Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-12-16
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 décembre 1928 16 décembre 1928
Description : 1928/12/16 (Numéro 24591). 1928/12/16 (Numéro 24591).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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DIMANCHE 16 DECEMBRE 1928
SOIXANTE-HUITIEME ANNÉE. N8 24591
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PARIS, DÉPARTEMENTS et COLOS1" FEAHQ1" Trois mois 3Ofr. SU mois 58 fr. TTntaMOlR,
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Pays accordant mn réduction d» de y
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(Antre» Fays 78fr. I47fr. 290ft>.
LES ABONNEMENTS DATENT DES I" ET 16 DE GHA.QOE BOIS
Un numéro tfMRtâ et DtPARTEUEHîS) t 4M> centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées ac Dlrect«ut
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
Adresse TÉLÊGBAPHiQUB ^em PS F4»i»
SOMMA1RE
PAGE 2
Nouvelles de l'Elrungcn– A la mémoire d'Amund-
sen. Le Transsaharien Sauvegarde et ri-
chesse nationales, Robeh-Raynaud. Dans le
Proche-Orient. Revue de la presse.
PAGE 3
Séance publique annuelle de l'Académie des scien~
ces morales et politiques.
'̃hambre le Relèvement de V indemnité parlemen-
taire.– Sénat le Budget de 1929; le Secret des
délibérations du' jury.
Feuilleton « La Sœur Saint-Sulpice », par
ARmando Palacio-Valdès. (/V° V6.)
PAGE 4
Académies. A la mémoire de Tioutchew le
Poète du chaos, AndetS Levinson. A l'Hôtel de
Ville. Nouvelles du Jour. La Vie écono-
mique et sociale. L'Affaire de la « Gazette du
Franc et des Nations ». Faits-divers.
PAGE 5
Au'Jour le Jour la Soif de l'or, ANDRÉ Lamandé.
Cour de cassation. -r- Tribunaux. Automobi-
lisme. Théâtres. Tourisme. Nouvelles
commerciales.
PAGE 6
DERNIÈRES Nouvelles.– La Santé du roi George V.
Conseil de ta Sqciété des nations ta Dernière
séance de la session.
Conseil des ministres.
Paris, le 15 décembre
BULLETINJU JOUR
LA FIN DES ENTRETIENS DE LUGANO
LES ELECTIONS ROUMAINES
Les entretiens de Lugano prennent fin
aujourd'hui. M. Briand, sir Austen Chamber-
lain et M. Stresemann se rencontreront une
dernière fois pour se mettre d'accord sur les
termes d'un communiqué qui fixera les résul-
tats acquis au cours de conversations de carac-
tère général qui n'ont pris à aucun instant, il
importe d'y insister, l'aspect de véritables né-
gociations..Aussi convient-il d'attendre la pu-
blication de ce communiqué avant de dégager
une impression d'ensemble de la semaine de
Lugano.
•A en croire certaines informations de source
allemande, on serait maintenant d'avis de réu-
nir le plus vile possible les experts chargés
d'étudier le règlement définitif des réparations
et d'ouvrir officiellement, à Berlin, les négo-
ciations relatiyes, à. l'évacuation .anticipée de
la Rhénanie, par voie diplomatique, avant que
la commercialisation de la dette allemande
soit acquise et dès que la commission d'ex-
perts se sera mise au travail, soit vers le
15 janvier. Ni du côlé français ni du côté an-
glais on n'a confirmation jusqu'ici de ces:nou-,
velles qu'il ne faut accueillir, par conséquent,
qu'avec les réserves d'usage. Les ministres
des affaires étrangères réunis à Lugano à
l'occasion de la cinquante-troisième session
du conseil de la Société des nations n'ont pas,
f ejïible-t-il, à prendre de décision en ce qhi
concerne la* réunioa des expéifts1, question qui
est traitée par des négociations concentrée^ &'
Paris. Les entretiens de Lugano peuvent avoir
pour effet;de déblayer, pratiquement le ter-
rain, en vue des négociations ultérieures et de
dissiper certains malentendus. Il est possible
que le communiqué dont on annonce la publi-
cation pour aujourd'hui même apporte à ce
sujet certaines satisfactions à M. Stresemann
comme aux ministres des affaires étrangères
des nations alliées, mais on s'exposerait à de
nouvelles déceptions en en attendant davan-
tage. Constatons simplement qu'au dîner offert
hier, à Lugano, aux représentants de la presse e
allemande, M. Stresemann a manifesté pour
la première fois quelque optimisme. et a
laissé entendre, tout en restant dans les géné-
ralités, que ses interlocuteurs ont fait preuve
d'une « plus grande compréhension des diffi-
cultés en face desquelles l'Allemagne se
trouve placée n. On ne tardera pas de savoir
comment, à, la lumière des faits, il convient
d'interpréter cette formule, si elle implique
autre chose que des concessions de pure forme
destinées à faciliter la tâche de M, Stresemann
par rapport à l'opinion allemande égarée et
surexcitée, ou si les positions prises de part et
d'autre ne se trouvent modifiées en rien.
Les élections roumaines se sont terminées
par la victoire complète de M. Maniu et du
parti national paysan. Les résultats officiels
confirment que le bloc gouvernemental dis-
posera, dans la Chambre nouvelle, d'environ
365 sièges, tandis que les partis d'opposition
y auront moins de. trente sièges, soit environ
14. pour les libéraux, 5 pour le groupe Ave-
resco-Jorga, et 7, pour les Magyars. Il y, a là
un renversement de la situation comme on
n'en vit jamais dans aucun Parlement.
Lorsque le cabinet libéral, présidé par
M. Vinti'la Bratiano, s'est .retiré du pouvoir, le
3 novembre dernier, il cédait en fait à la vio-
lente pression que le parti de M. Maniu exer-
çait depuis des mois sur le gouvernement
avec lequel il refusait de. collaborer au Parle-
ment. La thèse du leader du parti 'national-
paysan était que la majorité- libérale sur ia-
quelle s'appuyait le ministère Bratiano-Duca
était factice et ne traduisait pas la volonté du
pays. M. Maniu et se s amis refusaient de t coo-
pérer avec les autres partis aussi longtemps
qu'il ne serait pas procédé avant tout à des
élections absolument libres, se réservant en-
suite de tirer des conclusions fermes d'une
consultation du pays organisée dans ces con- 1-
ditions. Aussi le premier soin du cabinet na-
tional-paysan en arrivant au pouvoir fut-il de
dissoudre la Chambre des députés. et de dé-
créter de nouvelles élections dans les délais
prévus par la Constitution.
.Cette tactique paraît avoir entièrement
réussi à M. Man,iu, si l'on considère les chif-
fres du scrutin. Le parti national-paysan ob-
tient environ 80 0/0 des voix et à, peu près
90 0/0 des mandats. Il n'est pas.d'exemple
que des éleçtions libres aient jamais consa-
cré, de. façon aussi éclatante, toute la. poli-
tique d'un gouvernement qui vient seulement1
de prendre le pouvoir et qui doit encore faire
ses preuves dans tous les domaines.. Cela tend
à établir qu'en Roumanie, pays où les pay-
sans constituent 80 0/0 de la population, la
grande masse des électeurs se range docile-
ment, en .tout état de cause, du côté de ceux
qui détiennent le pouvoir. Il est juste de re-
connaître, au surplus* que le parti paysan tel
que M. Maniu l'a organisé, répond le mieux
aux aspirations de l'immense majorité des
ruraux-et de la petite bourgeoisie qui consti-
tuent la véritable masse nationale roumaine.
Par .contre, le parti libéral, avec la tradition
politique que lui laissa Jean Bratiano, appa-
raissait jusqu'ici comme la seule force poli-
tique réellement organisée de la Roumanie
nouvelle et il est d'autant plus surprenant que
dans l'atmosphère d'élections libres, cette
force se soit en quelque sorte désagrégée
spontanément.
Un autre aspect caractéristique des élec-
tions roumaines, c'est l'écrasement total du
parti communiste et de la ligue antisémite,
qui n'obtiennent aucun mandat dans la
Chambre nouvelle. A Bucarest même, les
communistes n'ont obtenu que 500. voix; ils
ont été complètement battus -en Bessarabie, ¡
où les niasses paysannes et' ouvrières sont
pourtant au contact immédiat du bolchevisme'
russe et, dans l'ensemble du pays, le parti
communiste a'f pas réuni plus de 35*000 voix
alors que là Roumanie compte près de
A7 millions' débitants. Cela témoigne en 'fa-,
veur de la santé morale du peuple roumain
qui, en proie aux passions 'politiques les plus
vives, ne se laisse pas égarer pourtant par
l'influence,de Moscou. De ce côte, sous le ré-
gime de M. Maniu comme sous le régime de
M. Bratiano, la barrière contre le bolchevisme
paraît devoir être solide.
M. Maniu, assuré de trouver au Parlement
et dans le pays un appui efficace, est main-
tenant maître de la situation et peut organiser
à sa guise l'administration du pays. Il sera
intéressant d'observer l'usage qu'il fera des
pouvoirs que lui accorde la nation. Pour autant
que l'on puisse dégager un programme d'en-
semble des discours qui furent prononcés par
les leaders du parti national-paysan pendant
la campagne électorale, il semble bien que M.
Maniu veuille baser sa politique sur quelques
principes assez simples maintien de l'ordre à
l'intérieur, réorganisation administrative dans
le sens d'une large décentralisation s'inspi-
rant des intérêts locaux, prépondérance des
intérêts agricoles et liberté économique. Reste
à savoir comment ces principes se traduiront
dans les réalisations de chaque jour, mais le
fait que la nation lui fait largement confiance
avant même qu'il ait tenté une réforme quel-
conque met M. Maniu en situation de donner
toute, la mesure de son esprit politique dans
des circonstances particulièrement délicates
pour son pays.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU &ent{>0
Bruxelles, 15 décembre.
La Chambre a voté vendredi par 65 voix catho-
tiques et libérales, contre 34 voix socialistes, le
budget des voies et moyens pour 1929 qui rend
applicables les lois d'impôts et qui évalue les re-
cettes fiscales et autres à 9 milliards 543 millions
de francs belges. Il est à noter que les. budgets de
dépenses restent à voter.' Kox~no,15 décembre.
dépenses '̃'̃ Kownb, 15 décembre.
Le gouvernement lithuanien a. donné son agré-
ment a la nomination de M. Antonof Owsejenko,
actuellement représentant de l'Union soviétique à
Prague, comme ministre à Kowno, en remplace-
meni, de M.- Alexandre Arosef, qui quitte ce poste.
New-York, 15. décembre.
La conférence aéronautique internationale a a
clos ses travaux. La discussion a montré que les
points de vue n'étaient pas si éloignés qu'on pou-
vait le croire. Il est possible qu'une nouvelle con-
lérence permette d'étudier de plus près les pj;o-
Llèines de la circulation aérienne.
Chicago, 15 décembre.
on annonce la mort de M. Walter Blaûbman,;
peintre paysagiste connu, qui avait habité Paris
pendant de longues années.
LA PENTE-FATALE
hé Journal, officiel il'Jhier, celui, .de^ea.nia, tin.
publient laxiste desr rectifications qui sont ap-
portées, au vote du, relèvement de..l'indemnité
législative. Les chiffres proclamés, en séance
étaient de 262 contre 254. La majorité,, très
faible, n'était que de 8 voix. Le scrutin avait
eu lieu avec pointage, opération qui est de na-
ture à. en assurer la sincérité. Le pointage,
qui dure en général tpois .quarts d'heure, avait
été prolongé d'une manière anormale pendant
une heure et demie pour'les raisons que nous
avons exposées hier, qui avaient pour but et
qui ont eu pour résultat de transformer la ma-
jorité hostile à l'augmentation de l'indemnité
en majorité de huit voix favorable à
cette augmentation. Par conséquent, on ne s'ex-
plique pàs qu'après un pointage aussi long,
aussi minutieux, aussi' sévère, il puisse y avoir
la moindre rectification de vote.
