Titre : Le Journal des femmes : organe du mouvement féminin / dir. Maria Martin
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32799714h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1908 01 mars 1908
Description : 1908/03/01 (N183)-1908/03/31. 1908/03/01 (N183)-1908/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k23715321
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-40127
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/10/2018
LE JOURNAL DES FEMMES
Saint-Germain-des-Prés), conférence de
M. Louis Marin, député de Nancy :
Le rôle de la femme dans le relève
ment des petites industries locales.
M. Beauquier, député du Doubs, bien
connu pour son dévouement à notre
cause, présidera la réunion et pronon
cera une allocution.
Les lecteurs et lectrices du Journal
des Femmes sont invités à cette réu
nion qui promet d’être exceptionnelle
ment intéressante.
LA SOCIÉTÉ DE L’HYGIÈNE DE L’ENFANCE
Président : D r H. Chassaing.
Un Coïhité des Dames Patronnesses,
organise pour le 7 mars 1908, à 9 h. du
soir, à la salle des Fêtes de la mairie du
IV* arrondissement, place Baudoyer,
une conférence faite par Mme Lucie
Voillaume, l’Enfance : ses périls, son
hygiène morale , suivie d’une partie ar
tistique.
CONGRÈS FÉMINISTE
1 La question du suffrage des femmes
est plus que jamais à l’ordre du jour dans
tous les pays.
Un Congrès national des droits civils
et du suffrage des femmes, aura lieu fin
juin à Paris. En ont pris l’initiative
MM..V. Vincent, 13, rue de Paris, à
Asnières, Marguerite Durand, 10, rue de
Paris Mont.chanin, Oddo Deflou, 55, rue
de Seine, Paris.
S'adresser à ces dames pour toutes
communications.
UNION FRATERNELLE DES FEMMES
Réunion du 12 février
La séance commencée, à 3 heures un
quart, par la lecture des procès-verbaux
de la dernière et de l’avant-dernière
séance. Ces deux procès-verbaux sont
adoptés à l’unanimité, avec félicitations.
La présidente, après plusieurs com
munications, lettres d’excuses et détails
des acquisitions ou dons bibliogra
phiques, donne la parole à Mme Maria
Vérone, avocate.
Dans une aimable causerie familiale
et familière, comme elle le dit elle-
même, Mme Maria Vérone rapporte,
avec beaucoup d’esprit et d’entrain, ses
impressions du Palais où elle exerce de
puis le mois de novembre. Avec une
verve étourdissante, elle a fait la psycho
logie des avocats, des avocates et aussi
des juges, d’une façon à la fois humo
ristique et profonde. Elle parle de ses
confrères féminins, de Mlle Chauvin qui
a préféré se vouer à l’enseignement du
droit, de Mme Benezech qui vient de
prouver qu’une avocate peut être égale
ment épouse et mère, et enfin des deux
nouvelles avocates de cette année, Mlle
Miropolski et elle-même. Les autres
femmes inscrites au bareau de Paris ne
plaident'pas. Mme Maria Vérone a
beaucoup amusé l’auditoire en racontant
la curiosité que la venue d’une féministe
avérée comme elle avait suscitée parmi
ses confrères masculins.
Aujourd’hui, d’ailleurs, ils sont les
meilleurs amis du monde et Mme Maria
Vérone espère, peu à peu, amener à
notre cause tous les avocats. Ce serait
une belle conquête que notre spirituelle
avocate est bien capable de mener à
bonne fin.
Après avoir chaleureusement remercié
l’intéressante conférencière, la Présidente
a donné la parole à Mme Héra Mirtel
pour l’intéressante communication sui
vante : Sur une pétition du journal
L’Entente , adressée au ministre de l’In
térieur, le ministre a informé Mme Héra
Mirtel que les candidates aux postes de
surveillantes, dans les Musées et Biblio
thèques publiques, n’ont qu’à se faire
inscrire à la préfecture de la région où
elles ont des chances de bénéficier des
emplois qui vont être créés.
La séance est levée à 5 h. Ij2,
Pàrrhisià.
- «K-
Nous apprenons avec le plus grand
plaisir que la Société hongroise Femi-
nistak Egyesülete Budapesten, qui,
chaque année, fait appel aux orateurs
les plus distingués, en faveur des droits
des femmes, a organisé deux conférences
féministes françaises pour le 28 février
et le 1 er mars à Budapest. C’est notre
éminente collègue, Mme Nelly Ronssel,
dont nous apprécions tous la belle élo
quence, faite de conviclion ardente, de
logique et de passion, qui a été appelée
par nos soeurs de Hongrie à remplir
cette noble tâche. Tous ceux qui ont eu
le bonheur d’entendre la grande oratrice
parisienne applaudiront à cet heureux
choix.
On nous informe, d’autre part, que
Mme Nelly Roussel vient de remporter
de nouveaux succès à Lille, à Bruxelles
et à Spa.
JURY FEMININ
La patience est une vertu, mais sou
vent cette vertu favorise les méchants
en leur permettant de faire souffrir long
temps leur victime.
Une malheureuse ménagère, affligée
d’un mari ivrogne, cruel, qui, depuis des
années la frappait odieusement et gas
pillait ce qu’il gagnait et cherchait encore
à lui dérober son maigre salaire, a fini
par tuer ce misérable en se défendant
contre lui. Mère de deux enfants, la pau
vre femme était réduite à emprunter
quelques sous à des voisins pour leur
donner du pain. Un jour étant à table,
son misérable époux, sans aucun motif,
comme toujours, la frappa d’un coup de
pied dans l’abdomen et comme elle le
suppliait de ne pas renouveler cet acte
de violence, il réitéra aussitôt. Tenant
en main un couteau à découper, l’infor
tunée, teans calcul ni préméditation, en
porta un coup à son bourreau qui, atteint
au cœur, expira sur le champ.
A l’audience, la pauvre femme, pleu
rant à fendre l’âme, répond avec peine
aux questions qui lui sont posées avec
un sentiment de haute humanité par
l’honorable président des assises, M. de
Franqueville.
M. l’avocat général, qui abandonne
noblement l’accusation, facilite la tâche
du détenseur, M® Jean Brack, le remar
quable avocat bien connu.
L’acquittement a été emporté d’em
blée et l’accusée immédiatement remise
en liberté. Nous croyons inutile de dire
que le Jury féminin a prononcé un ver
dict identique à ceiui du Jury masculin.
Acquitter une accusée qui fut plus
victime qu’assassin, rien de mieux. Mais
ne pourrait-on soustraire des innocents
à de cruels sévices et prévenir ces épou
vantables tragédies en privant de leur
liberté des êtres dangereux, comme celui
qui vient d’être retranché du nombre des
vivants par la main de son semblable et
dont l’équité nous interdit de venger la
mort ?
Hyacinthe Bèlilon,
Secrétaire du Jury Féminin.
Dans notre correspondance, relative
au Jury féminin, nous remarquons par
ticulièrement une missive d’un hono
rable juré qui a tenu à honneur de défen
dre le corps dont il fait partie.
Il nous dit que l’indulgence injustifiée,
dont a bénéficié cet accusé, meurtrie* de
sa maîtresse, ne doit pas être imputée
aux jurés qui ont rendu un verdict per
mettant d’appliquer une peine beaucoup
plus sévère.
Ceci vient corroborer ce vœu si sou
vent exprimé et qui consiste à demander
que les jurés eux-mêmes soient appelés
à décider du châtiment à infliger.
Nous avons constaté avec une vive
satisfaction que notre correspondant,
s’exprimant dans les termes les plus
courtois, considère comme nous que la
peine prononcée était insuffisante.
— ♦ —
PÉTITION
DU GROUPE FRANÇAIS D’ÉTUDBS FÉMINISTES
Au Sénat
et à la Chambre des Députés
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Députés,
Nous pensons, et peut-être penserez-
vous avec nous, que les dots minimes
des paysannes, de« ouvrières, des fem
mes de la petite bourgeoisie, sont tout
aussi dignes d’intérêt et de protection
que le salaire des travailleuses indus
trielles et des domestiques, sauvegardé
par une loi récente ;
Qu’il convient donc gde les protéger,
sans diminuer la part de l’épouse dans
les acquisitions communes auxquelles
elle concourt par son labeur ménager et
agricole, par l’aide qu’elle apporte à son
mari de toutes manières, par son épar
gne;
Que, d’ailleurs, l’assujettissement de
la femme dans le mariage ne correspond
plus, ni à l’instruction qu’elle reçoit, ni
à l’importance de son rôle familial et so
cial, qu’il la déprécie aux yeux de ses
enfants.
Nous avons donc l’honneur de vous
prier d’employer la force de la loi, dont
vous disposez, à l’organisation d’un état
de choses plus juste, plus en rapport
avec la vie moderne, en décidant :
V Que l’incapacité légale de la femme
mariée sera abolie ;
2° Que le régime légal de commu
nauté sera remplacé par un régime
légal de séparation de biens , avec com
munauté d’acquêts.
Nous ajoutons que ces desiderata sont
conformes aux vœux de la presque una
nimité des groupes et Congrès féminis
tes, notamment à ceux du Congrès de
1900.
Agréez, etc.
{Suivent les signatures).
■ ——
LETTRE D’ITALIE
Rome, ce 24 Février 1908
Via Lanza, 135.
Madame Jeanne Deflou ,
Journal des Femmes ,
31, rue Francœur, Paris.
Madame,
Le Comité Directif du Congrès Natio-
j nal des Femmes italiennes a lu avec
beaucoup d’intérêt l’article que vous avez
eu l’amabilité de lui consacrer dans le
numéro de Février du Journal des Fem
mes. Cependant comme il s’y est glissé
quelques erreurs, il me charge, en ma
qualité de secrétaire correspondante, de
vous adresser ces peu de lignes pour les
rectifier.
Quoi qu’en ait dit la regrettée Mile Lan-
zillotti, le féminisme existe en Italie et il
est de fort bonne qualité. La preuve lu
mineuse en est dans dans ce premier
Congrès National des Femmes italiennes
que nous nous sommes senti le courage
de convoquer à Rome et dont la séance
d’inauguration aura lieu au Capitole. Le
Ministre de Grâce et de Justice a mis les
plus beaux locaux du nouveau Palais de
Justice à notre disposition pour y tenir
notre Congrès. Ceci dit simplement en
passant pour vous montrer les sympa
thies et la considération que notre Conseil
National des Femmes italiennes a su
. s’attirer dans ses sept années de vie.
Notre Congrès ne se trouve pas sous
le patronage de la duchesse italienne
Hélène d’Aoste, née d’Orléans. La du
chesse douairière d’Aoste, la princesse
Laetizia Bonaparte, en sa qualité de pré
sidente honoraire de la Fédération pié-
montaise, figure en tête de la circulaire
du Congrès, sans que celui-ci pour cela
soit placé sous son patronage. Les grands
noms des dames de la noblesse italienne,
que vous voyez sur notre circulaire, font
partie du Conseil National des Femmes
depuis ses origines, c’est-à-dire depuis
sept ans et n’ont pas été placés « comme
ornement » sur notre programme. Les
personnalités féminines qu’ils représen
tent sont des plus distinguées et l’intérêt
qu’elles portent à la question des femmes
est tout aussi grand que celui de leurs
sœurs aux noms plus modestes. Un des
traits caractéristiques de notre mouve
ment féministe italien réside justement
dans le fait qu’il s’est manifesté dans
toutes les classes de la société en même
temps et n’a pas pris ce caractère un peu
sectaire qu’il a dans d’autres pays.
La question du vote manque, en effet,
sur notre programme. Notre Conseil Na
tional ne s’est occupé jusqu’ici que du
vote administratif. Cependant nous avons
accordé une des après-midi de notre
Congrès à la Société « Pro Suffraggio
politico » qui tiendra dans notre local
une assemblée plénière.
En vous priant de vouloir bien publier
sur votre journal ces quelques lignes de
rectification, je vous prie de bien vouloir
agréer, Madame, l’expression de mes
sentiments très distingués.
Béatrice Melegari,
Secrétaire correspondante du Conseil
National des Femmes italiennes.
Sans vouloir éterniser une discussion
minuscule, je me permets de faire obser
ver à ma consœur en féminisme, Mme
Melegari, que la seule erreur de fait
commise par moi consista à confondre
la duchesse douairière d’Aoste (princesse
Bonaparte) avec la duchesse régnante
(princesse d’Orléans).
Le mot de Mlle Laszillotti fut donné
pour ce qu’il était — une boutade. Le
reste est affaire d’appréciation. L’esprit
qui me suggéra mon article sur le Con
grès italien était tout amical et bien
veillant.
Jeanne Deflou.
CHOSES D’ALGÉRIE
Une de nos correspondantes nous en
voie d’Algérie une longue lettre dans
laquelle elle se plaint, nqn sans raison,
de l’indifférence et de l’hostilité même
qu’elle rencontre parmi les femmes.
Elle avait recommandé à des institu
trices d’Alger la candidature de Mlle
Jauffret et de Mlle Chantagnat, adjointes
à Alger, aux élections du Conseil dépar
temental d’Alger. En réponse, elle a
reçq, d’une d’entre elles, une longue
épître expliquant ses raisons pour ne
pas voter pour elles. D’abord, elle ne
connaît pas les deux dames en ques
tion; ensuite, elle trouve que voter pour
de simples adjointes serait manquer
d’égards aux directrices et pourrait la
faire mal voir des chefs. Elle a reçu leur
programme, il est vrai, et sur beaucoup
de points elle est d’accord avec les can
didates, mais elle s’étonne de leur au
dace. « De simples institutrices envoyer
une profession de foi comme des dépu
tés en mal d’électours », cela ne s’était
jamais vu ! Elle recommande à ces « can
didates » de « rester femmes », de s’oc
cuper de la meilleure cuisine bourgeoise
ou de manier avec élégance, aux jours
de congé, le maillet et la raquette; enfin
d’inculquer de bons principes à leurs
frères, en attendant d’avoir des maris et
des fils.
Cette lettre a eu le don de désoler
notre chère correspondante (institutrice
elle-même) mais qui n’a pas encore eu
la longue expérience de nous autres,
vieilles féministes. Elle a tort. La men
talité de quelques femmes est due à
l’atavisme, à l’éducation première, aux
préjugés sucés avec le lait. Les femmes
rétrogrades ne sont pas toujours respon
sables, car il n’est pas donné à toutes
d’avoir la force de caractère pour s’af
franchir des erreurs qu’elles ont héri
tées de leur mère. Peu à peu, ces mou-
Saint-Germain-des-Prés), conférence de
M. Louis Marin, député de Nancy :
Le rôle de la femme dans le relève
ment des petites industries locales.
M. Beauquier, député du Doubs, bien
connu pour son dévouement à notre
cause, présidera la réunion et pronon
cera une allocution.
Les lecteurs et lectrices du Journal
des Femmes sont invités à cette réu
nion qui promet d’être exceptionnelle
ment intéressante.
LA SOCIÉTÉ DE L’HYGIÈNE DE L’ENFANCE
Président : D r H. Chassaing.
Un Coïhité des Dames Patronnesses,
organise pour le 7 mars 1908, à 9 h. du
soir, à la salle des Fêtes de la mairie du
IV* arrondissement, place Baudoyer,
une conférence faite par Mme Lucie
Voillaume, l’Enfance : ses périls, son
hygiène morale , suivie d’une partie ar
tistique.
CONGRÈS FÉMINISTE
1 La question du suffrage des femmes
est plus que jamais à l’ordre du jour dans
tous les pays.
Un Congrès national des droits civils
et du suffrage des femmes, aura lieu fin
juin à Paris. En ont pris l’initiative
MM..V. Vincent, 13, rue de Paris, à
Asnières, Marguerite Durand, 10, rue de
Paris Mont.chanin, Oddo Deflou, 55, rue
de Seine, Paris.
S'adresser à ces dames pour toutes
communications.
UNION FRATERNELLE DES FEMMES
Réunion du 12 février
La séance commencée, à 3 heures un
quart, par la lecture des procès-verbaux
de la dernière et de l’avant-dernière
séance. Ces deux procès-verbaux sont
adoptés à l’unanimité, avec félicitations.
La présidente, après plusieurs com
munications, lettres d’excuses et détails
des acquisitions ou dons bibliogra
phiques, donne la parole à Mme Maria
Vérone, avocate.
Dans une aimable causerie familiale
et familière, comme elle le dit elle-
même, Mme Maria Vérone rapporte,
avec beaucoup d’esprit et d’entrain, ses
impressions du Palais où elle exerce de
puis le mois de novembre. Avec une
verve étourdissante, elle a fait la psycho
logie des avocats, des avocates et aussi
des juges, d’une façon à la fois humo
ristique et profonde. Elle parle de ses
confrères féminins, de Mlle Chauvin qui
a préféré se vouer à l’enseignement du
droit, de Mme Benezech qui vient de
prouver qu’une avocate peut être égale
ment épouse et mère, et enfin des deux
nouvelles avocates de cette année, Mlle
Miropolski et elle-même. Les autres
femmes inscrites au bareau de Paris ne
plaident'pas. Mme Maria Vérone a
beaucoup amusé l’auditoire en racontant
la curiosité que la venue d’une féministe
avérée comme elle avait suscitée parmi
ses confrères masculins.
Aujourd’hui, d’ailleurs, ils sont les
meilleurs amis du monde et Mme Maria
Vérone espère, peu à peu, amener à
notre cause tous les avocats. Ce serait
une belle conquête que notre spirituelle
avocate est bien capable de mener à
bonne fin.
Après avoir chaleureusement remercié
l’intéressante conférencière, la Présidente
a donné la parole à Mme Héra Mirtel
pour l’intéressante communication sui
vante : Sur une pétition du journal
L’Entente , adressée au ministre de l’In
térieur, le ministre a informé Mme Héra
Mirtel que les candidates aux postes de
surveillantes, dans les Musées et Biblio
thèques publiques, n’ont qu’à se faire
inscrire à la préfecture de la région où
elles ont des chances de bénéficier des
emplois qui vont être créés.
La séance est levée à 5 h. Ij2,
Pàrrhisià.
- «K-
Nous apprenons avec le plus grand
plaisir que la Société hongroise Femi-
nistak Egyesülete Budapesten, qui,
chaque année, fait appel aux orateurs
les plus distingués, en faveur des droits
des femmes, a organisé deux conférences
féministes françaises pour le 28 février
et le 1 er mars à Budapest. C’est notre
éminente collègue, Mme Nelly Ronssel,
dont nous apprécions tous la belle élo
quence, faite de conviclion ardente, de
logique et de passion, qui a été appelée
par nos soeurs de Hongrie à remplir
cette noble tâche. Tous ceux qui ont eu
le bonheur d’entendre la grande oratrice
parisienne applaudiront à cet heureux
choix.
On nous informe, d’autre part, que
Mme Nelly Roussel vient de remporter
de nouveaux succès à Lille, à Bruxelles
et à Spa.
JURY FEMININ
La patience est une vertu, mais sou
vent cette vertu favorise les méchants
en leur permettant de faire souffrir long
temps leur victime.
Une malheureuse ménagère, affligée
d’un mari ivrogne, cruel, qui, depuis des
années la frappait odieusement et gas
pillait ce qu’il gagnait et cherchait encore
à lui dérober son maigre salaire, a fini
par tuer ce misérable en se défendant
contre lui. Mère de deux enfants, la pau
vre femme était réduite à emprunter
quelques sous à des voisins pour leur
donner du pain. Un jour étant à table,
son misérable époux, sans aucun motif,
comme toujours, la frappa d’un coup de
pied dans l’abdomen et comme elle le
suppliait de ne pas renouveler cet acte
de violence, il réitéra aussitôt. Tenant
en main un couteau à découper, l’infor
tunée, teans calcul ni préméditation, en
porta un coup à son bourreau qui, atteint
au cœur, expira sur le champ.
A l’audience, la pauvre femme, pleu
rant à fendre l’âme, répond avec peine
aux questions qui lui sont posées avec
un sentiment de haute humanité par
l’honorable président des assises, M. de
Franqueville.
M. l’avocat général, qui abandonne
noblement l’accusation, facilite la tâche
du détenseur, M® Jean Brack, le remar
quable avocat bien connu.
L’acquittement a été emporté d’em
blée et l’accusée immédiatement remise
en liberté. Nous croyons inutile de dire
que le Jury féminin a prononcé un ver
dict identique à ceiui du Jury masculin.
Acquitter une accusée qui fut plus
victime qu’assassin, rien de mieux. Mais
ne pourrait-on soustraire des innocents
à de cruels sévices et prévenir ces épou
vantables tragédies en privant de leur
liberté des êtres dangereux, comme celui
qui vient d’être retranché du nombre des
vivants par la main de son semblable et
dont l’équité nous interdit de venger la
mort ?
Hyacinthe Bèlilon,
Secrétaire du Jury Féminin.
Dans notre correspondance, relative
au Jury féminin, nous remarquons par
ticulièrement une missive d’un hono
rable juré qui a tenu à honneur de défen
dre le corps dont il fait partie.
Il nous dit que l’indulgence injustifiée,
dont a bénéficié cet accusé, meurtrie* de
sa maîtresse, ne doit pas être imputée
aux jurés qui ont rendu un verdict per
mettant d’appliquer une peine beaucoup
plus sévère.
Ceci vient corroborer ce vœu si sou
vent exprimé et qui consiste à demander
que les jurés eux-mêmes soient appelés
à décider du châtiment à infliger.
Nous avons constaté avec une vive
satisfaction que notre correspondant,
s’exprimant dans les termes les plus
courtois, considère comme nous que la
peine prononcée était insuffisante.
— ♦ —
PÉTITION
DU GROUPE FRANÇAIS D’ÉTUDBS FÉMINISTES
Au Sénat
et à la Chambre des Députés
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Députés,
Nous pensons, et peut-être penserez-
vous avec nous, que les dots minimes
des paysannes, de« ouvrières, des fem
mes de la petite bourgeoisie, sont tout
aussi dignes d’intérêt et de protection
que le salaire des travailleuses indus
trielles et des domestiques, sauvegardé
par une loi récente ;
Qu’il convient donc gde les protéger,
sans diminuer la part de l’épouse dans
les acquisitions communes auxquelles
elle concourt par son labeur ménager et
agricole, par l’aide qu’elle apporte à son
mari de toutes manières, par son épar
gne;
Que, d’ailleurs, l’assujettissement de
la femme dans le mariage ne correspond
plus, ni à l’instruction qu’elle reçoit, ni
à l’importance de son rôle familial et so
cial, qu’il la déprécie aux yeux de ses
enfants.
Nous avons donc l’honneur de vous
prier d’employer la force de la loi, dont
vous disposez, à l’organisation d’un état
de choses plus juste, plus en rapport
avec la vie moderne, en décidant :
V Que l’incapacité légale de la femme
mariée sera abolie ;
2° Que le régime légal de commu
nauté sera remplacé par un régime
légal de séparation de biens , avec com
munauté d’acquêts.
Nous ajoutons que ces desiderata sont
conformes aux vœux de la presque una
nimité des groupes et Congrès féminis
tes, notamment à ceux du Congrès de
1900.
Agréez, etc.
{Suivent les signatures).
■ ——
LETTRE D’ITALIE
Rome, ce 24 Février 1908
Via Lanza, 135.
Madame Jeanne Deflou ,
Journal des Femmes ,
31, rue Francœur, Paris.
Madame,
Le Comité Directif du Congrès Natio-
j nal des Femmes italiennes a lu avec
beaucoup d’intérêt l’article que vous avez
eu l’amabilité de lui consacrer dans le
numéro de Février du Journal des Fem
mes. Cependant comme il s’y est glissé
quelques erreurs, il me charge, en ma
qualité de secrétaire correspondante, de
vous adresser ces peu de lignes pour les
rectifier.
Quoi qu’en ait dit la regrettée Mile Lan-
zillotti, le féminisme existe en Italie et il
est de fort bonne qualité. La preuve lu
mineuse en est dans dans ce premier
Congrès National des Femmes italiennes
que nous nous sommes senti le courage
de convoquer à Rome et dont la séance
d’inauguration aura lieu au Capitole. Le
Ministre de Grâce et de Justice a mis les
plus beaux locaux du nouveau Palais de
Justice à notre disposition pour y tenir
notre Congrès. Ceci dit simplement en
passant pour vous montrer les sympa
thies et la considération que notre Conseil
National des Femmes italiennes a su
. s’attirer dans ses sept années de vie.
Notre Congrès ne se trouve pas sous
le patronage de la duchesse italienne
Hélène d’Aoste, née d’Orléans. La du
chesse douairière d’Aoste, la princesse
Laetizia Bonaparte, en sa qualité de pré
sidente honoraire de la Fédération pié-
montaise, figure en tête de la circulaire
du Congrès, sans que celui-ci pour cela
soit placé sous son patronage. Les grands
noms des dames de la noblesse italienne,
que vous voyez sur notre circulaire, font
partie du Conseil National des Femmes
depuis ses origines, c’est-à-dire depuis
sept ans et n’ont pas été placés « comme
ornement » sur notre programme. Les
personnalités féminines qu’ils représen
tent sont des plus distinguées et l’intérêt
qu’elles portent à la question des femmes
est tout aussi grand que celui de leurs
sœurs aux noms plus modestes. Un des
traits caractéristiques de notre mouve
ment féministe italien réside justement
dans le fait qu’il s’est manifesté dans
toutes les classes de la société en même
temps et n’a pas pris ce caractère un peu
sectaire qu’il a dans d’autres pays.
La question du vote manque, en effet,
sur notre programme. Notre Conseil Na
tional ne s’est occupé jusqu’ici que du
vote administratif. Cependant nous avons
accordé une des après-midi de notre
Congrès à la Société « Pro Suffraggio
politico » qui tiendra dans notre local
une assemblée plénière.
En vous priant de vouloir bien publier
sur votre journal ces quelques lignes de
rectification, je vous prie de bien vouloir
agréer, Madame, l’expression de mes
sentiments très distingués.
Béatrice Melegari,
Secrétaire correspondante du Conseil
National des Femmes italiennes.
Sans vouloir éterniser une discussion
minuscule, je me permets de faire obser
ver à ma consœur en féminisme, Mme
Melegari, que la seule erreur de fait
commise par moi consista à confondre
la duchesse douairière d’Aoste (princesse
Bonaparte) avec la duchesse régnante
(princesse d’Orléans).
Le mot de Mlle Laszillotti fut donné
pour ce qu’il était — une boutade. Le
reste est affaire d’appréciation. L’esprit
qui me suggéra mon article sur le Con
grès italien était tout amical et bien
veillant.
Jeanne Deflou.
CHOSES D’ALGÉRIE
Une de nos correspondantes nous en
voie d’Algérie une longue lettre dans
laquelle elle se plaint, nqn sans raison,
de l’indifférence et de l’hostilité même
qu’elle rencontre parmi les femmes.
Elle avait recommandé à des institu
trices d’Alger la candidature de Mlle
Jauffret et de Mlle Chantagnat, adjointes
à Alger, aux élections du Conseil dépar
temental d’Alger. En réponse, elle a
reçq, d’une d’entre elles, une longue
épître expliquant ses raisons pour ne
pas voter pour elles. D’abord, elle ne
connaît pas les deux dames en ques
tion; ensuite, elle trouve que voter pour
de simples adjointes serait manquer
d’égards aux directrices et pourrait la
faire mal voir des chefs. Elle a reçu leur
programme, il est vrai, et sur beaucoup
de points elle est d’accord avec les can
didates, mais elle s’étonne de leur au
dace. « De simples institutrices envoyer
une profession de foi comme des dépu
tés en mal d’électours », cela ne s’était
jamais vu ! Elle recommande à ces « can
didates » de « rester femmes », de s’oc
cuper de la meilleure cuisine bourgeoise
ou de manier avec élégance, aux jours
de congé, le maillet et la raquette; enfin
d’inculquer de bons principes à leurs
frères, en attendant d’avoir des maris et
des fils.
Cette lettre a eu le don de désoler
notre chère correspondante (institutrice
elle-même) mais qui n’a pas encore eu
la longue expérience de nous autres,
vieilles féministes. Elle a tort. La men
talité de quelques femmes est due à
l’atavisme, à l’éducation première, aux
préjugés sucés avec le lait. Les femmes
rétrogrades ne sont pas toujours respon
sables, car il n’est pas donné à toutes
d’avoir la force de caractère pour s’af
franchir des erreurs qu’elles ont héri
tées de leur mère. Peu à peu, ces mou-
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