Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-02-05
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 février 1919 05 février 1919
Description : 1919/02/05 (Numéro 21032). 1919/02/05 (Numéro 21032).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
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Date de mise en ligne : 15/10/2007
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Paris, 4 février
8ULLETIN DU JOUR
LES GARANTIES DE LA FRANCE
En recevant hier le président Wilson au
jPalais^Bourbon, M. Paul Deschanel lui disait
;« A vos yeux comme aux nôtres, la condition
preimière, le fondement même de l'organisation
nouvelle du monde, c'est une France mise défi-
nitivement à l'abri des provocations et des
attaques. » Telle est en effet la leçon de l'expé-
rience. Pourquoi les dirigeants de l'Allemagne
ont- ils fait la guerre? Parce qu'ils espéraient
écraser la France en quelques semaines. Pour
éviter une nouvelle guerre, que faut-il avant
tout? Il faut qu'aucun Allemand ne puisse
plus faire ce calcul scélérat. Sans garanties
pour la France, pas de garanties pour la paix.
En quelques mots lucides, M. Paul Descha-
ne'l a défini les garanties dont notre pays et la
paix du monde ont solidairement besoin. Elles
sont de deux sortes « Garanties territoriales,
militaires, économiques, financières, proté-
geant les victimes de l'ambition allemande
contre de perpétuelles alertes; garanties supé-
rieures par le concert de's peuples libres, avec
des sanctions efficaces pour châtier les crimes
contre le repos du monde, et d'abord pour les
prévenir. » Ce n'est pas uniquement à la France
que s'applique cette distinction entre les garan-
ties nationales et les garanties internationales.
C'est une vérité d'ordre universel. Faisons d'a-
bord que les peuples pacifiques soient forts;
à cette condition, mais à cette condition seule-
ment, ils pourront se garantir entre eux et
assurer la paix au monde.
Voilà les idées claires qui flottaient dans
l'atmosphère du Palais-Bourbon, quand le
président des Etats-Unis est monté à la tri-
bune, rendant hommage à la France et recevant
d'elle un honneur sans précédent.
Il n'a voulu parler que des garanties inter-
nationales « Partout, a-t-il dit, les hommes
ne souhaitent pas seulement la sécurité et la
prospérité de la France, mais ils sont prêts à
lui affirmer qu'avec toute la forcé et la ri-
chesse dont ils disposent, ils garantiront sa
sécurité et son intégrité. » A cette noble affir-
mation de solidarité, la France peut répondre
avec reeon-naissainoe, et aussi avec fierté,
qu'elle saura mettre encore au service de
l'humanité, s'il le faut un jour, des chefs et
.des combattants. dignes de ceux qui ont gagné
les deux batailles de la Marne. A ce titre, elle
a conscience d'être la cheville ouvrière de la
Société des nations, dont la tâche essentielle a
été si bien définie par M. Wilson « Que,
chaque fois que la France ou tout autre peuple
libre se trouve menacé, l'univers entier se
dresse pour défendre sa liberté. »
Là-dessus, déclarait hier le président amé-
ricain, il ne doit y avoir « ni doute, ni attente,
ni remise ». Sage recommandation, qui nous
fait toucher du doigt le problème capital. S'il
ne doit pas y avoir d'attente pour élaborer les
garanties internationales, il ne doit pas y en
avoir non plus le jour où ees-gar.anties seraient
appelées à jouer. Dans la Société des nations,
fi y a une question d'espace et une question de
temps. La question d'espace, chacun l'aperçoit
elle consiste à unir des peuples dispersés dans
routes les régions de l'univers. La question de
temps, on y songe moins, et pourtant c'est
elle qui est décisive il s'agit d'obtenir que
l'aide commune, promise à tout peuple me-
nacé, intervienne assez tôt pour sauver la
victime de l'agression.
M1. Wilson n'a pas abordé ce côté de son su-
jet. Mais il a évoqué des souvenirs qui y font
penser irrésistiblement.
Il a rappelé les origines de la guerre, l'époque
où. la France, comme il l'a si bien dit, « se te-
nait debout sur les frontières de la liberté ».
Elle se demandait si elle serait seule dans la
lutte. « Sa question, a ajouté M. Wilson, reçut
la réponse la plus inattendue. Ses alliés arri-
vèrent à son secours, et beaucoup d'autres que
sas alliés. !Les libres peuples du monde vinrent
à son assistance.. iBt c'est alors que l'Amérique a
.payé son tribut de reconnaissance à la France,
en envoyant ses fils combattre sur la terre fran-
çaise. » C'estraconter l'Histoire en un raccourci
saisissant. Mais il faut rétablir les perspectives.
'La guerre où l'Allemagne comptait nous écra-
ser a commencé par un détour. Elle a commencé
par une agression préméditée de l'Autriche-
Hongrie contre la Serbie, 51 millions de sujets
contre 5 millions de citoyens. La Hussie, c'é-
tait la {Russie impériale, a armé pour défen-
dre les Serbes. 'La France, loyalement, s'est pré-
parée à soutenir son alliée russe. Les Allemands
cnt envahi la 'Belgique) et l'Angleterre est entrée
dans la guerre pour défendre la neutralité belge,
ainsi qu'un traité l'y obligeait. Puis le Japon a
jdéclaré la guerre à son tour, en vertu de son al-
jliance avec l'Angleterre. Tout cela ne fut pas
iun spectacle inattendu. Ce ne fut pas davantage
un élan général des peuples courant au secours
de la France. Ce fut, chez les alliés, une série de
mesures défensives, dictées par l'honneur et
par l'intérêt particulier de chaque nation. S'il y
avait eu un élan général pour défendre la li-
berté, comment pourrait-on expliquer que le
peuple américain ait attendu près de trois ans
pour y prendre part?
Pendant vingt-trois mois, jusqu'au moment
où la puissance britannique se révéla dans la
bataille de la Somme, il n'y eut en 'Europe
qu'une grande armée qui coopérât avec nous
contre l'Allemagne: c'était l'armée du tsar Ni-
colas II. L'Italie avait à lutter contre l'Autriche-
Hongrie. iLa Belgique et la Serbie avaient. été
submergées successivement. La victoire est ve-
nue néanmoins, mais au prix de quels sacri-
fices a-t-il fallu tenir jusque-là? Si la future
Société des nations ne devait promettre à ses
adhérents que des triomphes aussi chèrement
payés, elle trouverait peu d'amateurs.
̃( 'Faut-il donc renoncer aux garanties interna-
| tionales de la paix? 'Non, mais il faut les rendre
(efficaces. Il faut que chaque gouvernement af-
î-filic à la Société des nations ait la volonté et
ue pouvoir de signer une convention bien
Isimple: une convention 'aux termes de laquelle
] il s'engagera à entrer immédiatement en guerre,
/avec toutes les forces de son pays, contre tout
Etat qui attaquerait un autre Etat.
La France est prête à signer. Les 'Etats-Unis,
sans doute, y sont prêts aussi. On ne saurait
comprendre autrement le discours du président
Wilson, et l'on se réjouira quand cette interpré-
tation sera confirmée par les faits.
~
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Cs»t1î«
Londres, 4 février.
Lord Hardinfre, qui rentre de Paris, où il a parti-
cipé pendant quelque temps aux travaux de la Con-
férence de la paix, a repris ses fonctions au Foreign
office. T.oncli~es, f~~·riér
Londres, -i février
Suivant le correspondant du Daily Telegraph à
New-York, Mme Roosevelt, veuve de l'ex-prcsident,
s'embarquera mercredi pour venir visiter en France
la tombe de son fils Quentin.
Copenhague, 4 février.
Le navire danois Russ, transportant les bolche-
vistes russes rendus par la France afin d'être
échangés contre les Français retenus en Russie,
•stjaarti samedi. il est arrive à Haaeoe mardi.
soir. Un train spécial transportera les bolchevistes
à la frontière russo-finlandaise où l'échange des I
prisonniers aura eu A bord du Muss se trouve-
rait également M. Duchesne, consul de France à
Petrograd. Stockholm, 4 février.
Un communiqué officiel annonce que le roi Gus-
tave a invité le régent de Finlande, le général
Mannerheim, a passer quelques jours au château
royal. Le général, accompagné du ministre des
aftaires étrangères, sera reçu officiellement à
St ockholm le 12 février.
Bucarest, 3 février.
La propagande officielle hongroise continue à
s'exercer en Transylvanie et à tenter d'y fomen-
ter des troubles ouvriers. Elle vient de répandre
la nouvelle qu'une grève générale aurait éclaté
dans toute 'l'étendue du pays. Le Conseil national
des Roumains de Transylvanie et de Hongrie
donne un démenti à cette nouvelle. Les faits se
réduisent, d'après lui, à une suspension partielle
du travail, survenue le 2 janvier dans les mines
de Petroshani et qui prit fin au bout de quatre ou
cinq heures, les demandes des ouvriers ayant reçu
satisfaction immédiate.
Constaotinople, 4 février.
Les autorités militaires britanniques ont pris
le contrôle de la banque locale Osmanli Milli
Banka, connue sous le nom de Banque nationale
ottomane.
C'est par l'intermédiare de cette banque pure-
ment turque que le comité Union et progrès faisait
ses transactions.
Le cabinet turc se trouve très embarrassé de la
démission du ministre du commerce et de l'agri-
culture, M. Gostaki Vayannis, homme politique
grec, et on parle même d'une nouvelle crise mi-
nistérielle. Le fait est qu'aucune personnalité non
turque n'est disposée a accepter un portefeuille
dans les circonstances actuelles.
• RfrHde-Janeiro, S février.
Le gouvernement a décidé de ne pas élever les
droits de douane sur les huiles, des papiers peints
et les articles de bimbeloterie.
Rio-
Le navire brésilien Therezina ancien vapeur al-
lemand Siegmund, chargé de 40,000 sacs de café
consignés au gouvernement français et en route
pour le Havre, a fait naufrage sur les récifs de
Ponta-do-Boi, près de Santos. L'équipage est
sauvé.
L'escadre américaine est arrivée à Santos.
Buemos-Aires, 3 février.
L'accord entre le gouvernement argentin et les
représentants de la France, de l'Angleterre et de
l'Italie, concernant l'achat des récoltes, est conclu
et sera signé aujourd'hui. En même temps sera
publié un décret établissant les prix.
LA POLITIQUE NAVALE
Tout récemment, M. Leymarine, a fait devant la commissiion de la ma-
rine de guerre un exposé de ce qu'il entendait
par la politique navale que doit adopter la
France. Il montrait que ce. que l'on peut .conce-
voir comme politique d'un pays ne consiste
pas, seulement dans l'armement de iKuyires de
guerre mais forme un ensemble intéressant
toute l'activité nationale au delà des mers
prestige du pavillon, commerce, marine mar-
chande, prospérité coloniale. L'exposé du mi-
nistre est resté dans le domaine de la théorie;
et cela .se comprend, car ce n'est pas au mp-
feierit oft'là Coniférençe de la paix ya étudier la
question navale qu'il est possible d'apporter
une solution concrète sous la forme d'un pro-
gramme de construction de flotte. Ce dont le
ministre a voulu convaincre les membres de
la commission, c'est que rien n'est indifférent
de ce qui intéresse le pavillon au delà des fron-
tières maritimes et qu'il y a nécessité étroite à
avoir une .politique .navale, guide sûr dans tou-
tes circonstances.
Pendant les années de la guerre aujourd'hui
finie, les forces navales, concentrées dans les
eaux européennes pour contenir la flotte de
haute mer allemande et assurer dans ces eaux
la faillite de la guerre sous-marine, n'ont pu
aller comme jadis montrer leur pavillon dans
les autres parties du monde où les populations
se sont déshabituées de les voir le pavillon,
c'est la propagande continue pour le .pays. L'a-
mirauté britannique se prépare à envoyer pro-
chainement par le monde des escadres et
des divisions navales qui rappelleront la puis-
sance du Royaume-Uni et qui faciliteront sin-
gulièrement ses rapports avec les contrées loin-
taines. La diplomatie profite de l'autorité du
pavillon.
C'est encore au drapeau qu'il faut attribuer
les succès commerciaux « La marchandise
suit le pavillon », dit un vieux proverbe dont la
vérité s'est toujours affirmée; une marine mar-
chande forte, agissante, est la meilleure ga-
rantie de la continuité des opérations commer-
ciales entre deux pays. Faire voyager des mar-
chandis.es sous pavillon étranger, c'est prendre
un courtier qui, par la force des choses, fait
l'article contre les marchandises qu'il trans-
porte et engage à en prendre d'autres; il est
donc d'intérêt primordial que les cargaisons
soient couvertes par leur pavillon d'origine.
Faut-il dire qu'à plus forte raison, les trans-
ports sur mer entre les colonies et la métro-
pole doivent s'effectuer sous le pavillon natio-
nal ? S'il en est autrement, le prix du fret est
payé à une nation étrangère qui bénéficie
ainsi de la différence de la valeur de la mar-
chandise entre le port de départ et le port d'ar-
rivée. De même il y a intérêt à ce- que le na-
vire français se rendant dans une colonie fran-
çaise ait comme point de relâche des ports
français, et que p'endant sa navigation, il ait
comme points de contact avec la métropole des
câbles sous-marins français ou des postes de
télégraphie sans fil établis par la France.
Tout se tient en marine, tout concourt au
même résultat la prospérité du pays, la-
quelle ne peut s'obtenir que par une connexion
aussi étroite que possible entre les services qui
sont appelés à résoudre les problèmes qu'elle'
pose. La guerre en a été le grand exemple, l'au-
torité gouvernementale a dû se substituer dans
bien des cas à l'initiative privée. La sécurité
sur mer était garantie par la flotte de guerre,
qui devait protéger efficacement les navires de
la flotte commerciale et assurer ainsi le ravi-
taillement des troupes au front et le transport
des soldats qui venaient les aider. Les bateaux
marchands ne pouvaient être utilisés que dans
l'intérêt de la guerre, dussent les intérêts par-
ticuliers en souffrir. On avait fort bien com-
pris que les opérations navales, qu'elles fus-
sent de guerre ou de ravitaillement, devaient
être étroitement coordonnées, ,,et que .là, était le
gage du succès.
̃En paix, la situation n'est pas la même il
ne s'agit plus de concentrer l'effort vers un
but exclusif, il faut au contraire lui donner
toute l'extension, possible pour remettre le pa-
villon français à la place qu'il occupait jadis
sur mer, et qu'il avait perdue. Il ne s'agit
plus maintenant, comme il y a quelques
mois, de tout sacrifier pour la victoire; celle-
ci acquise, des regards doivent se porter plus
loin. Nous avons un domaine colonial considé-
rable que nous devons rendre prospère; nous
avons un commerce sur mer qu'il faut déve-
lopper au mieux de nos intérêts; nous devons
avoir une marine de .guerre qui donne à l'é-
tranger de iprestige nécessaire à noire pays;
mais pour arriver à cette fin, il j'auli que les
problèmes de politique étrangère soient étu-
diés avec une même unité de vues et solution soit poursuivie avec une même en-
,tente de tous ceux qui sont appelés à une coo-
pération.
Les circonstance», a,ciuel!es nous oUIi-g^nt à
jaraiHJre. fo.ule5 les m©sa«s:. ,'utiles: .icour. ïi«a-
-.< "f.
jpérer sûr les mers îa situation perdue. L'exjpasé
̃du ministre de la marine est donc venu à son
heure.
i»
La vie moins chère
Nous avons reçu la lettre suivante
Mon cher directeur,
Vous êtes préoccupé, comme nous tous, de la
cherté de la vie, et de sa répercussion sur le bud-
get de tous les citoyens, et particulièrement des
employés et des ouvriers.
Jusqu'ici on a cherche le remède dans des in-
demnités de vie chère, qui ont été portées jusqu'à
cinq francs par jour, et quelques personnes son-
gent à augmenter encore ces indemnités.
N'y a-t-il pas un moyen plus intelligent et plus
pratique de résoudre le -problème, en «'efforçant
de diminuer le prix des objets ? P
Les prix élevés atteints par la plupart des arti-
cles, provenaient principalement de la cherté des
frets, des assurances maritimes et de l'élévation
des changes, conséquences de la guerre sous-ma-
rine. À
La fin des hostilités a modifié radicalement la
situation 'les frets ont baissé de plus de moitié,
les. primes d'assurances de guerre ont disparu, les
changes ont diminué, ce qui fait que la plupart
des -marchandises peuvent être importées, en gros,
à des prix eu forte baisse, variant de 25 à 50 0/0.
Dans ces conditions, il n'y a pas de raisons pour
que la plupart des articles ne subissent pas à la
vente au détail une baisse équivalente à celle
qu'ils ont déjà subie en gros.
Le gouvernement pourrait (faciliter cette baisse
de différentes maniëres
1° En liquidant le plus rapidement possible tes
stocks de marchandises diverses qu'il a accu-
mulées sucres, cafés, riz, en ce qui concerne
l'alimentation; fers, cuivres et autres métaux, co-
tons, laines, cuirs, huiles, en ce qui a rapport à
!'industrie; enfin, chevaux, tracteurs, camions au-
tomobiles pour l'agriculture;
2° En facilitant les transports intérieurs par tous
les moyens possibles, ce qui est la mesure la plus
urgente;
3° Enfin en rendant rapidement la liberté com-
plète d'importation et d'exportation au commerce
régulier.
D'un autre côté, les consommateurs,' pendant
quelque temps encore, devraient restreindre leur
consommation le plus possible, en attendant le dé-
part des nombreuses troupes de nos alliés qui sont
de forts consommateurs.
La vérité, en matière économique, c'est la 'li-
berté il faut laisser à l'initiative individuelle les
moyens'd'agir librement; la concurrence des com-
merçants entre eux sera le meilleur moyen d'abais-
ser les prix.
Sans doute cette réduction ne pourra pas se faire
d'un jour à l'autre, mais nos négociants et nos in-
dustriels, si intelligents et si actifs, s'ingénieront
à obtenir des prix bien différents de ceux du quasi-
monopole de 1 Etat.
Terminons donc, le plus rapidement possible, no-
tre régime de consortiums, de contingentements,
d'autorisations,et rendons à notre pays si laborieux
la liberté commerciale et industrielle, qui seule
pourra diminuer les prix de tous les articles, au
grand avantage des consommateurs, et donner à nos
soldats, lorsqu'ils rentreront dans leurs foyers, le
travail nécessaire pour leur permettre de gagner
leur vie et de réparer les brèches de la guerre.
Recevez, etc.
JULES SIEGFRIED.
L'ILE eu RÊVE
Le choix de l'île de Prinkipo comme lieu éven-
tuel d'un rendez-vous de noble compagnie.organisé
par nos diplomates, a déjà fait couler beaucoup
d'encre. On a plaisanté agréablement nos plénipo-
tentiaires sur la pauvreté de leur imagination et
sur le traditionalisme étroit qui les pousse à cher-
cher, une fois de plus, dans une île, le cadre né-
cessaire à une conférence. L'île des Faisans, la
Bidassoa", la paix des Pyrénées hantent la mémoire
de ces metteurs en scène routiniers. l1s énumèrent
toutes les signatures historiques échangées sur une
parcelle de terre isolée par lés eaux, ou même sur
un simple radeau lorsque la nature ne se prêtait
pas à -leur fantaisie.
Mais c'est en vain, qu'ils cherchent à nous
éblouir en nous parlant des avantages d'un terrain
neutralisé, d'une zone extraterritoriale, de la né-
cessité de garder le secret des délibérations, d'iso-
ler les membres de la Conférence, de les soustraire
aux influences extérieures toutes ces belles rai-
sons, tirées de l'Histoire, n'ont plus grande valeur
aujourd'hui. Ils feraient bien mieux d'avouer in-
génument qu'ils ne peuvent s'affranchir du pres-
tige mystérieux que les îles ont toujours exercé
sur l'imagination des grands et des petits enfants.
Les Iles 1. Mot magique', évocateur de lointai-
nes féeries Bouquets de palmiers jaillis des
océans fabuleux, « paradis sortant de l'onde »,
comme disent les librettistes Oasis marines oeki-
tur.ées de corail 1 De quelles séductions la légende
ne vous a-t-elle pas entourées 1 Vous étiez des
créatures vivantes, tantôt secourantes au naviga-
teur, tantôt promptes au maléfice. Au moyen âge,
on vous prêtait l'inquiétant pouvoir de rompre
vos amarres, de voguer comme des nefs et de
disparaître à votre gré, comme l'île fameuse de
Saint-Brandan. Les anciens vous avaient peuplées
de monstres ou de sirènes. Vous étiez la demeure
de Circé, de Calypso et de Polyphème. C'est dans
l'île de Cerigo, l'antique Cythère, que Vénus ar-
rêtait le vol de ses colombes; c'est dans l'île do
Chypre que Cypris était adorée..
Les Iles Les bois des Iles Les oiseaux des
Iles! Trésors un peu surnaturels et baudelai-
riens dont le seul nom fascinateur trouble les poè-
tes Les Antilles, les Canaries, Tahiti la douce,
Java l'enchanteresse, que de couleurs et que de
parfums 1
Et quelle majesté vous ^êtez à toutes choses 1
Ile d'Elbe,Sainte-Hélène, quelle grandeur vous avez
conférée à la cage d'un aigle Et comme un exil
politique prend plus d'allure à Guernesey qu'à
Saint-Sébastien 1 Vous parez le châtiment lui-
même d'une sorte de dignité redoutable l'île du
Diaible brille d'une sombre splendeur, à la façon
du château d'If et des souterrains de Monte-
Cristo.
Lorsqu'elle est sertie dans les griffes des flots,
la terre est un joyau,et la pierre devient précieuse,
Le prestige du Mont-Saint-Michel s'évanouira le.
jour où Panneau de la vague cessera d'enchâsser
ce bijou ciselé. Et le défi de l'Aohilleion n'est excu-
sable qu'à Corfou..
Les habitants des îles ont obscurément cons-
cience de ce sortilège. Les ethnographes ont tou-
jours noté leur fierté, leur indépendance et leur
attachement farouche au sol natal. Comme le fils
de Laërte avait l'orgueil d'Ithaque! Comme les An-
glais et les Corses aiment leur île et sont jaloux
de leur « insularité» Et n'avei-vous pas ranar-,
qué, ô Parisiens de Montmartre ou de la colline
Sainte-Genevièvei combien les habitants de Fila
Saint-Louis s'enorgueillissent de leur splendide
isolement?.
La Cité, cœur de Lutèce et de la France, est une
ile. Et les iles de la Jatte et de Nogent, Borromées
suburbaines, ne s.oni-elles pas, dans les beaux di-
manches d'été, les pitoyables paradis, où les pau-
vres citadins modernes, morts à la beauté, paro-
dient lamentablement YÉmbarquement pour Cy-
thère?.
L'île est un nid favorable à .l'éclosion des plus
beaux rêves. Voilà ce qui séduit, sans doute, les
architectes de l'Europe future qui veulent trans-
porter à Prinkipo leurs épures et leurs devis. Ne
les détournons pas de leur dessein de prendre un
peu de recul en s'éloignant du continent. Leur vue
d'ensemble sera, plus juste, et sur une île déserte,
ces reeoTistructeurs de la civilisation finiront peut-
être par atteindre à >la sereine et magnifique sa-
gesse d'un Robinson Crusoé, qui fut le modèle des
sociologues, de.?.. économistes et des oreaaisa-
Lteurd. ,V, J, ̃
lE RENOUVELLEMENT DE L'ARMISTICE
Quatre-vingt-sixième jour
Les navires de commerce livrables à, l'Entente
On mande do Hambourg au Frankfurter Na-
richten
Une première escadre de navires de commerce o
allemands devait être livrée samedi à l'Entente. Le
départ n'a pu avoir lieu, car l'accord n'est pas in-
tervenu entre les gens de mer et les armateurs.
L'association des gens de mer a menacé de ne pas
se dessaisir des navires aussi longtemps que satis-
faction ne lui serait pas donnée.
Suspension de la « Gazette de Cologne »
La Gazette de Francfort dit que l'autorité mili-
taire anglaise, qui occupe la tête de pont de Colo-
gne, a suspendu la Gazette de Cologne pour dix
jours et le Kœlner Tageblatt pour huit jours.
-.00
LA CONFERENCE DE LA PAIX
La Ligue des nations
L~~
Le président Wilson a réuni officieusement hier
après-midi les membres de la commission de la
Ligue des nations, pour échanger leurs vues sur
la procédure à suivre et sur l'adoption d'une mé-
thode qui facilitera les progrès de la discus-
sion.
Il a été reconnu qu'un accord de principes était
intervenu par les résolutions antérieurement adop-
tées a4 la Conférence..
La discussion sera poursuivie dans une réu-
nion qui sera tenue à l'hôtel Cri'llon ce soir, à huit
heures.
I Un avant-projet anglo-américain
Le Daily Mail croit savoir qu'au cours de la
réunion d'hier et comme résultat des discussions
qui avaient eu lieu précédemment, surtout entre
les délégués anglais et américains, la question a
fait un grand pas et que très probablement le
programme complet de la Ligue pourra être
présenté au cours d'une conférence plénière de la
Conférence de paix, samedi prochain.
Le projet provisoire soumis à la réunion est
le résultat d'une conférence entre lord Robert
Gecii, le général Smuts, le colonel House et le'
président Wrlson, avec certaines additions et mo-
difications empruntées aux projets français, ita-
lien et belge.
Le document, sous forme d une brochure à cou-
verture jaune portant le mot « Covenant », con-
tient 3,000 mots et se compose d'un préambule et
de 22 articles contenant les principaux points sur
lesquels les nations auront à se prononcer, ainsi
qu'Un supplément qui réunira les règles de la
guerre.
Les 22 articles traitent notamment du désarme-
ment de la fabrication des munitions, des tribu-
naux internationaux d'arbitrage et de conciliation,
du contrôle des territoires et des voies fluviales
et notamment de la liberté des mers, des aéro-
planes, des armes économiques comme moyens de
coercition et de la guerre sur terre et sur mer.
Vœux des « associations pour la Société
des nations n
M. Léon Bourgeois a déposé hier à la réunion
officieuse de la commission de la Ligue des na-
tions, las vœux émis par les « associations pour
la '{jjaciété <|es nations » appartenant aux pays al-
iiés> '̃;̃ '̃̃ •
lies vceux suivants ont été émis à d'unanimité
1« Que la Conférence fasse appel aux gouvernements
associés et alliés pour que dans le traité de paix ne
soit .comprise aucune disposition contraire aux prin-
cipes exposés dans les quatorze points du président
Wilsoa
2° Que la Société des nations soit non seulement la
gardienne de la paix internationale, mais qu'elle s'in-
téresse à la paix sooiaje, et que dans ce but, elîe
s'efforce de rendre universelle toutes les conditions hu-
maines du travail que jusqu'ici des mations de haute
civilisation n'ont pas cru devoir adopter;
3° o) Qu'eMo établisse un bureau interoationall du tra-
vail qui sera chargé de recueillir et d'unifier les sta-
tistiques, de poursuivre toutes les recherches d'ordre
sociài, technique et physiologique. et de surveiller l'exé-
cution des lois internationales protectrices dn travail in-
dustriel, agricole, etc.; b) une conférence internatio-
nale du' travail dans laquelle employeurs et employés
seront représentés et qui se réunira périodiquement dans
le but de moderniser la législation du travail;
4° Qu'une commission internationale d'enseignement
soit un organe actif. L'enseignement est le principal
moyen par lequel une démocratie mondiale responsable
peut être développée et par lequel une Société des
.nations peut se maintenir. Cette commission devrait
être chargée de rédiger un plan par lequel l'ensei-
gnement devra pourvoir aux besoins fondamentaux de
la démocratie. Ce plan, par conséquent, devra fournir
les moyens d'un enseignement sur les droits et les
Revoirs des citoyens vis-à-vis de la démocratie et
l'extension du privilège de l'enseignement à toutes les
nations et à toutes les olasses.
Une autre catégorie de vœux visant les ques-
tions d'ordre militaire a obtenu une adhésion gé-
nérale' des associations, mais n'a pu réunir un vote
unanime, la délégation des Etats-Unis d'Amérique
n'ayant pas reçu mandat de traiterces questions, j
Voici le texte de ces vœux
1° Qiie les Etats alliés et associés imposent,
dans le traité de paix, aux Etats ennemis, la limitation
des armements et le contrôle sur leur fabrication, de fa-
çon à permettre aux Etats de la Société des nations
de réduire immédiatement et dans une forte mesure
leurs forces militau'es;
2" Que la Société fixe pour chaque associé le chiffre
des forces militaires de terre et de mer sans autres
limitas que la nécessité de faire face aux agressions
possibles dos Etats exclus de la Société ou en révolte
contre ses décisions;
8» Que les Etats associés puissent, de façon générale,
considérer leur défense comme assurée pour longtemps
par l'emploi des armes que la guerre et la victoire
ont mises à leur disposition;
4° Que les Etats associés. s'interdisent la vente
aux Etats étrangers à la Société des nations des ar-
mes et munitions qu'ils possèdent actuellement et de
ceiBes que les fabriques d'Etat pourraient produire
ultérieurement;
5° Que le commerce et la fabrication par des éta-
blissements privés de toutes les armes et munitions
de guerre soient interdits.
Un projet danois
On sait que les trois pays scandinaves avaient
établi pendant la guerre des comités chargés d'exa-
miner les questions concernant la sauvegarde des
intérêts des neutres à la fin des hostilités et après
la conclusion de la paix.
Le comité danois vient de publier le projet qu'il
a élaboré relatif à l'organisation judiciaire inter-
nationale. Ge projet comporte l'obligation pour les
Etats de soumettre tout point douteux, avant de re-
courjr à l'emploi de la force, à la décision d'un tri-
bunal international ou d'un organe de conciliation.
TI est établi comme condition indispensable que
l'accès de l'organisation en question sera ouvert à
tous, .les Etats civilisés. Un conseil international ser-
virait d'intermédiaire.
La réparation des dommages
La commission de la réparation des dommages
s'est réunie, pour la première fois, hier apres-
midi, au ministère des finances; M. Klotz a ac-
cueilli les délégués et leur a souhaité la bienvenue.
La commission a immédiatement constitué son
bureau. Sur la proposition de M. Hughes (empire
britannique), appuyée par MM. Van den Heuvel
(Belgique), Ghiesa (Italie), Baruch (Etats-Unis), M.
Klotz a été élu président, MM. Hughes et Van den
Hcûvelont été élus vice-présidents.
M. Klotz, prenant possession du fauteuil de la
présidence, n'a voulu prononcer que ces mots:
« Merci. Au travail. Pour la justice. Voilà notre
programme. »
La commission a décidé de se réunir cet après-
midi pour régler les détails de son organisation in-
térieure. Dès mercredi matin, elle commencera 'la
discussion générale des principes.
Voici la composition définitive de la commission j
de' réparations des dommages
-"États-Unis d'Araérioue M,Baruch,_M._D»Yis. M. Mac
l^C^racûcic.
Empire britaanlqaft B Si. Bugbes, lord Saramer, lord
GunUffe..
France MM. Klotz, Louoheur, Lebrun.
Italie Mil. Salaradra, d'Ameglio, Eugenio Chieea.
Japon MM. Mori, Nagaoka, Fukai.
^Belgique MM. Van den Heuvel, Despret.
Grèce MM. Romanos, Michalocopoulos.
Pologne MM. Chamiec, Olshowski.
Serbie MM. Stoyanovitch, Milooh Savtchitoh.
Roumanie M. Daniolopol, Zahariad,
Les responsabilités
En prenant la présidence de' la commission des
responsabilités, M. Lansing a prononcé le discours
suivant:
Messieurs, le travail que nous avons à faire ici est
tout à fait nouveau; Je crois en effet que c'est la pre-
mière fois qu'est instituée une pareille commission. Nous
devons étudier avec un soin extrême toutes les ques-
tions qui seront posées devant nous.
Notre premier devoir est de déterminer d'une façon
précise la composition de notre commission. Cinq ques-
tions sont soumises à nos considérations. Si nous vou-
lons les étudier et les examiner dans les détails, nos
délibérations dureront des mais. C'est donc pour gagner
du temps que je vous propose d'instituer un comité
qui sera chargé de procéder à l'étude et à l'exa-
men de ces questions.
Sur la proposition de M. Lansing, sir Gordon Ho-
wart et M. Scialoja sont élus vice-présidents et M.
de Lapradelle secrétaire général de la commission.
Apres un échange de vues au sujet des méthodes
de travail, la commission décide de se former en
trois sous-commissions suivant une répartition
confiée à un comité de trois membres: MM. W. F.
Massey, Tardieu et Politis.
Le régime international des ports
La commission pour l'étude du régime dnterna-
tional des ports, voies d'eau et voies ferrées s'est
réunie hier après-midi, au ministère des travaux
publics, sous la présidence provisoire de M. Ola-
veille, ministre des travaux publics et premier
délégué français..
Etaient présents pour les Etats-Unis d'Amé-
rique, M. Henry White et l'hon. David Hunter-
'Milier; pour l'empire britannique, l'hon. A. L.
SLfton et sir Hubert Llewelyn Smith; pour Ja
France, MM. ClaveiWe et A. Weiss; pour l'Italie,
MM. Greapi et Martino; pour le Japon, MM. Matsui
et le colonel Sato; pour da Belgique, M. de Vd's-
ahère; pour la Chine, M. Tehon Ting Thomas
Wang; pour la Grèce, M. Coromilas; pour la Ser-
bie, M. Trumbitoh; pour l'Uruguay, M. Jnan Car-
los Blanco.
En ouvrant la séance, M. Glaveille se déclare
heureux de souhaiter la bienvenue aux hommes
éminents que la Conférence de la paix a désignés
pour étudier les règles internationales des tports,
voies d'eau et voies ferrées. Depuis le début de la
guerre, et surtout depuis deux ans, comme sous-
secrétaire d'Etat, ministre, président du comité
interallié, il a eu, dit-il, la responsabilité des
transports intéressant les armées alliées combat-
tant sur le front occidental. Ses fonctions l'ont
mis en relations avec les représentants des puis-
sances alliées, principalement avec les Améri-
cains, les Anglais, les Belges, les Italiens. Chez
tous, ill a rencontré beaucoup de bonne volonté,
avec tous il a eu les rapports les plus cordiaux et
les plus amicaux. Comme eux, il a connu dans le
passé de terribles épreuves. Mais aujourd'hui, la
confiance que la Conférence leur donnera la paix
justifiée par leur victoire fait oublier aux allies
leurs angoisses et leur apporte un grand ré-
confort
M. Claveillè propose à la commission de se met-
tre immédiatement au travail en constituant son
bureau. Au nom de là délégation française, ilipro-
pose à là' commission délire pour président
M. Orespi, ministre du ravitaillement du royaume
d'Italie, et pour vice-président le premier délé-
gué britannique, l'hon. A. L. Sifton. Cette mo-
tion, appuyée par M. Henry Whiite (Amérique),
est adoptée à l'unanimité. La commission élit en-
suite comme secrétaire général M. Chargueraud
(France), vice-président du conseil supérieur des
travaux publics. Chaque délégation désigne un
secrétaire.
Statuant sur un vœu qui lui a été envoyé par
le bureau de la Conférence de la paix, la commis-
sion décide d'attribuer aux puissances « à inté-
rêts particuliers » quatre sièges supplémen-
taires, dont les titulaires seront désignés par la
Pologne, le Portugal, da Roumanie et la Répu-
blique tohéco-slovaque. Elle décide que chaque
délégation pourra se faire accompagner à chaque
séance par deux délégués techniques.
MiM. Claveillè et Siïton déposent sur le bureau
les projets préparés respectivement par les délé-
gations française et britannique, en vue d'arrê-
ter le programme des travaux de la commission.
La commission décide que ces documents seront
imprimés et distribués.
La commission s'ajourne au lundi 10 février.
L'exposé de M. Venizelos
Dans l'exposé que le président du conseil de
Grèce a fait hier devant le comité des grandes
puissances, M. Venizelos a développé les revendi-
cations de son pays sur l'Epire du nord, les îles
du Dodécanèse, les rivages de la mer Egée et la
Thrace.
D'après les demandes grecques, da frontière nord
de l'Epire du nord serait définie par une ligne e
descendant de l'ouest à l'est, de l'extrémité sud du
lac d'Okhrida et passant par Tepelini pour abou-
l' LES REVENDICATIONS GRECQUES
Le viloyet d'Aïdià et l'Ile de Chypre (grisés en Ugnes
obliques) ont été offerts à la Grèce en 1815 par les
gouvernements anglais et français pour le cas où cet
Etat interviendrait aux cOtés de l'Entente. L'île de
Chypre a été aussi offerte par l'Angleterre en 491S.
Les autres revendications territoriales grecques sont
marquées en pointillé.
tir à la mer au nord de la ville d'Hdmara. La
Grèce revendique ce territoire où ses nationaux
sont en majorité depuis la guerre de 1913; après
la fin de l'aventure du prince de Wied, l'Angle-
terre avait demandé à la Grèce d'occuper ces ter-
ritoires, Vallona restant sous d'ooeupation italienne.
[ L'île de Chypre, qui avait été offerte à la Grèce
par le gouvernement de Londres en 1915 pour
prix d'une collaboration militaire, et que le gou-
vernement du roi Constantin avait refusée, est re-
yendiquée. Sa population est hellénique.
i&s îles du 'Podétosnèsô (Iles de «Ja mer. figée
au sud de 'F Asie-Mineure, dont la' principale et
Rhodes) font aussi l'objet des réclamations de la
Grèce. Ces îles avaient été cédées à titre provi-
soire à l'Italie après la guerre italo-turque de
1912 leur possession avait été confirmée aux Ita-
liens par l'accord d'avril 1916 conclu entre l'Ita-<
lie, l'Angleterre, la France et la Russie, au mo-
ment de l'entrée en guerre de l'Italie. M. Venize-
los invoque encore le principe des nationalités.
Enfin, se basant sur ce môme iprincipe; 'le dé-
légué grec demande la Thrace qui avait été con-
cédée aux Bulgares après ]a guerre de 1912. Le
territoire revendiqué serait borné au sud par la
mer Egée, la partie nord de la presqu'île de Gal-
lipoli et la mer de Marmara jusqu'à Silivri, à
l'ouest par la frontière gréco-bulgare actuelle et
au nord par le cours de l'Arda jusqu'à son con-
fluent avec la Maritza, les vil!es d'Andrinople et
de Kirk-KiJissé étant attribuées aux Grecs, le cours
de la Rezvaia jusqu'au cap Vniada. M. Venize-
los a fait ressortir que tout ce territoire est pres-
que exclusivement habité par des Hellènes qui
n'ont cessé de protester depuis 1913 contre leur
annexion à la Bulgarie (84,652 Grecs contre
31,875 Bulgares).
M. Venizelos expose aujourd'hui le point de vue
grec sur la questionde Constantinople et de l'Asie-
Mineure.
Un projet américain sur la liberté des mers
M". Richard Oulahan, un des correspondants spé-
ciaux du New-York Times, ù Paris, télégraphie
à Washington que la délégation américaine a pré-
paré un ;projet sur la liberté des mers. Ce projet
comprend les cinq points suivants
1° Aucune nation me devra posséder une :flotte
assez importante pour pouvoir a elle seule avoir
le Contrôle des mers;
2° !Les règlements concernant les mers, élaborés
en temps de paix pour la période d'hostilités, ne
devront pas être modifiés.au cours du conflit;
3° Chaque nation, belligérante ou neutre, sera
strietemeoit responsable envers la Ligue des na-
tions de l'observation des règlements concernant'
les. mers en temps de guerre;
4° La contrebande de guerre sera explicite-
ment définie en temps de paix, et aucun neutre
me pourra expédier des marchandises ainsi dé-
finies à un belligérant, et les navires des neutres ne
pourront essayer de forcer le blocus établi par rai
belligérant;
5° L'usage des sous-marins sera restreint ou
de préférence complètement interdit.
Une protestation de M. Erzberger
Au cours d'une assemblée de la Société colo-
niale, M. Erzberger, dit une dépêche de Berlin, a
prononcé un discours dans lequel il a dit notam-
ment ceci
Les alliés auraient l'intention d'enlever à l'Allemagne
toutes ses colonies et contestant aux Allemands toute
capacité colonisatrice. Les colonies britanniques, fran-
çaises et portugaises sont beaucoup plus grandes et peu-
plées que les colonies ̃aMema-ndes avant la guerre. Or,
l'on veut méditer encore la proportion en faveur des al-
liés.
Si nous n'avons plus de troupes ni d'armes, nous
avons notre bon droit. Les alliés ont accepté les 14 points
du présidant Wilson comme l'Allemagne. Le président
,Wilson demande un règlement large et impartial de
toutes Jes questions coloniales. Or, les alliés veulent im-
poser la votante du plus fort sans tenir compte des
droits allemands. Une solution enlevant à l'Allemagne
toutes ses colonies contiendrait un germe mortel pour la
Ligue des nations avant même que tta ligue ait vu Je
jour. S'il n'est pas représenté dans les négociations dé-i
oisives, le peuple allemand, de chez lui, doit protester
d'autant plus énergiquement.
Noiissàvoris qu'on a proposé iranternationalisation des
colonies allemandes sous l'administration de la Ligue"
des nations. Nous devons repousser catégoriquement
cette proposition ou réclamer le même traitement pour
les colonies de toutes des autres puissances. Le pro-
gramme Wilson donne à 'l'Allemagne un droit invùolabte
pour son teinritoire colonial. Le vol qui se commet a. Paris
ne portera pas bonheur au inonde et attaque directement
l'existence m<5me de la Société des nations. Lo peuple
allemand doit se lever comme un seul homme. Sa pro-
testation énergique doit être entendue aussi bien sur la
Seine que sur la Tamise et à Washington.
La GOBtacs de Prinkipo el les fjo!efcevistes
D'après une dépêche de Londres, la réponse du
Populaire h Tchitoherine, commissaire du peuple
pour les aflaires étrangères dans le gouvernement
des Soviets russes, a été transmise de Paris en
Amérique comme nouvelle de presse. Des Etats-
Unis, le message aurait été envoyé par T. S. F. en
Russie.
Le radiotêlégrammc suivant a été envoyé de Moscou,
2 février, « à. Berlin, Paris et pour tous »
Le commissaire du peuple aux affaires étran-
gères Tchitcherine a fait connaître au collège
des commissaires du peuple qu'il avait reçu un
radiotélégramme contenant des nouvelles de presse
̃d'après lesquelles l'Entente, à Paris, avait fait des `
propositions aux différents gouvernements de Rus-
sie au sujet d'une conférence qui aurait lieu à l'île
des Princes. Le commissaire du peuple ajoute
qu'aucune invitation formelle n'est arrivée de la
part de l'Entente au sujet de ladite conférence.
Toutes les mesures seront prises pour amener
un accord avec l'Entente.
Nous avons cité hier le Journal du Peuple, qui
attribuait au « gouvernement américain » seul
la responsabilité de la transmission.
Ce matin le Journal du Peuple se tait.
Par contre, VHum-anité dit que la réponse aux
Soviets a été transmise « non point, comme l'af-
firment les journalistes plus soucieux de com-
battre Wilson que de respecter la vérité, par tes
soins du gouvernement américain^ mais par l'in-
termédiaire d'amis complaisants ».
Nous n'avons qu'un mot à répondre les jour-
nalistes qui ont fait tort à M. Wilson sont ceux
qui, dans Je Journal du Peuple, ont attribué au
gouvernement des Etats-Unis 'la transmission du
message refusée par le gouvernement français.
Le départ du président Wilson
Le Daily Mail annonce que le président Wilsoa
s'embarquera pour îles Etats-Unis entre le '12 et le
15 février jà bord du George-Washington, navire
sur lequel il est arrivé.
Ce navire, qui sera d'ailleurs utilisé comme
transport n'aura à bord comme passagers civils
que 1© président et sa suite immédiate.
L- -4~ IJ
1 LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La réoeptkra du président Wilson à la Chambre
des dépujfés a été une belle cérémonie pleine de
grandeur et d'émotion. La séance d'hier comptera',
parmi les plus fameuses de notre histoire, éga-
lant, sinon surpassant, celles cependant si gran-
dioses du 4 août 1914 et du 11 novembre 1918.
On connaît déjà, par les indications que nous
avons données hier aux Dernières nouvelles, la
manière dont la cérémonie avait été organisée ef
devait s'accomplir.
Ce qui nous reste à retracer aujourd'hui, c'est
la physionomie de cette inoubliable réunion.
Un peu avant l'ouverture de la séance, la salie,
était garnie de tous ses invités. Dans la tribune du-
président de 'ia. Chambre, au premier rang, se trou-
vaient Mme Wilson, ayant à sa droite Mme Paul
Desohanel et à sa gauche Mme Poincaré, et Mme'
Sharp, ambassadrice des Etats-Unis. La tribune
du président de la République avait été réservée
aux premiers ministres et membres des missions
accréditées à la Conférence de la paix. MM. Lloyc|
George, Lansing, Orlando s'y trouvaient, à côté de
MM. Kramarcz, Venizelos, Bratiano, etc.
Tout le corps diplomatique ordinaire, aussi bien
les représentants des puissances alliées que ceui
des puissances neutres, occupait sa loge.
Comme nous l'avons dit hier, les députés avaient
accueilli les sénateurs parmi eux. Bien peu de
membres étaient absents, et l'on peut dire que c'est'
vraiment l'Assemblée nationale tout entière qui'
siégeait sur les gradins du Palais-Bourbon.
A cinq heures précises, te' cortège fait son entrée1
dans l'hémicycle. Les cinq présidents MM. Wil-i
son, Poincaré, Antonin Dubost, Clemenceau eW
Paul Deschanel, précédés des huissiers, viennent'
prendre, séance, et à ce 'moment la salle tout ©n-1
tière, représentants et invités, ee lève d'un mou-^
,vement unanime et les accueille par des aoDiaui.
Os s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9°), et dan tous les Bureaux de Poste
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BHIOîî POSTALE 1S fr.; SS fr.; 78 fr.
LES ABOHNKMEKïS DATENT DES 1" ET 16 DE CHA0CI5 MOIS
Un numéro (à. ÎParis) 1 S centimes
Directeur politique Eaùle-Adrien Hébrard
ÏOtttes les lettres destinées à la Eédaction doivent être adressées an Directes
le Journal Me pouvant répondre des manuscrits communiqués
prie les auteurs d'en garder copie
Adresse télégraphique temps pakib
Paris, 4 février
8ULLETIN DU JOUR
LES GARANTIES DE LA FRANCE
En recevant hier le président Wilson au
jPalais^Bourbon, M. Paul Deschanel lui disait
;« A vos yeux comme aux nôtres, la condition
preimière, le fondement même de l'organisation
nouvelle du monde, c'est une France mise défi-
nitivement à l'abri des provocations et des
attaques. » Telle est en effet la leçon de l'expé-
rience. Pourquoi les dirigeants de l'Allemagne
ont- ils fait la guerre? Parce qu'ils espéraient
écraser la France en quelques semaines. Pour
éviter une nouvelle guerre, que faut-il avant
tout? Il faut qu'aucun Allemand ne puisse
plus faire ce calcul scélérat. Sans garanties
pour la France, pas de garanties pour la paix.
En quelques mots lucides, M. Paul Descha-
ne'l a défini les garanties dont notre pays et la
paix du monde ont solidairement besoin. Elles
sont de deux sortes « Garanties territoriales,
militaires, économiques, financières, proté-
geant les victimes de l'ambition allemande
contre de perpétuelles alertes; garanties supé-
rieures par le concert de's peuples libres, avec
des sanctions efficaces pour châtier les crimes
contre le repos du monde, et d'abord pour les
prévenir. » Ce n'est pas uniquement à la France
que s'applique cette distinction entre les garan-
ties nationales et les garanties internationales.
C'est une vérité d'ordre universel. Faisons d'a-
bord que les peuples pacifiques soient forts;
à cette condition, mais à cette condition seule-
ment, ils pourront se garantir entre eux et
assurer la paix au monde.
Voilà les idées claires qui flottaient dans
l'atmosphère du Palais-Bourbon, quand le
président des Etats-Unis est monté à la tri-
bune, rendant hommage à la France et recevant
d'elle un honneur sans précédent.
Il n'a voulu parler que des garanties inter-
nationales « Partout, a-t-il dit, les hommes
ne souhaitent pas seulement la sécurité et la
prospérité de la France, mais ils sont prêts à
lui affirmer qu'avec toute la forcé et la ri-
chesse dont ils disposent, ils garantiront sa
sécurité et son intégrité. » A cette noble affir-
mation de solidarité, la France peut répondre
avec reeon-naissainoe, et aussi avec fierté,
qu'elle saura mettre encore au service de
l'humanité, s'il le faut un jour, des chefs et
.des combattants. dignes de ceux qui ont gagné
les deux batailles de la Marne. A ce titre, elle
a conscience d'être la cheville ouvrière de la
Société des nations, dont la tâche essentielle a
été si bien définie par M. Wilson « Que,
chaque fois que la France ou tout autre peuple
libre se trouve menacé, l'univers entier se
dresse pour défendre sa liberté. »
Là-dessus, déclarait hier le président amé-
ricain, il ne doit y avoir « ni doute, ni attente,
ni remise ». Sage recommandation, qui nous
fait toucher du doigt le problème capital. S'il
ne doit pas y avoir d'attente pour élaborer les
garanties internationales, il ne doit pas y en
avoir non plus le jour où ees-gar.anties seraient
appelées à jouer. Dans la Société des nations,
fi y a une question d'espace et une question de
temps. La question d'espace, chacun l'aperçoit
elle consiste à unir des peuples dispersés dans
routes les régions de l'univers. La question de
temps, on y songe moins, et pourtant c'est
elle qui est décisive il s'agit d'obtenir que
l'aide commune, promise à tout peuple me-
nacé, intervienne assez tôt pour sauver la
victime de l'agression.
M1. Wilson n'a pas abordé ce côté de son su-
jet. Mais il a évoqué des souvenirs qui y font
penser irrésistiblement.
Il a rappelé les origines de la guerre, l'époque
où. la France, comme il l'a si bien dit, « se te-
nait debout sur les frontières de la liberté ».
Elle se demandait si elle serait seule dans la
lutte. « Sa question, a ajouté M. Wilson, reçut
la réponse la plus inattendue. Ses alliés arri-
vèrent à son secours, et beaucoup d'autres que
sas alliés. !Les libres peuples du monde vinrent
à son assistance.. iBt c'est alors que l'Amérique a
.payé son tribut de reconnaissance à la France,
en envoyant ses fils combattre sur la terre fran-
çaise. » C'estraconter l'Histoire en un raccourci
saisissant. Mais il faut rétablir les perspectives.
'La guerre où l'Allemagne comptait nous écra-
ser a commencé par un détour. Elle a commencé
par une agression préméditée de l'Autriche-
Hongrie contre la Serbie, 51 millions de sujets
contre 5 millions de citoyens. La Hussie, c'é-
tait la {Russie impériale, a armé pour défen-
dre les Serbes. 'La France, loyalement, s'est pré-
parée à soutenir son alliée russe. Les Allemands
cnt envahi la 'Belgique) et l'Angleterre est entrée
dans la guerre pour défendre la neutralité belge,
ainsi qu'un traité l'y obligeait. Puis le Japon a
jdéclaré la guerre à son tour, en vertu de son al-
jliance avec l'Angleterre. Tout cela ne fut pas
iun spectacle inattendu. Ce ne fut pas davantage
un élan général des peuples courant au secours
de la France. Ce fut, chez les alliés, une série de
mesures défensives, dictées par l'honneur et
par l'intérêt particulier de chaque nation. S'il y
avait eu un élan général pour défendre la li-
berté, comment pourrait-on expliquer que le
peuple américain ait attendu près de trois ans
pour y prendre part?
Pendant vingt-trois mois, jusqu'au moment
où la puissance britannique se révéla dans la
bataille de la Somme, il n'y eut en 'Europe
qu'une grande armée qui coopérât avec nous
contre l'Allemagne: c'était l'armée du tsar Ni-
colas II. L'Italie avait à lutter contre l'Autriche-
Hongrie. iLa Belgique et la Serbie avaient. été
submergées successivement. La victoire est ve-
nue néanmoins, mais au prix de quels sacri-
fices a-t-il fallu tenir jusque-là? Si la future
Société des nations ne devait promettre à ses
adhérents que des triomphes aussi chèrement
payés, elle trouverait peu d'amateurs.
̃( 'Faut-il donc renoncer aux garanties interna-
| tionales de la paix? 'Non, mais il faut les rendre
(efficaces. Il faut que chaque gouvernement af-
î-filic à la Société des nations ait la volonté et
ue pouvoir de signer une convention bien
Isimple: une convention 'aux termes de laquelle
] il s'engagera à entrer immédiatement en guerre,
/avec toutes les forces de son pays, contre tout
Etat qui attaquerait un autre Etat.
La France est prête à signer. Les 'Etats-Unis,
sans doute, y sont prêts aussi. On ne saurait
comprendre autrement le discours du président
Wilson, et l'on se réjouira quand cette interpré-
tation sera confirmée par les faits.
~
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Cs»t1î«
Londres, 4 février.
Lord Hardinfre, qui rentre de Paris, où il a parti-
cipé pendant quelque temps aux travaux de la Con-
férence de la paix, a repris ses fonctions au Foreign
office. T.oncli~es, f~~·riér
Londres, -i février
Suivant le correspondant du Daily Telegraph à
New-York, Mme Roosevelt, veuve de l'ex-prcsident,
s'embarquera mercredi pour venir visiter en France
la tombe de son fils Quentin.
Copenhague, 4 février.
Le navire danois Russ, transportant les bolche-
vistes russes rendus par la France afin d'être
échangés contre les Français retenus en Russie,
•stjaarti samedi. il est arrive à Haaeoe mardi.
soir. Un train spécial transportera les bolchevistes
à la frontière russo-finlandaise où l'échange des I
prisonniers aura eu A bord du Muss se trouve-
rait également M. Duchesne, consul de France à
Petrograd. Stockholm, 4 février.
Un communiqué officiel annonce que le roi Gus-
tave a invité le régent de Finlande, le général
Mannerheim, a passer quelques jours au château
royal. Le général, accompagné du ministre des
aftaires étrangères, sera reçu officiellement à
St ockholm le 12 février.
Bucarest, 3 février.
La propagande officielle hongroise continue à
s'exercer en Transylvanie et à tenter d'y fomen-
ter des troubles ouvriers. Elle vient de répandre
la nouvelle qu'une grève générale aurait éclaté
dans toute 'l'étendue du pays. Le Conseil national
des Roumains de Transylvanie et de Hongrie
donne un démenti à cette nouvelle. Les faits se
réduisent, d'après lui, à une suspension partielle
du travail, survenue le 2 janvier dans les mines
de Petroshani et qui prit fin au bout de quatre ou
cinq heures, les demandes des ouvriers ayant reçu
satisfaction immédiate.
Constaotinople, 4 février.
Les autorités militaires britanniques ont pris
le contrôle de la banque locale Osmanli Milli
Banka, connue sous le nom de Banque nationale
ottomane.
C'est par l'intermédiare de cette banque pure-
ment turque que le comité Union et progrès faisait
ses transactions.
Le cabinet turc se trouve très embarrassé de la
démission du ministre du commerce et de l'agri-
culture, M. Gostaki Vayannis, homme politique
grec, et on parle même d'une nouvelle crise mi-
nistérielle. Le fait est qu'aucune personnalité non
turque n'est disposée a accepter un portefeuille
dans les circonstances actuelles.
• RfrHde-Janeiro, S février.
Le gouvernement a décidé de ne pas élever les
droits de douane sur les huiles, des papiers peints
et les articles de bimbeloterie.
Rio-
Le navire brésilien Therezina ancien vapeur al-
lemand Siegmund, chargé de 40,000 sacs de café
consignés au gouvernement français et en route
pour le Havre, a fait naufrage sur les récifs de
Ponta-do-Boi, près de Santos. L'équipage est
sauvé.
L'escadre américaine est arrivée à Santos.
Buemos-Aires, 3 février.
L'accord entre le gouvernement argentin et les
représentants de la France, de l'Angleterre et de
l'Italie, concernant l'achat des récoltes, est conclu
et sera signé aujourd'hui. En même temps sera
publié un décret établissant les prix.
LA POLITIQUE NAVALE
Tout récemment, M. Ley
rine de guerre un exposé de ce qu'il entendait
par la politique navale que doit adopter la
France. Il montrait que ce. que l'on peut .conce-
voir comme politique d'un pays ne consiste
pas, seulement dans l'armement de iKuyires de
guerre mais forme un ensemble intéressant
toute l'activité nationale au delà des mers
prestige du pavillon, commerce, marine mar-
chande, prospérité coloniale. L'exposé du mi-
nistre est resté dans le domaine de la théorie;
et cela .se comprend, car ce n'est pas au mp-
feierit oft'là Coniférençe de la paix ya étudier la
question navale qu'il est possible d'apporter
une solution concrète sous la forme d'un pro-
gramme de construction de flotte. Ce dont le
ministre a voulu convaincre les membres de
la commission, c'est que rien n'est indifférent
de ce qui intéresse le pavillon au delà des fron-
tières maritimes et qu'il y a nécessité étroite à
avoir une .politique .navale, guide sûr dans tou-
tes circonstances.
Pendant les années de la guerre aujourd'hui
finie, les forces navales, concentrées dans les
eaux européennes pour contenir la flotte de
haute mer allemande et assurer dans ces eaux
la faillite de la guerre sous-marine, n'ont pu
aller comme jadis montrer leur pavillon dans
les autres parties du monde où les populations
se sont déshabituées de les voir le pavillon,
c'est la propagande continue pour le .pays. L'a-
mirauté britannique se prépare à envoyer pro-
chainement par le monde des escadres et
des divisions navales qui rappelleront la puis-
sance du Royaume-Uni et qui faciliteront sin-
gulièrement ses rapports avec les contrées loin-
taines. La diplomatie profite de l'autorité du
pavillon.
C'est encore au drapeau qu'il faut attribuer
les succès commerciaux « La marchandise
suit le pavillon », dit un vieux proverbe dont la
vérité s'est toujours affirmée; une marine mar-
chande forte, agissante, est la meilleure ga-
rantie de la continuité des opérations commer-
ciales entre deux pays. Faire voyager des mar-
chandis.es sous pavillon étranger, c'est prendre
un courtier qui, par la force des choses, fait
l'article contre les marchandises qu'il trans-
porte et engage à en prendre d'autres; il est
donc d'intérêt primordial que les cargaisons
soient couvertes par leur pavillon d'origine.
Faut-il dire qu'à plus forte raison, les trans-
ports sur mer entre les colonies et la métro-
pole doivent s'effectuer sous le pavillon natio-
nal ? S'il en est autrement, le prix du fret est
payé à une nation étrangère qui bénéficie
ainsi de la différence de la valeur de la mar-
chandise entre le port de départ et le port d'ar-
rivée. De même il y a intérêt à ce- que le na-
vire français se rendant dans une colonie fran-
çaise ait comme point de relâche des ports
français, et que p'endant sa navigation, il ait
comme points de contact avec la métropole des
câbles sous-marins français ou des postes de
télégraphie sans fil établis par la France.
Tout se tient en marine, tout concourt au
même résultat la prospérité du pays, la-
quelle ne peut s'obtenir que par une connexion
aussi étroite que possible entre les services qui
sont appelés à résoudre les problèmes qu'elle'
pose. La guerre en a été le grand exemple, l'au-
torité gouvernementale a dû se substituer dans
bien des cas à l'initiative privée. La sécurité
sur mer était garantie par la flotte de guerre,
qui devait protéger efficacement les navires de
la flotte commerciale et assurer ainsi le ravi-
taillement des troupes au front et le transport
des soldats qui venaient les aider. Les bateaux
marchands ne pouvaient être utilisés que dans
l'intérêt de la guerre, dussent les intérêts par-
ticuliers en souffrir. On avait fort bien com-
pris que les opérations navales, qu'elles fus-
sent de guerre ou de ravitaillement, devaient
être étroitement coordonnées, ,,et que .là, était le
gage du succès.
̃En paix, la situation n'est pas la même il
ne s'agit plus de concentrer l'effort vers un
but exclusif, il faut au contraire lui donner
toute l'extension, possible pour remettre le pa-
villon français à la place qu'il occupait jadis
sur mer, et qu'il avait perdue. Il ne s'agit
plus maintenant, comme il y a quelques
mois, de tout sacrifier pour la victoire; celle-
ci acquise, des regards doivent se porter plus
loin. Nous avons un domaine colonial considé-
rable que nous devons rendre prospère; nous
avons un commerce sur mer qu'il faut déve-
lopper au mieux de nos intérêts; nous devons
avoir une marine de .guerre qui donne à l'é-
tranger de iprestige nécessaire à noire pays;
mais pour arriver à cette fin, il j'auli que les
problèmes de politique étrangère soient étu-
diés avec une même unité de vues et
,tente de tous ceux qui sont appelés à une coo-
pération.
Les circonstance», a,ciuel!es nous oUIi-g^nt à
jaraiHJre. fo.ule5 les m©sa«s:. ,'utiles: .icour. ïi«a-
-.< "f.
jpérer sûr les mers îa situation perdue. L'exjpasé
̃du ministre de la marine est donc venu à son
heure.
i»
La vie moins chère
Nous avons reçu la lettre suivante
Mon cher directeur,
Vous êtes préoccupé, comme nous tous, de la
cherté de la vie, et de sa répercussion sur le bud-
get de tous les citoyens, et particulièrement des
employés et des ouvriers.
Jusqu'ici on a cherche le remède dans des in-
demnités de vie chère, qui ont été portées jusqu'à
cinq francs par jour, et quelques personnes son-
gent à augmenter encore ces indemnités.
N'y a-t-il pas un moyen plus intelligent et plus
pratique de résoudre le -problème, en «'efforçant
de diminuer le prix des objets ? P
Les prix élevés atteints par la plupart des arti-
cles, provenaient principalement de la cherté des
frets, des assurances maritimes et de l'élévation
des changes, conséquences de la guerre sous-ma-
rine. À
La fin des hostilités a modifié radicalement la
situation 'les frets ont baissé de plus de moitié,
les. primes d'assurances de guerre ont disparu, les
changes ont diminué, ce qui fait que la plupart
des -marchandises peuvent être importées, en gros,
à des prix eu forte baisse, variant de 25 à 50 0/0.
Dans ces conditions, il n'y a pas de raisons pour
que la plupart des articles ne subissent pas à la
vente au détail une baisse équivalente à celle
qu'ils ont déjà subie en gros.
Le gouvernement pourrait (faciliter cette baisse
de différentes maniëres
1° En liquidant le plus rapidement possible tes
stocks de marchandises diverses qu'il a accu-
mulées sucres, cafés, riz, en ce qui concerne
l'alimentation; fers, cuivres et autres métaux, co-
tons, laines, cuirs, huiles, en ce qui a rapport à
!'industrie; enfin, chevaux, tracteurs, camions au-
tomobiles pour l'agriculture;
2° En facilitant les transports intérieurs par tous
les moyens possibles, ce qui est la mesure la plus
urgente;
3° Enfin en rendant rapidement la liberté com-
plète d'importation et d'exportation au commerce
régulier.
D'un autre côté, les consommateurs,' pendant
quelque temps encore, devraient restreindre leur
consommation le plus possible, en attendant le dé-
part des nombreuses troupes de nos alliés qui sont
de forts consommateurs.
La vérité, en matière économique, c'est la 'li-
berté il faut laisser à l'initiative individuelle les
moyens'd'agir librement; la concurrence des com-
merçants entre eux sera le meilleur moyen d'abais-
ser les prix.
Sans doute cette réduction ne pourra pas se faire
d'un jour à l'autre, mais nos négociants et nos in-
dustriels, si intelligents et si actifs, s'ingénieront
à obtenir des prix bien différents de ceux du quasi-
monopole de 1 Etat.
Terminons donc, le plus rapidement possible, no-
tre régime de consortiums, de contingentements,
d'autorisations,et rendons à notre pays si laborieux
la liberté commerciale et industrielle, qui seule
pourra diminuer les prix de tous les articles, au
grand avantage des consommateurs, et donner à nos
soldats, lorsqu'ils rentreront dans leurs foyers, le
travail nécessaire pour leur permettre de gagner
leur vie et de réparer les brèches de la guerre.
Recevez, etc.
JULES SIEGFRIED.
L'ILE eu RÊVE
Le choix de l'île de Prinkipo comme lieu éven-
tuel d'un rendez-vous de noble compagnie.organisé
par nos diplomates, a déjà fait couler beaucoup
d'encre. On a plaisanté agréablement nos plénipo-
tentiaires sur la pauvreté de leur imagination et
sur le traditionalisme étroit qui les pousse à cher-
cher, une fois de plus, dans une île, le cadre né-
cessaire à une conférence. L'île des Faisans, la
Bidassoa", la paix des Pyrénées hantent la mémoire
de ces metteurs en scène routiniers. l1s énumèrent
toutes les signatures historiques échangées sur une
parcelle de terre isolée par lés eaux, ou même sur
un simple radeau lorsque la nature ne se prêtait
pas à -leur fantaisie.
Mais c'est en vain, qu'ils cherchent à nous
éblouir en nous parlant des avantages d'un terrain
neutralisé, d'une zone extraterritoriale, de la né-
cessité de garder le secret des délibérations, d'iso-
ler les membres de la Conférence, de les soustraire
aux influences extérieures toutes ces belles rai-
sons, tirées de l'Histoire, n'ont plus grande valeur
aujourd'hui. Ils feraient bien mieux d'avouer in-
génument qu'ils ne peuvent s'affranchir du pres-
tige mystérieux que les îles ont toujours exercé
sur l'imagination des grands et des petits enfants.
Les Iles 1. Mot magique', évocateur de lointai-
nes féeries Bouquets de palmiers jaillis des
océans fabuleux, « paradis sortant de l'onde »,
comme disent les librettistes Oasis marines oeki-
tur.ées de corail 1 De quelles séductions la légende
ne vous a-t-elle pas entourées 1 Vous étiez des
créatures vivantes, tantôt secourantes au naviga-
teur, tantôt promptes au maléfice. Au moyen âge,
on vous prêtait l'inquiétant pouvoir de rompre
vos amarres, de voguer comme des nefs et de
disparaître à votre gré, comme l'île fameuse de
Saint-Brandan. Les anciens vous avaient peuplées
de monstres ou de sirènes. Vous étiez la demeure
de Circé, de Calypso et de Polyphème. C'est dans
l'île de Cerigo, l'antique Cythère, que Vénus ar-
rêtait le vol de ses colombes; c'est dans l'île do
Chypre que Cypris était adorée..
Les Iles Les bois des Iles Les oiseaux des
Iles! Trésors un peu surnaturels et baudelai-
riens dont le seul nom fascinateur trouble les poè-
tes Les Antilles, les Canaries, Tahiti la douce,
Java l'enchanteresse, que de couleurs et que de
parfums 1
Et quelle majesté vous ^êtez à toutes choses 1
Ile d'Elbe,Sainte-Hélène, quelle grandeur vous avez
conférée à la cage d'un aigle Et comme un exil
politique prend plus d'allure à Guernesey qu'à
Saint-Sébastien 1 Vous parez le châtiment lui-
même d'une sorte de dignité redoutable l'île du
Diaible brille d'une sombre splendeur, à la façon
du château d'If et des souterrains de Monte-
Cristo.
Lorsqu'elle est sertie dans les griffes des flots,
la terre est un joyau,et la pierre devient précieuse,
Le prestige du Mont-Saint-Michel s'évanouira le.
jour où Panneau de la vague cessera d'enchâsser
ce bijou ciselé. Et le défi de l'Aohilleion n'est excu-
sable qu'à Corfou..
Les habitants des îles ont obscurément cons-
cience de ce sortilège. Les ethnographes ont tou-
jours noté leur fierté, leur indépendance et leur
attachement farouche au sol natal. Comme le fils
de Laërte avait l'orgueil d'Ithaque! Comme les An-
glais et les Corses aiment leur île et sont jaloux
de leur « insularité» Et n'avei-vous pas ranar-,
qué, ô Parisiens de Montmartre ou de la colline
Sainte-Genevièvei combien les habitants de Fila
Saint-Louis s'enorgueillissent de leur splendide
isolement?.
La Cité, cœur de Lutèce et de la France, est une
ile. Et les iles de la Jatte et de Nogent, Borromées
suburbaines, ne s.oni-elles pas, dans les beaux di-
manches d'été, les pitoyables paradis, où les pau-
vres citadins modernes, morts à la beauté, paro-
dient lamentablement YÉmbarquement pour Cy-
thère?.
L'île est un nid favorable à .l'éclosion des plus
beaux rêves. Voilà ce qui séduit, sans doute, les
architectes de l'Europe future qui veulent trans-
porter à Prinkipo leurs épures et leurs devis. Ne
les détournons pas de leur dessein de prendre un
peu de recul en s'éloignant du continent. Leur vue
d'ensemble sera, plus juste, et sur une île déserte,
ces reeoTistructeurs de la civilisation finiront peut-
être par atteindre à >la sereine et magnifique sa-
gesse d'un Robinson Crusoé, qui fut le modèle des
sociologues, de.?.. économistes et des oreaaisa-
Lteurd. ,V, J, ̃
lE RENOUVELLEMENT DE L'ARMISTICE
Quatre-vingt-sixième jour
Les navires de commerce livrables à, l'Entente
On mande do Hambourg au Frankfurter Na-
richten
Une première escadre de navires de commerce o
allemands devait être livrée samedi à l'Entente. Le
départ n'a pu avoir lieu, car l'accord n'est pas in-
tervenu entre les gens de mer et les armateurs.
L'association des gens de mer a menacé de ne pas
se dessaisir des navires aussi longtemps que satis-
faction ne lui serait pas donnée.
Suspension de la « Gazette de Cologne »
La Gazette de Francfort dit que l'autorité mili-
taire anglaise, qui occupe la tête de pont de Colo-
gne, a suspendu la Gazette de Cologne pour dix
jours et le Kœlner Tageblatt pour huit jours.
-.00
LA CONFERENCE DE LA PAIX
La Ligue des nations
L~~
Le président Wilson a réuni officieusement hier
après-midi les membres de la commission de la
Ligue des nations, pour échanger leurs vues sur
la procédure à suivre et sur l'adoption d'une mé-
thode qui facilitera les progrès de la discus-
sion.
Il a été reconnu qu'un accord de principes était
intervenu par les résolutions antérieurement adop-
tées a4 la Conférence..
La discussion sera poursuivie dans une réu-
nion qui sera tenue à l'hôtel Cri'llon ce soir, à huit
heures.
I Un avant-projet anglo-américain
Le Daily Mail croit savoir qu'au cours de la
réunion d'hier et comme résultat des discussions
qui avaient eu lieu précédemment, surtout entre
les délégués anglais et américains, la question a
fait un grand pas et que très probablement le
programme complet de la Ligue pourra être
présenté au cours d'une conférence plénière de la
Conférence de paix, samedi prochain.
Le projet provisoire soumis à la réunion est
le résultat d'une conférence entre lord Robert
Gecii, le général Smuts, le colonel House et le'
président Wrlson, avec certaines additions et mo-
difications empruntées aux projets français, ita-
lien et belge.
Le document, sous forme d une brochure à cou-
verture jaune portant le mot « Covenant », con-
tient 3,000 mots et se compose d'un préambule et
de 22 articles contenant les principaux points sur
lesquels les nations auront à se prononcer, ainsi
qu'Un supplément qui réunira les règles de la
guerre.
Les 22 articles traitent notamment du désarme-
ment de la fabrication des munitions, des tribu-
naux internationaux d'arbitrage et de conciliation,
du contrôle des territoires et des voies fluviales
et notamment de la liberté des mers, des aéro-
planes, des armes économiques comme moyens de
coercition et de la guerre sur terre et sur mer.
Vœux des « associations pour la Société
des nations n
M. Léon Bourgeois a déposé hier à la réunion
officieuse de la commission de la Ligue des na-
tions, las vœux émis par les « associations pour
la '{jjaciété <|es nations » appartenant aux pays al-
iiés> '̃;̃ '̃̃ •
lies vceux suivants ont été émis à d'unanimité
1« Que la Conférence fasse appel aux gouvernements
associés et alliés pour que dans le traité de paix ne
soit .comprise aucune disposition contraire aux prin-
cipes exposés dans les quatorze points du président
Wilsoa
2° Que la Société des nations soit non seulement la
gardienne de la paix internationale, mais qu'elle s'in-
téresse à la paix sooiaje, et que dans ce but, elîe
s'efforce de rendre universelle toutes les conditions hu-
maines du travail que jusqu'ici des mations de haute
civilisation n'ont pas cru devoir adopter;
3° o) Qu'eMo établisse un bureau interoationall du tra-
vail qui sera chargé de recueillir et d'unifier les sta-
tistiques, de poursuivre toutes les recherches d'ordre
sociài, technique et physiologique. et de surveiller l'exé-
cution des lois internationales protectrices dn travail in-
dustriel, agricole, etc.; b) une conférence internatio-
nale du' travail dans laquelle employeurs et employés
seront représentés et qui se réunira périodiquement dans
le but de moderniser la législation du travail;
4° Qu'une commission internationale d'enseignement
soit un organe actif. L'enseignement est le principal
moyen par lequel une démocratie mondiale responsable
peut être développée et par lequel une Société des
.nations peut se maintenir. Cette commission devrait
être chargée de rédiger un plan par lequel l'ensei-
gnement devra pourvoir aux besoins fondamentaux de
la démocratie. Ce plan, par conséquent, devra fournir
les moyens d'un enseignement sur les droits et les
Revoirs des citoyens vis-à-vis de la démocratie et
l'extension du privilège de l'enseignement à toutes les
nations et à toutes les olasses.
Une autre catégorie de vœux visant les ques-
tions d'ordre militaire a obtenu une adhésion gé-
nérale' des associations, mais n'a pu réunir un vote
unanime, la délégation des Etats-Unis d'Amérique
n'ayant pas reçu mandat de traiterces questions, j
Voici le texte de ces vœux
1° Qiie les Etats alliés et associés imposent,
dans le traité de paix, aux Etats ennemis, la limitation
des armements et le contrôle sur leur fabrication, de fa-
çon à permettre aux Etats de la Société des nations
de réduire immédiatement et dans une forte mesure
leurs forces militau'es;
2" Que la Société fixe pour chaque associé le chiffre
des forces militaires de terre et de mer sans autres
limitas que la nécessité de faire face aux agressions
possibles dos Etats exclus de la Société ou en révolte
contre ses décisions;
8» Que les Etats associés puissent, de façon générale,
considérer leur défense comme assurée pour longtemps
par l'emploi des armes que la guerre et la victoire
ont mises à leur disposition;
4° Que les Etats associés. s'interdisent la vente
aux Etats étrangers à la Société des nations des ar-
mes et munitions qu'ils possèdent actuellement et de
ceiBes que les fabriques d'Etat pourraient produire
ultérieurement;
5° Que le commerce et la fabrication par des éta-
blissements privés de toutes les armes et munitions
de guerre soient interdits.
Un projet danois
On sait que les trois pays scandinaves avaient
établi pendant la guerre des comités chargés d'exa-
miner les questions concernant la sauvegarde des
intérêts des neutres à la fin des hostilités et après
la conclusion de la paix.
Le comité danois vient de publier le projet qu'il
a élaboré relatif à l'organisation judiciaire inter-
nationale. Ge projet comporte l'obligation pour les
Etats de soumettre tout point douteux, avant de re-
courjr à l'emploi de la force, à la décision d'un tri-
bunal international ou d'un organe de conciliation.
TI est établi comme condition indispensable que
l'accès de l'organisation en question sera ouvert à
tous, .les Etats civilisés. Un conseil international ser-
virait d'intermédiaire.
La réparation des dommages
La commission de la réparation des dommages
s'est réunie, pour la première fois, hier apres-
midi, au ministère des finances; M. Klotz a ac-
cueilli les délégués et leur a souhaité la bienvenue.
La commission a immédiatement constitué son
bureau. Sur la proposition de M. Hughes (empire
britannique), appuyée par MM. Van den Heuvel
(Belgique), Ghiesa (Italie), Baruch (Etats-Unis), M.
Klotz a été élu président, MM. Hughes et Van den
Hcûvelont été élus vice-présidents.
M. Klotz, prenant possession du fauteuil de la
présidence, n'a voulu prononcer que ces mots:
« Merci. Au travail. Pour la justice. Voilà notre
programme. »
La commission a décidé de se réunir cet après-
midi pour régler les détails de son organisation in-
térieure. Dès mercredi matin, elle commencera 'la
discussion générale des principes.
Voici la composition définitive de la commission j
de' réparations des dommages
-"États-Unis d'Araérioue M,Baruch,_M._D»Yis. M. Mac
l^C^racûcic.
Empire britaanlqaft B Si. Bugbes, lord Saramer, lord
GunUffe..
France MM. Klotz, Louoheur, Lebrun.
Italie Mil. Salaradra, d'Ameglio, Eugenio Chieea.
Japon MM. Mori, Nagaoka, Fukai.
^Belgique MM. Van den Heuvel, Despret.
Grèce MM. Romanos, Michalocopoulos.
Pologne MM. Chamiec, Olshowski.
Serbie MM. Stoyanovitch, Milooh Savtchitoh.
Roumanie M. Daniolopol, Zahariad,
Les responsabilités
En prenant la présidence de' la commission des
responsabilités, M. Lansing a prononcé le discours
suivant:
Messieurs, le travail que nous avons à faire ici est
tout à fait nouveau; Je crois en effet que c'est la pre-
mière fois qu'est instituée une pareille commission. Nous
devons étudier avec un soin extrême toutes les ques-
tions qui seront posées devant nous.
Notre premier devoir est de déterminer d'une façon
précise la composition de notre commission. Cinq ques-
tions sont soumises à nos considérations. Si nous vou-
lons les étudier et les examiner dans les détails, nos
délibérations dureront des mais. C'est donc pour gagner
du temps que je vous propose d'instituer un comité
qui sera chargé de procéder à l'étude et à l'exa-
men de ces questions.
Sur la proposition de M. Lansing, sir Gordon Ho-
wart et M. Scialoja sont élus vice-présidents et M.
de Lapradelle secrétaire général de la commission.
Apres un échange de vues au sujet des méthodes
de travail, la commission décide de se former en
trois sous-commissions suivant une répartition
confiée à un comité de trois membres: MM. W. F.
Massey, Tardieu et Politis.
Le régime international des ports
La commission pour l'étude du régime dnterna-
tional des ports, voies d'eau et voies ferrées s'est
réunie hier après-midi, au ministère des travaux
publics, sous la présidence provisoire de M. Ola-
veille, ministre des travaux publics et premier
délégué français..
Etaient présents pour les Etats-Unis d'Amé-
rique, M. Henry White et l'hon. David Hunter-
'Milier; pour l'empire britannique, l'hon. A. L.
SLfton et sir Hubert Llewelyn Smith; pour Ja
France, MM. ClaveiWe et A. Weiss; pour l'Italie,
MM. Greapi et Martino; pour le Japon, MM. Matsui
et le colonel Sato; pour da Belgique, M. de Vd's-
ahère; pour la Chine, M. Tehon Ting Thomas
Wang; pour la Grèce, M. Coromilas; pour la Ser-
bie, M. Trumbitoh; pour l'Uruguay, M. Jnan Car-
los Blanco.
En ouvrant la séance, M. Glaveille se déclare
heureux de souhaiter la bienvenue aux hommes
éminents que la Conférence de la paix a désignés
pour étudier les règles internationales des tports,
voies d'eau et voies ferrées. Depuis le début de la
guerre, et surtout depuis deux ans, comme sous-
secrétaire d'Etat, ministre, président du comité
interallié, il a eu, dit-il, la responsabilité des
transports intéressant les armées alliées combat-
tant sur le front occidental. Ses fonctions l'ont
mis en relations avec les représentants des puis-
sances alliées, principalement avec les Améri-
cains, les Anglais, les Belges, les Italiens. Chez
tous, ill a rencontré beaucoup de bonne volonté,
avec tous il a eu les rapports les plus cordiaux et
les plus amicaux. Comme eux, il a connu dans le
passé de terribles épreuves. Mais aujourd'hui, la
confiance que la Conférence leur donnera la paix
justifiée par leur victoire fait oublier aux allies
leurs angoisses et leur apporte un grand ré-
confort
M. Claveillè propose à la commission de se met-
tre immédiatement au travail en constituant son
bureau. Au nom de là délégation française, ilipro-
pose à là' commission délire pour président
M. Orespi, ministre du ravitaillement du royaume
d'Italie, et pour vice-président le premier délé-
gué britannique, l'hon. A. L. Sifton. Cette mo-
tion, appuyée par M. Henry Whiite (Amérique),
est adoptée à l'unanimité. La commission élit en-
suite comme secrétaire général M. Chargueraud
(France), vice-président du conseil supérieur des
travaux publics. Chaque délégation désigne un
secrétaire.
Statuant sur un vœu qui lui a été envoyé par
le bureau de la Conférence de la paix, la commis-
sion décide d'attribuer aux puissances « à inté-
rêts particuliers » quatre sièges supplémen-
taires, dont les titulaires seront désignés par la
Pologne, le Portugal, da Roumanie et la Répu-
blique tohéco-slovaque. Elle décide que chaque
délégation pourra se faire accompagner à chaque
séance par deux délégués techniques.
MiM. Claveillè et Siïton déposent sur le bureau
les projets préparés respectivement par les délé-
gations française et britannique, en vue d'arrê-
ter le programme des travaux de la commission.
La commission décide que ces documents seront
imprimés et distribués.
La commission s'ajourne au lundi 10 février.
L'exposé de M. Venizelos
Dans l'exposé que le président du conseil de
Grèce a fait hier devant le comité des grandes
puissances, M. Venizelos a développé les revendi-
cations de son pays sur l'Epire du nord, les îles
du Dodécanèse, les rivages de la mer Egée et la
Thrace.
D'après les demandes grecques, da frontière nord
de l'Epire du nord serait définie par une ligne e
descendant de l'ouest à l'est, de l'extrémité sud du
lac d'Okhrida et passant par Tepelini pour abou-
l' LES REVENDICATIONS GRECQUES
Le viloyet d'Aïdià et l'Ile de Chypre (grisés en Ugnes
obliques) ont été offerts à la Grèce en 1815 par les
gouvernements anglais et français pour le cas où cet
Etat interviendrait aux cOtés de l'Entente. L'île de
Chypre a été aussi offerte par l'Angleterre en 491S.
Les autres revendications territoriales grecques sont
marquées en pointillé.
tir à la mer au nord de la ville d'Hdmara. La
Grèce revendique ce territoire où ses nationaux
sont en majorité depuis la guerre de 1913; après
la fin de l'aventure du prince de Wied, l'Angle-
terre avait demandé à la Grèce d'occuper ces ter-
ritoires, Vallona restant sous d'ooeupation italienne.
[ L'île de Chypre, qui avait été offerte à la Grèce
par le gouvernement de Londres en 1915 pour
prix d'une collaboration militaire, et que le gou-
vernement du roi Constantin avait refusée, est re-
yendiquée. Sa population est hellénique.
i&s îles du 'Podétosnèsô (Iles de «Ja mer. figée
au sud de 'F Asie-Mineure, dont la' principale et
Rhodes) font aussi l'objet des réclamations de la
Grèce. Ces îles avaient été cédées à titre provi-
soire à l'Italie après la guerre italo-turque de
1912 leur possession avait été confirmée aux Ita-
liens par l'accord d'avril 1916 conclu entre l'Ita-<
lie, l'Angleterre, la France et la Russie, au mo-
ment de l'entrée en guerre de l'Italie. M. Venize-
los invoque encore le principe des nationalités.
Enfin, se basant sur ce môme iprincipe; 'le dé-
légué grec demande la Thrace qui avait été con-
cédée aux Bulgares après ]a guerre de 1912. Le
territoire revendiqué serait borné au sud par la
mer Egée, la partie nord de la presqu'île de Gal-
lipoli et la mer de Marmara jusqu'à Silivri, à
l'ouest par la frontière gréco-bulgare actuelle et
au nord par le cours de l'Arda jusqu'à son con-
fluent avec la Maritza, les vil!es d'Andrinople et
de Kirk-KiJissé étant attribuées aux Grecs, le cours
de la Rezvaia jusqu'au cap Vniada. M. Venize-
los a fait ressortir que tout ce territoire est pres-
que exclusivement habité par des Hellènes qui
n'ont cessé de protester depuis 1913 contre leur
annexion à la Bulgarie (84,652 Grecs contre
31,875 Bulgares).
M. Venizelos expose aujourd'hui le point de vue
grec sur la questionde Constantinople et de l'Asie-
Mineure.
Un projet américain sur la liberté des mers
M". Richard Oulahan, un des correspondants spé-
ciaux du New-York Times, ù Paris, télégraphie
à Washington que la délégation américaine a pré-
paré un ;projet sur la liberté des mers. Ce projet
comprend les cinq points suivants
1° Aucune nation me devra posséder une :flotte
assez importante pour pouvoir a elle seule avoir
le Contrôle des mers;
2° !Les règlements concernant les mers, élaborés
en temps de paix pour la période d'hostilités, ne
devront pas être modifiés.au cours du conflit;
3° Chaque nation, belligérante ou neutre, sera
strietemeoit responsable envers la Ligue des na-
tions de l'observation des règlements concernant'
les. mers en temps de guerre;
4° La contrebande de guerre sera explicite-
ment définie en temps de paix, et aucun neutre
me pourra expédier des marchandises ainsi dé-
finies à un belligérant, et les navires des neutres ne
pourront essayer de forcer le blocus établi par rai
belligérant;
5° L'usage des sous-marins sera restreint ou
de préférence complètement interdit.
Une protestation de M. Erzberger
Au cours d'une assemblée de la Société colo-
niale, M. Erzberger, dit une dépêche de Berlin, a
prononcé un discours dans lequel il a dit notam-
ment ceci
Les alliés auraient l'intention d'enlever à l'Allemagne
toutes ses colonies et contestant aux Allemands toute
capacité colonisatrice. Les colonies britanniques, fran-
çaises et portugaises sont beaucoup plus grandes et peu-
plées que les colonies ̃aMema-ndes avant la guerre. Or,
l'on veut méditer encore la proportion en faveur des al-
liés.
Si nous n'avons plus de troupes ni d'armes, nous
avons notre bon droit. Les alliés ont accepté les 14 points
du présidant Wilson comme l'Allemagne. Le président
,Wilson demande un règlement large et impartial de
toutes Jes questions coloniales. Or, les alliés veulent im-
poser la votante du plus fort sans tenir compte des
droits allemands. Une solution enlevant à l'Allemagne
toutes ses colonies contiendrait un germe mortel pour la
Ligue des nations avant même que tta ligue ait vu Je
jour. S'il n'est pas représenté dans les négociations dé-i
oisives, le peuple allemand, de chez lui, doit protester
d'autant plus énergiquement.
Noiissàvoris qu'on a proposé iranternationalisation des
colonies allemandes sous l'administration de la Ligue"
des nations. Nous devons repousser catégoriquement
cette proposition ou réclamer le même traitement pour
les colonies de toutes des autres puissances. Le pro-
gramme Wilson donne à 'l'Allemagne un droit invùolabte
pour son teinritoire colonial. Le vol qui se commet a. Paris
ne portera pas bonheur au inonde et attaque directement
l'existence m<5me de la Société des nations. Lo peuple
allemand doit se lever comme un seul homme. Sa pro-
testation énergique doit être entendue aussi bien sur la
Seine que sur la Tamise et à Washington.
La GOBtacs de Prinkipo el les fjo!efcevistes
D'après une dépêche de Londres, la réponse du
Populaire h Tchitoherine, commissaire du peuple
pour les aflaires étrangères dans le gouvernement
des Soviets russes, a été transmise de Paris en
Amérique comme nouvelle de presse. Des Etats-
Unis, le message aurait été envoyé par T. S. F. en
Russie.
Le radiotêlégrammc suivant a été envoyé de Moscou,
2 février, « à. Berlin, Paris et pour tous »
Le commissaire du peuple aux affaires étran-
gères Tchitcherine a fait connaître au collège
des commissaires du peuple qu'il avait reçu un
radiotélégramme contenant des nouvelles de presse
̃d'après lesquelles l'Entente, à Paris, avait fait des `
propositions aux différents gouvernements de Rus-
sie au sujet d'une conférence qui aurait lieu à l'île
des Princes. Le commissaire du peuple ajoute
qu'aucune invitation formelle n'est arrivée de la
part de l'Entente au sujet de ladite conférence.
Toutes les mesures seront prises pour amener
un accord avec l'Entente.
Nous avons cité hier le Journal du Peuple, qui
attribuait au « gouvernement américain » seul
la responsabilité de la transmission.
Ce matin le Journal du Peuple se tait.
Par contre, VHum-anité dit que la réponse aux
Soviets a été transmise « non point, comme l'af-
firment les journalistes plus soucieux de com-
battre Wilson que de respecter la vérité, par tes
soins du gouvernement américain^ mais par l'in-
termédiaire d'amis complaisants ».
Nous n'avons qu'un mot à répondre les jour-
nalistes qui ont fait tort à M. Wilson sont ceux
qui, dans Je Journal du Peuple, ont attribué au
gouvernement des Etats-Unis 'la transmission du
message refusée par le gouvernement français.
Le départ du président Wilson
Le Daily Mail annonce que le président Wilsoa
s'embarquera pour îles Etats-Unis entre le '12 et le
15 février jà bord du George-Washington, navire
sur lequel il est arrivé.
Ce navire, qui sera d'ailleurs utilisé comme
transport n'aura à bord comme passagers civils
que 1© président et sa suite immédiate.
L- -4~ IJ
1 LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La réoeptkra du président Wilson à la Chambre
des dépujfés a été une belle cérémonie pleine de
grandeur et d'émotion. La séance d'hier comptera',
parmi les plus fameuses de notre histoire, éga-
lant, sinon surpassant, celles cependant si gran-
dioses du 4 août 1914 et du 11 novembre 1918.
On connaît déjà, par les indications que nous
avons données hier aux Dernières nouvelles, la
manière dont la cérémonie avait été organisée ef
devait s'accomplir.
Ce qui nous reste à retracer aujourd'hui, c'est
la physionomie de cette inoubliable réunion.
Un peu avant l'ouverture de la séance, la salie,
était garnie de tous ses invités. Dans la tribune du-
président de 'ia. Chambre, au premier rang, se trou-
vaient Mme Wilson, ayant à sa droite Mme Paul
Desohanel et à sa gauche Mme Poincaré, et Mme'
Sharp, ambassadrice des Etats-Unis. La tribune
du président de la République avait été réservée
aux premiers ministres et membres des missions
accréditées à la Conférence de la paix. MM. Lloyc|
George, Lansing, Orlando s'y trouvaient, à côté de
MM. Kramarcz, Venizelos, Bratiano, etc.
Tout le corps diplomatique ordinaire, aussi bien
les représentants des puissances alliées que ceui
des puissances neutres, occupait sa loge.
Comme nous l'avons dit hier, les députés avaient
accueilli les sénateurs parmi eux. Bien peu de
membres étaient absents, et l'on peut dire que c'est'
vraiment l'Assemblée nationale tout entière qui'
siégeait sur les gradins du Palais-Bourbon.
A cinq heures précises, te' cortège fait son entrée1
dans l'hémicycle. Les cinq présidents MM. Wil-i
son, Poincaré, Antonin Dubost, Clemenceau eW
Paul Deschanel, précédés des huissiers, viennent'
prendre, séance, et à ce 'moment la salle tout ©n-1
tière, représentants et invités, ee lève d'un mou-^
,vement unanime et les accueille par des aoDiaui.
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