue par un chef heimwehrien, le major Pabst,
ancien chef des heimwehren autrichiennes, n'a
pas été fusillé, mais arrêté et emprisonné, avec
60 membres du Herren Club.
L'incinération du Dr Claussener
Selon des bruits qui circulent à Berlin, le corps
du docteur Claussener, président de l'action catho-
lique du diocèse de Berlin, tué le 30 juin, aurait
été incinéré.
Si cette nouvelle se confirme elle produira une
grande émotion dans les milieux catholiques car
l'incinération aurait été, sans aucun doute, ordon-
née contre la volonté de la famille.
Suivant le correspondant du Times à Berlin la
plupart des victimes auraient été incinérées, par
ordre gouvernemental.
On apprend aujourd'hui oue la notice nécro-
logique du docteur ClausseneV, telle qu'elle devait
être insérée dans la Germania, fut, par ordre du
ministère de la propagande, sanctionné par le gé-
néral Gœring, amputée du membre de phrase sui-
vant après une vie d'amour et de sacrifice à
l'Eglise, à la nation et à la patrie.
Les obsèques de 19. et Mme von Schleicher
Cinq minutes avant la célébration des obsèques
du général et de Mme von Schleicher au cimetière
du Parc à Lichtenfelde, la police, qui était en
force dans les environs, annonça qu'elles n'au-
raient pas lieu, nt fermer les portes de la chapelle
où étaient déposés les cercueils et enlever les cou-
ronnes. Parmi les personnes qui durent s'en re-
tourner figuraient de nombreux officiers en civil
dont le général von Hammerstein. L'enlèvement
eut lieu le lendemain dans une intimité stricte.
Les communications téléphoniques
La police politique de Munich a interdit l'em-
ploi de toutes langues étrangères dans les com-
munications téléphoniques. Le correspondant du
Times à Munich, qui passait en anglais un mes-
sage à son bureau de Berlin, en a été immédiate-
ment empêché.
Le successeur de ESœhm
Le nouveau chef des troupes d'assaut, Victor1
Lutze, est âgé de 44 ans. Soldat durant la guerre'
il y perdit un œil. Eu 1922 il s'affilia aux nazis;
de Dortmund. Devenu chef de groupe, il s'illustra
dans .le sabotage antifrançais dans la Ruhr.
̃Eiï 1930, il devint .chef des troupes d'assaut du
district nord avec quartier général à Hanovre.
devint président de police à Hanovre en février
1933 et enfin président de district avec siège au
Conseil d'Etat. -i
Le nouveau chef des sections spéciales `,.
M. Dietrfch, chef des sections spéciales et com-
mandeur de la garde du corps du Führer, a été
promu par celui-ci au grade de chef supérieur
des sections spéciales.
M. Hess parle de la fidélité des S. A.
Notre correspondant particulier de Berlin nous
téléphone vendredi matin 6 juillet.
y Devant une réunion des chefs de groupes du
parti national-socialiste à Flenslmrg, .M. Hess a
déclaré que la mort d'une douzaine de révoltés
(officiellement il n'avait été question que de 9) a
évité à l'Aliemagne un terrible bain de sai>,ï. Or-'iu»
action contre certains chefs des sections d'assaut
n'a rien à voir avec la troupe. Toute offense à
l'égard de la troupe sera punie de la façon la plus
rigoureuse. M. Hess ajouta que les sections d'as-
saut demeuraient un instrument fidèle et efficace
dans, la main du Euhrer.
TRIBUNE/ LIBRE
« Hprès Brûning, le ehaos. »
En 1Ô31 un Allemand, expert, dans la poli-
1 tique de son pays, m'écrivait ces mots « Vous
.ne vous persuaderez jamais assez en Franco
que, après Briining, c'est le chaos. » Aucune
parole n'a été, je crois, plus prophétique. Plus
eu se penche sur l'Allemagne, plus on scrute
1 les événements qui viennent de s'y dérouler,
plus on se rend compte en dépit des appa-
ronces dictatoriales que ce pays est, en effet,
plongé dans un invraisemblable et' tragique
chaos.
Le national-socialisme avait la prétention de
redresser sur tous les points la situation de
l'Allemagne. Ses débuts ont donné illusion. La
vague d'enthousiasme qui portait le mouver
ment hitlérien était si ardente que l'on se de-
mandait, en effet, si quelque chose n'était pas
changé outre-Rhin et si le peuple allemand
n'allait pas accomplir un miracle. Aujour-
d'hui le mirage est bien dissipé. Sans parti
pris, sans exagération d'aucune sorte, l'on peut
dire que l'entreprise hitlérienne a échoué sur
tous les points. Et la journée du 30 juin lui
a porté un coup dont elle ne se relèvera vrai-
semblablement pas.
Le national-socialisme a échoué intérieure-
ment. La crise économique n'a jamais été plus
diire, la situation financière plus catastrophi-
que. On peut truquer comme l'on voudra dis-
cours et statistiques. Les faits sont là plus d'ou\
dans les caves de la Reichsbank. Une balance'
commerciale déficitaire. Le ravitaillement en
matières premières compromis. L'Allemagne à'
la veille d'une autarchie forcée qui, pour un
pays industriel et dont la vie sociale est entiè-
rement liée aux fluctuations de l'économie, re-
présente le dernier mot de la folie. Au point
de vue social, un chômage camouflé mais, pra-
tiquement, toujours aussi accablant. Le pro-
blème de la lutte des classes nullement résolu,
puisque le heurt entre capitalistes et antica-
pitalistes reste aussi vif et que l'on voit les
magnats de l'industrie et de la finance se dé-
fendre par tous les moyens y compris la
fusillade contre les appétits révolutionnaires
'des,masses. Au point de vue moral, la guerre
religieuse déchaînée, e<; il n'en est pas de plus
profonde et de plus meurtrière. D'une part les
catholiques blessés dans leur conscience, tra-
qués, assassinés, d'autre part les protestants,
coupés en deux comme l'était notre clergé sous
la Révolution; les israélites persécutés et de-
venus ennemis irréductibles. Enfin, une presse
bâillonnée et qui supporte mal son bâillon, des
classes intellectuelles qui si dépourvues de
courage qu'elles soient rongent leur frein
en silence. Partout un mécontentement telle-
ment vif que les dirigeants se sont décidés à
l'intimider par le crime.