Il y en a eu cependant dès hier matin, il y
en a ce matin au Journal officiel et la liste
n'en est probablement pas close. D'après celles
qui ont déjà paru, la majorité 'en faveur du
relèvement doit être ranienée à 260 voix, 'la
minorité à 259 la majorité réelle n'est donc
plus que d'une voix.
Ces -rectifications appellent deux observa-
tions. ̃
La première tient à leur nature même. Main-
tenant que, le vote a été proclamé en séance,
que le résultat' est acquis, il est des membres de
l'Assemblée qui veulent avoir, devant le suf-
frage universel, le mérite de paraître avoir re-
poussé cette augmentation. Ils auront l'argent.
Ils voudraient avoir l'honneur. Rien ne sau-
rait mieux démontrer à quel point ils sentent
eux-mêmes que l'augmentation de l'indemnité
parlementaire est condamnée par l'opinion pu-
blique.
La seconde observation porte sur 1 avenir.
Puisque, par les rectifications parues au Jour-
nal officiel intervenant après les manoeuvres
du pointage obérées dans les coulisses de la
Chambre, la majorité risque de se transfor-
mer en minorité, on se trouve évidemment en
présence d'un vote faussé sur une des ques-
tions les plus délicates, les plus controversées
qui touchent au statut des parlementaires. G'ebl
donc une de ces questions où le droit du pré-
sident de Ma République à provoquer une se-
conde délibération pourrait au plus juste ti-
tre s'exercer. Que si le président de la Répu-
blique répugne a prendre cette initiative qui
ne paraît difficile que parce qu'elle n'est
jamais prise, le droit du Sénat à refuser son
assentiment à une mesure si contestable,
«i contestée que plusieurs de ceux-là mê-
mes qui étaient apparus comme l'ayant
votée se hâtent de la désavouer par leurs rec-
tifications, obéissant à leur conscience ou à
un remords, ce droit du Sénat devient aussi-
tôt éminent. La haute Assemblée a le droit,
elle- a le devoir de repousser une augmenta-
tion qui choque visiblement l'opinion publi-
que et qui, dans les circonstances présentes,
apparaît comme particulièrement inopportune.
D'une note rigoureusement exacte que nous
publions plus loin. il résulte que la charge de
l'augmentation votée, avant-hier par la Cham-
bre s'élèverait dans trois ans à 63 millions
nous parlons des seules augmentations de
4§,flOO francs à 60,000 fran.es d'abord, à 67,500
et à 75,000- francs ensuite. Or ces augmenta-
tions auraient lieu automatiquement.
En. m,ême temps qu'elle votait le relèvement
de l'indemnité à. ,uQe;ma|orite infime qui est
en voie de se transformer en minorité, la
Chambre prenait une Résolution extravagante
sur les incompatibilités.
Du moment que l'indemnité législative est
assimilée à un traitement, que le député ou
le sénateur est assimilé à un fonctionnaire, il
est .tout naturel mais il est tout aussi exor-
bitant du caractère politique du mandat par-
lementaire que les mêmes interdictions
soient prononcées contre certains actes du par-
lementaire que contre ceux du fonctionnaire.
La Chambre a donc voté un texte qu'il faut
reproduire pour en mesurer toute la portée.,
Le voiei
Cessera d'appartenir au Parlement par le seul
fait de son acceptation* to.ut membre de Tune ou
l'autre Chambre quî,' postérieurement h son élec-
tion et à partir de la promulgation de la présente
loi. acceptera une fonction de directeur, d'admi-
nistrateur, de gérant, de commissaire aux comp-
tes ou de conseil appointé dans une entreprise
industrielle, commerciale ou financière.
La même déposition sera appliquée aux fonè-
tioiis de directeur ou de rédacteur appointé d'un
ournal financier.. ̃
A défaut de la démission immédiate du par-
lementâire visé, le président et le bureau de l'as-
semblée, saisiront la Chambre ou' le Sénat d'une
proposition tendant à. considérer ce parlementaire
comme démissionnaire d'office.
•De même ,que, sous l'influence des; socialis-
tes, la Chambre, altérant profondément la na-
ture du mandat législatif, le transforme en
une fonction publique rétribuée à l'égal defe
fonctionnaires, de même qu'elle fait de l'élu un
professionnel appointé de la politique, de
même elle essaye, sous la même influence dé-
testable des socialistes, d'éliminer du Parle-
ment tout ce qui n'est pas le pur politicien. On
commence par interdire à un membre du Par-
lement d'être dans l'avenir, dès qu'il appar-
tient au Parlement, 'administrateur dans une
entreprise industrielle, commerciale ou finan-
cière quelconque, cette entreprise n'eût-elle
aucun rapport, aucun lien avec l'Etat. C'est
un commencement.
• Demain on prononcera le même ostracisme
contre les parlementaires qui seraient, avant
leur élection, administrateurs d'une entreprise
semblable. L'enveloppement aura commencé.
N'y avait-il pas déjà des amendements éten-
dant la même incompatibilité à tous les avo-
cats il y en a 142 à la Chambre sur 612
membres, 59 au, Sénat sur 314 membres à.
tous les journalistes– il y en a 38 à la Cham-
bre, 26 au Sénat ? Un Rochefort, un Jaurès,
un Tardieu, un de Jouvenel quelle que soit
l'opinion politique, qui n'a rien à voir ici* avec
le talent n'auraient pu, ne pourraient bien-
tôt plus être membres du Parlement Bien que
lès-rebuts des fonctions socialés, lés' fruits
secs, les laissés pour compte qui n'ayant réussi
nulle part, trouveraient dans les deux Assem-
blées politiques un refuge ouaté et doré.
Voilà la conception que se font du rôle de
la représentation nationale ceux qui ont, par
un vote nocturne émis à la hâte sans examen,
admis cette proposition comme une sorte de
compensation maladroite au vote des 75,O0U
francs.
Vainement dira-t-on que le texte que nous
avons reproduit plus haut ne vise que l'avenir.
Même dans ses limites d'abord restreintes et
bientôt élargies, dans sa portée d'abord future
et bientôt rétroactive, ce texte est extravagant.
Voici un financier éminent, un industriel, un
commerçant qui est l'honneur de son pays. Il
n'arrête pas sa vie commerciale, industrielle
ou financière au seuil du Parlement le jour où
jr y entre, le jour où il a le droit d'y entrer,
comme n'importe quel écumeur de la poli-
tique de village. Au lendemain du jour où
il est élu, il est bien, par une sorte de pitié hu-
miliante et temporaire, admis à continuer
l'entreprise où, en faisant ses affaires, il fait
celles du pays dans la mesure où le commerce,
l'industrie, la finance servent aussi la nation.
Mais interdiction lui est faite désormais de se
servir du génie qui le porte à créer sans cesse
de nouvelle s'entreprises. Bioucicâut ne pourra
pas créer un nouveau Bon. Marché, Germain
uii nouveau Crédit lyonnais, d'autres, bien vi-
vants, dont les noms sont au bout de nôtre
pLume, ne pourraient plus lancer de par. le
monde ces produits qui portent aux\ quatnj
coins'de,la terre l'auréole du nom français,Ja
gloire des inventions françaises.
Voilà à quelles desséchantes, à quelles mes-
quines opérations se livre, dans le désordre
d'une séance nocturne, une Chambre qui,
après avoir exalté son rôle et augmenté ses
émoluments, essaye de rétrécir et de diminuer
le champ d'activité des hommes qui, dans
l'industrie, dans le commerce, dans la finance,
ont, plus que des politiciens de métier, le droit
de porter haut la tête dans un Parlement qui
a plus d'intérêt et d'honneur à les compter
parmi ses membres qu'à les exiler de son
enceinte.
LE NOUVEAU PARTI ALSACIEN
Un nouveau parti catholique alsacien,
formé des éléments nationaux qui se sont sé-
parés de l'Union populaire, est sur le point
d'être officiellement constitué. Sa première
assemblée doit se réunir lundi à Strasbourg,
sous la présidence de M. Oberkirch, sous-se-
crétaire d'Etat. Il est difficile aujourd'hui d'ap-
précier la force et l'influence de ce groupe-
ment qu'anime la foi religieuse, régionaliste
et nationale. La presse autonomiste, en même
temps que les diverses publications de propa-
gande pangermaniste, comme les Els,ass-
Lothvinyen ileimaïslimmen rédigées à Ber-
lin par le docteur. Ernst, condamné par con-
tumace en même temps que le docteur Roos,
lui dénient dès maintenant toute importance
et tout avenir. Mais s'il en était ainsi, si le
nouveau parti n'avait aucune chance de suc-
cès, on pourrait se demander pourquoi lès
journaux de M. Haegy se donnent tant de
peine pour l'accabler de leurs sarcasmes de leurs accusations, avant même qu'il soit
né. Il suffirait de le laisser mourir de sa belle
mort.
M. Michel Wâlter et ses amis de toutes les
obédiences autonomistes reprochent au futur
parti catholique national alsacien d'être gou-
vernemental, et d'être soutenu par la pressp
anticléricale. On ne s'en étonnera pas. Maife
on sera plus surpris peut-être de retrouver cap
accusations, sous, une forme atténuée il est
vrai, dans un article de la Croix que repro-
duit la presse de M. Haegy
Les journaux de Strasbourg et de Mulhouse les plus
hostiles à l'Eglise, écrit la Croix, couvrent d'éloges le
nouveau parti et semblent ainsi vouloir le compromet-
tre au plus vite et amener sa déconfiture, tout en es-
pérant d'ailleurs tirer de sa formation une occasion
de mécomptes et de difficultés pour le parti catho-
lique alsacien traditionnel.
Nous craignons que ces événements n'aient le mal-
heureux résultat d'accentuer dans la masse alsacienne
Mêle à la religion la déilance qu'elle ressent depuis
1924 envers le gouvernement français, accusé de di-
viser, pour en triompher plus' facilement, les forces
catholiques. Nous craignons qu'à rencontre de leurs
désirs, les inspirateurs du nouveau parti national n'a-
boutissent à imprimer un nouvel élan auprès des au-
tonomistes aux tendances extrémistes et ce serait
bien, pour l'Alsace et la France, comme pour la cause
catholique, le pire des malheurs.
"Notre confrère" se trompe. Les seuls jour-,
naux qui « couvrent d'éloges » le nouveau
parti sont les journaux patriotes. Ni les com-
munistes, ni les autonomistes anticléricaux
qui jouissent dé; la sympathie de la presse
haegyste n'ont commis une telle hérésie. Mais
citons encore les commentaires plus clairs que
le Nouvelliste de Colmar ajoute à l'article de
la Croix
Nous l'avons déjà fait remarquer, .le nouveau grou-
pement.est entaché de deux vices originels. Le premier
c'est qu'il s'est séparé de l'Union populaire républK
caine dans des circonstances telles que personne ne
nous fera croire que ce ne soit pas sur l'ordre du
gouvernement ou du moins b. la' suite d'influences gou-
vernementales très prononcées. Personne n'ignore que
les pourparlers entre certains dissidents avaient eu
lieu à la préfecture. Le parti est donc gouvernemental,
c'est une raison de. s'en défier. Il jouit de l'appui de
tous les journaux anticléricaux, francs-maçons et soefa-
listes. On se réjouit dans le camp .des adversaires du
parti, catholique de la scission produite parmi eux, on
encourage les dissidents.
Exposée en termes plus vifs, c'est tout à fait
la même thèse que celle de la, Croix. Et sans
doute là manière douce de cette dernière est-
elle plus 'redoutable pour lés catholiques na-
thjuaux.
Toilà certes qui est étrange. Etre « gouver-
nemental ». serait-ce donc un vice rëdhiB i-
toire ? Des hommes aussi inattaquables et
aussi intègres que. M. Oberkirch, que le comte
de Leusse, que M. Pfleger, pour qui l'atmo-
sphère de l'Union populaire alliée des commuJ
nistes et des séparatistes était devenue irres-
pirable, peuvent-ils être soupçonnés de n'avoir
agi que par servilité?; M. l'abbé Haegy, lui-
même, comme le rappeHe s'£.7sass, s'est féli-
cité naguère de l'entrée de M. Oberkirch, dans
les conseils du gouvernement. «. L'entrée de M.
