Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-08-03
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 03 août 1928 03 août 1928
Description : 1928/08/03 (Numéro 24456). 1928/08/03 (Numéro 24456).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k247133r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
On s'abonne aux Bureaux du Joamal, 5, Ep DESITjpSNB; A PMîS (9e), et dans tons les Bureaux de Poste
VENDREDI a AOUT ÏÔ2S
SOIXANTE*HUITIEME -ANNEE. N> J4456
PRIX DE L'A-BONNEMENT T
PAEIS, DÊPARTEMÏHTS ot OOIiOHUl PEAHÇ"1 Trois mois 3Ofr. Six mois 58ir. Unu -*K)Efo
Paya accordant ane rédaction de
ÉTRAHOER < 50 O/O sur les t*ri& postaux 52ff. IO2fr. 2OOfr.
( Antre, pays 75fr. 147fr. 29OÛT.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro '(PARIS et DÉPARTEMENTS): -£O centimes
ANNONCES Aux BUREAUX DU ©btoîjs, 5, rue des Italiens,
à l'Agenoe Ha vas et dans ses succursales
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant â leur teneur
t£L£PHOHE CWS'LieNES, Gntenberg 03.07 03.08 03.08 03.32 j~,O%33
CHÈQUE POSTAL i Numéro 6O
PRil* DE L'A©Of#J£l*ffiNT
PAaB,DiPAETEZEHTS«tCOLOH'<'FEA!»Ç- Troiamm» 30fr. Eiimoia 58 fr. Vain IlOff,
P*ys «(cordant ma réduction de
ÊIBilHîBB 50 0/0 Bar les tarifs .posUoi. B2.fr. IO2fr. 200 fr.
( Autrw P»jw. 7SIr. l-*7fr. 290fr.
LES ABOHSEMEHIS BATBHT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un-numéro (PAftis et oéPAmi/iEHTS) s 4tO centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toates-ies lettres xiestinées à la Eédaction doivent être adressées-an-Direûtenr
Le Journal ne- répond pas des manuscrits communiqués
i: Adresse TÉLÊGRAPHiecE tehps r&Bis
^Njous commençons aujourd'hui la. publica-.
lion d'un nouveau feuilleton
LES COUÇSIESS D'rtÉMOÇ
ou la vie ràpaancée des Brontë
'L"3AR'
E.'BT Ç3-. ROMIEU
i.
S.q:¥~.A l'R;'E
PAGE 2 2
Nouvelles dé l'Étranger. Revue de la.,pres$e.
Au Jour le Jour :'le Feu au théâtre. .Georges
{Virenque.
MGE 3
Les Coursiers d'Hélios, E. et G. Romieu. (N° 1.)
'Nouvelles du Jour. -r-Xe Livre d'un communiste
sur le communisme. Armée. Marine.
'Académies. La Vie. économique et sociale.
Faits-divers.
Ma^ic à la campagne, Charles S^vestre.
PAGE 4
ITjjibùriaux* Art 'ét Curiosité. Aéronautique 5
̃ "le Drame polaire. ̃ Les Distributions de prix.-
i 'Sports les Jeux de la 7X° olympiade.
;euiLleton '(i ;ci 1~~ ~rarid deu-», par RocER Do-'
RIENT. {N° J3.) '"•
PAGE 5
XMiéâtres; Nouvelles commerciales^ Informa-
tions financières. Bourse des valeurs.
PAGE 6
ÊERNiÈRES NOUVELLES. Z-e Problème du désar-
( finement. Le Prince de Galles en France.
^Légion d'honneur (ministère du travail).
^L' Accident de chemin de fer du Mans.
p ao"t
;<4,aout,.
r.
I?MLETIN_ W JOXJR
LE MALAISE POLITIQUE EN ANGLETERRE
Le conseil de cabinet qui a; été tenu hier à
Londres, sous la présidence de M: Stanley
Baldwin, a-t-il permis de dissiper les malen-
tendus qui paraissent exister au sein même
Jdu gouvernement, entre lès principaux colla-
borateurs du premier ministre? 'Les informa-
tions qui nous parviennent de Londres tendent
ià le faire supposer, mais il ne faut pas perdre
'de vue que ces divergences portent sur des
principes essentiels, comme le libre échange
jet le protectionnisme, qui ont traditionnelle-
ment une influence considérable sur le déve-
loppement de la politique britannique. Il est
lassez difficile d'admettre qu'un simple échange
[de vues entre les membres du cabinet ait suffi
pour éclaircir définitivement la situation.
Nul n'ignore, au surplus, que M. Stanley
Baldwin éprouve quelque peine à maintenir
jl'harmonie indispensable entre les membres
jde son cabinet et les différents éléments de la
majorité conservatrice. Précisément parce que
cette majorité est très forte, elle manque d'ho-
mogénéité et se permet des luttes intérieures
qu'elle aurait grand soin d'éviter si elle avait
3e sentiment d'avoir quelque chose à redouter
jdes offensives répétées de l'opposition libérale
_et travailliste..Cette; majorilé ̃ s.^est: constituée,
tr~yailllsteL,Q.etie;,major~fp' s.~est:. constituée.
'ëràce aù puià$alït,nzôt~vement Jqui sest des~
grâce au puiâs^fïrûttô^vement qui s'est des-
siné dans le pays 'a la fin de 1924, en réac-
tion de la politique pratiquée au pouvoir par
̃le cabinet Ramsay Mac Donald, de la complai-
sance dont les travaillistes faisaient preuve,
!à ce moment, à l'égard des agitateurs com-
munistes inféodés à Moscou et de la faiblesse
ides libéraux, détournés des grandes traditions
"de leur parti par l'influence personnelle de
M. Lloyd George. Il apparut a cette époque
qu'il n'y avait plus que deux forces politiques
possibles en Angleterre celle de tous les élé-
ments de défense nationale et sociale et celle
de tous les éléments imprégnés, à des degrés
différents, de l'esprit révolutionnaire. C'est ce
qui permit à M. Stanley Baldwin d'engagev
iavec les meilleures chances de succès la lutte
contre ceux qui, avec l'appui de la IIP Inter-
inationale, tentèrent d'organiser la grève géné-
rale et qui réussirent à faire durer de longues
Semaines la grève des mineurs, crise dont les
conséquences se font encore sentir dans l'en-
semble de l'économie britannique.
Iln'en est pas moins certain que les tendan-
tes contradictoires qui se marquent au sein de
lia majorité conservatrice ont parfois valu au
premier ministré.de graves soucis. A plusieurs
reprises, on a pu craindre une dislocation du
jeabinet ,en raison de l'opposition de tel ou tel
groupe sur des points précis de la politiqu3
Rengageant l'ensemble du gouvernement. Entre
̃les die-hards, qui forment l'aile droite de la
majorité, les conservateurs modérés et l'aile
•gauche constituée par- les anciens unionistes
venus du libéralisme, il y a des divergences de
{vues sensibles en ce qui concerne les prin-
cipes et les méthodes qui s'imposent pour la
(solution des problèmes politiques et économi-
ques de l'heure présente. Le cabinet Baldwin
trencontra des résistances à propos de la ré-
forme de la Chambre des lords, de l'élargisse^
taent du droit de suffrage pour les femmes,
ides mesures prises pour limiter l'action poli-
tique des trade-unions. Les uns reprochaient
;au premier ministre ,de n'avoir pas tiré tout le
(parti possible de la situation créée par l'échec
ide la grève générale et de la grève des mi-
neurs d'autres estimaient qu'on allait trop
loin dans la réaction nécessaire contre la pro-
tpagande bolcheviste en rompant toutes rela-
tions avec la Russie soviétique d'autres en-
Jeore critiquaient, non sans âpreté, la politique
^extérieure pratiquée par sir Austen Chamber-
lain à propos des relations avec l'Allemagne,
ide l'échec de la conférence navale à trois et,
jtôut récemment, des réserves formulées par la
.Grande-Bretagne, pour les conditions aux-
quelles peut être conclu le pacte contre la
guerre. Il n'est pas douteux que c'est l'autorité
personnelle dont M. Stanley Baldwin jouit au
sein de lamajorité et dans le pays qui a per-
mis jusqu'ici d'éviter des complications inté-
rieures qui eussent obligé le gouvernement à
recourir, comme l'opposition ne cesse de le
réclamer, à de nouvelles élections avant que
ïa Chambre des communes arrive, en 1929,
Normalement au terme de son mandat.
Il n'en resté pas moins qu'un certain
malaise politique subsiste en Angleterre et
qu'il est d'autant plus difficile de le dissiper
complètement qu'il est déterminé, en; réalité,
par la situation économique qui existe de l'au-
tre côté de la Manche depuis la fin de la guerre
mondiale. Le terrible problème du chômage,
qu'aucun gouvernement anglais, qu'il fût de
gauche ou de droite, n'a pu résoudre jusqu'ici,
iet les difficultés avec lesquelles sont aux
prises les principales industries du Royaume-
fjni pèsent lourdement sur l'activité générale
et, par contre-coup, sur la prospérité de la na-
tion. Tous les moyens mis en œuvre pour parer
à cet état de choses, allocations aux chômeurs,
système d'encouragement à l'émigration, cré-
dits pour venir en aide aux industries en péril,
sont apparus à l'expérience comme des expé-
dients dont on ne peut attendre aucun effet
durable. Certains éléments conservateurs ne
veulent voir le salut que dans un brutal retour
au protectionnisme et à l'abandon total des
principes du libre échange, auxquels l'Angle-
terre a dû pourtant sa prodigieuse prospérité
de jadis. En fait, le mal vient de ce que l'in-
dustrie britannique n'a pas su se renouveler
et s'adapter âVêÇ. ioute, la souplesse njçessaire
aux conditions économiques mondiales de
l'après-guerre. ̃
Toujours est-il que les partisans et les ad-
versaires du protectionnisme sont en lutte ou-
verte au sein du cabinet et de la majorité con-
servatrice. Dans un récent discours, le ministre
de l'intérieur, sir William Joynson-Hicks, s'est
prononcé formellement pour les méthodes
protectionnistes, et l'on connaît les mêmes
dispositions d'esprit à M. Amery, ministre des
colonies. La question était dès lors de savoir
si ces deux membres du gouvernement se fai-
saient par là les interprètes de la politique que
•le cabinet entend pratiquer désormais. Si tel
était le cas, l'unité du ministère présidé par
M. Stanley Baldwin ne pourrait guère résister
à cette nouvelle épreuve, car il n'est pas de
problème qui divise plus profondément l'opi-
nion britannique que celui du protectionnisme
et du libre échange. Chaque fois que le parti
conservateur a voulu le poser nettement de-
vant le pays, il a connu de durs échecs. Les
informations de Londres assurent qu'au cours
de la réunion tenue hier aucune décision n'a
été prise en ce qui concerne la politique future
du gouvernement et que ce ne serait qu'à la
veille des élections législatives prévues pour
1929 que le premier ministre prendrait défini-
tivement attitude. Jusque-là, on s'en tiendra
aux mesures de sauvegarde des industries es-
sentielles actuellement en vigueur. Mais ce
que M. Stanley Baldwin paraît avoir obtenu
de ses collègues, c'est qu'ils s'abstiennent dé-
sormais, dans leurs discours, de développer des
thèses que le cabinet dans son ensemble ne
peut approuver, et qu'ils ne parlent plus
qu'en s'inspirant du .principe primordial de la
solidarité ministérielle.
Ainsi dû moins on sauvera ïa«îace et on
évitera de donner l'impression d'une crise
prof onde .du parti ,conservateur.Mais cela n'em-
pêchera point que l'opposition des tendances
subsiste et que, dès à présent, les travaillistes et
les libéraux se disposent à l'exploiter au cours
de la prochaine campagne électorale.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
Berlin, 2 août.
Le nouvel, ambassadeur d'Angleterre, sir Ho-
race Rumbold, est attendu à Berlin samedi pi'07
chain..
Varsovie, 2 août.
M. Bartel, président du conseil, est en congé
à partir d'aujourd'hui; il sera remplacé, pendant
son absence, par M. Moraczewski, ministre des
travaux publics.
Stockholm, 2 août.
La reine, accompagnée du roi, partira pour Ba-
den-Baden après les fêtes de son anniversaire,
auil doivent avoir lieu le 7 août, à condition que
sa santé le lui permette.
Tokio, 2 août.
Un violent typhon s'est abattu sur la région de
Yokohama.
