Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-02-25
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 février 1924 25 février 1924
Description : 1924/02/25 (Numéro 22845). 1924/02/25 (Numéro 22845).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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LUNDI 25. FEVRIER 1924
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CECÈ Q XJE JP OS TAXj Numéro 6O
Directerir politique": Emile-Adrien Hébrard
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'-SOMMAIRE
r. .PAGE 2' -r– '•-
~$k/uoettes do l'Etranger. Le Scrutin sur tes pro-
jets fiscaux. Nouvelles du Jour. Armée.
Hôtel de Ville* r~r Académies. Art et Curiosité.
Chronique théâtrale, André Rivoire.
PAGE 3
La Vie économique et sociale. Faits-divers.
Semaine financière. F~GE d
/FAGE 4 ̃-̃̃• -̃!
Théâtres. Autoynobilipnd. Sports. Nou-
velles commerciales.
Dernières Nouvelles. Les Comités d'experts.
Légion d'honneur Ministère de la marine (croix
civiles). La Question des meublés.
1 Paris, 24 février
f.
BULLETIN DU JOUR
J "•̃ LA MAîTRrSE DE L'AIR ̃̃ 1
La maîtrise da la mer ne suffit, plus à la
Grande-Bretagne. Les journaux anglais font
campagne pour la maîtrise de l'air. Ils ne se
lassent pas de réclamer le renforcement de
l'aviation britannique. Ils sont naturellement
secondés par des hommes politiques et par des
industriels. On ne doit pas négliger ces grandes
offensives de la presse anglaise. Elles, n'expri-
ment pas toujours le sentiment public, mais
elles réussissent presque toujours à le créer.
Aux innombrables articles que la presse an-
Ipaise a dïâjà "paMiésï rie Sunday Times, ajoute
ce matin une contribution assez suggestive.
C'est une étude qui est signée d'un député
unioniste, le commandant Burney. L'auteur
commence ainsi « Le débat qui a eu lieu
mardi dernier à la Chambre des communes, au
sujet de la défense aérienne, est seulement la.
préface d'une discussion beaucoup plus com-
plète qui embrassera tout l'ensemble du sujet,
quand le budget de l'aviation viendra devant la
hambre. »̃ Avant d'aller plus loin, rappelons-
nous le débat de mardi dernier.
.Le sous-secrétaire- d'Etat de l'aviation, M.
Leach, député ouvrier de Bradford, avait an-
noncé que le gouvernement actuel continue-
rait à développer l'aviation de guerre, selon
io programme de ses prédécesseurs. Mais M.
Leach avait ajouté des réflexions comme celles-
ci « En diplomatie, la meilleure arme con-
siste à être le défenseur d'une cause saine
et juste. Le traité de garanties mutuelles,
préparé par la commission temporaire mixte
de la Société des nations, est dès maintenant
à l'état de projet rédigé. Les divers gouverne-
ments l'examinent. S'il est approuvé, des ré-
ductions [d'armements] deviendront réalisa-
bles. » Ce langage n'avait pas paru plaire à
îa majeure partie de la Chambre. Différents ora-
teurs, parmi lesquels le commandant Burney,
avaient pressé le gouvernement de ne s'aban-
donner à aucune illusion. Il fallut que M. Tho-
mas, secrétaire d'Etat des colonies, vînt au se-
cours de son collègue, le sous-secrétaire d'Etat
'de l'aviation. Finalement, le ministère risquait
4'etre battu. Sir S. Hoare, ancien ministre de
'flir Sans lècàîîffiët'BaldSwin. voulait faire
.voter une motion qui enjoignait au gouverne-
ment de « maintenir une force d'aviation ms-
tropolitaine assez puissante pour fournir une
protection adéquate contre une attaque tentée
par la force aérienne la plus puissante qui soit
à portée des rivages britanniques ». Le gou-
.vernement refusait de se laisser lier par cette
motion, et il courait le danger d'être mis en
minorité. Ce fut le speaker qui sauva la si-
tuation en refusant deux fois, malgré l'insis-
tance de sir S. Hoare, de clore le débat et de
mettre la motion aux voix. Le speaker fit re-
marquer judicieusement qu'une discussion de
cette; importance ne pouvait pas se terminer
après un débat écourté, et qu'elle devait se
rouvrir quand la Chambre examinerait le bud-
get de l'aviation. Une nouvelle bataille est
donc en vue. La préparation d'artillerie est
commencée, en quelque sorte. Ainsi s'explique
l'article du commandant Burney: dans le Sun-
'day Times de ce matin;.
̃Le commandant Burney ne se borne pas,
comme certains de ses collègues, à comparer
plus ou moins exactement les forces aériennes
de l'Angleterre à celles de. la France. Il semble
même reconnaître que Londres n'est pas la
seule ville exposée à des bombardements aé-
riens. Après avoir .signalé les progrès récem-
ment réalisés dans l'art de détruire, il écrit en
effet a Unes ville de la dimension de Paris
pourrait être entièrement rasée dans l'espace
de deux ou trois semaines, par une force com-
posée de 500 avions. » Cette affirmation nous
permet de conclure que la France a bien le
droit d'avoir une -aviation aussi. Elle permet-
trait même d'ajouter que l'aviation française
et. l'aviation britannique peuvent avoir à
s'entr'aider..Mais le commandant Burney. ne
semble pas apercevoir ces conclusions. Il pro-
mène les yeux sur l'ensemble de l'empire bri-
tannique. Son regard semble distinguer par-
tout des rivaux, des .adversaires éventuels. Sa
ivpix exhorte tous les' sujets de l'empire à
s'unir pour la défense aérienne de Yemporium
et de Vimpeiiunu Eçoutons-le
.Aux Etats-Unis, il existe un avion qui pèse
'43,000 livres, ou 20 tonnes environ, et qui peut
porter iO.OOO livres près de 5 tonnes de
bombes. Des projets existent et des plans ont été
dressés pour dès machines beaucoup plus gran-
des. On peut envisager, pour l'avenir, une charge
dé dix tonnes. Une escadrille comprenant cent de
ces machines porterait dons mile tonnes d'explo-
Bïf-s ou de gaz toxiques. Il n'est guère douteux que,
dans très peu d'années, fon puisse détruire com-
pèètement une ville de la dimension de Londres,
en l'espace de quelques jours.
En attendant, « une réduction générale des
:armen\ents qui soit compatible avec la sécu-
rité et l'intégrité de l'empire », le comman-
dant Burney juge qu'il faut un grand effort
financier pour maintenir la « suprématie
aérienne » de laT Grande-Bretagne. Mais où
s'agit-il de posséder cette suprématie ? Est-ce
uniquement en Europe? Ou bien est-ce au delà
des océans, là où circulent les avions géants
des Américains? Le commandant Burney ne
choisit pas il cumule. Seulement,, il se de-
mande comment l'Angleterre subviendra aux
'dépenses causées par deux systèmes d'arme-
ment aériens l'un consacré "a l'ensemble de
l'empire, l'autre visant le continent euro-
péen. Et voici sa réponse « Pour exécuter
ce programme nous-mêmes, il faudrait aug-
menter les -impôts, qui sont déjà trop lourds.
̃Il est certain que si notre pays doit soutenir
la charge d'armements aériens dans la pro-
portion qui convient à une nation continentale,
il faudra que les Dominions participent aux
dépenses nécessitées par l'entretien de l'avia-
tion impériale, aussi bien qu'aux dépenses qui
ont un caractère militaire ou naval. » Voguez,
avions! Voguez, croiseurs! L'empire payera.
-Si grandiose que soit cette conception, l'on ne
peut pas se dissimuler qu'elle risque de com-
pliquer le problème. Faire allusion aux avions
géants que construisent les Américains, et dire
ensuite, que'les Dominions doivent participer
aux armements. aériens de l'Angleterre, c'est
laisser entendre que le Canada, par exemple,
devrait se procurer, une puissante aviation de
guerre. Les..relations entre, 1e Canada, l'Angle-
terre et les Etats-Unis sont des choses qui ne
nous concernent point; mais nous croyons ne
fias manemer aux convenances iuiernation.a_lesl.
si nous doutons que ces choses soient rendues
plus agréables par la propagande dont nous
venons dé citer un échantillon* Certes, l'empire
britannique est un édifice immense. Les hom-
mes qui se sentent responsables de son -avenir
sont tentés, tout naturellement, d'élargir sans
cesse le' cercle de leurs inquiétudes et de leurs
ambitions. Chaque inquiétude nouvelle suscite
des ambitions plus vastes. Chaque ambition
réalisée suscite des inquiétudes plus étendues.
Mais pour des spectateurs amis qui sont ins-
tallés sur le continent, la situation se présente
d'une tout autre manière. Ne seraient-ce pas,
par hasard, ces spectateurs qui auraient raison?
Les Français ne voient pas pourquoi l'An-
gleterre serait réduite, comme se l'imagine le
commandant Burney, à développer simultané-
ment un système d'armements contre l'Europe
continentale et un autre système d'armements
contre les puissances situées au delà des
océans. Les Français n'arrivent pas à supposer
que l'Angleterre soit contrainte, par un étrange
paradoxe, d'armer simultanément contre la
France et l'Italie, ses .anciennes alliées, et con-
tre les Etats-Unis, ses anciens associés. Quand
on est à Paris, relativement près de la frontière
allemande, et bien plus près encore du frOnt
où sont tombés tant de soldats français et an-
glais, l'on se dit que la paix du monde ne dé-
pend pas de rivalités factices ni de questions
lointaines, mais d'un problème central les
frontières de l'Europe, tracées en 1919, seront-
elles respectées ou non? '?
Si l'Angleterre veut que les frontières de
l'Europe, soient respectées; si elle entend,
comme la France, que rien ne se passe désor-
mais en Europe que par des moyens pacifi-
ques et oonf ormes aux traités, il sera possible
de s'entendre pour alléger le fardeau des arme-
ments. Le commandant Burney et ses amis
n'auront plus à se demander, alors, comment
l'Angleterre pourrait se payer assez d'arme-
ments contre le continent européen. Du même
coup, l'on s'apercevrait sans doute que l'em-
pire britannique ne court point de dangers
au delà des océans car il ne peut y avoir de
vrais dangers à la périphérie que s'il y a péril
au centre. Mais on paraît encore loin de cette
sagesse élémentaire. Tandis qu'un député
unioniste, en la personne du commandant
Burney, convie les Dominions d'outre-mer à
des dépenses militaires, navales et aériennes,
nous entendons un ministre socialiste, M. Hen-
derson, qui réclama la revision du traité de
Versailles et qui en dénonce notamment les
clauses territoriales. Est-ce le moment de jouer
ainsi avec le feu, dans toutes les parties du
monde? Calmez-vous, amis, ne rêvez plus
d'avions géants, et réglons d'abord ensemble
le. problème des réparations. Pour cela, il faut
vouloir la paix, ensemble.
ÛÈPÊOHES TÊLÉSBÂPHIQUES
DES CORRBSPONDANTS PARTIGULI2RS DU ®Stttïï3
Berlin, 24 février.
La Diète de Tîiuringo a constitué hier le nou-
veau ministère. Un député de l'union agricole a
été élu président de la Diète. La gouvernement
lui-même se compose de fonctionnaires apparte-
nant aux partis de droite. Les nouveaux minis-
tres sont, pour la plupart, des fonctionnaires de
raheïejx xégtm$- -«->
̃ ̃ ̃•. • • Varsovie; M février.
On mande de Moscou qu'on vient d'ouvrir une
ligne de communication ferroviaire directe entre
Petrograd et la Prusse orientale, via Wierzbolowo
(Wirballen), lés territoires letton et estonien, et le
territoire lituanien.
Varsovie, 24 février.
M. Albert Thomas a été reçu samedi par le prési-
dent de la Diète.
Il partira aujourd'hui pour Lodz, d'où il retournera
par Berlin à Genève. Rabat, ai février.
M. Steeg, gouverneur général de l'Algérie, ayant
été appelé à Paris, la conférence nord-africaine qui
devait s'ouvrir le 3 mars sera retardée, de cinq à
six jours. Lima, 24 février.
Le commandant Verdy, de la mission française,
est nommé directeur de l'école militaire d'avia-
tion du Pérou.