Oberkirch dans le ministère, écrivait-il alors
dans sa Heimàt, soulève dans la situation pré-
sente de graves questions. Si nous sommes en
droit d'être heureux de savoir l'un. des nôtres
comme conseiller au sein du gouvernement, il
est de notre devoir de lui faciliter sa tâche et
non de l'entraver,.» .On. sa^t comment M. Haegy
a facilité cette tâche. Mais après avoir rendu-
impossible la présence de M. Oberkirch dans
les conseils de l'Union populaire livrée à tou-
tes les folies de l'autonomisme, il n'est peut-
être pas très heureux de reprocher. à un mi-
nistre d'être gouvernemental.
Pour le reste, le Nouvelliste de Colmar
reprend en somme à son compte la vieille ac-
cusation lancée à l'évêque de. Strasbourg par
les hommes de Moscou, par les séparatistes et
par la Germania, accusation matérialisée dans
cette basse caricature qui représentait le prélat
aux ordres du nationalisme français- et de la
franc-maçonnerie.
Nous avons la faiblesse de penser que les
applaudissements des journaux patriotes,
m|me anticléricaux, valent infiniment mieux
"̃que ceux des ennemis de l'unité et de la sé-
°qüë ceux des ennemis de et de la sé-
curité françaises. Pour les premiers, en effet,
la séparation dans l'Union populaire des ca-
itholiques patriotes et des catholiques autono-
mistes est un acte de clarté.Nous sommes loin
ici d'approuver le programme tout entier des
régionalistes et des catholiques nationaux dans
nos provinces recouvrées. Nous aurions sans
doute de graves réserves à faire sur certaines
de leurs revendications. Mais l'essentiel, à no-
tre avis, est que ce programme, que ces re-
vendications ne soient pas entachés du soup-
çon séparatiste' et révolutionnaire. Au point où
M. Haegy et ses fidèles avaient conduit le parti
catholique alsacien, il n'était plus possible de
faire la juste part du régionalisme et du sépa-
ratisme, il n'était plus possible de discuter im-
partialement, et sans un malaise profond, les
problèmes qui se posent en Alsace.
M. Jean Guiraud, dans la Croix, le sait bien.
Il n'ignore pas qu'une propagande ennemie
rôde dans nos provinces recouvrées. Il a écrit
que certaines publications, comme les Elsass-
Lothringen Hcimatstimrtten du docteur Ernst,
sont purement allemandes. Mais est-il assuré
que des rapports peut-être intimes n'existent
pas entre le docteur Ernst, l'abbé Schmidlin,
d'autres Alsaciens.traîtres à l'Alsace française,
et certains prétendus autonomistes? Ce sera
bientôt l'œuvre de la justice d'éclaircir ce point.
Bornons-nous à remarquer l'étrange parallé-
lisme de cette propagande ennemie et de celle
niénée en Alsace par des personnages suspects
que- les journaux de M- Haegy défendent avec
q!le'l~$ jou~'ri.atp¡: (leM. lfa~gy d.~{-e,!ldent avec
ardeur.
II y avait, là une équivoque qui, dans l'intérêt
même des régionalistes, devait être dissipée.
Ensuite, seulement, dans la grande famille
française, où les divergences d'idées sont na-
turelles, mais où l'on ne peut considérer que
d'un même point de vue la solidarité nationale,
il sera possible de débattre dignement les ques-
tions alsaciennes qui sont et qui restent exclu-
sivement d'ordre intérieur français.
«»
LE CIEL DE LUGANO
Le conseil de la Société des nations qui s'est
transporté, pour cette session, à Lugano, a dû y
trouver un singulier changement avec l'atmosphère
de Genève au point de vue physique, s'entend.
S'il est deux contrées proches l'une de l'autre et
entièrement différentes, on peut affirmer que ce
sont celles-là. Aussi bien n'est-ce pas l'un des
charmes de la Suisse de rassembler sous un
même drapeau et dans un territoire restreint trois
civilisations diverses?.
Entre les trois, le Tessin a peut-être la ressem-
blance la plus typique avec le pays européen dont
il parle la langue il y a moins de dissemblances
entf Lugano et Côme, par exemple, qu'il n'y en
a entre Genève ou Zurich et telle ville française
pufallemande proche de la frontière suisse. Cette
ressemblance physique (qui s'est beaucoup f.tlé-
miëe aux autres points de vue depuis l'avènement
du fascisme) est vraiment étonnante. Si les délé-
gués de la Société ont le loisir, entre deux séances,
de. visiter les environs de Lugano, et pourvu que.
lè'ciel ne leur 'soit pas trop inclément, ils y décou-
vriront des paysages d'une beauté surprenante et
qui peuvent rivaliser avec ceux du lac de Côme
oudu lac de Garde.
L'un des premiers, Stendhal l'avait sentie, la
beauté de cette contrée si riante et pour laquelle
le mot « charmant semble avoir été créé. Tout de
suite il range la région tessinoise « parmi les plus
belles de l'Europe, celles qu'on parcourt avec le
plus de volupté, dont on ne se lasse pas et qui
vous font battre le cœur lorsque l'on songe à
elles ». Et Maurice Barrés, après s'être enivré de
parfums avec les colombes des îles Borromée, ne
dédaigne pas de jeter un coup d'oeil « sur cette
perle qu'est le lac de Lugano enchâssé dans un
écrin de montagnes somptueuses ».
Un tel décor agit nécessairement sur ceux qui le
contemplent. Le repos, le calme de l'esprit, une
immense paix semblent être le privilège perpé-
tuel de ce petit coin de l'Europe où l'attention
n'est pas distraite par la vision d'une grande cité
moderne 'comme Genève, où l'imagination n'est
pas sollicitée à chaque instant par les souvenirs
innombrables des ombres fameuses qui le hantè-
rent comme le lac Léman, où rien ne vient trou-
bler le charme de l'heure qui s'écoule.
Cette petite terre gracieuse a, en effet, le privi-
iège si c'en est un de ne pas être lourde
d'histoire, de ne pas avoir été la toile de fond de-
vant laquelle se sont déroulés trop de drame» re-
• tentissants ou d'amours immortelles Aussi la lit-
térature contemporaine l'a-t-elle à peu près né-
̃ gHgée, qui a, par contre, monté en épingle, si l'on
peut dire, et' comme sanctifié pour le grand publie
le décor de Venise, ville-passion, ou celui du lac
dé'Gôme, terre voluptueuse par excellence.
''Est-ce un avantage, est-ce un défaut pour une
cité, pour une contrée, pour un lac ou un rivage
d'arriver à nous dans leur nudité primitive, sans
aucun de ces ornements dont les charge la mémoire
dé ceux qui ont accompli là des'actes retéitis-
sants? Un voyageur d'il y a un siècle ou môme un
!̃ demi-siècle se serait peu embarrassé de ces images
de jadis qui flottent dans l'atmosphère de certains
lieux et ajoutent à leur beauté propre la mélan-
̃ colie de ce qui fut. Mais, sous des apparences au-
très, nous sommés devenus, semble-t-il, beaucoup
i' plus littéraires à ce point de vue que nos devan-
ciers, beaucoup plus exigeants aussi et nous en
arrivons à n'aimer certaines choses que par le
1 passé qui revit en elles. C'est là un sentiment qui
eût semblé bien bizarre, pour ne pas dire incom-
préhensible, à un homme comme le président de
'̃ Brosses, par exemple. Nous sommes aujourd'hui
1 plus compliqués, et, après avoir goûté dans, son
innocente beauté le lac de Lugano, nous nous eni-
vrons des fièvres de Byron et des langueurs à la
Jean- Jacques en naviguant suc le lac de Ge-
nève. »=. V, B.
Il jftÊGlEMENT DÉ LA PAIX [
¡; E
!LAFi}~:Ã+Íô~ JjÉP-lN.U'. VE'
.LA ~ôr~ n
-de la dett^-«téi>Vrât*iOMi»
Le* entretiens politiques de Lugano
MM. Briand,. Chamberlain et Stresemann ont eu
de nouveau, vendredi, après-midi, une conversation
en commun qui,' comme la précédente,- avait pour
objet la'mise en application du. protocole signé
par les Six à Genève, le 16 septembre. Cet entre-
tien à trois, quii a eu lieu chez sir Austen Cnam- ̃
beÉlain, avait été précédé d'une rencontre entre
M. Briand et Al. Stresemann.
'̃ Une 'dernière conversation' à trois- est prévue
pour aujourd'hui! samedi, à l'ilssue de laquelle
sera publié un communiqué, qui -sera la suite de
celui du 16 septembre. '•
« Ce document,' dit une dépêche de Genève à
l'agence Havas, constituera une sorte de déclaration
publique destinée beaucoup moins à* informer 1 opi-
nion de résultats concrets qu'à affirmer la yo-.
lonté des puissances de poursuivre dans une atmo-
sphère- rassérénée par les entretiens de' Lugano
l'exécution du programme arrêté- à Genève en
septembre dernier. On ne ^saurait- donc attendre
du document annoncé, aucune révélation. Les in-
terlocuteurs des-, entretiens .de Lugano sonteons-
tamment demeurés dans le champ de la résolution
du 16 septembre qui n'avait: besoin d'être ni re-
visée, ni amendée.. Ce qui importait le plus.était de
créer une. atmosphère favorable à- l'accomplisse-
ment. du programme arrêté et/ à ce point de vue il
convient, de se féliciter hautement -des entretiens
qui viennent d'avoir lieu. ». < > •
M Briand, avait reçu. dans la journée de ven-
dredi M. ̃ Titulesco,. représentant de la Roumanie
au conseil, et M. Scialoja, représentant de l'Italie;
Sir Austen Chamberlain réprenura, dès samedi, le
chemin de -Londres.
M. Briand a l'intention de quitter Lugano lundi
matin pour Paris.
Une déclaration de M. Stresemann
A l'issue d'un dîner qu'il avait offert vendredi
soir aux représentants à Lugano de la presse alle-
mande, M. Stresemann a fait preuve d'un certain
optimisme quant à la situation politique Créée
par les entretiens de Lugano. Il a exprimé, notam-
ment, sa satisfaction que ses interlocuteurs aient
manifesté une plus grande compréhension des dif-
ficultés en face desquelles l'Allemagne se trouve
placée. Néanmoins, M. Stresemann est resté dans
les généralités; il n'a rien révélé des conversations
qui1 viennent d'avoir lieu.
Lo ministre des affaires du Reich se propose de
prolonger son séjour à Lugano pendant une se-
maine afin de se reposer. Mme Stresemann le
rejoindrait dans cette ville incessamment.
Les conversations anglo-italiennes
La délégation italienne à Lugano a communi-
qué ce quil suit
Sir Austen Chamberlain et M. Scialoja ont continué
vendredi les conversations commencées au début de la
semaine entre sir Austen Chamberlain et M. Grandi. Il
résulte de ces conversations que les gouvernements ita-
lien et britannique sont d'accord sur la procédure à
suivre pour l'application de la résolution de Genève du
16 septembre dernier.
L'évacuation de la Rhénanie
et la presse britannique
Le Daily Telegrapli expose qu'une question très
épineuse se poserait dans l'hypothèse d'une éva-
cuation anticipée et isolée des troupes britanni-
ques d'occupatioii les -membres britanniques de
la comnïission interalliée pourraient-ils .être
maintenus une fois que les troupes britanniques
auraient été retirées? Devraient-ils nécessaire-
ment partir avec elles?
̃ En droit, d'après les avis exprimés par les conseillers
légaux du gouvernement en 1923, ils pourraient, soit
être maintenus, soit être retirés au gré du gouverne-
ment britannique. Mais en fait, s'ils étaient maintenus,
quelles seraient, sans le soutien des troupes britanniques,
l'autorité et l'influence des membres britanniques com-
parées à celles de leurs collègues alliés? Et s'ils1 étaient
retirés en même temps que les troupes, les ordonnances
de la commission rhénane, elle-même, si elles étaient
uniquement prises par les autres membres belges et
français, seraient sans valeur.