On compte une vingtaine de morts; les dégâts
sont considérables.
CONTRE LE JMMIMSME
Une manifestation que les communistes
projetaient d'organiser à Ivry vient d'être in-
terdite par le préfet de police, M/ Jean Cfiiappe.,
terdité ar le reiet e de olrce M: Jean Clîia
après entente avec le ministre de l'intérieur,
M. Albert Sarraut. En outre, toute autorisation
de manifestation du même ordre' dans le dé-
partement de la Seine sera désormais refusée.
On pense bien que les disciples de Lénine
vont crier à la dictature et qu'il se trouvera de
bonnes âmes, de naïfs ou de trop habiles poli-
ticiens, pour leur faire écho. A les entendre,
la démocratie consisterait dans le libre droit
pour chacun et pour tous les partis de faire
ce que bon leur semble jusqu'à la destruction
même de la démocratie. C est là une thèse
que nous n'admettons pas et nous pensons que
le premier devoir qui s'impose aux gardiens
d'un régime de liberté c'est précisément la
conservation de ce régime. Nous sommes atta-
chés sans doute à toutes les libertés précieuses
de réunion, de presse, de manifestation. Mais
quelle attitude peut-on garder en face d'un
parti qui non seulement, ce qui serait son
droit, proclame sa volonté de renverser l'édir
fice social, mais qui foule lui-même aux pieds
toutes les libertés et tous les droits, et qui est,
par ailleurs, publiquement à la solde d'un
gouvernement étranger?
Comme l'a fort bien dit un jour M. Albert
Sarraut, le communisme n'est pas un parti et
pas davantage une opinion. S'il se tenait dans
les limites légales de l'ordre républicain, s'il
était indépendant de l'influence étrangère, nous
serions certes les premiers à défendre son
droit de libre propagande, tout en combattant
avec acharnement ses doctrines. Mais on sait
trop quelles sont ses méthodes et ses prati-
ques. Les manifestations communistes, nous
en avons eu maint exemple, ne sont qu'un
prétexte à troubler l'ordre, à mettre en péril
la sécurité et la tranquillité des citoyens. Elles
ne sont pas autre chose que des manœuvres
d'insurrection, des essais pour imposer cette
dictature de la fouie, cette terreur rouge dont
rêvent les chefs du communisme interna-
tional.
Agents de l'étranger, comme l'a démontré
M. Laporte, dans le livre que nous avons ana-
lysé, les Mystère du Kremlin., ne reculant ni
devant « l'action illégale », ni devant même
l'espionnage pur et simple, comptant pour
réaliser leurs desseins sur la corruption la
plus vile, les communistes, en complot per-
manent, comme ils le disent eux-mêmes, con-
tre la démocratie, ne peuvent s'étonner qus
cette dernière se défende. Leurs protestations
ne sont que de l'hypocrisie.
Ils se préoccupent, dans les agglomérations
industrielles, et surtout à Paris et dans sa ban-
lieue, de préparer l'émeute sur laquelle ils
comptent pour arriver au pouvoir. Dans nos
départements du Rhin et dans les régions
frontières, ils exploitent toutes les inquiétudes
et tous les mécontentements pour parvenir à
leurs fins, dont l'essentielle est de diminuer le
plus possible les forces de résistance natio-
nales. Il y a deux jours encore, au cours d'une
réunion tenue à Strasbourgî les députés de
Moscou, MM. Beron et Mourer, se sont unis
aux trublions de l'autonomisme et du sépara-
tisme. Car les" fidèles de la révolution "bolche-
viste n'hésitent pas à prendre parti pour le
chauvinisme le plus étroit, à défendre ce que
M. l'abbé Ha'egy appelle YËlsœsserium, dès
qu'ils sentent que ce « racisme » peut nuire à
la France. Et c'est un grand étonnement, du
reste, que de voir des prêtres, des catholiques,
s'unir à ce parti de destruction et de mort sous
le même prétexte. Les prêtres, qui désirent,
disent-ils, combattre les excès du nationalisme
et exalter la fraternité des hommes, réserve-
raient-ils leur indulgence aux seuls nationa-
lismes dirigés contre l'unité française ?
Sur nos frontières, comme à l'intérieur du
pays, le communisme, en utilisant tous les
moyens, et surtout les pires, poursuit une oeu-
vre de trahison nationale et de dissociation
sociale, de démagogie et de corruption, de
désordre et de préparation à l'émeute. Il serait
vain de se dissimuler ce péril, et MM. Jean
Chiappe et Albert Sarraut ne se le dissimulent
pas. Défenseurs responsables de l'ordre démo-
cratique, ils viennent de montrer leur volonté
résolue de s'opposer aux menées révolution-
naires. La juvénile énergie de M. Jean Chiappe
2±oui> est JT&rante .que l'ordre sera maintenu.
ACCORD NAVAL
L'accord franco-britannique, qu'un commu-,
niqué officiel a révélé, semble avoir, pour l'en.-
tente des deux pays, au point de vue militaire
et naval, une portée qu'il convient de souligner.
L'Angleterre et la France paraissent avoir, en-
fin, franchi la période des malentendus et des
hésitations, et avec une grande largeur de vues,
une confiance absolue de part et d'autre, avoir
abouti à une entente qui pourrait bien être un
des fondéments les plus stables de la paix
européenne.
L'intérêt primordial de la France, en dehors
,de toutes les garanties assurées par les accords
internationaux, dans le cadre de la Société des
nations, veut qu'elle puisse. compter sur une
armée solidement organisée, notamment au
moyen de réserves instruites dès le temps de
paix. L'Angleterre s'est-elle engagée à soutenir
ce principe ? 7
La vie de l'Angleterre repose sur sa flotte.
C'est la condition de son existence même.
Sans elle, elle mourrait de faim, en quelques
semaines, en cas de conflit avec une grande
̃puissanée" continentale. Sans elle, elle serait
coupée du reste de son empire et du monde
entier. D'où le désir, bien légitime, pour la
Grande-Bretagne de conserver une marine qui
la mette, ainsi que ses Dominions, à l'abri de
tout danger sur les mers lointaines et, avant
tout, dans les eaux européennes.
C'est pour avoir méconnu cet axiome fon-
damental de la politique anglaise qua l'Alle-
magne impériale a fini par dresser contre elle
tout l'empire britannique, malgré le pacifisme
et les longues illusions de ses dirigeants..
Après la guerre. le cauchemar maritime
allem-anehécarté, l'Angleterre respira. La re-
naissance, .pourtant si modeste et si lente, de
nôtre marine, le développement de notre aéro-
nautique, parurent cependant l'inquiéter. Elle
s'entendit avec les Etats-Unis pour traiter, à
la conférence de Washington, son amie, sa
compagne de lutte, avec une injustice dont la
brûlure fut longue à se cautériser dans bien
dès cœurs français.
liavalée au rang de puissance navale de se-
corid, ordre. en ce qui concerne, du moins,
la construction des bâtiments de ligne, la
France poursuivit courageusement, avec calme
•̃car elle a la conscience tranquille, la
reconstitution de ses forces légères de surface
et sous-marines.
Le sous-marin n'a jamais été aimé des An-
glais. La guerre sous-marine allemande avait
pourtant bien montré, aux esprits clairvoyants,
que cet engin n'était pas une panacée, que,
rationnellement et puissamment combattu, il
avait succombé sous le poids des autres armes
navales liguées contre lui. Les marins anglais
les plus qualifiés abandonnèrent peu à peu
l'attitude de méfiance systématique où se com-
plaisaient encore trop de leurs compatriotes.
Par une évolution parallèle, ils en vinrent à
ne plus considérer dans le relèvement de la
marine française du reste étroitement li-
mité par nos modestes ressources loyale-
ment pratiqué, en vertu de lois chaque année
votées et discutées au grand jour, un motif*"
d'inquiétude, mais, bien plutôt, de satisfaction.
Nulle part, mieux qu'en Angleterre, les efforts
de nos marins et de nos techniciens n'ont été
plus favorablement appréciés. Quand, l'an der-
nier, le gouvernement français put envoyer à
Portsmouth une belle escadre de croiseurs et
de destroyers qui revint à Brest à la magni-
fique allure de trente nœuds, les marins fran-
çais reçurent dans le grand port anglais et
dans la capitale amie un inoubliable accueil,
où la cordialité se mariait à la joie des con-
naisseurs, heureux de pouvoir jauger un si
beau travail et des résultats si tangibles.
Les contacts directs qui n'ont pas cessé de
rester établis entre les deux amirautés -r- en
France M. Leygues a été un excellent
artisan de çette intimité ont permis d'en-
tretenir les grands souvenirs de la lutte com-
mune, et ont achevé de dissiper les préven-
tions. C'est dans une atmosphère d'entente
vraiment cordiale qu'ont pu être amorcés,
étudiés, conclus, les accords navals dont nous
connaîtrons sans doute bientôt la teneur
exacte.
Nous sommes, en tout cas, persuadés que
les concessions que la marine française aura
pu faire au légitime souci de sécurité de l'An-
gleterre sur mer auront été compensées par
de solides réalités.
Sans doute, la France avait au prix de
quels efforts arraché à Washington la li-
berté complète de construire tous autres bâ-
timents que les navires de ligne. Mais com-
bien cette liberté aurait plus de poids si ell-3
était sanctionnée, sans restriction, par la
grande puissance navale amie qui, sans
fausse honte, sans préjugé, reconnaîtrait à
notre pays le droit de posséder une flotte qui
ferait de lui un véritable associé, relèverait
au rang de pair, au lieu de continuer à lais-
ser peser sur lui, jusqu'à la prochaine confé-
rence de Washington, qui approche à grands
pas, l'éventualité de nouveaux renoncements,
auxquels il ne souscrirait d'ailleurs pas.
Il semble donc que les espérance contenues
dans le discret communiqué officiel soient de
nature à satisfaire les deux opinions publi-
ques sur un point qui leur tient à cœur leur
sécurité maritime indispensable corollaire,
pour la France, de sa, sécurité continentale,
et l'un des plus solides piliers de la paix en
Europe.
souvenirs sur Edmond Rostand
Des souvenirs personnels et intimes sur un
écrivain célèbre, qui ne soient pas destinés à le
diffamer et vilipender, quil ne le chipotent et ne
le diminuent même d'aucune façon, voilà qui par
le temps qui court va paraître original. C'est
même audacieux, peut-être imprudent.'La mali-
gnité publique est toujours prête à s'amuser de
ce qui souille et rabaisse ou du moins de ce
qui voudrait rabaisser et souiller un homme
supérieur. C'est se priver d'un précieux élément
de réussite en librairie que d'éviter le scandale.
M. Paul Faure a montré cette abnégation près--
que. héroïque dans son récent volume, Vingt ans
d'intimité avec Edmond Rostand, auquel Mme
de Noailles a cru pouvoir accorder une préface,
ce qu'elle n'eût évidemment point fait pour un
ouvrage bas ou malveillant. Cette préface est
très belle. Mme de Noailles y exprime les sen-i
timents les plus élevés, avec un style adéquat.
Elle loue magnifiquement « ces mystérieux esprits
qui distribuent la beauté au monde ». Elle né
leur refuse rien de son âme, pas même sa pitié,
ce qui est peut-être du luxe. Elle invoque à ce
propos une théorie de Chestow, mais Chestow est
un Russe, et les Russes fourrent de la pitié par-
tout, même dans les massacres, dont ils ne sont
point avares. Il y a certainement des efforts, des
angoisses et des chagrins dans la carri'ère d'un
auteur fameux, surtout d'un auteur dramatique,
mais il est largement payé de ses ennuis, et qui
de nous ne changerait avec lui? Quant aux
grands et complets génies, leur sort même
dans la pauvreté et l'incompréhension de la foule
paraît si enviable, qu'on trouverait que ce
n'est pas la peine de vivre à moins d'être l'un
d'entre eux, si l'on n'avait du moins la res-
source de les comprendre et de se nourrir des
miettes de leur festin. « II n'est pas, dans le
royaume de l'esprit, de beauté valable sans bé-
filPse moral »., .éH; encore Mme de .NoaUles. En.
effet toute beauté authentique est de soi le bien-
fait suprême. Edmond Rostand a eu beaucoup
d'enyieux. Il est le plus méconnu des auteurs* à
f'^rid succès. Un témoignage comme celui de
me de Noaïlles répare d'un coup toutes les in-
jüstices.
justices.