MAÎTRES ET DISCIPLES
Le Parlement s'est ému, avec juste raison,
de la pénible situation qui est faite aux étu-
diants de Paris par les conséquences de plus
en plus désolantes de la crise du logement. Le
colonel Picot, député de la Gironde, a déposé
un demande d'interpellation « sur les mesu-
res que le gouvernement compte prendre pour
assurer un abri aux étudiants de Paris, victi-
mes de la rapacité des hôteliers et loueurs de
chambres meublées à l'approche des Jeux
olympiques ». Ces Jeux olympiques, institués,
paraît-il, afin de remettre en honneur les plus
brillantes traditions de la Grèce ancienne; se-
raient peu dignes de l'illustre patronage dont
se réclament leurs continuateurs parisiens si
l'annonce des solennités athlétiques qui sont
prévues pour le printemps prochain suffisait
à mettre en fuite l'intelligence. Celle-ci n'était
pas absente du stade d'Olympie, en ces jours
merveilleux où, devant des milliers de specta-
teurs assemblés sur les gradins de l'amphi-
théâtre, sous l'azur lumineux d'un beau ciel,
le rythme de la vie antique et la religion des
ancêtres exaltaient les âmes par la contempla-
tion de tout l'idéal réalisé par l'humanisme
hellénique, dans une œuvre collective, à la fois
nationale et universelle, où travaillaient les
sculpteurs, les peintres, les poètes, les athlètes,
tous ceux qui étaient capables de révéler aux
hommes le secret de la divine beauté.
« 0 étranger! disait Solon à un Scythe bar-
bare qui ne comprenait pas l'attrait de ces
spectacles, si nous étions à l'époque des Jeux
isthmiques ou des Panathénées, tu appren-
drais, en voyant ce qui s'y passe, que nous
n'avons pas tort de montrer tant de goût pour
ce? fêtes. Je ne puis, par la parole, te donner
une idée du plaisir que tu éprouverais, assis
parmi nous, à contempler la vaillance des ath-
lètes, la beauté de leurs mouvements, leurs
admirables attitudes, leur force infatigable,
leur audace, leur émulation, leur, courage in-
vincible, leurs ,efforts. incessants pour mériter
la victoire. Je suis assuré qu'assistant à ces
fêtes, tu ne cesserais d'acclamer et d'applau-
dir. » Ainsi le législateur athénien, sage entre
les sages, entendait qu'une idée morale animât
les grandes panégyries olympiennes où, chaque
année, se rendaient comme en pèlerinage les
fidèles disciples de la doctrine magnifiquement
persuasive qui avait dicté à son génie les lois
d'une république attentive à conserver toutes
les richesses spirituelles que l'humanité civi-
lisée demande à la bienfaisante influence des
sciences, des lettres et des arts. La célébration
des grands jeux gymniques, dans le stade voi-
sin du temple de Jupiter olympien, était une
solennité nationale et religieuse où tout un
peuple s'assemblait sous l'invocation de ses
divinités tutélaires, afin de communier dans
l'admiration unanime des vertus héroïques ou
s'unissent toutes les forces de l'esprit et du
corps, harmonieusement réglées pour la réali-
sation d'une sorte de perfection humaine. Les
hommes de cette époque lointaine se rappro-
chaient, autant que possible, de l'idéal divin,
en essayant de ressembler à des statues vivan-
tes, tandis que les dieux apparaissaient aux
yeux des pèlerins d'Olympie dans le marbre
sculpté par le ciseau d'un Péonios, d'un Praxi-
tèle ou d'un Phidias. Jamais le « miracle
grec »_ dont parle Renjaii ne s'est manifesta
par des symboles plus dignes de toucher le
cœur des multitudes et d'éclairer l'âme do
l'élite..Les poètes et les -orateurs, prenaieni
part à. ces fêtes ingénieuses. Les auditeurs
d'Hérodote, à Olympie, récompensèrent l'his-
torien de l'hellénisme civilisateur en donnant
à chacun des livres de son histoire le nom
d'une muse. Les pèlerins d'Olympie ont en-
tendu la phrase ample et sonore d'Isocrate.
Charmés par l'éloquence de l'orateur athénien,
ils en comparaient l'harmonie au rythme des
mouvements admirés dans le stade. Et Pindare
a chanté les athlètes vainqueurs. On a pu dire,
en vérité, que « toutes les formes par lesquelles
la beauté peut se montrer aux hommes et les
consoler de leur condition précaire, l'équilibre
puissant des symétries architecturales, faites
pour durer éternellement, le calme et la séré-
nité'des effigies divines, le rythme des paroles
mesurées et des gestes cadencés, la persuasion
qui ;va des lèvres éloquentes aux âmes char-
mées, la force et la vaillance des jeunes hom-
mes, semblables aux héros, qui sont l'orgueil
d'une nation et la fleur d'une race, tout ce que
l'esprit des Grecs a pu imaginer de plus rare
et de plus précieux, contribuait à la splendeur
de ces fêtes d'Olympie, les plus belles peut-
être, à coup sûr les plus harmonieuses,qui
aient été offertes à l'admiration du genre hu-
main ». 1
Telle est. la conclusion de l'enseignement qui
fut donné par un Fustel de Coul anges, par ua
Maxime Collignon, par un Alfred Croisset à
plusieurs générations d'étudiants, empressés à
travailler sous leur haute' direction, autour de
leurs chaires, magistrales. Que diraient ces maî-
tres, regrettés, s'ils voyaient les ennuis sérieux
auxquels aujourd'hui les étudiants d'à présent,
igiir^.plus.. jaunes- disciples, 'sont: exposés cm
l'appïoche' des nouveaux Jeux olympiques?'™
l'approche des nouveaux 'Jeux olympiques'
Depuis longtemps déjà, le Parlement s'est
préoccupé de la situation faite aux étudiants
par "lès conséquences de la crise du logement
et par toutes sortes d'autres tribulations mul-
tipliées par des circonstances de plus en plus
nuisibles aux intérêts de l'esprit. La Chambre
a décidé, dans sa séance du 24 janvier 1923,
il y a plus d'un an qu' « en dehors des
bourses actuellement allouées sur le budget de
l'Etat, il pourra être accordé à tout Français
poursuivant des études supérieures des prêts
d'honneur, par les soins d'un office national
des prêts d'honneur ». L'article 138 de la loi
du 30 juin 1923 consacre cette décision, en
stipulant que « cet office constitue un établis-
sement public, pourvu de la personnalité ci-
vile, et. de l'autonomie financière. Il est ratta-
ché au ministère de l'instruction publique. Il
est géré, sous l'autorité du ministre de l'ins-
truction publique, par un conseil d'administra-
tion dont la composition, l'organisation et les
attributions seront détérminéed par un règle-
ment d'administration publique ».
La loi dit que « le règlement d'administra-
tion publique déterminera également l'organi-
sation, des services de l'office dans chacun des
centres d'études supérieures, la. composition
des comités locaux, dont le recteur de l'acadé-
mie, président du conseil de l'université, fera
partie de droit, la participation à la gestion de
l'office et de ses services de personnes morales
et privées, les conditions générales d'attribu-
tion des prêts d'honneur et de leur rembourse-
ment–». -̃̃̃ -r ,̃ ->̃
Tout cela est bel et boa. Mais, en dépit 4e
,la décision du 24 janvier 1923 malgré les dis-
positions formelles de la loi du 30 juin de
la même année, rien ne.se fait pour aider les
étudiants à sortir des difficultés matérielles
où se débat leur bonne volonté. Pourquoi le
règlement d'administration publique, prévu par
la loi du 30 juin 1923 n'est-il pas encore sorti
des délibérations du Conseil d'Etat? A-t-011
consulté, en temps utile, cette haute assemblée,
toujours si empressée à servir la cause de l'in-
telligence française et à soutenir le progrès
des études supérieures? Il faut aboutir. C'est
le vœu légitime des maîtres et des disciples,
également inquiets d'une situation qui ne sau-
rait se prolonger sans dommage pou? des inté-
rêts dont il est superflu de définir l'exception-
nelde gravité.
©» _-̃
LA RÉFORME ¡
DE
L'EHSEÎŒENT SEC01SE FEMININ
Dans son numéro paru hier, la Revue uni-
versitaire publie une relation détaillée du débat
qui, à la récente session du conseil supérieur
de l'instruction publique, concerna la réforme
de renseignement secondaire des jeunes filles.
Avant que M. Léon Bérard ait pris son décret, il
y a un intérêt immédiat à signaler plusieurs
points dont l'importance ne saurait échapper à
nos lecteurs.
On sait que, se tenant dans le cadre de la
loi de 1S80 qui créa un enseignement secon-
daire féminin, le projet soumis au conseil
conservait, en la renforçant, la préparation du
diplôme et que même, de ces études expres-
sément indiquées par le législateur,- il formait
un noyau commun à toutes les élèves fran-
çais, histoire, géographie, langues vivantes,
mathématiques, sciences naturelles, dessin,
couture et musique. Mais, pour répondre à des
besoins nouveaux, dès la sixième un ensei-
gnement facultatif de latin,1; puis de grecVet
de latin, était enté sur la tige commune, 'et,
à partir de la seconde, se subdivisait en trois
sections (latin-grec, latin sans grec, et mo-
derne sans latin ni grec) comme celles qu'a ins-
tituées pour les garçons le décret du 3 mai 1923.
Cette fois, le conseil supérieur adopta le prin-
cipe, presque à l'unanimité. Mais dans l'appli-
cation il apporta plusieurs retouches sur les-
quelles nous ne saurions trop appeler l'atten-
tion, puisqu'il en est temps encore.
C'est, comme dit l'autre, la faute à l'hygiène.
Avec une éloquence persuasive, en effet, un
hygiéniste représenta au conseil que le surme-
nage, intellectuel ne va pas sans danger pour les
fillettes de treize ans. Qu'il faille prendre soin
du réservoir de la race, tout le monde partage
cet avis et tient l'intention pour excellente.
Mais où une surveillance médicale suffirait,
peut-être paraîtra-t-il excessif de raccourcir
l'effort au point de dénaturer les études. Sous
prétexte de ménager le sexe faible,- on lui oc-
troie des humanités d'homoncule. On appli-
que son esprit aux pi'ogrammss dés garçons,
mais au lieu do consacrer six heures au iatiii,
en sixième et en cinquième, il n'en aura que
quatre. En quatrième, les fille, apprendraient
en trois heures ce que leurs frères apprennent
ch cinq; en troisième, seconde, première, elles
engouffreraient en trois heures, ce qu'ils ab-
sorbent en quatre.C'est un fait, à vrai dire,
qu'elles- les dépassent d'abord en application
et en facilité. Aussi eussions-nous compris que
dans les deux classes du début, on leur ôtât
une heure de latin. Mais trop est trop: et leur
ouvrant les études classiques, on ne les leur
permet qu'au rabais et au galop. Par suite,
en une réunion du bureau de la Fédération na-
tionale des professeur- de lycée, Mlle Colette
et Mme Lacroix, déléguées du personnel fé-
minin, ont cru devoir « protester vivement »
contre ce classicisme de seconde zone et ce
bachotage « exténuant ». Et des agrégés, qui
assurent-, à celte heure, cet enseignement dans
las-lycées de filles, n'expriment, pas un avis
contraire. Mauvaise hygiène, en Hn de compte
à mettra les bouchées doublas, on gaie -cm-
même temps l'estomac et le cerv&au. ̃ .̃
Un autre .vote non moins fâcheux .vient (te
$$ même préoccupation. Pour établir chez les
fyjes, comme chez les garçons/ des program-
r^eâTfui. mènent au même .grade il a bien
fatlu porter la scolarité féminine de cinq -à
six années, et en ajouter une septième desti-
nés -à la classe de philosophie ou de>mathé-
matiques. Jusque-là, rien à objecter à sanc-
tion, égale, travail égal. En outre, pour n'avoir
pas un enseignement secondaire boiteux, on a
pareillement augmenté d'une année la prépara-
tion au diplôme, ce qui, du point de vue familial
et social, était peut-être moins indispensable,
mais devenait nécessaire à cause des matières
communes. Toutefois, cette année de surcroît,
le projet ministériel la prélevait sur la der-
nière des trois années primaires, au lieu que
le conseil supérieur, toujours dans le dessein
d'épargner l'effort aux fillettes, l'a rejetée à
la fin. En sorte que demain, si le ministre
adoptait cette disposition, au lieu de commen-
cer leurs études secondaires à onze ans, comme
les garçons, elles les commenceraient à douze,
et ne seraient diplômées qu'à dix-huit ou ba-
chelières qu'à dix-neuf, et encore à la condi-
tion de n'avoir connu ni maladie au cours de
leur scolarité, ni échec ou malchance au 'mi-
lieu ou à la fin.
