Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-08-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 août 1887 09 août 1887
Description : 1887/08/09 (Numéro 9591). 1887/08/09 (Numéro 9591).
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 9 Août 1887.
Les cinq questions mises à l'ordre du jour sont
les suivantes
I". La lutte de classes.
IIe. Les services publics et leur application.
ine. Suppression des octrois, remplacés par un Im-
pôt fortement progressif sur le revenu.
IV«.– Organisation du travail, écoles professionnelles,
travaux de la ville, ateliers corporatifs et municipaux,
l'hygiène dans les ateliers, travail dans les prisons, le
travail de la femme, caisses de chômage municipales,
caisses de retraites pour les invalides du travail, les
contrats et règlements de travail.
V". L'Assistance publique son organisation, en-
fants assistés et moralement abandonnés, hôpitaux, se-
cours à domicile, service médical et pharmaceutique.
Dans le manifeste adressé à ce sujet aux cham-
bres syndicales par le parti ouvrier, celui-ci ajou-
tait
En dehors de l'intérêt qui s'attache à ces diverses
questions, il est pour vous une obligation plus grande
encore de ne pas demeurer sourds à la fraternelle invi-
tation de vos frères de travail c'est celle de vous mon-
trer digne, du succès relativement considérable que
vous avez remporté lors des dernières élections muni-
cipales et, vous souvenant que tout le prolétariat de
France et d'Algérie place en vous sa confiance, vous
tiendrez à honneur que le huitième congrès montre
aux plus pessimistes comme aux plus malintention-
nés que l'heure est venue pour la classe dirigeante d'a-
voir à compter avec le peuple travailleur.
Deux séances ont eu lieu hier. Celle tenue l'a-
près-midi a été exclusivement consacrée à la véri-
fication des pouvoirs des délégués. Cette année
cent quarante chambres syndicales ou groupes
corporatifs se sont fait représenter au congrès et
ont été admis. Douze autres groupes ont été inva-
lidés, soit parce qu'ils étaient purement politiques,
soit parce que les délégués n'avaient pas de man-
dat régulier. L'un, le groupe des Droits de l'hom-
me, a été exclu pour avoir défendu M. Lefebvre-
Roncicr, conseiller municipal, « alors, a dit le ci-
toyen Graillât, que la culpabilité de celui-ci ne fait
aucun doute. »
L'année dernière, le nombre des groupes repré-
sentés au congrès n'était que de cent huit.
Le soir, dans la réunion présidée par M. Joffrin,
conseiller municipal, il a été procédé à l'élection
de cinq commissions chargées d'étudier et de clas-
ser les rapports relatifs aux cinq questions à l'or-
dre du jour. Dans la cinquième commission (assis-
tance publique) figure Mme Astié de Valsayre
comme déléguée du groupe le Droit des femmes.
Un long discours du citoyen Jean Allemane sur la
lutte des classes a clos ces premières séances d'or-
ganisation. L'orateur a développé au milieu des
applaudissements le principe de l'émancipation des
travailleurs par les travailleurs eux-mêmes. « Mais
c'est nous-mêmes, a-t-il dit, qui fixerons le mo-
ment du combat, car il faut que, lorsque l'heure
de la lutte aura sonné, le prolétariat ait son orga-
nisation politique, économique et sociale, et soit
prêt pour assurer le lendemain. »
Ce soir, discussion sur la première question.
La réunion légitimiste d'Angers
(De noire correspondant particulier)
Angers, 7 août.
La salle Chauveau, la plus grande salle de fêtes
d'Angers, était comble. La foule débordait sous
une vaste véranda, et dans les longues et spa-
cieuses galeries latérales. Il y avait, au bas mot,
six cents léuitimistes angevins, vendéens et bre-
tons. Les drapeaux blancs des délégations de
vingt villes de France massés en faisceaux compo-
saient une brillante décoration. Le service d'ordre
était assuré par des commissaires portant comme
insignes la cocarde blanche fleurdelisée à la bou-
tonnière.
Le comte Maurice d'Andigné préside, ayant sa
droite le général de Cathelineau, président d'hon-
neur, le comte Urbain de Maillé la Tour-Landry,
Maurice de Junquières, secrétaire général du co-
mité central légitimiste de Paris, le marquis de
Quatrebarbes, le vicomte de la Houssaye, etc.
M. P. Leroy, secrétaire du comité légitimiste an-
gevin, au lieu et place de M. Aubry, président,
éloigné pour urgentes raisons de famille, sou-
haite la bienvenue aux représentants du comité
de Paris; il salue les représentants de la presse
qui ont répondu à l'invitation qui leur a été adres-
sée sans distinction de nuances politiques; il re-
mercie les dames angevines, qui ont offert au co-
mité angevin sa splendide bannière.
Ce superbe drapeau 1 s'écrie-t-il, nous rappelle plu-
sieurs siècles de gloire; il sera pour nous l'emblème
de la patrie, mais de la patrie renouvelée, guérie de
ses plaies et de ses meurtrissures, de la patrie redeve-
nue la fille aînée de l'Église et la première des nations
dans le concert européen. Nous voulons que Dieu rè-
gne sur nous par son Christ, qui aime la France, et par
le roi de France, son lieutenant dans le royaume des
lis.
Les acclamations commencent vive la France l
vive le drapeau blanc! vive le roi!
Le général de Cathelineau, dont la vigueur sem-
ble augmenter avec les années, prononce le cha-
leureux discours dont je vous ai, hier, en\oyé l'a-
nalyse. La présence seule du vieux champion du
trône et de l'autel éveille l'enthousiasme dans les
cœurs des fidèles de laléaitimité.
Le comte Urbain de Maillé la Tour-Landry nous
a paru jouir d'une extrême sympathie dans le pays
blanc; il y est très populaire.
Son succès a été considérable. Un détail que nous
recueillons pour l'histoire C'est le père du comte
de Maillé qui planta de sa main le drapeau blanc,
Bn 1830, sur la Casaubah. Ce drapeau, à défaut de
celui du régiment, qui n'était pas à la portée du
.soldat, il le fit avec la_culotte blanche du dey
d'Alger.
Le comte Maurice d'Andigné cède le fauteuil de
la présidence au général de Cathelineau et paraît
à la tribune. Tout Paris connaît le jeune chef du
parti des blancs d'Espagne il en fut. le promoteur.
Sa présence à la tribune soulève une tempête d ap-
plaudissements et de bravos. Son discours débute
par une démonstration tendant à prouver que le
comte de Paris n'a nu) droit actuel à la succession du
comie de Chambord. Dans la seconde partie, l'ora-
teur établit cette thèse le comte de Paris aurait-
il même le droit pour lui, il n'a ni le programme,
ni les idées, ni les tendances, ni le drapeau (lu roi
de France; son drapeau est celui de la révolution.
Un. rédacteur du Courrier d'Angers interrompt
violemment « Le drapeau tricolore est le. dra-
peau delà France! 3) Deux rédacteurs de l'Union de
ï'Ouesf.l'ancien organe de M. de Falloux, MM."André
père et fils, associent leur protestation à celle ils
leur confrère bonapartiste. Le comte d'Andigné
déclare que le comte de Paris lui-même, dans les
Tracte' s unions, appelle le drapeau tricolore le dra-
peau de la Révolution. Les interrupteurs ne veu-
lent rien entendre; ils vocifèrent au milieu, des
clameurs indignées de tout l'auditoire et des cris
« à la porte! » Le général de Cathelineau-parvient
à dominer le tumulte et s'écrie « Les légitimistes
n'insultent pas un drapeau sous. lequel ils ont
marché à l'ennemi lors de l'invasion et qu'ils ont,
eux aussi, trempé de leur sang! »
M. Henri Marchand, du Journal de Paris, inter-
FEUILLETON H*J «TEWS»|
DU 9 AOUT 1887
REVUE AGRONOMIQUE
Valeur comparative des fumures phosphatées et azo-
tées. Des diverses formes de l'azote des fumures.
A quelles conditions les engins azotés et phospha-
tés servent d'aliments aux plantés.
Les expériences que j'ai poursuivies métho-
diquement de 1870 à 1879 dans les champs d'es-
sais de la station agronomique de l'Est avaient
deux buts principaux 1° comparer la valeur
agricole de l'acide phosphorique sous diverses
formes; 2° déterminer l'influence sur les rende-
ments des fumures phosphatées et azotées,
comparativement à l'action de l'acide phospho-
rique sans addition d'azote.
Dans ma dernière Revue (1) j'ai fait connaî-
tre le dispositif général des essais, la succes-
sion des récoltes cultivées de 1870 à 1878 et les
résultats obtenus dans les parcelles qui avaient
reçus, sous des formes différentes, les mêmes
quantités de phosphates, de potasse et d'azote.
Rappelons en quatre chiffres les rendements
moyens obtenus à l'hectare et par an, dans cette
rotation de huit années, à l'aide des différents
phosphates employés
Phosphate précipité 12.581 kilog.
Superphosphate 12.570
̃' Phosphate naturel 12.097
Poudre d'os. 10.386
L'azote avait été fourni au sol à l'état de ni-
trate de potasse, de sulfate d'ammoniaque et
d'azote organique, dans la poudre d'os. Comme
on le voit, cette dernière forme d'engrais azoté
s'est montrée inférieure de 17 0/0 environ,
(1) Voir le Temps du 26 juillet 1887.
pelle directement le directeur de l'Union de l'Ouest. i
«Il y a quatre ans que vous avez en main un
journal quotidien et à grand format, et jamais vous
n'avez attaqué de front les légitimistes; bien plus,
ceux-ci vous ont cent fois proposé le débat, sans
cesse vous l'avez refusé!» M. André réplique:
« C'est parce qu'on nous l'a formellement inter-
dit !» Cette réponse soulève les rires et applaudis-
sements ironiques de toute la salle. L'incident est
clos.
Notre ancien confrère de l'Etoile d'Angers G. Vé-
ran s'attache à prouver par les lettres, les instruc-
tions officielles, les entretiens privés et les dispo-
sitions testamentaires du comte de Chambord, que
jamais ce prince n'a considéré le comte de Paris
comme son héritier. Sa démonstration obtient un
grand succès. On fait une ovation à l'ancien polé-
miste de la pr 'sse légitimiste d'Angers, le con-
stant adversaire de M. de Falloux et de son jour-
nal ['Union de l'Ouest.
Sur la proposition de M. d'Andigné, l'ordre du
jour suivant a été voté par acclamation:
Les légitimistes, réunis le 7 août à Angers, jurent de
rester fidèles à la loi salique et, par conséquent, ne re.
connaissent d'autre roi légitime que le prince Jean de
Bourbon, l'aîné de là branche d'Anjou.
La séance a été levée après un discours de M.
Maurice de Junquières, on pourrait dire une apo-
théose du drapeau blanc. Aucun incident à la sor-
tie.
Les légitimistes se sont retrouvés le soir, à six
heures, dans un banquet, à l'hôtel du Cheval-
Blanc. Les tables étaient dressées en plein air. Par-
tout le drapeau blanc apparaissait dans un enca-
drement des plus riches fleurs, hommage des da-
mes angevines. Un orchestre a exécuté des mar-
ches et des valses pendant tout le repas.
Au champagne, le comte d'Andigné a bu aux An-
gevins, à la presse et au roi légitime; le général
de Cathelineau, à l'espérance et à la fidélité M. de
Junquières, aux femmes angevines; M. Perrin de
Calléou, aux militants de la légitimité; M. de Beau-
champ, à la Bretagne; M. Frémaux, à l'union des
légitimistes de France. M. de la Perraudière a dit
un sonnet a la mémoire du comte de Chambnrd
M. Mouillien, rédacteur du Populaire, au nom de la
presse républicaine, a remercié les légitimistes de
leur charmante hospitalité et porté un toast à la
France. M. Véran a porté la santé du comte d'An-
digné, qui n'a pas désespéré de l'avenir de la légi-
timité. La soirée s'est terminée par le chant de la
Vendéenne, de Vive Henri IV! et de la marche
des cavaliers de La Rochejaquelein.
Les archives nationales et départementales
M. Xavier Charmes, directeur au ministère de
l'instruction publique, vient d'adresser son rap-
port annuel au ministre sur la situation des archi-
ves nationales, départementales, communales et
hospitalières pendant l'année 1886.
Nous extrayons de ce rapport quelques rensci-
gnements curieux et peu connus
La disparition de l'ancien régime a mis entre les
mains de l'Etat tous les papiers des institutions
supprimées par la Révolution institutions judi-
ciaires, administratives, financières, domaniales,
féodales, ecclésiastiques, etc., etc. Toutes ces piè-
ces ont été déclarées propriété de la Nation en
1790. Placées, dans le principe, au siège de chaque
district, une loi du 5 brumaire an Vies a groupées
au chef-lieu du département. Leur entretien, dont
l'Etat avait longtemps gardé la charge, a été im-
posé aux départements par la loi de 1838.
En 1862, on a commencé la Collection des inventai-
res sommaires des archives départementales antérieures
à 4790.
A la fin de 1870, cinquante-six volumes étaient
déjà publiés; mais l'impression de ce travail se ra-
lentit après la guerre. On avait eu beaucoup de
peine, de 1871 à 1874, à obtenir l'achèvement de
vingt-trois volumes depuis longtemps commencés.
En 1875, époque où les préfets choisirent eux-mê-
mes leurs imprimeurs, on en publiait neuf, en
1876, onze, en 1877, vingt et un; et du 1" janvier
1878 au 31 décembre 1886 quatre-vingt-quinze.
En même temps que se multipliait le nombre de
volumes, la méthode de rédaction se perfection-
nait far la pratique, et elle se fixait définitivement.
L'inventaire présente aujourd'hui un triple carac-
tère tantôt, lorsqu'il s'agit de papiers sans im-
portance, on se contente d'une indication brève,
semblable au titre d'un livre; tantôt, si un registre
ou un dossier offre quelque intérêt, sans mériter
pourtant une description de tous les actes* qu'il
contient, on choisit les plus saillants, afin que des
exemples rendent compte au lecteur des ressour-
ces qu'il peut en tirer; tantôt, enfin, lorsqu'on est
en présence de pièces tout à fait remarquables, on
les analyse une à une, en détail, et on ajoute des
citations à l'analyse, si cela est nécessaire.
Les archivistes s'ingénient, en général, à extraire
des documents qu'ils dépouillent et à mettre en
lumière ce qui a un intérêt quelconque, de telle
sorte qu'en bien des cas, le catalogue pourrait pres-
que tenir lieu des archives elles-mêmes. Pour qui
sait s'en servir, la collection des inventaires est
une mine où l'on trouve sur le passé les rensei-
gnements les plus variés.
On peut dire qu'elle fournit des indications sur
tout ce qui peut faire l'objet d'un acte public ou
privé, d'un contrat, d'une sentence, etc., en un
mot, sur tous les détails de la. vie d'un peuple
aussi bien que de la vie d'un individu. Le labou-
reur, l'artiste, l'artisan, le marchand y ont leur
histoire, comme le souverain, l'homme d'église ou
le riche bourgeois. La politique, la guerre, l'admi-
nistration, la justice, la religion, la condition des
personnes et de la propriété, l'agriculture, le ré-
gime des eaux, l'exploitation des bois, les travaux
publics, le commerce et l'industrie, les arts, les
moeurs, les usages, etc., s'éclairent d'une lumière
inattendue par la déposition de ces témoins con-
temporains des faits qu'ils nous rapportent.
Sept départements ont entièrement terminé l'in-
ventaire des archives réunies à la préfecture
l'Aisne, la Corrèze, les Landes, Lot-et-Garonne,
Meurthe-et-Moselle, Basses -Pyrénées; Seine-et-
Marne.
Mais les archivistes ne se sont pas contentés
d'inventorier les documents déposés au chef-lieu
de l'administration. Chargés de veiller à la con-
servation des archives des mairies ft des hospices,
ils ont profité de leurs tournées d'inspection pour
entreprendre le dépouillement de tous les titres
antérieurs il 1790 que contiennent ces établisse-
ments. Plusieurs ont iléjà terminé ou avancé beau-
coup cet immense travail; M. Lacroix, dans la
Drôme,– M. Merlet, dans Eure-et-Loir, –M. Port,
dans niaine-et-Loire, etc. Ils ne se sont pas rebu-
tés, quand ils n'ont trouvé que des registres de
baptêmes, mariages etsépultures, eiontsu tirer de
ces pièces mêmes les- renseignements les plus inat-
tendus. Ainsi, sans parler de nombreuses particu-
larités sur les événements locaux, sur les épidé-
mies, sur les épizooties, sur lés disettes, on y a
relevé toute une série presque ininterrompue d'ob-
servations météorologiques, qui permettent de re-
constituer, pour ainsi dire, année pour année, du
miliéu du seizième siècle à la Révolution, l'histoire
climatérique de notre pays.
Les administrations municipales et hospitaliè-
res, qui possèdent des archives particulièrement
remarquables, ont suivi l'exemple donné par les
comme valeur fertilisante, aux combinaisons
azotées minérales. Ce fait intéressant pour la
pratique a depuis été vérifié et confirmé. Les
composés ammoniacaux ou nitriques se sont
montrés partout beaucoup plus efficaces que
les substances d'origine organique.
L'explication à donner de cette différence
d'action est très simple, aujourd'hui que nous
connaissons mieux les phénomènes de nitrifi-
cation et le mode de nutrition des végétaux.
Les plantes ne peuvent emprunter leur alimen-
tation azotée qu'à deux sources l'ammoniaque
et l'acide nitrique. Des expériences directes ont
mis hors de doute la faculté qu'ont les feuilles
de fixer l'ammoniaque aérienne, et celle qui ap-
partient aux racines d'absorber les nitrates du
sol. D'autre part, on a constaté que les subs-
tances azotées, d'origine végétale ou animale,
autres que l'ammoniaque ou l'acide nitrique,
doivent préalablement subir, dans le sol, des
modifications chimiques qui les amènent à l'un
de ces deux étatss, pour être rendues assimila-
bles par les plantes.
Nous sommes donc conduits à considérer
comme sources actives de la nutrition des
plantes l'ammoniaque et l'acide nitrique, et à
refuser toute valeur fertilisante aux matières
organiques azotées dont l'albumine est le type,
jusqu'au moment où leur azote "aura passé, sous
l'action de ferments spéciaux, à l'état d'animo-
niaque et de nitrate. La poudre d'os, la corne,
la laine, le cuir, le sang desséché, le fumier de
i ferm lui-même ne sont des engrais qu'à la
condition de subir, au préalable, la transforma-
tion dont je viens de parler. La nitrification est
l'opération par laquelle l'azote des matières or-
ganiques se sépare d'elles pour se combiner à
l'oxygène et à une base, chaux, magnésie ou
potasse, et donner des sels solubles crislallisa-
bles qu'on désigne sous le nom de nitrates.
Pour s'accomplir, ce phénomène, qui joue
dans la nature un rôle considérable en rame-
nant à l'état minéral utilisable par les plantes
l'azote qui forme les tissus végétaux et ani-
maux, exige plusieurs conditions essentielles
i° la présence, dans le milieu où se trouvent les
substances azotées, du ferment découvert par
MM. Miintz et Schloesing et qui porte le nom
de baccillus nilrificans 2° un certain degré d'hu-
midité 3° une température de 15 à 30" 4° de
l'oxygène, enfin 5° la présence d'une base capa-
ble de fixer l'acide nitrique formé (chaux, ma-
gnésie, potasse ou soude). De l'état d'agréga-
tion et de structure de la substance organique
nitrifiable dépend le plus ou moins de rapidité
de leur transformation. Le sang desséché, et,
conseils géneraux et elles ont imprimé l'inven-
taire de leurs collections dans des volumes spé-
ciaux. Ces catalogues, formant, au 21 décembre
1886, soixante-sept volumes pour les villes et vingt
et un pour les hospices, sont peut-être encore plus
intéressants que les premiers.
Tout en poursuivant l'inventaire des archives
antérieures à 1790, on a entrepris la mise en ordre
des archives de l'époque révolutionnaire. Pour ces
documents, on ne rédige pas encore des catalo-
gues détaillés. Il faut d'abord classer, d'après un
cadre élaboré en 1874; on compte les pièces, on
pagine les registres, on estampille et on dresse
des répertoires sommaires. Les dossiers sont ainsi
mis en état d'être communiqués au public, qui
commence à s'intéresser si vivement à l'histoire
des origines de la France moderne. Ce travail a
déjà donné des résultats dans dix-neuf départe-
ments
Aisne, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Mariti-
mes, Doubs, Drôme, Gers, Hérault, Landes, Lot,
Marne, Haute-Marne Mayenne, Meurthe-et-Mo-
selle, Basses-Pyrénées, Seine-et-Marne, Tarn, Vos-
ges, Yonne.
Enfin, le rapporteur consacre la fin de son tra-
vnil aux archives nationales.
Pendant de longues années, on Il moins songé,
dans cet établissement, à la divulgation générale
des richesses qu'il renferme qu'à la préparation
d'ouvrages de haute érudition, dont quelques-uns
ont fait grand honneur à leurs auteurs.
Sous la direction actuelle, l'attention a été plus
sérieusement tournée vers les travaux profession-
nels, c'est-à-dire vers l'inventaire. On a tenté un
premier essai de mise en lumière des ressources
contenues dans les archives nationales un inven-
taire méthodique, par fonds, des Litres antérieurs
à 1790, a paru en 1871, et cet inventaire est d'une
grande utilité. Toutefois, les chercheurs deman-
dent davantage et l'administration a dû se préoc-
cuper de satisfaire à leurs justes réclamations.
La commission supérieure des archives s'est pré-
occupée des moyens de répondre au désir de ren-
seignements manifesté par le public qui fréquenle
les archives nationales, et, après une étude ap-
profondie, elle vient d'élaborer un programme
dont voici les principales lignes. Le premier be-
soin auquel il faut satisfaire est de se rendre
un compte général de l'ensemble des documents
contenus dans l'immense dépôt de nos archives
nationales. A cet effet, la commission propose
d'entreprendre d'abord un récolement complet,
par séries, de tous les fonds, et d'en imprimer
le procès-verbal. Pour fournir ensuite aux
travailleurs des indications plus précises, on
dresserait un relevé numérique, article par arti-
cle, de tous les registres et liassses, en donnant
pour chacun d'eux le numéro, les dates extrêmes
des documents et une brève indication de leur na-
ture. Enfin, on choisirait parmi les fonds ceux
qui ont un intérêt spécial et on en rédigerait l'in-
ventaire analytique*. Ces dépouillements détaillés
ne seraient entrepris qu'en troisième lieu, après
le procès-verbal de récolement et les relevés numé-
riques.
Toutefois, parmi ces inventaires analytiques, il
en est un dont l'impresssion n'a pas paru devoir
être retardée davantage. Les tables alphabétiques
des procès-verbaux de nos diverses assemblées lé-
gislatives de la période- révolutionnaire ont été édi-
tées. Il existe une seule lacune dans cette collection
et elle porte précisément sur la Convention. Le tra-
vail est fait; il avait été préparé par les soins de
Camus, premier garde des archives, mais on a
omis jusqu'ici de le faire paraître. Il suffira d'une
rapide revision pour qu'il soit en état d'être pu-
blié. La commission a émis l'avis qu'il fût livré à
l'impression le plus tôt possible.
Une lettre de Hoche
Nous détachons d'une lettre inédite de Hoche,
publiée par la Justice, le passage suivant qu'elle a
soulignée et qui, en effet, tire des derniers inci-
dents une signification particulière
La nature de l'homme, du militaire surtout, écrivait-
il, a une tendance si évidente à dominer, qu'on ne sau-
rait y apporter trop d'entraves. A peine les villes de ce
pnys furent-elles mises en état de siège que des offi-
ciers ont pensé pouvoir se dispenser des égards dus
aux administrateurs civils et des conseils qu'ils en doi-
vent prendre. Je viens de faire à ce sujet un exemple
nécessaire. Sans doute, je pense que la latitude accor-
dée aux chefs de l'armée était indispensable, mais je
n'ai jamais voulu établir un gouvernement militaire,
encore moins pour en être le chef. Eh bon Dieu que
serait-ce qu'une République dont une portion dos ha-
bitants serait soumise à un seul homme ? Que devien-
drait la liberté ? Il est cinquante administrations mu-
nicipales ou départementales dont la froideur et la
malveillance sont très funestes à la République mais,
comme il en est de bonnes et que d'ailleurs le principe
B»i sacré, nous devons d'autant plus nous renfermer
«tins les limites de nos instructions et éviter surtout
qu'on s'aperçoive à regret de l'étendue de nos pouvoirs,
qui doivent peu durer.
FAITS DIVERS
8 août. II fait toujours un gai soleil. La tem-
pérature demeure élevée. Mais elle est d'une tié-
deur agréable.- Pas le moindre» nuage ne trouble
la limpidité du ciel. Le vent souffle du nord-ouest.
-Aujourd'hui 8 août, le thermomètre du jour-
nal marquait:
A 7 heures du matin 18» au-dessusdeO.
A 11 heures du matin. 240
A i heure de l'après-midi. 26°
Hauteur barométrique à 8 heures 7X38.
Le général Saussier, gouverneur de Paris, a
quitté hier l'hôtel de la place Vendôme. 11 se rend
à Aix-les-Bains.
Pendant son absence, le service du gouverne-
ment militaire est confié au général de Gressot,
commandant la première division de cavalerie.
Hier après midi a eu lieu, dans la salle des
fêtes du Trocadéro, la distribution des récompen-
ses de la Société des instituteurs et institutrices
du département de la Seine, sous la présidence de
M. Spuller, ministre de l'instruction publique. Ml'
Boudaille, secrétaire général de la Société, a donné
d'abord lecture du compte rendu des travaux sco-
laires, puis M. Spuller a pris la parole. Ce n'est
pas, a proprement parler, un discours que l'hono-
rable ministre a prononcé. C'est une simple impro-
visalion de circonstance, dans laquelle il a rappelé
tout d'abord les débuts difficiles de l'association,
fondée en 1846, et les entraves apportées à son dé-
veloppement par le gouvernement impérial, qui
proclamait la liberté de l'enseignement pour
mieux l'étouffer. M. Spuller a félicité la Société des
instituteurs d'être sortie victorieuse de ces épreu-
ves et a rappelé la distinction honorifique, con*
sistant en une médaille d'argent, qui lui fut con-
férée pour ses travaux à l'Exposition de -1878. En
terminant, M. Spuller a exhorté l'assistance à
s'attacher, au point de vue des principes, à ce
qui parle au nom de la raison et non au nom de
la passion. Il a convié les familles à inculquertou-
en général, les substances molles nitrifient plus
rapidement que les matières cornées, fibreuses
ou dures, telles que le cuir, la corne, la laine ou
les os des animaux. Plus ces matières seront
divisées, mieux elles nitrifieront. Ainsi s'expli-
que l'action lente de la poudre d'os dans nos es-
sais de culture. Cette poudre, d'assez gros
grain, ne pouvait mettre d'azote assimilable à
la disposition de nos plantes qu'après un temps
assez long, sa nitrification exigeant parfois
plus d'une année il en est résulté que la même
dose d'azote n'a produit, en huit années, qu'une
quantité d'acide nitrique bien inférieure à celle
que les engrais minéraux livraient immédiate-
ment à la récolte. De là, un rendement moyen,
inférieur de 17 0/0 à celui des parcelles fumées
au nitrate de potasse ou au sulfate d'ammo-
niaque.
La culture arbustive peut tirer un parti très
avantageux de ces observations. Les végétaux
annuels doivent accomplir les diverses phases
de leur développement dans un temps très
court; il est donc nécessaire de leur fournir
des aliments très digestibles, si je puis ainsi
dire; aussi les nitrates et les sels ammoniacaux
conviennent-ils parfaitement à nos récoltes
agricoles. Les arbustes, au contraire, tels que
la vigne, le houblon, l'amandier ou l'olivier,
se trouvent très bien de fumures livrant pro-
gressivement et lentement leurs aliments azo-
tés les sels immédiatement assimilables, don-
nés à haute dose aux sols qui portent des cultu-
res arbustives, poussent au bois et à la feuille,
comme on dit, et cela presque toujours aux dé-
pens de la quantité et de la qualité du fruit. Les
matières à nitrification lente, telles que les dé-
chets de laine, de corne, de cuir, les tourteaux de
graines, doivent ici être préférées aux sels azo-
tés. Le fumier de ferme, qui, par son origine et
sa constitution, peut être considéré comme un
intermédiaire entre les matières que nous ve-
nons de nommer et les sels minéraux azotés,
convient également à la culture des végétaux
annuels et à celle des arbustes, bien qu'il doive
être de préférence réservé aux récoltes agri-
coles proprement dites.
Le fumier de ferme est formé, on le sait, par
le mélange des déjections des animaux avec
l'excipient qu'on désigne sous le nom généri-
que de litière, et qui est, suivant les localités, de
la paille, des feuilles, de la tourbe, ou même de
terre. Un fumier de bonne qualité, provenant
d'animaux bien nourris et convenablement
litières, contient de 4 à 5 kilogrammes d'azote
par tonne. Or, l'azote y existe sous des formes
différentes qui font participer le fumier des
jours aux jeunes élèves ces notions du travail et
du devoir qui fout les vrais patriotes et les ci-
toyens.
Les récompenses suivantes ont été distribuées
Médailles aux élèves ayant obtenu le brevet de
premier ordre. Médaille de vermeil à Mlle Mar-
guerite Girard, reçue première de la série aux der-
nières épreuves orales. Médailles d'argent Mlles
Lucie Guiot, Berthe Lecardonnel, Justa Monnot,
Eugénie Merlin, Marie Michel, Marthe Pédrelle,
Stéphanie Bochu, Angélique Peter.
Cours de lettres. Prix d'honneur offert par le
ministre de l'instruction publique Mlle Margue-
rite Girard.
Cours élémentaires. Prix d'honneur offert par
le ministre de l'instruction publique Mlle Ju-
lietle Nicolle.
Prix d'excellence offert par le préfet de la Seine.
Miles Eugénie Courtaux et Marie Saint-Denis.
On a distribué ensuite aux garçons 120 brevets
supérieurs et 311 élémentaires; aux demoiselles,
120 brevets supérieurs et 472 élémentaires.
La cérémonie s'est terminée par un concert au-
quel la musique du 130° d'infanterie a prêté son
concours, ainsi que MM. Baron, professeur de l'As-
sociation philotechnique, et Garnier, de la Société
de lecture et de récitation.
A la suite des examens de sortie de l'Ecole de
physique et de chimie, les élèves dont les noms
suivent ont obtenu
Diplôme de physicien MM. Jordan, Blanchet, Chap-
paz.
Diplôme de chimiste MM. Cavalier, Demoussy, La-
nier, Hébert, Van Ryk, Tissier, Lapierre, Desvignes,
Mouden, Lachaud, Tassilly, Bouchez.
Certificat de chimiste MM. Chercheffski, Gadefait,
Bailly, Lemaître, Bertrand, Barbé, Blaise, Martel, Ja-
comet.
La reprise des cours et des travaux pratiques
aura lieu le lundi 10 octobre, à huit heures du
matin.
La Société royale de botanique de Belgique va
célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa fon-
dation. Le conseil de la Société botanique de France
a délégué pour la représenter aux fêtes jubilaires
et dans les excursions scientifiques qui auront lieu
à cette occasion à Bruxelles du 13 au 18 août no-
tre confrère M. "Georges Rouy, vice-président de la
Société, et M. Charles Flahaut, professeur à la Fa-
culté des sciences de Montpellier.
L'Union amicale des maîtres-compagnons et
appareilleurs société de secours mutuels a
fêté hier le dixième anniversaire de sa fonda-
tion par un banquet donné au Salon des familles,
sous la présidence de M. Mesureur, le nouveau dé-
puté de la Seine. A ses côtés avaient pris place
MM. Brialou, député; Bassinet, conseiller munici-
pal Maréchal, président de la société, et tous les
membres du bureau.
Quatre cents convives dames comprises as-
sistaient à ce banquet. Au dessert, MM. Mesureur,
Brialou, Bassinet et Maréchal ont bu à la prospé-
rité de la société, à la paix et au travail. Les uns
et les autres ont réclamé la création du Métropoli-
tain, aux applaudissements de l'auditoire.
Une discussion d'intérêt s'est élevée, avant-
hier soir, entre le nommé Marçais, tailleur de
pierres, principal locataire de la maison située
224, rue Marcadet, et plusieurs locataires, notam-
ment le sieur Montagniez, ravaleur, âgé de qua-
rante-deux ans. Ce dernier était soutenu et excité
par plusieurs femmes.
Marçais venait réclamer des termes échus et
impayés à ses locataires. Il était surexcité. On
l'injuria grossièrement.
La femme Guibert, maîtresse de Montagniez, se
montra plus violente que les autres.
Marçais lui répondit. Ce fut à ce moment qu'in-
tervint Montagniez, les poings serrés, furieux de
se voir réveiller pour une histoire de termes et de
femme.
Marçais eut peur et, se sentant menacé, courut
chercher sa canne à épée et en porta un coup ter-
rible à Montagniez, que l'arme traversa de part en
part. La mort a été instantanée.
En le voyant tomber, les femmes s'élancèrent
sur le meurtrier, mais elles durent reculer devant
son attitude énergique.
La femme Guibert, maîtresse de la victime, a
reçu, au cours de la lutte, un coup d'épée qui lui
a traversé l'épaule droite.
.Marçais est allé se constituer prisonnier au poste
de police. Interrogé par M. Cornette, commissaire,
il a déclaré qu'il était en cas de légitime défense,
et qu'il regrettait les suites fatales de son acte.
Il a été envoyé au Dépôt.
Un crémier, qui allait servir ses pratiques ce
matin vers cinq heures et demie, avait trouvé rue
Lallier un certain nombre de pièces de dix francs
à l'effigie de Napoléon 111, aux millésimes de 186t3
et 1857.
Il avait aussitôt porté sa trouvaille au poste de
police le plus proche, où l'on constata que ces piè-
ces étaient fausses. Elles étaient enveloppées dans
un papier portant ces mots Hôtel de Castille,
78, faubourg Poissonnière, note de M. Marc. Le briga-
dier de la sûreté Lassire, chargé de l'affaire, a re-
trouvé l'adresse de Marc, qui demeurait rue Gé-
rando, n° 3, et l'a mis en état d'arrestation, ainsi
qu'une femme qui vivait avec lui. Arrivé à la hau-
teur de la rue Lallier, le faux monnayeur engagea
avec !es agents une lutte au cours de laquelle il
parvint à s'échapper et à prendre la fuite vers les
boulevards extérieurs, poursuivi par le brigadier
de la sûreté. Rattrapé boulevard Rochechouart,
Marc, cette fois solidement garrotté, fut placé dans
un fiacre et conduit au Dépôt.
Ce matin, à la préfecture de police, on a reçu
'des nouvelles rassurantes de M. Beynaguet, le
commissaire de police des Champs-Elysées, qui a
été victime ces jours derniers d'un regrettable ac-
cident à Trouville, où il était en congé. Son pied
s'étant pris entre deux drs planches qui recou-
vrent le sable de la plage, le poids du corps avait
porté tout entier sur la jambe qui a été cassée net.
M. Beynaguet sera soumis à un repos rigoureux
de quarante jours, mais son état n'inspire pas de
sérieuses inquiétudes.
Un dramatique événement a péniblement im-
pressionné hier soir les habitants de la rue Bro-
chant. Un ingénieur, M. Devalle, sorti récemment
d'une maison de santé où l'avaitconduit une grave
maladie, était en proie à de telles souffrances que,
désespéré, il s'est précipité par la fenêtre de son
appartement dans la rue. Il a été relevégrièvement
blessé. M. Devalle est le neveu de l'ancien ministre
plénipotentiaire sous Charles X qui, en 1830, à
Alger, reçut du dey un coup d'éventail. A la suite
de cet incident, la guerre fut déclarée et la France
conquit l'Algérie.
Dans l'après-midi d'hier avait lieu, à Asnières,
à l'occasion de la fête, l'ascension d'un ballon cap-
tif, le « Victor Hugo », ayant M. Godard fils pour
aéronaute. Cinq fois le ballon s'était élevé à une
hauteur de deux cents mètres, et cinq fois il était
'descendu sans.accident.
A la sixième, le câble s'est rompu à six mètres
au-dessous de la nacelle et le « Victor Hugo n,
rompant toute entrave, a plané quelques instants
propriétés qui leur appartiennent. Dans les vé-
gétaux qui servent de litière, l'azote existe
presque exclusivement à l'état dit organique,
c'est-à-dire sous forme de fibrine ou d'albumine
végétales, insolubles dans l'eau et qui seront
assimilées par les plantes alors seulement
qu'elles auront subi la nitrification. Il en est de
même, à peu près, de l'azote contenu dans les
excréments solides des animaux, résidus des
végétaux qui ont servi à nourrir ces derniers.
De la richesse en principes azotés des fourra-
ges consommés dépendra, avant tout, la ri-
chesse en azote du fumier. Mais ces résidus
contiennent l'azote au même état que la litière,
c'est-à-dire à l'état insoluble, et, de même que
la litière, les excréments ne pourront servir à
alimenter la plante qu'après avoir nitrifié.
Sous ce rapport, cette partie du fumier partage
donc presque complètement les propriétés de
la corne, de la laine, des os. Mais le fumier de
ferme bien fait et surtout bien entretenu ren-
ferme encore de l'azote à un autre état, ce qui
le rappproche des sels ammoniacaux. L'azote
des aliments est destiné à reconstituer la chair
des animaux, que l'usure organique détruit in-
cessamment et dont l'élimination régulière
exige une restitution pour que la santé de l'ani-
mal se maintienne.
Il est démontré d'une façon certaine que l'a-
zote des muscles et des autres organes du
corps de l'animal s'élimine uniquement par le
rein. L'urine renferme donc tout l'azote dont
l'être vivant ne peut plus faire usage pour
l'entretien de ses organes. Mais, tandis que la
chair musculaire, le sang, les os, etc., contien-
nent l'azote à l'état d'albumine, de fibrine de
gélatine absolument impropres à nourrir les
végétaux, dans l'urine on ne rencontre plus
aucune de ces substances leur azote a pris des
formes nouvelles qui se rapprochent beaucoup
de l'état minéral tels sont l'urée, les acides
urique et hippurique, la créatine, etc. Pro-
duits de décomposition des principes immé-
diats azotés de nos tissus, ces corps n'atten-
dent, pour se transformer en sels ammonia-
caux et en nitrates aptes à nourrir les végé-
taux, que l'action d'un des nombreux ferments
répandus dans l'atmosphère et dans le sol. Le
fumier de ferme nitrifiera donc beaucoup plus
vite que les os ou !e cuir, et, suivant les quan-
tités d'excréments liquides qui entreront dans
sa composition, il manifestera plus ou moins
énergiquement son action fertilisante. Les au-
tres matériaux azotés du fumier provenant de
la litière et des résidus solides de la digestion
subiront à leur tour la nitrification dans des
au-dessus de la Seine et a été poussé par le vent,
qui soufflait avec une certaine force vers six heu-
res, dans la direction de l'Est.
On ne sait pas encore où l'aérostat a atterri. Au
moment du départ se trouvaient dans la nacelle,
outre M. Godard fils, M. Cogniard, architecte à
Asnières, et deux Anglais.
Nous avons annoncé, hier, l'arrestation du
sieur Ponet, directeur de la Comédie politique, de
Lyon, et de ses deux acolytes. Nous disions que
cette feuille faisait œuvre incessante de diffama-
tions. Le Progrès, de Lyon, cite a ce propos, comme
types, certains actes reprochés à ces individus et
ajoute qu'il pourrait en raconter bien d'autres
aussi scandaleux «parmi les dix-huit chantages
bien caractérisés dont ils sont accusés ». Voici les
faits que raconte le Progrès:
Le feuilleton Pasqualine, que publiait dernièrement la
Comédie politique, avait trait à la vie de la femme d'un
grand industriel de l'Isère. Ponet, ou plutôt Paulin
Blanc, qui avait à la Comédie la spécialité du feuilleton,
exigea do la famille de cette dame, pour cesser la pu-
blication du feuilleton, une somme do 50,000 fr. Plus
tard il abaissait le chiffre à 40,000.
Un des parents se décida à entrer en pourparlers
avec Ponet. Il fut convenu que la famille verserait
12,000 fr., payables comme il suit: 5,000 francs le 10 mai,
5,000 fr. le 10 .juin, et le reste dans le courant du mois
d'août. Le feuilleton cesserait dès le premier verse-
ment, mais il serait repris si la famille ne payait pas
aux échéances.
Une autre fois, sachant qu'un notaire de Lyon avait
été heureux au jeu, Ponet alla le trouver et le menaça
de publier contre lui un dossier terrible s'il ne lui don-
nait pas le quart de son gain. Pour éviter tout scandale,
le notaire versa entre les mains de Ponet la somme de
3,000 fr.
Peu après, se servant d'une lettre de dénonciation
qui lui avait été écrite sur certaines personnalités de
la Loire, il menaçait son auteur de la publier s'il ne lui
remettait pas 3,000 fr. L'auteur s'exécuta. Mais Ponet
en avait fait photograver le texte et réclama à nou-
veau 3,000 fr. contre l'échange de cette copie.
Une double évasion a eu lieu samedi au palais
de justice d'Evreux. Trois gendarmes avaient ex-
trait treize détenus de la prison et les conduisaient
devant le tribunal correctionnel. Au pied de l'es-
calier du palais, les détenus Lemaire et Tabourin,
âgés de vingt et vingt-deux ans, prirent brusque-
ment la fuite. Ils avaient aux pieds des chaussons
et détalèrent rapidement pendant que les trois
gendarmes, forcés de maintenir en respect le
groupe de détenus, appelaient la garde.
Plusieurs soldats s'élancèrent à la poursuite des
fuyards. Mais ceux-ci eurent le temps de franchir
le pré du Bel-Ebat et de se réfugier dans la forêt
d'Evreux.
Toute la journée, la forêt fut explorée inutile-
ment. Vers six heures du soir, le gendarme Guay
aperçut une masse dans un fourré d'arbustes et
de ronces situé près du pont, à l'entrée de la fo-
rêt c'était Lemaire qui était blotti là, plus mort
que vif. Quant à Tabourin, il court encore.
On écrit de Bellegarde (Tarn), qu'un sieur
Combes (Joseph), âgé de quatre-vingt-trois ans,
demeurant au Camp-Grand, lavait une chemise
au bord d'une mare, lorsque sa petite-fille Anna,
âgée de dix-sept ans, le poussa brusquement dans
l'eau. Le vieillard essaya de sortir de la mare, il y
fut repoussé trois fois par sa petite-fille, qui le
frappait à l'aide d'une longue perche. Ce n'est pas
sans peine que Combes put se dérober aux coups
que lui portait avec acharnement cette furie et
échapper à la mort. 11 a porté plainte immédiate-
ment. Anna a avoué son crime et a été écrouée à la
prison d'Albi.
On nous télégraphie de Nice quelques détails
sur le vol dont a été victime Mme Elluini.
La valise dérobée contenait 400,000 francs de va-
leurs diverses, 450,000 francs de bijoux et 12,000 fr.
en espèces.
Le blanchisseur Auda, qui a été arrêté dès le
début de l'instruction, était la seule personne qui
sût que Mme Elluini emportait des valeurs. C'est
lui qui avait loué la voiture; c'est lui aussi qui
s'était offert pour faire partie du voyage. Le co-
cher, qui simulait l'ivresse, a également été arrêté.
L'un et l'autre, nient toute participation au vol.
Auda accuse même un jeune homme de Nice, fort
lié avec Mme Elluini, mais qui s'était brouillé avec
elle depuis deux jours. Par une bizarre coïncidence,
ce jeune homme était allé coucher chez un ami à
Saintvors, précisément sur la route de Nice à
Tourel.te.
D'après certaines versions, Mme Elluini, aperce-
vant sur la route, au moment où elle allait re-
joindre la voiture, deux individus armés de cou-
telas, enjoignit à Auda de faire feu sur eux avec
son revolver. Auda s'y refusa.
Un de nos amis nous envoie le curieux pros-
pectus suivant, qui émane d'un marchand de ver-
reries et de cristaux d'une ville autrichienne.
Nous le reproduisons sans changer un mot au
prétendu français de cet honorable commerçant
Occassion
A causse de déplacer de la magazin et de levée do la
filiale au place d'ici j'occasienner un vent de tous mes
articles à ma propre procréation, composé en cristal
verritnble et très finement emàillé, monté sur bronce,
et articles de servir et en luxe, aux prix de la fabrique
baissé.
En allente de votre bien visite
estimable.
La signataire de ce prospectus aurait voulu se
payer le luxe de massacrer notre langue qu'il n'y
aurait pas mieux réussi.
TRIBUNAUX
Un drame de la jalousie. Notre correspon-
dant de Douai nous écrit
Placide Carpentier, âgé de vingt ans, garçon de
café à Valenciennes, aimait Uranie Michel, jeune
fille de seize ans, demeurant à Villerspol, village
voisin. Un jour, il apprend que celle-ci a dansé
plusieurs fois.avec un de ses rivaux et s'est laissé
embrasser par lui. Il part aussitôt, muni de son
revolver chargé, et obtient de sa maîiresse un der-
nier rendez-vous. Les jeunes amoureux passèrent
la nuit a la belle étoile aux reproches succéda
une réconciliation, et à la réconciliation une rup-
ture définitive. Au moment où la jeune fille s'éloi-
gnait, il lui tira presque à bout portant deux coups
de revolver. Une balle alla se loger sous la peau
sans percer le crâne.
Uranie Michel est aujourd'hui rétablie. Elle est
fort intelligente et s'exprime avec une certaine
distinction. Dans son réquisitoire, M. le substitut
Dagallier s'élève contre la tendance de certains ju-
rys à amnistier les crimes qui ont pour mobile la
passion, l'amour, la jalousie, et compte que les
théories en faveur dans certains milieux plus ou
moins atteints de nervosismo n'auront aucun suc-
cès auprès du jury du Nord.- Malgré une plaidoirie
émue de M0 Duhem, qui représente son client
comme victime de son amour pour Uranie Michel,
qui s'est jouée de lui, le jury rapporte un verdict
reconnaissant l'accusé coupable de coups et bles-
sures. Carpentier est condamné à deux ans de pri-
son.
conditions et avec une lenteur comparable à
celle des déchets de laine, d'os, de corne ou de
cuir.
La deuxième série d'essais du champ d'ex-
périences avait pour objet, comme je l'ai dit
plus haut, de comparer l'action de doses égales
d'acide phosphorique à divers états, mais em-
ployés seuls, avec celle des mêmes phosphates
additionnés d'azote sous différentes formes.
Comme dans la première série, il a été donné
à chacune des parcelles de 5 ares tous les deux
ans les quantités suivantes d'engrais, rappor-
tées à l'hectare
Acide phosphorique 100 kilogr.
Potasse. 180
Azote. Néant.
La succession des récoltes a été la même que
celle adoptée pour les cultures avec azote. Enfin,
une parcelle témoin est demeurée sans en-
grais.
Pour la période de huit années consécutives
qu'embrassent ces essais, les rendements
moyens annuels à l'hectare, y compris la par-
celle au fumier de ferme, ont été les suivants
Fumures azotée.9 et phosphatées. 17.700 kilogr.
Fumures phosphatées sans azote. 11.840
Sans fumure. 10.500
Ces chiffres sont d'autant plus concluants
qu'ils portent sur huit années de récoltes con-
sécutives, ce qui élimine les causes d'erreuis S
d'une expérience de trop courte durée. La plus
value du rendement dû à la fumure complète
est la différence entre 17,700 kil. et 10,500 kil.,
soit 7,200 kil. de substance végétale récoltée en
plus, par année et par hectare. Comparé au
rendement de la parcelle sans fumure, celui du
sol qui a reçu de l'acide phosphorique et de la
potasse, mais pas d'azote, donne un excédent
de 1,340 kil. seulement (11,840 kil.-10,500 kil.).
La différence entre l'augmentation des rende-
ments moyens des parcelles soumises à ces
deux modes de fumure représente évidemment
l'accroissement dû à l'addition d'azote.
Excédent du rendement dû à la fu-
mure complète 7.200 kil.
Excédent du rendement dû à la fu-
mure sans azote. 1.340 »
Différence due à l'azote. 5.860 kil.
En d'autres termes, la fumure phosphatée et
potassique, en l'absence d'azote, a augmenté,
en moyenne, de 11,3 0/0 le rendement du sol;
tandis que la même fumure additionnée d'a-
zote a accru le rendement de 40,1 0/0.
En rappelant ces résultats, dont on trouve-
rait tous les détails dans le compte rendu pu-
A. W. H.
NECROLOGIE
On annonce la mort de M. Alfred Hennequin, l'au-
teur dramatique bien connu.
M. Hennequin est mort à Saint-Mandé, dans une
maison de santé où il était interné depuis le mois
de mars 1886.
Il était né à Liège en 1842 et avait commencé
par être ingénieur des chemins de fer belges. Une
pièce, J'attends mon oncle, qu'il fit représenter au
théâtre des Galeries-Saint-Hubert, à Bruxelles, en
1869, décida de sa vocation, et l'année suivante il
faisait représenter les Trois Chapeaux sous son vé-
ritable nom. Cette pièce passa deux ans après au
Vaudeville.
L'oeuvre principale d'Alfred Hennequin est le
Procès Veauradieux (1875), qui eut un grand succès.
Elle avait été faite en collaboration avec Alfred
Delacour et fut suivie par les Dominos rosés. Il a
encore collaboré à JSéôéavec M. de Najac, au Phoque
avec Delacour, et enfin, avec M. Albert Millaud, à
Niniche, la Femme à papa, Lui.
Surmené par un travail excessif, M. Hennequin
tomba malade, et le mal fit des progrès assez ra-
pides pour nécessiter son internement dans la
maison de santé où il est mort quatre jours après
le décès de sa mère à Versailles.
M. Etignart de Lafaulotte, conseiller honc-aire
à la cour de cassation, officier de la Légion d don-
neur, vient de succomber à l'âge de soixante-dix-
huit ans, dans son hôtel du boulevard Males-
herbes.
LIBRAIRIE
Nous publierons demain, en fem'lleton bibliogra-
phique, une revue des nouvelles publications ré-
cemment éditées par la librairie Hachette et C°.
Jamais on n'a tant consulté les livres de duel qu'en
ce moment. L'ouvrage qui a été et qui est le plus jus-
tement mis à contribution est celui de notre confrère
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tions spéciales sont traités avec autant de compétence
que de clarté.
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LECTURES FRANÇAISES
LES ORIGINES PHILOSOPHIQUES DU NIHILISME RUSSE
La sophistique allemande a enfanté le nihilisme
russe telle est la thèse développée par M. Th.
Funck-Brentano, professeur à l'Ecole libre des
sciences politiques, dans l'ouvrage qu'il vient de
faire paraître: Les Sophistes allemands et les Nihilistes
russes. L'auteur ne partage pas la vénération que
l'on a trop longtemps professée en France et que
l'on professe encore pour les philosophes allemands.
A ses yeux, Kant, Hegel, Fitche, et à leur suite
Schopenhauer, Hartmann, etc., ces penseurs con-
sommés, ne sont que des vulgaires sophistes dont
l'influence malfaisante s'est lourdement appesantie
sur le monde. M. Funck-Brentano a longtemps
hésité à publier son livre, car, dit-il, « dès notre
plus tendre jeunesse nous avons été habitués à'
nous prosterner le front dans la poussière au nom
des Kant et des Hegel, comme devant des divinités
supérieures, inintelligibles dans leurs mystérieu-
ses profondeurs; que penserait d'un tel propos
Frédéric Morin, s'il vivait encore, lui qui avait
coutume de dire que le plus beau jour de sa vie
était celui où il avait luKant? les maîtres de
nos maîtres ont été leurs disciples ils nous ont
avec confiance inoculé la méthode, fait partager
à plaisir les illusions. Quels moyens choisir pour
montrer le caractère profondément absurde de ces
rêveurs qui, partant d'une distinction ou d'une
définition arbitraires, souvent du double sens d'un
mot, font, en songe, le tour du monde et racon-
tent avec un sérieux impertubable leurs voyages
et leurs découvertes ». Cette critique des spécula-
tions allemandes qui, exploitées par Cousin et son
école, ont tant pesé sur notre propre génie est
peut-être sévère, mais on n'en peut méconnaître
lalégitimitô.
Le socialisme révolutionnaire de Max Stirner, de
Karl Marx et le nihilisme russe ne sont que l'appli-
cation à la vie sociale de la métaphysique de
Schopenhauer et de Hartmann, lesquels dérivent, à
leur tour, de Kant et de Hegel. Ces deux premiers
philosophes concluent au néant. Le nirvana est le
souverain bien et le but même de l'existence. Une
telle doctrine aboutit nécessairement dans la pra-
tique à la destruction universelle; de là ces sectes
révolutionnaires et nihilistes qui ne reculent devant
aucune violence et qui constituent un danger pour
le monde.
C'est en 1832 que le nihilisme commença à faire
son apparition « A cette époque, raconte M.
Funck-Brentano, parut à Dresde, au milieu de la
pléiade hégélienne, un jeune russe, beau, riche,
épris de la science, plein d'ardeur. Les théories de
Strauss, Feuerbach, Bruno Bauer frappèrent d'au-
tant plus vivement le jeune homme que son es.
prit était plus ouvert, plus naïf et plus droit. Son-
geant aux oppositions qui existaient entre les ré-
vélations du « devenir » humanitaire et la science
sociale et politique de son pays, il conclut hardi-
ment à la nécessité de la destruction. Dix ans avant
Stirner, il formula ainsi la nouvelle doctrine: l'im-
portant pour nous est de détruire, il faut brûler
les ulcères qui nous dévorent, amputer les mem-
bres gangrenés. Et lorsque vous aurez tout
brûlé et détruit, lui fut-il répondu, que ferez-vous?
Ce qu'ont fait les jacobins sur les ruines de la
Bastille; ils y placèrent un poteau avec l'inscrip-
tion Ici l'on danse. On dansera! Retourné dans
sa patrie, le jeune russe écrivit quelques articles
dans les feuilles, publia quelques brochures et fut
envoyé en Sibérie. Il y resta.. Le nihilisme était
fondé. »
Le second nihiliste russe fut Herzen, esprit d'une
envergure puissante, qui joignait aux grâces câ-
lines du Slave les aspirations idéales d'un membre
des Etats de 1789 et les déductions impitoyables
blié en 1881 (1), j'ai principalement en vue
d'appuyer par des faits précis le conseil que
j'ai toujours donné aux cultivateurs relative-
ment à la création de champs d'expériences.
L'acide phosphorique employé seul pour éle-
ver, dans un sol pauvre en ce principe, les
rendements des céréales notamment, donne
presque toujours de médiocres résultats. La
présence dans le sol d'une quantité suffisante
d'azote assimilable est indispensable à l'obten-
tion de hauts rendements. Les belles expé-
rience de Lawes et Gilbert à Rothamsted ont
mis hors de doute la nécessité de pourvoir le sol
de tout l'azote nécessaire, si l'on veut que l'acide
phosphorique produise tout son effet. Les cul-
tivateurs qui veulent faire des essais compara-
tifs sur la valeur agricole des différents phos-
phates sur les rendements en blé devront donc
avoir soin d'ajouter au printemps aux parcelles
emblavées du nitrate de soude à la dose de 150
à 200 kilog. à l'hectare.
Les appréciations divergentes qui ont été
émises à l'endroit de la valeur agricole des
phosphates naturels et des superphosphates
tiennent pour la plupart à ce que les expéri-
mentateurs ont négligé de donner de l'azote à
leurs champs d'essais et se sont bornés à l'em-
ploi exclusif des phosphates.
Les plantes, sous le rapport de la nutrition,
ressemblent beaucoup aux animaux pour que
l'alimentation qu'on leur donne produise tous
ses effets, c'est-à-dire de hauts rendements, il
ne suffit pas de leur fournir en abondance un
ou plusieurs des éléments chimiques néces-'
saires à leur développement. Il faut introduire
dans le sol tous ceux de ces éléments que la
terre ne renferme pas en quantité suffisante et
que l'atmosphère ne peut leur fournir. L'azote
et l'acide phosphorique occupent à cet égard le
premier rang. Presque toutes les terres ara-
bles renferment assez de potasse pour subve-
nir aux besoins d'une récolte; il en est peu, au
contraire, où l'azote et l'acide phosphorique ne
fassent simultanément défaut. Il n'est possible,
généralement, d'apprécier l'influence de l'une
de ces matières qu'en l'associant à l'autre.
J'aurai prochainement à revenir sur ce sujet en
exposant les résultats obtenus dans la cam-
pagne de 1887 avec les phosphates de diverses
provenances, résultats de plus en plus favora-
bles aux phosphates minéraux, et particulière"
ment aux scories de déphosphoration.
L. GRANDEAU.
(1) Compte rendit du congrès des directeurs des station4
agronomiques. In-8°. Berger-Levrault.
Les cinq questions mises à l'ordre du jour sont
les suivantes
I". La lutte de classes.
IIe. Les services publics et leur application.
ine. Suppression des octrois, remplacés par un Im-
pôt fortement progressif sur le revenu.
IV«.– Organisation du travail, écoles professionnelles,
travaux de la ville, ateliers corporatifs et municipaux,
l'hygiène dans les ateliers, travail dans les prisons, le
travail de la femme, caisses de chômage municipales,
caisses de retraites pour les invalides du travail, les
contrats et règlements de travail.
V". L'Assistance publique son organisation, en-
fants assistés et moralement abandonnés, hôpitaux, se-
cours à domicile, service médical et pharmaceutique.
Dans le manifeste adressé à ce sujet aux cham-
bres syndicales par le parti ouvrier, celui-ci ajou-
tait
En dehors de l'intérêt qui s'attache à ces diverses
questions, il est pour vous une obligation plus grande
encore de ne pas demeurer sourds à la fraternelle invi-
tation de vos frères de travail c'est celle de vous mon-
trer digne, du succès relativement considérable que
vous avez remporté lors des dernières élections muni-
cipales et, vous souvenant que tout le prolétariat de
France et d'Algérie place en vous sa confiance, vous
tiendrez à honneur que le huitième congrès montre
aux plus pessimistes comme aux plus malintention-
nés que l'heure est venue pour la classe dirigeante d'a-
voir à compter avec le peuple travailleur.
Deux séances ont eu lieu hier. Celle tenue l'a-
près-midi a été exclusivement consacrée à la véri-
fication des pouvoirs des délégués. Cette année
cent quarante chambres syndicales ou groupes
corporatifs se sont fait représenter au congrès et
ont été admis. Douze autres groupes ont été inva-
lidés, soit parce qu'ils étaient purement politiques,
soit parce que les délégués n'avaient pas de man-
dat régulier. L'un, le groupe des Droits de l'hom-
me, a été exclu pour avoir défendu M. Lefebvre-
Roncicr, conseiller municipal, « alors, a dit le ci-
toyen Graillât, que la culpabilité de celui-ci ne fait
aucun doute. »
L'année dernière, le nombre des groupes repré-
sentés au congrès n'était que de cent huit.
Le soir, dans la réunion présidée par M. Joffrin,
conseiller municipal, il a été procédé à l'élection
de cinq commissions chargées d'étudier et de clas-
ser les rapports relatifs aux cinq questions à l'or-
dre du jour. Dans la cinquième commission (assis-
tance publique) figure Mme Astié de Valsayre
comme déléguée du groupe le Droit des femmes.
Un long discours du citoyen Jean Allemane sur la
lutte des classes a clos ces premières séances d'or-
ganisation. L'orateur a développé au milieu des
applaudissements le principe de l'émancipation des
travailleurs par les travailleurs eux-mêmes. « Mais
c'est nous-mêmes, a-t-il dit, qui fixerons le mo-
ment du combat, car il faut que, lorsque l'heure
de la lutte aura sonné, le prolétariat ait son orga-
nisation politique, économique et sociale, et soit
prêt pour assurer le lendemain. »
Ce soir, discussion sur la première question.
La réunion légitimiste d'Angers
(De noire correspondant particulier)
Angers, 7 août.
La salle Chauveau, la plus grande salle de fêtes
d'Angers, était comble. La foule débordait sous
une vaste véranda, et dans les longues et spa-
cieuses galeries latérales. Il y avait, au bas mot,
six cents léuitimistes angevins, vendéens et bre-
tons. Les drapeaux blancs des délégations de
vingt villes de France massés en faisceaux compo-
saient une brillante décoration. Le service d'ordre
était assuré par des commissaires portant comme
insignes la cocarde blanche fleurdelisée à la bou-
tonnière.
Le comte Maurice d'Andigné préside, ayant sa
droite le général de Cathelineau, président d'hon-
neur, le comte Urbain de Maillé la Tour-Landry,
Maurice de Junquières, secrétaire général du co-
mité central légitimiste de Paris, le marquis de
Quatrebarbes, le vicomte de la Houssaye, etc.
M. P. Leroy, secrétaire du comité légitimiste an-
gevin, au lieu et place de M. Aubry, président,
éloigné pour urgentes raisons de famille, sou-
haite la bienvenue aux représentants du comité
de Paris; il salue les représentants de la presse
qui ont répondu à l'invitation qui leur a été adres-
sée sans distinction de nuances politiques; il re-
mercie les dames angevines, qui ont offert au co-
mité angevin sa splendide bannière.
Ce superbe drapeau 1 s'écrie-t-il, nous rappelle plu-
sieurs siècles de gloire; il sera pour nous l'emblème
de la patrie, mais de la patrie renouvelée, guérie de
ses plaies et de ses meurtrissures, de la patrie redeve-
nue la fille aînée de l'Église et la première des nations
dans le concert européen. Nous voulons que Dieu rè-
gne sur nous par son Christ, qui aime la France, et par
le roi de France, son lieutenant dans le royaume des
lis.
Les acclamations commencent vive la France l
vive le drapeau blanc! vive le roi!
Le général de Cathelineau, dont la vigueur sem-
ble augmenter avec les années, prononce le cha-
leureux discours dont je vous ai, hier, en\oyé l'a-
nalyse. La présence seule du vieux champion du
trône et de l'autel éveille l'enthousiasme dans les
cœurs des fidèles de laléaitimité.
Le comte Urbain de Maillé la Tour-Landry nous
a paru jouir d'une extrême sympathie dans le pays
blanc; il y est très populaire.
Son succès a été considérable. Un détail que nous
recueillons pour l'histoire C'est le père du comte
de Maillé qui planta de sa main le drapeau blanc,
Bn 1830, sur la Casaubah. Ce drapeau, à défaut de
celui du régiment, qui n'était pas à la portée du
.soldat, il le fit avec la_culotte blanche du dey
d'Alger.
Le comte Maurice d'Andigné cède le fauteuil de
la présidence au général de Cathelineau et paraît
à la tribune. Tout Paris connaît le jeune chef du
parti des blancs d'Espagne il en fut. le promoteur.
Sa présence à la tribune soulève une tempête d ap-
plaudissements et de bravos. Son discours débute
par une démonstration tendant à prouver que le
comte de Paris n'a nu) droit actuel à la succession du
comie de Chambord. Dans la seconde partie, l'ora-
teur établit cette thèse le comte de Paris aurait-
il même le droit pour lui, il n'a ni le programme,
ni les idées, ni les tendances, ni le drapeau (lu roi
de France; son drapeau est celui de la révolution.
Un. rédacteur du Courrier d'Angers interrompt
violemment « Le drapeau tricolore est le. dra-
peau delà France! 3) Deux rédacteurs de l'Union de
ï'Ouesf.l'ancien organe de M. de Falloux, MM."André
père et fils, associent leur protestation à celle ils
leur confrère bonapartiste. Le comte d'Andigné
déclare que le comte de Paris lui-même, dans les
Tracte' s unions, appelle le drapeau tricolore le dra-
peau de la Révolution. Les interrupteurs ne veu-
lent rien entendre; ils vocifèrent au milieu, des
clameurs indignées de tout l'auditoire et des cris
« à la porte! » Le général de Cathelineau-parvient
à dominer le tumulte et s'écrie « Les légitimistes
n'insultent pas un drapeau sous. lequel ils ont
marché à l'ennemi lors de l'invasion et qu'ils ont,
eux aussi, trempé de leur sang! »
M. Henri Marchand, du Journal de Paris, inter-
FEUILLETON H*J «TEWS»|
DU 9 AOUT 1887
REVUE AGRONOMIQUE
Valeur comparative des fumures phosphatées et azo-
tées. Des diverses formes de l'azote des fumures.
A quelles conditions les engins azotés et phospha-
tés servent d'aliments aux plantés.
Les expériences que j'ai poursuivies métho-
diquement de 1870 à 1879 dans les champs d'es-
sais de la station agronomique de l'Est avaient
deux buts principaux 1° comparer la valeur
agricole de l'acide phosphorique sous diverses
formes; 2° déterminer l'influence sur les rende-
ments des fumures phosphatées et azotées,
comparativement à l'action de l'acide phospho-
rique sans addition d'azote.
Dans ma dernière Revue (1) j'ai fait connaî-
tre le dispositif général des essais, la succes-
sion des récoltes cultivées de 1870 à 1878 et les
résultats obtenus dans les parcelles qui avaient
reçus, sous des formes différentes, les mêmes
quantités de phosphates, de potasse et d'azote.
Rappelons en quatre chiffres les rendements
moyens obtenus à l'hectare et par an, dans cette
rotation de huit années, à l'aide des différents
phosphates employés
Phosphate précipité 12.581 kilog.
Superphosphate 12.570
̃' Phosphate naturel 12.097
Poudre d'os. 10.386
L'azote avait été fourni au sol à l'état de ni-
trate de potasse, de sulfate d'ammoniaque et
d'azote organique, dans la poudre d'os. Comme
on le voit, cette dernière forme d'engrais azoté
s'est montrée inférieure de 17 0/0 environ,
(1) Voir le Temps du 26 juillet 1887.
pelle directement le directeur de l'Union de l'Ouest. i
«Il y a quatre ans que vous avez en main un
journal quotidien et à grand format, et jamais vous
n'avez attaqué de front les légitimistes; bien plus,
ceux-ci vous ont cent fois proposé le débat, sans
cesse vous l'avez refusé!» M. André réplique:
« C'est parce qu'on nous l'a formellement inter-
dit !» Cette réponse soulève les rires et applaudis-
sements ironiques de toute la salle. L'incident est
clos.
Notre ancien confrère de l'Etoile d'Angers G. Vé-
ran s'attache à prouver par les lettres, les instruc-
tions officielles, les entretiens privés et les dispo-
sitions testamentaires du comte de Chambord, que
jamais ce prince n'a considéré le comte de Paris
comme son héritier. Sa démonstration obtient un
grand succès. On fait une ovation à l'ancien polé-
miste de la pr 'sse légitimiste d'Angers, le con-
stant adversaire de M. de Falloux et de son jour-
nal ['Union de l'Ouest.
Sur la proposition de M. d'Andigné, l'ordre du
jour suivant a été voté par acclamation:
Les légitimistes, réunis le 7 août à Angers, jurent de
rester fidèles à la loi salique et, par conséquent, ne re.
connaissent d'autre roi légitime que le prince Jean de
Bourbon, l'aîné de là branche d'Anjou.
La séance a été levée après un discours de M.
Maurice de Junquières, on pourrait dire une apo-
théose du drapeau blanc. Aucun incident à la sor-
tie.
Les légitimistes se sont retrouvés le soir, à six
heures, dans un banquet, à l'hôtel du Cheval-
Blanc. Les tables étaient dressées en plein air. Par-
tout le drapeau blanc apparaissait dans un enca-
drement des plus riches fleurs, hommage des da-
mes angevines. Un orchestre a exécuté des mar-
ches et des valses pendant tout le repas.
Au champagne, le comte d'Andigné a bu aux An-
gevins, à la presse et au roi légitime; le général
de Cathelineau, à l'espérance et à la fidélité M. de
Junquières, aux femmes angevines; M. Perrin de
Calléou, aux militants de la légitimité; M. de Beau-
champ, à la Bretagne; M. Frémaux, à l'union des
légitimistes de France. M. de la Perraudière a dit
un sonnet a la mémoire du comte de Chambnrd
M. Mouillien, rédacteur du Populaire, au nom de la
presse républicaine, a remercié les légitimistes de
leur charmante hospitalité et porté un toast à la
France. M. Véran a porté la santé du comte d'An-
digné, qui n'a pas désespéré de l'avenir de la légi-
timité. La soirée s'est terminée par le chant de la
Vendéenne, de Vive Henri IV! et de la marche
des cavaliers de La Rochejaquelein.
Les archives nationales et départementales
M. Xavier Charmes, directeur au ministère de
l'instruction publique, vient d'adresser son rap-
port annuel au ministre sur la situation des archi-
ves nationales, départementales, communales et
hospitalières pendant l'année 1886.
Nous extrayons de ce rapport quelques rensci-
gnements curieux et peu connus
La disparition de l'ancien régime a mis entre les
mains de l'Etat tous les papiers des institutions
supprimées par la Révolution institutions judi-
ciaires, administratives, financières, domaniales,
féodales, ecclésiastiques, etc., etc. Toutes ces piè-
ces ont été déclarées propriété de la Nation en
1790. Placées, dans le principe, au siège de chaque
district, une loi du 5 brumaire an Vies a groupées
au chef-lieu du département. Leur entretien, dont
l'Etat avait longtemps gardé la charge, a été im-
posé aux départements par la loi de 1838.
En 1862, on a commencé la Collection des inventai-
res sommaires des archives départementales antérieures
à 4790.
A la fin de 1870, cinquante-six volumes étaient
déjà publiés; mais l'impression de ce travail se ra-
lentit après la guerre. On avait eu beaucoup de
peine, de 1871 à 1874, à obtenir l'achèvement de
vingt-trois volumes depuis longtemps commencés.
En 1875, époque où les préfets choisirent eux-mê-
mes leurs imprimeurs, on en publiait neuf, en
1876, onze, en 1877, vingt et un; et du 1" janvier
1878 au 31 décembre 1886 quatre-vingt-quinze.
En même temps que se multipliait le nombre de
volumes, la méthode de rédaction se perfection-
nait far la pratique, et elle se fixait définitivement.
L'inventaire présente aujourd'hui un triple carac-
tère tantôt, lorsqu'il s'agit de papiers sans im-
portance, on se contente d'une indication brève,
semblable au titre d'un livre; tantôt, si un registre
ou un dossier offre quelque intérêt, sans mériter
pourtant une description de tous les actes* qu'il
contient, on choisit les plus saillants, afin que des
exemples rendent compte au lecteur des ressour-
ces qu'il peut en tirer; tantôt, enfin, lorsqu'on est
en présence de pièces tout à fait remarquables, on
les analyse une à une, en détail, et on ajoute des
citations à l'analyse, si cela est nécessaire.
Les archivistes s'ingénient, en général, à extraire
des documents qu'ils dépouillent et à mettre en
lumière ce qui a un intérêt quelconque, de telle
sorte qu'en bien des cas, le catalogue pourrait pres-
que tenir lieu des archives elles-mêmes. Pour qui
sait s'en servir, la collection des inventaires est
une mine où l'on trouve sur le passé les rensei-
gnements les plus variés.
On peut dire qu'elle fournit des indications sur
tout ce qui peut faire l'objet d'un acte public ou
privé, d'un contrat, d'une sentence, etc., en un
mot, sur tous les détails de la. vie d'un peuple
aussi bien que de la vie d'un individu. Le labou-
reur, l'artiste, l'artisan, le marchand y ont leur
histoire, comme le souverain, l'homme d'église ou
le riche bourgeois. La politique, la guerre, l'admi-
nistration, la justice, la religion, la condition des
personnes et de la propriété, l'agriculture, le ré-
gime des eaux, l'exploitation des bois, les travaux
publics, le commerce et l'industrie, les arts, les
moeurs, les usages, etc., s'éclairent d'une lumière
inattendue par la déposition de ces témoins con-
temporains des faits qu'ils nous rapportent.
Sept départements ont entièrement terminé l'in-
ventaire des archives réunies à la préfecture
l'Aisne, la Corrèze, les Landes, Lot-et-Garonne,
Meurthe-et-Moselle, Basses -Pyrénées; Seine-et-
Marne.
Mais les archivistes ne se sont pas contentés
d'inventorier les documents déposés au chef-lieu
de l'administration. Chargés de veiller à la con-
servation des archives des mairies ft des hospices,
ils ont profité de leurs tournées d'inspection pour
entreprendre le dépouillement de tous les titres
antérieurs il 1790 que contiennent ces établisse-
ments. Plusieurs ont iléjà terminé ou avancé beau-
coup cet immense travail; M. Lacroix, dans la
Drôme,– M. Merlet, dans Eure-et-Loir, –M. Port,
dans niaine-et-Loire, etc. Ils ne se sont pas rebu-
tés, quand ils n'ont trouvé que des registres de
baptêmes, mariages etsépultures, eiontsu tirer de
ces pièces mêmes les- renseignements les plus inat-
tendus. Ainsi, sans parler de nombreuses particu-
larités sur les événements locaux, sur les épidé-
mies, sur les épizooties, sur lés disettes, on y a
relevé toute une série presque ininterrompue d'ob-
servations météorologiques, qui permettent de re-
constituer, pour ainsi dire, année pour année, du
miliéu du seizième siècle à la Révolution, l'histoire
climatérique de notre pays.
Les administrations municipales et hospitaliè-
res, qui possèdent des archives particulièrement
remarquables, ont suivi l'exemple donné par les
comme valeur fertilisante, aux combinaisons
azotées minérales. Ce fait intéressant pour la
pratique a depuis été vérifié et confirmé. Les
composés ammoniacaux ou nitriques se sont
montrés partout beaucoup plus efficaces que
les substances d'origine organique.
L'explication à donner de cette différence
d'action est très simple, aujourd'hui que nous
connaissons mieux les phénomènes de nitrifi-
cation et le mode de nutrition des végétaux.
Les plantes ne peuvent emprunter leur alimen-
tation azotée qu'à deux sources l'ammoniaque
et l'acide nitrique. Des expériences directes ont
mis hors de doute la faculté qu'ont les feuilles
de fixer l'ammoniaque aérienne, et celle qui ap-
partient aux racines d'absorber les nitrates du
sol. D'autre part, on a constaté que les subs-
tances azotées, d'origine végétale ou animale,
autres que l'ammoniaque ou l'acide nitrique,
doivent préalablement subir, dans le sol, des
modifications chimiques qui les amènent à l'un
de ces deux étatss, pour être rendues assimila-
bles par les plantes.
Nous sommes donc conduits à considérer
comme sources actives de la nutrition des
plantes l'ammoniaque et l'acide nitrique, et à
refuser toute valeur fertilisante aux matières
organiques azotées dont l'albumine est le type,
jusqu'au moment où leur azote "aura passé, sous
l'action de ferments spéciaux, à l'état d'animo-
niaque et de nitrate. La poudre d'os, la corne,
la laine, le cuir, le sang desséché, le fumier de
i ferm lui-même ne sont des engrais qu'à la
condition de subir, au préalable, la transforma-
tion dont je viens de parler. La nitrification est
l'opération par laquelle l'azote des matières or-
ganiques se sépare d'elles pour se combiner à
l'oxygène et à une base, chaux, magnésie ou
potasse, et donner des sels solubles crislallisa-
bles qu'on désigne sous le nom de nitrates.
Pour s'accomplir, ce phénomène, qui joue
dans la nature un rôle considérable en rame-
nant à l'état minéral utilisable par les plantes
l'azote qui forme les tissus végétaux et ani-
maux, exige plusieurs conditions essentielles
i° la présence, dans le milieu où se trouvent les
substances azotées, du ferment découvert par
MM. Miintz et Schloesing et qui porte le nom
de baccillus nilrificans 2° un certain degré d'hu-
midité 3° une température de 15 à 30" 4° de
l'oxygène, enfin 5° la présence d'une base capa-
ble de fixer l'acide nitrique formé (chaux, ma-
gnésie, potasse ou soude). De l'état d'agréga-
tion et de structure de la substance organique
nitrifiable dépend le plus ou moins de rapidité
de leur transformation. Le sang desséché, et,
conseils géneraux et elles ont imprimé l'inven-
taire de leurs collections dans des volumes spé-
ciaux. Ces catalogues, formant, au 21 décembre
1886, soixante-sept volumes pour les villes et vingt
et un pour les hospices, sont peut-être encore plus
intéressants que les premiers.
Tout en poursuivant l'inventaire des archives
antérieures à 1790, on a entrepris la mise en ordre
des archives de l'époque révolutionnaire. Pour ces
documents, on ne rédige pas encore des catalo-
gues détaillés. Il faut d'abord classer, d'après un
cadre élaboré en 1874; on compte les pièces, on
pagine les registres, on estampille et on dresse
des répertoires sommaires. Les dossiers sont ainsi
mis en état d'être communiqués au public, qui
commence à s'intéresser si vivement à l'histoire
des origines de la France moderne. Ce travail a
déjà donné des résultats dans dix-neuf départe-
ments
Aisne, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Mariti-
mes, Doubs, Drôme, Gers, Hérault, Landes, Lot,
Marne, Haute-Marne Mayenne, Meurthe-et-Mo-
selle, Basses-Pyrénées, Seine-et-Marne, Tarn, Vos-
ges, Yonne.
Enfin, le rapporteur consacre la fin de son tra-
vnil aux archives nationales.
Pendant de longues années, on Il moins songé,
dans cet établissement, à la divulgation générale
des richesses qu'il renferme qu'à la préparation
d'ouvrages de haute érudition, dont quelques-uns
ont fait grand honneur à leurs auteurs.
Sous la direction actuelle, l'attention a été plus
sérieusement tournée vers les travaux profession-
nels, c'est-à-dire vers l'inventaire. On a tenté un
premier essai de mise en lumière des ressources
contenues dans les archives nationales un inven-
taire méthodique, par fonds, des Litres antérieurs
à 1790, a paru en 1871, et cet inventaire est d'une
grande utilité. Toutefois, les chercheurs deman-
dent davantage et l'administration a dû se préoc-
cuper de satisfaire à leurs justes réclamations.
La commission supérieure des archives s'est pré-
occupée des moyens de répondre au désir de ren-
seignements manifesté par le public qui fréquenle
les archives nationales, et, après une étude ap-
profondie, elle vient d'élaborer un programme
dont voici les principales lignes. Le premier be-
soin auquel il faut satisfaire est de se rendre
un compte général de l'ensemble des documents
contenus dans l'immense dépôt de nos archives
nationales. A cet effet, la commission propose
d'entreprendre d'abord un récolement complet,
par séries, de tous les fonds, et d'en imprimer
le procès-verbal. Pour fournir ensuite aux
travailleurs des indications plus précises, on
dresserait un relevé numérique, article par arti-
cle, de tous les registres et liassses, en donnant
pour chacun d'eux le numéro, les dates extrêmes
des documents et une brève indication de leur na-
ture. Enfin, on choisirait parmi les fonds ceux
qui ont un intérêt spécial et on en rédigerait l'in-
ventaire analytique*. Ces dépouillements détaillés
ne seraient entrepris qu'en troisième lieu, après
le procès-verbal de récolement et les relevés numé-
riques.
Toutefois, parmi ces inventaires analytiques, il
en est un dont l'impresssion n'a pas paru devoir
être retardée davantage. Les tables alphabétiques
des procès-verbaux de nos diverses assemblées lé-
gislatives de la période- révolutionnaire ont été édi-
tées. Il existe une seule lacune dans cette collection
et elle porte précisément sur la Convention. Le tra-
vail est fait; il avait été préparé par les soins de
Camus, premier garde des archives, mais on a
omis jusqu'ici de le faire paraître. Il suffira d'une
rapide revision pour qu'il soit en état d'être pu-
blié. La commission a émis l'avis qu'il fût livré à
l'impression le plus tôt possible.
Une lettre de Hoche
Nous détachons d'une lettre inédite de Hoche,
publiée par la Justice, le passage suivant qu'elle a
soulignée et qui, en effet, tire des derniers inci-
dents une signification particulière
La nature de l'homme, du militaire surtout, écrivait-
il, a une tendance si évidente à dominer, qu'on ne sau-
rait y apporter trop d'entraves. A peine les villes de ce
pnys furent-elles mises en état de siège que des offi-
ciers ont pensé pouvoir se dispenser des égards dus
aux administrateurs civils et des conseils qu'ils en doi-
vent prendre. Je viens de faire à ce sujet un exemple
nécessaire. Sans doute, je pense que la latitude accor-
dée aux chefs de l'armée était indispensable, mais je
n'ai jamais voulu établir un gouvernement militaire,
encore moins pour en être le chef. Eh bon Dieu que
serait-ce qu'une République dont une portion dos ha-
bitants serait soumise à un seul homme ? Que devien-
drait la liberté ? Il est cinquante administrations mu-
nicipales ou départementales dont la froideur et la
malveillance sont très funestes à la République mais,
comme il en est de bonnes et que d'ailleurs le principe
B»i sacré, nous devons d'autant plus nous renfermer
«tins les limites de nos instructions et éviter surtout
qu'on s'aperçoive à regret de l'étendue de nos pouvoirs,
qui doivent peu durer.
FAITS DIVERS
8 août. II fait toujours un gai soleil. La tem-
pérature demeure élevée. Mais elle est d'une tié-
deur agréable.- Pas le moindre» nuage ne trouble
la limpidité du ciel. Le vent souffle du nord-ouest.
-Aujourd'hui 8 août, le thermomètre du jour-
nal marquait:
A 7 heures du matin 18» au-dessusdeO.
A 11 heures du matin. 240
A i heure de l'après-midi. 26°
Hauteur barométrique à 8 heures 7X38.
Le général Saussier, gouverneur de Paris, a
quitté hier l'hôtel de la place Vendôme. 11 se rend
à Aix-les-Bains.
Pendant son absence, le service du gouverne-
ment militaire est confié au général de Gressot,
commandant la première division de cavalerie.
Hier après midi a eu lieu, dans la salle des
fêtes du Trocadéro, la distribution des récompen-
ses de la Société des instituteurs et institutrices
du département de la Seine, sous la présidence de
M. Spuller, ministre de l'instruction publique. Ml'
Boudaille, secrétaire général de la Société, a donné
d'abord lecture du compte rendu des travaux sco-
laires, puis M. Spuller a pris la parole. Ce n'est
pas, a proprement parler, un discours que l'hono-
rable ministre a prononcé. C'est une simple impro-
visalion de circonstance, dans laquelle il a rappelé
tout d'abord les débuts difficiles de l'association,
fondée en 1846, et les entraves apportées à son dé-
veloppement par le gouvernement impérial, qui
proclamait la liberté de l'enseignement pour
mieux l'étouffer. M. Spuller a félicité la Société des
instituteurs d'être sortie victorieuse de ces épreu-
ves et a rappelé la distinction honorifique, con*
sistant en une médaille d'argent, qui lui fut con-
férée pour ses travaux à l'Exposition de -1878. En
terminant, M. Spuller a exhorté l'assistance à
s'attacher, au point de vue des principes, à ce
qui parle au nom de la raison et non au nom de
la passion. Il a convié les familles à inculquertou-
en général, les substances molles nitrifient plus
rapidement que les matières cornées, fibreuses
ou dures, telles que le cuir, la corne, la laine ou
les os des animaux. Plus ces matières seront
divisées, mieux elles nitrifieront. Ainsi s'expli-
que l'action lente de la poudre d'os dans nos es-
sais de culture. Cette poudre, d'assez gros
grain, ne pouvait mettre d'azote assimilable à
la disposition de nos plantes qu'après un temps
assez long, sa nitrification exigeant parfois
plus d'une année il en est résulté que la même
dose d'azote n'a produit, en huit années, qu'une
quantité d'acide nitrique bien inférieure à celle
que les engrais minéraux livraient immédiate-
ment à la récolte. De là, un rendement moyen,
inférieur de 17 0/0 à celui des parcelles fumées
au nitrate de potasse ou au sulfate d'ammo-
niaque.
La culture arbustive peut tirer un parti très
avantageux de ces observations. Les végétaux
annuels doivent accomplir les diverses phases
de leur développement dans un temps très
court; il est donc nécessaire de leur fournir
des aliments très digestibles, si je puis ainsi
dire; aussi les nitrates et les sels ammoniacaux
conviennent-ils parfaitement à nos récoltes
agricoles. Les arbustes, au contraire, tels que
la vigne, le houblon, l'amandier ou l'olivier,
se trouvent très bien de fumures livrant pro-
gressivement et lentement leurs aliments azo-
tés les sels immédiatement assimilables, don-
nés à haute dose aux sols qui portent des cultu-
res arbustives, poussent au bois et à la feuille,
comme on dit, et cela presque toujours aux dé-
pens de la quantité et de la qualité du fruit. Les
matières à nitrification lente, telles que les dé-
chets de laine, de corne, de cuir, les tourteaux de
graines, doivent ici être préférées aux sels azo-
tés. Le fumier de ferme, qui, par son origine et
sa constitution, peut être considéré comme un
intermédiaire entre les matières que nous ve-
nons de nommer et les sels minéraux azotés,
convient également à la culture des végétaux
annuels et à celle des arbustes, bien qu'il doive
être de préférence réservé aux récoltes agri-
coles proprement dites.
Le fumier de ferme est formé, on le sait, par
le mélange des déjections des animaux avec
l'excipient qu'on désigne sous le nom généri-
que de litière, et qui est, suivant les localités, de
la paille, des feuilles, de la tourbe, ou même de
terre. Un fumier de bonne qualité, provenant
d'animaux bien nourris et convenablement
litières, contient de 4 à 5 kilogrammes d'azote
par tonne. Or, l'azote y existe sous des formes
différentes qui font participer le fumier des
jours aux jeunes élèves ces notions du travail et
du devoir qui fout les vrais patriotes et les ci-
toyens.
Les récompenses suivantes ont été distribuées
Médailles aux élèves ayant obtenu le brevet de
premier ordre. Médaille de vermeil à Mlle Mar-
guerite Girard, reçue première de la série aux der-
nières épreuves orales. Médailles d'argent Mlles
Lucie Guiot, Berthe Lecardonnel, Justa Monnot,
Eugénie Merlin, Marie Michel, Marthe Pédrelle,
Stéphanie Bochu, Angélique Peter.
Cours de lettres. Prix d'honneur offert par le
ministre de l'instruction publique Mlle Margue-
rite Girard.
Cours élémentaires. Prix d'honneur offert par
le ministre de l'instruction publique Mlle Ju-
lietle Nicolle.
Prix d'excellence offert par le préfet de la Seine.
Miles Eugénie Courtaux et Marie Saint-Denis.
On a distribué ensuite aux garçons 120 brevets
supérieurs et 311 élémentaires; aux demoiselles,
120 brevets supérieurs et 472 élémentaires.
La cérémonie s'est terminée par un concert au-
quel la musique du 130° d'infanterie a prêté son
concours, ainsi que MM. Baron, professeur de l'As-
sociation philotechnique, et Garnier, de la Société
de lecture et de récitation.
A la suite des examens de sortie de l'Ecole de
physique et de chimie, les élèves dont les noms
suivent ont obtenu
Diplôme de physicien MM. Jordan, Blanchet, Chap-
paz.
Diplôme de chimiste MM. Cavalier, Demoussy, La-
nier, Hébert, Van Ryk, Tissier, Lapierre, Desvignes,
Mouden, Lachaud, Tassilly, Bouchez.
Certificat de chimiste MM. Chercheffski, Gadefait,
Bailly, Lemaître, Bertrand, Barbé, Blaise, Martel, Ja-
comet.
La reprise des cours et des travaux pratiques
aura lieu le lundi 10 octobre, à huit heures du
matin.
La Société royale de botanique de Belgique va
célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa fon-
dation. Le conseil de la Société botanique de France
a délégué pour la représenter aux fêtes jubilaires
et dans les excursions scientifiques qui auront lieu
à cette occasion à Bruxelles du 13 au 18 août no-
tre confrère M. "Georges Rouy, vice-président de la
Société, et M. Charles Flahaut, professeur à la Fa-
culté des sciences de Montpellier.
L'Union amicale des maîtres-compagnons et
appareilleurs société de secours mutuels a
fêté hier le dixième anniversaire de sa fonda-
tion par un banquet donné au Salon des familles,
sous la présidence de M. Mesureur, le nouveau dé-
puté de la Seine. A ses côtés avaient pris place
MM. Brialou, député; Bassinet, conseiller munici-
pal Maréchal, président de la société, et tous les
membres du bureau.
Quatre cents convives dames comprises as-
sistaient à ce banquet. Au dessert, MM. Mesureur,
Brialou, Bassinet et Maréchal ont bu à la prospé-
rité de la société, à la paix et au travail. Les uns
et les autres ont réclamé la création du Métropoli-
tain, aux applaudissements de l'auditoire.
Une discussion d'intérêt s'est élevée, avant-
hier soir, entre le nommé Marçais, tailleur de
pierres, principal locataire de la maison située
224, rue Marcadet, et plusieurs locataires, notam-
ment le sieur Montagniez, ravaleur, âgé de qua-
rante-deux ans. Ce dernier était soutenu et excité
par plusieurs femmes.
Marçais venait réclamer des termes échus et
impayés à ses locataires. Il était surexcité. On
l'injuria grossièrement.
La femme Guibert, maîtresse de Montagniez, se
montra plus violente que les autres.
Marçais lui répondit. Ce fut à ce moment qu'in-
tervint Montagniez, les poings serrés, furieux de
se voir réveiller pour une histoire de termes et de
femme.
Marçais eut peur et, se sentant menacé, courut
chercher sa canne à épée et en porta un coup ter-
rible à Montagniez, que l'arme traversa de part en
part. La mort a été instantanée.
En le voyant tomber, les femmes s'élancèrent
sur le meurtrier, mais elles durent reculer devant
son attitude énergique.
La femme Guibert, maîtresse de la victime, a
reçu, au cours de la lutte, un coup d'épée qui lui
a traversé l'épaule droite.
.Marçais est allé se constituer prisonnier au poste
de police. Interrogé par M. Cornette, commissaire,
il a déclaré qu'il était en cas de légitime défense,
et qu'il regrettait les suites fatales de son acte.
Il a été envoyé au Dépôt.
Un crémier, qui allait servir ses pratiques ce
matin vers cinq heures et demie, avait trouvé rue
Lallier un certain nombre de pièces de dix francs
à l'effigie de Napoléon 111, aux millésimes de 186t3
et 1857.
Il avait aussitôt porté sa trouvaille au poste de
police le plus proche, où l'on constata que ces piè-
ces étaient fausses. Elles étaient enveloppées dans
un papier portant ces mots Hôtel de Castille,
78, faubourg Poissonnière, note de M. Marc. Le briga-
dier de la sûreté Lassire, chargé de l'affaire, a re-
trouvé l'adresse de Marc, qui demeurait rue Gé-
rando, n° 3, et l'a mis en état d'arrestation, ainsi
qu'une femme qui vivait avec lui. Arrivé à la hau-
teur de la rue Lallier, le faux monnayeur engagea
avec !es agents une lutte au cours de laquelle il
parvint à s'échapper et à prendre la fuite vers les
boulevards extérieurs, poursuivi par le brigadier
de la sûreté. Rattrapé boulevard Rochechouart,
Marc, cette fois solidement garrotté, fut placé dans
un fiacre et conduit au Dépôt.
Ce matin, à la préfecture de police, on a reçu
'des nouvelles rassurantes de M. Beynaguet, le
commissaire de police des Champs-Elysées, qui a
été victime ces jours derniers d'un regrettable ac-
cident à Trouville, où il était en congé. Son pied
s'étant pris entre deux drs planches qui recou-
vrent le sable de la plage, le poids du corps avait
porté tout entier sur la jambe qui a été cassée net.
M. Beynaguet sera soumis à un repos rigoureux
de quarante jours, mais son état n'inspire pas de
sérieuses inquiétudes.
Un dramatique événement a péniblement im-
pressionné hier soir les habitants de la rue Bro-
chant. Un ingénieur, M. Devalle, sorti récemment
d'une maison de santé où l'avaitconduit une grave
maladie, était en proie à de telles souffrances que,
désespéré, il s'est précipité par la fenêtre de son
appartement dans la rue. Il a été relevégrièvement
blessé. M. Devalle est le neveu de l'ancien ministre
plénipotentiaire sous Charles X qui, en 1830, à
Alger, reçut du dey un coup d'éventail. A la suite
de cet incident, la guerre fut déclarée et la France
conquit l'Algérie.
Dans l'après-midi d'hier avait lieu, à Asnières,
à l'occasion de la fête, l'ascension d'un ballon cap-
tif, le « Victor Hugo », ayant M. Godard fils pour
aéronaute. Cinq fois le ballon s'était élevé à une
hauteur de deux cents mètres, et cinq fois il était
'descendu sans.accident.
A la sixième, le câble s'est rompu à six mètres
au-dessous de la nacelle et le « Victor Hugo n,
rompant toute entrave, a plané quelques instants
propriétés qui leur appartiennent. Dans les vé-
gétaux qui servent de litière, l'azote existe
presque exclusivement à l'état dit organique,
c'est-à-dire sous forme de fibrine ou d'albumine
végétales, insolubles dans l'eau et qui seront
assimilées par les plantes alors seulement
qu'elles auront subi la nitrification. Il en est de
même, à peu près, de l'azote contenu dans les
excréments solides des animaux, résidus des
végétaux qui ont servi à nourrir ces derniers.
De la richesse en principes azotés des fourra-
ges consommés dépendra, avant tout, la ri-
chesse en azote du fumier. Mais ces résidus
contiennent l'azote au même état que la litière,
c'est-à-dire à l'état insoluble, et, de même que
la litière, les excréments ne pourront servir à
alimenter la plante qu'après avoir nitrifié.
Sous ce rapport, cette partie du fumier partage
donc presque complètement les propriétés de
la corne, de la laine, des os. Mais le fumier de
ferme bien fait et surtout bien entretenu ren-
ferme encore de l'azote à un autre état, ce qui
le rappproche des sels ammoniacaux. L'azote
des aliments est destiné à reconstituer la chair
des animaux, que l'usure organique détruit in-
cessamment et dont l'élimination régulière
exige une restitution pour que la santé de l'ani-
mal se maintienne.
Il est démontré d'une façon certaine que l'a-
zote des muscles et des autres organes du
corps de l'animal s'élimine uniquement par le
rein. L'urine renferme donc tout l'azote dont
l'être vivant ne peut plus faire usage pour
l'entretien de ses organes. Mais, tandis que la
chair musculaire, le sang, les os, etc., contien-
nent l'azote à l'état d'albumine, de fibrine de
gélatine absolument impropres à nourrir les
végétaux, dans l'urine on ne rencontre plus
aucune de ces substances leur azote a pris des
formes nouvelles qui se rapprochent beaucoup
de l'état minéral tels sont l'urée, les acides
urique et hippurique, la créatine, etc. Pro-
duits de décomposition des principes immé-
diats azotés de nos tissus, ces corps n'atten-
dent, pour se transformer en sels ammonia-
caux et en nitrates aptes à nourrir les végé-
taux, que l'action d'un des nombreux ferments
répandus dans l'atmosphère et dans le sol. Le
fumier de ferme nitrifiera donc beaucoup plus
vite que les os ou !e cuir, et, suivant les quan-
tités d'excréments liquides qui entreront dans
sa composition, il manifestera plus ou moins
énergiquement son action fertilisante. Les au-
tres matériaux azotés du fumier provenant de
la litière et des résidus solides de la digestion
subiront à leur tour la nitrification dans des
au-dessus de la Seine et a été poussé par le vent,
qui soufflait avec une certaine force vers six heu-
res, dans la direction de l'Est.
On ne sait pas encore où l'aérostat a atterri. Au
moment du départ se trouvaient dans la nacelle,
outre M. Godard fils, M. Cogniard, architecte à
Asnières, et deux Anglais.
Nous avons annoncé, hier, l'arrestation du
sieur Ponet, directeur de la Comédie politique, de
Lyon, et de ses deux acolytes. Nous disions que
cette feuille faisait œuvre incessante de diffama-
tions. Le Progrès, de Lyon, cite a ce propos, comme
types, certains actes reprochés à ces individus et
ajoute qu'il pourrait en raconter bien d'autres
aussi scandaleux «parmi les dix-huit chantages
bien caractérisés dont ils sont accusés ». Voici les
faits que raconte le Progrès:
Le feuilleton Pasqualine, que publiait dernièrement la
Comédie politique, avait trait à la vie de la femme d'un
grand industriel de l'Isère. Ponet, ou plutôt Paulin
Blanc, qui avait à la Comédie la spécialité du feuilleton,
exigea do la famille de cette dame, pour cesser la pu-
blication du feuilleton, une somme do 50,000 fr. Plus
tard il abaissait le chiffre à 40,000.
Un des parents se décida à entrer en pourparlers
avec Ponet. Il fut convenu que la famille verserait
12,000 fr., payables comme il suit: 5,000 francs le 10 mai,
5,000 fr. le 10 .juin, et le reste dans le courant du mois
d'août. Le feuilleton cesserait dès le premier verse-
ment, mais il serait repris si la famille ne payait pas
aux échéances.
Une autre fois, sachant qu'un notaire de Lyon avait
été heureux au jeu, Ponet alla le trouver et le menaça
de publier contre lui un dossier terrible s'il ne lui don-
nait pas le quart de son gain. Pour éviter tout scandale,
le notaire versa entre les mains de Ponet la somme de
3,000 fr.
Peu après, se servant d'une lettre de dénonciation
qui lui avait été écrite sur certaines personnalités de
la Loire, il menaçait son auteur de la publier s'il ne lui
remettait pas 3,000 fr. L'auteur s'exécuta. Mais Ponet
en avait fait photograver le texte et réclama à nou-
veau 3,000 fr. contre l'échange de cette copie.
Une double évasion a eu lieu samedi au palais
de justice d'Evreux. Trois gendarmes avaient ex-
trait treize détenus de la prison et les conduisaient
devant le tribunal correctionnel. Au pied de l'es-
calier du palais, les détenus Lemaire et Tabourin,
âgés de vingt et vingt-deux ans, prirent brusque-
ment la fuite. Ils avaient aux pieds des chaussons
et détalèrent rapidement pendant que les trois
gendarmes, forcés de maintenir en respect le
groupe de détenus, appelaient la garde.
Plusieurs soldats s'élancèrent à la poursuite des
fuyards. Mais ceux-ci eurent le temps de franchir
le pré du Bel-Ebat et de se réfugier dans la forêt
d'Evreux.
Toute la journée, la forêt fut explorée inutile-
ment. Vers six heures du soir, le gendarme Guay
aperçut une masse dans un fourré d'arbustes et
de ronces situé près du pont, à l'entrée de la fo-
rêt c'était Lemaire qui était blotti là, plus mort
que vif. Quant à Tabourin, il court encore.
On écrit de Bellegarde (Tarn), qu'un sieur
Combes (Joseph), âgé de quatre-vingt-trois ans,
demeurant au Camp-Grand, lavait une chemise
au bord d'une mare, lorsque sa petite-fille Anna,
âgée de dix-sept ans, le poussa brusquement dans
l'eau. Le vieillard essaya de sortir de la mare, il y
fut repoussé trois fois par sa petite-fille, qui le
frappait à l'aide d'une longue perche. Ce n'est pas
sans peine que Combes put se dérober aux coups
que lui portait avec acharnement cette furie et
échapper à la mort. 11 a porté plainte immédiate-
ment. Anna a avoué son crime et a été écrouée à la
prison d'Albi.
On nous télégraphie de Nice quelques détails
sur le vol dont a été victime Mme Elluini.
La valise dérobée contenait 400,000 francs de va-
leurs diverses, 450,000 francs de bijoux et 12,000 fr.
en espèces.
Le blanchisseur Auda, qui a été arrêté dès le
début de l'instruction, était la seule personne qui
sût que Mme Elluini emportait des valeurs. C'est
lui qui avait loué la voiture; c'est lui aussi qui
s'était offert pour faire partie du voyage. Le co-
cher, qui simulait l'ivresse, a également été arrêté.
L'un et l'autre, nient toute participation au vol.
Auda accuse même un jeune homme de Nice, fort
lié avec Mme Elluini, mais qui s'était brouillé avec
elle depuis deux jours. Par une bizarre coïncidence,
ce jeune homme était allé coucher chez un ami à
Saintvors, précisément sur la route de Nice à
Tourel.te.
D'après certaines versions, Mme Elluini, aperce-
vant sur la route, au moment où elle allait re-
joindre la voiture, deux individus armés de cou-
telas, enjoignit à Auda de faire feu sur eux avec
son revolver. Auda s'y refusa.
Un de nos amis nous envoie le curieux pros-
pectus suivant, qui émane d'un marchand de ver-
reries et de cristaux d'une ville autrichienne.
Nous le reproduisons sans changer un mot au
prétendu français de cet honorable commerçant
Occassion
A causse de déplacer de la magazin et de levée do la
filiale au place d'ici j'occasienner un vent de tous mes
articles à ma propre procréation, composé en cristal
verritnble et très finement emàillé, monté sur bronce,
et articles de servir et en luxe, aux prix de la fabrique
baissé.
En allente de votre bien visite
estimable.
La signataire de ce prospectus aurait voulu se
payer le luxe de massacrer notre langue qu'il n'y
aurait pas mieux réussi.
TRIBUNAUX
Un drame de la jalousie. Notre correspon-
dant de Douai nous écrit
Placide Carpentier, âgé de vingt ans, garçon de
café à Valenciennes, aimait Uranie Michel, jeune
fille de seize ans, demeurant à Villerspol, village
voisin. Un jour, il apprend que celle-ci a dansé
plusieurs fois.avec un de ses rivaux et s'est laissé
embrasser par lui. Il part aussitôt, muni de son
revolver chargé, et obtient de sa maîiresse un der-
nier rendez-vous. Les jeunes amoureux passèrent
la nuit a la belle étoile aux reproches succéda
une réconciliation, et à la réconciliation une rup-
ture définitive. Au moment où la jeune fille s'éloi-
gnait, il lui tira presque à bout portant deux coups
de revolver. Une balle alla se loger sous la peau
sans percer le crâne.
Uranie Michel est aujourd'hui rétablie. Elle est
fort intelligente et s'exprime avec une certaine
distinction. Dans son réquisitoire, M. le substitut
Dagallier s'élève contre la tendance de certains ju-
rys à amnistier les crimes qui ont pour mobile la
passion, l'amour, la jalousie, et compte que les
théories en faveur dans certains milieux plus ou
moins atteints de nervosismo n'auront aucun suc-
cès auprès du jury du Nord.- Malgré une plaidoirie
émue de M0 Duhem, qui représente son client
comme victime de son amour pour Uranie Michel,
qui s'est jouée de lui, le jury rapporte un verdict
reconnaissant l'accusé coupable de coups et bles-
sures. Carpentier est condamné à deux ans de pri-
son.
conditions et avec une lenteur comparable à
celle des déchets de laine, d'os, de corne ou de
cuir.
La deuxième série d'essais du champ d'ex-
périences avait pour objet, comme je l'ai dit
plus haut, de comparer l'action de doses égales
d'acide phosphorique à divers états, mais em-
ployés seuls, avec celle des mêmes phosphates
additionnés d'azote sous différentes formes.
Comme dans la première série, il a été donné
à chacune des parcelles de 5 ares tous les deux
ans les quantités suivantes d'engrais, rappor-
tées à l'hectare
Acide phosphorique 100 kilogr.
Potasse. 180
Azote. Néant.
La succession des récoltes a été la même que
celle adoptée pour les cultures avec azote. Enfin,
une parcelle témoin est demeurée sans en-
grais.
Pour la période de huit années consécutives
qu'embrassent ces essais, les rendements
moyens annuels à l'hectare, y compris la par-
celle au fumier de ferme, ont été les suivants
Fumures azotée.9 et phosphatées. 17.700 kilogr.
Fumures phosphatées sans azote. 11.840
Sans fumure. 10.500
Ces chiffres sont d'autant plus concluants
qu'ils portent sur huit années de récoltes con-
sécutives, ce qui élimine les causes d'erreuis S
d'une expérience de trop courte durée. La plus
value du rendement dû à la fumure complète
est la différence entre 17,700 kil. et 10,500 kil.,
soit 7,200 kil. de substance végétale récoltée en
plus, par année et par hectare. Comparé au
rendement de la parcelle sans fumure, celui du
sol qui a reçu de l'acide phosphorique et de la
potasse, mais pas d'azote, donne un excédent
de 1,340 kil. seulement (11,840 kil.-10,500 kil.).
La différence entre l'augmentation des rende-
ments moyens des parcelles soumises à ces
deux modes de fumure représente évidemment
l'accroissement dû à l'addition d'azote.
Excédent du rendement dû à la fu-
mure complète 7.200 kil.
Excédent du rendement dû à la fu-
mure sans azote. 1.340 »
Différence due à l'azote. 5.860 kil.
En d'autres termes, la fumure phosphatée et
potassique, en l'absence d'azote, a augmenté,
en moyenne, de 11,3 0/0 le rendement du sol;
tandis que la même fumure additionnée d'a-
zote a accru le rendement de 40,1 0/0.
En rappelant ces résultats, dont on trouve-
rait tous les détails dans le compte rendu pu-
A. W. H.
NECROLOGIE
On annonce la mort de M. Alfred Hennequin, l'au-
teur dramatique bien connu.
M. Hennequin est mort à Saint-Mandé, dans une
maison de santé où il était interné depuis le mois
de mars 1886.
Il était né à Liège en 1842 et avait commencé
par être ingénieur des chemins de fer belges. Une
pièce, J'attends mon oncle, qu'il fit représenter au
théâtre des Galeries-Saint-Hubert, à Bruxelles, en
1869, décida de sa vocation, et l'année suivante il
faisait représenter les Trois Chapeaux sous son vé-
ritable nom. Cette pièce passa deux ans après au
Vaudeville.
L'oeuvre principale d'Alfred Hennequin est le
Procès Veauradieux (1875), qui eut un grand succès.
Elle avait été faite en collaboration avec Alfred
Delacour et fut suivie par les Dominos rosés. Il a
encore collaboré à JSéôéavec M. de Najac, au Phoque
avec Delacour, et enfin, avec M. Albert Millaud, à
Niniche, la Femme à papa, Lui.
Surmené par un travail excessif, M. Hennequin
tomba malade, et le mal fit des progrès assez ra-
pides pour nécessiter son internement dans la
maison de santé où il est mort quatre jours après
le décès de sa mère à Versailles.
M. Etignart de Lafaulotte, conseiller honc-aire
à la cour de cassation, officier de la Légion d don-
neur, vient de succomber à l'âge de soixante-dix-
huit ans, dans son hôtel du boulevard Males-
herbes.
LIBRAIRIE
Nous publierons demain, en fem'lleton bibliogra-
phique, une revue des nouvelles publications ré-
cemment éditées par la librairie Hachette et C°.
Jamais on n'a tant consulté les livres de duel qu'en
ce moment. L'ouvrage qui a été et qui est le plus jus-
tement mis à contribution est celui de notre confrère
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tions spéciales sont traités avec autant de compétence
que de clarté.
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LECTURES FRANÇAISES
LES ORIGINES PHILOSOPHIQUES DU NIHILISME RUSSE
La sophistique allemande a enfanté le nihilisme
russe telle est la thèse développée par M. Th.
Funck-Brentano, professeur à l'Ecole libre des
sciences politiques, dans l'ouvrage qu'il vient de
faire paraître: Les Sophistes allemands et les Nihilistes
russes. L'auteur ne partage pas la vénération que
l'on a trop longtemps professée en France et que
l'on professe encore pour les philosophes allemands.
A ses yeux, Kant, Hegel, Fitche, et à leur suite
Schopenhauer, Hartmann, etc., ces penseurs con-
sommés, ne sont que des vulgaires sophistes dont
l'influence malfaisante s'est lourdement appesantie
sur le monde. M. Funck-Brentano a longtemps
hésité à publier son livre, car, dit-il, « dès notre
plus tendre jeunesse nous avons été habitués à'
nous prosterner le front dans la poussière au nom
des Kant et des Hegel, comme devant des divinités
supérieures, inintelligibles dans leurs mystérieu-
ses profondeurs; que penserait d'un tel propos
Frédéric Morin, s'il vivait encore, lui qui avait
coutume de dire que le plus beau jour de sa vie
était celui où il avait luKant? les maîtres de
nos maîtres ont été leurs disciples ils nous ont
avec confiance inoculé la méthode, fait partager
à plaisir les illusions. Quels moyens choisir pour
montrer le caractère profondément absurde de ces
rêveurs qui, partant d'une distinction ou d'une
définition arbitraires, souvent du double sens d'un
mot, font, en songe, le tour du monde et racon-
tent avec un sérieux impertubable leurs voyages
et leurs découvertes ». Cette critique des spécula-
tions allemandes qui, exploitées par Cousin et son
école, ont tant pesé sur notre propre génie est
peut-être sévère, mais on n'en peut méconnaître
lalégitimitô.
Le socialisme révolutionnaire de Max Stirner, de
Karl Marx et le nihilisme russe ne sont que l'appli-
cation à la vie sociale de la métaphysique de
Schopenhauer et de Hartmann, lesquels dérivent, à
leur tour, de Kant et de Hegel. Ces deux premiers
philosophes concluent au néant. Le nirvana est le
souverain bien et le but même de l'existence. Une
telle doctrine aboutit nécessairement dans la pra-
tique à la destruction universelle; de là ces sectes
révolutionnaires et nihilistes qui ne reculent devant
aucune violence et qui constituent un danger pour
le monde.
C'est en 1832 que le nihilisme commença à faire
son apparition « A cette époque, raconte M.
Funck-Brentano, parut à Dresde, au milieu de la
pléiade hégélienne, un jeune russe, beau, riche,
épris de la science, plein d'ardeur. Les théories de
Strauss, Feuerbach, Bruno Bauer frappèrent d'au-
tant plus vivement le jeune homme que son es.
prit était plus ouvert, plus naïf et plus droit. Son-
geant aux oppositions qui existaient entre les ré-
vélations du « devenir » humanitaire et la science
sociale et politique de son pays, il conclut hardi-
ment à la nécessité de la destruction. Dix ans avant
Stirner, il formula ainsi la nouvelle doctrine: l'im-
portant pour nous est de détruire, il faut brûler
les ulcères qui nous dévorent, amputer les mem-
bres gangrenés. Et lorsque vous aurez tout
brûlé et détruit, lui fut-il répondu, que ferez-vous?
Ce qu'ont fait les jacobins sur les ruines de la
Bastille; ils y placèrent un poteau avec l'inscrip-
tion Ici l'on danse. On dansera! Retourné dans
sa patrie, le jeune russe écrivit quelques articles
dans les feuilles, publia quelques brochures et fut
envoyé en Sibérie. Il y resta.. Le nihilisme était
fondé. »
Le second nihiliste russe fut Herzen, esprit d'une
envergure puissante, qui joignait aux grâces câ-
lines du Slave les aspirations idéales d'un membre
des Etats de 1789 et les déductions impitoyables
blié en 1881 (1), j'ai principalement en vue
d'appuyer par des faits précis le conseil que
j'ai toujours donné aux cultivateurs relative-
ment à la création de champs d'expériences.
L'acide phosphorique employé seul pour éle-
ver, dans un sol pauvre en ce principe, les
rendements des céréales notamment, donne
presque toujours de médiocres résultats. La
présence dans le sol d'une quantité suffisante
d'azote assimilable est indispensable à l'obten-
tion de hauts rendements. Les belles expé-
rience de Lawes et Gilbert à Rothamsted ont
mis hors de doute la nécessité de pourvoir le sol
de tout l'azote nécessaire, si l'on veut que l'acide
phosphorique produise tout son effet. Les cul-
tivateurs qui veulent faire des essais compara-
tifs sur la valeur agricole des différents phos-
phates sur les rendements en blé devront donc
avoir soin d'ajouter au printemps aux parcelles
emblavées du nitrate de soude à la dose de 150
à 200 kilog. à l'hectare.
Les appréciations divergentes qui ont été
émises à l'endroit de la valeur agricole des
phosphates naturels et des superphosphates
tiennent pour la plupart à ce que les expéri-
mentateurs ont négligé de donner de l'azote à
leurs champs d'essais et se sont bornés à l'em-
ploi exclusif des phosphates.
Les plantes, sous le rapport de la nutrition,
ressemblent beaucoup aux animaux pour que
l'alimentation qu'on leur donne produise tous
ses effets, c'est-à-dire de hauts rendements, il
ne suffit pas de leur fournir en abondance un
ou plusieurs des éléments chimiques néces-'
saires à leur développement. Il faut introduire
dans le sol tous ceux de ces éléments que la
terre ne renferme pas en quantité suffisante et
que l'atmosphère ne peut leur fournir. L'azote
et l'acide phosphorique occupent à cet égard le
premier rang. Presque toutes les terres ara-
bles renferment assez de potasse pour subve-
nir aux besoins d'une récolte; il en est peu, au
contraire, où l'azote et l'acide phosphorique ne
fassent simultanément défaut. Il n'est possible,
généralement, d'apprécier l'influence de l'une
de ces matières qu'en l'associant à l'autre.
J'aurai prochainement à revenir sur ce sujet en
exposant les résultats obtenus dans la cam-
pagne de 1887 avec les phosphates de diverses
provenances, résultats de plus en plus favora-
bles aux phosphates minéraux, et particulière"
ment aux scories de déphosphoration.
L. GRANDEAU.
(1) Compte rendit du congrès des directeurs des station4
agronomiques. In-8°. Berger-Levrault.
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