Le livre de M. Paul Faure, quoique très admira-
tif, déférent et affectueux,n'en est pas moins agréa-
ble à lire. Il a su mettre beaucoup de charme dans
ses récits et portraits. Il a connu Rostand S Cambo,i
vers 1900, et l'a vu presque quotidiennement jus-
qu'à la fin,, II lui a toujours trouvé une simplicité
parfaite et une exquise gentillesse, sans l'ombre de''
morgue ni de pose. Sa popularité était énorme,
dès cette époque, au pays basque comme partout.
M. Paul Faure en cite des preuves touchantes par
exemple un vieillard, rencontrant Rostand par ba-
sard, le supplie de bénir son fils, et se tournant vers
l'enfant, que le poète se contenta naturellement
d'embrasser « Tu pourras dire plus tard que tu
as vu l'auteur de Cyrano. » Celui-ci avait habité
d'abord la villa Etchegorria. Construire Arnâga
fut, avec la, composition de Chantecler, sa princi^
pale occupation voire la plus absorbante de
1902 à 1910. Il songeait encore à des améliora-
tions, à de nouveaux jets d'eau dans le magnifique
jardin à la française, lorsqu'il est mort, au lendé-
jijain de l'armistice. "Une maison n'est jamais
achevée »', disait-il. Perte de temps, peut-être,
mais bien joli divertissement de poète et d'artiste.,
« Edmond voit grand », disait son père. Cet être
noble et charmant, ce petit-neveu de Corneille et
de Victor Hugo, voyait grand aussi en éthique et
en poésie.
Lorsqu'il publia en 1902, pour le centenaire de
Victor Hugo, son beau poème Un soir à Hernani,
il reçut beaucoup de lettres et dépêches de félici-
tations, dont une de M. Léon Daudet, dont. M. Paul
Faure reproduit le texte « Votre poème sur Her-
̃'̃naiii, ce matin, dans le Gaulçis, est admitabie»
"j'aime surtout le drame entrant avec le nom, dans
l'esprit du petit Hugo, et le retentissement de
l'heure dans le génie, l'âpre morsure de la circons-
tance. Je sens que cette pièce va produire un effet
considérable. Amicalement à vous. » M. Léon Dau-
dét a été rarement mieux inspiré. M. Paul Faure
conte d'aimables ou piquantes anecdotes sur Co-
quelin, Henri Bauer, Mme de Noailles, et autres
hôtes d'Arnaga. Sur un point, d'après des rensei-
gnements que nous puisons à bonne source, il a
commis une erreur. Il donne une relation un peu
comique d'une visite de cérémonie qu'un Anglais,
M. Bodley, aurait faite à Rostand. Or M. Bodley,
qui a publié un livre admirable sur la France,
habitant lui-même le pays basque, était un des
familiers de Rostand, Il n'était nullement cé-
rémonieux, quoique fort en faveur auprès
d'Edouard VII, mais-celui-ci était le moins gourmé
des souverains. D'ailleurs M. Faure parle d'un
gentleman grand, mince, rasé et chauve. Or,
M. Bodley n'était ni chauve, ni rasé, ni mince, ni
très grand. M. Paul Faure ni certes Rostand
n'ont voulu se moquer de cet émitaent écrivain,
qui fut l'un des plus chaleureux et des plus utiles
amis de la France. Mais M. Paul Faure s'est ma-
nifestement trompé d'Anglais. P. S.
LE .RÈGLEMENT DE LA PAIX
Le pacte général contre la guerre
Í .La'~eau~e'. de T4'~ KeUÁ'¡¡'g'
l' 'i," va
f On mande de Washington
1 M. Kellogg a annoncé qu'il comptait s'embar-
uer à bord de l'Ile-de-France le 18 août pour
prendre part à la signature du traité multilatéral.
Le secrétaire d'Etat a l'intention de s'abstenir
de toute discussion de forme sur les questions in-
ternationales pendant son séjour et il repartira
par le premier paquebot en partance, aussitôt
après la signature du traité, probablement le
4 septembre, à bord du Leviathan.
Le représentant de l'Italie
Suivant une dépêche de Rome au Daily Tele-
graph, on annonce en Italie que M. Mussolini ne
se rendra pas à Paris pour la signature du pacte
contre la guerre; on ne sait encore s'il enverra un
délégué spécial, ou s'il se fera représenter, par
l'ambassadeur d'Italie à Paris.
Le cas des Soviets
On mande de New-York au Daily News qu'on
considère qu'il n'est pas probable que M. Kellogg
incline à voir inviter le gouvernement des So-
viets à signer le pacte de paix.
̃»
Le problème du désarmement
'1
L'accord franco-britannique
On mande de Londres
Le Daily Telegraph annonce que les ambassa-
deurs de Grande-Bretagne à Washington,à Rome et
à Tokio ont donné à ces derniers gouvernements
communication des termes du compromis franco-
britannique sur le désarmement naval.
Il'ajoute « Outré la limitation sur le tonnage
global et individuel des diverses catégories de na-
vires de guerre, des restrictions sur le calibre
des pièces seraient, en certains cas, envisagées par
l'accord franco-anglais. »
Un télégramme de Washington confirme que le
département d'Etat américain a reçu une note du
gouvernement britannique luii donnant des préci-
sions sur l'accord naval franco-britannique qui
vient d'être conclu entre les gouvernements fran-
çais et anglais.
Toutefois, le contenu de cette note n'a pas été
porté à la connaissance du public.
L'impression aux Etats-Unis
On mande de Washington au Times que, bien
gue le texte de l'accord franco-britannique ne soit
pas encore connu, les indications données par la
presse à ce sujet sont bien accueillies à Washing-
ton, et l'on considère que la voie vers la reprise
des travaux de la commission du désarmement est
dégagée d'un dès plus sérieux obstacles par le
nouvel arrangement. On pense toutefois qu'à
moins d'être approuvé par les autres principales
puissances navales, le compromis franco-britan-
nique serait vainement recommandé aux membres
de l'organisme de Genève.
Au département d'Etat, on ne veut pas s'enga-
ger à- ce sujet, mais on prédit pourtant l'acquies-
cement immédiat du gouvernement de Washing-
ton, attendu que, précédemment, le point de vue
britannique touchant la limitation par catégories
des unités navales était partagé par le gouverne-
ment américain.
L'impression en Allemagne
On mande de Berlin i:
La Gazette de la Croix écrit, au sujet des négo-.
ciations franco-anglaises dans la question du dev
sarmement
Si les informatibnsî!de la presse française se confir-
ment, cet accord franco-britannique est extrêmement
important; il constituerait la base d'une collaboration
durable entre les deux pays, c'est-à-dire d'une nouvelle
entente et il serait entendu que l'Angleterre laisserait à
la France les mains libres envers l'Allemagne..
:} '-̃ »
SOCIÉTÉ DES NATIONS
La commission de gouvernement de la Sarre
et la distribution de e secours » allemands
Notre correspondant particulier de Genève nous té-
léphone jeudi matin
Le secrétariat général de la Société des nations
vient de rendre public le trente-quatrième rapport
do la commission de gouvernement du territoire de
la Sarre au conseil de la Société des nations, rap-
port qui comprend la période du 1" avril au 30 juin
1928. Contrairement à l'habitude prise, ce n'est
pas un résumé du rapport qui' a été communiqué
à la presse, mais bien le rapport lui-même. La
raison doit en être recherchée dans le fait que
la tonunission de -zouverneineilt de la Sarso.
décidé de sateir le conseil de la Société des, na-
ttons d'un fait assez grave et qui constitue une
ingérence inadmissible du gouvernement alle-
mand dans les affaires intérieures du territoire
pïébieoitaïre.
Le rapport qui traite de cette affaire dans sa
partiie politique,, expose les faits de la manière
suivante ̃' ̃• ••̃̃
Au coursde l'été et 'de. l'automne 1927, l'attention de
la commission de gouvernement a été attirée sur des
distributions de sommes d'argent, d'un montant total
important, effectuées par les syndicats ouvriers, non
seulement à leurs adhérents, mais aussi aux ouvriers
non syndiqués. D'abord limitées aux mineurs, ces dis-
tributions ont été étendues à d'autres corporations. Il
semble même qu'en dehors de la classe ouvrière, des
employés de commerce et' des artisans en ont bénéficié.
Très souvent, les journaux ou des orateurs de réunions
publiques ont désigné ces distributions sous le nom de
« Betreuungsaktion » (action d'aide maternelle) et ont
indiqué que les fonds avaient été mis à la disposition
des syndicats par le gouvernement allemand..
Ces répartitions n'ayant pas été faites à la satisfac-
tion de tous les intéressés, un secrétaire de syndicat,
M. P.. Kuhnen, s'expliqua à leur sujet au mois d'août
1927. Son discours, d'après les comptes rendus de la
presse, paraissait donner à cette répartition un carac-
tère nettement politique et une signification telle qu'elle
paraissait inadmissible dans un territoire de plébiscite
comme le territoire de la Sarre. De toute manière,
d'ailleurs, la commission de gouvernement ne pouvait
,se désintéresser d'une distribution aussi importante de
'fonds, faite à son insu, dans le territoire qu'elle a mis-
sion de gouverner, d'autant plus que le bruit s'est ré-
pandu qu'elle aurait reçu son approbation. Un journal
local écrivait récemment encore que ces payements
étaient parfaitement légaux et effectués avec l'accord
de la commission de gouvernement.
La commission de gouvernement a tenu à porter sa
correspondance avec le gouvernement allemand à la
connaissance du conseil de la Société des nations, car
elle considère que la distribution dont il s'agit constitue
un fait anormal que ne paraissent pas justifier les
circonstances invoquées dans la note allemande du
4. mai 1928. Elle souligne particulièrement l'indication
contenue in fine dans cette communication du gouver-
nement allemand, suivant laquelle les déclarations des
divers secrétaires de syndicats sont en contradiction
absolue avec les intentions du gouvernement allemand.
Le rapport contient encore, à ce propos, une
déclaration de M. Kessmann, membres sarrois de
la •commission de gouvernement qui ne semble pas
s'être railié à l'opinion de ses quatre collègues et
qui. déclare « que cette distribution de secours a
un caractère purement chariltable ».
Enfin, le rapport contient en annexe la corres-
pondance de la commission de gouvernement avec
le gouvernement allemand. La commission de
gouvernement du territoire de la Sarre, le 13 oc-
tobre 1927, faisant une allusion à une déclaration
du sous-secrétaire d'Etat Schmid, demande au
ministère allemand des affaires étrangères de lui
faire savoir « s'il e€t bien exact que le gouverne-
ment du Reich a fait procéder, dans le territoire
de la Sarre, aux distributions susvisées ». Le mi-
nistère allemand des affaires étrangères a ré-
pondu par une longue note, le 4 mai 1928. Il
rappelle tout d'abord que le gouvernement alle-
mand, au moment de la chute du change français,
a accordé certains secours aux ouvriers habitant
dans les régions frontières du territoire de la
Sarre et travaillant dans la Sarre. Au début de
l'année, le gouvernement allemand, en voulant sup-
primer ces allocations, a rencontré de grandes dif-
ficultés. On lui demandait de venir en aide aux
ouvriers de la Sarre, victimes du chômage; il a
repoussé ces demandes. Il a décidé de renoncer aux
mesures de secours aux ouvriers travaillant en
Sarre, mais a admis l'idée d'un versement uni!-
que à l'ensemble des ouvriers.
Le gouvernement allemand ne s'est pas résolu sans
sorupule à ces mesures. II n'avait naturellement pas du
tout L'intention d'intervenir dans les affaires do la com-
jiïissioV de gouvernement. Il son'gis à faire, dans ce
domaine, tout ce qui lui était permis de faire, à savoir
l'argent n*a pas été distribué aux syndicats du terri-
totre de la Sarre, mais il a été remis aux dtrections des
syndicats de Berltn, étant entendu que la distribution
des fonds devait paraître comme étant simplement une
aide venant des organisations syndicales. Par ailleurs,
le gouvernement allemand estimait qu'une mesure pu-
rement charitable, inspirée par le sentiment de secours
aux nécessiteux, ne devait pas être régie par des règles
de compétence purement formelle.
Au grand regret du gouvernement allemand, ces me-
sures n'ont pas été tout à fait exécutées de la façon
qui avait été envisagée. Des communications ont paru
dans la presse au sujet de l'octroi de secours par le
Reich, et divers secrétaires de syndicats en ont parlé
dans des réunions. Le gouvernement allemand est
étranger à toutes ces déclarations qui sont en contra-
diction absolue avec ses intentions.