En ce point encore on exagère. Une élève de
la section classique qui peut dire avec Petit-
jean « Ce que je sais le mieux, c'est mon
commencement » est à peu près assurée de la
suite. Or, entrant en sixième à onze ans,, la
fillette, avant la treizième année qu'on entoure
de soins avec raison, a fourni l'effort essentiel
elle a acquis le vocabulaire latin; elle sait les
formes grammaticales; elle s'appuie sur la base
solide. Au rebours, débutant à douze,- à treize
elle s'évertue encore à travers, la brousse. Et
^i-j.ictji-passe de lfor$re. pédagogique à un^ordre.,
"plus positif, considëre-t-on ce que c'eticr année
de luxe hygiénique va coûter à l'Etat, ou,. pour-
parler plus exactement, au contribuable? Le
calcul est simple qui à trois années primai-
res, au lieu dte deux- dont on pouvait se con-
tenter, ajoute sept années secondaires, obtient
un total de dix années, au lieu de neuf soit
un décime de plus, puisque 'le décima est, à
l'ordre du jour. N'est-ce donc rien qu'un dé-
cime de plus, à une heure où la caisse publi-
que n'abonde pas en deniers d'e i'in?'Il coa-
vient d'envisager aussi l'accueil que les pa-
rents réservent, non sans raison, à une dé-
pense somptuaire? Dans le même temps que
lê Parlement et le gouvernement, s'ingénient
à répandre le précepte « Croissez et multi-
pliez », va-t-on accabler la famille sous, de
nouveaux frais d'éducation? De quel aiir'dira-
t-on aux parents « Votre fils, tant en classés,
conférences et autres coûts, vous revient à
tant par an. Mais demain, votre fille vous coû-
tera encore plus que lui »? Le moment est-il
bien choisi? Et aussi compte-t-on pour rien,
dans l'intérêt da la famille que nous avons
tant besoin de consolider, l'avantage de lui ren-
dre ses filles instruites un an plus tôt, et pour
les jeunes filles elles-mêmes n'est-ce donc rien
que d'apprendre un an plus tôt ce qu'il faut
qu'une bachelière ou une diplômée recueille
dé l'expérience maternelle pour être, s'il est
possible, plus tôt que plus tard, une bonne
épouse '.et une bonne mère? De fait, nos éta-
blissemente féminins ne figurent ni l'avare
Achéronaui n'eiâche »a& sa. croif^jn J.<\fl"s
.ffats à ,-|a manière «e, r^ncien régime, ni les
ïnéiïtutiÔTis à la mode dé Mlle Préfère.
Enfin, un certain nonïbre de conseillera ont
Signé un vœu tendant à renforcer l'es program-
mes de la section du diplôme et à donner, si
l'on en croit le compte rendu de la Revue uni-
versitaire, « à son examen terminal, le carac-
tère d'une sorte dé baccalauréat, passé hors des
établissements, accessible à l'enseignement
privé comme à renseignement public et ou-
vrant, comme le baccalauréat, l'accès des fa-
cultés ou du moins de certaines d'entre elles ».
En cette « sorte de baccalauréat » qui se, pré-
sente avec modestie et de façon à contourner
la loi de 1880, nous retrouvons une vieille
connaissance. Ce n'est pas d'hier que 'les mo-
dernistes s'efforcent d'obtenir cette nouvelle
équivalence, qui s'ajoutât à celle du brevet su-
périeur. De notre côté, nous conjurons le mi-
nistre de rester fidèle à l'esprit du législateur.
Que ministères, administrations publiques,
maisons de commerce ou de banque attachent
à ce diplôme un prix qu'il mérite, tout le
monde y souscrira. Mais pour Dreu, qu'on ne
renforce plus rien puisqu'on tient avec raison
à la santé des files, qu'on n'érige pas en
grade un certificat destiné à sanctionner des
études proprement féminines, et à garantir
une éducation faite pour former des épouses
et des mères, dont le pays a besoin plus que de
bachelières! M. LêonBérard a l'esprit à la fois
trop juridique et trop hautement politique pour
i'oubli'er dans son décret- V
SUR UN MQT DE GŒTHE
Certaines controverses ne s'épuisent pas facile-
ment. Il n'y a pas à s'étonner que M. Maurice
Caillard ouvre dans la revue Belles-lettres une
ènquôte sur le romantisme, laquelle ne sera pro-
bablement pas la dernière. Nous ne connaissons
encore que'le questionnaire de M. Maurice Gail-
lard, mais il nous faut lui dire tout de suite qu'il
a mal posé la question, ce qui n'est pas le 'meil-
leur moyen do la résoudre il est vrai qu'on pré-
fère peut-être l'éterniser. « Croyez-vous, avec
MM. Ernest Seilîière, Pierre Lassérre et Henri
Massif, que le classicisme assurera la pérennité
[ de l'art., comme le dogmatisme de la religion et dé
la civilisation? Ou bien, avec M. Henri BrémoccI,
pensez-vous que c'est le mysticisme, ou le roman-
tisme (puisque ces deux mots paraissent avoir
pour lui a peu près la même valeur), qui sauvera
à la fois la civilisation, la religion, Fart? » M.
Maurice Caillard oublie simplement que MM. Las-
serre, Massis, Seilîière d'une paTt, et Brémond de
l'autre, ne nous enferment pas dans un dilemme;
qu'on n'est nullement obligé de choisir entre l'uiie
ou l'autre de ces thèses, d'ailleurs beaucoup môiiis
opposées qu'elles n'en ont l'air, attendu que si
l'une condamne le romantisme, et si l'autre pré-
tend le justilier, elles s'accordent à le définir de
la même façon, tandis quo c'est cette délinil-ion
niême qui est contestée et, selon nous, tout à fait
inexacte. Nous l'avons expliqué longuement dans
un feuilleton récent. M. Maurice Gaillard' retarde
un. peu il n'est pas à ta page.
..Jf.çomineneê par citer, ée/ mot de Gœlhe ï -̃« J'â])--
\)jïiib! Êlàèsique ce qui est sain, et romantique ce
qahest malade, .«.Goethe l'a dit.en.eA'et.-maïs en-
core i'audrait-il savoir à quel propos et dans quelle
̃intention. Une citation ainsi isolée donne ùiie
impression très fausse et travestit la pensée Gœthe. Pour la bien comprendre, il convient d'a-
bord de se rappeler que le terme de romantisme
a été employé dans bien des acceptions différentes,
notamment en Allemagne. Au sans large et au-
jourd'hui courant; le romantisme allemand, c'est
tl'abord Gœthe lui-même, Schiller, Herder, Fré-
déric- Auguste Woif quoi de plus romantique
que Werther et Faust? Mais historiquement- ef en
fait, le romantisme allemand proprement dit,
l'âsole qui a revendiqué, le titre de romantique,
est seulement celle des Schlegel, des Tieck,: de
Novalis, de Wuekenroder, puis do Clément -Bron-
j.fand et d'Achim d'Arnim. Or ces romantiques 'de
l'observance étroite étaient généralement catho-
liques bu catholicisants, mystiques à combler" les
xœax de M. Henri Brémontl, nationalistes c*t chau-
vine, en outre. Gop'ihe n'était rien de tout cela; il
était mt-rne tout le contraire, et il a en effet, cltî–
notice ces tc-ndauces comme des maladies de: l'es-
prit. Mais son classicisme n'a rien de commun
avec c.ehii «les Kisard et autres adversaires.' de
notre.école dé 1830. Qeetlie entend conserver toutes
les conquêtes romantiques, et notamment son
r principe de relativité, si fécond et absolument ca-
pital. C'est pourquoi il ajoute « Pour moi le
poème des Nibelungen est classique comme Ho-
mère; tous deux sont bien portants et vigoureux. »
Or, tous les professeursr à classicisme traditionnel
étaient alors scandalisés de l'importance qu'on
attribuait aux Nibelungen, et des comparaisons
qu'on instituait entre cette épopée moyen-àgeuse
et l'Iliade. Dieu sait pourtant si Gœthe adorait
Homère! Mais il échappe complètement à l'étroi-
tesse pseudo-classique. 11 exposait à Eckermann
que les excès et les déviations mêmes apportaient
en définitive, après la mise au point nécessaire, un
heureux renouvellement. « Qu'est-ce que nous
veut, s'écriait-il en 1828, tout le fatras de ces
règles d'une époque vieillie et guindée? Qu'est-ce
que signifie tout ce bruit sur le classique et le
romantique? Il s'agit de faire des œuvres qui
soient vraiment bonnes et solides, et ce seront des
œuvres classiques. » On reconnaît la conclusion
de Moréas, dans sa dernière conversation avec
Maurice Barrès. Et Henri Hein© n'est-il pas un
vrai romantique? Lui aussi, il raille et fustige le
petit romantisme des Schlegel et consorts. Dans
son questionnaire, M. Maurice Cailard a négligé
tout bonnement 'le point de vue de Gœthe, de Heine
et de Moréas.
Le directeur du Temps a reçu la lettre suivante
Monsieur le directeur,
Certains écrivains ̃ parisiens ont pris ombrage
de ce que les écrivains de province aient fondé
entre eux une Société de gens de lettres.
Puisque vous avez reproduit les attaques diri-
gées contre nous, je fais appel à votre impartia-
lité pour accueillir de même la défense des ac-
cusés.
-N;ous qui JiaMons leii campagnesr les ioùrgades,
les: différentes villes françaises, nous avons besoin,
plus' que les Parisiens, d'une société fraternelle et
vivante; nous sommes séparés les uns des autres,
nous n'avons pas l'occasion de nous rencontrer
dans les salles de rédaction, les théâtres, les cé-
nacles de dénigrement ou les chapelles d'admira-
tion mutuelle.
.Nous voulons une société simple comme nous,
sans distinction entre adhérents et sociétaires, lit-
térateurs de première ou de seconde zone.
Mais nous ne cherchons à créer aucune confu-
sion, et jamais, en fait, aucune confusion ne s'est
produite. Les gens de lettres de province sont sans
doute plus intelligents que ne pensent certains de
leurs confrères parisiens.
,Pas davantage, nous ne cherchons à créer une
concurrence, bien que la concurrence soit légi-
tima et même féconde lorsqu'elle porte le beau
nom d'Emulation.
;Kous avons maintes fois reconnu l'utilité et les
services rendus par les diverses sociétés pari-
siennes.
Mais ces sociétés ne rendent pas tous Ses ser-
vices possibles et rfont le monopole ni de l'utilité
ni du dévouement..
Elles sont même assez mal placées pour lutter
contre la désertion des campagnes, l'encombre-
ment de la capitale et la congestion cérébrale qui
menace notre pays.
Voilà pourquoi nous avons formé entre tes écri-
vains de toutes les provinces françaises une
société composée de Gascons, do Saintongeais, de
Bretons, de Normands, de Lorrains et de colo-
niaux, dont le siège social est à Bordeaux, parce
que cette ville est depuis le dix-huitième siècle le
centre classique de toutes les revendications pro-
vinciales.
Notre but est si~n l~e, a;.cnQ~,
~8u;e~è~1~ê$~
de tour plume en province aussi bien que, a talent
égal, leurs confrères en vivent à Paris.
'D'une part, l'air natal et 4e grand soleil favori-
seront l'originalité, la vigueur, la santé morale
de leur talent.
D'autre part, la résidence de ces bons ouvriers
des lettres sur leur coin de terre formera dans
chacune de leurs provinces un centre de vie et de
rayonnement intellectuel. Ils façonneront sur
place, et feront évoluer l'âme de leur région.
Cette tâche est difficile. Nul ne peut se vanter
par avance d'y réussir; mais elle est assez noble
pour mériter l'encouragement de tous les amis
des lettres, et je pourrais presque dire de tous les
gens de bien.
Je vous prie d'agréer, monsieur le directeur,
mes salutations bien dévouées.
VITAL Mareille.
Mais nous persistons à croire que les gens de
lettres de Paris et de province gagneront à rester
unis, et que le projet de ni. Vital Mareille est plus
dangereux que vraiment utile. P. S.
