Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 09 janvier 1894 09 janvier 1894
Description : 1894/01/09 (Numéro 11915). 1894/01/09 (Numéro 11915).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2339649
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Cns'a&onne aux Bureaux au Journal, 5, BOUllTaiID DES ITALIENS, 1 PARIS, et dans tous les Bureaux de Poste
MARDI 9 JANVIER 1894
TRENTE-QUATRIEME ANNEE. N° 11915
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, 14fr.j Six mois, 28 fr.; ïïa an, 56 fr.
MF» & ALSACE-LORRAINE 17fr.; 34 fr.; 68 fr.
UNION POSTALE 18 fr.; 36 fr.; 72 fr.
AUTRES PATS 23 fr.; 46 fr.; 92fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" ET 16 DB CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) SO centimes
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET C», 8, place de la Bourse
Le Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
Adresse télégraphique TEIIPS PARIS
1- PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS.?. Trois moi8> 14 fr< Six mois, 2S fr< ^T 5S fr*
DSP»» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; ¡ 34 fr.; ¡ 63 ft.
UNION POSTALE. 18fr.; 36fr.; 72 fr.
AUTRES PATS 23fr.; 46 fr.; S2 fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) ISS centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
Le Journal ne répond pas des articles non insérés
PARIS, 8 JANVIER
BULLETIN DU JOUR
LES PETITES VÊPRES SICILIENNES
Rien n'est plus naturel que la profonde émo-
tion produite dans toute l'Italie par l'explosion
et surtout par la durée des désordres dont la Si-
cile est le théâtre. Rien n'est plus légitime que
les mesures d'exception prises par le ministère
Crispi pour rétablir l'ordre dans la grande pro-
vince insulaire.
Seulement il ne faut pas que l'opinion s'é-
gare ou se laisse égarer sur deux points
essentiels qui ont, du reste, une certaine con-
nexité l'un avec l'autre nous voulons parler
des responsabilités véritables et des remèdes
réels.
C'est faire de très mauvaise besogne que de
chercher à rejeter sur autrui le tort de cette dé-
plorable situation. On ne peut que sourire quand
on lit dans des organes qui n'ont apparemment
pas entièrement renoncé à être pris au sérieux
des légendes du genre de celle d'après laquelle
l'Angleterre, mise en éveil et en appétit par
toute une série de pétitions émanées de com-
munes siciliennes et demandant à la reine Vic-
toria de proclamer son protectorat dans l'île et
de la replacer dans l'état où elle était sous le
régime de lord William Bentinck, pendant les
guerres napoléoniennes, favoriserait sous main
l'agitation sociale en Sicile. La chose devient
déjà plus grave quand, profitant sans scrupule
de regrettables malentendus entre la France et
l'Italie, on insinue que l'or français (ombres de
Pitt et de Cobourg! souvenirs de 1793 retournés
contre les héritiers des dénonciateurs de la per-
fide Albion !J solderait les émeutiers de Caltani-
setta ou de Girgenti.
Il est vrai que cette calomnie trouve immédia-
tement son correctif dans la version d'après la-
quelle les socialistes allemands, qui n'ont pas
toujours assez de leurs propres ressources pour
fournir le nerf de la guerre chez eux-mêmes,
répandraient à flots les écus et les brochures
de Karl Marx ou de Lassalle en Sicile.
La vérité est moins compliquée que cela. Il
suffit de jeter un coup d'œil sur les conditions
sociales de la Sicile pour comprendre l'explo-
sion des désordres ou plutôt pour s'étonner
qu'ils n'aient pas éclaté plus tôt et qu'ils ne se
propagent pas sur une plus vaste échelle. L'en-
quête agraire officielle a établi que le salaire
moyen des ouvriers agricoles en Sicile est de
cinquante centimes par jour et qu'il n'y a pas
plus de deux cents Jours de travail le député De
Felice réduit même ce dernier chiffre à cent
soixante par année.
Ce qui, dans ces derniers temps, a encore ag-
gravé les souffrances de ces populations rurales,
c'est l'apparition entre les propriétaires fonciers
et les fermiers proprement dits d'une nouvelle
classe d'intermédiaires qui prennent à bail un
domaiqe tout entier souvent à titre de garan-
tie pour un prêt contracté à un taux usuraire
sous-louent un petit métayer et tondent impar-
tialement la toison du propriétaire et du fer-
mier en exhaussant le fermage, d'un côté, et en
prélevant, de l'autre, une large part avant de le
verser entre les mains de l'ayant droit.
Une pareille organisation économique est ab-
solument contraire à une culture scientifique.
Aussi l'économie rurale est-elle singulièrement
en retard dans cette région que la nature a si ri-
chement dotée. Ajoutez à ces conditions le far-
deau insupportable d'impôts écrasants. Consi-
dérez que les 340 communes rurales de la Si-
cile payent 22,218,000 francs d'impôts de con-
sommation, sur les 35 millions que payent les
357 communes de la province, soit huit francs
par tête d'habitant des campagnes, c'est-à-dire
4 ou 6 0/0 du revenu total d'un journalier,-tan-
dis que, dans le Piémont, incomparablement
plus riche, 1,133 communes avec le même nom-
bre d'habitants, ne payent que 17 millions et,
dans la Vénétie, plus aisée aussi, 771 communes
avec le même total de contribuables, seulement
7,200,000 francs.
De pareilles comparaisons sont éloquentes. Il
ne faut pas perdre de vue que le fisc est impi-
toyable, qu'il fait vendre moissons, immeubles,
terres pour solder les reliquats de taxe non
payés. On racontait l'autre jour l'histoire d'un
paysan de Valguarnera rentrant des champs
'avec quelques légumes qu'il avait arrachés au
sol. L'octroi lui réclame 35 centimes de droit.
.Il n'a-que 30 centimes à offrir. Le gabelou saisit
.hic et nunc son vêtement de travail. Et l'on
s'étonne que dans cette commune, quelques
heures plus tard, la foule se soit levée eh
masse
Voilà la vraie cause de cette insurrection mo-
rale de la Sicile. Il est puéril de parler d'excita-
tions étrangères. Le mal est là, il est visible. Ce
serait commettre une funeste erreur que de
croire qu'il suffira d'en réprimer les symptômes,
au lieu de s'attaquer courageusement à la ra-
cine même.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIÉES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 8 janvier, 10 heures.
Très peu de nouvelles de Sicile. L'ensemble de la
situation paraît moins mauvais. L'intervention di-
recte de M. Colajanni semble avoir un peu calmé
les esprits. Après une entrevue avec le général
Morra, il a écrit deux lettres, l'une aux Fasci et aux
Siciliens, l'autre à M. Crispi. Dans la première, il
FEUILLETON DU ~ntp0
DU 9 JANVIER 1894 [tl]
FIDÈLKA
X (Suite)
Il est bien drôle, cetArdiane dit Chévensky
un instant après le dîner, pendant qu'il riait aux
éclats avec Souriette, à l'autre extrémité du sa-
ion. Et j'étais loin de m'en douter lorsque je
l'ai invité; je le croyais un peu raide, unpeu po-
seur. Je le préfère ainsi.
Le jeune homme montra à Souriette des tours
de cartes qui la mirent en joie, puis quand elle
fut allée se coucher, à neuf heures, il s'assit au
piano et joua pendant longtemps des mor-
ceaux peu connus, de divers genres, qui inté-
ressèrent au plus haut point la curiosité du
comte; mais jamais, quand Chévensky était là,
il ne livra son âme comme il le faisait en jouant
pour sa femme.
Elle s"en aperçut bien vite. Son premier mou-
vement fut une joie secrète; toute femme est
flattée de la préférence qu'elle inspire; le se-
cond fut un peu d'embarras. Etait-ce un aveu
tacite, que cette fougue de passion, cet empor-
tement irrésistible, ces accents de douleur et de
triomphe ? En ce cas, la situation serait bien
difficile.
Difficile?' Assurément non! Elle n'avait qu'un
mot à dire, moins que cela, insinuer simplement
que la présence d'Ardiane commençait à la fati-
guer, pour qu'aussitôt le comte trouvât un
moyen diplomatiquement irréprochable de s'en
débarrasser. Il avait d'ailleurs ce principe qu'a-
vec de l'argent et de la politesse, on se débar-
rasse de n'importe quoi.
Mais à quoi bon se créer des chimères? Non,
Ardiane ne l'aimait pas n'avait-il pas, pour
ReDroduftlion et traduction interdites.
recommande lo calme et démontre l'absurdité de
jeter de pauvres ouvriers contre une armée. Dans
la seconde, il avertit le gouvernement de ne. pas se
fier à des victoires obtenues par la force et exhorte
M. Crispi à se rendre en Sicile. Il insiste sur la né-
cessité absolue d'appliquer le plus tôt possible des
réformes profondes et décisives.
Madrid, 8 janvier, 9 h. 40.
Des bruits contradictoires sur l'ambassade extraor-
dinaire ont circulé, hier, malgré les rassuran-
tes déclarations de la presse ministérielle qui affir-
mait que ni le gouvernement ni le maréchal Campos
n'avaient renoncé à la mission destinée à régler les
questions litigieuses avec le sultan.
Néanmoins, la majorité de la presse se fait l'écho
des bruits venus de Melilla et de Tanger, selon les-
quels le sultan aurait indiqué que l'envoi d'une mis-
sion était inutile parce qu'il va entreprendre un
long voyage dans le nord de son empire du côté du
Riff, ensuite parce que la paix était suffisamment
rétablie et assurée par son frère Arafa, et enfin
parce que le rétablissement des relations entre les
Espagnols et les Kabyles et les questions subsi-
diaires, comme une indemnité raisonnable pour les
agressions des Kabyles, pourront être traitées par
voie diplomatique ordinaire, c'est-à-dire avec Mo-
hammed Torrès à Tanger.
♦
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Le scrutin d'hier constitue un nouvel et écla-
tant succès, non pas tant pour l'idée républi-
caine, laquelle n'est plus en cause, que pour la
politique sagement progressiste qui est celle du
Sénat et n'a jamais cessé d'être la nôtre. D'un
côté, sur quatorze membres de la droite soumis
au renouvellement, six seulement ont réussi à
se faire réélire; de l'autre, si quelques change-
ments de personnes, peu nombreux d'ailleurs,
se sont produits, aucune modification n'en ré-
sulte dans l'équilibre des 'divers groupes répu-
blicains qui forment la majorité de la haute as-
semblée.
Dans le Calvados, le Finistère et l'Aveyron,
les républicains achèvent de conquérir les posi-
tions que diverses élections partielles leur
avaient déjà procurées en partie. Dans la Cha-
rente, restée jusqu'ici la forteresse dernière du
bonapartisme, deux des trois sièges leur ont été
acquis, et le troisième est échu à un sénateur
sortant, dont la profession de foi est telle qu'on
ne peut plus le compter parmi les monarchis-
tes seules les Côtes-du-Nord n'ont fait aucun
progrès et demeurent le fief du royalisme impé-
nitent.
Ailleurs, le succès est égal, quoique de nature
différente. Ni le député qui siège en blouse au
Palais-Bourbon, ni le candidat qui avait promis
de venir en sabots au Luxembourg n'ont réussi
à forcer les portes du collège électoral de l'Al-
lier ou de la Creuse. A Paris même, le porte-
drapeau des socialistes, M. Ch. Longuet, n'a
réuni qu'un chiffre de voix dérisoire, et la verte
campagne menée par la Petite République a été
condamnée au plus pitoyable échec. Sans doute,
l'élu d'Alger, M. le docteur Gerente, s'est inti-
tulé « radical socialiste » mais, après beture
attentive des manifestes qu'il a signés, il nous
est difficile de voir dans cette épithète autre
chose qu'un effet du climat la lutte a conservé
un caractère purement local et personnel.