Ces constatations in fine de la note allemande
du 4 mai 1928 ne paraissent pas avoir convaincu
les membres de la commission de gouvernement
du territoire de la Sarre. Il semble même que les
phrases du rapport cité plus haut témoignent que
dans l'esprit de la commission de gouvernement
« les sommes d'argent d'un montant total impor-
tant » ont surtout servi des buts de propagande
politique et qu'ainsi le gouvernement allemand n'a
pas observé la neutralité quil, dans le territoire de
la Sarre, lui est imposée par les traités. Cetta af-
faire délicate donnera donc lieu à un examen de
la part du conseil de la Société des nations.
~eW o ;a''j
DANS LE PROCHE-ORIENT
Héiraion. de la Chambre yougoslave
On télégraphie de Belgrade
La Chambre s'est réunie mercredi à 11 heures.
Après les formalités d'usage, lecture a été donnée
des décrets royaux portant démission du cabinet
Voukitchevitch, nomination des membres du gou-
vernement Korochetz, de M. Choumenkovitch, mi-
nistre sans portefeuille, comme ministre par in-
térim, et de M. Letitza, sous-secrétaire d'Etat aux
finances.
M. Ninko Peritch, président de la Skoupchtina,
a pris ensuite la parole. Il a rendu hommage à la
mémoire des députés Pavle Raditch et Djoura
Dassarichek, victimes de l'attentat du 20 juin. Il a
déclaré qu'il prenait la parole pour flétrir au nom
de l'Assemblée nationale ce crime odieux. La
Skouipchtina tout entière, a-t-il ajouté, attend
avec confiance le verdict du tribunal et exprime sa
douleur et son indignatiion pour le sang qui a été
versé au sein de l'Assemblée. Le président a ex-
primé ensuite la sympathie douloureuse et les
condoléances de la Chambre aux familles des vic-
times.
La Chambre, debout, a rendu hommage aux col-
lègues disparus.
La séance a été levée ensuite en'signe de deuil.
Le groupe parlementaire agrarien n'assistait
pas à la séance de la Chambre, mais se réunissait
a Zagreb sous la présidence de M. Pribitchevitch.
député croate. Les 85 députés présents ont adopté
la résolution suivante
La Skoupchtina actuelle n'a pas le droit de voter des
lois applicables à l'Etat tout entier.
C'est pour ce motif que la coalition paysanne mène
une lutte énergique en faveur d'une nouvelle Consti-
tution d'Etat et pour l'égalité dans tous les droits du
peuple. L'Etat actuel ne pourra être sauvé que de cette
façon.
M. Stephan Raditeh, toujours alité, n'a pa? pu
prendre part à cette réunion.
Retour à Rome du ministre yougoslave
On télégraphie de Belgrade
Le ministre de Yougoslavie à Rome, M. Mille
Rakitch, qui avait été appelé à Belgrade pour
prendre part aux consultations en cours par suite
de la crise ministérielle, est reparti mercredir re-
joindre son poste. Avant son départ, il a conféré
longuement avec M. Choumenkovitch, ministre des
affaires étrangères par intérim.
La vente de navires russes en Roumanie
On télégraphie de Bucarest:
Dans les milieux compétents, on déclare, au
sujet de la protestation de M. Tchitcherine, qu'il
est inexact que le gouverenment roumain aurait
décidé la mise en vente de 200 remorqueurs appar-
tenant à une compagnie russe de navigation.
Le gouvernement a simplement nommé une
commission chargée d'examiner l'état des bateaux
en question afin de savoir s'ils peuvent encore
être conservés. Si des dégradations graves sont
constatées, les remorqueurs seront mis en vente
et la somme ainsi' recueillie sera mise à la dispo-
sition du •d'ocriétaire..oui fera .valoir ses droits. J
Questions xnUkbsbiros
liA SlfSflûi DE L'AfMftMiajE
Un ministre de l*air
Un corr e spo ndant bénévole et acerbe, pilote j
de réserve d'ailleurs, à l'occasion d'un article;)
donné, à cette place, sur la question de l'aérçH
nautique, nous fait grief de l'avoir traitée ave.e!
une « effrayante légèreté ». Nous ne pensions;
pas cependant lui causer tant d'humeur mali-ii
gne en en faisant ressortir l'indiseutablej
complexité et en exposant sous quels poinfe
de vue elle était, en ce moment, envisagée par]
les milieux et services intéressés. Nous nous"!
étions borné à remarquer que le conseil de;
cabinet, présidé par M. Raymond Poins]
caré, ne paraissait pas s'être rangé à l'op-W'
nion de certains qui demandent avec insis-?!
tance la création d'un ministère de l'air sty
après avoir exposé quelles solutions du .rao-j
ment pouvaient être retenues «n vue d'attê^'
nuer le malaise réel qu'accuse la gestion dé,
nos services aéronautiques, nous écrivions.,?
« A quelle solution s'arrêtera-t-on ? Jusqu'ici
rien ne la laisse, prévoir, mais la question est1
posée et il importe de la résoudre au plus'.
tôt ».
Sans nous arrêter à relever dans la com^j
munication qui nous a été faite certaines ap^
préciations discourtoises qui ont pu échapperi
à la plume fougueuse de notre distingué cor-ij
respondant, nous nous proposons aujourd'hui1!
de traiter de ce ministère de l'air dont il est uni
des tenants. Et comme le vulgum pecus donfij
nous sommes ne saurait sans outrecuidance'!
formuler à' ce sujet une opinion personnelle pb
motivée, nous prendrons nos références, cheaj
un auteur qualifié compétent" quieij, a écrit;
récemment dans la France militaire
« Faut-il créer un ministère de l'air ? n sej
demande le général Girod, qui fut dans la der-fj
nière législature président de la commission de]
l'armée. Disons tout de suite qu'il en est partit
san, mais, à l'inverse de notre correspondante
il se garde, « bien qu'on soit tenté de le faire/ »V
d'invoquer l'exemple de ce qui se passe U,
l'étranger. Les Etats-Unis ? Il n'est pas pos-t
sible de comparer notre situation à celle d'uni
pays qui regorge d'or et n'a pas de frontières
terrestres à défendre. L'Angleterre ? Elle aJ,
bien un ministère de l'air, mais l'amirauté n'a11
pas consenti à lui subordonner 1'aéronautiqueij
maritime. L'Italie? Le « Duce » centralise;
en ses mains les trois ministères de l'air, de la'
guerre et de la marine, en assure la coordina-*
tion à sa manière, qui est la forte, mais ne;
serait peut-être pas admise telle quelle chez;
nous.
Un fait est certain, et le général Girod en."
fait la remarque, c'est que l'aéronautique ci-
vile et l'aéronautique militaire ou marine vi-i
vent l'une en face de l'autre sans se pénétrer,
suffisamment, sans profiter réciproquement dej
leurs efforts et de leurs progrès. Et, en consë-<
quence, il les veut, « non pas fondues, mais'
juxtaposées dans un cadre. commun, sous une;
impulsion unique, celle d'un ministère dû
l'air ». De ce ministère de l'air, résulterait en
outre une économie notable de frais généraux,'
par le fusionnement qui pourrait être réalisa
derechef d'organes et d'installations répondant!
à peu près au même but dans chacune de?
aéronautiques civile, militaire, pu maritime.
Mais il y a plus dans son ensemble, raércH
nautique est appelée à jouer, au point de vue;
de la défense nationale, un rôle de premier;
plan, ce qui implique une politique aéronau-t
tique d'ensemble, que seul peut concevoir et
poursuivre un ministère de l'air. Sur ce pqintj
notre correspondant nous reproche la crainte
de « voir l'aviation échapper à l'étreinte des
bureaux de la guerre ». De ces bureaux, nous
n'avons ni la phobie ni l'admiration ancrée, efi
nous nous rangerions volontiers à l'opinion dit
général Girod si, comme il le croit, l'aéronau-:
tique non commerciale pouvait, par la voie
d'un ministère de l'air, sortir des tâtonnements
et même du marasme dans lesquels elie se dés
bat par moment.
Telles sont les principales des raisons d@.,
principe qui militent en faveur d'un ministère^
de l'air. Il nous reste à voir comment sont'
tranchées par ses partisans les objections qui
lui sont faites. Laissant de côté celle qui cou-
siste à tout redouter d'un manque de conti-i
nuité dans les vues résultant de l'instabilité
ministérielle, venons à de plus sérieuses, qui\
d'après le général Girod, seraient élevées con-s
tre le ministère de l'air dans les milieux mili-î
taires ou maritimes. Mais s'agit-il d'incorpo-r
rer purement et simplement l'aéronautique!
militaire, par exemple, au ministère de l'aire
de procéder à une amputation en rattachant à1
ce ministère ses unités et ses services ? Evi-i
demment non, cette solution par trop radicale;
serait inadmissible. Mais il faut trouver la for-,
mule, et nous ne pourrions dire si, d'un côté ou
de l'autre, on commence même à l'entrevoir,,
Cette formule, on la trouvera peut-être en par*
tant de cette idée simple que chacune des
aéronautiques militaire et maritime doit cons
server son existence, sa vie, sa tactique propre
dans le cadre considéré, et que, d'autre parti
l'ensemble des moyens aériens est à regarder.
comme devant entrer dans la préparation eti
la conduite éventuelle de la guerre. « Ce sera';
la tâche d'une ministre de l'air, dont le pre-?;
mier soin sera de bâtir lui-même ce ministèro>i
en taillant dans le vif. » Tout de même, il n&|
faudrait pas tailler sans avoir quelque peu:
réfléchi.
Il est plus facile de s'entendre entre partk<
sans et adversaires de ce ministère sur lai!
question du matériel. On conçoit, en effet/]
qu'il soit naturel et logique de procéder à l'inny
terpénétration des services techniques des difil
férentes aéronautiques. Les techniciens spécia-d
lisés auront leur place dans les services d'étu-:
des et d'essais du ministère de l'air et « lesj
mesures seront à prendre pour qu'on donne a<
chacune des aérqr.auticiues militaire et mari-i
time les appareils qui leur conviennent »^
Ainsi, en matière de construction, il n'y au-,
rait pas subordination. Les ministères utilisai
teurs auraient voix au chapitre et « recevraient
tous les apaisements ».
Le plus difficile n'est donc pas dans les ma-j
tériels à créer, mais, comme nous le disions'
plus haut, dans le régime à instituer pour ûW
clure les personnels dans le ministère de -l'air*!
Et nous persistons à penser que ce ministèr,c;j
ou tout autre organe centralisateur analogue;
aura à .répondre avec un égal souci d'équité*
aux désirs et aux besoins de la guerre, de làij
marine, du commerce et des colonies. DansJ
ces conditions, il n'est nullement à craindre 1
de voir, « livrées à leur seule inspiration, l'a"!
guerre continuer à stocker des avions déjài
démodés, le commerce 'se contenter de nos vé-.i
gétantes lignes aériennes (ignorées des Pran-?
çais, évitées par les étrangers) et de leurs ma-;
chines volantes préhistoriques, ̃ les colonies^-
ignorer les possibilités de l'avion en pays neuf':
(comparer avec les Indes, l'Australie et l'Afri-
que du sud) »..
Tenons-nous-en à cet exposé qui, avec ce
que nous en avons dit antérieurement, permet
de se faire une opinion raisonnée sur les dh
vers systèmes proposés en vue de résoudre la;
question de l'aéronautique. Il n'est pas dou-
teux que nous sommes handicapés, que nos
matériels ne sont plus « à la page », qu'un
effort de redressement s'impose, qu'à notre
ordinaire nous avons vu trop étroit. Il faut
sortir de. là, afcouMr. Nous nous enlisons.
GéMralj&jDAKT*
VENDREDI a AOUT ÏÔ2S
SOIXANTE*HUITIEME -ANNEE. N> J4456
PRIX DE L'A-BONNEMENT T
PAEIS, DÊPARTEMÏHTS ot OOIiOHUl PEAHÇ"1 Trois mois 3Ofr. Six mois 58ir. Unu -*K)Efo
Paya accordant ane rédaction de
ÉTRAHOER < 50 O/O sur les t*ri& postaux 52ff. IO2fr. 2OOfr.
