Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-08-28
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 août 1907 28 août 1907
Description : 1907/08/28 (Numéro 16866). 1907/08/28 (Numéro 16866).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
4S TEMPS. 3-28 «ont 190T1,
la nature des choses, elle, n'a pu aplanir définitivement
les oppositions de vues existantes, elle- a du moins
prouvé le bon vouloir de tous d'en discuter dans un
«sprit amical et conciliant,,et par là de contribuer à
dissiper les nuages qui se sont amassés maintes fois et
ont noirci fortement l'horizon européen.
Plusieurs journaux commentent cette visite. Ils y
voient la preuve d'une amélioration sensible des re-
lations franco-allemandes.
Le Lôkal-Anzeiger écrit:
-Dans les entretiens entre le prince de Bülow et
M. Cambon, il ne s'est pas agi en fait de conventions
spéciales, ni de questions concrètes. La visite était
plutôt l'expression des relations pacifiques, correctes
et amicales qui existent actuellement entre l'Allemagne
et la France.
Ce journal fait ressortir que cette visite continue
la série des rencontres récentes entre souverains et
hommes d'Etat. H ajoute
Toutes ces rencontres et ces entretiens ne peuvent
que contribuer à afilrmer l'apaisement général qui
s'est produit eh Europe et dans le monde.
La Post estime qu'après les entrevues de Swine-
jnûnde et de Wilhelmshœhe et après les entretiens
des hommes d'Etat dirigeants de la Triple-Alliance,
te gouvernement français pouvait désirer être
Informé d'une façon -plus précise sur la signification
de ces événements, et que le gouvernement alle-
ïnand, dans l'état actuel des relations amicales avec
la France, pouvait juger bon de dissiper, par une
franche déclaration, d'éventuelles craintes ou de
possibles malentendus. Si donc cette visite sert à
afnrmer l'apaisement général, elle ne peut égale-
ment qu'affermir les relations correctes entre l'Alle-
magne et la France.
Au sujet de la question du Maroc, la Post espère,
pour le bien de la paix universelle, que la France et
l'Allemagne continueront, en ce qui concerne le
Maroc, à marcher la main dans la main; « et si,
.comme il y a lieu de le croire, cette entente spé-
ciale peut être portée au compte de la visite de Nor-
derney, on ne peut que s'en féliciter sincèrement ».
Par contre, la Deutche Tageszeiiung, organe agra-
îien, continue à être pessimiste et à craindre: des
complications au Maroc.
AFFAIRES COLONIALES
L'usage de l'opium en Indo-Chine
Le gouvernement, préoccupé de restreindra
l'usage de l'opium dans nos possessions d'Extrême-
Orient, a invité le gouverneur général de Tlndo-
Chine à examiner le problème, et à lui indiquer
les dispositions qui lui paraîtraient de nature à le
solutionner.
M. Beau a fait savoir au ministre des colonies
que l'interdiction de l'opium pure et simple et sans
transition présenterait, selon lui, de très sérieux-
inconvénients, en raison du mécontentement qu'on
provoquerait chez les indigènes si on leur suppri-
mait brutalement la possibilité de satisfaire leur
passion. Il a ajouté que pratiquement cette prohi-'
bition était irréalisable tant que la Chine n'aurait
pas supprimé complètement la culture du pavot..
Enfin il a fait observer que même si l'interdiction
absolue et immédiate était possible, on devrait y-
surseoir jusqu'au moment où l'on aurait créé des
ressources destinées à compenser la disparition
des recettes que le monopole de cette drogue pro-
cure actuellement au budget général, recettes qui.
atteignent 7 millions de piastres, soit le quart en-
.viron des ressources totales.
Par contre, le gouverneur général s'est déclaré
nettement partisan de la restriction progressive de
l'usage de l'opium, en augmentant son prix dans
une proportion différente pour chaque pays de
l'union indo-chinoise, suivant que ce pays se trouve
plus ou moins éloigné des contrées- de production
chinoise.
Dans ce but, il a pris, le 19 juin dernier, un ar-
rêté qui augmente sensiblement le prix de la dro-
gue, et qui aura pour résultat d'en restreindre
l'usage, tout en sauvegardant les intérêts du Tré-
sor, celui-ci réalisant de plus forts bénéfices sur
les quantités vendues.
En outre, pour répondre aux vœux du gouverne-
ment, M. Beau a interdit l'ouverture de toute fu-
merie d'opium sur le territoire de l'Indo-Chine.
Le premier de ces deux arrêtés a été pris par le
gouverneur général dans la limite de ses attribu-
tions quant au second, qui modifie un règlement
antérieur sanctionné par décret, il vient d'être ap-
prouvé par le président de la République.
Mais le ministre des colonies n'a pas pensé qu'on
dût s'en tenir à ces mesures. Il a estimé qu'il était
inadmissible que la France permît à ses fonction-
naires de donner à ceux auxquels ils sont chargés
N'enseigner notre civilisation l'exemple de la plus
funeste des habitudes; il a en conséquence pres-
crit à l'administration locale d'interdire formelle-
ment l'usage de l'opium à tousses fonctionnaires
et agents de tous rangs et de tous services, en spéci-
llant que ceux qui ne tiendraient pas compte de
cette interdiction seraient privés de tout avance-
ment jusqu'à, complet amendement.
Enfin des instructions spéciales ont été données
h M. Beau pour qu'il s'entende avec le gouverne-
ment annamite, en vue de faire prendre par ce-
lui-ci des mesures analogues à l'égard des fonc-
tionnaires indigènes. ̃
Courrier de Madagascar
D'après les informations qu'apporte le paquebot
rAdour, M. Augagneur a transmis au ministère des
colonies le programme des travaux publics qui se-
ront exécutés' en 1908. Il s'embarquera lui-même
pour la France, en mission, dans le courant du
,mois d'octobre.
Au mois de juillet, le gouverneur général est
parti pour faire une tournée dans le nord de l'île,
partant de Tamatave pour rejoindre par la côte
Majunga et Morondava, et s'arrêtant dans tous les
jports intermédiaires. En quittant Tananarive, le
train qui l'emportait a déraillé à Tangaina, près de
Moramanga. Seuls le chauffeur et le mécanicien ont
été blessés.. C'est M. Augagneur qui les a pansés.
Un établissement d'enseignement secondaire
»our les enfants européens va être créé à Tanana-
rive. Il ouvrira ses portes le 16 janvier 1908. Ce
collège comprendra une division élémentaire et le
premier cycle des études secondaires de la classe
de huitième à la classe de troisième inclusivement.
La peste vient de faire son apparition à Ma-
junga trois cas suspects suivis de décès ont été
constatés au village indigène. Un Indien, qui pré-
sentait des symptômes inquiétants, a dû être isolé.
Des tubes de sérum ont été demandés à la Réunion.
M. Augagneur, de passage à Majunga, a visité les
malades, et a pris immédiatement les mesures né-
cessaires pour arrêter la propagation du fléau. Un
cordon sanitaire a été établi, et le port de Majunga
a été' placé sous le-régime de la patente brute. On
suppose que la peste a été apportée par des Indiens
venus de Zanzibar.- ̃̃- •̃
L'affaire Piermè
Nous avons annoncé qu'un fonctionnaire des co-
jonies, M. Piermé', qui fait partie de la franc-ma-
çonnerie, avait été exclu de sa loge pour avoir eu
des rapports avec M. Bidegain, dont on se rappelle
le rôle dans l'affaire des fiches.
Certains journaux ont ajouté que M. Piermé
était resté indûment à Paris durant plusieurs an-
nées, touchant toujours sa solde de fonctionnaire
colonial. Les ehoses ne se Sont point passées exac-
tement ainsi. M. Piermé avait été attaché comme
secrétaire a la commission des secours de la Marti-
nique mais dès le mois de juillet dernier, le minis-
tre des colonies l'a mis en demeure d'aller occuper
son poste au Congo.
Officier et sous-officier condamnés
à Madagascar
Le conseil de guerre de Diégo-Suarez a con-
damné, le 25 juillet dernier, à cinq ans de prison
et à la dégradation militaire le capitaine Ber-
trand, de l'infanterie coloniale, et.l'adjudant Lecot.
Ce dernier, sur l'ordre formel du capitaine Ber-
trand, était entré dans la prison de Maintirano, où
était enfermé le tirailleur malgache Cazambo, et
l'avait mis à mort à coups de revolver. Le capitaine
'Bertrand donna pour excuse qu'il avait agi sur- des
instructions secrètes et verbales d'un autre ̃ offi-
cier, décédé depuis.
Le capitaine Bertrand et l'adjudant Lecot, qui
étaient aussi incriminés pour la mort d'un autre
tirailleur dans le cercle de Béjajampy, ont déposé
,une demande en revision.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
La conférence de la Haye
Le comité d'examen de l'arbitrage obligatoire s'est
réuni hier après-midi, sousjaprésidence de M. Léon
Bourgeois (France).
Le général Porter (Etats-Unis) déclare que la dé-
légation des Etats-Unis a reçu des instructions lui
permettant d'accepter l'arbitrage' obligatoire et de
prendre l'initiative de présenter immédiatement une
nouvelle proposition.
Le général Porter donne lecture de cette proposi-
tion, qui comprend, outre les deuxarticles généraux
consacrant le principe de l'obligation et adoptés dans
la séance dernière, une liste de cas d'arbitrage obli-
gatoire analogue à la liste des propositions anglaise
et portugaise.
Le comité a décidé de faire imprimer et distribuer
en un tableau général, qui sera dressé séance te-
nante, cette proposition, ainsi que toutes celles vi-
Bant l'arbitrage obligatoire.
M. de Mereg (Autriche-Hongrie) lit et dépose une
proposition transactiOEnelle consistant en une réso-
lution par laquelle la conférence reconnaîtrait d'a-
bord l'applicabilité du principe de l'arbitrage obli-
gatoire pour certains traités internationaux ou par-
ties de traités mais comme il s'agit surtout de ma- i t
tières techniques et que la conférence n'a ni les c
connaissances des détails techniques, ni le temps i
nécessaire pour approfondir cette matière, la réso-
.lution veut laisser l'étude spéciale technique préala- <
ble aux gouvernements, qui se communiqueraient
le résultat de cette étude dans un délai d'environ un £
an par l'intermédiaire du gouvernement des Pays- £
Bas, afin de pouvoir arriver sur cette base à des j
stipulations définitives.
France et Japon j
La ville de Kioto a fait tenir à M. Pichon l'adresse ]
suivante
L'arrangement franco-japonais, signé le 10 juin 1907 |
entre Votre Excellence et S. Exc. M. Kurino, ambassa-
deur du Japon prés la République française, assurant
en permanence la paix dans l'Extrême-Orient^ les
avantages qu'en tireront lesdeux nations seront d'une
portée grande et inappréciable.
Cet heureux résultat estdû aux efforts particuliers et
persévérants qu'avait faits Votre Excellence en vue de
rendre plus intime et inébranlable l'amitié pour ainsi
dire innée qui n'a jamais cessé d'exister entre les deux
hautes parties contractantes.
La ville de Kioto vient de célébrer solennellement
aujourd'hui cette heureuse entente cordiale entre nos
deux grandes puissances; par la décision prise à l'una-
nimité dans cette fête, nous avons l'honneur de pré-
senter ici à Votre Excellence nos plus sincères félici-
tations et nos très profonds remerciements pour cette
heureuse conclusion.
Au nom de la ville de Kioto tout entière
K. Saigo, maire de la ville da Kioto.
1. T^iSHiîtjuRA, président de la chambre
> de commerce de Kioto.
Les élections et le parti lorrain
Notre correspondant particulier de Metz nous, écrit:
Les deux élections de Metz et de Sarreguemines,
pour le conseil général, furent vivement menées par
les candidats du parti lorrain indigène, sérieusement
reconstitué pour la circonstance.
Il faut regretter qu'elles n'aient pas abouti au suc-
cès immédiat qu'on en avait espéré.
Les agents immigrés ont, de leur côté, mené une
campagne furieuse contre, les deux candidats du
parti lorrain indigène ils ne craignirent même pas
d'employer des moyens de polémique absolument
repréhensibles.
Dimanche prochain, pour l'élection définitive, les
Allemands centristes, socialistes et nationaux libé-
raux feront masse pour écraser MM. Maujean et
Jeanty, indigènes du parti lorrain. Cette coalition
suggestive pourrait échouer, si les abstentions des
Lorrains indigènes étaient moins considérables.
Malheureusement, on est forcé'de reconnaître, de'ce
côté, une indifférence difficile à surmonter. C'est
ainsi qu'à Metz, sur 2,791 électeurs inscrits, il n'y
eut que 1,564 votants. M. Maujean, Lorrain indigène,
recueillit 680 suffrages le candidat du centre allé-
mand, M. Konrath, un ancien charcutier immigré,
en recueillit 342; le compagnon Schleicher, immigré,
socialiste internationaliste, que l'on retrouve dans
toutes les élections lorraines, obtint 461 voix. C'est
un succès auquel personne ne s'attendait. Un autre
socialiste indépendant, M. Wortmann. qui déjà en
janvier 1907 lit acte d'indépendance, lors de l'élec-
tion pour le Reichstag, eut 62 voix.
A Sarreguemines, on comptait fermement sur le
succès de M. Jeanty, indigène, 1iU du regretté con.
seiller général récemment décédé. Mais l'adminis-
tration, très adroitement, lui suscita un adversaire
redoutable en la personne du docteur Scheeffer; con-
seiller d'hygiène. Il y avait un troisième candidat,
M. de Hedy, fabricant de savons, immigré centriste
très influent. M, de Hody arrive bon troisième. et
dernier. M. Schasffer- a obtenu.1,957 voix, M. Jeanty
1,372 et M. de Hody 1,072.
Un second tour de scrutin est donc nécessaire.
De ces deux élections, on peut tirer une conclu-
sion.
Le centre allemand a subi en Lorraine une défaite
qui semble irrémédiable mais le parti lorrain indi-
gène, bien que sérieusement reconstitué (et nous
voulons croire cette reconstitution définitive), aura
beaucoup de mal à lutter contre les immigrés alle-
mands de tous les partis.
Déjà à Metz, sur trois conseillers généraux, il y
en a deux Allemands immigrés; le troisième siège
actuellement disputé par M. Maujean, écherra-t-il
encore à un Allemand? 'l
Une entrevue d'Edouard VII et deNieolas II
Le Berliner Tageblalt se fait télégraphier de Ma-
rienbad que le roi d'Angîeterre aurait déclaré hier
au comte Ouroùssof, ambassadeur de Russie, pen-
dant le lunch chez l'ambassadeur Goschen, qu'il
espérait se rencontrer prochainement avec le tsar.
Une information de Saint-Pétersbourg au même
journal enregistre également-le bruit d'une rencon-
tre proche éventuelle entre ces deux souverains.
