Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-07-11
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 juillet 1891 11 juillet 1891
Description : 1891/07/11 (Numéro 11011). 1891/07/11 (Numéro 11011).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
un s'abonne aux Bureaux ou Journal, 5, BOULEVARD DES IÏÂLIENS, A PARIS, et dans tous les Bureaux de Poste
samedi. ii juillet 1891
̃ÎÏIENTE ET UMKME AWINKHl- N° 1ÏOH
PRJX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, 14 fr.; Six mois, 28 îr. Un an, 56 fr.
DÉPt» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; 34 fr. 68 fr.
UNION POSTALE 18 fr.; 36 fr. "72 fr.
AUTRES PAYS 23 fr.; 46fr.; >; 92 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 10 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 2O centimes.
ANNONCES MM. Laghange, CERF ET C, 8, place de la Bourse
LeJournalet les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur.
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
ÏAMS. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr.; Un an, 56 fr.
DÉPt» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; i 34 fr.; i 68 fr.
UNION POSTALE 18 fr.; i 36 fr.; i 72 fr.
AUTRES PATS. 23fr.; 4Sfr.; 92 fr.
IES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) IS centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
La rédaction ne répond pas des articles communiqués.
Adresse télégraphique TEMPS PARtS
PARIS, 10 JUILLET
BULLETIN DU JOUR
< < "~d~ .}.
Le mouvement autonomiste en Norvège,
l'agitation antiunionniste, comme on l'ap-
pelle à Stockholm, a eu trois occasions nou-
velles de se manifester la discussion du
budget des affaires étrangères, celle du bud-
get de la guerre, enfin les élections pour le
Storthing. Le parti radical n'a pas réussi à
faire appuyer toutes ses revendications par
le ministère sorti de ses rangs. Cependant,
le mouvement d'indépendance opposé à
la direction de la politique par la Suède
est toujours aussi fort et gagne du terrain
dans le pays de Norvège.
Le différend entre les deux Etats scandi-
naves, au sujet des alfaires étrangères de
l'Union, est arrivé à l'état aigu; mais il n'est
pas d'hier. La Norvège a commencé -par de-
mander une part d'influence dans la diplo-
matie commune. Il. y a six ans, le premier
ministre du'royaume, qui était alors M. Sver-
drup, avait fait adopter, malgré l'opposition
du conservatisme suédois, l'institution d'un
conseil des affaires étrangères communes,
formé des délégués des deux Etats, sous la
présidence du roi. Et il ajoutait que la Nor-
vège finirait par réclamer son droit à régler
elle-même ses relations extérieures si la
Suède persistait à ne pas admettre qu'un Nor-
végien pût diriger la diplomatie de l'Union.
Il ne s'agissait alors que d'un équilibre
d'influence; d'une sorte d~e co?idommiu?n.ha.\
théorie fit scandale, et, à Stockholm, on pro-
testa bien haut contre cette tentative de bri-
ser la tradition qui assure, depuis l'Union,
;a direction des affaires étrangères à la
Suède, c'est-à-dire en dernier lieu au roi.
Aujourd'hui la question d'une diplomatie
sntièrement séparée s'est posée en des ter-
mes qui semblaient lointains naguère, et
somme l'union est présentée en obstacle,
c'est l'union même qui se trouve indirecte-
ment mise en cause, sinon dans le Storthing,
«lu moins devant le peuple.
Les députés radicaux ont donc invité leurs
coreligionnaires, M. Steen, récemment ap-
pelé au pouvoir, à soutenir leur proposition
de la création d'un ministère des affaires
étrangères spécial à la Norvège. M. Steen,
depuis qu'il est ministre, a une position diffi-
cile. Il faut qu'il accommode son radicalisme
aux institutions constitutionnelles existantes
et que son loyalisme ne donne aucune prise.
au soupçon. Sa déclaration ministérielle, en
réponse à ses amis,, a affirmé le principe de
l'égalité absolue delà Norvège et de la
Suède au point de vue international; cette
égalité exige la création du ministère que ré-
clame la gauche; mais1 M. Steen s'est refusé
à voir une incompatibilité entre cette créa-
tion et la constitution actuelle qui réunit les
deux Etats. Bref, le chef du cabinet norvé-
fieii s'est posé en autonomiste, mais en ami
de l'Union. •̃.
Reste à savoir si la conciliation qu'il a es-
sayée entre l'autonomie diplomatique de la
Norvège et la Charte' né sera pas tenue pour
hérésie en Suède. îyï. Sic^g] chef des .cpn^
"servateurs norvégiens et prédécesseur de M.
Steen au ministère, a donné un avant-goût
de 1$ réponse du gouvernement de Stock-
:,holm il a traité la thèse des radicaux et de
M. Steen de violation pure et simple de la
Constitution; II a reconnu toutefois qu'on
pourrait de temps en tcm,ps a~p~ler.nn Nor-
pourrait de temps en temps appeler n Nor-
végien au ministère .des affaires étrangères
-• st faire aussi aux Norvégiens une place dans
là représentation diplomatique. Voilà, sans
̃ doute,, tout ce que le gouvernement offrira en
guise de satisfaction à lagauche du Storthing.
Quant à la question d'une représentation con-
sulaire séparée, que l'opposition norvégienne
avait subsidiàiremènt posée au cours de la
discussion du budget, la droite conservatrice
.et M. Steen n'y voient aucun inconvénient,
puisque ces agents n'ont pas de caractère
̃ politique. A Stockholm aussi on estimera
:t sans doute que la.Norvège peut se 'donner
ce luxe, pourvu qu'elle le paye. La proposi-
•̃ tiori d'instituer un corps consulaire norvé-
gien a donc de très grandes chances d'être
1- bien accueillie par le roi, de même qu'elle a
réuni l'unanimité du Storthing.
L'opposition a livré .sur le budget de la
guerre sa bataille habituelle, mais sans abou-
tir à faire voter une réduction radicale de la
quote-part du pays dans les dépenses com-
munes. Sur la question militaire, il y a di-
̃ vergence dans la gauche. Les intransigeants
examinent les crédits militaires au point de
vue politique, et c'est par politique1 qu'ils, les
rejettent. Les ministériels sont plus réalistes.
Ce sont eux .qui qnt aidé à-la formation d'une
majorité pour voter les chiffres demandés
parla commission militaire, laquelle avait
gardé l'essentiel du budget conservateur.
ette même majorité mi-partie a voté en par-
faite entente le crédit, autrefois si discuté,
pour le développement des sociétés de tir. Ces
FEUILLETON DU <&tm\)&
DU 11 JUILLET 1891
CRITIQUE MUSICALE
Mémoires de l'Académie royale de musique do Flo-
rence (1891). Nécrologie Antoine Vidal et Niels
Gade. De la recherche du vrai et du nouveau
dans la musique dramatique. –La lutherie italienne.
Hevue des traditions populaires (juin). ,Coutumes
et chansons des mineurs polonais. Chanson mor-
vandelle et normande.
Le nouveau volume des mémoires de l'A-
cadémie royale de musique de Florence (29e an-
née) commence comme d'habitude par un
rapport du secrétaire, M. Tacchinardi, avec des
notices nécrologiques sur les membres de l'Aca-
démie décédés dans l'année. J'y vois les noms
de deux Français, l'un, généralement connu,
Léo Delibes, l'autre, connu seulement des bi-
blipphiles, Antoine. Vidal c'était un amateur
^Occupant uniquement des travaux qui lui
étaient chers, sans rechercher ni le bruit, ni la
réclame. J'ai eu plusieurs fois occasion de par-
ler de lui et je n'ai su sa mort que par la notice
de M. Tacchinardi.
Louis-Antoine Vidal était né à Rouen le
10 juillet 1820; il est mort à Paris le 7 juin 1890.
Presque toute sa vie s'est passée dans l'étude du
violoncelle et les travaux d'érudition sur les ins-
truments à archet, leur histoire depuis les temps
les plus reculés, les progrès de la lutherie, les
facteurs d'instruments dans les différents pays,
les virtuoses, la musique de chambre, la typo-
graphie et lagravure musicales, etc. Son princi-
pal ouvrage sur ces sujets forme trois volumes
in-4° et a paru chez Quantin, à Paris, en 1876-
1878, avec de nombreuses gravures. Lors de
l'JExpositinn rip. <88Q l'auteur en a tiré une sorte
sociétés sont pour la plupart radicales mais
les conservateurs n'ont pas manqué de se
grouper de leur côté on s'est partagé frater-
nellement la subvention.
Les élections au Storthing ne font que
commencer. Certains districts seulement ont
choisi les électeurs qui feront les députés.
La gauche, jusqu'ici, a parmi ces électeurs
une majorité plus forte encore qu'il y a trois'
ans. Si l'événement répond aux pronostics,
le radicalisme fera une nouvelle Chambre
plus hardie et plus pressante encore dans
ses revendications autonomes ou anti-
unionnistes, comme il vous plaira.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
TVES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 10 juillet, 8 heures.
M. de Thiclen, nommé récemment ministre des
travaux publics en Prusse, a été également chargé
de l'office impérial des chemins de fer.
Mme la comtesse de Launay, femme de l'ambas-
sadeur d'Italie à Berlin, est morte à l'âge de quatre-
vingt-deux ans. a
Berlin, 10 juillet, 11 heures.
Nouveau' scandale médical signalé par le Lolcat
Anzeiger qui cite les « Archives pour la pathologie
expérimentale et la pharmacopée », volume 22,
page 338. D'après cette citation' le docteur Lenhartz,
professeur à Leipzig, étudiant, en 1886, l'action
toxique de la morphine et de l'atropine, opéra un-
homme après quelques expériences sur les ani-
maux. L'expérience se termina par la mort du pa-
tient..
Le bruit que le général de Waldersee quitterait
prochainement le service militaire, soit pour un
poste diplomatique, soit pour devenir statthalter-
d'Alsace-Lorraine, commence à prendre une cer--
taine consistance.
Rome, 10 juillet, 9 heures.
M. di Rudini; qui a déjà reçu l'Aigle-Noir du gou-
vernement allemand, a été également gratifié du
grand-cordon de Saint-Etienne par l'empereur d'Au-
triche. Les journaux officieux du premier ministre-
ne font pas mention de ces distinctions méritées
par M. di Rudini pour l'empressement qu'il a mis à
signer le renouvellement de la triple alliance.
Rome, 10 juillet, h. 50.
Mgr Galimberti, nonce à Vienne, aurait télégra-
phié au Vatican que le gouvernement autrichien,
dès que les journaux ont prétendu qu'il existait
dans le traité do la triple alliance un accord relatif
à l'éventualité du départ du pape et au futur con-
clave, s'empressa do communiquer à Mgr Galim-
berti le texte dur traité. Mgr Galimberti ajoute qu'il
n'y a pas trouvé cette clause concernant le Saint-
Siège. Mais, comme le traité garantit par lui-même
aux alliés leurs territoires respectifs et, par consé-
quent, Rome à. l'Italie, le Vatican est loin de par-
tager la satisfaction de Mgr, Galimberti.
Vienne, 10 juillet, 8 h. 35.
Hier, à la Chambre des députés, le ministre du
commerce, M. de Bacquohem, a parlé du traité de
commerce conclu avec l'Allemagne, traité qui n'est
pas encore définitivement arrêté, parco qu'il doit ser-
vir de base aux négociations entamées avec d'autres
Etats. Il a déclaré que l'Autriche a entamé ces pour-
parlers non pas par nécessité, mais volontaire-
ment et qu'elle s'est mise du côté de ceux qui, do-
mandant des garanties, veulent aussi en donner,
afin que l'avenir des relations commerciales inter-
nationales ne soit pas incertain.
Au cours de la séance, un homme s'est. tué d'un
coup de revolver, dans les tribunes; il parait qu'il
avait. adressé à la Chambre une pétition au sujet
d'un procès qu'il soutenait contre un banquier.
̃-̃ Budapest, 10 juillet, 9 heures.
• La discussion sur la réforme administrative et la
réorganisation des comitats continue au^Hûilieu^ des
scènes tumultueuses que provoque l'opposilipn
pour'retarder le vote. final. Hier encore, le président
du' conseil, le comte Szapary, a, dû interrompre son
discours,pendant près d'un quart d'heure en pré-
sence des cris et des protestations do l'extrême
gauche. (.Service llavasj
Rome, 10 juillet.
Quelques journaux ont publié hier une attaque hai-
neuse contre le cardinal Lavigeri<3,.sous ce titre « Mé-
moire. des capucins de Tunis au cardinal Simeoni. »
Aujourd'hui, le Vopolo' romano déclaré loyalement
qu'aucun capucin n'a pris une part directe ou indirecte
à. la publication de ce' Jactum. Berne, 10 juillet.
>̃̃•̃̃̃̃̃ >" Berné, 10 juillet;
Le comité du parti conservateur suisse et les sbeia-r
listes organisent un pétitionnement pour demander le
référendum contre l'achat par la Confédération du che-
min de fer Central suisse,
Nancy, 10 juillet.
Deibler et ses 'aides sont arrivés ce matin à Nancy.
Ils procéderont demain à l'exécution de Meunior, con-
damné à mort récemment par la cour d'assises de
Nancy, pour assassinat, tentative d'assassinat, incen-
dies et vol.
La guillotine n'est pas encore arrivée.
Une discussion qui a offert le plus vif in-
térêt s'est.engagée nier h la Chambre. Il s'a-
gissait de fixer le. régime auquel seront sou-
mis les filés de coton entrant en France. Le
gouvernement s'est mis d'accord avec la
commission des douanes sur la tarification
qu'il conviendrait d'appliquer, mais il pro-
pose de généraliser le système de l'admis-
sion temporaire, car les droits nouveaux
constituent, en réalité, une majoration assez
forte;' que le tissage ne pourrait pas suppor-
ter. La,commission accepte le rehaussement
des droits,'mais elle repousse l'extension de
l'admission temporaire. Il y a ainsi conflit
entre la commission et le gouvernement. De
plus, il va sans dire que les industries pour
de manuel sous le titre la Lutherie et les, lu-
thiers (un volume. in-8°, chez Quantin). Vidal,
a laissé une curieuse collection ^étiquettes
d'instruments à archet; il en a reproduit un
grand nombre dans les volumes dont je viens
de parler.
Dans ces dernières années, il avait porté ses
recherches sur l'histoire de la facture dés pia-
nos. M. Tacchinardi nous dit que ce travail est
presque entièrement terminé. 11 est vivement à
désirer qu'il soit publié.
Parmi les académiciens décédés nouvellement
se. trouvé, aussi le compositeur danois Niels-
Guillaume, Gade. Cet artiste, dont, le nom s'est
trouvé plus d'une fois sur les programmes des
concerts symphoniques de Paris, était né à Co-
penhague le 22 février 1817 il est mort le 21 dé-
cembre dernier. Depuis de longues années, il
était directeur du Théâtre-Royal de Copenha-
gue et de la'Société l'Union musicale en 1882,
il fut nommé maître de chapelle de la cour de
Danemark. On cite parmi ses œuvres, qui
sont assez nombreuses, la symphonie Ossian;
Pasdeloup fut, je crois, le premier à le faire
connaître au public parisien.
Outre des œuvres symphoniques on a exé-
cuté de lui une cantate- la. Fille du roi des Aul-
nes et la Fantaisie dit Printemps (Frùhlings-
FantasieJ..11 faut,avouer, cependant, que son
souvenir n'a pas, laissé de traces profondes
dans le public parisien et l'on dira sans injus-
tice qu'il en est de même de tous les composi-
teurs du Nord, Danois, Norvégiens ou Suédois.,
Bien faites et très estimables, leurs œuvres n'ac- ̃
cusent pas un caractère personnel marqué et
semblent un reflet de la musique. allemande, re-
flet atténué et un peu terne, Il y a bien long-
temps que j'ai entendu une symphonie de
Gade l'auteur me semblait se rattacher parti-
culièrement à Mendelssohn.
M. Fodale a écrit un mémoire sur la Recher-
che du vrai et du nouveau dans les arts, et par-
ticulièrement dans la musique dramatique. Ce
sont des considérations générales et très som-
maires. Par bonheur, le théâtreenapour tous les
goûts et chacun peut prendre son plaisir où il le_
trouve. Les uns peuvent s'en tenir à Rossini, à
Donizetti, à Bellini, à Verdi; les autres peuvent
à volonté ne jurer que par Wagner, ou prendre
quelque plaisir au Freischùtz, ou raffoler du
lesquelles les filés de coton sont une matière
première indispensable sont loin d'accepter
toutes l'aggravation des droits projetée, mal-
gré l'a perspective de la franchise pour les
produits destinés à l'exportation. Enfin, en
sens contraire, divers représentants de la fi-
lature estiment encore insuffisants les tarifs
protecteurs soumis à la Chambre; ils en ré-
clament avec énergie l'élévation. On voit si
Je débat est complexe. On ne sera pas sur-
pris qu'il n'ait pas pu prendre fin hier. Es-
sayons donc d'en faire saisir l'importance
exacte, en précisant, s'il se peut, l'état de la
question.
Le point de départ de l'étude à entrepren-
dre, c'est la situation véritable de la filature
française. Cette industrie est-elle moribonde,
comme on tend à le faire croire? Quelques
chiffres permettront de juger ce qu'il en est.
En 1873, la filature comptait 4,687,000 bro-
ches. Or, actuellement, elle en possède
4,349,000. Il y aurait diminution, mais ce re-
cul, il est facile de le voir, est purement ap-
parent. En effet, d'une part, la statistique de
1873 a tenu compte d'un certain nombre de
broches spéciales qui sont aujourd'hui lais-
sées de côté et, d'autre part, les broches
comparées ne sont plus les mêmes la diffé-
rence est analogue à celle qui s'observe, par
exemple, entre les tonnes représentées par
des navires à voiles et les tonnes correspqn-
dant à des navires à vapeur. M. Audiffred a
mis cette transformation en évidence. Au-
jourd'hui, a-t-il,dit, tous les industriels qui
ont transformé leur outillage produisent,
avec le même nombre de broches, 41 0/0 de
plus qu'en 1873.
Cette transformation, si remarquable, a
étà mise en lumière d'une façon non moins,
évidente par M. PaulDislère. Prenant, par
périodes décennales, la consommation du
coton en France, l'honorable commissaire
du gouvernement a cité des chiffres qui.
frapperont tous les esprits impartiaux. De
1847 à 1856, la consommation du coton ne.
dépassait pas 65 millions de kilogrammes.
De 1857 à 1866, elle s'est élevée à 75 mil-
lions. De 1867 à 1876, elle est parvenue à
86 millions. De 1887 à 1889, elle a atteint
107 millions. En 1889, elle s'est avancée à
123 millions. Enfin, l'année dernière, elle a
monté à 124 .millions de kilogrammes. M.
Paul Dislère l'a dit nettement « Parmi les
moyens de juger de la prospérité de la fila-
ture, l'un des plus importants est la consom-
mation du coton; c'est là la vraie caracté-.
ristique de la prospérité. » Les chiffres sont,
on le voit, absolument décisifs.
Seulement, il est indéniable que,,çet essor
industriel ayant été le prix d'un renouvelle-
ment d'outillage,, toutes les filatures qui
n'ont pas su suivre ou plutôt devancer le
progrès se sont vues dans des conditions de
lutte de plus en plus malaisées. La concur-
rence industrielle exige, de nos jours, un es-
prit d'initiative, un déploiement d'intelli-
gence, une dépense de capitaux qui ne sont
point pour plaire à tout le monde. Il est bien
certain aussi que le premier venu ne peut
pas constituer les vastes installations sans
lesquelles on a vite fait d'être écrasé par le
poids des frais généraux. Mais la protection
est-elle faite pour enrayer le progrès? M.
Jules Deiafosse a'donnê à entendre que le
tarif devrait être conçu de telle sorte qu'il
sauvegardât les petites filatures. Il s'est
écrié Vous n'avez pas, j'imagine, l'in-
"tentiûH.- .d'introduire dans nos. institutions
ou dans nos mœurs la loi naturelle, la loi
bestiale, en vertu' de- laquelle les faibles sont
mangés par les forts ""et ̃ les petits par. les
gros ». Mais il ne s'agit pas d'introduire cette
loi dans nos mœurs, il s agit de ne' pas em-
pêcher les perfectionnements d'outillage qui,
seuls, permettent l'abondance des produits,
leur bon marché. leur démocratisation; et
qui, eii même temps, assurent la,;puissance
nationale.
En fait, partout où les industriels ont su
être a la hauteur du progrès, des bénéfices
ont été la récompense des efforts accomplis.
Des données irrécusables ont été apportées
hier à la Chambre sur ce point; en outre,
tandis que nombre de nos filatures grandis-
saient' et demeuraient prospères, de grandes
industries naissaient ou se développaient
pour utiliser les filés de coton, les mariera
la soie par exemple, et en tirer des tissus
élégants, à bas prix, c'est-à-dire accessibles
au 'grand nombre. Lyon s'est distingué, d'une
façon toute particulière dans cette œuvre do
transformation, et M. Burdeau a retracé élo-
quemment les progrès réalisés par ce centre si,
industrieux; mais bien d'autres régions ont
agi avec une égale initiative, MM. Berger
et Audiffred l'ont rappelé. M. Audiffred,
notamment, a redit les efforts de Roanne,
de Cours, de Thizy. Roanne, en 1850, comp-
tait 13,000 habitants; elle en compte aujour-
d'hui 35,000. Cours et Thizy existaient à
peine, et ce 'sont presque de grandes villes.
Elles nous ont rendu, dans la mesure où
cela était en leur pouvoir, notre cher Mul-
Trompette de Sœcldngen, des opérettes d'Of-
fenbach ou de Suppé, des opéras dlAuber et
d'Adam, etc. Lepublic.oppose même .une cer-
taine force d'inertie-.aux zélateurs modernes; il
veut s'amuser pour son argent, et je ne lui
donne pas tort. '̃.)".
Ce n'est pas le mémoire de M. Fodale qui
m'inspire ces réflexions, c'est qu'on nous a me-
nacé ces jours-ci d'une école française nouvelle-
et ultra-wagnérienne il n'y a pas péril en la de-
meure et ce n'est pas la peine de prendre la
plaisanterie au sérieux. En attendant, les Italiens
gardent leurs idées je me demande s'ils essaye-
ront de dépasser Oteïlo, de Verdi, ce qui les
obligerait, très probablement, à faire une part
plus large aux idées nouvelles.,
̃ « De même que dans les langues, dit M. Fo-
dale, il faut considérer-non seulement les mots,.
mais aussi leur construction grammaticale, de
même il y a en musique, outre les notes, leur,
coordination fixée par les lois tonales. Cette règle
n'admet aucune exception et,.en dehors de ces
lois, il n'y a qu'incertitude, obscurité et chaos. »
La question ne peut pas être tranchée aussi
simplement; et ce n'est pas tout que d'observer
les lois tonales, d'autant plus qu'on pourra re-
garder comme telles des règles qui ne le sont
pas. Il ne suffit pas non plus de faire sonner dé.
grands noms. L'art n'est pas tout entier dans le,
passé; il peut être téméraire de vouloir faire
mieux que les maîtres, mais il n'est pas défendu
de le tenter; il est permis surtout de' faire au-
trement qu'eux, d'autant plus qu'aucun n'a fait
au mieux, je ne parlé ique de la musique théâ-
trale. • ̃-̃•̃ ̃̃̃̃̃̃>
M. Filippi a lu un mémoire sur la lutherie ita-
lienne, sous ce titre « Sur le dommage écono-
mique ou financier causé à l'Italie par l'aban-
don presque total de la fabrication des instru-
ments à cordes et principalement des instru-
ments archets. » M. Filippi n'a pas tardé à
trouver un contradicteur soutenant de son côté
que les instruments fabriqués en Italie peuvent1
parfaitement soutenir la comparaison avec ceux
qui viennent de l'étranger. Il est bien permis à
un homme de trouver que dans son pays tout
est au mieux il est non moins permis de cher-
cher impartialement les améliorations à faire.
MM. Filippi et Bicchierai étaient donc tous les
deux dans leur droit; ie «ià nuis trancher le diffé-
house. Qu'on vienne maintenant relever
les droits qui frappent les filés de coton,
comnient vivront-elles Et quelle récom-
pense pour leur courage? Calais est dans
une situation identique pour ses tulles et
dentelles. Sans filés de coton à bon mar-
ché, que deviendraient les fabricants et
les ouvriers de ces régions? Les droits
proposés sont supérieurs à ceux qui
existent à l'étranger. L'admission tempo-
raire généralisée les effacerait-elle? Evi-
demment non, tant ses inconvénients sont
multiples. Certes, il n'y a pas lieu de re-
pousser l'extension do l'admission tèmpo-
raire, mais elle devrait coïncider avec une
diminution des droits existants ou, tout au
moins, avec le maintien des tarifs actuels.
La Chambre n'a pas statué hier, avons-
nous dit. M. Méline, avec son talent habi-
tuel, a plaidé en faveur des tarifs proposés,
d'un commun accord, par la commission et
le gouvernement. Très habilement, il avait
fait mettre au second plan la question de l'ad-
mission temporaire. Le débat reprendra de-
main. Dans l'intérêt de nos grandes indus-
tries du tissage, dans l'intérêt même de la
filature, laChambre voudra, nous l'espérons,
écarter les propositions excessives dont elle
est saisie. Elle doit sauvegarder à la fois le
travail national et notre exportation.
C'est dimanche qu'a lieu le scrutin do ballottage
dans le 5e arrondissement. Les deux candidats en
présence sont, comme on sait, M. Trélat, qui a ob-
tenu.le plus de voix au premier tour, et M. Collin,
le candidat radical leplus favorisé.
• .La Justice, par la plume de M. Camille Pelletan,
adresse aujourd'hui un appel aux candidats et aux
électeurs radicaux, pressant les uns de voter ppur
M. Collin; et les autres, do lui céder la place
Parmi les radicaux, dit-elle, M. Collin a eu la majo-
rité il est donc du devoir de tous de s'effacer devant
lui et de voter pour'lui.
Et notre confrère ajoute, pour le cas où M.
Trélat serait «lu
Quelle force donnerait-on à. ceux qui veulent réduire
la politique républicaine a un misérable piétinement
sur place, si l'on faisait en sorte de montrer au pays
ce résultat apparent l'un des arrondissements les
plus fermement et les plus anciennement radicaux de
Paris ayant l'air de renier la cause de la République,
des progrès politiques et sociaux!
̃ c. P.
De son côté, et le même jour, M. Paul Lenglô,
directeur politique du Pays, candidat boulangiste do
1889 dans le 5e arrondissement, expose les ïaisons
qui le déterminent à ne pas poser de nouveau sa
candidature, et, s'adressant aux électeurs qui lui
ont donné leur voix en 1880, les adjure de voter.
pour M. Collin
Reste l'honorable M. Collin. Il a été mon adversaire,
et je n'ai pas besoin de dire que je ne partage pas
toutes ses idées mais il représente en ce moment la
revision et la République,
Sorti des rangs du peuple, honnête homme, citoyen
laborieux, il a. dans la sphère modeste où il s'est
trouvé placé, rendu de réels services à la cause des
travailleurs; son élection sera une victoire démocrati-
que et révisionniste..
Ainsi, le candidat de M. Pelletan est aussi celui
de M. Lenglé; touchant accord qui nous reporte
aux beaux jours d'autrefois! Il appartient aux
électeurs de tirer la moralité de cet incident, et ils
la tireront en votant pour M. Trélat, qui, lui, est
le candidat de la République tout court, de la Ré-
publique sans revision, sans patronage suspect,
Le propre des personnages dé la Révolution,
et surtout de quelques-uns d'entre eux, des na-
tures les plus riches, les plus souples, et, si l'on
peut dire, les plus vivantes est de prêter à des
interprétations multiples, de se' laisser revendi-
quer tour à tour par les partis les plus diffé-
,rents. C'est le cas de Mirabeau, c'est le cas de
Danton. Au Sénat, on nous montrait deux
aspects de Danton; réels tous les deux; mais il
;y en a d'autres. Après le Danton de M. Dide et
ç'elui'de M. Wallon, voici venir; le Danton de-
M Sig-ismond Lacroix^autonomistc, celu'irci,, et
partisan des droits d.e'I?âr,is ^u'n, conseiller mu-
nicipal selon le cœur de la majorité qui siège à-
l'Hôtel de Ville! l' .̃̃̃
Les admirateurs de Danton trouveront peut-
être que, s'il fut, à son heure, autonomiste, cela
n'ajoute pas grand'chdse à sa glo.ire et que, s'il
n'avait été qu'autonomiste, si la patrie, l'a Ré-
volution tout entière n'avaient pas semblé à; un
certain, moment s'incarner en lui, il n'y aurait
pas de quoi lui dresser aujourd'hui. des statues.
Mais laissons ce point et voyons plutôt comment
M. Sigismond Lacroix s'y prend poUr mettre en
relief ce côté nouveau du caractère et de la car-
rière de son héros. Danton, dit-il, exerçait une
influence prépondérante au «comité de'l'Ar-
chevêché », assemblée de délégués des districts,
qui étaient chargés, ou qui s'étaient chargés, de
rédiger un plan d'organisation municipale pour
Paris. Or'il existe un document, qui fut com-
muniqué à l'Assemblée nationale le 10avrill7Q0,
et où, sans que le mot d'autonomie soit pronon-
cé, les partisans de ce régime peuvent chercher
un précédent, sinon un argument. M. Sigismond
Lacroix donne un extrait de ce document, et il
est de fait que la première partie de, l'extrait a
bien le sens qu'y voit et qu'y signale notre
confrère. Mais la seconde partie,de ce même ex-
trait peut être invoquée à_ très juste titre par
les adversaires de l'autonomie, .du. moins telle
qu'elle est comprise par nos conseillers munici-
paux. Liseis plutôt V
rend, connaissant trop peu la lutherie italienne.
moderne toujours est-il que l'Italie ne peut
prétendre au premier rang comme au temps
de ses grands facteurs restés célèbres. Elle se
borné à; vouloir faire aussi bien que d'au-
tres. Cependant, la lutherie n'a pas dit son der-
nier-mot; les, instruments à archet offrent des
problèmes dont j'ai déjà parlé et qui ne sont
pas près d'être résolus; tel'membre de la famille
fait défaut, d'autres laissent à désirer sous le
rapport delà sonorité, et ;tous'les essais ten-
tés jusqu'à présent ont échoué. Quel est le
pays qui enfantera le Stradivari attendu? Nul
ne le sait. ̃ '• •
.La Revue des traditions populaii'es de juin
donne un article sur les coutumes, croyances
et chansons des mineurs polonais. A Olkusz
sont des mines de plomb galène; elles'n'ont
pas une population exclusivement composée de
mineurs, parce que beaucoup de ceux qui, de-
puis le printemps jusqu'à l'automne, sont la-'
boureurs deviennent mineurs en hiver. Dans
ces conditions, il est impossible que l'on ren-
contre chez eux des particularités bien définies.
Les travaux des mineurs, à Olkusz, s'effec-
tuent depuis le quatorzième siècle. Selon les
traditions, un moine nommé Grégoire, de l'or-
dre de Saint-Augustin, avait découvert ces mines
au commencement du quatorzième siècle, mais
le premier diplôme date de 1370.
Les mineurs polonais se distinguent des labou-
reurs par là taille qu'ils ont plus développée et
aussi par la fierté. Un mineur se tient pour beau-
coup plus noble qu'un laboureur. Les mineurs
sont un peuple instruit; ils ont déjà besoin de la
lecture. Ils lisent des journaux et leurs demeures
sont plus confortables. Ils ne sont pas très aisés,
dé même que les laboureurs, et ils sont aussi
insouciants de l'avenir.
Jusqu'au treizième siècle, les bourgades de la
Pologne étaient peuplées d'artisans indigènes
et ils avaient. déjà une terminologie industrielle
propre à la langue polonaise. Au milieu du
treizième siècle vint un terrible flot de Mogols
tout ce qui existait sur les routes par lesquelles
passaient ces barbares était rasé par le glaive
et le feu. Cracovie, capitale à cette époque,
disparut, sauf deujs. ou trois, églises.
"Quand ces temps terribles furent passés, les
On sent, d'après co qui vient d'être dit, que
quoique une commune ait un pouvoir de règlement
et un pouvoir de juridiction, à raison de sa pro-
priété et de sa police, elle n'est pas une République
particulière dans l'Etat, et que ses pouvoirs ne. sont
ni égaux à ceux de la nation, ni do la même nature
que ceux de la nation.
Une commune est un citoyen dans l'Etat; elle est
soumise aux mêmes devoirs qu'un citoyen.
Dans ses rapports avec l'Etat, elle doit, comme le
citoyen, ne jamais s'écarter de'la loi générale,
exercer ses pouvoirs pour le bien général, sacrifier
de l'exercice de ses droits et pouvoirs au bien gé-
néral, mais seulement lorsquo la nécessité publique
légalement consultée l'exige évidemment.
Un sceptique ferait remarquer qu'il y a des
points suspensifs au bout de la citation et dé-
duirait vraisemblablement de là que la suite
n'était pas trop favorable à l'argumentation du
citateur.
C'est, en général, ce que veulent dire les
points suspensifs. Mais nous n'avons garde de
prêter à M. Sigismond Lacroix le moindre cal-
cul de ce genre. Prenons la citation telle quelle
les dernières lignes ne suffisent-elles pas am-
plement à réfuter la thèse dite « des droits de
Paris »? N'y a-t-il pas, pour Paris, une parti-
culière et unique obligation de sacrifier de l'exer-
cice de ses droits et pouvoirs au bien général,
ne fût-ce que pour cette raison Paris esL le
siège des pouvoirs publics?
Ajoutons, enfin, que les questions ne se po-
saient pas pour Danton et ses contemporains
comme elles se posent aujourd'hui, et que les
mêmes individus qui ont rédigé le programme
de l'Archevêché acclamaient (plus tard) la Ré-
publique « une et indivisible ». L'unité, l'indivi-
sibilité de la République voilà le but sacré des
grands hommes de la Révolution! N'est-ce pas
les défigurer, en même temps que les rapetis-
ser, que de nous les montrer dans la posture de
tel ou tel conseiller municipal, s'écriant « Pé-
risse la République, pourvu que Paris ait sa
mairie centrale »?
♦– ̃
AFFAIRES COLONIALES
Voici le texte du projet de loi portant organisa-
tion de l'armée coloniale tel qu'il a été adopté par
la commission de l'armée, d'accord avec le ministre
de la guerre
Article lor. Les troupes coloniales, prévues par la loi
du 15 juillet 1889, sont spécialement chargées de la
garde et de la défense des colonies et des pays de
protectorat.
Les troupes coloniales sont rattachées au ministère
de la guerre.
Elles ont un budget spécial qui devra pourvoir aux
dépenses militaires de toute nature tant dans la mé-
tropole que dans les colonies et les pays de protec-
torat. ̃ ̃ ̃
Art. 2. Les troupes de la marine, soit métropolitai-
nes, soit indigènes, telles qu'elles existent, forment
les troupes coloniales.
Elles continuent à être chargées de tous les services
qui leur sont actuellement confiés.
Jusqu'au vote d'une loi définitive d'organisation, des
décrets, rendus sur la proposition du ministre de la
guerre, régleront, d'après les crédits ouverts et les né-
cessités du service, la formation des corps coloniaux,
leur administration et leur commandement, la compo-
sition des cadres ainsi que le passage des officiers des
troupes coloniales dans les autres troupes de l'armée
et réciproquement..
Sauf exception spécifiée par le ministre de la guerre,
les troupes coloniales sont administrées, régies et
commandées suivant les lois et règlements on vigueur
dans l'armée.
Le bénéfice du droit à une pension de retraite au
bout de vingt-cinq ans de service, dont six ans de sé-
jour aux colonies ou dans les pays de protectorat, ac-
tuellement attribué aux, officiers des troupes de la ma-
rine, est maintenu aux officiers employés dans les
troupes coloniales, sans distinction d'origine.
Art. '3. Les officiers et les troupes des autres corps.
de l'armée employés à un service aux colonies, seront
détachés dans le corps colonial et payés sur son bud-
get spécial.
Les officiers et lés troupes détachés pour le service
technique de l'artillerie de la flotte seront payés sur
le budget du. ministère de la marine.
Art. 4.,Le; 'recrutement des troupes coloniales. conti-
nuera à être, réglé par l'article 44 de la loi du 15 juil-
let 1889; toutefois, les contingents coloniaux visés par
le premier alinéa do l'article 81 de la même loi y seront
incorporés.. 7
Le service du recrutement et de Ift mobilisation
,d*ms les colonies de la Martinique, Guadeloupe, Réu-
riion et Guyane, sera 'immédiatement constitué par
décret
'Le service du recrutement dans les' autres colo-
nies sera constitué par décret au fur et à- mesure ides-
besoins. ̃̃•̃̃̃̃
Art. 5. Un règlement d'administration publique fixe-
ra les conditions dans lesquelles passera au ministère
de la guerre le personnel civil de l'administration cen-
trale du ministère de la marine spécialement affecté
au service des:troupes et du matériel de l'infanterie et
de l'artillerie de marine. ̃; ̃
i:f"i, a,c, .i ~J"~i'd
A FFA IRE S M A R ITÏM E S
On nous télégraphie da Brest, 10 juillet
Cinq nayire.ç rnobilisés rentreront au port mer-'
crodi 15 juillet eï' débarqueront demain leurs pou-
dres et leurs munitions sur des bugalets.
Les réservistes -débarqueront le 15 juillet et ral-
lieront la division le matin. Les navires seront
replacés dans la deuxième catégorie de réserve à
compter du 19 courant. Les états-majors dôbar-
queront à la même date. v-.
Aujourd'hui a lieu un lâcher de pigeons sur lu
Forfait, à 150 kilomètres au large.
Par décision présidentielle du 8 juillet 1891, M. lo
capitaine do vaisseau Maghon-Pujo a été nommé
au commandement de la marine en Corse.
M. Delacrose, commissaire adjoint de la marine,
est promu au grade de commissaire.
L'ESCADRE FRANÇAISE DANS LA BALTIQUE
Un accident ̃qui aurait pu avoir de graves consé-
quences est arrivé dans les eaux de la mer Baltique
à l'escadre française.
Le Nouveau Temps raconte que, par un brouillard
épais, le vapeur anglais le Cormoran a abordé le
rois de Pologne invitèrent les artisans alle-
mands à venir prendre possession des villes et
des bourgades dépeuplées. Par suite, il se for-
ma deux terminologies industrielles, une polo-
naise et une allemande, beaucoup plus dévelop-
pée et qui a presque fait disparaître la première;
encore la terminologie allemande est-elle très
corrompue.
A cinq heure,s; sonne la clochette des. mines;
avant six heures tout le monde se rassemble; à
six heures on sonne pour la seconde fois et tout'
le monde commence à chanter des cantiques
devant les images qui se trouvent au lieu de
rassemblement. Sans' décrire la descente aux
mines, je dirai que de midià une heure on. va
dîner, puis on retourne aux mines jusqu'à
six heures du soir puis on se rassemble encore
pour prier..
Les coutumes des 'mineurs sont les mêmes
que celles des laboureurs elles ne présentent
rien de spécial sinon le jour de la Sainte-Barbe,
regardée comme la patronne des mineurs. Pen-
dant toute cette journée de fête on s'amuse
beaucoup et chaque mineur regarde comme un
devoir d'être ivre..
Maintenant voici une chanson de mineurs
PREMIER COUPLET •
A cinq heures et demie on sonne,
Le mineur s'arrange,
Sa femme prépare la: lampe,
Elle lui ouvre la porte.
Sur latym polym.
(Ce vers est formé de mots vides de sens,
imitant les sons de la clochette et qu'on répète
à chaque strophe.)
DEUXIÈME COUPLET
· n va àZajchoz,
Il rentre dedans,
VObestajger écrit,
Le Stajgar lit.
Ces derniers vers concernent l'appel des mi-
neurs. La chanson continue et les huit premiers
couplets sont les plus usités; ils décrivent, com-
me onvientdele voir,laviedes mineurs. Outreles
huit strophes susdites, il y en a sept moins usi-
tées. On peut suspecter l'origine populaire de
plusieurs des couplets; mais, d'après la compo-
sition, le langage et le sentiment, très diffi-
ciles à rendre dans une traduction, plusieurs
croiseur français le Surcovf. Le Cormoran a subi ua
choc terrible qui lui a causé de graves avaries et
l'eût fait infailliblement sombrer si le Surcouf M
lui eût porté secours.
OUILUUIBE II A LONDRES
{Par dépêches)
Londres, 10 juillet.
L'empereur Guillaume II, bien qu'il se fût couché
tard après la représentation de Covent-Gardèn,
s'est levé hier à sept heures il a fait dans Rottcn-
row une longue promenade à cheval. Puis, assisté
de l'impératrice, il a reçu, dans la salle du Trône,
une sôrio de députations, que je vous ai énumérées
hier..̃,
Puis il a reçu en grande audience officielle la
corps diplomatique de Londros. En l'absence de M.
Waddington, ambassadeur de France, c'est M. do
Staal, ambassadeur do Russie qui a introduit les
représentants des différents Etats.
L'emperour et l'impératrice se sont rendus chez
lord Londonderry, où un lunch leur a été offert; on
remarquait parmi les invités, le prince et la prin-
cess-o de Galles, M. Balfour, M. John Morley, M. et
Mme Goschon et le comte de Hatzfeldt, ambassa-
deur d'Allemagne.
̃ A cinq heures et demie, les souverains ont été
reçus à Marlborough house parle prince et la prin-
cesse do Galles pour une garden-party. Le soir, ils
ont assisté, à Albert hall, en compagnie dp la reins,
qui était venue de Windsor, à une représentation
de la Légende dorée, l'oratorio de Sullivan.
Aujourd'hui, l'empereur, visitera l'exposition na-
vale et, à midi et demi, il sera reçu au Guildhall
par le lord-maire. Là Cité est pavoisée, mais non
dans les proportions auxquelles on aurait pu s'at-
tendre. Un simple 14 juillet à Paris est plus bril-
lant. On no remarque dans la Cité que de rares
drapeaux et de maigres guirlandes.
Une circulaire du ministre de la guerre fixe le
chiffre dos troupes qui prendront part à la revue, a
Wimbledon, samedi prochain
1 ,024 cavaliers, cinq batteries d'artillerie avec
543 hommes, 2,103 gardes à pied, .2,084 fantassins,
562 miliciens, 15,920 volontaires.
Le tout comprenant 991 officiers et 22,171 hom-,
mes, DÎacés sous lé commandement du duc do
Cambridge.
L'infanterie sera divisée en deux divisions, 'sous
les ordres du duc de Connaught ot du général sir
Evelya Wood. ̃ ̃
r-. + W'î 'S
LETTRES D E BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
̃•'̃̃' Bruxelles, 9 juillet.
La pornographie et la censure postale devant la
Chambre Interpellation de M. Janson
Depuis quelques jours on ne parle en Belgiquo
que de pornographie. La revision elle-même semble
démodée en comparaison. Il y a bien par-ci par-là
un meeting, comme celui des progressistes et so-
cialistes gantois, un conseil communal, comme ce-
lui de Bruxelles, voire un conseil provincial, comme
celui du Brabant (aujourd'hui même), pour émettra
des vœux, d'ailleurs platoniques, -espérant et solli-
citant, mais n'obtenant guère le dépôt à bref délai
du rapport de la section centrale auquel M. De Smot
De Naoyer travaille depuis tantôt deux mois. Mais
la question qui passionne l'opinion est celle de la
censure postale des journaux pornographiques. Aus-
si, après une forte polémique de presse, M. Paul
Janson a-t-il cru devoir en saisir la Chambre dea
représentants. •
Aux termes de l'article 383 du Code pénal, la « dis-
tribution» des écrits et imprimés attentatoires aux
bonnes mœurs estfrapp6e.de certaines peines. Bien
que le mot ait un sens légal très précis, M. le mi-
nistre Vandenpeereboom l'étend pour se l'appli-
quer, en sa qualité de ministre des postes et
considérant quo ses facteurs sont des distribu-
teurs, puisqu'ils distribuent lettres et journaux
à domicile;, estimant d'ailleurs qu'une admi-
nistration publique ne saurait se soustraire aux
responsabilités -qui atteignent les, particuliers il
a décidé quo la poste no distribuerait plus les
,publications tombant sous le coup do l'article 383
du Code pénal. Mais encore lesquelles? .11 y en a
peut-être beaucoup, il y, en a peut-être moins qu'on
no pense. M. le ministre a fait un choix. Il désigne
.six journaux parisiens plus ou moins; illustrés, et
enjoint aux employés des postes de les biffer «a la
page 416 du tarif des journaux étrangers », leur in-
terdisant en conséquence; de recevoir tout abonne-
ment à ces journaux et de distribuer les numéros
qui seraient adressés directement à (les, particuliers
par les offices d'origine.
Notons que, si un particulier se heurte à l'article
383 on vendant, exposant ou distribuant un écrit
dont il n'aura pas aperçu l'immoralité, fût-il con-
damné, c'est pour un fait précis; sa culpabilité res-
sortira de tel numéro de journal, de tel article dans
ce numéro. Et les tribunaux n'ayant pas coutume
de prophétiser en matière délictueuse et do con-
damner d'avance, ils attendront quelque infraction
nouvelle pour lui infliger une nouvelle peine. M. le
ministre des postes procèdo tout autrement..Pour
lui, l'infraction est frappée avant d'être commise,
:.ft la condamnation est antérieure et permanente.
Les joc;:naux qu'il a désignés ai'x -rigueurs de son
personnel sont, seront' ,et resteront pornographi-
ques. Il en a décidé ainsi môme l'amendement du
coupable ne saurait l'attendrir l'interdit est irrévo-
cable.
Il est clair que, do par cette circulaire, le pouvoir
administratif empiète sur les attributions du pou-
voir judiciaire. La circulaire de. M. le ministre Van-
denpeereboom rétablit sous la forme postale la cen-
sure administrative et préventive, abolie par la
Constitution et interdite aux parquets eux-mêmes
par la cour de cassation. Il en fait naïvement
l'aveu.i
Si pou intéressante que soit la littérature porno-
sont évidemment populaires; en voici deux
exemples: i,
Lorsqu'il arrive: à l'avant
Il tombe à genoux.
'Oh! très sainte Barbe,
:Fais la croix sur moi t
Le travail d'un mineur
C'est une grande joie,
Six tatares par semaine
Et la-mort chaque jour!
Une autre chanson commence ainsi;:
Qui peut se dire mieux ̃̃
Qu'un mineur?; •<
iï allume sa lampe ̃ ̃ ̃
Et il va au Scfiibe. '0
•̃ ;j
v Et derrière lui vient sa femme
Avec un pot de lait
N'avez-yous pas vu
̃̃ Mon mineur là-bas? etc.
La- même livraison delà Revue des tradition*
populaires donne une version morvandelle et
une version normande, avec les airs, de la
chanson si connue « Si j'étais hirondelle. »
M. Tiersot dit en note à ce sujet « La version
morvandelle, avec son chant doux et mélo-
dieux, n'évoque, dans l'esprit du chanteur po-
pulaire, que des idées gracieuses Les paroles
'incohérentes, formées de bribes de diverses
chansons d'âges différents, expriment, dans
l'ensemble, ce sentiment d'optimisme béat,
obscurément ressenti par le paysan après la
détente d'un'instant de repos, le dimanche soir,
au cabaret.
Quant à la version normande, chantée sur un
air de ronde a danser, de même forme,et de
même allure que les mélodies notées dans les
recueils de chansons normandes du, dix-septiè-
me siècle ou dans les livrets de chansons fran-
çaises publiés par Ballard au dix-huitième, il
est incontestable que ces couplets se suivent
d'une façon beaucoup plus logique. Le sujet
n'est-il pas le même après tout que celui do
la chanson si populaire des Métamorphoses,
chantant la poursuite et la fuite incessante
des sexes, sujet que l'on tronve déjà dans les
plus antiques poèmes persans ou hindous, et
cela sous une forme mystique et presque re-
ligieuse-
J. WEBER.
samedi. ii juillet 1891
̃ÎÏIENTE ET UMKME AWINKHl- N° 1ÏOH
PRJX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, 14 fr.; Six mois, 28 îr. Un an, 56 fr.
DÉPt» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; 34 fr. 68 fr.
UNION POSTALE 18 fr.; 36 fr. "72 fr.
AUTRES PAYS 23 fr.; 46fr.; >; 92 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 10 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 2O centimes.
ANNONCES MM. Laghange, CERF ET C, 8, place de la Bourse
LeJournalet les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur.
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
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DÉPt» & ALSACE-LORRAINE 17 fr.; i 34 fr.; i 68 fr.
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AUTRES PATS. 23fr.; 4Sfr.; 92 fr.
IES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) IS centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
La rédaction ne répond pas des articles communiqués.
Adresse télégraphique TEMPS PARtS
PARIS, 10 JUILLET
BULLETIN DU JOUR
< < "~d~ .}.
Le mouvement autonomiste en Norvège,
l'agitation antiunionniste, comme on l'ap-
pelle à Stockholm, a eu trois occasions nou-
velles de se manifester la discussion du
budget des affaires étrangères, celle du bud-
get de la guerre, enfin les élections pour le
Storthing. Le parti radical n'a pas réussi à
faire appuyer toutes ses revendications par
le ministère sorti de ses rangs. Cependant,
le mouvement d'indépendance opposé à
la direction de la politique par la Suède
est toujours aussi fort et gagne du terrain
dans le pays de Norvège.
Le différend entre les deux Etats scandi-
naves, au sujet des alfaires étrangères de
l'Union, est arrivé à l'état aigu; mais il n'est
pas d'hier. La Norvège a commencé -par de-
mander une part d'influence dans la diplo-
matie commune. Il. y a six ans, le premier
ministre du'royaume, qui était alors M. Sver-
drup, avait fait adopter, malgré l'opposition
du conservatisme suédois, l'institution d'un
conseil des affaires étrangères communes,
formé des délégués des deux Etats, sous la
présidence du roi. Et il ajoutait que la Nor-
vège finirait par réclamer son droit à régler
elle-même ses relations extérieures si la
Suède persistait à ne pas admettre qu'un Nor-
végien pût diriger la diplomatie de l'Union.
Il ne s'agissait alors que d'un équilibre
d'influence; d'une sorte d~e co?idommiu?n.ha.\
théorie fit scandale, et, à Stockholm, on pro-
testa bien haut contre cette tentative de bri-
ser la tradition qui assure, depuis l'Union,
;a direction des affaires étrangères à la
Suède, c'est-à-dire en dernier lieu au roi.
Aujourd'hui la question d'une diplomatie
sntièrement séparée s'est posée en des ter-
mes qui semblaient lointains naguère, et
somme l'union est présentée en obstacle,
c'est l'union même qui se trouve indirecte-
ment mise en cause, sinon dans le Storthing,
«lu moins devant le peuple.
Les députés radicaux ont donc invité leurs
coreligionnaires, M. Steen, récemment ap-
pelé au pouvoir, à soutenir leur proposition
de la création d'un ministère des affaires
étrangères spécial à la Norvège. M. Steen,
depuis qu'il est ministre, a une position diffi-
cile. Il faut qu'il accommode son radicalisme
aux institutions constitutionnelles existantes
et que son loyalisme ne donne aucune prise.
au soupçon. Sa déclaration ministérielle, en
réponse à ses amis,, a affirmé le principe de
l'égalité absolue delà Norvège et de la
Suède au point de vue international; cette
égalité exige la création du ministère que ré-
clame la gauche; mais1 M. Steen s'est refusé
à voir une incompatibilité entre cette créa-
tion et la constitution actuelle qui réunit les
deux Etats. Bref, le chef du cabinet norvé-
fieii s'est posé en autonomiste, mais en ami
de l'Union. •̃.
Reste à savoir si la conciliation qu'il a es-
sayée entre l'autonomie diplomatique de la
Norvège et la Charte' né sera pas tenue pour
hérésie en Suède. îyï. Sic^g] chef des .cpn^
"servateurs norvégiens et prédécesseur de M.
Steen au ministère, a donné un avant-goût
de 1$ réponse du gouvernement de Stock-
:,holm il a traité la thèse des radicaux et de
M. Steen de violation pure et simple de la
Constitution; II a reconnu toutefois qu'on
pourrait de temps en tcm,ps a~p~ler.nn Nor-
pourrait de temps en temps appeler n Nor-
végien au ministère .des affaires étrangères
-• st faire aussi aux Norvégiens une place dans
là représentation diplomatique. Voilà, sans
̃ doute,, tout ce que le gouvernement offrira en
guise de satisfaction à lagauche du Storthing.
Quant à la question d'une représentation con-
sulaire séparée, que l'opposition norvégienne
avait subsidiàiremènt posée au cours de la
discussion du budget, la droite conservatrice
.et M. Steen n'y voient aucun inconvénient,
puisque ces agents n'ont pas de caractère
̃ politique. A Stockholm aussi on estimera
:t sans doute que la.Norvège peut se 'donner
ce luxe, pourvu qu'elle le paye. La proposi-
•̃ tiori d'instituer un corps consulaire norvé-
gien a donc de très grandes chances d'être
1- bien accueillie par le roi, de même qu'elle a
réuni l'unanimité du Storthing.
L'opposition a livré .sur le budget de la
guerre sa bataille habituelle, mais sans abou-
tir à faire voter une réduction radicale de la
quote-part du pays dans les dépenses com-
munes. Sur la question militaire, il y a di-
̃ vergence dans la gauche. Les intransigeants
examinent les crédits militaires au point de
vue politique, et c'est par politique1 qu'ils, les
rejettent. Les ministériels sont plus réalistes.
Ce sont eux .qui qnt aidé à-la formation d'une
majorité pour voter les chiffres demandés
parla commission militaire, laquelle avait
gardé l'essentiel du budget conservateur.
ette même majorité mi-partie a voté en par-
faite entente le crédit, autrefois si discuté,
pour le développement des sociétés de tir. Ces
FEUILLETON DU <&tm\)&
DU 11 JUILLET 1891
CRITIQUE MUSICALE
Mémoires de l'Académie royale de musique do Flo-
rence (1891). Nécrologie Antoine Vidal et Niels
Gade. De la recherche du vrai et du nouveau
dans la musique dramatique. –La lutherie italienne.
Hevue des traditions populaires (juin). ,Coutumes
et chansons des mineurs polonais. Chanson mor-
vandelle et normande.
Le nouveau volume des mémoires de l'A-
cadémie royale de musique de Florence (29e an-
née) commence comme d'habitude par un
rapport du secrétaire, M. Tacchinardi, avec des
notices nécrologiques sur les membres de l'Aca-
démie décédés dans l'année. J'y vois les noms
de deux Français, l'un, généralement connu,
Léo Delibes, l'autre, connu seulement des bi-
blipphiles, Antoine. Vidal c'était un amateur
^Occupant uniquement des travaux qui lui
étaient chers, sans rechercher ni le bruit, ni la
réclame. J'ai eu plusieurs fois occasion de par-
ler de lui et je n'ai su sa mort que par la notice
de M. Tacchinardi.
Louis-Antoine Vidal était né à Rouen le
10 juillet 1820; il est mort à Paris le 7 juin 1890.
Presque toute sa vie s'est passée dans l'étude du
violoncelle et les travaux d'érudition sur les ins-
truments à archet, leur histoire depuis les temps
les plus reculés, les progrès de la lutherie, les
facteurs d'instruments dans les différents pays,
les virtuoses, la musique de chambre, la typo-
graphie et lagravure musicales, etc. Son princi-
pal ouvrage sur ces sujets forme trois volumes
in-4° et a paru chez Quantin, à Paris, en 1876-
1878, avec de nombreuses gravures. Lors de
l'JExpositinn rip. <88Q l'auteur en a tiré une sorte
sociétés sont pour la plupart radicales mais
les conservateurs n'ont pas manqué de se
grouper de leur côté on s'est partagé frater-
nellement la subvention.
Les élections au Storthing ne font que
commencer. Certains districts seulement ont
choisi les électeurs qui feront les députés.
La gauche, jusqu'ici, a parmi ces électeurs
une majorité plus forte encore qu'il y a trois'
ans. Si l'événement répond aux pronostics,
le radicalisme fera une nouvelle Chambre
plus hardie et plus pressante encore dans
ses revendications autonomes ou anti-
unionnistes, comme il vous plaira.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
TVES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 10 juillet, 8 heures.
M. de Thiclen, nommé récemment ministre des
travaux publics en Prusse, a été également chargé
de l'office impérial des chemins de fer.
Mme la comtesse de Launay, femme de l'ambas-
sadeur d'Italie à Berlin, est morte à l'âge de quatre-
vingt-deux ans. a
Berlin, 10 juillet, 11 heures.
Nouveau' scandale médical signalé par le Lolcat
Anzeiger qui cite les « Archives pour la pathologie
expérimentale et la pharmacopée », volume 22,
page 338. D'après cette citation' le docteur Lenhartz,
professeur à Leipzig, étudiant, en 1886, l'action
toxique de la morphine et de l'atropine, opéra un-
homme après quelques expériences sur les ani-
maux. L'expérience se termina par la mort du pa-
tient..
Le bruit que le général de Waldersee quitterait
prochainement le service militaire, soit pour un
poste diplomatique, soit pour devenir statthalter-
d'Alsace-Lorraine, commence à prendre une cer--
taine consistance.
Rome, 10 juillet, 9 heures.
M. di Rudini; qui a déjà reçu l'Aigle-Noir du gou-
vernement allemand, a été également gratifié du
grand-cordon de Saint-Etienne par l'empereur d'Au-
triche. Les journaux officieux du premier ministre-
ne font pas mention de ces distinctions méritées
par M. di Rudini pour l'empressement qu'il a mis à
signer le renouvellement de la triple alliance.
Rome, 10 juillet, h. 50.
Mgr Galimberti, nonce à Vienne, aurait télégra-
phié au Vatican que le gouvernement autrichien,
dès que les journaux ont prétendu qu'il existait
dans le traité do la triple alliance un accord relatif
à l'éventualité du départ du pape et au futur con-
clave, s'empressa do communiquer à Mgr Galim-
berti le texte dur traité. Mgr Galimberti ajoute qu'il
n'y a pas trouvé cette clause concernant le Saint-
Siège. Mais, comme le traité garantit par lui-même
aux alliés leurs territoires respectifs et, par consé-
quent, Rome à. l'Italie, le Vatican est loin de par-
tager la satisfaction de Mgr, Galimberti.
Vienne, 10 juillet, 8 h. 35.
Hier, à la Chambre des députés, le ministre du
commerce, M. de Bacquohem, a parlé du traité de
commerce conclu avec l'Allemagne, traité qui n'est
pas encore définitivement arrêté, parco qu'il doit ser-
vir de base aux négociations entamées avec d'autres
Etats. Il a déclaré que l'Autriche a entamé ces pour-
parlers non pas par nécessité, mais volontaire-
ment et qu'elle s'est mise du côté de ceux qui, do-
mandant des garanties, veulent aussi en donner,
afin que l'avenir des relations commerciales inter-
nationales ne soit pas incertain.
Au cours de la séance, un homme s'est. tué d'un
coup de revolver, dans les tribunes; il parait qu'il
avait. adressé à la Chambre une pétition au sujet
d'un procès qu'il soutenait contre un banquier.
̃-̃ Budapest, 10 juillet, 9 heures.
• La discussion sur la réforme administrative et la
réorganisation des comitats continue au^Hûilieu^ des
scènes tumultueuses que provoque l'opposilipn
pour'retarder le vote. final. Hier encore, le président
du' conseil, le comte Szapary, a, dû interrompre son
discours,pendant près d'un quart d'heure en pré-
sence des cris et des protestations do l'extrême
gauche. (.Service llavasj
Rome, 10 juillet.
Quelques journaux ont publié hier une attaque hai-
neuse contre le cardinal Lavigeri<3,.sous ce titre « Mé-
moire. des capucins de Tunis au cardinal Simeoni. »
Aujourd'hui, le Vopolo' romano déclaré loyalement
qu'aucun capucin n'a pris une part directe ou indirecte
à. la publication de ce' Jactum. Berne, 10 juillet.
>̃̃•̃̃̃̃̃ >" Berné, 10 juillet;
Le comité du parti conservateur suisse et les sbeia-r
listes organisent un pétitionnement pour demander le
référendum contre l'achat par la Confédération du che-
min de fer Central suisse,
Nancy, 10 juillet.
Deibler et ses 'aides sont arrivés ce matin à Nancy.
Ils procéderont demain à l'exécution de Meunior, con-
damné à mort récemment par la cour d'assises de
Nancy, pour assassinat, tentative d'assassinat, incen-
dies et vol.
La guillotine n'est pas encore arrivée.
Une discussion qui a offert le plus vif in-
térêt s'est.engagée nier h la Chambre. Il s'a-
gissait de fixer le. régime auquel seront sou-
mis les filés de coton entrant en France. Le
gouvernement s'est mis d'accord avec la
commission des douanes sur la tarification
qu'il conviendrait d'appliquer, mais il pro-
pose de généraliser le système de l'admis-
sion temporaire, car les droits nouveaux
constituent, en réalité, une majoration assez
forte;' que le tissage ne pourrait pas suppor-
ter. La,commission accepte le rehaussement
des droits,'mais elle repousse l'extension de
l'admission temporaire. Il y a ainsi conflit
entre la commission et le gouvernement. De
plus, il va sans dire que les industries pour
de manuel sous le titre la Lutherie et les, lu-
thiers (un volume. in-8°, chez Quantin). Vidal,
a laissé une curieuse collection ^étiquettes
d'instruments à archet; il en a reproduit un
grand nombre dans les volumes dont je viens
de parler.
Dans ces dernières années, il avait porté ses
recherches sur l'histoire de la facture dés pia-
nos. M. Tacchinardi nous dit que ce travail est
presque entièrement terminé. 11 est vivement à
désirer qu'il soit publié.
Parmi les académiciens décédés nouvellement
se. trouvé, aussi le compositeur danois Niels-
Guillaume, Gade. Cet artiste, dont, le nom s'est
trouvé plus d'une fois sur les programmes des
concerts symphoniques de Paris, était né à Co-
penhague le 22 février 1817 il est mort le 21 dé-
cembre dernier. Depuis de longues années, il
était directeur du Théâtre-Royal de Copenha-
gue et de la'Société l'Union musicale en 1882,
il fut nommé maître de chapelle de la cour de
Danemark. On cite parmi ses œuvres, qui
sont assez nombreuses, la symphonie Ossian;
Pasdeloup fut, je crois, le premier à le faire
connaître au public parisien.
Outre des œuvres symphoniques on a exé-
cuté de lui une cantate- la. Fille du roi des Aul-
nes et la Fantaisie dit Printemps (Frùhlings-
FantasieJ..11 faut,avouer, cependant, que son
souvenir n'a pas, laissé de traces profondes
dans le public parisien et l'on dira sans injus-
tice qu'il en est de même de tous les composi-
teurs du Nord, Danois, Norvégiens ou Suédois.,
Bien faites et très estimables, leurs œuvres n'ac- ̃
cusent pas un caractère personnel marqué et
semblent un reflet de la musique. allemande, re-
flet atténué et un peu terne, Il y a bien long-
temps que j'ai entendu une symphonie de
Gade l'auteur me semblait se rattacher parti-
culièrement à Mendelssohn.
M. Fodale a écrit un mémoire sur la Recher-
che du vrai et du nouveau dans les arts, et par-
ticulièrement dans la musique dramatique. Ce
sont des considérations générales et très som-
maires. Par bonheur, le théâtreenapour tous les
goûts et chacun peut prendre son plaisir où il le_
trouve. Les uns peuvent s'en tenir à Rossini, à
Donizetti, à Bellini, à Verdi; les autres peuvent
à volonté ne jurer que par Wagner, ou prendre
quelque plaisir au Freischùtz, ou raffoler du
lesquelles les filés de coton sont une matière
première indispensable sont loin d'accepter
toutes l'aggravation des droits projetée, mal-
gré l'a perspective de la franchise pour les
produits destinés à l'exportation. Enfin, en
sens contraire, divers représentants de la fi-
lature estiment encore insuffisants les tarifs
protecteurs soumis à la Chambre; ils en ré-
clament avec énergie l'élévation. On voit si
Je débat est complexe. On ne sera pas sur-
pris qu'il n'ait pas pu prendre fin hier. Es-
sayons donc d'en faire saisir l'importance
exacte, en précisant, s'il se peut, l'état de la
question.
Le point de départ de l'étude à entrepren-
dre, c'est la situation véritable de la filature
française. Cette industrie est-elle moribonde,
comme on tend à le faire croire? Quelques
chiffres permettront de juger ce qu'il en est.
En 1873, la filature comptait 4,687,000 bro-
ches. Or, actuellement, elle en possède
4,349,000. Il y aurait diminution, mais ce re-
cul, il est facile de le voir, est purement ap-
parent. En effet, d'une part, la statistique de
1873 a tenu compte d'un certain nombre de
broches spéciales qui sont aujourd'hui lais-
sées de côté et, d'autre part, les broches
comparées ne sont plus les mêmes la diffé-
rence est analogue à celle qui s'observe, par
exemple, entre les tonnes représentées par
des navires à voiles et les tonnes correspqn-
dant à des navires à vapeur. M. Audiffred a
mis cette transformation en évidence. Au-
jourd'hui, a-t-il,dit, tous les industriels qui
ont transformé leur outillage produisent,
avec le même nombre de broches, 41 0/0 de
plus qu'en 1873.
Cette transformation, si remarquable, a
étà mise en lumière d'une façon non moins,
évidente par M. PaulDislère. Prenant, par
périodes décennales, la consommation du
coton en France, l'honorable commissaire
du gouvernement a cité des chiffres qui.
frapperont tous les esprits impartiaux. De
1847 à 1856, la consommation du coton ne.
dépassait pas 65 millions de kilogrammes.
De 1857 à 1866, elle s'est élevée à 75 mil-
lions. De 1867 à 1876, elle est parvenue à
86 millions. De 1887 à 1889, elle a atteint
107 millions. En 1889, elle s'est avancée à
123 millions. Enfin, l'année dernière, elle a
monté à 124 .millions de kilogrammes. M.
Paul Dislère l'a dit nettement « Parmi les
moyens de juger de la prospérité de la fila-
ture, l'un des plus importants est la consom-
mation du coton; c'est là la vraie caracté-.
ristique de la prospérité. » Les chiffres sont,
on le voit, absolument décisifs.
Seulement, il est indéniable que,,çet essor
industriel ayant été le prix d'un renouvelle-
ment d'outillage,, toutes les filatures qui
n'ont pas su suivre ou plutôt devancer le
progrès se sont vues dans des conditions de
lutte de plus en plus malaisées. La concur-
rence industrielle exige, de nos jours, un es-
prit d'initiative, un déploiement d'intelli-
gence, une dépense de capitaux qui ne sont
point pour plaire à tout le monde. Il est bien
certain aussi que le premier venu ne peut
pas constituer les vastes installations sans
lesquelles on a vite fait d'être écrasé par le
poids des frais généraux. Mais la protection
est-elle faite pour enrayer le progrès? M.
Jules Deiafosse a'donnê à entendre que le
tarif devrait être conçu de telle sorte qu'il
sauvegardât les petites filatures. Il s'est
écrié Vous n'avez pas, j'imagine, l'in-
"tentiûH.- .d'introduire dans nos. institutions
ou dans nos mœurs la loi naturelle, la loi
bestiale, en vertu' de- laquelle les faibles sont
mangés par les forts ""et ̃ les petits par. les
gros ». Mais il ne s'agit pas d'introduire cette
loi dans nos mœurs, il s agit de ne' pas em-
pêcher les perfectionnements d'outillage qui,
seuls, permettent l'abondance des produits,
leur bon marché. leur démocratisation; et
qui, eii même temps, assurent la,;puissance
nationale.
En fait, partout où les industriels ont su
être a la hauteur du progrès, des bénéfices
ont été la récompense des efforts accomplis.
Des données irrécusables ont été apportées
hier à la Chambre sur ce point; en outre,
tandis que nombre de nos filatures grandis-
saient' et demeuraient prospères, de grandes
industries naissaient ou se développaient
pour utiliser les filés de coton, les mariera
la soie par exemple, et en tirer des tissus
élégants, à bas prix, c'est-à-dire accessibles
au 'grand nombre. Lyon s'est distingué, d'une
façon toute particulière dans cette œuvre do
transformation, et M. Burdeau a retracé élo-
quemment les progrès réalisés par ce centre si,
industrieux; mais bien d'autres régions ont
agi avec une égale initiative, MM. Berger
et Audiffred l'ont rappelé. M. Audiffred,
notamment, a redit les efforts de Roanne,
de Cours, de Thizy. Roanne, en 1850, comp-
tait 13,000 habitants; elle en compte aujour-
d'hui 35,000. Cours et Thizy existaient à
peine, et ce 'sont presque de grandes villes.
Elles nous ont rendu, dans la mesure où
cela était en leur pouvoir, notre cher Mul-
Trompette de Sœcldngen, des opérettes d'Of-
fenbach ou de Suppé, des opéras dlAuber et
d'Adam, etc. Lepublic.oppose même .une cer-
taine force d'inertie-.aux zélateurs modernes; il
veut s'amuser pour son argent, et je ne lui
donne pas tort. '̃.)".
Ce n'est pas le mémoire de M. Fodale qui
m'inspire ces réflexions, c'est qu'on nous a me-
nacé ces jours-ci d'une école française nouvelle-
et ultra-wagnérienne il n'y a pas péril en la de-
meure et ce n'est pas la peine de prendre la
plaisanterie au sérieux. En attendant, les Italiens
gardent leurs idées je me demande s'ils essaye-
ront de dépasser Oteïlo, de Verdi, ce qui les
obligerait, très probablement, à faire une part
plus large aux idées nouvelles.,
̃ « De même que dans les langues, dit M. Fo-
dale, il faut considérer-non seulement les mots,.
mais aussi leur construction grammaticale, de
même il y a en musique, outre les notes, leur,
coordination fixée par les lois tonales. Cette règle
n'admet aucune exception et,.en dehors de ces
lois, il n'y a qu'incertitude, obscurité et chaos. »
La question ne peut pas être tranchée aussi
simplement; et ce n'est pas tout que d'observer
les lois tonales, d'autant plus qu'on pourra re-
garder comme telles des règles qui ne le sont
pas. Il ne suffit pas non plus de faire sonner dé.
grands noms. L'art n'est pas tout entier dans le,
passé; il peut être téméraire de vouloir faire
mieux que les maîtres, mais il n'est pas défendu
de le tenter; il est permis surtout de' faire au-
trement qu'eux, d'autant plus qu'aucun n'a fait
au mieux, je ne parlé ique de la musique théâ-
trale. • ̃-̃•̃ ̃̃̃̃̃̃>
M. Filippi a lu un mémoire sur la lutherie ita-
lienne, sous ce titre « Sur le dommage écono-
mique ou financier causé à l'Italie par l'aban-
don presque total de la fabrication des instru-
ments à cordes et principalement des instru-
ments archets. » M. Filippi n'a pas tardé à
trouver un contradicteur soutenant de son côté
que les instruments fabriqués en Italie peuvent1
parfaitement soutenir la comparaison avec ceux
qui viennent de l'étranger. Il est bien permis à
un homme de trouver que dans son pays tout
est au mieux il est non moins permis de cher-
cher impartialement les améliorations à faire.
MM. Filippi et Bicchierai étaient donc tous les
deux dans leur droit; ie «ià nuis trancher le diffé-
house. Qu'on vienne maintenant relever
les droits qui frappent les filés de coton,
comnient vivront-elles Et quelle récom-
pense pour leur courage? Calais est dans
une situation identique pour ses tulles et
dentelles. Sans filés de coton à bon mar-
ché, que deviendraient les fabricants et
les ouvriers de ces régions? Les droits
proposés sont supérieurs à ceux qui
existent à l'étranger. L'admission tempo-
raire généralisée les effacerait-elle? Evi-
demment non, tant ses inconvénients sont
multiples. Certes, il n'y a pas lieu de re-
pousser l'extension do l'admission tèmpo-
raire, mais elle devrait coïncider avec une
diminution des droits existants ou, tout au
moins, avec le maintien des tarifs actuels.
La Chambre n'a pas statué hier, avons-
nous dit. M. Méline, avec son talent habi-
tuel, a plaidé en faveur des tarifs proposés,
d'un commun accord, par la commission et
le gouvernement. Très habilement, il avait
fait mettre au second plan la question de l'ad-
mission temporaire. Le débat reprendra de-
main. Dans l'intérêt de nos grandes indus-
tries du tissage, dans l'intérêt même de la
filature, laChambre voudra, nous l'espérons,
écarter les propositions excessives dont elle
est saisie. Elle doit sauvegarder à la fois le
travail national et notre exportation.
C'est dimanche qu'a lieu le scrutin do ballottage
dans le 5e arrondissement. Les deux candidats en
présence sont, comme on sait, M. Trélat, qui a ob-
tenu.le plus de voix au premier tour, et M. Collin,
le candidat radical leplus favorisé.
• .La Justice, par la plume de M. Camille Pelletan,
adresse aujourd'hui un appel aux candidats et aux
électeurs radicaux, pressant les uns de voter ppur
M. Collin; et les autres, do lui céder la place
Parmi les radicaux, dit-elle, M. Collin a eu la majo-
rité il est donc du devoir de tous de s'effacer devant
lui et de voter pour'lui.
Et notre confrère ajoute, pour le cas où M.
Trélat serait «lu
Quelle force donnerait-on à. ceux qui veulent réduire
la politique républicaine a un misérable piétinement
sur place, si l'on faisait en sorte de montrer au pays
ce résultat apparent l'un des arrondissements les
plus fermement et les plus anciennement radicaux de
Paris ayant l'air de renier la cause de la République,
des progrès politiques et sociaux!
̃ c. P.
De son côté, et le même jour, M. Paul Lenglô,
directeur politique du Pays, candidat boulangiste do
1889 dans le 5e arrondissement, expose les ïaisons
qui le déterminent à ne pas poser de nouveau sa
candidature, et, s'adressant aux électeurs qui lui
ont donné leur voix en 1880, les adjure de voter.
pour M. Collin
Reste l'honorable M. Collin. Il a été mon adversaire,
et je n'ai pas besoin de dire que je ne partage pas
toutes ses idées mais il représente en ce moment la
revision et la République,
Sorti des rangs du peuple, honnête homme, citoyen
laborieux, il a. dans la sphère modeste où il s'est
trouvé placé, rendu de réels services à la cause des
travailleurs; son élection sera une victoire démocrati-
que et révisionniste..
Ainsi, le candidat de M. Pelletan est aussi celui
de M. Lenglé; touchant accord qui nous reporte
aux beaux jours d'autrefois! Il appartient aux
électeurs de tirer la moralité de cet incident, et ils
la tireront en votant pour M. Trélat, qui, lui, est
le candidat de la République tout court, de la Ré-
publique sans revision, sans patronage suspect,
Le propre des personnages dé la Révolution,
et surtout de quelques-uns d'entre eux, des na-
tures les plus riches, les plus souples, et, si l'on
peut dire, les plus vivantes est de prêter à des
interprétations multiples, de se' laisser revendi-
quer tour à tour par les partis les plus diffé-
,rents. C'est le cas de Mirabeau, c'est le cas de
Danton. Au Sénat, on nous montrait deux
aspects de Danton; réels tous les deux; mais il
;y en a d'autres. Après le Danton de M. Dide et
ç'elui'de M. Wallon, voici venir; le Danton de-
M Sig-ismond Lacroix^autonomistc, celu'irci,, et
partisan des droits d.e'I?âr,is ^u'n, conseiller mu-
nicipal selon le cœur de la majorité qui siège à-
l'Hôtel de Ville! l' .̃̃̃
Les admirateurs de Danton trouveront peut-
être que, s'il fut, à son heure, autonomiste, cela
n'ajoute pas grand'chdse à sa glo.ire et que, s'il
n'avait été qu'autonomiste, si la patrie, l'a Ré-
volution tout entière n'avaient pas semblé à; un
certain, moment s'incarner en lui, il n'y aurait
pas de quoi lui dresser aujourd'hui. des statues.
Mais laissons ce point et voyons plutôt comment
M. Sigismond Lacroix s'y prend poUr mettre en
relief ce côté nouveau du caractère et de la car-
rière de son héros. Danton, dit-il, exerçait une
influence prépondérante au «comité de'l'Ar-
chevêché », assemblée de délégués des districts,
qui étaient chargés, ou qui s'étaient chargés, de
rédiger un plan d'organisation municipale pour
Paris. Or'il existe un document, qui fut com-
muniqué à l'Assemblée nationale le 10avrill7Q0,
et où, sans que le mot d'autonomie soit pronon-
cé, les partisans de ce régime peuvent chercher
un précédent, sinon un argument. M. Sigismond
Lacroix donne un extrait de ce document, et il
est de fait que la première partie de, l'extrait a
bien le sens qu'y voit et qu'y signale notre
confrère. Mais la seconde partie,de ce même ex-
trait peut être invoquée à_ très juste titre par
les adversaires de l'autonomie, .du. moins telle
qu'elle est comprise par nos conseillers munici-
paux. Liseis plutôt V
rend, connaissant trop peu la lutherie italienne.
moderne toujours est-il que l'Italie ne peut
prétendre au premier rang comme au temps
de ses grands facteurs restés célèbres. Elle se
borné à; vouloir faire aussi bien que d'au-
tres. Cependant, la lutherie n'a pas dit son der-
nier-mot; les, instruments à archet offrent des
problèmes dont j'ai déjà parlé et qui ne sont
pas près d'être résolus; tel'membre de la famille
fait défaut, d'autres laissent à désirer sous le
rapport delà sonorité, et ;tous'les essais ten-
tés jusqu'à présent ont échoué. Quel est le
pays qui enfantera le Stradivari attendu? Nul
ne le sait. ̃ '• •
.La Revue des traditions populaii'es de juin
donne un article sur les coutumes, croyances
et chansons des mineurs polonais. A Olkusz
sont des mines de plomb galène; elles'n'ont
pas une population exclusivement composée de
mineurs, parce que beaucoup de ceux qui, de-
puis le printemps jusqu'à l'automne, sont la-'
boureurs deviennent mineurs en hiver. Dans
ces conditions, il est impossible que l'on ren-
contre chez eux des particularités bien définies.
Les travaux des mineurs, à Olkusz, s'effec-
tuent depuis le quatorzième siècle. Selon les
traditions, un moine nommé Grégoire, de l'or-
dre de Saint-Augustin, avait découvert ces mines
au commencement du quatorzième siècle, mais
le premier diplôme date de 1370.
Les mineurs polonais se distinguent des labou-
reurs par là taille qu'ils ont plus développée et
aussi par la fierté. Un mineur se tient pour beau-
coup plus noble qu'un laboureur. Les mineurs
sont un peuple instruit; ils ont déjà besoin de la
lecture. Ils lisent des journaux et leurs demeures
sont plus confortables. Ils ne sont pas très aisés,
dé même que les laboureurs, et ils sont aussi
insouciants de l'avenir.
Jusqu'au treizième siècle, les bourgades de la
Pologne étaient peuplées d'artisans indigènes
et ils avaient. déjà une terminologie industrielle
propre à la langue polonaise. Au milieu du
treizième siècle vint un terrible flot de Mogols
tout ce qui existait sur les routes par lesquelles
passaient ces barbares était rasé par le glaive
et le feu. Cracovie, capitale à cette époque,
disparut, sauf deujs. ou trois, églises.
"Quand ces temps terribles furent passés, les
On sent, d'après co qui vient d'être dit, que
quoique une commune ait un pouvoir de règlement
et un pouvoir de juridiction, à raison de sa pro-
priété et de sa police, elle n'est pas une République
particulière dans l'Etat, et que ses pouvoirs ne. sont
ni égaux à ceux de la nation, ni do la même nature
que ceux de la nation.
Une commune est un citoyen dans l'Etat; elle est
soumise aux mêmes devoirs qu'un citoyen.
Dans ses rapports avec l'Etat, elle doit, comme le
citoyen, ne jamais s'écarter de'la loi générale,
exercer ses pouvoirs pour le bien général, sacrifier
de l'exercice de ses droits et pouvoirs au bien gé-
néral, mais seulement lorsquo la nécessité publique
légalement consultée l'exige évidemment.
Un sceptique ferait remarquer qu'il y a des
points suspensifs au bout de la citation et dé-
duirait vraisemblablement de là que la suite
n'était pas trop favorable à l'argumentation du
citateur.
C'est, en général, ce que veulent dire les
points suspensifs. Mais nous n'avons garde de
prêter à M. Sigismond Lacroix le moindre cal-
cul de ce genre. Prenons la citation telle quelle
les dernières lignes ne suffisent-elles pas am-
plement à réfuter la thèse dite « des droits de
Paris »? N'y a-t-il pas, pour Paris, une parti-
culière et unique obligation de sacrifier de l'exer-
cice de ses droits et pouvoirs au bien général,
ne fût-ce que pour cette raison Paris esL le
siège des pouvoirs publics?
Ajoutons, enfin, que les questions ne se po-
saient pas pour Danton et ses contemporains
comme elles se posent aujourd'hui, et que les
mêmes individus qui ont rédigé le programme
de l'Archevêché acclamaient (plus tard) la Ré-
publique « une et indivisible ». L'unité, l'indivi-
sibilité de la République voilà le but sacré des
grands hommes de la Révolution! N'est-ce pas
les défigurer, en même temps que les rapetis-
ser, que de nous les montrer dans la posture de
tel ou tel conseiller municipal, s'écriant « Pé-
risse la République, pourvu que Paris ait sa
mairie centrale »?
♦– ̃
AFFAIRES COLONIALES
Voici le texte du projet de loi portant organisa-
tion de l'armée coloniale tel qu'il a été adopté par
la commission de l'armée, d'accord avec le ministre
de la guerre
Article lor. Les troupes coloniales, prévues par la loi
du 15 juillet 1889, sont spécialement chargées de la
garde et de la défense des colonies et des pays de
protectorat.
Les troupes coloniales sont rattachées au ministère
de la guerre.
Elles ont un budget spécial qui devra pourvoir aux
dépenses militaires de toute nature tant dans la mé-
tropole que dans les colonies et les pays de protec-
torat. ̃ ̃ ̃
Art. 2. Les troupes de la marine, soit métropolitai-
nes, soit indigènes, telles qu'elles existent, forment
les troupes coloniales.
Elles continuent à être chargées de tous les services
qui leur sont actuellement confiés.
Jusqu'au vote d'une loi définitive d'organisation, des
décrets, rendus sur la proposition du ministre de la
guerre, régleront, d'après les crédits ouverts et les né-
cessités du service, la formation des corps coloniaux,
leur administration et leur commandement, la compo-
sition des cadres ainsi que le passage des officiers des
troupes coloniales dans les autres troupes de l'armée
et réciproquement..
Sauf exception spécifiée par le ministre de la guerre,
les troupes coloniales sont administrées, régies et
commandées suivant les lois et règlements on vigueur
dans l'armée.
Le bénéfice du droit à une pension de retraite au
bout de vingt-cinq ans de service, dont six ans de sé-
jour aux colonies ou dans les pays de protectorat, ac-
tuellement attribué aux, officiers des troupes de la ma-
rine, est maintenu aux officiers employés dans les
troupes coloniales, sans distinction d'origine.
Art. '3. Les officiers et les troupes des autres corps.
de l'armée employés à un service aux colonies, seront
détachés dans le corps colonial et payés sur son bud-
get spécial.
Les officiers et lés troupes détachés pour le service
technique de l'artillerie de la flotte seront payés sur
le budget du. ministère de la marine.
Art. 4.,Le; 'recrutement des troupes coloniales. conti-
nuera à être, réglé par l'article 44 de la loi du 15 juil-
let 1889; toutefois, les contingents coloniaux visés par
le premier alinéa do l'article 81 de la même loi y seront
incorporés.. 7
Le service du recrutement et de Ift mobilisation
,d*ms les colonies de la Martinique, Guadeloupe, Réu-
riion et Guyane, sera 'immédiatement constitué par
décret
'Le service du recrutement dans les' autres colo-
nies sera constitué par décret au fur et à- mesure ides-
besoins. ̃̃•̃̃̃̃
Art. 5. Un règlement d'administration publique fixe-
ra les conditions dans lesquelles passera au ministère
de la guerre le personnel civil de l'administration cen-
trale du ministère de la marine spécialement affecté
au service des:troupes et du matériel de l'infanterie et
de l'artillerie de marine. ̃; ̃
i:f"i, a,c, .i ~J"~i'd
A FFA IRE S M A R ITÏM E S
On nous télégraphie da Brest, 10 juillet
Cinq nayire.ç rnobilisés rentreront au port mer-'
crodi 15 juillet eï' débarqueront demain leurs pou-
dres et leurs munitions sur des bugalets.
Les réservistes -débarqueront le 15 juillet et ral-
lieront la division le matin. Les navires seront
replacés dans la deuxième catégorie de réserve à
compter du 19 courant. Les états-majors dôbar-
queront à la même date. v-.
Aujourd'hui a lieu un lâcher de pigeons sur lu
Forfait, à 150 kilomètres au large.
Par décision présidentielle du 8 juillet 1891, M. lo
capitaine do vaisseau Maghon-Pujo a été nommé
au commandement de la marine en Corse.
M. Delacrose, commissaire adjoint de la marine,
est promu au grade de commissaire.
L'ESCADRE FRANÇAISE DANS LA BALTIQUE
Un accident ̃qui aurait pu avoir de graves consé-
quences est arrivé dans les eaux de la mer Baltique
à l'escadre française.
Le Nouveau Temps raconte que, par un brouillard
épais, le vapeur anglais le Cormoran a abordé le
rois de Pologne invitèrent les artisans alle-
mands à venir prendre possession des villes et
des bourgades dépeuplées. Par suite, il se for-
ma deux terminologies industrielles, une polo-
naise et une allemande, beaucoup plus dévelop-
pée et qui a presque fait disparaître la première;
encore la terminologie allemande est-elle très
corrompue.
A cinq heure,s; sonne la clochette des. mines;
avant six heures tout le monde se rassemble; à
six heures on sonne pour la seconde fois et tout'
le monde commence à chanter des cantiques
devant les images qui se trouvent au lieu de
rassemblement. Sans' décrire la descente aux
mines, je dirai que de midià une heure on. va
dîner, puis on retourne aux mines jusqu'à
six heures du soir puis on se rassemble encore
pour prier..
Les coutumes des 'mineurs sont les mêmes
que celles des laboureurs elles ne présentent
rien de spécial sinon le jour de la Sainte-Barbe,
regardée comme la patronne des mineurs. Pen-
dant toute cette journée de fête on s'amuse
beaucoup et chaque mineur regarde comme un
devoir d'être ivre..
Maintenant voici une chanson de mineurs
PREMIER COUPLET •
A cinq heures et demie on sonne,
Le mineur s'arrange,
Sa femme prépare la: lampe,
Elle lui ouvre la porte.
Sur latym polym.
(Ce vers est formé de mots vides de sens,
imitant les sons de la clochette et qu'on répète
à chaque strophe.)
DEUXIÈME COUPLET
· n va àZajchoz,
Il rentre dedans,
VObestajger écrit,
Le Stajgar lit.
Ces derniers vers concernent l'appel des mi-
neurs. La chanson continue et les huit premiers
couplets sont les plus usités; ils décrivent, com-
me onvientdele voir,laviedes mineurs. Outreles
huit strophes susdites, il y en a sept moins usi-
tées. On peut suspecter l'origine populaire de
plusieurs des couplets; mais, d'après la compo-
sition, le langage et le sentiment, très diffi-
ciles à rendre dans une traduction, plusieurs
croiseur français le Surcovf. Le Cormoran a subi ua
choc terrible qui lui a causé de graves avaries et
l'eût fait infailliblement sombrer si le Surcouf M
lui eût porté secours.
OUILUUIBE II A LONDRES
{Par dépêches)
Londres, 10 juillet.
L'empereur Guillaume II, bien qu'il se fût couché
tard après la représentation de Covent-Gardèn,
s'est levé hier à sept heures il a fait dans Rottcn-
row une longue promenade à cheval. Puis, assisté
de l'impératrice, il a reçu, dans la salle du Trône,
une sôrio de députations, que je vous ai énumérées
hier..̃,
Puis il a reçu en grande audience officielle la
corps diplomatique de Londros. En l'absence de M.
Waddington, ambassadeur de France, c'est M. do
Staal, ambassadeur do Russie qui a introduit les
représentants des différents Etats.
L'emperour et l'impératrice se sont rendus chez
lord Londonderry, où un lunch leur a été offert; on
remarquait parmi les invités, le prince et la prin-
cess-o de Galles, M. Balfour, M. John Morley, M. et
Mme Goschon et le comte de Hatzfeldt, ambassa-
deur d'Allemagne.
̃ A cinq heures et demie, les souverains ont été
reçus à Marlborough house parle prince et la prin-
cesse do Galles pour une garden-party. Le soir, ils
ont assisté, à Albert hall, en compagnie dp la reins,
qui était venue de Windsor, à une représentation
de la Légende dorée, l'oratorio de Sullivan.
Aujourd'hui, l'empereur, visitera l'exposition na-
vale et, à midi et demi, il sera reçu au Guildhall
par le lord-maire. Là Cité est pavoisée, mais non
dans les proportions auxquelles on aurait pu s'at-
tendre. Un simple 14 juillet à Paris est plus bril-
lant. On no remarque dans la Cité que de rares
drapeaux et de maigres guirlandes.
Une circulaire du ministre de la guerre fixe le
chiffre dos troupes qui prendront part à la revue, a
Wimbledon, samedi prochain
1 ,024 cavaliers, cinq batteries d'artillerie avec
543 hommes, 2,103 gardes à pied, .2,084 fantassins,
562 miliciens, 15,920 volontaires.
Le tout comprenant 991 officiers et 22,171 hom-,
mes, DÎacés sous lé commandement du duc do
Cambridge.
L'infanterie sera divisée en deux divisions, 'sous
les ordres du duc de Connaught ot du général sir
Evelya Wood. ̃ ̃
r-. + W'î 'S
LETTRES D E BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
̃•'̃̃' Bruxelles, 9 juillet.
La pornographie et la censure postale devant la
Chambre Interpellation de M. Janson
Depuis quelques jours on ne parle en Belgiquo
que de pornographie. La revision elle-même semble
démodée en comparaison. Il y a bien par-ci par-là
un meeting, comme celui des progressistes et so-
cialistes gantois, un conseil communal, comme ce-
lui de Bruxelles, voire un conseil provincial, comme
celui du Brabant (aujourd'hui même), pour émettra
des vœux, d'ailleurs platoniques, -espérant et solli-
citant, mais n'obtenant guère le dépôt à bref délai
du rapport de la section centrale auquel M. De Smot
De Naoyer travaille depuis tantôt deux mois. Mais
la question qui passionne l'opinion est celle de la
censure postale des journaux pornographiques. Aus-
si, après une forte polémique de presse, M. Paul
Janson a-t-il cru devoir en saisir la Chambre dea
représentants. •
Aux termes de l'article 383 du Code pénal, la « dis-
tribution» des écrits et imprimés attentatoires aux
bonnes mœurs estfrapp6e.de certaines peines. Bien
que le mot ait un sens légal très précis, M. le mi-
nistre Vandenpeereboom l'étend pour se l'appli-
quer, en sa qualité de ministre des postes et
considérant quo ses facteurs sont des distribu-
teurs, puisqu'ils distribuent lettres et journaux
à domicile;, estimant d'ailleurs qu'une admi-
nistration publique ne saurait se soustraire aux
responsabilités -qui atteignent les, particuliers il
a décidé quo la poste no distribuerait plus les
,publications tombant sous le coup do l'article 383
du Code pénal. Mais encore lesquelles? .11 y en a
peut-être beaucoup, il y, en a peut-être moins qu'on
no pense. M. le ministre a fait un choix. Il désigne
.six journaux parisiens plus ou moins; illustrés, et
enjoint aux employés des postes de les biffer «a la
page 416 du tarif des journaux étrangers », leur in-
terdisant en conséquence; de recevoir tout abonne-
ment à ces journaux et de distribuer les numéros
qui seraient adressés directement à (les, particuliers
par les offices d'origine.
Notons que, si un particulier se heurte à l'article
383 on vendant, exposant ou distribuant un écrit
dont il n'aura pas aperçu l'immoralité, fût-il con-
damné, c'est pour un fait précis; sa culpabilité res-
sortira de tel numéro de journal, de tel article dans
ce numéro. Et les tribunaux n'ayant pas coutume
de prophétiser en matière délictueuse et do con-
damner d'avance, ils attendront quelque infraction
nouvelle pour lui infliger une nouvelle peine. M. le
ministre des postes procèdo tout autrement..Pour
lui, l'infraction est frappée avant d'être commise,
:.ft la condamnation est antérieure et permanente.
Les joc;:naux qu'il a désignés ai'x -rigueurs de son
personnel sont, seront' ,et resteront pornographi-
ques. Il en a décidé ainsi môme l'amendement du
coupable ne saurait l'attendrir l'interdit est irrévo-
cable.
Il est clair que, do par cette circulaire, le pouvoir
administratif empiète sur les attributions du pou-
voir judiciaire. La circulaire de. M. le ministre Van-
denpeereboom rétablit sous la forme postale la cen-
sure administrative et préventive, abolie par la
Constitution et interdite aux parquets eux-mêmes
par la cour de cassation. Il en fait naïvement
l'aveu.i
Si pou intéressante que soit la littérature porno-
sont évidemment populaires; en voici deux
exemples: i,
Lorsqu'il arrive: à l'avant
Il tombe à genoux.
'Oh! très sainte Barbe,
:Fais la croix sur moi t
Le travail d'un mineur
C'est une grande joie,
Six tatares par semaine
Et la-mort chaque jour!
Une autre chanson commence ainsi;:
Qui peut se dire mieux ̃̃
Qu'un mineur?; •<
iï allume sa lampe ̃ ̃ ̃
Et il va au Scfiibe. '0
•̃ ;j
v Et derrière lui vient sa femme
Avec un pot de lait
N'avez-yous pas vu
̃̃ Mon mineur là-bas? etc.
La- même livraison delà Revue des tradition*
populaires donne une version morvandelle et
une version normande, avec les airs, de la
chanson si connue « Si j'étais hirondelle. »
M. Tiersot dit en note à ce sujet « La version
morvandelle, avec son chant doux et mélo-
dieux, n'évoque, dans l'esprit du chanteur po-
pulaire, que des idées gracieuses Les paroles
'incohérentes, formées de bribes de diverses
chansons d'âges différents, expriment, dans
l'ensemble, ce sentiment d'optimisme béat,
obscurément ressenti par le paysan après la
détente d'un'instant de repos, le dimanche soir,
au cabaret.
Quant à la version normande, chantée sur un
air de ronde a danser, de même forme,et de
même allure que les mélodies notées dans les
recueils de chansons normandes du, dix-septiè-
me siècle ou dans les livrets de chansons fran-
çaises publiés par Ballard au dix-huitième, il
est incontestable que ces couplets se suivent
d'une façon beaucoup plus logique. Le sujet
n'est-il pas le même après tout que celui do
la chanson si populaire des Métamorphoses,
chantant la poursuite et la fuite incessante
des sexes, sujet que l'on tronve déjà dans les
plus antiques poèmes persans ou hindous, et
cela sous une forme mystique et presque re-
ligieuse-
J. WEBER.
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