( Antre, pays 75fr. 147fr. 29OÛT.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro '(PARIS et DÉPARTEMENTS): -£O centimes
ANNONCES Aux BUREAUX DU ©btoîjs, 5, rue des Italiens,
à l'Agenoe Ha vas et dans ses succursales
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant â leur teneur
t£L£PHOHE CWS'LieNES, Gntenberg 03.07 03.08 03.08 03.32 j~,O%33
CHÈQUE POSTAL i Numéro 6O
PRil* DE L'A©Of#J£l*ffiNT
PAaB,DiPAETEZEHTS«tCOLOH'<'FEA!»Ç- Troiamm» 30fr. Eiimoia 58 fr. Vain IlOff,
P*ys «(cordant ma réduction de
ÊIBilHîBB 50 0/0 Bar les tarifs .posUoi. B2.fr. IO2fr. 200 fr.
( Autrw P»jw. 7SIr. l-*7fr. 290fr.
LES ABOHSEMEHIS BATBHT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un-numéro (PAftis et oéPAmi/iEHTS) s 4tO centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toates-ies lettres xiestinées à la Eédaction doivent être adressées-an-Direûtenr
Le Journal ne- répond pas des manuscrits communiqués
i: Adresse TÉLÊGRAPHiecE tehps r&Bis
^Njous commençons aujourd'hui la. publica-.
lion d'un nouveau feuilleton
LES COUÇSIESS D'rtÉMOÇ
ou la vie ràpaancée des Brontë
'L"3AR'
E.'BT Ç3-. ROMIEU
i.
S.q:¥~.A l'R;'E
PAGE 2 2
Nouvelles dé l'Étranger. Revue de la.,pres$e.
Au Jour le Jour :'le Feu au théâtre. .Georges
{Virenque.
MGE 3
Les Coursiers d'Hélios, E. et G. Romieu. (N° 1.)
'Nouvelles du Jour. -r-Xe Livre d'un communiste
sur le communisme. Armée. Marine.
'Académies. La Vie. économique et sociale.
Faits-divers.
Ma^ic à la campagne, Charles S^vestre.
PAGE 4
ITjjibùriaux* Art 'ét Curiosité. Aéronautique 5
̃ "le Drame polaire. ̃ Les Distributions de prix.-
i 'Sports les Jeux de la 7X° olympiade.
;euiLleton '(i ;ci 1~~ ~rarid deu-», par RocER Do-'
RIENT. {N° J3.) '"•
PAGE 5
XMiéâtres; Nouvelles commerciales^ Informa-
tions financières. Bourse des valeurs.
PAGE 6
ÊERNiÈRES NOUVELLES. Z-e Problème du désar-
( finement. Le Prince de Galles en France.
^Légion d'honneur (ministère du travail).
^L' Accident de chemin de fer du Mans.
p ao"t
;<4,aout,.
r.
I?MLETIN_ W JOXJR
LE MALAISE POLITIQUE EN ANGLETERRE
Le conseil de cabinet qui a; été tenu hier à
Londres, sous la présidence de M: Stanley
Baldwin, a-t-il permis de dissiper les malen-
tendus qui paraissent exister au sein même
Jdu gouvernement, entre lès principaux colla-
borateurs du premier ministre? 'Les informa-
tions qui nous parviennent de Londres tendent
ià le faire supposer, mais il ne faut pas perdre
'de vue que ces divergences portent sur des
principes essentiels, comme le libre échange
jet le protectionnisme, qui ont traditionnelle-
ment une influence considérable sur le déve-
loppement de la politique britannique. Il est
lassez difficile d'admettre qu'un simple échange
[de vues entre les membres du cabinet ait suffi
pour éclaircir définitivement la situation.
Nul n'ignore, au surplus, que M. Stanley
Baldwin éprouve quelque peine à maintenir
jl'harmonie indispensable entre les membres
jde son cabinet et les différents éléments de la
majorité conservatrice. Précisément parce que
cette majorité est très forte, elle manque d'ho-
mogénéité et se permet des luttes intérieures
qu'elle aurait grand soin d'éviter si elle avait
3e sentiment d'avoir quelque chose à redouter
jdes offensives répétées de l'opposition libérale
_et travailliste..Cette; majorilé ̃ s.^est: constituée,
tr~yailllsteL,Q.etie;,major~fp' s.~est:. constituée.
'ëràce aù puià$alït,nzôt~vement Jqui sest des~
grâce au puiâs^fïrûttô^vement qui s'est des-
siné dans le pays 'a la fin de 1924, en réac-
tion de la politique pratiquée au pouvoir par
̃le cabinet Ramsay Mac Donald, de la complai-
sance dont les travaillistes faisaient preuve,
!à ce moment, à l'égard des agitateurs com-
munistes inféodés à Moscou et de la faiblesse
ides libéraux, détournés des grandes traditions
"de leur parti par l'influence personnelle de
M. Lloyd George. Il apparut a cette époque
qu'il n'y avait plus que deux forces politiques
possibles en Angleterre celle de tous les élé-
ments de défense nationale et sociale et celle
de tous les éléments imprégnés, à des degrés
différents, de l'esprit révolutionnaire. C'est ce
qui permit à M. Stanley Baldwin d'engagev
iavec les meilleures chances de succès la lutte
contre ceux qui, avec l'appui de la IIP Inter-
inationale, tentèrent d'organiser la grève géné-
rale et qui réussirent à faire durer de longues
Semaines la grève des mineurs, crise dont les
conséquences se font encore sentir dans l'en-
semble de l'économie britannique.
Iln'en est pas moins certain que les tendan-
tes contradictoires qui se marquent au sein de
lia majorité conservatrice ont parfois valu au
premier ministré.de graves soucis. A plusieurs
reprises, on a pu craindre une dislocation du
jeabinet ,en raison de l'opposition de tel ou tel
groupe sur des points précis de la politiqu3
Rengageant l'ensemble du gouvernement. Entre
̃les die-hards, qui forment l'aile droite de la
majorité, les conservateurs modérés et l'aile
•gauche constituée par- les anciens unionistes
venus du libéralisme, il y a des divergences de
{vues sensibles en ce qui concerne les prin-
cipes et les méthodes qui s'imposent pour la
(solution des problèmes politiques et économi-
ques de l'heure présente. Le cabinet Baldwin
trencontra des résistances à propos de la ré-
forme de la Chambre des lords, de l'élargisse^
taent du droit de suffrage pour les femmes,
ides mesures prises pour limiter l'action poli-
tique des trade-unions. Les uns reprochaient
;au premier ministre ,de n'avoir pas tiré tout le
(parti possible de la situation créée par l'échec
ide la grève générale et de la grève des mi-
neurs d'autres estimaient qu'on allait trop
loin dans la réaction nécessaire contre la pro-
tpagande bolcheviste en rompant toutes rela-
tions avec la Russie soviétique d'autres en-
Jeore critiquaient, non sans âpreté, la politique
^extérieure pratiquée par sir Austen Chamber-
lain à propos des relations avec l'Allemagne,
ide l'échec de la conférence navale à trois et,
jtôut récemment, des réserves formulées par la
.Grande-Bretagne, pour les conditions aux-
quelles peut être conclu le pacte contre la
guerre. Il n'est pas douteux que c'est l'autorité
personnelle dont M. Stanley Baldwin jouit au
sein de lamajorité et dans le pays qui a per-
mis jusqu'ici d'éviter des complications inté-
rieures qui eussent obligé le gouvernement à
recourir, comme l'opposition ne cesse de le
réclamer, à de nouvelles élections avant que
ïa Chambre des communes arrive, en 1929,
Normalement au terme de son mandat.
Il n'en resté pas moins qu'un certain
malaise politique subsiste en Angleterre et
qu'il est d'autant plus difficile de le dissiper
complètement qu'il est déterminé, en; réalité,
par la situation économique qui existe de l'au-
tre côté de la Manche depuis la fin de la guerre
mondiale. Le terrible problème du chômage,
qu'aucun gouvernement anglais, qu'il fût de
gauche ou de droite, n'a pu résoudre jusqu'ici,
iet les difficultés avec lesquelles sont aux
prises les principales industries du Royaume-
fjni pèsent lourdement sur l'activité générale
et, par contre-coup, sur la prospérité de la na-
tion. Tous les moyens mis en œuvre pour parer
à cet état de choses, allocations aux chômeurs,
système d'encouragement à l'émigration, cré-
dits pour venir en aide aux industries en péril,
sont apparus à l'expérience comme des expé-
dients dont on ne peut attendre aucun effet
durable. Certains éléments conservateurs ne
veulent voir le salut que dans un brutal retour
au protectionnisme et à l'abandon total des
principes du libre échange, auxquels l'Angle-
terre a dû pourtant sa prodigieuse prospérité
de jadis. En fait, le mal vient de ce que l'in-
dustrie britannique n'a pas su se renouveler
et s'adapter âVêÇ. ioute, la souplesse njçessaire
aux conditions économiques mondiales de
l'après-guerre. ̃
Toujours est-il que les partisans et les ad-
versaires du protectionnisme sont en lutte ou-
verte au sein du cabinet et de la majorité con-
servatrice. Dans un récent discours, le ministre
de l'intérieur, sir William Joynson-Hicks, s'est
prononcé formellement pour les méthodes
protectionnistes, et l'on connaît les mêmes
dispositions d'esprit à M. Amery, ministre des
colonies. La question était dès lors de savoir
si ces deux membres du gouvernement se fai-
saient par là les interprètes de la politique que
•le cabinet entend pratiquer désormais. Si tel
était le cas, l'unité du ministère présidé par
M. Stanley Baldwin ne pourrait guère résister
à cette nouvelle épreuve, car il n'est pas de
problème qui divise plus profondément l'opi-
nion britannique que celui du protectionnisme
et du libre échange. Chaque fois que le parti
conservateur a voulu le poser nettement de-
vant le pays, il a connu de durs échecs. Les
informations de Londres assurent qu'au cours
de la réunion tenue hier aucune décision n'a
été prise en ce qui concerne la politique future
du gouvernement et que ce ne serait qu'à la
veille des élections législatives prévues pour
1929 que le premier ministre prendrait défini-
tivement attitude. Jusque-là, on s'en tiendra
aux mesures de sauvegarde des industries es-
sentielles actuellement en vigueur. Mais ce
que M. Stanley Baldwin paraît avoir obtenu
de ses collègues, c'est qu'ils s'abstiennent dé-
sormais, dans leurs discours, de développer des
thèses que le cabinet dans son ensemble ne
peut approuver, et qu'ils ne parlent plus
qu'en s'inspirant du .principe primordial de la
solidarité ministérielle.
Ainsi dû moins on sauvera ïa«îace et on
évitera de donner l'impression d'une crise
prof onde .du parti ,conservateur.Mais cela n'em-
pêchera point que l'opposition des tendances
subsiste et que, dès à présent, les travaillistes et
les libéraux se disposent à l'exploiter au cours
de la prochaine campagne électorale.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
Berlin, 2 août.
Le nouvel, ambassadeur d'Angleterre, sir Ho-
race Rumbold, est attendu à Berlin samedi pi'07
chain..
Varsovie, 2 août.
M. Bartel, président du conseil, est en congé
à partir d'aujourd'hui; il sera remplacé, pendant
son absence, par M. Moraczewski, ministre des
travaux publics.
Stockholm, 2 août.
La reine, accompagnée du roi, partira pour Ba-
den-Baden après les fêtes de son anniversaire,
auil doivent avoir lieu le 7 août, à condition que
sa santé le lui permette.
Tokio, 2 août.
Un violent typhon s'est abattu sur la région de
Yokohama.
On compte une vingtaine de morts; les dégâts
sont considérables.
CONTRE LE JMMIMSME
Une manifestation que les communistes
projetaient d'organiser à Ivry vient d'être in-
terdite par le préfet de police, M/ Jean Cfiiappe.,
terdité ar le reiet e de olrce M: Jean Clîia
après entente avec le ministre de l'intérieur,
M. Albert Sarraut. En outre, toute autorisation
de manifestation du même ordre' dans le dé-
partement de la Seine sera désormais refusée.