Nous ne pouvons donc que nous féliciter du
résultat de la journée du 7 janvier. Si, dans tel
ou tel département, les électeurs ont retiré leur
confiance à quelques anciens serviteurs de la
République et de la démocratie, ils ont, dans
l'ensemble, prouvé leur résolution inébranlable
de ne point abandonner les traditions suivies
depuis tantôt quatorze ans par la majorité sé-
natoriale. Il serait puéril de dire.que le Sénat
sort grandi de cette épreuve après les services
qu'il a rendus au pays, il n'avait pas besoin
d'une consécration nouvelle, et, jusque parmi
d'anciens adversaires de cette institution son
utilité est désormais admise. Mais sa politique,
qui est faite de mesure et de prudence, en môme
temps qu'elle est animée d'un dévouement sans
réserve aux intérêts populaires, vient d'être
hautement approuvée. C'est pour lui une invi-
tation expresse à y persévérer.
PIÈGE SOCIALISTE
On n'a pas oublié qu'au mois d'avril dernier la
chambre syndicale des ouvriers et employés des
chemins de fer français avait provoqué, à^faris, un
congrès national dont les séances ne laissèrent pas
de faire quelque bruit. Parmi les résolutions votées
la plupart, comme nous l'avons montré ici même,
étaient absolument irréalisables; d'autres, au con-
traire, étaient d'une telle simplicité, qu'il paraissait
assez inutile de les formuler, nul n'ayant à élever la
moindre objection; tel, par exemple, l'article sur
l'emploi exclusif d'agents français, ou celui relatif
à l'amélioration, au point de vue hygiénique, des
corps de garde et dortoirs.
Ces deux séries de revendications, les chiméri-
ques et les ultra-pratiques, le syndicat a eu soin de
les mêler à souhait dans une sorte de brochure-
programme, puis d'expédier le tout non seulement
aux députés socialistes, mais aussi à un certain
nombre de députés républicains plus ou moins avan-
cés. Qu'est-il arrivé? C'est que les premiers ont ap-
prouvé en bloc et d'enthousiasme quant aux se-
conds, quelques-uns, tout en faisant leurs réserves
sur l'ensemble, ont déclaré qu'ils admettaient fort
bien les articles très anodins dont nous parlions
plus haut.
Or voici où s'est révélé le génie diplomatique des
meneurs du syndicat. Après avoir recueilli uno
quantité suffisante do réponses, ils ont fait impri-
amuser sa fantaisie, cette liaison qui avait si
fort réjoui Chévensky? On n'est pas amoureux
de deux femmes à la fois, se disait la comtesse,
trahissant par là son peu d'expérience en ma-
tière de galanterie.
Une certaine curiosité la prit de savoir si le
jeune artiste était toujours attaché à celle qui
l'avait accaparé dès son arrivée à Moscou. Une
phrase ambiguë, habilement placée dans une
de ses conversations avec le comte, fournit à
celui-ci l'occasion d'une réponse très explicite.
Lui? Oh bien! vous ne vous doutez pas de
ce que renferme ce jeune volcan! Il ne fait
qu'aller de la brune à la blonde Ces dames en
raffolent, paraît-il; on se le dispute, et chacune
vient à son tour. On ne peut pas l'accuser d'une
ennuyeuse fidélité. Et à propos! Savez-vous
comment l'a baptisé Soudine? Car vous pensez
bien que ces deux bons compagnons se rencon-
trent aux mauvais endroits. Il lui a donné un
drôle de nom; sous prétexte qu'il est infidèle, il
le nomme Fidèlka.
Quelle idée murmura la comtesse, mécon-
tente.
Vous en êtes choquée ? Moi je trouve cela
très drôle! Vous savez bien que c'est un des
noms que chez nous on donne au hasard aux
chiens rencontrés dans la rue et qui viennent
vous faire amitié. Médor, Azor, Trouvé ou
Fidèle, c'est tout un Et ils y répondent, tou-
jours
Il ne me semble pas, dit Mar'Ivanna avec
un de ses plus hautains sourires, qu'on puisse
dire du prince Ardiane qu'il a des allures de
chien errant. Vous disiez vous-même l'autre jour
que vous le croyiez froid et gourmé. Cela prouve
que son extérieur au moins n'autorise pas la
comparaison! 1
D'accord, ma chère, pour l'extérieur; mais
il paraît qu'une fois familiarisé, ce n'est plus du
tout le même personnage. Soudine en raconte,
des choses très cocasses.
SoudiDe est une mauvaise langue, dit froi-
dement Mar'Ivanna. C'est bien à lui de venir
parler des gens qui s'amusent 1 Il n'y a pas huit
jours qu'il a eu une histoire, si je ne me trompe,
et c'est vous-même qui me l'avez racontée.
mer une liste contenant d'abord les noms des dé-
putés ayant accepté intégralement le programme
(soit une cinquantaine do socialistes ou radicaux-
socialistes), puis, à la suite, les noms de députés
ayant accepté en partie le programme. Cette liste
vient. /VAtrP! ftflrpaaAft- pai'_M.GuAEaBA-^aflf.rétjtiHV
général du syndicat, aux députés qui n'avaient pas
été antérieurement consultés et, comme parmi, les
noms de ceux qui ont accepté « en partie », il s'en
trouve de très modérés, on espère que leur exemple
en entraînera beaucoup d'autres.
Vous concevez maintenant le but de la manœuvre.
Si l'on parvient à obtenir, en faisant pour ainsi dire
boule de neige, plusieurs centaines d'adhésions to-
tales ou partielles, au dernier moment on ne les dis-
tinguera plus les unes des autres et l'on tâchera
d'exercer, par cette accumulation imposante de si-
gnatures, une pression décisive sur le gouverne-
ment et les Chambres.
Reste à savoir si nos représentants, une fois
avertis, consentiront à s'associer plus ou moins di-
rectement à des revendications dont il est aisé de
reconnaître le vrai caractère. Appartient-il, d'ail-
leurs, à des législateurs de couvrir les menées d'un
syndicat dont l'illégalité ne saurait être contestée,
surtout après le récent arrêt de la cour de Bordeaux.
Nul n'ignore, en effet, depuis longtemps déjà, que
le secrétaire général, M. Guérard, ne fait plus par-
tie du personnel des chemins de fer et qu'il se
consacre exclusivement à une propagande pour
laquelle il reçoit un traitement annuel de six
mille francs, voté par le congrès. Enfin, il
n'est pas mauvais de rappeler qu'il patronnait et
distribuait, au mois d'avril dernier, certaine brochu-
re oùl'intl'rnationalisme s'étalait avec tantde violence
que le congrès n'avait pas pu ne pas la désavouer. Il
y a là, croyons-nous, des motifs plus que suffisants
pour commander la réserve et nous comptons bien
que même les députés les plus novices et les moins
rompus à certaines roueries socialistes réussiront
à se défendre contre le piège tendu à leur bonne foi.
'»'
M. l'abbé Garnier a deux bêtes noires la
franc-maçonnerie et la juiverie; mais la plus
noire, c'est encore la juiverie, car c'est elle
qui mène l'autre toutes les deux, à l'entendre,
conspirent la ruine de l'Eglise et de la France.
Que pourrait-on bien faire pour enrayer ce
mal qui va grandissant? M. l'abbé Garnier n'a
pas cherché loin. Il s'est souvenu que les juifs,
comme les protestants, d'ailleurs, et les plé-
béiens catholiques aussi, n'ont été faits citoyens
français que depuis la Révolution. Ne pourrait-
on pas leur enlever ce qui était une faveur dont
l'expérience a prouvé qu'ils étaient indignes?
« Les juifs, n'étant plus ni électeurs ni éligibles,
habiteraient la France comme autrefois en qua-
lité d'étrangers et aux conditions que la France
jugerait à propos de leur fixer. Ils ont une au-
tre nationalité que la nôtre et la preuve c'est
cette « alliance israélite universelle », constituée
par dessus toutes les frontières, qui entend ex-
ploiter toutes les nations à leur profit. » Reve-
nons donc à l'ancien régime et remettons les
juifs dans leur ghetto.
Il serait peut-être inutile de démontrer que le
Maître dont l'abbé se réclame et qui a pro-
noncé un jour le Sermon sur la montagne avait
une autre doctrine et recommandait d'autres
sentiments à ses disciples. Nous dirons seule-
ment qu'il y a un contraste singulier entre la
politique si large, si dépourvue de tout fana-
tisme, si vraiment libérale que ne cesse de
proclamer le pape Léon XIII, et les diatribes
violentes et haineuses de quelques-uns de ceux
qui prétendent l'expliquer au peuple et la mettre
en œuvre. Ils ne la traduisent pas; ils la tra-
hissent et la compromettent gravement par leur
intolérance passionnée.
Mais ce n'est pas encore là ce qui nous frappe
le plus dans cette sorte d'alliance que quelques-
uns tentent hardiment sous nos yeux, entre le
vieil esprit fanatique de la Ligue et le socialisme
démagogique du jour. Ce qui les rapproche et
les unit spontanément, c'est une haine égale-
ment ardente contre les principes de la Révolu-
tion et le même désir de les abolir. C'est
de la réaction au même titre et de l'es-
pèce la plus dangereuse. Comme on n'a
pas pu trouver un César ni un roi pour
remettre le peuple sous le joug, on s'adresse
aujourd'hui à lui au nom des plus mauvais
instincts de la nature humaine, pour le pousser
à immoler lui-même sa liberté si péniblement
conquise aux despotismes du passé. Cette nou-
velle croisade contre la Révolution échouera
comme les autres, car elle ne saurait réussir
que par l'oppression de la raison libre. L'hon-
neur de la troisième République aura été de
séparer le temporel du spirituel, le domaine
des choses civiles de celui de la conscience et de
fonder la liberté sur le respect absolu du for in-
térieur de l'individu. Il n'est pas étonnant que
ses adversaires qui sont également les avocats
de l'ancien régime s'efforcent de toutes maniè-
res à ramener l'antique confusion, qui servait
de fondement à leurs privilèges et à leur ty-
rannie.
«
AFFAIRES COLONIALES
L'AFFAIRE DU HAUT NIGER
D'après des nouvelles reçues de Sierra-Leone,
Warina, ou Ouaima, le point où a ou lieu la ren-
contre des contingents français et anglais, se trou-
verait dans le Konno, près du mont Kori et à 14 mil-
les do Sedou. Ces renseignements sont par eux-
mêmes très précis; malheureusement, par suite de
l'insuffisance des cartes que l'on possède sur la ré-
gion du haut Niger, il n'est pas très facile de se
rendre compte de la situation exacte du mont Kori,
de Sedou et par conséquent de Warina. Tout ce
que l'on peut dire, c'est que le Konno, dans lequel
Cette belle nuit sans lune où, à quatre ou
cinq, ils ont rossé le guet, autrement dit nos
bons gardiens de nuit? En effet, cela a fait quel-
que tapage, et son colonel l'a vertement répri-
mandé. Son excuse, c'est qu'il était abominable-
ment gris.
C'est précisément cela que je lui repro-
che, fit la comtesse avec une moue dédai-
gneuse.
Vous êtes bien femme Vous lui pardon-
neriez les femmes, mais vous ne sauriez lui
passer le vin?
Pas plus les unes que l'autre, répondit-
elle en se levant pour terminer l'entretien. Un
homme qui se respecte doit savoir conserver
les apparences, quels que soient d'ailleurs ses
défauts ou ses qualités, et Soudine affiche ses
vices.
L'hypocrisie est un hommage que le vice
rend à la vertu, dit Chévensky au moins Sou-
dine n'est pas hypocrite 1
Le résultat de cette conversation fut une
froideur très marquée de la comtesse envers
Ardiane. Celui-ci était loin de se douter de ce
qui lui valait cette rigueur, car de même qu'une
autruche se croit invisible quand elle cache sa
tête et n'y voit plus, les gens se figurent malai-
sément que ceux auxquels ils ne racontent pas
leurs affaires s'en informent pour en prendre
souci. Mais qu'il en devinât la cause, ce qu'il
espérait, ou qu'il dût ignorer toujours, cette
froideur ne laissa pas de l'inquiéter.
Il était, de bonne foi, très épris de Mar'Ivan-
na. Elle l'avait charmé par une beauté, une dé-
licatesse de perceptions, une finesse d'intelli-
gence et de sentiments qu'il n'avait encore ren-
contrées chez nulle femme.
Il avait jusque-là vécu comme un bohème et,
quoique son enfance se fût écoulée au milieu
d'une société choisie tant que sa mère vivait,
sa jeunesse l'avait entraîné dans un milieu où
les femmes ne sont grandes dames qu'à la
scène.