»-
LE RÉGLEMENTE LÀ PAIX
Les comités d'experts
Nous avons annoncé hier que le premier comité
d'experts avait tenu samedi, sous la présidence du
général Ch. Dawes, une séance de près de trois
heures, tout entière consacrée à une discussion
générale du,rapport des deux techniciens sir Wil-
liam \ecworth et M. Leverve, sur ies chemins de
fer du Reich et leur utilisation ëventueMe comme
gag© d'un emprunt international. L'étude de ce
rapport, sur les conclusions duquel les deux
techniciens sont entièrement d'accord, a été ren-
voyée, pour certaines précisions, à la sous-com-
mission bancaire qui se mettra au travail des
lundi.
Il a été décidé des à présent que le rapport de
sir William Acoworth et de M. Leverye figurera en
annexe au rapport général du comité Dawes.
Quant à la réalisation de l'équilibre du budget
du Reich par uns balance exacte des dépenses et
des recettes, le premier comité s'en occupera lundi
en séance plénière et il discutera les conclusions
de la sous-commission budgétaire sur cette ques-
tion.
Un propos de M. Mac Kenna
Dans la déclaration qu'il fit à la Chambre samedi
matin avant le vote sur l'ensemble du projet sur
« la réalisation la création de nou-
velles ressources fiscales et diverses mesures d or-
dre financier », 'M. Pokiearé donna le renseigne-
ment suivant
L'un des experts étrangers j'e ne la nommeï.ii pas
jusqu'à nouvel ordre, l'un des experts alliés, ces
jours-ei, disait à ses collègues français « Nous n'en
serions pas là, si vous n'étiez pas dans la Ruhr. » J'af-
arme que le propos a été tenu et que mes collègues le
connaissent comme moi.
Un de nos' confrères ayant assuré ce matin que
l'expert auquel M. Poincaré avait fait allusion
était M. Mac Kenna, nous sommes autorisés à dire
que ce n'est pas le président du second comité
d'experts qui a tenu le propos rapporté par le
président du conseil.
Par contre, nous croyons pouvoir conlirmeï
l'authenticité d'un autre propos attribué par le
même iftsurnal à M.- Mac Kenna et qui c;t le sui-
vant *.•
vaut la. Rùïir.Me peuple aUeniandjectasè-ntan- à payer.
.\fete les- industriels s'y refusaient. L'occupation de la
*Rutir ies a convaincus de Ja nécessité do s'acquiUer.
C'asi là le béiîé.flice de la politique française.
Déclarations du ministre des finances d' Allemagne
Inlerviewé car le correspondant de la Tribuna
à "Berlin le docteur Luther, ministre des finan-
ces, a déclaré que ̃}' Allemagne ne pourrait entre-
prendre sa reconstitution économique que si un
̃emprunt étranger lui était accordé fil si elle pou-
vait recevoir des assurances formelles en ce qui
concerne sa souveraineté à l'intérieur de ses fron-
tières. Le docteur Luther a. ajouté qu'un mora-
toire était nécessaire à l'Allemagne.
Commentaires étrangers
-Le Ne-it'-York Times, dans son édHorial, estime
que des conclusions du rapport du premier comité
d'experts résulte 'la possibilité" pour î'Aillemagnc de
payer les réparations. Cependant, ce journal ex-
prime la crainte que r Allemagne ne proteste con-
1rs les conclusions des experts, si on lui demande
'une somme qu'elle- estimera trop Le rédacteur diplomatique de VObscrvcv, dans
un article intitulé « Sacrifices pour les répara-
tions; l'Angleterre devra-t-elle payai- à nou-
veau? »'̃ côimnente la situation .aui sera créée.
par le dépôt du rapport des experts, en vue de là
reprise des négociations concernant les répara-*
tions. Ce journal fait remarquer que bien que le.
gouvernement travailliste ait témoigné une ex-
trême bienveillance à l'égard de la France, il se
demande si l'acceptation de nouveaux sacrifices
par l'Angleterre pourrait amener de réels pro-
grès vers une solution du problème des répara-
tions.
Il souligne que seule la1 Grande-Bretagne ac*
quitte ses dettes et que toute proposition qui ten-
drait, en vue d'un règlement de la question, à con-
tracter un emprunt à Londres ne pourrait être ac'
cueillie que froidement dans les milieux finan-
ciers anglais, car, dit-il; consentir un ajourne-
ment du règlement de la créance sur la France, et,
d'autre part., souscrire à un emprunt allemand,
qui, de Berlin, irait à Paris, équivaudrait à un
prêt de l'Angleterre à la France.
La Narodni Politika, de Prague, estime que les
constatations faites par les experts internatio-
naux ont démontré le bien-fondé des assertions
françaises, selon lesquelles il ne manque que la
bonne volonté allemande pour qu'on arrive à un
règlement du problème des réparations. Après
avoir enregistré diverses informations touchai
les projets de conclusions que l'on prêté aux ex-
perts, le journal national-démocrate tchécoslova-
que en tire les déductions suivantes
La France, dit-il, a occupé la Ruhr dans l'unique
but de contraindre l'Allemagne à s'exécuter. On peut
dire que le but est atteint. Les prémices à la so-
lution du problème des réparations peuvent être con-
sidérées déjà, comme posées, si seulement l'Allemagne
est disposée à y donner son adhésion et, avec le gou-
vernement actuel, cette adhésion n'est pas improbable.
La, France, de son côté, parait résolue à donner .une
prompte solution au problème. Il y a donc lieu de perr-i
ser que jamais les chances de débrouiller 'cette difficile
question des réparations n'ont été aussi favorables qu'à,
l'heure actuelle.
Le Corner e d'Italia, organe catholique officieux,
italien, relève dans la situation iniernateonale des
symptômes de détente qui répondent au* voeux
contenus dans la mémorable lettre du pape de
juin dernier.
Le Corricre d'Italia rappelle que cette lettre fut
accueillie défavorabfement en France. « Mais, dit-
il, c'est parce qu'effile fut mal interprétée. Le ma-
lentendu fut dissipé aux yeux du gouvernement
français, mais la fâcheuse impression n'en per-
siste pas moins dans l'opinion publique. »
Le Cornière dItalia poursuit
Aujourd'hui, à plus de six mois de distance, nous
pouvons dire, que les faits ont donné raison au pape.
Pie XI demandait une étude de la situation économique
de l'Allemagne et justement les experts viennent d'ac-
complir à Berlin le travail dont les conclusions forme-
ront l'élément vital pour les décisions que devront pren-
dre aussi bien la commission des réparations que les
gouvernements de la France et de la Belgique. Et, il con-
vient de le souligner, la commission des experts n'est
pas arrivée seulement à la constatation de l'état écono-
mique actuel de l'Allemagne, mais aussi à de très in-
téressantes constatations pour la France de l'emploi vo-
lontaire par l'Allemagne de très fortes sommes pour
des travaux publics injustifiés. Ceci prouve que, du
jugement des experts invoqué par le pape, la France
n'avait à craindre aucune conclusion susceptible de
porter préjudice à ses intérêts.
q~
M. Henderson demande la revision
du traité de Versailles
Notre correspondant de Londres nous téléphoné dï-
manche matin
Dans un discours qu'il a prononcé samedi a
Burmtey, au cours de sa campagne électorale, M}
Henderson, ministre de l'intérieyr, a discuté îa
possibilité d'une revision du traité do Versailles,
central de la situation iiiternationalie aujourd'hui
est l'échec des traités de paix. ̃' aujourd'hui
Quelles qu'aient été les intentions des hommes d'Etat
qui ont représenté leur pays à Paris là la conférence
de la paix en liiJ.1-9, ils n'ont pas réussi à instituer un
règlement juste et durable. La tâche qui s'impose à
M. Mac Donald et â son gouvernement consiste non seu-
lement à arrêter la démoralisation, mais encore à en-
rayer notre ruine économique. Nous avons en outre à!
établir une paix véritable, à restaurer le commerce et
l'industrie, à les mettre sur des bases telles que la civi-
lisation n'ait plus jamais â craindre pareille expérience.
Par conséquent, tous ceux d'entre nous qui tiennent à la
paix du monde, ou qui veulent voir inaugurer une ère
nouvelle de coopération et de bonne volonté internatio-
nale, doivent exiger d'une façon absolue la revision du
traité de Versailles dans le plus bref délai et la solution
du problème si débattu des réparations. Telles sont,
selon moi, les nécessités les plus, urgentes d'une grave
situation politique internationale.
"M. Henderson a ensuite prononcé un véritable
réquisitoire contre lie traité de Versailles, décla-
rant qu'il est contraire, dans ses clauses territo-
riales et économiques, aux quatorze conditions du
président Wilson sur lesquelles fut basé l'armis-
tice, qu'il a transformé en guerre de conquête co
qui avait été une guerre d'émancipation ou qu'il
a réclamé des vaincus des indemnités impossi-
bles dans la pensée que l'on peut détruire la vie
économique d'un pays sans effet fâcheux pour
celle de ses voisins.
Je veux que vous compreniez bien, conclut M. Hen-
derson, quelle est l'attitude exacte du gouvernement
travailliste. Le premier ministre s'efforce de créer l'at-
mosphère nécessaire et il espère que des démarches au-
ront lieu par l'intermédiaire d'une conférence mondiale,
par la Société des nations ou par l'une et l'autre pour
voir s'il n'est pas possible de revenir au point de départ
adopté par le feu président Wiîson, ou, en -"tout cas, de
revenir à la politique très nette que les hommes d'Etat
alliés avaient définie en 1915, 1916 et 1917.
Cette profession do foi a fait sensation parce
que il'on se rend compte que, bien que provoquée
par les nécessités d'une campagne électorale, el>e
correspond au' sentiment le plus général d'as re-
présentants actuels du Labour Party au pouvoir.
EN BHÉIAM BTJAIS LA RUHR
La situation dans le Faïatiûat
L'agence Wolff publie une version officielle al-
lemande du massacre de Pirmasens, affirmant que
les séparatistes furent lynchés par la foule, qu'au-
cun nationaliste venant d'Allemagne non pecupéy
n'a pris part à l'attaque et que ce bruit a été pro-
pagé par les habitants de Pirmasens pour éviter
des représailles. ̃
On mande de Spire aux journaux allemands que
les autorités d'occupation ont autorisé neuf fonc-
tionnaires du Palatinat, expulsés par les sépara-
tistes, à reprendre leurs fonctions.
Les journaux des territoires occupés se conten-
tent généralement de reproduire, sans l'accompa-
gner d'aucun commentaire, le discours do M. Stre-
semann au Reichstag concernant le refus du gou-
vernement français de prendre connaissance do
la dernière note allemande sur la situation dans
le Palatinat. Seule la Gazette de Cologne critique
avec amertume le rejet de la note allemande et,
dit que le gouvernement du Reich, en acceptant
ce rejet avec sang-froid, prouve une volonté de
I désarmement moral qui pourrait difficilement
j être poussée plus avant.
'=~=--=:
EN .ALLEMAGNE
a^a situation poîltâqwse £utc?5eniTS
Un -représentant du gouvernement, du Reicli a a
parlé samedi aux journalistes étrangers de la si-
tuation politique intérieure en Allemagne.
Il a déclaré notamment qute le gouvernement
voulait éviter tout conflit avec le Parlcment, car
ïl se rendait compte qu'avec le -Rcichstog actuel
il serait impossible de constituer un nouveau :«i--
nistère. S'il n'arrive pas à se mettre d'accord avec,
les partis, il aura recours à une dissolution du
Reiclistag. Le président Ebert est tout à fait dis-
posé à accepter cette mesure.
Le discours «le M. §3resE3S*5ïa52» à, ^Srsséo
On mande de Berlin à l'agence Bavas'
L'allocution-prononcée vendredi soir ,ù Dresde par
le ministre des affaires étrangères. M: Stresemannr
dont on n'avait donné qu'un court résumé, ayant
causé une vive émotion dans les milieux de gau-
che, le ministre a jugé propos de fournir cer-
taines prisions. Il en résulte que le fait que l'état
de siège sera maintenu sur divers points du terri-
toire ne signifie pas forcément Que les autorités
militaires resteront préposées à "son application.