On pense bien que les disciples de Lénine
vont crier à la dictature et qu'il se trouvera de
bonnes âmes, de naïfs ou de trop habiles poli-
ticiens, pour leur faire écho. A les entendre,
la démocratie consisterait dans le libre droit
pour chacun et pour tous les partis de faire
ce que bon leur semble jusqu'à la destruction
même de la démocratie. C est là une thèse
que nous n'admettons pas et nous pensons que
le premier devoir qui s'impose aux gardiens
d'un régime de liberté c'est précisément la
conservation de ce régime. Nous sommes atta-
chés sans doute à toutes les libertés précieuses
de réunion, de presse, de manifestation. Mais
quelle attitude peut-on garder en face d'un
parti qui non seulement, ce qui serait son
droit, proclame sa volonté de renverser l'édir
fice social, mais qui foule lui-même aux pieds
toutes les libertés et tous les droits, et qui est,
par ailleurs, publiquement à la solde d'un
gouvernement étranger?
Comme l'a fort bien dit un jour M. Albert
Sarraut, le communisme n'est pas un parti et
pas davantage une opinion. S'il se tenait dans
les limites légales de l'ordre républicain, s'il
était indépendant de l'influence étrangère, nous
serions certes les premiers à défendre son
droit de libre propagande, tout en combattant
avec acharnement ses doctrines. Mais on sait
trop quelles sont ses méthodes et ses prati-
ques. Les manifestations communistes, nous
en avons eu maint exemple, ne sont qu'un
prétexte à troubler l'ordre, à mettre en péril
la sécurité et la tranquillité des citoyens. Elles
ne sont pas autre chose que des manœuvres
d'insurrection, des essais pour imposer cette
dictature de la fouie, cette terreur rouge dont
rêvent les chefs du communisme interna-
tional.
Agents de l'étranger, comme l'a démontré
M. Laporte, dans le livre que nous avons ana-
lysé, les Mystère du Kremlin., ne reculant ni
devant « l'action illégale », ni devant même
l'espionnage pur et simple, comptant pour
réaliser leurs desseins sur la corruption la
plus vile, les communistes, en complot per-
manent, comme ils le disent eux-mêmes, con-
tre la démocratie, ne peuvent s'étonner qus
cette dernière se défende. Leurs protestations
ne sont que de l'hypocrisie.
Ils se préoccupent, dans les agglomérations
industrielles, et surtout à Paris et dans sa ban-
lieue, de préparer l'émeute sur laquelle ils
comptent pour arriver au pouvoir. Dans nos
départements du Rhin et dans les régions
frontières, ils exploitent toutes les inquiétudes
et tous les mécontentements pour parvenir à
leurs fins, dont l'essentielle est de diminuer le
plus possible les forces de résistance natio-
nales. Il y a deux jours encore, au cours d'une
réunion tenue à Strasbourgî les députés de
Moscou, MM. Beron et Mourer, se sont unis
aux trublions de l'autonomisme et du sépara-
tisme. Car les" fidèles de la révolution "bolche-
viste n'hésitent pas à prendre parti pour le
chauvinisme le plus étroit, à défendre ce que
M. l'abbé Ha'egy appelle YËlsœsserium, dès
qu'ils sentent que ce « racisme » peut nuire à
la France. Et c'est un grand étonnement, du
reste, que de voir des prêtres, des catholiques,
s'unir à ce parti de destruction et de mort sous
le même prétexte. Les prêtres, qui désirent,
disent-ils, combattre les excès du nationalisme
et exalter la fraternité des hommes, réserve-
raient-ils leur indulgence aux seuls nationa-
lismes dirigés contre l'unité française ?
Sur nos frontières, comme à l'intérieur du
pays, le communisme, en utilisant tous les
moyens, et surtout les pires, poursuit une oeu-
vre de trahison nationale et de dissociation
sociale, de démagogie et de corruption, de
désordre et de préparation à l'émeute. Il serait
vain de se dissimuler ce péril, et MM. Jean
Chiappe et Albert Sarraut ne se le dissimulent
pas. Défenseurs responsables de l'ordre démo-
cratique, ils viennent de montrer leur volonté
résolue de s'opposer aux menées révolution-
naires. La juvénile énergie de M. Jean Chiappe
2±oui> est JT&rante .que l'ordre sera maintenu.
ACCORD NAVAL
L'accord franco-britannique, qu'un commu-,
niqué officiel a révélé, semble avoir, pour l'en.-
tente des deux pays, au point de vue militaire
et naval, une portée qu'il convient de souligner.
L'Angleterre et la France paraissent avoir, en-
fin, franchi la période des malentendus et des
hésitations, et avec une grande largeur de vues,
une confiance absolue de part et d'autre, avoir
abouti à une entente qui pourrait bien être un
des fondéments les plus stables de la paix
européenne.
L'intérêt primordial de la France, en dehors
,de toutes les garanties assurées par les accords
internationaux, dans le cadre de la Société des
nations, veut qu'elle puisse. compter sur une
armée solidement organisée, notamment au
moyen de réserves instruites dès le temps de
paix. L'Angleterre s'est-elle engagée à soutenir
ce principe ? 7
La vie de l'Angleterre repose sur sa flotte.
C'est la condition de son existence même.
Sans elle, elle mourrait de faim, en quelques
semaines, en cas de conflit avec une grande
̃puissanée" continentale. Sans elle, elle serait
coupée du reste de son empire et du monde
entier. D'où le désir, bien légitime, pour la
Grande-Bretagne de conserver une marine qui
la mette, ainsi que ses Dominions, à l'abri de
tout danger sur les mers lointaines et, avant
tout, dans les eaux européennes.
C'est pour avoir méconnu cet axiome fon-
damental de la politique anglaise qua l'Alle-
magne impériale a fini par dresser contre elle
tout l'empire britannique, malgré le pacifisme
et les longues illusions de ses dirigeants..
Après la guerre. le cauchemar maritime
allem-anehécarté, l'Angleterre respira. La re-
naissance, .pourtant si modeste et si lente, de
nôtre marine, le développement de notre aéro-
nautique, parurent cependant l'inquiéter. Elle
s'entendit avec les Etats-Unis pour traiter, à
la conférence de Washington, son amie, sa
compagne de lutte, avec une injustice dont la
brûlure fut longue à se cautériser dans bien
dès cœurs français.
liavalée au rang de puissance navale de se-
corid, ordre. en ce qui concerne, du moins,
la construction des bâtiments de ligne, la
France poursuivit courageusement, avec calme
•̃car elle a la conscience tranquille, la
reconstitution de ses forces légères de surface
et sous-marines.
Le sous-marin n'a jamais été aimé des An-
glais. La guerre sous-marine allemande avait
pourtant bien montré, aux esprits clairvoyants,
que cet engin n'était pas une panacée, que,
rationnellement et puissamment combattu, il
avait succombé sous le poids des autres armes
navales liguées contre lui. Les marins anglais
les plus qualifiés abandonnèrent peu à peu
l'attitude de méfiance systématique où se com-
plaisaient encore trop de leurs compatriotes.
Par une évolution parallèle, ils en vinrent à
ne plus considérer dans le relèvement de la
marine française du reste étroitement li-
mité par nos modestes ressources loyale-
ment pratiqué, en vertu de lois chaque année
votées et discutées au grand jour, un motif*"
d'inquiétude, mais, bien plutôt, de satisfaction.
Nulle part, mieux qu'en Angleterre, les efforts
de nos marins et de nos techniciens n'ont été
plus favorablement appréciés. Quand, l'an der-
nier, le gouvernement français put envoyer à
Portsmouth une belle escadre de croiseurs et
de destroyers qui revint à Brest à la magni-
fique allure de trente nœuds, les marins fran-
çais reçurent dans le grand port anglais et
dans la capitale amie un inoubliable accueil,
où la cordialité se mariait à la joie des con-
naisseurs, heureux de pouvoir jauger un si
beau travail et des résultats si tangibles.
Les contacts directs qui n'ont pas cessé de
rester établis entre les deux amirautés -r- en
France M. Leygues a été un excellent
artisan de çette intimité ont permis d'en-
tretenir les grands souvenirs de la lutte com-
mune, et ont achevé de dissiper les préven-
tions. C'est dans une atmosphère d'entente
vraiment cordiale qu'ont pu être amorcés,
étudiés, conclus, les accords navals dont nous
connaîtrons sans doute bientôt la teneur
exacte.
Nous sommes, en tout cas, persuadés que
les concessions que la marine française aura
pu faire au légitime souci de sécurité de l'An-
gleterre sur mer auront été compensées par
de solides réalités.
Sans doute, la France avait au prix de
quels efforts arraché à Washington la li-
berté complète de construire tous autres bâ-
timents que les navires de ligne. Mais com-
bien cette liberté aurait plus de poids si ell-3
était sanctionnée, sans restriction, par la
grande puissance navale amie qui, sans
fausse honte, sans préjugé, reconnaîtrait à
notre pays le droit de posséder une flotte qui
ferait de lui un véritable associé, relèverait
au rang de pair, au lieu de continuer à lais-
ser peser sur lui, jusqu'à la prochaine confé-
rence de Washington, qui approche à grands
pas, l'éventualité de nouveaux renoncements,
auxquels il ne souscrirait d'ailleurs pas.
Il semble donc que les espérance contenues
dans le discret communiqué officiel soient de
nature à satisfaire les deux opinions publi-
ques sur un point qui leur tient à cœur leur
sécurité maritime indispensable corollaire,
pour la France, de sa, sécurité continentale,
et l'un des plus solides piliers de la paix en
Europe.
souvenirs sur Edmond Rostand
Des souvenirs personnels et intimes sur un
écrivain célèbre, qui ne soient pas destinés à le
diffamer et vilipender, quil ne le chipotent et ne
le diminuent même d'aucune façon, voilà qui par
le temps qui court va paraître original. C'est
même audacieux, peut-être imprudent.'La mali-
gnité publique est toujours prête à s'amuser de
ce qui souille et rabaisse ou du moins de ce
qui voudrait rabaisser et souiller un homme
supérieur. C'est se priver d'un précieux élément
de réussite en librairie que d'éviter le scandale.
M. Paul Faure a montré cette abnégation près--
que. héroïque dans son récent volume, Vingt ans
d'intimité avec Edmond Rostand, auquel Mme
de Noailles a cru pouvoir accorder une préface,
ce qu'elle n'eût évidemment point fait pour un
ouvrage bas ou malveillant. Cette préface est
très belle. Mme de Noailles y exprime les sen-i
timents les plus élevés, avec un style adéquat.
Elle loue magnifiquement « ces mystérieux esprits
qui distribuent la beauté au monde ». Elle né
leur refuse rien de son âme, pas même sa pitié,
ce qui est peut-être du luxe. Elle invoque à ce
propos une théorie de Chestow, mais Chestow est
un Russe, et les Russes fourrent de la pitié par-
tout, même dans les massacres, dont ils ne sont
point avares. Il y a certainement des efforts, des
angoisses et des chagrins dans la carri'ère d'un
auteur fameux, surtout d'un auteur dramatique,
mais il est largement payé de ses ennuis, et qui
de nous ne changerait avec lui? Quant aux
grands et complets génies, leur sort même
dans la pauvreté et l'incompréhension de la foule
paraît si enviable, qu'on trouverait que ce
n'est pas la peine de vivre à moins d'être l'un
d'entre eux, si l'on n'avait du moins la res-
source de les comprendre et de se nourrir des
miettes de leur festin. « II n'est pas, dans le
royaume de l'esprit, de beauté valable sans bé-
filPse moral »., .éH; encore Mme de .NoaUles. En.
effet toute beauté authentique est de soi le bien-
fait suprême. Edmond Rostand a eu beaucoup
d'enyieux. Il est le plus méconnu des auteurs* à
f'^rid succès. Un témoignage comme celui de
me de Noaïlles répare d'un coup toutes les in-
jüstices.
justices.
Le livre de M. Paul Faure, quoique très admira-
tif, déférent et affectueux,n'en est pas moins agréa-
ble à lire. Il a su mettre beaucoup de charme dans
ses récits et portraits. Il a connu Rostand S Cambo,i
vers 1900, et l'a vu presque quotidiennement jus-
qu'à la fin,, II lui a toujours trouvé une simplicité
parfaite et une exquise gentillesse, sans l'ombre de''
morgue ni de pose. Sa popularité était énorme,
dès cette époque, au pays basque comme partout.
