Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-09-05
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 septembre 1893 05 septembre 1893
Description : 1893/09/05 (Numéro 11790). 1893/09/05 (Numéro 11790).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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TRENTE-TROISIEME ANNÉE. N° 11790
MARDI 5 SEPTEMBRE 1893
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS.̃ Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr.; Un », 56 fr.
DÈPt» & ALSàCE-LORRAINE 17 fr.; 34fr.j 68 fr.
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AUTRES PAYS. 23fr.; 4Sfr.; 92 fr
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1S centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
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LES ABOIWtEMESTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) «O centimes
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET C, 8, place de la Bourse
Xe Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
Vrtsst tiligraphiqut TEMPS PARtS
PARIS, 4 SEPTEMBRE
BULLETIN DU JOUR
̃'••" li REVISION BELGE
Pendant que le corps électoral français, au
second tour de scrutin, établissait sur des bases
Immuables et définitives l'édifice de la Répu-
blique progressiste et libérale, les Chambres
belges finissaient par se mettre d'accord sur la
dernière question en suspens entre elles et
achevaient l'œuvre de la revision constitution-
nelle.
Cette œuvre a été lente et laborieuse. L'autre
jour, un député libéral-unionniste au Parle-
ment anglais, M. Courtney, qui est un es-
prit éminemment paradoxal et original, pour
ne pas dire excentrique, et dont on a écrit fort
justement qu'il ne serait pleinement satisfait
que le jour où il serait le dernier champion
d'une cause absolument privée de défenseurs,
signalait avec envie en réponse au reproche de
M. Gladstone, accusant l'opposition au home
rule d'obstructionnisme, les trois ans consacrés
,par les Chambres belges à la révision.
Trois ans, c'est un morceau de la vie d'un
peuple et il faut avouer que les théoriciens de
a lenteur qui, comme M. Courtney, estiment
que le devoir des Parlements est, non pas de
voter et de légiférer, mais de tourner indéfini-
ment la manivelle d'une discussion intermina-
ble, ont pu jeter à bon droit des yeux jaloux sur
les Chambres du royaume de Belgique. Ce n'a
point été tout à fait le sentiment des hommes
,1'Etat qui portaient la responsabilité de cette
grande entreprise.
M. Beernaert, en particulier, le premier mi-
nistre, qui avait assumé avec courage cette
̃ iourde tâche, a été tenté à plusieurs reprises de
jeter le manche après la cognée. On se souvient
de l'inipasse où le Parlement belge semblait
s'être engagé le printemps dernier à propos du
régime électoral de la Chambre des députés.
Tous les systèmes, successivement mis aux
Voix, avaient succombé l'un après l'autre sous
des votes de coalition qui n'obtenaient que des
majorités de négation. Le pays, les Chambres,
le gouvernement se trouvaient devant une table
rase. Il ne fallut rien moins que l'intervention
menaçante des masses populaires profondes,
que les premiers grondements d'un orage révo-
lutionnaire, que le déchaînement partiel de la
fameuse grève universelle, cette ultima ratio
des classes ouvrières de notre temps pour avoir
raison de ces résistances et faire triompher,
avec des conditions assez bizarres, le principe
du suffrage universel.
Cette crise fut grave mais là du moins il y
avait de grandes questions engagées et, si l'on
ose dire, le jeu en valait la chandelle. Tout au
contraire, le dernier écueil sur lequel faillit
échouer la revision, à l'entrée même du port,
était décidément une divergence de vues sur un
point si minime qu'on avait peine à en saisir
l'intérêt.
Il s'agissait, non pas même des conditions d'é-
ligibilité pour le Sénat tout entier, mais du taux
du cens à exiger de la catégorie des éligibles au
Sénat qui seront élus par le suffrage universel
des provinces. A plusieurs reprises les deux
Chambres se heurtèrent et se buttèrent a des
solutions qui différaient infinitésimalement et
dont le microscope politique le plus grossissant
avait peine à discerner les variations. Finalement
le bon sens a prévalu, on s'est mis d'accord sur
une transaction, la revision est à bon port.
Comme il faut que les amateurs de statis-
tique rapetissent tout ce qu'ils touchent, un
de ces messieurs a calculé que l'ancienne
Constitution comprenait 139 articles et 4,369
mots, qu'on a supprimé 214 mots pour en ajou-
'ter 787, soit un accroissement de 573 mots, à la
confection desquels la Chambre a consacré 98
et le Sénàt 17 séances de quatre heures en
moyenne, ce qui donne un peu plus d'une heure
de travail législatif par mot.
Voilà pour le côté extérieur. Il en est un plus
important.
La Belgique a définitivement abandonné le
régime censitaire pour adopter le régime démo-
cratique. Elle a fait pacifiquement près d'un
demi-siècle plus tard l'évolution que la France
a fait, brusquement par la révolution de Fé-
vrier pour passer, de la Constitution bourgeoise
et de la domination des classes moyennes sous
la monarchie de Juillet, à la suprématie du suf-
frage universel.
Nul ne contestera que ce changement ne fût
nécessaire. Le dix-neuvième siècle n'a plus
guère de place pour les formes de transition.
Partout, soit comme républiques, soit comme
monarchies parlementaires, des Etats-Unis à la
Grande-Bretagne et au continent, c'est la démo-
cratie qui l'emporte! On ne se met pas en tra-
vers d'un tel courant et M. Beernaert et ses col-
lègues ont déployé les qualités de véritables
hommes d'Etat en réalisant par la voie pacifi-
que de l'évolution une transformation qui eût
pu être dangereuse sous la forme de révolu-
tion.
Toutefois, il ne faut pas se dissimuler qu'en
Belgique, comme autre part, la démocratie pure
a ses preuves à faire comme gouvernement et
comme instrument d'ordre et de progrès dans
nos sociétés modernes. Il est permis aux esprits
les plus fermes, les plus détachés d'un culte su-
FEUILLETON DU J&£\Up$
DU 5 SEPTEMBRE 1893 138J
LA MAIN ET LA BAGUE
̃• XXIV- (Suite)
En un instant, M. Ferris, M. Orcutt, tous les
spectateurs, suspendus à ses lèvres, compri-
rent qu'au lieu de témoigner contre le prison-
nier, elle témoignait contre elle-même, en d'au-
tres termes, qu'Imogène Dare, rendue folle par
•la terrible alternative de. perdre son amant ou
•de se sacrifier elle-même, avait cédé à la force
de son amour ou au cri de sa conscience et,
en présence du juge et des jurés, se proclamait
1 assassin de Mrs Clemmens.
Le moment qui suivit fut effrayant.
Le prisonnier, probablement le seul des assis-
tants qui eût deviné son intention quand elle
avait commencé à parler, était retombé sur son
siège et s'était caché le visage dans les mains
avant le fatal aveu; mais M. Orcutt, les yeux di-
latés, les lèvres entr'ouvertes, était plongé dans
un tel état de consternation qu'il n'eut pas
même la force de pousser le cri d'angoisse qui
lui vint involontairement aux lèvres quand les
dernières paroles d'Imogène le frappèrent au
cœur.
Quant à M. Ferris, il restait muet, absolu-
ment incapable d'articuler un mot en présence
de cette terrible confession, qu'il avait, sans le
Vouloir, arrachée au témoin, tandis que, d'un
bout de la salle à l'autre, l'assistance était en
proie à une inexprimable émotion.
Le juge fut le premier à reprendre son calme.
Miss Dare, dit-il lentement et de ce ton de
douceur dont rien ne pouvait jamais le faire
départir, comprenez-vous la gravité du témoi-
gnage que vous venez de porter devant la cour? 1
Elle baissa la tête et ne répondit pas.
Je crains que vous ne soyez pas en état de
comprendre l'effet de vos paroles, continua le 1
Juge^Votre sympathie pour l'accusé ou l'exdta-
Reproduction interdite. ? J
perstitieux du passé, les plus ouverts à l'ave-
nir, d'adresser un salut respectueux à cette Con-
stitution belge qui a cessé' d'être après avoir
donné plus d'un demi-siècle de liberté, de paix,
de sécurité et de dignité à ce petit peuple si
grand par son histoire.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
.̃̃̃̃ Berlin, 4 septembre, 8 h. 10.
On dit que le Reichstag sera convoqué dans les
premiers-jours de novembre.
La visite que le président du conseil des ministres
wurtembergeois, M. de Mittnacht, a faite à Kissin-
gen à M. de Bismarck continue à servir de commen-
taires à la presse.
Généralement, on croit que M. de Mittnacht avait
la mission d'inviter M. de Bismarck à ne pas com-
battre dans ses allocùtions la politique économique
actuelle du gouvernement, et à ne pas trop encou-
rager, comme il l'avait fait, l'esprit particulariste
dans les Etats confédérés.
Vienne, 4 septembre, 9 heures.
L'empereur François-Joseph est arrivé à Jaros-
law, où il a été reçu par les archiducs, qui vont as-
sister avec lui aux grandes manoeuvres.
A une députation de la noblesse, qui lui souhai-
tait la bienvenue, l'empereur a répondu en faisant
l'éloge du patriotisme des habitants de la Galicie et
du gouvernement provincial.
Rome, 4 septembre, 10 heures.
Toutes les préoccupations du ministère sont ac-
tuellement tournées vers la situation financière
qu'on voudrait à tout prix améliorer. M. Gagliardo
a invité quelques financiers à lui présenter des pro-
jets pour alléger la dette du trésor qui est d'un
demi-milliard. Des mesures sont urgentes, car la
rente baisse et le change monte toujours; il est au-
jourd'hui à 12 0/0. Un des financiers consultés pro-
pose, entre autres mesures, de reprendre le projet
d'annulation des actes non enregistrés, persuadé
qu'on .ferait ainsi augmenter considérablement le
produit de la taxe du timbre et de l'enregistre-
ment.
Tous ces projets seront examinés par M. Ga-
gliardo, qui les soumettra à ses collègues du cabi-
net, dans une série de conseils avant l'ouverture
des Chambres. Le ministère veut répondre, par la
présentation de nombreux projets financiers à l'ac-
cusation des amis de M. Crispi, que la situation
financière était meilleure alors que le député de Pa-
lerme était au pouvoir.
(Service tiavas)
Alger, 4 septembre.
Le conseil de préfecture a annulé l'élection de M.
Pourailly comme maire de Miliana.
Alger, 4 septembre.
Le prince. Dueng-Chacr. est arrivé à Djelfa, lieu de
son internement.
Oran, 4 septembre.
M. Havard, conseiller général d'Oran, dont l'élection
a été invalidée, a été réélu hier.
LE.. SCRUTIN.. DE BALLOTTAGE
Le résultat le plus apparent de la journée
électorale d'hier, le trait qui en restera la
caractéristique, c'est la défaite du parti ra-
dical, ou, pour être plus exact, de l'ancienne
extrême gauche de la Chambre. Ce parti est
réellement décapité. L'échec de M. Clemen-
ceau dans le Var, de MM. Pichon, Maujan,
Floquet, Mathé à Paris, le réduit, pour le
moment, à l'impuissance et modifie considé-
rablement la carte parlementaire et le rap-
port des forces qui vont y manœuvrer. Avec
M. Clemenceau surtout, c'est plus qu'un
orateur de premier ordre qui disparaît, plus
même qu'un chef de parti, c'est un système
politique, le système de l'ancienne concen-
tration et de la tyrannie des radicaux sur le
gouvernement qui s'évanouit et laisse enfin
le champ libre à une nouvelle méthode et à
de nouvelles combinaisons.
Quand on se rappelle l'histoire d'un passé
encore récent, on n'a pas trop de peine à
s'expliquer ce désastre d'un grand parti et
cet échec d'hommes qui semblaient encore,
hier, si puissants. Leurs coquetteries réglées
avec le socialisme, voilà ce qui les a perdus.
Il y a dix à douze ans, M. Clemenceau
s'affirma républicain radical pour se séparer
du gros de la majorité et pouvoir librement
faire la guerre à Gambetta, le leader de cette
majorité. En 1885, l'épithète de radical ne
suffisait déjà plus. Pour ne pas se laisser
déborder à son tour vers sa gauche, M. Cle-
menceau et ses partisans prirent celle de
socialistes. Puis le mot républicain a disparu
et l'on s'est contenté de se dire radical-so-
cialiste enfin, dernièrement, à Carmaux, on
adoptait le cri de ralliement du socialisme
lui-même « Vive la République sociale »
Et cependant toutes ces politesses aux col-
lectivistes ne servaient de rien car les radi
caux de l'école de M. Clemenceau n'étaient
rien moins que collectivistes. Aussi leur
embarras était-il grand, comme le prouva la
tion que vous a causé votre rappel à la barre
des témoins vous a énervée et troublée. Prenez
le temps de vous remettre, miss Dare. La cour
attendra. Réfléchissez de nouveau, et, alors,
vous nous direz la vérité.
Mais Imogène, la tête inclinée, les lèvres
blanches, répondit précipitamment
Je n'ai pas à réfléchir. J'ai dit, j'ai essayé
de faire comprendre comment Mrs Clem-
mens est morte. Elle a été frappée par moi.
Craik Mansell est innocent.
A cette répétition, par des paroles distinctes,
de ce qu'elle avait, auparavant, affirmé seule-
ment par un geste, le juge cessa ses questions,
et l'horreur de la foule se manifesta par un long
murmure.
Hickory, demanda Byrd à son collègue,
est-ce cela que vous attendiez depuis ces quel-
ques jours derniers?
Cela? répéta l'autre. Non. non, réellement.
Je. je. ne sais, ma foi, pas ce que j'attendais;
mais, bien sûr, ce n'était pas cela.
Et il regardait Imogène avec une expression
mêlée de doute et d'étonnement.
-Mais, bégaya Byrd, elle ne dit pas la vé-
rité, c'est bien évident.
Chut! Il vaut mieux en ce moment, écouter
que causer. Orcutt va parler.
Le grand avocat, en effet, après un court et
violent effort pour surmonter l'épouvantable
émotion que lui causait l'aveu d'Imogène, se le-
vait pour s'adresser de nouveau à la cour.
Ses premiers mots, prononcés de ce ton écla-
tant dont il avait le secret, furent comme une
bouffée d'air frais dans une atmosphère sur-
chauffée, et, immédiatement, l'audience reprit
son aspect ordinaire, cérémonieux et solennel. l'
Ce témoignage n'a aucune valeur, dit-il.
C'est le délire de la fièvre. Le témoin a été tel-
lement torturée par la question du ministère
public qu'elle n'est pas responsable de ses paro-
les.
Et,- s'adressant à l'attorney, qui, aux premiè-
res paroles de son adversaire s'était réveillé de
la stupeur où l'avait plongé la terrible et inat-
tendue confession d'Imogène, il continua
-Si mon savant adversaire n'a pas perdu tout
sentiment d'humanité, il renoncera à l'audition
d'un témoin en proie à une aberration d'esprit
d'un si grave caractère.
M. Perris étaitun hommeirritable; mais, tou-
ché de sympathie pour son ami chancelant sous
un coup si rude, il se tourna vers le juge, en
disant °
Votre Honneur, je désire que la cour sache i
que l'aveu que vient de faire le témoin est
rédaction si laborieuse de leur dernier mani-
feste. Ilsne voulaient passe laisserconfondre
avec les disciples de MM. Guesde et La-
fargue-et, -d'un autre côté, ils avaient une
eur terrible de les froisser. En les voyant
dans cette situation ambiguë, la démocratie
ouvrière, surtout celle de Paris les a tout à
fait abandonnés. Ils peuvent s'en rendre
compte aujourd'hui; le scrutin d'hier le
prouve avec une entière évidence, c'est le
socialisme condamné et flatté par eux tout
ensemble, qui les a dévorés. C est un socia-
liste qui a assuré à Draguignan la défaite de
M. Clemenceau, un socialiste qui a battu
M. Floquet, deux autres socialistes qui ont
pris la place de MM. Mathé et Maujan, un
socialiste panaché de boulangisme, enfin,
qui a. fait échec à M. Pichon. La liste
de ces suggestifs exemples ne s'arrêterait
pas là. Mais, telle qu'elle est, elle suffit am-
plement à notre démonstration.
Si les socialistes, en effet, gagnent plu-
sieurs sièges dans le scrutin d'hier c'est en
général aux dépens des radicaux et des bou-
langistes. Leurs progrès méritent quelque
attention. Là même où leurs candidats ne
sont pas élus, ils ont réuni à Paris et. dans
la banlieue au moins, comme dans quelques
centres ouvriers de province, un nombre
considérable de voix et serré souvent de
très près, leurs adversaires. Le second trait
de la ̃journée d'hier, c'est donc l'avènement
à la vie politique d'un parti socialiste com-
pact qui succède au parti radical épuisé
parce qu'au fond il en est la transformation
logique. Désormais le rapport des socialistes
et des radicaux dans le Parlement va se
trouver renversé. Hier, les premiers n'étaient
qu'un appoint presque, insignifiant pour les
seconds? -les seconds viennent de perdre leur
hégémonie, et, s'ils ne se séparent pas du
socialisme devenu dominant, ils n'en seront
plus à leur tour que les humbles acolytes.
Les conséquences parlementaires de ce
renversement des situations et des rôles ne
seront pas moins importantes. Il est clair
que la concentration gouvernementale avec
les radicaux a vécu; car MM. Millerand et
Goblet, devenus les chefs de l'extrême gau-
che socialiste, représentent précisément le
contraire de. la concentration avec les oppor-
tunistes et- même se sont fait nommer sur-
tout polir la combattre. Au lieu d'un radica-
lisme caméléon prêt toujours à prendre les
avantages du pouvoir, tout en en déclinant
les responsabilités, la majorité républicaine
va avoir devant soi un parti socialiste avec
une doctrine très arrêtée et des chefs très
ambitieux». Cette 'situation doit, de gré ou de
force, l'amener à se constituer plus étroite
et plus homogène pour gouverner contre le
socialisme qui apparaît pour la République
comme le vrai danger de l'avenir.
Se constituer ainsi en pleine indépendance
et pratiquer une politique suivie et ferme,
cette majorité républicaine le peut en toute
sécurité, car la journée d'hier-et c'en est
le troisième caractère distinctif l'a con-
solidée et accrue en consommant la défaite
des m'ôttâ.fcMst.Qs.près les radicaux, ce
sont,, en effet, ces- derniers qui sortent le
plus éprouvés de la lutte. Il suffit de rappe-
ler l'échec de M. de Cassagnac, battu dans
ce fief de Mirande d'où il défiait la Répu-
blique de jamais l'expulser. Hier le fief a
abandonné son ancien possesseur et a passé
à la République. Mais ce n'est pas l'unique
défaite des adversaires de nos institutions.
M. de.LamarzeJle..est. battu, à Lorient, M.
Le Provost de Launay dans les Côtes-
du-Nord, et d'autres ailleurs qu'il se-
rait trop long de nommer. Qu'on songe
seulement à ceci que la République, hier, a
gagné plus de vingt-cinq sièges, soit pour
les deux tours un total de plus de quatre-
vingts sièges, gagnés par les républicains
sur les partis que nous avons toujours dé-
signés comme anticonstitutionnels.
Nous ne croyons donc pas céder à des im-
pressions et à des calculs trop optimistes
en concluant que les élections, dans leur
ensemble, ont été bonnes pour la Républi-
que, qu'elles ont. accru la force des idées de
sagesse et d'apaisement dans la Chambre et
promettent, pour la législature prochaine,
ce que nous avons instamment demandé
une organisation plus sincère et un fonc-
tionnement plus normal du régime parle-
mentaire.
L'ère • des récriminations et des violences
doit être close désormais. Il ne s'agit plus
que de donner un gouvernement à la France,
dans l'Europe médiocrement bienveillante.
Tout le monde, ou presque tout le monde,
vient .à. la -nouvelle Chambre dans ces heu-
reuses dispositions. A ceux qui ont la su-
prême initiative, de le voir et d'en profiter.
une surprise aussi grande pour moi que pour
tout le monde dans cette enceinte. Le fait que je
me proposais d'élucider par son témoignage
était d'une nature toute différente. Dans une
conversation, la nuit dernière.
M. Orcutt, hésitant entre son intérêt pour
Imogène et son devoir envers son client, ne lui
permit pas. de. continuer.
Je m'oppose, s'écria-t-il, à toute tentative
d'influencer le jury par le récit d'une conversa-
tion entre l'attorney et le témoin. Par son résul-
tat, nous pouvons juger de sa nature, mais nous
n'avons que faire des détails.
Alors, élevant la voix qui retentit dans la salle
comme un clairon
-Le momentest trop sérieuxpourse quereller.
Un spectacle, le plus terrible qui puisse se pré-
senter aux yeux d'un homme, est devant vous.
Une femme, jeune, belle et, jusqu'à ce jour, en-
tourée du respect de tous, prise dans les serres
d'un cruel destin, a, dans un moment de folle
terreur, prononcé des paroles qui semblent être
la confession d'un crime. Mais, je le demande à
Votre Honneur et à messieurs les jurés, n'est-ce
pas là un acte à éveiller la pitié et rien que la
pitié? -Ni mon client ni moi-même ne pouvons
le considérer sous un autre jour, et, quand bien
même la cause de M. Mansell serait dix fois
plus désespérée qu'elle ne l'est, quand bien
même une condamnation de votre part devrait
l'atteindre au lieu d'un acquittement triomphal,
il ne serait pas l'homme que je crois s'il con-
sentait à accepter une délivrance basée sur une
déclaration si manifestement dénuée de vérité.
Je renouvelle donc mon objection de tout à
l'heure et demande à Votre Honneur de repous-
ser ce témoignage comme étranger à la discus-
sion et je prie mon honorable adversaire de ne
pas donner suite à un interrogatoire aussi inu-
tile à sa cause qu'à la mienne.
Je suis d'accord avec mon ami, répondit
M. Ferris, que le moment est mal choisi pour la
controverse. Qu'il plaise, en conséquence, à la
cour me donner acte de ma renonciation à l'au-
dition du témoin, quoiqu'en le faisant je sois
forcé d'abandonner tout èspoir de prouver un
fait important sur lequel j'avais compté pour
réduire à néant le système de la défense.
Sur le signe d'acquiescement du juge, l'attor-
ney se tourna vers miss Dare et la pria de rega-
gner sa place.
Elle ne bougea pas, mais, les yeux fixés sur
le juge, répondit:
• –Pardonnez-moi, Votre Honneur. Je désire
ne pas quitter la barre des témoins avant d'a-
voir clairement déclaré que c'est moi, et non le
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DU 3 SEPTEMBRE 1893
(Scrutin de ballottage)
I\A.:B.IS ET LA SEINE
1er arrondissement
René Goblet, rad. soc. 5.052
Muzet, cons. mun., rép 3.949
M. Goblet, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Goblet, rad. soc. avait obtenu
4,520 voix; M. Muzet, cons. mun., rép., 2,310; M. Yves
Guyot, dép. sort., rép., 2,158; M. Pierre Petit, républ.
cathol., 108.
3e arrondissement
Chautemps, dép. sort., rad. 6.238
Champy, horl. anc. m. de la Comm., soc. allem. 4.774
Donzel, avocat, rad. soc 1.402
M. Chautemps, rad., est élu
Au premier tour, M. Chautemps, dép. sort., avait ob-
tenu 6,723 voix; M. Champy, soc. allem., 2,753; M. Don-
zel, rad., 2,086; M. Maxime Monot, soc, 1,681.
4e arrondissement (2° circonscription)
Chassaing, dep. sort., rad. soc 2.952
Ruel, cons. mun., rép 2.617
M. Chassaing, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Chassaing, dép., sort., avait ob-
tenu 1,872 voix; M. Ruet, cons. munie, 1,867; M. Le-
vasseur, rép. soc., 1,870; M. Opportun, cons. mun.,
rad., 796.
5e arrondissement (1™ circonscription)
René Viviani, rad. soc. 3.874
Sauton, cons. mun., rad.̃ 2.682
M. Viviani, rad. soc, est élu
Au premier tour, M. Sauton, rad., avait obtenu 3,574
voix; M. Viviani, soc., 3,248; M. Champion, lib., 791;
M. Stroobant, soc. broussiste, 1,376.
5« arrondissement (2e circonscription)
,Emile Trélat, dép. sort., rép 2.927
Sigismond Lacroix, anc. dep. rad. soc. 2.442
Dejeois, soc., allem 2.079
M. Trélat, rép., est élu
Au premier tour, M. Trélat, dép. sort., avait obtenu
2,249 voix; M. Sigismond Lacroix, rad. soc., 1,714; M.
Deschamps, cons. mun., rad. soc., 1,699; M. Degois,
soc. allem., 1,427; M. Mordacq, rev., 520.
6e arrondissement (lre circonscription)
Albert Pétrot, rad. soc 2.738
Dr Després, dép. sort. rép. lib. 2.667
M. Pétrot, rad., est élu
Au premier tour, M. Després, rép. lib., avait obtenu
2,247 voix M. Pétrot, rad. soc, 1,534 M. Bernier, revis.,
1,080; M. Delacour, soc., 680; M. de Nouvion, rép.
progr., 205.
6e arrondissement (2e circonscription)
Jules Leveillé, rép 3.823
Deville, cons. mun., rallié 3.613
M. Jules Leveillé, rép., est élu
Au premier tour, M. Deville avait obtenu 3,316 voix;
M. Defert, maire du 6e arrond., rép., 2,333; M. Vallet,
rad. soc., 2,169.
7e arrondissement
Frébault, anc. dép., rad 5.985
Paul Lerolle, cons. mun., réac 5.708
M. Frébault, rad., est élu
Au premier tour; M; Frébault, rad., avait obtenu
4,598 voix; M: Lerolle, cons, 4,448; M. Andrieux, ancien
préfet de police, revis., 3,256.
8e arrondissement (l™ circonscription)
Denys Cochin, cons. mun., réac 3.052
Frédéric Passy, anc. dép., rép 2.512
SI. Denj-s Cochin, réac, est élu
Au premier tour, M. Denys Cochin, réac., avait ob-
tenu 2.-316 -voix-, M.- Frédéric Passy, rép., 1,954; M.
Chassaigne-Goyon-.revis. plébiscit., 867 M. G. de La-
bruyère, revis., rép., 722.
8e arrondissement (2° circonscription)
Binder, cons. mun., réac 1.777
Marius Martin, dép. sort., revis. plébiscit 29
M. Binder, réac, est élu
Au premier tour, M,. Binder, réac., avait obtenu 1.377
voix te général Lewal, rép., 991; M. Marius Martin,
revis., 777.
9e arrondissement (lre circonscription)
Georges Berry, cons. mun., ral. 3.343
L.tL. Klotz, rép. progr 2.193
IL Berry, rallié, est élu
Au premier tour, M. Georges Berry, rallié, avait ob-
tenu 2,622 v'oïx;' M. Emile Ferry, dép, sort., rép., 1,388;
M. L.-L. Klotz, 1,384.
10e arrondissement (lre circonscription)
Groussier, mécanicien, soc. allem. 5.816
Maujan, dép. sort., rad 3.286
Jehan, libéral soc 1.324
M. Groussier, soc., est élu
Au premier tour, M. Groussier, soc. allem., avait ob-
tenu 4,249 voix; M. Maujan, rad., 4,161 M. Jehan, libé-
ral, 1,854 M. Girardin, rad. soc., 1,025 M. Cordiér,
soc.,161,
11e arrondissement (lre circonscription)
Faberot, chapelier, soc. allem 4.379
Floquet, dép. sort., rad. 3.229
M. Faberot, soc., est élu
Au premier tour M. Floquet, rad., avait obtenu 2,913
voix; M. Faberot, soc,, 2,078; M. Lagasse, rad. soc, 1,550;
M. Protot, soc. révol., 824; M. Soudant, soc., 368 Di-
vers, 150.
11e arrondissement (3e circonscription)
Toussaint, employé, soc. allem 5.949
Henri Mathé, dép. sort., rad. 5.159
M. Toussaint, soc., est élu
prisonnier, qui suis responsable de la mort de 1
Mrs Clemmens. L'angoisse que j'ai eue à subir
en témoignant contre lui. me donne le droit de
prouver son innocence et ma culpabilité.
Mais, répliqua le juge, nous ne vous ju-
geons pas en état de témoigner devant la cour
aujourd'hui, même contre vous-même. Si ce
que vous dites est vrai, vous aurez toute oppor-
tunité plus tard pour confirmer vos affirmations,
car il faut que vous sachiez, miss Dare, qu'une
confession de cette nature ne serait pas suffi-
sante si elle n'était pas corroborée par des
preuves positives.
Mais, Votre Honneur, j'ai des preuves qui
confirmeront mon affirmation.
Et, au milieu de l'étonnement général, elle leva
la main et, pointant son index vers Hickory
Appelez cet nomme et demandez-lui de
répéter sa conversation avec une jeune ser-
vante du nom de Roxana dans l'observatoire du
professeur Darling il y a quelques semaines.
La soudaineté de cette déclaration, la calme
assurance dont elle la fit en même temps que
l'intention évidente d'en appeler à un témoi-
gnage pour appuyer sa confession produisirent
un effet extraordinaire sur l'assemblée. M. Or-
cutt lui-même, profondément troublé, jetait des
regards effarés de la main étendue d'Imogène
au détective, interdit. Et, en vérité, pour lui
et pour ̃ tous– -ce moment était plus rempli
d'horreur que celui oii elle s'était accusée elle-
même, car ce qui, alors, avait semblé vague
comme un rêve devenait une réalité terrible.
Imogène seule restait impassible. Les yeux
toujours fixés sur Hickory elle reprit
Il ne vous a pas dit, pas plus que moi, tout
ce qu'il sait sur cette affaire. Si mon affirmation
a besoin d'être corroborée, adressez-vous à lui.
Et, profitant de la sensation produite par ce
dernier appel, elle attendit, sans quitter sa
place, que le juge prît la parole, aussi calme
que si elle n'avait plus rien à craindre ou à es-
pérer en ce monde.
Mais le juge restait interdit devant ce spec-
tacle de la jeunesse et de la beauté insistant sur
sa propre culpabilité, et ni M. Ferris ni M.
Orcutt ne trouvaient un mot à répondre.
Un silence de mort régna dans l'assemblée.
Tout à coup, une voix basse mais ferme s'é-
.leva de la partie de la salle où celle de l'avocat
avait si souvent retenti. C'était une voix incon-
nue, et pendant une seconde on se demanda qui
parlait.
Mais, àù' changement, .subit qui s'opéra dans
l'expression d'Imogène aussi bien qu'à la signi-
fication des premiers mots prononcés, on s'a-
Au premier tour M. Mathé, rad., avait obtenu 5,102
voix; M. Toussaint, soc.. 3,190; M. Susini, blanquiste,
2,068; M. Salles, soc., 618; M. Rateau, revis., 564.
12e arrondissement (2° circonscription)
Paschal Grousset, rad. soc 4.000
John Labusquière, soc. brouss. 3.548
M. Gronsset, rad. soc., est élu
Au premier tour; M. Paschal Grousset avait obtenu
2,508 voix; M. Labusquière, soc., 2,339; M. Pierre Bau-
din.rad. soc, 1,747.; M. Elie May, soc. révol., 1,247;
M. Thiessé, anc. dép: boul., 418 M. Valette, 196.
14° arrondissement (lre circonscription)
Jacques, dép. sort., rad. 5.171
P. de Susini, anc. dép., boul. 4.356
M. Jacques, rad., est élu
Au premier tour, M. Jacques, rad., avait obtenu
4,445 voix; M. de Susini, boul., 3,290; M. Hamelin, ty-
pog., soc., 2,089; M. Monteil, rad., 1,126; M. Rennesson,
523; M. Chevy, soc., brouss., 227; M. Chevalier, 149.
14° arrondissement (2° circonscription)
Michelin, anc. dép., revis 2.630
Pichont dép. sort., rad. 2.172
M. Michelin, revis., est élu
Au premier tour, M. Michelin, revis., avait obtenu
2,471 voix; M. Pichon, rad., 2,111; M. Lefebvre, soc. al-
lem., 505; M. Lecloux, soc, 117 voix.
15° arrondissement (2e circonscription)
Chauvière, cons. mun., soc. blanq 3.705
G. Laguerre,. dép. sort., rad. revis. 2.917
H. Chauvière, soc., est élu
Au premier tour, M. Chauvière, soc., avait obtenu'
3,322 voix; M. Laguerre, rad. rév., 1,551; M. Delamar-
re, rallié, 1,055 M. Barruel, rép. ind., 1,049.
16° arrondissement
Marmottan, dép. sort., rép 4.476
Astier, rad. soc. 3.467
Calla, anc. dép., monarch 1.790
M. Marmottan, rép., est élu
Au premier tour, M. Marmottan, rép., avait obtenu
4,149 voix; M. Astier, rad. soc., 3.280; M. Calla, mo-
narch., 2.141; M. Langlois, soc., 529.
•17e arrondissement (lro circonscription)
Le Senne; dép. sort., soc. rev 3.722
Bompard, cons. mun., rép. rad 3.225
M. Le Senne, soc. rev., estéln
Au premier tour, M. Le Senne, boul., avait obtenu
3,366 voix M. Bompard, rép. rad., 1,797 M. de Here-
dia, anc. dép., rad 1.556; M. Couturat, soc. allem., 829.
• 18e. arrondissement (lro circonscription)
Sembat, direct. de la Petite République, rad. soc. 2.631
Lamquet, adjoint, rad 1.369
Victor Dalle, soc. brouss. 1.210
0. Monproflt, rad 877
fil. Sembat, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Sembat, rad. soc., avait obtenu
1,556 voix; M. Lamquet, rad., 1,252; M. Monproflt, rép.
rad., 1,052; M. Dalle, soc., 916; M. Legendre, rép. cathof.,
672; M. Dereure, soc., 537; M. Mazelet, soc. allem., 516.
18e arrondissement (2° circonscription)
Rouanet, cons. mun., soc 7.089
Abbé Garnier, soc. chrétien 4.385
Lelorrain, soc. 1.605
M. Konanet, soc., est élu
Au premier tour, M. Rouanet, soc., avait obtenu
6,548 voix; M. l'abbé Garnier, 3,785; M. Lelorrain, soc.,
1,799 M. Laurans, rad. rev., 1,239.
18e arrondissement (3° circonscription)
Lavy, dép. sort.,soc. brouss. 5.273
Hostein, rôp. progr. 4.481
M. Lavy, soc., est élu
Au premier tour, M. Lavy, député sortant, avait ob-
tenu 3,687 voix M. Hostein, rép. progr., 2,389; M. Four-
sin, soc. rev., 2,284;, M. Gérault-Richard, soc., 1,255
M. Reuter, 588.
19° arrondissement (lro circonscription)
Clovis Hugues«anc. dép., soc. 4.566
Delattre, anc. dép., rad 3.781
Arist. Briand, soc. révol 3.352
M. Clovis Hugues, soc., est élu
Au premier tour, M. Clovis Hugues, soc., avait ob-
tenu 3-, 771- voix- M. Delattre, rad., 2,980; M. Briand,
soc. révol. -1,52a;- M: Paris, soc. brouss., 1,505: M. Mau-
rice George, soc. rev., 976; M. Bouderon, soc. allem., 783.
19e arrondissement (2e circonscription)
Prudent Dervillers, cons. mun., soc. brouss. 1.912
Charles Bos, rédacteur au Rappel, rad. soc 1.467
SI. Prudent Derviliers, soc., est élu
Au premier tour, M. Bos, rad. soc., avait obtenu
1,198 voix. M. Prudent Dervillers, soc., 1,151 voix; M.
Fournière, soc., 870 M. Warnault, soc. guesdiste, 643
M. Irénée Blanc, rép. rad., 592; M. Chapelle, revis., 277.
20° arrondissement (lr" circonscription)
Dejeante, chapelier, soc. allem. 4.414
Camélinat, anc. dép., soc 4.129
SI. Dejeante, soc., est élu
Au premier tour, M. Camélinat avait obtenu 3,618
voix; M. Dejeante, soc. allem., 3,269; M. Rolin, soc.
broussiste, 797 M. Guérin, 708; M. Rossignol, soc. ré-
vol., 496; M. Jacquin, 120.
20° arrondissement (2° circonscription)
Vaillant, cons. mun., soc. blanq. 7.353
Patenne, cons. mun., rad. 4.519
M. Vaillant, soc., est élu
Au premier tour, M. Vaillant, soc. blanq., avait ob-
tenu 5,62TVDfx; M,~Pâtènfié~ rad., 4,247 voix; M. Pou-
lain, soc allem:, 1,583; M. Dubelloy, rad. soc., 565; M.
Rahault; Union'nationale, 385.
Arrondissement de Saint-Denis (1™ circonscription)
(Cantons de Pantin et Noisy-le-Sec)
Goussot, dép. sort., soc. rev 5.845
Gelez, empl., soc. allem 3.349
M. Goussot, soc. rev., est élu
Au premier tour, M. Goussot, boul., avait obtenu
4,449 voix ;• M. Gelez, soc. allem., 1,962; M. Pouillet,
rad., 1,465-, M/ Degouy, rad. soc, 1,164; M. Cosson, rép.
mod., 952; M. Gaillot, rép., 345; M. Boizard, rép., 262.
Arrondissement de Saint-Denis (2° circonscription)
(cantons de Saint-Ouen et d'Aubervilliers)
Walter, maire de Saint-Denis, soc. révol 6.606
Lourdelet, rép. prog 4.983
Revest, dép. sort., boul. 4.529
M; Walter, soc, est élu
̃ perçut, presque aussitôt que c'était le prisonnier,
et chacun se tourna en tressaillant vers le banc
des accusés.
Debout, noble, aussi imposant d'aspect et de
tenue que la femme à la barre des témoins,
Craik Mansel faisait face au juge et aux jurés
avec une assurance tranquille, résolue mais
courtoise qui sembla faire immédiatement ou-
blier sa condition d'accusé et le rendre l'égal de
tous les hommes honorables qui l'entouraient.
Et cependant il ne protestait pas plus de sou
innocence qu'il ne se défendait d'être coupable.
Il disait.
Je demande pardon de m'adresser direc-
tement à la cour. D'abord et avant tout, pardon
à mon avocat, dont l'habileté n'a jamais été
plus remarquable que dans cette affaire et dont
je sens que j'encourrais le juste ressentiment
s'il était moins noble et moins généreux.
M. Orcutt le regarda d'un air de surprise et
de sévérité mais le prisonnier, tourné vers le
juge, n'en vit rien et continua
-J'aurais gardé le silence si le peu de
créance que vous et M. l'attorney du district
attachiez évidemment à cette déposition ne de-
vait pas être modifié par suite du dernier appel
que vient de faire le témoin. Je crois, comme
vous, que cette, .déposition ne saurait être ad-
mise et- je prétends; si c'est en mon pouvoir,
qu'elle ne soit pas admise.
Le juge leva la main, comme pour avertir le
prisonnier, et allait parler.
Je vous supplie de m'entendre, dit Man-
sell avec le plus grand calme. Je prie la cour de
ne pas croire que je vais imiter le témoin en
essayant de faire inconsidérément une confes-
sion. Tout ce que je prétends, c'est que l'accusa-
tion qu'elle a portée contre elle-même ne reti-
rera ni force ni importance des doutes que
mon défenseur a fait valoir en ma faveur.
M. Orcutt, qui, dès le premier moment où le
prisonnier avait commencé à parler, avait donné
des preuves d'une grande indécision s'il devait
ou non le laisser continuer, se leva brusque-
ment .à ces mots qui tendaient à la démolition
de toute sa plaidoirie mais un regard d'Imo-
gène sembla donner un autre cours à ses pen-
sées, et il se rassit aussi brusquement.
Le prisonnier voyant qu'il n'avait pas à crain-
dre l'intervention de son avocat et qu'il n'était
pas arrêté par le juge, continua avec le même
calme:
-Hier, je jugeais différemment cette affaire.
Tant que j'avais l'espoir d'être sauvé par une
défense qui paraissait inattaquable, j'aurais été
heureux de l'être; mais, aujourd'hui, je serais un
Au premier-tour, M. Lourdelet, rép. prog., avait ob-
tenu 4,584 voix; M. Revest, boul., 4,129; M. Walter, soc.
révol., 3,127; M. Dain, radical, 2,079; M. Pernin, rév-
2,025 M. Buffenoir, soc. revis., 587; Hébert, 487.
Arrondissement de Saint-Denis (3e circonscription)
(cantons de Levallois et Clichy)
Avez, employé, soc. allem. 4.803
Trébois; 'cons. gén., rad. soc 3.818
M. Avez, soc, est eiu
Au premier tour, M. Trébois, rad. soc., avait obtenu
3,375 voix; M. Avez, soc., 2,234; M. Gabriel, dép. sort.
de Nancy, boul., 1,669; M. Barbézieux, rép. soc, 1,183
M. Ponce, soc., 950; M. Boutet, soc., 590.
Arrondissement de Saint-Denis (4e circonscription'
(cantons de Boulogne et Neuilly)
Lefoullon, cons. gén., rad. 4.149
Maurice-Barres, dép. sort., de Nancy, boul 3.923
Tabanon, cons. général 121
Il. Lefoullon, rad., est élu
Au premier tour, M. Maurice Barrés, boul., avait ob-
tenu 3,264 voix; M. Lefoullon, rad., 2,656; M. Aldabe,
soc., 1,221; M. Houdard, rép., 1,089; Francis de Pres-
sensé, rép., 421.
Arrondissement de Saint-Denis (5° circonscription'
(cantons de Courbevoie, Asnières et Puteaux)
Chauvin, soc. guesd. 5.18?
Viguier, cons. mun. de Paris, rad 4.588
Georgi, révisionniste 3.38?
M. Chauvin, soc., est élu
Au premier tour, M. Chauvin, soc., avait obtenu
3,381 voix; M. Viguier, rad., 2,296; M. Georgi, rev.,
2,257; M. Regnault, rad., 1,505 M. Agostini, rad., 1,165; ¡
M. Féron, .1,149; Prat, 638; M. Léon Roy, 361 M. Cail
Maillard, 193.
Arrondissement de Sceaux (2e circonscription)
(cantons de Charenton, Nogent et Saint-Maur)
Baulard, dép. sort., rad 6.139
Grosse, rad 4.28Ï
Renier, soc 1.609
SI. Baulard, rad., est élu
Au premier tour, M. Baulard, rad., avait obtenu 6,083
voix; M. Grosse, radical, 2,568; M. Guibert, revis., 2,268,
M. Renier, soc., 1,904.
3" circonscription (cantons de Sceaux, Villejuif,
Vanves et Ivry)
Coutant, soc. révol 10.13t
Levêque, cons. gén., rad. 6.47»
Lambert, -revis.. soc 4.77!
M. Contant, soc., est élu
Au premier tour, M. Lévêque, rad., avait obtenu 6,276
voix; M. Coutant, soc. révol., 5,982 M. Lambert, revis.
soc., 4,822; M. Bauregard, 3,416; M. Baudouin, rad.,
1,537. ̃̃
♦ "̃•.
:D:Ëj?A~-r~:MENTS
'-̃̃̃ ̃ AISNE ̃;̃̃ • ̃-̃ ̃.̃"
Arrondissement de Saint-Quentin(lre circonscription)
Hugues, maire de Saint-Quentin, rép 6.816
Braut, publiciste, soc. 6.650
SI. Hugues, rép., est élu
Au premier tour, M. Hugues, rép., avait obtenu 5,758
voix; M. Braut, soc., 3,150; M. Touron, modéré, 2,797;
M. Dumonteil, boul., 2,165.
Arrondissement de Soissons
Firino, cons. gén., rai 7.888
Macherez, dép. sort., rép 6.74?
Ringuier, soc. 801
SI. Firino, rallié, est élu
Au premier tour M. Firino, rallié, avait obtenu 6,79"/
voix; M. Mâcherez, 5,815; M. Ringuier, soc., 2,461.
ALLIER
Arrondissement de Moulins (2e circonscription)
Ville, dép. sort, rad 5.72C
Dubresson, ouvrier peintre, soc. 75
Rondeleux, anc. dép., rép. 391
M. Ville, rad., est élu
Au premier tour, M. Ville avait obtenu 6,108 voix;
M. Rondeleux, rép., 5,097; M. Dubresson, soc., 2,929.
Arrondissement de Montluçon (lre circonscription)
Thivrier, dép. sort., soc. 8.885
Vacher, maire de Montmorault, rép 6 535-
M. Thivrier, soc., est élu
Au premier tour, M. Thivrier, soc., avait obtenu
8,04i voix; M." Vacher, rép., 3,923; M. Viple, rép., 3,048;
M. -Monanè'eS, rë'a'C. 1,512-.
Arrondissement de Montluçon (2« circonscription)
Sauvanet, maire d'Huriel, soc. 6.44t
Dumas, dép. sort., rad 5.43(
M. Sauvanet, soc, est élu
Au premier tour, M. Sauvanet, soc., avait obtenir
4,567 voix; M. Dumas, rad., 3,993; M. Déchaud, 3,485.
Arrondissement de Gannat
Delarue, maire de Gannat, cons. gén., rad. 8.96!
Lesbre, prop., rev. 6.245
SI. Delarne, rad., est élu
Au premier tour, M. Lesbre avait obtenu 5,624 voix
M. Delarue, rad., 4,720; M. Labussière, rép., 4,712.
ALPES (BASSES-) ̃_
Arrondissement de Barcelonnette
Delombre, publiciste, secrétaire général de
l'Association nationale républicaine, rép 1.5ÎJ
Liotard,. avoué à Gap, boul 1.4&
SI. Delombre, rép., est élu
Au premier tour de scrutin, M. Delombre, rép., avait
obtenu 1,135 voix; M. Liotard, 1,081 M. Chabrand, rép.
681.
Arrondissement de Forcalquier
Fruchier, rép 4.71J*
Proal, rép. 2.81?
.SJÛ. Éruéliier, rép., est élu
Au premier tour, M. Proal avait obtenu 2.864 voix
M. Fruchier, rép., 2,496; M. Thourel, rad., 1,913; M.
Guerrier, soc., 269; M. Léger-Bérsoéur, rép., 234.
Arrondissement de Sisteron
Vicomte d'Hugues, réac 2.710
Mac-Adaras, dép. sort., rép 2.425
M. d'Hugues, réac., est*clu ·
Au premier tour, M. Mac-Adaras, rép., avait obtenu
2,004 voix M. de Hugues, réac., 1,635 M. Marcel, rép.,
872; M. Michel, soc., 324; M. Berenger, rad., 135.
lâche si, en présence de la généreuse action de
cette femme, je consentais à un mensonge,
quel qu'il fût, pour la mettre en péril ou lui per-
mettre de se placer entre moi et la destinée qui
m'attend probablement.
« Monsieur, reprit-il en s'adressant pourlapre-
mière fois à son avocat. avec un geste de pro-
fond respect, vous avez dit que le chemin de la
maison de Mrs Clemmens au pont et de là à la
station dé 'Quarry-Monteith ne pouvait pas être
parcouru en quatre-vingt-dix minutes, et vous
le croyiez. Vous ne vous trompiez pas. Non, on
ne peut le parcourir en cet espace de temps.
Mais je déclare maintenant à la cour et aux
jurés que ces quatre-vingt-dix minutes suffisent
si l'on trouve moyen de traverser la rivière
sans faire de détour par la route et le pont. Je
sais, continua-t-il au milieu d'un torrent d'excla.
mations contenues, que, pour beaucoup d'entre
vous, pour vous tous peut-être, ce moyen na
semble devoir être possible que bien rarement r
mais, s'il y avait ici un conducteur de trains dé
-bois flotté, il vous dirait que ces trains de bois,
qui, fréquemment, suivent le courant de la ri.
vière jusqu'à la station, peuvent facilement
aider à la traverser quelqu'un accoutumé à les
diriger; comme je l'étais dans ma jeunesse,pen-
dant l'année que j'ai passée dans les bois du
Maine. En tout cas, c'est sur un de ces trains dî
bois, amarré près de la rive et que je poussai
dans le courant, au moyen d'un long croc ra-
massé sur le gazon, que je traversai la rivièr(
ce jour-là, et, si les experts entendus iciveu'
lent faire cette expérience, ils témoigneront,
j'en suis certain, qu'il est possible de se rendre
de la maison de ma tante à la station de Mon.
teith non seulement en quatre-vingt-dix mi-
nutes, mais en moins de temps. Et tel a été
mon cas.
Et, sans un regard à Imogène, mais d'un ail
presque sublime d'orgueil, il se rassit, repre-
nant une fois de plus son calme inébranlable.
Ce dernier changement dans le kaléidoscope
de faits qui, depuis cette dernière demi-heure,
se contredisaient à chaque instant était plus
que n'en pouvait supporter une foule déjà en
proie à un excitement fiévreux. Il était devenu
évident qu'en répudiant les arguments de son
avocat, Mansell restait sans défense possible.
A. KATH. GREEN
Adaplé de l'anglais par LÉON Bochet.
(A suivre.)
TRENTE-TROISIEME ANNÉE. N° 11790
MARDI 5 SEPTEMBRE 1893
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PARIS.̃ Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr.; Un », 56 fr.
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Xe Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
Vrtsst tiligraphiqut TEMPS PARtS
PARIS, 4 SEPTEMBRE
BULLETIN DU JOUR
̃'••" li REVISION BELGE
Pendant que le corps électoral français, au
second tour de scrutin, établissait sur des bases
Immuables et définitives l'édifice de la Répu-
blique progressiste et libérale, les Chambres
belges finissaient par se mettre d'accord sur la
dernière question en suspens entre elles et
achevaient l'œuvre de la revision constitution-
nelle.
Cette œuvre a été lente et laborieuse. L'autre
jour, un député libéral-unionniste au Parle-
ment anglais, M. Courtney, qui est un es-
prit éminemment paradoxal et original, pour
ne pas dire excentrique, et dont on a écrit fort
justement qu'il ne serait pleinement satisfait
que le jour où il serait le dernier champion
d'une cause absolument privée de défenseurs,
signalait avec envie en réponse au reproche de
M. Gladstone, accusant l'opposition au home
rule d'obstructionnisme, les trois ans consacrés
,par les Chambres belges à la révision.
Trois ans, c'est un morceau de la vie d'un
peuple et il faut avouer que les théoriciens de
a lenteur qui, comme M. Courtney, estiment
que le devoir des Parlements est, non pas de
voter et de légiférer, mais de tourner indéfini-
ment la manivelle d'une discussion intermina-
ble, ont pu jeter à bon droit des yeux jaloux sur
les Chambres du royaume de Belgique. Ce n'a
point été tout à fait le sentiment des hommes
,1'Etat qui portaient la responsabilité de cette
grande entreprise.
M. Beernaert, en particulier, le premier mi-
nistre, qui avait assumé avec courage cette
̃ iourde tâche, a été tenté à plusieurs reprises de
jeter le manche après la cognée. On se souvient
de l'inipasse où le Parlement belge semblait
s'être engagé le printemps dernier à propos du
régime électoral de la Chambre des députés.
Tous les systèmes, successivement mis aux
Voix, avaient succombé l'un après l'autre sous
des votes de coalition qui n'obtenaient que des
majorités de négation. Le pays, les Chambres,
le gouvernement se trouvaient devant une table
rase. Il ne fallut rien moins que l'intervention
menaçante des masses populaires profondes,
que les premiers grondements d'un orage révo-
lutionnaire, que le déchaînement partiel de la
fameuse grève universelle, cette ultima ratio
des classes ouvrières de notre temps pour avoir
raison de ces résistances et faire triompher,
avec des conditions assez bizarres, le principe
du suffrage universel.
Cette crise fut grave mais là du moins il y
avait de grandes questions engagées et, si l'on
ose dire, le jeu en valait la chandelle. Tout au
contraire, le dernier écueil sur lequel faillit
échouer la revision, à l'entrée même du port,
était décidément une divergence de vues sur un
point si minime qu'on avait peine à en saisir
l'intérêt.
Il s'agissait, non pas même des conditions d'é-
ligibilité pour le Sénat tout entier, mais du taux
du cens à exiger de la catégorie des éligibles au
Sénat qui seront élus par le suffrage universel
des provinces. A plusieurs reprises les deux
Chambres se heurtèrent et se buttèrent a des
solutions qui différaient infinitésimalement et
dont le microscope politique le plus grossissant
avait peine à discerner les variations. Finalement
le bon sens a prévalu, on s'est mis d'accord sur
une transaction, la revision est à bon port.
Comme il faut que les amateurs de statis-
tique rapetissent tout ce qu'ils touchent, un
de ces messieurs a calculé que l'ancienne
Constitution comprenait 139 articles et 4,369
mots, qu'on a supprimé 214 mots pour en ajou-
'ter 787, soit un accroissement de 573 mots, à la
confection desquels la Chambre a consacré 98
et le Sénàt 17 séances de quatre heures en
moyenne, ce qui donne un peu plus d'une heure
de travail législatif par mot.
Voilà pour le côté extérieur. Il en est un plus
important.
La Belgique a définitivement abandonné le
régime censitaire pour adopter le régime démo-
cratique. Elle a fait pacifiquement près d'un
demi-siècle plus tard l'évolution que la France
a fait, brusquement par la révolution de Fé-
vrier pour passer, de la Constitution bourgeoise
et de la domination des classes moyennes sous
la monarchie de Juillet, à la suprématie du suf-
frage universel.
Nul ne contestera que ce changement ne fût
nécessaire. Le dix-neuvième siècle n'a plus
guère de place pour les formes de transition.
Partout, soit comme républiques, soit comme
monarchies parlementaires, des Etats-Unis à la
Grande-Bretagne et au continent, c'est la démo-
cratie qui l'emporte! On ne se met pas en tra-
vers d'un tel courant et M. Beernaert et ses col-
lègues ont déployé les qualités de véritables
hommes d'Etat en réalisant par la voie pacifi-
que de l'évolution une transformation qui eût
pu être dangereuse sous la forme de révolu-
tion.
Toutefois, il ne faut pas se dissimuler qu'en
Belgique, comme autre part, la démocratie pure
a ses preuves à faire comme gouvernement et
comme instrument d'ordre et de progrès dans
nos sociétés modernes. Il est permis aux esprits
les plus fermes, les plus détachés d'un culte su-
FEUILLETON DU J&£\Up$
DU 5 SEPTEMBRE 1893 138J
LA MAIN ET LA BAGUE
̃• XXIV- (Suite)
En un instant, M. Ferris, M. Orcutt, tous les
spectateurs, suspendus à ses lèvres, compri-
rent qu'au lieu de témoigner contre le prison-
nier, elle témoignait contre elle-même, en d'au-
tres termes, qu'Imogène Dare, rendue folle par
•la terrible alternative de. perdre son amant ou
•de se sacrifier elle-même, avait cédé à la force
de son amour ou au cri de sa conscience et,
en présence du juge et des jurés, se proclamait
1 assassin de Mrs Clemmens.
Le moment qui suivit fut effrayant.
Le prisonnier, probablement le seul des assis-
tants qui eût deviné son intention quand elle
avait commencé à parler, était retombé sur son
siège et s'était caché le visage dans les mains
avant le fatal aveu; mais M. Orcutt, les yeux di-
latés, les lèvres entr'ouvertes, était plongé dans
un tel état de consternation qu'il n'eut pas
même la force de pousser le cri d'angoisse qui
lui vint involontairement aux lèvres quand les
dernières paroles d'Imogène le frappèrent au
cœur.
Quant à M. Ferris, il restait muet, absolu-
ment incapable d'articuler un mot en présence
de cette terrible confession, qu'il avait, sans le
Vouloir, arrachée au témoin, tandis que, d'un
bout de la salle à l'autre, l'assistance était en
proie à une inexprimable émotion.
Le juge fut le premier à reprendre son calme.
Miss Dare, dit-il lentement et de ce ton de
douceur dont rien ne pouvait jamais le faire
départir, comprenez-vous la gravité du témoi-
gnage que vous venez de porter devant la cour? 1
Elle baissa la tête et ne répondit pas.
Je crains que vous ne soyez pas en état de
comprendre l'effet de vos paroles, continua le 1
Juge^Votre sympathie pour l'accusé ou l'exdta-
Reproduction interdite. ? J
perstitieux du passé, les plus ouverts à l'ave-
nir, d'adresser un salut respectueux à cette Con-
stitution belge qui a cessé' d'être après avoir
donné plus d'un demi-siècle de liberté, de paix,
de sécurité et de dignité à ce petit peuple si
grand par son histoire.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
.̃̃̃̃ Berlin, 4 septembre, 8 h. 10.
On dit que le Reichstag sera convoqué dans les
premiers-jours de novembre.
La visite que le président du conseil des ministres
wurtembergeois, M. de Mittnacht, a faite à Kissin-
gen à M. de Bismarck continue à servir de commen-
taires à la presse.
Généralement, on croit que M. de Mittnacht avait
la mission d'inviter M. de Bismarck à ne pas com-
battre dans ses allocùtions la politique économique
actuelle du gouvernement, et à ne pas trop encou-
rager, comme il l'avait fait, l'esprit particulariste
dans les Etats confédérés.
Vienne, 4 septembre, 9 heures.
L'empereur François-Joseph est arrivé à Jaros-
law, où il a été reçu par les archiducs, qui vont as-
sister avec lui aux grandes manoeuvres.
A une députation de la noblesse, qui lui souhai-
tait la bienvenue, l'empereur a répondu en faisant
l'éloge du patriotisme des habitants de la Galicie et
du gouvernement provincial.
Rome, 4 septembre, 10 heures.
Toutes les préoccupations du ministère sont ac-
tuellement tournées vers la situation financière
qu'on voudrait à tout prix améliorer. M. Gagliardo
a invité quelques financiers à lui présenter des pro-
jets pour alléger la dette du trésor qui est d'un
demi-milliard. Des mesures sont urgentes, car la
rente baisse et le change monte toujours; il est au-
jourd'hui à 12 0/0. Un des financiers consultés pro-
pose, entre autres mesures, de reprendre le projet
d'annulation des actes non enregistrés, persuadé
qu'on .ferait ainsi augmenter considérablement le
produit de la taxe du timbre et de l'enregistre-
ment.
Tous ces projets seront examinés par M. Ga-
gliardo, qui les soumettra à ses collègues du cabi-
net, dans une série de conseils avant l'ouverture
des Chambres. Le ministère veut répondre, par la
présentation de nombreux projets financiers à l'ac-
cusation des amis de M. Crispi, que la situation
financière était meilleure alors que le député de Pa-
lerme était au pouvoir.
(Service tiavas)
Alger, 4 septembre.
Le conseil de préfecture a annulé l'élection de M.
Pourailly comme maire de Miliana.
Alger, 4 septembre.
Le prince. Dueng-Chacr. est arrivé à Djelfa, lieu de
son internement.
Oran, 4 septembre.
M. Havard, conseiller général d'Oran, dont l'élection
a été invalidée, a été réélu hier.
LE.. SCRUTIN.. DE BALLOTTAGE
Le résultat le plus apparent de la journée
électorale d'hier, le trait qui en restera la
caractéristique, c'est la défaite du parti ra-
dical, ou, pour être plus exact, de l'ancienne
extrême gauche de la Chambre. Ce parti est
réellement décapité. L'échec de M. Clemen-
ceau dans le Var, de MM. Pichon, Maujan,
Floquet, Mathé à Paris, le réduit, pour le
moment, à l'impuissance et modifie considé-
rablement la carte parlementaire et le rap-
port des forces qui vont y manœuvrer. Avec
M. Clemenceau surtout, c'est plus qu'un
orateur de premier ordre qui disparaît, plus
même qu'un chef de parti, c'est un système
politique, le système de l'ancienne concen-
tration et de la tyrannie des radicaux sur le
gouvernement qui s'évanouit et laisse enfin
le champ libre à une nouvelle méthode et à
de nouvelles combinaisons.
Quand on se rappelle l'histoire d'un passé
encore récent, on n'a pas trop de peine à
s'expliquer ce désastre d'un grand parti et
cet échec d'hommes qui semblaient encore,
hier, si puissants. Leurs coquetteries réglées
avec le socialisme, voilà ce qui les a perdus.
Il y a dix à douze ans, M. Clemenceau
s'affirma républicain radical pour se séparer
du gros de la majorité et pouvoir librement
faire la guerre à Gambetta, le leader de cette
majorité. En 1885, l'épithète de radical ne
suffisait déjà plus. Pour ne pas se laisser
déborder à son tour vers sa gauche, M. Cle-
menceau et ses partisans prirent celle de
socialistes. Puis le mot républicain a disparu
et l'on s'est contenté de se dire radical-so-
cialiste enfin, dernièrement, à Carmaux, on
adoptait le cri de ralliement du socialisme
lui-même « Vive la République sociale »
Et cependant toutes ces politesses aux col-
lectivistes ne servaient de rien car les radi
caux de l'école de M. Clemenceau n'étaient
rien moins que collectivistes. Aussi leur
embarras était-il grand, comme le prouva la
tion que vous a causé votre rappel à la barre
des témoins vous a énervée et troublée. Prenez
le temps de vous remettre, miss Dare. La cour
attendra. Réfléchissez de nouveau, et, alors,
vous nous direz la vérité.
Mais Imogène, la tête inclinée, les lèvres
blanches, répondit précipitamment
Je n'ai pas à réfléchir. J'ai dit, j'ai essayé
de faire comprendre comment Mrs Clem-
mens est morte. Elle a été frappée par moi.
Craik Mansell est innocent.
A cette répétition, par des paroles distinctes,
de ce qu'elle avait, auparavant, affirmé seule-
ment par un geste, le juge cessa ses questions,
et l'horreur de la foule se manifesta par un long
murmure.
Hickory, demanda Byrd à son collègue,
est-ce cela que vous attendiez depuis ces quel-
ques jours derniers?
Cela? répéta l'autre. Non. non, réellement.
Je. je. ne sais, ma foi, pas ce que j'attendais;
mais, bien sûr, ce n'était pas cela.
Et il regardait Imogène avec une expression
mêlée de doute et d'étonnement.
-Mais, bégaya Byrd, elle ne dit pas la vé-
rité, c'est bien évident.
Chut! Il vaut mieux en ce moment, écouter
que causer. Orcutt va parler.
Le grand avocat, en effet, après un court et
violent effort pour surmonter l'épouvantable
émotion que lui causait l'aveu d'Imogène, se le-
vait pour s'adresser de nouveau à la cour.
Ses premiers mots, prononcés de ce ton écla-
tant dont il avait le secret, furent comme une
bouffée d'air frais dans une atmosphère sur-
chauffée, et, immédiatement, l'audience reprit
son aspect ordinaire, cérémonieux et solennel. l'
Ce témoignage n'a aucune valeur, dit-il.
C'est le délire de la fièvre. Le témoin a été tel-
lement torturée par la question du ministère
public qu'elle n'est pas responsable de ses paro-
les.
Et,- s'adressant à l'attorney, qui, aux premiè-
res paroles de son adversaire s'était réveillé de
la stupeur où l'avait plongé la terrible et inat-
tendue confession d'Imogène, il continua
-Si mon savant adversaire n'a pas perdu tout
sentiment d'humanité, il renoncera à l'audition
d'un témoin en proie à une aberration d'esprit
d'un si grave caractère.
M. Perris étaitun hommeirritable; mais, tou-
ché de sympathie pour son ami chancelant sous
un coup si rude, il se tourna vers le juge, en
disant °
Votre Honneur, je désire que la cour sache i
que l'aveu que vient de faire le témoin est
rédaction si laborieuse de leur dernier mani-
feste. Ilsne voulaient passe laisserconfondre
avec les disciples de MM. Guesde et La-
fargue-et, -d'un autre côté, ils avaient une
eur terrible de les froisser. En les voyant
dans cette situation ambiguë, la démocratie
ouvrière, surtout celle de Paris les a tout à
fait abandonnés. Ils peuvent s'en rendre
compte aujourd'hui; le scrutin d'hier le
prouve avec une entière évidence, c'est le
socialisme condamné et flatté par eux tout
ensemble, qui les a dévorés. C est un socia-
liste qui a assuré à Draguignan la défaite de
M. Clemenceau, un socialiste qui a battu
M. Floquet, deux autres socialistes qui ont
pris la place de MM. Mathé et Maujan, un
socialiste panaché de boulangisme, enfin,
qui a. fait échec à M. Pichon. La liste
de ces suggestifs exemples ne s'arrêterait
pas là. Mais, telle qu'elle est, elle suffit am-
plement à notre démonstration.
Si les socialistes, en effet, gagnent plu-
sieurs sièges dans le scrutin d'hier c'est en
général aux dépens des radicaux et des bou-
langistes. Leurs progrès méritent quelque
attention. Là même où leurs candidats ne
sont pas élus, ils ont réuni à Paris et. dans
la banlieue au moins, comme dans quelques
centres ouvriers de province, un nombre
considérable de voix et serré souvent de
très près, leurs adversaires. Le second trait
de la ̃journée d'hier, c'est donc l'avènement
à la vie politique d'un parti socialiste com-
pact qui succède au parti radical épuisé
parce qu'au fond il en est la transformation
logique. Désormais le rapport des socialistes
et des radicaux dans le Parlement va se
trouver renversé. Hier, les premiers n'étaient
qu'un appoint presque, insignifiant pour les
seconds? -les seconds viennent de perdre leur
hégémonie, et, s'ils ne se séparent pas du
socialisme devenu dominant, ils n'en seront
plus à leur tour que les humbles acolytes.
Les conséquences parlementaires de ce
renversement des situations et des rôles ne
seront pas moins importantes. Il est clair
que la concentration gouvernementale avec
les radicaux a vécu; car MM. Millerand et
Goblet, devenus les chefs de l'extrême gau-
che socialiste, représentent précisément le
contraire de. la concentration avec les oppor-
tunistes et- même se sont fait nommer sur-
tout polir la combattre. Au lieu d'un radica-
lisme caméléon prêt toujours à prendre les
avantages du pouvoir, tout en en déclinant
les responsabilités, la majorité républicaine
va avoir devant soi un parti socialiste avec
une doctrine très arrêtée et des chefs très
ambitieux». Cette 'situation doit, de gré ou de
force, l'amener à se constituer plus étroite
et plus homogène pour gouverner contre le
socialisme qui apparaît pour la République
comme le vrai danger de l'avenir.
Se constituer ainsi en pleine indépendance
et pratiquer une politique suivie et ferme,
cette majorité républicaine le peut en toute
sécurité, car la journée d'hier-et c'en est
le troisième caractère distinctif l'a con-
solidée et accrue en consommant la défaite
des m'ôttâ.fcMst.Qs.près les radicaux, ce
sont,, en effet, ces- derniers qui sortent le
plus éprouvés de la lutte. Il suffit de rappe-
ler l'échec de M. de Cassagnac, battu dans
ce fief de Mirande d'où il défiait la Répu-
blique de jamais l'expulser. Hier le fief a
abandonné son ancien possesseur et a passé
à la République. Mais ce n'est pas l'unique
défaite des adversaires de nos institutions.
M. de.LamarzeJle..est. battu, à Lorient, M.
Le Provost de Launay dans les Côtes-
du-Nord, et d'autres ailleurs qu'il se-
rait trop long de nommer. Qu'on songe
seulement à ceci que la République, hier, a
gagné plus de vingt-cinq sièges, soit pour
les deux tours un total de plus de quatre-
vingts sièges, gagnés par les républicains
sur les partis que nous avons toujours dé-
signés comme anticonstitutionnels.
Nous ne croyons donc pas céder à des im-
pressions et à des calculs trop optimistes
en concluant que les élections, dans leur
ensemble, ont été bonnes pour la Républi-
que, qu'elles ont. accru la force des idées de
sagesse et d'apaisement dans la Chambre et
promettent, pour la législature prochaine,
ce que nous avons instamment demandé
une organisation plus sincère et un fonc-
tionnement plus normal du régime parle-
mentaire.
L'ère • des récriminations et des violences
doit être close désormais. Il ne s'agit plus
que de donner un gouvernement à la France,
dans l'Europe médiocrement bienveillante.
Tout le monde, ou presque tout le monde,
vient .à. la -nouvelle Chambre dans ces heu-
reuses dispositions. A ceux qui ont la su-
prême initiative, de le voir et d'en profiter.
une surprise aussi grande pour moi que pour
tout le monde dans cette enceinte. Le fait que je
me proposais d'élucider par son témoignage
était d'une nature toute différente. Dans une
conversation, la nuit dernière.
M. Orcutt, hésitant entre son intérêt pour
Imogène et son devoir envers son client, ne lui
permit pas. de. continuer.
Je m'oppose, s'écria-t-il, à toute tentative
d'influencer le jury par le récit d'une conversa-
tion entre l'attorney et le témoin. Par son résul-
tat, nous pouvons juger de sa nature, mais nous
n'avons que faire des détails.
Alors, élevant la voix qui retentit dans la salle
comme un clairon
-Le momentest trop sérieuxpourse quereller.
Un spectacle, le plus terrible qui puisse se pré-
senter aux yeux d'un homme, est devant vous.
Une femme, jeune, belle et, jusqu'à ce jour, en-
tourée du respect de tous, prise dans les serres
d'un cruel destin, a, dans un moment de folle
terreur, prononcé des paroles qui semblent être
la confession d'un crime. Mais, je le demande à
Votre Honneur et à messieurs les jurés, n'est-ce
pas là un acte à éveiller la pitié et rien que la
pitié? -Ni mon client ni moi-même ne pouvons
le considérer sous un autre jour, et, quand bien
même la cause de M. Mansell serait dix fois
plus désespérée qu'elle ne l'est, quand bien
même une condamnation de votre part devrait
l'atteindre au lieu d'un acquittement triomphal,
il ne serait pas l'homme que je crois s'il con-
sentait à accepter une délivrance basée sur une
déclaration si manifestement dénuée de vérité.
Je renouvelle donc mon objection de tout à
l'heure et demande à Votre Honneur de repous-
ser ce témoignage comme étranger à la discus-
sion et je prie mon honorable adversaire de ne
pas donner suite à un interrogatoire aussi inu-
tile à sa cause qu'à la mienne.
Je suis d'accord avec mon ami, répondit
M. Ferris, que le moment est mal choisi pour la
controverse. Qu'il plaise, en conséquence, à la
cour me donner acte de ma renonciation à l'au-
dition du témoin, quoiqu'en le faisant je sois
forcé d'abandonner tout èspoir de prouver un
fait important sur lequel j'avais compté pour
réduire à néant le système de la défense.
Sur le signe d'acquiescement du juge, l'attor-
ney se tourna vers miss Dare et la pria de rega-
gner sa place.
Elle ne bougea pas, mais, les yeux fixés sur
le juge, répondit:
• –Pardonnez-moi, Votre Honneur. Je désire
ne pas quitter la barre des témoins avant d'a-
voir clairement déclaré que c'est moi, et non le
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DU 3 SEPTEMBRE 1893
(Scrutin de ballottage)
I\A.:B.IS ET LA SEINE
1er arrondissement
René Goblet, rad. soc. 5.052
Muzet, cons. mun., rép 3.949
M. Goblet, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Goblet, rad. soc. avait obtenu
4,520 voix; M. Muzet, cons. mun., rép., 2,310; M. Yves
Guyot, dép. sort., rép., 2,158; M. Pierre Petit, républ.
cathol., 108.
3e arrondissement
Chautemps, dép. sort., rad. 6.238
Champy, horl. anc. m. de la Comm., soc. allem. 4.774
Donzel, avocat, rad. soc 1.402
M. Chautemps, rad., est élu
Au premier tour, M. Chautemps, dép. sort., avait ob-
tenu 6,723 voix; M. Champy, soc. allem., 2,753; M. Don-
zel, rad., 2,086; M. Maxime Monot, soc, 1,681.
4e arrondissement (2° circonscription)
Chassaing, dep. sort., rad. soc 2.952
Ruel, cons. mun., rép 2.617
M. Chassaing, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Chassaing, dép., sort., avait ob-
tenu 1,872 voix; M. Ruet, cons. munie, 1,867; M. Le-
vasseur, rép. soc., 1,870; M. Opportun, cons. mun.,
rad., 796.
5e arrondissement (1™ circonscription)
René Viviani, rad. soc. 3.874
Sauton, cons. mun., rad.̃ 2.682
M. Viviani, rad. soc, est élu
Au premier tour, M. Sauton, rad., avait obtenu 3,574
voix; M. Viviani, soc., 3,248; M. Champion, lib., 791;
M. Stroobant, soc. broussiste, 1,376.
5« arrondissement (2e circonscription)
,Emile Trélat, dép. sort., rép 2.927
Sigismond Lacroix, anc. dep. rad. soc. 2.442
Dejeois, soc., allem 2.079
M. Trélat, rép., est élu
Au premier tour, M. Trélat, dép. sort., avait obtenu
2,249 voix; M. Sigismond Lacroix, rad. soc., 1,714; M.
Deschamps, cons. mun., rad. soc., 1,699; M. Degois,
soc. allem., 1,427; M. Mordacq, rev., 520.
6e arrondissement (lre circonscription)
Albert Pétrot, rad. soc 2.738
Dr Després, dép. sort. rép. lib. 2.667
M. Pétrot, rad., est élu
Au premier tour, M. Després, rép. lib., avait obtenu
2,247 voix M. Pétrot, rad. soc, 1,534 M. Bernier, revis.,
1,080; M. Delacour, soc., 680; M. de Nouvion, rép.
progr., 205.
6e arrondissement (2e circonscription)
Jules Leveillé, rép 3.823
Deville, cons. mun., rallié 3.613
M. Jules Leveillé, rép., est élu
Au premier tour, M. Deville avait obtenu 3,316 voix;
M. Defert, maire du 6e arrond., rép., 2,333; M. Vallet,
rad. soc., 2,169.
7e arrondissement
Frébault, anc. dép., rad 5.985
Paul Lerolle, cons. mun., réac 5.708
M. Frébault, rad., est élu
Au premier tour; M; Frébault, rad., avait obtenu
4,598 voix; M: Lerolle, cons, 4,448; M. Andrieux, ancien
préfet de police, revis., 3,256.
8e arrondissement (l™ circonscription)
Denys Cochin, cons. mun., réac 3.052
Frédéric Passy, anc. dép., rép 2.512
SI. Denj-s Cochin, réac, est élu
Au premier tour, M. Denys Cochin, réac., avait ob-
tenu 2.-316 -voix-, M.- Frédéric Passy, rép., 1,954; M.
Chassaigne-Goyon-.revis. plébiscit., 867 M. G. de La-
bruyère, revis., rép., 722.
8e arrondissement (2° circonscription)
Binder, cons. mun., réac 1.777
Marius Martin, dép. sort., revis. plébiscit 29
M. Binder, réac, est élu
Au premier tour, M,. Binder, réac., avait obtenu 1.377
voix te général Lewal, rép., 991; M. Marius Martin,
revis., 777.
9e arrondissement (lre circonscription)
Georges Berry, cons. mun., ral. 3.343
L.tL. Klotz, rép. progr 2.193
IL Berry, rallié, est élu
Au premier tour, M. Georges Berry, rallié, avait ob-
tenu 2,622 v'oïx;' M. Emile Ferry, dép, sort., rép., 1,388;
M. L.-L. Klotz, 1,384.
10e arrondissement (lre circonscription)
Groussier, mécanicien, soc. allem. 5.816
Maujan, dép. sort., rad 3.286
Jehan, libéral soc 1.324
M. Groussier, soc., est élu
Au premier tour, M. Groussier, soc. allem., avait ob-
tenu 4,249 voix; M. Maujan, rad., 4,161 M. Jehan, libé-
ral, 1,854 M. Girardin, rad. soc., 1,025 M. Cordiér,
soc.,161,
11e arrondissement (lre circonscription)
Faberot, chapelier, soc. allem 4.379
Floquet, dép. sort., rad. 3.229
M. Faberot, soc., est élu
Au premier tour M. Floquet, rad., avait obtenu 2,913
voix; M. Faberot, soc,, 2,078; M. Lagasse, rad. soc, 1,550;
M. Protot, soc. révol., 824; M. Soudant, soc., 368 Di-
vers, 150.
11e arrondissement (3e circonscription)
Toussaint, employé, soc. allem 5.949
Henri Mathé, dép. sort., rad. 5.159
M. Toussaint, soc., est élu
prisonnier, qui suis responsable de la mort de 1
Mrs Clemmens. L'angoisse que j'ai eue à subir
en témoignant contre lui. me donne le droit de
prouver son innocence et ma culpabilité.
Mais, répliqua le juge, nous ne vous ju-
geons pas en état de témoigner devant la cour
aujourd'hui, même contre vous-même. Si ce
que vous dites est vrai, vous aurez toute oppor-
tunité plus tard pour confirmer vos affirmations,
car il faut que vous sachiez, miss Dare, qu'une
confession de cette nature ne serait pas suffi-
sante si elle n'était pas corroborée par des
preuves positives.
Mais, Votre Honneur, j'ai des preuves qui
confirmeront mon affirmation.
Et, au milieu de l'étonnement général, elle leva
la main et, pointant son index vers Hickory
Appelez cet nomme et demandez-lui de
répéter sa conversation avec une jeune ser-
vante du nom de Roxana dans l'observatoire du
professeur Darling il y a quelques semaines.
La soudaineté de cette déclaration, la calme
assurance dont elle la fit en même temps que
l'intention évidente d'en appeler à un témoi-
gnage pour appuyer sa confession produisirent
un effet extraordinaire sur l'assemblée. M. Or-
cutt lui-même, profondément troublé, jetait des
regards effarés de la main étendue d'Imogène
au détective, interdit. Et, en vérité, pour lui
et pour ̃ tous– -ce moment était plus rempli
d'horreur que celui oii elle s'était accusée elle-
même, car ce qui, alors, avait semblé vague
comme un rêve devenait une réalité terrible.
Imogène seule restait impassible. Les yeux
toujours fixés sur Hickory elle reprit
Il ne vous a pas dit, pas plus que moi, tout
ce qu'il sait sur cette affaire. Si mon affirmation
a besoin d'être corroborée, adressez-vous à lui.
Et, profitant de la sensation produite par ce
dernier appel, elle attendit, sans quitter sa
place, que le juge prît la parole, aussi calme
que si elle n'avait plus rien à craindre ou à es-
pérer en ce monde.
Mais le juge restait interdit devant ce spec-
tacle de la jeunesse et de la beauté insistant sur
sa propre culpabilité, et ni M. Ferris ni M.
Orcutt ne trouvaient un mot à répondre.
Un silence de mort régna dans l'assemblée.
Tout à coup, une voix basse mais ferme s'é-
.leva de la partie de la salle où celle de l'avocat
avait si souvent retenti. C'était une voix incon-
nue, et pendant une seconde on se demanda qui
parlait.
Mais, àù' changement, .subit qui s'opéra dans
l'expression d'Imogène aussi bien qu'à la signi-
fication des premiers mots prononcés, on s'a-
Au premier tour M. Mathé, rad., avait obtenu 5,102
voix; M. Toussaint, soc.. 3,190; M. Susini, blanquiste,
2,068; M. Salles, soc., 618; M. Rateau, revis., 564.
12e arrondissement (2° circonscription)
Paschal Grousset, rad. soc 4.000
John Labusquière, soc. brouss. 3.548
M. Gronsset, rad. soc., est élu
Au premier tour; M. Paschal Grousset avait obtenu
2,508 voix; M. Labusquière, soc., 2,339; M. Pierre Bau-
din.rad. soc, 1,747.; M. Elie May, soc. révol., 1,247;
M. Thiessé, anc. dép: boul., 418 M. Valette, 196.
14° arrondissement (lre circonscription)
Jacques, dép. sort., rad. 5.171
P. de Susini, anc. dép., boul. 4.356
M. Jacques, rad., est élu
Au premier tour, M. Jacques, rad., avait obtenu
4,445 voix; M. de Susini, boul., 3,290; M. Hamelin, ty-
pog., soc., 2,089; M. Monteil, rad., 1,126; M. Rennesson,
523; M. Chevy, soc., brouss., 227; M. Chevalier, 149.
14° arrondissement (2° circonscription)
Michelin, anc. dép., revis 2.630
Pichont dép. sort., rad. 2.172
M. Michelin, revis., est élu
Au premier tour, M. Michelin, revis., avait obtenu
2,471 voix; M. Pichon, rad., 2,111; M. Lefebvre, soc. al-
lem., 505; M. Lecloux, soc, 117 voix.
15° arrondissement (2e circonscription)
Chauvière, cons. mun., soc. blanq 3.705
G. Laguerre,. dép. sort., rad. revis. 2.917
H. Chauvière, soc., est élu
Au premier tour, M. Chauvière, soc., avait obtenu'
3,322 voix; M. Laguerre, rad. rév., 1,551; M. Delamar-
re, rallié, 1,055 M. Barruel, rép. ind., 1,049.
16° arrondissement
Marmottan, dép. sort., rép 4.476
Astier, rad. soc. 3.467
Calla, anc. dép., monarch 1.790
M. Marmottan, rép., est élu
Au premier tour, M. Marmottan, rép., avait obtenu
4,149 voix; M. Astier, rad. soc., 3.280; M. Calla, mo-
narch., 2.141; M. Langlois, soc., 529.
•17e arrondissement (lro circonscription)
Le Senne; dép. sort., soc. rev 3.722
Bompard, cons. mun., rép. rad 3.225
M. Le Senne, soc. rev., estéln
Au premier tour, M. Le Senne, boul., avait obtenu
3,366 voix M. Bompard, rép. rad., 1,797 M. de Here-
dia, anc. dép., rad 1.556; M. Couturat, soc. allem., 829.
• 18e. arrondissement (lro circonscription)
Sembat, direct. de la Petite République, rad. soc. 2.631
Lamquet, adjoint, rad 1.369
Victor Dalle, soc. brouss. 1.210
0. Monproflt, rad 877
fil. Sembat, rad. soc., est élu
Au premier tour, M. Sembat, rad. soc., avait obtenu
1,556 voix; M. Lamquet, rad., 1,252; M. Monproflt, rép.
rad., 1,052; M. Dalle, soc., 916; M. Legendre, rép. cathof.,
672; M. Dereure, soc., 537; M. Mazelet, soc. allem., 516.
18e arrondissement (2° circonscription)
Rouanet, cons. mun., soc 7.089
Abbé Garnier, soc. chrétien 4.385
Lelorrain, soc. 1.605
M. Konanet, soc., est élu
Au premier tour, M. Rouanet, soc., avait obtenu
6,548 voix; M. l'abbé Garnier, 3,785; M. Lelorrain, soc.,
1,799 M. Laurans, rad. rev., 1,239.
18e arrondissement (3° circonscription)
Lavy, dép. sort.,soc. brouss. 5.273
Hostein, rôp. progr. 4.481
M. Lavy, soc., est élu
Au premier tour, M. Lavy, député sortant, avait ob-
tenu 3,687 voix M. Hostein, rép. progr., 2,389; M. Four-
sin, soc. rev., 2,284;, M. Gérault-Richard, soc., 1,255
M. Reuter, 588.
19° arrondissement (lro circonscription)
Clovis Hugues«anc. dép., soc. 4.566
Delattre, anc. dép., rad 3.781
Arist. Briand, soc. révol 3.352
M. Clovis Hugues, soc., est élu
Au premier tour, M. Clovis Hugues, soc., avait ob-
tenu 3-, 771- voix- M. Delattre, rad., 2,980; M. Briand,
soc. révol. -1,52a;- M: Paris, soc. brouss., 1,505: M. Mau-
rice George, soc. rev., 976; M. Bouderon, soc. allem., 783.
19e arrondissement (2e circonscription)
Prudent Dervillers, cons. mun., soc. brouss. 1.912
Charles Bos, rédacteur au Rappel, rad. soc 1.467
SI. Prudent Derviliers, soc., est élu
Au premier tour, M. Bos, rad. soc., avait obtenu
1,198 voix. M. Prudent Dervillers, soc., 1,151 voix; M.
Fournière, soc., 870 M. Warnault, soc. guesdiste, 643
M. Irénée Blanc, rép. rad., 592; M. Chapelle, revis., 277.
20° arrondissement (lr" circonscription)
Dejeante, chapelier, soc. allem. 4.414
Camélinat, anc. dép., soc 4.129
SI. Dejeante, soc., est élu
Au premier tour, M. Camélinat avait obtenu 3,618
voix; M. Dejeante, soc. allem., 3,269; M. Rolin, soc.
broussiste, 797 M. Guérin, 708; M. Rossignol, soc. ré-
vol., 496; M. Jacquin, 120.
20° arrondissement (2° circonscription)
Vaillant, cons. mun., soc. blanq. 7.353
Patenne, cons. mun., rad. 4.519
M. Vaillant, soc., est élu
Au premier tour, M. Vaillant, soc. blanq., avait ob-
tenu 5,62TVDfx; M,~Pâtènfié~ rad., 4,247 voix; M. Pou-
lain, soc allem:, 1,583; M. Dubelloy, rad. soc., 565; M.
Rahault; Union'nationale, 385.
Arrondissement de Saint-Denis (1™ circonscription)
(Cantons de Pantin et Noisy-le-Sec)
Goussot, dép. sort., soc. rev 5.845
Gelez, empl., soc. allem 3.349
M. Goussot, soc. rev., est élu
Au premier tour, M. Goussot, boul., avait obtenu
4,449 voix ;• M. Gelez, soc. allem., 1,962; M. Pouillet,
rad., 1,465-, M/ Degouy, rad. soc, 1,164; M. Cosson, rép.
mod., 952; M. Gaillot, rép., 345; M. Boizard, rép., 262.
Arrondissement de Saint-Denis (2° circonscription)
(cantons de Saint-Ouen et d'Aubervilliers)
Walter, maire de Saint-Denis, soc. révol 6.606
Lourdelet, rép. prog 4.983
Revest, dép. sort., boul. 4.529
M; Walter, soc, est élu
̃ perçut, presque aussitôt que c'était le prisonnier,
et chacun se tourna en tressaillant vers le banc
des accusés.
Debout, noble, aussi imposant d'aspect et de
tenue que la femme à la barre des témoins,
Craik Mansel faisait face au juge et aux jurés
avec une assurance tranquille, résolue mais
courtoise qui sembla faire immédiatement ou-
blier sa condition d'accusé et le rendre l'égal de
tous les hommes honorables qui l'entouraient.
Et cependant il ne protestait pas plus de sou
innocence qu'il ne se défendait d'être coupable.
Il disait.
Je demande pardon de m'adresser direc-
tement à la cour. D'abord et avant tout, pardon
à mon avocat, dont l'habileté n'a jamais été
plus remarquable que dans cette affaire et dont
je sens que j'encourrais le juste ressentiment
s'il était moins noble et moins généreux.
M. Orcutt le regarda d'un air de surprise et
de sévérité mais le prisonnier, tourné vers le
juge, n'en vit rien et continua
-J'aurais gardé le silence si le peu de
créance que vous et M. l'attorney du district
attachiez évidemment à cette déposition ne de-
vait pas être modifié par suite du dernier appel
que vient de faire le témoin. Je crois, comme
vous, que cette, .déposition ne saurait être ad-
mise et- je prétends; si c'est en mon pouvoir,
qu'elle ne soit pas admise.
Le juge leva la main, comme pour avertir le
prisonnier, et allait parler.
Je vous supplie de m'entendre, dit Man-
sell avec le plus grand calme. Je prie la cour de
ne pas croire que je vais imiter le témoin en
essayant de faire inconsidérément une confes-
sion. Tout ce que je prétends, c'est que l'accusa-
tion qu'elle a portée contre elle-même ne reti-
rera ni force ni importance des doutes que
mon défenseur a fait valoir en ma faveur.
M. Orcutt, qui, dès le premier moment où le
prisonnier avait commencé à parler, avait donné
des preuves d'une grande indécision s'il devait
ou non le laisser continuer, se leva brusque-
ment .à ces mots qui tendaient à la démolition
de toute sa plaidoirie mais un regard d'Imo-
gène sembla donner un autre cours à ses pen-
sées, et il se rassit aussi brusquement.
Le prisonnier voyant qu'il n'avait pas à crain-
dre l'intervention de son avocat et qu'il n'était
pas arrêté par le juge, continua avec le même
calme:
-Hier, je jugeais différemment cette affaire.
Tant que j'avais l'espoir d'être sauvé par une
défense qui paraissait inattaquable, j'aurais été
heureux de l'être; mais, aujourd'hui, je serais un
Au premier-tour, M. Lourdelet, rép. prog., avait ob-
tenu 4,584 voix; M. Revest, boul., 4,129; M. Walter, soc.
révol., 3,127; M. Dain, radical, 2,079; M. Pernin, rév-
2,025 M. Buffenoir, soc. revis., 587; Hébert, 487.
Arrondissement de Saint-Denis (3e circonscription)
(cantons de Levallois et Clichy)
Avez, employé, soc. allem. 4.803
Trébois; 'cons. gén., rad. soc 3.818
M. Avez, soc, est eiu
Au premier tour, M. Trébois, rad. soc., avait obtenu
3,375 voix; M. Avez, soc., 2,234; M. Gabriel, dép. sort.
de Nancy, boul., 1,669; M. Barbézieux, rép. soc, 1,183
M. Ponce, soc., 950; M. Boutet, soc., 590.
Arrondissement de Saint-Denis (4e circonscription'
(cantons de Boulogne et Neuilly)
Lefoullon, cons. gén., rad. 4.149
Maurice-Barres, dép. sort., de Nancy, boul 3.923
Tabanon, cons. général 121
Il. Lefoullon, rad., est élu
Au premier tour, M. Maurice Barrés, boul., avait ob-
tenu 3,264 voix; M. Lefoullon, rad., 2,656; M. Aldabe,
soc., 1,221; M. Houdard, rép., 1,089; Francis de Pres-
sensé, rép., 421.
Arrondissement de Saint-Denis (5° circonscription'
(cantons de Courbevoie, Asnières et Puteaux)
Chauvin, soc. guesd. 5.18?
Viguier, cons. mun. de Paris, rad 4.588
Georgi, révisionniste 3.38?
M. Chauvin, soc., est élu
Au premier tour, M. Chauvin, soc., avait obtenu
3,381 voix; M. Viguier, rad., 2,296; M. Georgi, rev.,
2,257; M. Regnault, rad., 1,505 M. Agostini, rad., 1,165; ¡
M. Féron, .1,149; Prat, 638; M. Léon Roy, 361 M. Cail
Maillard, 193.
Arrondissement de Sceaux (2e circonscription)
(cantons de Charenton, Nogent et Saint-Maur)
Baulard, dép. sort., rad 6.139
Grosse, rad 4.28Ï
Renier, soc 1.609
SI. Baulard, rad., est élu
Au premier tour, M. Baulard, rad., avait obtenu 6,083
voix; M. Grosse, radical, 2,568; M. Guibert, revis., 2,268,
M. Renier, soc., 1,904.
3" circonscription (cantons de Sceaux, Villejuif,
Vanves et Ivry)
Coutant, soc. révol 10.13t
Levêque, cons. gén., rad. 6.47»
Lambert, -revis.. soc 4.77!
M. Contant, soc., est élu
Au premier tour, M. Lévêque, rad., avait obtenu 6,276
voix; M. Coutant, soc. révol., 5,982 M. Lambert, revis.
soc., 4,822; M. Bauregard, 3,416; M. Baudouin, rad.,
1,537. ̃̃
♦ "̃•.
:D:Ëj?A~-r~:MENTS
'-̃̃̃ ̃ AISNE ̃;̃̃ • ̃-̃ ̃.̃"
Arrondissement de Saint-Quentin(lre circonscription)
Hugues, maire de Saint-Quentin, rép 6.816
Braut, publiciste, soc. 6.650
SI. Hugues, rép., est élu
Au premier tour, M. Hugues, rép., avait obtenu 5,758
voix; M. Braut, soc., 3,150; M. Touron, modéré, 2,797;
M. Dumonteil, boul., 2,165.
Arrondissement de Soissons
Firino, cons. gén., rai 7.888
Macherez, dép. sort., rép 6.74?
Ringuier, soc. 801
SI. Firino, rallié, est élu
Au premier tour M. Firino, rallié, avait obtenu 6,79"/
voix; M. Mâcherez, 5,815; M. Ringuier, soc., 2,461.
ALLIER
Arrondissement de Moulins (2e circonscription)
Ville, dép. sort, rad 5.72C
Dubresson, ouvrier peintre, soc. 75
Rondeleux, anc. dép., rép. 391
M. Ville, rad., est élu
Au premier tour, M. Ville avait obtenu 6,108 voix;
M. Rondeleux, rép., 5,097; M. Dubresson, soc., 2,929.
Arrondissement de Montluçon (lre circonscription)
Thivrier, dép. sort., soc. 8.885
Vacher, maire de Montmorault, rép 6 535-
M. Thivrier, soc., est élu
Au premier tour, M. Thivrier, soc., avait obtenu
8,04i voix; M." Vacher, rép., 3,923; M. Viple, rép., 3,048;
M. -Monanè'eS, rë'a'C. 1,512-.
Arrondissement de Montluçon (2« circonscription)
Sauvanet, maire d'Huriel, soc. 6.44t
Dumas, dép. sort., rad 5.43(
M. Sauvanet, soc, est élu
Au premier tour, M. Sauvanet, soc., avait obtenir
4,567 voix; M. Dumas, rad., 3,993; M. Déchaud, 3,485.
Arrondissement de Gannat
Delarue, maire de Gannat, cons. gén., rad. 8.96!
Lesbre, prop., rev. 6.245
SI. Delarne, rad., est élu
Au premier tour, M. Lesbre avait obtenu 5,624 voix
M. Delarue, rad., 4,720; M. Labussière, rép., 4,712.
ALPES (BASSES-) ̃_
Arrondissement de Barcelonnette
Delombre, publiciste, secrétaire général de
l'Association nationale républicaine, rép 1.5ÎJ
Liotard,. avoué à Gap, boul 1.4&
SI. Delombre, rép., est élu
Au premier tour de scrutin, M. Delombre, rép., avait
obtenu 1,135 voix; M. Liotard, 1,081 M. Chabrand, rép.
681.
Arrondissement de Forcalquier
Fruchier, rép 4.71J*
Proal, rép. 2.81?
.SJÛ. Éruéliier, rép., est élu
Au premier tour, M. Proal avait obtenu 2.864 voix
M. Fruchier, rép., 2,496; M. Thourel, rad., 1,913; M.
Guerrier, soc., 269; M. Léger-Bérsoéur, rép., 234.
Arrondissement de Sisteron
Vicomte d'Hugues, réac 2.710
Mac-Adaras, dép. sort., rép 2.425
M. d'Hugues, réac., est*clu ·
Au premier tour, M. Mac-Adaras, rép., avait obtenu
2,004 voix M. de Hugues, réac., 1,635 M. Marcel, rép.,
872; M. Michel, soc., 324; M. Berenger, rad., 135.
lâche si, en présence de la généreuse action de
cette femme, je consentais à un mensonge,
quel qu'il fût, pour la mettre en péril ou lui per-
mettre de se placer entre moi et la destinée qui
m'attend probablement.
« Monsieur, reprit-il en s'adressant pourlapre-
mière fois à son avocat. avec un geste de pro-
fond respect, vous avez dit que le chemin de la
maison de Mrs Clemmens au pont et de là à la
station dé 'Quarry-Monteith ne pouvait pas être
parcouru en quatre-vingt-dix minutes, et vous
le croyiez. Vous ne vous trompiez pas. Non, on
ne peut le parcourir en cet espace de temps.
Mais je déclare maintenant à la cour et aux
jurés que ces quatre-vingt-dix minutes suffisent
si l'on trouve moyen de traverser la rivière
sans faire de détour par la route et le pont. Je
sais, continua-t-il au milieu d'un torrent d'excla.
mations contenues, que, pour beaucoup d'entre
vous, pour vous tous peut-être, ce moyen na
semble devoir être possible que bien rarement r
mais, s'il y avait ici un conducteur de trains dé
-bois flotté, il vous dirait que ces trains de bois,
qui, fréquemment, suivent le courant de la ri.
vière jusqu'à la station, peuvent facilement
aider à la traverser quelqu'un accoutumé à les
diriger; comme je l'étais dans ma jeunesse,pen-
dant l'année que j'ai passée dans les bois du
Maine. En tout cas, c'est sur un de ces trains dî
bois, amarré près de la rive et que je poussai
dans le courant, au moyen d'un long croc ra-
massé sur le gazon, que je traversai la rivièr(
ce jour-là, et, si les experts entendus iciveu'
lent faire cette expérience, ils témoigneront,
j'en suis certain, qu'il est possible de se rendre
de la maison de ma tante à la station de Mon.
teith non seulement en quatre-vingt-dix mi-
nutes, mais en moins de temps. Et tel a été
mon cas.
Et, sans un regard à Imogène, mais d'un ail
presque sublime d'orgueil, il se rassit, repre-
nant une fois de plus son calme inébranlable.
Ce dernier changement dans le kaléidoscope
de faits qui, depuis cette dernière demi-heure,
se contredisaient à chaque instant était plus
que n'en pouvait supporter une foule déjà en
proie à un excitement fiévreux. Il était devenu
évident qu'en répudiant les arguments de son
avocat, Mansell restait sans défense possible.
A. KATH. GREEN
Adaplé de l'anglais par LÉON Bochet.
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