Ûans son ailoaution. le ministre a reproduit une
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Le Journal déclins toute responsabilité quant à Leur teneur
T&iPHOSE CINQ U6BES, Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03^3–50333
CECÈ Q XJE JP OS TAXj Numéro 6O
Directerir politique": Emile-Adrien Hébrard
Toutes las lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Kftfêî&u*
Lé Journal ne répond pas des manuscrits eammwMquèe
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE TEMPS BV1KJ 9
'-SOMMAIRE
r. .PAGE 2' -r– '•-
~$k/uoettes do l'Etranger. Le Scrutin sur tes pro-
jets fiscaux. Nouvelles du Jour. Armée.
Hôtel de Ville* r~r Académies. Art et Curiosité.
Chronique théâtrale, André Rivoire.
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La Vie économique et sociale. Faits-divers.
Semaine financière. F~GE d
/FAGE 4 ̃-̃̃• -̃!
Théâtres. Autoynobilipnd. Sports. Nou-
velles commerciales.
Dernières Nouvelles. Les Comités d'experts.
Légion d'honneur Ministère de la marine (croix
civiles). La Question des meublés.
1 Paris, 24 février
f.
BULLETIN DU JOUR
J "•̃ LA MAîTRrSE DE L'AIR ̃̃ 1
La maîtrise da la mer ne suffit, plus à la
Grande-Bretagne. Les journaux anglais font
campagne pour la maîtrise de l'air. Ils ne se
lassent pas de réclamer le renforcement de
l'aviation britannique. Ils sont naturellement
secondés par des hommes politiques et par des
industriels. On ne doit pas négliger ces grandes
offensives de la presse anglaise. Elles, n'expri-
ment pas toujours le sentiment public, mais
elles réussissent presque toujours à le créer.
Aux innombrables articles que la presse an-
Ipaise a dïâjà "paMiésï rie Sunday Times, ajoute
ce matin une contribution assez suggestive.
C'est une étude qui est signée d'un député
unioniste, le commandant Burney. L'auteur
commence ainsi « Le débat qui a eu lieu
mardi dernier à la Chambre des communes, au
sujet de la défense aérienne, est seulement la.
préface d'une discussion beaucoup plus com-
plète qui embrassera tout l'ensemble du sujet,
quand le budget de l'aviation viendra devant la
hambre. »̃ Avant d'aller plus loin, rappelons-
nous le débat de mardi dernier.
.Le sous-secrétaire- d'Etat de l'aviation, M.
Leach, député ouvrier de Bradford, avait an-
noncé que le gouvernement actuel continue-
rait à développer l'aviation de guerre, selon
io programme de ses prédécesseurs. Mais M.
Leach avait ajouté des réflexions comme celles-
ci « En diplomatie, la meilleure arme con-
siste à être le défenseur d'une cause saine
et juste. Le traité de garanties mutuelles,
préparé par la commission temporaire mixte
de la Société des nations, est dès maintenant
à l'état de projet rédigé. Les divers gouverne-
ments l'examinent. S'il est approuvé, des ré-
ductions [d'armements] deviendront réalisa-
bles. » Ce langage n'avait pas paru plaire à
îa majeure partie de la Chambre. Différents ora-
teurs, parmi lesquels le commandant Burney,
avaient pressé le gouvernement de ne s'aban-
donner à aucune illusion. Il fallut que M. Tho-
mas, secrétaire d'Etat des colonies, vînt au se-
cours de son collègue, le sous-secrétaire d'Etat
'de l'aviation. Finalement, le ministère risquait
4'etre battu. Sir S. Hoare, ancien ministre de
'flir Sans lècàîîffiët'BaldSwin. voulait faire
.voter une motion qui enjoignait au gouverne-
ment de « maintenir une force d'aviation ms-
tropolitaine assez puissante pour fournir une
protection adéquate contre une attaque tentée
par la force aérienne la plus puissante qui soit
à portée des rivages britanniques ». Le gou-
.vernement refusait de se laisser lier par cette
motion, et il courait le danger d'être mis en
minorité. Ce fut le speaker qui sauva la si-
tuation en refusant deux fois, malgré l'insis-
tance de sir S. Hoare, de clore le débat et de
mettre la motion aux voix. Le speaker fit re-
marquer judicieusement qu'une discussion de
cette; importance ne pouvait pas se terminer
après un débat écourté, et qu'elle devait se
rouvrir quand la Chambre examinerait le bud-
get de l'aviation. Une nouvelle bataille est
donc en vue. La préparation d'artillerie est
commencée, en quelque sorte. Ainsi s'explique
l'article du commandant Burney: dans le Sun-
'day Times de ce matin;.
̃Le commandant Burney ne se borne pas,
comme certains de ses collègues, à comparer
plus ou moins exactement les forces aériennes
de l'Angleterre à celles de. la France. Il semble
même reconnaître que Londres n'est pas la
seule ville exposée à des bombardements aé-
riens. Après avoir .signalé les progrès récem-
ment réalisés dans l'art de détruire, il écrit en
effet a Unes ville de la dimension de Paris
pourrait être entièrement rasée dans l'espace
de deux ou trois semaines, par une force com-
posée de 500 avions. » Cette affirmation nous
permet de conclure que la France a bien le
droit d'avoir une -aviation aussi. Elle permet-
trait même d'ajouter que l'aviation française
et. l'aviation britannique peuvent avoir à
s'entr'aider..Mais le commandant Burney. ne
semble pas apercevoir ces conclusions. Il pro-
mène les yeux sur l'ensemble de l'empire bri-
tannique. Son regard semble distinguer par-
tout des rivaux, des .adversaires éventuels. Sa
ivpix exhorte tous les' sujets de l'empire à
s'unir pour la défense aérienne de Yemporium
et de Vimpeiiunu Eçoutons-le
.Aux Etats-Unis, il existe un avion qui pèse
'43,000 livres, ou 20 tonnes environ, et qui peut
porter iO.OOO livres près de 5 tonnes de
bombes. Des projets existent et des plans ont été
dressés pour dès machines beaucoup plus gran-
des. On peut envisager, pour l'avenir, une charge
dé dix tonnes. Une escadrille comprenant cent de
ces machines porterait dons mile tonnes d'explo-
Bïf-s ou de gaz toxiques. Il n'est guère douteux que,
dans très peu d'années, fon puisse détruire com-
pèètement une ville de la dimension de Londres,
en l'espace de quelques jours.
En attendant, « une réduction générale des
:armen\ents qui soit compatible avec la sécu-
rité et l'intégrité de l'empire », le comman-
dant Burney juge qu'il faut un grand effort
financier pour maintenir la « suprématie
aérienne » de laT Grande-Bretagne. Mais où
s'agit-il de posséder cette suprématie ? Est-ce
uniquement en Europe? Ou bien est-ce au delà
des océans, là où circulent les avions géants
des Américains? Le commandant Burney ne
choisit pas il cumule. Seulement,, il se de-
mande comment l'Angleterre subviendra aux
'dépenses causées par deux systèmes d'arme-
ment aériens l'un consacré "a l'ensemble de
l'empire, l'autre visant le continent euro-
péen. Et voici sa réponse « Pour exécuter
ce programme nous-mêmes, il faudrait aug-
menter les -impôts, qui sont déjà trop lourds.
̃Il est certain que si notre pays doit soutenir
la charge d'armements aériens dans la pro-
portion qui convient à une nation continentale,
il faudra que les Dominions participent aux
dépenses nécessitées par l'entretien de l'avia-
tion impériale, aussi bien qu'aux dépenses qui
ont un caractère militaire ou naval. » Voguez,
avions! Voguez, croiseurs! L'empire payera.
-Si grandiose que soit cette conception, l'on ne
peut pas se dissimuler qu'elle risque de com-
pliquer le problème. Faire allusion aux avions
géants que construisent les Américains, et dire
ensuite, que'les Dominions doivent participer
aux armements. aériens de l'Angleterre, c'est
laisser entendre que le Canada, par exemple,
devrait se procurer, une puissante aviation de
guerre. Les..relations entre, 1e Canada, l'Angle-
terre et les Etats-Unis sont des choses qui ne
nous concernent point; mais nous croyons ne
fias manemer aux convenances iuiernation.a_lesl.
si nous doutons que ces choses soient rendues
plus agréables par la propagande dont nous
venons dé citer un échantillon* Certes, l'empire
britannique est un édifice immense. Les hom-
mes qui se sentent responsables de son -avenir
sont tentés, tout naturellement, d'élargir sans
cesse le' cercle de leurs inquiétudes et de leurs
ambitions. Chaque inquiétude nouvelle suscite
des ambitions plus vastes. Chaque ambition
réalisée suscite des inquiétudes plus étendues.
Mais pour des spectateurs amis qui sont ins-
tallés sur le continent, la situation se présente
d'une tout autre manière. Ne seraient-ce pas,
par hasard, ces spectateurs qui auraient raison?
Les Français ne voient pas pourquoi l'An-
gleterre serait réduite, comme se l'imagine le
commandant Burney, à développer simultané-
ment un système d'armements contre l'Europe
continentale et un autre système d'armements
contre les puissances situées au delà des
océans. Les Français n'arrivent pas à supposer
que l'Angleterre soit contrainte, par un étrange
paradoxe, d'armer simultanément contre la
France et l'Italie, ses .anciennes alliées, et con-
tre les Etats-Unis, ses anciens associés. Quand
on est à Paris, relativement près de la frontière
allemande, et bien plus près encore du frOnt
où sont tombés tant de soldats français et an-
glais, l'on se dit que la paix du monde ne dé-
pend pas de rivalités factices ni de questions
lointaines, mais d'un problème central les
frontières de l'Europe, tracées en 1919, seront-
elles respectées ou non? '?
Si l'Angleterre veut que les frontières de
l'Europe, soient respectées; si elle entend,
comme la France, que rien ne se passe désor-
mais en Europe que par des moyens pacifi-
ques et oonf ormes aux traités, il sera possible
de s'entendre pour alléger le fardeau des arme-
ments. Le commandant Burney et ses amis
n'auront plus à se demander, alors, comment
l'Angleterre pourrait se payer assez d'arme-
ments contre le continent européen. Du même
coup, l'on s'apercevrait sans doute que l'em-
pire britannique ne court point de dangers
au delà des océans car il ne peut y avoir de
vrais dangers à la périphérie que s'il y a péril
au centre. Mais on paraît encore loin de cette
sagesse élémentaire. Tandis qu'un député
unioniste, en la personne du commandant
Burney, convie les Dominions d'outre-mer à
des dépenses militaires, navales et aériennes,
nous entendons un ministre socialiste, M. Hen-
derson, qui réclama la revision du traité de
Versailles et qui en dénonce notamment les
clauses territoriales. Est-ce le moment de jouer
ainsi avec le feu, dans toutes les parties du
monde? Calmez-vous, amis, ne rêvez plus
d'avions géants, et réglons d'abord ensemble
le. problème des réparations. Pour cela, il faut
vouloir la paix, ensemble.
ÛÈPÊOHES TÊLÉSBÂPHIQUES
DES CORRBSPONDANTS PARTIGULI2RS DU ®Stttïï3
Berlin, 24 février.
La Diète de Tîiuringo a constitué hier le nou-
veau ministère. Un député de l'union agricole a
été élu président de la Diète. La gouvernement
lui-même se compose de fonctionnaires apparte-
nant aux partis de droite. Les nouveaux minis-
tres sont, pour la plupart, des fonctionnaires de
raheïejx xégtm$- -«->
̃ ̃ ̃•. • • Varsovie; M février.
On mande de Moscou qu'on vient d'ouvrir une
ligne de communication ferroviaire directe entre
Petrograd et la Prusse orientale, via Wierzbolowo
(Wirballen), lés territoires letton et estonien, et le
territoire lituanien.
Varsovie, 24 février.
M. Albert Thomas a été reçu samedi par le prési-
dent de la Diète.
Il partira aujourd'hui pour Lodz, d'où il retournera
par Berlin à Genève. Rabat, ai février.
M. Steeg, gouverneur général de l'Algérie, ayant
été appelé à Paris, la conférence nord-africaine qui
devait s'ouvrir le 3 mars sera retardée, de cinq à
six jours. Lima, 24 février.
Le commandant Verdy, de la mission française,
est nommé directeur de l'école militaire d'avia-
tion du Pérou.