La maréchale, la première, l'avait littérale-
ment repêché dans cet océan fangeux; séduite
par les façons extérieures qu'il avait conservées
autant par don naturel que par prudence intui-
l'affaire a eu lieu, est au sud du mont Tembi-
Counda, limite extrême de la frontière fixée par le
protocole de 1891. Peut-être le projet de convention
qui aurait dû être signé depuis quelque temps pré-
voit-il un prolongement de cette frontière soit à
travers le Konno, soit-à l'est do ce pays; en-tout-eas,
rien à l'heure actuelle ne permet de dire que la
colonne Maritz opérait sur un territoire reconnu
anglais par le gouvernement français. Dans ces
conditions, aucun blâme ne saurait être adressé de
ce chef à l'officier français, qui, en outre, n'a pas
été prévenu de la marche de la colonne anglaise,
comme nous le montrions hier d'après les termes
mêmes de la dépêche du colonel Ellis.
Dans ces conditions, il est évident que les deux
gouvernements trouveront facilement le moyen de
régler, comme il convient, ce regrettable malen-
tendu. Aussi nous garderons-nous de commenter
les appréciations de quelques journaux anglais sur
les responsabilités matérielles qui, à leur avis, de-
vraient être la conséquence de cet incident. Ceux
qui veulent -le maintien des bonnes relations entre
les deux pays doivent y regarder à deux fois avant
d'engager l'opinion publique dans une voie très pé-
rilleuse. Les affaires de Sierra-Leone ont des obscu-
rités. Convient-il aux journaux anglais de les dissi-
per ? Le Times, qui connaît encore mieux que nous
évidemment les arcanes de la politique du gouver-
nement de Sierra-Leone, finira par comprendre,
mieux qu'il ne l'a fait jusqu'à présent, les véritables
intérêts qu'il croit si bien défendre.
L'incident de Warina est un malheur pour la France
et pour sa mission civilisatrice en Afrique, dit le Times.
En envoyant une expédition contre les sofas, le gou-
vernement britannique avait voulu donner satisfaction
aux demandes légitimes des autorités françaises qui 'i
se plaignaient de co que les maraudeurs de Samory
cherchassent un refuge sur le territoire britannique.
Il n'y a qu'un sentiment unanime de profond regret
exprimé en Angleterre pour la mort du lieutenant
Maritz.,
La rencontre a eu lieu à 50 milles de la frontière ré-
^aâamée par les Français.
Le commandant do la troupe française ne pouvait
donc ignorer sur quel territoire il se trouvait.
Les honneurs rendus aux morts seront appréciés
par le peuple français et faciliteront le devoir de la
réparation.
Nous ne comprenons pas beaucoup le sens qu'il
faut accorder à cette réclamation. Aussi à cette at-
titude toujours agressive du journal de la Cité pré-
férons-nous quelque regret qu'il en puisse éprou-
ver le langage plus mesuré du Daily Ncivs.
L'incident de Warina, dit-il, est le résultat d'une er-
reur pure et simple.
On a donc eu tort de représenter le lieutenant Ma-
ritz comme un aventurier qui a voulu à tout prix sa-
tisfaire ses sentiments de haine contre l'Angleterre.
Ceux qui écrivent sur ce sujet, soit à Paris, soit à
Londres, doivent avoir quelque part de responsabilité
pour ce qu'ils écrivent.
Le colonel Ellis, après cet accident fatal, s'est mis en
rapport avec le commandant français, l'assurant que
cet accident n'avait pas interrompu les relations ami-
cales qui existaient entre eux.
Cette démarche si honorable ne peut manquer de
soulever les sentiments chevaleresques du peuple
français.
Si la version britannique de l'incident est correcte,
nous sommes convaincus qu'une puissante nation amie
comme la France, fera pour l'effacer, ce qui est juste
et équitable.
Du moment que les troupes anglaise et française
poursuivaient le même ennemi, bien qu'elles ne coo-
pérassent pas dans le sens absolu du terme, il n'y avait
pas grand mal à passer, pour atteindre le but commun,
dans la sphère du voisin, et nous ne voyons pas qu'il
y ait eu nécessité d'aviser le commandant français de
la marche de l'expédition britannique, puisque le but
de cette expédition était de chasser les sofas du terri-
toire britannique.
Cet incident fournira peut-être un argument aux
Français qui désirent vivre en bonne amitié avec la
Grande-Bretagne.
Quant aux autres journaux anglais, ils concluent
en général à la prompte délimitation de la frontière
franco-anglaise c'est l'opinion que nous avons
émise dès le premier jour en constatant et en re-.
grettant que le commissaire anglais, lo capitaine
Kenny n'ait pas, il y a deux ans, permis de résou-
dre plus tôt l'œuvre reprise l'an dernier par les di-
plomates des deux pays.
Voici, d'après les dépêches reçues au War. office,
quelle avait été la marche de la colonne Ellis avant
la rencontre de Warina
La colonne du colonel Ellis, forte de 270 hommes,
partit de Kommondy le 17 décembre, traversa un pays
dévasté par les sofas, attaqua et repoussa les sofas et
eut un lieutenant et un homme blessés. Elle prit Sidu
le 20 décembre et eut un lieutenant et trois hommes
blessés. Elle traversa le lendemain la montagne de
Kori et, poursuivant l'ennemi, elle s'empara de Warina,
où elle eut huit blessés. Elle ouvrit alors une route
entre Kommendy et Warina. Une troupe importante dé
sofas était alors à Karayemma, à trois jours vers le
Nord-Ouest.
LeDaily Chronicle publie des lettres adressées par
le capitaine Lendy, mort à Warina (Sierra-Lcone),
qui viennent de parvenir à un de ses amis en An-
gleterre.
Ces lettres font une vive description des atrocités
commises par les sofas dans la sphère britannique
et regrettent les « énormes délais » apportés par le
gouvernement dans l'adoption des mesures néces-
saires.
Après avoir enfin reçu l'ordre d'avancer, le capi-
taine Lendy écrit « Mon expédition rencontrera
probablement des difficultés, car les Français com-
battent aussi les sofas afin de réclamer une grande
partie de leur territoire par droit de conquête. J'éta-
blirai des stations de police sur une ligne, à 7 milles
du Niger, afin que les Français no puissent avancer
au delà. »
Un journal du matin publie l'information sui-
vante
Bien que les affaires du Soudan relèvent exclusive-
ment du sous-secrétariat des colonies, le ministre des
affaires étrangères a demandé, en raison de l'impor-
tive, elle l'avait ramené dans un cercle mon-
dain pareil à celui de ses jeunes années. Il était
à craindre qu'Ardiane ne lui fût jamais assez
reconnaissant de ce service, dont il ne compre-
nait pas toute la grandeur, mais c'est son stage
à Périaslav qui l'avait préparé aux plus brillan-
tes fortunes; il y avait repris l'habitude de la
fréquentation des véritables femmes du monde.
Près de la comtesse il avait été complètement
ensorcelé; elle répondait à l'idéal le plus élevé
qu'il se fût jamais créé, et de plus elle était inac-
cessible. C'est là peut-être ce qui exerçait sur
lui le charme le plus puissant. Il l'aima, de rage
de ne pouvoir jamais en être aimé.
Ce sentiment fut un des meilleurs et des plus
nobles qu'il dût jamais 'ni être donné de res-
sentir, et, pour un temj.o, son âme en fut puri-
fiée. Cela ne .l'empêchait pas de prendre du
plaisir partout où il pouvait en trouver, car Ar-
diane était un épicurien consommé et nul plus
que lui, suivant le conseil du poète latin, ne sut
« cueillir ce Jour présent » avec toutes ses fleurs
et ses fruits, roses et truffes mêlées.
A l'admiration passionnée que lui inspirait
Mar'Ivanna se joignait encore autre chose il la
sentait bonne. Mille détails insignifiants rap-
prochés les uns des autres -et il l'étudiait avec
la minutie d'un numismate lui avaient prouvé
qu'elle possédait une âme généreuse, très au-
dessus des mesquineries de l'existence. La ma-
réchale aussi était bonne, mais sa bonté se
voyait, tandis que celle de la comtesse était dif-
ficllo à découvrir, se manifestant plutôt dans
l'expression des sentiments que dans les choses
matérielles de la vie. Ici, encore une fois, la
pauvre Marthe de l'Ecriture, qui se donnait tant
de mal pour préparer un repas convenable, fut
sacrifiée à la contemplative Marie et les chaus-
settes de la maréchale perdirent tout leur éclat
en comparaison de la générosité latente de
Mar'Ivanna.
Que s'était-il passé pour obscurcir le rayon-
nement des beaux yeux qui- depuis un mois ou
deux s'étaient habitués à le considérer avec
clémence ?
Il le sut bientôt.
La comtesse était à mille lieues de Denser que
tance des événements actuels, à prendre la direction
de l'affaire.
En conséquence, ordre a été transmis à M. Grodet,
gouverneur civil du Soudan, de rappeler immédiate-
ment M. Bonnier et d'arrêter la marche de la colonne.
Celle-ci a reçu l'ordre de se. replier sur Tombouctou,
où elle aura attendre les événements. ̃
Le commandant de la flottille qui est restée en sout-
france a reçu l'ordre de rentrer à Kayes, d'où il sera
mis à la disposition des autorités pour répondre du fait
de désobéissance qui a motivé l'incident malencontreux
que l'on sait.
Cette note laisserait supposer que l'incident de
Warina serait dû à un excès de zèle des officiers
français qui opèrent sur la frontière franco-anglaise.
Est-il besoin de dire que ce qui s'est produit aux
sources du Niger n'a rien à voir avec la colonne du
,colonel Bonnier qui opère, en ce moment, dans le
moyen Niger; à plus de mille kilomètres de sa
source? Aussi cette information a-t-elle été l'objet
de la note suivante: information a -t-elle été J
« Un journal du matin, à propos de l'incident de
Sierra-l.eone, annonce que le ministre des affaires
étrangères a décidé, à cause de la gravité des évé-
nements, de prendre la direction de l'affaire.
» Il est bon de faire remarquer que, lorsqu'il s'agit
d'un différend quelconque entre deux nations, le
département des affaires étrangères a seul qualité
pour intervenir sans avoir aucunement à déposséder
une autre administration.
» D'autre part, il faut se garder d'exagérer l'im-
portance d'un incident si regrettable qu'il soit.
» Quant à la colonne commandée par le colonel
Bonnier, elle se trouve actuellement à quatorze ou
quinze cents kilomètres de Sierra-Leone, et no sau-
rait, par conséquent, avoir été mêlée à ce qui vient
de se passer. »
♦
ÉLECTIONS SÉNATORIALES DU 7 JANVIER
Nous avons fait connaître hier les résultats du
premier tour de scrutin. Voici aujourd'hui les ré-
sultats du second tour et le nombre de voix obtenu
par les candidats dans certains départements où le
détail du scrutin a été connu plus tardivement
AIN
MM. Goujon, sénateur sortant, rép. 737 Elu.
Mercier, sénateur sortant, rép. 730 Elu.
Morellet, sénateur sortant, rép. 660 Elu.
Lénaule, rép 151
Deiorme, rép 169
Germain, ancien député, rép 101
Joliet, ancien préfet 75
AISNE
(2° tour).
MM. Macherez, ancien député, rép 730 Elu.
Au premier tour, avaient été élus MM- Malézieux,
1,025 voix; Leroux, 833 voix, et Sébline, 777 voix.
Avaient en outre obtenu M. Macherez, 656; M. Ha-
notaux, rép., 585; M, Waddington, sén. sort., 575; M.
Pasquier, réact., 403; M. Parmentier, réac, 341.
ALLIER
(2e tour)
MM, Chantemille, sort., républicain 442 Elu-
Cornil, sort., républicain 423 Elu-
Bruel, sort., républicain 397
Gacon, député, radical. 333
Ville, député, radical. 303
Thivrier, député, socialiste 241
de Fuligonde, cons. gén., conservat. 46
Bizet, cons. gén., conservateur. 40
Martinet, cons. gén., conservateur.. 25
(3° tour)
M. Bruel, sort., républicain 398 Elu.
'-y.
ALPES (BASSES-)
(2° tour)
MM. Richaud rép 291 Elu.
Thourel, rép 110
Au premier tour, M. Soustre, sén. sort., républicain
a été élu par 245 voix. M. Richaud, avait obtenu
191 voix, contre 105 à M. Thourel, 93 à M. Honorat,
66 à M. Rebuffel et 62 à M. Bontoux, ancien député,
tous républicains.
ARDÈCHE
(2« tour)
MM. Chalamet, sort., rép 440 Elu.
Saint-Prix, sort., rép 406 Elu.
Destremx, ancien député, rad 394
Duclaux-Monteil, réact 187
Au premier tour M. Praval, sénateur sortant répu-
blicain avait été élu par 409 voix, M. Chalamet en avait
384, M. Saint-Prix 352, M. Destremx 247, M. Kramer
rad., 178, M. Dindeau, rad., 161, M. Duclaux-Monteil,
réact., 160, M. de Montgolfier, réact.80, M. de Bernis,
réact., 76, M. Blachère, ancien député, réact., 75.
ARIÈGE
(2° tour)
MM. Delpech, professeur, rép 301
Bordes-Pagès, sort., rép 295
(3° tour)
MM. Delpech, rép 312 Elu.
Bordes-Pagès 292
Au premier tour M. Frézoul, sénateur sortant, avait
été élu par 425 voix contre 264 à M. Delpech, 232 à M.
Bordes-Pagès, 102 à M. Barreau et 56 à M. Lacaze.
AUDE
(2° tour)
MM. Mir, député, rôp 374
Rivals, c. à la cour de Montpellier, r. 370
(3e tour)
MM. Rivais 374 Élu.
Mir. 371
Au premier tour, M. Gauthier, rép., avait été élu par
387 voix contre 370 à M. Mir, 325 à M. Rivais, 99 à M.
Frontil, rép. ,97 à M. Limouzy, rép., 94 à M. Theron,
soc, et 80 à M. Narbonne, soc.
CHARENTE
MM. Martell, sort., réélu 433 Elu.
Brothier, cons. gén., rép 427 Elu.
Laporte, maire, rép 427 Elu.
Lacombe, cons. gén., rép. 401
D'Arnal, cons. gén., réac. 391
D'Hômery, cons. gén., réac 386
les triomphes d'Ardiane dans le monde où l'on
s'amuse pouvaient l'émouvoir en quoi que ce
soit, mais on est femme après tout, Un matin,
pendant le déjeuner, elle commit une impru-
dence.
Ardiane avait l'air fatigué et voyez un peu
l'injustice du destin! Il avait passé la nuit, non
à se divertir en compagnie de Soudine ou d'au-
tres, mais à écrire une composition qui depuis
quelque temps le hantait d'une façon impor-
tune. La comtesse, sans le savoir elle-même,
avait remarqué le cercle bistré qui grandissait
encore les grands yeux noirs du jeune artiste et
très injustement l'accusa de folies.
Elle se sentait outragée par la présence à sa
table d'un monsieur qui traitait son hospitalité
avec si peu de cérémonie, et, d'un simple mot à
propos d'un fait divers, révéla tout un état d'es-
prit qu'Ardiane était loin de soupçonner.
Je n'admets pas, dit-elle, qu'un homme
comme il faut fréquente des personnes, des
femmes qui ne le sont pas.
Vous allez un peu loin, ma chère, fit Ché-
vensky, toujours philosophe; l'application de ce
principe entraînerait parfois de singulières con-
séquences 1 @
Peu m'importe, répondit-elle. Je suis
comme cela!
Ses yeux brillaient, ses lèvres s'étaient ser-
rées, une flamme rose était montée à ses joues.
Ardiane eut la révélation exacte de la vérité.
Mar'Ivanna ne l'aimaitpas, mais elle était ja-
louse tout de même.
Il fut tellement ébloui de ce qu'il entrevoyait,
qu'il en demeura immobile, oubliant de man-
ger, pendant que Ghévensky, pour rompre les
chiens, racontait à Souriette une anecdote drô-
latique.
Elle était jalouse! Elle pourrait donc l'aimer.
Elle s'intéressait déjà assez à lui pour prendre
connaissance de ses actions et les blâmer, pour
concevoir de l'humeur à la pensée de ses fre-
daines ? 0 Mar'Ivanna, si vous saviez quelle
flambée d'amour s'éleva le long des parois du
crâne de Cyrille Ardiane!
Le reste du monde disparut à ses yeux un
piédestal immense se dressa sous lui, le portant
CHER
Inscrits 728. Votants 719
(1er tour)
MM. Peauaecerf, sén sort., rad. 351
Pauliat, sén, sort., rad 350
*"»* Girault, son. sort., rad. 336
Gosset, avocat, rép 281
Pelle, cons. gôn., rép 277
Méraut, cons. gén., rép 234
Mirpied, cons. gôn., rép 74
Apied, maire, social 62
Forest, publiciste, social. 62
Benoist, cons. gén., social. 59
(2° tour)
MM. Peaudeccrf, rad. 420 Elu.
Girault, rad. 412 Elu
Pauliat, rad. 409 Elu;
Gosset, avocat, rép 285
Pellé, cons. gén., rép. 284
Méraut, cons. gôn., rép 268
CORRÈZE
Inscrits 716. Votants 712
MM. de Sal, sort., rép • 392 Elu.
Labrousse, anc. dép., rad 377 Elu,
Dellestable, dép., rad. 359 Elu,
Dubois, une. dép., rép 301
Vachal, anc. dép., rép 154
Billot, cons. gén., rôp 141
Perrier, de l'Institut, rép. (qui avait
retiré sa candidature). 101
COTES-DU-NORD
MM. Olivier, sén. sort., réac 728 Elu.
Haugoumar des Portes, sén. s., réac. 723 Elu.
Huon de Penanster, sén. sort., reac.. 722 Elu,
Del'Angle-Bcaunianoir, sên. s., réac. 716 Elu.
De Carné, son. sort., réac 714 Elu.
Armez, dép., rép 533
Riou, cons. gén. rép 530
Radennu,. cons, gén., rép 514
Larère, cons. gôn., rép 513
Le Moign, député, rôp 505
CREUSE
(Second tour)
MM. Villard, cons. gén., rép 279
Lecler, son., sort., rôp 252
Dufoussat, cons. gén., rep. 210
Cousset, anc. dép., rép 205
Rousseau, cons, gén., rép. 199
Nadaud, anc. dép., rôp 163
Laroche, sen. sort., rép 142
(Troisième tour)
MM. Villard, cons. gén., rép 328 Elu.
Dufoussat, cons., gén., rép 283 Elu.
Lecler, sén. sor., rép 263 Elu.
Rousseau, cons. gén., rép 212
Cousset, anc. dép., rép 211
Nadaud, anc. dép., rép 98
Laroche, sén. sort., rôp 98
DORDOGNE
M. Roger, sénateur sortant; qui a été réélu hier,
a obtenu 742 voix et non 642, comme une erreur da
transmission nous l'a fait dire.
EURE
Inscrits 1,051. Votants 1,038
MM. d'Osmoy, sén. sort., républicain 879 Elu.
Guindey, sén. sort., républicain. 843 Elu.
Milliard, sén. sort., républicain. 842 Elu.
De Chambey, cons. gôn., réac. 57
Louis Passy, dép., rôac 48
Jouin-Lambort, cons. gén., réac 42 -r.^»;
Fouquet, dép., réac 35
Duc de Broglie, réac 35
Obry, rôac 35
GARD
(2° tour)
MM. Bonnefoy-Sibour, anc. dép., rép. 575 Elu.
Desmons, député, radical. 537 Elu.
Claris, sén. sort., républicain 193
Moinadicr, sén. sort., républicain. 161
Dide, sén. sort., républicain 33
Au premier tour M. Silhol, anc. dép. rép., avait été
élu par 429 voix contre 397 à M. Bonnefoy-Sibour, 376
à M. Desmons, 256 à M. Claris, 169 à M. Perrier, cons.
gén., 164 à M. Dide, 122 à M. Boisson, rad., 102 à M. le
colonel Meinadier, 97 à M. Roux, rép., 82 à M. Theu-
lon, soc; Veillon, rép., 70; Pascal, réac, 59; Fabre,
rad., 43; Delafosse, rad., 23.
MARNE
(2° tour)
MM. Poirrier, cons. gén, républicain. 645 Elu.
Guyot, ancien député, radical. 289
Gérard, cons. gén., républicain. 31
Langlet, ancien député, radical 3
Au premier tour, M. Poirrier avait eu 483 voix, M.
Guyof 173, M. Langlet 166, M. Bergère, rép., 80; M. Gé-
rard, rép., 48.
SEINE-ET-MARNE
Deuxième tour
MM. Prevet, anc. député, rép. 476 Elu
Chazal, cons. gén., rad. 435
Au premier tour, M. Prevet avait obtenu 294 voix,
M. Chazal, 228, M. Nivet, radical, 185, et M. Droz, ré-
publicain, 125.
ALGER
(2° tour)
MM. Gerente, cons. gén., rad. socialiste.. 154 Elu.
Gobel, cons. gén., radical 107
Letellier, ancien député, républicain. 24
Au premier tour, M. Gérente avait obtenu 142 voix,
M. Gobel 102 et M. Letellier 40.
La série A du Sénat qui a été renouvelée, hier,
compte 91 sièges, répartis dans 31 départements
depuis l'Ain jusqu'au Gard inclusivement, plus un
siège dans le département d'Aller et un pour cha-
cune de nos colonies de la Guadeloupe et de la Réu-
nion. Le renouvellement pour ces deux derniers
n'aura lieu que le 14 janvier.
5 autres départements avaient à élire chacun,
hier, un sénateur 3 par suite de décès (Manche.
Marne et Haute-Savoie), un quatrième, celui de la
Seine, par suite de l'élection deM.Gobletà la Cham-
bre des députés et un cinquième, celui de Seine-et-
Marne, par suite de l'attribution à ce département
au niveau de cette femme inaccessible, qui d'un
mot venait de le condamner et de l'élever jus-
qu'à elle. Plein d'orgueil, et pourtant humble
envers elle jusqu'à cette profonde soumission
qu'amène pour un moment l'amour dans les
âmes les plus hautaines, il quêta un regard de
son juge; mais elle avait détourné la tête, et il
ne put l'obtenir.
Il la guettait cependant, et tout à coup, pen-
dant qu'invinciblement ramenée à lui par sa
pensée elle l'effleurait d'un coup d'œil irrité, il
surprit cette colère, plus douce pour lui que les
plus flatteuses paroles.
Prise en flagrant délit, elle rougit violem-
ment et ne parla plus jusqu'à la fin du repas.
Quand ils curent quitté la table et qu'ils se
trouvèrent dans le salon de la comtesse, Ardiane
s'approcha d'elle, avec la douceur câline d'un
enfant qui veut se faire pardonner.
Vous plairait-il, madame, dit-il à voix
basse, de dafgner écouter une petite chose que
j'ai composée tout récemment. Jusqu'ici je
n'avais rien fait de bon; si je ne m'abuse, ceci
serait moins mauvais, mais je n'ose m'en fier à
mon propre jugement.
Elle l'écartait sans le regarder, la tête droite,
hautaine.
Vous travaillez donc? fit-elle, emportée
par un flot de colère intérieure dont elle sentait
le danger et dont elle n'était pourtant pas maî-
tresse. Je croyais que vous n'en aviez pas le
temps
J'ai travaillé la nuit dernière, au moins
jusqu'à l'aube, répondit-il avec sa doaceur sou-
mise. Voulez-vous permettre que j'envoie cher-
cher le manuscrit dans ma chambre ? Peut-
être voudrez-vous le suivre des yeux pendant
que je jouerai, à moins que ce ne soit abuser de
vos instants.
Si vous voulez, dit-elle avec une étrange
émotion qui lui donna tout à coup envie do
pleurer; sa colère n'était pas encore passée, et
pourtant elle était gagnée par le repentir de son
injustice, réelle pour cette fois.
HENRY GRÉVILLE.
(A suivre).
MARDI 9 JANVIER 1894
TRENTE-QUATRIEME ANNEE. N° 11915
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, 14fr.j Six mois, 28 fr.; ïïa an, 56 fr.