Sur le plan extérieur, même échec sur toute
la ligne. Echec vis-à-vis de la Pologne. Sous
un régime libre, l'homme d'Etat qui eût signé
la convention germano-polonaise eût étéassas-
;smé dans les vingt-quatre heures, tant cette
convention constitue un désaveu flagrant de
la véritable politique nationale allemande.
Echec vis-jà-vis de r-ftiilrichevà qui le national»
socialisme a révélé son propre patriotisme.
Echec vis-à-yis de la France, car sur., aucun
point le troisième Reich n'a réussi à améliorer
les rapports franco-allemands, bien au con-
traire. Echec vis-à-vis des pays anglo-saxons,
car l'Angleterre a changé du tout au tout vis-à-
i.vis de l'Allemagne, et les Etats-Unis viennent
de porter sur elle des jugements qu'ils n'avaient
plus tenus depuis quinze ans. Echec vis-à-vis
de la Russie, enfin, dont le troisième Reich a
réussi à se faire une adversaire, alors que pen-
dant douze ans la carte russe fut le meilleur
atout de la politique allemande.
Pourtant le national-socialisme avait pour
lui quatre choses
1° Il avait les mains pures. La révolution
nationale s'était opérée dans la légalité et sans
qu'une goutte de sang fût versée. Quelle fierté
n'en tirait-on pas outre-Rhin
2° II avait absorbé à peu près toute la jeu-
nesse oisive dans les troupes d'assaut et dans
les camps de travail, et, de ce fait, éliminé l'un
des facteurs de désarroi et de trouble les plus
profonds de la crise allemande. Sur ce point
l'on ne pouvait d'ailleurs avoir que de l'admi-
ration pour la hardiesse de conception et d'exé-
cution du troisième Reich. »
3° II avait parachevé la grande œuvre sécu-
laire de l'unité allemande. Le corps germanique
ne faisait plus qu'un. Prusse, Bavière, tous les
Etats, tous les peuples se fondaient dans une
seule loi, une seule administration, une seule
âme.
1 :4" Enfin, il avait donné à la nation allemande
un élan pur, un enthousiasme juvénile, une foi
créatrice. Là aussi l'action hitlérienne possé-
dait une force impressionnante.
lu©r, la journée du 30 juin a détruit tout cela.
Pureté? N'en parlons plus. Trop de cadavres »
sont là qui ne s'effaceront pas plus de l'histoire
hitlérienne que les taches des mains, de lady
Macbeth. Peut-être n'a-t-on pas assez insisté
sur l'horreur de cette boucherie, sur la bestia-
lité avec laquelle l'on a abattu le général von
Schleicher, sa malheureuse femme, en osant
prétendre que ce couple voulait résister à
soixante hommes armés Peut-être n'a-t-on
pas assez marqué ce que représentait en honte
et en folie l'assassinat du chef de l'Action ca-
tholique, Claussener, coupable seulement dé
défendre la spiritualité contre la barbarie. Ces
crimes de prétoriens rappellent les,pires tares du
Bas-Empire, comme les rappellent également
les scandales de Munich et pas seulement
de Munich, que l'on ose jeter en pâture à
l'opinion comme des faits ignorés, alors que
tout le monde savait, que tout le monde a tou-
jours su ce qui se passait dans l'entourage du
fameux « capitaine » Rœhm Pendant des
années, Hitler a couvert cette fange. Aujour-
d'hui il feint la surprise et l'indignation. M
joue au justicier. Trop tard! Personne n'esc
dupe. Quelqu'un a dit V On ne construit pas
Sparte sur les ruines de Sodome. »
Encadrement de la jeunesse ? N'en parlons
plus. Les, troupes d'assaut « mises en congé »
ne réapparaîtront plus de sitôt. La Reichswehr
voulait leur peau. Elle l'a eue. Mais alors ? '?
Que vont devenir les centaines de mille jeunes
gens qui défilaient quatre à, quatre dans les
camps et dans les ;rues ? Que va devenir le
fameux « zusammen marschieren » qui exaltait
la jeunesse allemande? A quelle oisiveté, à
quel désarroi, à quelle anarchie ces masses
vont-elles retourner ? La journée du 30 juin
a brise net l'oeuvre la plus audacieuse du
troisième Reich. Plus encore. Elle a enlevé an
régime hitlérien sa'seule raison d'être. Elle a
dépossédé Hitler de sa seule vraie puissance.
Unité allemande ? Qui sait si, sur ce point
aussi, l'action hitlérienne ne va pas maintenant
r.'culer ? La Reichswehr règne désormais outre-
Rhin. Or, la Reichswehr, c'est la .Prusse. De
nouveau la Prusse va -tout régir. Mais la Pmsse
n'est « unitaristc » que dans la mesure où elle
peut continuer à exercer sa souveraineté. Pré-
cisément pour sauvegarder son caractère pro-
pre eL celte souveraineté, eHe mônap-era davan-
tage la personnalité des autres parties de l'Al-
lemagne. L'« unitarisme » prussien n'est total
et irréductible que sur un point l'armée. Du
moment où la Prusse tient toutes les casernes,
tous les bras, le reste lui est relativement égaL
Elle est même secrètement favorable à certains a
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