MAÎTRES ET DISCIPLES
Le Parlement s'est ému, avec juste raison,
de la pénible situation qui est faite aux étu-
diants de Paris par les conséquences de plus
en plus désolantes de la crise du logement. Le
colonel Picot, député de la Gironde, a déposé
un demande d'interpellation « sur les mesu-
res que le gouvernement compte prendre pour
assurer un abri aux étudiants de Paris, victi-
mes de la rapacité des hôteliers et loueurs de
chambres meublées à l'approche des Jeux
olympiques ». Ces Jeux olympiques, institués,
paraît-il, afin de remettre en honneur les plus
brillantes traditions de la Grèce ancienne; se-
raient peu dignes de l'illustre patronage dont
se réclament leurs continuateurs parisiens si
l'annonce des solennités athlétiques qui sont
prévues pour le printemps prochain suffisait
à mettre en fuite l'intelligence. Celle-ci n'était
pas absente du stade d'Olympie, en ces jours
merveilleux où, devant des milliers de specta-
teurs assemblés sur les gradins de l'amphi-
théâtre, sous l'azur lumineux d'un beau ciel,
le rythme de la vie antique et la religion des
ancêtres exaltaient les âmes par la contempla-
tion de tout l'idéal réalisé par l'humanisme
hellénique, dans une œuvre collective, à la fois
nationale et universelle, où travaillaient les
sculpteurs, les peintres, les poètes, les athlètes,
tous ceux qui étaient capables de révéler aux
hommes le secret de la divine beauté.
« 0 étranger! disait Solon à un Scythe bar-
bare qui ne comprenait pas l'attrait de ces
spectacles, si nous étions à l'époque des Jeux
isthmiques ou des Panathénées, tu appren-
drais, en voyant ce qui s'y passe, que nous
n'avons pas tort de montrer tant de goût pour
ce? fêtes. Je ne puis, par la parole, te donner
une idée du plaisir que tu éprouverais, assis
parmi nous, à contempler la vaillance des ath-
lètes, la beauté de leurs mouvements, leurs
admirables attitudes, leur force infatigable,
leur audace, leur émulation, leur, courage in-
vincible, leurs ,efforts. incessants pour mériter
la victoire. Je suis assuré qu'assistant à ces
fêtes, tu ne cesserais d'acclamer et d'applau-
dir. » Ainsi le législateur athénien, sage entre
les sages, entendait qu'une idée morale animât
les grandes panégyries olympiennes où, chaque
année, se rendaient comme en pèlerinage les
fidèles disciples de la doctrine magnifiquement
persuasive qui avait dicté à son génie les lois
d'une république attentive à conserver toutes
les richesses spirituelles que l'humanité civi-
lisée demande à la bienfaisante influence des
sciences, des lettres et des arts. La célébration
des grands jeux gymniques, dans le stade voi-
sin du temple de Jupiter olympien, était une
solennité nationale et religieuse où tout un
peuple s'assemblait sous l'invocation de ses
divinités tutélaires, afin de communier dans
l'admiration unanime des vertus héroïques ou
s'unissent toutes les forces de l'esprit et du
corps, harmonieusement réglées pour la réali-
sation d'une sorte de perfection humaine. Les
hommes de cette époque lointaine se rappro-
chaient, autant que possible, de l'idéal divin,
en essayant de ressembler à des statues vivan-
tes, tandis que les dieux apparaissaient aux
yeux des pèlerins d'Olympie dans le marbre
sculpté par le ciseau d'un Péonios, d'un Praxi-
tèle ou d'un Phidias. Jamais le « miracle
grec »_ dont parle Renjaii ne s'est manifesta
par des symboles plus dignes de toucher le
cœur des multitudes et d'éclairer l'âme do
l'élite..Les poètes et les -orateurs, prenaieni
part à. ces fêtes ingénieuses. Les auditeurs
d'Hérodote, à Olympie, récompensèrent l'his-
torien de l'hellénisme civilisateur en donnant
à chacun des livres de son histoire le nom
d'une muse. Les pèlerins d'Olympie ont en-
tendu la phrase ample et sonore d'Isocrate.
Charmés par l'éloquence de l'orateur athénien,
ils en comparaient l'harmonie au rythme des
mouvements admirés dans le stade. Et Pindare
a chanté les athlètes vainqueurs. On a pu dire,
en vérité, que « toutes les formes par lesquelles
la beauté peut se montrer aux hommes et les
consoler de leur condition précaire, l'équilibre
puissant des symétries architecturales, faites
pour durer éternellement, le calme et la séré-
nité'des effigies divines, le rythme des paroles
mesurées et des gestes cadencés, la persuasion
qui ;va des lèvres éloquentes aux âmes char-
mées, la force et la vaillance des jeunes hom-
mes, semblables aux héros, qui sont l'orgueil
d'une nation et la fleur d'une race, tout ce que
l'esprit des Grecs a pu imaginer de plus rare
et de plus précieux, contribuait à la splendeur
de ces fêtes d'Olympie, les plus belles peut-
être, à coup sûr les plus harmonieuses,qui
aient été offertes à l'admiration du genre hu-
main ». 1
Telle est. la conclusion de l'enseignement qui
fut donné par un Fustel de Coul anges, par ua
Maxime Collignon, par un Alfred Croisset à
plusieurs générations d'étudiants, empressés à
travailler sous leur haute' direction, autour de
leurs chaires, magistrales. Que diraient ces maî-
tres, regrettés, s'ils voyaient les ennuis sérieux
auxquels aujourd'hui les étudiants d'à présent,
igiir^.plus.. jaunes- disciples, 'sont: exposés cm
l'appïoche' des nouveaux Jeux olympiques?'™
l'approche des nouveaux 'Jeux olympiques'
Depuis longtemps déjà, le Parlement s'est
préoccupé de la situation faite aux étudiants
par "lès conséquences de la crise du logement
et par toutes sortes d'autres tribulations mul-
tipliées par des circonstances de plus en plus
nuisibles aux intérêts de l'esprit. La Chambre
a décidé, dans sa séance du 24 janvier 1923,
il y a plus d'un an qu' « en dehors des
bourses actuellement allouées sur le budget de
l'Etat, il pourra être accordé à tout Français
poursuivant des études supérieures des prêts
d'honneur, par les soins d'un office national
des prêts d'honneur ». L'article 138 de la loi
du 30 juin 1923 consacre cette décision, en
stipulant que « cet office constitue un établis-
sement public, pourvu de la personnalité ci-
vile, et. de l'autonomie financière. Il est ratta-
ché au ministère de l'instruction publique. Il
est géré, sous l'autorité du ministre de l'ins-
truction publique, par un conseil d'administra-
tion dont la composition, l'organisation et les
attributions seront détérminéed par un règle-
ment d'administration publique ».
La loi dit que « le règlement d'administra-
tion publique déterminera également l'organi-
sation, des services de l'office dans chacun des
centres d'études supérieures, la. composition
des comités locaux, dont le recteur de l'acadé-
mie, président du conseil de l'université, fera
partie de droit, la participation à la gestion de
l'office et de ses services de personnes morales
et privées, les conditions générales d'attribu-
tion des prêts d'honneur et de leur rembourse-
ment–». -̃̃̃ -r ,̃ ->̃
Tout cela est bel et boa. Mais, en dépit 4e
,la décision du 24 janvier 1923 malgré les dis-
positions formelles de la loi du 30 juin de
la même année, rien ne.se fait pour aider les
étudiants à sortir des difficultés matérielles
où se débat leur bonne volonté. Pourquoi le
règlement d'administration publique, prévu par
la loi du 30 juin 1923 n'est-il pas encore sorti
des délibérations du Conseil d'Etat? A-t-011
consulté, en temps utile, cette haute assemblée,
toujours si empressée à servir la cause de l'in-
telligence française et à soutenir le progrès
des études supérieures? Il faut aboutir. C'est
le vœu légitime des maîtres et des disciples,
également inquiets d'une situation qui ne sau-
rait se prolonger sans dommage pou? des inté-
rêts dont il est superflu de définir l'exception-
nelde gravité.
©» _-̃
LA RÉFORME ¡
DE
L'EHSEÎŒENT SEC01SE FEMININ
Dans son numéro paru hier, la Revue uni-
versitaire publie une relation détaillée du débat
qui, à la récente session du conseil supérieur
de l'instruction publique, concerna la réforme
de renseignement secondaire des jeunes filles.
Avant que M. Léon Bérard ait pris son décret, il
y a un intérêt immédiat à signaler plusieurs
points dont l'importance ne saurait échapper à
nos lecteurs.
On sait que, se tenant dans le cadre de la
loi de 1S80 qui créa un enseignement secon-
daire féminin, le projet soumis au conseil
conservait, en la renforçant, la préparation du
diplôme et que même, de ces études expres-
sément indiquées par le législateur,- il formait
un noyau commun à toutes les élèves fran-
çais, histoire, géographie, langues vivantes,
mathématiques, sciences naturelles, dessin,
couture et musique. Mais, pour répondre à des
besoins nouveaux, dès la sixième un ensei-
gnement facultatif de latin,1; puis de grecVet
de latin, était enté sur la tige commune, 'et,
à partir de la seconde, se subdivisait en trois
sections (latin-grec, latin sans grec, et mo-
derne sans latin ni grec) comme celles qu'a ins-
tituées pour les garçons le décret du 3 mai 1923.
Cette fois, le conseil supérieur adopta le prin-
cipe, presque à l'unanimité. Mais dans l'appli-
cation il apporta plusieurs retouches sur les-
quelles nous ne saurions trop appeler l'atten-
tion, puisqu'il en est temps encore.
C'est, comme dit l'autre, la faute à l'hygiène.
Avec une éloquence persuasive, en effet, un
hygiéniste représenta au conseil que le surme-
nage, intellectuel ne va pas sans danger pour les
fillettes de treize ans. Qu'il faille prendre soin
du réservoir de la race, tout le monde partage
cet avis et tient l'intention pour excellente.
Mais où une surveillance médicale suffirait,
peut-être paraîtra-t-il excessif de raccourcir
l'effort au point de dénaturer les études. Sous
prétexte de ménager le sexe faible,- on lui oc-
troie des humanités d'homoncule. On appli-
que son esprit aux pi'ogrammss dés garçons,
mais au lieu do consacrer six heures au iatiii,
en sixième et en cinquième, il n'en aura que
quatre. En quatrième, les fille, apprendraient
en trois heures ce que leurs frères apprennent
ch cinq; en troisième, seconde, première, elles
engouffreraient en trois heures, ce qu'ils ab-
sorbent en quatre.C'est un fait, à vrai dire,
qu'elles- les dépassent d'abord en application
et en facilité. Aussi eussions-nous compris que
dans les deux classes du début, on leur ôtât
une heure de latin. Mais trop est trop: et leur
ouvrant les études classiques, on ne les leur
permet qu'au rabais et au galop. Par suite,
en une réunion du bureau de la Fédération na-
tionale des professeur- de lycée, Mlle Colette
et Mme Lacroix, déléguées du personnel fé-
minin, ont cru devoir « protester vivement »
contre ce classicisme de seconde zone et ce
bachotage « exténuant ». Et des agrégés, qui
assurent-, à celte heure, cet enseignement dans
las-lycées de filles, n'expriment, pas un avis
contraire. Mauvaise hygiène, en Hn de compte
à mettra les bouchées doublas, on gaie -cm-
même temps l'estomac et le cerv&au. ̃ .̃
Un autre .vote non moins fâcheux .vient (te
$$ même préoccupation. Pour établir chez les
fyjes, comme chez les garçons/ des program-
r^eâTfui. mènent au même .grade il a bien
fatlu porter la scolarité féminine de cinq -à
six années, et en ajouter une septième desti-
nés -à la classe de philosophie ou de>mathé-
matiques. Jusque-là, rien à objecter à sanc-
tion, égale, travail égal. En outre, pour n'avoir
pas un enseignement secondaire boiteux, on a
pareillement augmenté d'une année la prépara-
tion au diplôme, ce qui, du point de vue familial
et social, était peut-être moins indispensable,
mais devenait nécessaire à cause des matières
communes. Toutefois, cette année de surcroît,
le projet ministériel la prélevait sur la der-
nière des trois années primaires, au lieu que
le conseil supérieur, toujours dans le dessein
d'épargner l'effort aux fillettes, l'a rejetée à
la fin. En sorte que demain, si le ministre
adoptait cette disposition, au lieu de commen-
cer leurs études secondaires à onze ans, comme
les garçons, elles les commenceraient à douze,
et ne seraient diplômées qu'à dix-huit ou ba-
chelières qu'à dix-neuf, et encore à la condi-
tion de n'avoir connu ni maladie au cours de
leur scolarité, ni échec ou malchance au 'mi-
lieu ou à la fin.
