Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-07-27
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 juillet 1889 27 juillet 1889
Description : 1889/07/27 (Numéro 10308). 1889/07/27 (Numéro 10308).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE lïtàlPS. :Z7 3uffiet !fé«à
L'Europe n'était occupée que de cela; il venait au
nom d'une agence internationale de ooreesponûan-
ces qui voulait avoir là-dessus les renseignements
les plus précis .et qui payerait bien.
L'aspirant' littérateur ne sourcilla pas, et le dia-
logue entre le tentateuir et4£iéhté -se précipita à la
Dumas :» if(R,i ,-«» H ̃•̃ ̃̃̃>
Qu'Jentend.ez-vous ,par bien «payer ? 9
Cent écus au bas mot; cinq cents francs si
l'on est tout lait satisfait.
Disons donc cinq cents francs. combien de
pages? 9 >
Une vingtaine." ,r;-ï ;J?N ^-py^rm?!
Le nom de votre agence? .̃_
L'agence Oméga; elle -est.b^a^onnu.e. .j is,
L'adresse? 'l'
1 rue -Laffitte.
On convint alors d'un jour pour la livraison
't– Avec l'argent? .« i:i: ̃̃̃̃.̃̃,̃̃ ,̃; ..̃
Avec l'argent. .;<̃>'
L'agenceOméga, cela sonnait^rèleroent; l'adresse
donnée au hasard, c'était celle de la Maison-Dorée.
On ne s'informa que par acquit de conscience, et le
soir même, tous les cercles intéressés étaient au
courant.- Dix collaborateurs peinèrent pour échafau-
der l'idéal des rapports; les blanquistes y étaient
métamorphosés en correspondants do Frohsdorf,
les stagiaires orléanistes en homme de sang, de
pauvres garçons qui n'avaient pas le souffle en her-
cules prêts à livrer bataille à la brigade centrale
tout entière. Au jour dit, le délégué de l'agence
Oméga arriva, écouta avec toutes sortes d'exclama-
tions admiratives la lecture de ce factum héroïque.
Quand on en vint à parler du payement, il balbutia
que ce beau travail devait être d'abord soumis à son
shef.
Parfaitement, lui répondit-on avec un sourire
exquis, cet excellent M. Boitelle.
La situation de l'agent n'était pas bien bonne. On
était au cinquième étage et d'une alcôve fermée
surgissaient comme d'une boite à surprise quatre
vigoureux igaillards que le futur correspondant
avait tenu à rendre témoins et qui jetèrent l'homme
dans l'escalier avec assez de modération pour qu'il
fût sur ses pieds avant le troisième étage. Le bruit
s'était ensuite répandu qu'il était attaché à l'inspec-
tion des bals publics il se vit un soir entouré au
casino Cadet d'une ronde de vingt-cinq ou trente
jeunes gens scandant Oméga'! sur l'air des Lam-
pions. Il disparut ensuite, et peut-être sa carrière
était-elle compromise. Mais aussi, quelle singulière
Idée, pour ménager les vraisemblances, de lancer
un nom pareil Oméga l
1ETTEES D'OCEANE
•̃̃̃̃'Xtai "voyage aux Nouvelles-Hébrides
'tI:L'y.r: Nouméa, 26 mai.
Le Calédonien, de la Compagnie tm™™™ ji
Nouvelles-Hébrides, qui faisait le service de Nou-
méa ces îles, se perdit le 28 février dernier, jeté
sur les récifs de Santo-Spiritu par un cyclone. De-
puis lors, notre colonie n'avait plus tions avec l'archipel, que par quelques -goélettes à
voile, insuffisantes à 'tous les points de vue. Le
gouvernement local s'est entendu avec l'adminis-
îration des Messageries maritimes pour que le Ta-
ndis, annexe de celles-ci entre'Sydney et Nouméa,
poussât pour une fois du moins, et à titre de voyage
d'essai, jusqu'aux Hébrides.
De Nouméa, où l'on ne -se console pas de la dis-
parition de la prépondérance française officielle dans
l'archipel et où l'on craignait une rupture à peu
près complète des relations commerciales, on a vu
partir le Tanais avec joie. Qui plus est, un assez
grand nombre de notables nouméens sont partis
avec lui. Aux Hébrides, nos compatriotes et nos
amis ont vu arriver le paquebot et débarquer ses
passagers avec plus de plaisir encore.
Le Tanaïs a touché en quatre points Port-Vila,
Port-Havannah, Port-Sandwich et le canal du Se-
gond. Partout le sol est d'une fertilité extrême.
Partout la verdure plonge jusque dans la mer et
escalade le sommet des collines et des montagnes.
C'est un fouillis tellement impénétrable de plantes,
arbustes et arbres de toutes sortes que la terre ne
voit pas le soleil; et les fièvres, très fréquentes si-
non très pernicieuses, n'ont pas d'autre cause «que
les émanations d'un sol constamment saturé d'hu-
midité, et que ni la franche lumière ni la saine cha-
ieur du jour ne viennent jamais purifier.
La colonisation française est assez lente. Elle
commence seulement à récolter du café et à expor-1
ter du coprah, amande de'coco séchée au soleil et
qui fournit une huile à là savonnerie. A Port-Vila,
un Français, M. Cnevillard, a su grouper autour de
lui quelques colons de nationalités diverses, et,
sous le nom de Franceville, a imaginé de constituer
une municipalité. Le maire de Nouméa, M. Sauvan,
qui était du voyage, lui a remis, de la part du gou-
verneur de la Nouvelle-Calédonie, un manuel ad-
ministratif, un cachet-timbre, un portrait de M. le
président de la République et divers livres de pé-
dagogie offerts par la section française de la récente
Exposition de Melbourne. Des missionnaires anglais
résident à Port-Vila. A Port-Sandwich, au contraire,
ce sont des missionnaires français. Au canal du Se-
gond s'était installé un Français, M. Bernier. Il
avait, dans les prèmiers temps, quelque motif de
craindre les entreprises des indigènes, mais le croi-
seur le Fabert, navire qui représente la France dans
la commission mixte anglo-française, survint à
propos; son commandant sut parler de telle sorte
qu'aucun doute ne subsista dans les cervelles indi-
gènes sur la façon dont il saurait agir au besoin.
M. Bernier ne fut pas inquiété. Il défriche, il plante
en paix ses cafés.
Comme quantité et qualité, la main d'œuvre
laisse beaucoup à désirer. Le Canaque des Hébri-
des, alors qu'on le met sur place au travail, est pa-
resseux, perfide; il ne se gêne pas pour rejoindre
sa tribu en emportant instruments et récoltes. Dé-
paysé, c'est-à-dire transporté dans une autre île de
l'archipel, il rend plus et prend moins. Emmené
plus loin encore, aux Fidji, au Queensland, il satis-
fait généralement son engagiste. 11 faudrait aux Hé-
brides, en fait de travailleurs, des Chinois ou de
ces Indiens de Malabar qu'on voit à l'oeuvre aux
Fidji, où une seule raffinerie en occupe six cents.
L'escale du Segond a été marquée par un inci-
dent. L'exploitation de M. Bernier a reçu le nom
de Luganville, en l'honneur de M. Lugan, comman-
dant du Tanaïs, dont l'habileté professionnelle et la
courtoisie avaient été vivement appréciées des pas-
sagers. Le baptême a eu lieu au Champagne! l
Puisse-t-il profiter à la station! 11 est, en atten-
dant, de nature à flatter la Compagnie des Messa-
geries maritimes, à lui prouver que la Nouvelle-
Calédonie ne sera jamais en reste de bons procé-
dés avec elle 1
On attend des Messageries maritimes, pour le
moment, qu'elles veuillent bien étudier une combi-
naison qui aurait pour effet d'enlever à ce voyage
du Tandis son caractère accidentel et de créer un
service régulier entre Nouméa et l'archipel. Le
conseil général de la Nouvelle-Calédonie s'y prête-
rait d'autant plus volontiers que l'activité commer-
ciale et agricole anglaise devient de plus £n plus
pressante aux Hébrides.
Les passagers du Tandis ont rapporté à cet égard
les renseignements les plus inquiétants, ou plutôt
les plus stimulants. Les engagements de travail-
leurs hébridais pour le Queensland et les Fidji se
multiplient, tandis qu'ils ont cessé complètement
pour la Nouvelle-Calédonie. Or, il est incontesta-
ble que, de retour dans leurs tribus, les engagés
sont devenus moins rebelles à l'assimilation, et
que celle-ci s'opère peu à peu au profit de l'Angle-
terre.
Ce n'est pas tout. La Compagnie australienne de
navigation Burns, Philips et C° vient de consacrer
50,000 livres sterling à l'établissement d'une société
anglaise dite des Nouvelles-Hébrides; ses agents
parcourent déjà les îles, achetant des terrains que
des géomètres délimitent immédiatement. Une au-
tre compagnie s'est formée aux Fidji pour l'achat
des produits hébridais, spécialement du coprah. Un
steamer de cette compagnie, le Blackburn, a com-
mencé ses voyages mensuels. Une association de
mineurs du Queensland, ayant aussi à sa disposi-
tion un steamer, se livre à des reconnaissances
géologiques dans toutes les îles et se prépare à ac-
caparer les richesses minières. Le gouvernement an-
glais, enfin, a installé il y a quelques mois aux Hébri-
des, un consul, M. Romilly, qui fait des achats de ter-
rain aussi nombreux que possible. Tout récemment,
cet agent avait jeté ses vues sur une pointe qui do-
mine Port-Olry, à Spiritu-Santo les missionnaires
français le devancèrent et obtinrent cette position
importante en la payant comptant. C'est bien, mais
serons-nous toujours aussi heureux? Et n'est-il pas
à craindre, au contraire, qu'en dépit des efforts de nos 1 ]
colons l'influence anglaise ne se substitue rapide- ]
ment à la nôtre? '"̃
Elle est servie, cette influence, par un génie à la
fois entreprenant et persévérant, un génie méthodi-
que pour ainsi dire, et par des capitaux puissants. Avi-
ser est urgent. On peut différer d'avis sur l'opportu-
nité de la création d'un consulat français, parallèle
au consulat anglais, sur celle aussi du rétablisse-
ment de l'immigration néo-hébridaise en Nouvelle-
Calédonie où la main-d'œuvre pénale fait déjà une
ei redoutable concurrence à la main-d'œuvre libre S
et libérée on ne saurait hésiter sur la nécessité
d'organiser un service régulier de communications.
C'est la première chose à faire.
-SULLÏTIH DE L'ETRANGER
TUÊPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
ï •̃'̃' Alsace-Lox'raine
"̃•'̃M. le chanoine Dellès a obtenu 9,386 voix sur
10,505 votants. Le nombre des électeurs inscrits est
de 24,210. M. Délies acceptera sans doute le mandat
de siéger au Reichstag.
M. Dellès est né en 1840, à Laning, canton de
'GrosteUquin. 11 a fait ses humanités au collège de
Bitche et a passé par le grand séminaire de Metz.
Ordonné prêtre en 1865, il fut placé comme vicaire
à l'importante paroisse de Sarreguemines. En 1872,
après l'expulsion des jésuites, l'évoque de Metz lui
donna la succession du P. Thio comme directeur
de l'oeuvre des Allemands à Metz, poste difficile
qu'il occupa jusqu'en 1884, où il fut nommé curé de
Sainte-Ségolène, à. Metz. M. l'abbé 'Dellès été
nommé chanoine lionoraire en 1887;
On écrit de Bayreuth à la Pcst, de Strasbourg,
que l'empereur d'Allemagne, aprôsavoir assisté aux
deux dernières représentations des drames de Wag-
ner, qui auront lieu à Bayreuth le 17 et le 18 août,
se rendra en Alsace. Il visitera d'abord Strasbourg
et y restera deux ou trois jours. De Strasbourg il se
rendra à Metz, où il assistera à l'inauguration du
monument élevé à l'empereur. Guillaume lor, et il
quittera Metz le 23 août.. v
,rd"
Le Journal d'ÀUkirch annonce que ïeaucoup d'Al-
saciens se sont rendus à Belfort, le 14 juillet, à l'oc-
casion de la fête nationale. A leur retour, on a pris
soigneusement à Montreux-Vieux leurs noms et
leurs adresses.
Le 24 juillet, M. Ott, directeur de l'arrondissement
de Colmar, et M. fe sous-préfet de Saint-Dié, ont
procédé à la revision de la frontière franco-alle-
mande. Ils se sont rencontrés au lac Blanc, où ils
ont passé la nuit, et sont allés par la crête à la
Schlucht et auReinkopt.
Les forêts sont tellement touffues sur certaines
parties de-la frontière qu'il faut y faire des coupes
pour que la ligne de démarcation puisse être re-
connue.
Avant son départ pour la montagne, M. Ott avait
reçu les maires du canton.
Les poteaux de délimitation, confectionnés sur
l'ordre et au compte du gouvernement allemand,
au nombre de deux cents, pour la frontière des
Vosges, sont d'un type assez curieux.
C'est d'abord une grande colonne en fer forgé,
ayant à son extrémité supérieure un disque aux cou-
leurs nationales allemandes. Le fond, noir, repré-
sentant l'aigle impériale dos Hohenzollern, est entou-
ré d'une bande blanche, et celle-ci, à son tour, est en-
tourée d'une bande rouge. Circulairement, sur cette
dernière, en fond noir, se détachent les mots Deict-
sches Reich (Empire allemand).
Pour garantir ces poteaux, on les scellera dans
.J. ute, .1~ f5'»o.1;. q.Jo~, 01o.£-o~»o..dci..no.l"3. farnn
La commune de Jettingen, dans l'arrondissement
dAltkirch, compte dans son sein, dit ÏExpvess
de Mulhouse, deux partis passionnés, celui de M. le
curé et celui de M. le maire. De là discussions et
disputes violentes qui donnent souvent maille à par-
tir avec la justice.
Le 24 juillet, c'était le tour de M. le curé de
comparaître devant le tribunal de Mulhouse Il
était accusé d'avoir, le 2 juin, offensé au prône le
maire de la commune. Le tribunal l'a condamné de
ce chef à 200 marcs d'amende.
Il était accusé en outre d'avoir, le 17 mai dernier,
au prône, offensé l'empereur d'Allemagne et d'avoir
critiqué des institutions de l'Etat de façon à com-
promettre la paix publique il avait, en parlant de
l éducation des enfants dans les écoles, comparé l'é-
tat de choses actuel à celui qui régnait du temps de
l'empereur Julien l'Apostat on bannit le Christ des
écoles absolument comme à cette époque, et l'on
n'inculque plus aux enfants les principes de la reli-
gion.
M. le curé a reconnu à l'audience qu'il avait pro-
noncé ces paroles, mais il a soutenu qu'elles se rap-
portaient à ce qui se passe en France.
Le tribunal l'a condamné à deux mois de prison
pour avoir troublé la paix publique.par sa prédica-
tion et l'a renvoyé des fins de la poursuite en ce
qui concernait l'inculpation de lèse-majesté.
MM. Toutsch, maire de Wissembourg, et Wiss-
mann, professeur au gymnase de cette ville, vien-
nent d'adresser, à l'occasion du prochain anniver-
saire de la bataille de Wissembourg, un appel à la
population pour l'engager à orner les tombes des
soldats tombés sur le champ de bataille.
Allemagne
Nous avons annoncé que des négociations relati-
ves .à l'organisation d'un train éclair entre Berlin et
Rome ont eu lieu entre le gouvernement allemand
et le gouvernement italien, et qu'il a été décidé pro-
visoirement que le train passera par le Brennor. La
Gazette de l'Alleniagne dit Nord consacre aujourd'hui
un article à la question..Le journal officieux déclare
que les relations commerciales et intellectuelles si
nombreuses entre l'Allemagne et l'Italie, relations
que l'alliance politique tend à rendre plus fréquen-
tes encore, exigent que les deux capitales soient
rapprochées l'une de l'autre, et que la ligne du
Brenner est la meilleure parce qu'elle est la plus
courte.
D'après les renseignements envoyés de Munich
au Berliner Tageblatt, les décisions définitives seront
prises dans une conférence qui se réunira le 2 août,
dans la capitale bavaroise. Le plan est de faire
franchir la distance qui sépare Berlin de Rome en
trente-sept heures.
Le renseignement donné par la Gazette de la Croix
sur l'extension que prend Taffaire de concussion de
Kiel, dont nous avons parlé, se vérifie. La Gazette
de Cologne annonce l'arrestation et le transfert à
Berlin du chef d'une grande maison de commerce
de Minden, à qui l'administration de la marine a
fait, depuis nombre d'années, de fortes comman-
des pour les chantiers de Kiel et de Wilhemshafen.
D'autre part, la Freisinnige Zeitung, de Berlin, an-
nonce l'arrestation d'un contrôleur en chef des
chantiers de Kiel.
La Post dit qu'à bord des vaisseaux de la marine
allemande, c'est l'officier le plus élevé en grade qui,
à défaut d'aumônier, préside au service divin le di-
manche. Après le chant d'un psaume,le comman,
dant procède à la lecture de l'Evangile et le service
se termine par un nouveau chant. On respecte cet
usage à bord du yacht impérial, le Bohenzollern.
et c'est l'empereur qui officie le dimanche.
Plusieurs journaux allemands, la Gazette de Co-
logne en tête, nient la nouvelle que la Compagnie de
l'Est africain ait vendu tous ses droits aux Anglais.
Le fait n'en paraît pas moins avéré.
Ce qui a pu déterminer ces ventes, ce sont les
traités que l'agent de la Compagnie anglaise de
l'Est africain vient de conclure avec plusieurs chefs
somalis et gallas qui lui cèdent des territoires si-
tués entre les fleuves Tana et Jube; or, il se trouve
que les côtes de cette région, fort riche d'ailleurs et
qui commande le bassin du haut Nil, ont été acqui-
ses par le docteur Jühlke en 1886 au compte de la
Compagnie allemande. Les territoires allemands se
trouvent ainsi coupés des régions de l'intérieur
qu'ils devaient commander.
La manœuvre de l'agent britannique a été habile
et le mécontentement des coloniaux allemands
déjà suffisamment excité par les incidents des der-
nières semaines, ne fait que grandir. Ils font re-
marquer que la colonie allemande de Witu se trou-
verait paralysée, si les récents traités conclus par
l'agent anglais devaient être considérés. comme va-
lables. ̃
Autriche-Hongrie
On a fait beaucoup de bruit à propos des paroles
flatteuses que le nonce Galimberti a adressées, il y
a quelque temps, à un israélite. Les antisémites
ont été indignés de tant de bienveillance ot de to-
lérance de la part d'un haut prélat de l'Eglise ca-
tholique. Il parait que plusieurs membres de l'épis-
copat autrichien ne sont pas de cet avis. L'évêque
de Tarnow, Mgr Lobos, vient, au cours d'une de
ses tournées pastorales de tenir absolument le mô-
me langage que Mgr Galimberti il a déclaré qu'il
n'y avait aucune raison de mépriser la race d'où
sont sortis Jésus-Christ et ses apôtres, et qu'il fal-
lait regretter les haines irréfléchies que croient de-
voir leur porter certaines gens.
Angleterre
Hier, à la commission d'enquête Times-Parnoïl,
après l'audition de plusieurs témoins, sir Henry Ja-
mes, un des avocats du Times a fait observer que
la commission avait tenu 112 séances, qu'il restait
à entendre encore beaucoup de témoins, mais que,
puisque les autres cours prenaient leurs vacances
et que le rapport de la commission d'enquête ne
pourrait pas être présenté au Parlement pendant
cette session, il demandait l'ajournement de la com-
mission jusqu'au 24 octobre.
Le président a répondu qu'il eût été heureux de
voir l'affaire terminée, mais que les raisons invo-
quées par sir Henry James lui paraissaient parfai-
tement justifiées.
M. Sexton, l'un des avocats parnellistes, ayant
demandé si l'audition des témoins ;par la commis-
sion était définitivement close, le président a ré-
pondu que non, mais il a ajouté que, pour citer de
nouveaux témoins, les partis devraient produire des
arguments d'un caractère exceptionnel.
La commission s'est ensuite ajournée au 2i oc-
tobre.
L'éditeur du Times a reçu la lettre suivante du
secrétaire particulier de lord Salisbury, en date du
24 juillet:
Monsieur,
Lord Salisbury a remarqué que la lettre de ce jour
du correspondant viennois du Times contient le pas-
sage suivant .'S
« La Nouvelle Presse libre accuse lord Salisbury d'êtf* j
grandement responsable des troubles de Crète, atten-
du qu'il a déclaré publiquement que cette ile devait
être éventuellement séparée de la Turquie. »
Lord Salisbury ignore à quelle source a été puisée
cette information, mais elle est complétement erronée.
Il n a jamais fait de déclaration de ce genre.
Agr^ezi-etc.
SCHiJilBEHG >K. MACDONNELL.
M. et Mme Gladstone ont célébré hier le 50» an-
niversaire de leur mariage. Ils ont reçu pendant la
journée des milliers de télégrammes et de lettres
de félicitations. Parmi ces félicitations figurent, en
premier lieu, celles de la reine Victoria, du prince
de Salles et du roi des Belges.
La cour du banc de la reine vient de rendre son
jngement dans l'affaire du reporteur George Simms,
qui avait demandé à poursuivre en justice le duc
de Cambridge, parce que celui-ci l'avait saisi au
collet pendant une bousculade -lors de -la -revue des
pompiers de Londres.
On se rappelle que le « lord chief justice «avait
émis l'avis que,- tous les Anglais étant égaux devant
la loi, la justice de paix devait recevoir la plainte
de M. Simms et citer le duc de Cambridge à com-
paraitre devant elle.
Le président de la cour du banc de la reine en a
jugé autrement.'Il a constaté qu'il y avait eu ba-
garre pendant la revue des pompiers et que les
renseignements fournis ne sauraient établir si le
duc de Cambridge a agi de façon à appeler l'inter-
vention de la justice. Le juge estime, en consé-
quence, qu'il ne peut autoriser M. George Simms à
citer le duc de Cambridge en justice et a débouté le
demandeur en le condamnant aux frais.
Ce jugement est sans appel.
• La Pall Mail Gazelle signale un bruit qui s'est
répandu dernièrement à Londres. La reine Victoria
aurait le désir de faire une visite aux Etats-Unis et
au .Canada. Les médecins de la reine lui conseillent,
dit-on, d'entreprendre un voyage qui ne manque-
rait pas de faire beaucoup de bien à sa santé.
La cour ecclésiastique, présidée par l'archevêque
de .Canterbury, a rendu hier son jugement sur le
premier point de la défense de l'évoque de Lin-
coln. q
Sir W. Philimore, avocat de l'évoque, soulevait
notamment un point de droit ecclésiastique, d'a-
près lequel un évoque officiant n'était pas soumis
au même règlement rituel qu'un simple ministre de
l'église.
La cour, dans son jugement, dit qu'elle ne voyait
aucune raison pour admettre qu'un évoque, une
fois qu'il préside à un. office divin prescrit par le
livre de prières, ne soit pas par cela même un mi-
nistre de l'Eglise tenu d'observer tous les règle-
ments rituels.
L'avocat de l'évêque de Lincoln, ayant demandé
un délai pour préparer sa défense ultérieure, la cour
s'est ajournée au 6 août.
On annonce la fusion des trois grandes maisons
anglaises de librairie Simpkins, Hamilton et Kent,
qui formeront entre elles une compagnie par actions
à responsabilité limitée. n
Ces trois maisons sont les plus grandes librairies
de commission d'Angleterre. Elles fournissent à elles
trois presque'tous les détaillants du royaume-uni
et le plus grand nombre des libraires ̃étrangère,
'̃•̃ ''̃ • .'̃ ̃ ^.l'.U: ̃) f,'Uv.r.-
-̃̃̃ .< ̃̃̃̃: ̃̃̃- ̃' -SU1SS3 -0 •
C'est les 5, 6, 8 et 9 août qu'aura lieu à Vevey la
fête cles vignerons, véritable fête nationale qu'on
célèbre très rarement. La dernière a en lieu on 1866.
Les préparatifs sont conduits avec beaucoup d'acti-
vité, et la fête promet d'être très brillante. Il s'agit,
on le sait, d'une sorte de représentation très origi-
nale, comprenant un cortège et des ballets tradi-
tionnels, qui est aux fêtes antiques ce que les fa-
meux mystères d'Oberammergau sont aux mystères
du moyen âS°- On s'attend à une afiluence consi-
dérable d étrangers. ̃•̃.̃̃
Italie •' ̃'̃̃̃• i)
On parle beaucoup à Turin d'un incident qui s'est
passé à Suse, où trois officiers français en civil ont
été arrêtés au moment où ils examinaient les tra-
vaux de f rtifications. Après enquête, il a été-re-
connu que les personnes arrêtées n'étaient pas des
ofuci- rs, mais de simples touristes qui regardaient
les batteries que l'on construit a Pampalia "et à Bos-
senero. Elles ont été immédiatement relâchées.
Espagne •
Les décrets royaux qui viennent d'être publiés
comportent une économie de 200,000 pesetas dans
le budget de la présidence du conseil et une de 5
millions au ministère des affaires étrangères.
Une société au capital de 3 millions a été consti-
tuée en vue de créer des relations commerciales
avec le Maroc, où il est question de fonder un im-
portant comptoir pour la colonie de Barcelone. Un
chemin de fer serait construit et une ligne de va-
peurs installée, afin de donner la plus grande ex-
tension possible à ce comptoir.
Russie ̃
Le Standard est informé de Saint-Pétersbourcr
que dans la .journée d'hier l'état du grand-duc Con-
stantin a considérablement empiré.
Vers midi, le grand-duc avait repris quelque force
mais à dix heures du soir on disait au palais que
l'état du malade était très inquiétant. Les médecins
faisaient prévoir une mauvaise nuit.
Bulgarie
On mande de Vienne que des avis de Bulgarie
signalent un nouvel arrivage à Sofia de plus de trois
cents chariots, chargés de munitions de guerre et
de plusieurs canons provenant de Lom et destinés à
la.défense de Sofia.
;• .̃ Serbie ̃. ̃ ):u[ ̃ ̃
Le correspondant viennois du Times dit qu'en
rendant compte, le 22 mars dernier, d'une entrevue
qu'il avait eue à cette époque avec le roi Milan de
Serbie, il avait omis, avec intention, une partie de
leur entretien qui avait rapport aux relations entre
la Serbie et la Russie.
Aujourd'hui, pour défendre le roi contre l'accu-
sation d'avoir manqué de sincérité vis-à-vis de
l'Autriche-Hongrie, le correspondant duTimes croit
de son devoir de reproduire les paroles que lui a
dites le roi au mois de mars.
J'ai été accusé a dit le roi Milan d'avoir recu
de Russie de l'argent pour signer mon abdication
C'est une accusation absolument absurde. Vous savez
que j'ai toujours été hostile à la Russie et que j'ai
payé cher cette hostilité. Croyez-vous que j'aurais
aujourd'hui renié toute la politique de mon règne en
acceptant de l'argent d'un pays dont les agents ont
été la cause de ce que je n'ai pu gouverner en paix.
Egypte
D'après les derniers avis reçus d'Assouan, Wa-
delnjumi n'a pas changé ses positions, mais les
renforts que lui amenait Makru-el-Nur seraient
maintenant arrivés après avoir fait un long détour
par le désert pour éviter les postes égj'ptiens forti-
nés des bords du Nil.
Les déserteurs qui arrivent au camp anglais font
d'effrayants récits de la cruauté des Derviches et
des atrocités qu'ils commettent.
Le général Grenfell a partagé les troupes égyp-
tiennes en deux colonnes, sous les ordres du géné-
ral Wodehouse et du colonel Kitchener.
Zanzibar
Le correspondant du Times à Zanzibar télégra-
phie,que, d'après le récit d'un membre de la société
allemande de l'Afrique orientale, qui vient de reve-
nir à Zanzibar, il a été attaqué, ainsi que son com-
pagnon de route, par Bouchiri, près de Mpwapwa.
Son compagnon a été tué, mais lui-même a réussi
à s'échapper.
Etats-Unis
La chambre de commerce de New-York s'est pro-
noncée hier en faveur de l'organisation dans cette
ville, en 1892, d'une exposition universelle et elle a
nommé une commission spéciale pour élaborer un
projet détaillé à ce sujet.
CHRONIQUE DE L'EXPOSITION
Nouvelles diverses
Les entrées payantes de la journée de jeudi à
l'Exposition se sont élevées au chiffre de 100,332.
Le comte de Flandres a fait ce matin, à l'Exposi-
tion, une nouvelle visite. Accompagné par MM.
Carlier, commissaire général de la Belgique, Saba-
thier et Stours, députés, il s'est rendu à l'esplanade
des Invalides, où il a successivement parcouru l'ex-
position militaire, les sections coloniales, !̃ Cam-
bodge, le kampang javanais, le panorama Castel-
lani et les maisons ouvrières du groupe de l'écono-
mie sociale.
L'agence Havas nous communique la note sui-
vante
Un certain nombre de journaux ont demandé que
le prix d'entrée aux fêtes données au palais de l'In-
dustrie soit acquitté au moyen de tickets de l'Exposi-
tion, en s'appuyant sur cette raison que ces fêtes sont
payées par les souscripteurs du capital de garantie de
l'Exposition universelle.
Cette argumentation repose sur une erreur absolue.
Les dépenses occasionnées par les fêtes payantes
qui seront données au palais de l'Industrie sont im-
putées sur le crédit de 2 millions voté par le Parle-
ment et la ville de Paris pour la célébration du cen-
tenaire de 1789.
Cette somme de 2 millions n'a aucun rapport avec
les recettes et les dépenses de l'Exposition.
C'est dans le but de donner aux fêtes du centenaire
un éclat que ne permettrait pas de leur donner la
somme qui leur est affectée qu'un prix d'entrée à cer-
taines de ces fêtes a été établi.
Il est donc nécessaire que le montant de ces entrées
soit recouvré en argent et non en tickets,
Les tournées d'inspection entreprises par la di-
rection de l'exploitation afin de rendre à chacune
des parties de l'Exposition son véritable caractère
sont aujourd'hui poursuivies avec fermeté.
Hier, après-midi, M. Berger, accompagné de M.
Clément, commissaire de police, a fait lui-mômetrois
fois le tour de la galerie des machines pour intimer
à de petits industriels qui s'y étaient laufilés l'or-
dre de déménager sans délai leur installation dt
leur matériel. Ces industriels, à l;aide de machines
exposées, fabriquaient toutes sortesde travaux gu'ils
vendaient indument sur place.
En -ce qui concerne les marchands orientaux tout
:est rentré ,dans l'ordre. Toutefois, il importe de bien
établir que ceux de ces marchands qui ont protesté
contre la mesure prise font une erreur lorsqu'ils
soutiennent que les pays d'Orient peuvent à .peine
fournir les matières premières. Ni l'Egypte, ni l'Al-
gérie, ni la Tunisie ne sont dans ce cas. Ainsi c'est
bien à Tunis et rien qu'à Tunis que l'on fabrique
les couvertures, les tapis, les étoffes de laine ou de
soie, les broderies, les cuirs travaillés, les poteries
en vente aux Invalides. Les objets fabriqués sous
les yeux du public par les ouvriers indigènes ne
sont pas davantage des produits des industries fran-
çaise ou allemande. Enfin, il est patent que nombre
d'industries vivent, à Damas, au Caire, à Constan-
tinople et à Tunis de la fabrication d'articles qui
sont exportes en Europe, où ils y constituent la
plus grande partie du fonds des magasins d'arti-
cles d'Orient.
Hier le^consfiil'municipal de Levallois-Perret
où, on le sait, sont situés les ateliers do M. Eiffel
a fait en corps l'ascension de la tour do 300 mètres.
Voici l'inscription qu'il a collectivement laissée
sur le registre des visiteurs de la deuxième plate-
forme
-Le conseil municipal de Levallois-Rerret, admira-
teur de son illustre concitoyen, M. G. Eiffel.
25 juillet 1S89.
-«; v.. (Suivent les,signatures.)
Prochainement, trois voyageurs arriveront à
Strasbourg, venant de Vienne, pour se rendre à
Paris, avec une brouette comme unique moyen de
locomotion, ce qui dépasse assurément en singula-
rité le voyage de Vienne à Paris exécuté récem-
ment en fiacre. Les voyageurs sont un cocher de
fiacre, un garçon boucher et un ami de ce dernier.
Le garçon boucher a été brouette jusqu'à Linz. Les
trois touristes comptent être rendus au pied de la
tour Eiffel le 5 août.
On nous télégraphie de Toulon que l'excellente
musique des équipages de la flotte est partie pour
Paris. Elle prendra part au concours des musiques
militaires qui va s'ouvrir dans la salle du Troca-
déro elle se compose de 64 exécutants.
La nuit dernière, des agents de la sûreté ont
arrêté dans le voisinage de son domicile, à Bati-
gnolles, nn nommé Alexandre "Dorival, âgé d'une
cinquantaine d'années, employé à l'esplanade des
Invalides par l'un des marchands de la section tu-
nisienne.
Dorival, deux jours auparavant, profitant de ce qu'il
se trouvait seul dans la boutique du marchand.
s'était emparé des économies de celui-ci, cinq cents
francs en pièces de vingt sous et de cinquante cen-
times qui se trouvaient dans une tirelire.
Tout d'abord, Dorival ne fut pas soupçonné. Mais
M. Santucci, commissaire de police, qm avait ouvert
l'enquête, ne tarda pas à s'apercevoir que Dorival
était le coupable. On fila celui-ci et, comme il fai-
sait des dépenses peu en rapport avec ses moyens
d'existence, on l'arrêta. :•̃̃
BILLL'TS DU IIATIN
̃•" Paris, 26 juillet.
A Sa Majesté le, tsar de toutes les Iiussies
Sire, Sire, ~r~
Le roi de Grèce est venu nous voir nous l'a-
vons reçu de notre mieux et il n'a pas paru
s'ennuyer ici. Nous attendons maintenant no-
tre ancien hôte le chah de Perse et nous lui
préparons de fort belles fêtes.
Je sais très bien que vous, vous ne viendrez
pas. Mais si vous pouviez venir!
Il y a un siècle et demi nous eûmes la visite
de votre illustre aïeul Pierre le Grand. Il eut
beaucoup de succès à Paris. On recueillait ses
mots, les « philosophes » chantaient ses louan-
ges et l'académicien Thomas écrivit en son hon-
neur un poème épique, la Pétréide.
La Russie n'était alors qu'un Etat naissant.
La France était puissante encore son hégémo-
nie intellectuelle était incontestée dans toute
l'Europe. Votre aïeule Catherine nous admira
et nous aima. Elle fut charmante pour nos
hommes de lettres.
Aujourd'hui la Russie est à la veille d'être
le plus puissant empire du monde. Et il se
trouve que c'est nous, maintenant, qui subis-
sons l'influence du génie de votre race. C'est
notre vieille littérature qui demande des leçons
à la vôtre, et c'est nous qui vous aimons.
La Russie est étrangement à la mode chez
nous. On fourre jusque dans les chansons de
cafés-concerts des couplets russophiles que la
foule applaudit violemment. Et certes cette
sympathie bruyante des badauds parisiens
pour la Russie monarchique et mystique fait
un peu sourire mais n'est-ce pas touchant
aussi, cette coquetterie naïve, et si mal infor-
mée, d'un pauvre peuple que presque tous nos
voisins détestent et qui, dans sa détresse mo-
rale, se met à aimer, même sans les connaître
beaucoup, ceux qui du moins ne le haïssent
pas? Si j'étais le tsar, j'en serais tout attendri.
Et je vous assure que cette sympathie ne vient
pas uniquement d'une communauté d'intérêts
ou de haines. Il y a autre chose malgré tout,
un lien d'âmes que vous expliquera M. de Vo-
güé.
Si donc vous venez, sire, ah! je vous promets
une belle entrée à Paris et des acclamations
comme vous n'en aurez pas souvent entendu 1
Mais vous ne viendrez pas, quoique vous en
ayez peut-être envie au fond. C'est bien dom-
mage.
LA VIE A PARIS
La distribution de prix du Conservatoire. Derniers
adieux. Mon maître M. Delaunay. Le jury des
concours. La salle. Un ancien lor prix. Pour-
quoi l'habit noir? Mlle Bailly. Un procès scan-
daleux. La femme au théâtre.
Le concours et la distribution de prix du
Conservatoire est la dernière fête où les Pari-
siens se serrent la main avant de se disperser.
Les mondaines qu'on rencontre là s'excusent
presque d'y être. Elles viennent avec des toi-
lettes de bains de mer. On sent que leurs mal-
les sont faites et qu'à la question prévue
Comment? vous n'êtes pas encore partie ? 2
Elles répondront
Je me sauve demain.
Et c'est dans la petite cour du Conservatoire
un charmant déballage de robes claires, des
saluts échangés entre les ombrelles et les cha-
peaux gris, des adresses lointaines de châ-
teaux, de casinos, de plages jetées par-dessus
les groupes, notées sur les petits carnets, des
promesses de visites qu'on ne tiendra pas, de
lettres qu'on n'écrira point; chacun ayant
devant soi le trésor intact de ses vacances, un
peu de la griserie des collégiens qui quittent
l'école.
i aussi bien le décor, les toilettes de distribu-
tion de prix, les allées et venues fiévreuses des
jeunes gens et des jeunes filles qui vont tout à
l'heure monter sur la scène, reportent-ils les
souvenirs vers les jours d'enfance cela donne
à cette fête des Muses un caractère spécial
d'innocence et de joie légère.
Pour moi, je n'avais pas repassé la grille du
Conservatoire depuis le jour déjà lointain où
j'y entrai avec la pensée confuse d'agrafer,
moi aussi, à mon épaule le manteau d'Oreste.
Je ne savais trop dans ce temps-là oùme con-
i duirait l'inquiétude de mon cœur, si je serais
« dieu, marbre ou cuvette ». J'avais donc écrit
à l'excellent comédien Delaunay; je lui avais
demandé la permission de suivre ses cours
comme auditeur libre, de fréquenter le temple
et les lévites pour voir si la vocation me pous-
serait. Il me répondit avec beaucoup d'honnê-
teté qu'une pareille détermination appelait de
lentes réflexions, qu'il n'engagerait jamais à
entrer au théâtre une personne qui n'était pas
résignée d'avance à tout souffrir pour son art.
D'ailleurs, il m'entrebâilla gracieusement la
porte de son cours.
Il y avait dans ce temps-là sur les bancs de
cette classe la charmante Mlle Muller et M. Sa-
mary. La première me plut infiniment à dix-
sept ans, elle était bien l'idéale ingénue du (
Jeu de Vamour et du hasard. Personne n'aurait pu ]
supposer que sa candeur s'accroîtrait encore, (
ce qui est arrivé pourtant. Quant à M. Samary, 1
il m'agaça horriblement; vous auriez dit un I
enfant gâté qui joue la comédie de château. Il c
montait sur les planches avec des bonbons dans x
la bouche, faisait des niches à ses camarades.
On disait que déjà, à la Comédie, il avait rem-
pli le rôle du petit chien de Y Etincelle cela lui
attirait dans ce milieu juvénile beaucoup de r
considération. Je suis sûr que depuis, quand il t
a trouvé le public et la critique moins indul- I l
gents que son maître, M. Samary a regretté ces
enfantillages si je les rappelle, c'est qu'il a
bien travaillé depuis pour s'en corriger..
Je ne sais si tous les professeurs du Conser-
vatoire sont aussi dévoués' à leurs élèves que
M. Delaunay l'était aux siens, mais j'ai gardé
un charmant souvenir des huit ou dix classes
où j'ai suivi son enseignement. Là, comme en
scène, il était l'homme des nuances; on ne
saurait trop estimer la patience avec laquelle il
s'efforçait de faire comprendre les délicatesses
du texte à des jeunes gens trop enclins à se
contenter des mots. Il attachait une grande
importance à la technique de son'art, mais il
mettait certainement au dessus de l'habileté
professionnelle l'intelligence des sentiments
et de.s idées. Son enseignement égalait celui
d'un professeur de rhétorique qui aurait eu
beaucoup de goût et de savoir; de plus, il pos-
sédait les traditions.
Je songeais à lui mercredi dernier, en en-
trant dans la petite salle pompéienne d'où, de-
puis des années, tant de jeunes talents ont pris
leur essor.
Nos grand'mères nous parlent souvent de ces
petits théâtres que le public prenait d'assaut
et dont la .renommée a survécu au nivellement
des démolitions. A l'heure qu'il est, la salle du
Conservatoire, les jours de concours, avec son
public vibrant, ses coteries de parents, d'amis
et d'ennemis; évoque le souvenir de ces ancien-
nes bonbonnières à spectacles, qui s'alignaient
le long des boulevards comme des dragées dans
une boîte.
Je ne sais pas de public plus mêlé,:plus ba-
tailleur que celui de ces cérémonies olympien-
nes d'abord, vous avez le jury dans sa loge,
M. Ambroise Thomas avec son éternelle jeu-
nesse et, sur la rampe de velours, un accoude-
ment de musicien un peu las d'écouter les mé-
lodies intérieures, que vous retrouvez dans
toutes les photographies du maître puis M.
Alexandre Dumas, l'air bretteur d'un homme
qui a passé sa vie à ferrailler avec l'opinion et
dont la garde reste belle, fière et souple malgré
les cheveux gris puis des personnes officielles,
des comédiens éminents et ces deux augures,
ces deux sphinx souriants et indéchiffrables,
MM. Jules Claretie, administrateur de la Comé-
die-Française, et Porel, directeur de l'Odéon.
Sous la tribune, un public étrangement
composits, bariolé, nerveux des toilettes ta-
pageuses à côté de mises défraîchies, presque
humbles. Le feu du ciel descend où il lui plaît:
il tombe dans les greniers, dans les man-
sardes.
J'ai connu, il m'en souvient, un de ces inté-
rieurs modestes, là-bas, bien loin des théâtres
et du Paris des plaisirs, rue de la Roquette, un
petit appartement de couronnière. On vivait en
deux chambres, la mère veuve, la fille intelli-
gente et laborieuse. Tout le jour on enfilait
des perles pour les pauvres morts qui montent
cette rue des éternels regrets. Un vaste établi
occupait presque toute la' chambre, chargé
d'immortelles et de verroteries. Dans un petit
coin, une étagère alignait quelques volumes
élégants, reliés de velin la bibliothèque de
Lemerre, le théâtre de M. François Coppée.
Le jour du concours venu, on blanchit une
robe de mousseline qui avait bien l'air d'avoir
déjà servi pour la première communion. La
future tragédienne monta dans l'omnibus, et
cette respectable pauvreté n'empêcha pas
Mlle Weber de remporter,un premier prix de
tragédie, qu'elle avait bien mérité.
Oh ce fut une grande fête ce soir-là dans
l'atelier des deux couronnières 1 Une joie que
n'attristèrent ni le voisinage des fleurs de ci-
metière ni les larmes emperlées des couron-
nes. La gloire de la jeune tragédienne rejaillit
jusqu'au dehors. Sur le seuil de sa boutique,
le boucher du rez-de-chaussée disait à qui vou-
lait l'entendre
Mlle Weber a eu le prix. C'est un grand
honneur pour le 11° arrondissement.
Triomphe éphémère payé de sévérités trop
cruelles. Où aurait-elle bien pu apprendre, cette
enfant de faubourg subitement hissée par les
chroniqueurs sur le pavois triomphal, que l'ad-
miration est, pour la masse des hommes, un
sentiment pénible, qu'on regrette le lendemain
les applaudissements de la veille, que la foule
est moins indulgente pour ses favoris que pour
les inconnus ? Il y a des cours de tout, au Con-
servatoire on vous y enseigne à parler, à mar-
cher on n'y apprend pas la modestie, ni non
plus que, de toutes les apparences dont s'amu-
sent les hommes, il n'en est peut-être pas de
plus fragile que le succès du théâtre.
Pour nous autres, les sages, c'est surtout par
ce qu'ils ont de factice que ces concours du
Conservatoire nous sont un divertissement.
Au théâtre, on joue le drame tout entier, et,
si distraitement que le spectateur prête l'oreille,
il est préparé pendant plusieurs actes par la
savante gradation des scènes à l'éclat du dé-
nouement. Ici on débute de but en blanc dans
l'horrible. Vous venez à peine de vous asseoir
et d'appuyer vos coudes sur le velours du bal-
con que le fond du théâtre s'ouvre, une jeune
fille s'élance, en toilette blanche ou rose; elle a
l'âge, la candeur d'Eliacin, du moins on le
supposerait. Hélas 1 quel réveil Du premier
mot, elle vous avertit qu'elle vient d'empoison-
ner son père, de poignarder sa rivale; ou en-
core c'est un jeune homme, en habit noir, à la
mode d'il y a trois ans, qui entre en vomissant
des injures contre le sort et contre les dieux.
Vous vous dites
Que nous veut ce garçon d'honneur? Un
invité indélicat lui aurait-il dérobé son cha-
peau ? `t
Votre erreur est de courte durée. On apprend
tout de suite à qui l'on parle
Vous voyez devant vous un prince déplorable.
A supposer que ces queues de pie vinssent
de chez le bon faiseur et que le « prince déplo-
rable » y parût un peu plus à son aise, je ne
sais pas si nous n'aurions point raison de mau-
dire cette fameuse réforme de Voltaire qui a
donné aux tragédies des costumes et des dé-
cors soi-disant pittoresques. Il y a un plaisir
particulier et très vif à entendre débiter ces
vers classiques par des adolescents en robes de
mousseline et en queues de morue qui s'appel-
lent « Monsieur », « Madame », gros comme le
bras et qui se saluent dans les formes du Grand
Siècle.
Mais, en y réfléchissant, je crois bien que
cette joie-là n'est pas chrétienne; on la prend
malignement au profit de son voisin. Ainsi je
regardais ce pauvre M. Cabel qui nous a récité
avec une voix très forte, assez bien conduite,
la prophétie de Joad. Sincèrement, je le plai-
gnais. Ses gestes faisaient songer tantôt à un
nageur, empêtré dans les herbes, qui cherche à
se tirer de la vase, tantôt à un magnétiseur
mondain qui hypnotise son sujet, les manches
retroussées. Sûrement si une draperie lui avait
un peu enveloppé les jambes et le buste, son
geste mieux habillé aurait perdu sa maigreur.
Nous n'aurions point été tentés de sourire hors
de propos. On ne s'explique pas que le Conser-
vatoire, qui peut puiser à son gré dans la défro-
que de l'Odéon et de la Comédie, s'obstine à
produire ses lauréats devant les juges dans un
accoutrement qui les dessert si fort. Croyez que,
malgré leur inexpérience, ces jeunes gens se-
raient beaucoup moins ridicules sous la pour-
pre et la toge des rois que dans l'habit d'un
homme du monde. Je ne voudrais pas leur faire
de peine; mais, pour la plupart, ils manquent
d'élégance, de distinction native, surtout d'ai-
sance et de naturel. Ce sont là des défauts qui
disparaissent assez aisément dans l'ampleur
d'une robe rouge; ils deviennent étrangement
saillants dans l'étriquement de l'habit noir.
La distribution de prix du Conservatoire
est un spectacle infiniment plus réjouissant
que le concours de comédie lui-même.
Le petit parterre d'ennemis et de partisans
qui s'entasse sur les banquettes du parquet
n'accueille pas sans contrôle le verdict du jury.
11 a ses favoris qu'il soutient quand même et
ses antipathiques dont, au besoin, il sifflera la
victoire. Mais c'est derrière le décor, dans les
couloirs que la représentation est particulière-
ment gaie. Les disgraciées s'évanouissent, des
sels sous le nez, au milieu d'une famille éplo-
rée qui crie à l'injustice. Et il y a aussi des cas 3
surprenants de réconciliations tendres après
des années d'hostilité Andromaque et Her- (
mione tombent dans les bras l'une de l'autre; <
elles arrosent de larmes mutuelles leurs réci-
proques lauriers les hommes se serrent la i
main dans les coins, virilement, en souvenir 1
des belles amitiés de théâtre dont l'antiquité t
nous a légué l'exemple I
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle
Ma fortune va prendre une face nouvelle.
C'est la grâce que je leur souhaite de tout s
mon cœur. Aussi bien l'homme n'est-il jamais t
tout à fait à plaindre, même quand il doit se c
battre corps à corps avec la vie, mais c'est aux é 6
femmes que je songe. Quel démon les poussa
donc, quand elles n ont ni beauté, ni stature,
ni masque, à entrer dans une carrière où les
mieux douées ne sont pas sûres de trouver leuf
place?
Voici Mlle Bailly. Elle. .méritait .sans doute
son premier prix, puisque le jury le lui a oc-
troyé, mais je parierais bien que, si vous la
rencontriez dans une gare de chemin de fer ou
dans un omnibus, jamais vous ne vous écririez
en la voyant
Voilà une tragédienne-t • 'V
A tort ou à raison nous imaginons, en effet,
qu'une tragédienne doit être brune, -qu'elle doit
porter au-dessus d'yeux sombres et flamblants
les sourcils rejoints de la jalousie et nous lui
prêtons complaisamment la stature, le port, un
peu de l'ampleur divine d'un marbre animé.
Mlle Bailly est une blonde assez fade, un peu
maigre et masculine. Cette insuffisance plasti-
que apparaissait désagréablement dans le rôle
de Roxane; car nous nous sommes laissé dira
que les mahométans avaient pour l'embon-
point des sultanes un goût quelque peu enfan-
tin et gourmand.
Ces lignes n'ont point pour but d'attrister
Mlle Bailly, de mêler un peu de fiel à sa joie.
Qui sait? Elle engraissera peut-être et, dans
tous les cas, elle peut se teindre en brune. Mais
jamais je ne vois entrer une jeune fille au
théâtre sans me souvenir d'un procès qui scan-
dalisa en son temps les gens vertueux.
Le directeur d'un théâtre des boulevards
avait inscrit cette clause dans rengagement
d'une de ses actrices
« Vous porterez une toilette neuve à chaque
première. »
On avait monté trois pièces de suite, sans
aucun succès en un mois. Quelques jours
avant la troisième première, la comédienne
vint trouver son directeur et lui dit
Ne m'obligez pas à de nouveaux frais
laissez-moi remettre, cette fois, ma dernière
toilette.
Impossible.
-Ce n'est pourtant pas avec les trois cent&
francs que vous me donnez par mois que je
payerai mon couturier ?
Ça c'est -votre affaire. ̃)'i-\>
Où prendrai-je cet argent?
Où vous voudrez.
On plaida, et l'artiste perdit son procès. Elle
parut sur la scène avec une troisième roba
neuve. Les traités, voyez-vous, c'est sacré.
Je ne vais pas là contre, mais croyez-vous
que l'on n'aurait pas fait sagement d'afficher
copie de ce procès dans les classes du Con-
servatoire. Les apprenties comédiennes ne
sauront jamais trop tôt où conduisent les pre-
miers prix. Ils mènent aux trois toilettes par
mois. Pis encore, ils mènent au couvent.
Rappelez-vous Rosélia Rousseil.
Elle avait, celle-là, reçu bien des dons en par-*
tage du feu, de l'audace, de la fougue, de
la beauté, une crinière sombre comme la
nuit, et, ainsi qu'elle disait elle-même, ella
avait un peu de « sang de taureau » dans les
veines. Où tout cela a-t-ïl abouti?,La dernière
fois qu'on nous a montré la pauvre Rosélia,
elle était à genoux sur le pont d'un navire égyp-
tien, qui la ramenait de pèlerinage, prête pour
le cilice.
Oui, oui, c'est bien vers la cellule de nonne
qu'elles s'acheminent à cette heure les blondes
et débiles tragédiennes, entre deux haies de
lauriers. Hamlet était sensé quand il montrait
cette route à Ophélie ;̃
Au couvent-t au couvent 1 >tvot.
.̃ ̃' ̃ • HUGUES LE ROUX.,
C H RO N I QUE Ê L ECTG RALE
1 LE RENOUVELLEMENT DES CONSEILS GÉNÉRAUX
L'attitude des journaux réactionnaires de pro«
vince à l'égard de la candidature Boulanger est cu-
rieuse à observer. Pour les feuilles bonapartistes.
la chose va de soi ils acceptent et soutiennent
d'enthousiasme. Les journaux royalistes y mettent
plus de formes: ils se résignent, il est vrai, à con-
seiller à leurs adhérents d'user, en guise de pro-
testation, de bulletins boulangistes; mais, pour
quelques-uns d'entre eux, il est visible qu'ils transi
mettent ce conseil plus qu'ils ne le donnent, et qu'ils
obéissent à la consigne imposée par les chefs. Quo£
qu'il en soit, leur répugnance ou leur froideur ns
va pas jusqu'à l'indépendance dont M. Marie De-
lafosse donne l'exemple dans la lettre que nous pu.
blions plus haut, et leurs réserves timides et enve-
loppées ne seront pas comprises de l'électeur, puis-
que le courage leur manque de soutenir contre le
candidat césarien une candidature purement con<
servatiice. :.̃̃̃̃
Pour avoir un exemple de .cet ét'at d'esprit singu<
lier, qu'on lise la citation suivante du Messager
d'Indre-et-Loire, organe officiel du comité royaliste
de ce département, où M. Boulanger vient, comme
on sait, de poser sa candidature pour le canton d6
Tours-centre. Le Messager s'exprime ainsi
Il est difficile d'estimer le général qui, étant ministre
de la guerre, affirmait qu'il n'avait jamais écrit ait
duc d'Aumale, lorsque, le lendemain, ses autographes
lui étaient jetés à la face;
II est difficile, pour un royaliste, d'estimer la géné-
ral qui, étant ministre de la guerre, contresignait 16
décret qui expulsait de France les descendants des rois
qui ont fait la France, et rayait brutalement et sans
droit des cadres de l'armée les princes qui avaient
conquis leurs grades sur les champs de bataille, et
versé leur sang pour la Patrie à la tête des armées
françaises;
Il est difficile, pour un catholique, pour un chrétien,
d'estimer l'auteur de la loi qui, s'il ne l'empêche pas
absolument, entrave singulièrement le recrutement di*
clergé.
Nos sympathies "ne sont donc pas de ce côté.
On serait tenté de croire, n'est-ce pas, qu'après
avoir donné les raisons pour lesquelles les conser-t.
vateurs ne sauraient voter pour M. Boulanger, la
rédacteur en chef du Messager conclut tout au moins
à l'abstention. Il n'en est rien, et le Messager porte
M. Boulanger parmi les candidats qu'il recom-
mande.
D'ailleurs, ainsi que nous l'avons dit hier, sur les
candidatures déjà connues de M. Boulanger, il n'en
est qu'une qui soit en compétition avec un conser«
vateur. Et encore ce conservateur est-il déjà titu-
laire du siège que M. Boulanger veut lui prendre.
Partout ailleurs, pas .de candidature réactionnaire
contre M. Boulanger. En échange de cette politesse.
le Soleil réclame une politesse analogue en faveur
des candidats auxquels il tient particulièrement. On
lit, en effet, dans ce journal:
On a fait courir le bruit que des amis maladroits diî
général Boulanger feraient distribuer dimanche des
bulletins en son nom dans le canton de Pontoise.
Cette affirmation ne supporte pas l'examen. Ce ne se-
rait pas seulement une trahison au moment où les
conservateurs se préparent à voter pour le général
Boulanger à Corbeil, ce serait une bêtise. Il n'y a quo
deux clientèles électorales, dans le canton de Pon-
toise comme ailleurs la clientèle conservatrice qui
votera pour M. Rendu, et la clientèle républicaine qui
votera pour le candidat officiel.
On ne saurait plus clairement avouer la manœu-
vre et l'accord tacite que révélait, du reste, le choix
des cantons où la candidature de M. Boulanger a
été posée. •
A la suite de mauvaises nouvelles reçues du can?
ton de Saint-Laurent, la candidature du général
Boulanger, posée contre celle de M. Emmanuel
Arène, conseiller sortant, vient d'être retirée.
La Presse, pour pallier sans doute cette retraite,
dit que la candidature de M. Boulanger n'a pas été
posée en Corse.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
SEINE
Nous avons tenu nos lecteurs au courant de la
querelle assez amusante qui s'était élevée entre MM.
Binder et Marius Martin, conseillers municipaux
bonapartistes du 8e arrondissement, tous deux can-
didats boulangistes aux élections législatives. Nos
lecteurs se rappellent que M. Binder avait gagné la
première manche de ce tournoi, en obtenant de M.
le général du Barail d'être proclamé officiellement
candidat de l'union bonaparto-boulangiste. M. Ma-
rius Martin avait répondu en invoquant les droits de
l'ancienneté et les préférences de la Ligue des pa-
triotes.
Le comité central de l'Appel au peuple a dû inter-
venir pour rétablir la concorde et, dans un ordre du
jour qui couvre de fleurs comme il convenait
les deux concurrents, a décidé ce qui suit
MM. Binder et Marius Martin ont pris l'engagement
de reporter leurs voix sur celui qui aura obtenu la
plus grand nombre de suffrages au premier tour.
Il n'y aura donc ni conflit ni division, et les électeura
conservateurs et revisionnistes du huitième arron-
dissement sont maîtres de la situation.
Il résulte de ce qui précède que MM. Binder et
Marius Martin entreront en lutte l'un contre l'autre
pour le premier tour. Les électeurs du huitième met-
tront aisément ces deux plaideurs d'accord en votant
pour leur honorable ancien député, M. Frédéria
Passy, qui se représente.
Un comité boulangiste-socialiste du 7° arrondis-
sement, réuni mercredi sous la présidence du ci.
toyen Poggi, a entendu M. Mermeix, rédacteur en
chef de la Cocarde, dont la candidature Dour les
élections législatives a été nt<5a
L'Europe n'était occupée que de cela; il venait au
nom d'une agence internationale de ooreesponûan-
ces qui voulait avoir là-dessus les renseignements
les plus précis .et qui payerait bien.
L'aspirant' littérateur ne sourcilla pas, et le dia-
logue entre le tentateuir et4£iéhté -se précipita à la
Dumas :» if(R,i ,-«» H ̃•̃ ̃̃̃>
Qu'Jentend.ez-vous ,par bien «payer ? 9
Cent écus au bas mot; cinq cents francs si
l'on est tout lait satisfait.
Disons donc cinq cents francs. combien de
pages? 9 >
Une vingtaine." ,r;-ï ;J?N ^-py^rm?!
Le nom de votre agence? .̃_
L'agence Oméga; elle -est.b^a^onnu.e. .j is,
L'adresse? 'l'
1 rue -Laffitte.
On convint alors d'un jour pour la livraison
't– Avec l'argent? .« i:i: ̃̃̃̃.̃̃,̃̃ ,̃; ..̃
Avec l'argent. .;<̃>'
L'agenceOméga, cela sonnait^rèleroent; l'adresse
donnée au hasard, c'était celle de la Maison-Dorée.
On ne s'informa que par acquit de conscience, et le
soir même, tous les cercles intéressés étaient au
courant.- Dix collaborateurs peinèrent pour échafau-
der l'idéal des rapports; les blanquistes y étaient
métamorphosés en correspondants do Frohsdorf,
les stagiaires orléanistes en homme de sang, de
pauvres garçons qui n'avaient pas le souffle en her-
cules prêts à livrer bataille à la brigade centrale
tout entière. Au jour dit, le délégué de l'agence
Oméga arriva, écouta avec toutes sortes d'exclama-
tions admiratives la lecture de ce factum héroïque.
Quand on en vint à parler du payement, il balbutia
que ce beau travail devait être d'abord soumis à son
shef.
Parfaitement, lui répondit-on avec un sourire
exquis, cet excellent M. Boitelle.
La situation de l'agent n'était pas bien bonne. On
était au cinquième étage et d'une alcôve fermée
surgissaient comme d'une boite à surprise quatre
vigoureux igaillards que le futur correspondant
avait tenu à rendre témoins et qui jetèrent l'homme
dans l'escalier avec assez de modération pour qu'il
fût sur ses pieds avant le troisième étage. Le bruit
s'était ensuite répandu qu'il était attaché à l'inspec-
tion des bals publics il se vit un soir entouré au
casino Cadet d'une ronde de vingt-cinq ou trente
jeunes gens scandant Oméga'! sur l'air des Lam-
pions. Il disparut ensuite, et peut-être sa carrière
était-elle compromise. Mais aussi, quelle singulière
Idée, pour ménager les vraisemblances, de lancer
un nom pareil Oméga l
1ETTEES D'OCEANE
•̃̃̃̃'Xtai "voyage aux Nouvelles-Hébrides
'tI:L'y.r: Nouméa, 26 mai.
Le Calédonien, de la Compagnie tm™™™ ji
Nouvelles-Hébrides, qui faisait le service de Nou-
méa ces îles, se perdit le 28 février dernier, jeté
sur les récifs de Santo-Spiritu par un cyclone. De-
puis lors, notre colonie n'avait plus
voile, insuffisantes à 'tous les points de vue. Le
gouvernement local s'est entendu avec l'adminis-
îration des Messageries maritimes pour que le Ta-
ndis, annexe de celles-ci entre'Sydney et Nouméa,
poussât pour une fois du moins, et à titre de voyage
d'essai, jusqu'aux Hébrides.
De Nouméa, où l'on ne -se console pas de la dis-
parition de la prépondérance française officielle dans
l'archipel et où l'on craignait une rupture à peu
près complète des relations commerciales, on a vu
partir le Tanais avec joie. Qui plus est, un assez
grand nombre de notables nouméens sont partis
avec lui. Aux Hébrides, nos compatriotes et nos
amis ont vu arriver le paquebot et débarquer ses
passagers avec plus de plaisir encore.
Le Tanaïs a touché en quatre points Port-Vila,
Port-Havannah, Port-Sandwich et le canal du Se-
gond. Partout le sol est d'une fertilité extrême.
Partout la verdure plonge jusque dans la mer et
escalade le sommet des collines et des montagnes.
C'est un fouillis tellement impénétrable de plantes,
arbustes et arbres de toutes sortes que la terre ne
voit pas le soleil; et les fièvres, très fréquentes si-
non très pernicieuses, n'ont pas d'autre cause «que
les émanations d'un sol constamment saturé d'hu-
midité, et que ni la franche lumière ni la saine cha-
ieur du jour ne viennent jamais purifier.
La colonisation française est assez lente. Elle
commence seulement à récolter du café et à expor-1
ter du coprah, amande de'coco séchée au soleil et
qui fournit une huile à là savonnerie. A Port-Vila,
un Français, M. Cnevillard, a su grouper autour de
lui quelques colons de nationalités diverses, et,
sous le nom de Franceville, a imaginé de constituer
une municipalité. Le maire de Nouméa, M. Sauvan,
qui était du voyage, lui a remis, de la part du gou-
verneur de la Nouvelle-Calédonie, un manuel ad-
ministratif, un cachet-timbre, un portrait de M. le
président de la République et divers livres de pé-
dagogie offerts par la section française de la récente
Exposition de Melbourne. Des missionnaires anglais
résident à Port-Vila. A Port-Sandwich, au contraire,
ce sont des missionnaires français. Au canal du Se-
gond s'était installé un Français, M. Bernier. Il
avait, dans les prèmiers temps, quelque motif de
craindre les entreprises des indigènes, mais le croi-
seur le Fabert, navire qui représente la France dans
la commission mixte anglo-française, survint à
propos; son commandant sut parler de telle sorte
qu'aucun doute ne subsista dans les cervelles indi-
gènes sur la façon dont il saurait agir au besoin.
M. Bernier ne fut pas inquiété. Il défriche, il plante
en paix ses cafés.
Comme quantité et qualité, la main d'œuvre
laisse beaucoup à désirer. Le Canaque des Hébri-
des, alors qu'on le met sur place au travail, est pa-
resseux, perfide; il ne se gêne pas pour rejoindre
sa tribu en emportant instruments et récoltes. Dé-
paysé, c'est-à-dire transporté dans une autre île de
l'archipel, il rend plus et prend moins. Emmené
plus loin encore, aux Fidji, au Queensland, il satis-
fait généralement son engagiste. 11 faudrait aux Hé-
brides, en fait de travailleurs, des Chinois ou de
ces Indiens de Malabar qu'on voit à l'oeuvre aux
Fidji, où une seule raffinerie en occupe six cents.
L'escale du Segond a été marquée par un inci-
dent. L'exploitation de M. Bernier a reçu le nom
de Luganville, en l'honneur de M. Lugan, comman-
dant du Tanaïs, dont l'habileté professionnelle et la
courtoisie avaient été vivement appréciées des pas-
sagers. Le baptême a eu lieu au Champagne! l
Puisse-t-il profiter à la station! 11 est, en atten-
dant, de nature à flatter la Compagnie des Messa-
geries maritimes, à lui prouver que la Nouvelle-
Calédonie ne sera jamais en reste de bons procé-
dés avec elle 1
On attend des Messageries maritimes, pour le
moment, qu'elles veuillent bien étudier une combi-
naison qui aurait pour effet d'enlever à ce voyage
du Tandis son caractère accidentel et de créer un
service régulier entre Nouméa et l'archipel. Le
conseil général de la Nouvelle-Calédonie s'y prête-
rait d'autant plus volontiers que l'activité commer-
ciale et agricole anglaise devient de plus £n plus
pressante aux Hébrides.
Les passagers du Tandis ont rapporté à cet égard
les renseignements les plus inquiétants, ou plutôt
les plus stimulants. Les engagements de travail-
leurs hébridais pour le Queensland et les Fidji se
multiplient, tandis qu'ils ont cessé complètement
pour la Nouvelle-Calédonie. Or, il est incontesta-
ble que, de retour dans leurs tribus, les engagés
sont devenus moins rebelles à l'assimilation, et
que celle-ci s'opère peu à peu au profit de l'Angle-
terre.
Ce n'est pas tout. La Compagnie australienne de
navigation Burns, Philips et C° vient de consacrer
50,000 livres sterling à l'établissement d'une société
anglaise dite des Nouvelles-Hébrides; ses agents
parcourent déjà les îles, achetant des terrains que
des géomètres délimitent immédiatement. Une au-
tre compagnie s'est formée aux Fidji pour l'achat
des produits hébridais, spécialement du coprah. Un
steamer de cette compagnie, le Blackburn, a com-
mencé ses voyages mensuels. Une association de
mineurs du Queensland, ayant aussi à sa disposi-
tion un steamer, se livre à des reconnaissances
géologiques dans toutes les îles et se prépare à ac-
caparer les richesses minières. Le gouvernement an-
glais, enfin, a installé il y a quelques mois aux Hébri-
des, un consul, M. Romilly, qui fait des achats de ter-
rain aussi nombreux que possible. Tout récemment,
cet agent avait jeté ses vues sur une pointe qui do-
mine Port-Olry, à Spiritu-Santo les missionnaires
français le devancèrent et obtinrent cette position
importante en la payant comptant. C'est bien, mais
serons-nous toujours aussi heureux? Et n'est-il pas
à craindre, au contraire, qu'en dépit des efforts de nos 1 ]
colons l'influence anglaise ne se substitue rapide- ]
ment à la nôtre? '"̃
Elle est servie, cette influence, par un génie à la
fois entreprenant et persévérant, un génie méthodi-
que pour ainsi dire, et par des capitaux puissants. Avi-
ser est urgent. On peut différer d'avis sur l'opportu-
nité de la création d'un consulat français, parallèle
au consulat anglais, sur celle aussi du rétablisse-
ment de l'immigration néo-hébridaise en Nouvelle-
Calédonie où la main-d'œuvre pénale fait déjà une
ei redoutable concurrence à la main-d'œuvre libre S
et libérée on ne saurait hésiter sur la nécessité
d'organiser un service régulier de communications.
C'est la première chose à faire.
-SULLÏTIH DE L'ETRANGER
TUÊPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
ï •̃'̃' Alsace-Lox'raine
"̃•'̃M. le chanoine Dellès a obtenu 9,386 voix sur
10,505 votants. Le nombre des électeurs inscrits est
de 24,210. M. Délies acceptera sans doute le mandat
de siéger au Reichstag.
M. Dellès est né en 1840, à Laning, canton de
'GrosteUquin. 11 a fait ses humanités au collège de
Bitche et a passé par le grand séminaire de Metz.
Ordonné prêtre en 1865, il fut placé comme vicaire
à l'importante paroisse de Sarreguemines. En 1872,
après l'expulsion des jésuites, l'évoque de Metz lui
donna la succession du P. Thio comme directeur
de l'oeuvre des Allemands à Metz, poste difficile
qu'il occupa jusqu'en 1884, où il fut nommé curé de
Sainte-Ségolène, à. Metz. M. l'abbé 'Dellès été
nommé chanoine lionoraire en 1887;
On écrit de Bayreuth à la Pcst, de Strasbourg,
que l'empereur d'Allemagne, aprôsavoir assisté aux
deux dernières représentations des drames de Wag-
ner, qui auront lieu à Bayreuth le 17 et le 18 août,
se rendra en Alsace. Il visitera d'abord Strasbourg
et y restera deux ou trois jours. De Strasbourg il se
rendra à Metz, où il assistera à l'inauguration du
monument élevé à l'empereur. Guillaume lor, et il
quittera Metz le 23 août.. v
,rd"
Le Journal d'ÀUkirch annonce que ïeaucoup d'Al-
saciens se sont rendus à Belfort, le 14 juillet, à l'oc-
casion de la fête nationale. A leur retour, on a pris
soigneusement à Montreux-Vieux leurs noms et
leurs adresses.
Le 24 juillet, M. Ott, directeur de l'arrondissement
de Colmar, et M. fe sous-préfet de Saint-Dié, ont
procédé à la revision de la frontière franco-alle-
mande. Ils se sont rencontrés au lac Blanc, où ils
ont passé la nuit, et sont allés par la crête à la
Schlucht et auReinkopt.
Les forêts sont tellement touffues sur certaines
parties de-la frontière qu'il faut y faire des coupes
pour que la ligne de démarcation puisse être re-
connue.
Avant son départ pour la montagne, M. Ott avait
reçu les maires du canton.
Les poteaux de délimitation, confectionnés sur
l'ordre et au compte du gouvernement allemand,
au nombre de deux cents, pour la frontière des
Vosges, sont d'un type assez curieux.
C'est d'abord une grande colonne en fer forgé,
ayant à son extrémité supérieure un disque aux cou-
leurs nationales allemandes. Le fond, noir, repré-
sentant l'aigle impériale dos Hohenzollern, est entou-
ré d'une bande blanche, et celle-ci, à son tour, est en-
tourée d'une bande rouge. Circulairement, sur cette
dernière, en fond noir, se détachent les mots Deict-
sches Reich (Empire allemand).
Pour garantir ces poteaux, on les scellera dans
.J. ute, .1~ f5'»o.1;. q.Jo~, 01o.£-o~»o..dci..no.l"3. farnn
La commune de Jettingen, dans l'arrondissement
dAltkirch, compte dans son sein, dit ÏExpvess
de Mulhouse, deux partis passionnés, celui de M. le
curé et celui de M. le maire. De là discussions et
disputes violentes qui donnent souvent maille à par-
tir avec la justice.
Le 24 juillet, c'était le tour de M. le curé de
comparaître devant le tribunal de Mulhouse Il
était accusé d'avoir, le 2 juin, offensé au prône le
maire de la commune. Le tribunal l'a condamné de
ce chef à 200 marcs d'amende.
Il était accusé en outre d'avoir, le 17 mai dernier,
au prône, offensé l'empereur d'Allemagne et d'avoir
critiqué des institutions de l'Etat de façon à com-
promettre la paix publique il avait, en parlant de
l éducation des enfants dans les écoles, comparé l'é-
tat de choses actuel à celui qui régnait du temps de
l'empereur Julien l'Apostat on bannit le Christ des
écoles absolument comme à cette époque, et l'on
n'inculque plus aux enfants les principes de la reli-
gion.
M. le curé a reconnu à l'audience qu'il avait pro-
noncé ces paroles, mais il a soutenu qu'elles se rap-
portaient à ce qui se passe en France.
Le tribunal l'a condamné à deux mois de prison
pour avoir troublé la paix publique.par sa prédica-
tion et l'a renvoyé des fins de la poursuite en ce
qui concernait l'inculpation de lèse-majesté.
MM. Toutsch, maire de Wissembourg, et Wiss-
mann, professeur au gymnase de cette ville, vien-
nent d'adresser, à l'occasion du prochain anniver-
saire de la bataille de Wissembourg, un appel à la
population pour l'engager à orner les tombes des
soldats tombés sur le champ de bataille.
Allemagne
Nous avons annoncé que des négociations relati-
ves .à l'organisation d'un train éclair entre Berlin et
Rome ont eu lieu entre le gouvernement allemand
et le gouvernement italien, et qu'il a été décidé pro-
visoirement que le train passera par le Brennor. La
Gazette de l'Alleniagne dit Nord consacre aujourd'hui
un article à la question..Le journal officieux déclare
que les relations commerciales et intellectuelles si
nombreuses entre l'Allemagne et l'Italie, relations
que l'alliance politique tend à rendre plus fréquen-
tes encore, exigent que les deux capitales soient
rapprochées l'une de l'autre, et que la ligne du
Brenner est la meilleure parce qu'elle est la plus
courte.
D'après les renseignements envoyés de Munich
au Berliner Tageblatt, les décisions définitives seront
prises dans une conférence qui se réunira le 2 août,
dans la capitale bavaroise. Le plan est de faire
franchir la distance qui sépare Berlin de Rome en
trente-sept heures.
Le renseignement donné par la Gazette de la Croix
sur l'extension que prend Taffaire de concussion de
Kiel, dont nous avons parlé, se vérifie. La Gazette
de Cologne annonce l'arrestation et le transfert à
Berlin du chef d'une grande maison de commerce
de Minden, à qui l'administration de la marine a
fait, depuis nombre d'années, de fortes comman-
des pour les chantiers de Kiel et de Wilhemshafen.
D'autre part, la Freisinnige Zeitung, de Berlin, an-
nonce l'arrestation d'un contrôleur en chef des
chantiers de Kiel.
La Post dit qu'à bord des vaisseaux de la marine
allemande, c'est l'officier le plus élevé en grade qui,
à défaut d'aumônier, préside au service divin le di-
manche. Après le chant d'un psaume,le comman,
dant procède à la lecture de l'Evangile et le service
se termine par un nouveau chant. On respecte cet
usage à bord du yacht impérial, le Bohenzollern.
et c'est l'empereur qui officie le dimanche.
Plusieurs journaux allemands, la Gazette de Co-
logne en tête, nient la nouvelle que la Compagnie de
l'Est africain ait vendu tous ses droits aux Anglais.
Le fait n'en paraît pas moins avéré.
Ce qui a pu déterminer ces ventes, ce sont les
traités que l'agent de la Compagnie anglaise de
l'Est africain vient de conclure avec plusieurs chefs
somalis et gallas qui lui cèdent des territoires si-
tués entre les fleuves Tana et Jube; or, il se trouve
que les côtes de cette région, fort riche d'ailleurs et
qui commande le bassin du haut Nil, ont été acqui-
ses par le docteur Jühlke en 1886 au compte de la
Compagnie allemande. Les territoires allemands se
trouvent ainsi coupés des régions de l'intérieur
qu'ils devaient commander.
La manœuvre de l'agent britannique a été habile
et le mécontentement des coloniaux allemands
déjà suffisamment excité par les incidents des der-
nières semaines, ne fait que grandir. Ils font re-
marquer que la colonie allemande de Witu se trou-
verait paralysée, si les récents traités conclus par
l'agent anglais devaient être considérés. comme va-
lables. ̃
Autriche-Hongrie
On a fait beaucoup de bruit à propos des paroles
flatteuses que le nonce Galimberti a adressées, il y
a quelque temps, à un israélite. Les antisémites
ont été indignés de tant de bienveillance ot de to-
lérance de la part d'un haut prélat de l'Eglise ca-
tholique. Il parait que plusieurs membres de l'épis-
copat autrichien ne sont pas de cet avis. L'évêque
de Tarnow, Mgr Lobos, vient, au cours d'une de
ses tournées pastorales de tenir absolument le mô-
me langage que Mgr Galimberti il a déclaré qu'il
n'y avait aucune raison de mépriser la race d'où
sont sortis Jésus-Christ et ses apôtres, et qu'il fal-
lait regretter les haines irréfléchies que croient de-
voir leur porter certaines gens.
Angleterre
Hier, à la commission d'enquête Times-Parnoïl,
après l'audition de plusieurs témoins, sir Henry Ja-
mes, un des avocats du Times a fait observer que
la commission avait tenu 112 séances, qu'il restait
à entendre encore beaucoup de témoins, mais que,
puisque les autres cours prenaient leurs vacances
et que le rapport de la commission d'enquête ne
pourrait pas être présenté au Parlement pendant
cette session, il demandait l'ajournement de la com-
mission jusqu'au 24 octobre.
Le président a répondu qu'il eût été heureux de
voir l'affaire terminée, mais que les raisons invo-
quées par sir Henry James lui paraissaient parfai-
tement justifiées.
M. Sexton, l'un des avocats parnellistes, ayant
demandé si l'audition des témoins ;par la commis-
sion était définitivement close, le président a ré-
pondu que non, mais il a ajouté que, pour citer de
nouveaux témoins, les partis devraient produire des
arguments d'un caractère exceptionnel.
La commission s'est ensuite ajournée au 2i oc-
tobre.
L'éditeur du Times a reçu la lettre suivante du
secrétaire particulier de lord Salisbury, en date du
24 juillet:
Monsieur,
Lord Salisbury a remarqué que la lettre de ce jour
du correspondant viennois du Times contient le pas-
sage suivant .'S
« La Nouvelle Presse libre accuse lord Salisbury d'êtf* j
grandement responsable des troubles de Crète, atten-
du qu'il a déclaré publiquement que cette ile devait
être éventuellement séparée de la Turquie. »
Lord Salisbury ignore à quelle source a été puisée
cette information, mais elle est complétement erronée.
Il n a jamais fait de déclaration de ce genre.
Agr^ezi-etc.
SCHiJilBEHG >K. MACDONNELL.
M. et Mme Gladstone ont célébré hier le 50» an-
niversaire de leur mariage. Ils ont reçu pendant la
journée des milliers de télégrammes et de lettres
de félicitations. Parmi ces félicitations figurent, en
premier lieu, celles de la reine Victoria, du prince
de Salles et du roi des Belges.
La cour du banc de la reine vient de rendre son
jngement dans l'affaire du reporteur George Simms,
qui avait demandé à poursuivre en justice le duc
de Cambridge, parce que celui-ci l'avait saisi au
collet pendant une bousculade -lors de -la -revue des
pompiers de Londres.
On se rappelle que le « lord chief justice «avait
émis l'avis que,- tous les Anglais étant égaux devant
la loi, la justice de paix devait recevoir la plainte
de M. Simms et citer le duc de Cambridge à com-
paraitre devant elle.
Le président de la cour du banc de la reine en a
jugé autrement.'Il a constaté qu'il y avait eu ba-
garre pendant la revue des pompiers et que les
renseignements fournis ne sauraient établir si le
duc de Cambridge a agi de façon à appeler l'inter-
vention de la justice. Le juge estime, en consé-
quence, qu'il ne peut autoriser M. George Simms à
citer le duc de Cambridge en justice et a débouté le
demandeur en le condamnant aux frais.
Ce jugement est sans appel.
• La Pall Mail Gazelle signale un bruit qui s'est
répandu dernièrement à Londres. La reine Victoria
aurait le désir de faire une visite aux Etats-Unis et
au .Canada. Les médecins de la reine lui conseillent,
dit-on, d'entreprendre un voyage qui ne manque-
rait pas de faire beaucoup de bien à sa santé.
La cour ecclésiastique, présidée par l'archevêque
de .Canterbury, a rendu hier son jugement sur le
premier point de la défense de l'évoque de Lin-
coln. q
Sir W. Philimore, avocat de l'évoque, soulevait
notamment un point de droit ecclésiastique, d'a-
près lequel un évoque officiant n'était pas soumis
au même règlement rituel qu'un simple ministre de
l'église.
La cour, dans son jugement, dit qu'elle ne voyait
aucune raison pour admettre qu'un évoque, une
fois qu'il préside à un. office divin prescrit par le
livre de prières, ne soit pas par cela même un mi-
nistre de l'Eglise tenu d'observer tous les règle-
ments rituels.
L'avocat de l'évêque de Lincoln, ayant demandé
un délai pour préparer sa défense ultérieure, la cour
s'est ajournée au 6 août.
On annonce la fusion des trois grandes maisons
anglaises de librairie Simpkins, Hamilton et Kent,
qui formeront entre elles une compagnie par actions
à responsabilité limitée. n
Ces trois maisons sont les plus grandes librairies
de commission d'Angleterre. Elles fournissent à elles
trois presque'tous les détaillants du royaume-uni
et le plus grand nombre des libraires ̃étrangère,
'̃•̃ ''̃ • .'̃ ̃ ^.l'.U: ̃) f,'Uv.r.-
-̃̃̃ .< ̃̃̃̃: ̃̃̃- ̃' -SU1SS3 -0 •
C'est les 5, 6, 8 et 9 août qu'aura lieu à Vevey la
fête cles vignerons, véritable fête nationale qu'on
célèbre très rarement. La dernière a en lieu on 1866.
Les préparatifs sont conduits avec beaucoup d'acti-
vité, et la fête promet d'être très brillante. Il s'agit,
on le sait, d'une sorte de représentation très origi-
nale, comprenant un cortège et des ballets tradi-
tionnels, qui est aux fêtes antiques ce que les fa-
meux mystères d'Oberammergau sont aux mystères
du moyen âS°- On s'attend à une afiluence consi-
dérable d étrangers. ̃•̃.̃̃
Italie •' ̃'̃̃̃• i)
On parle beaucoup à Turin d'un incident qui s'est
passé à Suse, où trois officiers français en civil ont
été arrêtés au moment où ils examinaient les tra-
vaux de f rtifications. Après enquête, il a été-re-
connu que les personnes arrêtées n'étaient pas des
ofuci- rs, mais de simples touristes qui regardaient
les batteries que l'on construit a Pampalia "et à Bos-
senero. Elles ont été immédiatement relâchées.
Espagne •
Les décrets royaux qui viennent d'être publiés
comportent une économie de 200,000 pesetas dans
le budget de la présidence du conseil et une de 5
millions au ministère des affaires étrangères.
Une société au capital de 3 millions a été consti-
tuée en vue de créer des relations commerciales
avec le Maroc, où il est question de fonder un im-
portant comptoir pour la colonie de Barcelone. Un
chemin de fer serait construit et une ligne de va-
peurs installée, afin de donner la plus grande ex-
tension possible à ce comptoir.
Russie ̃
Le Standard est informé de Saint-Pétersbourcr
que dans la .journée d'hier l'état du grand-duc Con-
stantin a considérablement empiré.
Vers midi, le grand-duc avait repris quelque force
mais à dix heures du soir on disait au palais que
l'état du malade était très inquiétant. Les médecins
faisaient prévoir une mauvaise nuit.
Bulgarie
On mande de Vienne que des avis de Bulgarie
signalent un nouvel arrivage à Sofia de plus de trois
cents chariots, chargés de munitions de guerre et
de plusieurs canons provenant de Lom et destinés à
la.défense de Sofia.
;• .̃ Serbie ̃. ̃ ):u[ ̃ ̃
Le correspondant viennois du Times dit qu'en
rendant compte, le 22 mars dernier, d'une entrevue
qu'il avait eue à cette époque avec le roi Milan de
Serbie, il avait omis, avec intention, une partie de
leur entretien qui avait rapport aux relations entre
la Serbie et la Russie.
Aujourd'hui, pour défendre le roi contre l'accu-
sation d'avoir manqué de sincérité vis-à-vis de
l'Autriche-Hongrie, le correspondant duTimes croit
de son devoir de reproduire les paroles que lui a
dites le roi au mois de mars.
J'ai été accusé a dit le roi Milan d'avoir recu
de Russie de l'argent pour signer mon abdication
C'est une accusation absolument absurde. Vous savez
que j'ai toujours été hostile à la Russie et que j'ai
payé cher cette hostilité. Croyez-vous que j'aurais
aujourd'hui renié toute la politique de mon règne en
acceptant de l'argent d'un pays dont les agents ont
été la cause de ce que je n'ai pu gouverner en paix.
Egypte
D'après les derniers avis reçus d'Assouan, Wa-
delnjumi n'a pas changé ses positions, mais les
renforts que lui amenait Makru-el-Nur seraient
maintenant arrivés après avoir fait un long détour
par le désert pour éviter les postes égj'ptiens forti-
nés des bords du Nil.
Les déserteurs qui arrivent au camp anglais font
d'effrayants récits de la cruauté des Derviches et
des atrocités qu'ils commettent.
Le général Grenfell a partagé les troupes égyp-
tiennes en deux colonnes, sous les ordres du géné-
ral Wodehouse et du colonel Kitchener.
Zanzibar
Le correspondant du Times à Zanzibar télégra-
phie,que, d'après le récit d'un membre de la société
allemande de l'Afrique orientale, qui vient de reve-
nir à Zanzibar, il a été attaqué, ainsi que son com-
pagnon de route, par Bouchiri, près de Mpwapwa.
Son compagnon a été tué, mais lui-même a réussi
à s'échapper.
Etats-Unis
La chambre de commerce de New-York s'est pro-
noncée hier en faveur de l'organisation dans cette
ville, en 1892, d'une exposition universelle et elle a
nommé une commission spéciale pour élaborer un
projet détaillé à ce sujet.
CHRONIQUE DE L'EXPOSITION
Nouvelles diverses
Les entrées payantes de la journée de jeudi à
l'Exposition se sont élevées au chiffre de 100,332.
Le comte de Flandres a fait ce matin, à l'Exposi-
tion, une nouvelle visite. Accompagné par MM.
Carlier, commissaire général de la Belgique, Saba-
thier et Stours, députés, il s'est rendu à l'esplanade
des Invalides, où il a successivement parcouru l'ex-
position militaire, les sections coloniales, !̃ Cam-
bodge, le kampang javanais, le panorama Castel-
lani et les maisons ouvrières du groupe de l'écono-
mie sociale.
L'agence Havas nous communique la note sui-
vante
Un certain nombre de journaux ont demandé que
le prix d'entrée aux fêtes données au palais de l'In-
dustrie soit acquitté au moyen de tickets de l'Exposi-
tion, en s'appuyant sur cette raison que ces fêtes sont
payées par les souscripteurs du capital de garantie de
l'Exposition universelle.
Cette argumentation repose sur une erreur absolue.
Les dépenses occasionnées par les fêtes payantes
qui seront données au palais de l'Industrie sont im-
putées sur le crédit de 2 millions voté par le Parle-
ment et la ville de Paris pour la célébration du cen-
tenaire de 1789.
Cette somme de 2 millions n'a aucun rapport avec
les recettes et les dépenses de l'Exposition.
C'est dans le but de donner aux fêtes du centenaire
un éclat que ne permettrait pas de leur donner la
somme qui leur est affectée qu'un prix d'entrée à cer-
taines de ces fêtes a été établi.
Il est donc nécessaire que le montant de ces entrées
soit recouvré en argent et non en tickets,
Les tournées d'inspection entreprises par la di-
rection de l'exploitation afin de rendre à chacune
des parties de l'Exposition son véritable caractère
sont aujourd'hui poursuivies avec fermeté.
Hier, après-midi, M. Berger, accompagné de M.
Clément, commissaire de police, a fait lui-mômetrois
fois le tour de la galerie des machines pour intimer
à de petits industriels qui s'y étaient laufilés l'or-
dre de déménager sans délai leur installation dt
leur matériel. Ces industriels, à l;aide de machines
exposées, fabriquaient toutes sortesde travaux gu'ils
vendaient indument sur place.
En -ce qui concerne les marchands orientaux tout
:est rentré ,dans l'ordre. Toutefois, il importe de bien
établir que ceux de ces marchands qui ont protesté
contre la mesure prise font une erreur lorsqu'ils
soutiennent que les pays d'Orient peuvent à .peine
fournir les matières premières. Ni l'Egypte, ni l'Al-
gérie, ni la Tunisie ne sont dans ce cas. Ainsi c'est
bien à Tunis et rien qu'à Tunis que l'on fabrique
les couvertures, les tapis, les étoffes de laine ou de
soie, les broderies, les cuirs travaillés, les poteries
en vente aux Invalides. Les objets fabriqués sous
les yeux du public par les ouvriers indigènes ne
sont pas davantage des produits des industries fran-
çaise ou allemande. Enfin, il est patent que nombre
d'industries vivent, à Damas, au Caire, à Constan-
tinople et à Tunis de la fabrication d'articles qui
sont exportes en Europe, où ils y constituent la
plus grande partie du fonds des magasins d'arti-
cles d'Orient.
Hier le^consfiil'municipal de Levallois-Perret
où, on le sait, sont situés les ateliers do M. Eiffel
a fait en corps l'ascension de la tour do 300 mètres.
Voici l'inscription qu'il a collectivement laissée
sur le registre des visiteurs de la deuxième plate-
forme
-Le conseil municipal de Levallois-Rerret, admira-
teur de son illustre concitoyen, M. G. Eiffel.
25 juillet 1S89.
-«; v.. (Suivent les,signatures.)
Prochainement, trois voyageurs arriveront à
Strasbourg, venant de Vienne, pour se rendre à
Paris, avec une brouette comme unique moyen de
locomotion, ce qui dépasse assurément en singula-
rité le voyage de Vienne à Paris exécuté récem-
ment en fiacre. Les voyageurs sont un cocher de
fiacre, un garçon boucher et un ami de ce dernier.
Le garçon boucher a été brouette jusqu'à Linz. Les
trois touristes comptent être rendus au pied de la
tour Eiffel le 5 août.
On nous télégraphie de Toulon que l'excellente
musique des équipages de la flotte est partie pour
Paris. Elle prendra part au concours des musiques
militaires qui va s'ouvrir dans la salle du Troca-
déro elle se compose de 64 exécutants.
La nuit dernière, des agents de la sûreté ont
arrêté dans le voisinage de son domicile, à Bati-
gnolles, nn nommé Alexandre "Dorival, âgé d'une
cinquantaine d'années, employé à l'esplanade des
Invalides par l'un des marchands de la section tu-
nisienne.
Dorival, deux jours auparavant, profitant de ce qu'il
se trouvait seul dans la boutique du marchand.
s'était emparé des économies de celui-ci, cinq cents
francs en pièces de vingt sous et de cinquante cen-
times qui se trouvaient dans une tirelire.
Tout d'abord, Dorival ne fut pas soupçonné. Mais
M. Santucci, commissaire de police, qm avait ouvert
l'enquête, ne tarda pas à s'apercevoir que Dorival
était le coupable. On fila celui-ci et, comme il fai-
sait des dépenses peu en rapport avec ses moyens
d'existence, on l'arrêta. :•̃̃
BILLL'TS DU IIATIN
̃•" Paris, 26 juillet.
A Sa Majesté le, tsar de toutes les Iiussies
Sire, Sire, ~r~
Le roi de Grèce est venu nous voir nous l'a-
vons reçu de notre mieux et il n'a pas paru
s'ennuyer ici. Nous attendons maintenant no-
tre ancien hôte le chah de Perse et nous lui
préparons de fort belles fêtes.
Je sais très bien que vous, vous ne viendrez
pas. Mais si vous pouviez venir!
Il y a un siècle et demi nous eûmes la visite
de votre illustre aïeul Pierre le Grand. Il eut
beaucoup de succès à Paris. On recueillait ses
mots, les « philosophes » chantaient ses louan-
ges et l'académicien Thomas écrivit en son hon-
neur un poème épique, la Pétréide.
La Russie n'était alors qu'un Etat naissant.
La France était puissante encore son hégémo-
nie intellectuelle était incontestée dans toute
l'Europe. Votre aïeule Catherine nous admira
et nous aima. Elle fut charmante pour nos
hommes de lettres.
Aujourd'hui la Russie est à la veille d'être
le plus puissant empire du monde. Et il se
trouve que c'est nous, maintenant, qui subis-
sons l'influence du génie de votre race. C'est
notre vieille littérature qui demande des leçons
à la vôtre, et c'est nous qui vous aimons.
La Russie est étrangement à la mode chez
nous. On fourre jusque dans les chansons de
cafés-concerts des couplets russophiles que la
foule applaudit violemment. Et certes cette
sympathie bruyante des badauds parisiens
pour la Russie monarchique et mystique fait
un peu sourire mais n'est-ce pas touchant
aussi, cette coquetterie naïve, et si mal infor-
mée, d'un pauvre peuple que presque tous nos
voisins détestent et qui, dans sa détresse mo-
rale, se met à aimer, même sans les connaître
beaucoup, ceux qui du moins ne le haïssent
pas? Si j'étais le tsar, j'en serais tout attendri.
Et je vous assure que cette sympathie ne vient
pas uniquement d'une communauté d'intérêts
ou de haines. Il y a autre chose malgré tout,
un lien d'âmes que vous expliquera M. de Vo-
güé.
Si donc vous venez, sire, ah! je vous promets
une belle entrée à Paris et des acclamations
comme vous n'en aurez pas souvent entendu 1
Mais vous ne viendrez pas, quoique vous en
ayez peut-être envie au fond. C'est bien dom-
mage.
LA VIE A PARIS
La distribution de prix du Conservatoire. Derniers
adieux. Mon maître M. Delaunay. Le jury des
concours. La salle. Un ancien lor prix. Pour-
quoi l'habit noir? Mlle Bailly. Un procès scan-
daleux. La femme au théâtre.
Le concours et la distribution de prix du
Conservatoire est la dernière fête où les Pari-
siens se serrent la main avant de se disperser.
Les mondaines qu'on rencontre là s'excusent
presque d'y être. Elles viennent avec des toi-
lettes de bains de mer. On sent que leurs mal-
les sont faites et qu'à la question prévue
Comment? vous n'êtes pas encore partie ? 2
Elles répondront
Je me sauve demain.
Et c'est dans la petite cour du Conservatoire
un charmant déballage de robes claires, des
saluts échangés entre les ombrelles et les cha-
peaux gris, des adresses lointaines de châ-
teaux, de casinos, de plages jetées par-dessus
les groupes, notées sur les petits carnets, des
promesses de visites qu'on ne tiendra pas, de
lettres qu'on n'écrira point; chacun ayant
devant soi le trésor intact de ses vacances, un
peu de la griserie des collégiens qui quittent
l'école.
i aussi bien le décor, les toilettes de distribu-
tion de prix, les allées et venues fiévreuses des
jeunes gens et des jeunes filles qui vont tout à
l'heure monter sur la scène, reportent-ils les
souvenirs vers les jours d'enfance cela donne
à cette fête des Muses un caractère spécial
d'innocence et de joie légère.
Pour moi, je n'avais pas repassé la grille du
Conservatoire depuis le jour déjà lointain où
j'y entrai avec la pensée confuse d'agrafer,
moi aussi, à mon épaule le manteau d'Oreste.
Je ne savais trop dans ce temps-là oùme con-
i duirait l'inquiétude de mon cœur, si je serais
« dieu, marbre ou cuvette ». J'avais donc écrit
à l'excellent comédien Delaunay; je lui avais
demandé la permission de suivre ses cours
comme auditeur libre, de fréquenter le temple
et les lévites pour voir si la vocation me pous-
serait. Il me répondit avec beaucoup d'honnê-
teté qu'une pareille détermination appelait de
lentes réflexions, qu'il n'engagerait jamais à
entrer au théâtre une personne qui n'était pas
résignée d'avance à tout souffrir pour son art.
D'ailleurs, il m'entrebâilla gracieusement la
porte de son cours.
Il y avait dans ce temps-là sur les bancs de
cette classe la charmante Mlle Muller et M. Sa-
mary. La première me plut infiniment à dix-
sept ans, elle était bien l'idéale ingénue du (
Jeu de Vamour et du hasard. Personne n'aurait pu ]
supposer que sa candeur s'accroîtrait encore, (
ce qui est arrivé pourtant. Quant à M. Samary, 1
il m'agaça horriblement; vous auriez dit un I
enfant gâté qui joue la comédie de château. Il c
montait sur les planches avec des bonbons dans x
la bouche, faisait des niches à ses camarades.
On disait que déjà, à la Comédie, il avait rem-
pli le rôle du petit chien de Y Etincelle cela lui
attirait dans ce milieu juvénile beaucoup de r
considération. Je suis sûr que depuis, quand il t
a trouvé le public et la critique moins indul- I l
gents que son maître, M. Samary a regretté ces
enfantillages si je les rappelle, c'est qu'il a
bien travaillé depuis pour s'en corriger..
Je ne sais si tous les professeurs du Conser-
vatoire sont aussi dévoués' à leurs élèves que
M. Delaunay l'était aux siens, mais j'ai gardé
un charmant souvenir des huit ou dix classes
où j'ai suivi son enseignement. Là, comme en
scène, il était l'homme des nuances; on ne
saurait trop estimer la patience avec laquelle il
s'efforçait de faire comprendre les délicatesses
du texte à des jeunes gens trop enclins à se
contenter des mots. Il attachait une grande
importance à la technique de son'art, mais il
mettait certainement au dessus de l'habileté
professionnelle l'intelligence des sentiments
et de.s idées. Son enseignement égalait celui
d'un professeur de rhétorique qui aurait eu
beaucoup de goût et de savoir; de plus, il pos-
sédait les traditions.
Je songeais à lui mercredi dernier, en en-
trant dans la petite salle pompéienne d'où, de-
puis des années, tant de jeunes talents ont pris
leur essor.
Nos grand'mères nous parlent souvent de ces
petits théâtres que le public prenait d'assaut
et dont la .renommée a survécu au nivellement
des démolitions. A l'heure qu'il est, la salle du
Conservatoire, les jours de concours, avec son
public vibrant, ses coteries de parents, d'amis
et d'ennemis; évoque le souvenir de ces ancien-
nes bonbonnières à spectacles, qui s'alignaient
le long des boulevards comme des dragées dans
une boîte.
Je ne sais pas de public plus mêlé,:plus ba-
tailleur que celui de ces cérémonies olympien-
nes d'abord, vous avez le jury dans sa loge,
M. Ambroise Thomas avec son éternelle jeu-
nesse et, sur la rampe de velours, un accoude-
ment de musicien un peu las d'écouter les mé-
lodies intérieures, que vous retrouvez dans
toutes les photographies du maître puis M.
Alexandre Dumas, l'air bretteur d'un homme
qui a passé sa vie à ferrailler avec l'opinion et
dont la garde reste belle, fière et souple malgré
les cheveux gris puis des personnes officielles,
des comédiens éminents et ces deux augures,
ces deux sphinx souriants et indéchiffrables,
MM. Jules Claretie, administrateur de la Comé-
die-Française, et Porel, directeur de l'Odéon.
Sous la tribune, un public étrangement
composits, bariolé, nerveux des toilettes ta-
pageuses à côté de mises défraîchies, presque
humbles. Le feu du ciel descend où il lui plaît:
il tombe dans les greniers, dans les man-
sardes.
J'ai connu, il m'en souvient, un de ces inté-
rieurs modestes, là-bas, bien loin des théâtres
et du Paris des plaisirs, rue de la Roquette, un
petit appartement de couronnière. On vivait en
deux chambres, la mère veuve, la fille intelli-
gente et laborieuse. Tout le jour on enfilait
des perles pour les pauvres morts qui montent
cette rue des éternels regrets. Un vaste établi
occupait presque toute la' chambre, chargé
d'immortelles et de verroteries. Dans un petit
coin, une étagère alignait quelques volumes
élégants, reliés de velin la bibliothèque de
Lemerre, le théâtre de M. François Coppée.
Le jour du concours venu, on blanchit une
robe de mousseline qui avait bien l'air d'avoir
déjà servi pour la première communion. La
future tragédienne monta dans l'omnibus, et
cette respectable pauvreté n'empêcha pas
Mlle Weber de remporter,un premier prix de
tragédie, qu'elle avait bien mérité.
Oh ce fut une grande fête ce soir-là dans
l'atelier des deux couronnières 1 Une joie que
n'attristèrent ni le voisinage des fleurs de ci-
metière ni les larmes emperlées des couron-
nes. La gloire de la jeune tragédienne rejaillit
jusqu'au dehors. Sur le seuil de sa boutique,
le boucher du rez-de-chaussée disait à qui vou-
lait l'entendre
Mlle Weber a eu le prix. C'est un grand
honneur pour le 11° arrondissement.
Triomphe éphémère payé de sévérités trop
cruelles. Où aurait-elle bien pu apprendre, cette
enfant de faubourg subitement hissée par les
chroniqueurs sur le pavois triomphal, que l'ad-
miration est, pour la masse des hommes, un
sentiment pénible, qu'on regrette le lendemain
les applaudissements de la veille, que la foule
est moins indulgente pour ses favoris que pour
les inconnus ? Il y a des cours de tout, au Con-
servatoire on vous y enseigne à parler, à mar-
cher on n'y apprend pas la modestie, ni non
plus que, de toutes les apparences dont s'amu-
sent les hommes, il n'en est peut-être pas de
plus fragile que le succès du théâtre.
Pour nous autres, les sages, c'est surtout par
ce qu'ils ont de factice que ces concours du
Conservatoire nous sont un divertissement.
Au théâtre, on joue le drame tout entier, et,
si distraitement que le spectateur prête l'oreille,
il est préparé pendant plusieurs actes par la
savante gradation des scènes à l'éclat du dé-
nouement. Ici on débute de but en blanc dans
l'horrible. Vous venez à peine de vous asseoir
et d'appuyer vos coudes sur le velours du bal-
con que le fond du théâtre s'ouvre, une jeune
fille s'élance, en toilette blanche ou rose; elle a
l'âge, la candeur d'Eliacin, du moins on le
supposerait. Hélas 1 quel réveil Du premier
mot, elle vous avertit qu'elle vient d'empoison-
ner son père, de poignarder sa rivale; ou en-
core c'est un jeune homme, en habit noir, à la
mode d'il y a trois ans, qui entre en vomissant
des injures contre le sort et contre les dieux.
Vous vous dites
Que nous veut ce garçon d'honneur? Un
invité indélicat lui aurait-il dérobé son cha-
peau ? `t
Votre erreur est de courte durée. On apprend
tout de suite à qui l'on parle
Vous voyez devant vous un prince déplorable.
A supposer que ces queues de pie vinssent
de chez le bon faiseur et que le « prince déplo-
rable » y parût un peu plus à son aise, je ne
sais pas si nous n'aurions point raison de mau-
dire cette fameuse réforme de Voltaire qui a
donné aux tragédies des costumes et des dé-
cors soi-disant pittoresques. Il y a un plaisir
particulier et très vif à entendre débiter ces
vers classiques par des adolescents en robes de
mousseline et en queues de morue qui s'appel-
lent « Monsieur », « Madame », gros comme le
bras et qui se saluent dans les formes du Grand
Siècle.
Mais, en y réfléchissant, je crois bien que
cette joie-là n'est pas chrétienne; on la prend
malignement au profit de son voisin. Ainsi je
regardais ce pauvre M. Cabel qui nous a récité
avec une voix très forte, assez bien conduite,
la prophétie de Joad. Sincèrement, je le plai-
gnais. Ses gestes faisaient songer tantôt à un
nageur, empêtré dans les herbes, qui cherche à
se tirer de la vase, tantôt à un magnétiseur
mondain qui hypnotise son sujet, les manches
retroussées. Sûrement si une draperie lui avait
un peu enveloppé les jambes et le buste, son
geste mieux habillé aurait perdu sa maigreur.
Nous n'aurions point été tentés de sourire hors
de propos. On ne s'explique pas que le Conser-
vatoire, qui peut puiser à son gré dans la défro-
que de l'Odéon et de la Comédie, s'obstine à
produire ses lauréats devant les juges dans un
accoutrement qui les dessert si fort. Croyez que,
malgré leur inexpérience, ces jeunes gens se-
raient beaucoup moins ridicules sous la pour-
pre et la toge des rois que dans l'habit d'un
homme du monde. Je ne voudrais pas leur faire
de peine; mais, pour la plupart, ils manquent
d'élégance, de distinction native, surtout d'ai-
sance et de naturel. Ce sont là des défauts qui
disparaissent assez aisément dans l'ampleur
d'une robe rouge; ils deviennent étrangement
saillants dans l'étriquement de l'habit noir.
La distribution de prix du Conservatoire
est un spectacle infiniment plus réjouissant
que le concours de comédie lui-même.
Le petit parterre d'ennemis et de partisans
qui s'entasse sur les banquettes du parquet
n'accueille pas sans contrôle le verdict du jury.
11 a ses favoris qu'il soutient quand même et
ses antipathiques dont, au besoin, il sifflera la
victoire. Mais c'est derrière le décor, dans les
couloirs que la représentation est particulière-
ment gaie. Les disgraciées s'évanouissent, des
sels sous le nez, au milieu d'une famille éplo-
rée qui crie à l'injustice. Et il y a aussi des cas 3
surprenants de réconciliations tendres après
des années d'hostilité Andromaque et Her- (
mione tombent dans les bras l'une de l'autre; <
elles arrosent de larmes mutuelles leurs réci-
proques lauriers les hommes se serrent la i
main dans les coins, virilement, en souvenir 1
des belles amitiés de théâtre dont l'antiquité t
nous a légué l'exemple I
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle
Ma fortune va prendre une face nouvelle.
C'est la grâce que je leur souhaite de tout s
mon cœur. Aussi bien l'homme n'est-il jamais t
tout à fait à plaindre, même quand il doit se c
battre corps à corps avec la vie, mais c'est aux é 6
femmes que je songe. Quel démon les poussa
donc, quand elles n ont ni beauté, ni stature,
ni masque, à entrer dans une carrière où les
mieux douées ne sont pas sûres de trouver leuf
place?
Voici Mlle Bailly. Elle. .méritait .sans doute
son premier prix, puisque le jury le lui a oc-
troyé, mais je parierais bien que, si vous la
rencontriez dans une gare de chemin de fer ou
dans un omnibus, jamais vous ne vous écririez
en la voyant
Voilà une tragédienne-t • 'V
A tort ou à raison nous imaginons, en effet,
qu'une tragédienne doit être brune, -qu'elle doit
porter au-dessus d'yeux sombres et flamblants
les sourcils rejoints de la jalousie et nous lui
prêtons complaisamment la stature, le port, un
peu de l'ampleur divine d'un marbre animé.
Mlle Bailly est une blonde assez fade, un peu
maigre et masculine. Cette insuffisance plasti-
que apparaissait désagréablement dans le rôle
de Roxane; car nous nous sommes laissé dira
que les mahométans avaient pour l'embon-
point des sultanes un goût quelque peu enfan-
tin et gourmand.
Ces lignes n'ont point pour but d'attrister
Mlle Bailly, de mêler un peu de fiel à sa joie.
Qui sait? Elle engraissera peut-être et, dans
tous les cas, elle peut se teindre en brune. Mais
jamais je ne vois entrer une jeune fille au
théâtre sans me souvenir d'un procès qui scan-
dalisa en son temps les gens vertueux.
Le directeur d'un théâtre des boulevards
avait inscrit cette clause dans rengagement
d'une de ses actrices
« Vous porterez une toilette neuve à chaque
première. »
On avait monté trois pièces de suite, sans
aucun succès en un mois. Quelques jours
avant la troisième première, la comédienne
vint trouver son directeur et lui dit
Ne m'obligez pas à de nouveaux frais
laissez-moi remettre, cette fois, ma dernière
toilette.
Impossible.
-Ce n'est pourtant pas avec les trois cent&
francs que vous me donnez par mois que je
payerai mon couturier ?
Ça c'est -votre affaire. ̃)
Où prendrai-je cet argent?
Où vous voudrez.
On plaida, et l'artiste perdit son procès. Elle
parut sur la scène avec une troisième roba
neuve. Les traités, voyez-vous, c'est sacré.
Je ne vais pas là contre, mais croyez-vous
que l'on n'aurait pas fait sagement d'afficher
copie de ce procès dans les classes du Con-
servatoire. Les apprenties comédiennes ne
sauront jamais trop tôt où conduisent les pre-
miers prix. Ils mènent aux trois toilettes par
mois. Pis encore, ils mènent au couvent.
Rappelez-vous Rosélia Rousseil.
Elle avait, celle-là, reçu bien des dons en par-*
tage du feu, de l'audace, de la fougue, de
la beauté, une crinière sombre comme la
nuit, et, ainsi qu'elle disait elle-même, ella
avait un peu de « sang de taureau » dans les
veines. Où tout cela a-t-ïl abouti?,La dernière
fois qu'on nous a montré la pauvre Rosélia,
elle était à genoux sur le pont d'un navire égyp-
tien, qui la ramenait de pèlerinage, prête pour
le cilice.
Oui, oui, c'est bien vers la cellule de nonne
qu'elles s'acheminent à cette heure les blondes
et débiles tragédiennes, entre deux haies de
lauriers. Hamlet était sensé quand il montrait
cette route à Ophélie ;̃
Au couvent-t au couvent 1 >tvot.
.̃ ̃' ̃ • HUGUES LE ROUX.,
C H RO N I QUE Ê L ECTG RALE
1 LE RENOUVELLEMENT DES CONSEILS GÉNÉRAUX
L'attitude des journaux réactionnaires de pro«
vince à l'égard de la candidature Boulanger est cu-
rieuse à observer. Pour les feuilles bonapartistes.
la chose va de soi ils acceptent et soutiennent
d'enthousiasme. Les journaux royalistes y mettent
plus de formes: ils se résignent, il est vrai, à con-
seiller à leurs adhérents d'user, en guise de pro-
testation, de bulletins boulangistes; mais, pour
quelques-uns d'entre eux, il est visible qu'ils transi
mettent ce conseil plus qu'ils ne le donnent, et qu'ils
obéissent à la consigne imposée par les chefs. Quo£
qu'il en soit, leur répugnance ou leur froideur ns
va pas jusqu'à l'indépendance dont M. Marie De-
lafosse donne l'exemple dans la lettre que nous pu.
blions plus haut, et leurs réserves timides et enve-
loppées ne seront pas comprises de l'électeur, puis-
que le courage leur manque de soutenir contre le
candidat césarien une candidature purement con<
servatiice. :.̃̃̃̃
Pour avoir un exemple de .cet ét'at d'esprit singu<
lier, qu'on lise la citation suivante du Messager
d'Indre-et-Loire, organe officiel du comité royaliste
de ce département, où M. Boulanger vient, comme
on sait, de poser sa candidature pour le canton d6
Tours-centre. Le Messager s'exprime ainsi
Il est difficile d'estimer le général qui, étant ministre
de la guerre, affirmait qu'il n'avait jamais écrit ait
duc d'Aumale, lorsque, le lendemain, ses autographes
lui étaient jetés à la face;
II est difficile, pour un royaliste, d'estimer la géné-
ral qui, étant ministre de la guerre, contresignait 16
décret qui expulsait de France les descendants des rois
qui ont fait la France, et rayait brutalement et sans
droit des cadres de l'armée les princes qui avaient
conquis leurs grades sur les champs de bataille, et
versé leur sang pour la Patrie à la tête des armées
françaises;
Il est difficile, pour un catholique, pour un chrétien,
d'estimer l'auteur de la loi qui, s'il ne l'empêche pas
absolument, entrave singulièrement le recrutement di*
clergé.
Nos sympathies "ne sont donc pas de ce côté.
On serait tenté de croire, n'est-ce pas, qu'après
avoir donné les raisons pour lesquelles les conser-t.
vateurs ne sauraient voter pour M. Boulanger, la
rédacteur en chef du Messager conclut tout au moins
à l'abstention. Il n'en est rien, et le Messager porte
M. Boulanger parmi les candidats qu'il recom-
mande.
D'ailleurs, ainsi que nous l'avons dit hier, sur les
candidatures déjà connues de M. Boulanger, il n'en
est qu'une qui soit en compétition avec un conser«
vateur. Et encore ce conservateur est-il déjà titu-
laire du siège que M. Boulanger veut lui prendre.
Partout ailleurs, pas .de candidature réactionnaire
contre M. Boulanger. En échange de cette politesse.
le Soleil réclame une politesse analogue en faveur
des candidats auxquels il tient particulièrement. On
lit, en effet, dans ce journal:
On a fait courir le bruit que des amis maladroits diî
général Boulanger feraient distribuer dimanche des
bulletins en son nom dans le canton de Pontoise.
Cette affirmation ne supporte pas l'examen. Ce ne se-
rait pas seulement une trahison au moment où les
conservateurs se préparent à voter pour le général
Boulanger à Corbeil, ce serait une bêtise. Il n'y a quo
deux clientèles électorales, dans le canton de Pon-
toise comme ailleurs la clientèle conservatrice qui
votera pour M. Rendu, et la clientèle républicaine qui
votera pour le candidat officiel.
On ne saurait plus clairement avouer la manœu-
vre et l'accord tacite que révélait, du reste, le choix
des cantons où la candidature de M. Boulanger a
été posée. •
A la suite de mauvaises nouvelles reçues du can?
ton de Saint-Laurent, la candidature du général
Boulanger, posée contre celle de M. Emmanuel
Arène, conseiller sortant, vient d'être retirée.
La Presse, pour pallier sans doute cette retraite,
dit que la candidature de M. Boulanger n'a pas été
posée en Corse.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
SEINE
Nous avons tenu nos lecteurs au courant de la
querelle assez amusante qui s'était élevée entre MM.
Binder et Marius Martin, conseillers municipaux
bonapartistes du 8e arrondissement, tous deux can-
didats boulangistes aux élections législatives. Nos
lecteurs se rappellent que M. Binder avait gagné la
première manche de ce tournoi, en obtenant de M.
le général du Barail d'être proclamé officiellement
candidat de l'union bonaparto-boulangiste. M. Ma-
rius Martin avait répondu en invoquant les droits de
l'ancienneté et les préférences de la Ligue des pa-
triotes.
Le comité central de l'Appel au peuple a dû inter-
venir pour rétablir la concorde et, dans un ordre du
jour qui couvre de fleurs comme il convenait
les deux concurrents, a décidé ce qui suit
MM. Binder et Marius Martin ont pris l'engagement
de reporter leurs voix sur celui qui aura obtenu la
plus grand nombre de suffrages au premier tour.
Il n'y aura donc ni conflit ni division, et les électeura
conservateurs et revisionnistes du huitième arron-
dissement sont maîtres de la situation.
Il résulte de ce qui précède que MM. Binder et
Marius Martin entreront en lutte l'un contre l'autre
pour le premier tour. Les électeurs du huitième met-
tront aisément ces deux plaideurs d'accord en votant
pour leur honorable ancien député, M. Frédéria
Passy, qui se représente.
Un comité boulangiste-socialiste du 7° arrondis-
sement, réuni mercredi sous la présidence du ci.
toyen Poggi, a entendu M. Mermeix, rédacteur en
chef de la Cocarde, dont la candidature Dour les
élections législatives a été nt<5a
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