Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-10-01
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1928 01 octobre 1928
Description : 1928/10/01 (Numéro 24515). 1928/10/01 (Numéro 24515).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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« CHÈQUE JP O S TA.L Numéro 60
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées an Directeur
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE temps pa&is
Ce numéro est accompagné du « TEMPS
ÉCONOMIQUE ET FINANCIER qui doit être
délivré gratuitement à nos lecteurs.
SOMMA.IRE
PAGE 2
Dans le Proche-Orient Le Voyage de M. Veni-
zelos le Congrès littéraire de Belgrade.
Discours de M. Raymond Poincaré à l'inauguration
du monument aux morts de Chambéry.
Nouvelles du jour.
Chronique théâtrale, PIERRE BRISSON.
PAGE 3
La Vie économique et sociale. Revue de la
Presse. Un hydravion italien tombe dans le
Rhône. Faits-Divers. Aéronautique.
Sports. Théâtres. Nouvelles commerciales.
PAGE 4
Dernières Nouvelles M. Alexandre Millerand
à Clermont-Fcrrand. Remise de la Légion
d'honneur à la ville de Nomény. Un Discours
de M. Caillaux.
JFmfûTr-mïiiiSSSmnmTwSïiïi rmfiïïTnnin li ̃ i iTiriiTTTai
Paris, le 30 septembre
BULLETIN DU JOUR
:i_E ÛiSCOURS DE M. POINCARt
L'ANGLETERRE ET LA NOTE AMÉRICAINE
Dans lo discours que M. Poincaré a prononcé
cet après-midi à Chambéry, le président du
conseil', a souligné avec force cette volonté' de
paix qui commande la politique générale de la
-'France, mais n'entend rien abandonner au ha-
sard et ne rien sacrifier de ce qui est nécessaire
|à notre sécurité et à la sauvegarde de nos droits.
,On sait qu'au lendemain des conversations et
des débats de Genève, des polémiques se sont
instituées dans la presse internationale mettant
en doute, une fois d-j plus et même contre l'évi-
dence des faits, la sincérité de notre politique en
matière de limitation des armements et de l'es-
prit dans lequel nous entendons examiner le
problème des réparations. Les paroles si claires
et si fermes de M. Poincaré dissiperont toute
équivoque que certaines polémiques alleman-
des auraient pu faire naître à ce sujet.
Si la France fut des premières à s'engager
spontanément dans la voie du désarmement, si
elle a constamment donné l'exemple dans ce
domaine, elle a pourtant le droit et le devoir
d'apprécier les moyens nécessaires à sa défense
et de tenir compte « des moyens d'attaque que
fournissent à d'autres leurs cadres, leurs so-
ciétés de préparation militaire, l'importance de
leur population et' les facilités de transforma-
tion de leur industrie ». Toute la justification
du discours prononcé à Genève par M. Briand,
discours qui émut si vivement les Allemands,
est là.
Quant au problème des réparations, le prési-
dent du conseil a exposé lumineusement la
thèse française tout règlement, pour être équi-
table, doit nous garantir de la part de nos dé-
biteurs, outre le versement intégral de ce que
nous devrons payer à nos créanciers, une in-
demnité,, nette pour ijos.domnias-es.de guerre.
Le président du conseil a ajouté que, quelle que
soit sur ces deux points sécurité et répara-
tions –la prudence qui nous est commandée «et
qui ne nous permet pas de nous démunir de nos
gages à la légère », nous n'avons pas accepté
d'ouvrir des pourparlers avec l'arrière-pensée
de les traîner en longueur ou de les faire avor-
'ter. « Nous les entamerons, au contraire, a-t-il
dit, le plus tôt possible et nous les poursuivrons
de bunne grâce, avec confiance dans le résultat
final. »
Ces paroles du chef responsable du gouver-
nement de la République seront entendues
comme elles doivent l'être, dans le pays et
au dehors. En un raccourci impressionnant,
M. Poincaré précise ainsi tous les aspects des
deux problèmes, désarmement et règlement des
réparations, tels qu'ils doivent être posés si
on veut les résoudre pratiquement, dans un
véritable esprit d'équité et de paix. Le dis-
cou rs de Chambéry traduit fidèlement la pen-
sée et le sentiment de la nation française en-
tière.
Toute l'attention se porte naturellement sur
l'impression produite en Angleterre par la note
américaine relative à la limitation des arme-
ments navals. En raison même de l'opposition
entre les intérêts britanniques et les intérêts
américains, c'est la réaction provoquée à Lon-
dres par la réponse de Washington qui préoc-
cupe surtout les milieux politiques. Il va de soi
que le gouvernement anglais n'a pu encore
arrêter l'attitude qu'il adoptera en présence de
ce fait nouveau. Ce n'est pas avant une hui-
taine de jours que M. Stanley Baldwin compte
réunir les membres du cabinet pour discuter
la question en pleine connaissance de cause,
les services du Foreign office et de l'amirauté
̃ devant s'occuper d'ici là de fixer les aspects
politiques et techniques de la suggestion faite
par les Etats-Unis en vue de nouveaux pour-
parlers. Ce que l'on peut dire et cela est
essentiel pour l'instant, c'est que l'impres-
sion dans les milieux officieux anglais ne pa-
raît pas être défavorable et qu'on y insiste
surtout sur le fait que Washington laisse la
porte ouverte à des négociations ultérieures.
Le véritable sentiment anglais se trouve
exactement traduit, semble-t-il, par le Times
lorsque celui-ci constate qu'il est extrêmement
regrettable « que ce qui était sincèrement pro-
posé comme devant contribuer à la solution gé-
nérale du problème du désarmement ait été
tout aussi sincèrement mal compris en Amé-
rique ». Personne, en effet, ne peut sérieuse-
ment mettre en doute l'absolue bonne foi avec
laquelle le cabinet de Washington a examiné
la question, mais il est bien certain que la
campagne perfide et malhonnête menée con-
tre la proposition de compromis franco-bri-
tannique a fait naître dans l'opinion améri-
caine des inquiétudes qui, si injustifiées qu'el-
les fussent, ont dû impressionner les milieux
dirigeants de l'autre côté de l'Atlantique
et les décider à s'en tenir, par crainte de
toute surprise, aux thèses déjà reconnues
comme impossibles à concilier avec les thèses
britanniques. Ce qu'il faut en déduire, c'est que
si l'on veut assurer un développement favorable
à de nouvelles négociations, il importe avant
tout de dissiper les malentendus et les suspi-
cions qu'ont réussi à faire naître de regretta-
bles polémiques. La première chose à faire à cet
effet est de publier le texte même de la pro-
position de compromis qui établira aux yeux
de tous la sincérité avec laquelle la France et la
Grande-Bretagne oni voulu réaliser une saine
œuvre de paix.
A Londres comme à Paris, on note ainsi avec
intérêt que le gouvernemennt américain, tout
en repoussant la formule de compromis naval
préconisée, ouvre lui-même la porte à de nou-
veaux pourparlers en suggérant une méthode
de limitation des armements navals s'inspirant
directement de la thèse que la France soutint
il différentes reprises et qu'elle abandonna pré-
cisément en vue de rendre possible un accord
général acceptable pour la Grande-Bretagne.
Le gouvernement de Londres devra examiner
dans quelle mesure la formule américaine
peut fournir une base utile de discussion. Ce
serait une erreur pourtant, on ne saurait assez
le répéter afin de mettre l'opinion en garde
contre de trop faciles illusions, de croire
qu'.uae. telle négociatioa ëêca âi§§e: En, êMëlx
sans contester l'intérêt du fait lui-même que
le cabinet de Washington marque son désir
de poursuivre la conversation en faisant des
suggestions, on ne doit pas perdre de vue que
la note américaine, telle qu'elle est rédigée,
ramène effectivement le débat là où il fut laissé
lors de l'échec de la conférence navale à trois
et que, une fois la proposition de compromis
franco-britannique écartée, on se retrouve de-
vant les mêmes difficultés qui ont fait jus-
qu'ici obstacle à un accord de principe et à
une convocation utile de la commission pré-
paratoire de Genève.
Il ne faut jamais désespérer du bon sens
des gouvernements conscients de leurs res-
ponsabilités, et, par ailleurs, l'Angleterre dé-
sire trop sincèrement dissiper tout malentendu
entre elle et l'Amérique pour qu'il n'y ait pas
place pour un accord sauvegardant tous les
légitimes intérêts en cause, mais cet accord sera
délicat à réaliser et les mois qui viennent s'an-
noncent comme devant être particulièrement
laborieux pour l'activité diplomatique.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU tlCJUpS
Athènes, 30 septembre.
M. Carapanos, ministre des affaires étrangères,
est arrivé hier soir.
Washington, 30 septembre.
On croit savoir que l'ambassade de Grande-Bre-
tagne a demandé des détails au sujet des coups de
feu qui ont été tirés sur une automobile, à Lorain
(Ohio), par des agents du service de la prohibi-
tion. Dans cette voiture se trouvaient des sujets
britanniques, qui avaient été pris pour des contre-
bandiers.
Bombay, 30 septembre.
Les négociations entre les représentants des pro-
priétaires de filatures et ceux des grévistes ont été
rompues sur la question de la diminution des sa-
laires des tisserands.
LE DISCOURS M M. MILLERAND
De tous les groupements de républicains
libéraux et nationaux qui mènent en France
le bon combat contre la démagogie socialisante,
le parti républicain fédéral du Puy-de-Dôme
est assurément l'un des plus actifs. Au cours
d'une séance solennelle tenue aujourd'hui à
Clermont-Ferrand à l'occasion du congrès
annuel de cette fédération, M. Alexandre Mil-
lerand a prononcé un grand discours politique
où il a esquissé à larges traits sa conception
de ce que doit être l'action de la République à
l'extérieur et à l'intérieur. Nous retrouvons
dans ce discours la franchise de pensée, la
netteté des formules, la doctrine ardemment
républicaine et nationale qui caractérisent
l'éloquence de l'ancien chef de l'Etat et sont
la marque de sa vigoureuse personnalité.
L'union nationale, régime fondé, par défi-
nition, sur la collaboration de tous les partis
qui ne s'en exceptent pas eux-mêmes, exclut
pour un temps et, espérons-le, pour le plus
long temps possible le heurt et la lutte des
factions; elle exclut également, dans une cer-
taine mesure, tout rappel trop véhément des
anciennes querelles qui, de 1924 à 1926, ont
failli mettre la France au tombeau; mais elle
n'en comporte pas l'oubli. Peut-être l'Histoire
tiendra-t-elle compte, en faisant le bilan des
méfaits du cartel, de l'ivresse de son insolent
triomphe, de l'état d'exaltation mystique où se
trouvaient ses élus elle ne saurait en tout cas
lui pardonner le pronunciamienlo sans précé-
dent,la voie de fait inexcusable à laquelle il s'est
livré en chassant M. Alexandre Millerand de
l'Elysée, au mépris de l'esprit et de la lettre des
textes organiques de l'Etat français. Pour la
première fois, un parti arrivé au pouvoir a
alors délibérément brisé la Constitution, mé-
connu le pacte républicain, fait prévaloir la
force brutale du nombre sur la légalité consti-
tutionnelle.
M. Alexandre Millerand' représente donc le
principe même qu'a bafoué le cartel au temps
de sa toute-puissance. Il se trouve être ainsi
le porte-parole qualifié autant qu'éminent de
ceux qui n'ont jamais pris leur parti de la dé-
magogie cartelliste et qui ne sauraient s'ac-
commoder du retour des saturnales politiques
de 1924. Depuis son éviction de l'Elysée, il est
d'ailleurs resté sur la brèche, d'abord comme
sénateur de la Seine (on n'a pas oublié que
son élection contribua grandement à abréger
les jours du cartel), puis, après une retraite
dignement acceptée, comme sénateur de
l'Orne. Après avoir occupé les plus hautes
charges de l'Etat, il continue à lutter, en mili-
tant, pour la République des vrais républicains
et des bons Français.