En ce point encore on exagère. Une élève de
la section classique qui peut dire avec Petit-
jean « Ce que je sais le mieux, c'est mon
commencement » est à peu près assurée de la
suite. Or, entrant en sixième à onze ans,, la
fillette, avant la treizième année qu'on entoure
de soins avec raison, a fourni l'effort essentiel
elle a acquis le vocabulaire latin; elle sait les
formes grammaticales; elle s'appuie sur la base
solide. Au rebours, débutant à douze,- à treize
elle s'évertue encore à travers, la brousse. Et
^i-j.ictji-passe de lfor$re. pédagogique à un^ordre.,
"plus positif, considëre-t-on ce que c'eticr année
de luxe hygiénique va coûter à l'Etat, ou,. pour-
parler plus exactement, au contribuable? Le
calcul est simple qui à trois années primai-
res, au lieu dte deux- dont on pouvait se con-
tenter, ajoute sept années secondaires, obtient
un total de dix années, au lieu de neuf soit
un décime de plus, puisque 'le décima est, à
l'ordre du jour. N'est-ce donc rien qu'un dé-
cime de plus, à une heure où la caisse publi-
que n'abonde pas en deniers d'e i'in?'Il coa-
vient d'envisager aussi l'accueil que les pa-
rents réservent, non sans raison, à une dé-
pense somptuaire? Dans le même temps que
lê Parlement et le gouvernement, s'ingénient
à répandre le précepte « Croissez et multi-
pliez », va-t-on accabler la famille sous, de
nouveaux frais d'éducation? De quel aiir'dira-
t-on aux parents « Votre fils, tant en classés,
conférences et autres coûts, vous revient à
tant par an. Mais demain, votre fille vous coû-
tera encore plus que lui »? Le moment est-il
bien choisi? Et aussi compte-t-on pour rien,
dans l'intérêt da la famille que nous avons
tant besoin de consolider, l'avantage de lui ren-
dre ses filles instruites un an plus tôt, et pour
les jeunes filles elles-mêmes n'est-ce donc rien
que d'apprendre un an plus tôt ce qu'il faut
qu'une bachelière ou une diplômée recueille
dé l'expérience maternelle pour être, s'il est
possible, plus tôt que plus tard, une bonne
épouse '.et une bonne mère? De fait, nos éta-
blissemente féminins ne figurent ni l'avare
Achéronaui n'eiâche »a& sa. croif^jn J.<\fl"s
.ffats à ,-|a manière «e, r^ncien régime, ni les
ïnéiïtutiÔTis à la mode dé Mlle Préfère.
Enfin, un certain nonïbre de conseillera ont
Signé un vœu tendant à renforcer l'es program-
mes de la section du diplôme et à donner, si
l'on en croit le compte rendu de la Revue uni-
versitaire, « à son examen terminal, le carac-
tère d'une sorte dé baccalauréat, passé hors des
établissements, accessible à l'enseignement
privé comme à renseignement public et ou-
vrant, comme le baccalauréat, l'accès des fa-
cultés ou du moins de certaines d'entre elles ».
En cette « sorte de baccalauréat » qui se, pré-
sente avec modestie et de façon à contourner
la loi de 1880, nous retrouvons une vieille
connaissance. Ce n'est pas d'hier que 'les mo-
dernistes s'efforcent d'obtenir cette nouvelle
équivalence, qui s'ajoutât à celle du brevet su-
périeur. De notre côté, nous conjurons le mi-
nistre de rester fidèle à l'esprit du législateur.
Que ministères, administrations publiques,
maisons de commerce ou de banque attachent
à ce diplôme un prix qu'il mérite, tout le
monde y souscrira. Mais pour Dreu, qu'on ne
renforce plus rien puisqu'on tient avec raison
à la santé des files, qu'on n'érige pas en
grade un certificat destiné à sanctionner des
études proprement féminines, et à garantir
une éducation faite pour former des épouses
et des mères, dont le pays a besoin plus que de
bachelières! M. LêonBérard a l'esprit à la fois
trop juridique et trop hautement politique pour
i'oubli'er dans son décret- V
SUR UN MQT DE GŒTHE
Certaines controverses ne s'épuisent pas facile-
ment. Il n'y a pas à s'étonner que M. Maurice
Caillard ouvre dans la revue Belles-lettres une
ènquôte sur le romantisme, laquelle ne sera pro-
bablement pas la dernière. Nous ne connaissons
encore que'le questionnaire de M. Maurice Gail-
lard, mais il nous faut lui dire tout de suite qu'il
a mal posé la question, ce qui n'est pas le 'meil-
leur moyen do la résoudre il est vrai qu'on pré-
fère peut-être l'éterniser. « Croyez-vous, avec
MM. Ernest Seilîière, Pierre Lassérre et Henri
Massif, que le classicisme assurera la pérennité
[ de l'art., comme le dogmatisme de la religion et dé
la civilisation? Ou bien, avec M. Henri BrémoccI,
pensez-vous que c'est le mysticisme, ou le roman-
tisme (puisque ces deux mots paraissent avoir
pour lui a peu près la même valeur), qui sauvera
à la fois la civilisation, la religion, Fart? » M.
Maurice Caillard oublie simplement que MM. Las-
serre, Massis, Seilîière d'une paTt, et Brémond de
l'autre, ne nous enferment pas dans un dilemme;
qu'on n'est nullement obligé de choisir entre l'uiie
ou l'autre de ces thèses, d'ailleurs beaucoup môiiis
opposées qu'elles n'en ont l'air, attendu que si
l'une condamne le romantisme, et si l'autre pré-
tend le justilier, elles s'accordent à le définir de
la même façon, tandis quo c'est cette délinil-ion
niême qui est contestée et, selon nous, tout à fait
inexacte. Nous l'avons expliqué longuement dans
un feuilleton récent. M. Maurice Gaillard' retarde
un. peu il n'est pas à ta page.
..Jf.çomineneê par citer, ée/ mot de Gœlhe ï -̃« J'â])--
\)jïiib! Êlàèsique ce qui est sain, et romantique ce
qahest malade, .«.Goethe l'a dit.en.eA'et.-maïs en-
core i'audrait-il savoir à quel propos et dans quelle
̃intention. Une citation ainsi isolée donne ùiie
impression très fausse et travestit la pensée Gœthe. Pour la bien comprendre, il convient d'a-
bord de se rappeler que le terme de romantisme
a été employé dans bien des acceptions différentes,
notamment en Allemagne. Au sans large et au-
jourd'hui courant; le romantisme allemand, c'est
tl'abord Gœthe lui-même, Schiller, Herder, Fré-
déric- Auguste Woif quoi de plus romantique
que Werther et Faust? Mais historiquement- ef en
fait, le romantisme allemand proprement dit,
l'âsole qui a revendiqué, le titre de romantique,
est seulement celle des Schlegel, des Tieck,: de
Novalis, de Wuekenroder, puis do Clément -Bron-
j.fand et d'Achim d'Arnim. Or ces romantiques 'de
l'observance étroite étaient généralement catho-
liques bu catholicisants, mystiques à combler" les
xœax de M. Henri Brémontl, nationalistes c*t chau-
vine, en outre. Gop'ihe n'était rien de tout cela; il
était mt-rne tout le contraire, et il a en effet, cltî–
notice ces tc-ndauces comme des maladies de: l'es-
prit. Mais son classicisme n'a rien de commun
avec c.ehii «les Kisard et autres adversaires.' de
notre.école dé 1830. Qeetlie entend conserver toutes
les conquêtes romantiques, et notamment son
r principe de relativité, si fécond et absolument ca-
pital. C'est pourquoi il ajoute « Pour moi le
poème des Nibelungen est classique comme Ho-
mère; tous deux sont bien portants et vigoureux. »
Or, tous les professeursr à classicisme traditionnel
étaient alors scandalisés de l'importance qu'on
attribuait aux Nibelungen, et des comparaisons
qu'on instituait entre cette épopée moyen-àgeuse
et l'Iliade. Dieu sait pourtant si Gœthe adorait
Homère! Mais il échappe complètement à l'étroi-
tesse pseudo-classique. 11 exposait à Eckermann
que les excès et les déviations mêmes apportaient
en définitive, après la mise au point nécessaire, un
heureux renouvellement. « Qu'est-ce que nous
veut, s'écriait-il en 1828, tout le fatras de ces
règles d'une époque vieillie et guindée? Qu'est-ce
que signifie tout ce bruit sur le classique et le
romantique? Il s'agit de faire des œuvres qui
soient vraiment bonnes et solides, et ce seront des
œuvres classiques. » On reconnaît la conclusion
de Moréas, dans sa dernière conversation avec
Maurice Barrès. Et Henri Hein© n'est-il pas un
vrai romantique? Lui aussi, il raille et fustige le
petit romantisme des Schlegel et consorts. Dans
son questionnaire, M. Maurice Cailard a négligé
tout bonnement 'le point de vue de Gœthe, de Heine
et de Moréas.
Le directeur du Temps a reçu la lettre suivante
Monsieur le directeur,
Certains écrivains ̃ parisiens ont pris ombrage
de ce que les écrivains de province aient fondé
entre eux une Société de gens de lettres.
Puisque vous avez reproduit les attaques diri-
gées contre nous, je fais appel à votre impartia-
lité pour accueillir de même la défense des ac-
cusés.
-N;ous qui JiaMons leii campagnesr les ioùrgades,
les: différentes villes françaises, nous avons besoin,
plus' que les Parisiens, d'une société fraternelle et
vivante; nous sommes séparés les uns des autres,
nous n'avons pas l'occasion de nous rencontrer
dans les salles de rédaction, les théâtres, les cé-
nacles de dénigrement ou les chapelles d'admira-
tion mutuelle.
.Nous voulons une société simple comme nous,
sans distinction entre adhérents et sociétaires, lit-
térateurs de première ou de seconde zone.
Mais nous ne cherchons à créer aucune confu-
sion, et jamais, en fait, aucune confusion ne s'est
produite. Les gens de lettres de province sont sans
doute plus intelligents que ne pensent certains de
leurs confrères parisiens.
,Pas davantage, nous ne cherchons à créer une
concurrence, bien que la concurrence soit légi-
tima et même féconde lorsqu'elle porte le beau
nom d'Emulation.
;Kous avons maintes fois reconnu l'utilité et les
services rendus par les diverses sociétés pari-
siennes.
Mais ces sociétés ne rendent pas tous Ses ser-
vices possibles et rfont le monopole ni de l'utilité
ni du dévouement..
Elles sont même assez mal placées pour lutter
contre la désertion des campagnes, l'encombre-
ment de la capitale et la congestion cérébrale qui
menace notre pays.
Voilà pourquoi nous avons formé entre tes écri-
vains de toutes les provinces françaises une
société composée de Gascons, do Saintongeais, de
Bretons, de Normands, de Lorrains et de colo-
niaux, dont le siège social est à Bordeaux, parce
que cette ville est depuis le dix-huitième siècle le
centre classique de toutes les revendications pro-
vinciales.
Notre but est si~n l~e, a;.cnQ~,
~8u;e~è~1~ê$~
de tour plume en province aussi bien que, a talent
égal, leurs confrères en vivent à Paris.
'D'une part, l'air natal et 4e grand soleil favori-
seront l'originalité, la vigueur, la santé morale
de leur talent.
D'autre part, la résidence de ces bons ouvriers
des lettres sur leur coin de terre formera dans
chacune de leurs provinces un centre de vie et de
rayonnement intellectuel. Ils façonneront sur
place, et feront évoluer l'âme de leur région.
Cette tâche est difficile. Nul ne peut se vanter
par avance d'y réussir; mais elle est assez noble
pour mériter l'encouragement de tous les amis
des lettres, et je pourrais presque dire de tous les
gens de bien.
Je vous prie d'agréer, monsieur le directeur,
mes salutations bien dévouées.
VITAL Mareille.