L'impression en Allemagne
Notre correspondant de Berlin téléphone samedi
matin
Léo commentaires sur les résultats de Lugano
sont généralement réservés. Une grande partie de
la presse se contente de reproduire une dépêche de
l'agence Wolff d'après laquelle « l'impression -rè-
gne dans la délégation allemande que la partie
adverse s'efforce sérieusement d'arriver à un ré-
sultai satisfaisant dans les questions politiques et
dp trouver une solution acceptable pour l'Allema-
gne comme pour les autres puissances. »
La Gazette de Voss résume en cinq points le
résultat des entretiens de Lugano 1° la question
des réparations n'a été abordée qu'accessoirement;
2° au sujet de l'évacultion et de. la commission de
constatation, certains projets ont été envisagés et
renvoyés à des négociations ultérieures; 3° le
point de vue juridique de l'Allemagne dans la
question de l'évacuation n'a pas été au premier
plan, l'évacuation a été traitée comme un pro-
blènii; politique; 4° on se propose de lier les né-
gociations sur le contrôle des pays rhénans avec
la convention générale de la Société des nations
sur le désarmement; 5° la commission du désar-
mement à la Société des nations se réunira fin
février, ou après la session du conseil en mars.
En somme, conclut la Gazette de Voss, on peut cons-
tater que les entretiens de Lugano ont visiblement
éolairci la situation entre la France et l'Allemagne, que
M. Chamberlain y a collaboré et. que tout est ajourné
après lc résultat des experts qui se réuniront le 10 jan-
vier. Locarno n'est aucunement détruit, bien au con-
traire un pas considérable a été fait vers la réalisation
des espoirs de Locarno.
Le Courrier de la Bourse déclare que l'idée d'une
évacuation progressive des pays rhénans, concur-
remment avec le règlement des réparations, n'est
plus envisagée par aucun des gouvernements in-
téressés. L'évacuation totale est considérée comme
possible dès que l'accord sera réalisé- sur les ques-
tions politiques. Si le comité des experts n'arri-
vait pas à un résultat, le plan Dawes restera en
vigueur sans que l'examen des autres questions
s'en trouve influencé.
Le Lolcal-Anzeiger écrit a
Les trois ministres qui avaient pris a Locarno la res-
ponsabilité de la politique européenne n'ont pas réussi
à Lugano à poser les conditions élémentaires d'une re-
vision du plan Dawes et de l'évacuation. 11 est prouvé
définitivement que la politique de Locarno a manqué
son, but..
La question de l'Anschluss
L'agence Radio publie la dépêche suivante de
Lugano Lugano, 15 décembre.
Il nous revient que lors de leur première entrevue,
MM. Briand et Stresemann fee sont entretenus de la
question du rattachement de l'Autriche au Reich.
M." Briand aurait exprimé, en ces^termes, ses senti-
ments
« Le traité de Saint-Germain ̃stipule que l'Autriche
ne peut pas renoncer à son indépendance sans le con-
sentement unanime du conseil de la Société des nations.
» Le cas échéant, si l'Autriche saisissait le conseil, je
ne m'oppose-rais pas à ce que l'affaire vînt devant le
tribunal et comme l'unanimité ne serait pas obtenue, id
France, a tout le moins, votant contre, le problème,
Juridiquement, serait résolu par la négative.
» Maintenant, s'il y avait iamais, ce que je ne crois
pas, un coup de force de l'Allemagne pour s'annexer
"Autriche, l'Allemagne ne doit pas ignorer que ce serait
fans doute la guerre. »
Le règlement de la dette britannique
envers lès Etats-Unis
Le gouvernement anglais a versé vendredi au
"T.-ésof américain, au titre du règlement de sa
dette de guerre, une somme de 94,âOO,OÔO dollars,
dont 27 millions de dollars pour l'amortissement
de cette dette.
Un discours de M- Mac Donald
Parlant vendredi soir à un banquet à Londres,
M. Ramsay Mac Donald, ancien premier ministre
travailliste, a préconisé la revision du traité de
Versailles, déclarant gu'un traité de paix signé
au lendemain d'une guerre renferme des .clauses
imposées au vaincu qui n'y auraient pas été in-
sérées si les sentiments belliqueux avaient eu la
temps de s'éteindre' et si la signature du traité
avait été., différée deUrois^'ans. ̃
-En vue d'assUrefc.Tirie- paix durable, a ajouté M. Maé"
Donald, c'est' aux- diplomates qu'il; appartient dé cofl,
vaincre vainqueurs* et vaincus de reviser les termes du
traité;
'M. Mac Donald a préconisé égaiement la reprise
des relations diplomatiques avec la Russie, disant.
que cela n'impliquerait, pas la reconnaissance du
gouvernement intérieur des Soviets.
Les délégués suisses
aux tribunaux de la Haye ,•, ̃
«Le Conseil fédiéral suisse a 'confirmé pour, une
nouvelle période les mandats du professeur Max
Huber, juge à la Cour de justice internationale de
la Haye, et de M. Agostino Soldati, juge fédéral,
membre suisse de la Cour permanente d'arbitrage
de la Haye.
Les Etats-Unis et le désarmement
On déclare à la Maison Blanche' flue contraire
ment à certaines informations de presse, les Etats-
Unis sont prêts à participer à la discussion de. la
commission préparatoire du désarmement à Go-
nève. L'affaire est entre les mains de la Société
des nations, dont les Etats-Unis ne sont pas mem-
bres. Il lui appartient'de poursuivre son initiative.
Le pacte Kellogg et le Sénat américain
On mande de Washington:
Commentait la résolution proposée par .certains
sénateurs 'qui .demarideiit au sujet de l'interpré-
tation du pacte Kellogg et de la doctrine de Monroe
ce qui adviendrait au cas où un signataire quel-
coîique, également signataire du pacte de la So-
ciéle des nations, et du traité de Locarno, cQntre-r
viendrait j- aii pa'cte "Kellogg, on déclare. à ra.Mai«op>.
Blanche que, de l'avis ou président Cqolirfge, il
semble difficile au Sénat d'entreprendre une in-
terprétation académique du pacte et d'essayer de
décider à l'avance ce que feraient les Etats-Unis
en certaines circonstances. En fait, une telle ré-
solution dépasse de loin le cadre du pacte Kel-
logg qui dit simplement que les signataires répu-
dient la guerre comme instrument de politique na-
tionale.
La force du pacte, ajoute le président, réside en
ceci qu'il laisse aux mains du gouvernement la
décision à prendre au moment voulu, le Congrès
déterminant alors l'attitude que les Etats-Unis
jugeraient appropriée.
Le président considère qu'en général toute pro-
position ayant pour but de modifier le pacte ou
de faire des réserves serait considérée comme um
geste inamical à l'égard des signataires du pacte.
Le vote de la résolution ne pourrait être qu'une
simple expression de l'opinion du Sénat et n'au-
rait aucun effet d'un autre côté. Le président con-
siaère une telle action comme inutile; et il serait
regrettable qu'après avoir proposé le pacte et. en
avoir obtenu l'approbation par les autres pays, les
Etats- Unis ne le ratifient pas, laissant ainsi le
gouvernement dans une position particulièrement
embarrassante.
Le comité des affaires étrangères du Sénat amé-
ricair. a ajourné pour la troisième fois la discus-
sion du pacte Kellogg.
NOUVELLES D E L'ÉTRANGER
EMPIRE BRITANNIQUE
La maladie de George V
Le bulletin suivant, signé par les docteurs Stan-
ley Hewett, Rigby et Dawson of Penn, a été puw
bhé vendredil à 20 h. 15
Le roi a passé une journée quelque peu agitée et
son état général n'est pas tout à fait aussi satisfaisant.
Cependant, le pouls reste régulier.
Ce bulletin rapproché de la dépêche dans la-
quelle la reine remercie le président Coolidge fai-
sant allusion « l'infection générale», indique
qu'on éprouve les inquiétudes les plus vives sur
l'issue de la maladie du roi. Un médecin, com-
mentant le bulletin de la soirée, a fait les décla-
rations suivantes
II est plutôt troublant, parce que nous devons admeti
tre que l'état local est satisfaisant et que le liquide pu-
rulent continue à s'épancher au moyen d'un drain," mais
que,, malgré cela, les conditions générales ne sont pas
favorables. Il Indique nettement qu'il y a à l'oeuvre une
infection autre que locale.
Mon impression est que la toxémie prend une tournure
plus sérieuse qu'auparavant. Il semble que cet empoi-
sonnement général soit l'aspect le plus grave de la ma-»
ladie.
Le prince de Galles a quitté le plais à 23 h. 15.
Un télégramme de New-York annonce que le
croiseur Durban, ayant à bord le prince George,
est arrivé dans la matinée de vendredi, par un
brouillard intense, et a jeté l'ancre dans la baie
inférieure. Le prince, qui partira ce soir à 11 heu-
res pour F Angleterre par le Berengaria, a été reçu
à bon débarquement par l'ambassadeur de Grande-
Bretagne.
Le tunnel sous la Manche
Le nouveau projet préconisé par M. William
Collard relatif à un tunnel sous la Manche, reliant
ainsi l'Angleterre à la France, semble de plus en
plus intéresser les techniciens et les hommes d'af-
faires anglais et français. Le premier ministre
britannique, M. Baldwin, a promis d'examiner
bientôt le plan de M. Collard et l'on espère que
cette fois le comité impérial de la défense natio-
nale, s'il est appelé à donner son avis, ne se mon-
trera pas défavorable au projet comme il le fut
en 1924 pour celui soumis par le baron d'Erlanger.
D'ailleurs, une motion soutenue par sir Robert
Horne, sir Robert Hamilton, sir A. Shirley Benn
et des membres appartenant à tous les partis du
Parlement, invite la Chambre des communes à
discuter à une date prochaine cette question du
tunnel. La motion dit noamment
Considérant les circonstan-.es diplomatiques actuelles
de l'Europe, la Chambre des communes invite le gou-
vernement à saisir la plus prochaine occasion pour ar-
rêter son attitude au sujet de ce projet. La construction
o'un tunnel serait avantageuse, aussi bien à la Grande-
Bretagne qu'à l'Europe entière, et la main-d'œuvre et
les matériaux nécessités pour ce tunnel auraient nettî-
merit un laractère productif et utile. v
Les relations avec la Russie
Dans un discours prononcé vendredi à Peterheau,
M. Boothby, secrétaire parlementaire du chance-
lier de l'Echiquier, a dit qu'il avait été invité à
donner son avis au sujet des relations futures en-
tre la Grande-Bretagne et la Russie. Il fit remar-
quer à ses auditeurs qu'il allait exprimer son
point de vue personnel et non celui du chancelier
de l'Echiquier. N'empêche que son discours aura
une grande répercussion en Grande-Bretagna.
Il a déclaré notamment
J'aimerais beaucoup voir un commerce actif avec là
Russie, mais je ne vois pas comment on pourrait blâ-
mer le gouvernement de l'état actuel des faits. On
nous dit souvent que le gouvernement des Soviets est
en danger de crouler prochainement, mais franche-
ment, je ne le crois pas. L'administration présente à.
Moscou tient d'un pouvoir militaire et économique su-
prême et rien à mon avis n'est plus probable que oe
pouvoir soit arraché de force de ses mains. On nous
dit que la situation économique aujourd'hui est pire et
beaucoup plus précaire qu'elle n'était il y a deux ans.
Je crois que c'est vral. Les deux questions qui nous
Intéressent et qui sont hérissées dp grosses difficultés
sont celles de la propagande et des dettes. C'est de la
solution de ces deux questions que dépend, je crois,
l'avenir des relations futures anglo-russes.
Personne ne compte. que la Russie remboursera la
totalité de ses dettes ou à peu près. Ce à quoi nous
avons le droit de nous attendre, c'est que l'existence des
dettes soit reconnue et qu'on se mette d'accord sur une
proportion raisonnable de remboursement pendant un
certain nombre d'années.
En ce qui concerne la propagande, nous devons in-
sister, étant donné ce qui se passe, pour que la Russie
n'utilise. pas les facilités diplomatiques qui lu! sont
accordées en vue de renverser notre gouvernement
et notre Constitution.
Il y actuellement dans la Cité et parmi nos Indus-
triels un mouvement dans lé sens de la reprise des
relations économiques avec la Russie.