MF» & ALSACE-LORRAINE 17fr.; 34 fr.; 68 fr.
UNION POSTALE 18 fr.; 36 fr.; 72 fr.
AUTRES PATS 23 fr.; 46 fr.; 92fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" ET 16 DB CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) SO centimes
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET C», 8, place de la Bourse
Le Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
Adresse télégraphique TEIIPS PARIS
1- PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS.?. Trois moi8> 14 fr< Six mois, 2S fr< ^T 5S fr*
DSP»» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; ¡ 34 fr.; ¡ 63 ft.
UNION POSTALE. 18fr.; 36fr.; 72 fr.
AUTRES PATS 23fr.; 46 fr.; S2 fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) ISS centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
Le Journal ne répond pas des articles non insérés
PARIS, 8 JANVIER
BULLETIN DU JOUR
LES PETITES VÊPRES SICILIENNES
Rien n'est plus naturel que la profonde émo-
tion produite dans toute l'Italie par l'explosion
et surtout par la durée des désordres dont la Si-
cile est le théâtre. Rien n'est plus légitime que
les mesures d'exception prises par le ministère
Crispi pour rétablir l'ordre dans la grande pro-
vince insulaire.
Seulement il ne faut pas que l'opinion s'é-
gare ou se laisse égarer sur deux points
essentiels qui ont, du reste, une certaine con-
nexité l'un avec l'autre nous voulons parler
des responsabilités véritables et des remèdes
réels.
C'est faire de très mauvaise besogne que de
chercher à rejeter sur autrui le tort de cette dé-
plorable situation. On ne peut que sourire quand
on lit dans des organes qui n'ont apparemment
pas entièrement renoncé à être pris au sérieux
des légendes du genre de celle d'après laquelle
l'Angleterre, mise en éveil et en appétit par
toute une série de pétitions émanées de com-
munes siciliennes et demandant à la reine Vic-
toria de proclamer son protectorat dans l'île et
de la replacer dans l'état où elle était sous le
régime de lord William Bentinck, pendant les
guerres napoléoniennes, favoriserait sous main
l'agitation sociale en Sicile. La chose devient
déjà plus grave quand, profitant sans scrupule
de regrettables malentendus entre la France et
l'Italie, on insinue que l'or français (ombres de
Pitt et de Cobourg! souvenirs de 1793 retournés
contre les héritiers des dénonciateurs de la per-
fide Albion !J solderait les émeutiers de Caltani-
setta ou de Girgenti.
Il est vrai que cette calomnie trouve immédia-
tement son correctif dans la version d'après la-
quelle les socialistes allemands, qui n'ont pas
toujours assez de leurs propres ressources pour
fournir le nerf de la guerre chez eux-mêmes,
répandraient à flots les écus et les brochures
de Karl Marx ou de Lassalle en Sicile.
La vérité est moins compliquée que cela. Il
suffit de jeter un coup d'œil sur les conditions
sociales de la Sicile pour comprendre l'explo-
sion des désordres ou plutôt pour s'étonner
qu'ils n'aient pas éclaté plus tôt et qu'ils ne se
propagent pas sur une plus vaste échelle. L'en-
quête agraire officielle a établi que le salaire
moyen des ouvriers agricoles en Sicile est de
cinquante centimes par jour et qu'il n'y a pas
plus de deux cents Jours de travail le député De
Felice réduit même ce dernier chiffre à cent
soixante par année.
Ce qui, dans ces derniers temps, a encore ag-
gravé les souffrances de ces populations rurales,
c'est l'apparition entre les propriétaires fonciers
et les fermiers proprement dits d'une nouvelle
classe d'intermédiaires qui prennent à bail un
domaiqe tout entier souvent à titre de garan-
tie pour un prêt contracté à un taux usuraire
sous-louent un petit métayer et tondent impar-
tialement la toison du propriétaire et du fer-
mier en exhaussant le fermage, d'un côté, et en
prélevant, de l'autre, une large part avant de le
verser entre les mains de l'ayant droit.
Une pareille organisation économique est ab-
solument contraire à une culture scientifique.
Aussi l'économie rurale est-elle singulièrement
en retard dans cette région que la nature a si ri-
chement dotée. Ajoutez à ces conditions le far-
deau insupportable d'impôts écrasants. Consi-
dérez que les 340 communes rurales de la Si-
cile payent 22,218,000 francs d'impôts de con-
sommation, sur les 35 millions que payent les
357 communes de la province, soit huit francs
par tête d'habitant des campagnes, c'est-à-dire
4 ou 6 0/0 du revenu total d'un journalier,-tan-
dis que, dans le Piémont, incomparablement
plus riche, 1,133 communes avec le même nom-
bre d'habitants, ne payent que 17 millions et,
dans la Vénétie, plus aisée aussi, 771 communes
avec le même total de contribuables, seulement
7,200,000 francs.
De pareilles comparaisons sont éloquentes. Il
ne faut pas perdre de vue que le fisc est impi-
toyable, qu'il fait vendre moissons, immeubles,
terres pour solder les reliquats de taxe non
payés. On racontait l'autre jour l'histoire d'un
paysan de Valguarnera rentrant des champs
'avec quelques légumes qu'il avait arrachés au
sol. L'octroi lui réclame 35 centimes de droit.
.Il n'a-que 30 centimes à offrir. Le gabelou saisit
.hic et nunc son vêtement de travail. Et l'on
s'étonne que dans cette commune, quelques
heures plus tard, la foule se soit levée eh
masse
Voilà la vraie cause de cette insurrection mo-
rale de la Sicile. Il est puéril de parler d'excita-
tions étrangères. Le mal est là, il est visible. Ce
serait commettre une funeste erreur que de
croire qu'il suffira d'en réprimer les symptômes,
au lieu de s'attaquer courageusement à la ra-
cine même.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIÉES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 8 janvier, 10 heures.
Très peu de nouvelles de Sicile. L'ensemble de la
situation paraît moins mauvais. L'intervention di-
recte de M. Colajanni semble avoir un peu calmé
les esprits. Après une entrevue avec le général
Morra, il a écrit deux lettres, l'une aux Fasci et aux
Siciliens, l'autre à M. Crispi. Dans la première, il
FEUILLETON DU ~ntp0
DU 9 JANVIER 1894 [tl]
FIDÈLKA
X (Suite)
Il est bien drôle, cetArdiane dit Chévensky
un instant après le dîner, pendant qu'il riait aux
éclats avec Souriette, à l'autre extrémité du sa-
ion. Et j'étais loin de m'en douter lorsque je
l'ai invité; je le croyais un peu raide, unpeu po-
seur. Je le préfère ainsi.
Le jeune homme montra à Souriette des tours
de cartes qui la mirent en joie, puis quand elle
fut allée se coucher, à neuf heures, il s'assit au
piano et joua pendant longtemps des mor-
ceaux peu connus, de divers genres, qui inté-
ressèrent au plus haut point la curiosité du
comte; mais jamais, quand Chévensky était là,
il ne livra son âme comme il le faisait en jouant
pour sa femme.
Elle s"en aperçut bien vite. Son premier mou-
vement fut une joie secrète; toute femme est
flattée de la préférence qu'elle inspire; le se-
cond fut un peu d'embarras. Etait-ce un aveu
tacite, que cette fougue de passion, cet empor-
tement irrésistible, ces accents de douleur et de
triomphe ? En ce cas, la situation serait bien
difficile.
Difficile?' Assurément non! Elle n'avait qu'un
mot à dire, moins que cela, insinuer simplement
que la présence d'Ardiane commençait à la fati-
guer, pour qu'aussitôt le comte trouvât un
moyen diplomatiquement irréprochable de s'en
débarrasser. Il avait d'ailleurs ce principe qu'a-
vec de l'argent et de la politesse, on se débar-
rasse de n'importe quoi.
Mais à quoi bon se créer des chimères? Non,
Ardiane ne l'aimait pas n'avait-il pas, pour
ReDroduftlion et traduction interdites.
recommande lo calme et démontre l'absurdité de
jeter de pauvres ouvriers contre une armée. Dans
la seconde, il avertit le gouvernement de ne. pas se
fier à des victoires obtenues par la force et exhorte
M. Crispi à se rendre en Sicile. Il insiste sur la né-
cessité absolue d'appliquer le plus tôt possible des
réformes profondes et décisives.
Madrid, 8 janvier, 9 h. 40.
Des bruits contradictoires sur l'ambassade extraor-
dinaire ont circulé, hier, malgré les rassuran-
tes déclarations de la presse ministérielle qui affir-
mait que ni le gouvernement ni le maréchal Campos
n'avaient renoncé à la mission destinée à régler les
questions litigieuses avec le sultan.
Néanmoins, la majorité de la presse se fait l'écho
des bruits venus de Melilla et de Tanger, selon les-
quels le sultan aurait indiqué que l'envoi d'une mis-
sion était inutile parce qu'il va entreprendre un
long voyage dans le nord de son empire du côté du
Riff, ensuite parce que la paix était suffisamment
rétablie et assurée par son frère Arafa, et enfin
parce que le rétablissement des relations entre les
Espagnols et les Kabyles et les questions subsi-
diaires, comme une indemnité raisonnable pour les
agressions des Kabyles, pourront être traitées par
voie diplomatique ordinaire, c'est-à-dire avec Mo-
hammed Torrès à Tanger.
♦
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Le scrutin d'hier constitue un nouvel et écla-
tant succès, non pas tant pour l'idée républi-
caine, laquelle n'est plus en cause, que pour la
politique sagement progressiste qui est celle du
Sénat et n'a jamais cessé d'être la nôtre. D'un
côté, sur quatorze membres de la droite soumis
au renouvellement, six seulement ont réussi à
se faire réélire; de l'autre, si quelques change-
ments de personnes, peu nombreux d'ailleurs,
se sont produits, aucune modification n'en ré-
sulte dans l'équilibre des 'divers groupes répu-
blicains qui forment la majorité de la haute as-
semblée.
Dans le Calvados, le Finistère et l'Aveyron,
les républicains achèvent de conquérir les posi-
tions que diverses élections partielles leur
avaient déjà procurées en partie. Dans la Cha-
rente, restée jusqu'ici la forteresse dernière du
bonapartisme, deux des trois sièges leur ont été
acquis, et le troisième est échu à un sénateur
sortant, dont la profession de foi est telle qu'on
ne peut plus le compter parmi les monarchis-
tes seules les Côtes-du-Nord n'ont fait aucun
progrès et demeurent le fief du royalisme impé-
nitent.
Ailleurs, le succès est égal, quoique de nature
différente. Ni le député qui siège en blouse au
Palais-Bourbon, ni le candidat qui avait promis
de venir en sabots au Luxembourg n'ont réussi
à forcer les portes du collège électoral de l'Al-
lier ou de la Creuse. A Paris même, le porte-
drapeau des socialistes, M. Ch. Longuet, n'a
réuni qu'un chiffre de voix dérisoire, et la verte
campagne menée par la Petite République a été
condamnée au plus pitoyable échec. Sans doute,
l'élu d'Alger, M. le docteur Gerente, s'est inti-
tulé « radical socialiste » mais, après beture
attentive des manifestes qu'il a signés, il nous
est difficile de voir dans cette épithète autre
chose qu'un effet du climat la lutte a conservé
un caractère purement local et personnel.
Nous ne pouvons donc que nous féliciter du
résultat de la journée du 7 janvier. Si, dans tel
ou tel département, les électeurs ont retiré leur
confiance à quelques anciens serviteurs de la
République et de la démocratie, ils ont, dans
l'ensemble, prouvé leur résolution inébranlable
de ne point abandonner les traditions suivies
depuis tantôt quatorze ans par la majorité sé-
natoriale. Il serait puéril de dire.que le Sénat
sort grandi de cette épreuve après les services
qu'il a rendus au pays, il n'avait pas besoin
d'une consécration nouvelle, et, jusque parmi
d'anciens adversaires de cette institution son
utilité est désormais admise. Mais sa politique,
qui est faite de mesure et de prudence, en môme
temps qu'elle est animée d'un dévouement sans
réserve aux intérêts populaires, vient d'être
hautement approuvée. C'est pour lui une invi-
tation expresse à y persévérer.