Mais nous persistons à croire que les gens de
lettres de Paris et de province gagneront à rester
unis, et que le projet de ni. Vital Mareille est plus
dangereux que vraiment utile. P. S.
LE RÉGLEMENTE LÀ PAIX
Les comités d'experts
Nous avons annoncé hier que le premier comité
d'experts avait tenu samedi, sous la présidence du
général Ch. Dawes, une séance de près de trois
heures, tout entière consacrée à une discussion
générale du,rapport des deux techniciens sir Wil-
liam \ecworth et M. Leverve, sur ies chemins de
fer du Reich et leur utilisation ëventueMe comme
gag© d'un emprunt international. L'étude de ce
rapport, sur les conclusions duquel les deux
techniciens sont entièrement d'accord, a été ren-
voyée, pour certaines précisions, à la sous-com-
mission bancaire qui se mettra au travail des
lundi.
Il a été décidé des à présent que le rapport de
sir William Acoworth et de M. Leverye figurera en
annexe au rapport général du comité Dawes.
Quant à la réalisation de l'équilibre du budget
du Reich par uns balance exacte des dépenses et
des recettes, le premier comité s'en occupera lundi
en séance plénière et il discutera les conclusions
de la sous-commission budgétaire sur cette ques-
tion.
Un propos de M. Mac Kenna
Dans la déclaration qu'il fit à la Chambre samedi
matin avant le vote sur l'ensemble du projet sur
« la réalisation la création de nou-
velles ressources fiscales et diverses mesures d or-
dre financier », 'M. Pokiearé donna le renseigne-
ment suivant
L'un des experts étrangers j'e ne la nommeï.ii pas
jusqu'à nouvel ordre, l'un des experts alliés, ces
jours-ei, disait à ses collègues français « Nous n'en
serions pas là, si vous n'étiez pas dans la Ruhr. » J'af-
arme que le propos a été tenu et que mes collègues le
connaissent comme moi.
Un de nos' confrères ayant assuré ce matin que
l'expert auquel M. Poincaré avait fait allusion
était M. Mac Kenna, nous sommes autorisés à dire
que ce n'est pas le président du second comité
d'experts qui a tenu le propos rapporté par le
président du conseil.
Par contre, nous croyons pouvoir conlirmeï
l'authenticité d'un autre propos attribué par le
même iftsurnal à M.- Mac Kenna et qui c;t le sui-
vant *.•
vaut la. Rùïir.Me peuple aUeniandjectasè-ntan- à payer.
.\fete les- industriels s'y refusaient. L'occupation de la
*Rutir ies a convaincus de Ja nécessité do s'acquiUer.
C'asi là le béiîé.flice de la politique française.
Déclarations du ministre des finances d' Allemagne
Inlerviewé car le correspondant de la Tribuna
à "Berlin le docteur Luther, ministre des finan-
ces, a déclaré que ̃}' Allemagne ne pourrait entre-
prendre sa reconstitution économique que si un
̃emprunt étranger lui était accordé fil si elle pou-
vait recevoir des assurances formelles en ce qui
concerne sa souveraineté à l'intérieur de ses fron-
tières. Le docteur Luther a. ajouté qu'un mora-
toire était nécessaire à l'Allemagne.
Commentaires étrangers
-Le Ne-it'-York Times, dans son édHorial, estime
que des conclusions du rapport du premier comité
d'experts résulte 'la possibilité" pour î'Aillemagnc de
payer les réparations. Cependant, ce journal ex-
prime la crainte que r Allemagne ne proteste con-
1rs les conclusions des experts, si on lui demande
'une somme qu'elle- estimera trop Le rédacteur diplomatique de VObscrvcv, dans
un article intitulé « Sacrifices pour les répara-
tions; l'Angleterre devra-t-elle payai- à nou-
veau? »'̃ côimnente la situation .aui sera créée.
par le dépôt du rapport des experts, en vue de là
reprise des négociations concernant les répara-*
tions. Ce journal fait remarquer que bien que le.
gouvernement travailliste ait témoigné une ex-
trême bienveillance à l'égard de la France, il se
demande si l'acceptation de nouveaux sacrifices
par l'Angleterre pourrait amener de réels pro-
grès vers une solution du problème des répara-
tions.
Il souligne que seule la1 Grande-Bretagne ac*
quitte ses dettes et que toute proposition qui ten-
drait, en vue d'un règlement de la question, à con-
tracter un emprunt à Londres ne pourrait être ac'
cueillie que froidement dans les milieux finan-
ciers anglais, car, dit-il; consentir un ajourne-
ment du règlement de la créance sur la France, et,
d'autre part., souscrire à un emprunt allemand,
qui, de Berlin, irait à Paris, équivaudrait à un
prêt de l'Angleterre à la France.
La Narodni Politika, de Prague, estime que les
constatations faites par les experts internatio-
naux ont démontré le bien-fondé des assertions
françaises, selon lesquelles il ne manque que la
bonne volonté allemande pour qu'on arrive à un
règlement du problème des réparations. Après
avoir enregistré diverses informations touchai
les projets de conclusions que l'on prêté aux ex-
perts, le journal national-démocrate tchécoslova-
que en tire les déductions suivantes
La France, dit-il, a occupé la Ruhr dans l'unique
but de contraindre l'Allemagne à s'exécuter. On peut
dire que le but est atteint. Les prémices à la so-
lution du problème des réparations peuvent être con-
sidérées déjà, comme posées, si seulement l'Allemagne
est disposée à y donner son adhésion et, avec le gou-
vernement actuel, cette adhésion n'est pas improbable.
La, France, de son côté, parait résolue à donner .une
prompte solution au problème. Il y a donc lieu de perr-i
ser que jamais les chances de débrouiller 'cette difficile
question des réparations n'ont été aussi favorables qu'à,
l'heure actuelle.
Le Corner e d'Italia, organe catholique officieux,
italien, relève dans la situation iniernateonale des
symptômes de détente qui répondent au* voeux
contenus dans la mémorable lettre du pape de
juin dernier.
Le Corricre d'Italia rappelle que cette lettre fut
accueillie défavorabfement en France. « Mais, dit-
il, c'est parce qu'effile fut mal interprétée. Le ma-
lentendu fut dissipé aux yeux du gouvernement
français, mais la fâcheuse impression n'en per-
siste pas moins dans l'opinion publique. »
Le Cornière dItalia poursuit
Aujourd'hui, à plus de six mois de distance, nous
pouvons dire, que les faits ont donné raison au pape.
Pie XI demandait une étude de la situation économique
de l'Allemagne et justement les experts viennent d'ac-
complir à Berlin le travail dont les conclusions forme-
ront l'élément vital pour les décisions que devront pren-
dre aussi bien la commission des réparations que les
gouvernements de la France et de la Belgique. Et, il con-
vient de le souligner, la commission des experts n'est
pas arrivée seulement à la constatation de l'état écono-
mique actuel de l'Allemagne, mais aussi à de très in-
téressantes constatations pour la France de l'emploi vo-
lontaire par l'Allemagne de très fortes sommes pour
des travaux publics injustifiés. Ceci prouve que, du
jugement des experts invoqué par le pape, la France
n'avait à craindre aucune conclusion susceptible de
porter préjudice à ses intérêts.
q~
M. Henderson demande la revision
du traité de Versailles
Notre correspondant de Londres nous téléphoné dï-
manche matin
Dans un discours qu'il a prononcé samedi a
Burmtey, au cours de sa campagne électorale, M}
Henderson, ministre de l'intérieyr, a discuté îa
possibilité d'une revision du traité do Versailles,
central de la situation iiiternationalie aujourd'hui
est l'échec des traités de paix. ̃' aujourd'hui
Quelles qu'aient été les intentions des hommes d'Etat
qui ont représenté leur pays à Paris là la conférence
de la paix en liiJ.1-9, ils n'ont pas réussi à instituer un
règlement juste et durable. La tâche qui s'impose à
M. Mac Donald et â son gouvernement consiste non seu-
lement à arrêter la démoralisation, mais encore à en-
rayer notre ruine économique. Nous avons en outre à!
établir une paix véritable, à restaurer le commerce et
l'industrie, à les mettre sur des bases telles que la civi-
lisation n'ait plus jamais â craindre pareille expérience.
Par conséquent, tous ceux d'entre nous qui tiennent à la
paix du monde, ou qui veulent voir inaugurer une ère
nouvelle de coopération et de bonne volonté internatio-
nale, doivent exiger d'une façon absolue la revision du
traité de Versailles dans le plus bref délai et la solution
du problème si débattu des réparations. Telles sont,
selon moi, les nécessités les plus, urgentes d'une grave
situation politique internationale.
"M. Henderson a ensuite prononcé un véritable
réquisitoire contre lie traité de Versailles, décla-
rant qu'il est contraire, dans ses clauses territo-
riales et économiques, aux quatorze conditions du
président Wilson sur lesquelles fut basé l'armis-
tice, qu'il a transformé en guerre de conquête co
qui avait été une guerre d'émancipation ou qu'il
a réclamé des vaincus des indemnités impossi-
bles dans la pensée que l'on peut détruire la vie
économique d'un pays sans effet fâcheux pour
celle de ses voisins.
Je veux que vous compreniez bien, conclut M. Hen-
derson, quelle est l'attitude exacte du gouvernement
travailliste. Le premier ministre s'efforce de créer l'at-
mosphère nécessaire et il espère que des démarches au-
ront lieu par l'intermédiaire d'une conférence mondiale,
par la Société des nations ou par l'une et l'autre pour
voir s'il n'est pas possible de revenir au point de départ
adopté par le feu président Wiîson, ou, en -"tout cas, de
revenir à la politique très nette que les hommes d'Etat
alliés avaient définie en 1915, 1916 et 1917.
Cette profession do foi a fait sensation parce
que il'on se rend compte que, bien que provoquée
par les nécessités d'une campagne électorale, el>e
correspond au' sentiment le plus général d'as re-
présentants actuels du Labour Party au pouvoir.
EN BHÉIAM BTJAIS LA RUHR
La situation dans le Faïatiûat
L'agence Wolff publie une version officielle al-
lemande du massacre de Pirmasens, affirmant que
les séparatistes furent lynchés par la foule, qu'au-
cun nationaliste venant d'Allemagne non pecupéy
n'a pris part à l'attaque et que ce bruit a été pro-
pagé par les habitants de Pirmasens pour éviter
des représailles. ̃
On mande de Spire aux journaux allemands que
les autorités d'occupation ont autorisé neuf fonc-
tionnaires du Palatinat, expulsés par les sépara-
tistes, à reprendre leurs fonctions.
Les journaux des territoires occupés se conten-
tent généralement de reproduire, sans l'accompa-
gner d'aucun commentaire, le discours do M. Stre-
semann au Reichstag concernant le refus du gou-
vernement français de prendre connaissance do
la dernière note allemande sur la situation dans
le Palatinat. Seule la Gazette de Cologne critique
avec amertume le rejet de la note allemande et,
dit que le gouvernement du Reich, en acceptant
ce rejet avec sang-froid, prouve une volonté de
I désarmement moral qui pourrait difficilement
j être poussée plus avant.
'=~=--=:
EN .ALLEMAGNE
a^a situation poîltâqwse £utc?5eniTS
Un -représentant du gouvernement, du Reicli a a
parlé samedi aux journalistes étrangers de la si-
tuation politique intérieure en Allemagne.
Il a déclaré notamment qute le gouvernement
voulait éviter tout conflit avec le Parlcment, car
ïl se rendait compte qu'avec le -Rcichstog actuel
il serait impossible de constituer un nouveau :«i--
nistère. S'il n'arrive pas à se mettre d'accord avec,
les partis, il aura recours à une dissolution du
Reiclistag. Le président Ebert est tout à fait dis-
posé à accepter cette mesure.
Le discours «le M. §3resE3S*5ïa52» à, ^Srsséo
On mande de Berlin à l'agence Bavas'
L'allocution-prononcée vendredi soir ,ù Dresde par
le ministre des affaires étrangères. M: Stresemannr
dont on n'avait donné qu'un court résumé, ayant
causé une vive émotion dans les milieux de gau-
che, le ministre a jugé propos de fournir cer-
taines prisions. Il en résulte que le fait que l'état
de siège sera maintenu sur divers points du terri-
toire ne signifie pas forcément Que les autorités
militaires resteront préposées à "son application.
Ûans son ailoaution. le ministre a reproduit une
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