M. Paul Faure en cite des preuves touchantes par
exemple un vieillard, rencontrant Rostand par ba-
sard, le supplie de bénir son fils, et se tournant vers
l'enfant, que le poète se contenta naturellement
d'embrasser « Tu pourras dire plus tard que tu
as vu l'auteur de Cyrano. » Celui-ci avait habité
d'abord la villa Etchegorria. Construire Arnâga
fut, avec la, composition de Chantecler, sa princi^
pale occupation voire la plus absorbante de
1902 à 1910. Il songeait encore à des améliora-
tions, à de nouveaux jets d'eau dans le magnifique
jardin à la française, lorsqu'il est mort, au lendé-
jijain de l'armistice. "Une maison n'est jamais
achevée »', disait-il. Perte de temps, peut-être,
mais bien joli divertissement de poète et d'artiste.,
« Edmond voit grand », disait son père. Cet être
noble et charmant, ce petit-neveu de Corneille et
de Victor Hugo, voyait grand aussi en éthique et
en poésie.
Lorsqu'il publia en 1902, pour le centenaire de
Victor Hugo, son beau poème Un soir à Hernani,
il reçut beaucoup de lettres et dépêches de félici-
tations, dont une de M. Léon Daudet, dont. M. Paul
Faure reproduit le texte « Votre poème sur Her-
̃'̃naiii, ce matin, dans le Gaulçis, est admitabie»
"j'aime surtout le drame entrant avec le nom, dans
l'esprit du petit Hugo, et le retentissement de
l'heure dans le génie, l'âpre morsure de la circons-
tance. Je sens que cette pièce va produire un effet
considérable. Amicalement à vous. » M. Léon Dau-
dét a été rarement mieux inspiré. M. Paul Faure
conte d'aimables ou piquantes anecdotes sur Co-
quelin, Henri Bauer, Mme de Noailles, et autres
hôtes d'Arnaga. Sur un point, d'après des rensei-
gnements que nous puisons à bonne source, il a
commis une erreur. Il donne une relation un peu
comique d'une visite de cérémonie qu'un Anglais,
M. Bodley, aurait faite à Rostand. Or M. Bodley,
qui a publié un livre admirable sur la France,
habitant lui-même le pays basque, était un des
familiers de Rostand, Il n'était nullement cé-
rémonieux, quoique fort en faveur auprès
d'Edouard VII, mais-celui-ci était le moins gourmé
des souverains. D'ailleurs M. Faure parle d'un
gentleman grand, mince, rasé et chauve. Or,
M. Bodley n'était ni chauve, ni rasé, ni mince, ni
très grand. M. Paul Faure ni certes Rostand
n'ont voulu se moquer de cet émitaent écrivain,
qui fut l'un des plus chaleureux et des plus utiles
amis de la France. Mais M. Paul Faure s'est ma-
nifestement trompé d'Anglais. P. S.
LE .RÈGLEMENT DE LA PAIX
Le pacte général contre la guerre
Í .La'~eau~e'. de T4'~ KeUÁ'¡¡'g'
l' 'i," va
f On mande de Washington
1 M. Kellogg a annoncé qu'il comptait s'embar-
uer à bord de l'Ile-de-France le 18 août pour
prendre part à la signature du traité multilatéral.
Le secrétaire d'Etat a l'intention de s'abstenir
de toute discussion de forme sur les questions in-
ternationales pendant son séjour et il repartira
par le premier paquebot en partance, aussitôt
après la signature du traité, probablement le
4 septembre, à bord du Leviathan.
Le représentant de l'Italie
Suivant une dépêche de Rome au Daily Tele-
graph, on annonce en Italie que M. Mussolini ne
se rendra pas à Paris pour la signature du pacte
contre la guerre; on ne sait encore s'il enverra un
délégué spécial, ou s'il se fera représenter, par
l'ambassadeur d'Italie à Paris.
Le cas des Soviets
On mande de New-York au Daily News qu'on
considère qu'il n'est pas probable que M. Kellogg
incline à voir inviter le gouvernement des So-
viets à signer le pacte de paix.
̃»
Le problème du désarmement
'1
L'accord franco-britannique
On mande de Londres
Le Daily Telegraph annonce que les ambassa-
deurs de Grande-Bretagne à Washington,à Rome et
à Tokio ont donné à ces derniers gouvernements
communication des termes du compromis franco-
britannique sur le désarmement naval.
Il'ajoute « Outré la limitation sur le tonnage
global et individuel des diverses catégories de na-
vires de guerre, des restrictions sur le calibre
des pièces seraient, en certains cas, envisagées par
l'accord franco-anglais. »
Un télégramme de Washington confirme que le
département d'Etat américain a reçu une note du
gouvernement britannique luii donnant des préci-
sions sur l'accord naval franco-britannique qui
vient d'être conclu entre les gouvernements fran-
çais et anglais.
Toutefois, le contenu de cette note n'a pas été
porté à la connaissance du public.
L'impression aux Etats-Unis
On mande de Washington au Times que, bien
gue le texte de l'accord franco-britannique ne soit
pas encore connu, les indications données par la
presse à ce sujet sont bien accueillies à Washing-
ton, et l'on considère que la voie vers la reprise
des travaux de la commission du désarmement est
dégagée d'un dès plus sérieux obstacles par le
nouvel arrangement. On pense toutefois qu'à
moins d'être approuvé par les autres principales
puissances navales, le compromis franco-britan-
nique serait vainement recommandé aux membres
de l'organisme de Genève.
Au département d'Etat, on ne veut pas s'enga-
ger à- ce sujet, mais on prédit pourtant l'acquies-
cement immédiat du gouvernement de Washing-
ton, attendu que, précédemment, le point de vue
britannique touchant la limitation par catégories
des unités navales était partagé par le gouverne-
ment américain.
L'impression en Allemagne
On mande de Berlin i:
La Gazette de la Croix écrit, au sujet des négo-.
ciations franco-anglaises dans la question du dev
sarmement
Si les informatibnsî!de la presse française se confir-
ment, cet accord franco-britannique est extrêmement
important; il constituerait la base d'une collaboration
durable entre les deux pays, c'est-à-dire d'une nouvelle
entente et il serait entendu que l'Angleterre laisserait à
la France les mains libres envers l'Allemagne..
:} '-̃ »
SOCIÉTÉ DES NATIONS
La commission de gouvernement de la Sarre
et la distribution de e secours » allemands
Notre correspondant particulier de Genève nous té-
léphone jeudi matin
Le secrétariat général de la Société des nations
vient de rendre public le trente-quatrième rapport
do la commission de gouvernement du territoire de
la Sarre au conseil de la Société des nations, rap-
port qui comprend la période du 1" avril au 30 juin
1928. Contrairement à l'habitude prise, ce n'est
pas un résumé du rapport qui' a été communiqué
à la presse, mais bien le rapport lui-même. La
raison doit en être recherchée dans le fait que
la tonunission de -zouverneineilt de la Sarso.
décidé de sateir le conseil de la Société des, na-
ttons d'un fait assez grave et qui constitue une
ingérence inadmissible du gouvernement alle-
mand dans les affaires intérieures du territoire
pïébieoitaïre.
Le rapport qui traite de cette affaire dans sa
partiie politique,, expose les faits de la manière
suivante ̃' ̃• ••̃̃
Au coursde l'été et 'de. l'automne 1927, l'attention de
la commission de gouvernement a été attirée sur des
distributions de sommes d'argent, d'un montant total
important, effectuées par les syndicats ouvriers, non
seulement à leurs adhérents, mais aussi aux ouvriers
non syndiqués. D'abord limitées aux mineurs, ces dis-
tributions ont été étendues à d'autres corporations. Il
semble même qu'en dehors de la classe ouvrière, des
employés de commerce et' des artisans en ont bénéficié.
Très souvent, les journaux ou des orateurs de réunions
publiques ont désigné ces distributions sous le nom de
« Betreuungsaktion » (action d'aide maternelle) et ont
indiqué que les fonds avaient été mis à la disposition
des syndicats par le gouvernement allemand..
Ces répartitions n'ayant pas été faites à la satisfac-
tion de tous les intéressés, un secrétaire de syndicat,
M. P.. Kuhnen, s'expliqua à leur sujet au mois d'août
1927. Son discours, d'après les comptes rendus de la
presse, paraissait donner à cette répartition un carac-
tère nettement politique et une signification telle qu'elle
paraissait inadmissible dans un territoire de plébiscite
comme le territoire de la Sarre. De toute manière,
d'ailleurs, la commission de gouvernement ne pouvait
,se désintéresser d'une distribution aussi importante de
'fonds, faite à son insu, dans le territoire qu'elle a mis-
sion de gouverner, d'autant plus que le bruit s'est ré-
pandu qu'elle aurait reçu son approbation. Un journal
local écrivait récemment encore que ces payements
étaient parfaitement légaux et effectués avec l'accord
de la commission de gouvernement.
La commission de gouvernement a tenu à porter sa
correspondance avec le gouvernement allemand à la
connaissance du conseil de la Société des nations, car
elle considère que la distribution dont il s'agit constitue
un fait anormal que ne paraissent pas justifier les
circonstances invoquées dans la note allemande du
4. mai 1928. Elle souligne particulièrement l'indication
contenue in fine dans cette communication du gouver-
nement allemand, suivant laquelle les déclarations des
divers secrétaires de syndicats sont en contradiction
absolue avec les intentions du gouvernement allemand.
Le rapport contient encore, à ce propos, une
déclaration de M. Kessmann, membres sarrois de
la •commission de gouvernement qui ne semble pas
s'être railié à l'opinion de ses quatre collègues et
qui. déclare « que cette distribution de secours a
un caractère purement chariltable ».
Enfin, le rapport contient en annexe la corres-
pondance de la commission de gouvernement avec
le gouvernement allemand. La commission de
gouvernement du territoire de la Sarre, le 13 oc-
tobre 1927, faisant une allusion à une déclaration
du sous-secrétaire d'Etat Schmid, demande au
ministère allemand des affaires étrangères de lui
faire savoir « s'il e€t bien exact que le gouverne-
ment du Reich a fait procéder, dans le territoire
de la Sarre, aux distributions susvisées ». Le mi-
nistère allemand des affaires étrangères a ré-
pondu par une longue note, le 4 mai 1928. Il
rappelle tout d'abord que le gouvernement alle-
mand, au moment de la chute du change français,
a accordé certains secours aux ouvriers habitant
dans les régions frontières du territoire de la
Sarre et travaillant dans la Sarre. Au début de
l'année, le gouvernement allemand, en voulant sup-
primer ces allocations, a rencontré de grandes dif-
ficultés. On lui demandait de venir en aide aux
ouvriers de la Sarre, victimes du chômage; il a
repoussé ces demandes. Il a décidé de renoncer aux
mesures de secours aux ouvriers travaillant en
Sarre, mais a admis l'idée d'un versement uni!-
que à l'ensemble des ouvriers.
Le gouvernement allemand ne s'est pas résolu sans
sorupule à ces mesures. II n'avait naturellement pas du
tout L'intention d'intervenir dans les affaires do la com-
jiïissioV de gouvernement. Il son'gis à faire, dans ce
domaine, tout ce qui lui était permis de faire, à savoir
l'argent n*a pas été distribué aux syndicats du terri-
totre de la Sarre, mais il a été remis aux dtrections des
syndicats de Berltn, étant entendu que la distribution
des fonds devait paraître comme étant simplement une
aide venant des organisations syndicales. Par ailleurs,
le gouvernement allemand estimait qu'une mesure pu-
rement charitable, inspirée par le sentiment de secours
aux nécessiteux, ne devait pas être régie par des règles
de compétence purement formelle.
Au grand regret du gouvernement allemand, ces me-
sures n'ont pas été tout à fait exécutées de la façon
qui avait été envisagée. Des communications ont paru
dans la presse au sujet de l'octroi de secours par le
Reich, et divers secrétaires de syndicats en ont parlé
dans des réunions. Le gouvernement allemand est
étranger à toutes ces déclarations qui sont en contra-
diction absolue avec ses intentions.
Ces constatations in fine de la note allemande
du 4 mai 1928 ne paraissent pas avoir convaincu
les membres de la commission de gouvernement
du territoire de la Sarre. Il semble même que les
phrases du rapport cité plus haut témoignent que
dans l'esprit de la commission de gouvernement
« les sommes d'argent d'un montant total impor-
tant » ont surtout servi des buts de propagande
politique et qu'ainsi le gouvernement allemand n'a
pas observé la neutralité quil, dans le territoire de
la Sarre, lui est imposée par les traités. Cetta af-
faire délicate donnera donc lieu à un examen de
la part du conseil de la Société des nations.
~eW o ;a''j
DANS LE PROCHE-ORIENT
Héiraion. de la Chambre yougoslave
On télégraphie de Belgrade
La Chambre s'est réunie mercredi à 11 heures.
Après les formalités d'usage, lecture a été donnée
des décrets royaux portant démission du cabinet
Voukitchevitch, nomination des membres du gou-
vernement Korochetz, de M. Choumenkovitch, mi-
nistre sans portefeuille, comme ministre par in-
térim, et de M. Letitza, sous-secrétaire d'Etat aux
finances.
M. Ninko Peritch, président de la Skoupchtina,
a pris ensuite la parole. Il a rendu hommage à la
mémoire des députés Pavle Raditch et Djoura
Dassarichek, victimes de l'attentat du 20 juin. Il a
déclaré qu'il prenait la parole pour flétrir au nom
de l'Assemblée nationale ce crime odieux. La
Skouipchtina tout entière, a-t-il ajouté, attend
avec confiance le verdict du tribunal et exprime sa
douleur et son indignatiion pour le sang qui a été
versé au sein de l'Assemblée. Le président a ex-
primé ensuite la sympathie douloureuse et les
condoléances de la Chambre aux familles des vic-
times.
La Chambre, debout, a rendu hommage aux col-
lègues disparus.
La séance a été levée ensuite en'signe de deuil.
Le groupe parlementaire agrarien n'assistait
pas à la séance de la Chambre, mais se réunissait
a Zagreb sous la présidence de M. Pribitchevitch.
député croate. Les 85 députés présents ont adopté
la résolution suivante
La Skoupchtina actuelle n'a pas le droit de voter des
lois applicables à l'Etat tout entier.
C'est pour ce motif que la coalition paysanne mène
une lutte énergique en faveur d'une nouvelle Consti-
tution d'Etat et pour l'égalité dans tous les droits du
peuple. L'Etat actuel ne pourra être sauvé que de cette
façon.
M. Stephan Raditeh, toujours alité, n'a pa? pu
prendre part à cette réunion.
Retour à Rome du ministre yougoslave
On télégraphie de Belgrade
Le ministre de Yougoslavie à Rome, M. Mille
Rakitch, qui avait été appelé à Belgrade pour
prendre part aux consultations en cours par suite
de la crise ministérielle, est reparti mercredir re-
joindre son poste. Avant son départ, il a conféré
longuement avec M. Choumenkovitch, ministre des
affaires étrangères par intérim.
La vente de navires russes en Roumanie
On télégraphie de Bucarest:
Dans les milieux compétents, on déclare, au
sujet de la protestation de M. Tchitcherine, qu'il
est inexact que le gouverenment roumain aurait
décidé la mise en vente de 200 remorqueurs appar-
tenant à une compagnie russe de navigation.
Le gouvernement a simplement nommé une
commission chargée d'examiner l'état des bateaux
en question afin de savoir s'ils peuvent encore
être conservés. Si des dégradations graves sont
constatées, les remorqueurs seront mis en vente
et la somme ainsi' recueillie sera mise à la dispo-
sition du •d'ocriétaire..oui fera .valoir ses droits. J
Questions xnUkbsbiros
liA SlfSflûi DE L'AfMftMiajE
Un ministre de l*air
Un corr e spo ndant bénévole et acerbe, pilote j
de réserve d'ailleurs, à l'occasion d'un article;)
donné, à cette place, sur la question de l'aérçH
nautique, nous fait grief de l'avoir traitée ave.e!
une « effrayante légèreté ». Nous ne pensions;
pas cependant lui causer tant d'humeur mali-ii
gne en en faisant ressortir l'indiseutablej
complexité et en exposant sous quels poinfe
de vue elle était, en ce moment, envisagée par]
les milieux et services intéressés. Nous nous"!
étions borné à remarquer que le conseil de;
cabinet, présidé par M. Raymond Poins]
caré, ne paraissait pas s'être rangé à l'op-W'
nion de certains qui demandent avec insis-?!
tance la création d'un ministère de l'air sty
après avoir exposé quelles solutions du .rao-j
ment pouvaient être retenues «n vue d'attê^'
nuer le malaise réel qu'accuse la gestion dé,
nos services aéronautiques, nous écrivions.,?
« A quelle solution s'arrêtera-t-on ? Jusqu'ici
rien ne la laisse, prévoir, mais la question est1
posée et il importe de la résoudre au plus'.
tôt ».
Sans nous arrêter à relever dans la com^j
munication qui nous a été faite certaines ap^
préciations discourtoises qui ont pu échapperi
à la plume fougueuse de notre distingué cor-ij
respondant, nous nous proposons aujourd'hui1!
de traiter de ce ministère de l'air dont il est uni
des tenants. Et comme le vulgum pecus donfij
nous sommes ne saurait sans outrecuidance'!
formuler à' ce sujet une opinion personnelle pb
motivée, nous prendrons nos références, cheaj
un auteur qualifié compétent" quieij, a écrit;
récemment dans la France militaire
« Faut-il créer un ministère de l'air ? n sej
demande le général Girod, qui fut dans la der-fj
nière législature président de la commission de]
l'armée. Disons tout de suite qu'il en est partit
san, mais, à l'inverse de notre correspondante
il se garde, « bien qu'on soit tenté de le faire/ »V
d'invoquer l'exemple de ce qui se passe U,
l'étranger. Les Etats-Unis ? Il n'est pas pos-t
sible de comparer notre situation à celle d'uni
pays qui regorge d'or et n'a pas de frontières
terrestres à défendre. L'Angleterre ? Elle aJ,
bien un ministère de l'air, mais l'amirauté n'a11
pas consenti à lui subordonner 1'aéronautiqueij
maritime. L'Italie? Le « Duce » centralise;
en ses mains les trois ministères de l'air, de la'
guerre et de la marine, en assure la coordina-*
tion à sa manière, qui est la forte, mais ne;
serait peut-être pas admise telle quelle chez;
nous.
Un fait est certain, et le général Girod en."
fait la remarque, c'est que l'aéronautique ci-
vile et l'aéronautique militaire ou marine vi-i
vent l'une en face de l'autre sans se pénétrer,
suffisamment, sans profiter réciproquement dej
leurs efforts et de leurs progrès. Et, en consë-<
quence, il les veut, « non pas fondues, mais'
juxtaposées dans un cadre. commun, sous une;
impulsion unique, celle d'un ministère dû
l'air ». De ce ministère de l'air, résulterait en
outre une économie notable de frais généraux,'
par le fusionnement qui pourrait être réalisa
derechef d'organes et d'installations répondant!
à peu près au même but dans chacune de?
aéronautiques civile, militaire, pu maritime.
Mais il y a plus dans son ensemble, raércH
nautique est appelée à jouer, au point de vue;
de la défense nationale, un rôle de premier;
plan, ce qui implique une politique aéronau-t
tique d'ensemble, que seul peut concevoir et
poursuivre un ministère de l'air. Sur ce pqintj
notre correspondant nous reproche la crainte
de « voir l'aviation échapper à l'étreinte des
bureaux de la guerre ». De ces bureaux, nous
n'avons ni la phobie ni l'admiration ancrée, efi
nous nous rangerions volontiers à l'opinion dit
général Girod si, comme il le croit, l'aéronau-:
tique non commerciale pouvait, par la voie
d'un ministère de l'air, sortir des tâtonnements
et même du marasme dans lesquels elie se dés
bat par moment.
Telles sont les principales des raisons d@.,
principe qui militent en faveur d'un ministère^
de l'air. Il nous reste à voir comment sont'
tranchées par ses partisans les objections qui
lui sont faites. Laissant de côté celle qui cou-
siste à tout redouter d'un manque de conti-i
nuité dans les vues résultant de l'instabilité
ministérielle, venons à de plus sérieuses, qui\
d'après le général Girod, seraient élevées con-s
tre le ministère de l'air dans les milieux mili-î
taires ou maritimes. Mais s'agit-il d'incorpo-r
rer purement et simplement l'aéronautique!
militaire, par exemple, au ministère de l'aire
de procéder à une amputation en rattachant à1
ce ministère ses unités et ses services ? Evi-i
demment non, cette solution par trop radicale;
serait inadmissible. Mais il faut trouver la for-,
mule, et nous ne pourrions dire si, d'un côté ou
de l'autre, on commence même à l'entrevoir,,
Cette formule, on la trouvera peut-être en par*
tant de cette idée simple que chacune des
aéronautiques militaire et maritime doit cons
server son existence, sa vie, sa tactique propre
dans le cadre considéré, et que, d'autre parti
l'ensemble des moyens aériens est à regarder.
comme devant entrer dans la préparation eti
la conduite éventuelle de la guerre. « Ce sera';
la tâche d'une ministre de l'air, dont le pre-?;
mier soin sera de bâtir lui-même ce ministèro>i
en taillant dans le vif. » Tout de même, il n&|
faudrait pas tailler sans avoir quelque peu:
réfléchi.
Il est plus facile de s'entendre entre partk<
sans et adversaires de ce ministère sur lai!
question du matériel. On conçoit, en effet/]
qu'il soit naturel et logique de procéder à l'inny
terpénétration des services techniques des difil
férentes aéronautiques. Les techniciens spécia-d
lisés auront leur place dans les services d'étu-:
des et d'essais du ministère de l'air et « lesj
mesures seront à prendre pour qu'on donne a<
chacune des aérqr.auticiues militaire et mari-i
time les appareils qui leur conviennent »^
Ainsi, en matière de construction, il n'y au-,
rait pas subordination. Les ministères utilisai
teurs auraient voix au chapitre et « recevraient
tous les apaisements ».
Le plus difficile n'est donc pas dans les ma-j
tériels à créer, mais, comme nous le disions'
plus haut, dans le régime à instituer pour ûW
clure les personnels dans le ministère de -l'air*!
Et nous persistons à penser que ce ministèr,c;j
ou tout autre organe centralisateur analogue;
aura à .répondre avec un égal souci d'équité*
aux désirs et aux besoins de la guerre, de làij
marine, du commerce et des colonies. DansJ
ces conditions, il n'est nullement à craindre 1
de voir, « livrées à leur seule inspiration, l'a"!
guerre continuer à stocker des avions déjài
démodés, le commerce 'se contenter de nos vé-.i
gétantes lignes aériennes (ignorées des Pran-?
çais, évitées par les étrangers) et de leurs ma-;
chines volantes préhistoriques, ̃ les colonies^-
ignorer les possibilités de l'avion en pays neuf':
(comparer avec les Indes, l'Australie et l'Afri-
que du sud) »..
Tenons-nous-en à cet exposé qui, avec ce
que nous en avons dit antérieurement, permet
de se faire une opinion raisonnée sur les dh
vers systèmes proposés en vue de résoudre la;
question de l'aéronautique. Il n'est pas dou-
teux que nous sommes handicapés, que nos
matériels ne sont plus « à la page », qu'un
effort de redressement s'impose, qu'à notre
ordinaire nous avons vu trop étroit. Il faut
sortir de. là, afcouMr. Nous nous enlisons.
GéMralj&jDAKT*
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 65.35%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 65.35%.
- Collections numériques similaires Diderot Denis Diderot Denis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Diderot Denis" or dc.contributor adj "Diderot Denis")Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot, publiés d'après les manuscrits confiés en mourant par l'auteur à Grimm. Tome premier [-Tome quatrième]. Tome 4 /ark:/12148/bd6t54206446h.highres Lettres angloises, ou Histoire de Miss Clarisse Harlove [par Samuel Richardson. Traduction par l'abbé A.-F. Prévost]. Nouvelle édition augmentée de l'Éloge de Richardson [par Diderot], des Lettres posthumes et du Testament de Clarisse [traduction par J.-B.-A. Suard]. Tome 3 /ark:/12148/bd6t541817303.highres
- Auteurs similaires Diderot Denis Diderot Denis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Diderot Denis" or dc.contributor adj "Diderot Denis")Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot, publiés d'après les manuscrits confiés en mourant par l'auteur à Grimm. Tome premier [-Tome quatrième]. Tome 4 /ark:/12148/bd6t54206446h.highres Lettres angloises, ou Histoire de Miss Clarisse Harlove [par Samuel Richardson. Traduction par l'abbé A.-F. Prévost]. Nouvelle édition augmentée de l'Éloge de Richardson [par Diderot], des Lettres posthumes et du Testament de Clarisse [traduction par J.-B.-A. Suard]. Tome 3 /ark:/12148/bd6t541817303.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k247133r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k247133r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k247133r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k247133r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k247133r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k247133r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k247133r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest