Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-07-20
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juillet 1905 20 juillet 1905
Description : 1905/07/20 (Numéro 16101). 1905/07/20 (Numéro 16101).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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tesse pour laquelle il est essentiel que la cicatrisa-
tion des parois affrontées se fasse très régulière-
ment. ̃ g.
Le docteur Ehrmann, de Mulhouse, membre asso-
eié national de l'Académie, clinicien dont les tra-
vaux sur cette question font autorité, communique
un travail touchant l'influence que peuvent avoir
certaines maladies intercurrentes sur la marche de la
palatoplastie « en empêchant l'adhésion des deux
moitiés qui ont été suturées et en donnant naissance
à des germes pathogènes qui amènent la mortifica-
tion du tissu cicatriciel encore suffisamment solide ».
Les maladies infectieuses, telles que la scarlatine
et la diphtérie, amènent fréquemment ce résultat.
Le docteur Ehrmann énumère des faits qui dé-
montrent que l'apparition d'une maladie infectieuse
nu cours de la palatoplastie ne doit pas alarmer ou-
tre mesure le chirurgien, lorsqu'elle ne se produit
pas à un intervalle trop rapproché dé l'opération. Il
termine par des considérations minutieuses sur la
technique opératoire.
Du prognathisme inférieur. Le docteur Galippe
revient à l'étude de cette anomalie du maxillaire
inférieur appelée prognathisme inférieur, qu'il a si-
gnalée dans la séance précédente chez la plupart des
membres de la famille de Habsbourg.
Il démontre que cette malformation s'observe
aussi bien chez les animaux que chez l'homme, et en
particulier chez les animaux vivant en domesticité.
C'est toujours un stigmate de dégénérescence.
Gette anomalie n'ayant pas été étudiée chez
l'homme d'tme façon systématique, on ne trouve pas
de crânes de prognathes inférieurs. Il a donc fallu
recourir à l'étude de pièces anatomiques provenant
d'aeromégaliques, de géants, qui présentent cette
malformation au plus haut degré. M. Galippe com-
pare, mais n'assimile pas. Les uns et les autres pré-
sentent un développement considérable du maxil-
laire inférieur, aussi bien que des lèvres, surtout de
1 inférieure. La langue chez les acromégaliques,
subit fréquemment un développement anormal. On
a observe la même particularité chez les prognathes
Inférieurs, et en particulier chez Louis XIII. Chez les
uns comme chez les autres, le nez prend souvent un
développement extraordinaire et l'on remarque éga-
lement des anomalies comparables sur d'autres or-
ganes.
Les acromégaliques sont généralement peu intel-
ligents, et dans la longue série de prognathes infé-
rieurs étudiés par M. Galippe, il en a rencontré sou-
vent qui se tenaient sur les confins de l'idiotie
M. Galippe soumet à l'examen de l'Académie de
nombreux portraits il insiste tout particulièrement
sur celui de Marie-Antoinette.
Il faut, dit-il, avoir étudié l'immense collection des
portraits de Marie-Antoinette, comme il l'a fait, pour
se convaincre à quel point les artistes, peintres
graveurs, sculpteurs, mus par le même désir de
flatterie, ont pu dècaractériser les traits de l'infor-
tunée reine. Le plus grand nombre d'entre eux sem-
blent s'être ligués pour faire perdre à cette archi-
duchesse d'Autriche son type familial, et ils y ont
si bien réussi que beaucoup de personnes n'ayant
pas fait de l'iconographie de Marie-Antoinette une
étude attentive, se-figurent qu'elle n'avait pas de
prognathisme inférieur. quelle n'avait pas de
En dépit de toutes les tricheries employées, il res-
tait cependant toujours quelque chose de sa confor-
mation cranienne et de la hauteur de la symphyse
mentonnière. Outre le témoignage si précieux de
Chateaubriand, nous possédons le buste de Pajou,
les portraits de Boze, do Boizot, de Wertmûller'
sans oublier le croquis tragique de David montrant
Marie-Antoinette sur la charrette qui la conduisait à
la guillotine. Lïmagerie royaliste ne vaut pas mieux
que 1 imagerie napoléonienne toutes deux ont dé-
formé et Marie-Antoinette et Marie-Louise.
Névroses de l'enfance et problèmes d'éducation
Comme suite normale à sa très intéressante étude
intitulée « Nos enfants an collège » (Masson) dont
le professeur Debove a dit le plus grand bien, le doc-
teur M. de Fleury donne lecture d'un mémoire d'une
haute documentation intitulé « Névroses de l'en-
fance et problèmes d'éducation ». 1
L'auteur rapporte 37 observations d'enfants pares-
seux, inattentifs, mélancoliques ou indisciplinés, et
qui étaient des neurasthéniques, des arthritiques, des
hystériques, des psychisthéniques, des choréïques
frustes, des diabétiques frustes etc. Comme remède •
amélioration ou guérison de la maladie de l'esprit
par traitement de la névrose ou de la maladie de la
nutrition. M. de Fleury donne à son travail les con-
clusions suivantes:
1° Chez l'enfant, comme chez l'adulte, le physique
réagit sur le moral, ce qui légitime l'intervention
du médecin, alors même qu'il ne s'agit en apparence
que d une maladie de l'esprit;
2° Un grand nombre de mauvais élèves, que les
exhortations et les punitions n'améliorent pas, ap-
paraissent, à qui les examine avec soin, atteints de
névroses formelles ou de maladies de la nutrition:
30 Il n'y a pas là simple coïncidence, mais relation
de cause à effet, comme le montre la preuve par la
thérapeutique;
4° Le traitement médical doit être complété par
tine médication intellectuelle et morale. Là encore,
le médecin neurologiste, accoutumé à faire do ces
cures, est le collaborateur utile de l'éducateur de
profession.
FAITS DIVERS
-a' .d. I. JL 0 JL? 1. V lu Jra. !3
_«
LA TEMPÉRATTJKB
Bureau central météorologiaue
Mercredi 19 juillet. La pression est supérieure à
765 mm. sur les Mes Britanniques, la France et la pé-
ninsule ibérique; le temps reste troublé dans le reste
de l'Europe par des dépressions dont les centres se
trouvent ce matin sur la Baltique et la Finlande.
Le vent est faible du nord au pas de Calais et en
Vendée; d'entre nord et est en Bretagne; il souffle
assez fort du nord-ouest sur nos côtes de la Méditer-
rannee.-ou la mer est agitée.
Des pluies sont tombées dans le nord et la centre
de 1 Europe en France, on signale quelques ondées
dans lest: un orage a éclaté à Perpignan.
La température a baissé dans nos régions de l'est
et du sud; le thermomètre marquait ce matin 11° à
Stornoway, 160 à Belfort, Paris. 17° à Clermont, 19° à
Toulouse, 26° à Palerme.
On notait 9° à l'Aigoual, 8° au mont Ventoux, 7° au
pic du Midi.
En France, un temps nuageux et un peu frais est
probable.
A Paris; hier, la température moyenne, 180, a été
inférieure de 0°3 à la normale (18°3). '-m
A la tour Eiffel, maximum 18° le 18 juillet à 3 heu-
res du soir; minimum 13°2 le 19 à .7 heures du ma-
tin.
SFEUILLETOW 1>U QltnipS
DU 20 JUILLET 190? ittiiipo
Causerie scientifique
LA NATURE ET LA VIE
LES ALIMENTS NERVINS
Une observation sur le travail exécuté par des por-
teurs japonais. Travail qu'ils fournissaient. –Ali-
ments quils consommaient. Faiblesse de la ration
alimentaire. Large place faite aux aliments ner-
vans. Les vues de M. Armand Gautier sur les ali
aients nervins. L'expérience de chacun'. Les idées
d'un mulet. Une notion à abandonner. Les « ali-
ments d épargne » n'épargnent rien; ils facilitent au
contraire la dépense. Manière d'agir des aliments
nervins. Leur action sur les nerfs et l'utilisation
des réserves alimentaires. Faits à l'appui. lS
nervins semblent réduire la perte en chaleur
Observations sur le travailleur. Amélioration du
rendement de la machine animale par les aliments
nervins. Nécessité de ces derniers.
Tandis qu'il voyageait naguère en Extrême-Orient
̃M. I<. Heisgerber fit une observation intéressante
qu'il a consignée dans la Revue générale des scien-
res du 15 juin dernier. C'était au Japon, à Moii
qui est le Cardiff de l'empire du Soleil-Levant le
bateau fit relâche pour embarquer du charbon II
b agissait d'en prendre 2.000 tonnes les vapeurs
font des animaux pleins de voracité, et, comme
le charbon ne marche point tout seul, on Wagea
les services de quelque 240 coolies japonais, dont
tm tiers de femmes et d'enfants, qui se mirent au
travail en huit équipes d'une vingtaine d'honmieï
Stait ™f?mt f *,nfants chacune. Le charbon
était sorti des chalands au moyen de paniers que
les uns remplissaient, que d'autres soulevaient d'au-
tres encore portaient, poussaient ou renversaient; •
LPT m™ ]esudétail«' 3* «'ont rrien de "fi.1
lStS'2?1?™11^ l0,Utef^' tfo f^servation faite,
» est qu'en 25 heures, les 240 coolies, par un travair
interrompu, déménagèrent 2.000 tonnes de S
«h&Ue ^P8 avaIt embarque 250 tonnes
.10 tonnes ou un wagon par heu1"< et, d'après
le poids transporté et, la. hauteur à1a.quelle il fut
on peut calcu.ler. ql..ue C.h.I!l9.ue. U. e hoIIlillO av. ait
i Une petite pluie est signalée par places dans la ré-
gion pendant la soirée d nier
Ce matin, le ciel s'éclaircit et devient à midi très peft
nuageux.
Les vents se fixent aux régions nord et restent fai-
bles.
La température était hier voisine de la normale et
ne présente pas ce matin de variations sensibles.
La pression barométrique, en hausse accentuée,
atteint à midi 768 mm. 6.
MOUMEKT DANS LES COfflniISSfiRIATS DE POLICE.– A la
suite du décès de M. Boy commissaire division-
naire, chef de la seconde brigade des recherches,
nous avons annoncé son remplacement par M.Roy.
En conséquence de ce mouvement, le préfet do po-
lice a procédé aux nominations suivantes:
M. Cellier, officier de paix, est nommé commis-
saire de police de la ville de Paris et chargé du
quartier du Pont-de-Flandre, en remplacement de
M. Bleynie, qui passe aux délégations judiciaires.
M. Zamaron, inspecteur principal de gardiens de
la paix, est nomme officier de paix de la ville de
Paris.
M. PIanson, secrétaire de 2° classe au commissa-
riat de police du quartier de la Madeleine, est nom-
mé inspecteur principal de gardiens de la paix.
M. Gourbier, secrétaire de 3c classe au commissa-
riat de police du quartier de la Sorbonne, passe au
quartier de la Madeleine.
M. Balland, secrétaire de 3e classe au commissa-
riat de police du quartier Montparnasse, passe au
quartier de la Sorbonne.
M. Carrier, secrétaire au commissariat de police
de Choisy-le-Roi, est nommé secrétaire de 3e classe
au commissariat de police du quartier Montpar-
nasse.
M. Darru, secrétaire suppléant près les commissa-
riats de police de Paris est nommé secrétaire au
commissariat de police de la circonscription de Choi-
sy-le-Roi.
LES CftPITAIflES TAMBURINI ET VSLPÎRT. Nous avons
dit hier que la 9° chambre correctionnelle et la
chambre des appels correctionnels avaient respec-
tivement ordonné la mise en liberté provisoire des
capitaines Tamburini et Volpert. Ceux-ci ont aussi-
tôt quitté la prison de la Santé et regagné leur do-
micile, le premier à Courbevoie le second à Paris.
Les capitaines Tamburini et Volpert devaient béné-
ficier de l'amnistie; mais l'amnistie n'a pas été vo-
tée, et ils ne pouvaient être graciés puisque les tri-
bunaux n'ont pas eu encore à statuer sur leur cas,
des incidents de procédure ayant été, on ne l'ignore
pas, soulevés par leurs avocats, M" Orgias et Pre-
vost. En somme, ils demeurent inculpés le capitaine
Tamburini, de propositions non agréées d'embau-
chage en vue d'un complot et de détention d'unifor-
mes et de munitions de guerre, et le capitaine Vol-
pert, seulement de propositions d'embauchage non
suivies d'effet.
UN AVIATEUR QUI FAIT UN PLONGEON. Renouvelant
une expérience déjà tentée le 8 juin dernier, M. Er-
nest Archdeacon et M. Blériot ont fait procéder hier
après-midi, sur la Seine, entre le pont de Billan-
court et le pont de Sèvres, au lancement de deux
aéroplanes dont ils sont les inventeurs. Ces appa-
reils, qui sont dans leurs dispositions générales
presque identiques à ceux expérimentés par l'Alle-
inand Lihenthal et plus récemment par l'Américain
Chanute, ont été remorqués l'un après l'autre con-
tre le vont à l'aide d'un canot automobile, l'Antoinette,
pilote par M. Levavasseur.
On a commencé par essayer l'aéroplane de M.
Archdeacon. Posé sur deux patins flotteurs, l'appa-
reil était relié à l'arrière, de l'Antoinètte aii moyen
d un câble d'environ 30 mètres. Dès que M. Voisin
3U1 devait commander la manœuvre des plans incli-
nés de 1 aéroplane, eut pris place à l'intérieur de
l'appareil, le canot est parti à toute vitesse et l'im-
mense engin dont les panneaux de toile tendue ne
mesurent pas moins de 10 mètres d'envergure s'est
élevé, tel un cerf-volant, à une hauteur, de 5 mètres
environ.
Il a suivi ainsi pendant environ 60 mètres le canot
automobile qui marchait à une allure moyenne de
35 kilomètres à l'heure. Puis ses patins sont venus
a nouveau poser sur l'eau. M. Voisin, quittant alors
sa place, s'est embarqué sur une barque pour rega-
gner la rive.
Ce fut ensuite le tour de l'aéroplane de M. Louis
Blériot, qui n'a que six mètres d'envergure et qui
̃possède des plans cintrés au lieu de plans horizon-
taux. Mais cette fois l'Antoinette eut beau donner
toute sa vitesse, l'appareil refusait do s'élever, oscil-
lant tantôt sur un patin tantôt sur l'autre.
Une oscillation plus brusque fit toucher l'eau à
l'un des plans de côté, et alors la résistance fut
telle que tout l'aéroplane se retourna d'un coup et
disparut sous l'eau, entraînant l'aviateur, M. Voisin
qui se trouvait pour ainsi dire emprisonné dans les
fils d'acier formant la carcasse de l'appareil.
Les spectateurs eurent un moment d'angoisse. Le
.canot automobile de la préfecture La Vigie que pi-
lotait lui-même M. Guillemain, inspecteur de la
navigation, l'Antoinette et plusieurs bateaux de plai-
sance se portèrent immédiatement a l'endroit où
1 aéroplane venait de disparaître. On commençait à
sonder le fleuve, lorsqu'on vit apparaître hors des
flots, à guelgues xnètxes, M. Voisin.
Celui-ci, très bon nageur, s'était adroitement dé-
gagé et regagnait seul la rive.
Le sauvetage de l'appareil lui-méme fut plus
compliqué. On en vint à bout tout de même. Mais
alors l'heure était si avancée qu'on dut remettre à
plus tard d'autres essais.
DES VOLEURS CHEZ M. CHA61EERLAND. M. Chamber-
land, sous-directeur de l'institut Pasteur, possède
au n° 3 de la rue Saint-Amand, à Vaugirard, un pa-
villon placé sous la surveillance d'un gardien, M.
Jacquemard.
Ce pavillon est actuellement en réparation. L'au-
tre nuit, vers deux heures, M. Jacquemard fut su-
bitement réveillé en sursaut par les aboiements de
sa chienne. S'étant emparé d une canne à fusil et
ayant couru à une fenêtre donnant sur la rue, il
aperçut un individu qui faisait le guet sur le trot-
toir.
M. Jacquemard traversa alors sa chambre à cou-
cher, et ayant ouvert une autre fenêtre, vit un se-
cond individu qui s'était faufilé à travers l'échafau-
dage dressé contre le pavillon et coupait avec des
cisailles des tuyaux de plomb. Croyant le mettre en
fuite, il tira en l'air un coup de canne à fusil.
Mais le voleur continua son travail sans manifes-
ter le moindre émoi. Le gardien s'empara alors d'un
fusil de chasse et fit feu par deux fois.
Le cambrioleur, atteint par les plombs, eut cepen-
dant la force d'escalader le mur de clôture de la
propriété et de prendre la fuite avec son complice.
On a retrouvé des traces de sang jusqu'à la place
d Alleray. ci i
LE FEU AUX ABATTOIRS DE LA VILLETTE. Deux incen-
dies successifs se sont déclarés hier après-midi,
vers trois heures et demie, aux abattoirs de la Vil-
lette, dans la.bouverie H, rue du Nord, et rue du
Sud, dans la bouverie M.
Le feu a pris naissance dans le grenier de la pre-
mière bouverie, où se trouvaient entassés 5,000 ki-
logrammes de fourrage. Il so développa avec une
grande rapidité, et les étincelles, chassées par le
vent, allèrent propager le sinistre dans la bouverie ]
M. située à cent mètres de là.
Les pompiers de la rue Château-Landon, de la ca-
serne du Château-d'Eau, de la rue Jean-Jacques- ]
Rousseau et de l'état-major mirent dix-sept lances 1
en manœuvre, et vinrent bientôt à bout de l'incen- ]
moins, 200.000 lois le travail nécessaire pour élever
un kilogramme à un mètre de hauteur. Or, un bon
ouvrier travaillant de façon soutenue, mais non
excessive, fournit de 75 à 80.000 Idlogrammètres par
jour. Pendant 25 heures d'affilée, les coolies de Moi
ont donc fourni un travail qu'un Européen ne four-
nit guère que pendant 10 heures par jour. -Ils ont
m!S0/°onnin^ douWe' car si le travail utilisable
a été de 200.000 Mlogrammètres, le travail réel, on
tenant compte du poids des paniers vides, du frotte-
ment, des déplacements du corps, de l'excès do tra-
ï *™ cœur et des muscles respiratoires, a dû être
de 500.000 Irilogrammètres environ. La plupart de
ces coolies ont donné cet effort considérable sans
paraître autrement fatigués ils restaient a la fin
do la tâche, aussi gais et dispos qu'au ddbut et
d aussi bonne humeur.
M. Weisgerber s'est, avec raison, demandé com-
ment ces travailleurs extraordinaires se nourris-
saient, et voici ce que son enquête lui a révélé
Ces coolies mangent peu en réalité du riz, des lé-
gumes, un peu d'algues marines, du poisson, du
thé et des condiments. Parmi ces derniers, le shoyou
joue un rôle important c'est une sauce d'ail-
leurs agréable obtenue par la fermentation du
pois de soja avec du riz ou du froment. Cette sauco
est très riche en principes azotés le soja est un
des légumes les plus « viandeux » qui soient En-
core, des trois repas que font d'habitude ces coolies
deux seulement avaient eu lieu ce jour-là; la valeur
du troisième était donnée à des œuvres d'assistance
aux blessés. M. Weisgerber n'a pu faire l'analyse
chimique de la ration qui a suffi aux coolies en
question, mais bien certainement, dit-il, elle était
loin de fournir la proportion d'albuminoïdes, de
graisse et d'hydrocarbonés les physiologistes
européens déclarent nécessaire à l'ouvrier chargé
d'un travail considérable. L'albumine et la graisse
en particulier devaient être fort peu abondantes.
.Mais les expériences de Kumagawa, Klemperer et
Uultenden, dont j'ai fait connaître les résultats il y
d albumine paraît varier considérablement. Il serait
très faible chez les Japonais, et c'est là une confir-
mation intéressante des vues de Chittenden. Ge qui
doit surtout retenu- notre attention, toutefois, c'est
un autre fait c'est mie le coolie japonais est loin
de trouver dans ses aliments la quantité de calories
qui répond au travail par lui fourni, si, du moins,
il utihsel énergie des aliments dans la proportion
o.ù le fait l'Européen. Alors, c'est qu'il est capable
de mieux utiliser l'énergie totale disponible il
donne plus de travail en perdant moins de chaleur
par la peau ou le poumon. Cette faculté, il paraî-
trait la devoir à certains aliments qui, sans être pro-
.ducteura d énergie, « favorisent orf excitent l'action
jausculair© et zermettent de transformer Bn xùM
die. Il n'y a déplorer aucun accident de personne, et
toutes les bêtes sont sauves. Mais les dégâts, tant
en bâtiments qu'en matériel et fourrage, s'élèvent à
300,000 francs.
Le service d'ordre était dirigé par le préfet de po-
lice en personne, assisté de M. Ducrocq, commis-
saire du quartier, et Gautier, officier de paix.
Au premier moment, alors que de tous côtés des
gens affairés s'empressaient sur les lieux du sinistre,
un nommé Boussillon alla prévenir M. Ducrocq que
peu d'instants avant que lincendic éclatât, il avait
vu sortir précipitamment d'une fenêtre de la bou-
verio M un homme vêtu en bourgeron, coiffé d'une
haute casquette et chaussé de bottines jaunes.
Cet homme, au dire du témoin, semblait éviter
qu'on ne le suivît, et le bruit se répandit bientôt que
l'incendie devait avoir été allumé par lui.
Plusieurs arrestations de rôdeurs ont été faites
dans la soirée, mais aucune n'a été maintenue.
Le service de la Sûreté a mis des agents à la dis-
position de M. Ducrocq, pour rechercher l'inconnu
aux bottines jaunes.
LA MISÈRE. A bout de ressources, et sans espoir
de trouver les moyens de gagner son pain, une jour-
nalière, Elia Lausatanie, âgée de quarante ans et
demeurant-4, rue Corvisart, a étouffé cette nuit son
enfant, âgé de cinq ans. Puis elle s'est suicidée en
se précipitant du haut de sa fenêtre dans la cour,,de
la maison qu'elle habitait.
La malheureuse a été tuée sur le coup.
UNE CATASTROPHE EH LOIRE. -Une catastrophe dans
laquelle neuf personnes viennent de trouver la
mort s'est produite à Sain t-Brevin-î'Océan (Loire-In-
férieure).
Sept personnes qui étaient en villégiature à Saint-
Brevin M. Basset, M. et Mme Gillardeau, de Paris,
M. et Mme Coipel, de Paris également, un monsieur
et une dame dont on ignore encore le nom, avaient
pris un canot monté par le patron pécheur Martin,
de Saint-Nazaire et son fils, pour aller chasser dans
les marais de Douges, à l'embouchure de la Loire.
Le canot a chaviré, précipitant à l'eau ses neuf
passagers.
Le canot a été rencontré à la dérive, la quille en
l'air, et cinq cadavres ont été recueillis, un sur la
rive droite, quatre sur la rive gauche du fleuve.
On suppose que c'est un coup de vent subit qui a
fait chavirer le bateau, car M. Coipel, dont on a re-
trouvé le cadavre à Mmdin, tenait encore à la main
un couteau qu'il avait dû prendre pour couper l'é-
coute et libérer la voile. Il tf eut sans doute pas le
temps de faire cette opération extrême et le bateau
sombra.
M. Coipel était le petit-fils de M. Demangeat, con-
seiller à la Cour de cassation.
ACCIDENTS D'AUTOMOBILE. Lundi soir, M. Richard,
sous-préfet d'Epernay, se rendait en automobile à
Dormans, chez M. Vallé, lorsqu'à quelques kilomè-
tres d'Epernay, près de Boursault, la voiture alla se
jeter sous un tombereau chargé de charbon.
L'automobile versa, entraînant le sous-préfet et
le chauffeur, qui restèrent étendus sans connais-
sance.
Relevés par le conducteur du tombereau, ils fu-
rent ramenés à Epernay. M. Richard a été forte-
ment contusionné, notammentà la tête. Le chautleur
est également couvert de contusions et il a une
jambe fracturée.
D'autre part, M. Bidegain télégraphie à la Libre
Parole qu'il n'a pas, comme cela a été raconté, été
victime ces jours derniers d'un accident d'automo-
bile. Cet accident, d'ailleurs sans gravité, est arrivé
à des parents à lui d'où la confusion.
UN HSISE ARRÊTÉ. Le maire de Brères (Doubs),
nommé Faivre, vient d'être arrêté sous l'inculpation
d'escroquerie.
Faivre était depuis longtemps le gérant des biens
d'une vieille dame habitant Brères. Une obligation à
lot, appartenant à celle-ci, gagna à un tirage le lot de
100,000 francs.
Faivre fit croire à la vieille dame que le lot n'était
que de 10,000 francs et put, grâce à ce subterfuge,
empocher 90,000 francs. ̃'
Mais les héritiers de la bonne dame découvrirent
l'escroquerie et déposèrent une plainte qui a amené
la révélation des agissements de Faivre et son in-
carcération.
FOU FURIEUX. Un sieur Faget, tenancier d'un bar
fermé à M en de, devint subitement fou furieux hier
soir à la suite d'une discussion, et s'armant d'un
revolver, le déchargea plusieurs fois sur son per-
sonnel qui ne dut son salut qu'à la fuite. Il n'a fait
heureusement, aucune blessure mortelle. Il a été
mis en état d'arrestation.
Faget a été condamné tout récemment à quarante
jours de prison pour vol de dentelles à l'étalage.
INFORMATIONS DIVERSES
Le premier congrès des sociétés savantes de Nor-
mandie, ouvert au Havre le 16 juillet, s'est clôturé hier
soir.
Le congrès a décidé la fondation d'une société ami-
cale ouverte à toutes les sociétés artistiques, littéraires
et scientifiques normandes. Cette fondation a pour but
ae mettre en comacri;oTiXBS-TEr5~socrg-ceB^aain?rctiiwscï-,
tout en respectant la constitution et la vie propre de
chacune d'elles, de diriger l'ensemble des travaux
vers une étude raisonnée et commune des choses in-
.téressant plus particulièrement la Normandie.
La fédération tiendra ses assises annuelles dans
chacune des villes de Normandie où une société
pourra assurer la préparation et la réception du con-
grès.
Le congrès de 1906 aura vraisemblablement lieu à
Rouen, à l'occasion des fêtes du troisième centenaire
de Corneille.
Le docteur Vidal, d'Hyères, correspondant de
l'Académie de médecine, fera demain à Aulnay-sous-
Bois, non loin de la station, des expériences publi-
ques de tir de fusées et de pétards paragrêles.
Départ de la gare du Nord à une heure trente-sept,
retour à quatre heures vingt-sept.
-Une jolie femme n'est plus jolie après le repas, lors-
que prise de malaises digestifs, elle baille ou se con-
gestionne ou dissimule des aigreurs d'estomac. Les
Parisiennes le savent bien, et il n'en est pas une qui
n'emporte sa boîte de pastilles Vichy-Etat, bonbon dé-
licieux qui prévient toutes ces misères de la digestion,
et ,soyez sans crainte pas une n'oublie de vérifier la
marque Vichy-Etat de la Compagnie fermière, pour
avoir les vraies pastilles au sel naturel des Célestins,
de la Grande-Grille et de l'Hôpital.
TRIBUNAUX
Un lieutenant contumax. De notre corres-
pondant de Chàlons-sur-Marne
Le conseil de guerre du 6" corps a condamné hier
par contumace le lieutenant Cavernois, du 5« batail-
on d'artillerie à pied de Verdun, à un an de prison
et à la destitution pour absence illégale..̃
On sait que l'ex-lieutenant Cavernois s'est enfui
de Verdun en avril dernier, emportant la caisse du
régiment et ayant commis de nombreuses malver-
sations le préjudice de l'Etat est au total d'une dou-
zaine de mille francs. Cavernois laissait en outre i
pour plus de 10 000 francs de dettes.
On le croit dans le Luxembourg, mais l'autorité
militaire rencontre les plus grandes difficultés pour
grand nombre des calories disponibles en travail ».
Quels sont ces aliments? Ce sont les aliments
« nervins », selon la terminologie de M. A. Gau-
tier, le savant chimiste de la faculté de médecine.
Ce sont les condiments et le thé qui, dès lors, for-
ment avec quelques autres substances, comme le
café, lo cacao, des aliments qui, sans être réelle-
ment alimentaires, sans être sources d'énergie,
jouent pourtant un rôle important dans l'alimenta-
tion, en permettant une meilleure utilisation des
aliments véritables ou encore, comme le dit M. A.
Gautier dans une excellente étude (Revue scientifi-
que, 27 mai 1905), des aliments qui « nous dispo-
sent plus particulièrement à exercer notre énergie
volontaire, à résister à la fatigue physique, psychi-
que ou morale ». Ce qui caractérise ces aliments,
cest qu'ils font comme s'ils alimentaient, tout en
n alimentant pas réellement. Ils sont divers le
café, le thé, le bouillon, un verre do vin, par exem-
ple. Qui do nous n'a connu l'effet réconfortant im-
médiat de l'une ou l'autre de ces boissons dans les
moments de fatigue? Et remarquez que l'effet est
très prompt il se produit avant même que le liquide
ait pu pénétrer dans le sang, et encore que la va-
leur alimentaire de la boisson absorbée est à peu
près nulle. Mais d'autres substances agissent de la
même manière. Il y a, dans la plupart des aliments
véritables, une qualité spéciale, excitante. L'odeur
d'un bon plat nous ragaillardit avant qu'une bou-
chéo ait été absorbée; le chat et le chien vont mieux
et sont plus actifs dès qu'ils ont aperçu leur pâtée.
Il y a là une action excitante, nerveuse, psychique o
même. Les animaux l'éprouvent tout comme nous •
le mulet de M. Armand Gautier le démontre claire-
ment. Ce mulet était un bel animal vigoureux qui
pourtant, chaque fois qu'aux vendanges on l'attelait
à une charrette un peu lourde, refusait catégorique-
ment le service. On le battit, on lo caressa, on lui
donna du foin et aussi de l'avoine rien n'y fit.
On allait s'en défaire, quand un valet de ferme pro-
posa une méthode qui avait réussi en d'autres cir-
constances c'était de donner chaque jour deux li-
tres de vin au quadrupède. Ainsi fut fait, et tout
alla bien. Jamais le mulet ne refusa plus le travail •
son service fut excellent à partir du moment où
1 homme avait compris le besoin de la bête. Au
reste, le mulet de M. Armand Gautier n'est pas une
exception beaucoup de chevaux travaillent mieux
quand on leur donne un peu de vin.
Les aliments nervins ont'été souvent appelés des
aliments d'éjpargne ceci est une erreur d'interpréta-
tion. Les aliments nervins n'. « épargnent » rien du
tout. Ce sont des£'substancea je cite textuelle-
ment qui mettent le système nerveux en ten-
sion. « Cet état d'exaltation des forces et de la vita-
lité, l'alimentation ordinaire le procure à certains
waiyidtia. et. à certaines races. Il ne.jjeut être attelai.
l'accomplissement des formalités nécessaires à son
extradition. Il sera jugé vers le mois d'août pour ses
détournements.
VARIÉTÉS
11 11 .L~
| LE GÉNÉRAL GOVONE (1)
On demeure confondu de tout ce qu'une vie
militaire et politique peut contenir d'activité en
? quelques années. Le général Govone, dont M.
î Weil a traduit les Mémoires publiés et mis en
ordre par son fils, n'a vécu que quarante-six
î ans, mais il semble à peine s'être reposé dans
cette courte existence. Les jours succèdent aux
jours, sans amener une halte ou une détente
Lieutenant d'état-major, il prend part en 1848
à la campagne glorieuse, mais malheureuse,
qui se termine par la bataille de Novare. Se-
condant l'héroïque population de Milan, qui
vient de chasser les Autrichiens, la petite ar-
mée piémontaise engage une lutte inégale con-
tre l'empire d'Autriche. Elle succombe en lais-
sant au monde la double impression de sa va-
leur militaire et de la justice de la cause qu'elle
défend. Parmi ces combattants de la première
heure, parmi ces précurseurs de l'indépendance
italienne, le jeune Govone se signale tout de
suite par son énergie et par son sang-froid.
C'est lui qui est détaché en parlementaire pour
sommer le gouverneur de Peschiera de déposer
les armes et de rendre la place. C'est lui qui,
au milieu du désordre d'une retraite précipitée,
reforme les régiments dispersés, ramène les
soldats dans le rang et arrache à son chef ce
cri d'admiration « Je voudrais quil fût mon
frère ou mon fils 1 »
I
Après les tristesses de la guerre étrangère,
l'horreur de la guerre civile. La division d'Al-
phonse de la Marmora, à laquelle appartenait
Govone, sortie intacte de la fournaise, allait
avoir à réprimer une insurrection redoutable.
Dans le trouble qui avait suivi la défaite, une
partie de la population de Gênes, exaspérée par
les malheurs de la patrie, les attribuant à l'in-
capacité du gouvernement, s'était révoltée,
avait chassé les troupes royales et occupé les
forts. La flotte était loin, il n'y avait aucun
moyen de reprendre la ville par mer. Par terre,
la nécessité d'un long siège qui amènerait peut-
être l'intervention de l'étranger, était à crain-
dre. La Marmora trancha la difficulté par un
coup d'audace. En plein jour, à deux heures de
l'après-midi, il envoya le capitaine Govone
avec un simple peloton sommer l'un des forts
de se rendre. Govone partit au pas de course,
ne laissa pas aux insurgés le. temps de se re-
connaître, et, sans tirer un coup de fusil, en-
leva la position. Poursuivant sa marche en
avant, le jeune officier pénétra dans l'intérieur
de la ville, et, après avoir failli être massacré,
fut le principal agent de la capitulation géné-
rale.
A l'activité physique du champ de bataille
succède l'activité intellectuelle de l'observateur.
L'antagonisme de la Russie et de la Turquie,
prélude de la guerre future, commence à se ma-
nifester. Govone, qui ne peut pardonner à la
Russie d'avoir sauvé l'Autriche en 1849, de-
mande et obtient un congé pour rejoindre l'ar-
mée turque sur les bords du Danube, au quar-
tier général d'Omer pacha. Théâtre intéressant,
où se rencontrent des représentants de tous les
pays, le duc de Nemours, le maréchal Prim en-
touré d'une brillante escorte, des Autrichiens,
des Anglais, des aventuriers, des dilettanti des
guerres de Hongrie et de Pologne, les éléments
les plus difficiles à concilier, beaucoup de jac-
tance et beaucoup de courage, avec beaucoup
d'indiscipline. L'énergique figure du Séraskter
domine le monde un peu mêlé qui l'entoure. Ce
Croate, aux traits durs, possède au plus haut
degré le don du commandement, la volonté de
se faire obéir, avec l'esprit de justice et- de
bonté qui séduit les hommes. Il commande des
soldats braves et obéissants, qui joignent aux
qualités solides de leur race, à la ténacité, à la
force de résistance, le culte, l'adoration que leur
inspire leur chef. Partout où il paraît de sa per-
sonne, on le croit invincible; mais il traîne der-
rière lui un corps d'officiers sans instruction.
De là son peu de goût pour les grandes opéra-
tions militaires, la crainte d'être mal secondé
~nq H~n+~~n~tc ~le'n~~f~Dtct i~~t~
marquée pour les champs'de bataille restreints
où il peut fout faire par lui-même, sans courir
le. danger d'être compromis par les fautes des
autres.
n
Passant bientôt du rôle de spectateur à celui
d'acteur, Govone gagne la confiance du Séras-
kier en visitant les points fortifiés par les
Turcs, sur le Danube, et en signalant les par-
ties faibles de ces fortifications. Au fond, avec
'l'impatience et l'audace de la jeunesse, il con-
sidère les.deux adversaires comme également
au-dessous de leur tâche. Il les accuse de laisser
échapper, par leur lenteur et par leurs tergiver-
sations, toutes les occasions de succès qui s'of-
frent à eux. Quant à lui, pour montrer ses ta-
lents militaires, une bicoque lui suffit. Après
avoir pénétré dans Silistrie, il y fait tracer et
construire un réduit qui sauve la garnison tur-
que. L'œuvre arrive si à propos et rend un tel
service aux assiégés que, plus tard, Todleben,
le glorieux défenseur de Sébastopol, sur le point
de partir pour l'Italie, modifiera son itinéraire
de façon à passer par Turin et à faire la con-
naissance de Govone. Il reconnaîtra en lui un
émule, un rival dans l'art de l'ingénieur.
Les Turcs, de leur côté, n'oublient pas ce que
le jeune officier sarde a fait pour eux. Ismaïl
pacha, au moment de prendre le commande-
ment de l'armée d'Asie, lui fait proposer le
grade de général de brigade. Offre singulière-
ment séduisante pour un jeune homme de vingt-
neuf ans. Govone accepterait s'il était libre.
Mais le gouvernement sarde, qui a besoin de
lui en Europe, lui réserve un autre rôle. Peu
après l'ouverture du siège de Sébastopol, il est
dans les tranchées des armées alliées, et il
prend part à la charge si héroïque, mais si
inutile, de la cavalerie anglaise dans la vallée de
la Balaclava. Il assiste aussi à la bataille d'In-
(1) Mémoires, traduits de l'italien par M. Weil. 1 vol.
m-8°, Paris, Fontemoing, 1905.
par d autres que sous l'action plus ou moins répétée
des aliments nervins. »
La vieille conception des « aliments d'épargne »
est fausse. Ce que font les aliments nervins, c'est
hâter et faciliter l'utilisation des réserves alimen-
taires du corps. Vous êtes plus dispos, plus actif,
plus fort, après avoir bu une tasse de thé ? Ce n'est
pas que le thé serve d'une façon mystérieuse d'ali-
ment il en est incapable. L'effet est tout autre il
vous- permet d'utiliser plus vite et de brûler aussitôt
une partie de votre propre graisse. Le thé n'a rien
épargné bien au contraire, il vous facilite et accé-
lère une dépense. Rien de plus faux, par consé-
quent, que cette expression d « aliment d'épargne »;
rien de plus contraire à la réalité des faits.
Mais si les aliments nervins sont ce qu'ils sem-
blent être, une question se pose qui est de grande
importance pratique: c'est de savoir si l'on ne peut
pas s'entretenir avec une moindre dépense en ali-
ments. Peut-on, par exemple, comme le demande
M. A. Gautier, solliciter do soi-même un égal
travail utile, avec une ration moindre, en recourant
aux aliments nervins do façon systématique? Car
s'il en est ainsi, bien évidemment les aliments ner-
vins deviennent des aliments de haute valeur, et
dont l'usage doit être recommandé; non pas, sans
doute, en vue de faire rendre au corps plus de travail
qu'il n'en existe virtuellement dans les aliments, mais
pour rendre plus parfaite l'utilisation de ceux-ci, ou
plutôt des réserves qui se sont faites grâce aux re-
pas antérieurs. On sait, en effet, que les aliments
ne sont pas directement utilisés nous travaillons
non avec ce que nous a apporté le dernier repas,
mais avec les réserves faites dans les tissus aux
dépens des repas antérieurs. Or, si les aliments ner-
vins facilitent l'utilisation de ces réserves, ils nous
permettent do dépenser davantage et de produire
plus de travail ils nous font mieux utiliser nos
aliments, et fonctionner plus normalement, en nous
empêchant de nous « encroûter » en quelque sorte,
en nous empêchant de nous surcharger de réserves
qui, par un vice do fonctionnement, ne sont qu'in-
complètement utilisées.
Peut-on donc, en mangeant autant, ou peut-être
moins car beaucoup mangent trop produire
plus de travail, grâce à l'emploi méthodique des
aliments nervins, qui, dès lors, nous apparaîtraient
comme un correctif d'une nutrition viciée, ou, pour
prendre une comparaison mécanique, comme l'huile,
qui, sans nourrir lo foyer, augmente pourtant le
rendement de la machine en diminuant les frotte-
ments des rouages? Il semble bien qu'on soit en
droit de répondre affirmativement. Des expériences
faites par de Gasparin autrefois, et plus récemment
par Boperker, montrént e l'addition pde fg ment
par Bœrker, montrent que l'addition de café à la ra-
ion journalière augmente le rendement en travaû.
J?ourtanj; le caf& ea. lui-mime, n'est pas alimen- ·
kermann, avec l' état-major du maréchal Canro
bert, et il en adresse à ses chefs un récit qui
est lu au conseil des ministres, que publie le
Journal officiel du Piémont Le gouvernement
sarde prend alors position avec une grande in-
telligence de ses intérêts et une vue pénétrante
de l'avenir. Quelle bonne fortune pour lui s'il
parvient à se glisser dans le conseil des puis-
sances européennes, à jouer son rôle en Orient l
Ba longue durée du siège de Sébastopol lui per-
met d'offrir ses services et de les faire accep-
ter. Une petite armée piémontaise va se joindre
aux grandes armées de France et d'Angleterre.
C'est comme un placement de fonds avantageux
dont le Piémont espère retirer un gros intérêt*
et qu'il en retire, en effet. un gros intéret, g
Qui charge-t-on de préparer l'arrivée en Cri-
mée des troupes piémontaises commandées par
la Marmora Naturellement Govone lai-même
qui rentre au camp devant Sébastopol, au mois
de juin, après avoir poussé une pointe jusqu'à
Constantinople et même jusqu'à Paris. Ée ta-
bleau qu'il trace du camp à son.retour est sin-
gulièrement vivant « Sans parler de la variété
des troupes et de la beauté des soldats anglais,
l'apparence magnifique de leur cavalerie et
surtout des chevaux arabes venus des Indes
dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Il y a ici
des échantillons des races de tous les pays du
monde, civilisés et barbares, aux costumes plus
que pittoresques, qui forment un spectacle très
intéressant et varié à l'infini, » Le contingent
sarde, avec les Turcs et trois divisions fran-
çaises, était chargé de couvrir les travaux du
siège, face à l'armée russe de secours, qui ten-
tait un dernier effort pour dégager Sébastopol.
Dans la journée de la Tchernaïa, les Piémon-
tais eurent l'honneur de signaler les mouve-
ments des assaillants et de soutenir le premier
choc. Vigoureusement aidés par leurs alliés, ils
le firent avec une telle énergie que, dès neuf
heures du matin, lorsque la fumée du combat
commença à se dissiper, on put voir de toutes
parts les colonnes russes qui se retiraient en
désordre.
Ce jour-là, le général de la Marmora mit en-
core en évidence la belle conduite de Govone.
Celui-ci ne prit point part à l'assaut de la tour
Malakoff, mais, avec le corps du général de
Salles, il opérait sur la gauche de Mac-Mahon
une diversion puissante qui fournit à son chef
une occasion nouvelle de le signaler au minis-
tère de la guerre piémontais comme un de ses
plus brillants officiers.
m
Tout cela n'était pour les Sardes que le pré-
lude de la grande guerre attendue, espérée de-
puis longtemps la guerre avec l'Autriche. De-
venu lieutenant-colonel, chef de bureau au mi-
nistère, Govone la préparait en organisant le
service des renseignements, en étudiant le ter-
rain où se livreraient les combats, les points
de jonction possibles de l'armée sarde et de l'ar-
mée française. Une fois la lutte engagée, l'offi-
cier d'état-major quitte son bureau pour rejoin-
dre le quartier général du roi de Piémont. H
assiste ainsi aux premières opérations de la
campagne, il'voit le plan primitif se modifier
sous l'action et sous l'influence heureuse du
maréchal" Canrobert. Une fois de plus, il
observe ce qu'une armée perd a ne pas se sen-
tir vigoureusement conduite, à laisser l'ennemi
se reconnaître et se fortifier. Sur les bords du
Danube, il avait vu les Russes et les Turcs
laisser échapper tour à tour, par leurs indéci-
sions et leurs lenteurs, les occasions de vain-
cre. Cette- fois, l'armée autrichienne qui prend
l'offensive ne sait pas profiter de ses avanta-
ges. Il y a un moment où les troupes françai-
ses ne sont pas encore arrivées, où l'armée du
Piémont n'est pas encore prête à entrer en ligne.
Il suffirait aux Autrichiens de vouloir pour
marcher sur Turin et pour s'en emparer. L'occa-
sion perdue ne se retrouvera plus.
Les événements se succèdent alors Monte-
bello, Palestro, Magenta, San Martino, Solfé-
rino. Pendant que les Français gagnent la
grande bataille de Solférino, à leur gauche
25.000 Piémontais rencontraient à San Martino
la droite de l'armée autrichienne qui occupait
avec une très nombreuse artillerie une position
formidable dans laquelle elle s'était retranchée
depuis le.matin. Sans la solidité des Piémon-
tais, qui perdirent le quart de leur effectif, l'ar-
mée française aurait pu être tournée par Bene-
deck. Tout jeune encore, à trente-quatre ans,
Gf, ~4" 'nnrYlï~T~ i 1 x ~n bf~H~ f~fYn
duite dans cette journée.
Onze ans plus tard, ministre de la guerre
d'Italie, c'est lui qui devait inaugurer sur le
champ de bataille même le monument élevé à
la mémoire des morts. Avec un noble geste, il
saluait à la fois, il confondait dans un même
hommage les Italiens, les Français et les Au-
trichiens tombés les uns à côté des autres pour
la défense de leurs drapeaux.
L'Italie ayant enfin conquis son indépen-
dance, il s'agissait de l'organiser, de fondre en
une nation unique des populations jusque-là
divisées sous des gouvernements différents.
Au nord et au centre, l'oeuvre s'accomplit sans
trop de peine. Mais au sud, dans le Napolitain,
et surtout en Sicile, la résistance fut vive. On
n'y regrettait pas, en général, la dynastie des
Bourbons. Mais, après un mouvement de sym-
pathie, qui, avec Garibaldi, avait entraîné les
masses vers l'unité, une sorte de réaction se
produisait contre les conséquences mêmes de
cette unité, c'est-à-dire contre la constitution
d'un gouvernement régulier étendant à toute la
péninsule une règle uniforme. Ce qui parais-
sait le plus nécessaire pour l'unification du
pays, la création d'une armée nationale dans
laquelle serviraient à côté les uns des autres
les Napolitains, les Siciliens aussi bien que les
Lombards et les Piémontais, provoquait chez
les montagnards et chez les paysans du sud un
réel mécontentement. Ils n'étaient pas encore
devenus assez Italiens pour se détacher du sol
natal, pour consentir volontiers à tenir garni-
son dans la région du nord et du centre. Rien
qu'en Sicile, plus de 26.000 réfractaires ou dé-
serteurs tenaient la campagne. Si on ne les re-
cherchait pas, ils demeuraient tranquilles. Mais
à la moindre tentative de réquisition, ils se réu-
nissaient en bandes et faisaient cause commune 1
avec les malfaiteurs. Sur certains points, ré-
gnait une véritable terreur. Les habitants des t
villages, les propriétaires surtout, intimidés par ]
des lettres de menaces, n'osaient pas sortir de i
taire et ne renferme pas de substances énergétiques.
Ailleurs, on constate que des populations, qui pour-
tant ont une ration alimentaire très modérée, four-
nissent un travail journalier considérable, grâce à
l'emploi d'aliments nervins divers. Ce n'est pas sans
raison que l'Arabe fait usage d'un couscous forte-
ment relevé, le Malais ou le Japonais de riz au
kari, le Turc de café, le paysan français d'une
gousse d'ail. Ces condiments, et bien d'autres, so-
lides ou liquides, sont des aliments nervins. Le thé,
le café, le cacao, les épices, les piments ont leur r
rôle dans l'alimentation. Ils nous apparaissent
comme facilitant le fonctionnement et améliorant
le rendement de la machine animale.
Il est bien possible qu'ils nous fassent faire des
économies sur les pertes en chaleur.
Chez un sujet normal, un ouvrier, par exemple,
qui se livre à un travail modéré, la dépense quoti-
dienne, évaluée en chaleur, est de 3.000 calories en-
viron. Mais il faut observer que la proportion de
calories servant à du travail est faible 300 à peu
près. 11 en résulte que 2.700 calories sont perdues
sous forme de chaleur rayonnée. Autrement dit, la
plus grande partie de l'énergie libérée s'échappe,
perdue pour l'organisme elle est rayonnée au de-
hors par la peau ou le poumon. C'est un véritable
gaspillage. Les aliments nervins ont donc peut-
être cette action de permettre la transformation en
force mécanique d'une plus grande proportion d'é-
nergie, et de diminuer la proportion crénergie qui se
perd en chaleur. Ils donneraient à la nutrition un
coup de barre qui la remettrait, ou mettrait, dans
la bonne voie.
Deux faits sont de nature à confirmer la manière
de voir de M. Armand Gautier. C'est d'abord que
plusieurs aliments nervins diminuent certainement
la température périphérique, et par conséquent la
déperdition de chaleur. Et c'est, d'autre part, que le
fiévreux, qui pourtant a une alimentation très ré-
duite et ne peut fournir de travail, produit et rayon-
ne une quantité considérable de chaleur.
On le voit, les vues de M. Armand Gautier con-
duisent à une hypothèse fort intéressante. C'e^t que
l'organisme, tel qu'il se conduit naturellement, n'est
pas aussi parfait qu'on serait porté à le croire. Il a
des qualités, évidemment sans quoi il n'eût pas ré-
sisté dans la lutte pour l'existence. Mais tout n'est
pas pour le mieux en lui il a des côtés faibles,
et la nutrition, en particulier, laisse souvent à dési-
rer d'où la fréquence des troubles dus à la per-
version ou aux anomalies de cette fonction. Il faut
que l'art vienne en aide à la nature; il faut que
Ihomme apprenne à améliorer la machine qui est en
lui, et à en corriger les défauts. Cette façon de voir,
qui serait blasphématoire si l'on devait ou pouvait
croire que l'homme a été spécialement créé, est par-
aitement acceptable du moment ou le hinède-roi
leurs maisons. :tes assassinats se multipliaient?
On en comptait deux ou trois par jour, pf
d'un millier pas an, p do~ plu~
Une situation si fâcheuse exigeait de la part
des représentants du pouvoir central autant
d'habileté que d'énergie. Govone, devenu gé-
néral et député, fut désigné par son passé et
par le témoignage de ses chefs pour remplie
cette double tâche. Habitué depuis sa jeunesse'
à conduire les hommes, sachant se faire crain*
dre et se faire aimer d'eux, il réussit à pacifiée
la Sicile sans laisser derrière lui un trop grandi
nombre de mécontents et de révoltés.
Le. tact et l'habileté dont il faisait preuve le
mettaient de plus en plus en lumière. Dans uner .f
circonstance tout à fait décisive pour la maison
de Savoie, il parut l'homme le plus qualifié,
le représentant indiqué des intérêts italiens.
TI s'agissait de s'entendre avec la Prusse, de
faire encore une fois échec à l'Autriche, de cony
quérir enfin la Vénétie. Bismarck faisait des:
avances à l'Italie, mais en se réservant des
portes de sortie. Son jeu était d'engager les au-
tres sans trop s'engager lui-même. Govone en- ̃•
voyé en mission auprès de lui n'eut pas de
peine à pénétrer ses intentions. On devinai
bien qu'il voulait la guerre, mais comme
était presque seul à la vouloir en Prusse, iî
manœuvrait avec une extrême circonspection.
Deux facteurs, surtout, l'inquiétaient la résis-
tance de son roi et la mauvaise volonté possi.
ble de la France. Les Mémoires de Govone nous
apprennent une fois de plus combien l'engoué*
ment de l'empereur Napoléon III pour le prin-
cipe des nationalités et pour l'Italie nous a été
fatal. En cette année 1866, nous ayons été les'
principaux agents de la grandeur de la Prusse; «
de toutes nos forces, de toutes notre influencet
nous avons préparé Sadowa. TI suffisait alors
de la simple menace d'une démonstration suï
le Rhin pour arrêter net les velléités belliqueu<
ses de Bismarck. Si la France avait paru in*
cliner du côté de l'Autriche, comme le conseil-
lait depuis longtemps Drouyn de Lhuys, la
guerre n'éclatait pas, l'unité allemande ne s#
faisait pas.
Tout au moins faut-il rendre cette justice atx
général Govone que si, dans l'intérêt de son
pays, il travaillait à nous rapprocher de la
Prusse contre l'Autriche, il demandait pour nous
de larges dédommagements territoriaux. Si, au
lieu d'attendre les bras croisés le résultat de 1$
lutte, nous avions fait connaître et imposé
nos conditions, nous aurions obtenu une com-
pensation à la victoire et à l'agrandissement de
la monarchie prussienne. Ce fut là l'objet de$
derniers entretiens de Bismarck et de l'envoyé
italien. Ces souvenirs doivent nous rendre
particulièrement chère la mémoire de Govone,
Il fut de ces Italiens beaucoup plus nombreux
qu'on ne l'a cru qui n'oublièrent jamais ce.
qu'ils devaient à 'la France; qui, au milieu
des complications de la politique européenne
et des nécessités imposées à l'Italie par les
circonstances, auraient voulu concilier jusqu'au
bout les intérêts des deux soeurs latines. La»
France et l'Italie peuvent être [séparées paj?
des malentendus passagers, mais elles sont
défendues contre toute tentative de rupture
par l'ancienne communauté des champs de
bataille et des idées.
A. Mézières.
LIBRAIRIE
Un nouveau et admirable roman de Sienkiewicz^
l'illustre auteur de Quo vadis; paraît aujourd'hui
chez Fasquelle. Son titre les Chevaliers teutoniques;
ses traducteurs le comte Wodzinski et B. Koza-
kiewiez. « Ce livre, dit son préfacier J.-H. Rosny
est le mieux fait pour nous faire comprendre à fond,
le merveilleux talent de Sienkiewicz. »
LA NIÈCE DE M. JACOB GASPARD
par Gaston Rouvier
dont M. Gaston Deschamps faisait dernièrement l'éloga
dans les colonnes du Temps, se trouve dans toutes lés
gares de chemin de fer. Ce roman, le vrai livre
lire en vacances, doit son succès grandissant à seé
rares qualités d'intérêt et d'humour. (Fasquelle, éditr).
JM Hi La ±1 U Jb U li" I Mi
On annonce la mort de M. Reyhaud, cons'eillefi.
général républicain de la Loire pour le canton dâ
"SainT-'Georges-en-Gouzah. r-
On nous télégraphie d'Annecy
Mme Hippolyte Taine, née Desnuelle, veuve d?
l'académicien, est morte hier dans sa propriété dé
Boringe, à Menthon-Saint-Bernard (Haute-Savoie).
Elle sera ensevelie dans le tombeau que son mart
avait fait édifier dans sa promenade favorite, sur l|
roc de Chère, dominant le lac d'Annecy et où il a
été enterré en 1893, ainsi que son beau-père, le pein-
tre Desnuelle.
Au-dessous du médaillon de Taine a été gravée
cette inscription « Causas rerum altissimas candido
et constante animo in philosophia, historia, litteris,
perscrutatus veritatem unice dilexit. »
Mme Taine s'est dévouée à la fondation ou au dé-
veloppement d'un grand nombre d'oeuvres charita/
bles. La création qui émane entièrement de son ini/
tiative est la fondation de l'œuvre de la Presse pouc
tous, où elle réalisa le vœu de Taine, désireux da
voir ce qu'il appelait la « bonne presse » répandue^,
dans les milieux ouvriers.
On annonce la mort, à l'âge de soixante-douze an?/
de M. Benjamin Peugeot, l'un des associés do lai
maison Peugeot, Japy et Ce, qui fabrique à Audin^
court (Doubs) des broches de filature et des machi-;
nes à coudre.
Le défunt, qui était chevalier de la Légion d'hon-
neur, laisse deux enfants, dont l'un travaille 4
l'usine d'Audincourt. Il était le petit-cousin dà*
M. Armand Peugeot, le fabricant d automobiles, et
de M. Eugène Peugeot, qui dirige la maison de-
quincaillerie et de cycles connue sous la raison so-i
ciale « les Fils de Peugeot frères ».
EF, -=
É'SVIASS 1 IRl^.fPE'irffE' NOUVEAUX DENTIER*
&«îïABL.LiraE. baiC, rfE. résumant les plus
grands progrès de l'Art dentaire. SUCCÈS CONSACRS.
^̃tez ïlnventew m. ASkERj 4. HDE MEYERBEERii 't-,
R Â T ¥ A ÏÏFQ Français, 35 ans, dés. voyag. pour'.
DilljlUUMo gd" maisons industr11" ou commerr.
ciales en Roumanie, Bulgarie, Serbie, etc. Connai4+-
sance parfaite du commerce et langues do ces pay$i
Hautes références. Ecrire R. P., rue Ten-BoschV'
n" 103, Bruxelles. fë
nous apparaît comme un quadrupède transforma
amélioré, mais imparfaitement adapté à l'existenès
que lui-même et les circonstances ont imposée, è$
auquel l'homme même, à fesro de recherches et d'in.-?
géniosité, peut apporter de sensibles perfectionne^
ments, comme le ait voir toute l'histoire de la mé>
decine et de l'hygiène.
Non, assurément, l'homme n'est pas parfait dans
sa physiologie il laisse à désirer à bien des égards*
et, en bien des manières, il peut améliorer son proï
pre fonctionnement et son rendement. p
Laissons donc de côté la vieille notion, devenue
inintelligible devant les progrès de la physiologie efc
de la chimie, des « aliments d'épargne », et enga.
geons-nous dans la voie qu'ouvre M. Armand Gau-
tier; cherchons une explication physiologique di|
mode d'action possible des aliments nervins, car i|
faut reconnaître que nous ne savons en réalité
rien du mode d'action de ces aliments il y à*
là un problème important à étudier et à résou,
dre; cherchons par la méthode physiologique li^
manière d'agir do ces aliments dont l'action même
n'est pas contestable du thé, du café, du mat4
de la kola, du guarana, du cacao, des épices, du bouil-
Ion aussi, dont les alcaloïdes sont similaires à ceux
des boissons aromatiques. Reconnaissons l'exis» '«
tence des aliments nervins des toniques et excita-
teurs des nerfs, qui permettent une meilleure utili-*
sation des réserves nutritives, et souhaitons que;
d'abondantes expériences viennent confirmer les
vues do M. A. Gautier. Reconnaissons, en mêmêi'
temps, leur rôle psychique. Nous ne sommes pas dé
simples brutes. Notre machine, dit M. A. Gautier, »;
besoin sans doute de charbon, mais aussi de sensa- ·
tions et de rêve. C'est pourquoi, en tous temps, eii
tous lieux, l'homme a recherché et aimé les al£v
ménts nervins, surtout pour sortir de lui-même et
do son milieu, et aller plus haut, ne fût-ce qu'urï'
peu de temps. Les nervins aident à vivre, et sont
secourables à l'esprit et au corps à la fois. « Sans
doute, on peut vivre sans café, sans thé, sans épi-!
ces, sans vin, et presque sans sel, comme on peut
vivre sans amitié^ sans confort sans poésie, saniï
musique, sans fleurs, et même sans soleil. Mais;
certainement, ce n'est point là l'idéal de l'homme1
moderne. » û
Ah mais non.
HENRY DE VARIGNY.
jR-S. A ceux qui vont, ces jours-ci, courir jfeK
montagne, je tiens a recommander tout .spécial^
ment le Manuel d'Alpinisme publié chez Lucien La^
veur. C'est un excellent résumé de tout ce qui co^
cerne les cimes, leur histoire^ leur structure, ce qui*
s'y passe, la manière d'y vivre, ïe sports l'hygièn^
et le reste. En deux mote^^estjej^aiîait jghnanacfl
do la monta^nÂt s. •
tesse pour laquelle il est essentiel que la cicatrisa-
tion des parois affrontées se fasse très régulière-
ment. ̃ g.
Le docteur Ehrmann, de Mulhouse, membre asso-
eié national de l'Académie, clinicien dont les tra-
vaux sur cette question font autorité, communique
un travail touchant l'influence que peuvent avoir
certaines maladies intercurrentes sur la marche de la
palatoplastie « en empêchant l'adhésion des deux
moitiés qui ont été suturées et en donnant naissance
à des germes pathogènes qui amènent la mortifica-
tion du tissu cicatriciel encore suffisamment solide ».
Les maladies infectieuses, telles que la scarlatine
et la diphtérie, amènent fréquemment ce résultat.
Le docteur Ehrmann énumère des faits qui dé-
montrent que l'apparition d'une maladie infectieuse
nu cours de la palatoplastie ne doit pas alarmer ou-
tre mesure le chirurgien, lorsqu'elle ne se produit
pas à un intervalle trop rapproché dé l'opération. Il
termine par des considérations minutieuses sur la
technique opératoire.
Du prognathisme inférieur. Le docteur Galippe
revient à l'étude de cette anomalie du maxillaire
inférieur appelée prognathisme inférieur, qu'il a si-
gnalée dans la séance précédente chez la plupart des
membres de la famille de Habsbourg.
Il démontre que cette malformation s'observe
aussi bien chez les animaux que chez l'homme, et en
particulier chez les animaux vivant en domesticité.
C'est toujours un stigmate de dégénérescence.
Gette anomalie n'ayant pas été étudiée chez
l'homme d'tme façon systématique, on ne trouve pas
de crânes de prognathes inférieurs. Il a donc fallu
recourir à l'étude de pièces anatomiques provenant
d'aeromégaliques, de géants, qui présentent cette
malformation au plus haut degré. M. Galippe com-
pare, mais n'assimile pas. Les uns et les autres pré-
sentent un développement considérable du maxil-
laire inférieur, aussi bien que des lèvres, surtout de
1 inférieure. La langue chez les acromégaliques,
subit fréquemment un développement anormal. On
a observe la même particularité chez les prognathes
Inférieurs, et en particulier chez Louis XIII. Chez les
uns comme chez les autres, le nez prend souvent un
développement extraordinaire et l'on remarque éga-
lement des anomalies comparables sur d'autres or-
ganes.
Les acromégaliques sont généralement peu intel-
ligents, et dans la longue série de prognathes infé-
rieurs étudiés par M. Galippe, il en a rencontré sou-
vent qui se tenaient sur les confins de l'idiotie
M. Galippe soumet à l'examen de l'Académie de
nombreux portraits il insiste tout particulièrement
sur celui de Marie-Antoinette.
Il faut, dit-il, avoir étudié l'immense collection des
portraits de Marie-Antoinette, comme il l'a fait, pour
se convaincre à quel point les artistes, peintres
graveurs, sculpteurs, mus par le même désir de
flatterie, ont pu dècaractériser les traits de l'infor-
tunée reine. Le plus grand nombre d'entre eux sem-
blent s'être ligués pour faire perdre à cette archi-
duchesse d'Autriche son type familial, et ils y ont
si bien réussi que beaucoup de personnes n'ayant
pas fait de l'iconographie de Marie-Antoinette une
étude attentive, se-figurent qu'elle n'avait pas de
prognathisme inférieur. quelle n'avait pas de
En dépit de toutes les tricheries employées, il res-
tait cependant toujours quelque chose de sa confor-
mation cranienne et de la hauteur de la symphyse
mentonnière. Outre le témoignage si précieux de
Chateaubriand, nous possédons le buste de Pajou,
les portraits de Boze, do Boizot, de Wertmûller'
sans oublier le croquis tragique de David montrant
Marie-Antoinette sur la charrette qui la conduisait à
la guillotine. Lïmagerie royaliste ne vaut pas mieux
que 1 imagerie napoléonienne toutes deux ont dé-
formé et Marie-Antoinette et Marie-Louise.
Névroses de l'enfance et problèmes d'éducation
Comme suite normale à sa très intéressante étude
intitulée « Nos enfants an collège » (Masson) dont
le professeur Debove a dit le plus grand bien, le doc-
teur M. de Fleury donne lecture d'un mémoire d'une
haute documentation intitulé « Névroses de l'en-
fance et problèmes d'éducation ». 1
L'auteur rapporte 37 observations d'enfants pares-
seux, inattentifs, mélancoliques ou indisciplinés, et
qui étaient des neurasthéniques, des arthritiques, des
hystériques, des psychisthéniques, des choréïques
frustes, des diabétiques frustes etc. Comme remède •
amélioration ou guérison de la maladie de l'esprit
par traitement de la névrose ou de la maladie de la
nutrition. M. de Fleury donne à son travail les con-
clusions suivantes:
1° Chez l'enfant, comme chez l'adulte, le physique
réagit sur le moral, ce qui légitime l'intervention
du médecin, alors même qu'il ne s'agit en apparence
que d une maladie de l'esprit;
2° Un grand nombre de mauvais élèves, que les
exhortations et les punitions n'améliorent pas, ap-
paraissent, à qui les examine avec soin, atteints de
névroses formelles ou de maladies de la nutrition:
30 Il n'y a pas là simple coïncidence, mais relation
de cause à effet, comme le montre la preuve par la
thérapeutique;
4° Le traitement médical doit être complété par
tine médication intellectuelle et morale. Là encore,
le médecin neurologiste, accoutumé à faire do ces
cures, est le collaborateur utile de l'éducateur de
profession.
FAITS DIVERS
-a' .d. I. JL 0 JL? 1. V lu Jra. !3
_«
LA TEMPÉRATTJKB
Bureau central météorologiaue
Mercredi 19 juillet. La pression est supérieure à
765 mm. sur les Mes Britanniques, la France et la pé-
ninsule ibérique; le temps reste troublé dans le reste
de l'Europe par des dépressions dont les centres se
trouvent ce matin sur la Baltique et la Finlande.
Le vent est faible du nord au pas de Calais et en
Vendée; d'entre nord et est en Bretagne; il souffle
assez fort du nord-ouest sur nos côtes de la Méditer-
rannee.-ou la mer est agitée.
Des pluies sont tombées dans le nord et la centre
de 1 Europe en France, on signale quelques ondées
dans lest: un orage a éclaté à Perpignan.
La température a baissé dans nos régions de l'est
et du sud; le thermomètre marquait ce matin 11° à
Stornoway, 160 à Belfort, Paris. 17° à Clermont, 19° à
Toulouse, 26° à Palerme.
On notait 9° à l'Aigoual, 8° au mont Ventoux, 7° au
pic du Midi.
En France, un temps nuageux et un peu frais est
probable.
A Paris; hier, la température moyenne, 180, a été
inférieure de 0°3 à la normale (18°3). '-m
A la tour Eiffel, maximum 18° le 18 juillet à 3 heu-
res du soir; minimum 13°2 le 19 à .7 heures du ma-
tin.
SFEUILLETOW 1>U QltnipS
DU 20 JUILLET 190? ittiiipo
Causerie scientifique
LA NATURE ET LA VIE
LES ALIMENTS NERVINS
Une observation sur le travail exécuté par des por-
teurs japonais. Travail qu'ils fournissaient. –Ali-
ments quils consommaient. Faiblesse de la ration
alimentaire. Large place faite aux aliments ner-
vans. Les vues de M. Armand Gautier sur les ali
aients nervins. L'expérience de chacun'. Les idées
d'un mulet. Une notion à abandonner. Les « ali-
ments d épargne » n'épargnent rien; ils facilitent au
contraire la dépense. Manière d'agir des aliments
nervins. Leur action sur les nerfs et l'utilisation
des réserves alimentaires. Faits à l'appui. lS
nervins semblent réduire la perte en chaleur
Observations sur le travailleur. Amélioration du
rendement de la machine animale par les aliments
nervins. Nécessité de ces derniers.
Tandis qu'il voyageait naguère en Extrême-Orient
̃M. I<. Heisgerber fit une observation intéressante
qu'il a consignée dans la Revue générale des scien-
res du 15 juin dernier. C'était au Japon, à Moii
qui est le Cardiff de l'empire du Soleil-Levant le
bateau fit relâche pour embarquer du charbon II
b agissait d'en prendre 2.000 tonnes les vapeurs
font des animaux pleins de voracité, et, comme
le charbon ne marche point tout seul, on Wagea
les services de quelque 240 coolies japonais, dont
tm tiers de femmes et d'enfants, qui se mirent au
travail en huit équipes d'une vingtaine d'honmieï
Stait ™f?mt f *,nfants chacune. Le charbon
était sorti des chalands au moyen de paniers que
les uns remplissaient, que d'autres soulevaient d'au-
tres encore portaient, poussaient ou renversaient; •
LPT m™ ]esudétail«' 3* «'ont rrien de "fi.1
lStS'2?1?™11^ l0,Utef^' tfo f^servation faite,
» est qu'en 25 heures, les 240 coolies, par un travair
interrompu, déménagèrent 2.000 tonnes de S
«h&Ue ^P8 avaIt embarque 250 tonnes
.10 tonnes ou un wagon par heu1"< et, d'après
le poids transporté et, la. hauteur à1a.quelle il fut
on peut calcu.ler. ql..ue C.h.I!l9.ue. U. e hoIIlillO av. ait
i Une petite pluie est signalée par places dans la ré-
gion pendant la soirée d nier
Ce matin, le ciel s'éclaircit et devient à midi très peft
nuageux.
Les vents se fixent aux régions nord et restent fai-
bles.
La température était hier voisine de la normale et
ne présente pas ce matin de variations sensibles.
La pression barométrique, en hausse accentuée,
atteint à midi 768 mm. 6.
MOUMEKT DANS LES COfflniISSfiRIATS DE POLICE.– A la
suite du décès de M. Boy commissaire division-
naire, chef de la seconde brigade des recherches,
nous avons annoncé son remplacement par M.Roy.
En conséquence de ce mouvement, le préfet do po-
lice a procédé aux nominations suivantes:
M. Cellier, officier de paix, est nommé commis-
saire de police de la ville de Paris et chargé du
quartier du Pont-de-Flandre, en remplacement de
M. Bleynie, qui passe aux délégations judiciaires.
M. Zamaron, inspecteur principal de gardiens de
la paix, est nomme officier de paix de la ville de
Paris.
M. PIanson, secrétaire de 2° classe au commissa-
riat de police du quartier de la Madeleine, est nom-
mé inspecteur principal de gardiens de la paix.
M. Gourbier, secrétaire de 3c classe au commissa-
riat de police du quartier de la Sorbonne, passe au
quartier de la Madeleine.
M. Balland, secrétaire de 3e classe au commissa-
riat de police du quartier Montparnasse, passe au
quartier de la Sorbonne.
M. Carrier, secrétaire au commissariat de police
de Choisy-le-Roi, est nommé secrétaire de 3e classe
au commissariat de police du quartier Montpar-
nasse.
M. Darru, secrétaire suppléant près les commissa-
riats de police de Paris est nommé secrétaire au
commissariat de police de la circonscription de Choi-
sy-le-Roi.
LES CftPITAIflES TAMBURINI ET VSLPÎRT. Nous avons
dit hier que la 9° chambre correctionnelle et la
chambre des appels correctionnels avaient respec-
tivement ordonné la mise en liberté provisoire des
capitaines Tamburini et Volpert. Ceux-ci ont aussi-
tôt quitté la prison de la Santé et regagné leur do-
micile, le premier à Courbevoie le second à Paris.
Les capitaines Tamburini et Volpert devaient béné-
ficier de l'amnistie; mais l'amnistie n'a pas été vo-
tée, et ils ne pouvaient être graciés puisque les tri-
bunaux n'ont pas eu encore à statuer sur leur cas,
des incidents de procédure ayant été, on ne l'ignore
pas, soulevés par leurs avocats, M" Orgias et Pre-
vost. En somme, ils demeurent inculpés le capitaine
Tamburini, de propositions non agréées d'embau-
chage en vue d'un complot et de détention d'unifor-
mes et de munitions de guerre, et le capitaine Vol-
pert, seulement de propositions d'embauchage non
suivies d'effet.
UN AVIATEUR QUI FAIT UN PLONGEON. Renouvelant
une expérience déjà tentée le 8 juin dernier, M. Er-
nest Archdeacon et M. Blériot ont fait procéder hier
après-midi, sur la Seine, entre le pont de Billan-
court et le pont de Sèvres, au lancement de deux
aéroplanes dont ils sont les inventeurs. Ces appa-
reils, qui sont dans leurs dispositions générales
presque identiques à ceux expérimentés par l'Alle-
inand Lihenthal et plus récemment par l'Américain
Chanute, ont été remorqués l'un après l'autre con-
tre le vont à l'aide d'un canot automobile, l'Antoinette,
pilote par M. Levavasseur.
On a commencé par essayer l'aéroplane de M.
Archdeacon. Posé sur deux patins flotteurs, l'appa-
reil était relié à l'arrière, de l'Antoinètte aii moyen
d un câble d'environ 30 mètres. Dès que M. Voisin
3U1 devait commander la manœuvre des plans incli-
nés de 1 aéroplane, eut pris place à l'intérieur de
l'appareil, le canot est parti à toute vitesse et l'im-
mense engin dont les panneaux de toile tendue ne
mesurent pas moins de 10 mètres d'envergure s'est
élevé, tel un cerf-volant, à une hauteur, de 5 mètres
environ.
Il a suivi ainsi pendant environ 60 mètres le canot
automobile qui marchait à une allure moyenne de
35 kilomètres à l'heure. Puis ses patins sont venus
a nouveau poser sur l'eau. M. Voisin, quittant alors
sa place, s'est embarqué sur une barque pour rega-
gner la rive.
Ce fut ensuite le tour de l'aéroplane de M. Louis
Blériot, qui n'a que six mètres d'envergure et qui
̃possède des plans cintrés au lieu de plans horizon-
taux. Mais cette fois l'Antoinette eut beau donner
toute sa vitesse, l'appareil refusait do s'élever, oscil-
lant tantôt sur un patin tantôt sur l'autre.
Une oscillation plus brusque fit toucher l'eau à
l'un des plans de côté, et alors la résistance fut
telle que tout l'aéroplane se retourna d'un coup et
disparut sous l'eau, entraînant l'aviateur, M. Voisin
qui se trouvait pour ainsi dire emprisonné dans les
fils d'acier formant la carcasse de l'appareil.
Les spectateurs eurent un moment d'angoisse. Le
.canot automobile de la préfecture La Vigie que pi-
lotait lui-même M. Guillemain, inspecteur de la
navigation, l'Antoinette et plusieurs bateaux de plai-
sance se portèrent immédiatement a l'endroit où
1 aéroplane venait de disparaître. On commençait à
sonder le fleuve, lorsqu'on vit apparaître hors des
flots, à guelgues xnètxes, M. Voisin.
Celui-ci, très bon nageur, s'était adroitement dé-
gagé et regagnait seul la rive.
Le sauvetage de l'appareil lui-méme fut plus
compliqué. On en vint à bout tout de même. Mais
alors l'heure était si avancée qu'on dut remettre à
plus tard d'autres essais.
DES VOLEURS CHEZ M. CHA61EERLAND. M. Chamber-
land, sous-directeur de l'institut Pasteur, possède
au n° 3 de la rue Saint-Amand, à Vaugirard, un pa-
villon placé sous la surveillance d'un gardien, M.
Jacquemard.
Ce pavillon est actuellement en réparation. L'au-
tre nuit, vers deux heures, M. Jacquemard fut su-
bitement réveillé en sursaut par les aboiements de
sa chienne. S'étant emparé d une canne à fusil et
ayant couru à une fenêtre donnant sur la rue, il
aperçut un individu qui faisait le guet sur le trot-
toir.
M. Jacquemard traversa alors sa chambre à cou-
cher, et ayant ouvert une autre fenêtre, vit un se-
cond individu qui s'était faufilé à travers l'échafau-
dage dressé contre le pavillon et coupait avec des
cisailles des tuyaux de plomb. Croyant le mettre en
fuite, il tira en l'air un coup de canne à fusil.
Mais le voleur continua son travail sans manifes-
ter le moindre émoi. Le gardien s'empara alors d'un
fusil de chasse et fit feu par deux fois.
Le cambrioleur, atteint par les plombs, eut cepen-
dant la force d'escalader le mur de clôture de la
propriété et de prendre la fuite avec son complice.
On a retrouvé des traces de sang jusqu'à la place
d Alleray. ci i
LE FEU AUX ABATTOIRS DE LA VILLETTE. Deux incen-
dies successifs se sont déclarés hier après-midi,
vers trois heures et demie, aux abattoirs de la Vil-
lette, dans la.bouverie H, rue du Nord, et rue du
Sud, dans la bouverie M.
Le feu a pris naissance dans le grenier de la pre-
mière bouverie, où se trouvaient entassés 5,000 ki-
logrammes de fourrage. Il so développa avec une
grande rapidité, et les étincelles, chassées par le
vent, allèrent propager le sinistre dans la bouverie ]
M. située à cent mètres de là.
Les pompiers de la rue Château-Landon, de la ca-
serne du Château-d'Eau, de la rue Jean-Jacques- ]
Rousseau et de l'état-major mirent dix-sept lances 1
en manœuvre, et vinrent bientôt à bout de l'incen- ]
moins, 200.000 lois le travail nécessaire pour élever
un kilogramme à un mètre de hauteur. Or, un bon
ouvrier travaillant de façon soutenue, mais non
excessive, fournit de 75 à 80.000 Idlogrammètres par
jour. Pendant 25 heures d'affilée, les coolies de Moi
ont donc fourni un travail qu'un Européen ne four-
nit guère que pendant 10 heures par jour. -Ils ont
m!S0/°onnin^ douWe' car si le travail utilisable
a été de 200.000 Mlogrammètres, le travail réel, on
tenant compte du poids des paniers vides, du frotte-
ment, des déplacements du corps, de l'excès do tra-
ï *™ cœur et des muscles respiratoires, a dû être
de 500.000 Irilogrammètres environ. La plupart de
ces coolies ont donné cet effort considérable sans
paraître autrement fatigués ils restaient a la fin
do la tâche, aussi gais et dispos qu'au ddbut et
d aussi bonne humeur.
M. Weisgerber s'est, avec raison, demandé com-
ment ces travailleurs extraordinaires se nourris-
saient, et voici ce que son enquête lui a révélé
Ces coolies mangent peu en réalité du riz, des lé-
gumes, un peu d'algues marines, du poisson, du
thé et des condiments. Parmi ces derniers, le shoyou
joue un rôle important c'est une sauce d'ail-
leurs agréable obtenue par la fermentation du
pois de soja avec du riz ou du froment. Cette sauco
est très riche en principes azotés le soja est un
des légumes les plus « viandeux » qui soient En-
core, des trois repas que font d'habitude ces coolies
deux seulement avaient eu lieu ce jour-là; la valeur
du troisième était donnée à des œuvres d'assistance
aux blessés. M. Weisgerber n'a pu faire l'analyse
chimique de la ration qui a suffi aux coolies en
question, mais bien certainement, dit-il, elle était
loin de fournir la proportion d'albuminoïdes, de
graisse et d'hydrocarbonés les physiologistes
européens déclarent nécessaire à l'ouvrier chargé
d'un travail considérable. L'albumine et la graisse
en particulier devaient être fort peu abondantes.
.Mais les expériences de Kumagawa, Klemperer et
Uultenden, dont j'ai fait connaître les résultats il y
très faible chez les Japonais, et c'est là une confir-
mation intéressante des vues de Chittenden. Ge qui
doit surtout retenu- notre attention, toutefois, c'est
un autre fait c'est mie le coolie japonais est loin
de trouver dans ses aliments la quantité de calories
qui répond au travail par lui fourni, si, du moins,
il utihsel énergie des aliments dans la proportion
o.ù le fait l'Européen. Alors, c'est qu'il est capable
de mieux utiliser l'énergie totale disponible il
donne plus de travail en perdant moins de chaleur
par la peau ou le poumon. Cette faculté, il paraî-
trait la devoir à certains aliments qui, sans être pro-
.ducteura d énergie, « favorisent orf excitent l'action
jausculair© et zermettent de transformer Bn xùM
die. Il n'y a déplorer aucun accident de personne, et
toutes les bêtes sont sauves. Mais les dégâts, tant
en bâtiments qu'en matériel et fourrage, s'élèvent à
300,000 francs.
Le service d'ordre était dirigé par le préfet de po-
lice en personne, assisté de M. Ducrocq, commis-
saire du quartier, et Gautier, officier de paix.
Au premier moment, alors que de tous côtés des
gens affairés s'empressaient sur les lieux du sinistre,
un nommé Boussillon alla prévenir M. Ducrocq que
peu d'instants avant que lincendic éclatât, il avait
vu sortir précipitamment d'une fenêtre de la bou-
verio M un homme vêtu en bourgeron, coiffé d'une
haute casquette et chaussé de bottines jaunes.
Cet homme, au dire du témoin, semblait éviter
qu'on ne le suivît, et le bruit se répandit bientôt que
l'incendie devait avoir été allumé par lui.
Plusieurs arrestations de rôdeurs ont été faites
dans la soirée, mais aucune n'a été maintenue.
Le service de la Sûreté a mis des agents à la dis-
position de M. Ducrocq, pour rechercher l'inconnu
aux bottines jaunes.
LA MISÈRE. A bout de ressources, et sans espoir
de trouver les moyens de gagner son pain, une jour-
nalière, Elia Lausatanie, âgée de quarante ans et
demeurant-4, rue Corvisart, a étouffé cette nuit son
enfant, âgé de cinq ans. Puis elle s'est suicidée en
se précipitant du haut de sa fenêtre dans la cour,,de
la maison qu'elle habitait.
La malheureuse a été tuée sur le coup.
UNE CATASTROPHE EH LOIRE. -Une catastrophe dans
laquelle neuf personnes viennent de trouver la
mort s'est produite à Sain t-Brevin-î'Océan (Loire-In-
férieure).
Sept personnes qui étaient en villégiature à Saint-
Brevin M. Basset, M. et Mme Gillardeau, de Paris,
M. et Mme Coipel, de Paris également, un monsieur
et une dame dont on ignore encore le nom, avaient
pris un canot monté par le patron pécheur Martin,
de Saint-Nazaire et son fils, pour aller chasser dans
les marais de Douges, à l'embouchure de la Loire.
Le canot a chaviré, précipitant à l'eau ses neuf
passagers.
Le canot a été rencontré à la dérive, la quille en
l'air, et cinq cadavres ont été recueillis, un sur la
rive droite, quatre sur la rive gauche du fleuve.
On suppose que c'est un coup de vent subit qui a
fait chavirer le bateau, car M. Coipel, dont on a re-
trouvé le cadavre à Mmdin, tenait encore à la main
un couteau qu'il avait dû prendre pour couper l'é-
coute et libérer la voile. Il tf eut sans doute pas le
temps de faire cette opération extrême et le bateau
sombra.
M. Coipel était le petit-fils de M. Demangeat, con-
seiller à la Cour de cassation.
ACCIDENTS D'AUTOMOBILE. Lundi soir, M. Richard,
sous-préfet d'Epernay, se rendait en automobile à
Dormans, chez M. Vallé, lorsqu'à quelques kilomè-
tres d'Epernay, près de Boursault, la voiture alla se
jeter sous un tombereau chargé de charbon.
L'automobile versa, entraînant le sous-préfet et
le chauffeur, qui restèrent étendus sans connais-
sance.
Relevés par le conducteur du tombereau, ils fu-
rent ramenés à Epernay. M. Richard a été forte-
ment contusionné, notammentà la tête. Le chautleur
est également couvert de contusions et il a une
jambe fracturée.
D'autre part, M. Bidegain télégraphie à la Libre
Parole qu'il n'a pas, comme cela a été raconté, été
victime ces jours derniers d'un accident d'automo-
bile. Cet accident, d'ailleurs sans gravité, est arrivé
à des parents à lui d'où la confusion.
UN HSISE ARRÊTÉ. Le maire de Brères (Doubs),
nommé Faivre, vient d'être arrêté sous l'inculpation
d'escroquerie.
Faivre était depuis longtemps le gérant des biens
d'une vieille dame habitant Brères. Une obligation à
lot, appartenant à celle-ci, gagna à un tirage le lot de
100,000 francs.
Faivre fit croire à la vieille dame que le lot n'était
que de 10,000 francs et put, grâce à ce subterfuge,
empocher 90,000 francs. ̃'
Mais les héritiers de la bonne dame découvrirent
l'escroquerie et déposèrent une plainte qui a amené
la révélation des agissements de Faivre et son in-
carcération.
FOU FURIEUX. Un sieur Faget, tenancier d'un bar
fermé à M en de, devint subitement fou furieux hier
soir à la suite d'une discussion, et s'armant d'un
revolver, le déchargea plusieurs fois sur son per-
sonnel qui ne dut son salut qu'à la fuite. Il n'a fait
heureusement, aucune blessure mortelle. Il a été
mis en état d'arrestation.
Faget a été condamné tout récemment à quarante
jours de prison pour vol de dentelles à l'étalage.
INFORMATIONS DIVERSES
Le premier congrès des sociétés savantes de Nor-
mandie, ouvert au Havre le 16 juillet, s'est clôturé hier
soir.
Le congrès a décidé la fondation d'une société ami-
cale ouverte à toutes les sociétés artistiques, littéraires
et scientifiques normandes. Cette fondation a pour but
ae mettre en comacri;oTiXBS-TEr5~socrg-ceB^aain?rctiiwscï-,
tout en respectant la constitution et la vie propre de
chacune d'elles, de diriger l'ensemble des travaux
vers une étude raisonnée et commune des choses in-
.téressant plus particulièrement la Normandie.
La fédération tiendra ses assises annuelles dans
chacune des villes de Normandie où une société
pourra assurer la préparation et la réception du con-
grès.
Le congrès de 1906 aura vraisemblablement lieu à
Rouen, à l'occasion des fêtes du troisième centenaire
de Corneille.
Le docteur Vidal, d'Hyères, correspondant de
l'Académie de médecine, fera demain à Aulnay-sous-
Bois, non loin de la station, des expériences publi-
ques de tir de fusées et de pétards paragrêles.
Départ de la gare du Nord à une heure trente-sept,
retour à quatre heures vingt-sept.
-Une jolie femme n'est plus jolie après le repas, lors-
que prise de malaises digestifs, elle baille ou se con-
gestionne ou dissimule des aigreurs d'estomac. Les
Parisiennes le savent bien, et il n'en est pas une qui
n'emporte sa boîte de pastilles Vichy-Etat, bonbon dé-
licieux qui prévient toutes ces misères de la digestion,
et ,soyez sans crainte pas une n'oublie de vérifier la
marque Vichy-Etat de la Compagnie fermière, pour
avoir les vraies pastilles au sel naturel des Célestins,
de la Grande-Grille et de l'Hôpital.
TRIBUNAUX
Un lieutenant contumax. De notre corres-
pondant de Chàlons-sur-Marne
Le conseil de guerre du 6" corps a condamné hier
par contumace le lieutenant Cavernois, du 5« batail-
on d'artillerie à pied de Verdun, à un an de prison
et à la destitution pour absence illégale..̃
On sait que l'ex-lieutenant Cavernois s'est enfui
de Verdun en avril dernier, emportant la caisse du
régiment et ayant commis de nombreuses malver-
sations le préjudice de l'Etat est au total d'une dou-
zaine de mille francs. Cavernois laissait en outre i
pour plus de 10 000 francs de dettes.
On le croit dans le Luxembourg, mais l'autorité
militaire rencontre les plus grandes difficultés pour
grand nombre des calories disponibles en travail ».
Quels sont ces aliments? Ce sont les aliments
« nervins », selon la terminologie de M. A. Gau-
tier, le savant chimiste de la faculté de médecine.
Ce sont les condiments et le thé qui, dès lors, for-
ment avec quelques autres substances, comme le
café, lo cacao, des aliments qui, sans être réelle-
ment alimentaires, sans être sources d'énergie,
jouent pourtant un rôle important dans l'alimenta-
tion, en permettant une meilleure utilisation des
aliments véritables ou encore, comme le dit M. A.
Gautier dans une excellente étude (Revue scientifi-
que, 27 mai 1905), des aliments qui « nous dispo-
sent plus particulièrement à exercer notre énergie
volontaire, à résister à la fatigue physique, psychi-
que ou morale ». Ce qui caractérise ces aliments,
cest qu'ils font comme s'ils alimentaient, tout en
n alimentant pas réellement. Ils sont divers le
café, le thé, le bouillon, un verre do vin, par exem-
ple. Qui do nous n'a connu l'effet réconfortant im-
médiat de l'une ou l'autre de ces boissons dans les
moments de fatigue? Et remarquez que l'effet est
très prompt il se produit avant même que le liquide
ait pu pénétrer dans le sang, et encore que la va-
leur alimentaire de la boisson absorbée est à peu
près nulle. Mais d'autres substances agissent de la
même manière. Il y a, dans la plupart des aliments
véritables, une qualité spéciale, excitante. L'odeur
d'un bon plat nous ragaillardit avant qu'une bou-
chéo ait été absorbée; le chat et le chien vont mieux
et sont plus actifs dès qu'ils ont aperçu leur pâtée.
Il y a là une action excitante, nerveuse, psychique o
même. Les animaux l'éprouvent tout comme nous •
le mulet de M. Armand Gautier le démontre claire-
ment. Ce mulet était un bel animal vigoureux qui
pourtant, chaque fois qu'aux vendanges on l'attelait
à une charrette un peu lourde, refusait catégorique-
ment le service. On le battit, on lo caressa, on lui
donna du foin et aussi de l'avoine rien n'y fit.
On allait s'en défaire, quand un valet de ferme pro-
posa une méthode qui avait réussi en d'autres cir-
constances c'était de donner chaque jour deux li-
tres de vin au quadrupède. Ainsi fut fait, et tout
alla bien. Jamais le mulet ne refusa plus le travail •
son service fut excellent à partir du moment où
1 homme avait compris le besoin de la bête. Au
reste, le mulet de M. Armand Gautier n'est pas une
exception beaucoup de chevaux travaillent mieux
quand on leur donne un peu de vin.
Les aliments nervins ont'été souvent appelés des
aliments d'éjpargne ceci est une erreur d'interpréta-
tion. Les aliments nervins n'. « épargnent » rien du
tout. Ce sont des£'substancea je cite textuelle-
ment qui mettent le système nerveux en ten-
sion. « Cet état d'exaltation des forces et de la vita-
lité, l'alimentation ordinaire le procure à certains
waiyidtia. et. à certaines races. Il ne.jjeut être attelai.
l'accomplissement des formalités nécessaires à son
extradition. Il sera jugé vers le mois d'août pour ses
détournements.
VARIÉTÉS
11 11 .L~
| LE GÉNÉRAL GOVONE (1)
On demeure confondu de tout ce qu'une vie
militaire et politique peut contenir d'activité en
? quelques années. Le général Govone, dont M.
î Weil a traduit les Mémoires publiés et mis en
ordre par son fils, n'a vécu que quarante-six
î ans, mais il semble à peine s'être reposé dans
cette courte existence. Les jours succèdent aux
jours, sans amener une halte ou une détente
Lieutenant d'état-major, il prend part en 1848
à la campagne glorieuse, mais malheureuse,
qui se termine par la bataille de Novare. Se-
condant l'héroïque population de Milan, qui
vient de chasser les Autrichiens, la petite ar-
mée piémontaise engage une lutte inégale con-
tre l'empire d'Autriche. Elle succombe en lais-
sant au monde la double impression de sa va-
leur militaire et de la justice de la cause qu'elle
défend. Parmi ces combattants de la première
heure, parmi ces précurseurs de l'indépendance
italienne, le jeune Govone se signale tout de
suite par son énergie et par son sang-froid.
C'est lui qui est détaché en parlementaire pour
sommer le gouverneur de Peschiera de déposer
les armes et de rendre la place. C'est lui qui,
au milieu du désordre d'une retraite précipitée,
reforme les régiments dispersés, ramène les
soldats dans le rang et arrache à son chef ce
cri d'admiration « Je voudrais quil fût mon
frère ou mon fils 1 »
I
Après les tristesses de la guerre étrangère,
l'horreur de la guerre civile. La division d'Al-
phonse de la Marmora, à laquelle appartenait
Govone, sortie intacte de la fournaise, allait
avoir à réprimer une insurrection redoutable.
Dans le trouble qui avait suivi la défaite, une
partie de la population de Gênes, exaspérée par
les malheurs de la patrie, les attribuant à l'in-
capacité du gouvernement, s'était révoltée,
avait chassé les troupes royales et occupé les
forts. La flotte était loin, il n'y avait aucun
moyen de reprendre la ville par mer. Par terre,
la nécessité d'un long siège qui amènerait peut-
être l'intervention de l'étranger, était à crain-
dre. La Marmora trancha la difficulté par un
coup d'audace. En plein jour, à deux heures de
l'après-midi, il envoya le capitaine Govone
avec un simple peloton sommer l'un des forts
de se rendre. Govone partit au pas de course,
ne laissa pas aux insurgés le. temps de se re-
connaître, et, sans tirer un coup de fusil, en-
leva la position. Poursuivant sa marche en
avant, le jeune officier pénétra dans l'intérieur
de la ville, et, après avoir failli être massacré,
fut le principal agent de la capitulation géné-
rale.
A l'activité physique du champ de bataille
succède l'activité intellectuelle de l'observateur.
L'antagonisme de la Russie et de la Turquie,
prélude de la guerre future, commence à se ma-
nifester. Govone, qui ne peut pardonner à la
Russie d'avoir sauvé l'Autriche en 1849, de-
mande et obtient un congé pour rejoindre l'ar-
mée turque sur les bords du Danube, au quar-
tier général d'Omer pacha. Théâtre intéressant,
où se rencontrent des représentants de tous les
pays, le duc de Nemours, le maréchal Prim en-
touré d'une brillante escorte, des Autrichiens,
des Anglais, des aventuriers, des dilettanti des
guerres de Hongrie et de Pologne, les éléments
les plus difficiles à concilier, beaucoup de jac-
tance et beaucoup de courage, avec beaucoup
d'indiscipline. L'énergique figure du Séraskter
domine le monde un peu mêlé qui l'entoure. Ce
Croate, aux traits durs, possède au plus haut
degré le don du commandement, la volonté de
se faire obéir, avec l'esprit de justice et- de
bonté qui séduit les hommes. Il commande des
soldats braves et obéissants, qui joignent aux
qualités solides de leur race, à la ténacité, à la
force de résistance, le culte, l'adoration que leur
inspire leur chef. Partout où il paraît de sa per-
sonne, on le croit invincible; mais il traîne der-
rière lui un corps d'officiers sans instruction.
De là son peu de goût pour les grandes opéra-
tions militaires, la crainte d'être mal secondé
~nq H~n+~~n~tc ~le'n~~f~Dtct i~~t~
marquée pour les champs'de bataille restreints
où il peut fout faire par lui-même, sans courir
le. danger d'être compromis par les fautes des
autres.
n
Passant bientôt du rôle de spectateur à celui
d'acteur, Govone gagne la confiance du Séras-
kier en visitant les points fortifiés par les
Turcs, sur le Danube, et en signalant les par-
ties faibles de ces fortifications. Au fond, avec
'l'impatience et l'audace de la jeunesse, il con-
sidère les.deux adversaires comme également
au-dessous de leur tâche. Il les accuse de laisser
échapper, par leur lenteur et par leurs tergiver-
sations, toutes les occasions de succès qui s'of-
frent à eux. Quant à lui, pour montrer ses ta-
lents militaires, une bicoque lui suffit. Après
avoir pénétré dans Silistrie, il y fait tracer et
construire un réduit qui sauve la garnison tur-
que. L'œuvre arrive si à propos et rend un tel
service aux assiégés que, plus tard, Todleben,
le glorieux défenseur de Sébastopol, sur le point
de partir pour l'Italie, modifiera son itinéraire
de façon à passer par Turin et à faire la con-
naissance de Govone. Il reconnaîtra en lui un
émule, un rival dans l'art de l'ingénieur.
Les Turcs, de leur côté, n'oublient pas ce que
le jeune officier sarde a fait pour eux. Ismaïl
pacha, au moment de prendre le commande-
ment de l'armée d'Asie, lui fait proposer le
grade de général de brigade. Offre singulière-
ment séduisante pour un jeune homme de vingt-
neuf ans. Govone accepterait s'il était libre.
Mais le gouvernement sarde, qui a besoin de
lui en Europe, lui réserve un autre rôle. Peu
après l'ouverture du siège de Sébastopol, il est
dans les tranchées des armées alliées, et il
prend part à la charge si héroïque, mais si
inutile, de la cavalerie anglaise dans la vallée de
la Balaclava. Il assiste aussi à la bataille d'In-
(1) Mémoires, traduits de l'italien par M. Weil. 1 vol.
m-8°, Paris, Fontemoing, 1905.
par d autres que sous l'action plus ou moins répétée
des aliments nervins. »
La vieille conception des « aliments d'épargne »
est fausse. Ce que font les aliments nervins, c'est
hâter et faciliter l'utilisation des réserves alimen-
taires du corps. Vous êtes plus dispos, plus actif,
plus fort, après avoir bu une tasse de thé ? Ce n'est
pas que le thé serve d'une façon mystérieuse d'ali-
ment il en est incapable. L'effet est tout autre il
vous- permet d'utiliser plus vite et de brûler aussitôt
une partie de votre propre graisse. Le thé n'a rien
épargné bien au contraire, il vous facilite et accé-
lère une dépense. Rien de plus faux, par consé-
quent, que cette expression d « aliment d'épargne »;
rien de plus contraire à la réalité des faits.
Mais si les aliments nervins sont ce qu'ils sem-
blent être, une question se pose qui est de grande
importance pratique: c'est de savoir si l'on ne peut
pas s'entretenir avec une moindre dépense en ali-
ments. Peut-on, par exemple, comme le demande
M. A. Gautier, solliciter do soi-même un égal
travail utile, avec une ration moindre, en recourant
aux aliments nervins do façon systématique? Car
s'il en est ainsi, bien évidemment les aliments ner-
vins deviennent des aliments de haute valeur, et
dont l'usage doit être recommandé; non pas, sans
doute, en vue de faire rendre au corps plus de travail
qu'il n'en existe virtuellement dans les aliments, mais
pour rendre plus parfaite l'utilisation de ceux-ci, ou
plutôt des réserves qui se sont faites grâce aux re-
pas antérieurs. On sait, en effet, que les aliments
ne sont pas directement utilisés nous travaillons
non avec ce que nous a apporté le dernier repas,
mais avec les réserves faites dans les tissus aux
dépens des repas antérieurs. Or, si les aliments ner-
vins facilitent l'utilisation de ces réserves, ils nous
permettent do dépenser davantage et de produire
plus de travail ils nous font mieux utiliser nos
aliments, et fonctionner plus normalement, en nous
empêchant de nous « encroûter » en quelque sorte,
en nous empêchant de nous surcharger de réserves
qui, par un vice do fonctionnement, ne sont qu'in-
complètement utilisées.
Peut-on donc, en mangeant autant, ou peut-être
moins car beaucoup mangent trop produire
plus de travail, grâce à l'emploi méthodique des
aliments nervins, qui, dès lors, nous apparaîtraient
comme un correctif d'une nutrition viciée, ou, pour
prendre une comparaison mécanique, comme l'huile,
qui, sans nourrir lo foyer, augmente pourtant le
rendement de la machine en diminuant les frotte-
ments des rouages? Il semble bien qu'on soit en
droit de répondre affirmativement. Des expériences
faites par de Gasparin autrefois, et plus récemment
par Boperker, montrént e l'addition pde fg ment
par Bœrker, montrent que l'addition de café à la ra-
ion journalière augmente le rendement en travaû.
J?ourtanj; le caf& ea. lui-mime, n'est pas alimen- ·
kermann, avec l' état-major du maréchal Canro
bert, et il en adresse à ses chefs un récit qui
est lu au conseil des ministres, que publie le
Journal officiel du Piémont Le gouvernement
sarde prend alors position avec une grande in-
telligence de ses intérêts et une vue pénétrante
de l'avenir. Quelle bonne fortune pour lui s'il
parvient à se glisser dans le conseil des puis-
sances européennes, à jouer son rôle en Orient l
Ba longue durée du siège de Sébastopol lui per-
met d'offrir ses services et de les faire accep-
ter. Une petite armée piémontaise va se joindre
aux grandes armées de France et d'Angleterre.
C'est comme un placement de fonds avantageux
dont le Piémont espère retirer un gros intérêt*
et qu'il en retire, en effet. un gros intéret, g
Qui charge-t-on de préparer l'arrivée en Cri-
mée des troupes piémontaises commandées par
la Marmora Naturellement Govone lai-même
qui rentre au camp devant Sébastopol, au mois
de juin, après avoir poussé une pointe jusqu'à
Constantinople et même jusqu'à Paris. Ée ta-
bleau qu'il trace du camp à son.retour est sin-
gulièrement vivant « Sans parler de la variété
des troupes et de la beauté des soldats anglais,
l'apparence magnifique de leur cavalerie et
surtout des chevaux arabes venus des Indes
dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Il y a ici
des échantillons des races de tous les pays du
monde, civilisés et barbares, aux costumes plus
que pittoresques, qui forment un spectacle très
intéressant et varié à l'infini, » Le contingent
sarde, avec les Turcs et trois divisions fran-
çaises, était chargé de couvrir les travaux du
siège, face à l'armée russe de secours, qui ten-
tait un dernier effort pour dégager Sébastopol.
Dans la journée de la Tchernaïa, les Piémon-
tais eurent l'honneur de signaler les mouve-
ments des assaillants et de soutenir le premier
choc. Vigoureusement aidés par leurs alliés, ils
le firent avec une telle énergie que, dès neuf
heures du matin, lorsque la fumée du combat
commença à se dissiper, on put voir de toutes
parts les colonnes russes qui se retiraient en
désordre.
Ce jour-là, le général de la Marmora mit en-
core en évidence la belle conduite de Govone.
Celui-ci ne prit point part à l'assaut de la tour
Malakoff, mais, avec le corps du général de
Salles, il opérait sur la gauche de Mac-Mahon
une diversion puissante qui fournit à son chef
une occasion nouvelle de le signaler au minis-
tère de la guerre piémontais comme un de ses
plus brillants officiers.
m
Tout cela n'était pour les Sardes que le pré-
lude de la grande guerre attendue, espérée de-
puis longtemps la guerre avec l'Autriche. De-
venu lieutenant-colonel, chef de bureau au mi-
nistère, Govone la préparait en organisant le
service des renseignements, en étudiant le ter-
rain où se livreraient les combats, les points
de jonction possibles de l'armée sarde et de l'ar-
mée française. Une fois la lutte engagée, l'offi-
cier d'état-major quitte son bureau pour rejoin-
dre le quartier général du roi de Piémont. H
assiste ainsi aux premières opérations de la
campagne, il'voit le plan primitif se modifier
sous l'action et sous l'influence heureuse du
maréchal" Canrobert. Une fois de plus, il
observe ce qu'une armée perd a ne pas se sen-
tir vigoureusement conduite, à laisser l'ennemi
se reconnaître et se fortifier. Sur les bords du
Danube, il avait vu les Russes et les Turcs
laisser échapper tour à tour, par leurs indéci-
sions et leurs lenteurs, les occasions de vain-
cre. Cette- fois, l'armée autrichienne qui prend
l'offensive ne sait pas profiter de ses avanta-
ges. Il y a un moment où les troupes françai-
ses ne sont pas encore arrivées, où l'armée du
Piémont n'est pas encore prête à entrer en ligne.
Il suffirait aux Autrichiens de vouloir pour
marcher sur Turin et pour s'en emparer. L'occa-
sion perdue ne se retrouvera plus.
Les événements se succèdent alors Monte-
bello, Palestro, Magenta, San Martino, Solfé-
rino. Pendant que les Français gagnent la
grande bataille de Solférino, à leur gauche
25.000 Piémontais rencontraient à San Martino
la droite de l'armée autrichienne qui occupait
avec une très nombreuse artillerie une position
formidable dans laquelle elle s'était retranchée
depuis le.matin. Sans la solidité des Piémon-
tais, qui perdirent le quart de leur effectif, l'ar-
mée française aurait pu être tournée par Bene-
deck. Tout jeune encore, à trente-quatre ans,
Gf, ~4" 'nnrYlï~T~ i 1 x ~n bf~H~ f~fYn
duite dans cette journée.
Onze ans plus tard, ministre de la guerre
d'Italie, c'est lui qui devait inaugurer sur le
champ de bataille même le monument élevé à
la mémoire des morts. Avec un noble geste, il
saluait à la fois, il confondait dans un même
hommage les Italiens, les Français et les Au-
trichiens tombés les uns à côté des autres pour
la défense de leurs drapeaux.
L'Italie ayant enfin conquis son indépen-
dance, il s'agissait de l'organiser, de fondre en
une nation unique des populations jusque-là
divisées sous des gouvernements différents.
Au nord et au centre, l'oeuvre s'accomplit sans
trop de peine. Mais au sud, dans le Napolitain,
et surtout en Sicile, la résistance fut vive. On
n'y regrettait pas, en général, la dynastie des
Bourbons. Mais, après un mouvement de sym-
pathie, qui, avec Garibaldi, avait entraîné les
masses vers l'unité, une sorte de réaction se
produisait contre les conséquences mêmes de
cette unité, c'est-à-dire contre la constitution
d'un gouvernement régulier étendant à toute la
péninsule une règle uniforme. Ce qui parais-
sait le plus nécessaire pour l'unification du
pays, la création d'une armée nationale dans
laquelle serviraient à côté les uns des autres
les Napolitains, les Siciliens aussi bien que les
Lombards et les Piémontais, provoquait chez
les montagnards et chez les paysans du sud un
réel mécontentement. Ils n'étaient pas encore
devenus assez Italiens pour se détacher du sol
natal, pour consentir volontiers à tenir garni-
son dans la région du nord et du centre. Rien
qu'en Sicile, plus de 26.000 réfractaires ou dé-
serteurs tenaient la campagne. Si on ne les re-
cherchait pas, ils demeuraient tranquilles. Mais
à la moindre tentative de réquisition, ils se réu-
nissaient en bandes et faisaient cause commune 1
avec les malfaiteurs. Sur certains points, ré-
gnait une véritable terreur. Les habitants des t
villages, les propriétaires surtout, intimidés par ]
des lettres de menaces, n'osaient pas sortir de i
taire et ne renferme pas de substances énergétiques.
Ailleurs, on constate que des populations, qui pour-
tant ont une ration alimentaire très modérée, four-
nissent un travail journalier considérable, grâce à
l'emploi d'aliments nervins divers. Ce n'est pas sans
raison que l'Arabe fait usage d'un couscous forte-
ment relevé, le Malais ou le Japonais de riz au
kari, le Turc de café, le paysan français d'une
gousse d'ail. Ces condiments, et bien d'autres, so-
lides ou liquides, sont des aliments nervins. Le thé,
le café, le cacao, les épices, les piments ont leur r
rôle dans l'alimentation. Ils nous apparaissent
comme facilitant le fonctionnement et améliorant
le rendement de la machine animale.
Il est bien possible qu'ils nous fassent faire des
économies sur les pertes en chaleur.
Chez un sujet normal, un ouvrier, par exemple,
qui se livre à un travail modéré, la dépense quoti-
dienne, évaluée en chaleur, est de 3.000 calories en-
viron. Mais il faut observer que la proportion de
calories servant à du travail est faible 300 à peu
près. 11 en résulte que 2.700 calories sont perdues
sous forme de chaleur rayonnée. Autrement dit, la
plus grande partie de l'énergie libérée s'échappe,
perdue pour l'organisme elle est rayonnée au de-
hors par la peau ou le poumon. C'est un véritable
gaspillage. Les aliments nervins ont donc peut-
être cette action de permettre la transformation en
force mécanique d'une plus grande proportion d'é-
nergie, et de diminuer la proportion crénergie qui se
perd en chaleur. Ils donneraient à la nutrition un
coup de barre qui la remettrait, ou mettrait, dans
la bonne voie.
Deux faits sont de nature à confirmer la manière
de voir de M. Armand Gautier. C'est d'abord que
plusieurs aliments nervins diminuent certainement
la température périphérique, et par conséquent la
déperdition de chaleur. Et c'est, d'autre part, que le
fiévreux, qui pourtant a une alimentation très ré-
duite et ne peut fournir de travail, produit et rayon-
ne une quantité considérable de chaleur.
On le voit, les vues de M. Armand Gautier con-
duisent à une hypothèse fort intéressante. C'e^t que
l'organisme, tel qu'il se conduit naturellement, n'est
pas aussi parfait qu'on serait porté à le croire. Il a
des qualités, évidemment sans quoi il n'eût pas ré-
sisté dans la lutte pour l'existence. Mais tout n'est
pas pour le mieux en lui il a des côtés faibles,
et la nutrition, en particulier, laisse souvent à dési-
rer d'où la fréquence des troubles dus à la per-
version ou aux anomalies de cette fonction. Il faut
que l'art vienne en aide à la nature; il faut que
Ihomme apprenne à améliorer la machine qui est en
lui, et à en corriger les défauts. Cette façon de voir,
qui serait blasphématoire si l'on devait ou pouvait
croire que l'homme a été spécialement créé, est par-
aitement acceptable du moment ou le hinède-roi
leurs maisons. :tes assassinats se multipliaient?
On en comptait deux ou trois par jour, pf
d'un millier pas an, p do~ plu~
Une situation si fâcheuse exigeait de la part
des représentants du pouvoir central autant
d'habileté que d'énergie. Govone, devenu gé-
néral et député, fut désigné par son passé et
par le témoignage de ses chefs pour remplie
cette double tâche. Habitué depuis sa jeunesse'
à conduire les hommes, sachant se faire crain*
dre et se faire aimer d'eux, il réussit à pacifiée
la Sicile sans laisser derrière lui un trop grandi
nombre de mécontents et de révoltés.
Le. tact et l'habileté dont il faisait preuve le
mettaient de plus en plus en lumière. Dans uner .f
circonstance tout à fait décisive pour la maison
de Savoie, il parut l'homme le plus qualifié,
le représentant indiqué des intérêts italiens.
TI s'agissait de s'entendre avec la Prusse, de
faire encore une fois échec à l'Autriche, de cony
quérir enfin la Vénétie. Bismarck faisait des:
avances à l'Italie, mais en se réservant des
portes de sortie. Son jeu était d'engager les au-
tres sans trop s'engager lui-même. Govone en- ̃•
voyé en mission auprès de lui n'eut pas de
peine à pénétrer ses intentions. On devinai
bien qu'il voulait la guerre, mais comme
était presque seul à la vouloir en Prusse, iî
manœuvrait avec une extrême circonspection.
Deux facteurs, surtout, l'inquiétaient la résis-
tance de son roi et la mauvaise volonté possi.
ble de la France. Les Mémoires de Govone nous
apprennent une fois de plus combien l'engoué*
ment de l'empereur Napoléon III pour le prin-
cipe des nationalités et pour l'Italie nous a été
fatal. En cette année 1866, nous ayons été les'
principaux agents de la grandeur de la Prusse; «
de toutes nos forces, de toutes notre influencet
nous avons préparé Sadowa. TI suffisait alors
de la simple menace d'une démonstration suï
le Rhin pour arrêter net les velléités belliqueu<
ses de Bismarck. Si la France avait paru in*
cliner du côté de l'Autriche, comme le conseil-
lait depuis longtemps Drouyn de Lhuys, la
guerre n'éclatait pas, l'unité allemande ne s#
faisait pas.
Tout au moins faut-il rendre cette justice atx
général Govone que si, dans l'intérêt de son
pays, il travaillait à nous rapprocher de la
Prusse contre l'Autriche, il demandait pour nous
de larges dédommagements territoriaux. Si, au
lieu d'attendre les bras croisés le résultat de 1$
lutte, nous avions fait connaître et imposé
nos conditions, nous aurions obtenu une com-
pensation à la victoire et à l'agrandissement de
la monarchie prussienne. Ce fut là l'objet de$
derniers entretiens de Bismarck et de l'envoyé
italien. Ces souvenirs doivent nous rendre
particulièrement chère la mémoire de Govone,
Il fut de ces Italiens beaucoup plus nombreux
qu'on ne l'a cru qui n'oublièrent jamais ce.
qu'ils devaient à 'la France; qui, au milieu
des complications de la politique européenne
et des nécessités imposées à l'Italie par les
circonstances, auraient voulu concilier jusqu'au
bout les intérêts des deux soeurs latines. La»
France et l'Italie peuvent être [séparées paj?
des malentendus passagers, mais elles sont
défendues contre toute tentative de rupture
par l'ancienne communauté des champs de
bataille et des idées.
A. Mézières.
LIBRAIRIE
Un nouveau et admirable roman de Sienkiewicz^
l'illustre auteur de Quo vadis; paraît aujourd'hui
chez Fasquelle. Son titre les Chevaliers teutoniques;
ses traducteurs le comte Wodzinski et B. Koza-
kiewiez. « Ce livre, dit son préfacier J.-H. Rosny
est le mieux fait pour nous faire comprendre à fond,
le merveilleux talent de Sienkiewicz. »
LA NIÈCE DE M. JACOB GASPARD
par Gaston Rouvier
dont M. Gaston Deschamps faisait dernièrement l'éloga
dans les colonnes du Temps, se trouve dans toutes lés
gares de chemin de fer. Ce roman, le vrai livre
lire en vacances, doit son succès grandissant à seé
rares qualités d'intérêt et d'humour. (Fasquelle, éditr).
JM Hi La ±1 U Jb U li" I Mi
On annonce la mort de M. Reyhaud, cons'eillefi.
général républicain de la Loire pour le canton dâ
"SainT-'Georges-en-Gouzah. r-
On nous télégraphie d'Annecy
Mme Hippolyte Taine, née Desnuelle, veuve d?
l'académicien, est morte hier dans sa propriété dé
Boringe, à Menthon-Saint-Bernard (Haute-Savoie).
Elle sera ensevelie dans le tombeau que son mart
avait fait édifier dans sa promenade favorite, sur l|
roc de Chère, dominant le lac d'Annecy et où il a
été enterré en 1893, ainsi que son beau-père, le pein-
tre Desnuelle.
Au-dessous du médaillon de Taine a été gravée
cette inscription « Causas rerum altissimas candido
et constante animo in philosophia, historia, litteris,
perscrutatus veritatem unice dilexit. »
Mme Taine s'est dévouée à la fondation ou au dé-
veloppement d'un grand nombre d'oeuvres charita/
bles. La création qui émane entièrement de son ini/
tiative est la fondation de l'œuvre de la Presse pouc
tous, où elle réalisa le vœu de Taine, désireux da
voir ce qu'il appelait la « bonne presse » répandue^,
dans les milieux ouvriers.
On annonce la mort, à l'âge de soixante-douze an?/
de M. Benjamin Peugeot, l'un des associés do lai
maison Peugeot, Japy et Ce, qui fabrique à Audin^
court (Doubs) des broches de filature et des machi-;
nes à coudre.
Le défunt, qui était chevalier de la Légion d'hon-
neur, laisse deux enfants, dont l'un travaille 4
l'usine d'Audincourt. Il était le petit-cousin dà*
M. Armand Peugeot, le fabricant d automobiles, et
de M. Eugène Peugeot, qui dirige la maison de-
quincaillerie et de cycles connue sous la raison so-i
ciale « les Fils de Peugeot frères ».
EF, -=
É'SVIASS 1 IRl^.fPE'irffE' NOUVEAUX DENTIER*
&«îïABL.LiraE. baiC, rfE. résumant les plus
grands progrès de l'Art dentaire. SUCCÈS CONSACRS.
^̃tez ïlnventew m. ASkERj 4. HDE MEYERBEERii 't-,
R Â T ¥ A ÏÏFQ Français, 35 ans, dés. voyag. pour'.
DilljlUUMo gd" maisons industr11" ou commerr.
ciales en Roumanie, Bulgarie, Serbie, etc. Connai4+-
sance parfaite du commerce et langues do ces pay$i
Hautes références. Ecrire R. P., rue Ten-BoschV'
n" 103, Bruxelles. fë
nous apparaît comme un quadrupède transforma
amélioré, mais imparfaitement adapté à l'existenès
que lui-même et les circonstances ont imposée, è$
auquel l'homme même, à fesro de recherches et d'in.-?
géniosité, peut apporter de sensibles perfectionne^
ments, comme le ait voir toute l'histoire de la mé>
decine et de l'hygiène.
Non, assurément, l'homme n'est pas parfait dans
sa physiologie il laisse à désirer à bien des égards*
et, en bien des manières, il peut améliorer son proï
pre fonctionnement et son rendement. p
Laissons donc de côté la vieille notion, devenue
inintelligible devant les progrès de la physiologie efc
de la chimie, des « aliments d'épargne », et enga.
geons-nous dans la voie qu'ouvre M. Armand Gau-
tier; cherchons une explication physiologique di|
mode d'action possible des aliments nervins, car i|
faut reconnaître que nous ne savons en réalité
rien du mode d'action de ces aliments il y à*
là un problème important à étudier et à résou,
dre; cherchons par la méthode physiologique li^
manière d'agir do ces aliments dont l'action même
n'est pas contestable du thé, du café, du mat4
de la kola, du guarana, du cacao, des épices, du bouil-
Ion aussi, dont les alcaloïdes sont similaires à ceux
des boissons aromatiques. Reconnaissons l'exis» '«
tence des aliments nervins des toniques et excita-
teurs des nerfs, qui permettent une meilleure utili-*
sation des réserves nutritives, et souhaitons que;
d'abondantes expériences viennent confirmer les
vues do M. A. Gautier. Reconnaissons, en mêmêi'
temps, leur rôle psychique. Nous ne sommes pas dé
simples brutes. Notre machine, dit M. A. Gautier, »;
besoin sans doute de charbon, mais aussi de sensa- ·
tions et de rêve. C'est pourquoi, en tous temps, eii
tous lieux, l'homme a recherché et aimé les al£v
ménts nervins, surtout pour sortir de lui-même et
do son milieu, et aller plus haut, ne fût-ce qu'urï'
peu de temps. Les nervins aident à vivre, et sont
secourables à l'esprit et au corps à la fois. « Sans
doute, on peut vivre sans café, sans thé, sans épi-!
ces, sans vin, et presque sans sel, comme on peut
vivre sans amitié^ sans confort sans poésie, saniï
musique, sans fleurs, et même sans soleil. Mais;
certainement, ce n'est point là l'idéal de l'homme1
moderne. » û
Ah mais non.
HENRY DE VARIGNY.
jR-S. A ceux qui vont, ces jours-ci, courir jfeK
montagne, je tiens a recommander tout .spécial^
ment le Manuel d'Alpinisme publié chez Lucien La^
veur. C'est un excellent résumé de tout ce qui co^
cerne les cimes, leur histoire^ leur structure, ce qui*
s'y passe, la manière d'y vivre, ïe sports l'hygièn^
et le reste. En deux mote^^estjej^aiîait jghnanacfl
do la monta^nÂt s. •
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