Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-01-08
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1894 08 janvier 1894
Description : 1894/01/08 (Numéro 11914). 1894/01/08 (Numéro 11914).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ona-afionne aux Bureaux au Journal, 5, BODLETaxiu DES ITALIENS, A PARIS, et dans tous les Bureaux de Poste
LUNDI 8 JANVIER 1894
ÏRKNTJ&-QUATMÈME ANNÉE. N» HOU
PRIX DE L'ABONNEMENT
JABIS Troismois, 14 fr. Six' mois, 2S fr. Un an, S© t&
DÊPt» & ALSAOE-LORRAINE 17 fr.; 't- 34.fr, 6*4r.
DÎTION POSTALE. 18 fr.; 3Sfr.; 72fr
AUTRES PATS 23 fr.; 46 fr.; 92fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" feT 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 2O centimes
PRIX DE L'ABONNEMENT
pARig> # Trois mois, 14 fr.; Six mois, 28 fr. Or an, 56 fr.
DBP" & ALSACE-LORRAIHE l"7fr.j 34 fr.; SS fr.
UNION POSTALE. ,18fr.; 36 fr.; T12.lt.
AUTRES PAYS 23fr.; 4Sfr.; 92 fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1S centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Tontes les lettres destin6es à la Rédaction doivent être adressées- au Directeur
Le Journal ne répond pas des articLes non inséré.
ANNONCES MM. Lagrange, Cerf ET C°, 8, place de la Bourse
Le Journal et les Régisseurs déclinent touteresponsabilité quant à leur teneur
Adrtsst tiligraphique TEMPS PARIS
BULLETIN DU JOUR
ETATS-UNIS
Le Congrès fédéral a repris ses travaux. Cette
session, tout le monde .^Bu^nsf^my^d^t
être décisive, soit pour l'administration de M.
Cleveland, soit pour les graves intérêts qui sont
çn jeu à l'heure actuelle. La situation n'est pas
très favorable, il faut l'avouer, pour l'accomplis-
sement de l'œuvre de réforme économique à
laquelle le président a convié son parti.
• Un budget qui se clôt en déficit au lieu de
laisser s'accumuler des excédents énormes, une
majorité divisée contre elle-même, tiraillée en
sens divers par les protestations et les exigences
des intérêts particuliers qui se trouvent mena-
cés par le projet de réduction du tarif ou par
j'imposition de nouvelles taxes, une minorité
presque factieuse résolue à épuiser les ressour-
ces de l'obstruction pour retarder, si pas empê-
cher absolument, la réalisation du programme
démocrate, un règlement, à la Chambre des re-
présentants, fait à souhait pour faciliter ce que
Ton appelle à Washington la grande flibusterie
parlementaire et, au Sénat, comme on l'a vu
lors des interminables débats sur la loi Sher-
man, l'absence absolue de tout règlement et de
tout pouvoir disciplinaire voilà les conditions
înédiocrement encourageantes dans lesquelles
la campagne va s'engager.
Il était déjà évident depuis quelques semai-
nes que le caucus démocrate, c'est-à-dire l'as-
semblée plénière de ce parti agissant comme
maître souverain des votes de ses membres,
aurait la plus grande peine à trouver un terrain
sur lequel établir un accord obligatoire en ma-
tière de réforme du tarif. A chaque article qu'il
est question d'amender, à chaque réduction de
droit proposée, une industrie jusqu'ici protégée
B'émeut, une localité se passionne, le représen-r
tant reçoit l'ordre catégorique de lutter pour le
maintien du statu quo et une nouvelle brèche
est faite dans l'unité morale de la majorité.
C'est bien l'une des conséquences les plus re-
grettables d'une politique de protectionnisme à
outrance. A l'abri des faveurs fiscales de l'Etat.
des intérêts se créent, grandissent, il devient
impossible de revenir à la pratique d'un libre-
échangisme, même modéré, sans porter atteinte
à des situations acquises, en elles-même dignes
d'un certain intérêt et qu'une coalition rend for-
midables.
Si encore il ne s'agissait que de ramener les
droits de douane à un taux flscal, l'entreprise,
pour malaisée qu'elle soit, ne serait pas de na-
ture à rebuter le courage d'un homme comme
M. Cleveland ou comme M. Carliste mais la
folle prodigalité qui a été le fruit du protection-
nisme il fut un temps où l'on jetait littérale-
ment l'argent par la fenêtre, comme, par exem-
ple, pour les pensions militaires, afin de four-
nir une ombre de prétexte à la création et au
maintien de droits élevés, l'apparition du
déficit exigent aujourd'hui l'imposition de nou-
velles taxes internes pour combler les trous que
creusera dans le budget la diminution du tarif.
Les Etats-Unis sortent à peine d'une crise fi-
nancière et économique qui a sévi avec une
.rare intensité. C'est un moment mal choisi pour
demander au contribuable de nouveaux sacri-
fices. On peut compter que les industries proté-
gées sauront à merveille jouer de cet argument
,-et demander, avec une apparence de désintéres-
sement, s'il est bien opportun de tarir d'une
main la source de revenus abondants dans le
-tarif pour frapper de l'autre la production natio-
oale en prélevant sur elle de nouveaux impôts.
Le parti républicain, décidément voué au
protectionnisme, qu'il a baptisé, pour faire ap-
pel au préjugé patriotique, du nom de système
américain, et fortement encouragé par le ré-
sultat des élections de novembre et notamment
par le triomphe de M. Mac Kinley dans l'Ohio,
se mettra avec zèle au service de la résistance.
Pour le moment, il cherche à gagner du temps
en empêchant la Chambre de se constituer,
.faute d'un quorum, puis en soulevant force
questions préjudicielles et en discutant à sa-
tiété les affaires hawaïennes.
Certes, rien n'est perdu, mais il faudra à M.
Cleveland toute son énergie indomptable, au
.parti démocrate beaucoup de patience et de
discipline, à tous deux pas mal de chance pour
faire aboutir dans cette session, comme il est
nécessaire, l'œuvre de la réforme du tarif.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
J)ES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 7 janvier, 9 h. 30.
Un mouvement, vraiment étonnant, se produit
ians une certaine presse italienne. On fait tous les
efforts pour rejeter sur la France la responsabilité
de ce qui se passe en Sicile. Ainsi, le Courrier de
tapies prétend que le consul des Etats-Unis à Pa-
lerme aurait informé le préfet de cette ville que
de l'argent et des armes avaient été envoyés de
'France aux insurgés.
Le même journal ajoute que différentes banques
.siciliennes reçoivent de France des chèques pour
des personnes qui ne peuvent être en relations
^commerciales avec notre pays, et que les consuls
d'Allemagne et d'Autriche ont informé leurs gou-
vernements respectifs de l'importation en contre-
~EUILLETON IDU ~mp3
DU 8 JANVIER 1894
CHRONIQUE THEATRALE
A la Comédie-Parisienne, la Veuve, comédie en trois
̃ actes de MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy.
!î*Au théâtre des Menus-Plaisirs, la Revue sans gêne,
revue en trois actes de MM. Monréal, Blondeau et
Delilia. A la Comédie-Française, reprise de Béré-
nice, tragédie de Racine la Belle Saïnara, japonaise-
rie en un acte de M. Ernest d'Horvilly. Les Varié-
tés de Marseille.
Je vous ai conte, dans un -de mes derniers
.leuilîetons, que la Comédie-Parisienne avait ou-
vert, samedi dernier, sous la direction de M
Koning, rue Boudreau. Je n'avais pu dire qu'un
mot de la représentation, et j'avais promis d'y
revenir.
Le théâtre, pour justifier sonnom de Comcdie-
Parisienne, s'était mis, dans un Tort joli prolo-
gue, sousi'invocatioudes deux écrivains drama-
tiques, qui passent pour être les plus Parisiens
de ces temps: MM. Henri Meilhac et Ludovic.
Halévy. Il avait donc repris une de ̃Icursanciennes
pièces, Suzanne cl les deux Vicillcrds, un polit
acte sans conséquence, qui n'est qu'un badinage
de salon et qui a été beaucoup joué dans les villes
d'eaux et dans les casiuos et la Veuve, comédie
En trois tableaux, qui n'avait pas été jouée de-
puis vingt-trois ans, dont le nom seul était resté
ilans la mémoire des vieux amateurs.
J'ai eu la fantaisie de me reporter au feuille-
ton que j'écrivis en ce temps-là et j'y ai trouve
tette mention significative:
« Le Gymnase a eu le plus grand tort d'al-
longer démesurément les entr'actes et de don-
ner par cet artifice à un acte en trois tableaux
l'importance d'une grande pièce. JI faudrait que
le rideau, à peine baissé, se relevât tout de
jBuiie. La longueur des entr'actes a beaucoup
pui au succès de la pièce. »
Voilà près d'un quart de siècle que nous
avons formulé celte critique et depuis le mal
?3<'a fait qu'empirer. Ce qui n'était jadis qu'une
.exception est devenu la règle, ou, si l'on veut, la
«ouluine dans les théâtres de genre. Un lever de
rideau insignifiant, joué par des doublures, de-
vant les banquettes. Une demi-heure d'en-
bande des armes à feu, qui se pratique sur une
grande échelle.
Il est vrai que d'autres journaux, et parmi ceux-
ci la Tribuna, assurent que ce sont les socialistes
allemands qui ont envoyé dé l'argent aux fasci di
laaoralori.
Mais pour certaines feuilles, c'est toujours la
Franco qui est la grande coupable. Par exemple, la
Gazzetta di Sicilia annonce qu'une concentration de
troupes françaises se fait en Tunisie en vue d'un
coup de main sur la Sicile nt le Folchello dit que
c'est l'or français qui a produit les troubles de Sicile;
l'Italie serait par suite forcée de dégarnir la fron-
tière et la France en profiterait pour faire la guerre
à l'Italie.
Rome, 7 janvier, 10 h. 50.
Hier matin, à Rcme, de nombreux placards por-
tant « A bas les taxes 1 » furent affichés. Plusieurs
arrestations furent opérées. Le soir dans tous les
théâtres on jeta des petits carrés de papier rouge
portant cette inscription « Vivent les martyrs de
bas les taxes I A bas les exploiteurs des ouvriers » Il
Sicile I A Les agents procédèrent également à plu-
sieurs arrestations.
M. Crispi est décidé à. employer la 'plus grande
énergie pour le rétablissement de l'ordre en Sicile;
il espère que tout sera terminé avant la réouver-
ture de la Chambre.
Les ouvriers occupés à la construction du Palais
de justice ont hissé sur le Palais un drapeau blanc
cravaté de noir et portant écrit en lettres noires coa
mots « Nous sommes solidaires des martyrs de la
Sicile. »
La police a enlevé le drapeau et une compagnie
d'infanterie a été envoyée pour garder le Palais de
j ustice. Madrid, 7 janvier, 9 h. 45.
La réponse du sultan à la proposition d'envoi
d'une ambassade espagnole n'est attendue que vers
le 15 janvier. Les communications sont très diffi-
ciles.
La réunion des Cortès est ajournéo à la deuxième
quinzaine de février.
Madrid, 7 janvier, 10 heures.
Les anarchistes Codina, Cerezuelo, Bernard, Bo-
cherini, Navarro, Arche ont été remis aux autorités
militaires pour passer en conseil de guerre comme
coaateurs et complice» do Pallas dans l'attentat
contre lo marécha! Carrn.os-lo 24 aeptembro 1803.
Plusieurs d'entre eux ont avoué leur participation
au complot ourdi dans une taverne où ils se réunis-
saient souvent. Parmi les détenus, plusieurs ont
déclaré qu'ils ont essayé de déterrer le corps de
Pallas, mais que la police a déjoué leur projet.
Salvador Franch a persisté à affirmer qu'il a lan-
cé la seconde bombe au théâtre du Liceo, quand il
s'aperçut que la première n'avait pas éclaté. Salva-
dor restera à l'hôpital de Saragosse jusqu'à ce que
les médecins permettent son transport à Barcelone.
Roubaix, 7 janvier.
Le conseil municipal ayant supprimé une allocation
de 8,000 francs qu'il accordait aux crèches privées, une
d'elles a été fermée hier. D'ici, l'ouverture de crèches
municipales à l'étude, les enfants resteront chez leurs
parents.
(Service tlavas)
Digne, 7 janvier.
M. François Deloncle a informé le président du con-
seil que, dès la rentrée, il poserait une question au
sous-secrétaire d'Etat des colonies sur le malheureux
événement de Sierra-Leone, en vue d'activer le règle-
ment des questions de frontières franco-anglaises tant
à Sierra-Leone qu'ailleurs.
DERNIÈRE HEURE
Dans les Basses-Alpes, M. Soustre est élu séna-
teur par 245 voix.
Viennent ensuite MM. Richaud, 191 voix Bon-
toux 62 RebutTel, 66 Thourel, 105 Honorât, 95.
(Il y a ballottage pour le second siège).
Voici les nomimations et promotions dans la Lé-
gion d'honneur faites à l'occasion do la nouvelle
année par le ministre de l'intérieur
Officiers
MM.
Alapetite, préfet du Pas-de-Calais.
Fournier, directeur de la Sûreté générale.
Docteur Millard, médecin à l'hôpital Bcaujon.
Docteur Démons, professeur à la Faculté do Bor-
deaux.
Léon Brière, président du syndicat de la presse
départementale. Chevaliers
MM.
Dn Luze, préfet de l'Yonne.
Liégey, préfet de la Vendée.
Doux, préfet des Hautes-Alpes.
Brousse, président de section au conseil de pré-
fecture de la Seine.
Corbière, sous-préfet de Bergerac.
Coutand, sous-préfet des Sables-d'Olonne.
Fournier, inspecteur des services administratifs.
Chabanel, chef de bureau au ministère de l'inté-
rieur.
Primois, sous-chef de bureau au ministère de
l'intérieur.
Danton, chef de division à la préfecture du Loiret.
Docteur Christian, médecin en chef de la maison
de Charonton.
Guionie, directeur de la maison centrale de Doul-
lens.
Delmas, commissaire spécial do la police des che-
mins do fer à Vannes.
Jules Legrand, publiciste.
Harduin, publiciste.
tr'acte; puis trois petits actes, en général forts
courts, coupés par deux entr'actes de vingt-
cinq minutes. Additionnez vous n'avez pas
tout à fait une heure de spectacle vous avez
une heure et quart d'entr'actes.
Ces entr'actes nous sont commodes le soir de
la première représentation, parce que, ce jour-
là tout le monde se connaît et que l'on échange
volontiers ses impressions dans les couloirs.
Mais il faut voir, aux représentations suivantes,
le vrai public, celui qui paye, de quel cœur il
s'ennuie et bâille; comme il use son temps à
maugréer contre le théâtre et contre la pièce
quel trésor de mauvaise humeur il amasse, et
que de fois il se dit On ne m'y reprendra plus 1
Les directeurs ont deux partis à prendre mais
il n'y en a que deux.
Le premier, ce serait de corser le spectacle,
de donner de la marchandise pour l'argent. Ils
répondent à cela que le public n'aime pas les
gros morceaux, que lorsqu'une pièce réussit,
elle attire la foule et fait recette, quelle qu'en
soit la dimension. Je ne suis pas aussi assuré
qu'eux de la vérité de cette assertion. Les longs
ouvrages ne lui font peur que lorsqu'ils sont
ennuyeux. Je suis convaincu, en tout cas, que
si, comme c'était la tradition autrefois, on flan-
quait la pièce en trois actes, le morceau de ré-
sistance, de deux jolis actes, l'un avant, l'autre
après, montés avec soin et bien joués, il ne s'en
plaindrait pas. Ceux qu'effrayent les gros repas
en seraient quittes pour n'arriver qu'après le
loyer de rideau et partir avant la dernière
pièce.
Si cette combinaison paraît trop on-éreuse
aux directeurs, il faut alors qu'ils disent fran-
chement au public Nous ne te donnons qu'une
heure et demie de spectacle, viens à neuf heu-
res et demie; à onze heures, tu seras libre; il te
sera loisible, ou de rentrer chez toi te coucher
bourgeoisement, ou de manger une douzaine
d'huîtres avant de t'aller mettre an lit. Je
pense que beaucoup de gens, en effet, qui ne
portent au théâtre qu'un médiocre appétit, et
qui ne regardent pas à payer une heure de
plaisir ce qu'elle vaut, seraient enchantés d'avoir
pu dîner tranquilles et de se voir libres à onze
heures.
Ce qui est insupportable à tout le monde, à
ceux qui aiment les gros spectacles comme à
ceux qui préfèrent les petits plats, c'est d'être
obligés de traîner pendant de longs entr'actes
leur oisiveté et leur ennui, réduits, les malheu-
reux, à lire les annonces de la quatrième page
dans le journal qui leur donne le programme.
Les directeurs s'imaginent qu'en prolongeant
A. Peyronton, publiriste.
Regnault, pubhciste. '̃
Docteur Depasse, médecin du personnel des ser-
vices extérieurs do la direction des travaux de la.s
ville do Paris. ̃' -Â
Docteur Faisans* médecin de l'hôpital de la Pitler*
Docteur Galippe, médecin-pharmacien à Paris.
Docteur Moutard-Martin, médecin de l'hôpital do
la Pitié.
Docteur Rendu, médecin à l'hôpital Necker.
Docteur Trousseau, médecin à la clinique des
Quinze-Vingts.
Joly de BrC-sillon,- vice-président du conseil gé-
néral de Constantine.
Aubry, maire de Sétif.
Drujon, chef de bureau à la préfecture de police.
Touny, commissaire divisionnaire, à Paris.
Docteur Garnier, médecin en chef de l'infirmerie
du Dépôt.
Hannonet de la Grange, conseiller général des
Ardcnnes. C>
Docteur Hervey, médecin à Troyes.
Chanot, conseiller général des Bouches-du-Rhône.
Semont, président du conseil d'arrondissement
d'Auch.
Docteur Solles, médecin des hôpitaux de Bordeaux.
Roger-Marvaisc, ancien sénateur, président du
conseil général d'llle-et-Vilaine.
Docteur Ricci, conseiller général de l'Isère.
Docteur Attimont, médecin des hôpitaux, à
Nantes.
Fleuricourt, maire d'Epernay.
Docteur Dazin, médecin en chef de l'hôpital de
Cambrai.
Docteur Brullé, médecin à Hesdin (Pas-de-Calais).
Docteur Augey, maire de Biarritz.
Docteur Paillasson, vice-président du conseil gé-
néral du Rhône.
Benoist, maire de Saint-Romain (Seine-Infé-
rieure).
Moiuet, dir-oetcur des hospices de Rouen.
Voici les-promotions et nominations du ministère
des travaux publics
Commandeur
M. Julien-Napoléon Haton de la Goupillière, it»~-
«recteur général de 1" classe au corps des mines,
directeur de l'Ecole nationale supérieure des mines,
membre de l'Institut.
Officiers
MM. Jules Galland, inspecteur général de 2" classe
au corps des ponts et chaussées.
Edmond Henry, inspecteur général de 2° classe
au corps des ponts et chaussées.
Julos Da.igre.mpnl, inspecteur général de 1 r. classe
au corps dps. ponts, et chaussées.
Jean David, inspecteur principal de l'exploitation
commerciale des chemins de fer.
Paul Ginain, architecte des bâtiments civils, mem-
bre de l'Institut.
Chevaliers
MM. Pierre-Ulysse Lefèvre, cl/ef de bureau à
l'administration centrale.
Edmond Dupin, ingénieur ordinaire de 1" classe
au corps des ponts et chaussées.
Albert Hémardinguor, ingénieur ordinaire do 1 r.
classe au corps des ponts et chaussées.
Victor Cornac, ingénieur ordinaire de lr" classe au
corps des ponts et chaussées.
Maurice Galliot, ingénieur -ordinaire de 1" classe
au corps des ponts et- eliaussôos.
Jean Voisin, -ingénieur, ordinaire do 1" classe au
corps des ponts- et .chaussées.
Louis Pavie, ingénieur ordinaire de 1" classe au
corps des ponts et chaussées.
Pierre-EttgènoLcfôvre, sous-ingénieur des ponts
et chaussées.
Dénôboude, conducteur principal des ponts et
chaussées. r
Jules Dougados, ingénieur ordinaire de 1" classe
au corps des mines.
Maurice Lancrenon, ingénieur ordinaire de 1'
classe au corps des mines.
Adolphe Cousin, chef de section du réseau al j^-
rien de la Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon
à la Méditerranée.
Louis Fmyssp, ingénieur civil.
Léonce Alayrac, ingénieur civil des mines.
Co mouvement sera prochainement complété pn
l'attribution d'une croix de chevalier à un mécaai-
cien ou à un éclusier.
Par décret en date du 6 janvier 1894, sont nom-
més
Trésorier général à Laon, M. Tournus, trésorier
général à Angers
Trésorier général à Angers, M. Jaubert, trésorier
général à Nevers;
Trésorier général à Nevers, M. Reiboll, trésorier
général à. Chartres
Trésorier général à Chartres, M. do Crépy, recor
veur-percepteur à Paris;
Receveur-percepteur à Paris (3° division du 8" ar-
rondissement), M. Sainsère, ancien préfet, ancien
directeur du cabinet, du personnel et du secrétariat
au ministère de l'intérieur
Trésorier général à Monde, M. Dubois, receveur
particulier ù Compiègne;
Receveur particulier à Compiègne, M.Rambourgt,
aucien sous-préfet;
Receveur particulier à Sartène, M. Ropert, rece-
veur particulier à Corte;
Receveur particulier à Corte, M. Baldacci, substi-
tut du procureur de la République près le tribunal
de lro instance de Corte.
L'incendie du magasin des décors de l'Opéra
M. Raynal, ministre de l'intérieur, accompagné
de M. Benac, directeur du cabinet, est allé visiter,
cet après-midi, les pompiers blessés hier au cours
do l'incendie du dépôt dus décors de l'Opéra.
En l'absence de M. Casimir-Pericr qui est allé
dans l'Aube prendre part aux élections sénatoriales
M. du Taiguy, chef adjoint du cabinet du prési-
dent du conseil, est allé, au nom de ce dernier, ren-
dre visite aux mêmes blessés.
artificiellement leur spectacle, jusqu'à l'heure
réglementaire de minuit ils trompent le public
sur la quantité de plaisir qu'ils lui donnent; per-
sonne n'est dupe de ce manège. Ils ne font que
l'agacer, et, ce qu'il y a de pis, ils arriveront à
lui faire prendre le théâtre en dégoût.
Je ne serais pas étonné que l'empressement
qu'il témoigne pour le café-concert ne vînt, en
partie, de l'absence d'entr'actes. Les numéros
succèdent aux numéros, sans autre interrup-
tion que celle qui coupe la soirée en deux, et
encore n'est-elle jamais que de dix minutes. On
ne s'amuse pas toujours aux chansons que le
café-concert débite intarissablement; mais on
en est peu ou prou occupé; on peut écouter si
l'on veut et se passer même la joie de grogner
contre l'acteur en scène. C'est un soulagement.
La question est beaucoup plus importante
que les directeurs ne se l'imaginent. Ils regar-
dent du haut de leur grandeur ces menus dé-;
tails de ménage. Mais une fois qu'on a désaffec-
tionné le public, c'est le diable pour le ramener..
S'il désapprend le chemin du théâtre, ces mes-
sieurs seront bien malades.
Ces réflexions s'appliquent dans une certaine;
mesure au nouveau spectacle que nous a donné
la Comédie-Parisienne. M. Koning a inauguré
une salle très élégante et très coquette il espère
y attirer une clientèle riche, qui ne regarde pas
à payer cher, si le plaisir qu'on lui offre est déli-
cat et de son goût. Mais son goût est-il de rester!
trois heures au théâtre pour n'y être occupé1
agréablement qu'une heure et demie?
Le fait est qu'elle le sera fort agréablement à'
la Veuve de Meilhac.
C'est la mise en scène de la plus jolie fable de
la Fontaine
La perte d'un époux ne va point sans soupirs.
On fait beaucoup de bruit et puis on se console.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole;
Le temps ramène les plaisirs.
Quand le rideau se lève sur le premier acte, il
y a déjà dix mois que la veuve « fait beaucoup
de bruit » et elle continue d'en faire. Le buste
du défunt se dresse en marbre au milieu de la
chambre, sur un piédestal, qui était jadis, au
Gymnase, drapé de noir; M. Koning n'a point
poussé jusque-là le respect de la douleur, et il
a bien fait. Ce noir catafalque, ces tentures noi-
res nous avaient, je me le rappelle, mal disposé
à nous égayer. Le deuil est toujours dans le
cœur de la veuve. EHe attache sur ce marbre,
où revit son pauvre mari, des regards désolés;
à chaque mot que l'on prononce devant elle, un
souvenir iui remonte à la mémoire et elle fond
en larmes. Elle le prend à témoin, elle l'invoque,
̃ • tES DÉGÂTS ET LES ASSURANCES
Ce matin,* aès lâ'première heure, tout lo haut per-
sonnel de l'Opéra" s'est réuni à ce théâtre pour faire
un examen sommaire de la situation, apprécier les
dégâts, et lca responsabilités.
] Les personnes présentes étaient MM. Bertrand,
directeur de. l'Opéra, Deschapellcs, directeur des
théâtres, subventionnés au ministère des beaux-
arts, Sirnonnot, administrateur général, Reynaud,
architecte, Valuot, chef machiniste, Heilbronner,
courtier d'assurances des théâtres, subventionnés.
Nous avons déjà dit quels étaient les décors dé-
truits. Fort heureusement, il reste dans les maga-
sins de l'Opéra même les décors de dix ouvrages,
et les plus en faveur auprès du public Faust, Lo-
hengrin, la Valkyrie, les Deux Pigeons, les Hugue-
nots, etc.
Un certain nombre de décors étaient également
gardés au palais de l'Industrie, entre autres ceux
du Roi de Lahore, du Tribut de Zamora.
Par une étrange disposition du cahier des charges
qu'il est difficile d'expliquer, le magasin de la rue
Richer n'était assuré que pour une somme très au-
dessous de la valeur de son contenu.
Les compagnies d'assurances qui ont assuré le
magasin de décors sont toutes de premier ordre.
L'Etat recevra-sous peu l'indemnité à laquelle il a
droit.
Les causes d'incendie données par les journaux
du matin sont toutes erronées. En effet, hier, jour
de bal, tous les menuisiers étaient rentrés à l'Opéra
avant quntro heures, afin do commencer le plancher
du bal. M. "Carpezat, sous la conduite duquel les
peintres terminaient les décors de Thaïs, est parti
avec ses employés quelques minutes après.
Notre enquête personnelle nous permet d'affirmer
qu'il n'y avait pas de feu dans les poêles, pas plus
que des braseros dont on a parlé. Après le départ
de tout le personnel^ .ç'e.s.t-à-dirc. vers les- quatre
heures et cfenm'j lp çpnpjergo.a fait ronde habi-
heures et ({QI}1.ie~ r. É; ronde ha]n-
tuelle sans'rîcn remarquer d'anormal.
Une heure après lui, la ronde réglementaire des
pompiers avait lieu également. Le registre des pom-
ont le poste est au centre même du magasin
de décors, permet de constater qu'à huit heures une
nouvelle ronde a eu lieu sans signaler aucun com-
.jnencement d'incendie. A huit heures et demie ce-
pendant, le magasin était soudainement et entière-
ment embrasé.
Le concierge du magasin, interroge.par les auto-
rités dans un salon de l'hôtel do Bavière, était telle-
ment Omu et troublé qu'il n'a pu répondre d'une fa-
çon intelligiblu aux questions qui lui étaient posées, 1'
ni donner aucune indication utile. On en est donc
sur ce point réduit aux conjectures.
En effet, lo cahier des charges, en ce qui con-
oerne les assurances, ne permettait aux directeurs
de l'Opéra de s'assurer que pour la somme de deux
millions 150,000 francs sur les bâtiments et décors
en général et ainsi répartis: 2 millions pour l'Opéra
proprement dit et 150,000 francs pour les magasins
de la rue Richer et du palais de l'Industrie; soit
130,000 pour la rue Richer et 20,000 pour le palais do
l'Industrie. ̃
Or. rien du matériel de la rue Richer n'ayant pu
être sauvé, les pertes peuvent être évaluées dès à
présent à plus- de- 800,000 francs, sur lcsrjucls 130,000
seulement- couverts- par les assurances.
Fort heureusement; par une sage prévoyance do
M. Simonnot, administrateur général de l'Opéra, la
direction de l'Opéra avait fait couvrir, par les com-
pagnies d'assurances, les risques d.es voisins pour r
une somme très élevée, clause quo ne prévoyait pas
le cahier des charges. L'Etat sera donc couvert,
grâce à cette disposition des frais résultant de la
remise en état des immeubles avoisinants le dépôt
des décors, frais dont le total semble devoir dépas-
ser de beaucoup celui du matériel incendié.
A trois heures et demie, aujourd'hui, M. Lôpino,
préfet de police, rentré, ce matin, à Paris à la nou-
velle du sinistre,- a visité le théâtre de l'incendie,
accompagné- du haut personnel de l'Opéra.
m
LA: 'LUTTE CONTRE LA MISÈRE
f"4.
La courte période de froid que nous venons
de traverser a aggravé, elle n'a pas créé la mi-
sère autour de nous. Chaque hiver un peu ri-
goureux ramène les chômages, les privations,
et rend plus dures des existences déjà très du-
res en temps normal. Paris s'émeut et cherche
à faire son devoir. Mais pourquoi attendre que
la nécessité soit là, pressante ? Pourquoi impro-
viser chaque année les voies et moyens? On en
arrive ainsi à être prêt le jour où les secours,
tout en continuant d'être nécessaires, sont ce-
pendant moins urgents. Il y a certainement là
une mauvaise habitude à perdre et une bonne
habitude à contracter. La presse, qui se fait
honneur de prendre la tête du mouvement cha-
ritable, devrait, chaque année, adresser son ap-
pel au public, à l'entrée même de la mauvaise
saison. Est-il indispensable que quelques mal-
heureux aient été ramassés, morts de froid,
dans les rues ou sur les routes, pour que les
cœurs s'ouvreAt. à. la pitié et les bourses à l-'au-
mône ? c"
Voilà pourtant un mot qu'il serait bon de
rayer du dictionnaire de la bienfaisance. L'au-
mône pure et simple, le don fait au hasard, sur
le vu d'une détresse souvent feinte et simulée
n'a, pour ainsi dire, plus d'excuse partout où il
existe, comme c'est le cas à Paris, des œuvres
qui permettent de donner avec l'assurance qu'on
donne bien, qu'on donne utilement et qu'on
̃relève, dans une certaine mesure, ceux à qui
l'on donne,- Les sociétés d'assistance par le tra-
vail sont au premier rang de ces créations inté-
ressantes' et "moralisatrices. Elles découragent
le faux indigent, le professionnel de la mendi-
cité, celui qu'on a le droit d'appeler « le voleur
des pauvres ».. JEn revanche, elles soulagent les
misères vraies; elles préviennent parfois des
chutes menaçantes elles aident des malheu-
elle l'interroge. Un officier de marine, qui part
pour la Guadeloupe, où son mari a vécu jeune,
lui propose de lui rapporter un portrait qui a
été fait de lui quand il avait cinq ans. Elle ac-
cepte avec reconnaissance, les yeux humides
de tendresse. Toutes ces simagrées finissent par
agacer ses amis, qu'elle condamne à des soirées
austères. Les jeunes gens s'échappent pour cou-
rir à la première de la Timbale; les femmes la
chapitrent, elles complotent de la ramener à
des sentiments plus humains en obtenant qu'un
amoureux, évincé par la veuve, rentre et ob-
tienne la permission de faire sa cour. Elles y ar-
rivent en excitant sa jalousie; elles lui content
que l'amant dédaigné en aime déjà une autre;
la veuve se pique et le rappelle.
Au second acte, le défunt est toujours sur
son reposoir; madame le regarde moins sou-
vent la couleur de sa robe s'est éclaircie. Ah I
si le mari mort n'avait pas toutes les vertus 1
mais il les avait! et comme il aimait sa femme!
Ici se place une scène charmante, qui nous avait
charmés, il y a vingt-cinq ans, et dont le succès
a été également très vif l'autre soir.
Le comte avait laissé des dettes; sa femme
était décidée à tout payer en bloc, sans rien
examiner, par respect pour la mémoire de son
mari. Mais voici que le joaillier apporte sa note,
elle monte à 350,000 francs. Les bonnes amies
insistent pour qu'on l'épluche. Le bijoutier a
apporté ses livres, et il lit article par article le
compte des trois années. Oh la première an-
née, il n'y a rien à dire. A mesure que passe le
nom de chacun de ces cadeaux qui lui rappelle
un souvenir, la comtesse tressaille et pousse
de petits cris de reconnaissance et de joie. Vers
la fin de l'année, un oiseau en diamant fait son
apparition. Un oiseau? Elle ne connaît rien de
semblable.
Vous vous trompez, monsieur.
Mais le joaillier ne s'est pas trompé. A l'oi-
seau succèdent des bagues, des bracelets, des
colliers, et de temps à autre revient l'oiseau qui
paraît avoir été le cadeau favori du comte. La
veuve lance au buste qui n'en peut mais des
regards chargés de reproches, et le fournisseur
ne cesse de lui répéter
Mon Dieu madame la comtesse, ma posi-
tion est très délicate.
Et il faut voir son épanouissement de satis-
faction, quand par hasard il tombe sur un arti-
cle conjugal. Dans la dernière année, il n'y a eu,
au compte de madame, qu'une fois vingt-cinq
francs de raccommodages de bijoux, et cepen-
dant le total de cette année s'élève à près de
cent mille francs.
reux déjà tombés à reprendre pied.
Ces oeuvres d'assistance par le travail, nos
lecteurs savent qu'elles se multiplient à Paris,
niais trop lentement. On se demande comment
il est possible. que chaque arrondissement n'ait
pas.encore Ja. sienne et comment il est possi-
ble que dans certains arrondissements, le 6°
par exemple, une'œuvre de ce genre traverse
une crise redoutable faute d'un nombresutfi-
sant d'adhérents et, par conséquent, d'un chif-
fre suffisant de cotisations? Fonder des sociétés
locales d'assistance partout où il n'y en a pas
encore, et soutenir de son argent, de son con-
cours actif celles qui existent, c'est là un devoir
strict, qu'il n'est pas inutile, hélas de se rap-
peler de temps en temps les uns aux autres.
Il faut donner, donner beaucoup, donner d'au-
tant plus qu'on est sûr, aujourd'hui, pour peu
que l'on veuille bien y faire attention, de ne pas
être trompé, de ne pas être exploité. Mais sur-
tout il faut se tenir en garde contre le sophisme
qui consiste à se dire « Il y a tant d'oeuvres,
tant de gens-qui s'en occupent! A quoi bon un
effort ou une obole de plus ? » Les œuvres exis-
tent, elles fonctionnent, mais elles supposent la
collaboration do tous les dévouements et de tou-
tes les générosités; elles ne dispensent personne
de faire tout ce qu'il peut faire. Ainsi se conci-
lient deux choses que l'on se plaît parfois à op-
poser, bien à tort la méthode dans la pratique
de la bienfaisance et l'élan du cœur. La méthode
donne toute leur valeur sociale aux effets de la
charité. Mais la charité n'en reste pas moins
toujours, dans son .principe, affaire d'âme.
UNE LETTRE DE LEON XIII
S'il est unspeotaole saisissant, en cette fin de
siècle, c'est- de voir avec quelle persévérance,
quelle sincérité de convictions et quelle chaleur
d'âme l'illustre pontife qui préside aux desti-
nées de l'Eglise catholique la dirige vers le but
que sa haute intelligence s'est tracé. Ni les ha-
biletés des .diplomates, ni les exhortations de
certains conseillers, ni même des résistances à
peine déguisées n'ont ébranlé un seul instant la
volonté de Léon XIII. A intervalles presque ré-
guliers, et, comme pour interrompre toute ap-
parence de. prescription, la voix souveraine du
Vatican se fait. entendre toujours elle donne
le même enseignement et prescrit les mêmes
devoirs.
C'est ainsi que le saint-père vient d'adresser
à l'éminent évêque d'Autun, Mgr Perraud, une
lettre impbrtante où, après avoir complimenté
le prélat des paroles qu'il avait prononcées, à
la suite de son voyage Rome, devant les fidèles
de son diocèse sur « l'autorité du pape », il af-
firme à nouveau les droits du Saint-Siège de
marquer aux fidèles dans quelle voie ils sont
tenus fie s'engager pour servir véritablement
les intérêts de la religion.
Aussi bien, y est-il dit, puisque la miséricordieuse
providence de Dieu nous a constitué la sentinelle de
son Eglise, c'est à juste titre que, dans sa lumière,
nous revendiquons le pouvoir et le devoir de choisir les
moyens les mieux appropriés aux circonstances des
temps et des lieux pour procurer le bien de la religion
au milieu des peuples, soit en la défendant là où elle
est opprimée,' soit on la faisant grandir là où elle
s'exeréé paisiblement.
C'est là, vènérablèfrèro, ce que vous avez très bien
mis en relier quand, avec la même abondance oratoire,
vous avez traité des devoirs auxquels les catholiques
sont tenus envers le successeur de saint Pierre, et
lorsque, entre toutes les autres, vous avez plus parti-
culièrement insiste sur une des prérogatives du sou-
verain pontificat et recommandé aux fidèles le respect
du nom et des attributions intimes de cette paternité,
à laquelle, d'après les saintes lettres, les fils de la sa-
gesse doivent l'obéissance et la dilection (Ecclésiasti-
que, III, 1).
Léon XIII félicite donc ceux qui ont eu à cœur
de suivre docilement ses instructions réitérées,
mais en même temps il ne dissimule pas son ir-
ritation contre les catholiques qui s'obstinent
dans u-ne attitude hautement condamnée par le
Vatican
Nous éprouvent écrit-il, une certaine peine de ce que
d'autres, en trop.grand nombre, rejettent ouvertement
nos conseils, ou n'en tiennent aucun compte. Ils se font
ainsi à eux-mûmes la grande illusion de croire qu'ils
ont la piété filiale requise envers notre personne, alors
qu'ils se dérobent au devoir nécessaire de la soumis-
sion.
Or, au moment même ou Léon XIII écrit oes
lignes, les monarchistes de la Gazelle do. France
n'hésitent pas à traiter de « francs-maçons » les
Bretons disposés à soutenir la candidature de
M. le comte de Mun. « Il est certain, déclare
notre confrère, que, s'il existe des Bretons que
les entreprises de la franc-maçonnerie ont sé-
duits, ils doivent crier avec M. de Mun Vive la
République » Aux catholiques de choisir entre
l'orthodoxie de la Gazette de France et celle du
pape. Si, pour être excommunié, il suffit d'adhé-
rer à la République, cette excommunication
frappe non seulement M. de Mun et les Bretons
résolus à voter pour lui, mais aussiMgr Perraud
et le souverain pontife lui-même.
Vers la fin de sa lettre, Léon XIII montre
combien il est souhaitable que les divisions et
les discordes intestines s'effacent pour que
toutes les forces sociales s'unissent contre les
périls de l'heure présente
L'âme, dit-il, est saisie d'horreur quand on voit jus-
La scène est d'un comique achevé. Elle a
été reprise par Bisson dans Feu Toupinel.
Oserai-je pourtant présenter cette observation
que, si elle forme dans la pièce un épisode dé-
licieux, elle va contre son but logique ? Quelle
est l'idée première de l'ouvrage? C'est que les
sentiments humains sont courts et fragiles.
C'est Alfred de Musset qui le dit
Quel homme fut jamais si grand qu'il se pût croire
Certain, ayant vécu, d'avoir une mémoire
Où son souvenir jeune et bravant le trépas
Pût revivre une vie et ne s'éteindre pas?
On n'a pas toujours en soi de quoi pleurer
C'est l'unique raison pour laquelle devrait ou-
blier et se consoler la veuve de Meilhac. Il
semble donc que l'auteur ait tort de lui en avoir
fourni une raison autre que l'infirmité de la na-
ture humaine.
La scène qui termine ce second acte est encore
bien piquante. L'amoureux, évincé au premier
acte, est revenu. Il est tendre, il est pressant;
il s'assied, sans y prendre garde, juste au-des-
sous du socle qui porte le défunt. Il passe lente-
ment son bras autour de la taille de la comtesse,
penche son visage sur son cou, qu'elle découvre
à demi; elle se laisse aller à cette tentation, les
regardsnoyés de langueur; un baiser la réveille,
elle relève la tête, voit le marbre et se sauve
éperdue.
Vous voyez d'ici le troisième acte. On célèbre
les fiançailles sur ce piédestal, d'où a disparu
le buste, on a posé une cage d'oiseaux jaseurs
partout des candélabres allumés, des gens qui
̃passent, causent et rient; on va danser; on
parle d'un feu d'artifice.
Oh non, dit la comtesse, un feu d'artifice,
c'est trop. c'est trop.
Eh! non, ce n'est pas trop. Toute la compa-
gnie insiste pour le feu d'artifice.Il y aura un feu
d'artifice et, en attendant, le bal commence.
A ce moment arrive, avec un air contrit et un
visage composé, l'officier de marine du premier
acte il rapporte le portrait du mari, que l'ar-
tiste a peint, quand il avait cinq ans, galopant
sur un cheval de bois. Cette apparition jette une
douche sur cette exubérance de joie. La veuve
regarde le tableau; elle est un peu gênée, elle
le renvoie dans la chambre de la caméristc, où
l'on a déjà casé le buste, et se tournant vers les
invités
Décidément, leur dit-elle, j'avais raison
le feu d'artifice est de trop.
Tout cela est léger, aimable, avec cette petite
pointe de scepticisme moqueur, qui relève tout
ce qu'écrivent Meilhac et Halévy.
Le rôle de la comtesse avait été fait pour
qu'où va J'audace d'hommes perdus, qui, foulant aux
pieds tout sentiment de religion, de respect pour les
lois, d'humanité, ne craignent pas de recourir au
crime, à l'assassinat, pour ruiner le fondement et la
majesté de la puissance publique. Il y a là des motifs
plus pressants que jamais, pour votre pays, d'accédé*
à nos conseils et de renoncer aux divisions de partis
afin de défendre le bien suprême. Il faut que tous les
citoyens s'unissent,- tendent au même but.
Si quelque chose, en effet, doit décider les'
derniers conservateurs hésitant à se placer sur
le terrain du loyalisme républicain, c'est, à coup
sûr, la nécessité d'appuyer le gouvernement
dans la lutte vigoureuse qu'il vient d'engager
contre les ennemis de tout ordre social. Il ap-
partenait à Léon XIII de rappeler une fois de
plus qu'en ces niatières les devoirs du chrétien
me peuvent pas ne pas se confondre avec les de-
voirs du bon citoyen.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES DU 7 JANVIER
Des élections ont lieu aujourd'hui dans 31 dépar-
tements compris sur la liste alphabétique entre
l'Ain et le Gard, .plus Alger. C'est la série A du re-
nouvellement, .triennal de la haute assemblée. Ces
trente-trois, .départements comptent ensemble 89
sièges.
En outre,-la môme date du 7 janvier a été fixée
pour des élections campJémentaires dans les dépar-
tements où des vacances se sont produites par suito
de décès la Manche, la Marne, la Haute-Savoie et ta.
Seine, et dans Seine-et-Marne, département auquel
est attribue- lu -siégo de M. Tirard, sénateur inamo-
vible décédé •
Série C
SEINE
Inscrits: 753. Votants: 697
Suffrages exprimés 684– Bulletins blancs et nuls • 13
Majorité absolue 313
Ont obtenu
MM. Floquet, républ. rad. 372 Elu
Alexis Muzct, rép 176
Charles Longuet, socialiste. 98
Christophe, prés, du syndic, de la Li-
gue des petits commerçants. 34
Bailly, conseiller général de la Seine, 2; Vorbe,
conseiller municipal de Paris, 1 Mogis, ancien em-
ployé, rép.,l.Cyvoct, 1.
La proclamation Ses résultats a été accueillie par les
cris plusieurs fois répétés de Vive la République 1
Vive Floquet! » et par ceux de Vive la Commune t
Vive la sociale A bas les vendus poussés par les dé-
légués socialistes révolutionnaires de Saint-Ouen et de
Saint-Denis. Des groupes do délégués sont allés pré-
senter leurs félicitations à M. Charles Floquet qui
attendait les résultats du scrutin au café de la Garde-
Nationale.
Le vote a eu lieu à l'Hôtel de Ville, salle des Pré-
vôts. Le bureau était présidé par M. Baudouin, prési-
dent du tribunal civif,- assisté de MM. Albert Rup- ·
precht, gérant du Bulletin municipal officiel, Legry, dé-
légués de Paris, et de MM. Topin, conseiller municipal
et délégué d'Asnièrcs, Ruelle, délégué d'Alfort.
Il s'agissait de pourvoir au siège devenu vacant de-
puis le 14 novembre 1893 par la démission de M. Reai
Goblet, élu. député de Pans.
On se souvient que M. René Goblet avait été élu séna-
teur le 3 maiï&Ol par 402 voix contre 228 à M. Donnat,
13 ù M. J.-B: Clément, 1 à M. Viguier, 1 à M. Hervé et
1 à -M- Riant-
S-ëk'ie. A.
AIN
3 sénateurscrits Ins. Votants
Candidats républicains
MM. Mercier, sénateur sortant. Elu.
Goujon, sénateur sortant. Elu.
Morellct, sénateur sortant. Elu.
Le 25 janvier 1885, MM. Mercier et Goujon avaient
été élus par 613 et 651 voix, contre 209 accordées au
premier de la liste réactionnaire. M. Morellet, élu lo
13 décembre 1885 en remplacement de M. Robin, dé-
cédé, avait obtenu 602 voix, contre 277 accordées à M.
Henri Germain.
"[. AISNE
4 sénateurs. Inscrits 1.370. Votants 1.363
Candidats républicains
MM. Leroux, sénateur sortant 833 Elu.
Malézieux, sénateur sortant. 1.025 Elu.
Sébline, sénateur sortant. 777 Elu.
Waddington, sénateur sortant. 575
Machorez, ancien député Ô56
Karl Tlanotaux, conseiller général. 585
Candidats l'éactionnaires
Pasquier-, -ancien ̃ député. •; 403
Parme» ticr, ancien magistrat 341
'(Ballottage pour un siège)
Le 25 janvier 1885, MM. Malézieux et Waddington
avaient été élus par 1,014 et 1.056 voix, contre 315 à M.
Villain. M. Sébline, qui remplaça, le 4 avril 1886; lo
troisième élu décédé, M. de Saint- Vallier, avait obtenu
973 voix, contre 394 à M. Sandrique. Invalidé comme
n'ayant pas l'âge requis, M. Sébline fut élu de nou-
veau le 16 mai par 98 voix contre 364. Invalidé una
troisième fois pour la même raison, M. Sébline avait
obtenu 1,021 voix contre 214.
ALLIER
3 sénateurs. Inscrits 842. Votants 83(
• Candidats républicains
MM. Cornil, sénateur sortant. 382
Ghan.temille, sénateur sortant. 382
Bruelj sénateur, sortant. 340
Candidat socialiste
M. Thivriar, député 206
Candidats radicaux
MM. Gacon, député. 309
Ville, député 283
cette pauvre Desclée, qui est morte sans l'avoir
joué. 11 a été créé par Mme Pierson, qui ne m'y
a paslaissé grand souvenir. C'est Mme Raphaële
Sisos qui l'a repris à la Comédie-Parisienne.
Mme Raphaële Sisos est une excellente comé-
dienne, qui n'a d'autre défaut que d'être un peu
précieuse et de vouloir faire un sort a tous ses
mots. Montigny avait jadis entouré Mme Pier-
son, qui elle-même était fort jolie, de femmes
d'une beauté ravissante, Mmes Angclo, Per-
soons, Pierski, Helmont Angelo surtout, belle
comme une statue grecque. M. Koning n'a pas
eu la même attention pour Mme Raphaële Si-
sos. Il lui a donné, pour être ses partenaires,
des femmes qui se recommandent surtout par
leur talent. Il n'y a, par malheur, pas besoin de
grand talent pour jouer ces rôles épisodiques,
et il nous suffira de citer les noms de Mmes
Desclauzas, Kesly, Marguerite Rolland et Col-
bert.
C'est Nertann qui fait le bijoutier; il joue avec
plus de naturel que ne fit Pradeau, qui créa le
rôle mais il y est tout de même moins plai-
sant. M. Paul Plan est le plus correct des maria
jaloux, et Camis est un amoureux fort tendre.
Le théâtre des Menus-Plaisirs a donné la 7?c-
vue sans gêne, revue en trois actes et neuf ta-
bleaux, de MM. Monréal, Blondeau et Alfred
Delilia.
Au rebours de la plupart des revues, qu'on
nous offre en nombre incalculable depuis une
dizaine d'années, celle-là a réussi surtout par
l'acte traditionnel des théâtres. Les auteurs ont
eu le bon esprit et le courage de rompre avec
la banalité des compliments ordinaires. Ils nous
ont donné de vraies parodies, dont quelques-
unes sont fort plaisantes. Celle d'Antigone est
d'une drôlerie impayable et lorsque, après que
tous les personnages se sont tués, les vieillards
du chœur sont eux-mêmes montés sur la table
qui figurait le guignol et se sont écroulés morts
les uns par-dessus les autres, un fou rire s'est
élevé dans toute la salle.
Un jeune acteur du nom de Sanson nous a
imité à ravir l'Albert Brasseur de Madame Sa-
tan, et Tréville nous a raillé de la façon la plus
piquante la démarche et la diction du chanteur
de chansonnettes Kam-Hill. Le défilé des pièces
nouvelles s'est fait sous une grêle/de mots, qui
sont pour la plupart trop gais, et d'une gaieté
trop bon enfant pour être suspects de médian-
ectô»
Ainsi il s'agit des Bicyclistes en voyage. Le
directeur conte au compère que pour soutenir
la pièce, qui s'en allait grand trahi, il a dû exhi.
LUNDI 8 JANVIER 1894
ÏRKNTJ&-QUATMÈME ANNÉE. N» HOU
PRIX DE L'ABONNEMENT
JABIS Troismois, 14 fr. Six' mois, 2S fr. Un an, S© t&
DÊPt» & ALSAOE-LORRAINE 17 fr.; 't- 34.fr, 6*4r.
DÎTION POSTALE. 18 fr.; 3Sfr.; 72fr
AUTRES PATS 23 fr.; 46 fr.; 92fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES i" feT 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 2O centimes
PRIX DE L'ABONNEMENT
pARig> # Trois mois, 14 fr.; Six mois, 28 fr. Or an, 56 fr.
DBP" & ALSACE-LORRAIHE l"7fr.j 34 fr.; SS fr.
UNION POSTALE. ,18fr.; 36 fr.; T12.lt.
AUTRES PAYS 23fr.; 4Sfr.; 92 fc
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1S centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Tontes les lettres destin6es à la Rédaction doivent être adressées- au Directeur
Le Journal ne répond pas des articLes non inséré.
ANNONCES MM. Lagrange, Cerf ET C°, 8, place de la Bourse
Le Journal et les Régisseurs déclinent touteresponsabilité quant à leur teneur
Adrtsst tiligraphique TEMPS PARIS
BULLETIN DU JOUR
ETATS-UNIS
Le Congrès fédéral a repris ses travaux. Cette
session, tout le monde .^Bu^nsf^my^d^t
être décisive, soit pour l'administration de M.
Cleveland, soit pour les graves intérêts qui sont
çn jeu à l'heure actuelle. La situation n'est pas
très favorable, il faut l'avouer, pour l'accomplis-
sement de l'œuvre de réforme économique à
laquelle le président a convié son parti.
• Un budget qui se clôt en déficit au lieu de
laisser s'accumuler des excédents énormes, une
majorité divisée contre elle-même, tiraillée en
sens divers par les protestations et les exigences
des intérêts particuliers qui se trouvent mena-
cés par le projet de réduction du tarif ou par
j'imposition de nouvelles taxes, une minorité
presque factieuse résolue à épuiser les ressour-
ces de l'obstruction pour retarder, si pas empê-
cher absolument, la réalisation du programme
démocrate, un règlement, à la Chambre des re-
présentants, fait à souhait pour faciliter ce que
Ton appelle à Washington la grande flibusterie
parlementaire et, au Sénat, comme on l'a vu
lors des interminables débats sur la loi Sher-
man, l'absence absolue de tout règlement et de
tout pouvoir disciplinaire voilà les conditions
înédiocrement encourageantes dans lesquelles
la campagne va s'engager.
Il était déjà évident depuis quelques semai-
nes que le caucus démocrate, c'est-à-dire l'as-
semblée plénière de ce parti agissant comme
maître souverain des votes de ses membres,
aurait la plus grande peine à trouver un terrain
sur lequel établir un accord obligatoire en ma-
tière de réforme du tarif. A chaque article qu'il
est question d'amender, à chaque réduction de
droit proposée, une industrie jusqu'ici protégée
B'émeut, une localité se passionne, le représen-r
tant reçoit l'ordre catégorique de lutter pour le
maintien du statu quo et une nouvelle brèche
est faite dans l'unité morale de la majorité.
C'est bien l'une des conséquences les plus re-
grettables d'une politique de protectionnisme à
outrance. A l'abri des faveurs fiscales de l'Etat.
des intérêts se créent, grandissent, il devient
impossible de revenir à la pratique d'un libre-
échangisme, même modéré, sans porter atteinte
à des situations acquises, en elles-même dignes
d'un certain intérêt et qu'une coalition rend for-
midables.
Si encore il ne s'agissait que de ramener les
droits de douane à un taux flscal, l'entreprise,
pour malaisée qu'elle soit, ne serait pas de na-
ture à rebuter le courage d'un homme comme
M. Cleveland ou comme M. Carliste mais la
folle prodigalité qui a été le fruit du protection-
nisme il fut un temps où l'on jetait littérale-
ment l'argent par la fenêtre, comme, par exem-
ple, pour les pensions militaires, afin de four-
nir une ombre de prétexte à la création et au
maintien de droits élevés, l'apparition du
déficit exigent aujourd'hui l'imposition de nou-
velles taxes internes pour combler les trous que
creusera dans le budget la diminution du tarif.
Les Etats-Unis sortent à peine d'une crise fi-
nancière et économique qui a sévi avec une
.rare intensité. C'est un moment mal choisi pour
demander au contribuable de nouveaux sacri-
fices. On peut compter que les industries proté-
gées sauront à merveille jouer de cet argument
,-et demander, avec une apparence de désintéres-
sement, s'il est bien opportun de tarir d'une
main la source de revenus abondants dans le
-tarif pour frapper de l'autre la production natio-
oale en prélevant sur elle de nouveaux impôts.
Le parti républicain, décidément voué au
protectionnisme, qu'il a baptisé, pour faire ap-
pel au préjugé patriotique, du nom de système
américain, et fortement encouragé par le ré-
sultat des élections de novembre et notamment
par le triomphe de M. Mac Kinley dans l'Ohio,
se mettra avec zèle au service de la résistance.
Pour le moment, il cherche à gagner du temps
en empêchant la Chambre de se constituer,
.faute d'un quorum, puis en soulevant force
questions préjudicielles et en discutant à sa-
tiété les affaires hawaïennes.
Certes, rien n'est perdu, mais il faudra à M.
Cleveland toute son énergie indomptable, au
.parti démocrate beaucoup de patience et de
discipline, à tous deux pas mal de chance pour
faire aboutir dans cette session, comme il est
nécessaire, l'œuvre de la réforme du tarif.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
J)ES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 7 janvier, 9 h. 30.
Un mouvement, vraiment étonnant, se produit
ians une certaine presse italienne. On fait tous les
efforts pour rejeter sur la France la responsabilité
de ce qui se passe en Sicile. Ainsi, le Courrier de
tapies prétend que le consul des Etats-Unis à Pa-
lerme aurait informé le préfet de cette ville que
de l'argent et des armes avaient été envoyés de
'France aux insurgés.
Le même journal ajoute que différentes banques
.siciliennes reçoivent de France des chèques pour
des personnes qui ne peuvent être en relations
^commerciales avec notre pays, et que les consuls
d'Allemagne et d'Autriche ont informé leurs gou-
vernements respectifs de l'importation en contre-
~EUILLETON IDU ~mp3
DU 8 JANVIER 1894
CHRONIQUE THEATRALE
A la Comédie-Parisienne, la Veuve, comédie en trois
̃ actes de MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy.
!î*Au théâtre des Menus-Plaisirs, la Revue sans gêne,
revue en trois actes de MM. Monréal, Blondeau et
Delilia. A la Comédie-Française, reprise de Béré-
nice, tragédie de Racine la Belle Saïnara, japonaise-
rie en un acte de M. Ernest d'Horvilly. Les Varié-
tés de Marseille.
Je vous ai conte, dans un -de mes derniers
.leuilîetons, que la Comédie-Parisienne avait ou-
vert, samedi dernier, sous la direction de M
Koning, rue Boudreau. Je n'avais pu dire qu'un
mot de la représentation, et j'avais promis d'y
revenir.
Le théâtre, pour justifier sonnom de Comcdie-
Parisienne, s'était mis, dans un Tort joli prolo-
gue, sousi'invocatioudes deux écrivains drama-
tiques, qui passent pour être les plus Parisiens
de ces temps: MM. Henri Meilhac et Ludovic.
Halévy. Il avait donc repris une de ̃Icursanciennes
pièces, Suzanne cl les deux Vicillcrds, un polit
acte sans conséquence, qui n'est qu'un badinage
de salon et qui a été beaucoup joué dans les villes
d'eaux et dans les casiuos et la Veuve, comédie
En trois tableaux, qui n'avait pas été jouée de-
puis vingt-trois ans, dont le nom seul était resté
ilans la mémoire des vieux amateurs.
J'ai eu la fantaisie de me reporter au feuille-
ton que j'écrivis en ce temps-là et j'y ai trouve
tette mention significative:
« Le Gymnase a eu le plus grand tort d'al-
longer démesurément les entr'actes et de don-
ner par cet artifice à un acte en trois tableaux
l'importance d'une grande pièce. JI faudrait que
le rideau, à peine baissé, se relevât tout de
jBuiie. La longueur des entr'actes a beaucoup
pui au succès de la pièce. »
Voilà près d'un quart de siècle que nous
avons formulé celte critique et depuis le mal
?3<'a fait qu'empirer. Ce qui n'était jadis qu'une
.exception est devenu la règle, ou, si l'on veut, la
«ouluine dans les théâtres de genre. Un lever de
rideau insignifiant, joué par des doublures, de-
vant les banquettes. Une demi-heure d'en-
bande des armes à feu, qui se pratique sur une
grande échelle.
Il est vrai que d'autres journaux, et parmi ceux-
ci la Tribuna, assurent que ce sont les socialistes
allemands qui ont envoyé dé l'argent aux fasci di
laaoralori.
Mais pour certaines feuilles, c'est toujours la
Franco qui est la grande coupable. Par exemple, la
Gazzetta di Sicilia annonce qu'une concentration de
troupes françaises se fait en Tunisie en vue d'un
coup de main sur la Sicile nt le Folchello dit que
c'est l'or français qui a produit les troubles de Sicile;
l'Italie serait par suite forcée de dégarnir la fron-
tière et la France en profiterait pour faire la guerre
à l'Italie.
Rome, 7 janvier, 10 h. 50.
Hier matin, à Rcme, de nombreux placards por-
tant « A bas les taxes 1 » furent affichés. Plusieurs
arrestations furent opérées. Le soir dans tous les
théâtres on jeta des petits carrés de papier rouge
portant cette inscription « Vivent les martyrs de
bas les taxes I A bas les exploiteurs des ouvriers » Il
Sicile I A Les agents procédèrent également à plu-
sieurs arrestations.
M. Crispi est décidé à. employer la 'plus grande
énergie pour le rétablissement de l'ordre en Sicile;
il espère que tout sera terminé avant la réouver-
ture de la Chambre.
Les ouvriers occupés à la construction du Palais
de justice ont hissé sur le Palais un drapeau blanc
cravaté de noir et portant écrit en lettres noires coa
mots « Nous sommes solidaires des martyrs de la
Sicile. »
La police a enlevé le drapeau et une compagnie
d'infanterie a été envoyée pour garder le Palais de
j ustice. Madrid, 7 janvier, 9 h. 45.
La réponse du sultan à la proposition d'envoi
d'une ambassade espagnole n'est attendue que vers
le 15 janvier. Les communications sont très diffi-
ciles.
La réunion des Cortès est ajournéo à la deuxième
quinzaine de février.
Madrid, 7 janvier, 10 heures.
Les anarchistes Codina, Cerezuelo, Bernard, Bo-
cherini, Navarro, Arche ont été remis aux autorités
militaires pour passer en conseil de guerre comme
coaateurs et complice» do Pallas dans l'attentat
contre lo marécha! Carrn.os-lo 24 aeptembro 1803.
Plusieurs d'entre eux ont avoué leur participation
au complot ourdi dans une taverne où ils se réunis-
saient souvent. Parmi les détenus, plusieurs ont
déclaré qu'ils ont essayé de déterrer le corps de
Pallas, mais que la police a déjoué leur projet.
Salvador Franch a persisté à affirmer qu'il a lan-
cé la seconde bombe au théâtre du Liceo, quand il
s'aperçut que la première n'avait pas éclaté. Salva-
dor restera à l'hôpital de Saragosse jusqu'à ce que
les médecins permettent son transport à Barcelone.
Roubaix, 7 janvier.
Le conseil municipal ayant supprimé une allocation
de 8,000 francs qu'il accordait aux crèches privées, une
d'elles a été fermée hier. D'ici, l'ouverture de crèches
municipales à l'étude, les enfants resteront chez leurs
parents.
(Service tlavas)
Digne, 7 janvier.
M. François Deloncle a informé le président du con-
seil que, dès la rentrée, il poserait une question au
sous-secrétaire d'Etat des colonies sur le malheureux
événement de Sierra-Leone, en vue d'activer le règle-
ment des questions de frontières franco-anglaises tant
à Sierra-Leone qu'ailleurs.
DERNIÈRE HEURE
Dans les Basses-Alpes, M. Soustre est élu séna-
teur par 245 voix.
Viennent ensuite MM. Richaud, 191 voix Bon-
toux 62 RebutTel, 66 Thourel, 105 Honorât, 95.
(Il y a ballottage pour le second siège).
Voici les nomimations et promotions dans la Lé-
gion d'honneur faites à l'occasion do la nouvelle
année par le ministre de l'intérieur
Officiers
MM.
Alapetite, préfet du Pas-de-Calais.
Fournier, directeur de la Sûreté générale.
Docteur Millard, médecin à l'hôpital Bcaujon.
Docteur Démons, professeur à la Faculté do Bor-
deaux.
Léon Brière, président du syndicat de la presse
départementale. Chevaliers
MM.
Dn Luze, préfet de l'Yonne.
Liégey, préfet de la Vendée.
Doux, préfet des Hautes-Alpes.
Brousse, président de section au conseil de pré-
fecture de la Seine.
Corbière, sous-préfet de Bergerac.
Coutand, sous-préfet des Sables-d'Olonne.
Fournier, inspecteur des services administratifs.
Chabanel, chef de bureau au ministère de l'inté-
rieur.
Primois, sous-chef de bureau au ministère de
l'intérieur.
Danton, chef de division à la préfecture du Loiret.
Docteur Christian, médecin en chef de la maison
de Charonton.
Guionie, directeur de la maison centrale de Doul-
lens.
Delmas, commissaire spécial do la police des che-
mins do fer à Vannes.
Jules Legrand, publiciste.
Harduin, publiciste.
tr'acte; puis trois petits actes, en général forts
courts, coupés par deux entr'actes de vingt-
cinq minutes. Additionnez vous n'avez pas
tout à fait une heure de spectacle vous avez
une heure et quart d'entr'actes.
Ces entr'actes nous sont commodes le soir de
la première représentation, parce que, ce jour-
là tout le monde se connaît et que l'on échange
volontiers ses impressions dans les couloirs.
Mais il faut voir, aux représentations suivantes,
le vrai public, celui qui paye, de quel cœur il
s'ennuie et bâille; comme il use son temps à
maugréer contre le théâtre et contre la pièce
quel trésor de mauvaise humeur il amasse, et
que de fois il se dit On ne m'y reprendra plus 1
Les directeurs ont deux partis à prendre mais
il n'y en a que deux.
Le premier, ce serait de corser le spectacle,
de donner de la marchandise pour l'argent. Ils
répondent à cela que le public n'aime pas les
gros morceaux, que lorsqu'une pièce réussit,
elle attire la foule et fait recette, quelle qu'en
soit la dimension. Je ne suis pas aussi assuré
qu'eux de la vérité de cette assertion. Les longs
ouvrages ne lui font peur que lorsqu'ils sont
ennuyeux. Je suis convaincu, en tout cas, que
si, comme c'était la tradition autrefois, on flan-
quait la pièce en trois actes, le morceau de ré-
sistance, de deux jolis actes, l'un avant, l'autre
après, montés avec soin et bien joués, il ne s'en
plaindrait pas. Ceux qu'effrayent les gros repas
en seraient quittes pour n'arriver qu'après le
loyer de rideau et partir avant la dernière
pièce.
Si cette combinaison paraît trop on-éreuse
aux directeurs, il faut alors qu'ils disent fran-
chement au public Nous ne te donnons qu'une
heure et demie de spectacle, viens à neuf heu-
res et demie; à onze heures, tu seras libre; il te
sera loisible, ou de rentrer chez toi te coucher
bourgeoisement, ou de manger une douzaine
d'huîtres avant de t'aller mettre an lit. Je
pense que beaucoup de gens, en effet, qui ne
portent au théâtre qu'un médiocre appétit, et
qui ne regardent pas à payer une heure de
plaisir ce qu'elle vaut, seraient enchantés d'avoir
pu dîner tranquilles et de se voir libres à onze
heures.
Ce qui est insupportable à tout le monde, à
ceux qui aiment les gros spectacles comme à
ceux qui préfèrent les petits plats, c'est d'être
obligés de traîner pendant de longs entr'actes
leur oisiveté et leur ennui, réduits, les malheu-
reux, à lire les annonces de la quatrième page
dans le journal qui leur donne le programme.
Les directeurs s'imaginent qu'en prolongeant
A. Peyronton, publiriste.
Regnault, pubhciste. '̃
Docteur Depasse, médecin du personnel des ser-
vices extérieurs do la direction des travaux de la.s
ville do Paris. ̃' -Â
Docteur Faisans* médecin de l'hôpital de la Pitler*
Docteur Galippe, médecin-pharmacien à Paris.
Docteur Moutard-Martin, médecin de l'hôpital do
la Pitié.
Docteur Rendu, médecin à l'hôpital Necker.
Docteur Trousseau, médecin à la clinique des
Quinze-Vingts.
Joly de BrC-sillon,- vice-président du conseil gé-
néral de Constantine.
Aubry, maire de Sétif.
Drujon, chef de bureau à la préfecture de police.
Touny, commissaire divisionnaire, à Paris.
Docteur Garnier, médecin en chef de l'infirmerie
du Dépôt.
Hannonet de la Grange, conseiller général des
Ardcnnes. C>
Docteur Hervey, médecin à Troyes.
Chanot, conseiller général des Bouches-du-Rhône.
Semont, président du conseil d'arrondissement
d'Auch.
Docteur Solles, médecin des hôpitaux de Bordeaux.
Roger-Marvaisc, ancien sénateur, président du
conseil général d'llle-et-Vilaine.
Docteur Ricci, conseiller général de l'Isère.
Docteur Attimont, médecin des hôpitaux, à
Nantes.
Fleuricourt, maire d'Epernay.
Docteur Dazin, médecin en chef de l'hôpital de
Cambrai.
Docteur Brullé, médecin à Hesdin (Pas-de-Calais).
Docteur Augey, maire de Biarritz.
Docteur Paillasson, vice-président du conseil gé-
néral du Rhône.
Benoist, maire de Saint-Romain (Seine-Infé-
rieure).
Moiuet, dir-oetcur des hospices de Rouen.
Voici les-promotions et nominations du ministère
des travaux publics
Commandeur
M. Julien-Napoléon Haton de la Goupillière, it»~-
«recteur général de 1" classe au corps des mines,
directeur de l'Ecole nationale supérieure des mines,
membre de l'Institut.
Officiers
MM. Jules Galland, inspecteur général de 2" classe
au corps des ponts et chaussées.
Edmond Henry, inspecteur général de 2° classe
au corps des ponts et chaussées.
Julos Da.igre.mpnl, inspecteur général de 1 r. classe
au corps dps. ponts, et chaussées.
Jean David, inspecteur principal de l'exploitation
commerciale des chemins de fer.
Paul Ginain, architecte des bâtiments civils, mem-
bre de l'Institut.
Chevaliers
MM. Pierre-Ulysse Lefèvre, cl/ef de bureau à
l'administration centrale.
Edmond Dupin, ingénieur ordinaire de 1" classe
au corps des ponts et chaussées.
Albert Hémardinguor, ingénieur ordinaire do 1 r.
classe au corps des ponts et chaussées.
Victor Cornac, ingénieur ordinaire de lr" classe au
corps des ponts et chaussées.
Maurice Galliot, ingénieur -ordinaire de 1" classe
au corps des ponts et- eliaussôos.
Jean Voisin, -ingénieur, ordinaire do 1" classe au
corps des ponts- et .chaussées.
Louis Pavie, ingénieur ordinaire de 1" classe au
corps des ponts et chaussées.
Pierre-EttgènoLcfôvre, sous-ingénieur des ponts
et chaussées.
Dénôboude, conducteur principal des ponts et
chaussées. r
Jules Dougados, ingénieur ordinaire de 1" classe
au corps des mines.
Maurice Lancrenon, ingénieur ordinaire de 1'
classe au corps des mines.
Adolphe Cousin, chef de section du réseau al j^-
rien de la Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon
à la Méditerranée.
Louis Fmyssp, ingénieur civil.
Léonce Alayrac, ingénieur civil des mines.
Co mouvement sera prochainement complété pn
l'attribution d'une croix de chevalier à un mécaai-
cien ou à un éclusier.
Par décret en date du 6 janvier 1894, sont nom-
més
Trésorier général à Laon, M. Tournus, trésorier
général à Angers
Trésorier général à Angers, M. Jaubert, trésorier
général à Nevers;
Trésorier général à Nevers, M. Reiboll, trésorier
général à. Chartres
Trésorier général à Chartres, M. do Crépy, recor
veur-percepteur à Paris;
Receveur-percepteur à Paris (3° division du 8" ar-
rondissement), M. Sainsère, ancien préfet, ancien
directeur du cabinet, du personnel et du secrétariat
au ministère de l'intérieur
Trésorier général à Monde, M. Dubois, receveur
particulier ù Compiègne;
Receveur particulier à Compiègne, M.Rambourgt,
aucien sous-préfet;
Receveur particulier à Sartène, M. Ropert, rece-
veur particulier à Corte;
Receveur particulier à Corte, M. Baldacci, substi-
tut du procureur de la République près le tribunal
de lro instance de Corte.
L'incendie du magasin des décors de l'Opéra
M. Raynal, ministre de l'intérieur, accompagné
de M. Benac, directeur du cabinet, est allé visiter,
cet après-midi, les pompiers blessés hier au cours
do l'incendie du dépôt dus décors de l'Opéra.
En l'absence de M. Casimir-Pericr qui est allé
dans l'Aube prendre part aux élections sénatoriales
M. du Taiguy, chef adjoint du cabinet du prési-
dent du conseil, est allé, au nom de ce dernier, ren-
dre visite aux mêmes blessés.
artificiellement leur spectacle, jusqu'à l'heure
réglementaire de minuit ils trompent le public
sur la quantité de plaisir qu'ils lui donnent; per-
sonne n'est dupe de ce manège. Ils ne font que
l'agacer, et, ce qu'il y a de pis, ils arriveront à
lui faire prendre le théâtre en dégoût.
Je ne serais pas étonné que l'empressement
qu'il témoigne pour le café-concert ne vînt, en
partie, de l'absence d'entr'actes. Les numéros
succèdent aux numéros, sans autre interrup-
tion que celle qui coupe la soirée en deux, et
encore n'est-elle jamais que de dix minutes. On
ne s'amuse pas toujours aux chansons que le
café-concert débite intarissablement; mais on
en est peu ou prou occupé; on peut écouter si
l'on veut et se passer même la joie de grogner
contre l'acteur en scène. C'est un soulagement.
La question est beaucoup plus importante
que les directeurs ne se l'imaginent. Ils regar-
dent du haut de leur grandeur ces menus dé-;
tails de ménage. Mais une fois qu'on a désaffec-
tionné le public, c'est le diable pour le ramener..
S'il désapprend le chemin du théâtre, ces mes-
sieurs seront bien malades.
Ces réflexions s'appliquent dans une certaine;
mesure au nouveau spectacle que nous a donné
la Comédie-Parisienne. M. Koning a inauguré
une salle très élégante et très coquette il espère
y attirer une clientèle riche, qui ne regarde pas
à payer cher, si le plaisir qu'on lui offre est déli-
cat et de son goût. Mais son goût est-il de rester!
trois heures au théâtre pour n'y être occupé1
agréablement qu'une heure et demie?
Le fait est qu'elle le sera fort agréablement à'
la Veuve de Meilhac.
C'est la mise en scène de la plus jolie fable de
la Fontaine
La perte d'un époux ne va point sans soupirs.
On fait beaucoup de bruit et puis on se console.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole;
Le temps ramène les plaisirs.
Quand le rideau se lève sur le premier acte, il
y a déjà dix mois que la veuve « fait beaucoup
de bruit » et elle continue d'en faire. Le buste
du défunt se dresse en marbre au milieu de la
chambre, sur un piédestal, qui était jadis, au
Gymnase, drapé de noir; M. Koning n'a point
poussé jusque-là le respect de la douleur, et il
a bien fait. Ce noir catafalque, ces tentures noi-
res nous avaient, je me le rappelle, mal disposé
à nous égayer. Le deuil est toujours dans le
cœur de la veuve. EHe attache sur ce marbre,
où revit son pauvre mari, des regards désolés;
à chaque mot que l'on prononce devant elle, un
souvenir iui remonte à la mémoire et elle fond
en larmes. Elle le prend à témoin, elle l'invoque,
̃ • tES DÉGÂTS ET LES ASSURANCES
Ce matin,* aès lâ'première heure, tout lo haut per-
sonnel de l'Opéra" s'est réuni à ce théâtre pour faire
un examen sommaire de la situation, apprécier les
dégâts, et lca responsabilités.
] Les personnes présentes étaient MM. Bertrand,
directeur de. l'Opéra, Deschapellcs, directeur des
théâtres, subventionnés au ministère des beaux-
arts, Sirnonnot, administrateur général, Reynaud,
architecte, Valuot, chef machiniste, Heilbronner,
courtier d'assurances des théâtres, subventionnés.
Nous avons déjà dit quels étaient les décors dé-
truits. Fort heureusement, il reste dans les maga-
sins de l'Opéra même les décors de dix ouvrages,
et les plus en faveur auprès du public Faust, Lo-
hengrin, la Valkyrie, les Deux Pigeons, les Hugue-
nots, etc.
Un certain nombre de décors étaient également
gardés au palais de l'Industrie, entre autres ceux
du Roi de Lahore, du Tribut de Zamora.
Par une étrange disposition du cahier des charges
qu'il est difficile d'expliquer, le magasin de la rue
Richer n'était assuré que pour une somme très au-
dessous de la valeur de son contenu.
Les compagnies d'assurances qui ont assuré le
magasin de décors sont toutes de premier ordre.
L'Etat recevra-sous peu l'indemnité à laquelle il a
droit.
Les causes d'incendie données par les journaux
du matin sont toutes erronées. En effet, hier, jour
de bal, tous les menuisiers étaient rentrés à l'Opéra
avant quntro heures, afin do commencer le plancher
du bal. M. "Carpezat, sous la conduite duquel les
peintres terminaient les décors de Thaïs, est parti
avec ses employés quelques minutes après.
Notre enquête personnelle nous permet d'affirmer
qu'il n'y avait pas de feu dans les poêles, pas plus
que des braseros dont on a parlé. Après le départ
de tout le personnel^ .ç'e.s.t-à-dirc. vers les- quatre
heures et cfenm'j lp çpnpjergo.a fait ronde habi-
heures et ({QI}1.ie~ r. É; ronde ha]n-
tuelle sans'rîcn remarquer d'anormal.
Une heure après lui, la ronde réglementaire des
pompiers avait lieu également. Le registre des pom-
ont le poste est au centre même du magasin
de décors, permet de constater qu'à huit heures une
nouvelle ronde a eu lieu sans signaler aucun com-
.jnencement d'incendie. A huit heures et demie ce-
pendant, le magasin était soudainement et entière-
ment embrasé.
Le concierge du magasin, interroge.par les auto-
rités dans un salon de l'hôtel do Bavière, était telle-
ment Omu et troublé qu'il n'a pu répondre d'une fa-
çon intelligiblu aux questions qui lui étaient posées, 1'
ni donner aucune indication utile. On en est donc
sur ce point réduit aux conjectures.
En effet, lo cahier des charges, en ce qui con-
oerne les assurances, ne permettait aux directeurs
de l'Opéra de s'assurer que pour la somme de deux
millions 150,000 francs sur les bâtiments et décors
en général et ainsi répartis: 2 millions pour l'Opéra
proprement dit et 150,000 francs pour les magasins
de la rue Richer et du palais de l'Industrie; soit
130,000 pour la rue Richer et 20,000 pour le palais do
l'Industrie. ̃
Or. rien du matériel de la rue Richer n'ayant pu
être sauvé, les pertes peuvent être évaluées dès à
présent à plus- de- 800,000 francs, sur lcsrjucls 130,000
seulement- couverts- par les assurances.
Fort heureusement; par une sage prévoyance do
M. Simonnot, administrateur général de l'Opéra, la
direction de l'Opéra avait fait couvrir, par les com-
pagnies d'assurances, les risques d.es voisins pour r
une somme très élevée, clause quo ne prévoyait pas
le cahier des charges. L'Etat sera donc couvert,
grâce à cette disposition des frais résultant de la
remise en état des immeubles avoisinants le dépôt
des décors, frais dont le total semble devoir dépas-
ser de beaucoup celui du matériel incendié.
A trois heures et demie, aujourd'hui, M. Lôpino,
préfet de police, rentré, ce matin, à Paris à la nou-
velle du sinistre,- a visité le théâtre de l'incendie,
accompagné- du haut personnel de l'Opéra.
m
LA: 'LUTTE CONTRE LA MISÈRE
f"4.
La courte période de froid que nous venons
de traverser a aggravé, elle n'a pas créé la mi-
sère autour de nous. Chaque hiver un peu ri-
goureux ramène les chômages, les privations,
et rend plus dures des existences déjà très du-
res en temps normal. Paris s'émeut et cherche
à faire son devoir. Mais pourquoi attendre que
la nécessité soit là, pressante ? Pourquoi impro-
viser chaque année les voies et moyens? On en
arrive ainsi à être prêt le jour où les secours,
tout en continuant d'être nécessaires, sont ce-
pendant moins urgents. Il y a certainement là
une mauvaise habitude à perdre et une bonne
habitude à contracter. La presse, qui se fait
honneur de prendre la tête du mouvement cha-
ritable, devrait, chaque année, adresser son ap-
pel au public, à l'entrée même de la mauvaise
saison. Est-il indispensable que quelques mal-
heureux aient été ramassés, morts de froid,
dans les rues ou sur les routes, pour que les
cœurs s'ouvreAt. à. la pitié et les bourses à l-'au-
mône ? c"
Voilà pourtant un mot qu'il serait bon de
rayer du dictionnaire de la bienfaisance. L'au-
mône pure et simple, le don fait au hasard, sur
le vu d'une détresse souvent feinte et simulée
n'a, pour ainsi dire, plus d'excuse partout où il
existe, comme c'est le cas à Paris, des œuvres
qui permettent de donner avec l'assurance qu'on
donne bien, qu'on donne utilement et qu'on
̃relève, dans une certaine mesure, ceux à qui
l'on donne,- Les sociétés d'assistance par le tra-
vail sont au premier rang de ces créations inté-
ressantes' et "moralisatrices. Elles découragent
le faux indigent, le professionnel de la mendi-
cité, celui qu'on a le droit d'appeler « le voleur
des pauvres ».. JEn revanche, elles soulagent les
misères vraies; elles préviennent parfois des
chutes menaçantes elles aident des malheu-
elle l'interroge. Un officier de marine, qui part
pour la Guadeloupe, où son mari a vécu jeune,
lui propose de lui rapporter un portrait qui a
été fait de lui quand il avait cinq ans. Elle ac-
cepte avec reconnaissance, les yeux humides
de tendresse. Toutes ces simagrées finissent par
agacer ses amis, qu'elle condamne à des soirées
austères. Les jeunes gens s'échappent pour cou-
rir à la première de la Timbale; les femmes la
chapitrent, elles complotent de la ramener à
des sentiments plus humains en obtenant qu'un
amoureux, évincé par la veuve, rentre et ob-
tienne la permission de faire sa cour. Elles y ar-
rivent en excitant sa jalousie; elles lui content
que l'amant dédaigné en aime déjà une autre;
la veuve se pique et le rappelle.
Au second acte, le défunt est toujours sur
son reposoir; madame le regarde moins sou-
vent la couleur de sa robe s'est éclaircie. Ah I
si le mari mort n'avait pas toutes les vertus 1
mais il les avait! et comme il aimait sa femme!
Ici se place une scène charmante, qui nous avait
charmés, il y a vingt-cinq ans, et dont le succès
a été également très vif l'autre soir.
Le comte avait laissé des dettes; sa femme
était décidée à tout payer en bloc, sans rien
examiner, par respect pour la mémoire de son
mari. Mais voici que le joaillier apporte sa note,
elle monte à 350,000 francs. Les bonnes amies
insistent pour qu'on l'épluche. Le bijoutier a
apporté ses livres, et il lit article par article le
compte des trois années. Oh la première an-
née, il n'y a rien à dire. A mesure que passe le
nom de chacun de ces cadeaux qui lui rappelle
un souvenir, la comtesse tressaille et pousse
de petits cris de reconnaissance et de joie. Vers
la fin de l'année, un oiseau en diamant fait son
apparition. Un oiseau? Elle ne connaît rien de
semblable.
Vous vous trompez, monsieur.
Mais le joaillier ne s'est pas trompé. A l'oi-
seau succèdent des bagues, des bracelets, des
colliers, et de temps à autre revient l'oiseau qui
paraît avoir été le cadeau favori du comte. La
veuve lance au buste qui n'en peut mais des
regards chargés de reproches, et le fournisseur
ne cesse de lui répéter
Mon Dieu madame la comtesse, ma posi-
tion est très délicate.
Et il faut voir son épanouissement de satis-
faction, quand par hasard il tombe sur un arti-
cle conjugal. Dans la dernière année, il n'y a eu,
au compte de madame, qu'une fois vingt-cinq
francs de raccommodages de bijoux, et cepen-
dant le total de cette année s'élève à près de
cent mille francs.
reux déjà tombés à reprendre pied.
Ces oeuvres d'assistance par le travail, nos
lecteurs savent qu'elles se multiplient à Paris,
niais trop lentement. On se demande comment
il est possible. que chaque arrondissement n'ait
pas.encore Ja. sienne et comment il est possi-
ble que dans certains arrondissements, le 6°
par exemple, une'œuvre de ce genre traverse
une crise redoutable faute d'un nombresutfi-
sant d'adhérents et, par conséquent, d'un chif-
fre suffisant de cotisations? Fonder des sociétés
locales d'assistance partout où il n'y en a pas
encore, et soutenir de son argent, de son con-
cours actif celles qui existent, c'est là un devoir
strict, qu'il n'est pas inutile, hélas de se rap-
peler de temps en temps les uns aux autres.
Il faut donner, donner beaucoup, donner d'au-
tant plus qu'on est sûr, aujourd'hui, pour peu
que l'on veuille bien y faire attention, de ne pas
être trompé, de ne pas être exploité. Mais sur-
tout il faut se tenir en garde contre le sophisme
qui consiste à se dire « Il y a tant d'oeuvres,
tant de gens-qui s'en occupent! A quoi bon un
effort ou une obole de plus ? » Les œuvres exis-
tent, elles fonctionnent, mais elles supposent la
collaboration do tous les dévouements et de tou-
tes les générosités; elles ne dispensent personne
de faire tout ce qu'il peut faire. Ainsi se conci-
lient deux choses que l'on se plaît parfois à op-
poser, bien à tort la méthode dans la pratique
de la bienfaisance et l'élan du cœur. La méthode
donne toute leur valeur sociale aux effets de la
charité. Mais la charité n'en reste pas moins
toujours, dans son .principe, affaire d'âme.
UNE LETTRE DE LEON XIII
S'il est unspeotaole saisissant, en cette fin de
siècle, c'est- de voir avec quelle persévérance,
quelle sincérité de convictions et quelle chaleur
d'âme l'illustre pontife qui préside aux desti-
nées de l'Eglise catholique la dirige vers le but
que sa haute intelligence s'est tracé. Ni les ha-
biletés des .diplomates, ni les exhortations de
certains conseillers, ni même des résistances à
peine déguisées n'ont ébranlé un seul instant la
volonté de Léon XIII. A intervalles presque ré-
guliers, et, comme pour interrompre toute ap-
parence de. prescription, la voix souveraine du
Vatican se fait. entendre toujours elle donne
le même enseignement et prescrit les mêmes
devoirs.
C'est ainsi que le saint-père vient d'adresser
à l'éminent évêque d'Autun, Mgr Perraud, une
lettre impbrtante où, après avoir complimenté
le prélat des paroles qu'il avait prononcées, à
la suite de son voyage Rome, devant les fidèles
de son diocèse sur « l'autorité du pape », il af-
firme à nouveau les droits du Saint-Siège de
marquer aux fidèles dans quelle voie ils sont
tenus fie s'engager pour servir véritablement
les intérêts de la religion.
Aussi bien, y est-il dit, puisque la miséricordieuse
providence de Dieu nous a constitué la sentinelle de
son Eglise, c'est à juste titre que, dans sa lumière,
nous revendiquons le pouvoir et le devoir de choisir les
moyens les mieux appropriés aux circonstances des
temps et des lieux pour procurer le bien de la religion
au milieu des peuples, soit en la défendant là où elle
est opprimée,' soit on la faisant grandir là où elle
s'exeréé paisiblement.
C'est là, vènérablèfrèro, ce que vous avez très bien
mis en relier quand, avec la même abondance oratoire,
vous avez traité des devoirs auxquels les catholiques
sont tenus envers le successeur de saint Pierre, et
lorsque, entre toutes les autres, vous avez plus parti-
culièrement insiste sur une des prérogatives du sou-
verain pontificat et recommandé aux fidèles le respect
du nom et des attributions intimes de cette paternité,
à laquelle, d'après les saintes lettres, les fils de la sa-
gesse doivent l'obéissance et la dilection (Ecclésiasti-
que, III, 1).
Léon XIII félicite donc ceux qui ont eu à cœur
de suivre docilement ses instructions réitérées,
mais en même temps il ne dissimule pas son ir-
ritation contre les catholiques qui s'obstinent
dans u-ne attitude hautement condamnée par le
Vatican
Nous éprouvent écrit-il, une certaine peine de ce que
d'autres, en trop.grand nombre, rejettent ouvertement
nos conseils, ou n'en tiennent aucun compte. Ils se font
ainsi à eux-mûmes la grande illusion de croire qu'ils
ont la piété filiale requise envers notre personne, alors
qu'ils se dérobent au devoir nécessaire de la soumis-
sion.
Or, au moment même ou Léon XIII écrit oes
lignes, les monarchistes de la Gazelle do. France
n'hésitent pas à traiter de « francs-maçons » les
Bretons disposés à soutenir la candidature de
M. le comte de Mun. « Il est certain, déclare
notre confrère, que, s'il existe des Bretons que
les entreprises de la franc-maçonnerie ont sé-
duits, ils doivent crier avec M. de Mun Vive la
République » Aux catholiques de choisir entre
l'orthodoxie de la Gazette de France et celle du
pape. Si, pour être excommunié, il suffit d'adhé-
rer à la République, cette excommunication
frappe non seulement M. de Mun et les Bretons
résolus à voter pour lui, mais aussiMgr Perraud
et le souverain pontife lui-même.
Vers la fin de sa lettre, Léon XIII montre
combien il est souhaitable que les divisions et
les discordes intestines s'effacent pour que
toutes les forces sociales s'unissent contre les
périls de l'heure présente
L'âme, dit-il, est saisie d'horreur quand on voit jus-
La scène est d'un comique achevé. Elle a
été reprise par Bisson dans Feu Toupinel.
Oserai-je pourtant présenter cette observation
que, si elle forme dans la pièce un épisode dé-
licieux, elle va contre son but logique ? Quelle
est l'idée première de l'ouvrage? C'est que les
sentiments humains sont courts et fragiles.
C'est Alfred de Musset qui le dit
Quel homme fut jamais si grand qu'il se pût croire
Certain, ayant vécu, d'avoir une mémoire
Où son souvenir jeune et bravant le trépas
Pût revivre une vie et ne s'éteindre pas?
On n'a pas toujours en soi de quoi pleurer
C'est l'unique raison pour laquelle devrait ou-
blier et se consoler la veuve de Meilhac. Il
semble donc que l'auteur ait tort de lui en avoir
fourni une raison autre que l'infirmité de la na-
ture humaine.
La scène qui termine ce second acte est encore
bien piquante. L'amoureux, évincé au premier
acte, est revenu. Il est tendre, il est pressant;
il s'assied, sans y prendre garde, juste au-des-
sous du socle qui porte le défunt. Il passe lente-
ment son bras autour de la taille de la comtesse,
penche son visage sur son cou, qu'elle découvre
à demi; elle se laisse aller à cette tentation, les
regardsnoyés de langueur; un baiser la réveille,
elle relève la tête, voit le marbre et se sauve
éperdue.
Vous voyez d'ici le troisième acte. On célèbre
les fiançailles sur ce piédestal, d'où a disparu
le buste, on a posé une cage d'oiseaux jaseurs
partout des candélabres allumés, des gens qui
̃passent, causent et rient; on va danser; on
parle d'un feu d'artifice.
Oh non, dit la comtesse, un feu d'artifice,
c'est trop. c'est trop.
Eh! non, ce n'est pas trop. Toute la compa-
gnie insiste pour le feu d'artifice.Il y aura un feu
d'artifice et, en attendant, le bal commence.
A ce moment arrive, avec un air contrit et un
visage composé, l'officier de marine du premier
acte il rapporte le portrait du mari, que l'ar-
tiste a peint, quand il avait cinq ans, galopant
sur un cheval de bois. Cette apparition jette une
douche sur cette exubérance de joie. La veuve
regarde le tableau; elle est un peu gênée, elle
le renvoie dans la chambre de la caméristc, où
l'on a déjà casé le buste, et se tournant vers les
invités
Décidément, leur dit-elle, j'avais raison
le feu d'artifice est de trop.
Tout cela est léger, aimable, avec cette petite
pointe de scepticisme moqueur, qui relève tout
ce qu'écrivent Meilhac et Halévy.
Le rôle de la comtesse avait été fait pour
qu'où va J'audace d'hommes perdus, qui, foulant aux
pieds tout sentiment de religion, de respect pour les
lois, d'humanité, ne craignent pas de recourir au
crime, à l'assassinat, pour ruiner le fondement et la
majesté de la puissance publique. Il y a là des motifs
plus pressants que jamais, pour votre pays, d'accédé*
à nos conseils et de renoncer aux divisions de partis
afin de défendre le bien suprême. Il faut que tous les
citoyens s'unissent,- tendent au même but.
Si quelque chose, en effet, doit décider les'
derniers conservateurs hésitant à se placer sur
le terrain du loyalisme républicain, c'est, à coup
sûr, la nécessité d'appuyer le gouvernement
dans la lutte vigoureuse qu'il vient d'engager
contre les ennemis de tout ordre social. Il ap-
partenait à Léon XIII de rappeler une fois de
plus qu'en ces niatières les devoirs du chrétien
me peuvent pas ne pas se confondre avec les de-
voirs du bon citoyen.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES DU 7 JANVIER
Des élections ont lieu aujourd'hui dans 31 dépar-
tements compris sur la liste alphabétique entre
l'Ain et le Gard, .plus Alger. C'est la série A du re-
nouvellement, .triennal de la haute assemblée. Ces
trente-trois, .départements comptent ensemble 89
sièges.
En outre,-la môme date du 7 janvier a été fixée
pour des élections campJémentaires dans les dépar-
tements où des vacances se sont produites par suito
de décès la Manche, la Marne, la Haute-Savoie et ta.
Seine, et dans Seine-et-Marne, département auquel
est attribue- lu -siégo de M. Tirard, sénateur inamo-
vible décédé •
Série C
SEINE
Inscrits: 753. Votants: 697
Suffrages exprimés 684– Bulletins blancs et nuls • 13
Majorité absolue 313
Ont obtenu
MM. Floquet, républ. rad. 372 Elu
Alexis Muzct, rép 176
Charles Longuet, socialiste. 98
Christophe, prés, du syndic, de la Li-
gue des petits commerçants. 34
Bailly, conseiller général de la Seine, 2; Vorbe,
conseiller municipal de Paris, 1 Mogis, ancien em-
ployé, rép.,l.Cyvoct, 1.
La proclamation Ses résultats a été accueillie par les
cris plusieurs fois répétés de Vive la République 1
Vive Floquet! » et par ceux de Vive la Commune t
Vive la sociale A bas les vendus poussés par les dé-
légués socialistes révolutionnaires de Saint-Ouen et de
Saint-Denis. Des groupes do délégués sont allés pré-
senter leurs félicitations à M. Charles Floquet qui
attendait les résultats du scrutin au café de la Garde-
Nationale.
Le vote a eu lieu à l'Hôtel de Ville, salle des Pré-
vôts. Le bureau était présidé par M. Baudouin, prési-
dent du tribunal civif,- assisté de MM. Albert Rup- ·
precht, gérant du Bulletin municipal officiel, Legry, dé-
légués de Paris, et de MM. Topin, conseiller municipal
et délégué d'Asnièrcs, Ruelle, délégué d'Alfort.
Il s'agissait de pourvoir au siège devenu vacant de-
puis le 14 novembre 1893 par la démission de M. Reai
Goblet, élu. député de Pans.
On se souvient que M. René Goblet avait été élu séna-
teur le 3 maiï&Ol par 402 voix contre 228 à M. Donnat,
13 ù M. J.-B: Clément, 1 à M. Viguier, 1 à M. Hervé et
1 à -M- Riant-
S-ëk'ie. A.
AIN
3 sénateurscrits Ins. Votants
Candidats républicains
MM. Mercier, sénateur sortant. Elu.
Goujon, sénateur sortant. Elu.
Morellct, sénateur sortant. Elu.
Le 25 janvier 1885, MM. Mercier et Goujon avaient
été élus par 613 et 651 voix, contre 209 accordées au
premier de la liste réactionnaire. M. Morellet, élu lo
13 décembre 1885 en remplacement de M. Robin, dé-
cédé, avait obtenu 602 voix, contre 277 accordées à M.
Henri Germain.
"[. AISNE
4 sénateurs. Inscrits 1.370. Votants 1.363
Candidats républicains
MM. Leroux, sénateur sortant 833 Elu.
Malézieux, sénateur sortant. 1.025 Elu.
Sébline, sénateur sortant. 777 Elu.
Waddington, sénateur sortant. 575
Machorez, ancien député Ô56
Karl Tlanotaux, conseiller général. 585
Candidats l'éactionnaires
Pasquier-, -ancien ̃ député. •; 403
Parme» ticr, ancien magistrat 341
'(Ballottage pour un siège)
Le 25 janvier 1885, MM. Malézieux et Waddington
avaient été élus par 1,014 et 1.056 voix, contre 315 à M.
Villain. M. Sébline, qui remplaça, le 4 avril 1886; lo
troisième élu décédé, M. de Saint- Vallier, avait obtenu
973 voix, contre 394 à M. Sandrique. Invalidé comme
n'ayant pas l'âge requis, M. Sébline fut élu de nou-
veau le 16 mai par 98 voix contre 364. Invalidé una
troisième fois pour la même raison, M. Sébline avait
obtenu 1,021 voix contre 214.
ALLIER
3 sénateurs. Inscrits 842. Votants 83(
• Candidats républicains
MM. Cornil, sénateur sortant. 382
Ghan.temille, sénateur sortant. 382
Bruelj sénateur, sortant. 340
Candidat socialiste
M. Thivriar, député 206
Candidats radicaux
MM. Gacon, député. 309
Ville, député 283
cette pauvre Desclée, qui est morte sans l'avoir
joué. 11 a été créé par Mme Pierson, qui ne m'y
a paslaissé grand souvenir. C'est Mme Raphaële
Sisos qui l'a repris à la Comédie-Parisienne.
Mme Raphaële Sisos est une excellente comé-
dienne, qui n'a d'autre défaut que d'être un peu
précieuse et de vouloir faire un sort a tous ses
mots. Montigny avait jadis entouré Mme Pier-
son, qui elle-même était fort jolie, de femmes
d'une beauté ravissante, Mmes Angclo, Per-
soons, Pierski, Helmont Angelo surtout, belle
comme une statue grecque. M. Koning n'a pas
eu la même attention pour Mme Raphaële Si-
sos. Il lui a donné, pour être ses partenaires,
des femmes qui se recommandent surtout par
leur talent. Il n'y a, par malheur, pas besoin de
grand talent pour jouer ces rôles épisodiques,
et il nous suffira de citer les noms de Mmes
Desclauzas, Kesly, Marguerite Rolland et Col-
bert.
C'est Nertann qui fait le bijoutier; il joue avec
plus de naturel que ne fit Pradeau, qui créa le
rôle mais il y est tout de même moins plai-
sant. M. Paul Plan est le plus correct des maria
jaloux, et Camis est un amoureux fort tendre.
Le théâtre des Menus-Plaisirs a donné la 7?c-
vue sans gêne, revue en trois actes et neuf ta-
bleaux, de MM. Monréal, Blondeau et Alfred
Delilia.
Au rebours de la plupart des revues, qu'on
nous offre en nombre incalculable depuis une
dizaine d'années, celle-là a réussi surtout par
l'acte traditionnel des théâtres. Les auteurs ont
eu le bon esprit et le courage de rompre avec
la banalité des compliments ordinaires. Ils nous
ont donné de vraies parodies, dont quelques-
unes sont fort plaisantes. Celle d'Antigone est
d'une drôlerie impayable et lorsque, après que
tous les personnages se sont tués, les vieillards
du chœur sont eux-mêmes montés sur la table
qui figurait le guignol et se sont écroulés morts
les uns par-dessus les autres, un fou rire s'est
élevé dans toute la salle.
Un jeune acteur du nom de Sanson nous a
imité à ravir l'Albert Brasseur de Madame Sa-
tan, et Tréville nous a raillé de la façon la plus
piquante la démarche et la diction du chanteur
de chansonnettes Kam-Hill. Le défilé des pièces
nouvelles s'est fait sous une grêle/de mots, qui
sont pour la plupart trop gais, et d'une gaieté
trop bon enfant pour être suspects de médian-
ectô»
Ainsi il s'agit des Bicyclistes en voyage. Le
directeur conte au compère que pour soutenir
la pièce, qui s'en allait grand trahi, il a dû exhi.
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