Une allocution d© Guillaume II
L'empereur allemand était lundi à. Hanovre. Au
bourgmestre de la ville qui lui souhaitait la bien-
venue, Guillaume II a répondu
Si la paix a pu- être si longtemps maintenue, nous le
devons en même temps qu'aux gracieuses dispensa-
tions d'en haut, à .l'épée de notre armée éprouvée.
Fasse Dieu, qu'il me soit donné de conserver dans
l'avenir cette précieuse garantie, sans laquelle le tra-
vail le plus acharné des habitants des villes et des
paysans ne sert à rient
Le Parlement anglais
La Chambre des lords a adopté en troisième lee-
ture par 98 voix contre 54 la loi permettant le ma-
riage d'un veuf avec sa belle-sœur.
Elle a repoussé par 118 voix contre 31 un projet
de loi présenté par le gouvernement et relatif à
l'évaluation des terres en Ecosse.
La Chambre des communes a repoussé avec des
majorités considérables la plupart des amende-
ments apportés parles Lords à la loi agraire an-
glaise. pp p
Dans cette même Assemblée, un député a inter-
pellé le secrétaire d'Etat pour l'Inde sur les troubles
dans le Pundjab, et lui a demandé s'il pouvait indi-
quer la date à laquelle il sera possible au gouver-
nement indien de renvoyer dans leurs foyers les
personnes déportées à Mandalay.
M. Morley a répondu que le dernier rapport indi-
quait une amélioration bien nette et graduelle de
1 état de choses au Pundjab, et que si cette amélio-
ration continue, le gouvernement n'aura plus de
raisons d'user de rigueur et pourra remettre en li-
berté les agitateurs en question.
L'ajournement du Parlement aura probablement
lieu mercredi. p
Le ministre Tittoni à Ischl
Notre correspondant particulier nous télégraphie
Le ministre des affaires étrangères d'Italie se loue
beaucoup de l'accueil extrêmement gracieux que lui
a fait 1 empereur François-Joseph. L'entrevue du
souverain et de M. Tittoni a duré plus d'une demi-
heure,
Les deux ministres italien et autrichien, après le
déjeuner dinatoire à la villa impériale, ont fait une
excursion à la jolieet intéressante ville deHallstadt,
où ils ont aussi fait un tour du lac sur le petit va-
peur qui y fait le service. Le soir la fête vénitienne
sur l'esplanade a été très brillante, mais les minis-
tres se sont fait excuser de n'y point paraître ils
ont été suppléés par MM. Bollati et de Gagern.
Lundi matin, les ministres ont encore conféré, et
M. Tittoni est reparti en automobile par la route de
Salzbourg, où il a couché la nuit dernière et d'où il
prend le chemin de retour par étapes, comme à l'ar-
rivée..
Au cours des conversations de MM. Tittoni et
d'^Ehrenthal, il a aussi été question d'une visite du
roi Victor-Emmanuel à Vienne et d'une contre-vi-
site à Rome du prince héritier d'Autriche-Hongrie,
l'empereur étant empêché par son grand âge et
aussi par les égards pour le Vatican. Mais rien n'a
encore pu être définitivement fixé.
Turcs et Persans
Depuis l'entrée des troupes turques en territoire
persan, le 4 août, jusqu'au 15 août, le général Sam-
sana ed daouleh ainsi que plusieurs autres officiers
persans tombés dans les mains des Turcs ont été
tués. De nombreux villageois pacifiques, des fem-
mes et des enfants auraient été massacrés et des
femmes enlevées. Une église a été profanée et plus
de vingt milles livres de dégâts ont été causés aux
récoltes.
Un télégramme a été adressé parles bergers et la
population d'Ourmia auParlementpersan, lui deman-
dant son secours. ̃̃• '̃
Il y a des rumeurs de concentration de troupes
turques sur la frontière, mais on est sans nouvelles
certaines d'aucune opération militaire faite ouverte-
ment, si ce n'est le renforcement de la garde de la
frontière. On dit aussi que six bataillons turcs mar-
chent sur Sàoudjbo'uiakët Ourmia et. que 3,000 révo-
lutionnaires arméniens ont attaqué les troupes otto-
manes.
Plusieurs corps réguliers turcs avec de l'artillerie
étaient à quatre milles d'Ourmia le 15 août, réunis-
sant des provisions et du fourrage, et depuis
leur nombre augmente tous les jours.
Un autre rapport dit qu'un détachement turc a
occupé Mérivan et deux autres villes, mais tous ces
bruits ne sont pas confirmés.
On s'attend à la démission de tout le cabinet
persan.
Le Venezuela et ses créanciers
M, Gil Fortoul, délégué du Venezuela à la confé-
rence de la Haye, nous écrit au sujet du Bulletin
du Temps sur le Venezuela et ses créanciers et s'at-
tache à justifier le refus de son gouvernement d'exé-
cuter la sentence arbitrale qui la condamné à payer
10,565,199 francs à la Compagnie belge des eaux do
Caracas.
Cette justification n'a plus d'objet, si l'on en juge
par l'information de notre correspondant de Bruxei-
les d'après laquelle le chargé d'affaires de Belgique
à Caracas a fait savoir au gouvernement belge que
le gouvernement du Venezuela lui a communiqué
qu'il était disposé à exécuter la sentence arbitrale
rendue au profit des créanciers belges. C'est peut-
être une promesse ou une assurance vague, mais
enfin elle implique là reconnaissance de la sentence
rendue.
Pour ce qui concerne les relations interrompues
entre la France et le Venezuela, M. Gil Fortoul dit
Ce différend, dont le règlement diplomatique est,
sans doute, proche; ne saurait faire disparaître cet es-
prit de conciliante équité dont la France a donné main-
tes preuves dansées relations avec mon pays, et il ne
saurait amoindrir non plus cette invariable et recon-
naissante sympathie que nous avons tous au Vene-
zuela envers la grande nation où notre libératèur ap-
prit à mettre au-dessus de tout intérêt l'amour de la
patrie et le devoir de la défendre. J'ai qualité pour af-
firmer que ce sont aussi les sentiments du président
Castro. Et votre distingué rédacteur connaît, aussi
bien que moi, que le gouvernement vénézuélien est
tout disposé à effacer les suites de ce différend soit
par une négociation diplomatique amicale, soit par un
arbitrage.
Le New York Herald annonce que le gouverne-
ment vénézuélien vient de répondre à la troisième
note des Etats-Unis sur les cinq réclamations amé-
ricaines en renouvelant sa precédente réponse, à
savoir que ces réclamations ne sauraient faire l'ob-
jet d'une intervention diplomatique et sont du
ressort et de la compétence exclusifs de la justice
vénézuélienne.
La situation en Chine
D'après un bruit reproduit par une dépêche amé-
ricaine de Pékin, le vice-roi du Tchi-Li, Youan Chi
Kaï, a été appelé au portefeuille de la guerre..
La nomination de ce personnage influent à la tête
des défenses du pays est attribuée à la faiblesse
du gouvernement chinois, résultant de l'impopula-
rité croissante du régime mandchou et des craintes
de soulèvement de l'armée, mal payée à cause des
malversations du ministre des finances.
Les mémoires adressés au trône par plusieurs
vice-rois et gouverneurs attribuent le mouvement à
l'échec do trois édits promulgués par l'impératrice
douairière au cours des six dernières annees, édits
qui tendaient à combattre le favoritisme mandchou,
et à mettre sur pied égal les races chinoise et
mandchoue.
La cour a été vivement impressionnée par le
meurtre du gouverneur mandchou En Min g et par
la saisie de la correspondance du réformateur Sun
Yat Sen, prêchant 1 absorption du pouvoir mand-
chou par la Chine une et indivisible.
Allemagne. Lundi matin a eu lieu à l'ambassade
de France à Berlin la réception des excursionnistes
lyonnais venus visiter l'Allemagne. M. Cambon, arrivé
quelques heures auparavant, avait tenu à leur souhai-
ter lui-même la bienvenue.
Autriche-Hongrie. L'ambassadeur de France à
Vienne, M. Philippe Crozier, vient d'arriver à Marien-
bad.Iladéjeuné hier chez sir E. Goschen, l'ambassa deur
d'Angleterre, et aujourd'hui il e§t invité à déjeuner
chez le roi Edouard.
Le roi et la reine de Roumanie arrivent à Vienne
a deux heures et y séjourneront deux jours incognito.
Ils ne feront ni ne recevront aucune visite.
Belgique. Notre correspondant nous écrit qu'on
vient de constater, au musée de peinture /i^»:"rl-eS'
la détérioration de deux œuvres importantes. Un grand
tableau de Léon Frédéric, symbolisant la vie des pay-
sans à tout âge, a été troué; d'autre part, un panneau
décoratif de Courbet, la Seiïora Adcla Guerrero, porte
une déchirure de quinze centimètres. On recherche-
si ces détériorations sont dues à une négligence ou à,,
la malveillance.
On a procédé, lundi après-midi, au ministère dés
affaires étrangères, à l'installation des plénipoten-
tiaires désignés pour négocier le traité de reprise de
l'Etat du Congo par la Belgique. C'est M. Davignon,
ministre des affaires étrangères, qui a reçu les mem-
bres de la commission, qui ont commencé aussitôt
leurs travaux.
PORTUGAL. Le Conseil d'Etat s'est réuni pour gra-
cier les étudiants de Coïmbre. C'est la première réu-
nion du Conseil d'Etat selon la pratique constitution-
nelle depuis que le cabinet Franco a établi la dicta-
ture.
Tous les conseillers ont manifesté au roi le désir que
l'on rentrât dans la normalité constitutionnelle. M.
Franco a répondu en laissant entrevoir la nécessité de
ce retour aux conditions normales.
M. Luciano de Castro, chef du parti progressiste, a dit
qu'il a toujours été monarchiste dans les limites de la
Constitution, mais qu'il n'a jamais été et ne voudra
jamais être en dehors de la Constitution.
SuissE. La 29° session de l'Association littéraire
et artistique internationale s'est ouverte lundi au châ-
teau de Neuchâtel, sous la présidence de M. Maillard,
avocat à Paris.
Les deux séances d'hier ont été remplies par la lec-
ture du rapport annuel sur la situation de la propriété
intellectuelle et sa discussion,
La discussion de la question de la revision de la con-
vention de Berne aura lieu mercredi. Jeudi, clôture
du congrès.. ̃ 1
Pays-Bas. Un congrès anarchiste s'est réuni lundi
à Amsterdam. La première séance a été fort mouve-
mentée. Les principaux orateurs ont été Mme Emma.
Goldmann (Amérique), MM. Malatesta (Italie),. Fussa-
more (Belgique) et Marmande (France).
Danemark. Le 11e congrès international dé l'Insti-
tut de statistique a été ouvert à midi, au palais du
Rigsdag, par lé prince royal Christian, président ho-
noraire.
Russie. Les journaux anglais disent qu'à l'occa-
sion de l'anniversaire de l'attentat contre M. Stolypine,
le tsar a adressé à ce dernier un télégramme où, dans
les termes les plus flatteurs, il remercie Dieu-de lui
avoir conservé la vie, et prie pour qu'il lui soit donné
de servir longtemps encore la Russie avec toute sa
vigueur et sa santé.
VInformatiûn dit que l'on a arrêté à Odessa le ma-
rin Matouchenko, chef de la mutinerie du Kniax-Potem-
kine, qui avait tué le commandant de ce navire. On
a trouvé en la possession de Matouchenko un faux
passeport, une somme assez considérable et des armes.
Matouchenko venait d'Amérique avec l'intention de
provoquer une agitation parmi les matelots de la flotte
de la mer Noire. Il sera traduit devant le conseil de
guerre maritime.
Japon. Un immense incendie a réduit en cendres
ce matin près des trois quarts de la ville de Hako-
daté.
Tous les consulats ont été détruits, sauf celui des
Etats-Unis.
Des inondations ont endommagé la ligne du che-
min de fer de Tokaïdo à Cintrai et causé des dégâts
pour plusieurs millions de yen.
̃i mon
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
LE GÉNâtU.L TBéWEA.U AUX MANŒUVRES. Après
les manoeuvres d'ensemble, des 1M et 5" divisions de ̃
cavalerie, dont nous parlions avant-hier, et qui fini-
ront le 2 septembre, le général Trémeau, comman-
dant du 6° corps d'armée ot membre'du conseil su.
périeur de la guerre, présidera aux évolutions des
3e et 4° divisions de la même arme, auxquelles se
joindra, jusqu'au 9 septembre, la 12°. division d'in-
fanterie.
Enfin, du 10 au 13, le général Trémeau dirigera
d'importantes manœuvres do corps d'armée, qui
réuniront les trois divisions d'infanterie du 6° corps,
à effectif de guerre, plus toutes les troupes de la
place de Verdun et quatre régiments de cavalerie;
au total près de 30,000 hommes qui opéreront dans
la région de Verdun et d'Etain.
TOUJOURS LES MANIFESTATIONS INTERNATIONA-
LISTES DE réservistes. On rapporte de Tourcoing
qu'hier, à la gare centrale de cette ville, il s'est de
nouveau produit des désordres parmi les réservistes
d'infanterie qui, attendant lu départ d'un train, sta-
tionnaient dans la salle des pas-perdus et sur -la
place de la Gare.
Ces hommes chantaient des refrains révolution-
naires, dont le Drapeau rouge, pendant qu'un indi-
vidu civil leur battait la mesure.
Lorsque les portes donnant accès sur les quais
furent ouvertes, les soldats prirent place dans les
compartiments et une fois installés recommencèrent
à chanter l'Internationale, la Carmagnole et le Dra-
peau rouge.
Dans un compartiment, une bagarre se produisit
entre quatre soldats dont deux de l'active, un do
ceux-ci, en présence de ce qui se passait, ayant
voulu empêcher un réserviste de s'installer à ses
CÔtCS.
Les soldats de l'active n'ont pris aucune part., à
ces manifestations, au sujet desquelles une enquête
est .ouverte.
LES TIRS RÉELS D'ARTILLERIE AUX ENVIRONS de
Paris. Tous les ans, à pareille époque, dans les
environs de Paris, on procède à des tirs réels â',a.v-
tillerie. L'an dernier, ces exercices, qui sont des
plus intéressants et des plus utiles, ont eu lieu entre
Meulan et Magny-en-Vçxin. Cette année, ils se fe-
ront, sous la haute direction du général Guillin,
commandant l'artillerie du 3e corps, entre Maule et
Mantes, les 3 et 4 septembre.
Pendant ces deux jours, les tirs commenceront à
cinq heures du matin et se termineront à midi. Un
service de protection de la zone dangereuse sera as-
suré par des vedettes à cheval, qui circuleront sur
la ligne des fanions rouges interdisant le passage et
veilleront à l'observation des mesures de sécurité
prescrites en pareil cas.
ANCIENS MILITAIRES blessés. Le congrès des
anciens militaires blessés réformés avec congé n" 1
et reconnus incurables, composé des comités de Pa-
ris, Lyon, Nîmes, Saint- Etienne, Bar-le-Duc etc.,
s'est réuni le 25 août au palais de la Bourse, à Lyon,
sous la présidence de M. Vigne, de Lyon.
Il a décidé de demander aux députés de voter la
proposition déposée par M. François Fournier, dé-
puté du Gard, et qui est en ce moment en délibéra-
tion à la commission de l'armée.
Lç pagres s'est gégaré après avoir jofêjim iéll-
citations aux jeunes soldats qui défendent en ce mo-
ment notre drapeau au Maroc.
MARINE
'LANCEMENT DU cuirassé « Edgar-Quinet ».
L'amiral Péphau, actuellement en congé, sera de
retour à Brest le 21 septembre prochain pour le lan-
cement du cuirassé Edgar-Quinet.
LA PETITE HiSTOIRE
IMPRESSIONS DE VOYAGE
Quand, à l'automne de 1788, le clergyman £ f
R. V. passa le détroit pour parcourir la France t
et visiter Paris, il était rempli des plus sages ré- r
solutions il voulait s'instruire, étudier nos (
mœurs et noter ses impressions. Il n'était pas, £
il faut le dire, exempt d'un certain dédain pour 1
ce qu'il allait voir ce n'était pas un homme fa- (
cile à dérider et sa sévérité pour notre légèreté t
était en éveil. La narration de son voyage, brus- j 1
quement interrompue par l'incident qu'on lira, (
a été retrouvée par M. Frédéric Masson dans la (
bibliothèque du ministère des affaires étran-
gères, et publiée il y a quelque vingt ans par la j
Revue ré trospective. (Dixième semestre. Janvier- (
juin 1889). A cette époque de l'année, où cha- ]
cun roule, à cent kilomètres à l'heure, de Paris
à la mer, de la montagne aux villes d'eaux, ce
n'est pas sans amusement qu'on évoque le sou- ]
venir de ces voyages d'autrefois, si lents, si (
longs, si lourds et si consciencieux.
Le clergyman est mal disposé; nos routes lui j
semblentmauvaises,nos chevauxmalingres, les }
enseignes mal rédigées, les femmes petites et
peu soignées. La douane et l'octroi, a l'entrée (
des villes, l'exaspèrent; la lenteur des relais,
l'indiscrétion des commissionnaires, la cherté 1
des vivres mettent sa bile en mouvement..
Douze heures de route de Calais à Montreuil,
douze heures encore de Montreuil à Amiens,
dix-sept heures enfin jusqu'à Chantilly, lui
donnent une piètre idée des postes de France
et de la complaisance des postillons.
Chantilly est une déception. Bien que le ro-
gue Anglais trouve là, en son hôtelière, une
compatriote,» « femme vraiment agréable et sen-
sée », malgré la splendeur des écuries,, l'ar-
mure de Jeanne d'Arc et la grosseur des car- j
pes, il estime que le musée n'est qu'une minia-
ture de celui de sir Ashton Levers, et que l'en-
semble du domaine des Condé est bien inférieur
àBlenheim ou aStowé.' Pourtant, une chose
l'émoustillè en parcourant Vile d'amour, il dé-
couvre, écrits au crayon par un passant, sur le
socle de marbre d'un buste, ces quatre vers
Pardon de mon impolitesse
Le tu que je vous adressais
Etait dicté par la tendresse.
vous, en amon> t>'oo+ *•"> '«""«-
Cela le trouble comme la révélation d'un en-
chantement inédit dans son émoi, il griffonne,
sur un piédestal voisin quelques vers, un peu
lourdauds, où il est question de fleurs et de bai-
sers sur le front. Cette concession accordée à
la grivoiserie, l'Anglais reprend son voyage.
Sa réprobation, à l'approche de Paris, décroît
un peu la route, depuis Saint-Denis, est Om-
bragée d'une double rangée d'ormes majes-
tueux, qui lui donne un faux air de Saint-Ja-
mes Park ;>à mesure qu'on avance, les monu-
ments publics apparaissent « et déploient une
magnificence inouïe ». Une fois établi à l'hôtel
de Lancastre, rue de Richelieu, il est tout à fait
conquis. Pour 12 francs par jour en effet, on
l'installe là, au premier étage, dans un apparte-.
ment meublé dont les merveilles l'èblouissent
« Une antichambre ou salle à manger, de 24
pieds carrés, garnie de buffets et d'un dressoir
en marbre, décorée d'une élégante colonne sur-
montée d'une urne. Le salon est une magnifique
pièce de 26 pieds sur 24 et haute de 15. Le plan-
cher est parqueté, c'est-à-dire fait de morceaux,
de chêne poli et ciré, disposés en compartiments
réguliers et formant de grands carrés, dans les-
quels se trouvent de petits triangles, des carrés
et des parallélogrammes. Du plafond, pend un
superbe lustre de cristal taillé. Quatre miroirs
ornent la pièce celui qui est au-dessus de la
cheminée aune plaque de cinq pieds sur quatre.
Trois larges fenêtres un élégant sopha et
douze chaises en damas cramoisi; une su-
perbe table ronde. Les murs sont revêtus de
boiseries vernies dans chaque compartiment
desquelles se trouvent d'agréables peintures
sur bois.» etc. Pourtant son esprit critique
n'est pas désarmé par cette apparence ce loge-
ment manque de comfort il ne contrent « ni
éteignoir, ni tire-bottes ». Il est vrai que ce der-
nier ustensile, indispensable à tout Anglais, est
« merveilleusement remplacé par les barres des
balcons, en dehors des fenêtres ». A quoi bon se
gêner, n'est-ce pas?
Partant de ce principe, sir.R. V. commença
par écrire sur la boiserie de son appartement
garni ces maximes, consacrées à sa-'femme,
laissée en Angleterre, maximes qui devaient
être sa ligne de conduite pendanttoutela durée
de son voyage:
En Angleterre, en France, en quelque lieu que je
porte mes pas, Les chers désirs de mon cœur sont
demeurés dans ma maison. A travers les pompes
et les splendeurs, au travers des.ris et des jeux, Par-
tout où l'amour du plaisir me montre la route, Ou
au milieu du bruit d'une vie tumultueuse, Mes pen-
sées sont fixées sur toi, mon épouse charmante.
En règle, de la sorte, avec le souvenir de
l'absente, le rigide Anglais, sans crainte des ten-
tations, se lança dans Paris. On ne peut le sui-
vre dans toutes ses "excursions cependant son
récit abonde en détails précieux. Ainsi, il s'é-
tonne, à la Comédie-Française, de voir que le
trou du souffleur ne soit pas recouvert d'une
boîte la tête, les épaules de l'homme émergent,
en vue de tous les spectateurs, d'une trappe
située à l'avant-scène on le voit faire sa besogne
et tourner les feuillets de sa brochure. La mode,
dans les restaurants, est d'accommoder les lé-
gumes « d'une manière si singulière, avec une
forme, une couleur si curieuses, avec un assai-
sonnement si agréable, qu'ils imitent parfaite-
ment, d'apparence et de goût, tous les poissons
qu'on peut trouvcr dans lamer ». Paris n'a pas
de trottoirs les deux seuls qui existent se trou-
vent dans la rue percée en face de la Comédie-
Française (l'Odéon actuel); encore sont-ils si
périlleusement élevés au-dessus du niveau de
la chaussée que les iétons goûtent peu cette
innovation, généralement considérée comme
vouée à l'insuccès. Le canon du Palais-Royal
n'est pas au milieu d'un des parterres du jardin,
mais juché sur .la balustrade qui dominé la fa-
çade des galeries. Les cochers de fiacre ne sont
point assis sur leur siège ils préfèrent se tenir
debout sur une planche placée derrière la voi-
ture et conduisent de là leur cheval.
Les femmes semblent à sir R. V. être de pe-
tite taille; elles s'habillent « presque comme les
Anglaises ». Toutes ont la figure peinte ou plâ-
trée ce qui choque notre Anglais, navré de
voir bannie de tous ces fronts maquillés «la
plus douce fleur de la nature, la rougeur de la
modestie ». Pourtant son premier contact avec
une de ces Parisiennes, si artificielles, ne fut
pas triomphal. Il était entré avec un de ses
compatriotes dans un magasin pour y acheter
du drap noir; la marchande était si avenante,si
vive, si persuasive, elle faisait avec tant de
grâce les honneurs de sa boutique, que les deux
Anglais se trouvèrent en quelques instants
avoir acheté trois fois plus de marchandises
qu'ils n'en avaient l'intention ils battirent pré-
cipitamment en retraite au moment où la jolie
mercière allait leur imposer une pièce de soie
dont ils n'avaient que faire la pièce leur fut
présentée, le lendemain, à l'hôtel de Lancastre.
« Malheureusement. note sir R. V., elle fut
apportée par le mari, et mon ami eut alors assez
de courage pour la refuser. »
Afin d'oublier cette chaude alerte, le touriste
partit pour Versailles. Il assista à la messe
royale, étonné de voir que la tenue de Louis XVI,
durant l'office, n'était pas des plus édifiantes.
Le roi fut pendant toute la messe « engagé dans
la conversation la plus gaie avec le comte d'Ar-
tois. Il faut observer à l'honneur de Monsieur
que jusqu'à la fin de la cérémonie il garda un
air de sérieux et de dévotion ». La reine parut
à sir R. V. très portée à l'embonpoint. « Il y a,
dit-il, une grâce charmante dans son regard et
son œil est vif et pénétrant. » Au dîner qui sui-
vit la messe, et que les curieux étaient admis à
contempler, Louis XVI, non plus que Marie-
Antoinette, ne mangèrent point. Tout le repas
pour eux se passa en conversation. Il était d'ha-
bitude que le « grand couvert » terminé, le roi
et la reine se retiraient dans leur appartement
pour y dîner en tête à tête et commodément
aussi laissaient-ils passer sans y toucher, avec
une méritoire résignation, les vingt-huit plats
dont se composait le menu du repas public que
leur imposait Vétiguette. Sir R, V. remarqua
que tout le service fut fait en vaisselle d'or.
D'ailleurs, si l'on excepte la reine, il trouva
laides et dénuées de grâce toutes les femmes
qu'il aperçut à la cour. Son heure n'était pas
venue.
Elle ne tarda point. Et c est ici que s'arrête
brusquement le journal. Deux jours plus tard
en effet, le rigide Anglais assistait, aux Varié-
tés amusantes, à la représentation de Jérôme
pointu, « une comédie très drôle et bien jouée,
digne d'admiration », quand « un objet plus in-
téressant attira son attention ».
Mais ici, il faut citer le texte même
« Dans la loge voisine de la nôtre, une dame
était assise qui fit sur mon cœur une impres-
sion que je n'avais pas ressentie depuis long-
temps. Elle était divinement belle. Sa physio-
nomie exprimait une animation douce et déli-
cieuse. Les yeux montraient que son âme était
aussi aimable que ses formes étaient charman-
tes et il était impossible de les voir sans en être
convaincu. En causant avec elle je lui trouvai
un esprit remarquablement cultivé et une intel-
ligence puissante et nette. Elle avait vingt-
quatre ans et avait été mariée à un monsieur
qui se trouvait, à ce moment, à Saint-Domin-
gue. De cette rencontre accidentelle naquit une
liaison qui fut encore nourrie par une active
correspondance et qui me donna les jouissances
les plus pures de l'amitié. Si quelqu'un de
mes amis, disposé à la critique, lisait ceci, il
m'accuserait de légèreté et d'insensibilité pour
les charmes d'une excellente épouse. Non, ma
chère Marie tu connais trop bien mon cœur.
Je suis certain que tu ne peux être blessée si
j'ai été frappé de trouver chez une autre fem-
me la beauté et les vertus qui té rendent si sé-
duisante, et si j'admirais la copie en l'absence
de l'original bien-aimé. »
Le journal se termine par une ligne de
points. On ne saura jamais ce qu'il advint du
sensible clergyman et de la dame de vingt-
quatre ans dont le mari était àSaint-Domingue.
NOUVELLES DU JOUR
A son retour de Rambouillet, le président du
conseil a conféré successivement, au ministère de
l'intérieur, avec les ministres des affaires étrangères,
de la guerre, de la marine et du travail. Ces confé-
rences se sont prolongées jusqu'à huit heures du
soir.
Un conseil de cabinet aura lieu mercredi matin au
ministère de l'intérieur, sous la présidence de
M. Clemenceau.
Samedi matin, tous les membres du cabinet se
rendront à Rambouillet où ils se réuniront en con-
seil sous la présidence de M. Fallières. ·
M 'rViôr/vn o/Mic_co^rôtoîrp,/l'Tît"+ /̃ 1" cimifo ar-
rivé hier à Lyon, après s être entretenu avec le-
général Galliéni, a visité l'hôpital Desgenettes, lo
laboratoire du 14e corps d'armée, puis la manuten-
tion militaire, où il a fait procéder par le contrôleur
Jossaud à une vérification des approvisionnements.
̃Le sous- secrétaire d'Etat est rentré à Paris.
Le Figaro annonce ce matin que le roi et la reine
d'Espagne passeront probablement quelques jours à
Paris au commencement du mois prochain.
A l'ambassade d'Espagne, on nous a déclaré qu'on
ne savait absolument rien da ce déplacement royal,
et que, dans tous les cas, ce voyage, s'il avait lieu,
n'aurait aucun caractère officiel.
Le roi de Grèce, venant d'Aix-les-Bains, est ar-
rivé hier soir à Paris, ainsi que nous l'avions an-
noncé.
Salué à la gare, à six heures et demie, par M.
Delyanni, ministre de Grèce à Paris, et les mem-
bres de la légation, il est descendu,, comme à ses
nrécédents séjours, à l'hôtel Bristol. Il est accompa-
gné du comte de Czernowitz, intendant de sa liste
civile, et du commandant Coundouriotis, son aide de
camp. Il voyage dans le plus strict incognito.
Il séjournera à Paris une huitaine de jours, avant
de se rendre à Copenhague.
Le diplôme d'ancien élève de, l'école des mines de
Saint-Etienne apte à exercer les fonctions d'ingé-
nieur est accordé aux élèves sortant de l'école en
1907 dont les noms suivent, savoir s
MM. Versel, Roy, Lapierre, Jarlier, Morel, Pauze,
Duhart, Menielle, Mermod, Brocard, de Belenet, Es-
tève, Viallet, Duny, Michel, Pialat, Gil, Hyve, Gondard,
Archer, Bouvat-Martin, Maurël, Gutton, Michaud, Dau-
brège, Rollet, Froment, Lestable, Brodeur, Dony, Rai-
naud, Dubouchet, Blanc.
Le conseil général do la Gôto-d'Or a adopté un
vœu du général André, demandant que le projet de
loi dépose par le ministre de l'instruction publique
portant modification do la loi de 1882 sur l'obliga-
tion scolaire, vienne en discussion dès la rentrée du
Parlement.
Ce voâu est basé sur ce fait qu'un certain nombre
de conscrits complètement illettrés ont été incorpo-
rés en 1906.
On mande de Brest
Un récent arrêt du Conseil d'Etat ayant déclaré
illégaux les arrêtés -municipaux interdisant au clergé
le port des ornements sacerdotaux dans les convois
funèbres, le clergé brestois passa outre à un arrêté
de ce genre pris en janvier dernier par le maire do
Brest. Procès-verbal a été dressé hier pour ce fait
par le commissaire de police, contre M. Blanchard,
vicaire de la paroisse Saint-Martin.
Nous recevons la lettre suivante:
Mur-de-Barrez (Ayeyron), le 25 août 1907.
Monsieur le directeur,
Sous la rubrique « Conseils généraux le Temps a
donné dans son numéro du 21 août, je crois, le ren-
seignemént suivant
Il Aveyron, président: M. le sénateur Ouvrier, cotiser^
valeur. »
Mes amis de la gauche républicaine et tous ceux qui
connaissent mon rôle politique depuis bientôt -40 ans,
ont dû être bien surpris en voyant l'épithète de conser-
vateur accolée à mon nom.
Agréez, etc. OUVRIER,
LES GRÈVES
On nous écrit de Rouen
La grève des mécaniciens chauffeurs de grues du
port de Rouen n'aura pas été de longue durée. Après
une réunion qui s'est tenue entre délégués ouvriers
et patrons, des concessions ayant été faites de part
et d'autre, la reprise du travail a été décidée.
On mande de Tulle
Les mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer
départementaux de la Corrèze se sont mis en grève
subitement après avoir saboté des locomotives. Ils
réclament une augmentation immédiate de salaire
de 0 fr. 50 par jour, le commissionnement et la re-
traite.
Aucun train n'a pu être mis en circulation sur les
lignes qui relient quatre chefs-lieux de canton im-
portants.
On mande de Revin
La réunion des patrons et des ouvriers de Revin
a eu lieu hier après-midi à la préfecture. Après trois
heures de discussion, les délégués sont sortis sans
solution définitive. Les pourparlers vont conti-
nuer.
On mande.de Corbeil
Depuis qu'a éclaté, à Evry-Petit-Bourg, la grève
des carriers de l'entreprise Alice, à deux reprises on
a essayé de faire sauter le chemin de fer Decauville
qu!utii'ise l'entrepreneur pour le transport des ma-
tériaux.
Un nouvel attentat vient d'être commis, rue de
l'Eglise. Deux détonateurs chargés à la dynamite
ont fait explosion au moment où passait une voiture
dans laquelle avait pris place M. Gilardin, employé
aux ateliers Decauville. Par bonheur, M. Gilardm
n'a pas été atteint mais le cheval attelé à son véhi-
cule a été fort grièvement blessé, tandis que la voi-
ture était endommagée.
La gendarmerie d'Essonnes a découvert, à une
centaine de mètres de l'endroit où s'est produite
l'explosion, un autre détonateur complètement dé-
chargé.
AU JOUR LE JOUR
L'accident de chemin de fer de Coutras
Les ingénieurs du contrôle désignés par le minis-
tre des travaux publics poursuivent leurs investi-
gations sur les causes de l'accident. Mais leurs rap-
ports ne sont pas encore parvenus à l'administra-
tion. L'enquête judiciaire également suit son cours.
Pourl'instant, et c'est ce que nous disait M. Barthou,
le ministre des travaux publics nepéutsebornerqu'à
préciser l'objet de son voyage à Coutras, où il est
allé procéder à un examen minutieux du matériel
et des lieux, se rendre compte des circonstances
dans lesquelles l'accident s'est produit, et aussi por-
ter aux victimes, au cours de la visite qu'il leur a
faite, des paroles de consolation.
Quant à la cause de l'accident, nous disait-il, et aux
responsabilités engagées, je n'ai pas le droit d'avoir
dès maintenant une opinion. D'abord je n'ai reçu ni le
rapport du commissaire"de surveillance administrative
qui » reçu les dépositions des victimes ou- des témoins,
ni les rapports des ingénieurs du contrôle qui doivent
procéder à l'enquête technique.
Quand j'aurai ces documents, j'apprécierai alors cet
accident, comme je l'ai déjà fait pour la catastropha
des Ponts-de-Cé, s'il y a lieu de prescrire des mesurer
nouvelles de sécurité dont les circonstances auront dé«
montré la nécessité; mais éventuellement, qu'il s'agisse
de la responsabilité d'un ingénieur ou de celle d'un
aiguilleur, je me garderai bien d'émettre une opinion
tant que l'instruction judiciaire ne sera pas close. Une
déclaration dans ce sens serait plus qu une apprécia-
tion, elle serait une accusation.
C'est à la justice qu'il appartient d'établir les res-
ponsabilités. Mon devoir est d'une autre nature ii
consiste à prescrire les mesures qui peuvent prévenir
certaines catastrophes.
Je tiens d'ailleurs à dire que la sécurité sur les voies
françaises est encore mieux assurée que sur les réseaux
étrangers. Les statistiques des accidents le démon-
irent à l'évidence. Je ne négligerai rien pour que nous
conservions cette situation favorable, mais il y aura
toujours, dus soit à des circonstances naturelles, soit
à des négligences individuelles, des accidents que la
prévoyance d'un ministre des travaux publics ne sau-
rait empêcher.
Il se confirme que l'aiguilleur de Coutras ne sau-
rait être rendu responsable de l'accident, pas plus
que le mécanicien de l'express 624.
L'aiguilleur affirme avec énergie qu'il a manœu-
vré en temps utile le levier de l'aiguille et dans la
sens voulu pour que l'express 624 prit bien la voie
principale et non la voie de garage. Quant au méca-
nicien, il assure, lui aussi que les signaux avancés
indiquaient « voie libre ». Il semble bien que l'un
et l'autre ont fait en effet tout leur devoir.
Le mécanisme des aiguilles est tel que quand lea
signaux sont ouverts, l'aiguille dirige les trains sur
la voie principale; quand ces signaux sont fermés,
c'est la voio de garage seule quj. est praticable.
D'un même coup de levier, l'aiguilleur fait donc
mouvoir et l'aiguille et les signaux. Or, à Coutras,
les signaux auraient obéi au coup de levier de l'ai-
guilleur, tandis que l'aiguille restait immobile. Au
passage du train, les signaux indiquaient donc
« voie ouverte », c'est-à-dire voie «principale», tan-,
dis que l'aiguille, qui n'avait pas fonctionné, ne per-
mettait au train que de s'engager sur la voie de ga*
rage.
Les tiges de transmission pour la manœuvre d'une
aiguille sont formées de tubes de fer, coudés en di-
vers endroits, d'une longueur de 150 mètres envi-
ron. Co sont ces tubes qui ont dû être faussés.
L'aiguille de Coutras avait été déplacée depuis. peu
et remise en service le matin même de l'accident.
Elle avait parfaitement fonctionné au passage des
trains qui avaient précédé l'express 624.
Mais hier soir, vers neuf heures, de nouveau elle
n'a pas fonctionné. Un ingénieur de la compagnie
venait de commander, afin de dégager la voie paire,
d'aiguiller sur la voie des marchandises une plate-
forme sur laquelle avait été placé le châssis d'une
voiture de voyageurs, quand on vit la plate-forme
s'engager sur l'autre voie. On vérifia aussitôt la r
position des leviers: l'aiguilleur avait.parfaitement
exécuté la manœuvre. C était l'aiguille qui n'avait
pas obéi au levier. >
Il semble donc que l'aiguille de Coutras ne fonc-
tionne que par intermittences.
L. Ingénieur qui avait commandé cette manœuvre
aurait examiné les tubes do transmission de l'ai-
En outre, une des 'blessées do la catastrophe
Mme Albrecht, qui habite à Paris, 45, boulevard
Owiano, et qui a été ramenée hier à son domicile, &
fait les déclarations suivantes
Quand je fus dégagée du wagon, on me plaça sur
une civière et l'on me conduisit chez de braves genà
qui habitent une petite maisonnette proche de la
gare.
J'entendis mes hôtes s'entretenir de l'accident et de
ses causes, et j'ai retenu les paroles que voici •«.ra-
rement l'aiguille qui commande la voie de garage n'a a
pas fonctionné. La nuit allait venir, c'était par consé-
quent près de huit heures du soir, que ce pauvre X.
(ici un nom que Mme Albrecht n'a pas retenu) était
encore en train d'y travailler. Il avait l'air de ne pas
parvenir à la mettre en état. Quand j'ai cessé de 1 ob-
server, il s'était remis au travail, après l'avoir fait
fonctionner plusieurs fois, comme s'il avait constaté
qu'elle ne fonctionnait pas normalement, »
D* V. Ouvrier,
La répartition des industries en France,
en Belgique et aux Etats-Unis
M. Yves Guyot a fait aujourd'hui, à Copenhague,
à la session de l'ins'itut international de statistique,
une intéressante communication sur la répartition
des industries en France, en Belgique et aux Etats-
Unis.
On connaît la théorie de la concentration des in-'
dustries que Karl Marx et Engel avaient faite dan*
le manifeste communiste de 1847, que les socia<
listes donnent comme une ère nouvelle. Les pre-
miers disaient i
De plus en plus, la société tout entière se partage en,
deux camps ennemis, en deux grandes classes directe-
ment opposées la bourgeoisie et le prolétariat.
§ 18. Les classes moyennes d'autrefois, les petits in-
dustriels, les commerçants et les rentiers, les artisans
et paysans, tous tombent dans le prolétariat, Leuf
petit capital succombe dans le commerce avec les
grands capitalistes.
§25. Le progrès de l'industrie jette dans le pro-
létariat des fractions considérables de la classe domi-
nante ou du moins les menace dans leur existence.
§ 31. L'ouvrier moderne, au lieu de s'élever par le
progrès de l'industrie, descend de plus en plus au-des-
sous de la condition de sa propre classe.
En un mot, d'après eux, les industries et le capi-
tal se concentrent de plus en plus en quelques mains,
tandis que le nombre des propriétaires ne cesse
d'augmenter, les salaires de diminuer et le nombra
des heures de s'accroître.
Si trois établissements occupant chacun cent ou-
vriers ne forment plus qu'un établissement au bout
de dix ans, il y a concentration; mais si chacun
d'eux continue d'exister en occupant un quart ou un
tiers en plus des ouvriers, en faisant le doubledJaf-
faires, il n'y a pas concentration, il y a développe-
ment et expansion de l'industrie.
Le nombre des établissements industriels a-t-il
diminué en France, en. Belgique et aux Etats-Unis?
Telle est la question que M. Yves Guyot examine
d'après les derniers recensements.
EN FRANCE
En France, on trouve dans les résultats statisti-
ques du recensement de 1901 le chiffre de 4,865,700
chefs d'établissement; c'est à ce chiffre qu'il faut
comparer le nombre des salariés et employés, si on
veut se rendre compte du rapport de quantité qu'il
y a entre eux. Il n'y a pas autant d'établissementa
qu'il y a de chefs d'établissement. C'est exact.. Mais
l'économiste et l'homme politique ont besoin d avoi*
le chiffre exact des deux groupes
D'un côté. 4.865.700 chefs d'établissement
D'un autre. 9.155.000 ouvriers et employés.
Il y a donc moins de 2 ouvriers et employés rela«
tivementà un chef d'établissement. ~nin.a;'
Il y a 65 0/0 d'ouvriers et d'employés, 35 0/0 de
chefs d'établissement.. ̃
En 1896, on avait relevé 2,983,000 établissements 0
où deux ou plusieurs personnes travaillent en com-
mun. En 1901, ce chiffre n été porté à 3,185,000. Cette
augmentation indiquerait le contraire d'une concen-
tration d'industries mais le rapport nous dit qu elle
provient des « conditions nouvelles du dépouille.;
ment qui ont permis de compter beaucoup d'établis«
sements familiaux qui n'avaient point été enregis*
trés en 1896 ». Soit.
Le rapport ajoute « Si on laisse de cote les- éta-
blissements composés uniquement du mari et de 1<
femme ou d'associés travaillant sans aides, le sens
du mouvement se trouve renversé le chiffre dea
établissements occupant au moins un ouvrier res-
sort au chiffre de 2,256,000 en 1901 au lieu de
2,390,000 en 1896 mais il est vrai que cette diminu-
tion porte sur les établissements de l'agriculture.
En 1896, on avait compté, dans les exploitations
agricoles, un grand nombre d'enfants de cultiva-
teurs qui, en 1901, ont été laissés en dehors de la
population active. Dans l'industrie, au contraire, la
nombre des établissements a augmenté. »
Mais dans ce nouveau tableau, le rapport sup->
prime tous les établissements qui n'occupent pas
d'ouvriers. ̃
Or, dans le tableau de la page 17, le nombre des
chefs d'établissement a augmenté aussi bien dans,
l'agriculture que dans l'industrie.
Chefs d'établissement
1901 1896
Agriculture. 3.469.200 3.086.200
Industrie 813.110 715.CKX)
Commerce. 538.800 441.303
Donc, dans chacune des trois grandes classes, il }
a eu augmentation du nombre des chefs d'établisse-
ment. C'est un phénomène de diffusion et non de
concentiation. r.
Les petits établissements qui ne comptent habi-
tuellement que les membres de la famille sont un
facteur trop important dans la production pour que,
si on le supprime, on ait une idée nette de ce phéno-
mène et de même que pour le Census américain-, je
signale ici la tendance dos soi vices publics de sta-
tistique à éliminer les petits établissements. C est
tout naturel. Ils exigent beaucoup de travail.
Le tableau ci-dessous ne contient que les établisse-
ments occupant des ouvriers. Il presente un léger-
recul pour le nombre des établissements agucoles,.
Nombre;d'établissements
"occupant
des ouvriers et employés,
1901 1896
Agriculture. 1.340.000 l-^i-000
Industrie. 016.000 592-^°.
Commerce 249.000 23;{.(»J
Ce mouvement est donc le contraire d'un mouvff?
ment de concentration. Le rapport dit 573,001!
établissements occupaient de 1 a 20 ouvriers ou cm-
ployés en 1896, on en compte 594,000 en 1901; le
nombre des établissements de 21 à 100 ouvriers s'est
élevé de 15,583 à 17,570, et celui des grands établis-
sements occupant plus de 100-ouvriers s'est accru de
600 unités, passant de'3,668 à 4,268.
Dans le commerce, mêmemouvement le nombr6
la nature des choses, elle, n'a pu aplanir définitivement
les oppositions de vues existantes, elle- a du moins
prouvé le bon vouloir de tous d'en discuter dans un
«sprit amical et conciliant,,et par là de contribuer à
dissiper les nuages qui se sont amassés maintes fois et
ont noirci fortement l'horizon européen.
Plusieurs journaux commentent cette visite. Ils y
voient la preuve d'une amélioration sensible des re-
lations franco-allemandes.
Le Lôkal-Anzeiger écrit:
-Dans les entretiens entre le prince de Bülow et
M. Cambon, il ne s'est pas agi en fait de conventions
spéciales, ni de questions concrètes. La visite était
plutôt l'expression des relations pacifiques, correctes
et amicales qui existent actuellement entre l'Allemagne
et la France.
Ce journal fait ressortir que cette visite continue
la série des rencontres récentes entre souverains et
hommes d'Etat. H ajoute
Toutes ces rencontres et ces entretiens ne peuvent
que contribuer à afilrmer l'apaisement général qui
s'est produit eh Europe et dans le monde.
La Post estime qu'après les entrevues de Swine-
jnûnde et de Wilhelmshœhe et après les entretiens
des hommes d'Etat dirigeants de la Triple-Alliance,
te gouvernement français pouvait désirer être
Informé d'une façon -plus précise sur la signification
de ces événements, et que le gouvernement alle-
ïnand, dans l'état actuel des relations amicales avec
la France, pouvait juger bon de dissiper, par une
franche déclaration, d'éventuelles craintes ou de
possibles malentendus. Si donc cette visite sert à
afnrmer l'apaisement général, elle ne peut égale-
ment qu'affermir les relations correctes entre l'Alle-
magne et la France.
Au sujet de la question du Maroc, la Post espère,
pour le bien de la paix universelle, que la France et
l'Allemagne continueront, en ce qui concerne le
Maroc, à marcher la main dans la main; « et si,
.comme il y a lieu de le croire, cette entente spé-
ciale peut être portée au compte de la visite de Nor-
derney, on ne peut que s'en féliciter sincèrement ».
Par contre, la Deutche Tageszeiiung, organe agra-
îien, continue à être pessimiste et à craindre: des
complications au Maroc.
AFFAIRES COLONIALES
L'usage de l'opium en Indo-Chine
Le gouvernement, préoccupé de restreindra
l'usage de l'opium dans nos possessions d'Extrême-
Orient, a invité le gouverneur général de Tlndo-
Chine à examiner le problème, et à lui indiquer
les dispositions qui lui paraîtraient de nature à le
solutionner.
M. Beau a fait savoir au ministre des colonies
que l'interdiction de l'opium pure et simple et sans
transition présenterait, selon lui, de très sérieux-
inconvénients, en raison du mécontentement qu'on
provoquerait chez les indigènes si on leur suppri-
mait brutalement la possibilité de satisfaire leur
passion. Il a ajouté que pratiquement cette prohi-'
bition était irréalisable tant que la Chine n'aurait
pas supprimé complètement la culture du pavot..
Enfin il a fait observer que même si l'interdiction
absolue et immédiate était possible, on devrait y-
surseoir jusqu'au moment où l'on aurait créé des
ressources destinées à compenser la disparition
des recettes que le monopole de cette drogue pro-
cure actuellement au budget général, recettes qui.
atteignent 7 millions de piastres, soit le quart en-
.viron des ressources totales.
Par contre, le gouverneur général s'est déclaré
nettement partisan de la restriction progressive de
l'usage de l'opium, en augmentant son prix dans
une proportion différente pour chaque pays de
l'union indo-chinoise, suivant que ce pays se trouve
plus ou moins éloigné des contrées- de production
chinoise.
Dans ce but, il a pris, le 19 juin dernier, un ar-
rêté qui augmente sensiblement le prix de la dro-
gue, et qui aura pour résultat d'en restreindre
l'usage, tout en sauvegardant les intérêts du Tré-
sor, celui-ci réalisant de plus forts bénéfices sur
les quantités vendues.
En outre, pour répondre aux vœux du gouverne-
ment, M. Beau a interdit l'ouverture de toute fu-
merie d'opium sur le territoire de l'Indo-Chine.
Le premier de ces deux arrêtés a été pris par le
gouverneur général dans la limite de ses attribu-
tions quant au second, qui modifie un règlement
antérieur sanctionné par décret, il vient d'être ap-
prouvé par le président de la République.
Mais le ministre des colonies n'a pas pensé qu'on
dût s'en tenir à ces mesures. Il a estimé qu'il était
inadmissible que la France permît à ses fonction-
naires de donner à ceux auxquels ils sont chargés
N'enseigner notre civilisation l'exemple de la plus
funeste des habitudes; il a en conséquence pres-
crit à l'administration locale d'interdire formelle-
ment l'usage de l'opium à tousses fonctionnaires
et agents de tous rangs et de tous services, en spéci-
llant que ceux qui ne tiendraient pas compte de
cette interdiction seraient privés de tout avance-
ment jusqu'à, complet amendement.
Enfin des instructions spéciales ont été données
h M. Beau pour qu'il s'entende avec le gouverne-
ment annamite, en vue de faire prendre par ce-
lui-ci des mesures analogues à l'égard des fonc-
tionnaires indigènes. ̃
Courrier de Madagascar
D'après les informations qu'apporte le paquebot
rAdour, M. Augagneur a transmis au ministère des
colonies le programme des travaux publics qui se-
ront exécutés' en 1908. Il s'embarquera lui-même
pour la France, en mission, dans le courant du
,mois d'octobre.
Au mois de juillet, le gouverneur général est
parti pour faire une tournée dans le nord de l'île,
partant de Tamatave pour rejoindre par la côte
Majunga et Morondava, et s'arrêtant dans tous les
jports intermédiaires. En quittant Tananarive, le
train qui l'emportait a déraillé à Tangaina, près de
Moramanga. Seuls le chauffeur et le mécanicien ont
été blessés.. C'est M. Augagneur qui les a pansés.
Un établissement d'enseignement secondaire
»our les enfants européens va être créé à Tanana-
rive. Il ouvrira ses portes le 16 janvier 1908. Ce
collège comprendra une division élémentaire et le
premier cycle des études secondaires de la classe
de huitième à la classe de troisième inclusivement.
La peste vient de faire son apparition à Ma-
junga trois cas suspects suivis de décès ont été
constatés au village indigène. Un Indien, qui pré-
sentait des symptômes inquiétants, a dû être isolé.
Des tubes de sérum ont été demandés à la Réunion.
M. Augagneur, de passage à Majunga, a visité les
malades, et a pris immédiatement les mesures né-
cessaires pour arrêter la propagation du fléau. Un
cordon sanitaire a été établi, et le port de Majunga
a été' placé sous le-régime de la patente brute. On
suppose que la peste a été apportée par des Indiens
venus de Zanzibar.- ̃̃- •̃
L'affaire Piermè
Nous avons annoncé qu'un fonctionnaire des co-
jonies, M. Piermé', qui fait partie de la franc-ma-
çonnerie, avait été exclu de sa loge pour avoir eu
des rapports avec M. Bidegain, dont on se rappelle
le rôle dans l'affaire des fiches.
Certains journaux ont ajouté que M. Piermé
était resté indûment à Paris durant plusieurs an-
nées, touchant toujours sa solde de fonctionnaire
colonial. Les ehoses ne se Sont point passées exac-
tement ainsi. M. Piermé avait été attaché comme
secrétaire a la commission des secours de la Marti-
nique mais dès le mois de juillet dernier, le minis-
tre des colonies l'a mis en demeure d'aller occuper
son poste au Congo.
Officier et sous-officier condamnés
à Madagascar
Le conseil de guerre de Diégo-Suarez a con-
damné, le 25 juillet dernier, à cinq ans de prison
et à la dégradation militaire le capitaine Ber-
trand, de l'infanterie coloniale, et.l'adjudant Lecot.
Ce dernier, sur l'ordre formel du capitaine Ber-
trand, était entré dans la prison de Maintirano, où
était enfermé le tirailleur malgache Cazambo, et
l'avait mis à mort à coups de revolver. Le capitaine
'Bertrand donna pour excuse qu'il avait agi sur- des
instructions secrètes et verbales d'un autre ̃ offi-
cier, décédé depuis.
Le capitaine Bertrand et l'adjudant Lecot, qui
étaient aussi incriminés pour la mort d'un autre
tirailleur dans le cercle de Béjajampy, ont déposé
,une demande en revision.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
La conférence de la Haye
Le comité d'examen de l'arbitrage obligatoire s'est
réuni hier après-midi, sousjaprésidence de M. Léon
Bourgeois (France).
Le général Porter (Etats-Unis) déclare que la dé-
légation des Etats-Unis a reçu des instructions lui
permettant d'accepter l'arbitrage' obligatoire et de
prendre l'initiative de présenter immédiatement une
nouvelle proposition.
Le général Porter donne lecture de cette proposi-
tion, qui comprend, outre les deuxarticles généraux
consacrant le principe de l'obligation et adoptés dans
la séance dernière, une liste de cas d'arbitrage obli-
gatoire analogue à la liste des propositions anglaise
et portugaise.
Le comité a décidé de faire imprimer et distribuer
en un tableau général, qui sera dressé séance te-
nante, cette proposition, ainsi que toutes celles vi-
Bant l'arbitrage obligatoire.
M. de Mereg (Autriche-Hongrie) lit et dépose une
proposition transactiOEnelle consistant en une réso-
lution par laquelle la conférence reconnaîtrait d'a-
bord l'applicabilité du principe de l'arbitrage obli-
gatoire pour certains traités internationaux ou par-
ties de traités mais comme il s'agit surtout de ma- i t
tières techniques et que la conférence n'a ni les c
connaissances des détails techniques, ni le temps i
nécessaire pour approfondir cette matière, la réso-
.lution veut laisser l'étude spéciale technique préala- <
ble aux gouvernements, qui se communiqueraient
le résultat de cette étude dans un délai d'environ un £
an par l'intermédiaire du gouvernement des Pays- £
Bas, afin de pouvoir arriver sur cette base à des j
stipulations définitives.
France et Japon j
La ville de Kioto a fait tenir à M. Pichon l'adresse ]
suivante
L'arrangement franco-japonais, signé le 10 juin 1907 |
entre Votre Excellence et S. Exc. M. Kurino, ambassa-
deur du Japon prés la République française, assurant
en permanence la paix dans l'Extrême-Orient^ les
avantages qu'en tireront lesdeux nations seront d'une
portée grande et inappréciable.
Cet heureux résultat estdû aux efforts particuliers et
persévérants qu'avait faits Votre Excellence en vue de
rendre plus intime et inébranlable l'amitié pour ainsi
dire innée qui n'a jamais cessé d'exister entre les deux
hautes parties contractantes.
La ville de Kioto vient de célébrer solennellement
aujourd'hui cette heureuse entente cordiale entre nos
deux grandes puissances; par la décision prise à l'una-
nimité dans cette fête, nous avons l'honneur de pré-
senter ici à Votre Excellence nos plus sincères félici-
tations et nos très profonds remerciements pour cette
heureuse conclusion.
Au nom de la ville de Kioto tout entière
K. Saigo, maire de la ville da Kioto.
1. T^iSHiîtjuRA, président de la chambre
> de commerce de Kioto.
Les élections et le parti lorrain
Notre correspondant particulier de Metz nous, écrit:
Les deux élections de Metz et de Sarreguemines,
pour le conseil général, furent vivement menées par
les candidats du parti lorrain indigène, sérieusement
reconstitué pour la circonstance.
Il faut regretter qu'elles n'aient pas abouti au suc-
cès immédiat qu'on en avait espéré.
Les agents immigrés ont, de leur côté, mené une
campagne furieuse contre, les deux candidats du
parti lorrain indigène ils ne craignirent même pas
d'employer des moyens de polémique absolument
repréhensibles.
Dimanche prochain, pour l'élection définitive, les
Allemands centristes, socialistes et nationaux libé-
raux feront masse pour écraser MM. Maujean et
Jeanty, indigènes du parti lorrain. Cette coalition
suggestive pourrait échouer, si les abstentions des
Lorrains indigènes étaient moins considérables.
Malheureusement, on est forcé'de reconnaître, de'ce
côté, une indifférence difficile à surmonter. C'est
ainsi qu'à Metz, sur 2,791 électeurs inscrits, il n'y
eut que 1,564 votants. M. Maujean, Lorrain indigène,
recueillit 680 suffrages le candidat du centre allé-
mand, M. Konrath, un ancien charcutier immigré,
en recueillit 342; le compagnon Schleicher, immigré,
socialiste internationaliste, que l'on retrouve dans
toutes les élections lorraines, obtint 461 voix. C'est
un succès auquel personne ne s'attendait. Un autre
socialiste indépendant, M. Wortmann. qui déjà en
janvier 1907 lit acte d'indépendance, lors de l'élec-
tion pour le Reichstag, eut 62 voix.
A Sarreguemines, on comptait fermement sur le
succès de M. Jeanty, indigène, 1iU du regretté con.
seiller général récemment décédé. Mais l'adminis-
tration, très adroitement, lui suscita un adversaire
redoutable en la personne du docteur Scheeffer; con-
seiller d'hygiène. Il y avait un troisième candidat,
M. de Hedy, fabricant de savons, immigré centriste
très influent. M, de Hody arrive bon troisième. et
dernier. M. Schasffer- a obtenu.1,957 voix, M. Jeanty
1,372 et M. de Hody 1,072.
Un second tour de scrutin est donc nécessaire.
De ces deux élections, on peut tirer une conclu-
sion.
Le centre allemand a subi en Lorraine une défaite
qui semble irrémédiable mais le parti lorrain indi-
gène, bien que sérieusement reconstitué (et nous
voulons croire cette reconstitution définitive), aura
beaucoup de mal à lutter contre les immigrés alle-
mands de tous les partis.
Déjà à Metz, sur trois conseillers généraux, il y
en a deux Allemands immigrés; le troisième siège
actuellement disputé par M. Maujean, écherra-t-il
encore à un Allemand? 'l
Une entrevue d'Edouard VII et deNieolas II
Le Berliner Tageblalt se fait télégraphier de Ma-
rienbad que le roi d'Angîeterre aurait déclaré hier
au comte Ouroùssof, ambassadeur de Russie, pen-
dant le lunch chez l'ambassadeur Goschen, qu'il
espérait se rencontrer prochainement avec le tsar.
Une information de Saint-Pétersbourg au même
journal enregistre également-le bruit d'une rencon-
tre proche éventuelle entre ces deux souverains.
Une allocution d© Guillaume II
L'empereur allemand était lundi à. Hanovre. Au
bourgmestre de la ville qui lui souhaitait la bien-
venue, Guillaume II a répondu
Si la paix a pu- être si longtemps maintenue, nous le
devons en même temps qu'aux gracieuses dispensa-
tions d'en haut, à .l'épée de notre armée éprouvée.
Fasse Dieu, qu'il me soit donné de conserver dans
l'avenir cette précieuse garantie, sans laquelle le tra-
vail le plus acharné des habitants des villes et des
paysans ne sert à rient
Le Parlement anglais
La Chambre des lords a adopté en troisième lee-
ture par 98 voix contre 54 la loi permettant le ma-
riage d'un veuf avec sa belle-sœur.
Elle a repoussé par 118 voix contre 31 un projet
de loi présenté par le gouvernement et relatif à
l'évaluation des terres en Ecosse.
La Chambre des communes a repoussé avec des
majorités considérables la plupart des amende-
ments apportés parles Lords à la loi agraire an-
glaise. pp p
Dans cette même Assemblée, un député a inter-
pellé le secrétaire d'Etat pour l'Inde sur les troubles
dans le Pundjab, et lui a demandé s'il pouvait indi-
quer la date à laquelle il sera possible au gouver-
nement indien de renvoyer dans leurs foyers les
personnes déportées à Mandalay.
M. Morley a répondu que le dernier rapport indi-
quait une amélioration bien nette et graduelle de
1 état de choses au Pundjab, et que si cette amélio-
ration continue, le gouvernement n'aura plus de
raisons d'user de rigueur et pourra remettre en li-
berté les agitateurs en question.
L'ajournement du Parlement aura probablement
lieu mercredi. p
Le ministre Tittoni à Ischl
Notre correspondant particulier nous télégraphie
Le ministre des affaires étrangères d'Italie se loue
beaucoup de l'accueil extrêmement gracieux que lui
a fait 1 empereur François-Joseph. L'entrevue du
souverain et de M. Tittoni a duré plus d'une demi-
heure,
Les deux ministres italien et autrichien, après le
déjeuner dinatoire à la villa impériale, ont fait une
excursion à la jolieet intéressante ville deHallstadt,
où ils ont aussi fait un tour du lac sur le petit va-
peur qui y fait le service. Le soir la fête vénitienne
sur l'esplanade a été très brillante, mais les minis-
tres se sont fait excuser de n'y point paraître ils
ont été suppléés par MM. Bollati et de Gagern.
Lundi matin, les ministres ont encore conféré, et
M. Tittoni est reparti en automobile par la route de
Salzbourg, où il a couché la nuit dernière et d'où il
prend le chemin de retour par étapes, comme à l'ar-
rivée..
Au cours des conversations de MM. Tittoni et
d'^Ehrenthal, il a aussi été question d'une visite du
roi Victor-Emmanuel à Vienne et d'une contre-vi-
site à Rome du prince héritier d'Autriche-Hongrie,
l'empereur étant empêché par son grand âge et
aussi par les égards pour le Vatican. Mais rien n'a
encore pu être définitivement fixé.
Turcs et Persans
Depuis l'entrée des troupes turques en territoire
persan, le 4 août, jusqu'au 15 août, le général Sam-
sana ed daouleh ainsi que plusieurs autres officiers
persans tombés dans les mains des Turcs ont été
tués. De nombreux villageois pacifiques, des fem-
mes et des enfants auraient été massacrés et des
femmes enlevées. Une église a été profanée et plus
de vingt milles livres de dégâts ont été causés aux
récoltes.
Un télégramme a été adressé parles bergers et la
population d'Ourmia auParlementpersan, lui deman-
dant son secours. ̃̃• '̃
Il y a des rumeurs de concentration de troupes
turques sur la frontière, mais on est sans nouvelles
certaines d'aucune opération militaire faite ouverte-
ment, si ce n'est le renforcement de la garde de la
frontière. On dit aussi que six bataillons turcs mar-
chent sur Sàoudjbo'uiakët Ourmia et. que 3,000 révo-
lutionnaires arméniens ont attaqué les troupes otto-
manes.
Plusieurs corps réguliers turcs avec de l'artillerie
étaient à quatre milles d'Ourmia le 15 août, réunis-
sant des provisions et du fourrage, et depuis
leur nombre augmente tous les jours.
Un autre rapport dit qu'un détachement turc a
occupé Mérivan et deux autres villes, mais tous ces
bruits ne sont pas confirmés.
On s'attend à la démission de tout le cabinet
persan.
Le Venezuela et ses créanciers
M, Gil Fortoul, délégué du Venezuela à la confé-
rence de la Haye, nous écrit au sujet du Bulletin
du Temps sur le Venezuela et ses créanciers et s'at-
tache à justifier le refus de son gouvernement d'exé-
cuter la sentence arbitrale qui la condamné à payer
10,565,199 francs à la Compagnie belge des eaux do
Caracas.
Cette justification n'a plus d'objet, si l'on en juge
par l'information de notre correspondant de Bruxei-
les d'après laquelle le chargé d'affaires de Belgique
à Caracas a fait savoir au gouvernement belge que
le gouvernement du Venezuela lui a communiqué
qu'il était disposé à exécuter la sentence arbitrale
rendue au profit des créanciers belges. C'est peut-
être une promesse ou une assurance vague, mais
enfin elle implique là reconnaissance de la sentence
rendue.
Pour ce qui concerne les relations interrompues
entre la France et le Venezuela, M. Gil Fortoul dit
Ce différend, dont le règlement diplomatique est,
sans doute, proche; ne saurait faire disparaître cet es-
prit de conciliante équité dont la France a donné main-
tes preuves dansées relations avec mon pays, et il ne
saurait amoindrir non plus cette invariable et recon-
naissante sympathie que nous avons tous au Vene-
zuela envers la grande nation où notre libératèur ap-
prit à mettre au-dessus de tout intérêt l'amour de la
patrie et le devoir de la défendre. J'ai qualité pour af-
firmer que ce sont aussi les sentiments du président
Castro. Et votre distingué rédacteur connaît, aussi
bien que moi, que le gouvernement vénézuélien est
tout disposé à effacer les suites de ce différend soit
par une négociation diplomatique amicale, soit par un
arbitrage.
Le New York Herald annonce que le gouverne-
ment vénézuélien vient de répondre à la troisième
note des Etats-Unis sur les cinq réclamations amé-
ricaines en renouvelant sa precédente réponse, à
savoir que ces réclamations ne sauraient faire l'ob-
jet d'une intervention diplomatique et sont du
ressort et de la compétence exclusifs de la justice
vénézuélienne.
La situation en Chine
D'après un bruit reproduit par une dépêche amé-
ricaine de Pékin, le vice-roi du Tchi-Li, Youan Chi
Kaï, a été appelé au portefeuille de la guerre..
La nomination de ce personnage influent à la tête
des défenses du pays est attribuée à la faiblesse
du gouvernement chinois, résultant de l'impopula-
rité croissante du régime mandchou et des craintes
de soulèvement de l'armée, mal payée à cause des
malversations du ministre des finances.
Les mémoires adressés au trône par plusieurs
vice-rois et gouverneurs attribuent le mouvement à
l'échec do trois édits promulgués par l'impératrice
douairière au cours des six dernières annees, édits
qui tendaient à combattre le favoritisme mandchou,
et à mettre sur pied égal les races chinoise et
mandchoue.
La cour a été vivement impressionnée par le
meurtre du gouverneur mandchou En Min g et par
la saisie de la correspondance du réformateur Sun
Yat Sen, prêchant 1 absorption du pouvoir mand-
chou par la Chine une et indivisible.
Allemagne. Lundi matin a eu lieu à l'ambassade
de France à Berlin la réception des excursionnistes
lyonnais venus visiter l'Allemagne. M. Cambon, arrivé
quelques heures auparavant, avait tenu à leur souhai-
ter lui-même la bienvenue.
Autriche-Hongrie. L'ambassadeur de France à
Vienne, M. Philippe Crozier, vient d'arriver à Marien-
bad.Iladéjeuné hier chez sir E. Goschen, l'ambassa deur
d'Angleterre, et aujourd'hui il e§t invité à déjeuner
chez le roi Edouard.
Le roi et la reine de Roumanie arrivent à Vienne
a deux heures et y séjourneront deux jours incognito.
Ils ne feront ni ne recevront aucune visite.
Belgique. Notre correspondant nous écrit qu'on
vient de constater, au musée de peinture /i^»:"rl-eS'
la détérioration de deux œuvres importantes. Un grand
tableau de Léon Frédéric, symbolisant la vie des pay-
sans à tout âge, a été troué; d'autre part, un panneau
décoratif de Courbet, la Seiïora Adcla Guerrero, porte
une déchirure de quinze centimètres. On recherche-
si ces détériorations sont dues à une négligence ou à,,
la malveillance.
On a procédé, lundi après-midi, au ministère dés
affaires étrangères, à l'installation des plénipoten-
tiaires désignés pour négocier le traité de reprise de
l'Etat du Congo par la Belgique. C'est M. Davignon,
ministre des affaires étrangères, qui a reçu les mem-
bres de la commission, qui ont commencé aussitôt
leurs travaux.
PORTUGAL. Le Conseil d'Etat s'est réuni pour gra-
cier les étudiants de Coïmbre. C'est la première réu-
nion du Conseil d'Etat selon la pratique constitution-
nelle depuis que le cabinet Franco a établi la dicta-
ture.
Tous les conseillers ont manifesté au roi le désir que
l'on rentrât dans la normalité constitutionnelle. M.
Franco a répondu en laissant entrevoir la nécessité de
ce retour aux conditions normales.
M. Luciano de Castro, chef du parti progressiste, a dit
qu'il a toujours été monarchiste dans les limites de la
Constitution, mais qu'il n'a jamais été et ne voudra
jamais être en dehors de la Constitution.
SuissE. La 29° session de l'Association littéraire
et artistique internationale s'est ouverte lundi au châ-
teau de Neuchâtel, sous la présidence de M. Maillard,
avocat à Paris.
Les deux séances d'hier ont été remplies par la lec-
ture du rapport annuel sur la situation de la propriété
intellectuelle et sa discussion,
La discussion de la question de la revision de la con-
vention de Berne aura lieu mercredi. Jeudi, clôture
du congrès.. ̃ 1
Pays-Bas. Un congrès anarchiste s'est réuni lundi
à Amsterdam. La première séance a été fort mouve-
mentée. Les principaux orateurs ont été Mme Emma.
Goldmann (Amérique), MM. Malatesta (Italie),. Fussa-
more (Belgique) et Marmande (France).
Danemark. Le 11e congrès international dé l'Insti-
tut de statistique a été ouvert à midi, au palais du
Rigsdag, par lé prince royal Christian, président ho-
noraire.
Russie. Les journaux anglais disent qu'à l'occa-
sion de l'anniversaire de l'attentat contre M. Stolypine,
le tsar a adressé à ce dernier un télégramme où, dans
les termes les plus flatteurs, il remercie Dieu-de lui
avoir conservé la vie, et prie pour qu'il lui soit donné
de servir longtemps encore la Russie avec toute sa
vigueur et sa santé.
VInformatiûn dit que l'on a arrêté à Odessa le ma-
rin Matouchenko, chef de la mutinerie du Kniax-Potem-
kine, qui avait tué le commandant de ce navire. On
a trouvé en la possession de Matouchenko un faux
passeport, une somme assez considérable et des armes.
Matouchenko venait d'Amérique avec l'intention de
provoquer une agitation parmi les matelots de la flotte
de la mer Noire. Il sera traduit devant le conseil de
guerre maritime.
Japon. Un immense incendie a réduit en cendres
ce matin près des trois quarts de la ville de Hako-
daté.
Tous les consulats ont été détruits, sauf celui des
Etats-Unis.
Des inondations ont endommagé la ligne du che-
min de fer de Tokaïdo à Cintrai et causé des dégâts
pour plusieurs millions de yen.
̃i mon
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
LE GÉNâtU.L TBéWEA.U AUX MANŒUVRES. Après
les manoeuvres d'ensemble, des 1M et 5" divisions de ̃
cavalerie, dont nous parlions avant-hier, et qui fini-
ront le 2 septembre, le général Trémeau, comman-
dant du 6° corps d'armée ot membre'du conseil su.
périeur de la guerre, présidera aux évolutions des
3e et 4° divisions de la même arme, auxquelles se
joindra, jusqu'au 9 septembre, la 12°. division d'in-
fanterie.
Enfin, du 10 au 13, le général Trémeau dirigera
d'importantes manœuvres do corps d'armée, qui
réuniront les trois divisions d'infanterie du 6° corps,
à effectif de guerre, plus toutes les troupes de la
place de Verdun et quatre régiments de cavalerie;
au total près de 30,000 hommes qui opéreront dans
la région de Verdun et d'Etain.
TOUJOURS LES MANIFESTATIONS INTERNATIONA-
LISTES DE réservistes. On rapporte de Tourcoing
qu'hier, à la gare centrale de cette ville, il s'est de
nouveau produit des désordres parmi les réservistes
d'infanterie qui, attendant lu départ d'un train, sta-
tionnaient dans la salle des pas-perdus et sur -la
place de la Gare.
Ces hommes chantaient des refrains révolution-
naires, dont le Drapeau rouge, pendant qu'un indi-
vidu civil leur battait la mesure.
Lorsque les portes donnant accès sur les quais
furent ouvertes, les soldats prirent place dans les
compartiments et une fois installés recommencèrent
à chanter l'Internationale, la Carmagnole et le Dra-
peau rouge.
Dans un compartiment, une bagarre se produisit
entre quatre soldats dont deux de l'active, un do
ceux-ci, en présence de ce qui se passait, ayant
voulu empêcher un réserviste de s'installer à ses
CÔtCS.
Les soldats de l'active n'ont pris aucune part., à
ces manifestations, au sujet desquelles une enquête
est .ouverte.
LES TIRS RÉELS D'ARTILLERIE AUX ENVIRONS de
Paris. Tous les ans, à pareille époque, dans les
environs de Paris, on procède à des tirs réels â',a.v-
tillerie. L'an dernier, ces exercices, qui sont des
plus intéressants et des plus utiles, ont eu lieu entre
Meulan et Magny-en-Vçxin. Cette année, ils se fe-
ront, sous la haute direction du général Guillin,
commandant l'artillerie du 3e corps, entre Maule et
Mantes, les 3 et 4 septembre.
Pendant ces deux jours, les tirs commenceront à
cinq heures du matin et se termineront à midi. Un
service de protection de la zone dangereuse sera as-
suré par des vedettes à cheval, qui circuleront sur
la ligne des fanions rouges interdisant le passage et
veilleront à l'observation des mesures de sécurité
prescrites en pareil cas.
ANCIENS MILITAIRES blessés. Le congrès des
anciens militaires blessés réformés avec congé n" 1
et reconnus incurables, composé des comités de Pa-
ris, Lyon, Nîmes, Saint- Etienne, Bar-le-Duc etc.,
s'est réuni le 25 août au palais de la Bourse, à Lyon,
sous la présidence de M. Vigne, de Lyon.
Il a décidé de demander aux députés de voter la
proposition déposée par M. François Fournier, dé-
puté du Gard, et qui est en ce moment en délibéra-
tion à la commission de l'armée.
Lç pagres s'est gégaré après avoir jofêjim iéll-
citations aux jeunes soldats qui défendent en ce mo-
ment notre drapeau au Maroc.
MARINE
'LANCEMENT DU cuirassé « Edgar-Quinet ».
L'amiral Péphau, actuellement en congé, sera de
retour à Brest le 21 septembre prochain pour le lan-
cement du cuirassé Edgar-Quinet.
LA PETITE HiSTOIRE
IMPRESSIONS DE VOYAGE
Quand, à l'automne de 1788, le clergyman £ f
R. V. passa le détroit pour parcourir la France t
et visiter Paris, il était rempli des plus sages ré- r
solutions il voulait s'instruire, étudier nos (
mœurs et noter ses impressions. Il n'était pas, £
il faut le dire, exempt d'un certain dédain pour 1
ce qu'il allait voir ce n'était pas un homme fa- (
cile à dérider et sa sévérité pour notre légèreté t
était en éveil. La narration de son voyage, brus- j 1
quement interrompue par l'incident qu'on lira, (
a été retrouvée par M. Frédéric Masson dans la (
bibliothèque du ministère des affaires étran-
gères, et publiée il y a quelque vingt ans par la j
Revue ré trospective. (Dixième semestre. Janvier- (
juin 1889). A cette époque de l'année, où cha- ]
cun roule, à cent kilomètres à l'heure, de Paris
à la mer, de la montagne aux villes d'eaux, ce
n'est pas sans amusement qu'on évoque le sou- ]
venir de ces voyages d'autrefois, si lents, si (
longs, si lourds et si consciencieux.
Le clergyman est mal disposé; nos routes lui j
semblentmauvaises,nos chevauxmalingres, les }
enseignes mal rédigées, les femmes petites et
peu soignées. La douane et l'octroi, a l'entrée (
des villes, l'exaspèrent; la lenteur des relais,
l'indiscrétion des commissionnaires, la cherté 1
des vivres mettent sa bile en mouvement..
Douze heures de route de Calais à Montreuil,
douze heures encore de Montreuil à Amiens,
dix-sept heures enfin jusqu'à Chantilly, lui
donnent une piètre idée des postes de France
et de la complaisance des postillons.
Chantilly est une déception. Bien que le ro-
gue Anglais trouve là, en son hôtelière, une
compatriote,» « femme vraiment agréable et sen-
sée », malgré la splendeur des écuries,, l'ar-
mure de Jeanne d'Arc et la grosseur des car- j
pes, il estime que le musée n'est qu'une minia-
ture de celui de sir Ashton Levers, et que l'en-
semble du domaine des Condé est bien inférieur
àBlenheim ou aStowé.' Pourtant, une chose
l'émoustillè en parcourant Vile d'amour, il dé-
couvre, écrits au crayon par un passant, sur le
socle de marbre d'un buste, ces quatre vers
Pardon de mon impolitesse
Le tu que je vous adressais
Etait dicté par la tendresse.
vous, en amon> t>'oo+ *•"> '«""«-
Cela le trouble comme la révélation d'un en-
chantement inédit dans son émoi, il griffonne,
sur un piédestal voisin quelques vers, un peu
lourdauds, où il est question de fleurs et de bai-
sers sur le front. Cette concession accordée à
la grivoiserie, l'Anglais reprend son voyage.
Sa réprobation, à l'approche de Paris, décroît
un peu la route, depuis Saint-Denis, est Om-
bragée d'une double rangée d'ormes majes-
tueux, qui lui donne un faux air de Saint-Ja-
mes Park ;>à mesure qu'on avance, les monu-
ments publics apparaissent « et déploient une
magnificence inouïe ». Une fois établi à l'hôtel
de Lancastre, rue de Richelieu, il est tout à fait
conquis. Pour 12 francs par jour en effet, on
l'installe là, au premier étage, dans un apparte-.
ment meublé dont les merveilles l'èblouissent
« Une antichambre ou salle à manger, de 24
pieds carrés, garnie de buffets et d'un dressoir
en marbre, décorée d'une élégante colonne sur-
montée d'une urne. Le salon est une magnifique
pièce de 26 pieds sur 24 et haute de 15. Le plan-
cher est parqueté, c'est-à-dire fait de morceaux,
de chêne poli et ciré, disposés en compartiments
réguliers et formant de grands carrés, dans les-
quels se trouvent de petits triangles, des carrés
et des parallélogrammes. Du plafond, pend un
superbe lustre de cristal taillé. Quatre miroirs
ornent la pièce celui qui est au-dessus de la
cheminée aune plaque de cinq pieds sur quatre.
Trois larges fenêtres un élégant sopha et
douze chaises en damas cramoisi; une su-
perbe table ronde. Les murs sont revêtus de
boiseries vernies dans chaque compartiment
desquelles se trouvent d'agréables peintures
sur bois.» etc. Pourtant son esprit critique
n'est pas désarmé par cette apparence ce loge-
ment manque de comfort il ne contrent « ni
éteignoir, ni tire-bottes ». Il est vrai que ce der-
nier ustensile, indispensable à tout Anglais, est
« merveilleusement remplacé par les barres des
balcons, en dehors des fenêtres ». A quoi bon se
gêner, n'est-ce pas?
Partant de ce principe, sir.R. V. commença
par écrire sur la boiserie de son appartement
garni ces maximes, consacrées à sa-'femme,
laissée en Angleterre, maximes qui devaient
être sa ligne de conduite pendanttoutela durée
de son voyage:
En Angleterre, en France, en quelque lieu que je
porte mes pas, Les chers désirs de mon cœur sont
demeurés dans ma maison. A travers les pompes
et les splendeurs, au travers des.ris et des jeux, Par-
tout où l'amour du plaisir me montre la route, Ou
au milieu du bruit d'une vie tumultueuse, Mes pen-
sées sont fixées sur toi, mon épouse charmante.
En règle, de la sorte, avec le souvenir de
l'absente, le rigide Anglais, sans crainte des ten-
tations, se lança dans Paris. On ne peut le sui-
vre dans toutes ses "excursions cependant son
récit abonde en détails précieux. Ainsi, il s'é-
tonne, à la Comédie-Française, de voir que le
trou du souffleur ne soit pas recouvert d'une
boîte la tête, les épaules de l'homme émergent,
en vue de tous les spectateurs, d'une trappe
située à l'avant-scène on le voit faire sa besogne
et tourner les feuillets de sa brochure. La mode,
dans les restaurants, est d'accommoder les lé-
gumes « d'une manière si singulière, avec une
forme, une couleur si curieuses, avec un assai-
sonnement si agréable, qu'ils imitent parfaite-
ment, d'apparence et de goût, tous les poissons
qu'on peut trouvcr dans lamer ». Paris n'a pas
de trottoirs les deux seuls qui existent se trou-
vent dans la rue percée en face de la Comédie-
Française (l'Odéon actuel); encore sont-ils si
périlleusement élevés au-dessus du niveau de
la chaussée que les iétons goûtent peu cette
innovation, généralement considérée comme
vouée à l'insuccès. Le canon du Palais-Royal
n'est pas au milieu d'un des parterres du jardin,
mais juché sur .la balustrade qui dominé la fa-
çade des galeries. Les cochers de fiacre ne sont
point assis sur leur siège ils préfèrent se tenir
debout sur une planche placée derrière la voi-
ture et conduisent de là leur cheval.
Les femmes semblent à sir R. V. être de pe-
tite taille; elles s'habillent « presque comme les
Anglaises ». Toutes ont la figure peinte ou plâ-
trée ce qui choque notre Anglais, navré de
voir bannie de tous ces fronts maquillés «la
plus douce fleur de la nature, la rougeur de la
modestie ». Pourtant son premier contact avec
une de ces Parisiennes, si artificielles, ne fut
pas triomphal. Il était entré avec un de ses
compatriotes dans un magasin pour y acheter
du drap noir; la marchande était si avenante,si
vive, si persuasive, elle faisait avec tant de
grâce les honneurs de sa boutique, que les deux
Anglais se trouvèrent en quelques instants
avoir acheté trois fois plus de marchandises
qu'ils n'en avaient l'intention ils battirent pré-
cipitamment en retraite au moment où la jolie
mercière allait leur imposer une pièce de soie
dont ils n'avaient que faire la pièce leur fut
présentée, le lendemain, à l'hôtel de Lancastre.
« Malheureusement. note sir R. V., elle fut
apportée par le mari, et mon ami eut alors assez
de courage pour la refuser. »
Afin d'oublier cette chaude alerte, le touriste
partit pour Versailles. Il assista à la messe
royale, étonné de voir que la tenue de Louis XVI,
durant l'office, n'était pas des plus édifiantes.
Le roi fut pendant toute la messe « engagé dans
la conversation la plus gaie avec le comte d'Ar-
tois. Il faut observer à l'honneur de Monsieur
que jusqu'à la fin de la cérémonie il garda un
air de sérieux et de dévotion ». La reine parut
à sir R. V. très portée à l'embonpoint. « Il y a,
dit-il, une grâce charmante dans son regard et
son œil est vif et pénétrant. » Au dîner qui sui-
vit la messe, et que les curieux étaient admis à
contempler, Louis XVI, non plus que Marie-
Antoinette, ne mangèrent point. Tout le repas
pour eux se passa en conversation. Il était d'ha-
bitude que le « grand couvert » terminé, le roi
et la reine se retiraient dans leur appartement
pour y dîner en tête à tête et commodément
aussi laissaient-ils passer sans y toucher, avec
une méritoire résignation, les vingt-huit plats
dont se composait le menu du repas public que
leur imposait Vétiguette. Sir R, V. remarqua
que tout le service fut fait en vaisselle d'or.
D'ailleurs, si l'on excepte la reine, il trouva
laides et dénuées de grâce toutes les femmes
qu'il aperçut à la cour. Son heure n'était pas
venue.
Elle ne tarda point. Et c est ici que s'arrête
brusquement le journal. Deux jours plus tard
en effet, le rigide Anglais assistait, aux Varié-
tés amusantes, à la représentation de Jérôme
pointu, « une comédie très drôle et bien jouée,
digne d'admiration », quand « un objet plus in-
téressant attira son attention ».
Mais ici, il faut citer le texte même
« Dans la loge voisine de la nôtre, une dame
était assise qui fit sur mon cœur une impres-
sion que je n'avais pas ressentie depuis long-
temps. Elle était divinement belle. Sa physio-
nomie exprimait une animation douce et déli-
cieuse. Les yeux montraient que son âme était
aussi aimable que ses formes étaient charman-
tes et il était impossible de les voir sans en être
convaincu. En causant avec elle je lui trouvai
un esprit remarquablement cultivé et une intel-
ligence puissante et nette. Elle avait vingt-
quatre ans et avait été mariée à un monsieur
qui se trouvait, à ce moment, à Saint-Domin-
gue. De cette rencontre accidentelle naquit une
liaison qui fut encore nourrie par une active
correspondance et qui me donna les jouissances
les plus pures de l'amitié. Si quelqu'un de
mes amis, disposé à la critique, lisait ceci, il
m'accuserait de légèreté et d'insensibilité pour
les charmes d'une excellente épouse. Non, ma
chère Marie tu connais trop bien mon cœur.
Je suis certain que tu ne peux être blessée si
j'ai été frappé de trouver chez une autre fem-
me la beauté et les vertus qui té rendent si sé-
duisante, et si j'admirais la copie en l'absence
de l'original bien-aimé. »
Le journal se termine par une ligne de
points. On ne saura jamais ce qu'il advint du
sensible clergyman et de la dame de vingt-
quatre ans dont le mari était àSaint-Domingue.
NOUVELLES DU JOUR
A son retour de Rambouillet, le président du
conseil a conféré successivement, au ministère de
l'intérieur, avec les ministres des affaires étrangères,
de la guerre, de la marine et du travail. Ces confé-
rences se sont prolongées jusqu'à huit heures du
soir.
Un conseil de cabinet aura lieu mercredi matin au
ministère de l'intérieur, sous la présidence de
M. Clemenceau.
Samedi matin, tous les membres du cabinet se
rendront à Rambouillet où ils se réuniront en con-
seil sous la présidence de M. Fallières. ·
M 'rViôr/vn o/Mic_co^rôtoîrp,/l'Tît"+ /̃ 1" cimifo ar-
rivé hier à Lyon, après s être entretenu avec le-
général Galliéni, a visité l'hôpital Desgenettes, lo
laboratoire du 14e corps d'armée, puis la manuten-
tion militaire, où il a fait procéder par le contrôleur
Jossaud à une vérification des approvisionnements.
̃Le sous- secrétaire d'Etat est rentré à Paris.
Le Figaro annonce ce matin que le roi et la reine
d'Espagne passeront probablement quelques jours à
Paris au commencement du mois prochain.
A l'ambassade d'Espagne, on nous a déclaré qu'on
ne savait absolument rien da ce déplacement royal,
et que, dans tous les cas, ce voyage, s'il avait lieu,
n'aurait aucun caractère officiel.
Le roi de Grèce, venant d'Aix-les-Bains, est ar-
rivé hier soir à Paris, ainsi que nous l'avions an-
noncé.
Salué à la gare, à six heures et demie, par M.
Delyanni, ministre de Grèce à Paris, et les mem-
bres de la légation, il est descendu,, comme à ses
nrécédents séjours, à l'hôtel Bristol. Il est accompa-
gné du comte de Czernowitz, intendant de sa liste
civile, et du commandant Coundouriotis, son aide de
camp. Il voyage dans le plus strict incognito.
Il séjournera à Paris une huitaine de jours, avant
de se rendre à Copenhague.
Le diplôme d'ancien élève de, l'école des mines de
Saint-Etienne apte à exercer les fonctions d'ingé-
nieur est accordé aux élèves sortant de l'école en
1907 dont les noms suivent, savoir s
MM. Versel, Roy, Lapierre, Jarlier, Morel, Pauze,
Duhart, Menielle, Mermod, Brocard, de Belenet, Es-
tève, Viallet, Duny, Michel, Pialat, Gil, Hyve, Gondard,
Archer, Bouvat-Martin, Maurël, Gutton, Michaud, Dau-
brège, Rollet, Froment, Lestable, Brodeur, Dony, Rai-
naud, Dubouchet, Blanc.
Le conseil général do la Gôto-d'Or a adopté un
vœu du général André, demandant que le projet de
loi dépose par le ministre de l'instruction publique
portant modification do la loi de 1882 sur l'obliga-
tion scolaire, vienne en discussion dès la rentrée du
Parlement.
Ce voâu est basé sur ce fait qu'un certain nombre
de conscrits complètement illettrés ont été incorpo-
rés en 1906.
On mande de Brest
Un récent arrêt du Conseil d'Etat ayant déclaré
illégaux les arrêtés -municipaux interdisant au clergé
le port des ornements sacerdotaux dans les convois
funèbres, le clergé brestois passa outre à un arrêté
de ce genre pris en janvier dernier par le maire do
Brest. Procès-verbal a été dressé hier pour ce fait
par le commissaire de police, contre M. Blanchard,
vicaire de la paroisse Saint-Martin.
Nous recevons la lettre suivante:
Mur-de-Barrez (Ayeyron), le 25 août 1907.
Monsieur le directeur,
Sous la rubrique « Conseils généraux le Temps a
donné dans son numéro du 21 août, je crois, le ren-
seignemént suivant
Il Aveyron, président: M. le sénateur Ouvrier, cotiser^
valeur. »
Mes amis de la gauche républicaine et tous ceux qui
connaissent mon rôle politique depuis bientôt -40 ans,
ont dû être bien surpris en voyant l'épithète de conser-
vateur accolée à mon nom.
Agréez, etc. OUVRIER,
LES GRÈVES
On nous écrit de Rouen
La grève des mécaniciens chauffeurs de grues du
port de Rouen n'aura pas été de longue durée. Après
une réunion qui s'est tenue entre délégués ouvriers
et patrons, des concessions ayant été faites de part
et d'autre, la reprise du travail a été décidée.
On mande de Tulle
Les mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer
départementaux de la Corrèze se sont mis en grève
subitement après avoir saboté des locomotives. Ils
réclament une augmentation immédiate de salaire
de 0 fr. 50 par jour, le commissionnement et la re-
traite.
Aucun train n'a pu être mis en circulation sur les
lignes qui relient quatre chefs-lieux de canton im-
portants.
On mande de Revin
La réunion des patrons et des ouvriers de Revin
a eu lieu hier après-midi à la préfecture. Après trois
heures de discussion, les délégués sont sortis sans
solution définitive. Les pourparlers vont conti-
nuer.
On mande.de Corbeil
Depuis qu'a éclaté, à Evry-Petit-Bourg, la grève
des carriers de l'entreprise Alice, à deux reprises on
a essayé de faire sauter le chemin de fer Decauville
qu!utii'ise l'entrepreneur pour le transport des ma-
tériaux.
Un nouvel attentat vient d'être commis, rue de
l'Eglise. Deux détonateurs chargés à la dynamite
ont fait explosion au moment où passait une voiture
dans laquelle avait pris place M. Gilardin, employé
aux ateliers Decauville. Par bonheur, M. Gilardm
n'a pas été atteint mais le cheval attelé à son véhi-
cule a été fort grièvement blessé, tandis que la voi-
ture était endommagée.
La gendarmerie d'Essonnes a découvert, à une
centaine de mètres de l'endroit où s'est produite
l'explosion, un autre détonateur complètement dé-
chargé.
AU JOUR LE JOUR
L'accident de chemin de fer de Coutras
Les ingénieurs du contrôle désignés par le minis-
tre des travaux publics poursuivent leurs investi-
gations sur les causes de l'accident. Mais leurs rap-
ports ne sont pas encore parvenus à l'administra-
tion. L'enquête judiciaire également suit son cours.
Pourl'instant, et c'est ce que nous disait M. Barthou,
le ministre des travaux publics nepéutsebornerqu'à
préciser l'objet de son voyage à Coutras, où il est
allé procéder à un examen minutieux du matériel
et des lieux, se rendre compte des circonstances
dans lesquelles l'accident s'est produit, et aussi por-
ter aux victimes, au cours de la visite qu'il leur a
faite, des paroles de consolation.
Quant à la cause de l'accident, nous disait-il, et aux
responsabilités engagées, je n'ai pas le droit d'avoir
dès maintenant une opinion. D'abord je n'ai reçu ni le
rapport du commissaire"de surveillance administrative
qui » reçu les dépositions des victimes ou- des témoins,
ni les rapports des ingénieurs du contrôle qui doivent
procéder à l'enquête technique.
Quand j'aurai ces documents, j'apprécierai alors cet
accident, comme je l'ai déjà fait pour la catastropha
des Ponts-de-Cé, s'il y a lieu de prescrire des mesurer
nouvelles de sécurité dont les circonstances auront dé«
montré la nécessité; mais éventuellement, qu'il s'agisse
de la responsabilité d'un ingénieur ou de celle d'un
aiguilleur, je me garderai bien d'émettre une opinion
tant que l'instruction judiciaire ne sera pas close. Une
déclaration dans ce sens serait plus qu une apprécia-
tion, elle serait une accusation.
C'est à la justice qu'il appartient d'établir les res-
ponsabilités. Mon devoir est d'une autre nature ii
consiste à prescrire les mesures qui peuvent prévenir
certaines catastrophes.
Je tiens d'ailleurs à dire que la sécurité sur les voies
françaises est encore mieux assurée que sur les réseaux
étrangers. Les statistiques des accidents le démon-
irent à l'évidence. Je ne négligerai rien pour que nous
conservions cette situation favorable, mais il y aura
toujours, dus soit à des circonstances naturelles, soit
à des négligences individuelles, des accidents que la
prévoyance d'un ministre des travaux publics ne sau-
rait empêcher.
Il se confirme que l'aiguilleur de Coutras ne sau-
rait être rendu responsable de l'accident, pas plus
que le mécanicien de l'express 624.
L'aiguilleur affirme avec énergie qu'il a manœu-
vré en temps utile le levier de l'aiguille et dans la
sens voulu pour que l'express 624 prit bien la voie
principale et non la voie de garage. Quant au méca-
nicien, il assure, lui aussi que les signaux avancés
indiquaient « voie libre ». Il semble bien que l'un
et l'autre ont fait en effet tout leur devoir.
Le mécanisme des aiguilles est tel que quand lea
signaux sont ouverts, l'aiguille dirige les trains sur
la voie principale; quand ces signaux sont fermés,
c'est la voio de garage seule quj. est praticable.
D'un même coup de levier, l'aiguilleur fait donc
mouvoir et l'aiguille et les signaux. Or, à Coutras,
les signaux auraient obéi au coup de levier de l'ai-
guilleur, tandis que l'aiguille restait immobile. Au
passage du train, les signaux indiquaient donc
« voie ouverte », c'est-à-dire voie «principale», tan-,
dis que l'aiguille, qui n'avait pas fonctionné, ne per-
mettait au train que de s'engager sur la voie de ga*
rage.
Les tiges de transmission pour la manœuvre d'une
aiguille sont formées de tubes de fer, coudés en di-
vers endroits, d'une longueur de 150 mètres envi-
ron. Co sont ces tubes qui ont dû être faussés.
L'aiguille de Coutras avait été déplacée depuis. peu
et remise en service le matin même de l'accident.
Elle avait parfaitement fonctionné au passage des
trains qui avaient précédé l'express 624.
Mais hier soir, vers neuf heures, de nouveau elle
n'a pas fonctionné. Un ingénieur de la compagnie
venait de commander, afin de dégager la voie paire,
d'aiguiller sur la voie des marchandises une plate-
forme sur laquelle avait été placé le châssis d'une
voiture de voyageurs, quand on vit la plate-forme
s'engager sur l'autre voie. On vérifia aussitôt la r
position des leviers: l'aiguilleur avait.parfaitement
exécuté la manœuvre. C était l'aiguille qui n'avait
pas obéi au levier. >
Il semble donc que l'aiguille de Coutras ne fonc-
tionne que par intermittences.
L. Ingénieur qui avait commandé cette manœuvre
aurait examiné les tubes do transmission de l'ai-
En outre, une des 'blessées do la catastrophe
Mme Albrecht, qui habite à Paris, 45, boulevard
Owiano, et qui a été ramenée hier à son domicile, &
fait les déclarations suivantes
Quand je fus dégagée du wagon, on me plaça sur
une civière et l'on me conduisit chez de braves genà
qui habitent une petite maisonnette proche de la
gare.
J'entendis mes hôtes s'entretenir de l'accident et de
ses causes, et j'ai retenu les paroles que voici •«.ra-
rement l'aiguille qui commande la voie de garage n'a a
pas fonctionné. La nuit allait venir, c'était par consé-
quent près de huit heures du soir, que ce pauvre X.
(ici un nom que Mme Albrecht n'a pas retenu) était
encore en train d'y travailler. Il avait l'air de ne pas
parvenir à la mettre en état. Quand j'ai cessé de 1 ob-
server, il s'était remis au travail, après l'avoir fait
fonctionner plusieurs fois, comme s'il avait constaté
qu'elle ne fonctionnait pas normalement, »
D* V. Ouvrier,
La répartition des industries en France,
en Belgique et aux Etats-Unis
M. Yves Guyot a fait aujourd'hui, à Copenhague,
à la session de l'ins'itut international de statistique,
une intéressante communication sur la répartition
des industries en France, en Belgique et aux Etats-
Unis.
On connaît la théorie de la concentration des in-'
dustries que Karl Marx et Engel avaient faite dan*
le manifeste communiste de 1847, que les socia<
listes donnent comme une ère nouvelle. Les pre-
miers disaient i
De plus en plus, la société tout entière se partage en,
deux camps ennemis, en deux grandes classes directe-
ment opposées la bourgeoisie et le prolétariat.
§ 18. Les classes moyennes d'autrefois, les petits in-
dustriels, les commerçants et les rentiers, les artisans
et paysans, tous tombent dans le prolétariat, Leuf
petit capital succombe dans le commerce avec les
grands capitalistes.
§25. Le progrès de l'industrie jette dans le pro-
létariat des fractions considérables de la classe domi-
nante ou du moins les menace dans leur existence.
§ 31. L'ouvrier moderne, au lieu de s'élever par le
progrès de l'industrie, descend de plus en plus au-des-
sous de la condition de sa propre classe.
En un mot, d'après eux, les industries et le capi-
tal se concentrent de plus en plus en quelques mains,
tandis que le nombre des propriétaires ne cesse
d'augmenter, les salaires de diminuer et le nombra
des heures de s'accroître.
Si trois établissements occupant chacun cent ou-
vriers ne forment plus qu'un établissement au bout
de dix ans, il y a concentration; mais si chacun
d'eux continue d'exister en occupant un quart ou un
tiers en plus des ouvriers, en faisant le doubledJaf-
faires, il n'y a pas concentration, il y a développe-
ment et expansion de l'industrie.
Le nombre des établissements industriels a-t-il
diminué en France, en. Belgique et aux Etats-Unis?
Telle est la question que M. Yves Guyot examine
d'après les derniers recensements.
EN FRANCE
En France, on trouve dans les résultats statisti-
ques du recensement de 1901 le chiffre de 4,865,700
chefs d'établissement; c'est à ce chiffre qu'il faut
comparer le nombre des salariés et employés, si on
veut se rendre compte du rapport de quantité qu'il
y a entre eux. Il n'y a pas autant d'établissementa
qu'il y a de chefs d'établissement. C'est exact.. Mais
l'économiste et l'homme politique ont besoin d avoi*
le chiffre exact des deux groupes
D'un côté. 4.865.700 chefs d'établissement
D'un autre. 9.155.000 ouvriers et employés.
Il y a donc moins de 2 ouvriers et employés rela«
tivementà un chef d'établissement. ~nin.a;'
Il y a 65 0/0 d'ouvriers et d'employés, 35 0/0 de
chefs d'établissement.. ̃
En 1896, on avait relevé 2,983,000 établissements 0
où deux ou plusieurs personnes travaillent en com-
mun. En 1901, ce chiffre n été porté à 3,185,000. Cette
augmentation indiquerait le contraire d'une concen-
tration d'industries mais le rapport nous dit qu elle
provient des « conditions nouvelles du dépouille.;
ment qui ont permis de compter beaucoup d'établis«
sements familiaux qui n'avaient point été enregis*
trés en 1896 ». Soit.
Le rapport ajoute « Si on laisse de cote les- éta-
blissements composés uniquement du mari et de 1<
femme ou d'associés travaillant sans aides, le sens
du mouvement se trouve renversé le chiffre dea
établissements occupant au moins un ouvrier res-
sort au chiffre de 2,256,000 en 1901 au lieu de
2,390,000 en 1896 mais il est vrai que cette diminu-
tion porte sur les établissements de l'agriculture.
En 1896, on avait compté, dans les exploitations
agricoles, un grand nombre d'enfants de cultiva-
teurs qui, en 1901, ont été laissés en dehors de la
population active. Dans l'industrie, au contraire, la
nombre des établissements a augmenté. »
Mais dans ce nouveau tableau, le rapport sup->
prime tous les établissements qui n'occupent pas
d'ouvriers. ̃
Or, dans le tableau de la page 17, le nombre des
chefs d'établissement a augmenté aussi bien dans,
l'agriculture que dans l'industrie.
Chefs d'établissement
1901 1896
Agriculture. 3.469.200 3.086.200
Industrie 813.110 715.CKX)
Commerce. 538.800 441.303
Donc, dans chacune des trois grandes classes, il }
a eu augmentation du nombre des chefs d'établisse-
ment. C'est un phénomène de diffusion et non de
concentiation. r.
Les petits établissements qui ne comptent habi-
tuellement que les membres de la famille sont un
facteur trop important dans la production pour que,
si on le supprime, on ait une idée nette de ce phéno-
mène et de même que pour le Census américain-, je
signale ici la tendance dos soi vices publics de sta-
tistique à éliminer les petits établissements. C est
tout naturel. Ils exigent beaucoup de travail.
Le tableau ci-dessous ne contient que les établisse-
ments occupant des ouvriers. Il presente un léger-
recul pour le nombre des établissements agucoles,.
Nombre;d'établissements
"occupant
des ouvriers et employés,
1901 1896
Agriculture. 1.340.000 l-^i-000
Industrie. 016.000 592-^°.
Commerce 249.000 23;{.(»J
Ce mouvement est donc le contraire d'un mouvff?
ment de concentration. Le rapport dit 573,001!
établissements occupaient de 1 a 20 ouvriers ou cm-
ployés en 1896, on en compte 594,000 en 1901; le
nombre des établissements de 21 à 100 ouvriers s'est
élevé de 15,583 à 17,570, et celui des grands établis-
sements occupant plus de 100-ouvriers s'est accru de
600 unités, passant de'3,668 à 4,268.
Dans le commerce, mêmemouvement le nombr6
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