M. Alexandre Millerand, rentré au Sénat
comme unioniste, reste le partisan de l'union
nationale qu'il a toujours préconisée. Mais
cela ne l'empêche pas tout au contraire
d'aspirer aux réformes par lesquelles le ré-
gime peut et doit se perfectionner dans l'inté-
rêt du pays. C'est ainsi qu'il a fait, à Cler-
mont-Ferrand, de nouveau le procès du scrutin
d'arrondissement, qu'il a qualifié avec vigueur
de « scrutin d'abaissement et de démoralisa-
tion ». Nous pensons, on le sait, avec l'ancien
chef de l'Etat, que ni la République ni la
France n'ont aujourd'hui un scrutin à leur
taille et que nos institutions ne sauraient réel-
lement progresser tant qu'on ne se sera pas
résolu à élargir la base du scrutin politique
en l'arrachant aux contingences des bas inté-
rêts électoraux et de l'esprit de clocher.
M. Alexandre Millerand souhaite aussi d'au-
tres réformes, génératrices d'autres progrès. Il
proclame avec raison que le parti républicain
national met au premier plan les questions
sociales et rectifie ainsi une légende que so-
cialistes et socialisants propagent depuis trop
longtemps à plaisir. A en croire cette légende
absurde, les républicains dits « modérés ne
feraient aucune place, dans leurs préoccupa-
tions, au sort du plus grand nombre, et ne
s'institueraient les champions de la conser-
vation sociale que pour faire obstacle à l'amé-
lioration des conditions d'existence des tra-
vailleurs. Il y a là une flagrante injustice, une
contre-vérité caractérisée, mise par des me-
neurs politiques au service des plus bas inté-
rêts électoraux. En réalité, c'est dans les rangs
des antisocialistes que se trouvent les républi-
cains les plus « sociaux », les mieux déter-
minés à sauvegarder effectivement, autrement
que par le mirage marxiste ou par l'appel aux
passions égalitaires, les véritables intérêts des
travailleurs.
Que d'autres légendes à détruire M. Mil-
lerand n'a pas négligé de s'attaquer à celle
qui, peut-être, fait le plus de mal au régime
et au pays. « Il n'est pas a-t-il dit de
dogme plus ruineux ni plus ridicule que celui
des monopoles. » La formule est juste autant
que sévère la manie du monopole, dont font
étalage les" hommes dits « de gauche », n'est
pas seulement catastrophique au point de vue
des finances publiques, elle est absurde, parce
qu'elle ne repose sur rien. On l'a dit cent fois
en quoi l'allumette d'Etat est-elle plus « répu-
blicaine » que l'allumette tout court ? En
réalité, si nos bons socialisants tiennent ou
affectent de tenir tellement aux monopoles,
n'est-ce pas en raison de la clientèle électorale
que ces monopoles leur procurent sous forme
de fonctionnaires, agents, sous-agents et
sportulaires de toutes sortes ?
M. Alexandre Millerand réclame, d'autre
part, le vote rapide du statut des fonction-
naires. 'Orusait que cette .question, jjui l'a tou-
jours vivement préoccupé, a été tout près 1
d'être résolue lors de son passage à la prési-
dence du conseil. Le vœu exprimé par M. Mil-
lerand est d'une brûlante actualité, au lende-
main de ce « congrès » au cours duquel les
fonctionnaires illégalistes ont proclamé leur
haine en même temps que leur appréhension
du statut. Les « droits », ils les veulent tous;
des devoirs, ils n'en acceptent aucun, ce qui
est évidemment fort commode. Il est bien évi-
dent que, si les fonctionnaires réussissent à
faire échouer le statut, ce sera, entre l'Etat et
eux, une question de force. L'Etat républicain
jugulera le syndicalisme administratif, ou le
syndicalisme administratif tuera l'Etat répu-
blicain.
M. Alexandre Millerand, après avoir exposé
ses idées personnelles sur la séparation des
pouvoirs, dont la stricte, observation est le vœu
de tous ceux qui sont sincèrement attachés aux
institutions démocratiques, a, enfin, en ce qui
concerne notre politique extérieure, et plus par-
ticulièrement la question de la Rhénanie, pris
à son compte la substance du retentissant dis-
cours de M. Briand à l'assemblée de la So-
ciété des nations. Le pacifisme le plus géné-
reux peut se rencontrer, en France du moins,
avec le patriotisme le plus clairvoyant, dès
lors qu'on est résolu à ne pas sacrifier aux
chimères et qu'on consent à voir dans la force
française la meilleure garantie de la paix.
LA CONIMISSANCEDE L'OCCIDENT
La Société des nations, avant de clore sa neu-
vième session plénière, vient d'adopter un vœu
présenté par les délégations de plusieurs Etats
d'é ''l'Amérique latine, tendant à répandre en
Europe, par la collaboration cordiale des his-
toriens de divers pays, la connaissance des faits
qui ont déterminé, dans les contrées de l'Occi-
dent transocéanique, la naissance et l'évolution
de plusieurs peuples, issus principalement des
populations de la péninsule ibérique, mais tou-
jours unis à la France par des affinités et des
sympathies d'où résulte une véritable parenté
intellectuelle et morale. Déjà, le sixième con-
grès international des sciences historiques,
réuni dans la capitale de la Norvège, avait
terminé ses travaux en inscrivant à son pro-
gramme une résolution déclarant que « l'his-
toire de l'Amérique latine doit prendre une plus
grande place dans l'éducation historique ».
Ces manifestations, d'une curiosité intelli-
gente, ne sauraient manquer d'ouvrir aux en-
quêtes méthodiques de l'esprit humain une
perspective neuve, où nous aurons plus d'une
fois la satisfaction de retrouver, à l'horizon du
Nouveau-Monde, les images et les souvenirs
qui attestent la part prise par la France au dé-
veloppement de la civilisation universelle. Il
y a, dans les vastes territoires d'outre-mer, des
nations qui, durant de longues années, furent
inconnues ou méconnues. L'Alliance française
rappelait naguère, dans son bulletin trimestriel,
l'époque encore récente où, d'une rive à l'autre
de l'Atlantique, « l'étendue d'un espace qui
semblait immense, la longueur d'une traversée
qui paraissait interminable et les difficultés in-
nombrables d'un voyage sur une terre inexplo-
rée et réputée inaccessible opposaient aux1
échanges des produits de l'industrie humaine,
comme à l'importation des ouvrages de l'esprit,
un amoncellement d'obstacles que les volontés
les plus entreprenantes hésitaient quelquefois à
franchir ». Alors, faute d'une information di-
recte et précise, on se résignait à ignorer toute
une portion notable du genre humain, ou l'on
suppléait à cette ignorance par une étrange
provision de légendes et d'historiettes. On se
contentait d'esquisser vaguement, d'après des
lectures anciennes, la fantasmagorie plus ou
moins poétique d'un passé lointain. On savait
que Christophe Colomb, dans son troisième
voyage, a fait escale en un pays de lagunes qui
évoqua dans sa mémoire charmée le nom de
Venise, et auquel il donna, pour ce motif, le
nom de Venezuela. Mais on oubliait qu'un Vé-
nézuélien, Francisco-Antonio de Miranda, né
à Caracas, au mois de juin 1752, combattit avec
La Fayette et Rochambeau pour l'indépendance
des Etats-Unis, vint solliciter en France sa part
d'honneur et de péril dans la lutte pour la li-
berté, fut un des héros de Valmy, et mérita,
pour ce motif, d'être inscrit sur l'Arc de Triom-
phe de l'Etoile.
Le comité France-Amérique a reçu, tout
récemment, à Paris, la visite d'un éminent ci-
toyen de la République Argentine, M. Almo-
nacid, qui s'est engagé, au mois d'août 1914,
dans l'armée française, pour la durée de la
guerre, et qui a gagné vaillamment, dans le
service de l'aviation, plusieurs citations glo-
rieuses, la médaille militaire et la croix de la
Légion d'honneur.
L'an dernier, à l'assemblée plénière de la con-
férence parlementaire internationale du com-
merce, réunie à Rio-de-Janeiro, sous le haut pa-
tronage de M. Washington LuizPereira deSouza,
président de la République duBrésil,la présence
des délégués de la République Argentine, de
la Bolivie, du Chili, de la Colombie, du Para-
guay, du Pérou, du Salvador, de l'Uruguay, du
Venezuela signifiait, dans une atmosphère de
cordialité unanime, le ferme propos de vivre
d'accord, pour le travail dans la paix retrou-
vée, et racontait comme en une série de cha-
pitres d'histoire vivante une longue suite de
ressentiments apaisés, de litiges conciliés, de
souverainetés reconnues, de règlements amia-
bles et d'arbitrages loyalement acceptés de
part et d'autre, conformément aux règles per-
manentes du droit consacré par la victoire de
la justice et de la liberté.
Les républiques latines de l'Amérique ont,
à tour de rôle, conquis leur indépendance na-
tionale au cours du siècle dernier, sous l'in-
fluence des idées libérales que la philosophie
du dix-huitième siècle et la Révolution fran-
çaise avaient semées à travers le monde, et qui
ont germé, fleuri, fructifié sur les rive-s du
fleuve des Amazones, de l'Orénoque, du rio de
la Plata, de l'Iguassou et dans les hautes terres
volcaniques de la Cordillère des Andes. Ce qui
a sauvé de l'anarchie ces peuples ancienne-
ment formés par un mouvement migratoire et
nouvellement promus à la vie politique par
une évolution libératrice, c'est qu'ils ont su
acclimater sur un sol longtemps occupé par
des gauchos galopant à la poursuite du' bétail,
par des péons labourant la glèbe ou par des
esclaves employés à la recherche de l'or, une
élite capable de, s'inspirer de l'exemple des
nations les plus éclairées de l'Europe pour
s'engager résolument dans les voies du pro-
grès matériel et social. Ces démocraties latines
ont trouvé des chefs illustres, dont plus d'un,
reprenant en quelque sorte les traditions des
plus hautes magistratures de la Cité antique, a
mérité d'être considéré comme le père d'une
patrie. On sait comment l'initiative du libéra-
teur Simon Bolivar, ancien élève de notre
Ecole polytechnique, a créé, pour ainsi dire,
une nation, en donnant son nom à la Bolivie
indépendante.
L'institut historique et géographique du Brésil
a publié en 1922, à l'occasion du centenaire
de l'indépendance de la nation brésilienne, un
important recueil de documents et d'études, oit
les meilleurs historiens de l'Amérique latine
ont apporté leur collaboration, prouvant à
chaque page qu'au pays de Joaquim Nabuco
et de Ruy Barbosa la civilisation s'est toujours
développée, selon la juste remarque d'Eduardo
da Silva Prado, « dans le sens indiqué par la
jsoçation historique des nations ibériques du
Nouveau-Monde ». Cette jeune et grande répu-
blique sait que les démocraties ne sont viables
çuVa la condition de susciter des élites capables
%'âssurer, sur les sommets, le rayonnement de
la lumière spirituelle, comme ces coureurs
athéniens qui se transmettaient de main en
main, dans le stade où ils tombaient parfois
d'épuisement et de fatigue, la clarté impéris-
sable du flambeau sacré.
Sur la participation de la France à cette
œuvre de haute portée et d'incalculable con-
séquence, il nous est agréable de citer le té-
moignage d'un distingué diplomate, M. Mario
de Pimentel Brandâo, qui connaît Paris aussi
bien que Rio-de-Janeiro, et qui, dans une re-
marquable introduction à l'histoire des Lettres
brésiliennes, a écrit ceci « Toute notre pro-
duction littéraire des cent dernières années
reflète l'enthousiasme, le goût passionné que
nous avons pour les Lettres françaises. »
Ainsi s'affirme et se précise au pays des étoiles
nouvelles, par l'union indissoluble des vo-
lontés droites, des pensées justes et des senti-
ments généreux, dans la sympathie mutuelle
des esprits et des cœurs, le rapprochement
idéal de l'ancien continent et du Nouveau-
Monde sous le signe étincelant de la Croix du
Sud.
-3SJ*-
Autour des subventions
Donc la commission, sur la. proposition du rap-
porteur M. Locquin, a décidé de porter la sub-
vention de l'Opéra à 2,400,000 francs, celles de
la Comédie-Française et de l'Opéra-Comique à
1 million, celle de l'Odéon à 400,000 francs. Ce ne
sera pas trop. Sera-ce même assez?Avant la guerre,
à l'âge d'or, l'Opéra recevait 800,000 francs, la
Comédie-Française 240,000 francs, l'Opéra-Comi-
'quë 300,000 francs, et l'Odéon 100,000 francs. Au
coefficient cinq, il faudrait donc 4 millions pour
l'Opéra, 1,200,000 pour la Comédie-Française,
1,500,000 pour l'Opéra-Comique et 500,000 pour
TOdéon. Et l'on devrait dire alors non pas que
les subventions sont augmentées, mais qu'elles
sont maintenues. Au taux de la commission, elles
seront sensiblement diminuées. En votant cette
prétendue augmentation, le Parlement ne les re-
lèvera pas; il atténuera la diminution, mais ne
reviendra même pas au pair. Tant que le franc-
papier a oscillé dans le provisoire, on pouvait at-
tendre, et il n'était pas défendu d'espérer. Depuis
la stabilisation il sied de regarder les chiffres
en face, et de reconnaître que tout preneur qui
ne voit pas son revenu quintuplé est appauvri et
rançonné d'autant.
Il n'en faut pas moins hautement féliciter M.
Locquin et la commission de leur intention bien-
veillante, et souhaiter franchement que la Cham-
bre et le Sénat la ratifient. Pourvu qu'il ne se
trouve pas de nouveau Michou, et s'il en surgit
un, qu'on ne l'écoute pas! En des temps déjà fort
anciens, il y a une trentaine d'années, dans la dis-
cussion du budget des beaux-arts, un obscur dé-
puté d'on ne sait plus quel département, nommé
Michou, montait à la tribune et réclamait par
voie d'amendement qu'on supprimât les subven-
tions. Les journaux boulevardiers ne manquaient
pas de demander Est-ce un Michou sérieux ? `.'
C'était un Michou qui ne voulait pas payer, mais
sérieux, il l'était terriblement, jusqu'à une fa-
rouche austérité de paysan du Danube. Les arts
en général lui apparaissaient comma des frivoli-
tés inutiles, et les théâtres en particulier comme
aes lieux do perdition. C'était un disciple de
Bossuet, de Jean-Jacques et de Tolstoï. En outre,
il considérait que ses électeurs, ne venant ja-
mais à Paris et n'allant ni à l'Opéra ni à la Co-
médie, n'avaient pas à contribuer aux frais de
ces institutions. Raisonnements primaires et (au
sens étymologique) impertinents. Car d'abord les
Parisiens versent beaucoup plus d'impôts que les
paysans et couvrent en bonne partie des dépenses
qui ne les intéressent pas spécialement mais
tous les citoyens sont solidairement intéressés à
toutes celles qui importent à la prospérité et à
la grandeur collectives. En outre la facilité des
communications amène de plus en plus de pro-
vinciaux et de ruraux à Paris. D'ailleurs, les créa-
tions artistiques des théâtres parisiens profitent
à toute la population grâce aux théâtres .et con-
certs locaux, au phonographe et à la radio-
phonie. Elles déterminent toute une activité in-
dustrielle et commerciale dont les bénéfices s'é-
tendent par tout le pays. Elles servent éminem-
ment la culture intellectuelle, au dedans et au
dehors. Elles entretiennent et accroissent bril-
lamment le prestige national.
Michou avait tort, entièrement tort. Tolstoï,
Jean-Jacques et Bossuet aussi. Toutefois, à un
point de vue philosophique, on peut se permettre
une remarque un peu amère. Sauf peut-être pour
la grande musique, extrêmement coûteuse, avouons
que l'évidente nécessité des subventions ne fait
pas honneur au public payant. Car enfin il y a
des directeurs de théâtres privés qui gagnent de
l'argent, et un music-hall à Paris vaut plusieurs
fermes en Beauce. Le mélo, le vaudeville, la
calembredaine, les petites femmes de revue et
les flonflons se passent d'être encouragés 1 C'est
dommage, car on aime à croire que l'Etat ne les
encouragerait pas, et l'on en serait débarrassé.
Les niaiseries sonores empoisonnent la vie de-
puis que les gramophones et les hauts parleurs
les infligent aux voisins et aux passants. En re-
vanche, Corneille et Racine, Molière et Shaks-
peare, Mozart et Debussy, ne feraient pas de
recettes suffisantes et nous en serions sevrés, sans
les subventions 1 Gardons-les, augmentons-les,
mais c'est un peu honteux, et nous n'aurons le
droit de nous croire vraiment civilisés que lors-
que nous n'en aurons plus besoin. P. S.
<&
LE RÈGLEMENT DE LA PAIX
Le compromis naval
Ce qu'on dit aux Etats-Unis `
On mande de Washington à l'agence Radio:
Jusqu'ici, les millieux officiels américains se
sont prudemment abstenus de faire Je moindre
commentaire sur le rejet, par le gouvernement
des Etats-Unis, des propositions contenues dans
le compromis naval franco-britannique, le porte-
parole de la Maison-Blanche s'étant borné à dire
que la note américaine parlait suffisamment par
elle-même.
Dans le millieu des ambassades, on ne garde pas
la même réserve et plusieurs diplomates étran-
gers ont cru devoir exprimer l'opinion que les
politiques navales américaine et britannique sont
de plus en plus divergentes et qu'il y avait peu
de chances maintenant qu'un accord se fasse, tout
au moins sur la-question de la limitation des na-
vires auxiliaires.
Le projet de loi autorisant la construction de
quinze croiseurs et d'un navire porte-avions doit
venir, l'hiver prochain, en discussion devant le
Sénat. De la décision du Sénat dépend sans doute
l'attitude du gouvernement américain. On sait
que la Chambre haute a le pouvoir d'augmenter
le nombre des unités navales à mettre immédiia-
tement en chantier.
Dans un article de fond, le journal semi-offi-
cieux Washington Post dit que la réponse amé-
ricaine aux propositions navales franco-anglaises
a entièrement exposé « l'hypocrisie des gouver-
nements français et anglais, qui prétendent cher-
cher une liïnitati'on des armements navals, alors
qu'en vérité ils essayent de s'exempter eux-mêmes
de toute limitation n.
La Washington Post admet le point de vue of-
ficiel américain qu'une considération spéciale
pourrait être 3onnée aux besoins navals fran-
çais et italiens, mais l'organe semi-officieux af-
firme que ni la France ni ta Grande-Bretagne ne
désirent « une honnête et équitable limitation
navale », et pour cela il demande, évidemment,
que les Etats-Unis n'hésitent; pas à construire le
plus grand nombre possible de croiseurs* x
La presse anglaise
Notre correspondant de Londres téléphone dimanche
matin:
Les journaux anglais, tout en critiquant le mys-
tère dont) on a enveloppé le compromis franco-
britannique, jugent la note américaine de façons
diverses. Certains prétendent que ce mystère a
tué le compromis, et demandent « une nouvelle
orientation de la politique navale du pays ». D'au-
tres pensent que, lorsque les. soupçons éveillés et
les complications provoquées par l'élection prési-
dentielle aux Etats-Unis et les élections anglaises
seront tombés, le compromis pourra servir de
base nouvelle à de futures négociations sur le dé-
sarmement.
L'Observer déclare que le principal effet pro-
duit sur le gouvernement anglais par la note
américaine est que la méthode particulière pro-
posée par l'Angleterre et par la France pour la
réouverture des discussions est abandonnée.
Les propositions étaient expressément subordonnées
à l'approbation de l'Amérique.
Le rejet des propositions anglo-françaises laisse la
voie ouverte à d'autres négociations et, par la teneur
même de leur note, les Etats-Unis ont fait le premier
pas vers les nouvelles discussions. Une incertitude in-
quiétante réside dans la question de savoir si le gou-
vernement anglais est encore disposé à admettre qu'il
est nécessaire de s'entendre sur un principe diploma-
tique d'égalité navale, entre les Etats-Unis et l'Angle-
terre, avant que les détails des experts sur la limita-
tion soient acceptés. Ce principe reconnaîtrait les be-
soins particuliers des deux pays.
Les délibérations du cabinet, cette semaine, sur le
sujet qui devra être étudié seront intéressantes.
On avait prévu, observe le Sunday Times, que
la note américaine refuserait d'accepter les pro-
positions de compromis anglo-français comme
base d'une nouvelle discussion du désarmement
naval, mais on ne s'attendait pas au ton particu-
lièrement modéré de la réponse.
Le compromis, en tant que base de discussion avec
les Etats-Unis, disparalt, mais aucun terrain n'a été
perdu dans la campagne pour la réduction des arma-
ments. La question doit être différée pendant un cer-
tain temps pour que l'on puisse continuer à la discuter
plus tard dans des conditions plus propices.
Le Sunday Dispatch, de son côté, dit qu'une
réponse ne sera donnée à la note des Etats-Unis
qu'après que le cabinet anglais l'aura étudiée à ;a
lumière des mémorandums que préparent le minis-
tère des affaires étrangères et le premier lord de
l'amiïauté.
Bien que la note américaine soit surtout négative, de
nouvelles négociations sont possibles sur la base de la
suggestion qu'elle renferme, qu'il devrait y avoir une
limitation du total du tonnage naval des différentes
puissances, laissant chaque puissance libre de répartir
ce tonnage sur les types de navires qu'elle considère
les plus appropriés à ses besoins.
Une nouvelle réunion de la commission du désarme-
ment à Genève n'est guère probable jusqu'à ce qu'un
terrain d'entente ait été préparé par les gouvernements
intéressés.
Parlant des suspicions auxquelles a donné liteu
le secret gardé autour du compromis naval, le
Référée écrit
Il y a là une grave question et l'on est forcé de se
rendre compte des influences néfastes de la finance
internationale qui pense pouvoir se servir de l'Amé-
rique comme base et de l'Italie comme troupe d'assaut
pour l'attaque projetée contre l'empire britannique.
Commentaires italiens
On mande de Rome
Le Giornale d'Italia écrit
La note américaine constituera certainement une nou-
velle base pour le débat international sur le problème
des armements et sur les méthodes pour le résoudre.
Selon la Tribuna le pacifisme franco-britan-
nique qui, dit-elle, trouva son expression dans
l'accord naval, serait en pleine banqueroute.
Le l'evere croilt pouvoir reprocher à la France
et à l'Angleterre d'avoir travaillé pour le roi du
dollar en tentant de réaliser une entente franco-
anglaise, ce qui paraît contraire à la solidarité
des nations victorieuses à la guerre et à la soli-
darité européenne vis-à-vis de l'Amérique.
Commentaires allemands
On mande de Berlin
La presse publie le texte de la note améri-
caine à la France et à l'Angleterre sans ajouter
de nouveaux commentaires.
La Correspondance politique et diplomatique
écrit toutefois
II y a lieu d'attendre maintenant quelles mesures
pratiques vont prendre la France et l'Angleterre. L'Al-
lemagne ne peut que suivre avec attention le dévelop-
pement de la situation puisqu'elle ne compte plus au
nombre des puissances maritimes. Mais l'Allemagne
soutient, en sa qualité d'observatrice, le point de vue
qu'elle a maintenu dès le début dans la question du dé-
sarmement.
Les prochaines négociations germano-alliées
Notre correspondant de Berlin téléphone dimanche
matin
Demain commencera la semaine de débats sur
la politique extérieure; lundi le cabinet, mardi la
réunion des présidents des Etats, mercredi la
commission des affaires étrangères examineront
successivement les résultats de Genève et les me-
sures à prendre pour poursuivre les conversations
amorcées. Une partie de la presse revient sur le
bilan des entretiens de Genève, qui est générale-
ment jugé plus favorable qu'au premier moment.
M. Georg Bernhard, dans la Gazette de Voss, es-
time que l'opinion allemande a mal jugé ce qui
s'est passé à Genève et que les résultats obtenus
sont tout autres qu'on l'a prétendu.
Il n'est pas vrai, dit-il, que le chancelier n'ait rien
obtenu à Genève. Il a même obtenu bien davantage
qu'on ne pouvait l'espérer avant son arrivée. On va
négocier sérieusement pour l'évacuation des pays rhé-
nans et l'on va discuter probablement très vite et sans
aucun doute avec succès la fixation définitive du chif-
fre des réparations. Peu de personnes semblent se ren-
dre compte, en Allemagne, de l'importance de la chose.
Certaines clauses pénibles du traité de Versailles qui
constituaient une menace permanente pour l'Allema-
gne ne pourront être écartées que lorsque cette somme
sera fixée et qu'une partie au moins aura été réalisée
sous forme d'emprunt.
Les milieux officiels et les discussions de parti se
sont efforcés d'égarer l'opinion allemande sur des
points secondaires comme la soi-disant commission de
Locarno, la durée de cette commission ou la prétendue
indépendante des problèmes de l'évacuation et des ré-
parations. Il faut que cette illusion prenne fin elle
ne sert qu'à préparer le terrain où les nationalistes
comptent monter à l'assaut du gouvernement actuel et
de la République.
Le député von Rheinbaben, qui faisait partie
de la délégation allemands où il représentait le
parti populiste, proteste dans la Gazette générale
de l'Allemagne contre le soi-disant fiasco que les
nationalistes proclament à grands cris
J'affirme, dit-il, que le discours de Briand a été mal
compris. Il fut avant tout un discours de « constata-
tion Il a dissipé mainte illusion et constaté la si-
tuation actuelle des forces en Europe qui aujourd'hui,
comme dans les siècles passés, est fondée avant tout
sur la puissance militaire.
Les Français, poursuit M. Rheinbaben, croient que
l'Allemagne ne demande le désarmement que pour pou-
voir plus tard obtenir la permission de réarmer. Si l'on
n'oublie pas ce fait et si l'on admet que Genève est
pour l'Allemogne et sera longtemps encore une
arène politique de premier ordre, on ne voit pas com-
ment des discours un peu vifs pourraient signifier un
fiasco de la politique allemande. Il n'y a pas de pro-
grès possible sans duel de cette sorte et sans une lon-
gue lutte diplomatique.
La politique de Locarno a soi-disant fait faillite. La-
quelle ? Si l'on parle de celle qui devait être un pro-
logue de la paix universelle, des Etats-Unis d'Europe
et d'une fraternisation générale, certainement; mais
> non pas celle qui a fixé et réglé des choses précises
dans des traités internationaux avec la garantie des
grandes puissances européennes. Avec la réunion d'une
commission d'experts pour les réparations l'ère de la
revision du plan Dawes est ouverte, cette revision à la-
quelle le peuple allemand aspire depuis longtemps et
que l'agent général lui-même a déclarée nécessaire.
Par contre, la nationaliste Deutsche Tageszei-
tung estime que des négociations n'ont pour le
moment aucune chance d'aboutir en raison du
conflit anglo-américain, du nouveau rapproche-
ment entre l'Angleterre et la France et de l' im-
puissance où se trouve l'Allemagne, celle-ci ren-
t^ntrera des obstacles insurmontables. Des négo-
ciations ne peuvent conduire qu'à une nouvelle
tension ou à une capitulation allemande. Le gou-<
vernement allemand ferait mieux d'attendre car
il n'est pas impossible que la situation devienne
plus favorable dans un avenir relativement
proche.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La question du croiseur cuirassé
Le Conseil d'Etat de Prusse s'est réuni hier.
Au cours de cette réunion fut déposée une mo-
tion condamnant énergiquement la construction
du croiseur cuirassé avec des fonds d'Etat. La mo-
tion a également approuvé l'action des commu-
nistes allemands qui demandent qu'un referen-
dum national ait lieu dans le pays, au sujet de
la construction des navires de guerre prévue au
budget de la marine allemande.
Il va sans dire que cette motion a été repoussée.
Le président de la Reichsbank
Le conseil directeur de la Reichsbank a réélu
M. Schacht, président de cet établissement, pour
une période de quatre ans. M. Schacht a obtenu
l'unanimité des 12 membres du conseil, parmi les-
quels figurent 6 représentants de la banque alle-
mande. -qq
AUTRICHE
La manifestation du 7 octobre
D'après le correspondant du Daily Mail à
Vienne, une grève vint d'éclater dans le Grand
Central de la Kremenetsky, une des grandes usi-
nes électriques de Vienne, qui caractérise la ten-
sion qui existe entre les socialistes et les conser-
vateurs de Vienne.
Cette grève se serait produite à la suite de l'ae-i
ceptation d'un membre du personnel,aviateur-pi-:
lote, de conduire un avion qui fait parti'e du ma-
tériel de « guerre » de l'Association nationaliste
autrichienne qui doit, comme on le sait, organi-
ser le 7 octobre prochain à Wiener-Neustadt une
démonstration monstre coïncidant avec une ma-
nifestation analogue organisée par le parti socia-
liste.
Le renvoi de ce membre ayant été refusé par
la direction de l'usine en question, le personnel
s'est mis en grève.
Plusieurs fusils soigneusement dissimulés ont
été saisis par la police à Kaplenberg, en Styrie.
Déjà les ménagères de Vienne ont commencé
à faire des nrovisions. Des affiches annonçant ou-
vertement qu'une guerre civile approche ont été
placardées sur les murs de la capitale^
1 ESPAGNE
Une interview du général Primo de Rivera
On télégraphie de Londres:
Le journal dominical Referee publie une inter..
view quil vient d'être accordée à son correspon-
dant à Madrid par le général Primo de Rivera, et
dans laquelle le chef du gouvernement espagnol
donne son opinion sur les diverses formes de
gouvernement en Europe et sur les nécessités
d'une direction énergique dans les affaires des
peuples dont nous donnons les passages suivants:
Peu de personnes, a notamment déclaré le gênerai
Primo de Rivera, pourront nier que, du point de vue
matériel, les dictatures, en Europe, ont été, en général,
profltables à leur pays. Il est facile de le comprendre.
Tout d'abord, les ministres, lorsqu'il existe une dic-
tature, n'ont plus à assister presque journellement aux
sessions parlementaires et gagnent un temps précieux
destiné à l'étude des problèmes qui les entourent.
Je ne suis pas un ennemi des assemblées, k condi-
tion qu'elles travaillent sérieusement et consciencieuse-
ment, pour le plus grand bien de la nation.
Ce que je condamne au point de vue du réel intérêt
de la nation, ce sont les bruyantes et stériles assemblee.s
qui s'imaginent que leur principale tâche est de ren-
verser les gouvernements.
Continuant à exposer son idée sur le régime
parlementaire, le général Primo de Rivera a en-
suite cité l'exemple du gouvernement en France:
Il est vrai, dit-il, que les nations et les Parlements,
lorsqu'ils arrivent à un haut degré de culture, échappent
à ce danger. Par exemple, le Parlement français a très
sagement supprimé certains de ses droits durant l'été
de 1926, lorsque, afin de sauver le franc, il a permis
à M. Poincaré d'établir une véritable dictature fman-
ciere. Il n'est pas difficile de voir ce que la chute du
franc aurait été si le Parlement français n'avait pas
agi de la sorte.
Le général Primo de Rivera a ensuite cité
l'exemple de la Belgique, lorsque le Parlement de
ce pays fit montre d'un réel patriotisme pour re-
noncer un moment à ses prérogatives et donner
au gouvernement pleins pouvoirs financiers.
M. Mussolini, poursuivit le général, a déclaré que le
régime parlementaire démocrate est le luxe des nations
riches. Il a parfaitement raison. Dans les pays riches
et hautement cultivés, où les représentants connaissent
leur devoir et savent qu'il n'est pas nécessaire de faire
beaucoup de bruit pour rien, le Parlement a son utilité.
II a son utilité, ajouterai-je, aussi longtemps que la
situation est normale, mais, dans les temps de crise, les
Parlements doivent volontairement limiter leurs préro-
gatives.
Quelles que soient les divergences d'opinions quant
à la situation politique et aux aspects politiques de la;
dictature en Espagne, personne ne peut nier (les faits
le contrediraient), qu'au cours des cinq dernières an-
nées le pays a accompli un progrès matériel tout à fait
considérable qui se manifeste dans toutes les branches
de l'activité économique. Quant à l'Italie, tout le monde
sait que maintenant les grèves chroniques ont pris lln;
que la lira a été stabilisée, que les provinces du sud
font des progrès et que des régions anciennement mal-
saines sont maintenant exploitées.
Puis le dictateur espagnol a passé en revue les
progrès faits par des gouvernements possédant
pleins pouvoirs, au Portugal, en Pologne; aussi
bien que dans certaines républiques de l'A.mé-i
rique latine.
L'accident de Madrigueras
On donne sur le grave accident de chemin de fer quo
nous avons signalé hier, aux Dernières nouvelles, les
renseignements complémentaires suivants:
C'est à quatre heures du matin, entre les gares
de Baeza et de Javalquinto, que s'est iproduite' la
collision entre l'express venant d'Andalousie et lo.
rapide allant à Algésiras.
Parmi les morts, qui sont au nombre de 12, se
trouvent un employé des postes, un employé des
chemins de fer de l'un des trains; un sergent et
un caporal de la garde civile.
Parmi les 23 blessés, dont 12 grièvement, 'se
trouve M. Jules Lespinasse, médecin de la colo-
nie française de Tanger.
Un tunnel effondré
On télégraphie de Madrid
Un tunnel s'est écroulé dans les travaux dé
construction du chemin de fer de Saragosse à Ca-
minera. r)
Sur les 14 ouvriers qui se trouvaient dans le
tunnel, au moment du glissement des terres,
quatre ont' pu s'écn"apper à temps; les autres sont
1 emprisonnés. Les survivants coururent à Cami-
nera avertir les ingénieurs, lesquels se rendirent)
immédiatement sur les lieux, à la tête de 200 ou-
vriers. Les travaux de déblaiement ont com-
mencé aussitôt, mais ils sont très difficiles, car on
redoute de nouveaux éboulements.
Les ingénieurs ont pu entrer en communication
« acoustique » avec les emmurés, mais trois seu-
lement ont répondu aux appels; on pense que les
autres sont morts.
Dans l'après-midi, on n'avait pas pu encore dé-
gager les survivants, qui donnaient d'ailleurs en-
core signe de vie. Les ingénieurs espèrent par-
venir a eux ce matin, vers une heure.
mi/VELlES B3VER8ES B£ l*ÉTf2£l$EMPIRE britannique. Sir Kymaslon Studd a été élu
samedi maire de Londres, en rempiaeement de sir Chaî-
les Batho. La nouvelle mairesse de Londres, ex-iprin-
cesse Alexand-ra Lieven. est la iiïie de feu le prince
Paul Lieven, ancien maître des cérémonies et ami intime
du tsar Nicolas II.
BELGIQUE. L'enquête menée simultanément par Je
parquet militaire et le parquet civil d'Anvers, au sujet
de l'explosion du dépôt de munitions du fort n" 8, à
Hoboken, a permis de constater des faits graves. On
a trouvé près du fort des bidons' de naphte entière-
joeiajt brûlés, et, mon jtoiea de. Jà, un bout de mèche.
LUNDI i" OCTOBRE f^SS
BOIXÀim:-HUmEME 'ANNEE. Ne 24515
PRIX DE L'ABONNEMENT
PAEIS, DÉPARTBHKHTS et COLON1" FBANÇ1" Trois mois 3Ofr. Six mois 58 fr. BnanttOflfo
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Le Journat décline toute responsabilité quant à leur teneur
TÉLÉPHONE CINQ LIGNES, Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03.32 03.33
« CHÈQUE JP O S TA.L Numéro 60
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées an Directeur
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE temps pa&is
Ce numéro est accompagné du « TEMPS
ÉCONOMIQUE ET FINANCIER qui doit être
délivré gratuitement à nos lecteurs.
SOMMA.IRE
PAGE 2
Dans le Proche-Orient Le Voyage de M. Veni-
zelos le Congrès littéraire de Belgrade.
Discours de M. Raymond Poincaré à l'inauguration
du monument aux morts de Chambéry.
Nouvelles du jour.
Chronique théâtrale, PIERRE BRISSON.
PAGE 3
La Vie économique et sociale. Revue de la
Presse. Un hydravion italien tombe dans le
Rhône. Faits-Divers. Aéronautique.
Sports. Théâtres. Nouvelles commerciales.
PAGE 4
Dernières Nouvelles M. Alexandre Millerand
à Clermont-Fcrrand. Remise de la Légion
d'honneur à la ville de Nomény. Un Discours
de M. Caillaux.
JFmfûTr-mïiiiSSSmnmTwSïiïi rmfiïïTnnin li ̃ i iTiriiTTTai
Paris, le 30 septembre
BULLETIN DU JOUR
:i_E ÛiSCOURS DE M. POINCARt
L'ANGLETERRE ET LA NOTE AMÉRICAINE
Dans lo discours que M. Poincaré a prononcé
cet après-midi à Chambéry, le président du
conseil', a souligné avec force cette volonté' de
paix qui commande la politique générale de la
-'France, mais n'entend rien abandonner au ha-
sard et ne rien sacrifier de ce qui est nécessaire
|à notre sécurité et à la sauvegarde de nos droits.
,On sait qu'au lendemain des conversations et
des débats de Genève, des polémiques se sont
instituées dans la presse internationale mettant
en doute, une fois d-j plus et même contre l'évi-
dence des faits, la sincérité de notre politique en
matière de limitation des armements et de l'es-
prit dans lequel nous entendons examiner le
problème des réparations. Les paroles si claires
et si fermes de M. Poincaré dissiperont toute
équivoque que certaines polémiques alleman-
des auraient pu faire naître à ce sujet.
Si la France fut des premières à s'engager
spontanément dans la voie du désarmement, si
elle a constamment donné l'exemple dans ce
domaine, elle a pourtant le droit et le devoir
d'apprécier les moyens nécessaires à sa défense
et de tenir compte « des moyens d'attaque que
fournissent à d'autres leurs cadres, leurs so-
ciétés de préparation militaire, l'importance de
leur population et' les facilités de transforma-
tion de leur industrie ». Toute la justification
du discours prononcé à Genève par M. Briand,
discours qui émut si vivement les Allemands,
est là.
Quant au problème des réparations, le prési-
dent du conseil a exposé lumineusement la
thèse française tout règlement, pour être équi-
table, doit nous garantir de la part de nos dé-
biteurs, outre le versement intégral de ce que
nous devrons payer à nos créanciers, une in-
demnité,, nette pour ijos.domnias-es.de guerre.
Le président du conseil a ajouté que, quelle que
soit sur ces deux points sécurité et répara-
tions –la prudence qui nous est commandée «et
qui ne nous permet pas de nous démunir de nos
gages à la légère », nous n'avons pas accepté
d'ouvrir des pourparlers avec l'arrière-pensée
de les traîner en longueur ou de les faire avor-
'ter. « Nous les entamerons, au contraire, a-t-il
dit, le plus tôt possible et nous les poursuivrons
de bunne grâce, avec confiance dans le résultat
final. »
Ces paroles du chef responsable du gouver-
nement de la République seront entendues
comme elles doivent l'être, dans le pays et
au dehors. En un raccourci impressionnant,
M. Poincaré précise ainsi tous les aspects des
deux problèmes, désarmement et règlement des
réparations, tels qu'ils doivent être posés si
on veut les résoudre pratiquement, dans un
véritable esprit d'équité et de paix. Le dis-
cou rs de Chambéry traduit fidèlement la pen-
sée et le sentiment de la nation française en-
tière.
Toute l'attention se porte naturellement sur
l'impression produite en Angleterre par la note
américaine relative à la limitation des arme-
ments navals. En raison même de l'opposition
entre les intérêts britanniques et les intérêts
américains, c'est la réaction provoquée à Lon-
dres par la réponse de Washington qui préoc-
cupe surtout les milieux politiques. Il va de soi
que le gouvernement anglais n'a pu encore
arrêter l'attitude qu'il adoptera en présence de
ce fait nouveau. Ce n'est pas avant une hui-
taine de jours que M. Stanley Baldwin compte
réunir les membres du cabinet pour discuter
la question en pleine connaissance de cause,
les services du Foreign office et de l'amirauté
̃ devant s'occuper d'ici là de fixer les aspects
politiques et techniques de la suggestion faite
par les Etats-Unis en vue de nouveaux pour-
parlers. Ce que l'on peut dire et cela est
essentiel pour l'instant, c'est que l'impres-
sion dans les milieux officieux anglais ne pa-
raît pas être défavorable et qu'on y insiste
surtout sur le fait que Washington laisse la
porte ouverte à des négociations ultérieures.
Le véritable sentiment anglais se trouve
exactement traduit, semble-t-il, par le Times
lorsque celui-ci constate qu'il est extrêmement
regrettable « que ce qui était sincèrement pro-
posé comme devant contribuer à la solution gé-
nérale du problème du désarmement ait été
tout aussi sincèrement mal compris en Amé-
rique ». Personne, en effet, ne peut sérieuse-
ment mettre en doute l'absolue bonne foi avec
laquelle le cabinet de Washington a examiné
la question, mais il est bien certain que la
campagne perfide et malhonnête menée con-
tre la proposition de compromis franco-bri-
tannique a fait naître dans l'opinion améri-
caine des inquiétudes qui, si injustifiées qu'el-
les fussent, ont dû impressionner les milieux
dirigeants de l'autre côté de l'Atlantique
et les décider à s'en tenir, par crainte de
toute surprise, aux thèses déjà reconnues
comme impossibles à concilier avec les thèses
britanniques. Ce qu'il faut en déduire, c'est que
si l'on veut assurer un développement favorable
à de nouvelles négociations, il importe avant
tout de dissiper les malentendus et les suspi-
cions qu'ont réussi à faire naître de regretta-
bles polémiques. La première chose à faire à cet
effet est de publier le texte même de la pro-
position de compromis qui établira aux yeux
de tous la sincérité avec laquelle la France et la
Grande-Bretagne oni voulu réaliser une saine
œuvre de paix.
A Londres comme à Paris, on note ainsi avec
intérêt que le gouvernemennt américain, tout
en repoussant la formule de compromis naval
préconisée, ouvre lui-même la porte à de nou-
veaux pourparlers en suggérant une méthode
de limitation des armements navals s'inspirant
directement de la thèse que la France soutint
il différentes reprises et qu'elle abandonna pré-
cisément en vue de rendre possible un accord
général acceptable pour la Grande-Bretagne.
Le gouvernement de Londres devra examiner
dans quelle mesure la formule américaine
peut fournir une base utile de discussion. Ce
serait une erreur pourtant, on ne saurait assez
le répéter afin de mettre l'opinion en garde
contre de trop faciles illusions, de croire
qu'.uae. telle négociatioa ëêca âi§§e: En, êMëlx
sans contester l'intérêt du fait lui-même que
le cabinet de Washington marque son désir
de poursuivre la conversation en faisant des
suggestions, on ne doit pas perdre de vue que
la note américaine, telle qu'elle est rédigée,
ramène effectivement le débat là où il fut laissé
lors de l'échec de la conférence navale à trois
et que, une fois la proposition de compromis
franco-britannique écartée, on se retrouve de-
vant les mêmes difficultés qui ont fait jus-
qu'ici obstacle à un accord de principe et à
une convocation utile de la commission pré-
paratoire de Genève.
Il ne faut jamais désespérer du bon sens
des gouvernements conscients de leurs res-
ponsabilités, et, par ailleurs, l'Angleterre dé-
sire trop sincèrement dissiper tout malentendu
entre elle et l'Amérique pour qu'il n'y ait pas
place pour un accord sauvegardant tous les
légitimes intérêts en cause, mais cet accord sera
délicat à réaliser et les mois qui viennent s'an-
noncent comme devant être particulièrement
laborieux pour l'activité diplomatique.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU tlCJUpS
Athènes, 30 septembre.
M. Carapanos, ministre des affaires étrangères,
est arrivé hier soir.
Washington, 30 septembre.
On croit savoir que l'ambassade de Grande-Bre-
tagne a demandé des détails au sujet des coups de
feu qui ont été tirés sur une automobile, à Lorain
(Ohio), par des agents du service de la prohibi-
tion. Dans cette voiture se trouvaient des sujets
britanniques, qui avaient été pris pour des contre-
bandiers.
Bombay, 30 septembre.
Les négociations entre les représentants des pro-
priétaires de filatures et ceux des grévistes ont été
rompues sur la question de la diminution des sa-
laires des tisserands.
LE DISCOURS M M. MILLERAND
De tous les groupements de républicains
libéraux et nationaux qui mènent en France
le bon combat contre la démagogie socialisante,
le parti républicain fédéral du Puy-de-Dôme
est assurément l'un des plus actifs. Au cours
d'une séance solennelle tenue aujourd'hui à
Clermont-Ferrand à l'occasion du congrès
annuel de cette fédération, M. Alexandre Mil-
lerand a prononcé un grand discours politique
où il a esquissé à larges traits sa conception
de ce que doit être l'action de la République à
l'extérieur et à l'intérieur. Nous retrouvons
dans ce discours la franchise de pensée, la
netteté des formules, la doctrine ardemment
républicaine et nationale qui caractérisent
l'éloquence de l'ancien chef de l'Etat et sont
la marque de sa vigoureuse personnalité.
L'union nationale, régime fondé, par défi-
nition, sur la collaboration de tous les partis
qui ne s'en exceptent pas eux-mêmes, exclut
pour un temps et, espérons-le, pour le plus
long temps possible le heurt et la lutte des
factions; elle exclut également, dans une cer-
taine mesure, tout rappel trop véhément des
anciennes querelles qui, de 1924 à 1926, ont
failli mettre la France au tombeau; mais elle
n'en comporte pas l'oubli. Peut-être l'Histoire
tiendra-t-elle compte, en faisant le bilan des
méfaits du cartel, de l'ivresse de son insolent
triomphe, de l'état d'exaltation mystique où se
trouvaient ses élus elle ne saurait en tout cas
lui pardonner le pronunciamienlo sans précé-
dent,la voie de fait inexcusable à laquelle il s'est
livré en chassant M. Alexandre Millerand de
l'Elysée, au mépris de l'esprit et de la lettre des
textes organiques de l'Etat français. Pour la
première fois, un parti arrivé au pouvoir a
alors délibérément brisé la Constitution, mé-
connu le pacte républicain, fait prévaloir la
force brutale du nombre sur la légalité consti-
tutionnelle.
M. Alexandre Millerand' représente donc le
principe même qu'a bafoué le cartel au temps
de sa toute-puissance. Il se trouve être ainsi
le porte-parole qualifié autant qu'éminent de
ceux qui n'ont jamais pris leur parti de la dé-
magogie cartelliste et qui ne sauraient s'ac-
commoder du retour des saturnales politiques
de 1924. Depuis son éviction de l'Elysée, il est
d'ailleurs resté sur la brèche, d'abord comme
sénateur de la Seine (on n'a pas oublié que
son élection contribua grandement à abréger
les jours du cartel), puis, après une retraite
dignement acceptée, comme sénateur de
l'Orne. Après avoir occupé les plus hautes
charges de l'Etat, il continue à lutter, en mili-
tant, pour la République des vrais républicains
et des bons Français.
M. Alexandre Millerand, rentré au Sénat
comme unioniste, reste le partisan de l'union
nationale qu'il a toujours préconisée. Mais
cela ne l'empêche pas tout au contraire
d'aspirer aux réformes par lesquelles le ré-
gime peut et doit se perfectionner dans l'inté-
rêt du pays. C'est ainsi qu'il a fait, à Cler-
mont-Ferrand, de nouveau le procès du scrutin
d'arrondissement, qu'il a qualifié avec vigueur
de « scrutin d'abaissement et de démoralisa-
tion ». Nous pensons, on le sait, avec l'ancien
chef de l'Etat, que ni la République ni la
France n'ont aujourd'hui un scrutin à leur
taille et que nos institutions ne sauraient réel-
lement progresser tant qu'on ne se sera pas
résolu à élargir la base du scrutin politique
en l'arrachant aux contingences des bas inté-
rêts électoraux et de l'esprit de clocher.
M. Alexandre Millerand souhaite aussi d'au-
tres réformes, génératrices d'autres progrès. Il
proclame avec raison que le parti républicain
national met au premier plan les questions
sociales et rectifie ainsi une légende que so-
cialistes et socialisants propagent depuis trop
longtemps à plaisir. A en croire cette légende
absurde, les républicains dits « modérés ne
feraient aucune place, dans leurs préoccupa-
tions, au sort du plus grand nombre, et ne
s'institueraient les champions de la conser-
vation sociale que pour faire obstacle à l'amé-
lioration des conditions d'existence des tra-
vailleurs. Il y a là une flagrante injustice, une
contre-vérité caractérisée, mise par des me-
neurs politiques au service des plus bas inté-
rêts électoraux. En réalité, c'est dans les rangs
des antisocialistes que se trouvent les républi-
cains les plus « sociaux », les mieux déter-
minés à sauvegarder effectivement, autrement
que par le mirage marxiste ou par l'appel aux
passions égalitaires, les véritables intérêts des
travailleurs.
Que d'autres légendes à détruire M. Mil-
lerand n'a pas négligé de s'attaquer à celle
qui, peut-être, fait le plus de mal au régime
et au pays. « Il n'est pas a-t-il dit de
dogme plus ruineux ni plus ridicule que celui
des monopoles. » La formule est juste autant
que sévère la manie du monopole, dont font
étalage les" hommes dits « de gauche », n'est
pas seulement catastrophique au point de vue
des finances publiques, elle est absurde, parce
qu'elle ne repose sur rien. On l'a dit cent fois
en quoi l'allumette d'Etat est-elle plus « répu-
blicaine » que l'allumette tout court ? En
réalité, si nos bons socialisants tiennent ou
affectent de tenir tellement aux monopoles,
n'est-ce pas en raison de la clientèle électorale
que ces monopoles leur procurent sous forme
de fonctionnaires, agents, sous-agents et
sportulaires de toutes sortes ?
M. Alexandre Millerand réclame, d'autre
part, le vote rapide du statut des fonction-
naires. 'Orusait que cette .question, jjui l'a tou-
jours vivement préoccupé, a été tout près 1
d'être résolue lors de son passage à la prési-
dence du conseil. Le vœu exprimé par M. Mil-
lerand est d'une brûlante actualité, au lende-
main de ce « congrès » au cours duquel les
fonctionnaires illégalistes ont proclamé leur
haine en même temps que leur appréhension
du statut. Les « droits », ils les veulent tous;
des devoirs, ils n'en acceptent aucun, ce qui
est évidemment fort commode. Il est bien évi-
dent que, si les fonctionnaires réussissent à
faire échouer le statut, ce sera, entre l'Etat et
eux, une question de force. L'Etat républicain
jugulera le syndicalisme administratif, ou le
syndicalisme administratif tuera l'Etat répu-
blicain.
M. Alexandre Millerand, après avoir exposé
ses idées personnelles sur la séparation des
pouvoirs, dont la stricte, observation est le vœu
de tous ceux qui sont sincèrement attachés aux
institutions démocratiques, a, enfin, en ce qui
concerne notre politique extérieure, et plus par-
ticulièrement la question de la Rhénanie, pris
à son compte la substance du retentissant dis-
cours de M. Briand à l'assemblée de la So-
ciété des nations. Le pacifisme le plus géné-
reux peut se rencontrer, en France du moins,
avec le patriotisme le plus clairvoyant, dès
lors qu'on est résolu à ne pas sacrifier aux
chimères et qu'on consent à voir dans la force
française la meilleure garantie de la paix.
LA CONIMISSANCEDE L'OCCIDENT
La Société des nations, avant de clore sa neu-
vième session plénière, vient d'adopter un vœu
présenté par les délégations de plusieurs Etats
d'é ''l'Amérique latine, tendant à répandre en
Europe, par la collaboration cordiale des his-
toriens de divers pays, la connaissance des faits
qui ont déterminé, dans les contrées de l'Occi-
dent transocéanique, la naissance et l'évolution
de plusieurs peuples, issus principalement des
populations de la péninsule ibérique, mais tou-
jours unis à la France par des affinités et des
sympathies d'où résulte une véritable parenté
intellectuelle et morale. Déjà, le sixième con-
grès international des sciences historiques,
réuni dans la capitale de la Norvège, avait
terminé ses travaux en inscrivant à son pro-
gramme une résolution déclarant que « l'his-
toire de l'Amérique latine doit prendre une plus
grande place dans l'éducation historique ».
Ces manifestations, d'une curiosité intelli-
gente, ne sauraient manquer d'ouvrir aux en-
quêtes méthodiques de l'esprit humain une
perspective neuve, où nous aurons plus d'une
fois la satisfaction de retrouver, à l'horizon du
Nouveau-Monde, les images et les souvenirs
qui attestent la part prise par la France au dé-
veloppement de la civilisation universelle. Il
y a, dans les vastes territoires d'outre-mer, des
nations qui, durant de longues années, furent
inconnues ou méconnues. L'Alliance française
rappelait naguère, dans son bulletin trimestriel,
l'époque encore récente où, d'une rive à l'autre
de l'Atlantique, « l'étendue d'un espace qui
semblait immense, la longueur d'une traversée
qui paraissait interminable et les difficultés in-
nombrables d'un voyage sur une terre inexplo-
rée et réputée inaccessible opposaient aux1
échanges des produits de l'industrie humaine,
comme à l'importation des ouvrages de l'esprit,
un amoncellement d'obstacles que les volontés
les plus entreprenantes hésitaient quelquefois à
franchir ». Alors, faute d'une information di-
recte et précise, on se résignait à ignorer toute
une portion notable du genre humain, ou l'on
suppléait à cette ignorance par une étrange
provision de légendes et d'historiettes. On se
contentait d'esquisser vaguement, d'après des
lectures anciennes, la fantasmagorie plus ou
moins poétique d'un passé lointain. On savait
que Christophe Colomb, dans son troisième
voyage, a fait escale en un pays de lagunes qui
évoqua dans sa mémoire charmée le nom de
Venise, et auquel il donna, pour ce motif, le
nom de Venezuela. Mais on oubliait qu'un Vé-
nézuélien, Francisco-Antonio de Miranda, né
à Caracas, au mois de juin 1752, combattit avec
La Fayette et Rochambeau pour l'indépendance
des Etats-Unis, vint solliciter en France sa part
d'honneur et de péril dans la lutte pour la li-
berté, fut un des héros de Valmy, et mérita,
pour ce motif, d'être inscrit sur l'Arc de Triom-
phe de l'Etoile.
Le comité France-Amérique a reçu, tout
récemment, à Paris, la visite d'un éminent ci-
toyen de la République Argentine, M. Almo-
nacid, qui s'est engagé, au mois d'août 1914,
dans l'armée française, pour la durée de la
guerre, et qui a gagné vaillamment, dans le
service de l'aviation, plusieurs citations glo-
rieuses, la médaille militaire et la croix de la
Légion d'honneur.
L'an dernier, à l'assemblée plénière de la con-
férence parlementaire internationale du com-
merce, réunie à Rio-de-Janeiro, sous le haut pa-
tronage de M. Washington LuizPereira deSouza,
président de la République duBrésil,la présence
des délégués de la République Argentine, de
la Bolivie, du Chili, de la Colombie, du Para-
guay, du Pérou, du Salvador, de l'Uruguay, du
Venezuela signifiait, dans une atmosphère de
cordialité unanime, le ferme propos de vivre
d'accord, pour le travail dans la paix retrou-
vée, et racontait comme en une série de cha-
pitres d'histoire vivante une longue suite de
ressentiments apaisés, de litiges conciliés, de
souverainetés reconnues, de règlements amia-
bles et d'arbitrages loyalement acceptés de
part et d'autre, conformément aux règles per-
manentes du droit consacré par la victoire de
la justice et de la liberté.
Les républiques latines de l'Amérique ont,
à tour de rôle, conquis leur indépendance na-
tionale au cours du siècle dernier, sous l'in-
fluence des idées libérales que la philosophie
du dix-huitième siècle et la Révolution fran-
çaise avaient semées à travers le monde, et qui
ont germé, fleuri, fructifié sur les rive-s du
fleuve des Amazones, de l'Orénoque, du rio de
la Plata, de l'Iguassou et dans les hautes terres
volcaniques de la Cordillère des Andes. Ce qui
a sauvé de l'anarchie ces peuples ancienne-
ment formés par un mouvement migratoire et
nouvellement promus à la vie politique par
une évolution libératrice, c'est qu'ils ont su
acclimater sur un sol longtemps occupé par
des gauchos galopant à la poursuite du' bétail,
par des péons labourant la glèbe ou par des
esclaves employés à la recherche de l'or, une
élite capable de, s'inspirer de l'exemple des
nations les plus éclairées de l'Europe pour
s'engager résolument dans les voies du pro-
grès matériel et social. Ces démocraties latines
ont trouvé des chefs illustres, dont plus d'un,
reprenant en quelque sorte les traditions des
plus hautes magistratures de la Cité antique, a
mérité d'être considéré comme le père d'une
patrie. On sait comment l'initiative du libéra-
teur Simon Bolivar, ancien élève de notre
Ecole polytechnique, a créé, pour ainsi dire,
une nation, en donnant son nom à la Bolivie
indépendante.
L'institut historique et géographique du Brésil
a publié en 1922, à l'occasion du centenaire
de l'indépendance de la nation brésilienne, un
important recueil de documents et d'études, oit
les meilleurs historiens de l'Amérique latine
ont apporté leur collaboration, prouvant à
chaque page qu'au pays de Joaquim Nabuco
et de Ruy Barbosa la civilisation s'est toujours
développée, selon la juste remarque d'Eduardo
da Silva Prado, « dans le sens indiqué par la
jsoçation historique des nations ibériques du
Nouveau-Monde ». Cette jeune et grande répu-
blique sait que les démocraties ne sont viables
çuVa la condition de susciter des élites capables
%'âssurer, sur les sommets, le rayonnement de
la lumière spirituelle, comme ces coureurs
athéniens qui se transmettaient de main en
main, dans le stade où ils tombaient parfois
d'épuisement et de fatigue, la clarté impéris-
sable du flambeau sacré.
Sur la participation de la France à cette
œuvre de haute portée et d'incalculable con-
séquence, il nous est agréable de citer le té-
moignage d'un distingué diplomate, M. Mario
de Pimentel Brandâo, qui connaît Paris aussi
bien que Rio-de-Janeiro, et qui, dans une re-
marquable introduction à l'histoire des Lettres
brésiliennes, a écrit ceci « Toute notre pro-
duction littéraire des cent dernières années
reflète l'enthousiasme, le goût passionné que
nous avons pour les Lettres françaises. »
Ainsi s'affirme et se précise au pays des étoiles
nouvelles, par l'union indissoluble des vo-
lontés droites, des pensées justes et des senti-
ments généreux, dans la sympathie mutuelle
des esprits et des cœurs, le rapprochement
idéal de l'ancien continent et du Nouveau-
Monde sous le signe étincelant de la Croix du
Sud.
-3SJ*-
Autour des subventions
Donc la commission, sur la. proposition du rap-
porteur M. Locquin, a décidé de porter la sub-
vention de l'Opéra à 2,400,000 francs, celles de
la Comédie-Française et de l'Opéra-Comique à
1 million, celle de l'Odéon à 400,000 francs. Ce ne
sera pas trop. Sera-ce même assez?Avant la guerre,
à l'âge d'or, l'Opéra recevait 800,000 francs, la
Comédie-Française 240,000 francs, l'Opéra-Comi-
'quë 300,000 francs, et l'Odéon 100,000 francs. Au
coefficient cinq, il faudrait donc 4 millions pour
l'Opéra, 1,200,000 pour la Comédie-Française,
1,500,000 pour l'Opéra-Comique et 500,000 pour
TOdéon. Et l'on devrait dire alors non pas que
les subventions sont augmentées, mais qu'elles
sont maintenues. Au taux de la commission, elles
seront sensiblement diminuées. En votant cette
prétendue augmentation, le Parlement ne les re-
lèvera pas; il atténuera la diminution, mais ne
reviendra même pas au pair. Tant que le franc-
papier a oscillé dans le provisoire, on pouvait at-
tendre, et il n'était pas défendu d'espérer. Depuis
la stabilisation il sied de regarder les chiffres
en face, et de reconnaître que tout preneur qui
ne voit pas son revenu quintuplé est appauvri et
rançonné d'autant.
Il n'en faut pas moins hautement féliciter M.
Locquin et la commission de leur intention bien-
veillante, et souhaiter franchement que la Cham-
bre et le Sénat la ratifient. Pourvu qu'il ne se
trouve pas de nouveau Michou, et s'il en surgit
un, qu'on ne l'écoute pas! En des temps déjà fort
anciens, il y a une trentaine d'années, dans la dis-
cussion du budget des beaux-arts, un obscur dé-
puté d'on ne sait plus quel département, nommé
Michou, montait à la tribune et réclamait par
voie d'amendement qu'on supprimât les subven-
tions. Les journaux boulevardiers ne manquaient
pas de demander Est-ce un Michou sérieux ? `.'
C'était un Michou qui ne voulait pas payer, mais
sérieux, il l'était terriblement, jusqu'à une fa-
rouche austérité de paysan du Danube. Les arts
en général lui apparaissaient comma des frivoli-
tés inutiles, et les théâtres en particulier comme
aes lieux do perdition. C'était un disciple de
Bossuet, de Jean-Jacques et de Tolstoï. En outre,
il considérait que ses électeurs, ne venant ja-
mais à Paris et n'allant ni à l'Opéra ni à la Co-
médie, n'avaient pas à contribuer aux frais de
ces institutions. Raisonnements primaires et (au
sens étymologique) impertinents. Car d'abord les
Parisiens versent beaucoup plus d'impôts que les
paysans et couvrent en bonne partie des dépenses
qui ne les intéressent pas spécialement mais
tous les citoyens sont solidairement intéressés à
toutes celles qui importent à la prospérité et à
la grandeur collectives. En outre la facilité des
communications amène de plus en plus de pro-
vinciaux et de ruraux à Paris. D'ailleurs, les créa-
tions artistiques des théâtres parisiens profitent
à toute la population grâce aux théâtres .et con-
certs locaux, au phonographe et à la radio-
phonie. Elles déterminent toute une activité in-
dustrielle et commerciale dont les bénéfices s'é-
tendent par tout le pays. Elles servent éminem-
ment la culture intellectuelle, au dedans et au
dehors. Elles entretiennent et accroissent bril-
lamment le prestige national.
Michou avait tort, entièrement tort. Tolstoï,
Jean-Jacques et Bossuet aussi. Toutefois, à un
point de vue philosophique, on peut se permettre
une remarque un peu amère. Sauf peut-être pour
la grande musique, extrêmement coûteuse, avouons
que l'évidente nécessité des subventions ne fait
pas honneur au public payant. Car enfin il y a
des directeurs de théâtres privés qui gagnent de
l'argent, et un music-hall à Paris vaut plusieurs
fermes en Beauce. Le mélo, le vaudeville, la
calembredaine, les petites femmes de revue et
les flonflons se passent d'être encouragés 1 C'est
dommage, car on aime à croire que l'Etat ne les
encouragerait pas, et l'on en serait débarrassé.
Les niaiseries sonores empoisonnent la vie de-
puis que les gramophones et les hauts parleurs
les infligent aux voisins et aux passants. En re-
vanche, Corneille et Racine, Molière et Shaks-
peare, Mozart et Debussy, ne feraient pas de
recettes suffisantes et nous en serions sevrés, sans
les subventions 1 Gardons-les, augmentons-les,
mais c'est un peu honteux, et nous n'aurons le
droit de nous croire vraiment civilisés que lors-
que nous n'en aurons plus besoin. P. S.
<&
LE RÈGLEMENT DE LA PAIX
Le compromis naval
Ce qu'on dit aux Etats-Unis `
On mande de Washington à l'agence Radio:
Jusqu'ici, les millieux officiels américains se
sont prudemment abstenus de faire Je moindre
commentaire sur le rejet, par le gouvernement
des Etats-Unis, des propositions contenues dans
le compromis naval franco-britannique, le porte-
parole de la Maison-Blanche s'étant borné à dire
que la note américaine parlait suffisamment par
elle-même.
Dans le millieu des ambassades, on ne garde pas
la même réserve et plusieurs diplomates étran-
gers ont cru devoir exprimer l'opinion que les
politiques navales américaine et britannique sont
de plus en plus divergentes et qu'il y avait peu
de chances maintenant qu'un accord se fasse, tout
au moins sur la-question de la limitation des na-
vires auxiliaires.
Le projet de loi autorisant la construction de
quinze croiseurs et d'un navire porte-avions doit
venir, l'hiver prochain, en discussion devant le
Sénat. De la décision du Sénat dépend sans doute
l'attitude du gouvernement américain. On sait
que la Chambre haute a le pouvoir d'augmenter
le nombre des unités navales à mettre immédiia-
tement en chantier.
Dans un article de fond, le journal semi-offi-
cieux Washington Post dit que la réponse amé-
ricaine aux propositions navales franco-anglaises
a entièrement exposé « l'hypocrisie des gouver-
nements français et anglais, qui prétendent cher-
cher une liïnitati'on des armements navals, alors
qu'en vérité ils essayent de s'exempter eux-mêmes
de toute limitation n.
La Washington Post admet le point de vue of-
ficiel américain qu'une considération spéciale
pourrait être 3onnée aux besoins navals fran-
çais et italiens, mais l'organe semi-officieux af-
firme que ni la France ni ta Grande-Bretagne ne
désirent « une honnête et équitable limitation
navale », et pour cela il demande, évidemment,
que les Etats-Unis n'hésitent; pas à construire le
plus grand nombre possible de croiseurs* x
La presse anglaise
Notre correspondant de Londres téléphone dimanche
matin:
Les journaux anglais, tout en critiquant le mys-
tère dont) on a enveloppé le compromis franco-
britannique, jugent la note américaine de façons
diverses. Certains prétendent que ce mystère a
tué le compromis, et demandent « une nouvelle
orientation de la politique navale du pays ». D'au-
tres pensent que, lorsque les. soupçons éveillés et
les complications provoquées par l'élection prési-
dentielle aux Etats-Unis et les élections anglaises
seront tombés, le compromis pourra servir de
base nouvelle à de futures négociations sur le dé-
sarmement.
L'Observer déclare que le principal effet pro-
duit sur le gouvernement anglais par la note
américaine est que la méthode particulière pro-
posée par l'Angleterre et par la France pour la
réouverture des discussions est abandonnée.
Les propositions étaient expressément subordonnées
à l'approbation de l'Amérique.
Le rejet des propositions anglo-françaises laisse la
voie ouverte à d'autres négociations et, par la teneur
même de leur note, les Etats-Unis ont fait le premier
pas vers les nouvelles discussions. Une incertitude in-
quiétante réside dans la question de savoir si le gou-
vernement anglais est encore disposé à admettre qu'il
est nécessaire de s'entendre sur un principe diploma-
tique d'égalité navale, entre les Etats-Unis et l'Angle-
terre, avant que les détails des experts sur la limita-
tion soient acceptés. Ce principe reconnaîtrait les be-
soins particuliers des deux pays.
Les délibérations du cabinet, cette semaine, sur le
sujet qui devra être étudié seront intéressantes.
On avait prévu, observe le Sunday Times, que
la note américaine refuserait d'accepter les pro-
positions de compromis anglo-français comme
base d'une nouvelle discussion du désarmement
naval, mais on ne s'attendait pas au ton particu-
lièrement modéré de la réponse.
Le compromis, en tant que base de discussion avec
les Etats-Unis, disparalt, mais aucun terrain n'a été
perdu dans la campagne pour la réduction des arma-
ments. La question doit être différée pendant un cer-
tain temps pour que l'on puisse continuer à la discuter
plus tard dans des conditions plus propices.
Le Sunday Dispatch, de son côté, dit qu'une
réponse ne sera donnée à la note des Etats-Unis
qu'après que le cabinet anglais l'aura étudiée à ;a
lumière des mémorandums que préparent le minis-
tère des affaires étrangères et le premier lord de
l'amiïauté.
Bien que la note américaine soit surtout négative, de
nouvelles négociations sont possibles sur la base de la
suggestion qu'elle renferme, qu'il devrait y avoir une
limitation du total du tonnage naval des différentes
puissances, laissant chaque puissance libre de répartir
ce tonnage sur les types de navires qu'elle considère
les plus appropriés à ses besoins.
Une nouvelle réunion de la commission du désarme-
ment à Genève n'est guère probable jusqu'à ce qu'un
terrain d'entente ait été préparé par les gouvernements
intéressés.
Parlant des suspicions auxquelles a donné liteu
le secret gardé autour du compromis naval, le
Référée écrit
Il y a là une grave question et l'on est forcé de se
rendre compte des influences néfastes de la finance
internationale qui pense pouvoir se servir de l'Amé-
rique comme base et de l'Italie comme troupe d'assaut
pour l'attaque projetée contre l'empire britannique.
Commentaires italiens
On mande de Rome
Le Giornale d'Italia écrit
La note américaine constituera certainement une nou-
velle base pour le débat international sur le problème
des armements et sur les méthodes pour le résoudre.
Selon la Tribuna le pacifisme franco-britan-
nique qui, dit-elle, trouva son expression dans
l'accord naval, serait en pleine banqueroute.
Le l'evere croilt pouvoir reprocher à la France
et à l'Angleterre d'avoir travaillé pour le roi du
dollar en tentant de réaliser une entente franco-
anglaise, ce qui paraît contraire à la solidarité
des nations victorieuses à la guerre et à la soli-
darité européenne vis-à-vis de l'Amérique.
Commentaires allemands
On mande de Berlin
La presse publie le texte de la note améri-
caine à la France et à l'Angleterre sans ajouter
de nouveaux commentaires.
La Correspondance politique et diplomatique
écrit toutefois
II y a lieu d'attendre maintenant quelles mesures
pratiques vont prendre la France et l'Angleterre. L'Al-
lemagne ne peut que suivre avec attention le dévelop-
pement de la situation puisqu'elle ne compte plus au
nombre des puissances maritimes. Mais l'Allemagne
soutient, en sa qualité d'observatrice, le point de vue
qu'elle a maintenu dès le début dans la question du dé-
sarmement.
Les prochaines négociations germano-alliées
Notre correspondant de Berlin téléphone dimanche
matin
Demain commencera la semaine de débats sur
la politique extérieure; lundi le cabinet, mardi la
réunion des présidents des Etats, mercredi la
commission des affaires étrangères examineront
successivement les résultats de Genève et les me-
sures à prendre pour poursuivre les conversations
amorcées. Une partie de la presse revient sur le
bilan des entretiens de Genève, qui est générale-
ment jugé plus favorable qu'au premier moment.
M. Georg Bernhard, dans la Gazette de Voss, es-
time que l'opinion allemande a mal jugé ce qui
s'est passé à Genève et que les résultats obtenus
sont tout autres qu'on l'a prétendu.
Il n'est pas vrai, dit-il, que le chancelier n'ait rien
obtenu à Genève. Il a même obtenu bien davantage
qu'on ne pouvait l'espérer avant son arrivée. On va
négocier sérieusement pour l'évacuation des pays rhé-
nans et l'on va discuter probablement très vite et sans
aucun doute avec succès la fixation définitive du chif-
fre des réparations. Peu de personnes semblent se ren-
dre compte, en Allemagne, de l'importance de la chose.
Certaines clauses pénibles du traité de Versailles qui
constituaient une menace permanente pour l'Allema-
gne ne pourront être écartées que lorsque cette somme
sera fixée et qu'une partie au moins aura été réalisée
sous forme d'emprunt.
Les milieux officiels et les discussions de parti se
sont efforcés d'égarer l'opinion allemande sur des
points secondaires comme la soi-disant commission de
Locarno, la durée de cette commission ou la prétendue
indépendante des problèmes de l'évacuation et des ré-
parations. Il faut que cette illusion prenne fin elle
ne sert qu'à préparer le terrain où les nationalistes
comptent monter à l'assaut du gouvernement actuel et
de la République.
Le député von Rheinbaben, qui faisait partie
de la délégation allemands où il représentait le
parti populiste, proteste dans la Gazette générale
de l'Allemagne contre le soi-disant fiasco que les
nationalistes proclament à grands cris
J'affirme, dit-il, que le discours de Briand a été mal
compris. Il fut avant tout un discours de « constata-
tion Il a dissipé mainte illusion et constaté la si-
tuation actuelle des forces en Europe qui aujourd'hui,
comme dans les siècles passés, est fondée avant tout
sur la puissance militaire.
Les Français, poursuit M. Rheinbaben, croient que
l'Allemagne ne demande le désarmement que pour pou-
voir plus tard obtenir la permission de réarmer. Si l'on
n'oublie pas ce fait et si l'on admet que Genève est
pour l'Allemogne et sera longtemps encore une
arène politique de premier ordre, on ne voit pas com-
ment des discours un peu vifs pourraient signifier un
fiasco de la politique allemande. Il n'y a pas de pro-
grès possible sans duel de cette sorte et sans une lon-
gue lutte diplomatique.
La politique de Locarno a soi-disant fait faillite. La-
quelle ? Si l'on parle de celle qui devait être un pro-
logue de la paix universelle, des Etats-Unis d'Europe
et d'une fraternisation générale, certainement; mais
> non pas celle qui a fixé et réglé des choses précises
dans des traités internationaux avec la garantie des
grandes puissances européennes. Avec la réunion d'une
commission d'experts pour les réparations l'ère de la
revision du plan Dawes est ouverte, cette revision à la-
quelle le peuple allemand aspire depuis longtemps et
que l'agent général lui-même a déclarée nécessaire.
Par contre, la nationaliste Deutsche Tageszei-
tung estime que des négociations n'ont pour le
moment aucune chance d'aboutir en raison du
conflit anglo-américain, du nouveau rapproche-
ment entre l'Angleterre et la France et de l' im-
puissance où se trouve l'Allemagne, celle-ci ren-
t^ntrera des obstacles insurmontables. Des négo-
ciations ne peuvent conduire qu'à une nouvelle
tension ou à une capitulation allemande. Le gou-<
vernement allemand ferait mieux d'attendre car
il n'est pas impossible que la situation devienne
plus favorable dans un avenir relativement
proche.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La question du croiseur cuirassé
Le Conseil d'Etat de Prusse s'est réuni hier.
Au cours de cette réunion fut déposée une mo-
tion condamnant énergiquement la construction
du croiseur cuirassé avec des fonds d'Etat. La mo-
tion a également approuvé l'action des commu-
nistes allemands qui demandent qu'un referen-
dum national ait lieu dans le pays, au sujet de
la construction des navires de guerre prévue au
budget de la marine allemande.
Il va sans dire que cette motion a été repoussée.
Le président de la Reichsbank
Le conseil directeur de la Reichsbank a réélu
M. Schacht, président de cet établissement, pour
une période de quatre ans. M. Schacht a obtenu
l'unanimité des 12 membres du conseil, parmi les-
quels figurent 6 représentants de la banque alle-
mande. -qq
AUTRICHE
La manifestation du 7 octobre
D'après le correspondant du Daily Mail à
Vienne, une grève vint d'éclater dans le Grand
Central de la Kremenetsky, une des grandes usi-
nes électriques de Vienne, qui caractérise la ten-
sion qui existe entre les socialistes et les conser-
vateurs de Vienne.
Cette grève se serait produite à la suite de l'ae-i
ceptation d'un membre du personnel,aviateur-pi-:
lote, de conduire un avion qui fait parti'e du ma-
tériel de « guerre » de l'Association nationaliste
autrichienne qui doit, comme on le sait, organi-
ser le 7 octobre prochain à Wiener-Neustadt une
démonstration monstre coïncidant avec une ma-
nifestation analogue organisée par le parti socia-
liste.
Le renvoi de ce membre ayant été refusé par
la direction de l'usine en question, le personnel
s'est mis en grève.
Plusieurs fusils soigneusement dissimulés ont
été saisis par la police à Kaplenberg, en Styrie.
Déjà les ménagères de Vienne ont commencé
à faire des nrovisions. Des affiches annonçant ou-
vertement qu'une guerre civile approche ont été
placardées sur les murs de la capitale^
1 ESPAGNE
Une interview du général Primo de Rivera
On télégraphie de Londres:
Le journal dominical Referee publie une inter..
view quil vient d'être accordée à son correspon-
dant à Madrid par le général Primo de Rivera, et
dans laquelle le chef du gouvernement espagnol
donne son opinion sur les diverses formes de
gouvernement en Europe et sur les nécessités
d'une direction énergique dans les affaires des
peuples dont nous donnons les passages suivants:
Peu de personnes, a notamment déclaré le gênerai
Primo de Rivera, pourront nier que, du point de vue
matériel, les dictatures, en Europe, ont été, en général,
profltables à leur pays. Il est facile de le comprendre.
Tout d'abord, les ministres, lorsqu'il existe une dic-
tature, n'ont plus à assister presque journellement aux
sessions parlementaires et gagnent un temps précieux
destiné à l'étude des problèmes qui les entourent.
Je ne suis pas un ennemi des assemblées, k condi-
tion qu'elles travaillent sérieusement et consciencieuse-
ment, pour le plus grand bien de la nation.
Ce que je condamne au point de vue du réel intérêt
de la nation, ce sont les bruyantes et stériles assemblee.s
qui s'imaginent que leur principale tâche est de ren-
verser les gouvernements.
Continuant à exposer son idée sur le régime
parlementaire, le général Primo de Rivera a en-
suite cité l'exemple du gouvernement en France:
Il est vrai, dit-il, que les nations et les Parlements,
lorsqu'ils arrivent à un haut degré de culture, échappent
à ce danger. Par exemple, le Parlement français a très
sagement supprimé certains de ses droits durant l'été
de 1926, lorsque, afin de sauver le franc, il a permis
à M. Poincaré d'établir une véritable dictature fman-
ciere. Il n'est pas difficile de voir ce que la chute du
franc aurait été si le Parlement français n'avait pas
agi de la sorte.
Le général Primo de Rivera a ensuite cité
l'exemple de la Belgique, lorsque le Parlement de
ce pays fit montre d'un réel patriotisme pour re-
noncer un moment à ses prérogatives et donner
au gouvernement pleins pouvoirs financiers.
M. Mussolini, poursuivit le général, a déclaré que le
régime parlementaire démocrate est le luxe des nations
riches. Il a parfaitement raison. Dans les pays riches
et hautement cultivés, où les représentants connaissent
leur devoir et savent qu'il n'est pas nécessaire de faire
beaucoup de bruit pour rien, le Parlement a son utilité.
II a son utilité, ajouterai-je, aussi longtemps que la
situation est normale, mais, dans les temps de crise, les
Parlements doivent volontairement limiter leurs préro-
gatives.
Quelles que soient les divergences d'opinions quant
à la situation politique et aux aspects politiques de la;
dictature en Espagne, personne ne peut nier (les faits
le contrediraient), qu'au cours des cinq dernières an-
nées le pays a accompli un progrès matériel tout à fait
considérable qui se manifeste dans toutes les branches
de l'activité économique. Quant à l'Italie, tout le monde
sait que maintenant les grèves chroniques ont pris lln;
que la lira a été stabilisée, que les provinces du sud
font des progrès et que des régions anciennement mal-
saines sont maintenant exploitées.
Puis le dictateur espagnol a passé en revue les
progrès faits par des gouvernements possédant
pleins pouvoirs, au Portugal, en Pologne; aussi
bien que dans certaines républiques de l'A.mé-i
rique latine.
L'accident de Madrigueras
On donne sur le grave accident de chemin de fer quo
nous avons signalé hier, aux Dernières nouvelles, les
renseignements complémentaires suivants:
C'est à quatre heures du matin, entre les gares
de Baeza et de Javalquinto, que s'est iproduite' la
collision entre l'express venant d'Andalousie et lo.
rapide allant à Algésiras.
Parmi les morts, qui sont au nombre de 12, se
trouvent un employé des postes, un employé des
chemins de fer de l'un des trains; un sergent et
un caporal de la garde civile.
Parmi les 23 blessés, dont 12 grièvement, 'se
trouve M. Jules Lespinasse, médecin de la colo-
nie française de Tanger.
Un tunnel effondré
On télégraphie de Madrid
Un tunnel s'est écroulé dans les travaux dé
construction du chemin de fer de Saragosse à Ca-
minera. r)
Sur les 14 ouvriers qui se trouvaient dans le
tunnel, au moment du glissement des terres,
quatre ont' pu s'écn"apper à temps; les autres sont
1 emprisonnés. Les survivants coururent à Cami-
nera avertir les ingénieurs, lesquels se rendirent)
immédiatement sur les lieux, à la tête de 200 ou-
vriers. Les travaux de déblaiement ont com-
mencé aussitôt, mais ils sont très difficiles, car on
redoute de nouveaux éboulements.
Les ingénieurs ont pu entrer en communication
« acoustique » avec les emmurés, mais trois seu-
lement ont répondu aux appels; on pense que les
autres sont morts.
Dans l'après-midi, on n'avait pas pu encore dé-
gager les survivants, qui donnaient d'ailleurs en-
core signe de vie. Les ingénieurs espèrent par-
venir a eux ce matin, vers une heure.
mi/VELlES B3VER8ES B£ l*ÉTf2£l$
samedi maire de Londres, en rempiaeement de sir Chaî-
les Batho. La nouvelle mairesse de Londres, ex-iprin-
cesse Alexand-ra Lieven. est la iiïie de feu le prince
Paul Lieven, ancien maître des cérémonies et ami intime
du tsar Nicolas II.
BELGIQUE. L'enquête menée simultanément par Je
parquet militaire et le parquet civil d'Anvers, au sujet
de l'explosion du dépôt de munitions du fort n" 8, à
Hoboken, a permis de constater des faits graves. On
a trouvé près du fort des bidons' de naphte entière-
joeiajt brûlés, et, mon jtoiea de. Jà, un bout de mèche.
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