Le gouvernement des Soviets sait ou devrait savoir
que pourvu que des garanties et des engagements adé-
quats soient donnés, il aurait à sa disposition de larges
crédits dans la Cité de Londres.
C'est k lui par conséquent de faire le premier pa*.
DIMANCHE 16 DECEMBRE 1928
SOIXANTE-HUITIEME ANNÉE. N8 24591
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Le Journal décliné "toute responsabilité quant à leur teneur
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LES ABONNEMENTS DATENT DES I" ET 16 DE GHA.QOE BOIS
Un numéro tfMRtâ et DtPARTEUEHîS) t 4M> centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées ac Dlrect«ut
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
Adresse TÉLÊGBAPHiQUB ^em PS F4»i»
SOMMA1RE
PAGE 2
Nouvelles de l'Elrungcn– A la mémoire d'Amund-
sen. Le Transsaharien Sauvegarde et ri-
chesse nationales, Robeh-Raynaud. Dans le
Proche-Orient. Revue de la presse.
PAGE 3
Séance publique annuelle de l'Académie des scien~
ces morales et politiques.
'̃hambre le Relèvement de V indemnité parlemen-
taire.– Sénat le Budget de 1929; le Secret des
délibérations du' jury.
Feuilleton « La Sœur Saint-Sulpice », par
ARmando Palacio-Valdès. (/V° V6.)
PAGE 4
Académies. A la mémoire de Tioutchew le
Poète du chaos, AndetS Levinson. A l'Hôtel de
Ville. Nouvelles du Jour. La Vie écono-
mique et sociale. L'Affaire de la « Gazette du
Franc et des Nations ». Faits-divers.
PAGE 5
Au'Jour le Jour la Soif de l'or, ANDRÉ Lamandé.
Cour de cassation. -r- Tribunaux. Automobi-
lisme. Théâtres. Tourisme. Nouvelles
commerciales.
PAGE 6
DERNIÈRES Nouvelles.– La Santé du roi George V.
Conseil de ta Sqciété des nations ta Dernière
séance de la session.
Conseil des ministres.
Paris, le 15 décembre
BULLETINJU JOUR
LA FIN DES ENTRETIENS DE LUGANO
LES ELECTIONS ROUMAINES
Les entretiens de Lugano prennent fin
aujourd'hui. M. Briand, sir Austen Chamber-
lain et M. Stresemann se rencontreront une
dernière fois pour se mettre d'accord sur les
termes d'un communiqué qui fixera les résul-
tats acquis au cours de conversations de carac-
tère général qui n'ont pris à aucun instant, il
importe d'y insister, l'aspect de véritables né-
gociations..Aussi convient-il d'attendre la pu-
blication de ce communiqué avant de dégager
une impression d'ensemble de la semaine de
Lugano.
•A en croire certaines informations de source
allemande, on serait maintenant d'avis de réu-
nir le plus vile possible les experts chargés
d'étudier le règlement définitif des réparations
et d'ouvrir officiellement, à Berlin, les négo-
ciations relatiyes, à. l'évacuation .anticipée de
la Rhénanie, par voie diplomatique, avant que
la commercialisation de la dette allemande
soit acquise et dès que la commission d'ex-
perts se sera mise au travail, soit vers le
15 janvier. Ni du côlé français ni du côté an-
glais on n'a confirmation jusqu'ici de ces:nou-,
velles qu'il ne faut accueillir, par conséquent,
qu'avec les réserves d'usage. Les ministres
des affaires étrangères réunis à Lugano à
l'occasion de la cinquante-troisième session
du conseil de la Société des nations n'ont pas,
f ejïible-t-il, à prendre de décision en ce qhi
concerne la* réunioa des expéifts1, question qui
est traitée par des négociations concentrée^ &'
Paris. Les entretiens de Lugano peuvent avoir
pour effet;de déblayer, pratiquement le ter-
rain, en vue des négociations ultérieures et de
dissiper certains malentendus. Il est possible
que le communiqué dont on annonce la publi-
cation pour aujourd'hui même apporte à ce
sujet certaines satisfactions à M. Stresemann
comme aux ministres des affaires étrangères
des nations alliées, mais on s'exposerait à de
nouvelles déceptions en en attendant davan-
tage. Constatons simplement qu'au dîner offert
hier, à Lugano, aux représentants de la presse e
allemande, M. Stresemann a manifesté pour
la première fois quelque optimisme. et a
laissé entendre, tout en restant dans les géné-
ralités, que ses interlocuteurs ont fait preuve
d'une « plus grande compréhension des diffi-
cultés en face desquelles l'Allemagne se
trouve placée n. On ne tardera pas de savoir
comment, à, la lumière des faits, il convient
d'interpréter cette formule, si elle implique
autre chose que des concessions de pure forme
destinées à faciliter la tâche de M, Stresemann
par rapport à l'opinion allemande égarée et
surexcitée, ou si les positions prises de part et
d'autre ne se trouvent modifiées en rien.
Les élections roumaines se sont terminées
par la victoire complète de M. Maniu et du
parti national paysan. Les résultats officiels
confirment que le bloc gouvernemental dis-
posera, dans la Chambre nouvelle, d'environ
365 sièges, tandis que les partis d'opposition
y auront moins de. trente sièges, soit environ
14. pour les libéraux, 5 pour le groupe Ave-
resco-Jorga, et 7, pour les Magyars. Il y, a là
un renversement de la situation comme on
n'en vit jamais dans aucun Parlement.
Lorsque le cabinet libéral, présidé par
M. Vinti'la Bratiano, s'est .retiré du pouvoir, le
3 novembre dernier, il cédait en fait à la vio-
lente pression que le parti de M. Maniu exer-
çait depuis des mois sur le gouvernement
avec lequel il refusait de. collaborer au Parle-
ment. La thèse du leader du parti 'national-
paysan était que la majorité- libérale sur ia-
quelle s'appuyait le ministère Bratiano-Duca
était factice et ne traduisait pas la volonté du
pays. M. Maniu et se s amis refusaient de t coo-
pérer avec les autres partis aussi longtemps
qu'il ne serait pas procédé avant tout à des
élections absolument libres, se réservant en-
suite de tirer des conclusions fermes d'une
consultation du pays organisée dans ces con- 1-
ditions. Aussi le premier soin du cabinet na-
tional-paysan en arrivant au pouvoir fut-il de
dissoudre la Chambre des députés. et de dé-
créter de nouvelles élections dans les délais
prévus par la Constitution.
.Cette tactique paraît avoir entièrement
réussi à M. Man,iu, si l'on considère les chif-
fres du scrutin. Le parti national-paysan ob-
tient environ 80 0/0 des voix et à, peu près
90 0/0 des mandats. Il n'est pas.d'exemple
que des éleçtions libres aient jamais consa-
cré, de. façon aussi éclatante, toute la. poli-
tique d'un gouvernement qui vient seulement1
de prendre le pouvoir et qui doit encore faire
ses preuves dans tous les domaines.. Cela tend
à établir qu'en Roumanie, pays où les pay-
sans constituent 80 0/0 de la population, la
grande masse des électeurs se range docile-
ment, en .tout état de cause, du côté de ceux
qui détiennent le pouvoir. Il est juste de re-
connaître, au surplus* que le parti paysan tel
que M. Maniu l'a organisé, répond le mieux
aux aspirations de l'immense majorité des
ruraux-et de la petite bourgeoisie qui consti-
tuent la véritable masse nationale roumaine.
Par .contre, le parti libéral, avec la tradition
politique que lui laissa Jean Bratiano, appa-
raissait jusqu'ici comme la seule force poli-
tique réellement organisée de la Roumanie
nouvelle et il est d'autant plus surprenant que
dans l'atmosphère d'élections libres, cette
force se soit en quelque sorte désagrégée
spontanément.
Un autre aspect caractéristique des élec-
tions roumaines, c'est l'écrasement total du
parti communiste et de la ligue antisémite,
qui n'obtiennent aucun mandat dans la
Chambre nouvelle. A Bucarest même, les
communistes n'ont obtenu que 500. voix; ils
ont été complètement battus -en Bessarabie, ¡
où les niasses paysannes et' ouvrières sont
pourtant au contact immédiat du bolchevisme'
russe et, dans l'ensemble du pays, le parti
communiste a'f pas réuni plus de 35*000 voix
alors que là Roumanie compte près de
A7 millions' débitants. Cela témoigne en 'fa-,
veur de la santé morale du peuple roumain
qui, en proie aux passions 'politiques les plus
vives, ne se laisse pas égarer pourtant par
l'influence,de Moscou. De ce côte, sous le ré-
gime de M. Maniu comme sous le régime de
M. Bratiano, la barrière contre le bolchevisme
paraît devoir être solide.
M. Maniu, assuré de trouver au Parlement
et dans le pays un appui efficace, est main-
tenant maître de la situation et peut organiser
à sa guise l'administration du pays. Il sera
intéressant d'observer l'usage qu'il fera des
pouvoirs que lui accorde la nation. Pour autant
que l'on puisse dégager un programme d'en-
semble des discours qui furent prononcés par
les leaders du parti national-paysan pendant
la campagne électorale, il semble bien que M.
Maniu veuille baser sa politique sur quelques
principes assez simples maintien de l'ordre à
l'intérieur, réorganisation administrative dans
le sens d'une large décentralisation s'inspi-
rant des intérêts locaux, prépondérance des
intérêts agricoles et liberté économique. Reste
à savoir comment ces principes se traduiront
dans les réalisations de chaque jour, mais le
fait que la nation lui fait largement confiance
avant même qu'il ait tenté une réforme quel-
conque met M. Maniu en situation de donner
toute, la mesure de son esprit politique dans
des circonstances particulièrement délicates
pour son pays.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU &ent{>0
Bruxelles, 15 décembre.
La Chambre a voté vendredi par 65 voix catho-
tiques et libérales, contre 34 voix socialistes, le
budget des voies et moyens pour 1929 qui rend
applicables les lois d'impôts et qui évalue les re-
cettes fiscales et autres à 9 milliards 543 millions
de francs belges. Il est à noter que les. budgets de
dépenses restent à voter.' Kox~no,15 décembre.
dépenses '̃'̃ Kownb, 15 décembre.
Le gouvernement lithuanien a. donné son agré-
ment a la nomination de M. Antonof Owsejenko,
actuellement représentant de l'Union soviétique à
Prague, comme ministre à Kowno, en remplace-
meni, de M.- Alexandre Arosef, qui quitte ce poste.
New-York, 15. décembre.
La conférence aéronautique internationale a a
clos ses travaux. La discussion a montré que les
points de vue n'étaient pas si éloignés qu'on pou-
vait le croire. Il est possible qu'une nouvelle con-
lérence permette d'étudier de plus près les pj;o-
Llèines de la circulation aérienne.
Chicago, 15 décembre.
on annonce la mort de M. Walter Blaûbman,;
peintre paysagiste connu, qui avait habité Paris
pendant de longues années.
LA PENTE-FATALE
hé Journal, officiel il'Jhier, celui, .de^ea.nia, tin.
publient laxiste desr rectifications qui sont ap-
portées, au vote du, relèvement de..l'indemnité
législative. Les chiffres proclamés, en séance
étaient de 262 contre 254. La majorité,, très
faible, n'était que de 8 voix. Le scrutin avait
eu lieu avec pointage, opération qui est de na-
ture à. en assurer la sincérité. Le pointage,
qui dure en général tpois .quarts d'heure, avait
été prolongé d'une manière anormale pendant
une heure et demie pour'les raisons que nous
avons exposées hier, qui avaient pour but et
qui ont eu pour résultat de transformer la ma-
jorité hostile à l'augmentation de l'indemnité
en majorité de huit voix favorable à
cette augmentation. Par conséquent, on ne s'ex-
plique pàs qu'après un pointage aussi long,
aussi minutieux, aussi' sévère, il puisse y avoir
la moindre rectification de vote.
Il y en a eu cependant dès hier matin, il y
en a ce matin au Journal officiel et la liste
n'en est probablement pas close. D'après celles
qui ont déjà paru, la majorité 'en faveur du
relèvement doit être ranienée à 260 voix, 'la
minorité à 259 la majorité réelle n'est donc
plus que d'une voix.
Ces -rectifications appellent deux observa-
tions. ̃
La première tient à leur nature même. Main-
tenant que, le vote a été proclamé en séance,
que le résultat' est acquis, il est des membres de
l'Assemblée qui veulent avoir, devant le suf-
frage universel, le mérite de paraître avoir re-
poussé cette augmentation. Ils auront l'argent.
Ils voudraient avoir l'honneur. Rien ne sau-
rait mieux démontrer à quel point ils sentent
eux-mêmes que l'augmentation de l'indemnité
parlementaire est condamnée par l'opinion pu-
blique.
La seconde observation porte sur 1 avenir.
Puisque, par les rectifications parues au Jour-
nal officiel intervenant après les manoeuvres
du pointage obérées dans les coulisses de la
Chambre, la majorité risque de se transfor-
mer en minorité, on se trouve évidemment en
présence d'un vote faussé sur une des ques-
tions les plus délicates, les plus controversées
qui touchent au statut des parlementaires. G'ebl
donc une de ces questions où le droit du pré-
sident de Ma République à provoquer une se-
conde délibération pourrait au plus juste ti-
tre s'exercer. Que si le président de la Répu-
blique répugne a prendre cette initiative qui
ne paraît difficile que parce qu'elle n'est
jamais prise, le droit du Sénat à refuser son
assentiment à une mesure si contestable,
«i contestée que plusieurs de ceux-là mê-
mes qui étaient apparus comme l'ayant
votée se hâtent de la désavouer par leurs rec-
tifications, obéissant à leur conscience ou à
un remords, ce droit du Sénat devient aussi-
tôt éminent. La haute Assemblée a le droit,
elle- a le devoir de repousser une augmenta-
tion qui choque visiblement l'opinion publi-
que et qui, dans les circonstances présentes,
apparaît comme particulièrement inopportune.
D'une note rigoureusement exacte que nous
publions plus loin. il résulte que la charge de
l'augmentation votée, avant-hier par la Cham-
bre s'élèverait dans trois ans à 63 millions
nous parlons des seules augmentations de
4§,flOO francs à 60,000 fran.es d'abord, à 67,500
et à 75,000- francs ensuite. Or ces augmenta-
tions auraient lieu automatiquement.
En. m,ême temps qu'elle votait le relèvement
de l'indemnité à. ,uQe;ma|orite infime qui est
en voie de se transformer en minorité, la
Chambre prenait une Résolution extravagante
sur les incompatibilités.
Du moment que l'indemnité législative est
assimilée à un traitement, que le député ou
le sénateur est assimilé à un fonctionnaire, il
est .tout naturel mais il est tout aussi exor-
bitant du caractère politique du mandat par-
lementaire que les mêmes interdictions
soient prononcées contre certains actes du par-
lementaire que contre ceux du fonctionnaire.
La Chambre a donc voté un texte qu'il faut
reproduire pour en mesurer toute la portée.,
Le voiei
Cessera d'appartenir au Parlement par le seul
fait de son acceptation* to.ut membre de Tune ou
l'autre Chambre quî,' postérieurement h son élec-
tion et à partir de la promulgation de la présente
loi. acceptera une fonction de directeur, d'admi-
nistrateur, de gérant, de commissaire aux comp-
tes ou de conseil appointé dans une entreprise
industrielle, commerciale ou financière.
La même déposition sera appliquée aux fonè-
tioiis de directeur ou de rédacteur appointé d'un
ournal financier.. ̃
A défaut de la démission immédiate du par-
lementâire visé, le président et le bureau de l'as-
semblée, saisiront la Chambre ou' le Sénat d'une
proposition tendant à. considérer ce parlementaire
comme démissionnaire d'office.
•De même ,que, sous l'influence des; socialis-
tes, la Chambre, altérant profondément la na-
ture du mandat législatif, le transforme en
une fonction publique rétribuée à l'égal defe
fonctionnaires, de même qu'elle fait de l'élu un
professionnel appointé de la politique, de
même elle essaye, sous la même influence dé-
testable des socialistes, d'éliminer du Parle-
ment tout ce qui n'est pas le pur politicien. On
commence par interdire à un membre du Par-
lement d'être dans l'avenir, dès qu'il appar-
tient au Parlement, 'administrateur dans une
entreprise industrielle, commerciale ou finan-
cière quelconque, cette entreprise n'eût-elle
aucun rapport, aucun lien avec l'Etat. C'est
un commencement.
• Demain on prononcera le même ostracisme
contre les parlementaires qui seraient, avant
leur élection, administrateurs d'une entreprise
semblable. L'enveloppement aura commencé.
N'y avait-il pas déjà des amendements éten-
dant la même incompatibilité à tous les avo-
cats il y en a 142 à la Chambre sur 612
membres, 59 au, Sénat sur 314 membres à.
tous les journalistes– il y en a 38 à la Cham-
bre, 26 au Sénat ? Un Rochefort, un Jaurès,
un Tardieu, un de Jouvenel quelle que soit
l'opinion politique, qui n'a rien à voir ici* avec
le talent n'auraient pu, ne pourraient bien-
tôt plus être membres du Parlement Bien que
lès-rebuts des fonctions socialés, lés' fruits
secs, les laissés pour compte qui n'ayant réussi
nulle part, trouveraient dans les deux Assem-
blées politiques un refuge ouaté et doré.
Voilà la conception que se font du rôle de
la représentation nationale ceux qui ont, par
un vote nocturne émis à la hâte sans examen,
admis cette proposition comme une sorte de
compensation maladroite au vote des 75,O0U
francs.
Vainement dira-t-on que le texte que nous
avons reproduit plus haut ne vise que l'avenir.
Même dans ses limites d'abord restreintes et
bientôt élargies, dans sa portée d'abord future
et bientôt rétroactive, ce texte est extravagant.
Voici un financier éminent, un industriel, un
commerçant qui est l'honneur de son pays. Il
n'arrête pas sa vie commerciale, industrielle
ou financière au seuil du Parlement le jour où
jr y entre, le jour où il a le droit d'y entrer,
comme n'importe quel écumeur de la poli-
tique de village. Au lendemain du jour où
il est élu, il est bien, par une sorte de pitié hu-
miliante et temporaire, admis à continuer
l'entreprise où, en faisant ses affaires, il fait
celles du pays dans la mesure où le commerce,
l'industrie, la finance servent aussi la nation.
Mais interdiction lui est faite désormais de se
servir du génie qui le porte à créer sans cesse
de nouvelle s'entreprises. Bioucicâut ne pourra
pas créer un nouveau Bon. Marché, Germain
uii nouveau Crédit lyonnais, d'autres, bien vi-
vants, dont les noms sont au bout de nôtre
pLume, ne pourraient plus lancer de par. le
monde ces produits qui portent aux\ quatnj
coins'de,la terre l'auréole du nom français,Ja
gloire des inventions françaises.
Voilà à quelles desséchantes, à quelles mes-
quines opérations se livre, dans le désordre
d'une séance nocturne, une Chambre qui,
après avoir exalté son rôle et augmenté ses
émoluments, essaye de rétrécir et de diminuer
le champ d'activité des hommes qui, dans
l'industrie, dans le commerce, dans la finance,
ont, plus que des politiciens de métier, le droit
de porter haut la tête dans un Parlement qui
a plus d'intérêt et d'honneur à les compter
parmi ses membres qu'à les exiler de son
enceinte.
LE NOUVEAU PARTI ALSACIEN
Un nouveau parti catholique alsacien,
formé des éléments nationaux qui se sont sé-
parés de l'Union populaire, est sur le point
d'être officiellement constitué. Sa première
assemblée doit se réunir lundi à Strasbourg,
sous la présidence de M. Oberkirch, sous-se-
crétaire d'Etat. Il est difficile aujourd'hui d'ap-
précier la force et l'influence de ce groupe-
ment qu'anime la foi religieuse, régionaliste
et nationale. La presse autonomiste, en même
temps que les diverses publications de propa-
gande pangermaniste, comme les Els,ass-
Lothvinyen ileimaïslimmen rédigées à Ber-
lin par le docteur. Ernst, condamné par con-
tumace en même temps que le docteur Roos,
lui dénient dès maintenant toute importance
et tout avenir. Mais s'il en était ainsi, si le
nouveau parti n'avait aucune chance de suc-
cès, on pourrait se demander pourquoi lès
journaux de M. Haegy se donnent tant de
peine pour l'accabler de leurs sarcasmes
né. Il suffirait de le laisser mourir de sa belle
mort.
M. Michel Wâlter et ses amis de toutes les
obédiences autonomistes reprochent au futur
parti catholique national alsacien d'être gou-
vernemental, et d'être soutenu par la pressp
anticléricale. On ne s'en étonnera pas. Maife
on sera plus surpris peut-être de retrouver cap
accusations, sous, une forme atténuée il est
vrai, dans un article de la Croix que repro-
duit la presse de M. Haegy
Les journaux de Strasbourg et de Mulhouse les plus
hostiles à l'Eglise, écrit la Croix, couvrent d'éloges le
nouveau parti et semblent ainsi vouloir le compromet-
tre au plus vite et amener sa déconfiture, tout en es-
pérant d'ailleurs tirer de sa formation une occasion
de mécomptes et de difficultés pour le parti catho-
lique alsacien traditionnel.
Nous craignons que ces événements n'aient le mal-
heureux résultat d'accentuer dans la masse alsacienne
Mêle à la religion la déilance qu'elle ressent depuis
1924 envers le gouvernement français, accusé de di-
viser, pour en triompher plus' facilement, les forces
catholiques. Nous craignons qu'à rencontre de leurs
désirs, les inspirateurs du nouveau parti national n'a-
boutissent à imprimer un nouvel élan auprès des au-
tonomistes aux tendances extrémistes et ce serait
bien, pour l'Alsace et la France, comme pour la cause
catholique, le pire des malheurs.
"Notre confrère" se trompe. Les seuls jour-,
naux qui « couvrent d'éloges » le nouveau
parti sont les journaux patriotes. Ni les com-
munistes, ni les autonomistes anticléricaux
qui jouissent dé; la sympathie de la presse
haegyste n'ont commis une telle hérésie. Mais
citons encore les commentaires plus clairs que
le Nouvelliste de Colmar ajoute à l'article de
la Croix
Nous l'avons déjà fait remarquer, .le nouveau grou-
pement.est entaché de deux vices originels. Le premier
c'est qu'il s'est séparé de l'Union populaire républK
caine dans des circonstances telles que personne ne
nous fera croire que ce ne soit pas sur l'ordre du
gouvernement ou du moins b. la' suite d'influences gou-
vernementales très prononcées. Personne n'ignore que
les pourparlers entre certains dissidents avaient eu
lieu à la préfecture. Le parti est donc gouvernemental,
c'est une raison de. s'en défier. Il jouit de l'appui de
tous les journaux anticléricaux, francs-maçons et soefa-
listes. On se réjouit dans le camp .des adversaires du
parti, catholique de la scission produite parmi eux, on
encourage les dissidents.
Exposée en termes plus vifs, c'est tout à fait
la même thèse que celle de la, Croix. Et sans
doute là manière douce de cette dernière est-
elle plus 'redoutable pour lés catholiques na-
thjuaux.
Toilà certes qui est étrange. Etre « gouver-
nemental ». serait-ce donc un vice rëdhiB i-
toire ? Des hommes aussi inattaquables et
aussi intègres que. M. Oberkirch, que le comte
de Leusse, que M. Pfleger, pour qui l'atmo-
sphère de l'Union populaire alliée des commuJ
nistes et des séparatistes était devenue irres-
pirable, peuvent-ils être soupçonnés de n'avoir
agi que par servilité?; M. l'abbé Haegy, lui-
même, comme le rappeHe s'£.7sass, s'est féli-
cité naguère de l'entrée de M. Oberkirch, dans
les conseils du gouvernement. «. L'entrée de M.
Oberkirch dans le ministère, écrivait-il alors
dans sa Heimàt, soulève dans la situation pré-
sente de graves questions. Si nous sommes en
droit d'être heureux de savoir l'un. des nôtres
comme conseiller au sein du gouvernement, il
est de notre devoir de lui faciliter sa tâche et
non de l'entraver,.» .On. sa^t comment M. Haegy
a facilité cette tâche. Mais après avoir rendu-
impossible la présence de M. Oberkirch dans
les conseils de l'Union populaire livrée à tou-
tes les folies de l'autonomisme, il n'est peut-
être pas très heureux de reprocher. à un mi-
nistre d'être gouvernemental.
Pour le reste, le Nouvelliste de Colmar
reprend en somme à son compte la vieille ac-
cusation lancée à l'évêque de. Strasbourg par
les hommes de Moscou, par les séparatistes et
par la Germania, accusation matérialisée dans
cette basse caricature qui représentait le prélat
aux ordres du nationalisme français- et de la
franc-maçonnerie.
Nous avons la faiblesse de penser que les
applaudissements des journaux patriotes,
m|me anticléricaux, valent infiniment mieux
"̃que ceux des ennemis de l'unité et de la sé-
°qüë ceux des ennemis de et de la sé-
curité françaises. Pour les premiers, en effet,
la séparation dans l'Union populaire des ca-
itholiques patriotes et des catholiques autono-
mistes est un acte de clarté.Nous sommes loin
ici d'approuver le programme tout entier des
régionalistes et des catholiques nationaux dans
nos provinces recouvrées. Nous aurions sans
doute de graves réserves à faire sur certaines
de leurs revendications. Mais l'essentiel, à no-
tre avis, est que ce programme, que ces re-
vendications ne soient pas entachés du soup-
çon séparatiste' et révolutionnaire. Au point où
M. Haegy et ses fidèles avaient conduit le parti
catholique alsacien, il n'était plus possible de
faire la juste part du régionalisme et du sépa-
ratisme, il n'était plus possible de discuter im-
partialement, et sans un malaise profond, les
problèmes qui se posent en Alsace.
M. Jean Guiraud, dans la Croix, le sait bien.
Il n'ignore pas qu'une propagande ennemie
rôde dans nos provinces recouvrées. Il a écrit
que certaines publications, comme les Elsass-
Lothringen Hcimatstimrtten du docteur Ernst,
sont purement allemandes. Mais est-il assuré
que des rapports peut-être intimes n'existent
pas entre le docteur Ernst, l'abbé Schmidlin,
d'autres Alsaciens.traîtres à l'Alsace française,
et certains prétendus autonomistes? Ce sera
bientôt l'œuvre de la justice d'éclaircir ce point.
Bornons-nous à remarquer l'étrange parallé-
lisme de cette propagande ennemie et de celle
niénée en Alsace par des personnages suspects
que- les journaux de M- Haegy défendent avec
q!le'l~$ jou~'ri.atp¡: (leM. lfa~gy d.~{-e,!ldent avec
ardeur.
II y avait, là une équivoque qui, dans l'intérêt
même des régionalistes, devait être dissipée.
Ensuite, seulement, dans la grande famille
française, où les divergences d'idées sont na-
turelles, mais où l'on ne peut considérer que
d'un même point de vue la solidarité nationale,
il sera possible de débattre dignement les ques-
tions alsaciennes qui sont et qui restent exclu-
sivement d'ordre intérieur français.
«»
LE CIEL DE LUGANO
Le conseil de la Société des nations qui s'est
transporté, pour cette session, à Lugano, a dû y
trouver un singulier changement avec l'atmosphère
de Genève au point de vue physique, s'entend.
S'il est deux contrées proches l'une de l'autre et
entièrement différentes, on peut affirmer que ce
sont celles-là. Aussi bien n'est-ce pas l'un des
charmes de la Suisse de rassembler sous un
même drapeau et dans un territoire restreint trois
civilisations diverses?.
Entre les trois, le Tessin a peut-être la ressem-
blance la plus typique avec le pays européen dont
il parle la langue il y a moins de dissemblances
entf Lugano et Côme, par exemple, qu'il n'y en
a entre Genève ou Zurich et telle ville française
pufallemande proche de la frontière suisse. Cette
ressemblance physique (qui s'est beaucoup f.tlé-
miëe aux autres points de vue depuis l'avènement
du fascisme) est vraiment étonnante. Si les délé-
gués de la Société ont le loisir, entre deux séances,
de. visiter les environs de Lugano, et pourvu que.
lè'ciel ne leur 'soit pas trop inclément, ils y décou-
vriront des paysages d'une beauté surprenante et
qui peuvent rivaliser avec ceux du lac de Côme
oudu lac de Garde.
L'un des premiers, Stendhal l'avait sentie, la
beauté de cette contrée si riante et pour laquelle
le mot « charmant semble avoir été créé. Tout de
suite il range la région tessinoise « parmi les plus
belles de l'Europe, celles qu'on parcourt avec le
plus de volupté, dont on ne se lasse pas et qui
vous font battre le cœur lorsque l'on songe à
elles ». Et Maurice Barrés, après s'être enivré de
parfums avec les colombes des îles Borromée, ne
dédaigne pas de jeter un coup d'oeil « sur cette
perle qu'est le lac de Lugano enchâssé dans un
écrin de montagnes somptueuses ».
Un tel décor agit nécessairement sur ceux qui le
contemplent. Le repos, le calme de l'esprit, une
immense paix semblent être le privilège perpé-
tuel de ce petit coin de l'Europe où l'attention
n'est pas distraite par la vision d'une grande cité
moderne 'comme Genève, où l'imagination n'est
pas sollicitée à chaque instant par les souvenirs
innombrables des ombres fameuses qui le hantè-
rent comme le lac Léman, où rien ne vient trou-
bler le charme de l'heure qui s'écoule.
Cette petite terre gracieuse a, en effet, le privi-
iège si c'en est un de ne pas être lourde
d'histoire, de ne pas avoir été la toile de fond de-
vant laquelle se sont déroulés trop de drame» re-
• tentissants ou d'amours immortelles Aussi la lit-
térature contemporaine l'a-t-elle à peu près né-
̃ gHgée, qui a, par contre, monté en épingle, si l'on
peut dire, et' comme sanctifié pour le grand publie
le décor de Venise, ville-passion, ou celui du lac
dé'Gôme, terre voluptueuse par excellence.
''Est-ce un avantage, est-ce un défaut pour une
cité, pour une contrée, pour un lac ou un rivage
d'arriver à nous dans leur nudité primitive, sans
aucun de ces ornements dont les charge la mémoire
dé ceux qui ont accompli là des'actes retéitis-
sants? Un voyageur d'il y a un siècle ou môme un
!̃ demi-siècle se serait peu embarrassé de ces images
de jadis qui flottent dans l'atmosphère de certains
lieux et ajoutent à leur beauté propre la mélan-
̃ colie de ce qui fut. Mais, sous des apparences au-
très, nous sommés devenus, semble-t-il, beaucoup
i' plus littéraires à ce point de vue que nos devan-
ciers, beaucoup plus exigeants aussi et nous en
arrivons à n'aimer certaines choses que par le
1 passé qui revit en elles. C'est là un sentiment qui
eût semblé bien bizarre, pour ne pas dire incom-
préhensible, à un homme comme le président de
'̃ Brosses, par exemple. Nous sommes aujourd'hui
1 plus compliqués, et, après avoir goûté dans, son
innocente beauté le lac de Lugano, nous nous eni-
vrons des fièvres de Byron et des langueurs à la
Jean- Jacques en naviguant suc le lac de Ge-
nève. »=. V, B.
Il jftÊGlEMENT DÉ LA PAIX [
¡; E
!LAFi}~:Ã+Íô~ JjÉP-lN.U'. VE'
.LA ~ôr~ n
-de la dett^-«téi>Vrât*iOMi»
Le* entretiens politiques de Lugano
MM. Briand,. Chamberlain et Stresemann ont eu
de nouveau, vendredi, après-midi, une conversation
en commun qui,' comme la précédente,- avait pour
objet la'mise en application du. protocole signé
par les Six à Genève, le 16 septembre. Cet entre-
tien à trois, quii a eu lieu chez sir Austen Cnam- ̃
beÉlain, avait été précédé d'une rencontre entre
M. Briand et Al. Stresemann.
'̃ Une 'dernière conversation' à trois- est prévue
pour aujourd'hui! samedi, à l'ilssue de laquelle
sera publié un communiqué, qui -sera la suite de
celui du 16 septembre. '•
« Ce document,' dit une dépêche de Genève à
l'agence Havas, constituera une sorte de déclaration
publique destinée beaucoup moins à* informer 1 opi-
nion de résultats concrets qu'à affirmer la yo-.
lonté des puissances de poursuivre dans une atmo-
sphère- rassérénée par les entretiens de' Lugano
l'exécution du programme arrêté- à Genève en
septembre dernier. On ne ^saurait- donc attendre
du document annoncé, aucune révélation. Les in-
terlocuteurs des-, entretiens .de Lugano sonteons-
tamment demeurés dans le champ de la résolution
du 16 septembre qui n'avait: besoin d'être ni re-
visée, ni amendée.. Ce qui importait le plus.était de
créer une. atmosphère favorable à- l'accomplisse-
ment. du programme arrêté et/ à ce point de vue il
convient, de se féliciter hautement -des entretiens
qui viennent d'avoir lieu. ». < > •
M Briand, avait reçu. dans la journée de ven-
dredi M. ̃ Titulesco,. représentant de la Roumanie
au conseil, et M. Scialoja, représentant de l'Italie;
Sir Austen Chamberlain réprenura, dès samedi, le
chemin de -Londres.
M. Briand a l'intention de quitter Lugano lundi
matin pour Paris.
Une déclaration de M. Stresemann
A l'issue d'un dîner qu'il avait offert vendredi
soir aux représentants à Lugano de la presse alle-
mande, M. Stresemann a fait preuve d'un certain
optimisme quant à la situation politique Créée
par les entretiens de Lugano. Il a exprimé, notam-
ment, sa satisfaction que ses interlocuteurs aient
manifesté une plus grande compréhension des dif-
ficultés en face desquelles l'Allemagne se trouve
placée. Néanmoins, M. Stresemann est resté dans
les généralités; il n'a rien révélé des conversations
qui1 viennent d'avoir lieu.
Lo ministre des affaires du Reich se propose de
prolonger son séjour à Lugano pendant une se-
maine afin de se reposer. Mme Stresemann le
rejoindrait dans cette ville incessamment.
Les conversations anglo-italiennes
La délégation italienne à Lugano a communi-
qué ce quil suit
Sir Austen Chamberlain et M. Scialoja ont continué
vendredi les conversations commencées au début de la
semaine entre sir Austen Chamberlain et M. Grandi. Il
résulte de ces conversations que les gouvernements ita-
lien et britannique sont d'accord sur la procédure à
suivre pour l'application de la résolution de Genève du
16 septembre dernier.
L'évacuation de la Rhénanie
et la presse britannique
Le Daily Telegrapli expose qu'une question très
épineuse se poserait dans l'hypothèse d'une éva-
cuation anticipée et isolée des troupes britanni-
ques d'occupatioii les -membres britanniques de
la comnïission interalliée pourraient-ils .être
maintenus une fois que les troupes britanniques
auraient été retirées? Devraient-ils nécessaire-
ment partir avec elles?
̃ En droit, d'après les avis exprimés par les conseillers
légaux du gouvernement en 1923, ils pourraient, soit
être maintenus, soit être retirés au gré du gouverne-
ment britannique. Mais en fait, s'ils étaient maintenus,
quelles seraient, sans le soutien des troupes britanniques,
l'autorité et l'influence des membres britanniques com-
parées à celles de leurs collègues alliés? Et s'ils1 étaient
retirés en même temps que les troupes, les ordonnances
de la commission rhénane, elle-même, si elles étaient
uniquement prises par les autres membres belges et
français, seraient sans valeur.
L'impression en Allemagne
Notre correspondant de Berlin téléphone samedi
matin
Léo commentaires sur les résultats de Lugano
sont généralement réservés. Une grande partie de
la presse se contente de reproduire une dépêche de
l'agence Wolff d'après laquelle « l'impression -rè-
gne dans la délégation allemande que la partie
adverse s'efforce sérieusement d'arriver à un ré-
sultai satisfaisant dans les questions politiques et
dp trouver une solution acceptable pour l'Allema-
gne comme pour les autres puissances. »
La Gazette de Voss résume en cinq points le
résultat des entretiens de Lugano 1° la question
des réparations n'a été abordée qu'accessoirement;
2° au sujet de l'évacultion et de. la commission de
constatation, certains projets ont été envisagés et
renvoyés à des négociations ultérieures; 3° le
point de vue juridique de l'Allemagne dans la
question de l'évacuation n'a pas été au premier
plan, l'évacuation a été traitée comme un pro-
blènii; politique; 4° on se propose de lier les né-
gociations sur le contrôle des pays rhénans avec
la convention générale de la Société des nations
sur le désarmement; 5° la commission du désar-
mement à la Société des nations se réunira fin
février, ou après la session du conseil en mars.
En somme, conclut la Gazette de Voss, on peut cons-
tater que les entretiens de Lugano ont visiblement
éolairci la situation entre la France et l'Allemagne, que
M. Chamberlain y a collaboré et. que tout est ajourné
après lc résultat des experts qui se réuniront le 10 jan-
vier. Locarno n'est aucunement détruit, bien au con-
traire un pas considérable a été fait vers la réalisation
des espoirs de Locarno.
Le Courrier de la Bourse déclare que l'idée d'une
évacuation progressive des pays rhénans, concur-
remment avec le règlement des réparations, n'est
plus envisagée par aucun des gouvernements in-
téressés. L'évacuation totale est considérée comme
possible dès que l'accord sera réalisé- sur les ques-
tions politiques. Si le comité des experts n'arri-
vait pas à un résultat, le plan Dawes restera en
vigueur sans que l'examen des autres questions
s'en trouve influencé.
Le Lolcal-Anzeiger écrit a
Les trois ministres qui avaient pris a Locarno la res-
ponsabilité de la politique européenne n'ont pas réussi
à Lugano à poser les conditions élémentaires d'une re-
vision du plan Dawes et de l'évacuation. 11 est prouvé
définitivement que la politique de Locarno a manqué
son, but..
La question de l'Anschluss
L'agence Radio publie la dépêche suivante de
Lugano Lugano, 15 décembre.
Il nous revient que lors de leur première entrevue,
MM. Briand et Stresemann fee sont entretenus de la
question du rattachement de l'Autriche au Reich.
M." Briand aurait exprimé, en ces^termes, ses senti-
ments
« Le traité de Saint-Germain ̃stipule que l'Autriche
ne peut pas renoncer à son indépendance sans le con-
sentement unanime du conseil de la Société des nations.
» Le cas échéant, si l'Autriche saisissait le conseil, je
ne m'oppose-rais pas à ce que l'affaire vînt devant le
tribunal et comme l'unanimité ne serait pas obtenue, id
France, a tout le moins, votant contre, le problème,
Juridiquement, serait résolu par la négative.
» Maintenant, s'il y avait iamais, ce que je ne crois
pas, un coup de force de l'Allemagne pour s'annexer
"Autriche, l'Allemagne ne doit pas ignorer que ce serait
fans doute la guerre. »
Le règlement de la dette britannique
envers lès Etats-Unis
Le gouvernement anglais a versé vendredi au
"T.-ésof américain, au titre du règlement de sa
dette de guerre, une somme de 94,âOO,OÔO dollars,
dont 27 millions de dollars pour l'amortissement
de cette dette.
Un discours de M- Mac Donald
Parlant vendredi soir à un banquet à Londres,
M. Ramsay Mac Donald, ancien premier ministre
travailliste, a préconisé la revision du traité de
Versailles, déclarant gu'un traité de paix signé
au lendemain d'une guerre renferme des .clauses
imposées au vaincu qui n'y auraient pas été in-
sérées si les sentiments belliqueux avaient eu la
temps de s'éteindre' et si la signature du traité
avait été., différée deUrois^'ans. ̃
-En vue d'assUrefc.Tirie- paix durable, a ajouté M. Maé"
Donald, c'est' aux- diplomates qu'il; appartient dé cofl,
vaincre vainqueurs* et vaincus de reviser les termes du
traité;
'M. Mac Donald a préconisé égaiement la reprise
des relations diplomatiques avec la Russie, disant.
que cela n'impliquerait, pas la reconnaissance du
gouvernement intérieur des Soviets.
Les délégués suisses
aux tribunaux de la Haye ,•, ̃
«Le Conseil fédiéral suisse a 'confirmé pour, une
nouvelle période les mandats du professeur Max
Huber, juge à la Cour de justice internationale de
la Haye, et de M. Agostino Soldati, juge fédéral,
membre suisse de la Cour permanente d'arbitrage
de la Haye.
Les Etats-Unis et le désarmement
On déclare à la Maison Blanche' flue contraire
ment à certaines informations de presse, les Etats-
Unis sont prêts à participer à la discussion de. la
commission préparatoire du désarmement à Go-
nève. L'affaire est entre les mains de la Société
des nations, dont les Etats-Unis ne sont pas mem-
bres. Il lui appartient'de poursuivre son initiative.
Le pacte Kellogg et le Sénat américain
On mande de Washington:
Commentait la résolution proposée par .certains
sénateurs 'qui .demarideiit au sujet de l'interpré-
tation du pacte Kellogg et de la doctrine de Monroe
ce qui adviendrait au cas où un signataire quel-
coîique, également signataire du pacte de la So-
ciéle des nations, et du traité de Locarno, cQntre-r
viendrait j- aii pa'cte "Kellogg, on déclare. à ra.Mai«op>.
Blanche que, de l'avis ou président Cqolirfge, il
semble difficile au Sénat d'entreprendre une in-
terprétation académique du pacte et d'essayer de
décider à l'avance ce que feraient les Etats-Unis
en certaines circonstances. En fait, une telle ré-
solution dépasse de loin le cadre du pacte Kel-
logg qui dit simplement que les signataires répu-
dient la guerre comme instrument de politique na-
tionale.
La force du pacte, ajoute le président, réside en
ceci qu'il laisse aux mains du gouvernement la
décision à prendre au moment voulu, le Congrès
déterminant alors l'attitude que les Etats-Unis
jugeraient appropriée.
Le président considère qu'en général toute pro-
position ayant pour but de modifier le pacte ou
de faire des réserves serait considérée comme um
geste inamical à l'égard des signataires du pacte.
Le vote de la résolution ne pourrait être qu'une
simple expression de l'opinion du Sénat et n'au-
rait aucun effet d'un autre côté. Le président con-
siaère une telle action comme inutile; et il serait
regrettable qu'après avoir proposé le pacte et. en
avoir obtenu l'approbation par les autres pays, les
Etats- Unis ne le ratifient pas, laissant ainsi le
gouvernement dans une position particulièrement
embarrassante.
Le comité des affaires étrangères du Sénat amé-
ricair. a ajourné pour la troisième fois la discus-
sion du pacte Kellogg.
NOUVELLES D E L'ÉTRANGER
EMPIRE BRITANNIQUE
La maladie de George V
Le bulletin suivant, signé par les docteurs Stan-
ley Hewett, Rigby et Dawson of Penn, a été puw
bhé vendredil à 20 h. 15
Le roi a passé une journée quelque peu agitée et
son état général n'est pas tout à fait aussi satisfaisant.
Cependant, le pouls reste régulier.
Ce bulletin rapproché de la dépêche dans la-
quelle la reine remercie le président Coolidge fai-
sant allusion « l'infection générale», indique
qu'on éprouve les inquiétudes les plus vives sur
l'issue de la maladie du roi. Un médecin, com-
mentant le bulletin de la soirée, a fait les décla-
rations suivantes
II est plutôt troublant, parce que nous devons admeti
tre que l'état local est satisfaisant et que le liquide pu-
rulent continue à s'épancher au moyen d'un drain," mais
que,, malgré cela, les conditions générales ne sont pas
favorables. Il Indique nettement qu'il y a à l'oeuvre une
infection autre que locale.
Mon impression est que la toxémie prend une tournure
plus sérieuse qu'auparavant. Il semble que cet empoi-
sonnement général soit l'aspect le plus grave de la ma-»
ladie.
Le prince de Galles a quitté le plais à 23 h. 15.
Un télégramme de New-York annonce que le
croiseur Durban, ayant à bord le prince George,
est arrivé dans la matinée de vendredi, par un
brouillard intense, et a jeté l'ancre dans la baie
inférieure. Le prince, qui partira ce soir à 11 heu-
res pour F Angleterre par le Berengaria, a été reçu
à bon débarquement par l'ambassadeur de Grande-
Bretagne.
Le tunnel sous la Manche
Le nouveau projet préconisé par M. William
Collard relatif à un tunnel sous la Manche, reliant
ainsi l'Angleterre à la France, semble de plus en
plus intéresser les techniciens et les hommes d'af-
faires anglais et français. Le premier ministre
britannique, M. Baldwin, a promis d'examiner
bientôt le plan de M. Collard et l'on espère que
cette fois le comité impérial de la défense natio-
nale, s'il est appelé à donner son avis, ne se mon-
trera pas défavorable au projet comme il le fut
en 1924 pour celui soumis par le baron d'Erlanger.
D'ailleurs, une motion soutenue par sir Robert
Horne, sir Robert Hamilton, sir A. Shirley Benn
et des membres appartenant à tous les partis du
Parlement, invite la Chambre des communes à
discuter à une date prochaine cette question du
tunnel. La motion dit noamment
Considérant les circonstan-.es diplomatiques actuelles
de l'Europe, la Chambre des communes invite le gou-
vernement à saisir la plus prochaine occasion pour ar-
rêter son attitude au sujet de ce projet. La construction
o'un tunnel serait avantageuse, aussi bien à la Grande-
Bretagne qu'à l'Europe entière, et la main-d'œuvre et
les matériaux nécessités pour ce tunnel auraient nettî-
merit un laractère productif et utile. v
Les relations avec la Russie
Dans un discours prononcé vendredi à Peterheau,
M. Boothby, secrétaire parlementaire du chance-
lier de l'Echiquier, a dit qu'il avait été invité à
donner son avis au sujet des relations futures en-
tre la Grande-Bretagne et la Russie. Il fit remar-
quer à ses auditeurs qu'il allait exprimer son
point de vue personnel et non celui du chancelier
de l'Echiquier. N'empêche que son discours aura
une grande répercussion en Grande-Bretagna.
Il a déclaré notamment
J'aimerais beaucoup voir un commerce actif avec là
Russie, mais je ne vois pas comment on pourrait blâ-
mer le gouvernement de l'état actuel des faits. On
nous dit souvent que le gouvernement des Soviets est
en danger de crouler prochainement, mais franche-
ment, je ne le crois pas. L'administration présente à.
Moscou tient d'un pouvoir militaire et économique su-
prême et rien à mon avis n'est plus probable que oe
pouvoir soit arraché de force de ses mains. On nous
dit que la situation économique aujourd'hui est pire et
beaucoup plus précaire qu'elle n'était il y a deux ans.
Je crois que c'est vral. Les deux questions qui nous
Intéressent et qui sont hérissées dp grosses difficultés
sont celles de la propagande et des dettes. C'est de la
solution de ces deux questions que dépend, je crois,
l'avenir des relations futures anglo-russes.
Personne ne compte. que la Russie remboursera la
totalité de ses dettes ou à peu près. Ce à quoi nous
avons le droit de nous attendre, c'est que l'existence des
dettes soit reconnue et qu'on se mette d'accord sur une
proportion raisonnable de remboursement pendant un
certain nombre d'années.
En ce qui concerne la propagande, nous devons in-
sister, étant donné ce qui se passe, pour que la Russie
n'utilise. pas les facilités diplomatiques qui lu! sont
accordées en vue de renverser notre gouvernement
et notre Constitution.
Il y actuellement dans la Cité et parmi nos Indus-
triels un mouvement dans lé sens de la reprise des
relations économiques avec la Russie.
Le gouvernement des Soviets sait ou devrait savoir
que pourvu que des garanties et des engagements adé-
quats soient donnés, il aurait à sa disposition de larges
crédits dans la Cité de Londres.
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