PIÈGE SOCIALISTE
On n'a pas oublié qu'au mois d'avril dernier la
chambre syndicale des ouvriers et employés des
chemins de fer français avait provoqué, à^faris, un
congrès national dont les séances ne laissèrent pas
de faire quelque bruit. Parmi les résolutions votées
la plupart, comme nous l'avons montré ici même,
étaient absolument irréalisables; d'autres, au con-
traire, étaient d'une telle simplicité, qu'il paraissait
assez inutile de les formuler, nul n'ayant à élever la
moindre objection; tel, par exemple, l'article sur
l'emploi exclusif d'agents français, ou celui relatif
à l'amélioration, au point de vue hygiénique, des
corps de garde et dortoirs.
Ces deux séries de revendications, les chiméri-
ques et les ultra-pratiques, le syndicat a eu soin de
les mêler à souhait dans une sorte de brochure-
programme, puis d'expédier le tout non seulement
aux députés socialistes, mais aussi à un certain
nombre de députés républicains plus ou moins avan-
cés. Qu'est-il arrivé? C'est que les premiers ont ap-
prouvé en bloc et d'enthousiasme quant aux se-
conds, quelques-uns, tout en faisant leurs réserves
sur l'ensemble, ont déclaré qu'ils admettaient fort
bien les articles très anodins dont nous parlions
plus haut.
Or voici où s'est révélé le génie diplomatique des
meneurs du syndicat. Après avoir recueilli uno
quantité suffisante do réponses, ils ont fait impri-
amuser sa fantaisie, cette liaison qui avait si
fort réjoui Chévensky? On n'est pas amoureux
de deux femmes à la fois, se disait la comtesse,
trahissant par là son peu d'expérience en ma-
tière de galanterie.
Une certaine curiosité la prit de savoir si le
jeune artiste était toujours attaché à celle qui
l'avait accaparé dès son arrivée à Moscou. Une
phrase ambiguë, habilement placée dans une
de ses conversations avec le comte, fournit à
celui-ci l'occasion d'une réponse très explicite.
Lui? Oh bien! vous ne vous doutez pas de
ce que renferme ce jeune volcan! Il ne fait
qu'aller de la brune à la blonde Ces dames en
raffolent, paraît-il; on se le dispute, et chacune
vient à son tour. On ne peut pas l'accuser d'une
ennuyeuse fidélité. Et à propos! Savez-vous
comment l'a baptisé Soudine? Car vous pensez
bien que ces deux bons compagnons se rencon-
trent aux mauvais endroits. Il lui a donné un
drôle de nom; sous prétexte qu'il est infidèle, il
le nomme Fidèlka.
Quelle idée murmura la comtesse, mécon-
tente.
Vous en êtes choquée ? Moi je trouve cela
très drôle! Vous savez bien que c'est un des
noms que chez nous on donne au hasard aux
chiens rencontrés dans la rue et qui viennent
vous faire amitié. Médor, Azor, Trouvé ou
Fidèle, c'est tout un Et ils y répondent, tou-
jours
Il ne me semble pas, dit Mar'Ivanna avec
un de ses plus hautains sourires, qu'on puisse
dire du prince Ardiane qu'il a des allures de
chien errant. Vous disiez vous-même l'autre jour
que vous le croyiez froid et gourmé. Cela prouve
que son extérieur au moins n'autorise pas la
comparaison! 1
D'accord, ma chère, pour l'extérieur; mais
il paraît qu'une fois familiarisé, ce n'est plus du
tout le même personnage. Soudine en raconte,
des choses très cocasses.
SoudiDe est une mauvaise langue, dit froi-
dement Mar'Ivanna. C'est bien à lui de venir
parler des gens qui s'amusent 1 Il n'y a pas huit
jours qu'il a eu une histoire, si je ne me trompe,
et c'est vous-même qui me l'avez racontée.
mer une liste contenant d'abord les noms des dé-
putés ayant accepté intégralement le programme
(soit une cinquantaine do socialistes ou radicaux-
socialistes), puis, à la suite, les noms de députés
ayant accepté en partie le programme. Cette liste
vient. /VAtrP! ftflrpaaAft- pai'_M.GuAEaBA-^aflf.rétjtiHV
général du syndicat, aux députés qui n'avaient pas
été antérieurement consultés et, comme parmi, les
noms de ceux qui ont accepté « en partie », il s'en
trouve de très modérés, on espère que leur exemple
en entraînera beaucoup d'autres.
Vous concevez maintenant le but de la manœuvre.
Si l'on parvient à obtenir, en faisant pour ainsi dire
boule de neige, plusieurs centaines d'adhésions to-
tales ou partielles, au dernier moment on ne les dis-
tinguera plus les unes des autres et l'on tâchera
d'exercer, par cette accumulation imposante de si-
gnatures, une pression décisive sur le gouverne-
ment et les Chambres.
Reste à savoir si nos représentants, une fois
avertis, consentiront à s'associer plus ou moins di-
rectement à des revendications dont il est aisé de
reconnaître le vrai caractère. Appartient-il, d'ail-
leurs, à des législateurs de couvrir les menées d'un
syndicat dont l'illégalité ne saurait être contestée,
surtout après le récent arrêt de la cour de Bordeaux.
Nul n'ignore, en effet, depuis longtemps déjà, que
le secrétaire général, M. Guérard, ne fait plus par-
tie du personnel des chemins de fer et qu'il se
consacre exclusivement à une propagande pour
laquelle il reçoit un traitement annuel de six
mille francs, voté par le congrès. Enfin, il
n'est pas mauvais de rappeler qu'il patronnait et
distribuait, au mois d'avril dernier, certaine brochu-
re oùl'intl'rnationalisme s'étalait avec tantde violence
que le congrès n'avait pas pu ne pas la désavouer. Il
y a là, croyons-nous, des motifs plus que suffisants
pour commander la réserve et nous comptons bien
que même les députés les plus novices et les moins
rompus à certaines roueries socialistes réussiront
à se défendre contre le piège tendu à leur bonne foi.
'»'
M. l'abbé Garnier a deux bêtes noires la
franc-maçonnerie et la juiverie; mais la plus
noire, c'est encore la juiverie, car c'est elle
qui mène l'autre toutes les deux, à l'entendre,
conspirent la ruine de l'Eglise et de la France.
Que pourrait-on bien faire pour enrayer ce
mal qui va grandissant? M. l'abbé Garnier n'a
pas cherché loin. Il s'est souvenu que les juifs,
comme les protestants, d'ailleurs, et les plé-
béiens catholiques aussi, n'ont été faits citoyens
français que depuis la Révolution. Ne pourrait-
on pas leur enlever ce qui était une faveur dont
l'expérience a prouvé qu'ils étaient indignes?
« Les juifs, n'étant plus ni électeurs ni éligibles,
habiteraient la France comme autrefois en qua-
lité d'étrangers et aux conditions que la France
jugerait à propos de leur fixer. Ils ont une au-
tre nationalité que la nôtre et la preuve c'est
cette « alliance israélite universelle », constituée
par dessus toutes les frontières, qui entend ex-
ploiter toutes les nations à leur profit. » Reve-
nons donc à l'ancien régime et remettons les
juifs dans leur ghetto.
Il serait peut-être inutile de démontrer que le
Maître dont l'abbé se réclame et qui a pro-
noncé un jour le Sermon sur la montagne avait
une autre doctrine et recommandait d'autres
sentiments à ses disciples. Nous dirons seule-
ment qu'il y a un contraste singulier entre la
politique si large, si dépourvue de tout fana-
tisme, si vraiment libérale que ne cesse de
proclamer le pape Léon XIII, et les diatribes
violentes et haineuses de quelques-uns de ceux
qui prétendent l'expliquer au peuple et la mettre
en œuvre. Ils ne la traduisent pas; ils la tra-
hissent et la compromettent gravement par leur
intolérance passionnée.
Mais ce n'est pas encore là ce qui nous frappe
le plus dans cette sorte d'alliance que quelques-
uns tentent hardiment sous nos yeux, entre le
vieil esprit fanatique de la Ligue et le socialisme
démagogique du jour. Ce qui les rapproche et
les unit spontanément, c'est une haine égale-
ment ardente contre les principes de la Révolu-
tion et le même désir de les abolir. C'est
de la réaction au même titre et de l'es-
pèce la plus dangereuse. Comme on n'a
pas pu trouver un César ni un roi pour
remettre le peuple sous le joug, on s'adresse
aujourd'hui à lui au nom des plus mauvais
instincts de la nature humaine, pour le pousser
à immoler lui-même sa liberté si péniblement
conquise aux despotismes du passé. Cette nou-
velle croisade contre la Révolution échouera
comme les autres, car elle ne saurait réussir
que par l'oppression de la raison libre. L'hon-
neur de la troisième République aura été de
séparer le temporel du spirituel, le domaine
des choses civiles de celui de la conscience et de
fonder la liberté sur le respect absolu du for in-
térieur de l'individu. Il n'est pas étonnant que
ses adversaires qui sont également les avocats
de l'ancien régime s'efforcent de toutes maniè-
res à ramener l'antique confusion, qui servait
de fondement à leurs privilèges et à leur ty-
rannie.
«
AFFAIRES COLONIALES
L'AFFAIRE DU HAUT NIGER
D'après des nouvelles reçues de Sierra-Leone,
Warina, ou Ouaima, le point où a ou lieu la ren-
contre des contingents français et anglais, se trou-
verait dans le Konno, près du mont Kori et à 14 mil-
les do Sedou. Ces renseignements sont par eux-
mêmes très précis; malheureusement, par suite de
l'insuffisance des cartes que l'on possède sur la ré-
gion du haut Niger, il n'est pas très facile de se
rendre compte de la situation exacte du mont Kori,
de Sedou et par conséquent de Warina. Tout ce
que l'on peut dire, c'est que le Konno, dans lequel
Cette belle nuit sans lune où, à quatre ou
cinq, ils ont rossé le guet, autrement dit nos
bons gardiens de nuit? En effet, cela a fait quel-
que tapage, et son colonel l'a vertement répri-
mandé. Son excuse, c'est qu'il était abominable-
ment gris.
C'est précisément cela que je lui repro-
che, fit la comtesse avec une moue dédai-
gneuse.
Vous êtes bien femme Vous lui pardon-
neriez les femmes, mais vous ne sauriez lui
passer le vin?
Pas plus les unes que l'autre, répondit-
elle en se levant pour terminer l'entretien. Un
homme qui se respecte doit savoir conserver
les apparences, quels que soient d'ailleurs ses
défauts ou ses qualités, et Soudine affiche ses
vices.
L'hypocrisie est un hommage que le vice
rend à la vertu, dit Chévensky au moins Sou-
dine n'est pas hypocrite 1
Le résultat de cette conversation fut une
froideur très marquée de la comtesse envers
Ardiane. Celui-ci était loin de se douter de ce
qui lui valait cette rigueur, car de même qu'une
autruche se croit invisible quand elle cache sa
tête et n'y voit plus, les gens se figurent malai-
sément que ceux auxquels ils ne racontent pas
leurs affaires s'en informent pour en prendre
souci. Mais qu'il en devinât la cause, ce qu'il
espérait, ou qu'il dût ignorer toujours, cette
froideur ne laissa pas de l'inquiéter.
Il était, de bonne foi, très épris de Mar'Ivan-
na. Elle l'avait charmé par une beauté, une dé-
licatesse de perceptions, une finesse d'intelli-
gence et de sentiments qu'il n'avait encore ren-
contrées chez nulle femme.
Il avait jusque-là vécu comme un bohème et,
quoique son enfance se fût écoulée au milieu
d'une société choisie tant que sa mère vivait,
sa jeunesse l'avait entraîné dans un milieu où
les femmes ne sont grandes dames qu'à la
scène.
La maréchale, la première, l'avait littérale-
ment repêché dans cet océan fangeux; séduite
par les façons extérieures qu'il avait conservées
autant par don naturel que par prudence intui-
l'affaire a eu lieu, est au sud du mont Tembi-
Counda, limite extrême de la frontière fixée par le
protocole de 1891. Peut-être le projet de convention
qui aurait dû être signé depuis quelque temps pré-
voit-il un prolongement de cette frontière soit à
travers le Konno, soit-à l'est do ce pays; en-tout-eas,
rien à l'heure actuelle ne permet de dire que la
colonne Maritz opérait sur un territoire reconnu
anglais par le gouvernement français. Dans ces
conditions, aucun blâme ne saurait être adressé de
ce chef à l'officier français, qui, en outre, n'a pas
été prévenu de la marche de la colonne anglaise,
comme nous le montrions hier d'après les termes
mêmes de la dépêche du colonel Ellis.
Dans ces conditions, il est évident que les deux
gouvernements trouveront facilement le moyen de
régler, comme il convient, ce regrettable malen-
tendu. Aussi nous garderons-nous de commenter
les appréciations de quelques journaux anglais sur
les responsabilités matérielles qui, à leur avis, de-
vraient être la conséquence de cet incident. Ceux
qui veulent -le maintien des bonnes relations entre
les deux pays doivent y regarder à deux fois avant
d'engager l'opinion publique dans une voie très pé-
rilleuse. Les affaires de Sierra-Leone ont des obscu-
rités. Convient-il aux journaux anglais de les dissi-
per ? Le Times, qui connaît encore mieux que nous
évidemment les arcanes de la politique du gouver-
nement de Sierra-Leone, finira par comprendre,
mieux qu'il ne l'a fait jusqu'à présent, les véritables
intérêts qu'il croit si bien défendre.
L'incident de Warina est un malheur pour la France
et pour sa mission civilisatrice en Afrique, dit le Times.
En envoyant une expédition contre les sofas, le gou-
vernement britannique avait voulu donner satisfaction
aux demandes légitimes des autorités françaises qui 'i
se plaignaient de co que les maraudeurs de Samory
cherchassent un refuge sur le territoire britannique.
Il n'y a qu'un sentiment unanime de profond regret
exprimé en Angleterre pour la mort du lieutenant
Maritz.,
La rencontre a eu lieu à 50 milles de la frontière ré-
^aâamée par les Français.
Le commandant do la troupe française ne pouvait
donc ignorer sur quel territoire il se trouvait.
Les honneurs rendus aux morts seront appréciés
par le peuple français et faciliteront le devoir de la
réparation.
Nous ne comprenons pas beaucoup le sens qu'il
faut accorder à cette réclamation. Aussi à cette at-
titude toujours agressive du journal de la Cité pré-
férons-nous quelque regret qu'il en puisse éprou-
ver le langage plus mesuré du Daily Ncivs.
L'incident de Warina, dit-il, est le résultat d'une er-
reur pure et simple.
On a donc eu tort de représenter le lieutenant Ma-
ritz comme un aventurier qui a voulu à tout prix sa-
tisfaire ses sentiments de haine contre l'Angleterre.
Ceux qui écrivent sur ce sujet, soit à Paris, soit à
Londres, doivent avoir quelque part de responsabilité
pour ce qu'ils écrivent.
Le colonel Ellis, après cet accident fatal, s'est mis en
rapport avec le commandant français, l'assurant que
cet accident n'avait pas interrompu les relations ami-
cales qui existaient entre eux.
Cette démarche si honorable ne peut manquer de
soulever les sentiments chevaleresques du peuple
français.
Si la version britannique de l'incident est correcte,
nous sommes convaincus qu'une puissante nation amie
comme la France, fera pour l'effacer, ce qui est juste
et équitable.
Du moment que les troupes anglaise et française
poursuivaient le même ennemi, bien qu'elles ne coo-
pérassent pas dans le sens absolu du terme, il n'y avait
pas grand mal à passer, pour atteindre le but commun,
dans la sphère du voisin, et nous ne voyons pas qu'il
y ait eu nécessité d'aviser le commandant français de
la marche de l'expédition britannique, puisque le but
de cette expédition était de chasser les sofas du terri-
toire britannique.
Cet incident fournira peut-être un argument aux
Français qui désirent vivre en bonne amitié avec la
Grande-Bretagne.
Quant aux autres journaux anglais, ils concluent
en général à la prompte délimitation de la frontière
franco-anglaise c'est l'opinion que nous avons
émise dès le premier jour en constatant et en re-.
grettant que le commissaire anglais, lo capitaine
Kenny n'ait pas, il y a deux ans, permis de résou-
dre plus tôt l'œuvre reprise l'an dernier par les di-
plomates des deux pays.
Voici, d'après les dépêches reçues au War. office,
quelle avait été la marche de la colonne Ellis avant
la rencontre de Warina
La colonne du colonel Ellis, forte de 270 hommes,
partit de Kommondy le 17 décembre, traversa un pays
dévasté par les sofas, attaqua et repoussa les sofas et
eut un lieutenant et un homme blessés. Elle prit Sidu
le 20 décembre et eut un lieutenant et trois hommes
blessés. Elle traversa le lendemain la montagne de
Kori et, poursuivant l'ennemi, elle s'empara de Warina,
où elle eut huit blessés. Elle ouvrit alors une route
entre Kommendy et Warina. Une troupe importante dé
sofas était alors à Karayemma, à trois jours vers le
Nord-Ouest.
LeDaily Chronicle publie des lettres adressées par
le capitaine Lendy, mort à Warina (Sierra-Lcone),
qui viennent de parvenir à un de ses amis en An-
gleterre.
Ces lettres font une vive description des atrocités
commises par les sofas dans la sphère britannique
et regrettent les « énormes délais » apportés par le
gouvernement dans l'adoption des mesures néces-
saires.
Après avoir enfin reçu l'ordre d'avancer, le capi-
taine Lendy écrit « Mon expédition rencontrera
probablement des difficultés, car les Français com-
battent aussi les sofas afin de réclamer une grande
partie de leur territoire par droit de conquête. J'éta-
blirai des stations de police sur une ligne, à 7 milles
du Niger, afin que les Français no puissent avancer
au delà. »
Un journal du matin publie l'information sui-
vante
Bien que les affaires du Soudan relèvent exclusive-
ment du sous-secrétariat des colonies, le ministre des
affaires étrangères a demandé, en raison de l'impor-
tive, elle l'avait ramené dans un cercle mon-
dain pareil à celui de ses jeunes années. Il était
à craindre qu'Ardiane ne lui fût jamais assez
reconnaissant de ce service, dont il ne compre-
nait pas toute la grandeur, mais c'est son stage
à Périaslav qui l'avait préparé aux plus brillan-
tes fortunes; il y avait repris l'habitude de la
fréquentation des véritables femmes du monde.
Près de la comtesse il avait été complètement
ensorcelé; elle répondait à l'idéal le plus élevé
qu'il se fût jamais créé, et de plus elle était inac-
cessible. C'est là peut-être ce qui exerçait sur
lui le charme le plus puissant. Il l'aima, de rage
de ne pouvoir jamais en être aimé.
Ce sentiment fut un des meilleurs et des plus
nobles qu'il dût jamais 'ni être donné de res-
sentir, et, pour un temj.o, son âme en fut puri-
fiée. Cela ne .l'empêchait pas de prendre du
plaisir partout où il pouvait en trouver, car Ar-
diane était un épicurien consommé et nul plus
que lui, suivant le conseil du poète latin, ne sut
« cueillir ce Jour présent » avec toutes ses fleurs
et ses fruits, roses et truffes mêlées.
A l'admiration passionnée que lui inspirait
Mar'Ivanna se joignait encore autre chose il la
sentait bonne. Mille détails insignifiants rap-
prochés les uns des autres -et il l'étudiait avec
la minutie d'un numismate lui avaient prouvé
qu'elle possédait une âme généreuse, très au-
dessus des mesquineries de l'existence. La ma-
réchale aussi était bonne, mais sa bonté se
voyait, tandis que celle de la comtesse était dif-
ficllo à découvrir, se manifestant plutôt dans
l'expression des sentiments que dans les choses
matérielles de la vie. Ici, encore une fois, la
pauvre Marthe de l'Ecriture, qui se donnait tant
de mal pour préparer un repas convenable, fut
sacrifiée à la contemplative Marie et les chaus-
settes de la maréchale perdirent tout leur éclat
en comparaison de la générosité latente de
Mar'Ivanna.
Que s'était-il passé pour obscurcir le rayon-
nement des beaux yeux qui- depuis un mois ou
deux s'étaient habitués à le considérer avec
clémence ?
Il le sut bientôt.
La comtesse était à mille lieues de Denser que
tance des événements actuels, à prendre la direction
de l'affaire.
En conséquence, ordre a été transmis à M. Grodet,
gouverneur civil du Soudan, de rappeler immédiate-
ment M. Bonnier et d'arrêter la marche de la colonne.
Celle-ci a reçu l'ordre de se. replier sur Tombouctou,
où elle aura attendre les événements. ̃
Le commandant de la flottille qui est restée en sout-
france a reçu l'ordre de rentrer à Kayes, d'où il sera
mis à la disposition des autorités pour répondre du fait
de désobéissance qui a motivé l'incident malencontreux
que l'on sait.
Cette note laisserait supposer que l'incident de
Warina serait dû à un excès de zèle des officiers
français qui opèrent sur la frontière franco-anglaise.
Est-il besoin de dire que ce qui s'est produit aux
sources du Niger n'a rien à voir avec la colonne du
,colonel Bonnier qui opère, en ce moment, dans le
moyen Niger; à plus de mille kilomètres de sa
source? Aussi cette information a-t-elle été l'objet
de la note suivante: information a -t-elle été J
« Un journal du matin, à propos de l'incident de
Sierra-l.eone, annonce que le ministre des affaires
étrangères a décidé, à cause de la gravité des évé-
nements, de prendre la direction de l'affaire.
» Il est bon de faire remarquer que, lorsqu'il s'agit
d'un différend quelconque entre deux nations, le
département des affaires étrangères a seul qualité
pour intervenir sans avoir aucunement à déposséder
une autre administration.
» D'autre part, il faut se garder d'exagérer l'im-
portance d'un incident si regrettable qu'il soit.
» Quant à la colonne commandée par le colonel
Bonnier, elle se trouve actuellement à quatorze ou
quinze cents kilomètres de Sierra-Leone, et no sau-
rait, par conséquent, avoir été mêlée à ce qui vient
de se passer. »
♦
ÉLECTIONS SÉNATORIALES DU 7 JANVIER
Nous avons fait connaître hier les résultats du
premier tour de scrutin. Voici aujourd'hui les ré-
sultats du second tour et le nombre de voix obtenu
par les candidats dans certains départements où le
détail du scrutin a été connu plus tardivement
AIN
MM. Goujon, sénateur sortant, rép. 737 Elu.
Mercier, sénateur sortant, rép. 730 Elu.
Morellet, sénateur sortant, rép. 660 Elu.
Lénaule, rép 151
Deiorme, rép 169
Germain, ancien député, rép 101
Joliet, ancien préfet 75
AISNE
(2° tour).
MM. Macherez, ancien député, rép 730 Elu.
Au premier tour, avaient été élus MM- Malézieux,
1,025 voix; Leroux, 833 voix, et Sébline, 777 voix.
Avaient en outre obtenu M. Macherez, 656; M. Ha-
notaux, rép., 585; M, Waddington, sén. sort., 575; M.
Pasquier, réact., 403; M. Parmentier, réac, 341.
ALLIER
(2e tour)
MM, Chantemille, sort., républicain 442 Elu-
Cornil, sort., républicain 423 Elu-
Bruel, sort., républicain 397
Gacon, député, radical. 333
Ville, député, radical. 303
Thivrier, député, socialiste 241
de Fuligonde, cons. gén., conservat. 46
Bizet, cons. gén., conservateur. 40
Martinet, cons. gén., conservateur.. 25
(3° tour)
M. Bruel, sort., républicain 398 Elu.
'-y.
ALPES (BASSES-)
(2° tour)
MM. Richaud rép 291 Elu.
Thourel, rép 110
Au premier tour, M. Soustre, sén. sort., républicain
a été élu par 245 voix. M. Richaud, avait obtenu
191 voix, contre 105 à M. Thourel, 93 à M. Honorat,
66 à M. Rebuffel et 62 à M. Bontoux, ancien député,
tous républicains.
ARDÈCHE
(2« tour)
MM. Chalamet, sort., rép 440 Elu.
Saint-Prix, sort., rép 406 Elu.
Destremx, ancien député, rad 394
Duclaux-Monteil, réact 187
Au premier tour M. Praval, sénateur sortant répu-
blicain avait été élu par 409 voix, M. Chalamet en avait
384, M. Saint-Prix 352, M. Destremx 247, M. Kramer
rad., 178, M. Dindeau, rad., 161, M. Duclaux-Monteil,
réact., 160, M. de Montgolfier, réact.80, M. de Bernis,
réact., 76, M. Blachère, ancien député, réact., 75.
ARIÈGE
(2° tour)
MM. Delpech, professeur, rép 301
Bordes-Pagès, sort., rép 295
(3° tour)
MM. Delpech, rép 312 Elu.
Bordes-Pagès 292
Au premier tour M. Frézoul, sénateur sortant, avait
été élu par 425 voix contre 264 à M. Delpech, 232 à M.
Bordes-Pagès, 102 à M. Barreau et 56 à M. Lacaze.
AUDE
(2° tour)
MM. Mir, député, rôp 374
Rivals, c. à la cour de Montpellier, r. 370
(3e tour)
MM. Rivais 374 Élu.
Mir. 371
Au premier tour, M. Gauthier, rép., avait été élu par
387 voix contre 370 à M. Mir, 325 à M. Rivais, 99 à M.
Frontil, rép. ,97 à M. Limouzy, rép., 94 à M. Theron,
soc, et 80 à M. Narbonne, soc.
CHARENTE
MM. Martell, sort., réélu 433 Elu.
Brothier, cons. gén., rép 427 Elu.
Laporte, maire, rép 427 Elu.
Lacombe, cons. gén., rép. 401
D'Arnal, cons. gén., réac. 391
D'Hômery, cons. gén., réac 386
les triomphes d'Ardiane dans le monde où l'on
s'amuse pouvaient l'émouvoir en quoi que ce
soit, mais on est femme après tout, Un matin,
pendant le déjeuner, elle commit une impru-
dence.
Ardiane avait l'air fatigué et voyez un peu
l'injustice du destin! Il avait passé la nuit, non
à se divertir en compagnie de Soudine ou d'au-
tres, mais à écrire une composition qui depuis
quelque temps le hantait d'une façon impor-
tune. La comtesse, sans le savoir elle-même,
avait remarqué le cercle bistré qui grandissait
encore les grands yeux noirs du jeune artiste et
très injustement l'accusa de folies.
Elle se sentait outragée par la présence à sa
table d'un monsieur qui traitait son hospitalité
avec si peu de cérémonie, et, d'un simple mot à
propos d'un fait divers, révéla tout un état d'es-
prit qu'Ardiane était loin de soupçonner.
Je n'admets pas, dit-elle, qu'un homme
comme il faut fréquente des personnes, des
femmes qui ne le sont pas.
Vous allez un peu loin, ma chère, fit Ché-
vensky, toujours philosophe; l'application de ce
principe entraînerait parfois de singulières con-
séquences 1 @
Peu m'importe, répondit-elle. Je suis
comme cela!
Ses yeux brillaient, ses lèvres s'étaient ser-
rées, une flamme rose était montée à ses joues.
Ardiane eut la révélation exacte de la vérité.
Mar'Ivanna ne l'aimaitpas, mais elle était ja-
louse tout de même.
Il fut tellement ébloui de ce qu'il entrevoyait,
qu'il en demeura immobile, oubliant de man-
ger, pendant que Ghévensky, pour rompre les
chiens, racontait à Souriette une anecdote drô-
latique.
Elle était jalouse! Elle pourrait donc l'aimer.
Elle s'intéressait déjà assez à lui pour prendre
connaissance de ses actions et les blâmer, pour
concevoir de l'humeur à la pensée de ses fre-
daines ? 0 Mar'Ivanna, si vous saviez quelle
flambée d'amour s'éleva le long des parois du
crâne de Cyrille Ardiane!
Le reste du monde disparut à ses yeux un
piédestal immense se dressa sous lui, le portant
CHER
Inscrits 728. Votants 719
(1er tour)
MM. Peauaecerf, sén sort., rad. 351
Pauliat, sén, sort., rad 350
*"»* Girault, son. sort., rad. 336
Gosset, avocat, rép 281
Pelle, cons. gôn., rép 277
Méraut, cons. gén., rép 234
Mirpied, cons. gôn., rép 74
Apied, maire, social 62
Forest, publiciste, social. 62
Benoist, cons. gén., social. 59
(2° tour)
MM. Peaudeccrf, rad. 420 Elu.
Girault, rad. 412 Elu
Pauliat, rad. 409 Elu;
Gosset, avocat, rép 285
Pellé, cons. gén., rép. 284
Méraut, cons. gôn., rép 268
CORRÈZE
Inscrits 716. Votants 712
MM. de Sal, sort., rép • 392 Elu.
Labrousse, anc. dép., rad 377 Elu,
Dellestable, dép., rad. 359 Elu,
Dubois, une. dép., rép 301
Vachal, anc. dép., rép 154
Billot, cons. gén., rôp 141
Perrier, de l'Institut, rép. (qui avait
retiré sa candidature). 101
COTES-DU-NORD
MM. Olivier, sén. sort., réac 728 Elu.
Haugoumar des Portes, sén. s., réac. 723 Elu.
Huon de Penanster, sén. sort., reac.. 722 Elu,
Del'Angle-Bcaunianoir, sên. s., réac. 716 Elu.
De Carné, son. sort., réac 714 Elu.
Armez, dép., rép 533
Riou, cons. gén. rép 530
Radennu,. cons, gén., rép 514
Larère, cons. gôn., rép 513
Le Moign, député, rôp 505
CREUSE
(Second tour)
MM. Villard, cons. gén., rép 279
Lecler, son., sort., rôp 252
Dufoussat, cons. gén., rep. 210
Cousset, anc. dép., rép 205
Rousseau, cons, gén., rép. 199
Nadaud, anc. dép., rôp 163
Laroche, sen. sort., rép 142
(Troisième tour)
MM. Villard, cons. gén., rép 328 Elu.
Dufoussat, cons., gén., rép 283 Elu.
Lecler, sén. sor., rép 263 Elu.
Rousseau, cons. gén., rép 212
Cousset, anc. dép., rép 211
Nadaud, anc. dép., rép 98
Laroche, sén. sort., rôp 98
DORDOGNE
M. Roger, sénateur sortant; qui a été réélu hier,
a obtenu 742 voix et non 642, comme une erreur da
transmission nous l'a fait dire.
EURE
Inscrits 1,051. Votants 1,038
MM. d'Osmoy, sén. sort., républicain 879 Elu.
Guindey, sén. sort., républicain. 843 Elu.
Milliard, sén. sort., républicain. 842 Elu.
De Chambey, cons. gôn., réac. 57
Louis Passy, dép., rôac 48
Jouin-Lambort, cons. gén., réac 42 -r.^»;
Fouquet, dép., réac 35
Duc de Broglie, réac 35
Obry, rôac 35
GARD
(2° tour)
MM. Bonnefoy-Sibour, anc. dép., rép. 575 Elu.
Desmons, député, radical. 537 Elu.
Claris, sén. sort., républicain 193
Moinadicr, sén. sort., républicain. 161
Dide, sén. sort., républicain 33
Au premier tour M. Silhol, anc. dép. rép., avait été
élu par 429 voix contre 397 à M. Bonnefoy-Sibour, 376
à M. Desmons, 256 à M. Claris, 169 à M. Perrier, cons.
gén., 164 à M. Dide, 122 à M. Boisson, rad., 102 à M. le
colonel Meinadier, 97 à M. Roux, rép., 82 à M. Theu-
lon, soc; Veillon, rép., 70; Pascal, réac, 59; Fabre,
rad., 43; Delafosse, rad., 23.
MARNE
(2° tour)
MM. Poirrier, cons. gén, républicain. 645 Elu.
Guyot, ancien député, radical. 289
Gérard, cons. gén., républicain. 31
Langlet, ancien député, radical 3
Au premier tour, M. Poirrier avait eu 483 voix, M.
Guyof 173, M. Langlet 166, M. Bergère, rép., 80; M. Gé-
rard, rép., 48.
SEINE-ET-MARNE
Deuxième tour
MM. Prevet, anc. député, rép. 476 Elu
Chazal, cons. gén., rad. 435
Au premier tour, M. Prevet avait obtenu 294 voix,
M. Chazal, 228, M. Nivet, radical, 185, et M. Droz, ré-
publicain, 125.
ALGER
(2° tour)
MM. Gerente, cons. gén., rad. socialiste.. 154 Elu.
Gobel, cons. gén., radical 107
Letellier, ancien député, républicain. 24
Au premier tour, M. Gérente avait obtenu 142 voix,
M. Gobel 102 et M. Letellier 40.
La série A du Sénat qui a été renouvelée, hier,
compte 91 sièges, répartis dans 31 départements
depuis l'Ain jusqu'au Gard inclusivement, plus un
siège dans le département d'Aller et un pour cha-
cune de nos colonies de la Guadeloupe et de la Réu-
nion. Le renouvellement pour ces deux derniers
n'aura lieu que le 14 janvier.
5 autres départements avaient à élire chacun,
hier, un sénateur 3 par suite de décès (Manche.
Marne et Haute-Savoie), un quatrième, celui de la
Seine, par suite de l'élection deM.Gobletà la Cham-
bre des députés et un cinquième, celui de Seine-et-
Marne, par suite de l'attribution à ce département
au niveau de cette femme inaccessible, qui d'un
mot venait de le condamner et de l'élever jus-
qu'à elle. Plein d'orgueil, et pourtant humble
envers elle jusqu'à cette profonde soumission
qu'amène pour un moment l'amour dans les
âmes les plus hautaines, il quêta un regard de
son juge; mais elle avait détourné la tête, et il
ne put l'obtenir.
Il la guettait cependant, et tout à coup, pen-
dant qu'invinciblement ramenée à lui par sa
pensée elle l'effleurait d'un coup d'œil irrité, il
surprit cette colère, plus douce pour lui que les
plus flatteuses paroles.
Prise en flagrant délit, elle rougit violem-
ment et ne parla plus jusqu'à la fin du repas.
Quand ils curent quitté la table et qu'ils se
trouvèrent dans le salon de la comtesse, Ardiane
s'approcha d'elle, avec la douceur câline d'un
enfant qui veut se faire pardonner.
Vous plairait-il, madame, dit-il à voix
basse, de dafgner écouter une petite chose que
j'ai composée tout récemment. Jusqu'ici je
n'avais rien fait de bon; si je ne m'abuse, ceci
serait moins mauvais, mais je n'ose m'en fier à
mon propre jugement.
Elle l'écartait sans le regarder, la tête droite,
hautaine.
Vous travaillez donc? fit-elle, emportée
par un flot de colère intérieure dont elle sentait
le danger et dont elle n'était pourtant pas maî-
tresse. Je croyais que vous n'en aviez pas le
temps
J'ai travaillé la nuit dernière, au moins
jusqu'à l'aube, répondit-il avec sa doaceur sou-
mise. Voulez-vous permettre que j'envoie cher-
cher le manuscrit dans ma chambre ? Peut-
être voudrez-vous le suivre des yeux pendant
que je jouerai, à moins que ce ne soit abuser de
vos instants.
Si vous voulez, dit-elle avec une étrange
émotion qui lui donna tout à coup envie do
pleurer; sa colère n'était pas encore passée, et
pourtant elle était gagnée par le repentir de son
injustice, réelle pour cette fois.
HENRY GRÉVILLE.
(A suivre).
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.55%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.55%.
- Collections numériques similaires Ritz Jean Ritz Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ritz Jean" or dc.contributor adj "Ritz Jean")Tourte Francis Tourte Francis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Tourte Francis" or dc.contributor adj "Tourte Francis")
- Auteurs similaires Ritz Jean Ritz Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ritz Jean" or dc.contributor adj "Ritz Jean")Tourte Francis Tourte Francis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Tourte Francis" or dc.contributor adj "Tourte Francis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2339649/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2339649/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2339649/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2339649/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2339649
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2339649
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2339649/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest