Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-12-10
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 décembre 1913 10 décembre 1913
Description : 1913/12/10 (Numéro 19151). 1913/12/10 (Numéro 19151).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
3. LE TEMPS. 10 décembre 1913.
La, petite histoire
VE~DETTfl
En Corse, nul ne l'ignore, le fusil fut pen-
dant longtemps le véritable « juge de paix ».
On prétend que cette coutume remonte au
temps de la cauteleuse tyrannie génoise dont
les agents, ne rendant pas justice, obligeaient
les insulaires à ne compter que sur eux-
mêmes.
Les romanciers ont exalté la vendetta; les
poètes l'ont chantée; elle a même fourni jadis
le titre et le thème d'un bien amusant vaude-
ville. Elle ne méritait pas tant d'honneur, as-
sure M. ;Albert Quantin qui nous rapporte de
Corse un livre très pittoresque et très étudié.
Au fond/la vendetta est prosaïque, et voici en
quoi elle consiste. Un homme croit avoir à
se plaindrefd'un autre homme, pour des rai-
sons très 'diverses quelques-unes sont nobles
le médecin Padovani, pour venger l'honneur de
sa sœur, donna la mort à quatre personnes à
la suite d'une insulte adressée à son père; Ser-
penti quitta, à dix-huit ans, le collège d'Ajac-
cio et commit de véritables carnages. Le plus
souvent les motifs de haine sont mesquins
une. rivalité politique, une discussion d'inté-
rêts, un empiétement, de propriété, une rixe
après boire, le dommage causé par un porc. On
,va quelquefois devant 'le juge, bien que ce
soit inutile, sa sentence ne calmant personne.
-On marche alors toujours armé. Un jour ou
l'autre un geste excite la colère. Un coup part.
Un homme est par terre. Le meurtrier va alla
campana, c'est-à-dire « prend le maquis ».
Il est devenu bandit par dérivation et dans le
sens du mot banni, parce qu'il s'est mis lui-
même au ban de la société.
Qui est alors en vendetta? Le meurtrier? Non
puisqu'il a satisfait sa colère. Mais la famille
de sa victime. Il faut du sang nouveau pour la-
,:ver le sang répandu. Les tribunaux n'ont rien
à y voir. Les gendarmes prendraient-ils le
meurtrier, ce qui n'arrive pas souvent, les ma-
gistrats le condamneraient-ils à mort, que la
vendetta ne serait pas accomplie. Elle doit se
traiter entre Corses.
Alors s'organisent ces vendettas compliquées
où les pères, les frères, les cousins sont tenus
d'agir tour à tour. On les appelle transver-
sales et elles croisent en effet leurs fils à tra-
ders les familles tombées « en inimitié ». Et
l'on voit des gens mener une vie de terreur, se
claquemurer dans leur maison, protéger, leurs
fenêtres contre les balles avec de la paille et
,des ;matpIes.?Aii bout.de! dix ans êf» plus, quand
ils croient pouvoir mettre le nez dehors, ils
sont fusillés sur leur seuil par un ennemi plus
patient qu'eux.
,Si le sang lavait le sang en une fois, un
meurtre en entraînerait un second et tout se-
rait terminé. Mais le deuxième sang en veut
un troisième, celui-ci un autre, indéfiniment. Si
bien que de générations en générations, on ar-
rive à ne plus se rappeler au juste l'origine de
la querelle, et l'on s entre-tue sans savcir pour-
cjuoi. '̃
M. Quantin esquisse quelques belles figures
de bandits celle de Giudice de Cinarca, le-
quel expédia un jour aux consuls de Gênes
un tonneau rempli d'yeux de Génois massa-
crés par lui; celle aussi de Poli, qui portait par
•bravade le képi du préfet dérobé dans une
salle d'hôtel; celle encore, plus moderne, de
!Capa. Pour s'emparer de ce dernier on dut mo-
biliser quatre-vingts gendarmes amenés de
Marseille il en. abattit sept. Sa retraite était
pourvue de toutes sortes de provisions; il y
recevait les journaux! Ces histoires-là, résu-
mées en quelques mots, paraissent moins épi-
ques que répugnantes; il faut, pour apprécier
leur sauvage grandeur, les « replacer dans
̃l'atmosphère ». Lisez le volume où' elles sont
contées; il vous promènera à travers la Corse,
de la grande forêt d'Aitone aux neiges éter-
'nelles du. Monte-Cinto; il vous fera également
connaître les habitants de cette île que la na-
'ture a comblée et qui, toujours violentée et ja-
mais asservie, s'est conservée vierge et fière.
~(La Corse, la nature, les hommes, le présent,
'l'avenir, par M. Albert Quantin, 1 vol. in-8°
"deux cartes et un portrait.) En parcourant ces
pages, tout imprégnées de la senteur du ma-
,quis, chaleureuses et précises à la fois comme
si elles étaient écrites par un géographe de-
venu amoureux de la terre qu'il explore, j'ai
rencontré la plus étonnante, la plus merveil-
leuse de toutes les histoires de vendetta. Il fau-
drait, pour la conter, un Balzac ou peut-être
lun Homère; aussi ne me risquerài-je qu'à en
'indiquer seulement le thème. Elle est frap-
pante surtout parce qu'en elle se concrètent ces
irréductibles rancunes corses qui, nées d'un
froissement de vanité, atteignent, de généra-
tions en générations, les proportions de l'é-
popée.
Une jalousie entre deux jeunes hommes en
est le point de départ. L'un a vingt ans; il s'ap-
pelle Napoléon Bonaparte; l'autre, plus âgé de
cinq années, est issu d'une humble famille du
.village d'Alata, près d'Ajaccio; il se nomme
'Pozzo di Borgo. Tous deux sont pauvres; on
peut prévoir que leur antipathie croissante oc-
casionnera quelques querelles de clocher, rien
de plus.
En 1792, l'élection de Bonaparte au grade
̃d'adjudant aide-major d'un bataillon de vo-
lontaires active l'aigreur de Pozzo. Le pre-
mier est francisé par ses séjours aux écoles
militaires de Brienne et de Paris; le second
n'est que Corse et s'en fait honneur. Quand la
i~t .FEiiML.iL.ETOW nu Stflttftè
X" DU 10 DÉCEMBRE 1913
ms livres
AIarcei; Proust 14. la recherche du temps perdu
Du côté .de chez Swann, 1 vol., Bernard Grasset.
Alfred Capus les Mœurs du temps,
deuxième série, vol. ibid.
M. Marcel Proust, bien connu des admira-~
ifôurs de Ruskin pour ses remarquables tra-
vductions de la Bible d'Amiens et de Sésamé et
,lës Lys, nous donne le premier volume d'un
grand ouvrage original A la recherche du
.temps perdu, qui en comprendra trois au
imoins, puisque deux autres sont annoncés et
.doivent paraître l'an prochain. Le premier
.comporte déjà cinq cent vingt pages de texte
serré. Quel est donc ce vaste et grave sujet qui
entraîne de pareils développements? M. Mar-
cel Proust embrasse-t-il dans son grand ou-
.vrage l'histoire de l'humanité ou du moins celle
'd'un siècle? Non point. Il nous conte ses sou-
ivenirs d'enfance. Son enfance a donc été rem-
iplie par une foule d'événements extraordinai-
res ? En aucune façon il ne lui est rien
arrivé de particulier. Des promenades de va-
cances, des jeux aux Champs-Elysées eonsti-
\tuênt le fond du récit. On dira que peu im-
iporte. la matière et que tout l'intérêt d'un livre
réside dans l'art de l'écrivain. C'est entendu.
Cependant Horace a parlé sévèrement de cer-
tains cas où materiam superabat opus et il
;.y a lieu de craindre que le mot ne convienne
'aux cinq cent vingt premières pages de M.
Marcel. Proust, de qui l'on se demande combien
il entasserait d'in-folios et remplirait de biblio-
thèques s'il venait à raconter toute sa vie. >~
D'autre part, ce volume si long ne se lit
point aisément. Il est non seulement compact,
mais souvent obscur. Cette obscurité, à vrai
'dire, tient moins à la profondeur de la pensée
iqu'à l'embarras de l'élocution. M. Marcel
Proust use d'une écriture surchargée à plaisir,
et certaines de ses périodes, incroyablement
encombrées d'incidentes, rappellent la célèbre
phrase du chapeau, dans laquelle M. Patin,
en son vivant secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie française, se surpassa pour la joie de
plusieurs générations d'écoliers. VÇM. Marcel
Proust dira « Ce doit être délicieux, sou-
ipira mon grand-père dans l'esprit de qui la
nature avait malheureusement aussi complète-
question se pose de savoir si l'île sera anglaise
ou française, Bonaparte s'institue le champion
de la France; Pozzo, en haine de son rival, 1
se déclare pour l'Angleterre. Il envie l'esprit t
vif, le caractère résolu de Bonaparte, qui de
son côté, ne peut supporter cet antagoniste
« en habit noir râpé », plein de finesse et de
petites ruses, insinuant et perfide, n'attaquant
jamais de front les questions ni les personnes.
Et la lutte s'engage entre eux, implacable.
Pozzo gagne la première manche la Corse
est livrée aux Anglais; les Bonaparte sont obli-
gés de fuir; leur maison d'Ajaccio est mise
à sac; ils se réfugient sur le continent, pros-
crits, ruinés, n'ayant pour ressources que la
solde et l'énergie de Napoléon. On sait com-
ment il tira les siens d'embarras et quelle fut
sa revanche. Mais Pozzo ne désarme pas.
Tout autre qu'un Corse se fût avoué vaincu.
Quel espoir lui reste-t-il d'atteindre maintenant
ce rival hors de sa portée et devant qui le
monde est prosterné? -• ̃-«-<–•-
N'importe, Pozzo attendra. Durant des an-
nées on n'entendra plus parler de lui. Il a « pris
le maquis », là-bas, en Prusse puis en Russie;
il se cache, aux aguets d'une occasion. Son
tout-puissant adversaire ne l'a pas oublié et
se garde encore sur son ordre car il com-
mande aux souverains Pozzo est expulsé de
Pétersbourg et doit se replier jusque chez les
Turcs; mais en 1812 le tsar se souvient de
lui; il pressent, que cet homme qui poursuit
Napoléon de sa haine possède quelque moyen
secret, de délivrer l'Europe il le rappelle,
écoute ses conseils, les suit, s'en trouve bien,
le nomme général major. Quand la coalition
se forme contre l'empereur déjà repoussé, c'est
Pozzo, devenu l'augure de la Sainte-Alliance,
qui préconise, dit-on, la marche des armées
sur Paris. Napoléon enfin abattu, la vendetta
n'est pas satisfaite; c'est Pozzo' encore qui
écarte le roi de Rome de la succession; c'est
lui qui propose la relégation à l'île d'Elbe,
choisie exprès, par. un raffinement savoureux;
de sa prison, le vaincu pourra contempler sa
Corse, et le souvenir de son aurore assom-
brira son crépuscule.
Pozzo est ambassadeur du tsar à Paris
c'est lui, maintenant, qui habite un palais et
qui reçoit les hommages; c'est lui qui propose
Sainte-Hélène aux Anglais. Un jour qu'on vient
implorer en faveur du grand exilé sa clé-
mence, il demande la nuit pour réfléchir, afln
de servir froide, le lendemain* la réponse nar-
quoise « qu'après avoir tant combattu Napo-
léon, il n'aurait plus de crédit pour plaider sa
cause ». « Je ne l'ai pas tué, dira-t-il plus
tard, j'ai seulement jeté sur lui les dernières
pelletées de terre. »
L'atroce agonie de Sainte-Hélène n'apaisa
point sa rancune. En 1833, de séjour à Ajaccio,
il offrit cinq cent mille francs de là, vieille mai-
son où était né Bonaparte; M. Levie Ramolino,
qui la possédait alors, refusa cette fortune qui
eût payé cent fois les pierres de la glorieuse
bicoque. Alors Pozzo se rendit acquéreur do la
Punta, le rocher qui domine Ajaccio, plu-
sieurs milliers d'hectares, toute la montagne.
De là il écrasait la maison de son rival, jadis
ravagée par ses soins. Des routes furent tra-
cées dans le maquis arborescent, respectant les
ruines du misérable village auquel la famille
Pozzo doit son nom. Ah! que de ce sommet elle
paraît mesquine et humble la pauvre Casa Bo-
naparte et combien là le vainqueur, songeant
à ses débuts et à son habit noir râpé, devait
jouir de son triomphe! • .̃ y ̃̃̃-♦*•-» -f 'y f'f'
II mourut en 1842; mais la vendetta lui sur-
vécut. Une haine corse ne s'éteint jamais. En
1871 celle-là durait encore. Il fallait mainte-
nant que les choses elles-mêmes proclamas-
sent l'issue de ce duel extraordinaire dont les
reprises se succédaient depuis près de cent ans.
Des millions furent dépensés pour amener à
la Punta les matériaux provenant de la dé-
molition des Tuileries,. balcons, fûts, chapi-
teaux, colonnes de Philibert Delorme, ce que le
feu et la pioche épargnèrent de la demeure de
l'oncle et du neveu. Ainsi les pierres, châtiées
'a'âvdii<îiaï)iiitéTJâr èfàiidëùr passagère 'ràéè' Bo-
naparte allaient orner la, demeure de la fa-
mille victorieuse. « Pour conserver à la patrie
corse un précieux souvenir de la patrie fran-
çaise », dit l'inscription du fronton. Mais afin
que nul ne se méprenne sur l'intention, il suf-
fit de considérer les deux portraits qui se font
face dans le grand salon sur l'une des toiles,
le duc Charles-André Pozzo di.Borgo, ambassa-
deur de Russie, dans la pompe de ses chamar-
rures, montre son visage illuminé d'orgueil
satisfait; sur l'autre, l'empereur, un empereur
déjà vaincu, peint par David en i815, plie les
épaules sous l'humiliation de l'île d'EJbe. et le
pressentiment de kWaterjoo, | Vv
~endettai ft'i f f'fff'fï' 'nI
i } ,i I 1 }»,•; G. LENOTRE. -"•*
ACADEMIES, POE RSÎ TES, ÉCOLES
A la Société des gens de lettres
> M. Louis Barthou élu sociétaire
Le comité de la Société des gens de lettres a
procédé hier à l'élection de plusieurs sociétaires
nouveaux. On sait que M. Louis Barthou, prési-
dent du conseil démissionnaire, réminent histo-
rien de Mirabeau, l'essayiste des Impressions et
essais, se trouvait au premier rang des candidats,
parrainé devant le comité par MM. Edmond Ros-
tand et Paul Hervieu, de l'Académie française.
ment omis d'inclure la possibilité de s'intéres-
ser passionnément aux coopératives suédoises
ou à la composition des rôles de Maubant,
qu'elle avait oublié de fournir celui des sœurs
de ma grand'mère du petit grain de sel qu'il
faut ajouter soi-même, pour y trouver quel-
que saveur, à un récit sur la vie intime de Mo-
lé ou du comte de Paris. » Ou encore « J'al-
lais m'asseoir près de la pompe et de son auge,
souvent ornée, comme un font gothique, d'une
salamandre, qui sculptait sur la pierre fruste
le relief mobile de son corps allégorique et fu-
selé, sur le banc sans dossier ombragé d'un
lilas, dans ce petit coin du jardin qui s'ouvrait
par une porte de service sur la rue du Saint-
Esprit et de la terre peu soignée de laquelle (?)
s'élevait par deux degrés, en saillie de la mai-
son, et comme une construction indépendante,
l'arrière-cuisine. » J'ai choisi ces exemples par-
mi les plus courts.
ajoutez que les incorrections pullulent,
que les participes de M. Proust ont, comme
disait un personnage de Labiche, un fichu ca-
ractère, en. d'autres termes qu'ils s'accordent
mal; que ses subjonctifs ne sont pas plus con-
ciliants ni plus disciplinés, et ne savent même
pas se défendre contre les audacieux empié-
tements de l'indicatif. Exemple .« Certains
phénomènes de la nature se produisent assez
lentement pour que. la sensation même du
changement nous est (sic) épargnée. » Ou en-
core « .Quoiqu'elle ne lui eût pas caché sa
surprise qu'il habitait (sic) ce quartier. » Le
pauvre subjonctif est une des principales vic-
times de la crise du français; nombre d'au-
teurs, même réputés, n'en connaissent plus le
maniement; dès poètes joués dans les théâtres
subventionnés et des critiques en exercice
confondent fusse avec fus, eusse avec eus,
bornât avec borna, et hier même un de nos
distingués confrères citait, pour s'en moquer
comme d'un monument de cacographie, cette
phrase du nouveau président du conseil, M.
Doumergue, laquelle est irréprochable « Je
ne crois pas que l'honorable M. Barthou s'at-
tendit à être renversé. » On ne se figure pas,
à moins de les lire d'un bout, à l'autre et avec
attention, combien sont mal écrits la plupart
des ouvrages nouveaux. Visiblement, les jeu-
nes ne savent plus du tout le français. La lan-
gue se décompose, se mue en un patois infor-
me et glisse à la barbarie. Il serait temps de
réagir. On souriait naguère des efforts d'un
directeur de revue qui relevait sur épreuves
tous les solécismes de ses collaborateurs. Ce
n'était point, paraît-il, une sinécure. On com-
mence à regretter ce courageux grammairien.
Et l'on souhaiterait que'chaque maison d'édi-
tion s'attachât comme correcteur quelgae. vieil
universitaire ferré sur Ja. syntaxe.. I
M.' ."Charles Le Goffic, à qui était 'échue la tâche
délicate et agréable de présenter à la société le
traditionnel rapport sur le nouveau candidat, -ayant
lu les deux lettres par lesquelles les. deux acadé-
miciens présentaient M. Louis Barthou à l'agré-
ment du comité, déclara d'abord spirituellement
qu'il avait bien envie de s'en tenir là, mais s'ac-
quitta jusqu'au bout de sa mission. Ayant énuméré
les divers titres de M. Louis Barthou, qui n'en
manque pas, montré comment en lui le politique
et l'orateur servaient l'historien, il témoigna de son
admiration personnelle pour Mirabeatt et les Im-
pressfons, qui sont de très beaux livres.
Le vœu do M. Le Goffic fut entendu. C'est en
effet à l'unanimité que M. Louir Barthou fut élu
membre sociétaire dt. la Société des gens de let-
tres.
Après lui vinrent, au cours d'une séance assez
longue, la lecture des rapports sur dix-sept au-
tres,candidats. Quatorze d'entre eux furent nom-
més. Ce sont MM. Carton de Wiart, ministre de la
justice en Belgique, Fernand Gavarry; directeur
au ministère des affaires étrangères, tous deux
auteurs d'oeuvres estimées, Ernest Gaubert, Emile
Henriot, Gustave Lanson, Marius Leblond;. Le-
roux-Cesbron, Jules Pravieux, Paul Reboux; Ju-
les Sageret, Norbert Sevestre; Mmes Marie-Anne'
de Bovet, M. Delly et T. Trilby. ,X
Le dîner
Après une. journée si remplie, les gens de let-
tres ne se trouvèrent point encore quittes. Hier
soir justement tombait le dîner mensuel de la
société. Et M. Georges Lecomte, président, de la
Société .des gens de lettres, avait eu l'idée heu-
reuse cj'offrir la présidence de ce. dîner au dessi-
nateur alsacien Hansi, actuellement, de passage à à
Paris. Les retentissants événements de ces jours
derniers donnaient à ce joli geste de la société
une signification particulière. Aussi bien un grand
nombre de gens de lettres avaient-ils répondu à
l'appel de M. Georges Lecomte. C'est co dernier
qui, au dessert, prit la parole pour souhaiter d'a-
bord au spirituel et mordant caricaturiste une
bienvenue cordiale. Après quoi, ayant donné un
souvenir ému à,la grande cause que Hansi sait
si bien défendre avec la seule pointe de son
crayon, l'orateur rappela les noms de tous les
écrivains venus d'Alsace dont la Société des gens
de lettres est Hère; puis après une heureuse péro-
raison, M. Georges Lecomte donna l'accolade à
Hansi, aux grands applaudissements de l'assis-
.tance.
M. Pierre Decourcelle parla ensuite et rappela
comment il y a quarante et un ans, à Saverne, sa
ville natale, un Alsacien célèbre son beau-père
Edmond About, avait été arrêté dans sa pro-
pre maison pour ses écrits. Puis s'adressant au
courageux hôte des gens de lettres, il rapprocha
ingénieusement le « prisonnier de Saverne »
About, et le prisonnier de Colmar » Hansi, et
leva son verre en finissant à la santé de Hansi et
« au souvenir ».
C'est alors qu'a son tour M. Hansi se leva, et do-
minant l'assemblée de sa haute taille un peu voû-
tée et de sa tête expressive, qu'il porte d'ordinaire
penchée en avant, a la fois comme un enfant qui
m sous cape et comme un solide gaillard qui va
charger Hansi n'en craint pas, pour la « char-
ge » le célèbre humoriste prononça de sa voix
un peu traînante et ironique, que voilait une trem-
blante émotion, le spirituel et émouvant discours
dont voici les principaux passages '7. Ut
Discours de M. Hansi
.Votre comité a offert aujourd'hui la présidence à
un Alsacien, à un « wackes (pour ma part je suis très
lier d'avoir reçu assez .souvent le titre de Ober-Wackes,
de Sur-Voyou) au moment même où un peuple en-
tier venait d'être insulté dans sa flerté et dans son
malheur par un galopin en uniforme, au moment où
toute une armée soutenait cette lâcheté de 'ses baïon-
nettes. Votre généreuse invitation m'a touché plus que
je ne saurais vous dire, parce qu'elle est arrivée à
l'heure do l'épreuve et de la douleur. Je l'ai accep-
tée, pour que là-bas aussi" on connaisse ce geste sym-
pathique. Il figurera au compte de toutes les choses
belles et bonnes et délicates qui nous sont venues de
ce pays, en' regard des grossièretés, des insultes et
des brutalités dont on nous abreuve depuis quarante
ans. « Ceci » aidera à supporter « cela » et là-bas
on vous en sera reconnaissant infiniment.
Puis, j'ai une' autre raison. Cette soirée me permet
de parler de la grande et belle dame, de la très grande
et très belle daine, que nous servons tous ici, de cette
langue française dont vous êtes (si vous voulez bien)
les brillants cavaliers servants qui ajoutez à la gloire
et à la stupeur de son cortège; je ne suis, moi, qu'un
de ses modestes gardes chasse, placés aux extrêmes
limites de ses terres très modeste, mais très fkr
d'être moi aussi un peu de la maison.
Il est une question que l'on me pose ici tous les
jours la langue française réussit-elle à se mainte-
nir en Alsace? Eh bien, oui, mesdames et messieurs,
non seulement elle setfliâjntiéjit' ïMàis" tous0lès "jours sa
beauté et son charme lui attirent de nouveaux dé-
vouements.
Mais voici qui est plus important. Le nombre de
personnes parlant et lisant le français augmente de
jour en jour. Ces derniers temps, la lutte a été plus
Apre que jamais. Des sociétés de conférences, des or-
ganisations littéraires se sont créées dans les grandes
et petites villes, un peu partout.
Je ne vais pas vous faire de statistique, car en cette
matière la statistique ne prouve rien. Dans certaines
villes le germanisme zélé des,instituteurs allemands
chargés' du recensement, obtient un résultat fictif, dans
d'autres encore de braves Alsaciens déclarent le fran-
çais être leur langage maternel uniquement pour
jouer un tour aux Allemands. Non, je ne voudrais
vous citer qu'un fait que nous observons journelle-
ment. Je me rappelle l'époque où à Colmar j'étais, à
côté de deux douzaines d'abonnés au Temps, le seul
lecteur d'un journal français du matin. Aujourd'hui,
on vend tous les soirs dans ma petite ville plus de huit
cents journaux français, de toutes les couleurs et de
toutes les nuances; pour les avoir plus vite, on va les
chercher à la frontière, leur arrivée est une des bonnes
heures de la journée, et chaque fois qu'un journal est
interdit pour son courage deux ou trois autres jour-
naux prennent sa place. La même formidable progres-
sion peut s'observer tant à Mulhouse qu'à Strasbourg.
Je ne connais pas de preuve plus probante.
A l'issue du dîner, M. Georges Lecomte donna
lecture de plusieurs lettres de personnalités im-
portantes qui s'excusaient de n'avoir pu assister
au dîner, dont M. Maurice Barrés, et d'une dépê-
che du Couarail », qui réuni le môme jour en
une séance solennelle sous la présidence de M.
d'Haussonyille, de l'Académie française, avait tenu
Cependant M. Marcel Proust a, sans aucun
doute, beaucoup de talent. C'est précisément
pourquoi l'on déplorera qu'il gâte de si beaux
dons par tant d'erreurs esthétiques et gramma-
ticales.. Il a une imagination luxuriante, une
sensibilité très fine, l'amour des paysages et
des arts, une sens aiguisé de l'observation
réaliste et volontiers caricaturale. II y a, dans
ses copieuses narrations, du Ruskin et du
Dickens. Il est souvent embarrassé par un
exôès de richesse. Cette surabondance de me-
nus faits, cette insistance à en proposer des
explications se rencontrent fréquemment dans
les romans anglais, où la sensation de la vie
est produite par une sorte de cohabitation assi-
due avec les personnages. Français et Latins,
nous préférons un procédé plus synthétique.
Il nous semble- que le gros volume de M. Mar-
cel Proust n'est pas composé, et qu'il est aussi
démesuré que chaotique, mais qu'il renferme
des éléments précieux dont l'auteur aurait pu
former un petit livre exquis.
Un enfant prodigieuseme sensible a pour
sa mère une adoration presque maladive. La
solitude l'épouvante, et pour qu'il puisse au
moins-s'endormir, il faut que cette mère vienne
l'embrasser dans son lit. Si elle ne peut ou ne
veut venir, pour ne pas s'éloigner de ses in-
vités, par exemple, c'est un vrai drame, pres-
que une agonie. « Une fois dans ma chambre,
il fallut boucher toutes les issues, fermer les
volets, creuser mon propre tombeau, en défai-
sant nies couvertures, revêtir le suaire de ma
chemise de nuit. » Mai~çette curieuse nature
d'enfant n'est étudiée que dans quelques pa-
ges assez pathétiques. Il ne sera presque plûsi
question par la suite de ces terreurs nocturnes
ni de cette tendresse filiale impérieuse et éper-
due. Mais d'autres souvenirs se pressent en
foule, évoqués par la saveur d'une tasse de thé
et d' « un de ces gâteaux courts et dodus appe-
lés « petites madeleines », qui semblent avoir
été moulés dans la valve rainurée d'une co-
quille de Saint-Jacques ». Ce goût était celui du
petit morceau de madeleine que le dimanche, à
Combray, la tante Léonie offrait au petit gar-
çon, voilà bien des années.]t« La vue de la pe-
tite madeleine ne m'avait rien rappelé avant
que je n'y eusse goûté. Les formes et celle
aussi du petit coquillage de pâtisserie, si gras-
sement sensuel, sous son plissage sévère et
dévot s'étaient abolies ou, ensommeillées,
avaient perdu la'force d'expansion qui leur
eût permis de rejoindre la .conscience. Mais
quand d'un passé ancien rien ne subsiste,
après la mort des êtres, après la destruction des
choses, seules, plus frêles mais plus vivaces,
plus immatérielles, plus persistantes, plus fi-
dèles, l'odeur et la saveur restent, encore long-
temps, .cofluns d.es. âmes, à se rappeler, à ak..
à saluer de Nancy (( l'érainent président de la belle
Société des gens de- lettres ».
Académie des sciences
Election du professeur Duhem. La dernière élec-
tion à la, sixième place vacante dans la nouvelle sec-
tion des membres non-résidants de l'Académie des
sciences, section réservée aux savants de province et
créée par le décret du 17 mars 1913, a eu lieu hier.
La commission mixte spécialement nommée pour
dresser la liste des candidats avait classé en pre-
mière ligne M. Duhem, à Bordeaux; en seconde
ligne, et par ordre alphabétique, MM. Cosserât, de
Toulouse; Grand'Eury, de Malzéville; Maupas,
d'Alger, et Stéphan, de Marseille.
M. Pierre Duhem, professeur de physique à la
faculté des sciences de Bordeaux et correspondant
de l'Académie, a été proclamé élu dès le premier
tour de scrutin par 4o suffrages sur 57 votants. ol
Né à Paris, le 10 juin 1861, ancien élève de l'Ecole e
normale supérieure, maître 'de conférences de
physique aux facultés des sciences de Lille et de
Rennes, de 1887 à 1894-, M. Pierre Duhem a été
nommé professeur de physique théorique à la fa-
culté de Bordeaux en 1895.
Elu correspondant de l'Académie des sciences,
dans la section de mécanique, en 1900, M. Duhem
à été deux fois lauréat de l'Institut. Il a reçu le
prix Petit-d'Ormoy, en 1907, et le prix Binoux, en
909.
Ses travaux sur les principes fondamentaux de
l'hydrodynamique, sur la progression des ondes,
sur l'aimantation et le magnétisme, sur l'analogie
entre les rayons X et les ondes hertziennes, sur les
forces électrodynamiques, etc. comptent parmi les
plus intéressants.
Origine des lésions tuberculeuses. Dans l'état
actuel des recherches concernant la tuberculose,
la présence du bacille de Koch ou d'un reliquat
du corps de ce bacille est considérée comme la con-
dition nécessaire à la genèse des lésions les plus
graves de cette affection.
La plupart des expérimentateurs qui ont étudié
les effets de ce virus sur les tissus normaux nient
la possibilité de déterminer le développement de
lésions tuberculeuses en dehors des zones ou les
tissus sont occupés par le microbe.
Des recherches des docteurs Dominici et Os-
trowsky, présentées par M. Roux, directeur de l'ins-
titut Pasteur, il résulte que les poisons solubles
extraits du corps du bacille de Koch, suivant la
technique d'Ostrowsky, sont capables de provo-
quer ces lésions qui se produisent alors, indépen-
damment de la présence de l'élément pathogène.
L'injection de ces produits solubles, obtenus en
macérant les bacilles vivants et en les traitant par
l'éther, sous la peau d'un cobaye, détermine la
formation de tubercules, des phénomènes de dé-
générescence variés, plusieurs sortes de nécroses, la
suppuration caséeuse dans les organes les plus di-
vers, tels que les poumons, le foie, la rate, les
ganglions lymphatiques, etc.
C'est pour la première fois qu'on a obtenu de
semblables résultats en désaccord avec la théorie
classique. Ils contribuent à élucider l'origine de
«certaines lésions tuberculeuses qui apparaissent
à distance des foyers infectieux. et dans lesquelles
il est impossible 'de déceler la présence du bacille.
Ajoutons que le docteur Ostrowsky a préparé
une nécrotubercultne, qui employée en thérapeu-
tique, a donné des résultats intéressants.
L'évolution de la marée. Plusieurs poissons
des grandes profondeurs, dont les galeries zoolo-
giques ne possèdent que peu d'exemplaires, ont
fait %uv apparition sur le marché de Paris. De
grandes quantités de ces poissons se trouvent sur-
tout aux Halles centrales pendant les mois d'hiver.
Ces faits curieux sont, d'aï rès M. Edmond Per-
rier, directeur du Muséum, la conséquence de
l'évolution do la pêche maritime. Les pêcheurs
vont maintenant chercher plus loin et plus bas
lés poissons qui se montrent plus rarement à proxi-
mité des côtes. Depuis quelques années, les cha-
lutiers vont pêcher sur les côtes du Portugal et du
Maroc, et leurs filets descendent jusqu'à 200 mè-
tres de profondeur.
Le docteur Jugeat, vétérinaire sanitaire aux
Halles, a observé de nombreux poissons comme
les beryx, d'une coloration écarlate, des brama,
des zéiaésj des dentex maroccanus, des brartiidés
anciens dont les yeux sont particulièrement dé-
veloppés à cause de la faible lumière qui pénètre
dans les eaux marines à 200 mètres de profondeur.
!̃•• Peu de Parisiens se doutent qu'il leur est sou-
vent donné de manger des poissons considérés
jusqu'à présent comme des curiosités zoologiques.
Une année sans taches de soleil. Pendant les
deux premiers trimestres de l'année 1913, la sur-
face éclatante du soleil est restée vierge de ta-.
ehes. M. Guillaume, astronome à l'observatoire de
Saint-Genis-Laval, près de Lyon, a continué ses
observations pendant, le t,ro|sjème trimestre. M.
Baillaud, directeur de î'whseryatplrê, dans une
communication4' faite 'au1 nom* -de* M.' Guillaume/
fait remarquer que pendant cette période encore
il n'y a presque pas eu de taches. Des facules
brillantes ont par contre été observées. Un autre
astronome de l'observatoire de Lyon, M. Flajolet,
a constaté un certain accroissement des pertur-
bations magnétiques un peu fortes, les seules
qu'on puisse observer à cause du voisinage des
tramways.
L'année 1913 est remarquable au point de vue
de l'absence des taches solaires. Un tel minimum
n'avait pas été constaté depuis 1810.
Terre ou île nouvelle? Le général Schokalsky,
délégué par le gouvernement russe à la conférence
de la carte du monde, qui assiste à la séance, a.
présenté deux communications: l'une sur une nou-
velle carte en.relief de la Sibérie, l'autre sur une
découverte importante qui aurait été faite par des
officiers hydrographes de la marine russe, chargés
d'explorer la côte sibérienne nord, depuis le dé-
troit de Behring jusqu'à la péninsule Tamur. Ces
oftlciers ont reconnu une nouvelle terre ou une
nouvelle île longue et étroite qui s'étend vers l'est
jusqu'à la longitude de 97 degrés 12 minutes du
méridien de Greenwich. On ne sait pas encore
jusqu'où cette terre se prolonge dans l'ouest. La
latitude de cette terre est de 80 degrés 4 minutes.
Elle occupe à peu près la même position que le
Spitzberg et que la terre François-Joseph.
La mission n'est pas encore revenue du Kamt-
chatka. Ces nouvelles ont été transmises par dé-
pêches.
pêches, A l'université du « Foyer »
Hier à l'université du « Foyer », notre collabora-
teur M. André Tardieu a fait, sous la présidence
tendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste,
à porter sans fléchir, sur leur gouttelette pres-
que impalpable, l'édifice immense du souve-
nir. Et comme dans ce jeu où les Japonais
s'amusent à tremper dans un bol de porce-
'laine rempli d'eau de petits morceaux de papier
jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ijs
plongés, s'étirent, se contournent, se colorent,
se différencient, deviennent des fleurs, des
maisons, dès personnages consistants et re-
connaissables, de même maintenant toutes les
fleurs de notre jardin et celles du parc de M.
Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les
bonnes gens du village et leurs petits logis et
l'église et tout Combray et ses environs, tout ce-
la qui prend force et solidité est sorti, ville et
jajrdms, de ma tasse de thé. »
"£Ce n'est pas un cas d'association d'idées,
ni même d'images, mais d'impressions pure-
ment sensorielles. Et M.. Marcel Proust, com-
me tant d'autres écrivains contemporains, est
avant tout un impressionniste. Mais il se dis-
tingue de beaucoup d'autres en ce qu'il n'est
pas uniquement ni même principalement un
visuel, mais un nerveux, un sensuel, et un rê-
veur. Sa tendance méditative lui joue parfois
de mauvais tours. Il s'attarde en songeries in-
finies sur le caractère et sur la destinée d'êtres
fort insignifiants, une vieille tante maniaque,
férue de pepsine et d'eau de Vichy, une vieille
bonne machiavélique et dévouée, un vieux curé
ennemi des vitraux anciens et dépourvu de tout
sentiment artistique. Quelques lignes auraient
suffi pour croquer ces silhouettes. Certains
1 épisodes troubles n'ont pas l'excuse d'être né-
cessaires. Que de coupes sombres M. Proust au-
rait pu avantageusement pratiquer dans ses
cinq cents pages! Mais il y a de bien jolies
descriptions qui ne se bornent presque jamais
au rendu matériel 'et que magnifie le plus
souvent une inspiration d'esthète ou de poètes
« La haie (d'aubépines) formait comme -une
suite de chapelles qui disparaissaient sous la
jonchée de leurs fleurs amoncelées en repo-
soir au-dessous d'elles, le soleil posait à terre
un quadrillage de clarté, comme s'il- venait de
traverser une verrière; leur parfum s'étendait
aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que
si j'eusse été devant l'autel de la Vierge, et les.
fleurs, aussi parées, tenaient chacune d'un
air distrait son étincelant bouquet d'étamines,
fines et rayonnantes nervures de style flam-
boyant comme celles qui à l'église ajouraient
la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et
qui s'épanouissaient en blanche chair de |
fleur, de fraisier. »vEl cela est éminemment f
ruskinien. On aimera aussi les surprises et les
émotions de l'enfant lorsqu'il voit pour la pre-
mière fois en chair et en os la duchesse de
.GuermanteSj, .dont la famille descend de Gszl
de M. Crozier, ambassadeur de France, une confé-
rence sur « les Relations franco-espagnoles. »
Dans une allocution très brillante, M. Crozier a
parlé de la situation actuelle de la diplomatie et -t
des difficultés nouvelles qui résultent pour elle des
mœurs politiques, de la rapidité des communica-
tions et de la publicité croissante des négociations.
M. André Tardieu a suivi l'évolution des rapports
franco-espagnols depuis 1902, rappelant les fautes
commises des deux côtés et montrant les progrès
réalisés. Il a examiné les hypothèses d'avenir sur
lesquelles l'Espagne et la France ont à se pronon-
cer, soit en Europe, soit en Afrique.
Une très nombreuse assistance a applaudi le pré-
sident et le conférencier.
A l'université des « Annales »
Notre éminent collaborateur et ami M. Em. Faguet,
heureusement rétabli, faisait hier, à l'université
des « Annales », une rentrée qui fut saluée de longs
applaudissements.
Le thème de la conférence était « l'Horreur des
responsabilités». Ce qui amena tout naturellement
M. Faguet à parler du vrai devoir, et surtout du
courage qui est l'essence même et comme la
conscience de la responsabilité.
Il exhorta son jeune auditoire au courage de ses
actes, l'assurant que la volonté féminine pèse
d'un poids immense sur les décisions masculines,
l'homme étant particulièrement sensible aux exem-
ples de courage moral donnés par un être plus
faible.
Ce fut une belle, émouvante leçon, et certaine-
ment les auditrices-des « Annales» se souviendront
du généreux effort accompli par M. Emile Faguet
pour ne pas faillir à; son devoir.
Le public, tout entier debout, lui fit une chaleu-
reuse ovation.
A l'Association des étudiantes de l'université
de Paris, rue Saint-Jacques, 55, dimanche 14 dé-
cembre, à quatre heures et demie, sous la prési-
dence de M. Charles Diehl, professeur à la Faculté
des lettres, membre de l'Institut, conférence de M.
Guglielmo Ferrero « la Femme romaine ».
Les étudiantes seront reçues sur présentation de
leur carte de faculté.
A la Société des conférences, demain mercredi
10 décembre, à 2 h. 1/2 précises, le R. P. Lebbe,
lazariste, traitera ce sujet: « Choses vues en Chine
par un missionnaire qui y a résidé quinze ans ».
wouiteîxes mnnciPAXaES
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE
M. Chassaigne-Goyon préside.
La question des sœurs. Après adoption d'un bref
rapport de M. Rebeillard attribuant une subven-
tion à la « Société des amis de Balzac », on reprend
l'examen ,des propositions de MM. Alpy et de Puy-
roaigre sur la réintégration dés sœurs dans les
hôpitaux.
M. de Puymaigre, poursuivant un discours com-
mencé à la précédente séance, affirme que les
sœurs accomplissent à merveille leurs fonctions
dans tous les établissements où elles subsistent
encore. Il insiste sur le caractère purement admi-
nistratif, nullement politique, do sa proposition,
qu'il applique finalement aux seuls établissements
créés ou à créer en vertu de fondations spéciales et
à un hôpital à créer sur la rive droite. Les sœurs
devraient d'ailleurs y être employées non seulement
comme surveillantes, mais aussi comme infir-
mières.
M. Mesureur, directeur de l'Assistance publique,
répond. Il constate d'abord avec satisfaction qu'on
n'a adressé aucun reproche au personnel laïque
des hôpitaux, dont le recrutement est à l'abri de
toute critique, et dont chaque jour ou s'évertue à
améliorer la situation. Que deviendraient les éco-
les d'infirmières, dont les élèves ont des droits
acquis, dans le cas où on réintégrerait les sœurs ?
Il y a actuellement 2,000 infirmières pourvues de
leur diplôme et qui attendent que des vacances
permettent leur promotion. Et est-on bien certain
que le recrutement des congréganistes se ferait
aussi facilement, alors que jadis les sœurs de-
vaient faire appel, pour assurer les services dont
elles avaient la responsabilité, à des personnes de
nationalité étrangère ? `? p
La liberté de conscience des malades est rigou-
reusement respectée, un aumônier se rend tous les
jours dans chaque hôpital et des dames visiteuses
qui passent quotidiennement dans les salles ne
manquent pas de lui signaler les besoins religieux
des hospitalisés. Pourquoi dès lors tenter de dres-
ser les uns. contre les autres les « hôpitaux libres
penseurs~et tes ((.hôpitaux religieux,»:? Efc.quanJ.à
l'économie, à- réaliser, M. Mesureur la juge vrai-
ment insignifiante. Dans ces conditions, le direc-
teur conclut au rejet de la réforme, déclarant au
surplus que personnellement il ne se chargerait
pas de l'appliquer.
Il faut pourtant se décider, dit M. Poirier de
Narçay. Pourquoi no consulterions-nous pas la po-
pulation par voie de référendum ?
L'idée séduit MM. Gelez, Rollin, Billard et les au-
teurs mêmes des propositions on discussion. Mais à
la demande de M. Varenne, rapporteur, de M. Na-
varre et du préfet de la Seine, qui y opposent dos
raisons de fait et de droit, le référendum est écarté
par 39 voix contre 37.
M. Galli et M. Lemarchand font alors observer
qu'à côté des hôpitaux laïques, souvent encombrés,
il existe des établissements libres où. sous forme
de subvention, la Ville pourrait entretenir un cer-
tain nombre de lits. On pourrait ainsi, sans portor
atteinte au principe de laïcité, donner satisfaction
aux malades qui désirent être soignés par des reli-
gieux.
Combattue par MM. Desvaux, Fleurot, Varenne.
et par le préfet de la Seine qui craint que la situa-
tion budgétaire de la Ville ne lui permette pas de
subventionner l'assistance privée, appuyée vivo-
ment par M. 'Marcel Habert, la proposition de
M. Galli va être mise aux voix, dans un brouhaha
intense, mais M. Varenne réclame énergimiement
qu'on se prononce d'abord sur son rapport. Et il ob-
tient par 41 voix contre 30 le rejet des propositions
Alpy et de Puymaigro.
Ce vote accroît le tumulte. Des altercations se
produisent, certains conseillers en viennent aux
injures et même aux coups. Mais la proposition
Galli est néanmoins votée par 41 voix contre 35.
neviève de Brabant, et qu'il s'était représentée
jusque-là « avec les couleurs d'une tapisserie
ou d'un vitrail, dans un autre siècle, d'une au-
tre matière que les personnes vivantes »>6
Et voici l'explication du titre particulier à
ce premier volume a Il y avait autour de
Combray (la petite ville où l'enfant et ses pa-
rents passent les vacances) deux côtés pour
les promenades, et si opposés qu'on ne sortait
pas en effet de chez nous par la même porte,
quand on voulait aller d'un côté ou de l'autre:
le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait
aussi le côté de chez Swann parce qu'on pas-
sait devant la propriété de M. Swann pour
aller par là, et le côté de Guermantes. Le côté
de Méséglise avec ses lilas, ses aubépines, ses
bluets, ses coquelicots, ses pommiers, le côté
de Guermantes avec sa rivière à têtards,, ses
nymphéas et ses boutons d'or, ont constitué à
tout jamais pour moi la figure des pays où,
j'aimerais vivre. » Mais après deux cents pa-
ges consacrées à ces souvenirs et aux anecdo-
tes sur le grand-pèfe,' la grand'mère, les
grand'tantes et les servantes, nous nous enga-
geons décidément un peu trop « du côté de
chez Swann »: un énorme épisode, occupant
la bonne moitié du volume et rempli non plus
d'impressions d'enfance, mais de faits que
l'enfant ignorait en majeure partie et qui ont
dû être reconstitués plus tard, nous expose mi-
nutieusement"l'amour de ce M. Swann, fils s
d'agent de change, riche et très mondain, ami
du comte de Paris et du prince de Galles, pour
une femme galante dont il ne connaît pas le
passé et qu'il croit longtemps vertueuse, avec
une naïveté invraisemblable chez un Parisien
de cette envergure?5 Elle le trompe, le torture et
finalement se fera épouser. Ce n'est pas posi-
tivement ennuyeux, mais un peu banal, malgré
un certain abus de crudités, et malgré l'idée
qu'a Swann de comparer cette maîtresse à la
Séphora de Botticelli qui est à la chapelle Six-
tine~Et que d'épisodes dans cet épisode! Quelle
fouro-de comparses, mondains de toutes sortes
et bohèmes ridicules, dont les sottises sont
étalées avec une minutie èt une prolixité ex-
cessives nfin la dernière partie nous montre
le jeune neros de l'histoire follement amoureux
de sa petite camarade des Champs-Ely&ées,
Gilberte, la fille de M. Swann (que les pa-
rents du petit garçon ne voient plus depuis
son absurde mariage). C'est, je pense, l'amor-
ce du tome qui va suivre et qu'on attend avec
sympathie, avec l'espoir aussi d'y découvrir un
peu plus d'ordre, de brièveté, et un style plus
>châtié dû présent volume une flânerie de l'auteur r
adulte, vingt ans après, au bois de Boulogne,
où il ne retrouve rien de ce qui l'avait tant.
sbsxmà jadis. Il a la nostalgie des attelages/
L'administration et la commission devront donc
étudier un projet de répartition de subvention entre
les hôpitaux libres. A la demande de M. Fleurot,
elles examineront aussi la possibilité de construire
de nouveaux hôpitaux par la Ville.
Parmi les incidents violents qu'a suscités ce dé-
bat, il faut signaler celui dont MM. Barthélémy
Robaglia et Tony Michaud ont été les acteurs, et
qui a été suivi d'un échange de témoins. MM.A.Ou-
din et Rollin au nom de M. Robaglia ont demandé
réparation à M. Michaud. Mais les témoins de ce-
lui-ci, MM. Navarre et Varenne, ont, au nom de leur
client, refusé toute excuse et toute réparation.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Conseils généraux
Meuse. Dimanche ont eu lieu des élections de
conseillers généraux dans les cantons de Charny
et de Clerrnont-en-Argonne.
A Clermont, le docteur Clause, républicain,
conseiller d'arrondissement, a été élu en rempla-
cement de M. Labrosse, républicain, décédé, à la
presque totalité des suffrages exprimés. Il n'avait
pas de concurrent.
A Charny, M. George Lecourtier, républicain, a
été élu en remplacement de son père, avec une
majorité de 300 voix, contre M. Auguste Henry,
libéral. •
r~rr~rs
•flOTOltES Du JOUR
I
Le groupe
de la réforme électorale
Réuni hier au Palais-Bourbon, le bureau du
groupe de la réforme électorale a adopté la réso-
lution suivante
Le groupe est unanime à affirmer que la question de
la réforme électorale conserve tout son caractère
d'urgence et qu'il est nécessaire que le gouverne-
ment insiste auprès qu Sénat pour qu'il se prononce
sans délai.
Dîner diplomatique
̃Le comte Szecsen de Temerin, ambassadeur ex-
traordinaire et ministre plénipotentiaire d'Autriche-
Hongrie, a donné hier soir un dîner en l'honneur
du président de la République.
Le comte et la comtesse Szecsen avaient à leur
droite M. et Mme Raymond Poincaré. Parmi les
convives citons l'ambassadeur d'Espagne et Mme
de Villaurrutia, M. et Mme Barthou, et Mme Pi-
chon, le préfet de police et Mme Hennion, le comte
Frédéric Hoyos, MM. Paléologue et de Margerie, les
généraux Michel et Beaudemoulin. g
Le dîner a été suivi d'une réception, à laquelle
assistèrent notamment, en dehors des membres du
corps diplomatique, M. et Mme Loubet, M. et Mme
Fallières, M. et Mme Ratier, M. et Mme Klotz, M.
Charles Dumont, M. et Mme Etienne. M. et Mme
Baudin, M. et Mme Joseph Thierry, M. Massé, M.
et Mme Clémentel, M. Morel, M. et Mme Chéron,
M. Paul Morel, M. et Mme Bourély, M. Léon Bé-
rard, M. et Mme de Monzie, M. Briand, le préfet de
la Seine et Mme Delanney, M. Chassaigne-Goyon,
président du Conseil municipal, M. Steeg, M. et
Mme de Selves, M. et Mme Deschanel, M. et Mme
Dubost, M. Clemenceau, M. et Mme Ribot, M.
Francis Charmes, M. et Mme Paul Bourget, etc.
Dans les recettes des finances
Sont nommés receveurs particuliers des finan-'
ces
ABrîançon, M. Aunleunier, receveur à cette rési-
dence, appelé à la recette de Prades et non ins-
tallé.
A Prades, M. Devèze, receveur des finances, à
Moutiers.
A Moutiers, M. Pomart, percepteur des contribu-
tions directes à Pluvigner (Morbihan).
Dans les postes et téléffraphes ~'`
Sont nommés directeurs des postes et des télé-
graphes
A Besançon, M. Chavastel, directeur à Nice, en rem-
placement de M. Vitaux, retraité.
A Nice, M. Armagis, directeur à Rouen.
A Rouen, M. Estradier, directeur à Carcassonne.
A Carcassonne, M. Dorlhac de Borne, directeur à
Chambéry.
a; Chambéry, M.. Xacho t.. inspecteur à Dijon.
A Mont-de-Marsan; M. Vallée, inspecteur à Bar-le-
Duc.
pOUVEJSffEHT SOCIRIi
Les « indésirables »
Un peu partout en France depuis le 15 novem-
bre, et dans le département de la Seine depuis
'hier, on mensure, on photographie, on établit des
signalements c'est le « recensement » des no-
mades.
Une 'loi du 16 juillet 1&12 et un décret d'admi-,
nistrâtion publique du 16 février dernier ont'
comblé une lacune dans notre législation fran-
çaise en réglementant d'une manière précise'
l'exercice des professions ambulantes et la circu-
lation des nomades sur le territoire français. L'ap-
plication de da loi fut aussitôt mise à l'étude,
mais il s'agissait de créer de toutes pièces une
organisation très délicate et très complexe. L'ceu-'
vre fut menée a bien par les services de la Su-,
retô générale et aujourd'hui la loi entre en ap-
plication.
Son texte s'applique à trois catégories d'indivi-
dus bien distinctes.: 1° les marchands ambulants;-
2° les commerçants et industriels forains; 3Me3;
nomades.
Les marchands ambulants sont, suivant le dé-
cret du 15 février 1913, ceux qui exercent sur la,
voie publique une profession, une industrie ou un,
commerce hors de la commune dans laquelle ils
ont leur résidence. La loi nouvelle les oblige à
faire aux autorités qualifiées une déclaration corn-
et des élégances anciennes; les automobiles et
les robes entravées lui font horreur. « La réa-
lité que j'avais connue n'existait plus. Le sou-
venir d'une certaine image n'est que le regret
d'un certain instant; et les maisons, les rou-'
tes, les avenues, sont fugitives, hélas! comme
les années. » .̃• “̃ ;*̃̃
M. Alfred Capus vient de publier un second
recueil de ses brillantes chroniques du Figaro.
Si l'on en considère la forme, on reconnaîtra la'
gaieté narquoise et l'ironie détachée qui cons-
tituent depuis longtemps la marque du spiri-
tuel écrivain. Mais sous ce ton de badinage, M.
Alfred Capus prend, comme dans le recueil
précédent, des positions de combat. Il raille' `
âprement les pacifistes, les puffistes, les anar-'
chistes et les utopistes. Il défend le bon sens et
la tradition nationale. Qui l'en blâmerait ?
Tout au plus peut-on différer d'opinion sur
certaines nuances, qui, à la vérité, ne laissent
pas d'avoir leur prix. On se réjouira de savoir
que Capus est stendhalien, mais on ne lui ac-
cordera pas que le culte de Stendhal nous obli-:
ge à mépriser Ibsen et Nietzsche, ni que la jeu-
nesse d'il y a vingt ans ait commis contre
l'auteur de la Chartreuse une injustice parce
qu'elle appréciait quelques maîtres étrangers.;
Ce sont les parnassiens qui n'aimaient pas'
Stendhal (je me souviens de discussions épi-
ques à son sujet avec Mendès); la jeunesse
d'il y a vingt ans l'adorait, mais elle n'oubliait.
pas que ce génie si essentiellement français
était en même temps cosmopolite de- goûts, de
mœurs et de culture, En général, M. Alfred:
Capus simplifie un peu trop les choses. On
pourrait discuter d'autres points, essayer de
montrer que s'il est permis de sourire aux dé-
pens de certains pacifistes, la paix n'en reste
pas moins l'idéal à réaliser; que la constatation
des vices humains qui ont jusqu'ici engendré;
les guerres n'implique, pas qu'on en doive
triompher comme d'un motif de réjouissance
publique; que l'émancipation de l'esprit hu-
main n'est pas une simple lubie de M. Ho-
mais, et qu'il serait bon de ne pas confondre
avec Homais les Auguste Comte et les Renan,
qui ont fortement donné dans ces doctrines. Ca-
pus préfère la jeune génération à la sienne/
qui était, selon lui, un peu fatiguée par l'abus
des idées générales. Est-il bien prouvé que telle
soit la vraie cause de cette fatigue? Et faut-il
pour cela nous prêcher l'action, purgée d'intel-
lectualisme, selon là théorie à la mode? On a
quelque peine à se représenter l'auteur, de la
Veine métamorphosé en professeur d'énergie,
et on ne rimagin&it pas si agathonien.
,y, J
̃ Paul. Soudait. 4 ̃<
La, petite histoire
VE~DETTfl
En Corse, nul ne l'ignore, le fusil fut pen-
dant longtemps le véritable « juge de paix ».
On prétend que cette coutume remonte au
temps de la cauteleuse tyrannie génoise dont
les agents, ne rendant pas justice, obligeaient
les insulaires à ne compter que sur eux-
mêmes.
Les romanciers ont exalté la vendetta; les
poètes l'ont chantée; elle a même fourni jadis
le titre et le thème d'un bien amusant vaude-
ville. Elle ne méritait pas tant d'honneur, as-
sure M. ;Albert Quantin qui nous rapporte de
Corse un livre très pittoresque et très étudié.
Au fond/la vendetta est prosaïque, et voici en
quoi elle consiste. Un homme croit avoir à
se plaindrefd'un autre homme, pour des rai-
sons très 'diverses quelques-unes sont nobles
le médecin Padovani, pour venger l'honneur de
sa sœur, donna la mort à quatre personnes à
la suite d'une insulte adressée à son père; Ser-
penti quitta, à dix-huit ans, le collège d'Ajac-
cio et commit de véritables carnages. Le plus
souvent les motifs de haine sont mesquins
une. rivalité politique, une discussion d'inté-
rêts, un empiétement, de propriété, une rixe
après boire, le dommage causé par un porc. On
,va quelquefois devant 'le juge, bien que ce
soit inutile, sa sentence ne calmant personne.
-On marche alors toujours armé. Un jour ou
l'autre un geste excite la colère. Un coup part.
Un homme est par terre. Le meurtrier va alla
campana, c'est-à-dire « prend le maquis ».
Il est devenu bandit par dérivation et dans le
sens du mot banni, parce qu'il s'est mis lui-
même au ban de la société.
Qui est alors en vendetta? Le meurtrier? Non
puisqu'il a satisfait sa colère. Mais la famille
de sa victime. Il faut du sang nouveau pour la-
,:ver le sang répandu. Les tribunaux n'ont rien
à y voir. Les gendarmes prendraient-ils le
meurtrier, ce qui n'arrive pas souvent, les ma-
gistrats le condamneraient-ils à mort, que la
vendetta ne serait pas accomplie. Elle doit se
traiter entre Corses.
Alors s'organisent ces vendettas compliquées
où les pères, les frères, les cousins sont tenus
d'agir tour à tour. On les appelle transver-
sales et elles croisent en effet leurs fils à tra-
ders les familles tombées « en inimitié ». Et
l'on voit des gens mener une vie de terreur, se
claquemurer dans leur maison, protéger, leurs
fenêtres contre les balles avec de la paille et
,des ;matpIes.?Aii bout.de! dix ans êf» plus, quand
ils croient pouvoir mettre le nez dehors, ils
sont fusillés sur leur seuil par un ennemi plus
patient qu'eux.
,Si le sang lavait le sang en une fois, un
meurtre en entraînerait un second et tout se-
rait terminé. Mais le deuxième sang en veut
un troisième, celui-ci un autre, indéfiniment. Si
bien que de générations en générations, on ar-
rive à ne plus se rappeler au juste l'origine de
la querelle, et l'on s entre-tue sans savcir pour-
cjuoi. '̃
M. Quantin esquisse quelques belles figures
de bandits celle de Giudice de Cinarca, le-
quel expédia un jour aux consuls de Gênes
un tonneau rempli d'yeux de Génois massa-
crés par lui; celle aussi de Poli, qui portait par
•bravade le képi du préfet dérobé dans une
salle d'hôtel; celle encore, plus moderne, de
!Capa. Pour s'emparer de ce dernier on dut mo-
biliser quatre-vingts gendarmes amenés de
Marseille il en. abattit sept. Sa retraite était
pourvue de toutes sortes de provisions; il y
recevait les journaux! Ces histoires-là, résu-
mées en quelques mots, paraissent moins épi-
ques que répugnantes; il faut, pour apprécier
leur sauvage grandeur, les « replacer dans
̃l'atmosphère ». Lisez le volume où' elles sont
contées; il vous promènera à travers la Corse,
de la grande forêt d'Aitone aux neiges éter-
'nelles du. Monte-Cinto; il vous fera également
connaître les habitants de cette île que la na-
'ture a comblée et qui, toujours violentée et ja-
mais asservie, s'est conservée vierge et fière.
~(La Corse, la nature, les hommes, le présent,
'l'avenir, par M. Albert Quantin, 1 vol. in-8°
"deux cartes et un portrait.) En parcourant ces
pages, tout imprégnées de la senteur du ma-
,quis, chaleureuses et précises à la fois comme
si elles étaient écrites par un géographe de-
venu amoureux de la terre qu'il explore, j'ai
rencontré la plus étonnante, la plus merveil-
leuse de toutes les histoires de vendetta. Il fau-
drait, pour la conter, un Balzac ou peut-être
lun Homère; aussi ne me risquerài-je qu'à en
'indiquer seulement le thème. Elle est frap-
pante surtout parce qu'en elle se concrètent ces
irréductibles rancunes corses qui, nées d'un
froissement de vanité, atteignent, de généra-
tions en générations, les proportions de l'é-
popée.
Une jalousie entre deux jeunes hommes en
est le point de départ. L'un a vingt ans; il s'ap-
pelle Napoléon Bonaparte; l'autre, plus âgé de
cinq années, est issu d'une humble famille du
.village d'Alata, près d'Ajaccio; il se nomme
'Pozzo di Borgo. Tous deux sont pauvres; on
peut prévoir que leur antipathie croissante oc-
casionnera quelques querelles de clocher, rien
de plus.
En 1792, l'élection de Bonaparte au grade
̃d'adjudant aide-major d'un bataillon de vo-
lontaires active l'aigreur de Pozzo. Le pre-
mier est francisé par ses séjours aux écoles
militaires de Brienne et de Paris; le second
n'est que Corse et s'en fait honneur. Quand la
i~t .FEiiML.iL.ETOW nu Stflttftè
X" DU 10 DÉCEMBRE 1913
ms livres
AIarcei; Proust 14. la recherche du temps perdu
Du côté .de chez Swann, 1 vol., Bernard Grasset.
Alfred Capus les Mœurs du temps,
deuxième série, vol. ibid.
M. Marcel Proust, bien connu des admira-~
ifôurs de Ruskin pour ses remarquables tra-
vductions de la Bible d'Amiens et de Sésamé et
,lës Lys, nous donne le premier volume d'un
grand ouvrage original A la recherche du
.temps perdu, qui en comprendra trois au
imoins, puisque deux autres sont annoncés et
.doivent paraître l'an prochain. Le premier
.comporte déjà cinq cent vingt pages de texte
serré. Quel est donc ce vaste et grave sujet qui
entraîne de pareils développements? M. Mar-
cel Proust embrasse-t-il dans son grand ou-
.vrage l'histoire de l'humanité ou du moins celle
'd'un siècle? Non point. Il nous conte ses sou-
ivenirs d'enfance. Son enfance a donc été rem-
iplie par une foule d'événements extraordinai-
res ? En aucune façon il ne lui est rien
arrivé de particulier. Des promenades de va-
cances, des jeux aux Champs-Elysées eonsti-
\tuênt le fond du récit. On dira que peu im-
iporte. la matière et que tout l'intérêt d'un livre
réside dans l'art de l'écrivain. C'est entendu.
Cependant Horace a parlé sévèrement de cer-
tains cas où materiam superabat opus et il
;.y a lieu de craindre que le mot ne convienne
'aux cinq cent vingt premières pages de M.
Marcel. Proust, de qui l'on se demande combien
il entasserait d'in-folios et remplirait de biblio-
thèques s'il venait à raconter toute sa vie. >~
D'autre part, ce volume si long ne se lit
point aisément. Il est non seulement compact,
mais souvent obscur. Cette obscurité, à vrai
'dire, tient moins à la profondeur de la pensée
iqu'à l'embarras de l'élocution. M. Marcel
Proust use d'une écriture surchargée à plaisir,
et certaines de ses périodes, incroyablement
encombrées d'incidentes, rappellent la célèbre
phrase du chapeau, dans laquelle M. Patin,
en son vivant secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie française, se surpassa pour la joie de
plusieurs générations d'écoliers. VÇM. Marcel
Proust dira « Ce doit être délicieux, sou-
ipira mon grand-père dans l'esprit de qui la
nature avait malheureusement aussi complète-
question se pose de savoir si l'île sera anglaise
ou française, Bonaparte s'institue le champion
de la France; Pozzo, en haine de son rival, 1
se déclare pour l'Angleterre. Il envie l'esprit t
vif, le caractère résolu de Bonaparte, qui de
son côté, ne peut supporter cet antagoniste
« en habit noir râpé », plein de finesse et de
petites ruses, insinuant et perfide, n'attaquant
jamais de front les questions ni les personnes.
Et la lutte s'engage entre eux, implacable.
Pozzo gagne la première manche la Corse
est livrée aux Anglais; les Bonaparte sont obli-
gés de fuir; leur maison d'Ajaccio est mise
à sac; ils se réfugient sur le continent, pros-
crits, ruinés, n'ayant pour ressources que la
solde et l'énergie de Napoléon. On sait com-
ment il tira les siens d'embarras et quelle fut
sa revanche. Mais Pozzo ne désarme pas.
Tout autre qu'un Corse se fût avoué vaincu.
Quel espoir lui reste-t-il d'atteindre maintenant
ce rival hors de sa portée et devant qui le
monde est prosterné? -• ̃-«-<–•-
N'importe, Pozzo attendra. Durant des an-
nées on n'entendra plus parler de lui. Il a « pris
le maquis », là-bas, en Prusse puis en Russie;
il se cache, aux aguets d'une occasion. Son
tout-puissant adversaire ne l'a pas oublié et
se garde encore sur son ordre car il com-
mande aux souverains Pozzo est expulsé de
Pétersbourg et doit se replier jusque chez les
Turcs; mais en 1812 le tsar se souvient de
lui; il pressent, que cet homme qui poursuit
Napoléon de sa haine possède quelque moyen
secret, de délivrer l'Europe il le rappelle,
écoute ses conseils, les suit, s'en trouve bien,
le nomme général major. Quand la coalition
se forme contre l'empereur déjà repoussé, c'est
Pozzo, devenu l'augure de la Sainte-Alliance,
qui préconise, dit-on, la marche des armées
sur Paris. Napoléon enfin abattu, la vendetta
n'est pas satisfaite; c'est Pozzo' encore qui
écarte le roi de Rome de la succession; c'est
lui qui propose la relégation à l'île d'Elbe,
choisie exprès, par. un raffinement savoureux;
de sa prison, le vaincu pourra contempler sa
Corse, et le souvenir de son aurore assom-
brira son crépuscule.
Pozzo est ambassadeur du tsar à Paris
c'est lui, maintenant, qui habite un palais et
qui reçoit les hommages; c'est lui qui propose
Sainte-Hélène aux Anglais. Un jour qu'on vient
implorer en faveur du grand exilé sa clé-
mence, il demande la nuit pour réfléchir, afln
de servir froide, le lendemain* la réponse nar-
quoise « qu'après avoir tant combattu Napo-
léon, il n'aurait plus de crédit pour plaider sa
cause ». « Je ne l'ai pas tué, dira-t-il plus
tard, j'ai seulement jeté sur lui les dernières
pelletées de terre. »
L'atroce agonie de Sainte-Hélène n'apaisa
point sa rancune. En 1833, de séjour à Ajaccio,
il offrit cinq cent mille francs de là, vieille mai-
son où était né Bonaparte; M. Levie Ramolino,
qui la possédait alors, refusa cette fortune qui
eût payé cent fois les pierres de la glorieuse
bicoque. Alors Pozzo se rendit acquéreur do la
Punta, le rocher qui domine Ajaccio, plu-
sieurs milliers d'hectares, toute la montagne.
De là il écrasait la maison de son rival, jadis
ravagée par ses soins. Des routes furent tra-
cées dans le maquis arborescent, respectant les
ruines du misérable village auquel la famille
Pozzo doit son nom. Ah! que de ce sommet elle
paraît mesquine et humble la pauvre Casa Bo-
naparte et combien là le vainqueur, songeant
à ses débuts et à son habit noir râpé, devait
jouir de son triomphe! • .̃ y ̃̃̃-♦*•-» -f 'y f'f'
II mourut en 1842; mais la vendetta lui sur-
vécut. Une haine corse ne s'éteint jamais. En
1871 celle-là durait encore. Il fallait mainte-
nant que les choses elles-mêmes proclamas-
sent l'issue de ce duel extraordinaire dont les
reprises se succédaient depuis près de cent ans.
Des millions furent dépensés pour amener à
la Punta les matériaux provenant de la dé-
molition des Tuileries,. balcons, fûts, chapi-
teaux, colonnes de Philibert Delorme, ce que le
feu et la pioche épargnèrent de la demeure de
l'oncle et du neveu. Ainsi les pierres, châtiées
'a'âvdii<îiaï)iiitéTJâr èfàiidëùr passagère 'ràéè' Bo-
naparte allaient orner la, demeure de la fa-
mille victorieuse. « Pour conserver à la patrie
corse un précieux souvenir de la patrie fran-
çaise », dit l'inscription du fronton. Mais afin
que nul ne se méprenne sur l'intention, il suf-
fit de considérer les deux portraits qui se font
face dans le grand salon sur l'une des toiles,
le duc Charles-André Pozzo di.Borgo, ambassa-
deur de Russie, dans la pompe de ses chamar-
rures, montre son visage illuminé d'orgueil
satisfait; sur l'autre, l'empereur, un empereur
déjà vaincu, peint par David en i815, plie les
épaules sous l'humiliation de l'île d'EJbe. et le
pressentiment de kWaterjoo, | Vv
~endettai ft'i f f'fff'fï' 'nI
i } ,i I 1 }»,•; G. LENOTRE. -"•*
ACADEMIES, POE RSÎ TES, ÉCOLES
A la Société des gens de lettres
> M. Louis Barthou élu sociétaire
Le comité de la Société des gens de lettres a
procédé hier à l'élection de plusieurs sociétaires
nouveaux. On sait que M. Louis Barthou, prési-
dent du conseil démissionnaire, réminent histo-
rien de Mirabeau, l'essayiste des Impressions et
essais, se trouvait au premier rang des candidats,
parrainé devant le comité par MM. Edmond Ros-
tand et Paul Hervieu, de l'Académie française.
ment omis d'inclure la possibilité de s'intéres-
ser passionnément aux coopératives suédoises
ou à la composition des rôles de Maubant,
qu'elle avait oublié de fournir celui des sœurs
de ma grand'mère du petit grain de sel qu'il
faut ajouter soi-même, pour y trouver quel-
que saveur, à un récit sur la vie intime de Mo-
lé ou du comte de Paris. » Ou encore « J'al-
lais m'asseoir près de la pompe et de son auge,
souvent ornée, comme un font gothique, d'une
salamandre, qui sculptait sur la pierre fruste
le relief mobile de son corps allégorique et fu-
selé, sur le banc sans dossier ombragé d'un
lilas, dans ce petit coin du jardin qui s'ouvrait
par une porte de service sur la rue du Saint-
Esprit et de la terre peu soignée de laquelle (?)
s'élevait par deux degrés, en saillie de la mai-
son, et comme une construction indépendante,
l'arrière-cuisine. » J'ai choisi ces exemples par-
mi les plus courts.
ajoutez que les incorrections pullulent,
que les participes de M. Proust ont, comme
disait un personnage de Labiche, un fichu ca-
ractère, en. d'autres termes qu'ils s'accordent
mal; que ses subjonctifs ne sont pas plus con-
ciliants ni plus disciplinés, et ne savent même
pas se défendre contre les audacieux empié-
tements de l'indicatif. Exemple .« Certains
phénomènes de la nature se produisent assez
lentement pour que. la sensation même du
changement nous est (sic) épargnée. » Ou en-
core « .Quoiqu'elle ne lui eût pas caché sa
surprise qu'il habitait (sic) ce quartier. » Le
pauvre subjonctif est une des principales vic-
times de la crise du français; nombre d'au-
teurs, même réputés, n'en connaissent plus le
maniement; dès poètes joués dans les théâtres
subventionnés et des critiques en exercice
confondent fusse avec fus, eusse avec eus,
bornât avec borna, et hier même un de nos
distingués confrères citait, pour s'en moquer
comme d'un monument de cacographie, cette
phrase du nouveau président du conseil, M.
Doumergue, laquelle est irréprochable « Je
ne crois pas que l'honorable M. Barthou s'at-
tendit à être renversé. » On ne se figure pas,
à moins de les lire d'un bout, à l'autre et avec
attention, combien sont mal écrits la plupart
des ouvrages nouveaux. Visiblement, les jeu-
nes ne savent plus du tout le français. La lan-
gue se décompose, se mue en un patois infor-
me et glisse à la barbarie. Il serait temps de
réagir. On souriait naguère des efforts d'un
directeur de revue qui relevait sur épreuves
tous les solécismes de ses collaborateurs. Ce
n'était point, paraît-il, une sinécure. On com-
mence à regretter ce courageux grammairien.
Et l'on souhaiterait que'chaque maison d'édi-
tion s'attachât comme correcteur quelgae. vieil
universitaire ferré sur Ja. syntaxe.. I
M.' ."Charles Le Goffic, à qui était 'échue la tâche
délicate et agréable de présenter à la société le
traditionnel rapport sur le nouveau candidat, -ayant
lu les deux lettres par lesquelles les. deux acadé-
miciens présentaient M. Louis Barthou à l'agré-
ment du comité, déclara d'abord spirituellement
qu'il avait bien envie de s'en tenir là, mais s'ac-
quitta jusqu'au bout de sa mission. Ayant énuméré
les divers titres de M. Louis Barthou, qui n'en
manque pas, montré comment en lui le politique
et l'orateur servaient l'historien, il témoigna de son
admiration personnelle pour Mirabeatt et les Im-
pressfons, qui sont de très beaux livres.
Le vœu do M. Le Goffic fut entendu. C'est en
effet à l'unanimité que M. Louir Barthou fut élu
membre sociétaire dt. la Société des gens de let-
tres.
Après lui vinrent, au cours d'une séance assez
longue, la lecture des rapports sur dix-sept au-
tres,candidats. Quatorze d'entre eux furent nom-
més. Ce sont MM. Carton de Wiart, ministre de la
justice en Belgique, Fernand Gavarry; directeur
au ministère des affaires étrangères, tous deux
auteurs d'oeuvres estimées, Ernest Gaubert, Emile
Henriot, Gustave Lanson, Marius Leblond;. Le-
roux-Cesbron, Jules Pravieux, Paul Reboux; Ju-
les Sageret, Norbert Sevestre; Mmes Marie-Anne'
de Bovet, M. Delly et T. Trilby. ,X
Le dîner
Après une. journée si remplie, les gens de let-
tres ne se trouvèrent point encore quittes. Hier
soir justement tombait le dîner mensuel de la
société. Et M. Georges Lecomte, président, de la
Société .des gens de lettres, avait eu l'idée heu-
reuse cj'offrir la présidence de ce. dîner au dessi-
nateur alsacien Hansi, actuellement, de passage à à
Paris. Les retentissants événements de ces jours
derniers donnaient à ce joli geste de la société
une signification particulière. Aussi bien un grand
nombre de gens de lettres avaient-ils répondu à
l'appel de M. Georges Lecomte. C'est co dernier
qui, au dessert, prit la parole pour souhaiter d'a-
bord au spirituel et mordant caricaturiste une
bienvenue cordiale. Après quoi, ayant donné un
souvenir ému à,la grande cause que Hansi sait
si bien défendre avec la seule pointe de son
crayon, l'orateur rappela les noms de tous les
écrivains venus d'Alsace dont la Société des gens
de lettres est Hère; puis après une heureuse péro-
raison, M. Georges Lecomte donna l'accolade à
Hansi, aux grands applaudissements de l'assis-
.tance.
M. Pierre Decourcelle parla ensuite et rappela
comment il y a quarante et un ans, à Saverne, sa
ville natale, un Alsacien célèbre son beau-père
Edmond About, avait été arrêté dans sa pro-
pre maison pour ses écrits. Puis s'adressant au
courageux hôte des gens de lettres, il rapprocha
ingénieusement le « prisonnier de Saverne »
About, et le prisonnier de Colmar » Hansi, et
leva son verre en finissant à la santé de Hansi et
« au souvenir ».
C'est alors qu'a son tour M. Hansi se leva, et do-
minant l'assemblée de sa haute taille un peu voû-
tée et de sa tête expressive, qu'il porte d'ordinaire
penchée en avant, a la fois comme un enfant qui
m sous cape et comme un solide gaillard qui va
charger Hansi n'en craint pas, pour la « char-
ge » le célèbre humoriste prononça de sa voix
un peu traînante et ironique, que voilait une trem-
blante émotion, le spirituel et émouvant discours
dont voici les principaux passages '7. Ut
Discours de M. Hansi
.Votre comité a offert aujourd'hui la présidence à
un Alsacien, à un « wackes (pour ma part je suis très
lier d'avoir reçu assez .souvent le titre de Ober-Wackes,
de Sur-Voyou) au moment même où un peuple en-
tier venait d'être insulté dans sa flerté et dans son
malheur par un galopin en uniforme, au moment où
toute une armée soutenait cette lâcheté de 'ses baïon-
nettes. Votre généreuse invitation m'a touché plus que
je ne saurais vous dire, parce qu'elle est arrivée à
l'heure do l'épreuve et de la douleur. Je l'ai accep-
tée, pour que là-bas aussi" on connaisse ce geste sym-
pathique. Il figurera au compte de toutes les choses
belles et bonnes et délicates qui nous sont venues de
ce pays, en' regard des grossièretés, des insultes et
des brutalités dont on nous abreuve depuis quarante
ans. « Ceci » aidera à supporter « cela » et là-bas
on vous en sera reconnaissant infiniment.
Puis, j'ai une' autre raison. Cette soirée me permet
de parler de la grande et belle dame, de la très grande
et très belle daine, que nous servons tous ici, de cette
langue française dont vous êtes (si vous voulez bien)
les brillants cavaliers servants qui ajoutez à la gloire
et à la stupeur de son cortège; je ne suis, moi, qu'un
de ses modestes gardes chasse, placés aux extrêmes
limites de ses terres très modeste, mais très fkr
d'être moi aussi un peu de la maison.
Il est une question que l'on me pose ici tous les
jours la langue française réussit-elle à se mainte-
nir en Alsace? Eh bien, oui, mesdames et messieurs,
non seulement elle setfliâjntiéjit' ïMàis" tous0lès "jours sa
beauté et son charme lui attirent de nouveaux dé-
vouements.
Mais voici qui est plus important. Le nombre de
personnes parlant et lisant le français augmente de
jour en jour. Ces derniers temps, la lutte a été plus
Apre que jamais. Des sociétés de conférences, des or-
ganisations littéraires se sont créées dans les grandes
et petites villes, un peu partout.
Je ne vais pas vous faire de statistique, car en cette
matière la statistique ne prouve rien. Dans certaines
villes le germanisme zélé des,instituteurs allemands
chargés' du recensement, obtient un résultat fictif, dans
d'autres encore de braves Alsaciens déclarent le fran-
çais être leur langage maternel uniquement pour
jouer un tour aux Allemands. Non, je ne voudrais
vous citer qu'un fait que nous observons journelle-
ment. Je me rappelle l'époque où à Colmar j'étais, à
côté de deux douzaines d'abonnés au Temps, le seul
lecteur d'un journal français du matin. Aujourd'hui,
on vend tous les soirs dans ma petite ville plus de huit
cents journaux français, de toutes les couleurs et de
toutes les nuances; pour les avoir plus vite, on va les
chercher à la frontière, leur arrivée est une des bonnes
heures de la journée, et chaque fois qu'un journal est
interdit pour son courage deux ou trois autres jour-
naux prennent sa place. La même formidable progres-
sion peut s'observer tant à Mulhouse qu'à Strasbourg.
Je ne connais pas de preuve plus probante.
A l'issue du dîner, M. Georges Lecomte donna
lecture de plusieurs lettres de personnalités im-
portantes qui s'excusaient de n'avoir pu assister
au dîner, dont M. Maurice Barrés, et d'une dépê-
che du Couarail », qui réuni le môme jour en
une séance solennelle sous la présidence de M.
d'Haussonyille, de l'Académie française, avait tenu
Cependant M. Marcel Proust a, sans aucun
doute, beaucoup de talent. C'est précisément
pourquoi l'on déplorera qu'il gâte de si beaux
dons par tant d'erreurs esthétiques et gramma-
ticales.. Il a une imagination luxuriante, une
sensibilité très fine, l'amour des paysages et
des arts, une sens aiguisé de l'observation
réaliste et volontiers caricaturale. II y a, dans
ses copieuses narrations, du Ruskin et du
Dickens. Il est souvent embarrassé par un
exôès de richesse. Cette surabondance de me-
nus faits, cette insistance à en proposer des
explications se rencontrent fréquemment dans
les romans anglais, où la sensation de la vie
est produite par une sorte de cohabitation assi-
due avec les personnages. Français et Latins,
nous préférons un procédé plus synthétique.
Il nous semble- que le gros volume de M. Mar-
cel Proust n'est pas composé, et qu'il est aussi
démesuré que chaotique, mais qu'il renferme
des éléments précieux dont l'auteur aurait pu
former un petit livre exquis.
Un enfant prodigieuseme sensible a pour
sa mère une adoration presque maladive. La
solitude l'épouvante, et pour qu'il puisse au
moins-s'endormir, il faut que cette mère vienne
l'embrasser dans son lit. Si elle ne peut ou ne
veut venir, pour ne pas s'éloigner de ses in-
vités, par exemple, c'est un vrai drame, pres-
que une agonie. « Une fois dans ma chambre,
il fallut boucher toutes les issues, fermer les
volets, creuser mon propre tombeau, en défai-
sant nies couvertures, revêtir le suaire de ma
chemise de nuit. » Mai~çette curieuse nature
d'enfant n'est étudiée que dans quelques pa-
ges assez pathétiques. Il ne sera presque plûsi
question par la suite de ces terreurs nocturnes
ni de cette tendresse filiale impérieuse et éper-
due. Mais d'autres souvenirs se pressent en
foule, évoqués par la saveur d'une tasse de thé
et d' « un de ces gâteaux courts et dodus appe-
lés « petites madeleines », qui semblent avoir
été moulés dans la valve rainurée d'une co-
quille de Saint-Jacques ». Ce goût était celui du
petit morceau de madeleine que le dimanche, à
Combray, la tante Léonie offrait au petit gar-
çon, voilà bien des années.]t« La vue de la pe-
tite madeleine ne m'avait rien rappelé avant
que je n'y eusse goûté. Les formes et celle
aussi du petit coquillage de pâtisserie, si gras-
sement sensuel, sous son plissage sévère et
dévot s'étaient abolies ou, ensommeillées,
avaient perdu la'force d'expansion qui leur
eût permis de rejoindre la .conscience. Mais
quand d'un passé ancien rien ne subsiste,
après la mort des êtres, après la destruction des
choses, seules, plus frêles mais plus vivaces,
plus immatérielles, plus persistantes, plus fi-
dèles, l'odeur et la saveur restent, encore long-
temps, .cofluns d.es. âmes, à se rappeler, à ak..
à saluer de Nancy (( l'érainent président de la belle
Société des gens de- lettres ».
Académie des sciences
Election du professeur Duhem. La dernière élec-
tion à la, sixième place vacante dans la nouvelle sec-
tion des membres non-résidants de l'Académie des
sciences, section réservée aux savants de province et
créée par le décret du 17 mars 1913, a eu lieu hier.
La commission mixte spécialement nommée pour
dresser la liste des candidats avait classé en pre-
mière ligne M. Duhem, à Bordeaux; en seconde
ligne, et par ordre alphabétique, MM. Cosserât, de
Toulouse; Grand'Eury, de Malzéville; Maupas,
d'Alger, et Stéphan, de Marseille.
M. Pierre Duhem, professeur de physique à la
faculté des sciences de Bordeaux et correspondant
de l'Académie, a été proclamé élu dès le premier
tour de scrutin par 4o suffrages sur 57 votants. ol
Né à Paris, le 10 juin 1861, ancien élève de l'Ecole e
normale supérieure, maître 'de conférences de
physique aux facultés des sciences de Lille et de
Rennes, de 1887 à 1894-, M. Pierre Duhem a été
nommé professeur de physique théorique à la fa-
culté de Bordeaux en 1895.
Elu correspondant de l'Académie des sciences,
dans la section de mécanique, en 1900, M. Duhem
à été deux fois lauréat de l'Institut. Il a reçu le
prix Petit-d'Ormoy, en 1907, et le prix Binoux, en
909.
Ses travaux sur les principes fondamentaux de
l'hydrodynamique, sur la progression des ondes,
sur l'aimantation et le magnétisme, sur l'analogie
entre les rayons X et les ondes hertziennes, sur les
forces électrodynamiques, etc. comptent parmi les
plus intéressants.
Origine des lésions tuberculeuses. Dans l'état
actuel des recherches concernant la tuberculose,
la présence du bacille de Koch ou d'un reliquat
du corps de ce bacille est considérée comme la con-
dition nécessaire à la genèse des lésions les plus
graves de cette affection.
La plupart des expérimentateurs qui ont étudié
les effets de ce virus sur les tissus normaux nient
la possibilité de déterminer le développement de
lésions tuberculeuses en dehors des zones ou les
tissus sont occupés par le microbe.
Des recherches des docteurs Dominici et Os-
trowsky, présentées par M. Roux, directeur de l'ins-
titut Pasteur, il résulte que les poisons solubles
extraits du corps du bacille de Koch, suivant la
technique d'Ostrowsky, sont capables de provo-
quer ces lésions qui se produisent alors, indépen-
damment de la présence de l'élément pathogène.
L'injection de ces produits solubles, obtenus en
macérant les bacilles vivants et en les traitant par
l'éther, sous la peau d'un cobaye, détermine la
formation de tubercules, des phénomènes de dé-
générescence variés, plusieurs sortes de nécroses, la
suppuration caséeuse dans les organes les plus di-
vers, tels que les poumons, le foie, la rate, les
ganglions lymphatiques, etc.
C'est pour la première fois qu'on a obtenu de
semblables résultats en désaccord avec la théorie
classique. Ils contribuent à élucider l'origine de
«certaines lésions tuberculeuses qui apparaissent
à distance des foyers infectieux. et dans lesquelles
il est impossible 'de déceler la présence du bacille.
Ajoutons que le docteur Ostrowsky a préparé
une nécrotubercultne, qui employée en thérapeu-
tique, a donné des résultats intéressants.
L'évolution de la marée. Plusieurs poissons
des grandes profondeurs, dont les galeries zoolo-
giques ne possèdent que peu d'exemplaires, ont
fait %uv apparition sur le marché de Paris. De
grandes quantités de ces poissons se trouvent sur-
tout aux Halles centrales pendant les mois d'hiver.
Ces faits curieux sont, d'aï rès M. Edmond Per-
rier, directeur du Muséum, la conséquence de
l'évolution do la pêche maritime. Les pêcheurs
vont maintenant chercher plus loin et plus bas
lés poissons qui se montrent plus rarement à proxi-
mité des côtes. Depuis quelques années, les cha-
lutiers vont pêcher sur les côtes du Portugal et du
Maroc, et leurs filets descendent jusqu'à 200 mè-
tres de profondeur.
Le docteur Jugeat, vétérinaire sanitaire aux
Halles, a observé de nombreux poissons comme
les beryx, d'une coloration écarlate, des brama,
des zéiaésj des dentex maroccanus, des brartiidés
anciens dont les yeux sont particulièrement dé-
veloppés à cause de la faible lumière qui pénètre
dans les eaux marines à 200 mètres de profondeur.
!̃•• Peu de Parisiens se doutent qu'il leur est sou-
vent donné de manger des poissons considérés
jusqu'à présent comme des curiosités zoologiques.
Une année sans taches de soleil. Pendant les
deux premiers trimestres de l'année 1913, la sur-
face éclatante du soleil est restée vierge de ta-.
ehes. M. Guillaume, astronome à l'observatoire de
Saint-Genis-Laval, près de Lyon, a continué ses
observations pendant, le t,ro|sjème trimestre. M.
Baillaud, directeur de î'whseryatplrê, dans une
communication4' faite 'au1 nom* -de* M.' Guillaume/
fait remarquer que pendant cette période encore
il n'y a presque pas eu de taches. Des facules
brillantes ont par contre été observées. Un autre
astronome de l'observatoire de Lyon, M. Flajolet,
a constaté un certain accroissement des pertur-
bations magnétiques un peu fortes, les seules
qu'on puisse observer à cause du voisinage des
tramways.
L'année 1913 est remarquable au point de vue
de l'absence des taches solaires. Un tel minimum
n'avait pas été constaté depuis 1810.
Terre ou île nouvelle? Le général Schokalsky,
délégué par le gouvernement russe à la conférence
de la carte du monde, qui assiste à la séance, a.
présenté deux communications: l'une sur une nou-
velle carte en.relief de la Sibérie, l'autre sur une
découverte importante qui aurait été faite par des
officiers hydrographes de la marine russe, chargés
d'explorer la côte sibérienne nord, depuis le dé-
troit de Behring jusqu'à la péninsule Tamur. Ces
oftlciers ont reconnu une nouvelle terre ou une
nouvelle île longue et étroite qui s'étend vers l'est
jusqu'à la longitude de 97 degrés 12 minutes du
méridien de Greenwich. On ne sait pas encore
jusqu'où cette terre se prolonge dans l'ouest. La
latitude de cette terre est de 80 degrés 4 minutes.
Elle occupe à peu près la même position que le
Spitzberg et que la terre François-Joseph.
La mission n'est pas encore revenue du Kamt-
chatka. Ces nouvelles ont été transmises par dé-
pêches.
pêches, A l'université du « Foyer »
Hier à l'université du « Foyer », notre collabora-
teur M. André Tardieu a fait, sous la présidence
tendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste,
à porter sans fléchir, sur leur gouttelette pres-
que impalpable, l'édifice immense du souve-
nir. Et comme dans ce jeu où les Japonais
s'amusent à tremper dans un bol de porce-
'laine rempli d'eau de petits morceaux de papier
jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ijs
plongés, s'étirent, se contournent, se colorent,
se différencient, deviennent des fleurs, des
maisons, dès personnages consistants et re-
connaissables, de même maintenant toutes les
fleurs de notre jardin et celles du parc de M.
Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les
bonnes gens du village et leurs petits logis et
l'église et tout Combray et ses environs, tout ce-
la qui prend force et solidité est sorti, ville et
jajrdms, de ma tasse de thé. »
"£Ce n'est pas un cas d'association d'idées,
ni même d'images, mais d'impressions pure-
ment sensorielles. Et M.. Marcel Proust, com-
me tant d'autres écrivains contemporains, est
avant tout un impressionniste. Mais il se dis-
tingue de beaucoup d'autres en ce qu'il n'est
pas uniquement ni même principalement un
visuel, mais un nerveux, un sensuel, et un rê-
veur. Sa tendance méditative lui joue parfois
de mauvais tours. Il s'attarde en songeries in-
finies sur le caractère et sur la destinée d'êtres
fort insignifiants, une vieille tante maniaque,
férue de pepsine et d'eau de Vichy, une vieille
bonne machiavélique et dévouée, un vieux curé
ennemi des vitraux anciens et dépourvu de tout
sentiment artistique. Quelques lignes auraient
suffi pour croquer ces silhouettes. Certains
1 épisodes troubles n'ont pas l'excuse d'être né-
cessaires. Que de coupes sombres M. Proust au-
rait pu avantageusement pratiquer dans ses
cinq cents pages! Mais il y a de bien jolies
descriptions qui ne se bornent presque jamais
au rendu matériel 'et que magnifie le plus
souvent une inspiration d'esthète ou de poètes
« La haie (d'aubépines) formait comme -une
suite de chapelles qui disparaissaient sous la
jonchée de leurs fleurs amoncelées en repo-
soir au-dessous d'elles, le soleil posait à terre
un quadrillage de clarté, comme s'il- venait de
traverser une verrière; leur parfum s'étendait
aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que
si j'eusse été devant l'autel de la Vierge, et les.
fleurs, aussi parées, tenaient chacune d'un
air distrait son étincelant bouquet d'étamines,
fines et rayonnantes nervures de style flam-
boyant comme celles qui à l'église ajouraient
la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et
qui s'épanouissaient en blanche chair de |
fleur, de fraisier. »vEl cela est éminemment f
ruskinien. On aimera aussi les surprises et les
émotions de l'enfant lorsqu'il voit pour la pre-
mière fois en chair et en os la duchesse de
.GuermanteSj, .dont la famille descend de Gszl
de M. Crozier, ambassadeur de France, une confé-
rence sur « les Relations franco-espagnoles. »
Dans une allocution très brillante, M. Crozier a
parlé de la situation actuelle de la diplomatie et -t
des difficultés nouvelles qui résultent pour elle des
mœurs politiques, de la rapidité des communica-
tions et de la publicité croissante des négociations.
M. André Tardieu a suivi l'évolution des rapports
franco-espagnols depuis 1902, rappelant les fautes
commises des deux côtés et montrant les progrès
réalisés. Il a examiné les hypothèses d'avenir sur
lesquelles l'Espagne et la France ont à se pronon-
cer, soit en Europe, soit en Afrique.
Une très nombreuse assistance a applaudi le pré-
sident et le conférencier.
A l'université des « Annales »
Notre éminent collaborateur et ami M. Em. Faguet,
heureusement rétabli, faisait hier, à l'université
des « Annales », une rentrée qui fut saluée de longs
applaudissements.
Le thème de la conférence était « l'Horreur des
responsabilités». Ce qui amena tout naturellement
M. Faguet à parler du vrai devoir, et surtout du
courage qui est l'essence même et comme la
conscience de la responsabilité.
Il exhorta son jeune auditoire au courage de ses
actes, l'assurant que la volonté féminine pèse
d'un poids immense sur les décisions masculines,
l'homme étant particulièrement sensible aux exem-
ples de courage moral donnés par un être plus
faible.
Ce fut une belle, émouvante leçon, et certaine-
ment les auditrices-des « Annales» se souviendront
du généreux effort accompli par M. Emile Faguet
pour ne pas faillir à; son devoir.
Le public, tout entier debout, lui fit une chaleu-
reuse ovation.
A l'Association des étudiantes de l'université
de Paris, rue Saint-Jacques, 55, dimanche 14 dé-
cembre, à quatre heures et demie, sous la prési-
dence de M. Charles Diehl, professeur à la Faculté
des lettres, membre de l'Institut, conférence de M.
Guglielmo Ferrero « la Femme romaine ».
Les étudiantes seront reçues sur présentation de
leur carte de faculté.
A la Société des conférences, demain mercredi
10 décembre, à 2 h. 1/2 précises, le R. P. Lebbe,
lazariste, traitera ce sujet: « Choses vues en Chine
par un missionnaire qui y a résidé quinze ans ».
wouiteîxes mnnciPAXaES
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE
M. Chassaigne-Goyon préside.
La question des sœurs. Après adoption d'un bref
rapport de M. Rebeillard attribuant une subven-
tion à la « Société des amis de Balzac », on reprend
l'examen ,des propositions de MM. Alpy et de Puy-
roaigre sur la réintégration dés sœurs dans les
hôpitaux.
M. de Puymaigre, poursuivant un discours com-
mencé à la précédente séance, affirme que les
sœurs accomplissent à merveille leurs fonctions
dans tous les établissements où elles subsistent
encore. Il insiste sur le caractère purement admi-
nistratif, nullement politique, do sa proposition,
qu'il applique finalement aux seuls établissements
créés ou à créer en vertu de fondations spéciales et
à un hôpital à créer sur la rive droite. Les sœurs
devraient d'ailleurs y être employées non seulement
comme surveillantes, mais aussi comme infir-
mières.
M. Mesureur, directeur de l'Assistance publique,
répond. Il constate d'abord avec satisfaction qu'on
n'a adressé aucun reproche au personnel laïque
des hôpitaux, dont le recrutement est à l'abri de
toute critique, et dont chaque jour ou s'évertue à
améliorer la situation. Que deviendraient les éco-
les d'infirmières, dont les élèves ont des droits
acquis, dans le cas où on réintégrerait les sœurs ?
Il y a actuellement 2,000 infirmières pourvues de
leur diplôme et qui attendent que des vacances
permettent leur promotion. Et est-on bien certain
que le recrutement des congréganistes se ferait
aussi facilement, alors que jadis les sœurs de-
vaient faire appel, pour assurer les services dont
elles avaient la responsabilité, à des personnes de
nationalité étrangère ? `? p
La liberté de conscience des malades est rigou-
reusement respectée, un aumônier se rend tous les
jours dans chaque hôpital et des dames visiteuses
qui passent quotidiennement dans les salles ne
manquent pas de lui signaler les besoins religieux
des hospitalisés. Pourquoi dès lors tenter de dres-
ser les uns. contre les autres les « hôpitaux libres
penseurs~et tes ((.hôpitaux religieux,»:? Efc.quanJ.à
l'économie, à- réaliser, M. Mesureur la juge vrai-
ment insignifiante. Dans ces conditions, le direc-
teur conclut au rejet de la réforme, déclarant au
surplus que personnellement il ne se chargerait
pas de l'appliquer.
Il faut pourtant se décider, dit M. Poirier de
Narçay. Pourquoi no consulterions-nous pas la po-
pulation par voie de référendum ?
L'idée séduit MM. Gelez, Rollin, Billard et les au-
teurs mêmes des propositions on discussion. Mais à
la demande de M. Varenne, rapporteur, de M. Na-
varre et du préfet de la Seine, qui y opposent dos
raisons de fait et de droit, le référendum est écarté
par 39 voix contre 37.
M. Galli et M. Lemarchand font alors observer
qu'à côté des hôpitaux laïques, souvent encombrés,
il existe des établissements libres où. sous forme
de subvention, la Ville pourrait entretenir un cer-
tain nombre de lits. On pourrait ainsi, sans portor
atteinte au principe de laïcité, donner satisfaction
aux malades qui désirent être soignés par des reli-
gieux.
Combattue par MM. Desvaux, Fleurot, Varenne.
et par le préfet de la Seine qui craint que la situa-
tion budgétaire de la Ville ne lui permette pas de
subventionner l'assistance privée, appuyée vivo-
ment par M. 'Marcel Habert, la proposition de
M. Galli va être mise aux voix, dans un brouhaha
intense, mais M. Varenne réclame énergimiement
qu'on se prononce d'abord sur son rapport. Et il ob-
tient par 41 voix contre 30 le rejet des propositions
Alpy et de Puymaigro.
Ce vote accroît le tumulte. Des altercations se
produisent, certains conseillers en viennent aux
injures et même aux coups. Mais la proposition
Galli est néanmoins votée par 41 voix contre 35.
neviève de Brabant, et qu'il s'était représentée
jusque-là « avec les couleurs d'une tapisserie
ou d'un vitrail, dans un autre siècle, d'une au-
tre matière que les personnes vivantes »>6
Et voici l'explication du titre particulier à
ce premier volume a Il y avait autour de
Combray (la petite ville où l'enfant et ses pa-
rents passent les vacances) deux côtés pour
les promenades, et si opposés qu'on ne sortait
pas en effet de chez nous par la même porte,
quand on voulait aller d'un côté ou de l'autre:
le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait
aussi le côté de chez Swann parce qu'on pas-
sait devant la propriété de M. Swann pour
aller par là, et le côté de Guermantes. Le côté
de Méséglise avec ses lilas, ses aubépines, ses
bluets, ses coquelicots, ses pommiers, le côté
de Guermantes avec sa rivière à têtards,, ses
nymphéas et ses boutons d'or, ont constitué à
tout jamais pour moi la figure des pays où,
j'aimerais vivre. » Mais après deux cents pa-
ges consacrées à ces souvenirs et aux anecdo-
tes sur le grand-pèfe,' la grand'mère, les
grand'tantes et les servantes, nous nous enga-
geons décidément un peu trop « du côté de
chez Swann »: un énorme épisode, occupant
la bonne moitié du volume et rempli non plus
d'impressions d'enfance, mais de faits que
l'enfant ignorait en majeure partie et qui ont
dû être reconstitués plus tard, nous expose mi-
nutieusement"l'amour de ce M. Swann, fils s
d'agent de change, riche et très mondain, ami
du comte de Paris et du prince de Galles, pour
une femme galante dont il ne connaît pas le
passé et qu'il croit longtemps vertueuse, avec
une naïveté invraisemblable chez un Parisien
de cette envergure?5 Elle le trompe, le torture et
finalement se fera épouser. Ce n'est pas posi-
tivement ennuyeux, mais un peu banal, malgré
un certain abus de crudités, et malgré l'idée
qu'a Swann de comparer cette maîtresse à la
Séphora de Botticelli qui est à la chapelle Six-
tine~Et que d'épisodes dans cet épisode! Quelle
fouro-de comparses, mondains de toutes sortes
et bohèmes ridicules, dont les sottises sont
étalées avec une minutie èt une prolixité ex-
cessives nfin la dernière partie nous montre
le jeune neros de l'histoire follement amoureux
de sa petite camarade des Champs-Ely&ées,
Gilberte, la fille de M. Swann (que les pa-
rents du petit garçon ne voient plus depuis
son absurde mariage). C'est, je pense, l'amor-
ce du tome qui va suivre et qu'on attend avec
sympathie, avec l'espoir aussi d'y découvrir un
peu plus d'ordre, de brièveté, et un style plus
>châtié
adulte, vingt ans après, au bois de Boulogne,
où il ne retrouve rien de ce qui l'avait tant.
sbsxmà jadis. Il a la nostalgie des attelages/
L'administration et la commission devront donc
étudier un projet de répartition de subvention entre
les hôpitaux libres. A la demande de M. Fleurot,
elles examineront aussi la possibilité de construire
de nouveaux hôpitaux par la Ville.
Parmi les incidents violents qu'a suscités ce dé-
bat, il faut signaler celui dont MM. Barthélémy
Robaglia et Tony Michaud ont été les acteurs, et
qui a été suivi d'un échange de témoins. MM.A.Ou-
din et Rollin au nom de M. Robaglia ont demandé
réparation à M. Michaud. Mais les témoins de ce-
lui-ci, MM. Navarre et Varenne, ont, au nom de leur
client, refusé toute excuse et toute réparation.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Conseils généraux
Meuse. Dimanche ont eu lieu des élections de
conseillers généraux dans les cantons de Charny
et de Clerrnont-en-Argonne.
A Clermont, le docteur Clause, républicain,
conseiller d'arrondissement, a été élu en rempla-
cement de M. Labrosse, républicain, décédé, à la
presque totalité des suffrages exprimés. Il n'avait
pas de concurrent.
A Charny, M. George Lecourtier, républicain, a
été élu en remplacement de son père, avec une
majorité de 300 voix, contre M. Auguste Henry,
libéral. •
r~rr~rs
•flOTOltES Du JOUR
I
Le groupe
de la réforme électorale
Réuni hier au Palais-Bourbon, le bureau du
groupe de la réforme électorale a adopté la réso-
lution suivante
Le groupe est unanime à affirmer que la question de
la réforme électorale conserve tout son caractère
d'urgence et qu'il est nécessaire que le gouverne-
ment insiste auprès qu Sénat pour qu'il se prononce
sans délai.
Dîner diplomatique
̃Le comte Szecsen de Temerin, ambassadeur ex-
traordinaire et ministre plénipotentiaire d'Autriche-
Hongrie, a donné hier soir un dîner en l'honneur
du président de la République.
Le comte et la comtesse Szecsen avaient à leur
droite M. et Mme Raymond Poincaré. Parmi les
convives citons l'ambassadeur d'Espagne et Mme
de Villaurrutia, M. et Mme Barthou, et Mme Pi-
chon, le préfet de police et Mme Hennion, le comte
Frédéric Hoyos, MM. Paléologue et de Margerie, les
généraux Michel et Beaudemoulin. g
Le dîner a été suivi d'une réception, à laquelle
assistèrent notamment, en dehors des membres du
corps diplomatique, M. et Mme Loubet, M. et Mme
Fallières, M. et Mme Ratier, M. et Mme Klotz, M.
Charles Dumont, M. et Mme Etienne. M. et Mme
Baudin, M. et Mme Joseph Thierry, M. Massé, M.
et Mme Clémentel, M. Morel, M. et Mme Chéron,
M. Paul Morel, M. et Mme Bourély, M. Léon Bé-
rard, M. et Mme de Monzie, M. Briand, le préfet de
la Seine et Mme Delanney, M. Chassaigne-Goyon,
président du Conseil municipal, M. Steeg, M. et
Mme de Selves, M. et Mme Deschanel, M. et Mme
Dubost, M. Clemenceau, M. et Mme Ribot, M.
Francis Charmes, M. et Mme Paul Bourget, etc.
Dans les recettes des finances
Sont nommés receveurs particuliers des finan-'
ces
ABrîançon, M. Aunleunier, receveur à cette rési-
dence, appelé à la recette de Prades et non ins-
tallé.
A Prades, M. Devèze, receveur des finances, à
Moutiers.
A Moutiers, M. Pomart, percepteur des contribu-
tions directes à Pluvigner (Morbihan).
Dans les postes et téléffraphes ~'`
Sont nommés directeurs des postes et des télé-
graphes
A Besançon, M. Chavastel, directeur à Nice, en rem-
placement de M. Vitaux, retraité.
A Nice, M. Armagis, directeur à Rouen.
A Rouen, M. Estradier, directeur à Carcassonne.
A Carcassonne, M. Dorlhac de Borne, directeur à
Chambéry.
a; Chambéry, M.. Xacho t.. inspecteur à Dijon.
A Mont-de-Marsan; M. Vallée, inspecteur à Bar-le-
Duc.
pOUVEJSffEHT SOCIRIi
Les « indésirables »
Un peu partout en France depuis le 15 novem-
bre, et dans le département de la Seine depuis
'hier, on mensure, on photographie, on établit des
signalements c'est le « recensement » des no-
mades.
Une 'loi du 16 juillet 1&12 et un décret d'admi-,
nistrâtion publique du 16 février dernier ont'
comblé une lacune dans notre législation fran-
çaise en réglementant d'une manière précise'
l'exercice des professions ambulantes et la circu-
lation des nomades sur le territoire français. L'ap-
plication de da loi fut aussitôt mise à l'étude,
mais il s'agissait de créer de toutes pièces une
organisation très délicate et très complexe. L'ceu-'
vre fut menée a bien par les services de la Su-,
retô générale et aujourd'hui la loi entre en ap-
plication.
Son texte s'applique à trois catégories d'indivi-
dus bien distinctes.: 1° les marchands ambulants;-
2° les commerçants et industriels forains; 3Me3;
nomades.
Les marchands ambulants sont, suivant le dé-
cret du 15 février 1913, ceux qui exercent sur la,
voie publique une profession, une industrie ou un,
commerce hors de la commune dans laquelle ils
ont leur résidence. La loi nouvelle les oblige à
faire aux autorités qualifiées une déclaration corn-
et des élégances anciennes; les automobiles et
les robes entravées lui font horreur. « La réa-
lité que j'avais connue n'existait plus. Le sou-
venir d'une certaine image n'est que le regret
d'un certain instant; et les maisons, les rou-'
tes, les avenues, sont fugitives, hélas! comme
les années. » .̃• “̃ ;*̃̃
M. Alfred Capus vient de publier un second
recueil de ses brillantes chroniques du Figaro.
Si l'on en considère la forme, on reconnaîtra la'
gaieté narquoise et l'ironie détachée qui cons-
tituent depuis longtemps la marque du spiri-
tuel écrivain. Mais sous ce ton de badinage, M.
Alfred Capus prend, comme dans le recueil
précédent, des positions de combat. Il raille' `
âprement les pacifistes, les puffistes, les anar-'
chistes et les utopistes. Il défend le bon sens et
la tradition nationale. Qui l'en blâmerait ?
Tout au plus peut-on différer d'opinion sur
certaines nuances, qui, à la vérité, ne laissent
pas d'avoir leur prix. On se réjouira de savoir
que Capus est stendhalien, mais on ne lui ac-
cordera pas que le culte de Stendhal nous obli-:
ge à mépriser Ibsen et Nietzsche, ni que la jeu-
nesse d'il y a vingt ans ait commis contre
l'auteur de la Chartreuse une injustice parce
qu'elle appréciait quelques maîtres étrangers.;
Ce sont les parnassiens qui n'aimaient pas'
Stendhal (je me souviens de discussions épi-
ques à son sujet avec Mendès); la jeunesse
d'il y a vingt ans l'adorait, mais elle n'oubliait.
pas que ce génie si essentiellement français
était en même temps cosmopolite de- goûts, de
mœurs et de culture, En général, M. Alfred:
Capus simplifie un peu trop les choses. On
pourrait discuter d'autres points, essayer de
montrer que s'il est permis de sourire aux dé-
pens de certains pacifistes, la paix n'en reste
pas moins l'idéal à réaliser; que la constatation
des vices humains qui ont jusqu'ici engendré;
les guerres n'implique, pas qu'on en doive
triompher comme d'un motif de réjouissance
publique; que l'émancipation de l'esprit hu-
main n'est pas une simple lubie de M. Ho-
mais, et qu'il serait bon de ne pas confondre
avec Homais les Auguste Comte et les Renan,
qui ont fortement donné dans ces doctrines. Ca-
pus préfère la jeune génération à la sienne/
qui était, selon lui, un peu fatiguée par l'abus
des idées générales. Est-il bien prouvé que telle
soit la vraie cause de cette fatigue? Et faut-il
pour cela nous prêcher l'action, purgée d'intel-
lectualisme, selon là théorie à la mode? On a
quelque peine à se représenter l'auteur, de la
Veine métamorphosé en professeur d'énergie,
et on ne rimagin&it pas si agathonien.
,y, J
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