Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-11-29
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 novembre 1898 29 novembre 1898
Description : 1898/11/29 (Numéro 13691). 1898/11/29 (Numéro 13691).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
«•EMPS. 29 Novembre 1898.
gaation française. Des produits similaires ont, en 1897,
figuré pour une somme supérieure à un milliard de
francs dans le montant total des achats que nous
avons dû faire sur des places étrangères et l'Italie nous
les a fournis dans la proportion de 3.6 0/0. Il est à pré-
voir que cette part contributive de l'Italie dans les ap-
provisionnements que nous faisons venir du dehors
ira en augmentant a la faveur du nouveau régime
douanier que nous vous proposons de lui accorder.
Cela ne saurait manquer de se produire, notamment
pour les vins italiens. Mais on est en droit de penser
qu il n'y aura du fait de cette augmentation des ventes
italiennes en France, aucun dommage sérieux pour no-
tre production agricole ou industrielle.
Les prix normaux continueront à se maintenir sur les
marchés intérieurs et nous avons la conviction que, en
particulier, il en sera ainsi pour les vins, car, si la pro-
duction nationale a été mise, par le fait de l'arrange-
ment commercial avec l'Italie, en présence d'une con-
currence nouvelle, par contre, nous lui avons aussitôt,
à titre de mesure largement compensatrice, procuré un
relèvement du droit d'entrée sur le vin.
Le caractère du changement économique auquel on
peut s'attendre consistera, uniquement dans la substi-
tution plus ou moins large des marchandises italien-
nes aux produits que jusqu'à présent nous demandons
à des pays tiers.
Au surplus, la concession douanière que nous venons
,de faire à l'Italie çonstitue de notre part un acte pure-
ment unilatéral, et conséquent, en renonçant nous-mô-
mes aux avantages qu'il nous a procurés à titre de ré-
ciprocité, nous pourrions, à tout moment, revenir sur
cette mesure si, à l'encontre de ce que nous nous plai-
sons à croire, des considérations .quelconques nous le
-sommandaient.
Telles sont, messieurs, indiquées avec le développe-
ment qu'appelait l'importance de cette acte diplomati-
que, les origines, la portée et les conséquences proba-
bles de l'arrangement commercial que nous soumettons
à vos délibérations.
Nous espérons vous avoir démontré l'utilité pratique
de cet accord, et aux explications techniques fournies
plus haut dans ce but, il ne nous reste plus qu'à ajou-
ter la considération suivante, dontvous apprécierez cer-
tainement l'importance.
L'état de rupture économique, plus ou moins com-
plète, qui, jusqu'à ces derniers temps, a existé entre
les deux pays, avait, peu à peu, amené le commerçant
français et le commerçant italien à considérer comme
inutiles et presque nécessairement stériles les efforts
qu'ils feraient pour le développement de leurs transac-
tions sur leurs marchés respectifs.
On abandonnait de plus en plus, dans les deux pays,
même lorsque les conditions tarifaires ou autres eus-
sent donné chance de succès à une entreprise commer-
ciale, la pensée d'aller la tenter d'Italie en France ou de
France en Italie. C'est ainsi que des fabricants français
ont laissé la place libre sur les marchés de la péninsule
· à des concurrents de diverses nationalités tierces, pour
la vente de nombre d'articles qu'ils auraient pu, cepen-
dant, importer eux aussi en Italie.
L'effet moral produit par l'arrangement que nous
vous présentons ne peut que dissiper ce malentendu
commercial, stimuler le désir réciproque de nouer des
relations d'affaires et contribuer ainsi à la renaissance
de traditions si longtemps en vigueur entre les deux
pays.
NOUVELLES DE L'STRASGER
Alsace-Lorraine
Le conseil municipal de Mulhouse, sur la proposi-
tion du député socialiste Bueb, a discuté un projet
d'emprunt de 2 millions pour la construction de cités
ouvrières. La majorité du conseil a reconnu la né-
cessité de construire de nouveaux logements ou-
vriers. Une commission a été charg-ée de faire un
rapport sur la construction par la ville ou par une
société privée.
Allemagne
Hier a eu lieu une nouvelle série d'expulsions du
nord du Slesvig. Parmi les expulsés, il y a une di-
zaine de domestiques danois, un Suédois et une fa-
mille ouvriers suédoise.
La Gazette de Voss publie plusieurs lettres de mai-
sons de commerce de Copenhague qui retirent des
commandes faites à des industriels allemands, à
eause des expulsions de sujets danois du Slesvig.
On télégraphie de Berlin à la Tampa de Turin
que vingt-quatre Italiens travaillant à la construc-
tion d'un tunnel près de Worms, viennent d'être
arrêtés sous inculpation de propagande anarchiste.
Il n'est bruit à Berlin que d'une affaire de lèse-
majesté où l'accusé est, cette fois, un étranger de
distinction.
Dans un des grands restaurants du centre, un
monsieur dînait avec une dame. Leur conversation,
qui avait pour objet la personne de l'empereur Guil-
laume, pouvait être entendue à la table voisine, car
le principal interlocuteur, un peu lancé, parlait à
voix très haute.
Il ne s'exprimait pas de la façon la plus aimable
sur l'empereur; un de leurs voisins de table, au lieu
d'intervenir discrètement, crut devoir agir en fidèle
sujet en allant quérir un agent de police. Il désigna
le dîneur comme étant l'auteur de propos injurieux
pour l'empereur; l'agent arrêta l'étranger et le con-
duisit au commissariat. Là, on constata que c'était
un grand industriel américain, M. Knaak Frank, le
même qui utilisa, le premier, les chutes du Niagara
comme force motrice pour les besoins de l'industrie.
Sur les témoignages du dénonciateur et de ses ca-_
marades, l'Américain fut envoyé en prison. Le con
sul des Etats-Unis, prévenu par Mme Knaak Frank'
a réclamé la mise en liberté de son compatriote, mais
il est peu probable que le parquet donne suite à cette
demande.
Autriche-Hongrie
Dans la séance de la commission centrale pour
l'Exposition de 1900, M. Dipauli, ministre du com-
merce, a insisté avec grand plaisir sur les relations
amicales qui existent entre l'Autriche-Hongrie et
les autorités françaises chargées de l'Exposition,
ainsi que sur l'appui énergique que M. de Golu-
chowski, ministre des affaires étrangères, a prêté à
l'ambassade austro-hongroise à Pans. Il a annoncé
que le gouvernement songeait à une augmentation
des crédits telle que l'exige la participation de l'Au-
triche.
A La princesse Louise de Cobourg, fille du roi des
Belges, qui se trouvait depuis plusieurs mois dans
la maison de santé du professeur Obersteiner, à
Oberdœbling, près Vienne, en est sortie hier pour
terminer sa cure au sanatorium du docteur Rudin-
ger, à Pukersdorf, près Vienne.
Angleterre
On se donne en Angleterre beaucoup de peine
pour le « repos du dimanche ». Le conseu du comté
de Londres, après de pénibles délibérations, vient
de supprimer les grands concerts dominicaux qui
attiraient des foules à Queen's hall.
Là-dessus, plusieurs journaux rabrouent verte-
ment le conseil du comté. Les autres font remar-
quer avec raison qu'il n'a point, d'un coup, suppri-
mé les concerts du dimanche, mais qu'il leur im-
pose seulement uno condition ne pas se tourner en
industrie ne faire payer au public que le prix de
1 orchestre et de la salle. Comme les entrepreneurs
refusent, on leur refuse aussi la patente nécessaire.
C'est donc un petit duel qui commence, et auquel
s'intéressent passionnément des milliers de gens à
Londres.
Une dépêche de Malte au Standard annonce
qu'une collision s'est produite entre les torpilleurs
25 et 90. Les deux bateaux ont été gravement en-
dommagés. Un marin de l'équipage du 90 a été
tué.
Le paquebot German, de l'Union Steamship Com-
fany, qui partait pour le Cap, a été forcé de rentrer
Southampton après une collision avec le Saver-
nalce de Swansea. Les hommes du 3° bataillon du
régiment des Indes occidentales, qu'emmenait le
German à Sainte-Hélène, ont dû débarquer, et les
deux navires ont subi de graves avaries.
Belgique
On nous écrit de Bruxelles, 27 novembre
L'audience demandée par les députés mineurs au mi-
nistre du travail a été accordée, mais a abouti à une
fin de non-recevoir. A M. Maroille, qui demandait l'in-
tervention ministérielle officieuse auprès des patrons
récalcitrants à l'institution des conseils d'arbitrage
proposés par le congrès de Frameries, M. Nyssens a
répondu que cette intervention serait illégale. Malgré
tout son bon vouloir en faveur, de la paix entre le capi-
tal et le travail, le ministre doit s'en tenir à faire res-
pecter les institutions consacrées par la loi, sans cher-
cher à en créer de nouvelles à côté. Les conseils de
l'industrie et du travail ont été créés par la loi, c'est à
eux qu'il faut soumettre les litiges naissants ou à naî-
tre en matière de salaires. Inutile d'établir de nouveaux
organismes. Cette opinion émise, le ministre du tra-
vail y a persisté malgré les représentations faites avec
insistance par MM. Maroille, Cavrot, Monsart et Calle-
waert.
Malgré cet insuccès, les socialistes n'abandonnent pas
la lutte. D ici à peu de temps, il est probable que des
chômages éclateront dans nos bassins industriels. On
en signale un précisément au charbonnage de Cour-
celles, qui porte sur un trait de 1,200 ouvriers. Mais
d'ici à la Sainte-Barbe, fête traditionnelle des mineurs
il ne faut pas parler de mouvement sérieux, dans le
Bormage surtout. Le houilleur de ce pays veut fêter sa
•patronne et il travaille d'arrache-pied pour se faire de
belles journées et ramasser un petit pécule qui lui per-
mette de faire bonne figure. Aussi, dans tout le bassin,
1 activité règne fiévreusement et les patrons ne s'en
plaignent pas. Bien que la production soit plus forte
de beaucoup que la normale, les demandes de combus-
ables sont tout aussi pressantes et les stocks ne s'ac-
cumulent pas sur les carrés des fosses. Il ne faut donc
pas parler de chômage avant la Sainfe-Barbê I
Après, peut-être bien.
Le Cercle artistique et littéraire de Nâmur vient
fie constituer un comité ayant pouf mission de pren-
«ré les mesures initiales, qui auront pour objet l'é-
tection, à Namur, d'un monument à la mémoire de
Féhcien Rops, le célèbre dessinateur et aquafortiste i
oécédé a Paris en août dernier.
Ç^iïcîen Rops est originaire de Namur; il avait
aabité longtemps cette ville où il a été l'initiateur du 1
Cercle artistique et littéraire. v j
Italie
3
Les journaux racontent ainsi qu'il suit comment
les condamnés pour les troubles de Milan occupent
leurs loisirs de prisonniers. Ils passent la journée
tous ensemble, dans une chambre immense do la
prison de Finalborgo. Dom Albertario, après avoir
3 dit sa messe, écrit ses mémoires M. Chiesi, l'édi-
teur de Yltalia del Popolo, travaille à son roman
t le Corps de ballet, qu'on dit aussi piquant que peu
r politique l'avocat Federici se plonge dans l'étude
et se procure tous les livres qu'il veut enfin le
peîBtre Lazzari fait le portrait de tous ses compa-
gnons de captivité, celui de dom Albertario de gran-
3 deur naturelle, ce qui n'est pas peu dire, car ce prÔ»
i tre est d'une stature tellement exceptionnelle qu'en
fournissant aux prisonniers des vêtements divers,
l'administration a dû faire confectionner pour lui un
uniforme hors des mesures réglementaires.
{ Saint-Siège
Le cardinal Oreglia vient de tomber gravement
l malade. Il est atteint d'une pneumonie qui inspire
de grandes inquiétudes, parce que le malade semble
à bout de forces.
Comme camerlingue, comme doyen du Sacré-Col-
lège, deux charges qui se trouvent rarement réu-
nies sur la même tête, le cardinal Oreglia jouera
dans le prochain conclave un rôle prépondérant,
[ parce qu'il en aura la haute direction. Il fui, au der-
nier conclave, l'adversaire acharné de Léon XIII.
Depuis trois ans seulement, il a fait amende hono-
[ rable.
Espace
L'assemblée des chambres de commerce a termi-
né le message adressé à la régente. Une délégation
ira présenter à la reine ce document, où les cham-
bres protestent de leur loyalisme et ajoutent que
l'unité nationale exige un bon gouvernement.
Des dépêches des établissements espagnols de la
côte africaine du Rio-de-Oro signalent une attaque
de la factorerie espagnole par des Maures pillards.
Le vol était l'unique objet de cette agression. Les
pillards ont été repousses.
Portugal
L'Association des industries du coton d'Oporto a
adressé hier à M. Leyds, ministre du Transvaal en
Europe, le télégramme suivant
L'Association des industries cotonnières d'Oporto
salue Votre Excellence comme représentant de la répu-
blique du Transvaal et fait des vœux sincères pour
que le monde entier, condamnant les manœuvres am-
bitieuses et sïnspirant des sentiments d'une justice
désintéressée, reconnaisse les droits incontestables à
la souveraineté et à l'indépendance des deux pays du
Transvaal et du Portugal.
L'association pria Votre Excellence de transmettre
ses sentiments au noble président du Transvaal.
Roumanie
Hier, a eu lieu, à Bucarest, l'ouverture de la ses-
sion ordinaire du Parlement. Le message royal, lu
à la séance d'ouverture, constate que la récoite sa-
tisfaisante cette année permettra d'envisager sans
soucis l'avenir, d'autant plus que le maintien de la
paix continue à être la préoccupation de tous les
gouvernements.
Le message continue en-ces termes
Je constate avec fierté que, dans cette situation, la
Roumanie est entourée de sympathies générales et
que nos relations avec tous les Etats sont des plus
cordiales.
A l'occasion de la visite que j'ai faite à l'empereur de
Russie, Sa Majesté m'a donné de nombreuses preuves
de véritable amitié.
L'accueil qui m'a été fait a été aussi sympathique
que brillant, et dans tout mon voyage à travers la
Russie, j'ai vu avec une satisfaction particulière que
le souvenir de la confraternité d'armes consacrée sur
les champs de la Bulgarie est resté intact.
Au cours de cette année, j'ai été aussi à Vienne pour
remplir un douloureux devoir, en assistant aux funé-
railles de l'impératrice Elisabeth et en exprimant per-
sonnellement à Sa Majesté François-Joseph la vive
part que j'ai prise conjointement avec mon pays au
grand malheur dont il fut frappé et qui réveilla partout
les plus chaleureuses sympathies pour la défunte im-
pératrice.
Le terrible crime de Genève a poussé le gouverne-
ment italien à prendre l'initiative d'une conférence,
dans le but d'établir une entente pour défendre les
Etats contre les manœuvres anarchistes. Mon gouver-
nement a décidé de prendre part à cette réunion inter-
nationale. La Roumanie a été aussi invitée et va parti-
ciper à une autre conférence due à la généreuse ini-
tiative de Sa Majesté l'empereur Nicolas II, et qui pour-
suivra le noble et élevé but d'assurer aux peuples une
longue ère de paix.
Le principal objet de la session actuelle sera la dis-
cussion des projets restés de la session précédente et
1 examen du budget général.
L'année budgétaire en cours présente une situation
normale, car elle se soldera avec un excédent.
L'expiration prochaine de nos traités commerciaux
impose le devoir de prendre des mesures pour se ren-
dre compte de nos besoins économiques et commer-
ciaux. La loi sur l'enseignement secondaire et supé-
rieur, votée dans la session précédente, sera complétée
par une loi sur l'enseignement professionnel,
Après avoir exprimé l'espoir que le Parlement
donnera comme toujours sa sollicitude au déve-
loppement de l'armée, le message se termine ainsi
La nation a entrepris un travail infatigable conduit
avec beaucoup d'intelligence et couronné de grands
succès, mais chaque année élargit notre cercle d'acti-
vité et la collaboration de tous est nécessaire pour l'é-
lévation et la consolidation de lapatrie. Je souhaite que
vos travaux, que Dieu puisse bénir, soient féconds.
Turquie
Après des négociations qui ont duré quinze jours,
un iradé impérial, qui vient d'être publié, accorde
enfin à la nouvelle et première canonnière-école bul-
gare Nadejda, construite à Bordeaux, l'autorisation
de traverser les Dardanelles.
M. Markof, agent diplomatique bulgare, avait in-
formé la Porte qu'au cas où l'autorisation demandée
ne serait pas accordée, la canonnière traverserait
néanmoins les Dardanelles, et qu'elle laisserait toute
responsabilité à la Porte dans le cas où les forts des
Dardanelles s'y opposeraient.
Arabie
Une fort intéressante expédition se prépare en vue
d'explorer le pays d'Hadramaout, l'ancien royaume
de la reine de Saba, d'où l'on tiraitautrefois l'encens.
Le comte de Landberg, ancien consul général de
Suède et de Norvège, se trouve actuellement au
Caire, où il organise une expédition austro-sué-
doise pour l'exploration de cette partie de l'Arabie.
Les frais sont supportés par l'Académie impériale
des sciences de Vienne.
Les autres membres de l'expédition sont M. J.-H.
Muller, professeur de langues sémitiques et membre
de l'Académie impériale des sciences de Vienne, le
professeur Simony et le docteur Paulay, chargé
des recherches botaniques, le docteur Cossmatt,
chargé do la partie astronomique et géologique, M.
John, professeur de langue mahra, et M. Bury, le
secrétaire du comte Landberg, qui est chargé du re-
levé topographique de l'expédition. g
Ces messieurs se sont embarqués ces jours der-
niers à Suez sur un vapeur du Lloyd autrichien, qui
les transportera à Aden. Après un court séjour dans
cette ville, un navire suédois les conduira àBir-Âly,
place située sur la côte de l'océan Indien, à environ
vingt-quatre heures d'Aden et où l'expédition dé-
barquera. Il faudra environ six mois pour explorer
le pays. Les bagages se composent d'environ cent
colis. Par suite de l'aridité extraordinaire de la con-
trée, les explorateurs doivent prendre avec eux une
énorme quantité d'eau. Une centaine de chameaux
seront nécessaires.
Indes anglaises
Le prêtre fanatique musulman connu sous le nom
du « Fakir fou » et qui a été le principal instigateur r
de la révolte des Afridis, vient de traverser le fleuve
Swat. Un combat a eu lieu. Le major Deane, agent
politique anglais pour les districts de Dir et de
Swat, confère en ce moment avec le général Reyd,
commandant les forces de Malakhan pour les mesu-
res à prendre contre cette invasion.
Chine
L'officieux Standard, confirmant une dépêche Ha-
vas de Shanghai, déclare que, bien que la nouvelle
'de l'occupation des îles Chou-San ne soitpasexacte,
il est bien entendu que l'Angleterre a un droit de
préemption sur cette ile et qu'elle fera valoir ce
droit si une autre puissance essaye de se l'an-
nexer.
On annonce que les navires do guerre anglais au-
tour des îles Chou-San étaient occupés à baliser et
à faire des sondages, ce qui donna naissance au
bruit d'une occupation.
Unelonguedépêche anglaise de Pékininsiste avec
intention sur les raisons qui promettent un hiver
pacifique en Chine, puis sur les difficultés qu'éprou-
vent les demandeurs de concessions à Pékin. La cu-
rée continuera donc. Deux points inquiètent le cor-
respondant de l'agence Reuter l'un pour le présent,
c'est Niou-Tchouang; l'autre, pour un avenir pro-
chain, c'est l'achèvement du Transsibérien. •
Suivant un contrat préliminaire passé entre un
concessionnaire anglais et le sous-commissaire des
mines du Sé-Tchouen, le concessionnaire acquiert le
droit d'exploiter dans le Sé-Tchouen toutes les mines
non encore ouvertes. Le gouvernement chinois per-
cevra 5 0/0 sur les charbons, les fers et le pétrole.
Les contrats définitifs doivent être signés d'ici sept
mois.
Le retrait des troupes du Kouang-Su est mainte-
nant effectué complètement et il fait disparaître la
dernière cause de conflit international. p
Le fleuve sera bientôt fermé par l'hiver et Pékin
ne pourra plus communiquer avec le reste du monde
que par le télégraphe.
Ce qui se passe au palais n'est que mystère. L'em-
përéur est toujours en vie mais il est mort au point
de vue politique. Plusieurs fils de princes, prêts à
prendre la succession au moment de sa mort, quit-
tent maintenant le palais; on ignore lequel sera
choisi.
Les Mandchous Yung Lu et Kang Yi sont tout-
puissants, mais on dit que l'accord ne règne pas
«ntre eux. On dit aussi aué le commandant des |
troupes du Kouang-Su a une grande influence sur
l'impératrice douairière; il reste à Pékin, c'est-à-dire
à une centaine de milles de ses troupes.
Le président de l'administration a offert à un An-
glais le poste de conseiller des mines avec de faibles
appointements.
Les autorités chinoises insistent auprès âes mi-
nistres étrangers pour qu'ils renvoient les détache-
ments de troupes qu'ils ont fait venir à Pékin elles
font remarquer que rien ne justifie leur présence,
puisque des troubles ne sont pas à craindre; mais il
est peu probable qu'on accède à leur demande.
Egypte
Une dépêche dû Caire au Daily Mail annonce que
lord Kitchener ne succédera pas à sir Francis Gren-
fell comme commandant en chef des troupes bri-
tanniques en Egypte.
Lord Kitchener restera à Khartoum pendant quel-
ques mois, de façon à pouvoir organiser l'adminis-
tration du Soudan.
La tempête
Dans le centre de l'Europe méridionale sévit une
tempête dont nous avons déjà parlé et qui a Causé
de nombreux dégâts. ̃*̃
A Gênes, 200 mètres de muraille et le phare* qui
est à l'extrémité du môle Galliéra ont été détruits.
La circulation des trains entre Deux-Rivières, et
Gênes a été interrompue.
A Lugano, une violente tempête a sévi sur le lac.
Deux bateaux à vapeur amarrés dans le port, YElve-
zia et le Milano, ont été projetés contre-la rive. VEl-
• vezia a sombré en quelques minutes. QuatEe pom-
pes fonctionnent sur le ililano ppur l'empêcher ,de
couler.
Une douzaine de petits bateaux, amarrés près des
rives, ont été détruits.
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
LE personnel CIVIL DES établissements mtli-
I taires. Le Journal officiel publie un décret por-
tant modification de la situation du personnel civil
d'exploitation des établissements militaires.
Le décret antérieur du 26 février 1897 désavanta-
geait ceux des ouvriers que leur âge mettait dans
l'impossibilité de se constituer une retraite, et qui
néanmoins étaient assujettis aux rigueurs de la li-
mite d'âge. De légitimes revendications avaient été
présentées à ce sujet à la Chambre lors de la dis-
cussion du budget de 1898, et récemment au minis-
tre par les délégués des personnels intéressés.
Le nouveau décret porte que la limite d'âge de
65 ans ne sera appliquée qu'aux ouvriers embauchés
après le 1er mars 1897 et à ceux qui, ayant quinze
années au moins de services tant civils que militai-
res, auront acquis des droits à une pension de re-
traite proportionnelle.
Les autres seront maintenus jusqu'à ce qu'ils
remplissent cette dernière condition ou que leur in-
validité rende leur maintien impossible, auquel cas
il leur sera alloué un secours viager, à condition
toutefois qu'ils aient au moins cinq années de ser-
vices dans les établissements de l'Etat.
Le complément delà pension ou le secours viager
seront calculés de manière à tenir compte du nom-
bre d'années ayant donné lieu à des versements à
la caisse des retraites.
Le minimum normal de la pension, après trente
années de versements, sera de 500 francs.
En outre, le ministre annonce qu'il fait étudier
actuellement les questions du commissionnement,
des soins médicaux, des indemnités en cas de ma-
ladies ou d'accidents résultant du travail, et du re-
lèvement du minimum des retraites.
LA DÉFENSE DES côtes. A la suite de l'incorpo-
ration du contingent affecté aux troupes de la ma-
rine, le quatrième bataillon du 64° régiment d'infan-
terie (Ancenis), du 65e (Nantes), du 116e (Vannes) et
du 137e (Fontenay-le-Comte), qui ont été envoyés
dernièrement dans les forts et batteries de côtes,
seront remis à la disposition de la guerre à une date
prochaine.
Ils seront remplacés par les 1,600 jeunes soldats
qui ont été incorporés exprès dans ce but.
Quant aux batteries d'artillerie à pied qui ont dû
être envoyées sur les côtes, leur remplacement sera
plus long; toutefois quelques-unes rentreront pro-
chainement à leurs bataillons.
Là où des renforts immédiats n'avaient pas sem-
blé nécessaires pour la défense du littoral, on a pris
des mesures pour parer à toute éventualité il a été
préparé toute une mobilisation complémentaire.
Au 1er et au 2" corps d'armée notamment, des ba-
taillons sont désignés pour se rendre, au premier
signal à Boulogne, à Calais et à Dunkerque. Outre
l'infanterie, des batteries d'artillerie et des compa-
gnies du génie iraient immédiatement renforcer ces
places et les ouvrages qui y sont rattachés.
LES CHAMPS DE tir. On s'occupe depuis quelque
temps, au ministère de la guerre, de l'étude des pro-
jets qui ont été envoyés par plusieurs commandants
de corps d'armée pour 1 installation de champs de
tir à grande portée, permettant à une brigade de
faire des manœuvres avec tir réel.
Contrairement à l'Allemagne, qui a dépensé de-
puis quelques années une centaine de millions pour
la .création de semblables terrains, les crédits alloués
actuellement en France pour cet objet n'ont permis
de faire qu'un bien petit nombre d'installations.
Celles du camp de Chalons, de la Valbonne et du
Ruchard sont à peu près les seules suffisantes. Pour
que les troupes puissent toutes, comme en Allema-
gne et en Russie, se relayer aux tirs de combat en-
tre le printemps et latin de l'été, il faudrait plusieurs
autres terrains, qui sont demandés surtout dans le
Centre, l'Ouest et le Midi.
M. de Freycmet se prépare, dit-on, à poser cette
question au prochain budget.
MARINE
On annonce que le contre-amiral Caillard, récem-
ment promu, va être nommé au commandement de
la division en disponibilité armée, en cours de for-
mation à Toulon.
RECONNAISSANCE hydrographique DES cotes DE
Madagascar. Une mission hydrographique sera
envoyée au printemps prochain pour opérer des re-
connaissances sur les côtes de Madagascar. Cette
mission composée des ingénieurs hydrographes
Driencourt et Leinekugel, auxquels un dessina-
teur civil sera adjoint, s'embarquera à Rochefort,
sur l'aviso-transport Rançe qui armera dans ce
Lut le 1er février.
L'ARMEMENT DES GUETTEURS DES sémaphores. On
sait qu'une loi militarisa, il y a bientôt deux ans, le
personnel des électro-sémaphores le motif de cette
mesure était que les guetteurs devaient être en état
de défendre leurs postes contre toute attaque enne-
mie et qu'ils ne pouvaient le faire, étant civils, parce
que, pris par l'ennemi les armes à la main, ils n'eus-
sent pas été faits prisonniers, mais simplementpas-
sés par les armes. On leur donna donc l'état mili-
taire, mais on ne leur avait pas encore remis des
armes. La question vient d'être réglée et le ministre
a arrêté les dispositions nécessaires à leur équipe-
ment et à leur armement. q P
Chaque guetteur titulaire recevra un revolver du
modèle 1882 avec un étui muni d'une banderole et
d'une ceinture en cuir fauve. Chaque guettpisr anixi-
liaire sera doté d'un fusil (modèle 1878 ou 1884) avec
iretelle, d'une épée-baïonnette avec sabre, d'un cein-
turon avec poches à cartouches.
Les munitions, qui seront calculées h raison de
50 cartouches par revolver et de 78 cartouches par
fusil, seront déposées, ainsi que les armes, des le
temps de paix, dans chaque poste, a l'exception de
l'armement destiné aux sémaphores, dont l'ouver-
ture n'est prévue qu'en temps de guerre.
Enfin, chaque poste recevra deux musettes de
troupes, pour assurer, en cas de l'abandon forcé du
sémaphore, le transport des documents confiden-
tiels.
Essais interrompus. Le contre-torpilleur Svnois a
appareillé samedi pour procéder à ses essais officiels à
la puissance maxima au tirage forcé ces essais n'ont
pas réussi par suite d'une aération et d'une ventilation
insuffisantes. Le Dunois a profité de cette sortie pour
faire des essaisd'embrayage, de débrayage et de mouil-
lage, qui ont donné de bons résultats.
Avant d'entreprendre de nouveaux essais, le fournis-
seur demande que des modifications soient apportées à
la ventilation.
e&
L'AFFAIRE DREYFUS
Une dépêche de Dreyfus à sa femme
Nous avons dit que Mme Lucie Dreyfus avait été
autorisée par le gouvernement à télégraphier à son
mari, après que la chambre criminelle de la Cour de
cassation eut elle-même décidé que, par les voies
les plus rapides, son arrêt sur la recevabilité de la
demande en revision et le réquisitoire du procureur
général Manau seraient portés à la connaissance de
Dreyfus.
Mme Lucie Dreyfus a reçu hier de son mari, par
l'entremise du ministère dos colonies, la dépêche
suivante
Je me réjouis avec vous tous; santé bonne au moral
et au physique.
Une lettre de M. Monod
Le Siècle a reçu de M. Gabriel Monod la lettre
suivante, qu'il publie ce matin
Paris, 27 novembre.
Monsieur le directeur,
Certes, je proteste avec énergie contre les poursuites
dirigées contre l'admirable lieutenant-colonel Piequapt,
coupable d'avoir découvert le premier l'innocence de
Dreyfus et la culpabilité d'Esterhazy, poursuites entre-
prises au moment où les faux de Henry et les premiers
débats de la Cour de cassation ont rendu évidente la
nécessité de reviser le déplorable procès de 18M-. Mais
je proteste également avec énergie contre la dange-
reuse violence avec laquelle certains journalistes pro-
filent âes erreurs, et des actes criminels ds «aeléues
officiers pour déverser l'outrage sur tous les membres
du gouvernement, sur tous les chefs de l'armée, sur
tous les juges dès conseils de guerre. Je proteste aussi
contre le langage tenu dans les meetings révolution
naires où, sous prétexte de défendre deux victimes
innocentes, on soulève les passions populaires con-
tre nos institutions militaires elles-mêmes, contre l'ar-
mée, qui est la sauvegarde de notre sécurité à l'exté-
rieur, et dont l'existence empêclie seule en ce mo-
ment les Français, affolés par treize mois de polémi-
ques effrénées, de se précipiter les uns sur les autres
pour s'entre-déchirer. Ces violences provoquent dans
beaucoup d'âmes généreuses et patriotes des senti-
ments de révolte qui les rendent aveugles à la vérité -et
sourdes aux cris de la justice outragée. Si le capitaine
Dreyfus et le colonel Picquart pouvaient lire ce que
disent et écrivent quelques-uns de leurs défenseurs, ils
seraient les premiers à protester avec indignation. Je
crois être l'interprète de l'immense majorité de ceux
qui ont reconmi l'innocence de Dreyfus et de ses pro-
pres sentiments, en suppliant tous les amis de la vé-
rité, de la justice et du droit, de laisser à la presse clé-
ricale et nationaliste le triste monopôle de violences
épileptiques qui dépravent l'esprit public èt conduisent
la France à l'anarchie.
Veuillez -agréer, etc.
GABRIEL MONOb,
ïnenibre de l'Institut.
Les protestations contre le procès du
colonel Picquart
Les journaux V Aurore, le Siècle, le Rappel, le Ra-
dical continuent à recueillir les signatures de ceux
qui protestent contre le procès m'tenté au colonel
1 Piccruart. Ces signatures occupent quinze colonnes
de 1 Aurore. Nous signalons parmi les signataires
MM. iVlichel Brèal, membre de l'Institut Edmond
•' ;Rostand, auteur dramatique; SchetiTer-Kestner, îr^na-
teur Henri Weil, membre de l'Institut M. Brillouin,
..maître de conférences à l'Ecole normale supérieure
Matruchot, professeur à l'université de Rennes Cou-
turat, chargé de cours à l'université de Caen; Nyegard,
• pasteur à Nancy Abelous, professeur à l'université de
Toulouse Petit-iHitaillis, chargé de cours à la faculté
de Lille; Camichel, maître de conférences à la faculté
des sciences de Lille Lamiling, Pade, Jouquet, Dau-
tnemer, professeurs à lafacuïté de Lille Debierre,profes-
seur à la faculté de médecine de Lille; Ciiabaneau,conres-
pondant de l'Institut; Mme Sarah Bernhardt;Bertrand de
Fontviolaiït, ingénieur, professeur à l'Ecole centrale; AI-
bertWalil, professeur à la faculté de droit àl'universitë de
Lille; Mme Liegel, externe 'des hôpitaux.; docteur Vau-
caire Léon Sentupère, ancien chef de cabinet au mi-
nistère delà justice; Julien Dupré, peintre Massebiau,
professeur honoraire, à la faculté de théologie protes-
tante de Paris Edouard Chavannes, professeur au Col-
lège de France; Emile BareL maître de conférences à
l'Ecole normale supérieure; Pierre Delbet, professeur
agrégé à la Faculté demédecine; Porel, directeur des théâ-
tres du Vaudeville et du Gymnase Alfred Roll, peintre;
Emile Trélat, ancien député Henri Sée, professeur à
l'université de Rennes; Charles Risler, maire du 7e ar-
rondissement F. Pillon; directeur de l'Année philoso-
phique P. Grenier, artiste; Jules Dalou, sculpteur;
Henri Amie, auteur dramatique; Edouard Baudoin,
professeur à l'université de Grenoble; Gaston Des-
champs Mlle Salomon, directrice du collège Sévigné
J. Philipp, compositeur de musique; Georges Charlot,
artiste graveur; H. Wolf, capitaine en retraite; Auguste
Béai, maître de conférences à la Faculté des sciences de
Paris; Emile Berteaux, professeur à l'Association philo-
"techniqiie docteur Roux, de l'Académie demédecine; J.
Marx; Emile Vernier, sculpteur-ciseleur; P.Weber, artiste
peintre; Arthur Fontaine, ingénieur des mines; Geor-
ges Cattelain, artiste graveur; Pierre Jouguet, maître
de conférences à la Faculté de Lille; docteur A. Blatin,
professeur à l'école de médecine de Clermont-Ferrand,
ancien député Léon Rosenthal, professeur agrégé de
l'université Ch. Mention, ancien député, membre du
conseil général du Nord; J.-E. Abelous, professeur à
l'Université de Toulouse; P. Ûaliou, inspecteur des
forêts en retraite Gaston Munier membre de
l'Institut français au Caire; Ernest Langlois, pro-
fesseur à la faculté des lettres de Lille Gustave
Rodrigues professeur agrégé de l'université de
Laon; Alfred Bruneau compositeur de musique;
de Porto-Riche; Albert Clemenceau; Mme Réjane; Paul
Clemenceau, ingénieur; A. Millérand, Viviani, G. Roua-
net, députés Paul Girard, maître de conférences à
l'Ecole normale supérieure docteur Horace Stapfer;
Bonnet, Bougie, Merlin, Millot, Bourguet, professeurs
à l'université ou au lycée de Montpellier; Chabaneau,
correspondant de l'Institut L. Coune, maître de confé-
rences à l'université de Nancy; Fochier, professeur à
la faculté de médecine de Lyon; Jean Monod, doyen
honoraire; Hamelin, chargé de cours à l'université de
Bordeaux; Mme veuve Félix Pécaut; Wahl, président
de la Société de réintégration des Alsaciens-Lorrains,
etc., etc.
LiL VIE A LA CAMPAGNE
LES CHAMPS ET LES BÊTES
Activité dévorante d'un sénateur. Réflexions sur mes
semailles. Ignorance et routine. Les engrais
chers et les engrais à bon marché. Les engrais
azotés et les engrais phosphatés. Promesse tenue
« La recette du lièvre à la royale o.
Quand on est sénateur, que l'on dirige, à
400 kilomètres de Paris, une exploitation agri-
cole et que l'on tient à surveiller'en personne les
opérations les plus importantes, telles que, par
exemple, les semailles d'automne, on ne peut
guère, je vous. assure, garderies deux pieds dans
le même sabot. Je puis en parler savamment.
Depuis le 25 octobre, jour de la rentrée du Par-
lement, jusqu'au 20 novembre, je n'ai pas cessé
de faire la navette entre Paris et le Poitou. C'est
que, dans le système de culture auquel je me
suis arrêté, les semailles des blés d'automne
sont de beaucoup l'opération la plus importante,
celle dont dépend la moitié au moins du revenu
net de la ferme. Mon assolement, combiné d'a-
près la rotation raisonnée des récoltes qui se
succèdent dans ma culture, se compose de 16
soles, dont quatre soit le quart de la propriété
sont occupées par du froment d'automne.
Chacune de ces quatre soles, d'après la récolte
qui a précédé et celle qui doit suivre d'après
aussi la nature du sol exige des mélanges,
d'engrais très différents. Or, du premier au der-
nier, mes serviteurs n'en ayant pas la moindre
notion, je suis obligé, afin de prévenir des bé-
vues dont l'effet pourrait être désastreux, de
m'absenter le moins possible pendant toute la
période si critique des semailles. Cette année,
par suite de4a sécheresse qui a si considérable-
ment retardé les travaux préparatoires, j'ai
semé mon premier grain de blé le 28 octobre. Il
est vrai que le temps a été depuis aussi propice
que je pouvais le souhaiter, de sorte que, le ter-
rain étant absolument prêt, j'ai pu tout termi-
ner en vingt jours et dans des conditions abso-
lumentparfaites. Mais, durant ces vingt jours,
ma présence a été presque indispensable" etvoilà
pourquoi, depuis la rentrée du Sénat, entre cha-
que séance, j'ai couru à ma ferme. Je vous
avouerai même entre "nous n'en dites rien à
mes électeurs qu'il m'est arrivé quelquefois
deprolonger là-bas mon séjour, lorsque la ques-
tion soumise aux délibérations du Sénat n'était
pas de ma -compétence et ne me paraissait pas
d'un intérêt bien palpitant.
Enfin, depuis huit jours, mes semailles sont
terminées. J'ai donné à mon blé bon gîte et le
reste.; je n'ai plus qu'à lui souhaiter une tempé-
rature favorable, n'ayant aucun moyen d'inter-
venir de façon efficace jusqu'au moment des bi-
nages et hersages; En attendant, il faudra pré-
parer les labours pour les ensemencements si
variés du printemps. Mais la besogne est désor-
mais très simple J'ai donc bouclé mes malles,
et me voilà définitivement installé jusqu'aux
vacances ûe Noël à Paris, pour m'y consacrer
tout à la fois à rexarcice de mon mandat légis-
latif et à mes souvenirs et réflexions sur la vie
des champs.
J'ai parlé plus haut de l'ignorance absolue de
mon personnel en ce qui concerne les divers
engrais minéraux ou chimiques connus sous le
nom d'engrais de commerce. S'il ne s'agissait
que de mon personnel, le mal ne serait pas
grand, car je serais là pour y remédier. Mal-
heureusement, cette ignorance est partagée par
les neuf dixièmes des cultivateurs de la région
et je suis indulgent. Bien que, depuis plus de
quarante années, on emploie chez nous, plus ou
moins abondamment, des engrais de commerce,
on ne fait, à de très faibles exceptions, aucune
différence entre ces engrais, au point de vue de
leur pouvoir fertilisant, c'est-à-dire de leur com-
position en azote, acide phosphorique ou po-
tasse. C'est de l'engrais, cet engrais est en sac,
il pèse 100 kilos, cela suffit. Quant à se préoccu-
per si cet engrais contient de l'azote, du phos-
phore ou de la potasse, on n'en a cure, et l'on se
détermine uniquement par le prix de la mar-
chandise, en donnant, bien entendu, toujours
la préférence à celle qui se vend le meilleur
marché.
Au cours des dernières semailles, je causais
un jour avec un voisin qui, parlant de ses tra-
vaux de culture, me dit
Je n'avais pas assez de fumier pour toutes
les terres que je voulais ensemencer. J'ai alors
diminué la dose ordinaire de fumier et j'ai
complété avec des engrais de commerce de
cettefaçon ça marchera tout de même.
Ça marchera même beaucoup mieux, ré-
pondis-je, si vous avez employé en quantité
suffisante les engrais complémentaires qui con-
viennent.
Mais lorsque je lui demandai quels engrais il
avait ainsi mis à la place du fumier, il parut
tout surpris de ma question, ne connaissant et,
n'employant jamais, comme tous ses voisins,
que deux sortes d'engrais le superphosphate
pommes vieilles terres, et la ekeseimte naturel; »
pour les défrichements de brandes et de bruyè-
res.
Je cherchai alors à lui faire comprendre que
le superphosphate ne suffisait pas. Je lui expli-
quai de mon mieux que, si le fumier fait pous-
ser le blé, c'est beaucoup plus par l'azote que
par le phosphate qu'il contient. Quand on sup-
prime ou diminue la quantité ordinaire de fu-
mier, il faut donc y suppléer, non pas seule-
ment par des superphosphates qui ne contien-
nent pas un atome d'azote, mais encore et sur-
tout par des engrais azotés tels, par exemple,
que te sulfate d'ammoniaque. Autrement, c'est
à peu près comme si à un enfant nouveau-né,
auquel il faudrait un bol de lait, on apportait un
verre de vin.
Il parut d'abord comprendre mes explications,
et aussitôt
Et combien; monsieur, coûte le sulfate
d'ammoniaque?
26 francs les 100 kilos.
26 francs 1
Dès lors, il ne comprenait plus. Y pensez-
vous ? 26 francs les 100 kilos, quand le super-
phosphate ne coûte que ? francs 3
Je ne me tins pas pour ï>attu.
Voyons, dis-je à mon voisin, écoutez-meti
bien et raisonnons un peu. Pour produire 100
kilos de blé, paille comprise, il faut trois kilos
d'une certaine drogue que Ton appelle deYa-
zote. C'est parce que le fumier contient une
assez grande quantité de cet azote qu'il fait si
bien pousser le blé. Dans un mètre cube de fu-
mier il y a environ trois kilos d'azote; c'est-à-
dire juste ce qu'il faut pour produire 100 kilos
de blé. Mais comme le blé n'absorbe, la pre-
mière année, que la moitié à peine du fumier
qu'on lui donne, il en faut donc deux mètres
cubes pour produire 100 kilos de grain. De toult
cela il résulte que, si vous avez mis, cette année,
dans votre champ, 143 mètres cubes de fumier
de moins qu'il n'était nécessaire, votre récolte
sera tout naturellement diminuée de 800 kilos,
c'estrà-dire 10 hectolitres de blé. A quoi il faut,
pour la paiite, ajouter le double, soit î,600
kilos.
Eh bien, vous pouvezretrouver tout cela en
donnant à votre champ 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque par hectare. Le sulfate d'ammonia-
que contient, en effet, 200/0 d'azote, ce qui, pour
200 kilos, donne 40 kilos d'azote. Et, comme l'a-
zote du sulfate d'ammoniaque, pour des raisons
qu'il serait trop long de vous exposer aujour-
d'hui, est beaucoup plus facilement et plus rapi-
dement absorbé par le blé que l'azote du fumier
de ferme, vous pouvez être certain que cette
dose sera parfaitement suffisante pour vous
faire retrouver les 10 hectolitres de blé que vous
aurait fait perdre le manque de fumier. Et cela,
sans que toutes les autres dépenses de culture,
à l'exception du battage, en soient en aucune
façon augmentées.
Remarquez bien, d'ailleurs, que le fumier,
comme le sulfate d'ammoniaque, ne vous dis-
pense en aucune façon d'employer en même
temps le superphosphate. C'est même tout le
contraire, car les deux premiers n'ont pour but
que de faire pousser beaucoup de paille, tandis
que le rôle du superphosphate est de donner du
ton et de la raideur à cette paille, de féconder
l'épi, d'agir sur la qualité du grain et de hâter
sa maturité. Or, plus il y aura de paille, plus il
y aura d'épis, et plus il faudra de superphos-
phate, tout àla fois pour éviter la verse et pour
favoriser la grenaison. Laissons donc de côté le
superphosphate, qu'en tout état de cause il faut
toujours employer dans les terres qui man-
quent de phosphore et c'est la très grande
majorité, pour ne pas dire la totalité de nos
terres poitevines et faisons le compte de la
dépense et du profit résultant d'une fumure
complémentaire de 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque par hectare
DÉPENSES
200 kilos de sulfate d'ammoniaque, à 26 francs les
100 kilos Fr. 52
Battage des 800 kilos de récolte supplémentaire. 8
Total des dépenses .Fr. 60
PRODUITS
Grain 800 kilos, ou 10 hectolitres à 17 francs l'hec-
tolitre Fr. 170
Paille le double du poids du grain, soit 1.600 kilos
à 2 fr. 50 les 100 kilos 40
-Total des produits. Fr. 210
BALANCE
Produits Fr. 210
Dépenses 60
Bénéfice net ..Fr. 150
« Je dis cent cinquante francs de bénéfice net
par hectare. Eh bien, mon cher voisin, je crois
que, si les cultivateurs ne faisaient jamais que
des opérations de ce genre, on ne dirait plus
que la culture est un mauvais métier. »
Après avoir ainsi parlé, je laissai mon homme,
ne doutant pas qu'il ne fût entièrement con-
vaincu par la force de ma démonstration. Je me
trompais. Quelques jours après, mon voisin me
confessa qu'il n'avait pu se résoudre à payer un
sac d'engrais 26 francs. Laissons faire le temps.
Mes champs touchent les siens. La qualité du
sol est la même. Il n'y a pas d'autre différence
dans la fumure que les 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque que j'ai donnés et qu'il a épargnés. Je
le lui rappellerai au moment de la récolte, et si
mes raisonnements n'ont pu triompher de son
incurable routine, peut-être sera-t-il plus sensi-
ble à cette « leçon de choses »: C'est la grâce que
je lui souhaite.
LA RECETTE DU LIÈVRE A LA ROYALE
Tranquillisez-vous, mes chers lecteurs, je ne
recommencerai point la plaisanterie de l'autre
jour. Je suppose que beaucoup parmi vous, se
proposent de découper la recette du lièvre à la
royale pour l'encarter dans leur livre de cuisine.
Je vais donc la donner absolument complète,
sans tenir le moindre compte des vagues indica-
tions contenues dans ma précédente chronique.
D'abord, le lièvre lièvre mâle, à poil roux,
de fine race française, caractérisée par la légè-
reté et la nerveuse élégance de la tête et des
membres; %tué autant que possible en pays de
montagne vres, c'est-à-dire ayant passé l'âge du levraud,
mais cependant encore adolescent ce qu'on ap-
pelle, en pays poitevin, un « lièvre d'avocat ».
Caractère particulier tué assez proprement
pour n'avoir pas perdu une goutte de son sang.
Après le lièvre, la casserole de forme oblon-
gue, dite daiibière, en cuivre bien étamé. Hau-
teur 20 centimètres, longueur 35 centimètres,
largeur 20 centimètres. Couverture fermant
hermétiquement.
Nous avons le lièvre, nous avons la daubière,
commençons la cuisine.
Première opération
A midi Le lièvre sera dépouillé et vidé
le cœur, le foie et les poumons seront mis à
part; le sang sera soigneusement conservé.
Tous les ingrédients que je vais successivement
indiquer, au fur et à mesure de leur emploi, se-
ront préparés.
A midi et demi Après avoir enduit de bonne
graisse d'oie le fond et les parois de la daubière,
vous étendez un lit de bardes de lard, sur lequel
après avoir amputé l'avant-main au ras des
épaules, de telle sorte qu'il ne reste que le râble
très allongé et les cuisses vous placez le liè-
vre dans toute sa longueur et sur le dos. Vous
couvrez ensuite l'animal de nouvelles bardes de
lard, étant entendu que toutes les bardes du
dessous et du dessus réunies doivent atteindre
le poids de 125 grammes.
Vous ajoutez alors
1° Une carotte de taille ordinaire coupée en
quatre;
2° Quatre oignons de moyenne grosseur-
tenant le milieu entre un œuf de poule et un
œuf de pigeon dans chacun desquels vous
aurez piqué un clou de'gïrofle;
3° Vingt gousses d'ail;
4° Quarante gousses d'échalotes'; »
5« Un bouquet garni, composé de une feuille
de laurier, une brindille de thym, quelques
feuilles de persil;
G0 Un demi-setier 25 centilitres de bon
vinaigre de vin ronge;
7° Une bouteille et demie de bon vin de Mâcon
ou de Médoc, au choix, ayant deux ans de bou-
teille
8Q Sel et poivre en quantité suffisante.
A une heure Votre daubière étant ainsi gar-
nie, vous la mettez.sur le feu appareil à gaz
ou fourneau ordinaire et, après avoir placé
sur le couvercle trois ou quatre morceaux de
charbon de Paris incandescents, vous- réglez 1
voire chauffage de façon à soumettre votre liè-
vre à un feu doux, régulier et continu pendant
trois heures.
Telle est la première opération, vous vayez
Que ce n'est cas bien difficitei
Deuxième opération
Une fois la daubière sur le feu et tandis qu£
le lièvre subit sa première cuisson, nous allons,
préparer tous les éléments de la seconde opéra-
tion.
Vous hachez d'abord très menu, et en pre*
nant successivement chaque partie l'une après,
l'autre
1° 125 grammes de lard
2° Le cœur, le foie et les poumons du lièvre;
3° 10 gousses d'ail
4° 20 gousses d'échalottes.
Chacun de ces quatre articles, je le répète,1
doit être hach6 à part et très menu. J'insiste
surtout pour l'ail et les échalottes dont le hachis
doit être si fin qu'il atteigne d'aussi près que
possible l'état moléculaire. C'est une des condi-
tions premières de la réussite de ce plat mer-
veilleux, où les multiples et divers parfums et
aromes doivent être fondus en un tout si har-
monieux qu'aucun ne prédomine, et que rien
ne puisse déceler leur origine particulière et
froisser ainsi quelque préjugé, d'ailleurs pro-
fondément regrettable.
Après avoir ainsi haché séparément votre
lard, vos viscères de lièvre, votre ail et vos
échalottes, vous les réunissez en un hachis gé-
,néral, de façon à obtenir un mélange absolu-
ment parfait. et vous attendez le moment de le
faire entrer en scène.
A quatre heures Vous retirez la daubière.
Vous enlevez délicatement le lièvre que vous
déposez seul sur un plat. Vous le débarrassez
'soigneusement de tous les débris de lard, ca-
rotte, oignons, ail, échalottes qui pourraient
le souiller, et vous remettez ces débris dans la
daubière. Vous videz alors tout ce que contient
cette dernière dans une passoire placée au-des-
sus d'un grand plat creux, et vous en extrayez
tout le suc au moyen d'un petit pilon de bois.
Lorsque ce coulis est obtenu, vous y joignez le
hachis préparé comme il est -dit plus haut, et,
pour bien étendre et délayer le tout, vous ajou-
terez une demi-bouteille de vin chaud, de la
même origine que celui au milieu duquel a déjà
cuit le lièvre.
A quatre heures et demie Vous remettez alors
cette nouvelle mixture dans la daubière vous y
déposez le lièvre avec tous les os des cuisses ou
autres qui auraient pu se détacher pendant l'o-
pération, et vous replacez la daubière sur le
fourneau avec feu doux et continu dessus et
dessous.
A six heures Vous procédez à un premier,
dégraissage, l'excès de graisse provenant du lard
vous empêchant de juger de l'état d'avance-
ment de votre sauce. Votre œuvre ne sera, en
effet, achevée que lorsque la sauce sera suffi-
samment liée pour offrir une consistance appro-
chant de celle d'une purée de pommes. Pas tout
à fait cependant, car, à la vouloir trop consis-
tante, on finirait par tellement la réduire qu'il
n'en resterait plus suffisamment pour humecter
la chair naturellement très sèche du lièvre. Nous
avons, du reste, à faire une dernière opération
qui, une fois la liaison de la sauce en bonne
voie, la mettra définitivement et très rapide-
ment au point. Je veux parler de l'addition du
sang du lièvre qui, non seulement activera la
liaison de la sauce, mais lui donnera en même
temps une belle coloration brune, d'autant plus
appétissante qu'elle sera plus foncée. Cette ad-
dition du sang ne doit pas se faire plus d'un
quart d'heure avant de servir, et elle doit être
précédée d'un second dégraissage. Onfouettera
d'abord le sang, de manière que, si quelques
parties sont caillées, comme la chose est infini-
ment probable, on les rende à nouveau tout à
fait liquides. On le versera alors sur la sauce, en
ayant soin d'imprimer à la daubière, de bas en
haut et de droite à gauche, un mouvement de va-
et-vient qui le fera pénétrer uniformément dans
tons les coins et recoins de la casserole.
Vous goûterez, vous ajouterez poivre et sel,
s'il y a lieu, et un quart d'heure après, vous
prendrez vos dispositions pour servir. Ppur ce,
vous sortez de la daubière votre lièvre dont
la forme est alors plus ou moins altérée. Vous
placez, dans tous les cas, au milieu du plat, tout
ce qui est encore à l'état de chair les os com-
plètement dénudés, désormais inutiles, étant
jetés de côté et, autour de cette chair de liè-
vre en compote, vous mettrez pour toute garni-
ture l'admirable sauce qui, si la reconnaissance
n'est pas un vain mot, m'assurera l'éternelle
gratitude de tous les lecteurs du Temps. Je n'ai
pas besoin de dire que, pour servir ce lièvre,
l'emploi du couteau serait un sacrilège et que
la seule cuillère y suffit complètement.
Tel est mon lièvre à la royale. Je dois dire,
cependant, que, dans les traditions de la famille,
il était d'usage de démêler le sang en y ajoutant
deux ou trois petits verres de vieille et fine eau-
de-vie des Charentes. J'ai supprimé cet usage,
voyez s'il vous convient de le rétablir.
Et maintenant, chers lecteurs, êtes-vous con-
tents ? Je vous donne aujourd'hui un lièvre, je
vous ai posé, dans la précédente, un lapin c'est
plus que je n'ai tué dans toute mon année.
A. COUTEAUX.
P. -S. Je reçois de M. Boulet, président du
« Club français du Chien de berger » la commu-
nication suivante
Club français dtt chien de berger. A Toulouse, devant
une très nombreuse assistance, a eu lieu un concours
de chiens de berger au travail, organisé par le comica
agricole de l'arrondissement, sous le patronage du Club
français du chien de berger. M. Daléas, président dtt
comice, a fait ressortir dans son discours, souvent ap-
plaudi, le but et l'utilité du club, auquel tous les ber-
gers soucieux d'améliorer leur race de chiens, tous les
fermiers possesseurs de troupeaux et tous les proprié-
taires de fermes devraient souscrire, et a annoncé que,
vu le grand succès de ce premier concours dans la
contrée, le bureau du comice avait décidé d'en faire un
semblable en 1899. Quatorze prix et diplômes ont été
décernés; la médaille offerte par le Club français du
chien de berger, représentant le prix -d'honneur avec
100 francs d'espèces, a été remise à l'heureux gagnant
par le général de Sesmaisons, commandant le 17e corps
d'armée, qui présidait la distribution des récompenses
ayant à ses côtés le maire de Toulouse et toutes les
notabilités de l'arrondissement.
A.C.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales
EURE. Sur l'initiative de MM. Thorel, Godard et
Lhermite, électeurs de droit, uno réunion de délé-
Êués sénatoriaux et des 'suppléants du canton a eu
lieu à Louviers, samedi dernier, en vue de l'élection
qui doit avoir lieu le 17 décembre pour remplacer M.
Guindey, sénateur républicain, décédé. Trente élec-
teurs avaient répondu à cet appel.
Après une courte allocution de M. Thorel, expli-
quant le but de la réunion, M. Godard est élu pré.
sident. p
Celui-ci rappelle que, d'après les comptes rendue
publiés par les journaux, trois candidats paraissent
jusqu'à présent être en présence MM. Ducy, Ferray
et Thorel. Il demande à la réunion de bien vouloir
indiquer si elle a des préférences et de désigner à
son tour son candidat. 0
En réponse à la question d'un délégué, M. Thorel
déclare que, s'il est désigné par la majorité des délé-
gués sénatoriaux, il acceptera la candidature. Il
ajoute qu'il ne lui appartient pas de préjuger du ré-
sultat de l'élection sénatoriale et qu'il ne peut ni ne
doit indiquer un candidat quelconque à l'élection lé-
gislative qui serait nécessitée par son élection au
énat mais qu'en préseiïco de l'opinion foncière-
ment républicaine de l'arrondissement de Louviers
il est convaincu que seul un républicain pourrait lui
succéder.
Le vote émis au bulletin secret donne les résultats
suivants MM. Thorel, 27 voix; Ducy, 1 bulletins
blancs, 2.
D'autre part, dans une réunion tenue aux Ande-
lysle 21 novembre, et à laquelle assistaient 15 délé-
gués du canton, M. Thorel avait été désigné comme
candidat à l'élection sénatoriale à l'unanimité des 15
délégués présents.
Enfin, dans la réunion tenue à Rugles le 25 no-
vembre, et à laquelle 15 délégués ont pris part, les
voix se sont ainsi réparties MM. Thorel, 10 voix i
Ducy, 5.
Elections aux conseils généraux
AIN. Une élection a eu lieu, hier, dans le canton
de Brénod pour remplacer M. Carrier, républicain,
décédé. M. Antonin Ulliot, républicain, a été élu
conseiller général par 950 voix sur 1,723 électeurs
inscrits, 1,103 votants et 1,079 suffrages exprimés.
Eure. Dans le canton de Vernon où il s'agis-
sait 'de remplacer M. Barette, radical, décédé, M.
Lasne, républicain radical, a été élu conseiller géné-
ral par 1,308 voix contre 1,122 à M. Legrand, ré-
publicain. Il y avait 3,050 électeurs inscrits il y a
au 2,450 votants et 2,440 suffrages exprimés.
Elections municipales r
Parts. 6e arrondissement. Quartier Saint*
Germain-des-Pi'és. Un scrutin de ballottage avait
lieu hier dans ce quartier pour remplacer comme
conseiller nauniciDal M. Prache, libéral, rallié, élu
gaation française. Des produits similaires ont, en 1897,
figuré pour une somme supérieure à un milliard de
francs dans le montant total des achats que nous
avons dû faire sur des places étrangères et l'Italie nous
les a fournis dans la proportion de 3.6 0/0. Il est à pré-
voir que cette part contributive de l'Italie dans les ap-
provisionnements que nous faisons venir du dehors
ira en augmentant a la faveur du nouveau régime
douanier que nous vous proposons de lui accorder.
Cela ne saurait manquer de se produire, notamment
pour les vins italiens. Mais on est en droit de penser
qu il n'y aura du fait de cette augmentation des ventes
italiennes en France, aucun dommage sérieux pour no-
tre production agricole ou industrielle.
Les prix normaux continueront à se maintenir sur les
marchés intérieurs et nous avons la conviction que, en
particulier, il en sera ainsi pour les vins, car, si la pro-
duction nationale a été mise, par le fait de l'arrange-
ment commercial avec l'Italie, en présence d'une con-
currence nouvelle, par contre, nous lui avons aussitôt,
à titre de mesure largement compensatrice, procuré un
relèvement du droit d'entrée sur le vin.
Le caractère du changement économique auquel on
peut s'attendre consistera, uniquement dans la substi-
tution plus ou moins large des marchandises italien-
nes aux produits que jusqu'à présent nous demandons
à des pays tiers.
Au surplus, la concession douanière que nous venons
,de faire à l'Italie çonstitue de notre part un acte pure-
ment unilatéral, et conséquent, en renonçant nous-mô-
mes aux avantages qu'il nous a procurés à titre de ré-
ciprocité, nous pourrions, à tout moment, revenir sur
cette mesure si, à l'encontre de ce que nous nous plai-
sons à croire, des considérations .quelconques nous le
-sommandaient.
Telles sont, messieurs, indiquées avec le développe-
ment qu'appelait l'importance de cette acte diplomati-
que, les origines, la portée et les conséquences proba-
bles de l'arrangement commercial que nous soumettons
à vos délibérations.
Nous espérons vous avoir démontré l'utilité pratique
de cet accord, et aux explications techniques fournies
plus haut dans ce but, il ne nous reste plus qu'à ajou-
ter la considération suivante, dontvous apprécierez cer-
tainement l'importance.
L'état de rupture économique, plus ou moins com-
plète, qui, jusqu'à ces derniers temps, a existé entre
les deux pays, avait, peu à peu, amené le commerçant
français et le commerçant italien à considérer comme
inutiles et presque nécessairement stériles les efforts
qu'ils feraient pour le développement de leurs transac-
tions sur leurs marchés respectifs.
On abandonnait de plus en plus, dans les deux pays,
même lorsque les conditions tarifaires ou autres eus-
sent donné chance de succès à une entreprise commer-
ciale, la pensée d'aller la tenter d'Italie en France ou de
France en Italie. C'est ainsi que des fabricants français
ont laissé la place libre sur les marchés de la péninsule
· à des concurrents de diverses nationalités tierces, pour
la vente de nombre d'articles qu'ils auraient pu, cepen-
dant, importer eux aussi en Italie.
L'effet moral produit par l'arrangement que nous
vous présentons ne peut que dissiper ce malentendu
commercial, stimuler le désir réciproque de nouer des
relations d'affaires et contribuer ainsi à la renaissance
de traditions si longtemps en vigueur entre les deux
pays.
NOUVELLES DE L'STRASGER
Alsace-Lorraine
Le conseil municipal de Mulhouse, sur la proposi-
tion du député socialiste Bueb, a discuté un projet
d'emprunt de 2 millions pour la construction de cités
ouvrières. La majorité du conseil a reconnu la né-
cessité de construire de nouveaux logements ou-
vriers. Une commission a été charg-ée de faire un
rapport sur la construction par la ville ou par une
société privée.
Allemagne
Hier a eu lieu une nouvelle série d'expulsions du
nord du Slesvig. Parmi les expulsés, il y a une di-
zaine de domestiques danois, un Suédois et une fa-
mille ouvriers suédoise.
La Gazette de Voss publie plusieurs lettres de mai-
sons de commerce de Copenhague qui retirent des
commandes faites à des industriels allemands, à
eause des expulsions de sujets danois du Slesvig.
On télégraphie de Berlin à la Tampa de Turin
que vingt-quatre Italiens travaillant à la construc-
tion d'un tunnel près de Worms, viennent d'être
arrêtés sous inculpation de propagande anarchiste.
Il n'est bruit à Berlin que d'une affaire de lèse-
majesté où l'accusé est, cette fois, un étranger de
distinction.
Dans un des grands restaurants du centre, un
monsieur dînait avec une dame. Leur conversation,
qui avait pour objet la personne de l'empereur Guil-
laume, pouvait être entendue à la table voisine, car
le principal interlocuteur, un peu lancé, parlait à
voix très haute.
Il ne s'exprimait pas de la façon la plus aimable
sur l'empereur; un de leurs voisins de table, au lieu
d'intervenir discrètement, crut devoir agir en fidèle
sujet en allant quérir un agent de police. Il désigna
le dîneur comme étant l'auteur de propos injurieux
pour l'empereur; l'agent arrêta l'étranger et le con-
duisit au commissariat. Là, on constata que c'était
un grand industriel américain, M. Knaak Frank, le
même qui utilisa, le premier, les chutes du Niagara
comme force motrice pour les besoins de l'industrie.
Sur les témoignages du dénonciateur et de ses ca-_
marades, l'Américain fut envoyé en prison. Le con
sul des Etats-Unis, prévenu par Mme Knaak Frank'
a réclamé la mise en liberté de son compatriote, mais
il est peu probable que le parquet donne suite à cette
demande.
Autriche-Hongrie
Dans la séance de la commission centrale pour
l'Exposition de 1900, M. Dipauli, ministre du com-
merce, a insisté avec grand plaisir sur les relations
amicales qui existent entre l'Autriche-Hongrie et
les autorités françaises chargées de l'Exposition,
ainsi que sur l'appui énergique que M. de Golu-
chowski, ministre des affaires étrangères, a prêté à
l'ambassade austro-hongroise à Pans. Il a annoncé
que le gouvernement songeait à une augmentation
des crédits telle que l'exige la participation de l'Au-
triche.
A La princesse Louise de Cobourg, fille du roi des
Belges, qui se trouvait depuis plusieurs mois dans
la maison de santé du professeur Obersteiner, à
Oberdœbling, près Vienne, en est sortie hier pour
terminer sa cure au sanatorium du docteur Rudin-
ger, à Pukersdorf, près Vienne.
Angleterre
On se donne en Angleterre beaucoup de peine
pour le « repos du dimanche ». Le conseu du comté
de Londres, après de pénibles délibérations, vient
de supprimer les grands concerts dominicaux qui
attiraient des foules à Queen's hall.
Là-dessus, plusieurs journaux rabrouent verte-
ment le conseil du comté. Les autres font remar-
quer avec raison qu'il n'a point, d'un coup, suppri-
mé les concerts du dimanche, mais qu'il leur im-
pose seulement uno condition ne pas se tourner en
industrie ne faire payer au public que le prix de
1 orchestre et de la salle. Comme les entrepreneurs
refusent, on leur refuse aussi la patente nécessaire.
C'est donc un petit duel qui commence, et auquel
s'intéressent passionnément des milliers de gens à
Londres.
Une dépêche de Malte au Standard annonce
qu'une collision s'est produite entre les torpilleurs
25 et 90. Les deux bateaux ont été gravement en-
dommagés. Un marin de l'équipage du 90 a été
tué.
Le paquebot German, de l'Union Steamship Com-
fany, qui partait pour le Cap, a été forcé de rentrer
Southampton après une collision avec le Saver-
nalce de Swansea. Les hommes du 3° bataillon du
régiment des Indes occidentales, qu'emmenait le
German à Sainte-Hélène, ont dû débarquer, et les
deux navires ont subi de graves avaries.
Belgique
On nous écrit de Bruxelles, 27 novembre
L'audience demandée par les députés mineurs au mi-
nistre du travail a été accordée, mais a abouti à une
fin de non-recevoir. A M. Maroille, qui demandait l'in-
tervention ministérielle officieuse auprès des patrons
récalcitrants à l'institution des conseils d'arbitrage
proposés par le congrès de Frameries, M. Nyssens a
répondu que cette intervention serait illégale. Malgré
tout son bon vouloir en faveur, de la paix entre le capi-
tal et le travail, le ministre doit s'en tenir à faire res-
pecter les institutions consacrées par la loi, sans cher-
cher à en créer de nouvelles à côté. Les conseils de
l'industrie et du travail ont été créés par la loi, c'est à
eux qu'il faut soumettre les litiges naissants ou à naî-
tre en matière de salaires. Inutile d'établir de nouveaux
organismes. Cette opinion émise, le ministre du tra-
vail y a persisté malgré les représentations faites avec
insistance par MM. Maroille, Cavrot, Monsart et Calle-
waert.
Malgré cet insuccès, les socialistes n'abandonnent pas
la lutte. D ici à peu de temps, il est probable que des
chômages éclateront dans nos bassins industriels. On
en signale un précisément au charbonnage de Cour-
celles, qui porte sur un trait de 1,200 ouvriers. Mais
d'ici à la Sainte-Barbe, fête traditionnelle des mineurs
il ne faut pas parler de mouvement sérieux, dans le
Bormage surtout. Le houilleur de ce pays veut fêter sa
•patronne et il travaille d'arrache-pied pour se faire de
belles journées et ramasser un petit pécule qui lui per-
mette de faire bonne figure. Aussi, dans tout le bassin,
1 activité règne fiévreusement et les patrons ne s'en
plaignent pas. Bien que la production soit plus forte
de beaucoup que la normale, les demandes de combus-
ables sont tout aussi pressantes et les stocks ne s'ac-
cumulent pas sur les carrés des fosses. Il ne faut donc
pas parler de chômage avant la Sainfe-Barbê I
Après, peut-être bien.
Le Cercle artistique et littéraire de Nâmur vient
fie constituer un comité ayant pouf mission de pren-
«ré les mesures initiales, qui auront pour objet l'é-
tection, à Namur, d'un monument à la mémoire de
Féhcien Rops, le célèbre dessinateur et aquafortiste i
oécédé a Paris en août dernier.
Ç^iïcîen Rops est originaire de Namur; il avait
aabité longtemps cette ville où il a été l'initiateur du 1
Cercle artistique et littéraire. v j
Italie
3
Les journaux racontent ainsi qu'il suit comment
les condamnés pour les troubles de Milan occupent
leurs loisirs de prisonniers. Ils passent la journée
tous ensemble, dans une chambre immense do la
prison de Finalborgo. Dom Albertario, après avoir
3 dit sa messe, écrit ses mémoires M. Chiesi, l'édi-
teur de Yltalia del Popolo, travaille à son roman
t le Corps de ballet, qu'on dit aussi piquant que peu
r politique l'avocat Federici se plonge dans l'étude
et se procure tous les livres qu'il veut enfin le
peîBtre Lazzari fait le portrait de tous ses compa-
gnons de captivité, celui de dom Albertario de gran-
3 deur naturelle, ce qui n'est pas peu dire, car ce prÔ»
i tre est d'une stature tellement exceptionnelle qu'en
fournissant aux prisonniers des vêtements divers,
l'administration a dû faire confectionner pour lui un
uniforme hors des mesures réglementaires.
{ Saint-Siège
Le cardinal Oreglia vient de tomber gravement
l malade. Il est atteint d'une pneumonie qui inspire
de grandes inquiétudes, parce que le malade semble
à bout de forces.
Comme camerlingue, comme doyen du Sacré-Col-
lège, deux charges qui se trouvent rarement réu-
nies sur la même tête, le cardinal Oreglia jouera
dans le prochain conclave un rôle prépondérant,
[ parce qu'il en aura la haute direction. Il fui, au der-
nier conclave, l'adversaire acharné de Léon XIII.
Depuis trois ans seulement, il a fait amende hono-
[ rable.
Espace
L'assemblée des chambres de commerce a termi-
né le message adressé à la régente. Une délégation
ira présenter à la reine ce document, où les cham-
bres protestent de leur loyalisme et ajoutent que
l'unité nationale exige un bon gouvernement.
Des dépêches des établissements espagnols de la
côte africaine du Rio-de-Oro signalent une attaque
de la factorerie espagnole par des Maures pillards.
Le vol était l'unique objet de cette agression. Les
pillards ont été repousses.
Portugal
L'Association des industries du coton d'Oporto a
adressé hier à M. Leyds, ministre du Transvaal en
Europe, le télégramme suivant
L'Association des industries cotonnières d'Oporto
salue Votre Excellence comme représentant de la répu-
blique du Transvaal et fait des vœux sincères pour
que le monde entier, condamnant les manœuvres am-
bitieuses et sïnspirant des sentiments d'une justice
désintéressée, reconnaisse les droits incontestables à
la souveraineté et à l'indépendance des deux pays du
Transvaal et du Portugal.
L'association pria Votre Excellence de transmettre
ses sentiments au noble président du Transvaal.
Roumanie
Hier, a eu lieu, à Bucarest, l'ouverture de la ses-
sion ordinaire du Parlement. Le message royal, lu
à la séance d'ouverture, constate que la récoite sa-
tisfaisante cette année permettra d'envisager sans
soucis l'avenir, d'autant plus que le maintien de la
paix continue à être la préoccupation de tous les
gouvernements.
Le message continue en-ces termes
Je constate avec fierté que, dans cette situation, la
Roumanie est entourée de sympathies générales et
que nos relations avec tous les Etats sont des plus
cordiales.
A l'occasion de la visite que j'ai faite à l'empereur de
Russie, Sa Majesté m'a donné de nombreuses preuves
de véritable amitié.
L'accueil qui m'a été fait a été aussi sympathique
que brillant, et dans tout mon voyage à travers la
Russie, j'ai vu avec une satisfaction particulière que
le souvenir de la confraternité d'armes consacrée sur
les champs de la Bulgarie est resté intact.
Au cours de cette année, j'ai été aussi à Vienne pour
remplir un douloureux devoir, en assistant aux funé-
railles de l'impératrice Elisabeth et en exprimant per-
sonnellement à Sa Majesté François-Joseph la vive
part que j'ai prise conjointement avec mon pays au
grand malheur dont il fut frappé et qui réveilla partout
les plus chaleureuses sympathies pour la défunte im-
pératrice.
Le terrible crime de Genève a poussé le gouverne-
ment italien à prendre l'initiative d'une conférence,
dans le but d'établir une entente pour défendre les
Etats contre les manœuvres anarchistes. Mon gouver-
nement a décidé de prendre part à cette réunion inter-
nationale. La Roumanie a été aussi invitée et va parti-
ciper à une autre conférence due à la généreuse ini-
tiative de Sa Majesté l'empereur Nicolas II, et qui pour-
suivra le noble et élevé but d'assurer aux peuples une
longue ère de paix.
Le principal objet de la session actuelle sera la dis-
cussion des projets restés de la session précédente et
1 examen du budget général.
L'année budgétaire en cours présente une situation
normale, car elle se soldera avec un excédent.
L'expiration prochaine de nos traités commerciaux
impose le devoir de prendre des mesures pour se ren-
dre compte de nos besoins économiques et commer-
ciaux. La loi sur l'enseignement secondaire et supé-
rieur, votée dans la session précédente, sera complétée
par une loi sur l'enseignement professionnel,
Après avoir exprimé l'espoir que le Parlement
donnera comme toujours sa sollicitude au déve-
loppement de l'armée, le message se termine ainsi
La nation a entrepris un travail infatigable conduit
avec beaucoup d'intelligence et couronné de grands
succès, mais chaque année élargit notre cercle d'acti-
vité et la collaboration de tous est nécessaire pour l'é-
lévation et la consolidation de lapatrie. Je souhaite que
vos travaux, que Dieu puisse bénir, soient féconds.
Turquie
Après des négociations qui ont duré quinze jours,
un iradé impérial, qui vient d'être publié, accorde
enfin à la nouvelle et première canonnière-école bul-
gare Nadejda, construite à Bordeaux, l'autorisation
de traverser les Dardanelles.
M. Markof, agent diplomatique bulgare, avait in-
formé la Porte qu'au cas où l'autorisation demandée
ne serait pas accordée, la canonnière traverserait
néanmoins les Dardanelles, et qu'elle laisserait toute
responsabilité à la Porte dans le cas où les forts des
Dardanelles s'y opposeraient.
Arabie
Une fort intéressante expédition se prépare en vue
d'explorer le pays d'Hadramaout, l'ancien royaume
de la reine de Saba, d'où l'on tiraitautrefois l'encens.
Le comte de Landberg, ancien consul général de
Suède et de Norvège, se trouve actuellement au
Caire, où il organise une expédition austro-sué-
doise pour l'exploration de cette partie de l'Arabie.
Les frais sont supportés par l'Académie impériale
des sciences de Vienne.
Les autres membres de l'expédition sont M. J.-H.
Muller, professeur de langues sémitiques et membre
de l'Académie impériale des sciences de Vienne, le
professeur Simony et le docteur Paulay, chargé
des recherches botaniques, le docteur Cossmatt,
chargé do la partie astronomique et géologique, M.
John, professeur de langue mahra, et M. Bury, le
secrétaire du comte Landberg, qui est chargé du re-
levé topographique de l'expédition. g
Ces messieurs se sont embarqués ces jours der-
niers à Suez sur un vapeur du Lloyd autrichien, qui
les transportera à Aden. Après un court séjour dans
cette ville, un navire suédois les conduira àBir-Âly,
place située sur la côte de l'océan Indien, à environ
vingt-quatre heures d'Aden et où l'expédition dé-
barquera. Il faudra environ six mois pour explorer
le pays. Les bagages se composent d'environ cent
colis. Par suite de l'aridité extraordinaire de la con-
trée, les explorateurs doivent prendre avec eux une
énorme quantité d'eau. Une centaine de chameaux
seront nécessaires.
Indes anglaises
Le prêtre fanatique musulman connu sous le nom
du « Fakir fou » et qui a été le principal instigateur r
de la révolte des Afridis, vient de traverser le fleuve
Swat. Un combat a eu lieu. Le major Deane, agent
politique anglais pour les districts de Dir et de
Swat, confère en ce moment avec le général Reyd,
commandant les forces de Malakhan pour les mesu-
res à prendre contre cette invasion.
Chine
L'officieux Standard, confirmant une dépêche Ha-
vas de Shanghai, déclare que, bien que la nouvelle
'de l'occupation des îles Chou-San ne soitpasexacte,
il est bien entendu que l'Angleterre a un droit de
préemption sur cette ile et qu'elle fera valoir ce
droit si une autre puissance essaye de se l'an-
nexer.
On annonce que les navires do guerre anglais au-
tour des îles Chou-San étaient occupés à baliser et
à faire des sondages, ce qui donna naissance au
bruit d'une occupation.
Unelonguedépêche anglaise de Pékininsiste avec
intention sur les raisons qui promettent un hiver
pacifique en Chine, puis sur les difficultés qu'éprou-
vent les demandeurs de concessions à Pékin. La cu-
rée continuera donc. Deux points inquiètent le cor-
respondant de l'agence Reuter l'un pour le présent,
c'est Niou-Tchouang; l'autre, pour un avenir pro-
chain, c'est l'achèvement du Transsibérien. •
Suivant un contrat préliminaire passé entre un
concessionnaire anglais et le sous-commissaire des
mines du Sé-Tchouen, le concessionnaire acquiert le
droit d'exploiter dans le Sé-Tchouen toutes les mines
non encore ouvertes. Le gouvernement chinois per-
cevra 5 0/0 sur les charbons, les fers et le pétrole.
Les contrats définitifs doivent être signés d'ici sept
mois.
Le retrait des troupes du Kouang-Su est mainte-
nant effectué complètement et il fait disparaître la
dernière cause de conflit international. p
Le fleuve sera bientôt fermé par l'hiver et Pékin
ne pourra plus communiquer avec le reste du monde
que par le télégraphe.
Ce qui se passe au palais n'est que mystère. L'em-
përéur est toujours en vie mais il est mort au point
de vue politique. Plusieurs fils de princes, prêts à
prendre la succession au moment de sa mort, quit-
tent maintenant le palais; on ignore lequel sera
choisi.
Les Mandchous Yung Lu et Kang Yi sont tout-
puissants, mais on dit que l'accord ne règne pas
«ntre eux. On dit aussi aué le commandant des |
troupes du Kouang-Su a une grande influence sur
l'impératrice douairière; il reste à Pékin, c'est-à-dire
à une centaine de milles de ses troupes.
Le président de l'administration a offert à un An-
glais le poste de conseiller des mines avec de faibles
appointements.
Les autorités chinoises insistent auprès âes mi-
nistres étrangers pour qu'ils renvoient les détache-
ments de troupes qu'ils ont fait venir à Pékin elles
font remarquer que rien ne justifie leur présence,
puisque des troubles ne sont pas à craindre; mais il
est peu probable qu'on accède à leur demande.
Egypte
Une dépêche dû Caire au Daily Mail annonce que
lord Kitchener ne succédera pas à sir Francis Gren-
fell comme commandant en chef des troupes bri-
tanniques en Egypte.
Lord Kitchener restera à Khartoum pendant quel-
ques mois, de façon à pouvoir organiser l'adminis-
tration du Soudan.
La tempête
Dans le centre de l'Europe méridionale sévit une
tempête dont nous avons déjà parlé et qui a Causé
de nombreux dégâts. ̃*̃
A Gênes, 200 mètres de muraille et le phare* qui
est à l'extrémité du môle Galliéra ont été détruits.
La circulation des trains entre Deux-Rivières, et
Gênes a été interrompue.
A Lugano, une violente tempête a sévi sur le lac.
Deux bateaux à vapeur amarrés dans le port, YElve-
zia et le Milano, ont été projetés contre-la rive. VEl-
• vezia a sombré en quelques minutes. QuatEe pom-
pes fonctionnent sur le ililano ppur l'empêcher ,de
couler.
Une douzaine de petits bateaux, amarrés près des
rives, ont été détruits.
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
LE personnel CIVIL DES établissements mtli-
I taires. Le Journal officiel publie un décret por-
tant modification de la situation du personnel civil
d'exploitation des établissements militaires.
Le décret antérieur du 26 février 1897 désavanta-
geait ceux des ouvriers que leur âge mettait dans
l'impossibilité de se constituer une retraite, et qui
néanmoins étaient assujettis aux rigueurs de la li-
mite d'âge. De légitimes revendications avaient été
présentées à ce sujet à la Chambre lors de la dis-
cussion du budget de 1898, et récemment au minis-
tre par les délégués des personnels intéressés.
Le nouveau décret porte que la limite d'âge de
65 ans ne sera appliquée qu'aux ouvriers embauchés
après le 1er mars 1897 et à ceux qui, ayant quinze
années au moins de services tant civils que militai-
res, auront acquis des droits à une pension de re-
traite proportionnelle.
Les autres seront maintenus jusqu'à ce qu'ils
remplissent cette dernière condition ou que leur in-
validité rende leur maintien impossible, auquel cas
il leur sera alloué un secours viager, à condition
toutefois qu'ils aient au moins cinq années de ser-
vices dans les établissements de l'Etat.
Le complément delà pension ou le secours viager
seront calculés de manière à tenir compte du nom-
bre d'années ayant donné lieu à des versements à
la caisse des retraites.
Le minimum normal de la pension, après trente
années de versements, sera de 500 francs.
En outre, le ministre annonce qu'il fait étudier
actuellement les questions du commissionnement,
des soins médicaux, des indemnités en cas de ma-
ladies ou d'accidents résultant du travail, et du re-
lèvement du minimum des retraites.
LA DÉFENSE DES côtes. A la suite de l'incorpo-
ration du contingent affecté aux troupes de la ma-
rine, le quatrième bataillon du 64° régiment d'infan-
terie (Ancenis), du 65e (Nantes), du 116e (Vannes) et
du 137e (Fontenay-le-Comte), qui ont été envoyés
dernièrement dans les forts et batteries de côtes,
seront remis à la disposition de la guerre à une date
prochaine.
Ils seront remplacés par les 1,600 jeunes soldats
qui ont été incorporés exprès dans ce but.
Quant aux batteries d'artillerie à pied qui ont dû
être envoyées sur les côtes, leur remplacement sera
plus long; toutefois quelques-unes rentreront pro-
chainement à leurs bataillons.
Là où des renforts immédiats n'avaient pas sem-
blé nécessaires pour la défense du littoral, on a pris
des mesures pour parer à toute éventualité il a été
préparé toute une mobilisation complémentaire.
Au 1er et au 2" corps d'armée notamment, des ba-
taillons sont désignés pour se rendre, au premier
signal à Boulogne, à Calais et à Dunkerque. Outre
l'infanterie, des batteries d'artillerie et des compa-
gnies du génie iraient immédiatement renforcer ces
places et les ouvrages qui y sont rattachés.
LES CHAMPS DE tir. On s'occupe depuis quelque
temps, au ministère de la guerre, de l'étude des pro-
jets qui ont été envoyés par plusieurs commandants
de corps d'armée pour 1 installation de champs de
tir à grande portée, permettant à une brigade de
faire des manœuvres avec tir réel.
Contrairement à l'Allemagne, qui a dépensé de-
puis quelques années une centaine de millions pour
la .création de semblables terrains, les crédits alloués
actuellement en France pour cet objet n'ont permis
de faire qu'un bien petit nombre d'installations.
Celles du camp de Chalons, de la Valbonne et du
Ruchard sont à peu près les seules suffisantes. Pour
que les troupes puissent toutes, comme en Allema-
gne et en Russie, se relayer aux tirs de combat en-
tre le printemps et latin de l'été, il faudrait plusieurs
autres terrains, qui sont demandés surtout dans le
Centre, l'Ouest et le Midi.
M. de Freycmet se prépare, dit-on, à poser cette
question au prochain budget.
MARINE
On annonce que le contre-amiral Caillard, récem-
ment promu, va être nommé au commandement de
la division en disponibilité armée, en cours de for-
mation à Toulon.
RECONNAISSANCE hydrographique DES cotes DE
Madagascar. Une mission hydrographique sera
envoyée au printemps prochain pour opérer des re-
connaissances sur les côtes de Madagascar. Cette
mission composée des ingénieurs hydrographes
Driencourt et Leinekugel, auxquels un dessina-
teur civil sera adjoint, s'embarquera à Rochefort,
sur l'aviso-transport Rançe qui armera dans ce
Lut le 1er février.
L'ARMEMENT DES GUETTEURS DES sémaphores. On
sait qu'une loi militarisa, il y a bientôt deux ans, le
personnel des électro-sémaphores le motif de cette
mesure était que les guetteurs devaient être en état
de défendre leurs postes contre toute attaque enne-
mie et qu'ils ne pouvaient le faire, étant civils, parce
que, pris par l'ennemi les armes à la main, ils n'eus-
sent pas été faits prisonniers, mais simplementpas-
sés par les armes. On leur donna donc l'état mili-
taire, mais on ne leur avait pas encore remis des
armes. La question vient d'être réglée et le ministre
a arrêté les dispositions nécessaires à leur équipe-
ment et à leur armement. q P
Chaque guetteur titulaire recevra un revolver du
modèle 1882 avec un étui muni d'une banderole et
d'une ceinture en cuir fauve. Chaque guettpisr anixi-
liaire sera doté d'un fusil (modèle 1878 ou 1884) avec
iretelle, d'une épée-baïonnette avec sabre, d'un cein-
turon avec poches à cartouches.
Les munitions, qui seront calculées h raison de
50 cartouches par revolver et de 78 cartouches par
fusil, seront déposées, ainsi que les armes, des le
temps de paix, dans chaque poste, a l'exception de
l'armement destiné aux sémaphores, dont l'ouver-
ture n'est prévue qu'en temps de guerre.
Enfin, chaque poste recevra deux musettes de
troupes, pour assurer, en cas de l'abandon forcé du
sémaphore, le transport des documents confiden-
tiels.
Essais interrompus. Le contre-torpilleur Svnois a
appareillé samedi pour procéder à ses essais officiels à
la puissance maxima au tirage forcé ces essais n'ont
pas réussi par suite d'une aération et d'une ventilation
insuffisantes. Le Dunois a profité de cette sortie pour
faire des essaisd'embrayage, de débrayage et de mouil-
lage, qui ont donné de bons résultats.
Avant d'entreprendre de nouveaux essais, le fournis-
seur demande que des modifications soient apportées à
la ventilation.
e&
L'AFFAIRE DREYFUS
Une dépêche de Dreyfus à sa femme
Nous avons dit que Mme Lucie Dreyfus avait été
autorisée par le gouvernement à télégraphier à son
mari, après que la chambre criminelle de la Cour de
cassation eut elle-même décidé que, par les voies
les plus rapides, son arrêt sur la recevabilité de la
demande en revision et le réquisitoire du procureur
général Manau seraient portés à la connaissance de
Dreyfus.
Mme Lucie Dreyfus a reçu hier de son mari, par
l'entremise du ministère dos colonies, la dépêche
suivante
Je me réjouis avec vous tous; santé bonne au moral
et au physique.
Une lettre de M. Monod
Le Siècle a reçu de M. Gabriel Monod la lettre
suivante, qu'il publie ce matin
Paris, 27 novembre.
Monsieur le directeur,
Certes, je proteste avec énergie contre les poursuites
dirigées contre l'admirable lieutenant-colonel Piequapt,
coupable d'avoir découvert le premier l'innocence de
Dreyfus et la culpabilité d'Esterhazy, poursuites entre-
prises au moment où les faux de Henry et les premiers
débats de la Cour de cassation ont rendu évidente la
nécessité de reviser le déplorable procès de 18M-. Mais
je proteste également avec énergie contre la dange-
reuse violence avec laquelle certains journalistes pro-
filent âes erreurs, et des actes criminels ds «aeléues
officiers pour déverser l'outrage sur tous les membres
du gouvernement, sur tous les chefs de l'armée, sur
tous les juges dès conseils de guerre. Je proteste aussi
contre le langage tenu dans les meetings révolution
naires où, sous prétexte de défendre deux victimes
innocentes, on soulève les passions populaires con-
tre nos institutions militaires elles-mêmes, contre l'ar-
mée, qui est la sauvegarde de notre sécurité à l'exté-
rieur, et dont l'existence empêclie seule en ce mo-
ment les Français, affolés par treize mois de polémi-
ques effrénées, de se précipiter les uns sur les autres
pour s'entre-déchirer. Ces violences provoquent dans
beaucoup d'âmes généreuses et patriotes des senti-
ments de révolte qui les rendent aveugles à la vérité -et
sourdes aux cris de la justice outragée. Si le capitaine
Dreyfus et le colonel Picquart pouvaient lire ce que
disent et écrivent quelques-uns de leurs défenseurs, ils
seraient les premiers à protester avec indignation. Je
crois être l'interprète de l'immense majorité de ceux
qui ont reconmi l'innocence de Dreyfus et de ses pro-
pres sentiments, en suppliant tous les amis de la vé-
rité, de la justice et du droit, de laisser à la presse clé-
ricale et nationaliste le triste monopôle de violences
épileptiques qui dépravent l'esprit public èt conduisent
la France à l'anarchie.
Veuillez -agréer, etc.
GABRIEL MONOb,
ïnenibre de l'Institut.
Les protestations contre le procès du
colonel Picquart
Les journaux V Aurore, le Siècle, le Rappel, le Ra-
dical continuent à recueillir les signatures de ceux
qui protestent contre le procès m'tenté au colonel
1 Piccruart. Ces signatures occupent quinze colonnes
de 1 Aurore. Nous signalons parmi les signataires
MM. iVlichel Brèal, membre de l'Institut Edmond
•' ;Rostand, auteur dramatique; SchetiTer-Kestner, îr^na-
teur Henri Weil, membre de l'Institut M. Brillouin,
..maître de conférences à l'Ecole normale supérieure
Matruchot, professeur à l'université de Rennes Cou-
turat, chargé de cours à l'université de Caen; Nyegard,
• pasteur à Nancy Abelous, professeur à l'université de
Toulouse Petit-iHitaillis, chargé de cours à la faculté
de Lille; Camichel, maître de conférences à la faculté
des sciences de Lille Lamiling, Pade, Jouquet, Dau-
tnemer, professeurs à lafacuïté de Lille Debierre,profes-
seur à la faculté de médecine de Lille; Ciiabaneau,conres-
pondant de l'Institut; Mme Sarah Bernhardt;Bertrand de
Fontviolaiït, ingénieur, professeur à l'Ecole centrale; AI-
bertWalil, professeur à la faculté de droit àl'universitë de
Lille; Mme Liegel, externe 'des hôpitaux.; docteur Vau-
caire Léon Sentupère, ancien chef de cabinet au mi-
nistère delà justice; Julien Dupré, peintre Massebiau,
professeur honoraire, à la faculté de théologie protes-
tante de Paris Edouard Chavannes, professeur au Col-
lège de France; Emile BareL maître de conférences à
l'Ecole normale supérieure; Pierre Delbet, professeur
agrégé à la Faculté demédecine; Porel, directeur des théâ-
tres du Vaudeville et du Gymnase Alfred Roll, peintre;
Emile Trélat, ancien député Henri Sée, professeur à
l'université de Rennes; Charles Risler, maire du 7e ar-
rondissement F. Pillon; directeur de l'Année philoso-
phique P. Grenier, artiste; Jules Dalou, sculpteur;
Henri Amie, auteur dramatique; Edouard Baudoin,
professeur à l'université de Grenoble; Gaston Des-
champs Mlle Salomon, directrice du collège Sévigné
J. Philipp, compositeur de musique; Georges Charlot,
artiste graveur; H. Wolf, capitaine en retraite; Auguste
Béai, maître de conférences à la Faculté des sciences de
Paris; Emile Berteaux, professeur à l'Association philo-
"techniqiie docteur Roux, de l'Académie demédecine; J.
Marx; Emile Vernier, sculpteur-ciseleur; P.Weber, artiste
peintre; Arthur Fontaine, ingénieur des mines; Geor-
ges Cattelain, artiste graveur; Pierre Jouguet, maître
de conférences à la Faculté de Lille; docteur A. Blatin,
professeur à l'école de médecine de Clermont-Ferrand,
ancien député Léon Rosenthal, professeur agrégé de
l'université Ch. Mention, ancien député, membre du
conseil général du Nord; J.-E. Abelous, professeur à
l'Université de Toulouse; P. Ûaliou, inspecteur des
forêts en retraite Gaston Munier membre de
l'Institut français au Caire; Ernest Langlois, pro-
fesseur à la faculté des lettres de Lille Gustave
Rodrigues professeur agrégé de l'université de
Laon; Alfred Bruneau compositeur de musique;
de Porto-Riche; Albert Clemenceau; Mme Réjane; Paul
Clemenceau, ingénieur; A. Millérand, Viviani, G. Roua-
net, députés Paul Girard, maître de conférences à
l'Ecole normale supérieure docteur Horace Stapfer;
Bonnet, Bougie, Merlin, Millot, Bourguet, professeurs
à l'université ou au lycée de Montpellier; Chabaneau,
correspondant de l'Institut L. Coune, maître de confé-
rences à l'université de Nancy; Fochier, professeur à
la faculté de médecine de Lyon; Jean Monod, doyen
honoraire; Hamelin, chargé de cours à l'université de
Bordeaux; Mme veuve Félix Pécaut; Wahl, président
de la Société de réintégration des Alsaciens-Lorrains,
etc., etc.
LiL VIE A LA CAMPAGNE
LES CHAMPS ET LES BÊTES
Activité dévorante d'un sénateur. Réflexions sur mes
semailles. Ignorance et routine. Les engrais
chers et les engrais à bon marché. Les engrais
azotés et les engrais phosphatés. Promesse tenue
« La recette du lièvre à la royale o.
Quand on est sénateur, que l'on dirige, à
400 kilomètres de Paris, une exploitation agri-
cole et que l'on tient à surveiller'en personne les
opérations les plus importantes, telles que, par
exemple, les semailles d'automne, on ne peut
guère, je vous. assure, garderies deux pieds dans
le même sabot. Je puis en parler savamment.
Depuis le 25 octobre, jour de la rentrée du Par-
lement, jusqu'au 20 novembre, je n'ai pas cessé
de faire la navette entre Paris et le Poitou. C'est
que, dans le système de culture auquel je me
suis arrêté, les semailles des blés d'automne
sont de beaucoup l'opération la plus importante,
celle dont dépend la moitié au moins du revenu
net de la ferme. Mon assolement, combiné d'a-
près la rotation raisonnée des récoltes qui se
succèdent dans ma culture, se compose de 16
soles, dont quatre soit le quart de la propriété
sont occupées par du froment d'automne.
Chacune de ces quatre soles, d'après la récolte
qui a précédé et celle qui doit suivre d'après
aussi la nature du sol exige des mélanges,
d'engrais très différents. Or, du premier au der-
nier, mes serviteurs n'en ayant pas la moindre
notion, je suis obligé, afin de prévenir des bé-
vues dont l'effet pourrait être désastreux, de
m'absenter le moins possible pendant toute la
période si critique des semailles. Cette année,
par suite de4a sécheresse qui a si considérable-
ment retardé les travaux préparatoires, j'ai
semé mon premier grain de blé le 28 octobre. Il
est vrai que le temps a été depuis aussi propice
que je pouvais le souhaiter, de sorte que, le ter-
rain étant absolument prêt, j'ai pu tout termi-
ner en vingt jours et dans des conditions abso-
lumentparfaites. Mais, durant ces vingt jours,
ma présence a été presque indispensable" etvoilà
pourquoi, depuis la rentrée du Sénat, entre cha-
que séance, j'ai couru à ma ferme. Je vous
avouerai même entre "nous n'en dites rien à
mes électeurs qu'il m'est arrivé quelquefois
deprolonger là-bas mon séjour, lorsque la ques-
tion soumise aux délibérations du Sénat n'était
pas de ma -compétence et ne me paraissait pas
d'un intérêt bien palpitant.
Enfin, depuis huit jours, mes semailles sont
terminées. J'ai donné à mon blé bon gîte et le
reste.; je n'ai plus qu'à lui souhaiter une tempé-
rature favorable, n'ayant aucun moyen d'inter-
venir de façon efficace jusqu'au moment des bi-
nages et hersages; En attendant, il faudra pré-
parer les labours pour les ensemencements si
variés du printemps. Mais la besogne est désor-
mais très simple J'ai donc bouclé mes malles,
et me voilà définitivement installé jusqu'aux
vacances ûe Noël à Paris, pour m'y consacrer
tout à la fois à rexarcice de mon mandat légis-
latif et à mes souvenirs et réflexions sur la vie
des champs.
J'ai parlé plus haut de l'ignorance absolue de
mon personnel en ce qui concerne les divers
engrais minéraux ou chimiques connus sous le
nom d'engrais de commerce. S'il ne s'agissait
que de mon personnel, le mal ne serait pas
grand, car je serais là pour y remédier. Mal-
heureusement, cette ignorance est partagée par
les neuf dixièmes des cultivateurs de la région
et je suis indulgent. Bien que, depuis plus de
quarante années, on emploie chez nous, plus ou
moins abondamment, des engrais de commerce,
on ne fait, à de très faibles exceptions, aucune
différence entre ces engrais, au point de vue de
leur pouvoir fertilisant, c'est-à-dire de leur com-
position en azote, acide phosphorique ou po-
tasse. C'est de l'engrais, cet engrais est en sac,
il pèse 100 kilos, cela suffit. Quant à se préoccu-
per si cet engrais contient de l'azote, du phos-
phore ou de la potasse, on n'en a cure, et l'on se
détermine uniquement par le prix de la mar-
chandise, en donnant, bien entendu, toujours
la préférence à celle qui se vend le meilleur
marché.
Au cours des dernières semailles, je causais
un jour avec un voisin qui, parlant de ses tra-
vaux de culture, me dit
Je n'avais pas assez de fumier pour toutes
les terres que je voulais ensemencer. J'ai alors
diminué la dose ordinaire de fumier et j'ai
complété avec des engrais de commerce de
cettefaçon ça marchera tout de même.
Ça marchera même beaucoup mieux, ré-
pondis-je, si vous avez employé en quantité
suffisante les engrais complémentaires qui con-
viennent.
Mais lorsque je lui demandai quels engrais il
avait ainsi mis à la place du fumier, il parut
tout surpris de ma question, ne connaissant et,
n'employant jamais, comme tous ses voisins,
que deux sortes d'engrais le superphosphate
pommes vieilles terres, et la ekeseimte naturel; »
pour les défrichements de brandes et de bruyè-
res.
Je cherchai alors à lui faire comprendre que
le superphosphate ne suffisait pas. Je lui expli-
quai de mon mieux que, si le fumier fait pous-
ser le blé, c'est beaucoup plus par l'azote que
par le phosphate qu'il contient. Quand on sup-
prime ou diminue la quantité ordinaire de fu-
mier, il faut donc y suppléer, non pas seule-
ment par des superphosphates qui ne contien-
nent pas un atome d'azote, mais encore et sur-
tout par des engrais azotés tels, par exemple,
que te sulfate d'ammoniaque. Autrement, c'est
à peu près comme si à un enfant nouveau-né,
auquel il faudrait un bol de lait, on apportait un
verre de vin.
Il parut d'abord comprendre mes explications,
et aussitôt
Et combien; monsieur, coûte le sulfate
d'ammoniaque?
26 francs les 100 kilos.
26 francs 1
Dès lors, il ne comprenait plus. Y pensez-
vous ? 26 francs les 100 kilos, quand le super-
phosphate ne coûte que ? francs 3
Je ne me tins pas pour ï>attu.
Voyons, dis-je à mon voisin, écoutez-meti
bien et raisonnons un peu. Pour produire 100
kilos de blé, paille comprise, il faut trois kilos
d'une certaine drogue que Ton appelle deYa-
zote. C'est parce que le fumier contient une
assez grande quantité de cet azote qu'il fait si
bien pousser le blé. Dans un mètre cube de fu-
mier il y a environ trois kilos d'azote; c'est-à-
dire juste ce qu'il faut pour produire 100 kilos
de blé. Mais comme le blé n'absorbe, la pre-
mière année, que la moitié à peine du fumier
qu'on lui donne, il en faut donc deux mètres
cubes pour produire 100 kilos de grain. De toult
cela il résulte que, si vous avez mis, cette année,
dans votre champ, 143 mètres cubes de fumier
de moins qu'il n'était nécessaire, votre récolte
sera tout naturellement diminuée de 800 kilos,
c'estrà-dire 10 hectolitres de blé. A quoi il faut,
pour la paiite, ajouter le double, soit î,600
kilos.
Eh bien, vous pouvezretrouver tout cela en
donnant à votre champ 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque par hectare. Le sulfate d'ammonia-
que contient, en effet, 200/0 d'azote, ce qui, pour
200 kilos, donne 40 kilos d'azote. Et, comme l'a-
zote du sulfate d'ammoniaque, pour des raisons
qu'il serait trop long de vous exposer aujour-
d'hui, est beaucoup plus facilement et plus rapi-
dement absorbé par le blé que l'azote du fumier
de ferme, vous pouvez être certain que cette
dose sera parfaitement suffisante pour vous
faire retrouver les 10 hectolitres de blé que vous
aurait fait perdre le manque de fumier. Et cela,
sans que toutes les autres dépenses de culture,
à l'exception du battage, en soient en aucune
façon augmentées.
Remarquez bien, d'ailleurs, que le fumier,
comme le sulfate d'ammoniaque, ne vous dis-
pense en aucune façon d'employer en même
temps le superphosphate. C'est même tout le
contraire, car les deux premiers n'ont pour but
que de faire pousser beaucoup de paille, tandis
que le rôle du superphosphate est de donner du
ton et de la raideur à cette paille, de féconder
l'épi, d'agir sur la qualité du grain et de hâter
sa maturité. Or, plus il y aura de paille, plus il
y aura d'épis, et plus il faudra de superphos-
phate, tout àla fois pour éviter la verse et pour
favoriser la grenaison. Laissons donc de côté le
superphosphate, qu'en tout état de cause il faut
toujours employer dans les terres qui man-
quent de phosphore et c'est la très grande
majorité, pour ne pas dire la totalité de nos
terres poitevines et faisons le compte de la
dépense et du profit résultant d'une fumure
complémentaire de 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque par hectare
DÉPENSES
200 kilos de sulfate d'ammoniaque, à 26 francs les
100 kilos Fr. 52
Battage des 800 kilos de récolte supplémentaire. 8
Total des dépenses .Fr. 60
PRODUITS
Grain 800 kilos, ou 10 hectolitres à 17 francs l'hec-
tolitre Fr. 170
Paille le double du poids du grain, soit 1.600 kilos
à 2 fr. 50 les 100 kilos 40
-Total des produits. Fr. 210
BALANCE
Produits Fr. 210
Dépenses 60
Bénéfice net ..Fr. 150
« Je dis cent cinquante francs de bénéfice net
par hectare. Eh bien, mon cher voisin, je crois
que, si les cultivateurs ne faisaient jamais que
des opérations de ce genre, on ne dirait plus
que la culture est un mauvais métier. »
Après avoir ainsi parlé, je laissai mon homme,
ne doutant pas qu'il ne fût entièrement con-
vaincu par la force de ma démonstration. Je me
trompais. Quelques jours après, mon voisin me
confessa qu'il n'avait pu se résoudre à payer un
sac d'engrais 26 francs. Laissons faire le temps.
Mes champs touchent les siens. La qualité du
sol est la même. Il n'y a pas d'autre différence
dans la fumure que les 200 kilos de sulfate d'am-
moniaque que j'ai donnés et qu'il a épargnés. Je
le lui rappellerai au moment de la récolte, et si
mes raisonnements n'ont pu triompher de son
incurable routine, peut-être sera-t-il plus sensi-
ble à cette « leçon de choses »: C'est la grâce que
je lui souhaite.
LA RECETTE DU LIÈVRE A LA ROYALE
Tranquillisez-vous, mes chers lecteurs, je ne
recommencerai point la plaisanterie de l'autre
jour. Je suppose que beaucoup parmi vous, se
proposent de découper la recette du lièvre à la
royale pour l'encarter dans leur livre de cuisine.
Je vais donc la donner absolument complète,
sans tenir le moindre compte des vagues indica-
tions contenues dans ma précédente chronique.
D'abord, le lièvre lièvre mâle, à poil roux,
de fine race française, caractérisée par la légè-
reté et la nerveuse élégance de la tête et des
membres; %tué autant que possible en pays de
montagne
mais cependant encore adolescent ce qu'on ap-
pelle, en pays poitevin, un « lièvre d'avocat ».
Caractère particulier tué assez proprement
pour n'avoir pas perdu une goutte de son sang.
Après le lièvre, la casserole de forme oblon-
gue, dite daiibière, en cuivre bien étamé. Hau-
teur 20 centimètres, longueur 35 centimètres,
largeur 20 centimètres. Couverture fermant
hermétiquement.
Nous avons le lièvre, nous avons la daubière,
commençons la cuisine.
Première opération
A midi Le lièvre sera dépouillé et vidé
le cœur, le foie et les poumons seront mis à
part; le sang sera soigneusement conservé.
Tous les ingrédients que je vais successivement
indiquer, au fur et à mesure de leur emploi, se-
ront préparés.
A midi et demi Après avoir enduit de bonne
graisse d'oie le fond et les parois de la daubière,
vous étendez un lit de bardes de lard, sur lequel
après avoir amputé l'avant-main au ras des
épaules, de telle sorte qu'il ne reste que le râble
très allongé et les cuisses vous placez le liè-
vre dans toute sa longueur et sur le dos. Vous
couvrez ensuite l'animal de nouvelles bardes de
lard, étant entendu que toutes les bardes du
dessous et du dessus réunies doivent atteindre
le poids de 125 grammes.
Vous ajoutez alors
1° Une carotte de taille ordinaire coupée en
quatre;
2° Quatre oignons de moyenne grosseur-
tenant le milieu entre un œuf de poule et un
œuf de pigeon dans chacun desquels vous
aurez piqué un clou de'gïrofle;
3° Vingt gousses d'ail;
4° Quarante gousses d'échalotes'; »
5« Un bouquet garni, composé de une feuille
de laurier, une brindille de thym, quelques
feuilles de persil;
G0 Un demi-setier 25 centilitres de bon
vinaigre de vin ronge;
7° Une bouteille et demie de bon vin de Mâcon
ou de Médoc, au choix, ayant deux ans de bou-
teille
8Q Sel et poivre en quantité suffisante.
A une heure Votre daubière étant ainsi gar-
nie, vous la mettez.sur le feu appareil à gaz
ou fourneau ordinaire et, après avoir placé
sur le couvercle trois ou quatre morceaux de
charbon de Paris incandescents, vous- réglez 1
voire chauffage de façon à soumettre votre liè-
vre à un feu doux, régulier et continu pendant
trois heures.
Telle est la première opération, vous vayez
Que ce n'est cas bien difficitei
Deuxième opération
Une fois la daubière sur le feu et tandis qu£
le lièvre subit sa première cuisson, nous allons,
préparer tous les éléments de la seconde opéra-
tion.
Vous hachez d'abord très menu, et en pre*
nant successivement chaque partie l'une après,
l'autre
1° 125 grammes de lard
2° Le cœur, le foie et les poumons du lièvre;
3° 10 gousses d'ail
4° 20 gousses d'échalottes.
Chacun de ces quatre articles, je le répète,1
doit être hach6 à part et très menu. J'insiste
surtout pour l'ail et les échalottes dont le hachis
doit être si fin qu'il atteigne d'aussi près que
possible l'état moléculaire. C'est une des condi-
tions premières de la réussite de ce plat mer-
veilleux, où les multiples et divers parfums et
aromes doivent être fondus en un tout si har-
monieux qu'aucun ne prédomine, et que rien
ne puisse déceler leur origine particulière et
froisser ainsi quelque préjugé, d'ailleurs pro-
fondément regrettable.
Après avoir ainsi haché séparément votre
lard, vos viscères de lièvre, votre ail et vos
échalottes, vous les réunissez en un hachis gé-
,néral, de façon à obtenir un mélange absolu-
ment parfait. et vous attendez le moment de le
faire entrer en scène.
A quatre heures Vous retirez la daubière.
Vous enlevez délicatement le lièvre que vous
déposez seul sur un plat. Vous le débarrassez
'soigneusement de tous les débris de lard, ca-
rotte, oignons, ail, échalottes qui pourraient
le souiller, et vous remettez ces débris dans la
daubière. Vous videz alors tout ce que contient
cette dernière dans une passoire placée au-des-
sus d'un grand plat creux, et vous en extrayez
tout le suc au moyen d'un petit pilon de bois.
Lorsque ce coulis est obtenu, vous y joignez le
hachis préparé comme il est -dit plus haut, et,
pour bien étendre et délayer le tout, vous ajou-
terez une demi-bouteille de vin chaud, de la
même origine que celui au milieu duquel a déjà
cuit le lièvre.
A quatre heures et demie Vous remettez alors
cette nouvelle mixture dans la daubière vous y
déposez le lièvre avec tous les os des cuisses ou
autres qui auraient pu se détacher pendant l'o-
pération, et vous replacez la daubière sur le
fourneau avec feu doux et continu dessus et
dessous.
A six heures Vous procédez à un premier,
dégraissage, l'excès de graisse provenant du lard
vous empêchant de juger de l'état d'avance-
ment de votre sauce. Votre œuvre ne sera, en
effet, achevée que lorsque la sauce sera suffi-
samment liée pour offrir une consistance appro-
chant de celle d'une purée de pommes. Pas tout
à fait cependant, car, à la vouloir trop consis-
tante, on finirait par tellement la réduire qu'il
n'en resterait plus suffisamment pour humecter
la chair naturellement très sèche du lièvre. Nous
avons, du reste, à faire une dernière opération
qui, une fois la liaison de la sauce en bonne
voie, la mettra définitivement et très rapide-
ment au point. Je veux parler de l'addition du
sang du lièvre qui, non seulement activera la
liaison de la sauce, mais lui donnera en même
temps une belle coloration brune, d'autant plus
appétissante qu'elle sera plus foncée. Cette ad-
dition du sang ne doit pas se faire plus d'un
quart d'heure avant de servir, et elle doit être
précédée d'un second dégraissage. Onfouettera
d'abord le sang, de manière que, si quelques
parties sont caillées, comme la chose est infini-
ment probable, on les rende à nouveau tout à
fait liquides. On le versera alors sur la sauce, en
ayant soin d'imprimer à la daubière, de bas en
haut et de droite à gauche, un mouvement de va-
et-vient qui le fera pénétrer uniformément dans
tons les coins et recoins de la casserole.
Vous goûterez, vous ajouterez poivre et sel,
s'il y a lieu, et un quart d'heure après, vous
prendrez vos dispositions pour servir. Ppur ce,
vous sortez de la daubière votre lièvre dont
la forme est alors plus ou moins altérée. Vous
placez, dans tous les cas, au milieu du plat, tout
ce qui est encore à l'état de chair les os com-
plètement dénudés, désormais inutiles, étant
jetés de côté et, autour de cette chair de liè-
vre en compote, vous mettrez pour toute garni-
ture l'admirable sauce qui, si la reconnaissance
n'est pas un vain mot, m'assurera l'éternelle
gratitude de tous les lecteurs du Temps. Je n'ai
pas besoin de dire que, pour servir ce lièvre,
l'emploi du couteau serait un sacrilège et que
la seule cuillère y suffit complètement.
Tel est mon lièvre à la royale. Je dois dire,
cependant, que, dans les traditions de la famille,
il était d'usage de démêler le sang en y ajoutant
deux ou trois petits verres de vieille et fine eau-
de-vie des Charentes. J'ai supprimé cet usage,
voyez s'il vous convient de le rétablir.
Et maintenant, chers lecteurs, êtes-vous con-
tents ? Je vous donne aujourd'hui un lièvre, je
vous ai posé, dans la précédente, un lapin c'est
plus que je n'ai tué dans toute mon année.
A. COUTEAUX.
P. -S. Je reçois de M. Boulet, président du
« Club français du Chien de berger » la commu-
nication suivante
Club français dtt chien de berger. A Toulouse, devant
une très nombreuse assistance, a eu lieu un concours
de chiens de berger au travail, organisé par le comica
agricole de l'arrondissement, sous le patronage du Club
français du chien de berger. M. Daléas, président dtt
comice, a fait ressortir dans son discours, souvent ap-
plaudi, le but et l'utilité du club, auquel tous les ber-
gers soucieux d'améliorer leur race de chiens, tous les
fermiers possesseurs de troupeaux et tous les proprié-
taires de fermes devraient souscrire, et a annoncé que,
vu le grand succès de ce premier concours dans la
contrée, le bureau du comice avait décidé d'en faire un
semblable en 1899. Quatorze prix et diplômes ont été
décernés; la médaille offerte par le Club français du
chien de berger, représentant le prix -d'honneur avec
100 francs d'espèces, a été remise à l'heureux gagnant
par le général de Sesmaisons, commandant le 17e corps
d'armée, qui présidait la distribution des récompenses
ayant à ses côtés le maire de Toulouse et toutes les
notabilités de l'arrondissement.
A.C.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales
EURE. Sur l'initiative de MM. Thorel, Godard et
Lhermite, électeurs de droit, uno réunion de délé-
Êués sénatoriaux et des 'suppléants du canton a eu
lieu à Louviers, samedi dernier, en vue de l'élection
qui doit avoir lieu le 17 décembre pour remplacer M.
Guindey, sénateur républicain, décédé. Trente élec-
teurs avaient répondu à cet appel.
Après une courte allocution de M. Thorel, expli-
quant le but de la réunion, M. Godard est élu pré.
sident. p
Celui-ci rappelle que, d'après les comptes rendue
publiés par les journaux, trois candidats paraissent
jusqu'à présent être en présence MM. Ducy, Ferray
et Thorel. Il demande à la réunion de bien vouloir
indiquer si elle a des préférences et de désigner à
son tour son candidat. 0
En réponse à la question d'un délégué, M. Thorel
déclare que, s'il est désigné par la majorité des délé-
gués sénatoriaux, il acceptera la candidature. Il
ajoute qu'il ne lui appartient pas de préjuger du ré-
sultat de l'élection sénatoriale et qu'il ne peut ni ne
doit indiquer un candidat quelconque à l'élection lé-
gislative qui serait nécessitée par son élection au
énat mais qu'en préseiïco de l'opinion foncière-
ment républicaine de l'arrondissement de Louviers
il est convaincu que seul un républicain pourrait lui
succéder.
Le vote émis au bulletin secret donne les résultats
suivants MM. Thorel, 27 voix; Ducy, 1 bulletins
blancs, 2.
D'autre part, dans une réunion tenue aux Ande-
lysle 21 novembre, et à laquelle assistaient 15 délé-
gués du canton, M. Thorel avait été désigné comme
candidat à l'élection sénatoriale à l'unanimité des 15
délégués présents.
Enfin, dans la réunion tenue à Rugles le 25 no-
vembre, et à laquelle 15 délégués ont pris part, les
voix se sont ainsi réparties MM. Thorel, 10 voix i
Ducy, 5.
Elections aux conseils généraux
AIN. Une élection a eu lieu, hier, dans le canton
de Brénod pour remplacer M. Carrier, républicain,
décédé. M. Antonin Ulliot, républicain, a été élu
conseiller général par 950 voix sur 1,723 électeurs
inscrits, 1,103 votants et 1,079 suffrages exprimés.
Eure. Dans le canton de Vernon où il s'agis-
sait 'de remplacer M. Barette, radical, décédé, M.
Lasne, républicain radical, a été élu conseiller géné-
ral par 1,308 voix contre 1,122 à M. Legrand, ré-
publicain. Il y avait 3,050 électeurs inscrits il y a
au 2,450 votants et 2,440 suffrages exprimés.
Elections municipales r
Parts. 6e arrondissement. Quartier Saint*
Germain-des-Pi'és. Un scrutin de ballottage avait
lieu hier dans ce quartier pour remplacer comme
conseiller nauniciDal M. Prache, libéral, rallié, élu
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